Un combat, des symboles

Transcription

Un combat, des symboles
LA LOUVIÈRE
24/09-18/12/2005
Centre de la Gravure
et de l’Image imprimée
de la Communauté française de Belgique
Één strijd meerdere symbolen
Één eeuw politieke affiches in Europa
10, rue des Amours
B-7100 La Louvière
www.centredelagravure.be
Un combat, des symboles. Un siècle d’affiches politiques en Europe
Europalia Russie. Les affiches russes 1930-1945
L’affiche politique est le reflet de notre société en mouvement. Elle exprime les
tensions sociales, les luttes idéologiques, les progrès techniques. Elle est
de tous les combats, justes ou injustes. L’expression graphique change au fil de
l’histoire, mais, toujours, surprend, bouleverse.
Un combat, des symboles
Le Centre de la Gravure présente un parcours graphique percutant de 200
affiches, au fil de deux expositions qui se répondent et se complètent.
Un combat, des symboles retrace l’histoire de l’Europe, depuis la fin du 19è siècle
jusqu’à nos jours.
120 créations majeures de graphistes de réputation internationale, issues des collections de sept centres européens dédiés à la création graphique, dénoncent,
soutiennent ou commentent avec couleur et subtilité, humour et dérision un siècle
de luttes citoyennes allant de la propagande politique au combat humanitaire.
Organisé par thème, le parcours laisse une grande liberté aux images et un dialogue
s’instaure entre elles.
Des figures féminines stylisées (la Marianne libératrice) se mettent au service des
combats idéologiques. Des symboles et allégories sont mis en exergue: la colombe
de la paix, la faucille, le marteau, l’étoile rouge, l’image du héros, la main: baissée,
levée ou en poing, elle se fait tour à tour menaçante ou porteuse d’espoir.
Artistes présentés: Claude Baillargeon, Seymour Chwast, Jules Grandjouan, Alain
Le Quernec, Les Graphistes Associés, Uwe Loesch, Achille Mauzan, Picasso,
Michel Quarez, Andréa Rauch, Steinlen, Tartakover, Tomi Ungerer,...
Exposition constituée à partir des collections d ‘affiches d’institutions européennes regroupées au sein du
REAGA - Réseau européen de l’affiche et du graphisme d’auteur - composé de la Triennale de l‘affiche politique
de Mons (Le Manège), du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée (La Louvière), du Mundaneum (Centre
d’archives de la Communauté française - Mons), de la Bibliothèque publique et universitaire de Genève (Suisse),
de la Bibliothèque nationale d’Autriche à Vienne, de la Maison du livre et de l’image - Les Silos (Chaumont France) et du Centre du graphisme et de la communication visuelle (Échirolles - France).
Cette manifestation est co-produite avec le Centre du graphisme et de la communication visuelle d’echirolles,
Les Silos - Maison du Livre et de l’Affiche de Chaumont et est organisée par le Reaga - Réseau
européen de l’affiche et du graphisme d’auteur - avec le soutien du programme Culture 2000 de l’Union
européenne.
Un combat, des symboles
L’histoire de la communication visuelle se confond, pour une bonne partie, à celle de
l’humanité. Des grottes de Lascaux à nos jours, l’homme utilise des signes pour se
faire comprendre, transmettre un savoir ou dominer son semblable. Si les représentations
animales de la préhistoire gardent une part de mystère, l’humanité s’est nourrie de mythes
pour raconter son histoire, ponctuées d’allégories et de symboles.
Les progrès techniques et économiques aidant, de nouvelles formes de représentations
sont apparues au fil des siècles. L’affiche s’est considérablement développée au milieu du
XIXè siècle, grâce à la rencontre de l’art, de la presse satirique en plein essor à cette
époque et de la révolution industrielle. Les mythes de l’Etat-nation et celui du progrès
trouvent, là, un relais efficace auprès du plus grand nombre.
Dans l’immédiat après-guerre, la propagande fait son apparition comme système organisé
de manipulation en URSS, en Italie et en Allemagne. Parallèlement la démocratie résiste.
L’affiche est enrôlée dans ce combat politique et idéologique.
Les progrès techniques s’accompagnent de mouvements sociaux durement réprimés.
Le militant exhibe ses muscles, et montre le poing levé que représente l’union des ouvriers
et paysans, une force sociale considérable à même de combattre l’ennemi social:
le capitalisme.
D’autres symboles apparaissent: la faucille, le marteau, l’étoile rouge… La lutte idéologique s’intensifie. Les affiches traduisent la violence des oppositions. Le poing nazi écrase
en 1940 la France, la Grande Bretagne et la communauté juive. Fascisme et nazisme
s’emparent de la propagande enrôlant l’affiche dans un système porté à une perfection
meurtrière. Les bras se tendent, les mains s’ouvrent à un salut fasciste surgi de l’imagerie
de l’empire romain germanique.
Après la 2ème Guerre mondiale, la guerre froide prolonge les oppositions, avive les discours
politiques manichéens. Décolonisation, mouvements de contestation contre la guerre du
Viêt-Nam (1964-1975) ou de contestation sociale (1968) se succèdent et régénèrent les
discours politiques et par contre coup l’art de l’affiche. De nouveaux combats apparaissent
liés à des comportements sociaux: liberté sexuelle, droit à l’avortement, lutte pour
l’égalité femme/homme…
La chute du mur de Berlin en novembre 1989 marque une nouvelle étape.
L’économie se mondialise, les affrontements idéologiques semblent s’atténuer, l’Europe
«élargie» se construit. D’autres combats sont à mener contre la faim dans le monde,
contre le SIDA, pour la protection de l’environnement et une économie équitable…
L’affiche politique continue de tendre son miroir aux tensions sociales, aux luttes et combats
nationaux ou internationaux.
Un combat, des symboles
Procédés graphiques de l’affiche de propagande
Les années 30 sont largement représentées dans les affiches de cette exposition.
C’est pendant cette décennie que les partis et les idéologies totalitaires déploieront leur
propagande à grand renfort de communication graphique. Les affichistes mettront tout
leur talent en œuvre pour construire de véritables publicités des différents messages
idéologiques, des images simples et fortes conçues pour convaincre et motiver les
siens ou au contraire terroriser l’ennemi. Placardée partout dans les lieux publics,
l’affiche de propagande a occupé une place de choix dans la guerre psychologique,
menée parallèlement à la guerre militaire. L’objectif était le même d’un pays à l’autre:
entretenir le moral de la population et convaincre celle-ci de la justesse du combat. Pour
atteindre son but, le propagandiste va employer certains procédés, jouant de leur
Signifiant/Signifié. Les voici :
Les emblèmes et symboles
Le recours à l’emblème du parti est l’instrument le plus efficace de la propagande.
Élément d’identification et de représentation collective, l’emblème rassemble et délimite;
il peut se reproduire partout, à toute échelle et avec peu de moyen. La faucille et le
marteau, adoptés par le PC soviétique en 1918, furent repris par tous les PC dès 1919
et ce jusqu’aux années 90. Les symboles, propres à chaque nation, viennent renforcer
l’appartenance patriotique par l’association d’idée et le signifié. Le drapeau national
est à considérer comme un symbole officiel et nombreuses sont les affiches qui le
reproduisent flottant au-dessus des armées en signe de protection.
La répétition d’éléments
Que ce soit un alignement de drapeaux identiques, des profils répétés à l’infini ou
des poings levés, la répétition signifie l’unisson, la puissance numéraire, l’infinité des
ressources et en fin de compte l’invincibilité.
Le découpage de l’espace
La construction diagonale est fort présente, instaurant une dynamique et une ouverture,
l’idée d’un mouvement qui aboutira à la victoire.
NB : Ces deux procédés ont été largement utilisés par S.M. Eisenstein, cinéaste russe
de génie, dans des films tels que Le Cuirassé Potemkine (1925) ou Alexandre Nevski
(1938), engagés et prémonitoires.
La typographie
De style Art Nouveau, gothique ou typographique international, le lettrage participe au
signifié de l’affiche. Arrondie ou anguleuse, humanistique ou sans âme, manuscrite
ou tapuscrite, la lettre revêt la force, la stabilité, la fragilité, devient la voix du héros.
La typographie suit souvent les innovations artistiques et reflète ainsi son époque.
L’Allemagne emploiera beaucoup la lettre gothique - utilisée entre le XIII et le XVIe
Un combat, des symboles
siècles - opérant un retour conservateur et réactionnaire face à l’art moderne dit «
dégénéré « d’ailleurs interdit sur son territoire.
Le photomontage
L’évolution mondiale du photomontage s’est faite selon deux tendances: l’une vient de
la publicité américaine et a été utilisée par les dadaïstes et les expressionnistes: c’est
le photomontage formaliste. La seconde tendance s’est formée sur le terrain de la vie
sociale et politique de l’Union Soviétique: c’est le photomontage d’agitation politique.
L’art d’agitation réclamait une représentation réaliste, une technique extrêmement précise
et un engagement socialiste profond. La photographie allait trouver un nouvel emploi,
devenant un moyen, allié à la typographie et à la construction de l’espace, pour atteindre
un but précis.
Dans l’affiche de propagande européenne, le photomontage est employé pour renforcer
la terrible réalité des bombardements par l’authenticité de la photographie et l’impact
de mots choisis dont la typographie restitue la gestuelle du langage. C’est lors de la
guerre d’Espagne que les graphistes nationaux créèrent des affiches tirées à grandes
échelles, dans plusieurs langues et diffusées à l’étranger dans des manifestations de
solidarité à l’Espagne. Les affiches reproduisant une mère affolée serrant son enfant ou
le cadavre d’un garçon et son numéro d’identification, les deux sur fond d’avion ennemi
ou de bombes, ont ainsi fait appel au code moral, à la civilisation abrutie par la guerre.
L’exposition Un combat, des symboles s’accompagne d’un large volet didactique.
Voici quelques extraits des panneaux qui ponctueront le parcours: La faucille et le
marteau, Femmes dans la tourmente et l’oiseau de paix.
Un combat, des symboles
La faucille et le marteau
Attribut de nombreuses divinités agraires telles que Kronos et Démeter chez les Grecs,
Saturne et Cérès chez les Romains, la faucille est souvent comparée au croissant de Lune,
à la fois symbole de changement de forme et de retour à la même forme.
Pendant du Soleil, la Lune ne fait que refléter la lumière de l’astre. C’est la source de la
lumière et de la connaissance indirectes, de la réflexion, de la pensée.
La faucille symbolise aussi une coupure entre deux ordres temporels: le temps historique et
le temps cosmique, coupure qui n’est pas une destruction mais la fin d’un état et le passage
à une autre forme d’organisation liée à la vie. On connaît l’usage rituel de la faucille d’or
chez les Celtes, pour la cueillette du gui, symbole d’immortalité.
Les armes recourbées sont également signes de féminité et de fécondité.
Héphaïstos, assimilé à Vulcain chez les Romains, a le marteau et l’enclume comme
attributions. Personnification divine du feu, il devint le dieu de la Métallurgie et le forgeron
officiel des dieux et des héros. Installé au fond des volcans ou des îles volcaniques, comme
Hiéra, Imbros, assisté des Cyclopes et des Cabires, Héphaïstos, avec un art et un génie
consommés et inimitables, forgea ainsi l’armure d’Achille, le trident de Poséidon, la cuirasse
d’Héraclès, le sceptre et l’égide de Zeus.
Le marteau, forgé à partir du feu terrestre ou métallurgique, représente la foudre
(le faisceau enflammé de Zeus). En tant que générateur de la foudre et de l’éclair, il est en
relation avec la source de la claire Connaissance, la lumière directe, le Soleil.
Dans la sphère communiste, on voit apparaître la faucille et le marteau dès les années 20: ensemble, ils
symbolisent l’union et la lutte des classes de travailleurs contre l’oppression: l’ouvrier et le paysan,
base sociale de l’état soviétique. Le 25 décembre 1991,
le président Mikhaïl Gorbatchev démissionnait.
Sur le Kremlin, le drapeau rouge frappé de l’étoile jaune,
de la faucille et du marteau, était remplacé par la bannière blanche, bleue et rouge de la Russie.
C’était la fin du régime soviétique.
En Autriche, la faucille et le marteau figurant sur les
armoiries depuis 1919 n’ont, pendant plusieurs décennies, posé aucun problème, même pendant le guerre
froide. C’est au début des années 90 que l’on a commencé à remettre en cause ce symbole
ambigu. Le premier à réagir fut Jörg Haider (FPÖ) que l’on connaît moins soucieux quand
est arboré le drapeau nazi.
Alors que le commissaire européen Frattini, chargé de la Liberté et de la sécurité, veut
interdire les symboles nazis dans l’Union européenne, deux eurodéputés, un lituanien et
un hongrois, proposent l’interdiction de l’emblème de la faucille et du marteau, se justifiant
par l’Histoire et par la situation d’instabilité actuelle dans les pays d’Europe de l’Est qui
ont souffert du stalinisme. Ils affirment que la Seconde Guerre mondiale était le fruit du
Pacte germano-soviétique de 1939 et que les États-Unis ont à la fois vaincu le nazisme
et le communisme.
La Commission Européenne a rejeté cette proposition car les symboles nazis, représentent
clairement des signes de racisme et d’antisémitisme, alors que des emblèmes comme la
faucille et le marteau, qui restent utilisés par les partis communistes dans l’Union, ont une
autre histoire. Il ce serait difficile d’expliquer une telle loi et imprudent d’essayer de la faire
appliquer au niveau européen.
Un combat, des symboles
Femmes dans la tourmente
Depuis l’aube de l’histoire, la femme fut pour les imagiers un sujet de prédilection.
Entre la représentation réaliste, quasi-documentaire, et celle imaginaire, exclusivement
masculine, il y a la lacune d’un autoportrait qui rétablirait l’équilibre. Ainsi, force est de
constater, tirées des rapports masculin-féminin, que trois figures obsessionnelles ont
hanté l’esprit des mâles lorsqu’ils imaginaient la femme: la figure de la partenaire dans
les jeux de l’amour, celle de la mère, protectrice et consolante et celle de l’associée
indispensable, toutefois maintenue en situation subalterne et soumise.
On a pu lire par ailleurs que dès les premières affiches politiques, la femme figure en
bonne place, incarnant, pour la France du XVIIIe Siècle, la révolution et la Liberté.
De l’image d’une femme belle, jeune, pleine d’une force tranquille et appelant le combat
pour la liberté, l’affichiste politique du XXe Siècle positionne la femme dans le rôle
traditionnel de l’épouse et de la mère, courageuse mais ayant besoin de protection.
Pendant l’entre deux guerres, sa représentation se décline en trois concepts graphiquement stéréotypés.
La première est celle de la femme épanouie, souriante, aimante; elle apparaît avec ses
jeunes enfants, sur fond de reconstruction des cités, au travail agricole dans des champs
abondants ou à côté d’un homme, beau, jeune et souriant lui aussi: l’espoir de temps
meilleurs passe dans leurs yeux.
La deuxième, celle de la mère seule au foyer, alors que
l’homme est dans les rangs de l’armée, que le chômage
et la misère règnent, dépeint l’image de femmes souffrant
devant leurs enfants dénutris, leur mari, frère ou père revenu
invalide, devant les bombes qui menacent dans le ciel.
Le registre est de l’ordre du pathos, d’une certaine impuissance face à la folie guerrière.
La dernière enfin, dans le rôle de l’infirmière de la Croix
Rouge. La voici austère dans son uniforme blanc mais rassurante, soignante, penchée sur les blessés, apportant des
victuailles et du réconfort. Les affichistes vont ici en faire
une nouvelle allégorie du courage. Alors que les hommes
révèlent leur fragilité au combat, celle de leur chair déchi
quetée, la femme-infirmière porte l’espérance de l’organisation de la Croix-Rouge et
participe au combat, non pas destructeur celui-là, mais humanitaire. Portant le blessé
comme une Pietà, foulant à ses pieds les serpents du mal ou poignardant le fléau de la
tuberculose sur le globe terrestre, la femme prend place et engage sa libération sociale.
Pendant que l’homme fait tourner la machine de guerre - d’un côté ou de l’autre, sous une
forme ou une autre - la femme tente le pari réussi de remplacer l’homme absent. Dans les
bureaux, dans les usines, aux champs, elles permettent une économie vitale à leur nation.
Organisatrices de secours, de cantine, d’hôpitaux, elles mettent en place un système
d’aide aux plus démunis. Les femmes ne continuent pas moins de rester séduisantes et
ainsi d’incarner les promesses d’un bonheur à retrouver, celles de la paix et de l’amour.
Songeons à Marlène Dietrich et à ses concerts donnés devant les soldats américains sur
la ligne du front en Europe; l’actrice recevra la Medail of Freedom pour son rôle au côté de
l’armée américaine ainsi que, en France, la Légion d’Honneur.
Une femme parmi tant d’autres, anonymes ou héroïne, de papier ou de chair, qui aura
contribué à mener le combat pour la Liberté.
Un combat, des symboles
L’oiseau de paix
Tout au long de la symbolique judéo-chrétienne, la colombe est fondamentalement un
symbole de pureté, de simplicité, de paix, d’harmonie et d’espoir retrouvé. La colombe de
la paix, cette expression si fréquente de nos jours, provient de la Bible. Pour voir la fin du
déluge et donc la fin de l’épreuve, Noé envoie une colombe. Il l’envoie trois fois. Si elle trouve
où se poser, elle ne reviendra pas dans l’arche. De fait, la première fois elle revient, car l’eau
n’est pas descendue. La seconde fois, la colombe revint vers lui sur le soir et voici qu’elle
avait dans le bec un rameau tout frais d’olivier ! Ainsi Noé connut que les eaux avaient
diminué à la surface de la terre. Il attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe, qui
ne revint plus vers lui (Genèse 8,11-12). Dans le Nouveau Testament, la colombe représente
le Saint Esprit, se manifestant lors du baptême du Christ, symbolisant alors l’âme de Dieu.
Par extension, elle représente souvent ce que l’homme contient d’impérissable, c’est-à-dire
le principe vital, l’âme.
Dans sa représentation païenne, l’oiseau blanc d’Aphrodite valorise la notion de pureté,
l’associant à l’amour charnel, et représente l’accomplissement amoureux du couple.
La beauté et la grâce de cet oiseau, sa blancheur immaculée, son doux roucoulement, sa
fidélité dans le couple et sa longue nidification en ont fait un symbole universel de paix et
d’amour.
Aussi, du Cantique des Cantiques au langage populaire, nous trouvons le terme de colombe comptant parmi les plus universelles métaphores célébrant la femme.
Bien évidemment, un tel symbolisme ne pouvait qu’être associé à
son antagonisme, la violence et la guerre. De nombreuses affiches,
dessins de presse, emblèmes de groupes défendant la paix et la
nature se sont emparés de sa silhouette, en faisant une messagère
internationale de la paix dans le monde.
Après la Seconde Guerre, et pendant la Guerre Froide, le Parti communiste français organise, en 1949, un premier Congrès mondial des
partisans de la Paix. Louis Aragon, militant ardent du PC, trouve chez
Picasso, autre membre du PC, le dessin d’une colombe blanche et
s’en empare pour illustrer l’affiche du Congrès. Cette même année,
Picasso devient père d’une petite Paloma, signifiant colombe en espagnol. L’oiseau figurera sur la série d’affiches réalisées par l’artiste de
1949 à 1962.
Dans le même temps, le groupe anticommuniste Paix et Liberté, formé en 1950, dénonce
l’hypocrisie de l’Union soviétique, qui d’un côté parle de paix et de l’autre investit des sommes
colossales dans l’armement dont le nucléaire. Une première affiche répond à celle illustrée
par Picasso: la colombe est cuirassée de métal, comme un char, et estampillée du sigle
communiste. Le texte en est: La colombe qui fait BOUM. Une autre affiche - Jo-Jo-la Colombe
- nous montre un Joseph Staline, en partie caché par un pan de mur, brandissant un panneau
Paix et exhibant une colombe portant collier et liée à sa ceinture alors que le bras resté
dans l’ombre, tatoué du marteau et de la faucille, tient une redoutable masse d’arme… Ces
caricatures cherchaient à montrer aux soutiens du PCF qu’ils étaient des …pigeons !
Outre de nombreux emplois dans de la propagande anti-guerre, la colombe est associée à la
Jeunesse, peuple en devenir, désireuse de construire un avenir pacifique, comme le suggère
la très belle affiche graphique de Malecki.
Le REAGA - un Réseau Européen de l’Affiche et du Graphisme d’Auteur
Invités par Diego Zaccaria au mois du Graphisme d’Échirolles en 1997, Catherine de
Braekeleer, La Louvière, Frieder Mellinghoff, Essen, Patrick Giraudo, Chaumont, et moimême, passions une partie de la nuit, dans le bar de l’hôtel, à imaginer la création d’un
réseau favorisant la circulation de l’affiche et du graphisme d’auteur.
L’affiche, ce support éphémère souvent instrumentalisé par la publicité marchande pour
atteindre ses objectifs commerciaux, est aussi un support utilisé en Europe et dans le
monde pour défendre des démarches citoyennes et une esthétique engageant l’homme
dans la voie de la conscience. Au-delà des activités propres aux institutions que nous
représentions, nous nous sommes engagés ce soir-là à favoriser la circulation d’affiches
d’auteur en Europe.
En 1998, un premier dossier est proposé et accepté par la Commission
européenne. Le Centre culturel de Mons porte le projet avec le Centre
de la gravure à La Louvière, le Musée de l’Affiche d’Essen, la Maison
du livre et de l’affiche Les Silos à Chaumont, auxquels s’ajoutent le
Musée international d’histoire sociale d’Amsterdam et le Mundaneum
à Mons. L’exposition de l’affichiste Michel Quarez qui est organisée à
Echirolles circule en France et en Belgique. Le graphiste belge Van
Malderen est accueilli en France, la triennale de l’Affiche politique
de Mons en Allemagne. Le Mundaneum accueille pour sa part une
exposition proposée par le Musée d’Histoire Sociale d’Amsterdam.
Ce premier projet est initié conjointement à la création officielle du
REAGA (Réseau Européen de l’Affiche et du Graphisme d’Auteur).
Le centre du Graphisme et de la Communication visuelle d’Échirolles
lui donne un dynamisme nouveau. Le réseau s’enrichit par la suite de
la Bibliothèque Nationale d’Autriche à Vienne avec Marianne Jobst, de
la Bibliothèque publique et universitaire de Genève avec Jean-Charles
Giroud.
En 2003, un projet est introduit et accepté par la Commission européenne dans le cadre du
programme culture 2000. Il s’agit de donner une nouvelle impulsion à l’association en favorisant notamment la création d’un site Internet propre au REAGA permettant entre autres
l’accès au fonds d’affiches des partenaires. Cela permet également le développement d’une
série d’actions communes, comme l’accueil d’expositions telles Grandjouan à Mons et
Un cri persan à La louvière; la mise sur pied de l’exposition intitulée Un combat, des
symboles réalisée à partir des collections des membres du REAGA.
D’autres institutions, qui apprécient comme nous l’affiche d’auteur, nous rejoindront, je
l’espère. Car comme tout acte de création et de liberté, l’affiche politique démontre que
les résistances aux pensées dominantes sont nombreuses partout en Europe et dans le
monde. (1)
Henri Cammarata,
Président du REAGA
(1) Michel voiturier, la politique s’affiche in flux news N°36
La propagande soviétique 1930-1945
Dès son origine, l’image occupe une place essentielle dans la propagande soviétique. Dans les années ‘30, les portraits lénifiants de Staline abondent; la femme, la
famille, la jeunesse, le sport et l’industrie sont les symboles de la nouvelle nation.
Dans les affiches anti-fascistes de l’entre-deux-guerres, l’étoile rouge, la faucille et
le marteau encouragent les sentiments patriotiques et nationalistes des citoyens
soviétiques, jusqu’aux plus illettrés. Lorsque la guerre éclate, les images de soldats
appelés à rejoindre l’Armée rouge, des femmes et des enfants suppliant leurs héros
se partagent la propagande avec les caricatures de Hitler en chien, en loup ou
en porc...
Une cinquantaine d’affiches d’artistes tels G. Klutsis, A. Deineka, N. Vatolina,
Kukryniksy et V. Deni, complète le propos engagé par l’exposition ‘Un combat, des
symboles-un siècle d’affiches politiques en Europe’, présentée simultanément au
Centre de la Gravure et de l’Image imprimée.
Les affiches présentées proviennent du Rosizo State Museum Exhibition Center et
du State Central Museum of Modern Russian History
Coproduction: Europalia, Centre de la Gravure et de l’Image imprimée
Activités éducatives et culturelles:
Parcours commenté et chanté
Le trio «Color» (Marie-Véronique Brasseur, Cristina Marchi, Cayenne Seydel)
ponctuera la visite de l’exposition de chants de lutte.
Dimanche 27 novembre à 11h (entrée + 6€)
Visites guidées pour individuels les les 2èmes dimanches du mois à 15h:
9 octobre, 13 novembre et 11 décembre (entrée + 4€).
Visites guidées pour groupes adultes, scolaires (ateliers de gravure,
d’images imprimées...)
Stage pour adultes sur le thème du symbole dirigé par Bruno Hellenbosch.
Les 31 octobre, 2, 3 et 4 novembre (vacances de Toussaint).
Prix: 115 euros
Ateliers pour scolaires
Atelier 1: Langage symbolique. Lors de la visite guidée de
l’exposition, réflexion et recherche autour des différents symboles
serviront de préambule à la conception d’une affiche.
Atelier 2: La ligne de partage. Travail sur les symboles et leur
contraire (guerre et paix, solidarité et racisme, aigle et colombe...)
et mise en confrontation.
Renseignements et réservations:
Service éducatif: T 064 27 87 21 - Courriel: [email protected]
Appel à concours:
Concours d’Images numériques pour jeunes 15-25 ans - «Un combat, des
symboles - Silence, la violence!»
Destiné à deux catégories d’âge - 15-18 et 19-25 -, ce concours veut
être une ouverture vers un public imaginatif, curieux d’expériences et
de nouveautés, prêt à réfléchir sur un thème citoyen : la Paix. Les
participants seront invités à présenter 3 images numériques gravées sur
CD et également imprimées. Un jury désignera les lauréats et les
travaux qui seront exposés au Centre de la Gravure en janvier 2006.
Infos : 064 27 87 25.
Infos pratiques
Exposition du 24 septembre au 18 décembre 2005
Du mardi au vendredi de 11 à 18h00. Fermé tous les lundis.
Entrée gratuite le 1er dimanche du mois.
Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de la Communauté française
de Belgique
10, rue des Amours - B-7100 La Louvière
T +32 64 27 87 27. F +32 64 27 87 29
[email protected]
www.centredelagravure
Tarifs:
Individuels
Adultes: 5 euros
Seniors, louvièrois, profs: 4 euros
Etudiants, chômeurs: 3 euros
Enfants de - de 12 ans accompagnés: gratuit
Ecoles maternelles, primaires, secondaires
Entrée: 2 euros
Entrée + visite guidée (1h): 3 euros
Entrée + visite guidée (1h): 3 euros
Entrée + visite guidée + atelier (2h): 4 euros
Enseignement supérieur, académie
Entrée: 2 euros
Entrée + visite guidée (1h): 5 euros
Entrée + visite guidée (1h): 5 euros
Entrée + visite guidée + atelier (2h): 6 euros
Groupes (10 à 20 personnes/guide)
Adultes: 4 euros
Seniors: 3 euros
Visite guidée en semaine: 44 euros
Visite guidée les weeks-ends et jours fériés: 50 euros
Visite guidée en néerlandais, anglais, italien (semaine, week-end et
jours fériés): 50 euros
Direction: Catherine de Braekeleer
Photos de presse disponibles sur demande.
Contact presse: Julie Scouflaire
Le Centre de la Gravure bénéficie du soutien permanent de la Communauté française de
Belgique, de la Loterie nationale, de la Région wallonne et de la Ville de La Louvière.
L’exposition «Un combat, des symboles» est produite avec le soutien du programme
Culture 2000 de l’Union européenne.