Photographie humaniste 1945-1968
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Photographie humaniste 1945-1968
Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... La photographie humaniste 1945-1968 Dossier de presse sommaire Communiqué de presse 2 Renseignements pratiques 3 Iconographie 4 Présentation 6 Parcours de l’exposition 7 Publication 10 Le mécénat Louis Roederer 11 En partenariat avec Communiqué de presse . La photographie humaniste 1945-1968 Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... Consacrée à la photographie dite « humaniste » et à la phase la plus féconde de ce courant, cette exposition présente plus de trois cents pièces – photographies et supports illustrés. Elle rend hommage au travail de nombreux photographes qui, par leur regard bienveillant et pudique, ont écrit l’une des plus belles pages de l’histoire de la photographie française. Le courant dont Boubat, Doisneau ou Ronis sont les représentants les plus célèbres, place l’homme au cœur de son propos. Des photographes moins connus mais tout aussi représentatifs de ce mouvement seront également mis à l’honneur : Marcel Bovis, René-Jacques, Jean Dieuzaide, Janine Niépce, Sabine Weiss, Jean Marquis, JeanPhilippe Charbonnier ou encore Eric Schwab. Ces photographes ont tous en commun d’avoir été des « reporters- illustrateurs » et d’avoir nourri de leurs images le paysage visuel des Français de l’après-guerre. Leurs clichés ont participé après 1945 à la reconstruction symbolique et morale de la France. Les photographes « humanistes » ont contribué à construire une imagerie nationale avec ses lieux pittoresques et ses archétypes sociaux, mais également à élargir les horizons et les points de vue sur les réalités de l’époque : misère des banlieues, crise du logement, loisirs, ouverture au monde à travers de grandes revues internationales… Animés d’une foi délibérée dans le genre humain et son avenir, ils ont donné à voir leurs semblables avec empathie et se sont engagés dans leurs luttes pour des lendemains meilleurs, à travers des campagnes pour l’éducation, l’hygiène, le bien-être de tous et la paix dans le monde. Ces reporters ont également développé « un imaginaire d’après nature » - selon l’expression d’Henri Cartier-Bresson - où la figure de l’homme occupe une place centrale. Cette dimension onirique du réel est révélée par la photographie à l’occasion de riches coopérations avec les écrivains et les poètes de l’époque. Les œuvres des photographes humanistes n’étaient pas initialement destinées à être exposées. Elles ont pour la plupart vécu à travers des revues, ouvrages, calendriers, agendas, dossiers pédagogiques ou affiches, que l’inexorable efficacité du dépôt légal a conduits au cœur des collections de la BnF. Celle-ci rend hommage à ce courant en présentant clichés et supports imprimés regroupés par ensembles thématiques, qui illustrent à la fois leur participation à la construction d’un pittoresque parisien, leur ancrage dans la réalité, leur vision de l’homme et la poésie qui émane de leur regard teinté d’imaginaire. Exposition présentée dans le cadre du Mois de la Photo à Paris. La photographie humaniste 1945-1968. Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... 2 La photographie humaniste 1945-1968 Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... Dates 31 octobre 2006 - 28 janvier 2007 Lieu Bibliothèque nationale de France – site Richelieu Galerie de photographie - 58, rue de Richelieu – Paris IIème Métro : Bourse, Palais Royal, Pyramides Bus : 20, 21, 27, 85, 74, 39 Horaires Du mardi au samedi de 10h à 19h Dimanche de 12h à 19h Fermeture lundi et jours fériés Entrée : 7€, tarif réduit : 5€ Commissariat Laure Beaumont-Maillet, conservateur général, directrice du département des Estampes et de la photographie Dominique Versavel, conservateur au département des Estampes et de la photographie Commissaire associée : Françoise Denoyelle, professeur des Universités à l’Ecole nationale supérieure Louis-Lumière Coordination Pierrette Turlais, service des expositions de la BnF Scénographie Agence Pylône Publication La photographie humaniste 1945-1968 Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau, Ronis... 25x22.5 cm 200 pages environ 140 illustrations environ Prix : 36 euros Renseignements 01 53 79 59 59 Contacts presse Claudine Hermabessière, chargée des relations avec la presse Tél : 01 53 79 41 18 Fax : 01 53 79 47 80 [email protected] Isabelle Coilly Tél : 01 53 79 40 11 Fax : 01 53 79 47 80 [email protected] La photographie humaniste 1945-1968. Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... 3 Iconographie Disponible uniquement dans le cadre de la promotion de l’exposition. Louis Stettner France Aubervilliers 1948 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie © ADAGP, 2006 Edith Gérin Avenue des Gobelins 1948 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie Jean Marquis Bords de la Deûle 1953 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie André Garban Cluis (Indre). Mariage 1951 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie D.R. Pierre Auradon Spectateurs Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie La photographie humaniste 1945-1968. Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... 4 Iconographie Droits spécifiques RAPHO Publication limitée à deux images par support, format inférieur à ½ page. Pour toute autre utilisation, prendre contact avec l’agence RAPHO : Chantal Soler 01 44 79 30 40 Willy Ronis Retour des prisonniers - 1945 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie © RAPHO René Maltête Nantes. Les jeux autour d'une HLM 1950 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie ©RAPHO Janine Niépce Le chat devant la loge rue de Tournon 1957 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie © RAPHO Robert Doisneau Usines Renault. Chaînes de montage - 1947 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie © RAPHO Sabine Weiss Paris Contrejour - 1950 Tirage argentique © RAPHO Edouard Boubat Cahors - 1960 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie ©RAPHO Georges Viollon Clochard - 1948 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie © RAPHO Jean-Philippe Charbonnier Villejuif - 1954 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie © RAPHO Hans Silvester Paris : amoureux traversant le jardin du Luxembourg - 1962 Tirage argentique BnF, département des Estampes et de la photographie © RAPHO La photographie humaniste 1945-1968. Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... 5 Présentation « Photographie humaniste », l’expression ne désigne pas une école artistique à proprement parler, mais un courant apparu dans les années 1930 sans manifeste ni préceptes et encore présent de nos jours, qui traduit une attention particulière portée à l’être humain. Le « cœur dans les yeux », selon la formule de Philippe Soupault, les photographes de cette mouvance regardent leurs contemporains à travers le filtre de leur propre humanité et perçoivent tour à tour avec compassion, attendrissement ou amusement la vie simple de ceux qu’ils appellent volontiers leurs « semblables ». Ils donnent à voir les hommes sous un jour délibérément positif, ou du moins indulgent et toujours respectueux. Ce respect se traduit dans le choix résolu de ne pas soumettre leurs sujets aux exigences d’une recherche graphique : évitant autant que possible le retraitement des tirages comme la mise en scène des situations, ils restituent fidèlement la réalité du quotidien qu’ils captent sur le vif. Né sous l’œil d’un Brassaï ou d’un Kertész dans le Paris des années 1930, ce courant s’élargit au monde occidental et adopte après-guerre un regard volontairement optimiste sur l’avenir du genre humain. Trouvant son apogée dans l’exposition itinérante « The Family of man » conçue par l’américain Steichen en 1955, il rencontre une fortune publique qui ne se dément pas tout en suscitant une critique tenace inaugurée sous la plume de Roland Barthes. En présentant la production principalement française de la photographie humaniste dans ses riches années, de 1945 à 1968, la Bibliothèque nationale de France se propose de la resituer dans son contexte historique, de souligner sa riche complexité K bien au-delà du passéisme populiste et de l’universalisme mièvre qui lui sont parfois reprochés K , sa force de diffusion éditoriale ou encore ses liens étroits avec les autres arts (cinéma, chanson, poésie) et d’enrichir ainsi les points de vue sur ce courant, souvent restreints à quelques icônes et quelques grands noms. Car autour des plus célèbres existe une nébuleuse de photographes moins connus dont la Bibliothèque nationale de France conserve les œuvres grâce à leur dépôt, à leur don ou à leur présentation lors du Salon national de la photographie organisé à la bibliothèque de 1946 à 1961. C’est aussi à ces nombreux talents qu’elle souhaite rendre un juste hommage. La photographie humaniste 1945-1968. Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... 6 Parcours de l’exposition Des « Photographes-polygraphes » La plupart des photographes humanistes partagent la profession de reportersillustrateurs ou de « photographes-polygraphes », comme Willy Ronis se plaît à les nommer. Une presse abondante, née dans l’enthousiasme de la Libération, leur fournit des commandes dans des domaines très divers. Indépendants (Marcel Bovis, Jean Lattes ou Lucien Lorelle), organisés au sein d’agences (l’ADEP, Rapho ou Magnum), ou encore salariés de magazines (Izis pour Paris-Match, Edouard Boubat pour Réalités ou Jean-Louis Swiners pour Terre d’Images), ils nourrissent le paysage visuel des Français et comblent leur soif d’images. Nombre d’entre eux illustrent également des affiches touristiques, des documents pédagogiques, des calendriers ou des agendas, en réponse à des commandes du Commissariat au tourisme, de la Documentation française, de multiples organismes en charge de la reconstruction du pays, d’associations ou d’entreprises privées et publiques. En marge de ces productions, ils mènent des projets éditoriaux personnels ou collectifs à leur initiative ou à celle d’éditeurs et de directeurs artistiques français et suisses qui jouent un rôle déterminant (Robert Delpire, Romeo Martinez, Albert Mermoud et Albert Plécy). L’édition est l’instrument le plus apte à valoriser leur œuvre à une époque où, en dehors des manifestations du Groupe des XV et des Salons nationaux, les expositions sont rares. Quant à la synergie entre commande et création, elle est constitutive de leur œuvre : ils enrichissent de tirages personnels leurs photothèques professionnelles et s’inspirent de l’approche documentaire du reportage d’illustration dans la représentation sans fard de leurs propres découvertes. La photographie humaniste 1945-1968. Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... 7 Paris des rêves, France aux visages Dans la France de l’après-guerre, ruinée et divisée, les photographes humanistes contribuent à produire une iconographie nationale teintée à la fois de nostalgie et d’optimisme. Saisissant dans leur quotidien « les Parisiens tels qu’ils sont » et une France dont ils chantent l’art de vivre, ils donnent à voir les archétypes sociaux français. Deux grandes institutions commanditaires d’images, le Commissariat au Tourisme et la Documentation française, sollicitent ces photographes pour la promotion des particularismes nationaux et la présentation didactique de la géographie, de l’économie ou des forces vives du pays. En parallèle, de grands éditeurs tels qu’Arthaud ou Seghers relaient cette quête d’identité nationale d’après l’Occupation par des ouvrages où la France cherche à se définir entre tradition et modernité. En dehors du petit peuple coutumier des rues parisiennes dont les figures pittoresques et vivantes inspirent les illustrateurs autant que les poètes, des aspects inédits et moins riants de la société d’après-guerre retiennent l’attention et l’empathie de photographes tel que Doisneau, qui, contre l’avis de tous, décide de consacrer un ouvrage à la banlieue de Paris et à ses mutations. Enfin, si la France continue d’inspirer, par sa traditionnelle douceur de vivre, l’enchantement sincère de photographes français et étrangers, il arrive que la publicité ou la mode s’emparent avec esprit et efficacité du vocabulaire pittoresque véhiculé par le courant humaniste pour promouvoir les caractéristiques authentiques de leurs produits. « Un miroir fraternel » De nombreux photographes humanistes affirment leur engagement idéologique aux côtés des communistes, des chrétiens, leur espérance en l’homme et leur solidarité active envers les plus démunis. Beaucoup partagent les luttes des ouvriers, donnent écho aux revendications des mal-logés, relayent des actions caritatives (Croix-Rouge, Emmaüs). Attentifs au présent, ils donnent à voir la modernisation et les progrès touchant le monde du travail, de la vie quotidienne des villes et des villages. Participant à des campagnes publiques pour le bien-être de tous et le développement des individus (hygiène, pédagogies nouvelles, lecture publique), ils affirment, en dépit des horreurs de la guerre, leur espoir en une société plus juste et en de meilleurs lendemains. Cette force d’engagement des photographes humanistes est gommée par des livres valorisant la nostalgie du temps passé et édulcorant la dénonciation d’une misère endémique. Seule prévaut une vision anecdotique, « so french », dont la presse étrangère est friande et dont les critiques sont prompts à dénoncer la négation naïve de toute réalité géopolitique et sociale. Ces engagements conduisent pourtant certains photographes, en pleine guerre froide puis dans la tourmente des guerres coloniales, à renoncer à de prestigieux clients, voire à la reconnaissance de leur travail longtemps maintenu dans l’oubli. C’est aujourd’hui tout un pan de leur œuvre que l’on redécouvre : ce « miroir fraternel » que, selon Claude Roy, ils présentent à leurs contemporains, inspiré par un optimisme résolu et un attachement fort aux valeurs de partage, de solidarité et de communion entre les hommes. La photographie humaniste 1945-1968. Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... 8 « L’infiniment humain » « C’est l’humanité qui m’intéresse, c’est la pulpe ». A l’instar d’Henri CartierBresson, les photographes humanistes n’ont de cesse selon Soupault de « donner à voir (…) l’infiniment humain », en saisissant dans le quotidien de la rue les figures d’une humanité authentique et sincère : hommes simples, travailleurs et leurs familles issus des classes modestes, enfants riches de leur seules innocence et spontanéité, ou couples d’amants rendus meilleurs par la force de leurs sentiments. C’est, d’après Boubat, un véritable « comportement visuel amoureux » que ces photographes adoptent à l’égard de leurs semblables dont ils cherchent à éclairer la face bonne, noble et vraie. Elargissant ce regard à d’autres horizons, certains photographes importent aussi la vision d’hommes et de femmes du monde entier et véhiculent, à travers livres et presse, l’idée d’une universalité des qualités et des valeurs humaines. « Correspondant[s] de paix » aux yeux de Prévert, ils adhèrent aux idéaux et aux espoirs d’une époque : celle de la mise en place d’institutions internationales pour la diplomatie et le développement (l’ONU et l’Unesco), celle surtout de l’exposition « The Family of man » qui, dans son souhait d’expliquer l’Homme aux hommes a pour ambition de créer des conditions d’échanges et de paix durable entre les peuples. Loin de la mièvrerie simpliste qu’on lui prête volontiers, cette vision – après les horreurs de la guerre, face aux menaces nouvelles de déchirements internationaux – appelle résolument à garder foi en un genre humain uni, bon et perfectible. « L’imaginaire d’après nature » De la réalité quotidienne et apparemment banale dont ils nourrissent leur œuvre, les photographes humanistes font resurgir ce que Cartier-Bresson appelle un « imaginaire d’après nature » : à travers leur objectif, la vie de tous les jours devient tout à tour théâtrale, merveilleuse ou poétique. Attentifs comme Doisneau au « spectacle permanent et gratuit de la vie quotidienne », ils transforment les anonymes de la rue en acteurs naturels de la comédie humaine, les changent en figures comiques, fantastiques ou oniriques. Attachés au théâtre du monde, ils n’en partagent pas moins une prédilection pour le monde du cirque et les forains qui, à leur instar, font du réel matière à rêves. Sensibles à ce qui, au quotidien, est porteur d’enchantement ou de mystère, ils affectionnent les atmosphères brumeuses, les lieux empreints de connotations poétiques, les figures mélancoliques ou songeuses, et retrouvent, dans leur quête d’imaginaire et de merveilleux, des thématiques chères aux autres arts (chansons, cinéma et littérature). Au-delà, la présence de figures humaines fait basculer de simples paysages dans le registre poétique de la contemplation et le personnage de dos, tant prôné par Boubat, imprègne de sa rêverie la réalité qui l’entoure. Ces images, porteuses de rêve ou de fiction, doivent leur force évocatrice à une indéniable sensibilité formelle (à la lumière ou à la composition) que ces photographes – souvent graphistes ou peintres de formation – ont déniée, tel Izis, dans leur recherche sincère de la « bonne photo simple ». La photographie humaniste 1945-1968. Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... 9 Publication La photographie humaniste 1945-1968 Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau, Ronis... Sous la direction de Laure Beaumont-Maillet, Françoise Denoyelle et Dominique Versavel Avec des textes de Laure Beaumont-Maillet, Françoise Denoyelle, Véronique Figini, Peter Hamilton et Dominique Versavel. Outre des tirages d’époque de photographes devenus célèbres (Doisneau, Ronis, Cartier-Bresson, Boubat, Izis) cet ouvrage présentera les œuvres d’auteurs moins connus mais tout aussi prolifiques, talentueux et représentatifs du courant dit de la photographie humaniste : citons notamment Marcel Bovis, René-Jacques, Jean Dieuzaide, Sabine Weiss, Jean Marquis, Jean-Philippe Charbonnier, Léon Herschtritt ou encore Eric Schwab et André Papillon. La Bibliothèque nationale de France peut en effet se prévaloir de conserver la mémoire de bon nombre de ces auteurs, grâce au dépôt légal et à des dons généreux auxquels elle rendra hommage à cette occasion. Cet ouvrage aspire à élargir et à enrichir le point de vue actuel sur la photographie « humaniste », trop souvent restreinte à quelques noms et quelques œuvres. Format : 25x22.5 cm 200 pages environ 140 illustrations environ Prix : 36 euros Editions de la Bibliothèque nationale de France La photographie humaniste 1945-1968. Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... 10 Des Lumières à la lumière Le mécénat Louis Roederer à la BnF Le mécénat de Champagne Louis Roederer à la Bibliothèque nationale de France n’est pas le fruit d’une association ordinaire. Qu’est-ce qui a pu, en effet, décider un vin de champagne à se tourner vers une Bibliothèque nationale ? L’éloignement de leurs univers respectifs n’était-il pas si grand qu’il était inimaginable de le voir comblé ? Et pourtant ces deux institutions, internationalement reconnues, se sont rejointes sur le projet d’une Galerie permanente de la photographie. Sans doute cette rencontre, comme toutes celles qui se concluent heureusement, engendre-t-elle le sentiment qu’elle est exceptionnelle. Mais au-delà des effets qu’elle déclenche, elle obéit à une logique propre et plonge ses racines dans une histoire parallèle ; à tel point que ce mécénat pourrait presque exemplairement illustrer le sens que peut prendre la participation d’une entreprise privée à la valorisation d’un patrimoine culturel public. Loin d’être indifférent, l’enracinement dans le XVIIIe siècle des Lumières que partagent la Bibliothèque (devenue, sous la Révolution, de Bibliothèque royale, Bibliothèque nationale) et la Maison Louis Roederer, détermine encore aujourd’hui l’identité, le tempérament, les stratégies des deux institutions, et rend compte d’une réelle communauté d’esprit. Le mécénat offre l’occasion de la découvrir et de lui donner un bel élan. Louis Roederer, gentilhomme de province, ami des sociétés savantes, lecteur assidu de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, était homme à l’esprit entreprenant ; il hérite en 1833 cette firme fondée en 1776, qui demeurera dès lors aux mains de sa famille. Cette rare continuité a favorisé, au fil des siècles, l’émergence d’une véritable culture de la transmission – celle des savoirs, des savoir-faire, harmonieusement agrégés dans la longue durée. La photographie humaniste 1945-1968. Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... 11 C’est dire combien la transmission participe de cet esprit commun aux deux institutions, et à travers elle, c’est une sorte de raison du patrimoine qui s’affirme et explique l’intérêt manifesté aujourd’hui par Louis Roederer pour l’une des plus grandes collections mondiales de photographie. Les fonds photographiques conservés au département des Estampes et de la photographie, avaient, en effet, bien des raisons de séduire Louis Roederer. Par leur ancienneté, tout d’abord, puisque les conservateurs du XIXe siècle réagirent très rapidement face à l’émergence de ce nouveau support en accueillant, quinze ans à peine après l’apparition du premier cliché, le dépôt légal de la photographie. Par leur volume ensuite : avec plus de cinq millions d’images de toutes sortes (documentaires, historiques, esthétiques...), cette collection a saisi l’image du monde, au plus près et dans le mouvement même de l’histoire. En finançant la Galerie de photographie de la BnF ainsi que l’édition de ses catalogues, Louis Roederer participe ainsi à l’effort de restitution au public français de cet immense trésor visuel. Il était naturel enfin que ce soit l’image, et tout particulièrement l’image photographique, qui retienne l’attention d’une entreprise qui exporte 80 % de sa production à l’étranger. Quel passeport plus universel, en effet, imaginer pour l’émotion qu’une photographie ? C’est bien cette qualité de l’image d’être «ce langage indépendant des langues» que Louis Roederer entend soutenir en rendant possible l’itinérance internationale d’un certain nombre d’expositions présentées dans la Galerie de photographie du site Richelieu et prendre ainsi part au rayonnement culturel de la France à l’étranger. La photographie humaniste 1945-1968. Autour d'Izis, Boubat, Brassaï, Doisneau , Ronis... 12