Mise au point d`une méthode de suivi des effectifs d

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Mise au point d`une méthode de suivi des effectifs d
Service de la Recherche, des Etudes et du Traitement de
l’Information sur L’Environnement
MERE/8815
Mise en place du suivi de
populations
européennes
Premier fascicule
d’oiseaux
migrateurs
JUIN 1994
transpyrénéens
Organbidexka Col Libre f-64160 JASSES
Service de la Recherche, des Etudes et du Traitement de
l’Information sur L’Environnement
MERE/8815
Mise en place du suivi de
populations
européennes
Premier fascicule
JUIN 1994
d’oiseaux
migrateurs
Jean-Paul transpyrénéens
URCUN- Jean-Stéphane DEVISSE
Organbidexka Col Libre f-64160 JASSES
2
Avant-Propos
Il est parmi divers domaines d'investigations en charnière avec les disciplines de la biologie et
de l'écologie, une réflexion bidirectionnelle visant à diagnostiquer les principales tendances
évolutives des milieux naturels par la caractérisation de l'état de conservation des populations
aviennes qui les composent.
L'on considère en effet qu'elles puissent apporter une valeur indicatrice de tout premier ordre ;
à condition toutefois de disposer des outils de recherche indispensables que sont les moyens
d'appréhender les modifications qu'elles subissent, tout en replaçant ces mêmes tendances à
l'échelle des grands ensembles qu'elles sont censées représenter.
Issu d'un tel énoncé, le suivi des niveaux d'abondance des populations d'oiseaux (monitoring)
demeure l'un des objectifs prioritaires de nombreuses études scientifiques entreprises en de
diverses régions du monde. Différentes méthodes d'évaluation furent élaborées, que l'on peut
globalement séparer en deux catégories : les méthodes de recensement des oiseaux nicheurs
(Breeding Bird Census des anglophones) d'une part et celles basées sur le comptage des
oiseaux migrateurs d'autre part.
Alors qu'avantages et inconvénients de chacune des deux options furent depuis largement
discutés, aucune décision définitive ne l'emporte. Les raisons en sont réciproquement les
suivantes : les moeurs reproductives propres notamment aux espèces forestières rendent le
contrôle du succès de leur saison de nidification à l'échelle du continent bien souvent
hasardeux ; l'absence apparente de concentration du flux, ou bien les difficultés à sa détection,
peuvent nier toute valeur représentative aux totaux par espèces accumulés saisonnièrement
sur certains sites d'étude de la migration.
Toutefois, et sans négliger la qualité de l'argumentaire développé par les différents
protagonistes, l'examen des résultats d'études menées par nombre de prédécesseurs ainsi que
la prise en considération de notre propre expérience, semblent séduisants au point de chercher
à développer, en France, une méthode basée sur le comptage visuel des oiseaux en migration
postnuptiale à travers la chaîne des Pyrénées.
Nous n'entendons pas par ce propos nous attribuer le monopole national d'études dont le sujet
serait le monitoring d'oiseaux migrateurs. De nombreux collègues et amis ont entrepris, ou
conduisent de patients décomptes saisonniers au sein de sites géographiques précisément
sélectionnés par l'intensité migratoire que l'on y observe : du Massif Central au littoral
3
médocain, en passant par le Pas-de-Calais, une topographie caractéristique allié au rôle
stratégique de leur emplacement concentre un flux peu décelable ailleurs.
Pourtant, aucun d'eux n'apporte, par l'ampleur des moyens dont il permet la mise à
disposition, par l'étendue de la couverture spatiale qu'il considère, par la masse exploitable
des informations recueillies, une telle opportunité d'étude que le massif pyrénéen. S'il est bon
de le rappeler, ce fait d'observation accrédite notre choix.
Tout comme il serait injurieux de soupçonner que nous nous plaçâmes dans une optique
concurrentielle, nous nous attachons, autant que faire ce peut, à travers le présent document
ou durant nos campagnes de terrain, à relever le caractère complémentaire des démarches
menées d'un bout à l'autre de la métropole (pour ne sortir de ses frontières). Bien des
hypothèses formulées sur les sites basques ou catalans ont trouvé leur écho dans des régions
distantes ; à l'inverse, la qualité de nos collaborations incline à penser que le travail que nous
rendons aujourd'hui désigne, - au moins partiellement -, le fruit d'une démarche couramment
collective.
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TITRE
: Mise en place du suivi de populations européennes d'oiseaux
migrateurs transpyrénéens.
AUTEUR
: Jean-Stéphane DEVISSE, Jean-Paul URCUN
DATE
: Juin 1994
MOTS CLEFS
: Migration - Monitoring - Pyrénées
RESUME
:
Chaque année, des dizaines de millions d'oiseaux traversent le continent européen de part en
part, afin de gagner leurs quartiers d'hivernage.
Selon l'espèce et l'origine géographique, trois itinéraires principaux sont empruntés : l'un
franchit le Bosphore en direction de l'Est du bassin méditerranéen, l'autre suit l'Italie, et
traverse par la Sicile le Détroit de Messine, vers la Tunisie. Le troisième, enfin, survole la
France puis s'écoule sur la Péninsule ibérique, objectif du voyage pour certains ; les autres
franchissent Gibraltar avant de se disperser sur le continent africain.
Cette dernière voie de migration, qualifiée d'occidentale, rencontre assez brutalement le
massif pyrénéen : les oiseaux, volant alors à altitude faible ou modérée, font montre de
tactiques particulières afin de surmonter, ou contourner l'obstacle.
Contrairement à ce que la connaissance de déplacements à très haute altitude (survol du
plateau tibétain, narrations diverses) et/ou nocturnes (Anatidés, limicoles, Ardéidés) le
laisseraient supposer, le survol direct de la chaîne centrale semble assez rarement le fait de la
grande majorité des espèces proposées à l'étude. Excepté la Grue cendrée (Grus grus) en
certaines circonstances, cigognes rapaces pigeons et Guêpier d'Europe (Merops apiaster) ne
s'élèvent que s'ils en sont contraints d'une part, et selon les opportunités météorologiques
(développement d'ascendances, vents porteurs, couverture nuageuse, température, etc.) d'autre
part.
Les contextes très favorables à la migration ne s'établissent qu'épisodiquement sur les
Pyrénées : le rythme des activités dépressionnaires atlantiques, centrées sur le Golfe de
Gascogne ou la Péninsule ibérique, rend le franchissement des reliefs souvent problématique :
vents de secteur Sud, Ouest violents et durables, verrouillage des hautes vallées par les
stratocumulus.
5
L'échappée verticale s'avère alors excessivement limitée, nombre d'individus longeant la
chaîne jusqu'à rencontrer quelques vallées convenablement orientées, dont les exutoires
dirigés sur la Navarre ou la Catalogne, demeurent accessibles et perméables.
Ces principaux goulets migratoires sont désormais identifiés : depuis 1979, l'association
Organbidexka Col Libre a progressivement étendu son activité d'une extrémité à l'autre du
massif, prospectant simultanément 35 sites ou complexes valléens. Une comparaison
d'effectifs dénombrés a mis en évidence le rôle primordial de quatre d'entre eux à partir
desquels sont observés, chaque année, près d'un million de Pigeons ramiers (Columba
palumbus) et colombins (Columba oenas), soit 25 à 30% du total transpyrénéen (SAGOT &
TANGUY LE GAC, 1985), 60 à 70000 rapaces migrateurs de quinze espèces différentes. Le
Col d'Organbidexka (F-64) cumule, quant à lui, plus du double de contacts de Cigognes
noires (Ciconia nigra) en deux mois, que le total annuel sur le reste de la France.
Forts de ces constatations, et se basant sur les études précédemment menées à Falsterbo et
Ottenby (Suède), Gibraltar (Espagne) ou hawk Mountain (U.S.A.), nous conduisons depuis
1988 un projet de contrôle des niveaux d'abondance (monitoring) des effectifs de populations
transpyrénéennes des espèces, ou groupes d'espèces, précédemment cités.
Ce programme suppose pour préalable la connaissance précise des phénologies de
franchissement par chacun des sites basques ou catalans retenus ; la maîtrise du phénomène
de reports d'un piège topographique au suivant, des oiseaux qui ne parviennent à traverser
l'espace pyrénéen.
La méthode de suivi par dénombrement visuel direct exige par application protocolaire le
recueil simultané des données relatives à 38 variables, dont 18 concernent la situation
météorologique ; 7, chaque oiseau observé et 13 les techniques d'échantillonnage proprement
dites.
En cours d'étude, de nombreux biais de recherche sont apparus, dont nous avons estimé la
valeur et tenté la résorption.
L'exploitation de nos premiers résultats forme une approche divergente :
- nous nous heurtons aux limites de la connaissance scientifique de l'élément fondamental
suivant : l'origine géographique de l'oiseau détermine sa direction principale de migration, le
conduisant en Europe occidentale ou orientale. Or, les limites de séparation des flux sont mal
6
connues : nous ignorons avec certitude à quelle population appartiennent, par exemple, les
Bondrées apivores (Pernis apivorus), les Cigognes blanche (Ciconia ciconia) et noires, et les
Grues cendrées qui nous survolent. Un monitoring uniquement pyrénéen s'avère incertain, une
part des réponses se situant du côté du Bosphore ou du Cap Bon (Tunisie).
- à l'inverse, l'aire de répartition mieux connue des Circaètes Jean-le-Blanc (Circaetus
gallicus), Milans royaux (Milvus milvus), Pigeons ramiers et colombins ou Guêpiers d'Europe
ainsi qu'une sélection de leur part de quelques rares cols de franchissement permet un
contrôle d'une forte proportion des flux migratoires spécifiques. La stricte application, année
après année, de notre protocole de recueil des données laisse percevoir une évolution des
effectifs, et confère aux sites d'études que nous occupons, un rôle d'observatoire de grande
qualité.
- enfin, les tactiques ascensionnelles qu'emploient Milans noirs (Milvus migrans), Balbuzard
pêcheur (Pandion haliaetus), Buse variable (Buteo buteo), Epervier d'Europe (Accipiter nisus)
ou Busard des roseaux (Circus aeruginosus) rendent hypothétique tout contrôle exhaustif de
leur flux postnuptial, par conséquent le suivi des populations.
Outre la déclinaison succincte de certaines généralités qui concernent le monitoring, et les
stratégies de déplacement des migrateurs, ce premier fascicule précise les modalités de
franchissement transpyrénéen et expose assez longuement la méthode que nous avons conçue
et expérimentée de 1979 à 1990. Les résultats de traitement des données recueillies en
forment la conclusion ; ils se rapportent aux espèces suivantes :
- Cigogne blanche et noire
- Milan noir et royal
- Bondrée apivore
- Circaète Jean-le-Blanc.
7
SOMMAIRE
Introduction ........................................................................................................................................... 11
1 LE MONITORING : APERCU THEORIQUE ............................................................... 14
1-1 Définition/2............................................................................................................................................ 14
1-2 Les méthodes de monitoring/2 ......................................................................................................... 14
1-3 Pour ou contre le comptage visuel direct de migrateurs à des points de
concentration ?/2 ......................................................................................................................................... 15
1-4 Le cas particulier des espèces à large dispersion ou difficile à contacter/2........................ 16
1-5 Les techniques de calcul de l'indice annuel/2 .............................................................................. 17
1-6 Les grandes exigences du monitoring/2 ........................................................................................ 17
2 LE CAS PARTICULIER DES PYRENEES..................................................................... 19
2-1 La direction principale de migration/2 .......................................................................................... 19
2-2 Les lignes directrices/2....................................................................................................................... 20
2-3 Hypothèse de départ quant aux modalité de franchissement de la chaîne
pyrénéenne/2 ................................................................................................................................................. 22
2-4 Conclusion/2 ......................................................................................................................................... 23
3 LES ESPECES CONCERNEES ......................................................................................................... 25
3-1 Espèces migrant vers l'Afrique/2 .................................................................................................... 25
3-2 Espèces migrant vers l'Espagne/2 ................................................................................................... 25
3-3 Les modes de franchissement de la chaîne/2 ............................................................................... 26
3-31 Les planeurs/3..................................................................................................................................... 26
3-32 Utilisation des ascendances thermiques/3 .................................................................................. 27
3-33 Utilisation des ascendances de pentes/3 ..................................................................................... 28
3-34 Les pigeons/3 ...................................................................................................................................... 29
4 LES SOURCES DE RENSEIGNEMENTS ...................................................................... 31
4-1 Le programme TRANSPYR/2 ......................................................................................................... 31
4-2 La méthode de recueil des données/2 ............................................................................................ 31
4-21 Protocole de recueil de données relatives au site/3 ................................................................. 33
4-211 Localisation du site et du point d'observation/4 ..................................................................... 33
4-212 Caractérisation de la sphère d'observation/4 ........................................................................... 35
4-213 Détermination des périodes d'études/4 ..................................................................................... 37
4-22 Protocole de recueil des données relatives au contexte météorologique/3...................... 40
4-221 Contexte général/4 .......................................................................................................................... 40
4-222 Contexte local/4 ............................................................................................................................... 42
a) Le vent/5 ................................................................................................................................................... 44
b) La température/5..................................................................................................................................... 47
c) L'hygrométrie/5 ....................................................................................................................................... 49
d) Les météores/5 ........................................................................................................................................ 49
e) La nébulosité/5 ........................................................................................................................................ 52
f) La pression atmosphérique et la tendance barométrique/5 ......................................................... 54
g) La visibilité/5........................................................................................................................................... 54
h) Récapitulation/5 ...................................................................................................................................... 56
4-23 Protocole de recueil des données relatives aux observateurs/3 ........................................... 57
a) le nombre et la compétence des observateurs/4............................................................................. 58
b) L'assiduité/4 ............................................................................................................................................ 60
La détection/4 ............................................................................................................................................... 61
d) Techniques de détermination/4 .......................................................................................................... 62
8
e) La notation et la standardisation des données/4 ............................................................................ 63
f) La consignation et le stockage des données/4 ................................................................................ 66
4-24 Protocole de recueil des données relatives à l'oiseau/3 .......................................................... 67
a) La détermination de l'espèce/4 ........................................................................................................... 68
b) La taille de l'échantillon/4 ................................................................................................................... 70
c) La détermination de l'âge et du sexe/4 ............................................................................................. 75
d) La recherche d'indices individuels supplémentaires/4 ................................................................ 76
e) La définition du statut/4........................................................................................................................ 77
f) Les choix tactiques/4 ............................................................................................................................. 81
g) L'altitude de vol/5 .................................................................................................................................. 82
4-3 Effort de suivi et premiers résultats/2 ............................................................................................ 84
5 LES ESPECES ET LE FRANCHISSEMENT TRANSPYRENEEN ................ 94
5-1 Les cigognes/2 ...................................................................................................................................... 94
5-11 La Cigogne blanche/3 ...................................................................................................................... 94
5-111 Répartition/4 ..................................................................................................................................... 94
5-112 Migration/4 ....................................................................................................................................... 94
5-113 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne/4 .................................................... 96
a) Répartition longitudinale du passage/5 ............................................................................................ 96
b) Phénologie saisonnière/5 ..................................................................................................................... 98
c) Phénologie horaire/5.............................................................................................................................. 99
5-114 Evolution interannuelle des effectifs/4 ..................................................................................... 99
5-115 Conclusion/4..................................................................................................................................... 100
5-12 La Cigogne noire/3 ........................................................................................................................... 100
5-121 Répartition/4 ..................................................................................................................................... 100
5-122 Migration/4 ....................................................................................................................................... 100
5-123 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne/4 .................................................... 101
a) Répartition longitudinale du passage/5 ............................................................................................ 101
b) Phénologie saisonnière/5 ..................................................................................................................... 102
c) Phénologie horaire/5.............................................................................................................................. 103
5-124 Evolution interannuelle des effectifs/4 ..................................................................................... 104
5-125 Effectif des nicheurs potentiellement transpyrénéens en 1990/4 ...................................... 104
5-126 Conclusion/4..................................................................................................................................... 105
5-2 Les rapaces/2 ......................................................................................................................................... 105
5-21Le Milan noir/3 ................................................................................................................................... 105
5-211Répartition/4 ...................................................................................................................................... 105
5-212 Migration/4 ....................................................................................................................................... 105
5-213 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne/4 .................................................... 106
a) Répartition longitudinale du passage/5 ............................................................................................ 106
b) Phénologie saisonnière/5 ..................................................................................................................... 113
c) Phénologie horaire/5.............................................................................................................................. 114
5-214 Evolution inter annuelle des effectifs/4 .................................................................................... 115
5-215 Conclusion/4..................................................................................................................................... 115
5-22 La Bondrée apivore/3 ....................................................................................................................... 116
5-223 Répartition/3 ..................................................................................................................................... 116
5-224 Migration/3 ....................................................................................................................................... 116
5-223 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne/4 .................................................... 116
a) Répartition longitudinale du passage/5 ............................................................................................ 116
b) Phénologie saisonnière/5 ..................................................................................................................... 129
c) Phénologie horaire/5 ............................................................................................................................. 130
9
5-224 Evolution interannuelle/4 ............................................................................................................. 130
5-225 Conclusion/4..................................................................................................................................... 131
5-23 Le Circaète Jean-le-Blanc/3 ........................................................................................................... 131
5-231 Répartition/4 ..................................................................................................................................... 131
5-232 Migration/4 ....................................................................................................................................... 131
5-232 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne/4 .................................................... 132
a) Répartition longitudinale du passage/5 ............................................................................................ 132
b)Phénologie saisonnière/5....................................................................................................................... 136
c) Phénologie horaire/5.............................................................................................................................. 137
5-233 Evolution interannuelle des effectifs/4 ..................................................................................... 137
5-234 Conclusion/4..................................................................................................................................... 138
5-24 Le Milan royal/3 ................................................................................................................................ 138
5-241 Répartition/4 ..................................................................................................................................... 138
5-242 Migration/4 ....................................................................................................................................... 138
5-243 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne/4 .................................................... 139
a) Répartition longitudinale du flux transpyrénéen/5 ....................................................................... 139
b) Phénologie saisonnière/5 ..................................................................................................................... 145
c) Phénologie horaire/5.............................................................................................................................. 147
5-243 Evolution interannuelle des effectifs/4 ..................................................................................... 147
5-244 Conclusion/4..................................................................................................................................... 148
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................ 149
10
Introduction
Nombreux sont les oiseaux glissant, chaque automne, par-delà les Pyrénées, en direction de
leurs zones d'hivernages ibériques ou africaines.
Toutes les espèces concernées n'offrent pas une réponse tactique identique dès lors que
l'obstacle surgit ; celles qui le trouvent trop impressionnant à leur goût cherchent à le longer
par l'Ouest ou par l'Est, s'engouffrant dans ces brèches naturelles que constituent les vallées,
ou parfois butant aux rivages atlantiques ou méditerranéens : celles-ci nous intéressent tout
particulièrement.
Tout comme il n'existe pas de multiples possibilités de contourner les derniers contreforts
pyrénéens sans survoler les flots, rares sont les vallées convenablement orientées dont les cols
sommitaux restent accessibles et franchissables.
A l'aplomb de ces quelques goulets, le flux migratoire prend figure de véritable concentration
; correctement placé, le naturaliste devient alors guetteur, et un simple dénombrement met
assez rapidement en évidence la valeur proportionnelle d'un site par rapport à son voisin.
Pour peu que l'expérience se renouvelle l'année suivante, puis celles d'après, de multiples
différences apparaissent, entachant les totaux par espèces de tendances évolutives, peut-être
significatives ou pas (suivi des niveaux d'abondance : monitoring).
L'affirmer exige des garanties.
Tout d'abord, que la localisation des points d'observation soit correcte, afin d'acquérir la
certitude que tel oiseau "compté passé" ne resurgisse pas dans le dos de l'ornithologue.
Evaluation des dispositions géographiques et topographiques, examen des modes de
franchissement trouvent ici leur place.
Ensuite que les techniques de comptage maintiennent un degré de rigueur élevé -rien ne doit
être laissé au hasard afin d'interdire toute introduction de biais de recherche-, et demeurent
reproductibles sans équivoque aucune (délimitation des zones d'étude, détection,
identification, réduction des disparités de toute nature, etc.). En marge des données
concernant les dénombrements saisonniers apparaissent les situations météorologiques. Leur
collationnement est simultané de manière à promouvoir une recherche maximale
d'exploitabilité.
11
Enfin, surgit l'examen des causes potentielles de variations des effectifs d'oiseaux migrateurs
rencontrés sur les sites pyrénéens. Paramètres généraux et facteurs locaux s'intègrent dans la
même équation.
Cela nous permet de bâtir progressivement une méthode visant, par de successives mises à
l'écart, à réduire les variations à celles liées exclusivement aux modifications de l'équilibre
des populations (reproduction par exemple), d'autre part à l'importance du facteur
météorologique.
L'efficacité de cette méthode est alors vérifiée auprès de chaque espèce retenue (cigognes,
rapaces dont Falco/accipiter, grues, pigeons et guêpiers) ; au vu des résultats d'analyse, nous
pourrons proposer, par l'entremise de techniques statistiques avérées, le calcul d'un indice
annuel d'abondance.
Toutes les données enregistrées devront s'y retrouver : il s'agit de l'unique manière précise
d'appréhender les tendances évolutives de ces quelques espèces ou populations migratrices
observées au cours de notre période d'étude et par conséquent de clairement envisager ou non
leur suivi respectif à moyen et long terme, ou plutôt, la poursuite de l'expérience que nous
menons en continu depuis 1979.
L'enjeu se situe tant au niveau scientifique (meilleure connaissance des espèces, phénologies
et effectifs) que technique (recueil des données, standardisation de la méthode) ou
réglementaire (protection des espèces, préservation des milieux).
Aussi cet essai de contribution se conclura t-il par notre propre interrogation sur l'importance
des moyens techniques, économiques ou politiques à mettre en oeuvre afin d'assurer la
pérennisation et/ou le développement de l'action menée durant quinze ans par l'association
Organbidexka Col Libre.
Ce premier fascicule traitera des cinq grands points suivants :
- le monitoring et son approche théorique globale,
- l'hypothèse d'une stratégie de franchissement transpyrénéen,
- la sélection des espèces étudiées,
- la localisation des sites d'étude et la description de la méthode de recueil
12
des données,
- les résultats par espèces définies comme "prioritaires",
- Cigognes blanches et noires
- Bondrée apivore
- Milans noirs et royaux
- Circaète Jean-le-Blanc
Le second fascicule proposera :
-les résultats par espèces définies comme "prioritaires" :
- Pigeons ramiers et colombins, développant notamment l'impact
général des activités cynégétiques dont ils font l'objet,
- les résultats par espèces définies comme "facultatives" :
- Epervier d'Europe
- Buse variable
- Busard des roseaux
- Balbuzard pêcheur
- Grue cendrée
- Guêpier d'Europe
- l'évaluation des limites de la méthode employée,
- les perspectives de poursuite et de développement du suivi de la
migration transpyrénéenne.
13
1 LE MONITORING : APERCU THEORIQUE
1-1 Définition
Par monitoring, nous entendrons dans le présent rapport : suivi des niveaux d'abondances des
populations d'oiseaux.
1-2 Les méthodes de monitoring
Dénombrements de nicheurs ou compte de migrateurs ?
Parmi les différentes méthodes de dénombrement élaborées pour étudier les oiseaux tout en se
basant sur le dénombrement des individus, il en est une fraction importante dont le monitoring
soit l'objectif décisif. Mais alors qu'une large unanimité souligne la valeur du principe
général, les avis des spécialistes divergent dès lors qu'il s'agit de privilégier l'adoption d'une
technique plutôt qu'une autre : l'efficacité du comptage des oiseaux migrateurs est parfois
totalement niée par certains (KERLINGER, 1985b ; SMITH, 1985a ; ULFSTRAND, 1958).
D'autres prônent le recours au dénombrement d'oiseaux nicheurs, ainsi le Breeding Bird
Census. Ils les opposent aux précédents qu'ils considèrent comme d'une précision aléatoire
(production de variations interannuelles plus importantes, programmes économiquement
coûteux (SVENSSON, 1978).
Les nombreux arguments avancés incluent le fait que les causes de variabilité n'ont pas pour
origine l'unique évolution démographique. La difficulté à relier les oiseaux observés à une
population dont l'origine géographique est certaine (HUSSELL, 1981), la représentativité
souvent inconnue de l'échantillon étudié qui, pour important qu'il soit, ne possède peut-être
aucune signification eu égard à la population totale (HUSSELL, 1985 ; KERLINGER, 1989 ;
TITUS, FULLER & RUOS, 1989) sont également évoqués.
Sont également évoqués les caractères cycliques de certaines populations (NAGY, 1980) ainsi
que l'importance des variations météorologiques (EDELSTAM, 1972) tendant à rendre les
comparaisons interannuelles malaisées voire rigoureusement impossibles.
14
1-3 Pour ou contre le comptage visuel direct de migrateurs à des points de concentration
?
Malgré tout, les tenants de l'utilisation des méthodes basées sur l'étude de la migration que
celle-ci soit réalisée par l'entremise du baguage ou par observation directe d'oiseaux en
transit, ne manquent pas non plus d'arguments. Nombreuses sont les campagnes de baguage
qui ont permis, en matière de monitoring, l'obtention de résultats probants en matière de
monitoring, notamment à Ottenby en Suède (HJORT & LINDHOLM, 1978) ou en R.F.A.
avec le M.R.I. (Mettnau-Reit-Illmitz Programm) (BERTHOLD & SCHLENKER, 1975).
Il n'en demeure pas moins que le moyen le plus fréquemment mis à contribution consiste
précisément à dénombrer les oiseaux migrateurs par leur observation directe depuis les points
qui concentrent au mieux leur passage.
Mais à l'instar de KERLINGER (1989) ou SMITH (1985a), un ensemble de critiques s'y
rapportent également. Gibraltar jette, en raison de la phénologie originale de franchissement
du Détroit qu'emploient les oiseaux, les bases d'une suspicion que relèvent EVANS &
LATHBURY (1973) : le contrôle du flux réalisé à l'aide d'un radar à ondes courtes montre par
vent d'Est une migration de haute altitude que les instruments des observateurs au sol (oeil nu
ou jumelles ne parviennent à déceler. D'une simple comparaison des résultats enregistrés pour
chacune des deux techniques, se déduit l'inconvenance d'une prétention au monitoring ; ces
deux auteurs généralisent leur jugement à la totalité des points de concentration.
HEINTZELMANN (1986) considère quant à lui que les variations interannuelles enregistrées
à Hawk Mountain n'expriment que des variations de comptage plutôt que d'effectifs
traversant réellement la sphère d'observation.
D'autres auteurs relèvent le manque de fiabilité des dénombrements, ainsi que l'influence
d'une masse de facteurs non quantifiables inhibant une interprétation exhaustive des résultats
(FULLER & MOSHER, 1981).
15
1-4 Le cas particulier des espèces à large dispersion ou difficile à contacter
Il est pourtant certaines espèces - rapaces, cigognes noires, grues cendrées pour n'en citer que
quelques unes nous intéressant particulièrement - dont les aires de répartition sont
relativement lâches et couvrent de larges étendues. Leur accès parfois malaisé, la rareté des
voies de communication rendent leur pénétrabilité imparfaite. Dans de telles conditions, ni le
baguage des individus, moins encore le dénombrement direct sur sites ou zones de
reproduction ne permettront d'autres analyses qu'estimatives, l'optique d'un monitoring se
trouvant complètement écartée. On le concevrait à moins.
Ultime recours admettant pour préalable le caractère franc et massif des déplacements
saisonniers, ainsi qu'une constance dans la direction prise par les espèces considérées (ou bien
les populations que l'on cherche à étudier), le comptage visuel direct aux points de
concentrations demeure dès lors l'unique technique appropriée.
L'obtention d'un résultat correct, ou plutôt interprétable, requiert toutefois pour première
condition une excellente identification et localisation du site d'observation.
Hawk Mountain (BROUN, 1949 ; NAGY, 1977a ; ROBERTS, 1984 ; SPOFFORD, 1969),
Derby Hill (SATTLER & BART, 1984), Cape May Point pour le Faucon pèlerin (DUNNE &
SUTTON, 1986), l'Etat du Maryland (HACKMANN & HENNY, 1971) pour les Etats-Unis
d'Amérique, Falsterbo en Suède (ROOS, 1978, 1985 ; ULFSTRAND & al., 1974) figurent
parmi ces rares sites dont le traitement des totaux de migrateurs qui y sont observés envisage
un monitoring de certaines populations issues de diverses espèces de rapaces (ou d'autres
oiseaux).
Pour exemple, nous retiendrons l'Autour des Palombes (Accipiter gentilis) (MUELLER &
BERGER, 1967b ; MUELLER & al., 1977), le Pygargue à tête blanche (Haliaetus
leucocephalus), le Balbuzard pêcheur et le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) (TITUS,
FULLER & RUOS, 1989), les busards (HAMERSTROM, 1969) ou les Accipiters (SNYDER
et al., 1973).
Issue de principes et fondements identiques, l'optimisation des techniques de recueil puis de
traitement des données augurent alors la mise au point de méthodes fiables d'estimation des
populations de rapaces, ainsi que l'identification de leurs fluctuations propres : exerçant à
l'échelle du continent Nord-américain, Hawk Migration Association of North America
(HMANA) en constitue sans ambages la référence.
16
1-5 Les techniques de calcul de l'indice annuel
Il est bien évident que les chiffres annuels obtenus à partir des dénombrements visuels ne
peuvent être directement utilisés en raison du nombre de variables qui les influencent :
estimer l'orientation ainsi que l'amplitude des fluctuations par la comparaison de totaux bruts
relève de la fantaisie.
Certaines méthodes, obsolètes et peu démonstratives tentent toutefois d'en corriger le sens :
sélection d'un indice annuel de comptage incluant une moyenne flottante sur 5 ans (NAGY,
1977a ; SPOFFORD, 1968), le nombre de migrateurs par tranche horaire sur une période de
trois mois (HACKMANN & HENNY, 1971) ou bien le calcul annuel d'un index pour lequel
la valeur moyenne sur toutes les années d'étude vaut 100 (ROOS, 1985).
L'éventail de ces techniques désormais dépassées laisse la place à un outil nettement plus
performant : requérant un traitement statistique complexe des données à base de régressions
multivariées, il peut être aujourd'hui utilisé avec succès pour calculer un indice incluant les
variables météorologiques ainsi que toute autre variable quantifiable (HUSSELL, 1985).
Au cours de cette étude, nous essaierons de répondre aux critiques formulées plus haut afin
d'obtenir une méthode permettant l'utilisation de cette technique d'analyse.
1-6 Les grandes exigences du monitoring
L'objectif demeurant le calcul d'un indice permettant un monitoring, la méthode de suivi
devra répondre aux exigences générales suivantes.
La méthode devra être standardisée afin de garantir la possibilité de la répéter tant
dans le temps que sur différents sites.
Le protocole devra être respecté et l'effort d'observation constant.
Les différents sites utilisés devront être suivis régulièrement.
La représentativité de l'échantillon devra être réalisée et constante en pourcentage
chaque année.
Les conditions météorologiques locales devront être consignées précisément.
17
Autant pour garantir le respect de ces conditions que pour monitorer l'environnement, il
convient également de choisir convenablement les espèces afin que leur association avec les
habitats ou les aires géographiques soit clairement définie.
18
2 LE CAS PARTICULIER DES PYRENEES
2-1 La direction principale de migration
La migration des oiseaux ne se fait pas au hasard dans n'importe quelle direction. Afin de
rallier au plus vite et le plus économiquement possible leurs quartiers d'hivernage en
migration postnuptiale ou leurs zones de reproduction en migration prénuptiale, les oiseaux
utilisent, selon les espèces ou même selon les populations d'une même espèce, une direction
privilégiée de migration que nous appellerons par la suite "direction principale de migration".
C'est la "Normalzugrichtung" définie par GEYR von SCHWEPPENBURG (1949) et le
"Principal Axis of Migration" de GAUTHREAUX (1978b) défini comme le chemin direct
entre zone de reproduction et quartiers d'hivernage.
Les expériences menées sur l'Epervier d'Europe (DROST, 1938), la Corneille mantelée
(Corvus corone cornix) (RUPPELL, 1944), l'Etourneau sansonnet (Sturnus vulgaris)
(PERDECK, 1958) et la Cigogne blanche (SCHUZ 1938, 1949, 1950b) nous montre qu'en
dehors de toute possibilité d'imitation, le caractère génétique de cette direction principale de
migration.
En Europe, certaines espèces comme le Milan Royal migrent en masse vers le Sud-Ouest.
Chez la Cigogne blanche, une partie des effectifs (les oiseaux orientaux) se déplace vers le
Sud-Est et se retrouve contactée en migration au Bosphore ou à Eilat en Israël, alors que le
reste de l'effectif (les oiseaux occidentaux) vont vers le Sud-Ouest et sont donc
transpyrénéens. La séparation des oiseaux vers telle ou telle direction s'effectue suivant une
bande aux limites floues axée sur le 11° de longitude Est, puis bifurquant près de Hanovre
vers Amsterdam (SCHUZ 1953 ; WICHERT, 1956). A l'intérieur de cette bande et même bien
au-delà, certains oiseaux issus parfois d'un même nid migrent vers le Sud-Est et d'autres le
Sud-Ouest. Si la totalité des oiseaux du Rhin supérieur migre par l'Ouest, une petite partie des
oiseaux du Nord-Ouest de l'Allemagne se dirige vers l'Ouest tandis que la majorité part vers
l'Est (BAIRLEIN, 1992). C'est le caractère inné de la direction principale de migration qui,
pour la plupart des individus, justifiera leur fidélité à cet axe.
Si l'on considère la géographie de la chaîne pyrénéenne au niveau de l'Europe de l'Ouest (voir
carte 1), on s'aperçoit qu'elle est située dans un axe Nord-Est/Sud-Ouest par rapport aux pays
situés plus au Nord dans la partie occidentale de l'Europe. Pour les oiseaux provenant de la
frange Est de la zone de captation théorique, le massif alpin constitue un obstacle que les
oiseaux auront intérêt à contourner plutôt par l'Ouest. Les oiseaux issus de ces régions qui se
19
dirigent principalement au cours de leur migration vers le Sud-Ouest rencontrent par
conséquent la barrière pyrénéenne sur le chemin vers l'Afrique ou la Péninsule ibérique.
2-2 Les lignes directrices
De même que d'un point de vue géographique, la migration ne s'effectue pas de façon
anarchique, les oiseaux de certaines espèces restent également soumis à des contingences
liées à la topographie des zones qu'ils sont amenés à survoler.
Nous introduirons ici la notion de lignes directrices qui sont les "Leitlinien" définies par
GEYR von SCHWEPPENBURG (1929) ou les "Leading Lines" ("Guiding Lines") des
anglophones (MALMBERG, 1955).
Il s'agit d'accidents topographiques (côtes marines ou lacustres, lignes de crêtes et vallées,
etc.) tendant à canaliser les oiseaux soit par une attirance écologique préférentielle soit au
contraire parce qu'ils sont contigus à des zones qui leur sont défavorables.
Ces lignes directrices peuvent dérouter les oiseaux de leur direction principale de migration
mais celle-ci est reprise dès leurs effets estompés. Ces effets sont directement liés aux
conditions météorologiques qui, en déterminant l'altitude de vol, modulent la réponse des
migrateurs.
En ce qui concerne les Pyrénées, l'effet des lignes directrices est double : attraction pour des
zones favorables à l'utilisation intensive du vol plané et répulsion d'un milieu hostile (milieu
aquatique).
Considérons tout d'abord l'impact négatif des étendues d'eau.
Si les grandes étendues d'eau ne constituaient pas un obstacle important pour les oiseaux
terrestres, il est bien évident que les franchissements transpyrénéens perdraient de leur
efficacité en matière monitoring, les oiseaux évitant de suivre les côtes ou traversant en ligne
droite la Méditerranée. Certains oiseaux n'hésitent pas, dans bien des cas, à couper au plus
court ; les oiseaux planeurs, quant à eux, sont en général réticents à traverser l'eau.
Le cas de Cigognes blanches déplacées d'Allemagne vers l'Angleterre et errant le long des
côtes sud du pays à la recherche d'une hypothétique voie de passage (SCHUZ, 1938) est à cet
égard révélateur.
20
La plupart des auteurs s'accordent sur le fait que les rapaces évitent au maximum les
traversées (RUDEBECK, 1950 ; RICHARDSON, 1978 ; SMITH, 1985b) pour éviter le
survol d'un habitat inhabituel.
Néanmoins, il existe des exemples de vol migratoire au-dessus de l'eau. Ils sont liés à des
obligations topographiques qui constituent des lignes directrices (traversées Sicile-Cap Bon,
Bosphore, Falsterbo, Ottenby, Pointe de Grave, etc.) et peuvent les faire dévier de leur
direction principale de migration (RUDEBECK, 1950).
On cite, en ce qui concerne les parcours de longue durée, la Bondrée apivore en Méditerranée
(STEINFATT, 1931 ; GIBB, 1951 ; MACRAE, 1985) ainsi que les Balbuzards pêcheurs,
Milans, Eperviers d'Europe, Busards et Faucons (HAUGH, 1975b ; NEWTON, 1979 ;
MACRAE , op. cit.). S'il a le choix, le planeur préférera un parcours terrestre même plus long
à un survol de l'élément liquide, celui ci ne se faisant qu'en toute extrémité. Les observations
concernant le Pigeon ramier à Falsterbo montrent sa crainte de l'eau. Les vols font demi-tour
parfois après 20 Km ou cerclent avant de traverser et, de toute manière, prennent le chemin le
plus court (ALERSTAM & ULFSTRAND, 1974).
Nos observations prénuptiales à Leucate nous ont permis de contacter la quasi-totalité des
espèces de rapaces en migration coupant par la mer pour rattraper la côte. Le fait est en tout
cas courant en ce qui concerne la Bondrée apivore ou le Busard des roseaux. A la Pointe de
Grave, au printemps, tous les oiseaux terrestres font preuve d'une crainte importante à la
traversée de la Gironde pourtant étroite (5 Km) (RAZIN & URCUN, 1992 ; URCUN, 1993).
Ils s'engagent souvent plusieurs fois avant de finalement traverser ou renoncer, ceci en
relation avec les conditions de vent. Le fait est particulièrement courant chez toutes les
espèces de Columbidés.
Nos observations au Domaine d'Abbadia ou au Cap du Figuier ne nous ont pas permis de
détecter un mouvement important de cigognes, rapaces ou pigeons alors que les oies,
limicoles et alouettes, à migrations typiquement littorales, sont couramment observés. A la
crainte de l'eau pour les oiseaux terrestres s'ajoutent, il est vrai, les contingences
topographiques décrites plus loin (chapitre 2-3). Celles-ci n'offrent pas aux migrateurs
continentaux de bonnes conditions de poursuite de leur périple migratoire par la côte
biscayenne (absence de débouché vers le sud). Les affirmations des chasseurs relatant une
migration importante du Pigeon ramier au large des côtes aquitaines nous paraissent du moins
fantaisistes sinon exceptionnelles. Elles ne pourraient constituer une explication à la chute des
effectifs transpyrénéens.
21
Il n'apparaît donc pas que l'échappement des oiseaux par la mer, de part son caractère
exceptionnel voire anecdotique, soit de nature à modifier de façon significative l'analyse des
résultats et ce pour la totalité des espèces concernées.
Ainsi les oiseaux sont amenés à longer les côtes atlantiques ou méditerranéennes (LanguedocRoussillon) jusqu'à concentrer leurs effectifs au pied de la chaîne pyrénéenne. Arrivés à ce
point de leur itinéraire, le déroulement de la procédure migratoire se différencie selon que
l'oiseau se trouve à en partie occidentale ou orientale de la chaîne.
2-3 Hypothèse de départ quant aux modalité de franchissement de la chaîne pyrénéenne
(carte 2)
S'ils continuent à suivre la côte catalane, les oiseaux se déplaçant à l'Est de la chaîne, se
trouveront franchement déroutés de leur direction principale de migration. Il leur est donc
nécessaire de modifier leur trajectoire en tenant compte non seulement des caractéristiques du
relief pyrénéen mais également de la topographie qu'ils rencontreront au Sud de la chaîne de
montagne.
En tout état de cause, ils gagneront à choisir préférentiellement les larges vallées de la Têt et
du Rio Segre, orientées Nord-Est/Sud-Ouest, qui les conduiront par cet affluent du Rio Ebro
aux plateaux aragonais entre Zaragoza et Lleida. Cet itinéraire est également celui fréquenté
par les oiseaux provenant de l'Est du Massif Central via la vallée de l'Aude. Le site d'étude
d'Eyne (près Font-Romeu, Pyrénées-Orientales, F-66) permet le contrôle de ce flux
migratoire.
Durant les blocages météorologiques atteignant la partie Ouest du Massif du Canigou ou en
cas de régime soutenu de forts vents de Nord-Ouest (cers ou tramontane), certains migrateurs
abordent la chaîne à l'Est du Massif du Canigou par la vallée du Tech. Toutefois, cette voie de
migration reste peu utilisée dans les autres cas météorologiques car elle obligerait les oiseaux
à corriger leur trajectoire à l'approche de la côte catalane espagnole au Sud de Barcelona.
Nous y avons placé le site de Forge Del Mitg (près Prats-de-Mollo, Pyrénées-Orientales, F66).
Pour les oiseaux qui ont longé la côte atlantique, l'approche des Pyrénées est également
l'occasion d'infléchir vers l'Est leur trajectoire, afin d'éviter les culs de sac du Nord-Ouest de
l'Espagne que constituent les sorties occidentales des reliefs basques et les massifs
cantabriques souvent couverts de nuages. Ceci leur permet d'emprunter les itinéraires des
vallées des Rios Bidasoa, Arga et Aragon par la région de Pamplona. Afin de contrôler ces
22
itinéraires, nous avons retenu le site de Lizarrieta, Sare Larrun Est (près Sare, PyrénéesAtlantiques, F-64).
Les migrateurs naviguant par l'Ouest du Massif Central qui évitent la côte atlantique et la
grande forêt landaise et ceux qui auront longé la haute chaîne pyrénéenne dont les vallées
souvent mal orientées ou difficilement franchissables (cirques, cols débouchant à plus de
2000 mètres d'altitude et fréquemment enneigés à l'automne), empruntent les vallées de la
Soule et le complexe Vallée de Valcarlos-Vallée des Aldudes, orientées Nord-Est/Sud-Ouest.
Ces sites constituent des sites de passage privilégiés permettant l'accès aux plateaux navarro
aragonais par des cols peu élevés (entre 1000 et 1600 mètres d'altitude). Organbidexka,
(Haute Soule, près Tardets, Pyrénées-Atlantiques, F-64) et de Lindux-Ibaneta (Aldudes
Valcarlos, près Saint-Jean-Pied-de-Port, Pyrénées-Atlantiques, F-64) figurent les points
d'observation d'où le contrôle du flux est optimal.
L'implantation de ces sites n'est pas le simple résultat de considérations topographiques
nébuleuses. Elle reste également liée au développement d'activités cynégétiques importantes
du moins en ce qui concerne les trois sites occidentaux de Lizarrieta, Lindux et Organbidexka
: la concentration saisonnière de chasseurs implique également la présence d'oiseaux
migrateurs "chassables" (Columbidés, Alaudidés, Turdidés). Nous n'oublierons pas qu'entre
l'émissaire valléen souletin et la cuvette des Aldudes, huit installations de chasse aux filets
(pantières destinées à la capture des Columbidés) demeurent encore en activité ; les deux
autres pantières non désaffectées pour l'ensemble des Pyrénées se trouvent quant à elles
directement en amont du col de Lizarrieta. Nous noterons également la quantité phénoménale
(13000 ? Plus ?) des postes de tir au vol qui jalonnent la moindre des crêtes d'une région
territorialement aussi exiguë que la zone transfrontalière basque.
2-4 Conclusion
En ce qui concerne les migrateurs transpyrénéens et plus particulièrement les oiseaux adeptes
du vol à voile, la chaîne pyrénéenne constitue une barrière, non point infranchissable mais du
moins de nature à entraîner la dépense d'une énergie considérable dès lors qu'elle est abordée
de front.
Très prosaïquement, nous résumons en proposant l'image suivante : la chaîne pyrénéenne
constitue un mur irrégulièrement troué (vallées). Chacun de ces trous capte ou ne capte pas le
flux migratoire par un entonnoir topographique, selon son orientation propre, la période de
l'année ou les variables météorologiques.
23
Les conditions météorologiques générales (contexte général), régionales (contexte français)
ou locales (contexte valléen) peuvent obturer tel ou tel trou voire une zone entière de trous ou
encore tous les trous. L'obturation de certains trous en rend d'autres plus attractifs
(phénomène de report).
Enfin, en fonction des espèces, une dissymétrie de franchissement se laisse observer d'une
extrémité à l'autre de la chaîne : les Circaètes Jean-le-Blanc migrent en plus grand nombre par
l'Est tandis que Grues cendrées, Milans royaux et pigeons survolent, pour l'immense majorité
de leurs effectifs, les reliefs occidentaux bigourdans, béarnais et surtout basques.
24
3 LES ESPECES CONCERNEES
Nous ne prenons en considération, bien entendu, que les espèces dont le pourcentage
d'oiseaux dénombrés est représentatif de la population totale estimée en Europe occidentale.
Oiseaux marins ou littoraux, n'étant contactés que de manière sporadique de même
qu'anatidés ou limicoles sont par conséquent écartés. D'emblée, nous excluons tous les
passereaux dont la migration sur un large front, représentant l'étendue et/ou le morcellement
de leurs zones de répartition (ainsi qu'une phénologie de déplacement) les rend moins sensible
aux effets des lignes directrices. Ce phénomène ne permet pas un échantillonnage exhaustif
de leurs populations. De plus la plupart des passereaux sont ou nocturnes ou très difficiles à
contacter du fait de leur taille réduite.
Au terme de ces filtrages successifs, seuls répondent aux critères retenus les espèces ou
ensembles d'espèces suivants : Ciconiidés, Falconiformes, Grue cendrée, deux Columbidés
(du genre palumbus) et le Guêpier d'Europe. De cette liste préalable, certains sont encore
écartés car trop difficiles à contrôler à l'aide d'une méthode d'observation directe.
La liste définitive se compose comme suit :
3-1 Espèces migrant vers l'Afrique
Cigogne blanche
Cigogne noire
Milan noir
Bondrée apivore
Circaète Jean Le Blanc
3-2 Espèces migrant vers l'Espagne
Milan royal
Pigeon colombin
Pigeon ramier
25
De manière accessoire, nous étudierons également la faisabilité d'un monitoring
transpyrénéen pour les espèces suivantes :
Epervier d'Europe
Buse variable
Busard des roseaux
Balbuzard pêcheur
Grue cendrée
Guêpier d'Europe
3-3 Les modes de franchissement de la chaîne
Nous distinguerons dans ce chapitre le cas des oiseaux pratiquant le vol à voile (rapaces,
cigognes, grues et guêpiers) que nous appelleront les planeurs de celui des pigeons (vol
battu).
3-31 Les planeurs
Pour minimiser leur dépense énergétique et donc économiser leurs réserves de graisse, les
rapaces, cigognes, grues et également les guêpiers sont portés à utiliser lorsque cela leur est
possible des techniques basées sur le vol plané utilisant les ascendances thermiques ou celles
créées par le vent.
Le gain qu'ils obtiennent, en relation avec l'extraction d'une grande partie de l'énergie de vol
des conditions extérieures (PENNYCUICK, 1972a & b ; SMITH, 1985a) peut être très
important. Nous citerons le cas du Goéland argenté (Larus argentatus) chez qui le vol plané
nécessite deux à trois fois le métabolisme standard tandis que le vol battu réclame, lui, 8 fois
ce même métabolisme standard (BAUDINETTE & SCHMIDT-NIELSEN, 1974).
Les ascendances, qu'elles soient thermiques ou induites par le vent, ne se distribuent pas au
hasard dans l'espace et le temps mais constituent dans l'atmosphère une matrice complexe
d'air ascendant, descendant ou mort (SMITH, 1985a). Cette matrice est fonction, - notamment
en montagne où le relief est loin d'être uniforme -, de la topographie ainsi que des conditions
météorologiques locales.
Les planeurs doivent en tenir compte afin de choisir leur route à l'intérieur même des
complexes montagnards tout en maintenant une direction résultante la plus avantageuse
possible.
26
Cette répartition non-uniforme tend à créer selon l'heure de la journée et les conditions
météorologiques des routes qu'empruntent la grande majorité des planeurs par translation
d'une ascendance à l'autre (les "thermal streets" décrites par WALLINGTON (1966),
KUETTEN (1971), HAUGH (1972 & 1975), RICHARDSON (1978), etc.). Les zones
défavorables seront également soigneusement évitées pour les zones adjacentes même si elles
ne remplissent pas les conditions optimales du vol plané. Ces considérations tendent à
produire à l'intérieur des lignes directrices (que sont, en ce qui nous concerne, les vallées) des
"microlignes directrices" qui rendent la détection des oiseaux plus aisée.
3-32 Utilisation des ascendances thermiques
L'accent a été largement mis sur l'utilisation des thermiques par les planeurs (FERGUSON &
FERGUSON, 1922 ; BERGMAN, 1938 ; MACKINTOSH, 1949 ; RUDEBECK, 1951 ;
GUNN, 1954a & b ; FORSTER, 1955 ; CONE, 1962a ; MUELLER & BERGER, 1961 &
1967a ; THIOLLAY, 1967 ; PENNYCUICK, 1972a & 1975 ; GRIFFIN, 1973 ; HAUGH,
1975 ; RICHARDSON, 1978). Nous savons également, - et ceci n'est pas sans importance -,
que la plupart des ascendances thermiques sont inutilisables par fort vent (HAUGH, 1975 ;
THIOLLAY, 1967), notamment en montagne (THIOLLAY, 1967 ; RICHARDSON, 1978).
Nous verrons dans la description ultérieure des sites d'étude qu'ils sont tous situés en
montagne ou, du moins, dans des reliefs accidentés et à l'intérieur de secteurs où l'absence de
vent n'est pas courante.
Les conditions de nébulosité (KERLINGER, BINGMAN & ABLE, 1985 ; MUELLER &
BERGER, 1961 ; THIOLLAY 1967), et en particulier une couverture nuageuse complète
inhibante (HAUGH & CADE 1966 ; THIOLLAY 1967 ; HAUGH, 1972) ou, a contrario, la
présence favorable de cumulus (GRIFFIN, 1973 ; RUDEBECK, 1950), conditionnent
également la formation des ascendances thermiques et par conséquent leur utilisation par les
planeurs.
D'autres variables météorologiques telles la température de l'air possèdent également une
influence sur le développement des thermiques (MUELLER & BERGER, 1961 ;
THIOLLAY, 1967 ; RUDEBECK, 1950).
La localisation, la puissance ou le déplacement des ascendances thermiques demeure
tributaire pour une large part de la topographie et de l'heure de la journée. Dans la quasitotalité des cas, celles ci ne sont exploitables par les planeurs qu'aux heures chaudes de la
journée soit, selon la date, de la moitié de la matinée à la moitié de l'après-midi.
27
Enfin, la dépendance des espèces aux ascendances thermiques n'est pas uniforme : les Grues
cendrées en sont moins tributaires que les cigognes (GEYR von SCHWEPPENBURG, 1934)
et chez les rapaces, la Buse variable semble en être presque totalement dépendante
(THIOLLAY, 1967).
3-33 Utilisation des ascendances de pentes
Le vent peut être également le facteur prépondérant de la mise en oeuvre des ascendances.
Celui ci, frappant la face exposée d'une pente permet, par déflexion verticale, la création de
zones de portance favorables aux planeurs et du reste fréquemment utilisées, principalement
en montagne (MAUVE, 1938 ; BROUN 1939 ; THIOLLAY, 1967 ; BRETT & NAGY, 1973
; HAUGH, 1975 ; PENNYCUICK, 1975 ; RICHARDSON, 1978 ; CURRIE & al., 1985)
L'intensité de l'ascendance produite est proportionnelle à la force du vent, au gradient de la
pente et à l'angle d'incidence du vent sur celle-ci.
Dans les Pyrénées, ces ascendances sont mises à contribution pour aider au franchissement
des cols, même par mauvaises conditions météorologiques (mais non aérologiques), les
planeurs suivant alors les lignes de crêtes perpendiculaires à la direction du vent et parallèles
à la direction principale de migration sur de longues distances et sans beaucoup d'effort.
A Bretolet (Alpes suisses), c'est leur utilisation par les rapaces et les cigognes qui permet
vraisemblablement le franchissement des Alpes, et ce, même par mauvais temps (THIOLLAY
1967).
L'économie d'énergie qui résulte de ce procédé est très probablement importante. Ainsi, selon
la force et la direction du vent, certains migrateurs n'hésitent pas à suivre les lignes
topographiques favorables à leur déplacement (leading-lines) même si leur orientation diffère
sensiblement de la direction principale de vol. Toutefois, s'il s'agit d'un principe général, le
phénomène décrit (ALERSTAM, 1978) trouve dans le cas qui nous intéresse ses limites
propres par le chaos du relief pyrénéen (générateur de turbulences) : rares sont les levées
topographiques rectilignes excédant en longueur le kilomètre.
Dans le contexte particulier des principaux cols de franchissement transpyrénéens, nous
pensons que ce type d'ascendances est responsable à plus de 50% du déplacement des oiseaux
(horizontal et vertical).
28
Un autre type d'ascendance créée par le vent a été décrit, communément appelée "lee waves".
Ces "ondes sous le vent" produites par le vent frappant un accident du terrain jusqu'à une
distance de plusieurs kilomètres induisent des portances utilisables par les rapaces (HAUGH,
1975). Nous avons pu observer des rapaces comme les Bondrées apivores ou les Milans noirs
exploitant, par vent de Nord-Est, ce phénomène afin de conserver leur altitude de vol en
position de glissé, après avoir basculé sur le versant Sud de la ligne de crêtes, notamment sur
le site de Lindux-Ibaneta.
L'utilisation du vent pour le franchissement des lignes de crêtes a pu également être observé
dans d'autres conditions. Par fort vent portant de Nord-Est, des Bondrées apivores, des Milans
Noirs ou des grues cendrées ont pu être observés faisant face au vent, ailes ouvertes pour
prendre de l'altitude, puis basculant brusquement vers le Sud-Ouest. Le fait a également été
signalé en Suède (RUDEBECK, 1950).
Contrairement à l'opinion largement répandue, nous pouvons donc affirmer que le
franchissement transpyrénéen n'est pas, loin s'en faut, imputable aux seules ascendances
thermiques. Nous en tirerons les conclusions qui s'imposent dans le chapitre consacré à
l'altitude de vol.
3-34 Les pigeons
Pour ces espèces qui n'utilisent pas le vol plané, le franchissement des Pyrénées est lié à la
puissance de leur vol battu.
L'influence directe des ascendances n'a jamais été mise en évidence (!), et il est probable que
la stratégie migratoire d'approche, menant au franchissement transpyrénéen n'en fasse
qu'assez peu de cas. Nous en possédons la certitude au moins en ce qui concerne les
ascendances thermiques dont la mise en oeuvre s'effectue, en automne, aux heures chaudes,
c'est à dire précisément alors que nul colombidé n'est en vue : préférant patienter sous le
couvert des frondaisons valléennes (et fréquemment à proximité des points d'eau), les pigeons
ramiers et colombins répugnent à voler du milieu de la matinée à la fin de l'après-midi.
L'on ne peut affirmer leur totale indifférence envers les ascendances mécaniques
(indépendantes, ou "leading-lines"), mais rien ne permet non plus d'indiquer leur exploitation.
Le relief doit jouer un rôle parfois important, en particulier par la protection qu'il offre :
rafales ou régime soutenu de vents de secteur Sud gêne considérablement leur progression, les
oiseaux s'y heurtant de front.
29
Il s'agit, là aussi, d'un principe très général dépassant très largement l'unique cas des pigeons
en déplacement (ULFSTRAND, 1960 ; ALERSTAM, 1978 ; RICHARDSON, 1978). Les
goulets migratoires transpyrénéens ne dérogent pas à cette règle.
30
4 LES SOURCES DE RENSEIGNEMENTS
4-1 Le programme TRANSPYR
Initié en 1981, ce programme de détermination des principales zones de franchissement
transpyrénéen s'est poursuivi jusqu'en 1989.
Le principe en est simple. Forts des connaissances acquises en migration transpyrénéenne
depuis 1979 au Col d'Organbidexka, nous avons pu déterminer de façon approximative les
dates théoriques de franchissement maximal pour les espèces à gros effectifs (Bondrée
apivore, Milans noirs et royaux, Pigeons). A ces dates théoriques, soumises bien entendus à
des aléas météorologiques, nous avons placé, aux endroits de franchissement possible et
stratégiquement économique pour les oiseaux, des observateurs chargés quel que soit
l'importance du flux de "tenir" leur site. Le principe de l'étude exige que l'information
négative recueillie lors d'une période de passage nul possède une valeur similaire à la masse
de données se rapportant à une forte migration.
4-2 La méthode de recueil des données
Son fondement repose sur le contrôle exhaustif d'une sphère géographique virtuelle précise
par un groupe d'observateurs postés au sol (SAGOT & TANGUY LE GAC, 1984 & 1985).
En théorie, l'ampleur du volume étudié ainsi que la localisation du point d'observation ne
doivent subir aucune modification saisonnière ou interannuelle sous peine d'annulation
automatique des informations se rapportant à la période considérée.
La validation comparative des données migratoire stricto-sensu ainsi que des variables de
différents compartiments décrivant le contexte pose par conséquent pour exigence la stricte
reproduction des techniques de recueil au cours de périodes horaires ou saisonnières définies
expérimentalement et stables.
Une première énumération des principaux paramètres retenus propose la ventilation suivante.
Données relatives au site :
- localisation du site et du point d'observation,
- caractérisation de la sphère d'observation,
- détermination des périodes d'études.
31
Données relatives au contexte météorologiques :
- contexte général,
- contexte local dont :
- vent : vitesse, direction,
- température,
- hygrométrie,
- météores : nature, durée, quantité de précipitation,
- nébulosité,
- typologie des nuages supérieurs, moyens, bas, hauteur
de la base des nuages bas,
- pression atmosphérique et tendance barométrique,
- visibilité.
Données relatives aux observateurs :
- nombre et compétence des observateurs,
- assiduité,
- pouvoir de détection,
- technique de détermination,
- notation et standardisation des données,
- consignation et stockage des données.
Données relatives à l'oiseau :
- détermination de l'espèce,
- détermination du statut migratoire,
- taille de l'échantillon,
- détermination de l'âge et du sexe,
- recherche d'indices supplémentaires,
- définition du statut,
- choix tactiques,
- altitude de vol.
32
Le choix de la diversité et de la qualité des informations recherchées nous est directement
dicté par l'exigence d'un objectif de monitoring ; si leur compilation systématique ne concerne
que certaines d'entre elles, toutes, y compris les variables "facultatives" participent à la
compréhension d'un flux migratoire contrôlé ainsi que dans sa mise en place ou son
évaluation.
L'intérêt de notre démarche est donc double : parvenir, par le croisement de l'ensemble des
variables, à un résultat interprétable ou non (calcul d'indices) dans le cadre d'un monitoring ;
aider, par la sélection et la combinaison de certaines d'entre elles, à l'amélioration de la
connaissance dans les domaines de l'ornithologie et de la méthodologie.
Le protocole qui suit, appliqué avec la rigueur la plus grande sur la totalité des sites retenus
dans le cadre de nos études transpyrénéennes, répond constamment à ce double objectif.
Chaque chapitre qui suit en apportera démonstrativement la précision.
4-21 Protocole de recueil de données relatives au site
4-211 Localisation du site et du point d'observation
Préalablement au choix de chaque nouveau site, un examen cartographique propose une
première sélection de vallées ou de complexes valléens paraissant favorables au suivi d'un
flux migratoire. L'orientation du thalweg ou de la crête conductrice parait dans ce cas assez
déterminante (généralement Nord-Est/Sud-Ouest).
L'analyse plus poussée de cette même cartographie met assez rapidement en évidence un
certain nombre de belvédères dont l'occupation permettra de contrôler, à défaut de migrateurs
certains, une sphère visuelle propre, dotée d'un point de vue sur l'amont (point de
concentration du goulet migratoire) tout au long du couloir de transit, ainsi que sur le ou les
exutoires.
Une mission de terrain déterminera ensuite le site le plus propice à la future installation d'une
équipe ; outre l'élément topographique - assurance d'un suivi de qualité -, un certain nombre
de critères relatifs à la logistique du camp sont également pris en compte : facilité d'accès ou
d'évacuation, proximité des lieux d'habitation ou de campement potentiels, proximité des
points de ravitaillement. Quoique ces éléments ne doivent pas interférer avec la rigueur d'une
entreprise scientifique, les budgets étriqués à l'aide desquels nous assurons la gestion de
terrain réclament une pratique vigilante de l'économie. Il reste qu'au cours de toute la période
comprise entre 1982 et 1993, la recherche d'une satisfaction matérielle n'a jamais entraîné
33
l'abandon, ou bien la mise à l'écart d'un site prioritaire au profit d'une zone secondaire (d'un
point de vue strictement migratologique).
Enfin, le choix précis et définitif des sites occidentaux (Pays Basque) répond à un des
objectifs fondamentaux poursuivis par Organbidexka Col Libre : l'évaluation de la pression de
chasse aux migrateurs, l'estimation des prélèvements et des conséquences phénologiques de
ces pratiques sur l'ensemble de la faune pyrénéenne réclamant la plus grande proximité, ce qui
n'est pas, loin s'en faut, sans poser de problème de "cohabitation" et autres conflits d'usage.
Cette "promiscuité" agit pourtant comme nécessité objective, dont on comprendra la sens et la
portée par la lecture du chapitre consacré aux pigeons ramiers et colombins.
Le choix technique du point d'observation est en apparence des plus simples (maximum de
dégagement visuel) mais à la réflexion, il regroupe des critères de sélection bien plus fins qu'il
n'y parait ; seule une première expérience de terrain en vraie grandeur (suivi migratoire de
courte ou moyenne durée : une ou deux semaines) peut apporter les éléments de réponse dont
la prise en compte attribuera la valeur comparative définitive :
- un point décentré par rapport à l'axe principal de traversée de la sphère visuelle
limite l'appréhension du flux migratoire (exemple: l'éloignement rend la
détermination de l'âge-ratio impossible).
- un relief trop surplombant par rapport aux vallées qu'il domine présente comme
effets pervers "l'écrasement" du flux au sol, rendant particulièrement ardus la
détection et le suivi du cheminement des migrateurs sur fond d'ensembles
topologiques et/ou phytologiques disparates.
- la position privilégiée d'un piton dégagé ne doit pas faire oublier que les limites de
la résistance des observateurs seront fréquemment éprouvées par le régime soutenu
de vents soufflant parfois des jours durant à des vitesses de 25 à 30 ms-1 (9 ou 10
Beaufort).
Ces éléments - et l'on pourrait en citer bien d'autres - introduisant autant de biais de nature à
distordre ou fausser la validation des données enregistrées.
34
Développée par les sondages que nous avons systématiquement entrepris tout au long long de
la chaîne , la définition standard d'un site et de son point d'observation est la suivante :
- position subverticale à l'axe principal du flux migratoire,
- localisation la plus proche (et si possible directement en amont) de la ligne de
basculement du flux (crête sommitale ou ligne de partage des eaux, des versants
Nord et Sud des Pyrénées),
- contrôle direct de la provenance mais surtout de l'évacuation des oiseaux (y
compris reports extra-valléens),
- dégagement visuel étendu (si possible circulaire), rareté ou absence des "zones
d'ombre" ou surfaces et reliefs hors de portée des moyens optiques employés,
- présence d'un repli de terrain ou tout autre élément (topographique, construction,
arbre isolé) procurant un abri relatif (notamment coupe-vent).
Au sein des secteurs considérés, la quantité et la diversité des reliefs ont toujours rendu aisé le
choix d'un point de vue regroupant la totalité des critères énumérés ci-dessus. Il aura fallu
parfois patienter durant deux ou trois campagnes d'études avant d'obtenir l'assurance
définitive d'une opportunité locale maximale. Selon l'ampleur de la modification des
modalités d'observation qu'un déplacement pût engendrer, l'ensemble des données accumulées
certaines années perdirent toute validité (monitoring).
C'est au prix de tels tâtonnements que les sites présentant les meilleures garanties
d'exploitabilité sont aujourd'hui recensés.
4-212 Caractérisation de la sphère d'observation
Tant de facteurs viennent à modifier les limites de l'espace contrôlé qu'il paraît
particulièrement délicat de proposer une définition catégorique ; parmi les paramètres
intangibles, la zone de captation proche, la topographie, le positionnement et la localisation
des vecteurs d'ascendances (thermiques, mécaniques), l'orientation et l'accessibilité des
exutoires (cols et crêtes de basculement). Parmi les variables, celles liées au contexte
météorologique régional (fort vent latéral ou facial en plaine et piémont) ou local (vent,
précipitations, visibilité, ...) ; celles liées à l'équipe des observateurs et notamment qualité et
assiduité du suivi, qualité et quantité du matériel optique utilisé, et enfin de très nombreux
35
biais potentiels induits par les comportements individuels ou collectifs que nous grouperons
sous le terme de "spottage préférentiel".
Tous ces éléments peuvent perturber notablement la position d'un flux ou la perception qu'en
possèdent les observateurs, rétrécissant ou étendant le volume contrôlé en de sensibles
proportions.
Ainsi le phénomène bien connu au Pays basque de dérive occidentale, réaction plus ou moins
passive des migrateurs face à un mouvement d'air contraire à leur sens de progression
optimal, peut repousser l'individu, le vol ou l'ensemble de vols auquel il se rattache d'une
extrémité à l'autre de l'espace "moyen" de détection.
De même, le regard de l'observateur conserve une tendance naturelle à fuir les violentes
lumières de contre-jour, pouvant entraîner momentanément l'abandon partiel ou total de
l'effort en direction d'un secteur pourtant traversé par les migrateurs.
Il est un autre phénomène universel qui peut restreindre jusqu'à sa plus simple expression, ou
au contraire étendre cette sphère d'observation : la visibilité reste en constante évolution, en
montagne tout particulièrement, du brouillard mouillant à la limpidité parfaite.
Le "spottage préférentiel", quant à lui, regroupe sous son appellation tout phénomène qui
induit une perturbation dans la constance de l'effort d'observation. Ainsi, une Cigogne noire
survolant l'équipe à basse altitude entraîne automatiquement dans son sillage la quasi-totalité
des regards (voir aussi DUNNE & al., 1984), alors que la digestion du repas de milieu de
journée aura pour effet un certain ralentissement de l'activité migratologique ainsi que peutêtre une orientation des optiques nettement horizontales voire déclinante.
Nombreux sont les cas, on le comprend, de déformation de cette sphère visuelle. Toutefois
afin d'en tempérer la portée, nous retiendrons que les allusions contenues dans les paragraphes
précédents se reproduisent année après année, de la même manière et qu'il existe, tout au
moins en ce qui concerne les variables relatives aux observateurs, de nombreux automatismes
visant à les corriger. Si elle contribue pour leur part à l'incertitude générale liée aux
dénombrements, le traitement analytique que les résultats par espèce subissent lors d'une
approche pluriannuelle étouffe le chaos relatif de ces perturbations intempestives.
36
Afin de contribuer à la caractérisation de la sphère d'observation, nous retiendrons ce qui suit
:
- chaque site possède une sphère propre, et il n'est pas évident qu'il en occupe la
position centrale,
- son volume recherché correspond à l'espace que les observateurs fouillent sans
relâche à l'aide de jumelles de bonne qualité, et de grossissement 8 ou 10 ; jamais
de leur longue-vue, réservée à la détermination après détection. Il est estimé
grosso modo, à un rayon horizontal de 6 ou 7 km (vertical : 0,5 à 1 km) lors de
conditions de bonne visibilité, et ce, généralement dans toutes les directions,
- lors du choix définitif des sites d'observation, l'on veillera tout particulièrement à
ce que les sphères de deux sites voisins ne puissent se chevaucher, ni dans la
perception immédiate qu'en ont les observateurs, ni par phénomène de glissement
des migrateurs entraînant un report fréquent dans la sphère suivante. Ainsi, le cas
précis des sites voisins d'Organbidexka et de Lindux en Pays Basque : les sphères
sont bien différenciées ; ainsi, un oiseau évoluant en limite de sphère
d'Organbidexka ne sera jamais contacté par les ornithologues postés à Lindux,
sauf phénomène de dérive occidentale : dans ce cas , sa perception est si
,apparente qu'Organbidexka procédera à la notation spécifique NPP (Ne passe
pas), évitant de comptabiliser deux fois, sur deux sites différents, le même
individu ou groupe d'oiseaux en mouvement. En fin de saison, ces formations les
plus caractéristiques (Cigognes ou Grues cendrées comptées à l'unité près) feront
rétrospectivement
l'objet d'une recherche comparative afin de tenter de
comprendre l'itinéraire qu'ils ont employé. Il n'est pas fréquent d'y parvenir.
4-213 Détermination des périodes d'études
Notre volonté de proposer l'étude la plus exhaustive qui soit sollicite une tenue simultanée des
camps d'observation sans aucune interruption, du 1er août au 10 novembre (Col
d'Organbidexka : 15 juillet au 15 novembre).
Ce préalable fut respecté quatre ans consécutifs (1987 à 1990 inclus) sur les quatre sites
majeurs d'Eyne (Cerdagne F-66), Organbidexka, Lindux et Lizarrieta (Pays Basque F-64). Il
se justifie par le désir d'obtenir un portrait complet et détaillé de la migration d'espèces pour
lesquelles le franchissement transpyrénéen est précoce (Milan noir) ou tardif (Grue cendrée) :
37
l'écart entre ces deux périodes laissant passer nombre d'autres espèces, régulières et sujettes
de la présente étude, ou bien anecdotique mais dont l'observation demeure toujours plaisante.
Ceci ne signifie nullement que la migration postnuptiale ne soit pas lancée antérieurement à la
date d'installation des équipes Transpyr. Nous verrons , par l'examen du cas du Milan noir ,
que nombre d'individus franchissent la chaîne au mois de juillet ; mais nous précisons
également les difficultés liées à sa stratégie migratoire propre (haute altitude de vol par
propulsion ascensionnelle sous cumulus notamment) de contacter et suivre un oiseau au
parcours relativement indépendant des goulets migratoires : la mise en place d'équipes dès la
mi-juillet ne gonflerait pas pour autant les totaux saisonniers.
A l'inverse, le franchissement transpyrénéen se poursuit postérieurement au 10 novembre ;
l'appréhender devient aléatoire. Les blocages météorologiques résultant du passage d'ondes
dépressionnaires atlantiques se succèdent sans répit et les groupes d'oiseaux patientent parfois
des jours voire des semaines à l'instar des Grues cendrées dont il arrive qu'elles ne glissent
enfin vers l'Espagne qu'au mois de décembre.
Dans un tel contexte, la stérilité des efforts consentis par les équipes n'a d'égale que la dureté
de survie dans les camps d'altitude , la persistance d'un brouillard tenace accroché au point
d'observation ne signifiant nullement l'absence d'un flux localisé quelques kilomètres plus
loin, lors d'une timide déchirure entre deux stratocumulus.
Engagée depuis 1979, première année d'occupation du Col d'Organbidexka, la régularité de
l'étude détermine assez fidèlement les périodes et modalités de franchissement selon chaque
espèce. Nous pouvons maintenant augurer, qu'à quelques centièmes de totaux annuels près ou
quelques jours de décalage, rares sont les surprises d'une taille à venir bouleverser les
phénologies saisonnières. L'opportunité de mener une étude spécifique en fonction de l'état de
nos connaissances semble assez séduisante tout en restant synonyme d'une grande économie
de moyens. Ainsi, l'entretien depuis 1990 d'une équipe au Col de Lizarrieta (64) ne se justifie
plus que dans le cadre de la poursuite du programme "Pigeons", exigeant le contrôle du flux
et l'évaluation de la ponction cynégétique à partir des trois principaux sites basques : la
période d'étude est désormais ramenée à quarante jours, du 20 septembre au 10 novembre
(JEAN & RAZIN, 1993). Issu d'un raisonnement identique, une volonté de contrôler la
migration du Circaète Jean-le-Blanc se cantonnera au suivi du site d'Eyne du 20 août au 10
octobre, tout en négligeant l'extrémité occidentale des Pyrénées.
Les ressources énergétiques propres à Organbidexka Col Libre (disponibilité du personnel
bénévole) ainsi que diverses aides financières substantielles (dont celle attribuée par le
programme OCL/SRETIE objet du présent rapport) ont permis un suivi multisites en 1988,
38
1989 et 1990, au cours de l'intégralité de la période annoncée en tête de chapitre (1er août au
10 novembre).
L'effort quotidien n'a jamais manqué au protocole : du lever au coucher du soleil, qu'elles que
soient les conditions météorologiques (à moins que celles-ci ne viennent à gommer toute
visibilité), les ornithologues se relayèrent sur les points d'observation.
L'on objectera la réalité de la migration nocturne , saisonnièrement aussi intense (au
minimum) que le mouvement diurne. Le choix des instruments de détection (matériel optique
conventionnel) limite presque totalement son usage en pleine obscurité (hormis quelques
anecdotes relatant une observation réalisée lors d'une nuit particulièrement éclairée. Pour la
petite histoire, bien des naturalistes furent réveillés sur nos sites par quelque clameur
d'Ardéidés, d'Oie ou de Grue cendrée, par un sifflement de limicoles. Les rapaces, les
cigognes, les pigeons et les guêpiers ne transitent pas de nuit, en dehors de quelques
décantonnements de dortoirs. Le Busard des roseaux fait vaguement figure d'exception, et des
individus volants encore alors que vient l'obscurité relèvent de l'observation occasionnelle
(ROUSSEAU & CLANZIG, 1991). Ce n'est pas, loin s'en faut, la majorité des cas. La
migration nocturne des rapaces est reconnue par certains auteurs concernant des espèces des
genres Pandion, Circus, Falco, et Pernis. A Ottenby, des rapaces sont vus s'élançant audessus de l'eau tard le soir excluant toute arrivée avant la nuit (EDELSTAM, 1972).
A Malte, des busards, des faucons et des Bondrées apivores sont contactés très tôt ou très tard
en migration active sur la mer tendant à accréditer l'hypothèse de la migration nocturne
(BEAMAN & GALEA, 1974). Enfin, les observations de Bretolet (Alpes suisses) donnent
quelques rapaces (Balbuzard pêcheur, Epervier d'Europe, Busard des roseaux, Faucon
hobereau (Falco subbuteo) et crécerelle (Falco tinnunculus)) migrant jusqu'à la tombée de la
nuit par conditions météorologiques favorables et les jours de gros passages (THIOLLAY,
1967). La phénologie horaire en migration transpyrénéenne de toutes ces espèces le démontre
remarquablement : aucun mouvement d'importance n'est lancé alors que les observateurs
s'installent au petit matin. Le flux se tarit très sensiblement dès la fin de l'après-midi, pour ne
persister qu'à l'état de traces, ou de compte-gouttes, après le coucher du soleil.
Nous aurions pu toutefois pousser l'expérience à scruter l'obscurité, équipement infrarouge et
radar à ondes courtes aidant.
Sans aborder la question du coût et la maintenance d'un tel équipement, la grande difficulté
d'exploiter la trace d'un volatile (ombre dans un rond de jumelles ou point lumineux sur un
moniteur) nous a fait écarter toute référence à ces procédés : si la détection est rendue
possible, l'identification spécifique ne l'est plus ; le suivi à distance (plusieurs km) au sein
39
d'un relief tourmenté (zones d'ombre) devient aléatoire (RICHARDSON, 1978) ; quant à la
traduction d'un indice de fréquentation par un individu ou un groupe d'oiseaux dont on ne
connaîtra jamais l'espèce, en affirmation catégorique d'un statut migratoire, nous préférons la
laisser aux tenants des hypothèses hâtivement construites et sans véritable démonstration
(fantasme des palombes nocturnes).
Un grand nombre d'espèces migre de nuit : la littérature en fait très sérieusement état. Nous le
constatons aussi. Ce n'est pas le cas des espèces que nous retenons , et si la Grue cendrée
figure l'exception, l'analyse que nous produisons en fait largement état, tout en l'éliminant de
la liste des espèces "monitorables" par contrôle direct de leur flux migratoire à partir de points
de concentration ; du reste, ceux-ci existent mais sous la forme de zones de stationnement ,
tant au Nord qu'au Sud des Pyrénées, bénéficiant d'un suivi de qualité (Lac du Der, F-51 ;
Captieux et Arjuzanx, F-40 ; Gallocanta, E-Aragon).
Pour récapitulatif :
- étude réalisée en continu du 1er août au 5 novembre,
- observations quotidiennes effectuées du lever au coucher du soleil,
quelles que soient les conditions météorologiques.
4-22 Protocole de recueil des données relatives au contexte météorologique
4-221 Contexte général
Une région géographiquement aussi étendue que le continent européen ne se traverse pas en
un jour. Si la Grue cendrée peut surprendre par l'amplitude de ses étapes, rapaces et pigeons
glissent progressivement vers le Sud-Ouest en une série de déplacements quotidiens de l'ordre
de quelques dizaines à plusieurs centaines de kilomètres.
Les conditions climatiques et météorologiques trouvent ici toutes leurs influences, et
déterminent réellement trajectoire et rapidité de progression, constance et hétérogénéité du
flux.
La position des masses d'air, la provenance et la vigueur des fronts alimentent autant de
facteurs qui favorisent ou, au contraire, annihilent les efforts des migrateurs. A l'inverse, il
paraît séduisant à l'ornithologue de chercher à anticiper les mouvements à l'aide de l'analyse
des conditions météorologiques qui règnent tout au long du couloir de migration (pour autant
qu'il se caractérise, et instamment au sein des zones de captation proches de la chaîne
40
pyrénéenne ou des goulets migratoires qui se trouvent parfois largement en amont. L'on sait
que l'approche d'une perturbation influe fréquemment sur la migration, provoquant son
ralentissement ou même son arrêt total (THIOLLAY, 1967).
Toutefois, l'on assiste à certains mouvements durant le passage de cette même perturbation ;
la localisation d'une éclaircie au droit d'un point d'observation peut à l'occasion concentrer
puis drainer de nombreux migrateurs, procurant l'apparence d'un flux à ce qui n'est sans doute
qu'un regroupement occasionnel.
Ce peut être aussi un phénomène annonciateur.
L'intensité migratoire se rétablit généralement dès l'évacuation de l'onde dépressionnaire,
encore que là aussi les déceptions paraissent fréquentes (perturbations orageuses et/ou
localisées) !
Il est donc indispensable d'introduire une notion indiquant l'étendue et la puissance , ou
plutôt le creusement d'un tel type de manifestation climatique.
L'influence des fronts froids sur la migration des pigeons est également assez bien mise en
évidence grâce aux travaux menés à Falsterbo (Suède) par ALERSTAM & ULFSTRAND
(1974) : le regain d'activité au lendemain du passage du front est évident , les oiseaux
profitant des vents arrières de secteur Nord (Nord-Ouest à Nord-Est) pour glisser vers le Sud
(l'on retombe ici sur l'influence du vent en général). Or ce qui se vérifie pour les colombidés
perd peut-être de son intérêt pour les rapaces planeurs et les cigognes : les points de
rapprochement manquent sensiblement.
Retenons toujours que nombreuses sont les corrélations positives entre perturbations
atmosphériques et migration à condition que l'orientation du mouvement d'air indique un gain
pour l'oiseau, c'est à dire qu'il l'aide à progresser dans une direction correcte (HAUGH, 1975 ;
voir RICHARDSON, 1978).
Partant d'un tel principe, il semble souvent aisé d'expliquer la vigueur constatée d'un
phénomène migratoire a posteriori. Ce serait pourtant écarter d'autres facteurs intervenant
parfois lourdement : attraction ou non qu'exercent les zones de stationnement, conjonction de
diverses perturbations du flux dont l'origine est anthropique (pratiques cynégétiques),
réponses propres à la biologie des oiseaux..., sans oublier que certaines situations
météorologiques à grande échelle sont contradictoires avec les situations locales
(THIOLLAY, 1967 ; RICHARDSON, 1978).
41
En tout état de cause, la prise en considération du contexte météorologique général, s'il ne
permet que prudemment une anticipation non-sujette à caution , aide à l'interprétation des
phénomènes migratoires particulièrement caractérisés (cas des "rushes" de Pigeons ramiers et
colombins).
Quant à l'obtention des informations nécessaires (et standardisées), elle s'effectue par
l'examen des situations météorologiques cartographiées que produisent quotidiennement les
services de la Météorologie Nationale. Nous les complétons éventuellement des données de
temps présent recueillies auprès de notre réseau de collaborateurs européens.
4-222 Contexte local
Si le contexte météorologique général détermine la régularité du flux, la vélocité et la
trajectoire des migrateurs, l'approche et le franchissement transpyrénéen répondent à un
ensemble de facteurs régionaux ou locaux, le sens de ce dernier mot devant parfois s'entendre
à l'échelle décakilométrique. Innombrables sont nos frustrations alors que, quittant les vallées
et collines prépyrénéennes écrasées de soleil, nous retrouvons le camp d'observation ainsi que
les reliefs qui le dominent couvert par la chape d'un stratus épais , un brouillard mouillant
bouchant chaque exutoire potentiel et limitant la visibilité à dix pas. Vu de plaine, seules
quelques écharpes étroites semblaient relier tel sommet à son voisin.
Une telle situation se produisant au mois d'août , n'empêchera guère les milans noirs de
s'esquiver par quelque trouée ou thalweg secondaire, alors que les Cigognes blanches se
présentant face aux goulets occidentaux obturés, longeront le massif jusqu'à l'éventuelle
rencontre des plaines littorales. Aucune de ces données ne parviendra aux observateurs, la
nécessité de ne déroger au protocole sous aucun prétexte interdisant la recherche d'un
promontoire ensoleillé sans autre perspective possible que la satisfaction personelle et parfois
l'enrichissement phénologique, d'aucune manière, le monitoring transpyrénéen...
Ces considérations, tout en témoignant du particularisme climatique d'une chaîne de
montagne (et sans encore aborder la notion de soudaineté des changements météorologiques)
écartent en préambule tout autre recherche d'information qui ne soit que strictement locale :
c'est au niveau de chaque point d'observation que les différents paramètres sont relevés, la
connaissance du temps qui règne en plaine (amont ou aval) confirmant à l'occasion la
perception de la situation que ce font les ornithologues. Inutile par conséquent d'étudier les
bulletins et cartes produites par chaque centre départemental de la Météorologie Nationale.
Nous avouons de plus notre relative incompétence quant à la connaissance précise des
42
réponses individuelles qu'opposent les oiseaux aux situations météorologiques qu'ils
rencontrent.
Le recueil des données ne permet que la description du temps présent au sein d'une sphère
d'observation donnée. Leur compilation standardisée possède un triple intérêt :
- situer, au jour le jour, l'état, ou la qualité, de l'espace que traversent
les migrateurs à un temps "t",
- suivre les modifications, ou non, des conditions d'observation,
- comparer la perméabilité de cet espace selon :
- les espèces
- les conditions que les oiseaux rencontrent.
Quels sont les paramètres retenus ?
La description d'une "journée météo" nécessite théoriquement le suivi de près d'une
quarantaine de variables. Certaines d'entre elles évoluent corrélativement à d'autres (visibilité
et hygrométrie, par exemple) ; d'autres demeurent indépendantes du contexte local (typologie
des nuages supérieurs).
Selon ALERSTAM (1978), au sein d'un ensemble composé de 36 facteurs, cinq seulement
paraissent déterminants , et influent de 56% à 88% sur la variance totale imputable au
complexe oiseau/météo. Il s'agit de la direction et la vitesse du vent, de la nébulosité, des
précipitations et de la visibilité.
De nombreux auteurs notent que la stabilité atmosphérique, la présence ou non de
perturbations, la température et l'hygrométrie doivent également influer sur la logique
migratoire en général, voire déterminer certaines situations (in RICHARDSON, 1978), mais
restent très prudents. EDELSTAM (1972) propose un choix similaire, auquel il ajoute la
température, mais soustrait les précipitations.
Privilégiant la circonspection et partant du principe que la notation de quelques informations
supplémentaires ne peut ni surmener davantage qu'ils ne le sont nos observateurs acharnés , ni
sursaturer les banques de données, nous avons sélectionné 18 paramètres, dont les valeurs
43
sont mesurées par application du protocole sur tous les sites pyrénéens, et davantage lors de
variations brutales et significatives (hydrométéores, visibilité), voir ANNEXE.
a) Le vent
La présence, l'orientation et l'ampleur du relief entretiennent des conditions aérologiques
particulières ; elles interviennent localement sur le comportement des oiseaux, étroitement
combinées aux conditions météorologiques globales : au déplacement des masses d'air
s'ajoute celui induit par le réchauffement différencié des couches, en fonction de l'altitude, de
la nature du substrat, de l'orientation des versants (adret-ubac) (HAUGH, 1975,).
Nous avons déjà souligné l'importance des lee-waves (ondulatoires après franchissement d'un
relief) qui aident le migrateur à conserver son altitude de vol (HAUGH, 1975) pour peu
qu'elles correspondent à l'axe de migration.
Ces "courants d'air" déplacent, au gré de leur direction, ascendances thermiques ou
mécaniques qui, devenant obliques et parfois "reculantes" peuvent modifier la stratégie de
franchissement que choisissent les oiseaux, voire rendre leur utilisation difficile ou impossible
(THIOLLAY, 1967 ; HAUGH, 1975 ; RICHARDSON, 1978). Nous constatons chaque année
de profondes perturbations du sens de progression : certains individus, ou formation en vol,
vont à faire demi-tour parfois à courte distance des exutoires, le franchissement de ces
derniers exigeant une dépense d'énergie jugée trop importante.
Il s'agit là de l'effet inhibiteur bien connu des forts vents de face (THIOLLAY, 1967; LACK,
1970 ; EDELSTAM, 1972 ; ALERSTAM, 1978 ; RICHARDSON, 1978), proportionnel à la
vitesse du vent. Selon THIOLLAY (1967), un vent contraire soufflant à une vitesse inférieure
ou égale à 40 Km/h n'entraîne aucune gêne, alors que milans, buses et busards, bientôt suivis
des Accipiters et des faucons, ne font plus montre d'insistance au-delà de 75 km/h. Les
circonstances propres au franchissement transpyrénéen nous font relativiser ces estimations ;
peut-être, l'attraction qu'exerce la proximité des exutoires rend-elle l'effort admissible, les
oiseaux volant alors au raz de la végétation , et parfois se posant au sol quelques minutes.
(THIOLLAY, 1967 le signale dans les Alpes ; ROUSSEAU & CLANZIG, (1991), sur le
littoral audois) alors que l'anémomètre enregistre des vitesses de l'ordre de la centaine de
km/h.
Si un fort vent contraire contrarie la progression, un vent toujours de face mais faible ou
modéré se traduit par un bénéfice certain : facilité à gagner ou conserver de l'altitude
permettant un déplacement purement gravitationnel (RUDEBECK, 1950).
44
A l'inverse, un vent arrière n'est pas forcément synonyme d'aide au déplacement : ce
phénomène, constatés par certains (RAMEL, 1960 ; GRUYS-CASIMIR, 1965 ; THIOLLAY,
1967 ; URCUN, 1993), concerne en premier lieu les planeurs, encore que la portée dût en être
relativisée : nous n'avons enregistré aucune corrélation positive à partir des sites pyrénéens
(conséquence du relief ?). Pigeons, Grues cendrées et Falco/accipiter gagnent apparemment,
quant à eux , en vitesse, en altitude et en réflexe pour peu que le vent les pousse.
D'une manière générale, pour toutes les raisons que nous venons d'énumérer, l'angle
d'incidence du vent modifie la direction théorique de migration, rendant le flux plus ou moins
immédiatement perceptible aux observateurs (BROUN, 1939 ; MUELLER & BERGER, 1961
& 1967 ; MURRAY, 1964 ; ALERSTAM & ULFSTRAND, 1974 ; RICHARDSON, 1975 ; ).
Cette influence multiple (sur l'oiseau, sur l'ornithologue) possède pour intérêt l'aisance de son
appréhension grâce à la simplicité du mode de calcul (rôle de la composante "Nord-Est",
Organbidexka Col Libre (non publié). Nous en comprendrons l'intérêt en se reportant au
chapitre "Pigeons" du deuxième fascicule de cette étude.
Notre protocole de recueil des données préconise la notation des informations relatives à ces
deux paramètres : vitesse et direction du vent.
Il n'est toutefois pas simple, en montagne, d'en exploiter la mesure. Tenir à bout de bras
l'anémomètre ne rend compte que d'un mouvement d'air bien près du sol, et par conséquent
parfois totalement différent des conditions que rencontrent les oiseaux en vallée ou à l'inverse,
plusieurs centaines de mètres à la verticale de la tête des observateurs.
La référence au standard météorologique national (mesure effectuée à 10 mètres au-dessus du
sol) n'apporterait pas plus d'aide significative car, tout en admettant que l'influence immédiate
du sol diminue, celle des grands ensembles topographiques persiste. Le site occidental de
Lizarrieta montre par son exemple toute la complexité de l'affaire : il ne souffle, au niveau des
observateurs , qu'une brise d'Ouest ou de Nord-Ouest perpétuellement modérée, quelques
soient le sens et la vitesse de défilement des nuages de différents niveaux.
Seule une double notation permet d'éviter l'erreur méthodologique : conservant le principe
d'une récolte de données standardisées réalisée à l'aide d'un anémomètre tenu à bout de bras,
le protocole prévoit que l'on porte sur les fiches journalières, l'indication supplémentaire de la
direction du vent d'altitude, ainsi que l'estimation de sa force.
45
Le choix de l'équipement - anémomètre manuel - se justifie par sa robustesse ainsi que par la
simplicité de son utilisation ; il permet de plus d'approcher, par la recherche d'une stabilité de
la force à un instant donné , la direction réelle du mouvement d'air. Celle-ci se confirme par
diverses techniques séculaires : doigt mouillé pointé vers le haut, lâcher de fragments de
feuilles ou de légères brindilles, etc. Il est tout de même conseillé en début de saison,
d'admettre par l'étude d'une carte topographique l'orientation définitive du site et des reliefs
qui le cernent.
L'information recueillie se rapporte au vent moyen, laissant chutes brutales et rafales
soudaines. JEAN (Organbidexka Col Libre, 1993, non publié) indique qu'il s'agit d'un
compromis permettant de se rapprocher de la notion de "vent moyen sur dix minutes" telle
qu'en météorologie.
L'échelle de Beaufort, simple à mémoriser et n'offrant que peu d'opportunité de confusion
(pas de conversion de ms-1 en kmh-1) reste la plus pratique quoique manquant légèrement de
précision.
Le recueil de ces quatre informations (direction et force des vents de sol et d'altitude)
s'effectue chaque heure. Tout changement notable peut faire l'objet d'une indication
supplémentaire dans les 10 minutes qui le suivent, relevant par là sa valeur significative
(soudaine arrivée d'une perturbation, par exemple) :
- direction au sol et en altitude sont notées selon le secteur de provenance :
N, NNE, NE, ENE, E, ESE, SE, SSE, S, SSW, SW, WSW, W, WNW, NW, NNW,
- la force au sol reçoit pour notation le degré Beaufort à laquelle elle se rapporte (de
0 à 14).
- la force en altitude fait l'objet de l'indication sommaire :
"0" si les nuages ne se déplacent pas,
"+" à "+++" s'ils se déplacent, et selon leur vitesse,
"-" si l'on ne dispose d'aucune information (voir ANNEXE).
b) La température
46
Directement ou non, l'influence de la température sur le contexte migratoire semble
difficilement contestable (BAGG, 1950 ; BERGMAN, 1951 ; MUELLER & BERGER, 1961
& 1967b ; GRUYS-CASIMIR, 1965 ; EDELSTAM, 1972 ; HAUGH, 1972 ; ALERSTAM,
1978).
Le réchauffement de la colonne d'air est responsable de la formation des ascendances
thermiques ; plus est important le contraste de température entre l'air chauffé par le soleil au
contact d'un élément rocheux, par exemple, et l'espace qui l'entoure, meilleur devient le
rendement ascensionnel du planeur migrateur (de l'ordre de 2 à 6 ms-1, (THIOLLAY, 1967)).
Cette propulsion constitue souvent un gain appréciable (de l'ordre de 200 à 600 mètres
verticaux), (THIOLLAY, op. cit.)), que rapaces et cigogne n'hésitent pas à se dérouter de leur
direction initiale afin d'en bénéficier au mieux (voir chapitre 3-32).
D'une manière générale, il semble que le flux migratoire des planeurs incline à s'établir par
des températures élevées ; ceci n'est plus vrai pour les espèces à franchissement tardif comme
le Milan royal. L'indépendance envers ce phénomène se vérifie d'autant mieux pour les
espèces mariant vol plané et battu (grues cendrées, faucons) et, bien sûr, pour les "batteurs"
stricts (pigeons). Cela ne signifie nullement l'indifférence : tout juste les limites de nos
connaissances éludent tout débat supplémentaire.
Si elle ne l'est directement, l'influence de la température reste corrélée à la migration par
association à d'autres variables (hygrométrie, pression atmosphérique, vent,...). ALERSTAM
(1978) et RICHARDSON (1978) le relèvent sans qu'il nous soit nécessaire de trop insister sur
cette évidence...mais sans non plus formuler les équations à l'aide desquelles nous
parviendrions à en estimer la portée.
Le protocole d'Organbidexka Col Libre prévoit le recueil quotidien de trois paramètres :
- les températures minimales et maximales, relevées au lever et coucher du soleil,
- la température diurne recueillie heure par heure, ou davantage si un brusque (et
durable) changement se produit (notamment, inversion de température).
L'équipement demeure des plus simples :
- un thermomètre mini/maxi, abrité du soleil et des intempéries, placé dans un
endroit ventilé (en général près du point d'observation, ou du campement),
47
- un thermomètre portatif.
La notation s'effectue selon le degré thermique (°C) relevé, à l'unité près.
48
c) L'hygrométrie
Le degré hygrométrique de l'air influe sans doute aucun sur le comportement-réponse du
migrateur (HAUGH, 1972 ; RICHARDSON, 1978). Nombreuses sont nos observations de
rapaces parvenant, après avoir traversé un stratus coincé en vallée, aux crêtes sommitales et
allant directement se brancher sur le hêtre le plus proche. On comprend par cet exemple, que
l'humidité puisse alourdir le plumage, et rendre le vol à voile aléatoire (augmentation de la
charge pondérale, modification mécanique de la structure du plumage).
Si certains auteurs soupçonnent une réduction de la transpiration, ou une augmentation de la
thermo-conduction parallèlement à la hausse du degré hygrométrique (in RICHARDSON,
1978), tous, - nous-mêmes -, indiquent qu'une corrélation à d'autres variables météorologiques
relève de la nécessité, le tout décrivant presque à coup sûr le contexte dans lequel se déroule
la migration (correspondances hygrométrie/température/pression). Pour exemple,
RICHARDSON (1978) note qu'en général, la migration postnuptiale s'effectue d'autant mieux
si la pression atmosphérique s'élève , les températures restant assez faibles ou descendantes,
et l'humidité basse (quelles espèces sont concernées ?).
Enfin, l'augmentation du degré hygrométrique signale particulièrement en montagne
(systématiquement au Pays Basque), l'arrivée prochaine d'une perturbation, d'un temps
pluvieux et de vents tournants à l'Ouest/Sud-Ouest.
Bien que l'ayant sélectionnée dans une approche théorique initiale, nous n'avons pas retenu ce
paramètre lors de l'élaboration définitive de notre protocole. La décision relève de la précarité
de nos installations, et par conséquent du manque de certitude de pouvoir (savoir) poursuivre
l'expérimentation au gré des sévères conditions dans lesquelles se déroule l'étude.
d) Les météores
Nous retenons ce terme "météores" plutôt qu'"hydrométéores" car il rend compte d'un
phénomène régulièrement observé sur les sites pyrénéens : succédant à de longues périodes
durant lesquelles un fort vent de secteur Sud ou Est souffle sans interruption, de brusques
accalmies entraînent la chute de poussières d'origine saharienne. Si les migrateurs ne
semblent apparemment pas perturbés, les observateurs, en revanche, enregistrent une baisse
considérable de la visibilité , de l'ordre des trois-quarts. Ce "resserrement" de la sphère
d'observation alors que transitent les oiseaux est généralement le signe annonciateur visible de
pluies à brève échéance (tout comme la chute du vent).
49
La notation d'une telle manifestation s'effectue à la ligne "visibilité", et s'accompagne d'une
brève explication de son origine.
L'influence inhibitrice des précipitations en général a fait l'objet de nombreuses observations,
tant dans le massif européen, que sur la totalité des sites d'études de la migration (BROUN,
1939 ; RUDEBECK, 1950 ; MUELLER & BERGER, 1961 ; LOFTIN, 1967 ; THIOLLAY,
1967 ; EDELSTAM, 1972 ; BEAMAN & GALEA, 1974 ; ALERSTAM, 1978 & 1992 ;
RICHARDSON, 1978).
Toutefois, l'importance de la gêne occasionnée aux oiseaux dépend à la fois de l'espèce
considérée, de la nature et la force des précipitations ainsi que de l'étendue de la zone
"arrosée" à traverser. Comme dans les chapitres précédents, on comprendra qu'un croisement
avec diverses variables météorologiques puisse décrire un contexte globalement défavorable,
ou non, à la pénétrabilité par les migrateurs d'un espace soumis à l'observation :
- suivant les espèces, car la réponse d'un planeur strict tel la Cigogne blanche
(évitement de la zone, pose et attente d'une amélioration) s'affirme bien différente
de celle du Busard des roseaux ou du Faucon pèlerin (Falco peregrinus)(poursuite
du déplacement sans modification visible du comportement),
- selon la nature et la force des précipitations, car un brouillard peu "mouillant"
(c'est à dire insaturé en eau) reste perméable alors que la grêle constitue pour la
majorité voire la totalité des oiseaux un obstacle, ou une situation, dissuasif,
- selon l'étendue de la zone à traverser, car un cumulonimbus se déversant
localement laisse l'horizon dégagé alors qu'un banc de stratocumulus coincé
contre les montagnes par une perturbation atlantique efface relief, voies d'accès et
exutoires sur un département entier, quand il ne s'étend pas davantage.
De règles générales, et pour les espèces concernées par notre étude, direction de vol,
comportement et rapidité subissent sensiblement l'influence des précipitations. rares toutefois
sont les situations empêchant totalement le vol. Nous supposons du reste que les limites de la
résistance des ornithologues sont plus rapidement atteintes que celles des oiseaux, ou du
moins que la chute de visibilité empêche toute appréciation du phénomène migratoire, pour
autant qu'il subsiste. URCUN (1993) montre par exemple que la Tourterelle des bois
(Streptopelia turtur) n'évite pas systématiquement la pluie (averses) ; plus largement, pluie,
neige et brouillard laissent passer des individus de bien des espèces, en petit nombre
seulement, et proportionnellement à la force des intempéries (RUDEBECK, 1950 ; RAPPE,
50
1964 ; THIOLLAY, 1967 ; NAGY, 1977b ; RICHARDSON, 1978 ; CURRIE, HOPKINS &
HARWOOD, 1985 ). Idem sur les sites pyrénéens où l'on perçoit, pratiquement chaque année,
les cris des migrateurs (Bondrée apivore, Circaète Jean-le-Blanc, Grues cendrées) retentir
dans le brouillard, où l'on voit Balbuzards pêcheurs ou Faucons émerillons s'engouffrer sous
des trombes d'eau vers les présences menaçantes des sommets qui cernent le site.
Cela demeure anecdotique.
L'effet inhibiteur se traduit grosso-modo de trois manières différentes :
- les oiseaux poursuivent leur route, cherchant à se repérer au sol si la visibilité
se dégrade fortement (cas des pigeons observés grâce au radar (ALERSTAM &
ULFSTRAND, 1974),
- ils hésitent, tournent en contrebas du plafond nuageux, au besoin en profitent
pour chasser (Milans noirs et royaux, Buses variables), se posent dans l'attente
d'une éclaircie (parfois durant plusieurs jours (THIOLLAY, 1967),
- ils obliquent vers les éclaircies, ou se lancent soudainement dans une
"brèche" entre les nuages de façon à surmonter le plafond. cette dernière
alternative, vue de dessus, reste toujours spectaculaire : groupes hétéroclites,
rapaces de différentes espèces et cigognes mélangés, jaillissent à l'improviste
précédés de martinets ou hirondelles suivant la saison.
La modification de la direction de vol qui résulte de telles opportunités (perforation ou
contournement) entraîne de fréquentes et importantes déviations (jusqu'à 90° selon
THIOLLAY (1967)), les oiseaux reprenant le cap initial dès l'obstacle franchi. Ce n'est pas
pour autant que la progression redevienne aisée : on se souviendra que le brouillard et la
plupart des formes de précipitations interdisent la formation des ascendances (thermiques
toujours, mécaniques parfois), empêchant les nombreux planeurs à perdre ou conserver leur
altitude.
Comme on l'a vu précédemment en ce qui concerne d'autres facteurs (le vent notamment),
faucons et Accipiters sont alors moins lésés que leurs compagnons de routes (buses, bondrées
ou milans).
Le flux, dans ces conditions, paraît irrégulier ; les totaux journaliers restant très en deçà de la
moyenne saisonnière.
51
Le cas des situations orageuses demande un traitement particulier. Combinaison de différents
paramètres météorologiques totalement interdépendants, ces contextes, lorsqu'ils se
produisent , induisent des réactions, à première estimation, paradoxales et à bien les
considérer étroitement corrélables aux espèces observées : loin en avant des cumulonimbus,
les Bondrées apivores changent de trajectoire, jusqu'à faire demi-tour et fuir à la force du vol
battu; alors que busards et parfois Milans noirs maintiennent leur cap, allant flirter avec les
turbulences et les premières précipitations. On les voit bientôt saisir une ascendance ou glisser
sur le front de progression (froid) et, par gain d'altitude rapide et parfois considérable,
disparaître dans la brume des volutes périphériques à l'amas nuageux.
Les variables "type de précipitations", "quantité" et "intensité" sont systématiquement prise en
compte par application du protocole Organbidexka Col libre.
- le type, ou la nature, sont recueillies horairement , ou par tranche de 10 minutes
(précipitations intermittentes) ; huit cas sont proposés, notés par abréviation :
PLUIE, AVERSES, BRUINE, BROUILLARD, NEIGE, GRELE, GRESIL,
- la quantité reçoit une mesure estimative (+ signifie "peu", +++ "beaucoup"),
- l'intensité procède d'une notation identique.
e) La nébulosité
L'influence directe de la nébulosité sur la mise en oeuvre du flux et le comportement des
oiseaux planeurs dépend de l'opacité du plafond, par conséquent de l'épaisseur de l'écran qu'il
représente : un ciel fortement couvert, en limitant le réchauffement différencié des couches
d'air, ne permet le développement d'aucune ascendance thermique (RUDEBECK, 1950 ;
EDELSTAM, 1972 ; HAUGH, 1972 ; SMITH, 1985a).
L'effet discriminant qui en résulte devrait, en toute attente, privilégier les modes de
déplacement à l'aide du vol battu, au détriment des planeurs stricts. L'on assiste logiquement à
une persistance régulière du transit des Falco/Accipiters/Circus, alors que milans, cigognes
ou bondrées ralentissent leur progression, cerclant lentement sans pour autant s'élever, ou
battant lourdement des ailes.
Plus fréquemment, le flux migratoire diminue puis s'estompe proportionnellement au degré de
nébulosité : signalant l'approche ou la mise en oeuvre d'une perturbation, l'intensification du
52
système nuageux annonce la venue des précipitations, si ce n'est à la verticale du site
d'observation, en tout autre point du contexte météorologique global de traverse les oiseaux
La présence de cumulus épars, à l'inverse, privilégie la recherche d'altitude et le déplacement
des migrateurs (GUNN, 1954a ; MUELLER & BERGER, 1961 & 1967b ; THIOLLAY,
1967). Signalant la présence d'ascendances thermiques, ces formations attirent
indifféremment de nombreuses espèces et balisent des itinéraires de bonne qualité
aérologiques (les "thermal streets" évoqués en 3-31)(RUDEBECK, 1951 ; HAUGH & CADE,
1966 ; RICHARDSON, 1978).
On conçoit l'erreur que serait de ne considérer, ni l'altitude des nuages en place, ni la
superposition des différents plafonds dont la combinaison révèle la valeur migratoire du
couloir survolé.
Il est une autre raison qui nous impose la notation précise de la nébulosité. Il n'est pas rare, en
effet, que les oiseaux, pour profiter de meilleures conditions aérologiques disparaissent
provisoirement dans ou au-dessus des nuages, échappant aux observateurs (RUDEBECK,
1950 ; GEHRING, 1963 ; EASTWOOD, 1967 ; EDELSTAM, 1972 ; PENNYCUICK, 1972a
; GRIFFIN, 1973 ; HEINTZELMANN & MAC CLAY, 1974 ; HEINTZELMANN, 1975 &
1986 ; HOPKINS, 1975 ; WELCH, 1975 & 1987 ; HOPKINS & al., 1975 & 1979 ;
BORNEMAN, 1976 ; SERVHEEN, 1976 ; KERLINGER, 1989 ; RICHARDSON, 1978 ;
PENNYCUICK et al. , 1979 ; SMITH, 1980 & 1985a). La consignation précise de ces
données permettra lors du traitement des données d'en tenir compte.
Notre protocole prévoit le recueil d'informations se rapportant à deux niveaux : nuages bas ou
élevés (groupant étages moyens et supérieurs, c'est à dire au-delà de 2000 mètres d'altitude)
selon les trois paramètres suivants :
- densité (exprimé en huitième de la sphère d'observation)
- typologie
- altitude (exprimée en mètres par rapport au niveau de la mer)
La typologie se note par l'abréviation d'un des dix cas de nuages couramment décrits (et
admis) en météorologie : Cirrus (Ci), Cirrocumulus (Cc), Cirrostratus (Cs), Altocumulus
(Ac), Altostratus (As), Nimbostratus (Ns), Stratocumulus (Sc), Stratus (St), Cumulus (Cu),
Cumulonimbus (Cb).
53
f) La pression atmosphérique et la tendance barométrique
Sujet spéculatif de démonstration malaisée : l'influence de la variation de pression ou de la
stabilité atmosphérique sur le déroulement de la procédure migratoire reste énigmatique.
Si en de nombreuses situations , un tarissement du flux coïncide avec une chute barométrique
(THIOLLAY, 1967) et respectivement pour une augmentation (BAGG, 1950 ; RUDEBECK,
1950 ; ROBBINS, 1956 ; MUELLER & BERGER, 1961 & 1967b ; HOFSLUND, 1966 ;
HAUGH, 1975 ; ALERSTAM, 1978), il parait délicat d'avancer pour justification cet unique
facteur ; pression, température, degré hygrométrique, sens et force du vent sont étroitement
corrélés, retraçant par leurs valeurs l'essentiel du contexte météorologique global et local.
L'on admet que de nombreux oiseaux puissent ressentir une modification de pression
signifiant l'approche d'une perturbation ou, au contraire, le rétablissement de conditions
propices au déplacement au long cours (RICHARDSON, 1978). Hausse barométrique et
pression élevée sont fréquemment synonymes, sur l'étendue du Paléarctique occidental, d'un
flux de vent de secteur Est ou Nord-Est, d'un rafraîchissement de l'air et d'un ciel clair, tous
paramètres aptes à assurer l'aisance d'un transit postnuptial, ou présentant le signal de son
déclenchement. Paradoxalement, ce même phénomène diminue la part visible de la migration
(THIOLLAY, 1967), par dilution du flux sur un large front.
L'ensemble de ces considérations, pour pertinentes qu'elles paraissent, rend toute analyse
complexe et polémiste.
Nous ne nous bornons qu'à constater, épisodiquement, la similitude de valeurs barométriques
lors de perturbations notables dans la régularité du flux : nous n'en effectuons pas le relevé
régulier.
Le protocole de recueil des données expérimenté de 1988 à 1990 dans les Pyrénées ne
présente aucune information relative à la quantification de cette variable.
g) La visibilité
Comme nous avons déjà pu l'approcher dans les chapitres précédents, l'influence du paramètre
"visibilité" sur le transit migratoire, ou sa perception de la part des observateurs, est
indéniable et a été mise en avant par de nombreuses études (EDELSTAM, 1972 ;
ALERSTAM, 1978 ; HEINTZELMANN, 1986).
54
Elle s'exprime de différentes manières :
- directement tout d'abord, car une visibilité très réduite (inférieure ou égale à
quelques centaines de mètres) rend aléatoire la navigation de bien des oiseaux,
contraints de procéder parfois par tâtonnements, toujours avec hésitation, dans leur
recherche des exutoires ; occulte plus ou moins totalement l'ampleur des
mouvements, les ornithologues ne parvenant même pas à déterminer le statut de la
silhouette aperçue furtivement (migre, ou ne migre pas?),
-directement toujours, car à l'inverse, une visibilité excellente incite l'observateur à
fouiller dans ses retranchements les plus lointains la sphère d'observation, au risque
d'en étendre involontairement les limites (falsification du protocole, voir chapitre 4212),
- indirectement enfin, car les conditions de visibilité informent du degré
hygrométrique, plus rarement du taux de poussières, ou d'une combinaison des deux,
relevant le caractère instable de la masse d'air et l'approche probable d'une
perturbation (à moins qu'elle n'ait déjà atteint le site) ; ou, a contrario, l'excellence de
la situation météorologique du double point de vue de l'oiseau migrateur, et de
l'observateur.
La première approche (celle concernant l'oiseau) relève de précautions d'analyse similaires
aux précédentes (voir le rôle des variables "hygrométrie" et "barométrie"), à savoir que l'on
méconnaît bien des éléments qui conditionnent la réponse de l'individu (ou du vol) à une
situation donnée (voir RICHARDSON (1978)).
La seconde (celle en rapport avec l'observateur) confère presque au paramètre "visibilité" le
rôle d'une variable "arithmétique" : la perception du mouvement migratoire dépend
proportionnellement de la perméabilité de l'espace à l'oeil de l'ornithologue ; on conçoit
aisément que le total "tout migrateur" puisse évoluer selon que les conditions de visibilité
soient exécrables ou bonnes. L'impact de ce raisonnement sur l'exploitation des données
(monitoring) réclame expressément, si ce n'est son calcul indiciel saisonnier (pourcentage
d'espace contrôlé selon chaque contexte "transparence de l'air"), la vérification que l'équilibre
des proportions demeure globalement inchangé d'une saison postnuptiale à l'autre (x journée à
faible visibilité, y journées à bonne visibilité, etc.).
55
Or, l'on se heurte à l'effroyable difficulté d'estimer le degré de cette transparence de l'air,
d'une part, mais surtout d'en étalonner la portée quelle que soit l'identité de l'observateur et la
direction vers laquelle porte son regard.
Au demeurant, le protocole paraît limpide : il suffit de mesurer sur une carte d'état-major la
distance qui sépare un point fixe caractéristique (piton rocheux, arbre insolite) au point
d'observation, puis de tenter de la repérer in situ ou d'en apprécier la netteté.
Par le choix de différents objets judicieusement placés, l'on obtient une visibilité "moyenne"
valable pour l'ensemble de la sphère d'observation à un instant connu. Hormis l'intrusion
subjective que constitue cette dernière appréciation, cette moyenne que l'on pointera sur la
fiche ad hoc mésestime totalement un élément pourtant fondamental : la migration ne se
distribue pas au hasard , ni dans le temps, ni dans l'espace ; l'idéale mesure de visibilité se
rapporterait alors à ce couloir maximal. Or, primo, nous ne sommes jamais persuadés de bien
apprécier l'ensemble d'un système migratoire, même local ; secundo, la stabilité n'est pas le
propre des contextes météorologiques pyrénéens ; tertio, la diversité spécifique du
compartiment "oiseaux migrateurs" que nous étudions entraîne diverses combinaisons de
réponses hypothéquant la "juste" polarisation de l'observateur (ou de l'opérateur-météo) vers
telle fraction d'espace visuel plutôt que vers sa voisine.
En définitive, il en est de la mesure de la visibilité comme celle de la force du "vent au sol" vu
en chapitre 4-222a : nous admettons ne recueillir qu'une indication générale, rien d'autre, qui
ne trouve sa valeur que par la standardisation.
Le protocole appliqué de 1988 à 1990 propose l'échantillonnage horaire de cette variable en
application de la technique décrite plus haut (appréciation en fonction de points de repères
stables). L'unité demeure kilométrique ; la notation lui reste fidèle (voir ANNEXE).
h) Récapitulation
En conclusion, tout en tenant compte des réserves exprimées au long des chapitres précédents,
nous justifions l'orientation de notre protocole par la similitude des approches menées par nos
nombreux collègues migratologues.
Ce choix relève d'une pratique de l'observation des interrelations affectant contextes, oiseaux
et observateurs. Nous en subissons les limites : leur analyse sera approfondie dans la seconde
partie de cette étude.
56
Nous préconisons (et réalisons) le recueil régulier (quotidien, horaire) d'informations qui
concernent 18 variables dont on admettra l'importance lors de la description du contexte
météorologique local.
Il s'agit de :
- la direction et la force des vents de surface et d'altitude (recueil horaire)
- les températures minimales et maximales (recueil quotidien)
- la température diurne, ainsi que ses inversions (recueil horaire au minimum)
- les météores : nature, durée et quantité (recueil horaire au minimum)
- la typologie, la densité et l'altitude des nuages bas et élevés (recueil horaire)
- la visibilité (recueil horaire).
Les paramètres qui suivent n'ont fait l'objet d'aucune compilation systématique et
standardisée. Nous reconnaissons bien sûr leur importance potentielle (il ne s'agit que d'un
choix tactique) :
- le degré hygrométrique de l'air
- la pression atmosphérique et la tendance barométrique.
4-23 Protocole de recueil des données relatives aux observateurs
Fouiller très précisément une sphère d'observation de large étendue, parvenir à contacter,
dénombrer et identifier chaque oiseau ou groupe, déterminer son (leur) statut : local ou
migrateur, le plus rapidement possible afin , le cas échéant, d'en abandonner l'observation
(oiseaux locaux), suivre chaque "objet" dans toutes ses évolutions jusqu'à son évacuation
certaine et définitive de l'espace soumis à l'étude, recueillir immédiatement les principales
informations se rapportant à l'élément oiseau, au contexte météorologique qu'il vient de
traverser, saisir quotidiennement l'ensemble de ces données, réaliser ces actions quelques
soient les conditions climatiques, 90 à 120 jours consécutivement : telle est, grossièrement
décrite, l'activité des observateurs présents sur chaque site d'études transpyrénéennes.
57
Une grande rapidité d'exécution accompagnée d'excellents réflexes, une compétence non
moindre, de solides connaissances en différentes disciplines, une bonne capacité de
perception, de concentration, d'anticipation, une capacité à l'autocritique, une patience et une
résistance à toute épreuve et, pour terminer, une excellente aptitude à synthétiser, forment
l'essentiel des qualités que nous exigeons de nos collaborateurs. Peut-être dans ces conditions,
parviendrons-nous à garantir le strict respect du protocole, et rien que du protocole !
On le sait, non que ces qualités soient rarement réunies, mais nous souffrons tous (dans
l'opportunité où nous le posséderions) de quelque faiblesse, voir de quelque trouble qui,
malgré leur caractère soudain et passager, n'en viennent pas moins à perturber la rigueur de
notre action et la volonté d'airain qui la sous-tend. Plus prosaïquement, - et sérieusement -, les
biais liés à la recherche et au recueil des informations sont nombreux et alimentent, dans une
proportion dont l'appréciation reste délicate, le coefficient d'erreur et d'incertitude inhérent à
la manipulation.
Ce n'est pour autant que nous ne tentons d'en maîtriser l'amplitude. Les éléments que nous
présentons en ce qui suit, ont pour prétention, sinon d'y parvenir, au minimum d'établir une
liste de recommandations.
a) le nombre et la compétence des observateurs
L'objectif final de l'étude (monitoring) exige la stricte reproduction du protocole recherche et
recueil des données en des conditions parfaitement identiques.
La composition des équipes doit par conséquent remplir ce précepte. Nous savons en effet
qu'un plus grand nombre d'ornithologues se traduit, pour autant que le contexte demeure
favorable à la migration, par un nombre supérieur de données (ALERSTAM, 1978 ;
SATTLER & BART, 1984 ; BRINKER & ERDMAN, 1985 ; HUSSELL, 1985 ;
KOCHENBERGER & DUNNE, 1985). Notre expérience laisse supposer qu'une telle fonction
n'est pas linéaire, et passé un seuil aussi modulable que présente de diversité l'éventail des
regroupements humains, il n'est pas impossible que l'augmentation de la quantité des contacts
finisse par se stabiliser (tarissement de l'échantillon). Surgit du reste une sensible perturbation
induite par les multiples interférences entre oiseaux et observateurs : "qui suit quoi ?" ou
comment se prémunir d'un double comptage...Les témoignages de terrain abondent.
Un seul observateur ne peut espérer effectuer un suivi exhaustif (ENEMAR, 1964 ;
KALLANDER & al., 1972 ; KALLANDER & RYDEN, 1974). Il semble qu'une composition
d'équipe de 3 à 6 personnes produit le rendement le meilleur.
58
Répondant à des exigences d'économie (budgétaires, en ressources humaines), nous
privilégions des regroupements de 3 ou 4 observateurs, choisis suivants les profils suivants :
-un ornithologue expérimenté, rompu aux techniques de détection , d'identification et
de comptage migratoire transpyrénéen ; directeur du site, il en connaît le
fonctionnement, maîtrise totalement les grands principes régissant la météorologie en
massifs montagneux ; il organise et coordonne l'effort d'observation, assure le recueil
et la saisie des données.
- un(ou deux) ornithologue(s) expérimenté(s), doté(s) de solides bases en matière de
dénombrement de groupes et d'identifications lointaines ; il(s) possède(nt) une bonne
perception des distances et du relief ; il(s) vérifie(nt) que les informations qu'il(s)
annonce(nt) sont recueillies par le directeur.
- un ornithologue débutant, pourvu d'un appétit pour la connaissance et apte à suivre,
parfois des heures durant, les circonvolutions d'un oiseau ou d'un groupe que lui aura
confié un des observateurs précédents ; il possède pour mission celle de ne lâcher sous
aucun prétexte son objet, jusqu'à le perdre définitivement en aval de la ligne de
basculement Nord/Sud (ou Nord-Est/Sud-Ouest) du flux.
Ces conditions remplies, nous nous plaçons dans une situation propice à écarter, ou atténuer
un certain nombre de biais : l'inexpérience (EDELSTAM, 1972 ; TITUS & al., 1989), le
double comptage, l'omission ou l'erreur lors du recueil des données (TITUS & al., 1989).
D'un groupe à l'autre, la compétence divergente des équipes est susceptible d'introduire des
biais de recherche (TELLERIA, 1982 ; KAVANAGH & RECHER, 1983 ; PORTER &
BEAMAN, 1985. TITUS & al., 1989). Elle dépend bien entendu de la personnalité propre à
chaque individu ! SATTLER & BART (1984 & 1985) tente de quantifier la fiabilité et la
capacité de chaque observateur.
Les différences apparaissent toutefois minimes, l'expérience montrant en général un haut
niveau de correspondance entre les résultats enregistrés d'une équipe d'observateurs de niveau
similaire à l'autre (10 à 13% selon EDELSTAM (1972), ce qui nous parait élevé ; HUSSELL,
1985).
Le protocole "Organbidexka Col Libre" prévoit la notation du nombre d'observateurs (il est
présenté au chapitre suivant ) ; de plus, leur nom figure en toutes lettres, ou en abréviations
selon que l'on signale la liste complète du jour, ou bien la composition horaire de l'équipe.
59
b) L'assiduité
L'effort d'observation développé par les membres de l'équipe doit rester constant, tant au
niveau spatial (couverture de la sphère) que temporel (horaire, journalier, saisonnier) sous
peine d'infirmer le résultat de l'étude par l'introduction de biais de recherche supplémentaires.
Ce n'est pas simple : conditions météorologiques, modes et fréquences des passages d'oiseaux
(EDELSTAM (1972) et GUNN (1954b) mette l'accent sur une tendance différente des
observateurs au relâchement dès que le flux devient plus lâche) , rythme propre aux
ornithologues, interférences générées par la proximité d'autres activités humaines
(information du public, tourisme, chasse, etc.) : tout se conjugue pour tester les limites de la
résistance physique, pour ébranler l'effort de concentration, pour détourner l'attention de
l'objet que l'on suit ou cherche.
La fatigue qui s'accumule durant des journées de 10 à 12 heures (EDELSTAM, 1972), la
routine qui s'empare de l'observateur occupé à compter à l'unité les individus d'une unique
espèce, la somnolence qui suit le repas du milieu de journée interviennent forcément dans le
processus de dégradation de constance du suivi.
Inversement (selon ALERSTAM, 1978 ; TITUS & al., 1989), cet effort s'accroît en cours de
saison, l'habitude et les réflexes aidant à économiser son énergie, à récupérer physiquement
lors de brefs moments.
La survenue inopinée d'un événement insolite (oiseaux spectaculaires, voir chapitre 4-212), la
localisation géographique (ou topographique) du flux incitent à privilégier une direction
plutôt qu'un autre, à scruter attentivement un émissaire dont on suppose qu'il soit
caractéristique et contribuent également à déprimer la constance de l'observation.
Nous nous sommes aperçus toutefois que certaines pratiques propres à corriger ces biais
surgissaient plus ou moins spontanément au sein même des équipes d'observateurs : se
relayer, à l'heure du repas de midi, forme un exemple presque caricatural : il est pourtant
d'une réelle efficacité, les uns scrutant le ciel alors que d'autres se nourrissent, ou digèrent
aimablement.
A l'expérience des observateurs répond un éventail de mesures destinées à atténuer les
irrégularités décrites plus haut. Il en est de même lorsqu'un groupe d'oiseaux particulièrement
remarquables détourne l'attention de la majorité des ornithologues : à coup sûr, l'un d'entre
60
eux (souvent le directeur du site ou l'un de ses "lieutenants") poursuit la détection comme si
de rien n'était, vers des destinations diverses mais souvent lointaines ou tangentes à la sphère.
Ces phénomènes de rééquilibrage de la pression d'observation s'appliquent sur chaque site,
année après année : nous sommes en droit de supposer que les biais de recherche qu'ils
concernent diminuent en conséquence (dans quelles proportions , nous l'ignorons).
Aussi, afin de ne comparer que ce qui le reste vraiment, le protocole impose le recueil
d'informations horaires de manière à situer l'effort d'observation (assiduité) de l'équipe. La
variable "nombre d'observateurs" détermine le nombre moyen d'ornithologues en train de
pratiquer objectivement leur activité. Il s'agit en quelque sorte du nombre de paires de
jumelles et autres longues-vues opérant simultanément. Sa notation s'effectue à l'unité près.
c) La détection
Consistant à repérer tout oiseau potentiellement migrateur au sein d'un espace limité (sphère
d'observation), la détection exige le respect d'un principe intangible : l'équipement dont use
l'ornithologue doit conserver une stricte équivalence d'une saison à l'autre. Il n'est pas
question d'étirer, de reculer ou restreindre les limites de cet espace. Les conditions
météorologiques sont sources d'assez grandes modifications en elles-mêmes.
Seul l'oeil nu ou la paire de jumelles convient au protocole. La longue-vue demeure
strictement réservée à la détermination, ainsi qu'au suivi difficile succédant à la détection.
L'observateur peut se munir de filtres si cela lui paraît nécessaire (verres teintés, lunettes de
soleil). Les lumières crues du mois de juillet, le bleu outremer des ciels d'automne en
recommandent régulièrement l'adoption.
Le grandissement recommandé des paires de jumelles se situe entre 7 et 10 ; une luminosité
appréciable, un bon indice crépusculaire, une excellente qualité optique (accompagnés d'un
soin de tous les instants) forment l'essentiel des conditions qui permettent un effort de
détection permanent, soutenu des heures durant. Nous considérons qu'entre 1988 et 1990, le
matériel n'a subi que peu d'innovations techniques, n'apportant aucune modification sensible
(au titre de la résolution notamment).
A eux seuls, les membres de l'équipe de base doivent contrôler l'ensemble de la sphère
visuelle.
Partant du principe qu'un migrateur peut provenir d'endroits parfaitement insolites même si
d'apparence, la majorité du flux suit un itinéraire précis, aucune direction n'est négligée, pas
61
plus le fond des vallées ou la voûte céleste. Cela n'est évident ni dans le premier cas : selon
l'éclairage, la détectabilité peut varier du zéro absolu à la netteté totale ; ni dans le second :
lever à bout de bras ses jumelles pour scruter subverticalement l'infini du ciel ne constitue pas
une activité - musculairement - reposante.
Un effort d'observation tout particulier s'exerce en direction de la , ou les, grande(s) vallée(s)
d'admission : plus précoce est la détection, plus aisée deviendra la détermination et la
définition (statut migratoire) de l'objet repéré. La base des cumulus, la verticale des systèmes
rocheux, les crêtes et les exutoires qui y succèdent figurent aussi comme lieux privilégiés
d'attention.
Diverses conjonctures rendent toute détectabilité désespérée : violents contre-jours, brumes et
brouillards, circulation sur fond de végétation, etc. Si l'on ne parvient à percer le secret des
zones d'ombre qu'elles induisent, l'on se consolera par la certitude que de telles situations
n'ont de cesse de se reproduire annuellement, de manières identiques...N'en déplaise aux
fatigues oculaires (on se reportera au chapitre 4-222g).
Nous supposons qu'une modification de la détectabilité puisse s'opérer au cours de la saison
(rodage des opérateurs, évolution météorologique). SATTLER & BART (1984) estime, quant
à eux, qu'en produisant un effort d'une grande intensité, un seul observateur détecte 80 à 100
% des planeurs et de 40 à 80 % des non-planeurs même dans de mauvaises conditions de
visibilité. Nous n'en connaissons ni le principe, ni la portée. Nous nous réfugions derrière
l'argument de la reproduction du phénomène d'une année sur l'autre.
d) Techniques de détermination
Lors de chaque contact, l'observateur dispose d'un temps très court pour récolter le maximum
d'informations relatives à l'identité et aux signes distinctifs (espèce, âge, sexe, marquages
éventuels), ou statut (migre ou ne migre pas ?), à la phénologie (exploitation des ascendances,
réactions aux coups de fusils, etc.) et à la localisation géographique de l'objet repéré. Durant
cette même période, il doit pouvoir annoncer à ses collègues l'ensemble de ces données, afin
que chacun vérifie qu'il n'est pas en train de "suivre" le même individu (ou groupe), ou bien
pour que l'un d'entre eux confirme ou non la validité des informations.
Un tel exercice justifie l'emploi d'optiques puissantes et perfectionnées, dont la qualité
optimise le rendement séparateur de l'oeil. La stabilité de l'ensemble équipement+observateur
revêt également une importance primordiale, l'amplification d'un choc minime entraînant
parfois la disparition pure simple de l'objet dans un champ de vision brutalement modifié.
62
L'environnement montagnard et la stratégie propre aux migrateurs obligent fréquemment
l'ornithologue à développer des prouesses contorsionnistes insoupçonnées : il s'agit de ne
"lâcher" sous aucun prétexte le point sombre et mobile dont tout porte à croire qu'il migre !
Les longues-vues d'observation, pourvues d'oculaires puissants (x20, x30, grands champs,
zoom) et d'objectifs à large lentille de sortie (grande luminosité) appartiennent au matériel
standard de tout site d'étude de l'avifaune. Le contexte aérologiques de nos points
d'observation incline à choisir en sus, des trépieds lourds et encombrants en vue d'assurer
cette stabilité indispensable. L'équipement en devient presque confortable, et il n'est pas si
facile de s'arracher à la contemplation béate d'un carrousel de "poussières" suggérant le
tourbillon ascensionnel d'un groupe d'oiseaux dont on ne connaîtra jamais l'espèce, ni le
statut, mais dont on devine que la distance qui nous en sépare le conduit vers la sphère
d'observation voisine, et non la sienne, par conséquent hors protocole !
La détermination à la longue-vue n'est que le complément d'une détection régulière ; Surtout
pas l'instrument d'un gonflement artificiel de totaux journaliers.
Lorsque la visibilité, ou l'écourtement d'une observation ne laisse loisir à l'identification
certaine, la donnée est stockée dans un compartiment à part "species", si le statut migratoire
est formellement établi ; elle est purement et simplement abandonnée dans les autres cas.
e) La notation et la standardisation des données
Nous avons vu par l'examen des paramètres météorologiques et leur influence relative sur la
migration, qu'une notation standardisée relevait de la nécessité absolue.
Nos collaborateurs se succèdent irrégulièrement : à l'issue de chaque saison d'étude, nous
ignorons généralement qui effectuera la saisie et l'exploitation des données.
Une règle incontournable demeure celle d'une écriture lisible, de l'usage d'abréviations ou de
sigles reconnus préalablement ou compréhensibles de tous. La fiche "météo" (voir ANNEXE)
ne souffre que peu d'ambiguïté. Indications largement stéréotypées : peu de combinaisons
disponibles. Nous sommes néanmoins régulièrement surpris lors d'incursions dans nos
archives, du nombre d'informations défaillantes, manquantes raturées ou indéchiffrables et
réclamant à faire appel à des prodiges d'interprétations afin de ne pas perdre le fruit du travail
consigné.
63
L'analyse des carnets de terrain relève quant à elle du décodage permanent (voir ci-contre).
L'initié y décèlera une standardisation parfaite.
Alors que le recueil des données météorologiques poursuit un rythme horaire (une précision
aux dix minutes convenant aux événements brutaux : averses, orages, inversions diverses), le
flux migratoire se note péremptoirement par périodes de cinq minutes, à partir du début des
observations jusqu'à leur arrêt vespéral (et selon les interruptions de journée si brouillard,
pluie, etc.). Ce qui suggère un excès de précision rend compte de la célérité qui accompagne
le déplacement de certains oiseaux, et la densité parfois spectaculaire du passage.
Cette unité permet la conservation détaillée des variables concernant la composition et la
taille de l'échantillon, ainsi que la phénologie de leur franchissement.
Chaque objet venant à disparaître du champ (sphère d'observation) reçoit pour description :
- l'horaire de sortie définitive (temps universel),
- l'indication de l'espèce (et le cas échéant, de la sous-espèce) à laquelle il appartient
(abréviation du nom scientifique),
- le nombre d'individus,
- l'âge et le sexe si déterminé,
- les éléments supplémentaires (marques, pattes cassées, mues aberrantes ou
cynégétiques (voir chapitre 4-24d),
- le statut, migrateur ou non (aucune indication en face du nom signifie le caractère
migrateur).
Facultativement, la phénologie de franchissement bénéficie d'une notation sommaire : petites
flèches relient diverses abréviations toponymiques propres à chaque site, simulant le
déplacement des oiseaux.
Les groupes mixtes reçoivent pour notation spécifique la formule "avec" :
"P. apivorus 1 avec M. migrans 1" signifie un groupe composé d'une bondrée apivore et d'un
Milan noir progressant ensemble.
64
Les groupes qui se suivent reçoivent pour notation particulière le signe "+" :
"P. apivorus 10 +M. migrans 10" signifie 2 groupes bien définis suivant le même itinéraire à
un court intervalle, mais faisant partie d'un même ensemble "phénologique".
Afin de prévenir toute erreur, les groupes observés en franchissement simultanés sont notés
successivement sur deux lignes différentes, indiquant l'évacuation hors sphère visuelle de
deux groupes dont les provenances, les itinéraires et les tactiques utilisés semblent
sensiblement divergents.
Les Pigeons ramiers (C. palumbus) et colombins (C. oenas) reçoivent un traitement similaire.
Toutefois des informations supplémentaires liées à l'exercice à leur encontre des activités
cynégétiques sont systématiquement recueillies :
- nombre d'oiseaux tués ou blessés au sein d'un vol qui essuie des tirs, et indication
de l'importance de la salve (coups de fusils tirés lors d'une même action de chasse)
qui leur furent adressés,
- le nombre de coups de fusils entendus (la sphère "auditive" correspond
approximativement à la sphère "visuelle", (SAGOT & TANGUY LE GAC, 1984 &
1985) et regroupés de manière identique (par salves), tout au long des tranches de
cinq minutes qui ponctuent la journée d'observation.
En règle générale, tout événement ou incident particulier est également sommairement décrit
dans le carnet de terrain.
Toutefois, ce même carnet doit rester lisible et compréhensible de tous les observateurs
présents, - y compris les ressortissants étrangers, ce qui justifie l'emploi de noms latins - , afin
qu'ils puissent apporter toutes précisions supplémentaires, ou faire rectifier, après discussion,
toute indication qui leur paraît erronée.
L'exemple proposé (voir ci-contre) suggère assez fidèlement l'intensité de l'activité
migratologique : l'on conçoit que cette dernière réclame habilité et rapidité au responsable du
recueil des données.
65
f) La consignation et le stockage des données
Nous considérons l'ensemble des informations relatives à la présentation du contexte
météorologique et la pression d'observation comme déjà consignés : notation directe sur
fiches numérotées (voir ANNEXE).
Le recours à un mode similaire de consignation des données est largement préconisé.
(HEINTZELMANN, 1975 & 1986 ; ROBBINS, 1975 ; FULLER & ROBBINS, 1979 ;
HUSSELL, 1981 & 1985 ; DUNNE & al., 1984 ; TITUS & al., 1989). Toutefois, l'intensité, la
disparité, la complexité des situations migratoires que présentent le flux quotidien, doublé de
notre volonté d'en rendre compte le plus précisément possible rend caduque une technique
similaire : annoncer la totalité des combinaisons sur un feuillet unique est impensable ;
vouloir rechercher la bonne page sous les intempéries pyrénéennes relève de la
méconnaissance totale de la région et du travail de terrain.
Si par conséquent l'on conserve l'idée d'un "calepinage" sur un carnet de petites dimensions
(afin de la glisser dans une poche), le condensé qu'il produit au fil des heures exige une mise
au propre ou une saisie dès l'interruption des observations : une relative fraîcheur des
souvenirs évite de coûteuses pertes d'informations quand le gribouillis devient illisible, ou que
telle page a reçu une averse inopinée. L'équipe responsable du site est réunie et un
recoupement entre différentes versions permet d'expliquer l'apparente fantaisie d'une donnée
insolite (EDELSTAM, 1972).
La consignation peut quant à elle s'effectuer de deux manières différentes : directement sur
banque de données informatisée, ou bien par la recopie sur un cahier dénommé "cahier de
col". La première solution paraît de loin la plus avantageuse. Une fois saisie et sauvegardée,
la journée de migration repose ad vitam eternam, ne demandant que le chargement d'une
disquette pour en lancer l'exploitation. Nul temps perdu et totale sécurité de stockage.
Le cahier de col exige le renouvellement de cette même opération : la saison terminée,
l'équipe permanent n'a pour perspective que de ressaisir l'ensemble du cahier, soit 100 à 120
journées de migration, avant d'espérer en débuter l'analyse. On aperçoit la formidable perte de
temps et d'énergie que cette solution implique. De nombreuses erreurs peuvent l'entacher
(EDELSTAM , 1972), multipliant la probabilité d'introduire de nouveaux biais dans une
méthode qui semblerait déjà ne point en manquer.
Dicté par les conditions dans lesquelles nous réalisons cette étude , notre choix s'est tout de
même porté sur le cahier de col au détriment de l'ordinateur : dans les cabanes
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d'Organbidexka ou d'Eyne, dans la grange de Lizarrieta et à plus forte raison sous la toile de
tente perpétuellement détrempée de Lindux, la fée électricité ne fait que d'épisodiques visites :
seul les deux premiers sites possèdent arrimé sur leur toit un panneau photovoltaïque. De
plus, et malgré la fiabilité du matériel informatique, les pannes et autres "bugs" ne sont pas
rares : quel technicien accepterait-il, et à quel prix, de gagner dans un temps record le haut
des montagnes pour en venir à bout, sous les orages, en plein brouillard ? Nos finances ne le
permettraient pas, tout comme elles interdisent l'acquisition d'un équipement de secours sur
chacun des quatre sites finalement sélectionnés.
A l'usage, même si la recopie carnet de terrain/cahier de col s'avère source de quelques
erreurs, celles-ci sont sans commune mesure avec celles que produit la saisie informatique
fastidieuse des données pourtant réalisée dans le confort douillet de notre centre opérationnel
béarnais. Combien de fois avons-nous pu constater une divergence entre les totaux journaliers
affichés par l'ordinateur et ceux calculés sur le cahier de col ? Si la plupart des divergences
sont imputables au calcul réalisé tous les soirs et sur le terrain par l'équipe responsable, une
quantité non-négligeable d'entre-elles est bien due à des erreurs de saisie. Le double calcul
réalisé permet toujours d'en corriger les effets.
La consignation sur cahier reprend l'intégralité des principes, sigles et abréviations notés sur
le carnet de terrain : il s'agit d'une décompression limpide et précise, de manière à rendre plus
aisé le calcul d'un total quotidien ainsi que vu ci-contre, mais également une meilleure
lisibilité en vue de la saisie informatique.
4-24 Protocole de recueil des données relatives à l'oiseau
De la vingtaine d'espèces de rapaces couramment contactés sur l'ensemble des sites d'études
transpyrénéennes, seuls trois sont intégralement migrateurs (Busard des roseaux, Balbuzard
pêcheur, Faucon émerillon (Falco columbarius)). L'interprétation de leur présence ne souffre
aucune ambiguïté. Bien entendu un regroupement de plusieurs centaines de Bondrées
apivores, début septembre, ne concerne pas seulement les quelques couples qui se
reproduisent localement. Ces carrousels spectaculaires ne nous posent pas de problèmes. Un
observateur détecte le vol, le compte, le "suit" et l'enregistre dès qu'il a quitté la sphère
d'observation. Cela peut exiger plusieurs heures, mais n'alimente aucun doute : ces oiseaux
migrent.
Des cas plus litigieux interviennent lorsqu'un individu d'une espèce "commune" ou fortement
présente dans l'espace pyrénéen fait mine de glisser vers le Sud alors que sa période de
migration est réputée plus tardive.
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A l'exception de Lindux, aucun site ne permet de suivre l'évolution de l'oiseau en aval de la
crête de basculement Nord-Est/Sud-Ouest, si bien que les observateurs ne pourront
formellement attester d'un caractère franchement migrateur : rien n'indique qu'il ne s'agit pas
d'une virée à but alimentaire prospectif.
En ce qui concernent les autres groupes d'espèces, peu de détails distinguent , à très grande
distance, un vol d'Oies cendrées (Anser anser) d'un vol de Grands Cormorans (Phalacrocorax
carbo), ou de Grues cendrées ; un groupe de Cigognes de quelques Hérons cendrés (Ardea
cinerea). Distorsion de la silhouette, estompement du cou, des pattes, réduction des
contrastes, sont l'apanage des ciels légèrement brumeux ou de l'air surchauffé, la résolution
oculaire, pourtant hautement mise à contribution, ne parvenant plus à percer le mystère de
l'éloignement.
L'on conçoit à travers ces exemples, que l'étude ne consiste pas à espérer passivement que les
migrateurs remontant les goulets parviennent à la verticale des observateurs, à faible distance
de surcroît ; il s'agit de récolter patiemment , puis d'interpréter les indices morphologiques et
éthologiques jusqu'à prétendre formellement identifier l'espèce et découvrir la raison de sa
présence en ce lieu, à cet instant.
a) La détermination de l'espèce
L'évolution technologique dont a bénéficié le matériel optique en usage sur les sites a
incontestablement permis de progresser dans le domaine de l'identification à distance. Audelà de 4 ou 5 km, l'oiseau ne paraît plus qu'un point minuscule dont une poignée d'indices
méthodiquement accumulés oriente le jugement de son découvreur.
Silhouettes générales, rapport aile-queue, technique de déplacement, rythme des mouvements
, comportement , contraste et coloris du plumage, apparence globale : tout se conjugue et
s'entrecroise jusqu'à l'énoncé du verdict définitif. Si l'ornithologue ne parvient seul à se
prononcer, ses collègues lui viennent en aide ; la consultation d'ouvrages (sur-le-champ,
jamais a posteriori) demeure des plus conseillées, et il est bien rare de ne parvenir , par un tel
exercice, à approcher l'identité réelle de l'oiseau.
Depuis 1979, près de 200 espèces différentes ont été décrites depuis le Col d'Organbidexka.
On mesure les précautions dont s'entoure "l'inventeur" d'un Oedicnème criard (Burhinus
oedicnemus) en tête d'un vol de Pigeons ramiers, d'un Vautour moine (Aegyptius monachus)
au sein d'un carrousel de Vautours fauves (Gyps fulvus), ou plus communément, d'un Goéland
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brun (Larus fuscus), d'un Faucon kobez (Falco vespertinus) ou d'un gravelot. Tout peut se
produire, l'appréhension de l'ornithologue augmentant avec la distance , qui rend confuses les
dissemblances les plus manifestes ou, prosaïquement , celle entre les deux milans, les trois
busards, les cinq faucons, les buses avec les bondrées et parfois les Aigles royaux, les
Cigognes blanches avec les Percnoptères. De BENEDICTIS (1975) a fort bien rendu compte
de toutes les raisons qui peuvent conduire à une mauvaise identification. Raisons
psychologiques (liées à une recherche de la performance, à tout prix ; voir aussi ROBERTS,
1984), informationnelles (appréhension erronée des critères de détermination) ou saturation
neuro-sensorielles concourent à l'enregistrement d'informations inexactes.
Lorsqu'un oiseau en transit, dont tout laisse à penser qu'il s'agit d'un migrateur, vient à quitter
la sphère visuelle avant d'avoir formellement reçu une identité, la mention "species" lui est
invariablement appliquée. Cette classification est utilisée sans complexe et conseillée
(EDELSTAM, 1972 ; HEINTZELMANN 1979 & 1986 ; DUNNE & al., 1984).
"Circus sp." signifie une confusion entre les trois busards,
"Circus cyaneus/pygargus", une indétermination entre Busard Saint-Martin (Circus
cyaneus)et Busard cendré (Circus pygargus),
"Falco/accipiter", une appartenance au groupe des faucons et épervier/autour.
Ciconia sp., Columba sp., Aquila sp., Milvus sp., Buteo/Pernis ou Rapace sp. forment le reste
de la panoplie des combinaisons possibles.
Seul n'existe pas "oiseau sp." ; la quasi-irréalité du phénomène n'ayant d'égale que son
inexploitabilité.
Le traitement analytique réservé au "sp.", lors du calcul des totaux quotidiens de migrateurs,
suscite une vigoureuse polémique : partisans de l'abandon pur et simple de données qu'ils
considèrent douteuses ou aléatoires s'affrontent depuis maintenant quinze ans (dans les
Pyrénées) aux tenants du report systématique des oiseaux inconnus vers le stock déterminé le
plus important par la technique du prorata. S'il paraît séduisant de chercher à classifier
l'intégralité des données, il reste que le système entretient une certaine incrédulité, quand
l'observateur, convaincu de n'avoir contacté qu'un rapace de taille moyenne de la gamme
"buse-bondrée-busard-milan" voit l'inconnu alimenter le total "Faucon crécerelle" au prétexte
que ce dernier fournit l'essentiel de l'effectif quotidien...
69
Nous privilégions, néanmoins, cette dernière solution, dont rien n'indique qu'elle soit la
meilleure : nous nous retranchons derrière la "rareté" des oiseaux demeurant indéterminés : en
moyenne moins de 1% des effectifs rapaces avant report. A noter la grande stabilité de cette
valeur d'une année sur l'autre et d'un site au suivant.
Le cas se pose nettement plus brutalement dès lors qu'on étudie les pigeons migrateurs. Il n'est
pas rare de ne parvenir à déterminer qu'un modeste pourcentage (moyenne sur l'année 1988 à
Lindux : 15,26 %) des oiseaux en transit. L'importance numérique, la cadence de succession,
la rapidité d'évolution, les modifications structurelles des vols ruinent bien souvent les efforts
entrepris pour dissocier deux espèces aussi voisines que Pigeon ramier et colombin, et
voyageant très fréquemment de conserve.
SAGOT & TANGUY LE GAC (1985) proposent pour méthode le calcul du ratio
colombins/ramiers ; cette proportion est ensuite appliquée au total indéterminé du même jour.
Ce qui produit un pourcentage remarquable lorsque le pourcentage "déterminés" est
majoritaire, introduit un inquiétant déséquilibre au fur et à mesure que la proportion s'inverse
: si la taille de l'échantillon reste faible , par quel coefficient multiplicateur allons-nous
alourdir l'inconnue préalable. A savoir : nous ne sommes absolument pas certains que les
"grands vols" (plusieurs milliers d'oiseaux) conservent le même ratio colombins/ramiers, que
les petits vols (quelques dizaines). Nous pressentons même l'inverse. Que dire également de
ces journées de gros passage ou pour quelque raison phénologique, un seul vol
monospécifique de Pigeons colombins aura été clairement déterminé ? Devrons-nous
transformer les dizaines de milliers d'autres colombidés restés sans détermination spécifique
en la même espèce alors même que nous sommes absolument persuadés du contraire ?
D'autres méthodes, -par échantillonnage horaire, par jour-test, collant davantage à la réalité,
sont, depuis que nos incertitudes se font jour, expérimentées : nous les détaillerons dans le
chapitre consacré aux Pigeons dans le fascicule 2 de cette étude.
b) La taille de l'échantillon
"Petits" rapaces rapides et légers, adeptes du vol battu, n'appliquent pas la même stratégie de
franchissement du massif pyrénéen que planeurs stricts ; les Grues cendrées, les Guêpiers
d'Europe, les pigeons, bien que voyageurs grégaires, offrent des techniques de regroupement
et de cohésion originales. En outre, les tailles des échantillons se modifient irrégulièrement,
selon l'aisance de la progression, l'avancée de la période spécifique de migration, le volume
de la population concernée.
70
Si le décompte des Circaètes Jean-le-Blanc, Aigles bottés, Balbuzards pêcheurs, busard,
faucons,..., n'offre qu'assez peu de difficultés, - ils transitent en solitaire, par duos, trios
parfois par "trains" n'excédant pas la dizaine ou la quinzaine d'individus -, Milans noirs et
royaux, Bondrées apivores alimentent fréquemment des rassemblements de plusieurs
dizaines, voire plusieurs centaines d'oiseaux. Leur défilé s'effectue rarement à l'unité, une
ascendance sur laquelle se hisse un grand vol éparpillant les rapaces dans toutes les directions
, tous les sens et sur un dénivelé considérable. Il n'est pas simple, à ce jeu de
systématiquement fourni un total précis au premier dénombrement ; l'ornithologue ayant eu
en charge le vol sollicite souvent l'aide de ses collaborateurs. Ce choix tactique n'est pas vain ;
la rigueur d'un comptage s'établit d'autant mieux que différents chiffres annoncés sont
"recoupés". Le recours à la photographie préconisée à Panama pour les dénombrements de
"pompes " de plusieurs milliers d'oiseaux (SMITH, 1980) ne s'impose pas sur les sites
pyrénéens.
Nos observateurs parviennent sans trop de difficultés à suivre très précisément l'évacuation
hors zone de ces migrateurs estivaux. Un triple comptage, dit de "sécurité" permet de bien
rendre compte de l'événement tout en contrôlant les éventuelles admissions au sein de
l'ensemble d'origine de quelques individus supplémentaires attirés par le regroupement :
premier dénombrement tout au début du contact, afin de se prémunir contre toute disparition
fortuite ("évaporation" dans un stratus, choc contre la longue-vue) ; second à distance
moyenne, à l'unité ou 2 par 2 ; ultime vérification lors du franchissement de la ligne de
basculement Nord-Est/Sud-Ouest. Il est bien évident que le dénombrement s'effectuera plus
aisément lorsque les oiseaux sortent d'une ascendance (HEINTZELMANN, 1986) que quand
ils s'entrecroisent à l'intérieur de celle-ci.
Le dénombrement des guêpiers procède à l'identique. La difficulté réside plutôt dans la
détection des oiseaux sur fond d'azur méditerranéen soutenu : les cris qu'ils émettent tout en
volant aident précieusement à les localiser.
Les vols de Grues cendrées peuvent sembler d'une grande facilité de comptage. Après tout, ce
sont de larges oiseaux, circulant à bonne altitude, dont les regroupements sont numériquement
limités.
Organbidexka, Lindux et Lizarrieta, de leur position privilégiée, située entre les zones de
stationnement migratoire de Captieux (F-40) et Gallocanta (E-Aragon), voient défiler lors des
rushes postnuptiaux, les volées étirées de ces échassiers. Pour peu que souffle un fort vent de
secteur Sud/Sud-Est, la difficulté qu'ils rencontrent à saisir les ascendances et se laisser
propulse en altitude épuise l'observateur à suivre le désordre apparent de plusieurs dizaines,
71
voire centaines (Lindux, Lizarrieta, novembre 1988) de grues qui, brusquement, parvenues
enfin plus haut que les exutoires, glissent de conserve vers leur destination. Nous mettons au
défi le profane de réaliser, à la double unité près, le décompte d'oiseaux dont les lignes
successives se chevauchent, s'entremêlent jusqu'à se nouer en un chevron compliqué. Il s'agit
d'une authentique performance arithmétique.
La frustration d'un dénombrement imparfait s'atténue par la certitude absolue de l'identique
renouvellement du phénomène d'une année sur l'autre.
Si le dénombrement de "petits" groupes d'oiseaux reste source de peu d'erreur, il n'en va pas
de même dès lors que l'on s'attaque à des vols importants (plusieurs centaines à plusieurs
dizaines de milliers d'oiseaux). CANTOS & TELLERIA (1985) propose des pourcentages
d'erreur respectivement de -12,9, -14,36 et -19,5 pour des vols de -100, 100 à 500 et >500
ind.. PRATER (1979) donne une erreur de -8,3 pour des vols de 100 à 1000 oiseaux en
indiquant que, dans la nature, l'erreur est plus faible qu'en laboratoire car existe la possibilité
d'un recomptage ; tandis que LAGUESSE (1982) indique -10 à -15 % pour les étourneaux. La
sous-estimation des vols non-linéaires s'érige en règle quasi-générale.
Tout comme le chapitre précédant le relevait en ce qui concerne la détermination, le comptage
des vols de pigeons ramiers et colombins exige l'emploi de techniques supplémentaires.
Si un groupe de quelques dizaines d'individus évoluant visiblement durant plusieurs minutes,
se laisse observer d'une manière similaire à celles précédemment évoquées, l'exercice se
complique dès le seuil des 200 oiseaux franchi. L'importance numérique croissant, le
décompte à l'unité près (ou 2 par 2) laisse place à la technique dite du "saucissonage"
(SAGOT & TANGUY LE GAC, 1985) : calibrage d'une unité par estimation du nombre total,
somme des différentes tranches par balayage latéral (jumelles) d'une extrémité à l'autre du vol
; l'unité 5, 10, voire 100 ou 500 peut être retenue : elle dépend bien entendu de l'importance
du vol, mais aussi de sa configuration spatiale (volumétrique), de sa vitesse de défilement ,
des réponses individuelles et collectives qu'opposent les oiseaux à toute contraintes (activité
cynégétique). le jonglage d'une unité à l'autre requiert une grande concentration : le décompte
s'effectue en silence de manière à ne pas perturber le voisin.
Nous recommandons expressément à nos collaborateurs de pratiquer plusieurs comptages
simultanés, notamment en direction des grands vols (plusieurs milliers d'oiseaux), afin de
réduire les tendances naturelles à la sur- ou sous-estimation. A l'issue de telles opérations, le
nombre le plus élevé est conservé pour résultat définitif (à la suite d'âpres négociations),
72
exception faîte des données visiblement fantaisistes provenant d'observateurs las ou
inexpérimentés...
Ce principe rend compte d'une spécificité morphologique qu'offrent les grands vols de
pigeons : à l'opposé des échassiers, palmipèdes et laro-limicoles qui progressent en ligne,
chevrons ou figures plus ou moins construites par rapport au plan horizontal (en règle
générale), les groupes de colombidés prennent des formes tridimensionnelles aléatoires
(boules, cylindre, écharpes, virgules, bananes) plaçant les oiseaux en des plans si multiples (et
serrés) que les chevauchements et dissimulations sont systématiques.
La notation s'effectue à l'unité près.
Nous l'avons vu précédemment, une succession de trois comptages constitue la sécurité d'un
dénombrement fiable. Rares sont les circonstances "pigeons" qui permettent leur réalisation.
Les intempéries, la chasse organisée entraînent de constantes modifications de trajectoire, de
perpétuelles déstructurations de vols, allant à provoquer une renonciation à franchir les crêtes
ou un éclatement du groupe initial dans les pires (mais fréquents) cas.
L'estimation de la taille de l'échantillon dès son premier contact établi revêt une grande
importance. Si l'opportunité d'un comptage plus précis ne se renouvelle pas , nous
conserverions toujours par cette "mémoire immédiate" l'amorce quantitative d'un résultatfranchissement.
Cet argument (la brièveté de l'observation) paraît plaider en faveur de la fixation de l'image
photographique ou vidéogramme. Toutefois, la distance séparant l'échantillon des
ornithologues, la violence des éléments (lumières faibles ou violents contre-jours, vent,
précipitations) rendent inopérant une solide proportion du matériel dont nous avons pu user. Il
n'est pas exclu pour autant qu'un équipement véritablement compétitif puisse nous venir en
aide : se pose alors le problème du dépouillement de l'information, dont il est illusoire de
songer à ce que nous le réalisions directement sur site (voir chapitre 4-23f).
Tenant compte de l'incertitude liée à ces types de dénombrements ("saucissonage, etc.), le
pourcentage d'erreur calculé, en ce qui concerne les pigeons transpyrénéens, gravite au tour
de 17% (16,63%, (SAGOT & TANGUY LE GAC, 1985). Il fait l'objet d'une réestimation
argumentée à travers le développement de la méthode que nous exposerons, au chapitre
"Pigeons" du second fascicule de cette étude.
73
c) La détermination de l'âge et du sexe
D'un intérêt essentiel dès qu'il s'agit de monitoring, la définition des sexes et âges ratios des
échantillons qui nous survolent , en pose pas moins un certain nombre de difficultés
méthodologiques.
Si l'identification spécifique s'appuie sur un croisement de critères sélectifs à même de rendre
le diagnostic définitif, la détermination du sexe et, a fortiori, de l'âge des oiseaux considérés
exige une approche d'une prudence plus vive encore :
- il n'existe pas toujours de critères discriminants aisément vérifiables,
- des conditions d'observation défaillantes - souvent- rendent toute investigation
stérile.
Tous les guides d'identification présentent les dimorphismes sexuels du plumage lorsqu'ils
sont avérés : ainsi les busards des trois espèces, Faucons crécerelles, kobez, émerillon, parfois
Epervier d'Europe, Faucon pèlerin, peut-être le Balbuzard pêcheur, dont mâles et femelles
adultes ou près à le devenir, restent aisément reconnaissables, à distance modérée et éclairage
convenable. Nous n'ignorons pas la polémique surgie de l'observation de femelles
"virilisantess (Busard des roseaux).
La totalité des autres espèces de rapaces ne présente pas la moindre différence , à moyenne
distance de surcroît.
L'appréciation de l'âge reprend les mêmes techniques, à ceci prêt que les ouvrages
bibliographiques qui en font état sont bien moins nombreux ; les critères discriminants sont
également plus fins, ou demeurent carrément absents.
Cigognes noires et blanches, Grues cendrées, Vautour percnoptère et Accipiters montrent
d'appréciables différences de coloris (pattes, bec, plumage, etc.), voire de ponctuation
(épervier et autour). Grâce au dégradé des lignes, tâches ou teintes subtiles, il demeure permis
d'annoncer l'âge (ou plutôt la sélection entre oiseau tout juste envolé dit "de première année",
et ses aînés) d'un balbuzard pêcheur, d'une Buse variable, d'une Bondrée apivore, des deux
milans et des faucons. En revanche, les plumages des Aigles bottés ou Circaètes Jean-leBlanc présentent à tout âge un pattern similaire.
Nous cherchons systématiquement à confirmer le verdict établi à l'aide de la palette des
critères énumérés, d'un élément déterminant, qui concerne la totalité des espèces que nous
74
venons de citer : l'oiseau frais émoulu du nid possède un "gonflement" caractéristique de l'aile
secondaire aisément perceptible , et révélateur de la fraîcheur du plumage (les rémiges
primaires n'ont pas atteint leur taille définitive, modifiant la proportion aile primaire/aile
secondaire et le rapport longueur/largeur de l'aile ; la courbure du bord de fuite de l'aile en
devient caractéristique). Ce signe distinctif s'estompe après quelques mois.
Il devient presque inutile d'en appeler à la circonspection la plus vive : nous n'établissons l'âge
et le sexe ratios qu'à coup sûr, lors d'observations ne souffrant aucune restriction : grande
luminosité, pureté de l'air et faible distance en forment les conditions préalables.
Cette recherche d'informations ne concerne pas les pigeons : quelles que soient les différences
- minimes - séparant individus de première année et oiseaux plus âgés, l'observation in situ
écarte toute confirmation autrement qu'anecdotique.
d) La recherche d'indices individuels supplémentaires
Il va sans dire que lorsque nous sommes capables de déterminer l'âge d'un rapace ou d'une
cigogne sur la base de timides détails, bague "Darwick" et marques patagiales, conçues et
destinées de manière à rendre possible une lecture à distance (plusieurs centaines de mètres au
maximum) nous sautent aux yeux. Hormis le principe offrant la combinaison de diverses
couleurs, les codages fins (lettres ou chiffres) demeurent incompris (distance et mouvement
de l'oiseau).
Depuis qu'ont débuté nos études transpyrénéennes, quelques contacts de ce genre ont pu être
établis : Busards cendrés ou Milans Royaux marqués patagialement, Cigognes blanches
porteuses de bagues colorées, et un cas de Balbuzard pêcheur duquel dépassait l'antenne
souple d'un émetteur radio. Aucune décoloration dont l'origine anthropique est certaine n'a pu
être constatée à ce jour. On ne les distingue pas aisément, à grande distance, des rémiges
âgées et palies par les éléments que laisse en place une mue résiduelle : l'expérience
personnelle d'un des auteurs de ce rapport l'atteste (manipulation sur Vautour fauves ou
Gypaètes barbus (Gypaetus barbatus) "décolorés").
Sont également observés, et dûment répertoriés, diverses pattes pendantes, ensemble de
rémiges déchiquetées ou rectrices "massicotées" ; ces défauts qui n'épargnent pratiquement
aucune espèce, ne sont pas forcément à mettre à l'actif de mues aberrantes ou d'accidents de
navigation. En sont, en toute probabilité, également responsables divers fusillôts dont la
pratique cynégétique se confond d'une manière surprenante avec la destruction systématique
et gratuite. Victimes hébergées en centres de soins, articles de journaux corroborent nos
propres observations dans la production de témoignages abondants.
75
Enfin, quelques données insolites viennent à égayer ce chapitre : Circaètes Jean-le-Blanc en
migration, un serpent dépassant du bec, poisson solidement arrimé aux serres d'un Balbuzard
pêcheur, Faucons pèlerins capturant des fourmis volantes ou plongeant sur un vol de pigeons
et Faucons émerillons traquant le Pipit farlouse (Anthus pratensis) regagnent, avec divers
"jabots pleins", le panthéon des voyageurs prévoyants.
e) La définition du statut
Le problème du recoupement des oiseaux migrateurs avec les oiseaux locaux, même s'il
n'intervient pas pour la totalité des espèces considérées, n'est pas aussi anodin qu'il n'y paraît
en première approximation. Le problème a été évoqué concernant la migration en Afrique
occidentale (THIOLLAY, 1978) ou la migration de l'Aigle royal (Aquila chrysaetos) dans le
Nord de l'Utah (USA)(HOFFMANN & POTTS, 1985). L'expérience réalisée en Californie
(MAC DERMOTT & FISH, 1991) pour éviter double comptage et recoupement avec des
oiseaux locaux (4 observateurs scrutent chacun un quart de la sphère visuelle et annonce tout
oiseau observé à un observateur central) est intéressante mais inexploitable dans les Pyrénées
à cause du relief bien trop accusé.
Il ne suffit donc pas qu'un oiseau fasse mine de naviguer vers le Sud pour qu'il alimente
automatiquement le total des migrateurs quotidiens. Un faisceau d'informations concordantes
doit le confirmer sans ambages. En conséquence, succédant immédiatement au contact
préliminaire, une série de questions interpelle l'observateur dans l'ordre suivant :
1 - quelle est donc cette espèce ?
2 - cet oiseau se dirige t-il dans le sens apparent du flux migratoire du jour ?
3 - traverse t-il la sphère visuelle tout en conservant un cap indiscutable ?
4 - franchit t-il la ligne de basculement Nord-Est/Sud-Ouest (ou Nord/Sud) ?
5 - disparaît t-il au loin sans modifier sa trajectoire ?
6 - n'est t-il pas en train de resurgir inopinément, volant plein Nord-Ouest, ruinant
les efforts d'un laborieux suivi ?
76
La détermination de l'espèce (question 1) permet d'écarter péremptoirement un certain nombre
"d'objets" : Aigles royaux et de Bonelli (Hieraaetus fasciatus), Vautours fauves et Gypaètes
barbus, pyrénéens plutôt strictement sédentaires, du moins, dont il est impossible de dire, par
le contrôle visuel direct, s'ils se déplacent d'une autre manière qu'erratique ; rapaces (et de
rares et téméraires Pigeons ramiers) que l'on sait nicher localement, observés alors que les
prémices de leur période théorique de migration ne sont même pas atteintes (cas des Buses
variables, Milans royaux et autres Aigles bottés (Hieraaetus pennatus) des mois de juillet et
d'août).
Les questions 2 et 3 ne possèdent pas valeur discriminante : une réponse négative peut
signifier une réelle difficulté à progresser ou gagner en altitude, ou bien un effarouchement
causé par un phénomène visible ou non (présence d'un prédateur : Faucon pèlerin guettant les
pigeons ; activité cynégétique, orage). Un oiseau peut par conséquent migrer en tirant des
bords d'une extrémité à l'autre de la sphère d'observation, et ce, durant des heures.
En revanche 4, 5 et 6 exigent une confirmation exclusive, et apparaissent comme autant
d'informations propres à remettre en doute le ralliement de l'objet concerné au statut supposé
de migrateur. Une seconde tentative qu'exécute l'oiseau, se soldant cette fois-ci par un succès,
permet d'effacer l'incertitude qui subsiste.
Il est des circonstances où l'une des ces questions peut ne recevoir aucune conclusion :
échappée de l'objet dans les nuages, franchissement discret (au raz de la végétation) ou rapide
; d'autres critères concordants permettent tout de même à l'observateur d'énoncer son verdict.
On le voit, la définition du statut laisse entrevoir bien des possibilités ; la transcription de
l'information (oiseau noté migrateur certain) intervenant avec sa disparition définitive et sans
équivoque (question 5), et une réponse formellement négative à la question 6.
Dans l'opportunité où le comportement de l'oiseau laisse toujours l'observateur indécis, la
donnée est immédiatement stockée dans un compartiment visant à la rendre inexploitable du
point de vue du monitoring sans pour autant entraîner sa perte, ou sa disparition.
Ce sont les "Mig ?", les"Loc ?", les "Loc", les "NPP" et les "RM" dont les énigmes ponctuent
les cahiers de col.
Mig ? évoque un doute dans le comportement migratoire de l'oiseau ; ce terme exprime une
combinaison de réponses favorables aux questions 1 (espèce potentiellement migratrice) et 5 ;
et négative à la 6 (disparition définitive), mais ambiguë dès qu'il s'agit de décrire le
77
déplacement et le mouvement de l'oiseau à l'intérieur des limites de la sphère visuelle
(questions 2, 3 et 4).
Exemple : un Faucon crécerelle observé en provenance du Nord-Est à faible altitude, et
glissant au-delà des crêtes Sud-Ouest, en plein mois d'août sera plutôt inscrit Mig ? ; un
Autour des palombes observé au mois d'octobre, dans un mouvement similaire, recevra un
traitement similaire.
Loc ? renforce ce doute jusqu'à supposer de l'objet son appartenance à la population locale de
l'espèce à laquelle il se rattache : espèces potentiellement migratrices, hors dates classiques de
migration ; tactique de traversée de l'espace et de franchissement montrant l'indécision et
l'hésitation de son acteur ; conjugaison d'un comportement de prospection alimentaire à une
apparence d'intention migratrice ; évacuation timide ou laborieuse.
Exemple : un Milan royal, glissant nonchalamment d'une extrémité à l'autre du goulet
migratoire en musardant le long le long des crêtes, piquant de temps en temps entre les mottes
de terre soufflées par les Rats taupiers (Arvicola terrestris), mais finissant par disparaître vers
le Sud-Ouest.
Mig ? et Loc ? sont des données typiquement inexploitables. En aucun cas, elles ne sont
sommées aux totaux journaliers.
Les abréviations "NPP" ("Ne Passe Pas") et "RM ("RétroMigre") n'admettent aucun doute : il
s'agit d'individus d'espèces migratrices, en déplacement migratoire actif qui, pour une raison
ou pour une autre, soit ne franchissent pas les crêtes (exemple des Bondrées apivores
parvenant en contrebas des crêtes sommitales alors que le soir tombe qui se posent dans les
premiers hêtres afin d'y passer la nuit) ; ou bien font carrément demi-tour - RétroMigrent après avoir franchi ces mêmes crêtes (et avoir été notés migrateurs certains), puis repartant
d'où elles sont venues (exemple : Pigeons ramiers ayant essuyé un tir de barrage).
"NPP" laisse supposer la présence de l'oiseau à l'intérieur de la sphère visuelle. Il pourra la
quitter à tout moment. Nous le considérons par conséquent comme migrateur certain s'il n'est
pas recontacté ultérieurement. Ainsi les Bondrées de l'exemple précédent profitant de l'aube
pour reprendre leur migration sans que les observateurs parviennent à en contrôler le
mouvement.
Nous considérons les données "NPP" comme informations en attente d'un recueil définitif.
78
"RM" signale une perte de l'échantillon au cours d'un mouvement de large ampleur : oiseaux
redescendant en vallée et disparaissant hors champ. Si le même individu ou groupe ne fait peu
de temps après l'objet d'une nouvelle observation catégorique (description identique de
l'oiseau, nombre comparable d'individus composant le vol), rien n'interdit dans le cas
contraire que cette "RétroMigration" ne lui permette de basculer vers une autre sphère
visuelle.
Il s'agit par conséquent d'une donnée perdue, qui ne saurait en aucun cas être additionnée au
total quotidien. Dans l'opportunité où elle fût déjà inscrite ("RM d'un oiseau ou vol plusieurs
minutes après qu'il fut noté "passé"), le directeur du site, ou le responsable de la saisie des
données veillera à ce que la valeur de l'échantillon soit déduite de ce même total.
Enfin, la mention "Loc" correspond au comportement suivant : individus d'espèces
sédentaires ou supposées telles (Vautour fauve, Gypaète barbu, Aigle royal et de Bonelli) ;
oiseau potentiellement migrateur mais totalement hors dates de migration ; dont le
comportement ne laisse aucun doute sur son statut véritable (local) ; dont le déplacement
et/ou le franchissement des crêtes ne se trouve confirmé par aucune des questions préalables.
Exemple : une Buse variable festonnant au mois d'août, un Faucon pèlerin plongeant entre
deux falaises à la poursuite de sa proie, un épervier chassant en lisière ; tous ces oiseaux ne
faisant aucunement mine de migrer.
On notera que l'oiseau observé en action de recherche de nourriture ou de chasse n'est pas
nécessairement local (exemple des Milans noirs et royaux, des faucons et du Circaète Jean le
Blanc).
Au début de la période de suivi du site, les observateurs essaieront le plus possible de
singulariser les oiseaux locaux par la couleur ou la qualité du plumage. Il sera ainsi possible
de les repérer par la suite et de les différencier des oiseaux de passage.
Les "Loc" sont systématiquement échantillonnés : outre l'intérêt géographique ou
phénologique d'un signalement de leur présence (aide à la définition des territoires : cas des
Gypaètes barbus, nidification sur zone, etc.), leur observation positive ou négative permet
d'appréhender la qualité aérologique de la sphère : supposition d'une mauvaise "portance" de
l'air alors qu'aucun migrateur n'est en vue depuis des heures, et que les Vautours fauves,
ordinairement planeurs stricts, se déplacent en battant des ailes. cette recherche d'indice
entraîne l'inscription systématique du "premier" vautour fauve observé ainsi que le nombre
maximum d'individus de cette même espèce dénombrés simultanément chaque jour.
79
L'inscription d'un échantillon dans un tel compartiment plutôt qu'un autre exige fréquemment
une bonne dose de prudence : on a compris que seule une concordance entre divers critères
permette d'y parvenir. Or, si l'immense majorité des "objets" rencontrés dans nos différentes
sphères visuelles offrent grosso modo le même comportement global, nombreuses sont les
situations équivoques : le verdict que formule l'observateur s'en ressent, laissant probablement
entrer quelque trace de subjectivité ! mais si un certain empirisme entache la sélection des
éléments les plus ambigus, au moins ne fausse t-il pas l'analyse générale du flux : une donnée
sujette à caution se trouve systématiquement reléguée en dehors du compartiment "migrateur
certain" ; seul ce dernier bénéficie d'une exploitation dans une optique de monitoring.
f) Les choix tactiques
La stratégie globale d'approche et de franchissement du massif pyrénéen répond à une masse
d'informations que reçoit continuellement l'oiseau. Si nous méconnaissons les mécanismes
précis qu'il oppose à une grande part d'entre-elles, notre position géographique privilégiée au
coeur des principaux goulets migratoires nous permet d'apprécier certaines concordances ou
divergences phénologiques face à un événement (météorologique, anthropique) donnés.
Ainsi, l'utilisation des ascendances (chapitres 3-32 et 3-33), ou les modifications de direction
lors d'averses orageuses (4-22d); l'ampleur de l'activité cynégétique, dès le début octobre,
renforce le cortège des menaces et risques qu'encourent les pigeons ramiers et colombins.
La description et la consignation de ces phénomènes (les réponses-oiseaux) possèdent un
double intérêt :
- améliorer les connaissances phénologiques,
- rechercher l'impact sur les migrateurs, d'une modification de leur pratique.
Par l'amélioration des connaissances phénologiques, nous entendons toute prise en compte
d'éléments renforçant nos hypothèses de départ par le fait d'observation (exemple : le Milan
noir et sa stratégie ascensionnelle propre qui lui permet d'échapper à la sagacité des
observateurs transpyrénéens, chapitre 5-21) : une description sommaire des trajectoires
employées par les oiseaux, corrélée aux variables météorologiques, révèle, à force de
compilation puis de superposition, certaines tendances comportementales dont les conclusions
en matière de monitoring peuvent nous amener à réaliser de substantielles économies de
moyens (humains et financiers) en privilégiant certains sites au détriment d'autres (cas du
Circaète Jean-le-Blanc, chapitre 4-213 et 5-23).
80
L'appréciation du phénomène de "dérive occidentale" nous aide à comprendre comment, et
selon quelles modalités se réalise le report d'un site basque à l'autre et quelles sont les
conséquences pour les oiseaux concernés.
Les Grues cendrées s'en ressentent probablement par un épuisement conséquent, entraînant la
pose hasardeuse des individus les plus faibles, et la mortalité de quelques-uns (les
stationnements en piémont ou dans les vallées de la Nive et de l'Adour ne sont pas rares et
s'expliquent identiquement).
L'exercice prend des proportions plus périlleuses dès lors que les Pigeons ramiers et
colombins en font les frais : repoussés simultanément par les bourrasques de vents violents de
secteur Sud, et par les tirs de barrage que leur adresse, de crête en crête chaque équipage de
chasse, nombre de vols redescendent en vallées, cherchant à se brancher dans les bois et
forêts, là même où les attendent les chasseurs en palombières et finalement, glissant toujours
plus à l'Ouest s'en vont tester l'hypothétique perméabilité d'autres complexes valléens.
Comme on peut l'imaginer, l'histoire se répète, multipliant les pertes qu'enregistrent les vols
d'un coefficient aujourd'hui encore, inconnu (nous travaillons à son calcul).
Rejoignant les règles de fonctionnement global de la migration, ces basculements extravalléens exigent une transcription fidèle de chaque mouvement caractérisé. Ainsi, poursuivant
l'un ou l'autre des objectifs énumérés ci-dessus, - amélioration de la connaissance, estimation
des impacts -, les observateurs notent de façon succincte (petites flèches, abréviations
topographiques) la trajectoire et le sens de progression des groupes d'oiseaux les plus
caractéristiques.
Ce dépouillement et le traitement des indices accumulés s'effectuent à l'issue de la saison de
migration.
g) L'altitude de vol
Les anecdotes ne manquent pas relatant des observations visuelles, des collisions avec des
avions de ligne, des échos radar, d'oiseaux en déplacement à haute, ou très haute altitude. On
le sait, qu'ils migrent ou non, certains individus font montre de performances respectables
voire exceptionnelles, les plaçant définitivement hors de vue des optiques couramment
utilisées par les observateurs au sol.
81
L'on pourrait, par conséquent, opposer à notre perception de la migration transpyrénéenne,
l'empirisme des méthodes de détection, négligeant une proportion inconnue et certainement
variable du flux (MASCHER, STOLT & WALLIN, 1962 ; MURRAY, 1964 & 1969 ;
WILCOCK, 1964 & 1965 ; GAUTHREAUX, 1971 & 1972 ; ALERSTAM & ULFSTRAND,
1972 ; EDELSTAM, 1972 ; RICHARDSON, MORELL & JOHNSON, 1975 ; ALERSTAM,
1978 & 1992 ; FULLER & MOSHER, 1981 ; KERLINGER & GAUTHREAUX Jr., 1984 &
1985 ; WELCH, 1987). Nous avons de plus évoqué la grande difficulté qui réside à fouiller
systématiquement l'étendue du ciel, où nul repère n'aide les observateurs ; tenir les jumelles à
bout de bras, tête rejetée en arrière, est éprouvant physiquement ("casseur de cou" pour
ALLEN & PETERSON (1936)). A l'exception de quelques ornithologues couchés dans
l'herbe du Col d'Organbidexka, dont on ne sait jamais trop s'ils sondent les profondeurs
célestes ou sommeillent paisiblement, rares sont les acharnés du "spottage subvertical" ainsi
que nous le qualifions sur les sites transpyrénéens.
Toutefois, et afin de relativiser la portée d'un biais de recherche potentiel, il ne faut pas
oublier qu'en règle générale, l'oiseau ne s'élève pas gratuitement (du moins le supposonsnous), et que les règles qui régissent les équilibres atmosphériques ne permettent pas
indéfiniment leur ascension.
Mieux encore, de nombreux auteurs s'accordent à affirmer que les migrateurs sélectionnent
leur altitude de vol afin de profiter des conditions aérologiques les meilleures (BELLROSE,
1967 ; STEIDINGER, 1968 ; BRUDERER, 1971 & 1975).
Apprécier, dans les Pyrénées, l'altitude à laquelle se situent ces "meilleures conditions", se
résume pratiquement à examiner les stratégies qu'emploient les oiseaux, alors qu'ils quittent la
plaine, pour se reposer sur le relief afin de s'élever, puis le chevaucher : nous avons abordé
(chapitre 2-3) le rôle des ascendances thermiques et mécaniques, et nous signalions que la
violence des vents, la densité des plafonds nuageux en interdisaient fréquemment
l'exploitation.
De telles (mauvaises) conditions exigent de l'oiseau qui les subit, des techniques d'ascension
basées sur le vol battu, au ras du sol, exercice épuisant s'il en est.
La généralisation du principe de l'économie de vol semble ici capitale : les migrateurs
abordant la chaîne pyrénéenne ont devant eux, outre le relief, une longue route à effectuer
avant de parvenir à leurs quartiers d'hivernage. On supposera qu'ils préfèrent ménager leurs
efforts. Désirer gagner une altitude élevée, pour ensuite la perdre, paraît également douteux :
82
on n'en comprend pas l'intérêt, les sierras prépyrénéennes catalanes, aragonaises ou
navarraises culminant à 1000 ou 1500 mètres.
Il nous est bien sûr arrivé "d'attraper", alors en plein "suivi" d'un migrateur d'altitude moyenne
(quelques centaines de mètres à la verticale des observateurs), un oiseau encore plus haut,
glissant rapidement vers le Sud-Ouest. Que le fait demeure rare ne démontre évidemment
rien, si ce n'est le règne d'une situation météorologique propice au transit en général (léger
vent de secteur Sud au sol).
Ce ne sont pas les conditions majoritairement rencontrées sur nos sites, loin s'en faut.
De la masse considérable des informations que nous collectons depuis 15 ans, il ressort que
l'altitude moyenne de vol oscille approximativement entre 0 et 800 mètres par rapport au sol,
l'influence du vent du Sud étant alors prépondérante. Les oiseaux circulant au-dessus, s'ils
n'ont pas été contactés en vallée, échappent simplement à la sagacité des ornithologues : il en
est de même chaque saison, invariablement depuis 1979.
Estimer le pourcentage de ces migrateurs "perdus" par rapport au flux total n'est pas chose
aisée, puisque précisément nous ne les voyons pas ! Notre intime conviction, confortée par
nos observations de terrain, nous pousse à dire qu'ils sont "peu nombreux" sans être plus
précis, et qu'ils concernent plutôt des espèces à franchissement estival, circulant à l'unité.
N'en font pas partie ni les pigeons, ni les Grues cendrées : l'ampleur des regroupements, le
maintien d'une proximité des lieux boisés pour les premiers, les clameurs des dernières,
rendent leur détection aisée.
Nous ne cherchons pas à relever systématiquement les altitudes de survol ; les mouvements
spectaculaires bénéficient toutefois d'une description sommaire, précisant ce paramètre parmi
d'autres.
4-3 Effort de suivi et premiers résultats
Nous allons présenter succinctement année après année les résultats de ce programme
TRANSPYR. Ils seront développés ensuite pour chaque espèce concernée. Le chiffre figurant
après le nom des sites correspond à la localisation géographique des points d'observation sur
la carte 3.
Année 1979 et 1980
83
Création d'Organbidexka Col Libre. Nous ne considérons pas les données recueillies à
Organbidexka (1) comme exploitables dans ce travail. Ces deux années auront néanmoins
permis de mettre au point la méthode utilisée par la suite.
84
Année 1981
Seul le site d'Organbidexka est suivi, du 1er août au 8 novembre, totalisant plus de 13.000
heures hommes d'observation.
Année 1982.
Année de mise en place, et d'identification des sites d'intérêt transpyrénéens potentiels. Peu de
journées à suivi simultané sur plusieurs points. Peu de conclusions possibles si ce n'est
l'importance du complexe valléen Aldudes-Valcarlos pour la migration de la Bondrée apivore,
et l'évitement des parties Est de la chaîne par les pigeons.
Dix-huit sites sont testés totalisant plus de 23.000 heures/homme d'observation.
D'Est en Ouest, ce sont :
Col Bailloury (2), Albères Est, Littoral méditerranéen (66), 1 jour.
Col du Perthus (3), Albères (66), 5 jours
Vallée du Tech (4), Vallespir (66), 4 jours
Vallée de la Têt (5), Cerdagne (66), 5 jours
Vallée de l'Isard (6), Ariège Ouest (09), 2 jours
Cauterets (7) (65), 2 jours
Vallée du Gave d'Arrens (8) (65), 2 jours
Vallée d'Ossau (9) (64) 1 jour
Vallée d'Aspe (10) (64) 3 jours
Orhi Est, Soule (11) (64) 7 jours
Organbidexka, Soule (1) (64) 128 jours
Burdinkurutxeta (12), Cize Est (64), 13 jours
Errozate (13), Cize Ouest (64), 2 jours
Lindux (14), Vallée des Aldudes (64), 20 jours
Lizarrieta (15), Est Larrun, (64), 2 jours
Ibardin (16), Ouest Larrun, (64), 4 jours
Pointe Sainte Anne (17), Littoral atlantique (64), 3 jours
Année 1983
Les Bondrées apivores évitent les observateurs Transpyr en migrant en masse après la période
de suivi. Les pigeons sont au rendez-vous les 22 et 23 octobre.
85
Dix-sept sites testés totalisent plus de 16.000 heures/homme d'observation.
Ce sont :
Etang de Canet (18), Littoral Méditerranéen (66), 1 jour
Le Perthus, Albères Ouest (3) (66), 1 jour
Saint Laurent de Cerdans (4), Vallespir (66), 1 jour
Col Paloumère (19) (66), 1 jour
Col Rigat (20), Cerdagne (66), 3 jours
Vallée de l'Isard (6), Ariège Ouest (09), 2 jours
Artigascou (21), Val d'Aran (09), 6 jours
Vallée d'Ossau (9) (64), 7 jours
Vallée d'Aspe (10) (64), 5 jours
Orhi Est, Soule (11) (64), 10 jours
Organbidexka (1), Soule (64), 121 jours
Burdinkurutxeta (12), Cize Est (64), 8 jours
Errozate (13), Cize Ouest (64), 1 jour
Lindux (14), Vallée des Aldudes (64), 9 jours
Lizarrieta (15), Est Larrun (64), 4 jours
Ibardin (16), Ouest Larrun (64), 4 jours
Pointe Sainte Anne (17), Littoral atlantique (64), 5 jours
Année 1984
La mauvaise météo du 11 et 12 août perturbe le passage des milans noirs sur l'Ouest de la
chaîne. Les observations montrent l'importance du site d'Eyne (Pyrénées Orientale) et du
faible passage plus à l'Est, en Vallespir, pour les milans noirs ces mêmes jours avec
respectivement 751 et 0 oiseaux observés.
Le dénombrement des bondrées les 1 et 2 septembre coïncide avec le top-jour à
Organbidexka.
Le Transpyr pigeons précise les modalités de franchissement de la chaîne pyrénéenne ; de
même pour les Milans royaux sur l'Ouest de la chaîne.
86
Vingt sites testés totalisent plus de 17.500 heures/homme d'observation.
Albères (2) (66), 2 jours
Vallespir (4)(66), 2 jours
Ariège Ouest (6) (09), 3 jours
Plan Sederes (6), Val d'Aran (09), 1 jour
Artigascou (21), Val d'Aran (09), 20 jours
Col de Barrèges (22), Val d'Aran (09), 2 jours
Vallée d'Aure (23) (65), 1 jour
Pic de Batcrabère (8) (65), 3 jours
Col d'Aubisque (24) (65), 31 jours
Bious-Artigues (9), Vallée d'Ossau (64), 19 jours
Vallée d'Aspe (10) (64), 1 jour
Punta Handia (11), Soule (64), 15 jours
Organbidexka (1), Soule (64), 127 jours
Burdinkurutxeta (12), Cize Est (64), 13 jours
Errozate (13), Cize Ouest (64), 2 jours
Lindux (14), Vallée des Aldudes (64), 5 jours
Lizarrieta (15), Larrun Est (64), 6 jours
Ibardin (16), Larrun Ouest (64), 2 jours
Pointe Sainte Anne (17), Littoral atlantique (64), 5 jours
Cabo Higer (25), Littoral Atlantique, Gipuzkoa, 20 jours
(RIOFRIO, 1988)
Année 1985
Les journées du 10 et 11 août, malgré une météo défavorable, permettent de tirer des
conclusions quant aux reports des Milans noirs vers les sites de passage les plus favorables.
Même remarque pour les journées du 17 et 18 août.
Les bondrées sont bien suivies du 28 août au 4 septembre ce qui aide à bien caractériser le
franchissement transpyrénéen sur l'ensemble de la chaîne.
En ce qui concerne les pigeons et les Milans royaux, même si les journées de suivi multisites
(du 19 au 28 octobre) ne s'exercent pas aux dates du rush, les résultats quant à la répartition
du flux transpyrénéen sont intéressants.
87
Le suivi des grues sur la partie Ouest précise l'évitement des cols les plus hauts et les plus
orientaux par les Grues cendrées, Milans royaux et pigeons en cas de conditions
météorologiques défavorables.
Dix-huit sites suivis totalisant plus de 22.500 heures/homme d'observation.
Ce sont :
Lamanère (26), Vallée du Tech (66), 20 jours
Col Rigat (20), Cerdagne (66), 18 jours
Andorre (27), 5 jours
Lac de la Sabine (28), Haute Ariège (09), 2 jours
Artigascou (21), Val d'Aran (09), 8 jours
Vallée d'Aure (23) (65), 3 jours
Gavarnie (29) (65), 4 jours
Col du Soulor (24)(65), 6 jours
Bious-Artigues (9), Vallée d'Ossau (64), 29 jours
Punta Handia (11), Soule (64), 22 jours
Organbidexka (1), Soule (64), 127 jours
Burdinkurutxeta (12), Cize (64), 23 jours
Ibaneta (14), Vallée de Valcarlos, Navarra, 3 jours
Lindux (14), Vallée des Aldudes (64), 28 jours
Col des Vaux (30) (64), 3 jours
Lizarrieta (15), Larrun Est (64), 13 jours
Ibardin (16), Larrun Ouest (64), 3 jours
Pointe Sainte Anne (17), Littoral atlantique (64), 10 jours
Année 1986
Pas de véritable rush (pic-jour, le 16 août avec 611 oiseaux à Organbidexka) à l'Ouest pour
les Milans noirs. Caractérisation du flux de franchissement Ouest pour une journée moyenne
de passage et par mauvais temps. Les observations montrent l'importance du site d'Eyne,
Cerdagne (66) pour cette espèce. Malheureusement pas de suivi en chaîne centrale.
Le suivi des Bondrées apivores du 29 août (jour de rush, avec 6.535 individus pour l'ensemble
de la chaîne) au 4 septembre confirme l'importance de la Cerdagne et l'échappement possible
vers la vallée d'Ossau en cas de mauvais temps à l'Ouest.
88
Après une longue période de mauvais temps, les pigeons passent enfin entre le 24 et le 27
octobre. Les observations des 18, 19 et 20 octobre donne de multiples indications sur le
franchissement par très mauvais temps général, à l'Ouest. Les grues migreront avant la mise
en place du suivi des 8 et 9 novembre soit le 3 novembre avec 2488 en 58 vols auxquels se
rajoutent plus 38 vols de nuit.
Dix-huit sites totalisent plus de 18.000 heures/homme d'observations.
Ce sont :
Plateau d'Eyne (22) (E du Col Rigat), Cerdagne (66), 33 jours
Andorre (27), 7 jours
Port d'Aula (31), Val d'Aran (09), 5 jours
Vallée d'Aure (23) (65), 1 jour
Col du Soulor (24) (65), 8 jours
Bious-Artigues (9), Vallée d'Ossau (64), 32 jours
Vallée d'Aspe (10) (64), 2 jours
Col de la Pierre Saint Martin (32) (64), 10 jours
Sainte-Engrâce (33), Soule (64), 1 jour
Punta Handia (11), Soule (64), 19 jours
Organbidexka (1), Soule (64), 125 jours
Burdinkurutxeta (12), Cize (64), 18 jours
Lindux (14), Vallée des Aldudes (64), 16 jours
Col des Vaux (30) (64), 6 jours
Lizarrieta (15), Cuvette de Sare, Larrun Est (64), 17 jours
Ibardin (16), Larrun Ouest (64), 2 jours
Pointe Sainte Anne (17), Littoral atlantique (64), 11 jours
Année 1987.
Trois sites sont étudiés du 1 août au 31 octobre (Organbidexka, Lindux et Eyne). Programme
commun de suivi de la Grue cendrée avec le C.R.O.A.P. (HIPPOLYTE, 1988). Le site d'Eyne
se caractérise par la migration massive du Circaète Jean le Blanc, du Busard des roseaux, de
l'Epervier et du Guêpier d'Europe.
Le suivi du passage des milans noirs du 7 au 11 août nous renseigne sur les modalités de
franchissement aux extrémités de la chaîne. Malheureusement peu ou pas d'observations
réalisées en chaîne centrale.
89
Pour les bondrées, 12 sites sont suivis entre le 29 août et le 4 septembre. Les données
obtenues par météo défavorable à l'Ouest précisent l'importance du site d'Eyne et les
modalités du franchissement occidental.
Les sondages effectués du 28 septembre au 6 octobre, nous apportent une multitude de
renseignements sur le franchissement transpyrénéens du Busard des roseaux, du Milan royal
et du Circaète Jean le Blanc. La dissymétrie du passage longitudinal pour ces espèces
s'exprime nettement sur ces sites.
Enfin, le suivi des pigeons les 17, 18 et 19 octobre, montre la faiblesse du flux Est en pigeons
et Milans royaux.
Il est dommage que les Pyrénées centrales n'aient pas été sondées durant cette saison.
Seize sites testés totalisent plus de 24.500 heures/homme d'observation.
Ce sont :
Lamanère (26), Vallée du Tech (66), 58 jours
Forge Del Mitg (4), Vallée du Tech (66), 22 jours
Eyne (20), Cerdagne (66), 100 jours
Andorre (27), 24 jours
Gavarnie (29) (65), 2 jours
Col du Soulor (24) (65), 10 jours
Vallée d'Ossau (9)(64), 7 jours
Col de la Pierre Saint Martin (32) (64), 1 jour
Punta Handia (11), Soule (64), 22 jours
Organbidexka (1), Soule (64), 131 jours
Burdinkurutxeta (12), Cize (64), 11 jours
Lindux (14), Vallée des Aldudes (64), 91 jours
Artzamendi (34) (64), 6 jours
Gorospil (30), Col des Vaux (64), 7 jours
Lizarrieta (15), Cuvette de Sare (64), 18 jours
Ziburumendi (35), Littoral atlantique (64), 2 jours
Nous disposons de plus, pour comparaison, des données catalanes d'observations effectuées
près de Barcelone (36), soit près du littoral méditerranéen (DIAZ, LLIMONA & ROMERO,
1990).
90
Année 1988
Première année du programme OCL/SRETIE. Poursuite de la collaboration avec le
C.R.O.A.P. pour l'étude de la Grue cendrée (HIPPOLYTE 1988, DUPUY & HIPPOLYTE
1992). Les résultats sont développés pour chaque espèce (chapitre 5-1, 5-2 et Fascicule 2).
Cinq sites sont suivis au minimum du 1er août au 31 octobre ainsi que deux de façon plus
épisodique, totalisant plus de 26.000 heures/homme d'observation.
Ce sont :
Forge Del Mitg (4), Vallée du Tech (66), 90 jours
Eyne (20), Cerdagne (66), 92 jours
Vallée d'Ossau (9)(64), 13 jours
Organbidexka (1), Soule (64), 126 jours
Lindux (14), Vallée des Aldudes (64), 105 jours
Artzamendi (34)(64), 13 jours
Lizarrieta (15), Cuvette de Sare (64), 106 jours
Nous disposons pour comparaison, des données catalanes d'observations effectuées près de
Barcelone (36), soit près du littoral méditerranéen (DIAZ, LLIMONA & ROMERO 1990).
Année 1989
Deuxième année du programme OCL/SRETIE. Les résultats obtenus sont développés en
détail pour chaque espèce concernée. Le site de Forge Del Mitg est abandonné pour cause de
faible importance au vu du flux total contrôlé.
Quatre sites sont tenus au moins du 1 août au 31 octobre, un du 1 août au 24 septembre,
totalisant plus de 24.500 heures/homme.
Ce sont :
Eyne (20), Cerdagne (66), 91 jours
Organbidexka (1), Soule (64), 126 jours
Lindux (14), Vallée des Aldudes (64), 111 jours
Artzamendi (34) (64), 60 jours
Lizarrieta (15), Cuvette de Sare (64), 108 jours
91
Nous disposons en plus, pour comparaison, des observations faîtes à Port d'Aula (31), Ariège
(BERTRAND & NEBEL 1990) et des données catalanes d'observations effectuées près de
Barcelone (36) soit près du littoral méditerranéen (DIAZ, LLIMONA & ROMERO 1990).
Année 1990.
Troisième année du programme OCL/SRETIE. Quatre sites sont suivis, totalisant 13.700
heures/homme d'observation.
Ce sont :
Eyne (20), Cerdagne (66), 68 jours
Organbidexka (1), Soule (64), 120 jours
Lindux (14), Vallée des Aldudes (64), 112 jours
Lizarrieta (15), Cuvette de Sare (64), 105 jours
Nous disposons en plus des observations réalisées au Port d'Aula (31) (BERTRAND, 1991) et
au Plateau de Beille (36) (FAURE & FAURE, 1991) dans les Pyrénées ariégeoises.
Au total, ce sont donc plus de 198.000 heures/homme d'observation qui ont été consacrées, de
1981 à 1990, à l'étude de la migration sur l'ensemble de la chaîne, par les bénévoles
d'Organbidexka Col Libre.
L'envergure de cette opération et la masse considérable des informations recueillies débordent
bien sûr très largement ce simple domaine d'investigation. Si nous possédons aujourd'hui une
connaissance précise des modalités de franchissement de l'ensemble du massif pyrénéen,
nombreuses sont nos observations concernant la phénologie migratoire en général, ou bien le
statut, la répartition et l'occupation spatiale de nombreuses espèces nicheuses.
Pour en revenir à notre volonté de départ, cette action, dont il est à souligner qu'elle se
poursuit depuis 1990 en développant un effort d'observation identique (les trois sites basques
d'Organbidexka, Lindux et Lizarrieta sont occupés chaque année), révèle l'extrême exiguïté
de quelques rares vallées qui apparaissent comme des goulets migratoires d'importance
capitale.
Il revêt d'un intérêt communautaire essentiel d'en garantir la préservation à terme : nous
développerons minutieusement ce sujet dans l'ultime chapitre de notre rapport.
92
5 LES ESPECES ET LE FRANCHISSEMENT TRANSPYRENEEN
A travers ce chapitre, nous allons envisager, pour chaque espèce de la liste préalable (chapitre
3-1 et 3-2), les possibilités de monitoring à partir du comptage visuel direct sur les points de
concentration déterminés par les résultats du programme TRANSPYR (voir 4-3). Nous
établirons si possible la provenance géographique des oiseaux observés ainsi que les
modalités du franchissement longitudinal de la chaîne. Les déroulements horaires et
saisonniers du passage seront également précisés.
5-1 Les cigognes
Le cas des cigognes blanches et noires mérite un traitement particulier. Ces oiseaux sont en
effet réputés pour les problèmes que pose la différenciation de leur direction principale de
migration selon leur origine géographique.
Afin de mieux rendre compte des modifications récentes relevées dans les tactiques de
franchissement transpyrénéen, nous avons utilisé les données disponibles jusqu'à 1992 (cette
dernière année incluse). Elles nous permettent d'affiner l'interprétation des résultats.
5-11 La Cigogne blanche
5-111 Répartition
La Cigogne blanche est représentée en Europe, Afrique du Nord ainsi qu'au Moyen-Orient.
Pour l'Europe, la répartition s'étale de la partie occidentale de l'ancienne Union Soviétique
jusqu'à l'Océan Atlantique. L'extension vers le Sud de son aire de nidification comprend les
Balkans et la Péninsule ibérique. La Cigogne blanche est absente du Royaume-Uni, de Suède,
de Finlande et d'Italie (CRAMP & SIMMONS, 1980).
5-112 Migration
La première donnée de migration par la voie Ouest-européenne date de 1843 (BAIRLEIN,
1981) et la description de cet itinéraire est faite par SCHUZ (1953 & 1962).
Aujourd'hui, les populations européennes de Cigognes blanches potentiellement
transpyrénéennes sont constituées des oiseaux français, suisses, danois pour environ un tiers
de cette population (SKOV, 1992), des Pays-Bas, de Tchécoslovaquie et de la République
Fédérale Allemande.
93
Cette dernière population constitue un cas particulier : seulement une partie non-déterminée
de ces oiseaux utilisent la voie pyrénéenne.
Quittant leur aire d'origine en suivant des directions différentes (Sud-Ouest pour les
allemandes et les alsaciennes), Sud/Sud-Ouest pour les néerlandaises), ces populations se
rejoindraient dans le Midi de la France (BAIRLEIN, 1981) avant de traverser les Pyrénées
dans sa partie orientale.
Une donnée concernant deux individus issus du Liesveld (Centre de réintroduction en
Hollande) et trouvés mort à Aramits (F-64), victimes d'une ligne à haute tension ; la présence
de deux individus bagués en Hollande aux environs de Pau en 1992, tendrait à montrer
l'existence d'une voie occidentale de migration pour certains sujets hollandais. Les cinq
reprises effectuées dans le département du Tarn portent sur deux oiseaux d'Allemagne
orientale, un suisse, un danois et un français (SALVAN, 1992). Les observations directes et
les reprises effectuées en Loire-Atlantique proviennent d'oiseaux hollandais ou des Länder
orientaux de l'actuelle Allemagne fédérale (ancienne R.D.A.) (DE GRISSAC, 1992). Un
oiseau abattu par un chasseur en Picardie était originaire de Hollande (BOUTINOT, 1992). La
totalité de ces informations concernent une voie de migration survolant l'Ouest des Pyrénées.
En ce qui concerne la moitié Est des Pyrénées, les contacts réalisés en Provence donnent,
avant 1960, des oiseaux hollandais ou de l'Ouest de l'Allemagne puis, après 1960, des
individus en provenance de toute l'Allemagne, de France, de Suisse et exceptionnellement de
Tchécoslovaquie (OLIOSO, 1992). Ces oiseaux contactés en sortie de Vallée du Rhône ne
sont pas forcément transpyrénéens et peuvent obliquer vers l'Italie. A l'opposé, les données
recueillies en Languedoc-Roussillon, concernant 55% d'oiseaux de l'Ouest de l'Allemagne,
21% de Suisse, 12% de France, 9% de Hollande et 3% d'ex-R.D.A. (SERIOT, 1992), se
rapportent, elles, à des franchissements transpyrénéens, vraisemblablement par l'extrémité Est
de la chaîne.
La population "libre" suisse est supposée migrant en quasi-totalité dans la direction SudOuest (BOETTSCHER-STREIM, 1992)
On s'aperçoit donc que la provenance des oiseaux transpyrénéens n'est pas clairement établie,
notamment en ce qui concerne le secteur oriental de l'Allemagne.
94
5-113 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne
a) Répartition longitudinale du passage
Nous avons calculé pour chaque portion de la chaîne (période du 1 août au 15 octobre, de
1981 à 1992) le total théorique de Cigognes blanches qui y transitent.
Nous multiplions le total d'oiseaux effectivement contactés sur un site par un coefficient
calculé en divisant le nombre total de jours de suivi à Organbidexka par le nombre de
journées de suivi du site considéré.
A partir de ce total théorique nous avons calculé le pourcentage représenté par les parties Est,
centre et Ouest de la chaîne, du nombre total ainsi que le pourcentage d'oiseaux contactés sur
les cinq sites sélectionnés par le programme OCL/SRETIE. Cette méthode ne prétend
produire qu'un résultat indicatif.
Il est bien évident que l'importance relative des sites à faible nombre de jours de suivi est
artificiellement augmentée. Certaines données ponctuelles ont été arbitrairement comptées
pour une journée de suivi alors qu'elles ne sont que l'expression de la forte impression que
laisse la Cigogne blanche aux yeux des ornithologues. Elles peuvent très bien avoir été
obtenues au cours d'observations sporadiques réalisées sur l'ensemble de la journée. De
même, il est parfois difficile d'obtenir des renseignements précis sur la période réelle
d'observation ; certains naturalistes omettent souvent de noter avec précision les débuts et fin
de leurs observations.
Les journées présentant des conditions météorologiques défavorables à la migration les
cigognes sont également comptabilisées pour les "grands" sites, alors qu'elles disparaissent
des données ponctuelles.
De la même manière, l'évolution inter-annuelle positive des populations de Cigognes blanches
transpyrénéennes n'est pas retranscrite ; les sites de suivi récent comme Artzamendi ou Forge
Del Mitg sont largement favorisés par rapport à Organbidexka, où une journée de suivi en
1981 équivaut à une journée en 1992, alors que la probabilité d'observer une Cigogne blanche
y est nettement moins grande. L'importance des sites à suivi plus ancien et à nombre de jours
importants est donc sous-estimée.
95
Un calcul tenant compte de la variation annuelle de l'effectif aussi bien que des jours
réellement favorables produirait un résultat sans doute plus précis.
Enfin, nous avons rajouté pour information les comptages réalisés au Col du Soulor bien
qu'ils ne se traduisent pas par un franchissement transpyrénéen immédiat, l'immense majorité
des oiseaux effectuant un transit Est/Ouest ou Ouest/Sud-Ouest en évitant les vallées d'Ossau
et d'Aspe (GRANGE, comm. pers.) ; ils sont dans leur grande majorité contactés à
Organbidexka.
Comparaison du passage longitudinal de la Cigogne blanche
Année 1981-1992
Sites
Effectif
Littoral méditerranéen
Forge del Mitge
Eyne
Centre
Soulor
Organbidexka et Cize
Lindux
Artzamendi
Lizarrieta
W-Larrun
Total
2
126
405
8
26
441
89
18
46
11
1172
Total des
Coefficient Total
journées
multiplicateur oiseaux
d'observation
33
132
470
364
96
968
392
72
363
73
2963
29,33
7,33
2,06
2,66
10,08
1,00
2,47
13,44
2,67
13,26
59
924
834
21
262
441
220
242
123
146
3010
%
Regroupement en %
1,95%
30,70% Partie est : 60,36
27,71%
0,71% Partie centre : 0,71
Soulor
14,65%
7,30%
8,04% Partie ouest : 38,92
4,08%
4,85%
Les résultats exprimés sont particulièrement éloquents. La partie orientale demeure la plus
utilisée par la Cigogne blanche, mais la zone occidentale n'est pas négligée. Il s'agit d'une
conséquence de l'augmentation des populations atlantiques de l'espèce enregistrées depuis les
dernières années.
En outre, on se rend compte que la partie centrale de la chaîne reste totalement évitée. Les
sites sélectionnés représentent près de 85 % du total théorique.
96
b) Phénologie saisonnière
16-Jul
22-Jul
28-Jul
03-Aoû
09-Aoû
15-Aoû
21-Aoû
27-Aoû
02-Sep
08-Sep
14-Sep
20-Sep
26-Sep
02-Oct
08-Oct
14-Oct
20-Oct
26-Oct
01-Nov
07-Nov
13-Nov
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Effectif journalier
350
300
250
200
150
100
50
0
Effectif décadaire
Effectif journalier
Phénologie saisonnière de la Cigogne blanche
Effectif décadaire
Seules sont utilisées les données se rapportant à des sites suivis au moins du 1 août au 31
octobre. N=945.
Au vu du graphique précédent, le passage culmine de la deuxième quinzaine d'août à la
première quinzaine de septembre ; un premier passage néanmoins autour du 10 août, et un
dernier vers le 5 octobre.
Il faut noter que le passage important de début septembre n'est pas ressenti au niveau général
français ni au niveau de l'Auvergne (LALLEMANT, 1992). La description de la migration en
Languedoc-Roussillon s'en rapproche, mais le passage dans cette tranche ne représente pas
une part très importante des données (SERIOT 1992).
Il devrait être possible grâce au développement du baguage chez les cigognes de préciser
bientôt les différentes provenances des oiseaux observés.
Il y a simultanéité entre la phénologie saisonnière à l'Est et à l'Ouest ; un passage moins tardif
dans le temps à l'Est qui pourrait être dû à la provenance des oiseaux.
97
c) Phénologie horaire
Phénologie horaire de la Cigogne blanche
200
150
100
50
Effectifs
Vols
0
7
8
9 10 11 12 13 14 15 16 17
Heures TU
'observation
suivis une journée complète. N=763 ; Nvol=178.
Cet histogramme présente pour la Cigogne blanche un profil typique de grand planeur avec
un maximum nettement affirmé à 12 heures TU. Le "trou" de 13 heures n'est pas expliqué.
Rythme journalier spécifique, comportement social de franchissement avec regroupement
maximum sur une tranche horaire ou biais méthodologique (oiseaux échappant à haute
altitude à l'observation) ? Les données d'autres observatoires manquent pour comparaison.
5-114 Evolution interannuelle des effectifs
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Total
Effectif par site
Effectif total
Evolution interannuelle des effectifs
Organbidexka
Lizarrieta
Lindux
Eyne
198 198 198 198 198 198 198 198 198 199 199 199
1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2
Depuis 1988, nous observons une augmentation très sensible des Cigognes blanches utilisant
la partie occidentale de la chaîne afin de passer en Espagne, notamment par Organbidexka.
Aucun oiseau bagué n'a pour l'instant pu être formellement identifié, nous pensons que cette
augmentation est à mettre en parallèle avec la croissance de la population de la façade
98
atlantique française ainsi que celle de la population hollandaise. On notera que la faiblesse
des effectifs contactés en 1984, 1985 et 1986 se confirme également à Gruissan.
5-115 Conclusion
Au vu de l'inhomogénéité des directions principales de migration que prennent les Cigognes
blanches, il est illusoire de vouloir suivre avec précision l'état des populations européennes
sur la base des seules données transpyrénéennes. Néanmoins, l'appréciation des tendances
générales à moyen et long terme se laisse envisagée. Le contrôle régulier de points de passage
obligé comme le Bosphore, le détroit de Messine, ainsi que de la chaîne pyrénéenne
permettrait de noter précisément l'évolution des effectifs des Cigognes blanches nonibériques, celles ci pouvant faire l'objet d'une surveillance depuis le détroit de Gibraltar, si les
conditions du site ouvrent la possibilité d'un monitoring (voir chapitre 1-3). La Cigogne
blanche est un oiseau dont le repérage de nids ne pose pas de problème particulier, aussi le
suivi de la population est-il plus fiable à partir du comptage direct des couples nicheurs, le
nombre d'individus non reproducteurs demeurant l'unique inconnue. En conclusion, nous
considérons que le comptage des oiseaux en migration à un point de concentration ne
constitue pas un moyen économique de suivi de la population.
5-12 La Cigogne noire
5-121 Répartition
L'aire de répartition de la Cigogne noire recouvre l'Europe, l'Asie, et le Sud de l'Afrique. En
Europe, elle s'étire de l'Ouest de l'ex-Union Soviétique jusqu'à l'Allemagne de l'Ouest et les
Balkans, quelques couples nichant en France, Danemark, Belgique, et Luxembourg. Une
population isolée fréquente la Péninsule ibérique (CRAMP & SIMMONS, 1980 ;
BOETTSCHER-STREIM, 1990).
5-122 Migration
Comme en ce qui concerne la Cigogne blanche, la Cigogne noire présente une migration que
l'on peut qualifier de "divide".
La bande de séparation Est/Ouest serait située plus à l'Est que celle de la Cigogne blanche
(CRAMP & SIMMONS, 1980), mais les informations récentes font défaut. Les données de
baguage compilées par CREUTZ (1982) indique une ligne de partage comprise entre le 12° et
le 18° de longitude Est.
99
Les oiseaux transpyrénéens, ou potentiellement transpyrénéens bagués, proviennent du
Mecklenburg, Brandeburg et Niedersachsen (Basse Saxe) en R.F.A., et de l'Ouest de la
Tchécoslovaquie, ainsi que pour des données plus anciennes du Jütland (Danemark)
(SKOVGAARD, 1930). Le cas d'oiseaux issus du même nid, et repris sur la voie occidentale
et la voie orientale est également signalé (KUCK, 1939 ; SCHUZ, 1940). Un oiseau d'exAllemagne de l'Est fut trouvé mort dans le département du Tarn (SALVAN, 1992).
Ainsi, on s'aperçoit que suivant l'exemple de la Cigogne blanche, le départ vers l'Est ou
l'Ouest n'est pas régi par des règles strictes. Néanmoins, on peut affirmer que la limite
orientale de la zone de captation des oiseaux potentiellement transpyrénéens s'étend jusqu'au
secteur oriental de l'ex R.D.A. et la Tchéquie.
L'intérêt du comptage pyrénéen est donc évident en ce qui concerne ces oiseaux.
5-123 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne
a) Répartition longitudinale du passage
Comparaison intersites des effectifs théoriques de Cigogne noire
Année 1981-1992
Sites
Effectif Total des
Coefficient Total
journée
multiplicateur oiseaux
d'observation
Littoral méditerranéen
Forge del Mitge
Eyne
Centre
Soulor
Organbidexka et Cize
Lindux
Artzamendi
Lizarrieta
W-Larrun
Total
0
41
169
43
175
1764
443
38
148
9
2830
33
132
470
364
96
968
392
72
363
73
2963
29,33
7,33
2,06
2,66
10,08
1,00
2,47
13,44
2,67
13,26
0
301
348
114
1765
1764
1094
511
395
119
4646
%
0,00%
6,47%
7,49%
2,46%
Regroupement en %
Partie est : 13,96
Partie centre : 2,46
Soulor
37,97%
23,55%
11,00% Partie ouest : 83,57
8,49%
2,57%
Nous avons conservé le mode de calcul au chapitre précédent (Cigogne blanche), pour la
même période du 1 août au 15 octobre (années 1981 à1992 incluses).
Les résultats sont également éloquents pour ce qui concerne le franchissement de la chaîne.
La moitié Est se trouve délaissée avec moins de quinze pour cent. Comme dans le cas de la
100
Cigogne blanche, la partie centrale est évitée, dans une moindre mesure, néanmoins. L'effectif
contacté au Col du Soulor est également important. Les remarques évoquées pour la Cigogne
blanche s'appliquent également dans ce cas. Les cinq sites sélectionnés représentent 84 % du
total théorique.
De plus, les totaux réels de nos observations et de celles menées à Gruissan dans l'Aude
confirment la tendance marquée au franchissement par l'Ouest du Pic d'Anie (Vallée d'Aspe,
F-64). De 1981 à 1989, 917 Cigognes noires ont survolé Organbidexka, et 506, Gruissan
(Aude, F-11) (SERIOT, 1992). Ces derniers oiseaux n'ont pas obligatoirement (ni
visiblement) franchi la chaîne par l'Est. De nombreuses observations font en effet état de
migrateurs sur un transit Est/Ouest, face à la partie centrale de la chaîne.
Lors des trois années du programme Transpyr, il est passé de 1988 à 1990, 1064 Cigognes
noires par l'Ouest (Organbidexka, Lindux, Lizarrieta) quand il en migrait 355 par l'Est
(Gruissan, Eyne). Il faut d'ailleurs noter que des oiseaux comptés à Gruissan (très en amont
des crêtes pyrénéennes) peuvent très bien avoir été recomptés à Eyne, maximisant de fait le
chiffre de franchissement oriental. Il passe donc au moins trois fois plus de Cigognes noires
par l'Ouest, que par l'Est des Pyrénées.
b) Phénologie saisonnière
Phénologie saisonnière de la Cigogne noire
100
80
60
40
Effectif journalier
12-Nov
31-Oct
06-Nov
25-Oct
19-Oct
13-Oct
07-Oct
01-Oct
25-Sep
19-Sep
13-Sep
07-Sep
01-Sep
26-Aoû
20-Aoû
14-Aoû
08-Aoû
27-Jul
21-Jul
15-Jul
0
02-Aoû
20
700
600
500
400
300
200
100
0
Effectif décadaire
Effectif journalier
120
Effectif décadaire
Données obtenues sur les sites suivis au moins du 1 août au 31 octobre de 1981 à1992.
N=2307
Si l'on se réfère au diagramme précédent, on observe un passage étalé sur près de 2 mois, avec
un maximum tout au long du mois de septembre ; le top-jour se situent le 11 septembre, soit
environ quinze jours après un maximum tombant entre le 19 et le 25 août, obtenu à Gruissan
(SERIOT 1992), et une décade après le maximum de la troisième décade d'août obtenu sur la
101
France entière (CZAJKOWSKI & DUQUET, 1992). Nous sommes, par contre, totalement en
accord avec les données auvergnates (LALLEMANT, 1992), même si ces dernières données
sont peu nombreuses. On n'observe pas de décalage saisonnier notable entre le passage par
l'Ouest ou l'Est de la chaîne. L'analyse des données en relation avec les conditions
météorologiques devrait permettre de singulariser plus nettement les différentes périodes du
franchissement transpyrénéen en rapport avec les âges et sous-populations concernées.
c) Phénologie horaire
Phénologie horaire de la Cigogne noire
500
400
300
200
100
Vols
Effectifs
0
5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Heures TU
Données
obtenues sur les sites suivis une journée entière de 1981 à 1992. N=2591, Nvols=1049
Profil classique de planeur mais nettement moins accusé que pour la Cigogne blanche, en
relation avec les plus grandes capacités de vol battu que possède la Cigogne noire. Les
"heures extrêmes" sont également différentes. On notera que la Cigogne noire, se posant plus
facilement sur les arbres que la blanche, trouve plus facilement des lieux de dortoirs à
proximité des sites de comptage.
102
5-124 Evolution interannuelle des effectifs
Evolution inter annuelle des effectifs
300
500
450
250
400
Total
200
300
150
250
200
100
150
Effectif par site
Effectif total
350
Organbide
xka
Eyne
Lizarrieta
Lindux
100
50
50
0
0
191919191919191919191919
818283848586878889909192
Depuis 1985, nous observons à
Organbidexka une augmentation régulière du nombre d'oiseaux contactés. Cette tendance
semble s'être stabilisée depuis 1989. Ces résultats sont comparables à ceux obtenus à Gruissan
(SERIOT, 1992), avec néanmoins quelques différences sans doute liées aux conditions
météorologiques générales ou régionales. Nous sommes également en accord avec les
résultats de l'enquête menée par la Ligue française pour la Protection des Oiseaux
(CZAJKOWSKI & DUQUET, 1992). On notera que le total des oiseaux observés sur le seul
site d'Organbidexka en 1988 dépasse très largement l'ensemble des autres données françaises,
soulignant l'importance du site pour la migration de l'espèce. Concernant l'ensemble des sites
suivis, la progression se révèle également régulière entre 1988 et 1990.
5-125 Effectif des nicheurs potentiellement transpyrénéens en 1990
D'après BOETTSCHER-STREIM, (1992).
République fédérale allemande
: 95-100 couples dont 35,7% migrent par l'Est et 57,1%
par l'Ouest soit
: 54-57 couples
Danemark
:
12 couples
Belgique
:
1 couple
Luxembourg
:
1 couple
France
: 4-11 couples
103
Total
: 62-72 couples
La direction principale de migration de la population Est-autrichienne n'est pas connue avec
précision, ainsi que le nombre de Cigognes noires immatures ou juvéniles pour l'ensemble de
la population européenne. Ce fait valorise d'autant plus les comptages transpyrénéens (435
individus contactés sur 4 sites dont 267 à Organbidexka en 1990).
5-126 Conclusion
Du fait de ses habitudes de discrétion, la Cigogne noire reste un oiseau difficile à repérer dans
la nature en période de reproduction.
Les effectifs exacts de l'espèce ne sont donc pas connus avec certitude. Pour les effectifs postnuptiaux potentiellement transpyrénéens, des estimations de 1989 basé sur les observations
jusqu'en 1985 portaient 400 individus (SAGOT, 1989).
Depuis, la progression de l'espèce constatée dans les zones de nidification ainsi que par nos
comptages et ceux d'autres sites d'observation (SERIOT, 1992 ; LALLEMANT, 1992) s'est
nettement accentuée.
L'intérêt du comptage transpyrénéen est évident pour cette espèce qui pourra être suivi en se
limitant à une période du 15 août au 15 octobre, de 8 à 18 heures TU, et ce sur les quatre sites
sélectionnés (Eyne, Organbidexka, Lindux, Lizarrieta).
5-2 Les rapaces
5-21 Le Milan noir
5-211Répartition
Le Milan noir est signalé dans tout l'Ancien Monde ainsi que l'Océanie. En Europe, la sousespèce nominale "migrans" est répartie presque partout à l'exception du Royaume Uni, de la
Norvège et du Danemark suivant une ligne approximativement orientée Nord-Est/Sud-Ouest
passant par Nantes et Tallin. A l'Ouest de cette ligne, quelques couples nichent en Suède et à
l'extrême Nord-Ouest de la Carélie (GENSBOL, 1988).
5-212 Migration
Il s'agit d'un migrateur total transsaharien.
104
Comme on l'a vu pour les deux espèces de cigognes, la direction principale de migration n'est
pas constante et dépend de l'origine géographique des oiseaux.
Les données de baguage donnent par exemple, pour des oiseaux suisses des reprises en vallée
du Rhône, Languedoc-Roussillon, Haute-Garonne, Espagne du Sud-Est à l'embouchure du
Guadalquivir, d'autres, minoritaires certes, en Tunisie, à Malte, en Sicile et en Italie
(GEROUDET, 1984 ; CRAMP & SIMMONS, 1980 ; GLUTZ, 1971).
De nombreux oiseaux originaires d'Allemagne du Nord empruntent un itinéraire passant par
l'Italie ; et un autre, par le Sud-Est européen (Hongrie, Roumanie, Chypre) est également
signalé (GEROUDET, 1984).
Pour les oiseaux provenant de l'Est de l'Allemagne, un certain nombre de reprises tracent une
voie par l'Espagne puis Gibraltar, une par le Sud de l'Italie et le Détroit de Messine et une
dernière par le Bosphore via l'Europe orientale (CRAMP, 1980 ; MAKATSCH, 1972).
Dans le département du Tarn, les oiseaux contrôlés viennent de Suisse et d'Allemagne
(SALVAN, 1992). Une reprise dans les Pyrénées-Atlantiques concerne un oiseau suisse
(BRIED, 1992)
Il n'est donc pas possible de connaître avec précision l'origine des oiseaux transpyrénéens. Le
seul monitoring possible basé sur l'explication des données transpyrénéennes de cet oiseau
concernera donc l'ensemble de la population européenne par combinaison des résultats de
comptages obtenus sur différents points de comptage comme les Détroits de Messine et du
Bosphore, ainsi que peut-être les données encore plus orientales.
Nous verrons par la suite pour d'autres raisons que, le monitoring conçu à partir du seul
comptage d'oiseaux migrants nous semble aléatoire.
5-213 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne
a) Répartition longitudinale du passage
Nous proposons l'analyse successive des résultats obtenue chaque année sur tous les sites.
105
Année 1982.
Nous ne disposons pour cette année que de très peu de données extérieures à Organbidexka.
Néanmoins, les conditions météorologiques persistent durant la totalité de la période s'étalant
du 15 juillet au 31 août avec, notamment, les passages orageux des 29 juillet, 2 août et 13
août. Le ciel reste particulièrement nuageux, avec seulement 14 jours dégagés sur 47.
On note un passage important en chaîne centrale (Vallée d'Arrens) le 8 et 9 août avec un total
de 214 oiseaux (brouillard le 8 avec éclaircies, beau temps le 9) tandis qu'il en migre 137 par
Organbidexka dans les mêmes conditions puis 240 du 19 au 22 août en deux sites (Cauterets
et Vallée d'Aspe) ; il n'en passe alors que 136 par Organbidexka (les conditions
météorologiques sont similaires).
Notre interprétation : des données plus nombreuses seraient souhaitables. On s'aperçoit que
par conditions météorologiques identiques, les Milans noirs ne sont pas systématiquement
dirigés vers l'Ouest de la chaîne. Les franchissements en chaîne centrale peuvent être
importants, empruntant probablement les ascendances sous cumulus ; des échappées
verticales entre deux nuages (éclaircies et déchirures) demeurent fréquemment observés, mais
non-quantifiés.
Année 1983.
Peu de données encore exploitables cette année.
Le 29 juillet, 28 Milans noirs transitent en un quart d'heure par la vallée d'Ossau alors que le
brouillard règne sur Organbidexka.
Le 7 août, 350 oiseaux passent les Pyrénées par la Vallée d'Ossau alors que 120 sont vus à
Organbidexka par très beau temps sur les deux sites. Le franchissement par la chaîne centrale
se confirme.
Année 1984.
Nous obtenons quelques données sur l'Est de la chaîne, à Eyne avec respectivement 307 et
444 oiseaux les 11 et 12 août (respectivement 80 et 3 à Organbidexka, mais par un temps
pluvieux) nous renseignant sur l'existence d'un flux oriental important. Le 11 août toujours,
un suivi sur trois sites à l'Ouest d'Organbidexka (Burdinkurutxeta, Lizarrieta et Ibardin)
106
confirme la prédominance de la Soule à l'Ouest de la chaîne (80, 0, 1, 2 oiseaux comptabilisés
par des conditions météorologiques similaires).
En Vallée d'Aspe, le 14/08, 150 oiseaux sont contactés (0 à Organbidexka, mais brouillard).
Le 15 août, 114 Milans noirs transitent à l'Est par la Vallée du Tech.
Année 1985.
Pour les deux jours choisis pour le suivi sur l'ensemble de la chaîne, les conditions
météorologiques sont uniformément mauvaises d'une extrémité à l'autre de la chaîne le 10
août puis bonnes le 11 août à l'exception de l'Est où il pleut en plaine.
Le 10, il passe 52 Milans noirs en vallée d'Ossau, 74 à Lizarrieta et 23 par la zone proche de
l'Océan, alors qu'à Punta-Handia, Organbidexka, Burdinkurutxeta et Lindux, aucun milan
n'est contacté, ceux-ci préférant éviter les cols orientaux du Pays basque, bouchés par le
brouillard.
Le 17 août, 194 oiseaux sont observés à Artigascou (DALOUS, 1987) et 184 en Vallée
d'Ossau alors qu'y règne le beau temps, tandis que les 35 oiseaux d'Organbidexka doivent
d'abord traverser une mer de nuages bloquée en plaine par le vent du Sud, avant d'accéder aux
cols de basculement.
A l'aide de ces exemples, on voit que le franchissement par les Pyrénées centrales devient
probable cette année-là mais l'appréciation de son importance quantitative reste impossible.
Année 1986.
Pas ou peu d'informations sont récoltées sur la chaîne centrale. L'importance du site d'Eyne
est mise en avant avec 756 oiseaux contactés en 13 jours de suivi (du 1 au 31 août).
Les journées du 9 et 10 août permettent d'observer un phénomène de report des oiseaux vers
l'Ouest du Pays Basque par mauvaises conditions sur la Soule et Lindux (voir graphique
suivant).
A Artigascou, 74 individus sont observés le 17 août 1986 (DALOUS, 1987) contre 21 à
Organbidexka. Cette donnée est néanmoins trop ponctuelle pour devenir significative, mais
exprime l'existence d'un flux transitant par la chaîne centrale.
107
Passage comparé à l'ouest de la chaîne, les 9 et 10 août
1986, exprimé en % du flux contrôlé
100,00%
80,00%
60,00%
40,00%
20,00%
0,00%
Soule
Cize
Lindux
Lizarrieta
Notre
interprétation :
Le 9, le beau temps règne sur le Pays basque, au moins pendant les heures chaudes. Les
Milans noirs franchissent les cols les plus favorables relativement à leur direction principale
de migration, soit la Soule et le complexe Valcarlos-Aldudes.
Le 10 août, le beau temps règne seulement sur l'Ouest du Pays Basque ; les autres zones
restent dans le brouillard à l'exception d'une éclaircie en Cize. Les milans évitent donc ces
zones pour passer plus à l'Ouest, à plus basse altitude.
Année 1987.
Nous disposons des observations d'Eyne et d'Organbidexka pour toute la période, ainsi que
d'autres informations ponctuelles sur la chaîne, concernant la période du 7 au 11 août (7 sites
suivis), de quelques données recueillies sur les Pyrénées Centrales, près de Tarascon/Ariège
(09).
Un "Transpyr" Milans noirs, du 7 au 11 août, et bien qu'incomplet, nous permet de confirmer
les résultats de 1986 quant à l'importance du site d'Eyne.
108
L'exploitation des données centro-pyrénéennes nous fait établir le tableau suivant :
Jours
Organbidexka
Ariège
Eyne
25-Jul
0
12
57
27-Jul
333
3
7
01-Aoû
1
17
112
13-Aoû
13
117
83
16-Aoû
12
36
11
On s'aperçoit que les comptages à Organbidexka et Eyne durant les jours considérés,
représentent une fraction variable du total, ceci en liaison avec l'instabilité des conditions
météorologiques induisant une ouverture, ou une fermeture des différents "trous" du mur
pyrénéen.
Un comptage effectué au Pic d'Issarbe, Pierre-Saint-Martin (64) nous révèle le passage de 175
ind. le 14 août (516 à Organbidexka).
Année 1988.
Nous observons un premier flux important a lieu les 31 juillet et 1 août, puis un deuxième les
4, 5 et 6 août.
Les conditions météorologiques régnant du 7 au 12 août sont particulièrement défavorables
sur la partie occidentale de la chaîne ; en particulier Organbidexka et Lindux qui conservent
une mer de nuages épaisse, fluctuant en dessous et/ou au niveau des observateurs.
Les 13 et 14 août voient une légère amélioration. Respectivement 1457 et 165 Milans noirs
migrent par Organbidexka, 211 puis 152 par Lindux, profitant de déchirements temporaires de
la couche nuageuse.
Les 15, 16 et 17 août, la mer de nuages se renforcent ne permettant que peu, ou pas de
passage.
Le 18 août, un léger vent de Sud et une nébulosité faible voient le franchissement de 5068 par
Organbidexka (plus grosse journée jamais observée), mais 271 oiseaux par Lindux.
109
A Eyne, un premier flux du 4 au 9 août précède l'établissement de conditions locales
météorologiques, sinon favorables du moins permettant le franchissement, qui ne laissent
transiter du 10 au 16 août que seulement 7 oiseaux ; ce fait s'explique par la stagnation au
Nord-Est d'une barre de nuages importante.
Notre interprétation : l'établissement de conditions météorologiques perturbées sur l'ensemble
de la chaîne ne permet pas le franchissement des Pyrénées par la chaîne centrale. Les oiseaux
glissent progressivement vers l'Ouest jusqu'à rencontrer des points de passages peu élevés et
libres de nuages les 13, 14 et 18 août.
L'important total de l'année 1988, sur l'Ouest de la chaîne, ne correspond donc pas à une
augmentation brutale de la population mais plutôt à une moindre dispersion sur l'ensemble du
Massif pyrénéen.
La direction principale de migration Nord-Est/Sud-Ouest prohibe un glissement de grande
envergure vers l'Est de l'extrémité orientale de la chaîne expliquant la moindre augmentation
à Eyne.
Nous disposons également de renseignements sur les modalités du passage par la Vallée
d'Ossau : ils nous permettent d'établir le tableau comparatif suivant.
Jours
Jours
31-Jul
01-Aoû
02-Aoû
03-Aoû
Vallée d'Ossau Organbidexka
Lindux
31-Jul
160
1702
∅
01-Aoû
∅
1234
218
02-Aoû
6
42
19
03-Aoû
∅
0
0
04-Aoû
214
114
14
05-Aoû
381
38
21
06-Aoû
92
300
59
07-Aoû
7
6
29
08-Aoû
0
1
4
09-Aoû
1
0
0
Vallée
Organbidexk
d'Ossau
a
160
1702
1234
∅
6
42
0
∅
Lindux
∅
218
19
0
110
04-Aoû
05-Aoû
06-Aoû
07-Aoû
08-Aoû
09-Aoû
214
381
92
7
0
1
114
38
300
6
1
0
14
21
59
29
4
0
Comme en 1987, on s'aperçoit que les comptages effectués depuis Organbidexka et Lindux
pour les jours considérés représentent une fraction variable du total, ceci en liaison avec la
variation des conditions météorologiques induisant une ouverture, ou une fermeture, de
différents goulets transpyrénéens.
111
Année 1989 et 1990.
Aucune donnée exploitable en dehors de celles des sites sélectionnés pour un suivi
permanent.
En 1989, Les conditions météorologiques permettent un passage régulier sans à coup ni
véritable rush du 26 juillet au 7 août à Organbidexka. Il n'y a pas de phénomène de blocage
important sur la chaîne.
A Port d'Aula en Ariège, 253 individus sont comptabilisés après le 20 août (BERTRAND &
NEBEL 1990) alors qu'Organbidexka en enregistre 584, confirmant un franchissement
important en chaîne centrale.
Les observations réalisées en 1990 au Port d'Aula, et surtout au Plateau de Beille montrent
l'importance de la chaîne centrale pour l'espèce (respectivement 602 et 943 Milans noirs
contactés) (BERTRAND & NEBEL, 1991 ; FAURE & FAURE, 1991).
b) Phénologie saisonnière
8000
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
15-Jul
19-Jul
23-Jul
27-Jul
31-Jul
04-Aoû
08-Aoû
12-Aoû
16-Aoû
20-Aoû
24-Aoû
28-Aoû
01-Sep
05-Sep
09-Sep
13-Sep
17-Sep
21-Sep
25-Sep
29-Sep
18000
16000
14000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
Effectif décadaire
Effectif journalier
Phénologie saisonnière du Milan noir
Effectif journalier
Effectif décadaire
Données obtenues sur les sites suivis au moins une fois du 1 août au 15 septembre de 1981 à
1990. N=48652.
Le passage débute dès la deuxième décade de juillet puis culmine les deux premières décades
d'août. Il perd toute signification à compter de la seconde décade de septembre. Des données
obtenues à Organbidexka lors d'observations ponctuelles montrent qu'un flux sensible peut s'y
laisser voir à partir du 7 juillet.
112
Le fort passage du 18 août correspond à un mouvement exceptionnel à Organbidexka le 18
août 1988, consécutif à un blocage météorologique sur l'ensemble de la chaîne lors de la
période théorique de forte migration.
On comprend que le suivi complet de la migration du Milan noir via les Pyrénées nécessite un
comptage antérieur le 1er août.
A cette époque, la météorologie locale et régionale permet le développement d'ascendances
thermiques exploitables par les planeurs et leur amplitude (peu de forts coups de vent de Sud)
demeure fréquemment importante.
c) Phénologie horaire
Phénologie horaire du Milan noir
15000
10000
5000
Vols
Effectif
0
5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Heures TU
Données
obtenues sur les sites suivis une journée complète de 1981 à 1990. N=69216, Nvols=7509.
Le profil du passage horaire du Milan noir est typique d'un planeur avec, une tendance
nettement marquée au franchissement durant les heures chaudes ; le passage ne devient
significatif qu'à partir de 8 heures TU puis décroît nettement après 16 heures TU (80% du
passage sur ces tranches horaires).
113
5-214 Evolution interannuelle des effectifs
180
00
160
00
140
00
120
00
100
00
800
0
600
0
400
0
200
0
0
19
82
85
88
Total par site
Total cumulé
Evolution
interannuelle des
effectifs recensés
On perçoit immédiatement la faible importance des sites de
Lizarrieta, Lindux dans le total général.
Ce chiffre élevé de 1988 est lié à un phénomène météorologique de blocage de la totalité de la
chaîne centrale pendant la période de fort passage théorique.
L'évolution à chaque extrémité de la chaîne diverge. De 1988 à 1989, si Organbidexka
diminue fortement son effectif, Eyne quant à lui augmente. Ceci est à relier aux conditions
météorologiques qui s'exercent différemment d'une extrémité à l'autre de la chaîne. En 1990,
on revient à une augmentation moins importante de l'effectif contacté qui pourrait représenter
de façon plus réaliste qu'en 1988, une variation de population.
5-215 Conclusion
Le Milan noir est un oiseau dont la migration demeure précoce, à une époque où les
conditions météorologiques permettent un vol à haute altitude rendant le franchissement de la
chaîne centrale aisé, même si les oiseaux empruntent préférentiellement les parties extrêmes
des Pyrénées.
Les exemples sont nombreux. Nous rappellerons que l'année 1988 montre un mouvement
atypique en ce qui concerne le franchissement longitudinal par conditions météorologiques
114
particulièrement défavorables : paradoxalement, on observe un maximum d'oiseaux à
Organbidexka.
Il paraît donc hasardeux de vouloir réaliser de façon économique le contrôle de la population
transpyrénéenne, au vu de la variation de l'échantillon.
5-22 La Bondrée apivore
5-221 Répartition
L'aire de répartition de la Bondrée apivore couvre une large zone s'étendant sur toute l'Europe
du Nord, vers l'Est jusqu'à la Sibérie occidentale (celle-ci comprise), et descendant vers le Sud
jusqu'à l'Espagne, l'Italie, la Turquie et le Nord de l'Iran. En Europe, elle se reproduit presque
partout au Nord du 38ème parallèle. (GENSBOL, 1988).
5-222 Migration
C'est un migrateur total transsaharien.
Les oiseaux finlandais et d'Europe orientale utilisent la voie orientale et traversent le
Bosphore.
Les bondrées du Nord-Ouest, de l'Ouest et d'Europe centrale passent par Gibraltar, l'Italie ou
Malte tandis que les oiseaux russes transitent par le Caucase (GENSBOL, 1988).
Une reprise béarnaise concerne un oiseau danois (BRIED, 1992).
On comprend donc que, comme pour le Milan noir, le choix de la direction principale de
migration n'est pas intimement lié à la provenance géographique.
Le suivi de la population, basé sur les dénombrements migrateurs à un point de concentration
ne peut donc s'effectuer qu'en cumulant les résultats obtenus sur les différents sites de
passages importants c'est à dire, pour les oiseaux ouest- et centre-européens, les goulets
migratoires pyrénéens et le Détroit de Messine (Gibraltar n'étant pas étudié actuellement).
5-223 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne
a) Répartition longitudinale du passage
115
Nous allons exploiter année après année les résultats du Programme TRANSPYR afin de
caractériser la réparation longitudinale du flux sur la chaîne pyrénéenne.
Année 1982
Passage longitudinal comparé du 28/08
au 2/09 exprimé en % du flux contrôlé
100,00%
0,00%
28- 29- 30- 31- 01- 02Albère
Soule
Cize
Aoû Aoû Aoû Aoû Sep Sep
s
Lindux
Sare
Ce diagramme nous présente les
modalités du passage pendant la période de migration la plus importante.
Le 28 août, l'Est de la chaîne est encore encombré par la traîne suivant une perturbation. A
l'Ouest, l'installation de conditions anticycloniques se précise, mais une mer de nuages bas
persiste encore au piémont des reliefs les plus élevés explicitant l'importance des effectifs
enregistrés à Sare.
Le 29 août, le beau temps règne sur l'ensemble de la chaîne. Néanmoins, le passage oriental
n'est pas significatif, car gêné par la persistance dans un axe Nord-Est/Sud-Ouest de
conditions dépressionnaires agissant notamment sur le Sud de l'Allemagne, l'Autriche et la
Suisse. A l'Ouest, c'est le jour de rush. La cuvette de Sare est peu fréquentée, les sites plus
orientaux restant directement exploitables par les migrateurs.
Le 30 août, les conditions observées la veille persistent le matin, mais se détériorent par
l'Ouest avec l'arrivée d'un front froid. Le site de Lindux voit l'importance du flux qui le
survole décroître. A l'Est, le mouvement demeure imperceptible (importante masse nuageuse
sur la Suisse).
Le 31 août, il pleut presque toute la journée sur la Soule, à l'exception de quelques éclaircies
entre 12 et 15 heures TU. En Cize et à Lindux, l'éclaircie ne dure qu'une heure après 15
heures TU. A Sare, le passage est nul. A l'Est, malgré un ciel couvert, mais l'aide d'une forte
tramontane (absence de pluie), le passage est important.
Le 1er septembre, l'ensemble de la chaîne se dégage, excepté l'extrême-Est, encombré de
nuages bas. Les bondrées franchissent à l'Ouest les cols de passage les plus occidentaux.
L'importance du flux décelé à Lindux dépasse celui vu en Soule ; la Cize reste bouchée. Nous
ne disposons malheureusement pas de données à Lizarrieta qui nous permettraient préciser le
116
phénomène. A l'extrême Est, dans les Albères, les bondrées migrent en nombre sous un
plafond nuageux important et poussé par une forte tramontane.
Le 2 septembre, l'arrivée par l'Ouest d'une nouvelle nappe de stratocumulus accompagnée de
précipitations faibles mais persistantes, rend le passage quasi-nul à Lindux. En Soule, un
faible passage profite avant 14 heures TU de conditions encore convenables pour la
migration. A l'Est, le passage reste important, mais tend à s'estomper, phénomène classique
signalant la fin d'un rush.
On s'aperçoit qu'à l'Ouest, le flux se reporte sur l'un ou l'autre des sites selon que les
conditions météorologiques locales y soient favorables ou non ; l'essentiel du passage en
conditions optimales s'effectue par la Soule et le complexe valléen Valcarlos-Aldudes. On
constate également que des conditions météorologiques plus générales survenant bien en deçà
de la chaîne pyrénéenne (contexte général) peuvent conditionner le passage (exemple de
l'extrémité orientale de la chaîne). Nous ne disposons pas, pour cette année, de données sur la
partie centrale du massif.
Année 1983.
Les conditions météorologiques et le manque de données ne nous permettent de tirer aucune
conclusion en ce qui concerne la migration de la Bondrée apivore.
Année 1984.
Huit sites sont contrôlés à la date théorique du rush des 31 août, 1er et 2 septembre. En fait,
celui-ci a lieu du 29 août au 1 septembre, à Organbidexka du moins. Le graphique suivant
permet de visualiser assez précisément le passage relevé durant les jours suivis. Il serait
probablement hasardeux d'en tenter la généralisation aux deux journées précédentes.
117
Passage longitudinal comparé du 31/08
au 2/09 exprimé en % du flux contrôlé
90,00%
80,00%
70,00%
60,00%
31-Aoû
50,00%
01-Sep
40,00%
02-Sep
30,00%
20,00%
Littoral ouest
Sare
Lindux
Cize
Soule
Aure
Artigascou
0,00%
Ouest-Canigou
10,00%
Le 31 août, les conditions
météorologiques sont excellentes sur l'ensemble de la chaîne. Les oiseaux migrent en masse
par la Soule, peu par Lindux et pratiquement par la Cize.
Le 1er septembre, le flux en Soule reste important tandis que celui de Cize augmente en
pourcentage devançant le flux observé à Lindux ; ceci est à mettre en relation avec un violent
vent de Sud soufflant sur Lindux, qui incite les oiseaux à l'Ouest de la Soule à passer par la
Cize. Les mouvements notés sur les autres sites demeurent négligeables.
Le 2 septembre, une forte tempête de Sud balaye l'ensemble du Pays Basque. En Soule,
plusieurs cols de basculement sont bouchés par le brouillard à partir de 12 heures TU. Les
oiseaux dérivent vers les sites plus occidentaux dont l'altitude moins élevée les rend moins
encombrés.
Le phénomène de report sur les sites dont le franchissement reste plus facile en cas de
difficultés météorologiques, est mis en évidence. Des conditions favorables régnant en tout
lieu entraînent la prédominance de l'exutoire souletin.
Année 1985.
Le Transpyr Bondrées des 29, 30 et 31 août englobent, cette année, l'un des pics de migration
de l'espèce. La situation météorologique demeure stable durant ces trois jours.
118
Passage longitudinal comparé sur l'ensemble de la
chaîne du 29/08 au 31/08 exprimé en % du flux contrôlé
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
Vallée duEyneArtigascouAure Ossau Soule Cize Lindux Sare
Tech
29-Aoû
30-Aoû
31-Aoû
On remarque
la faible importance des deux sites de la chaîne centrale ; de Sare et d'Eyne, durant les deux
premiers jours. Le 31 août, la tempête de vent de Sud soufflant sur l'Est du Pays Basque
augmente l'importance numérique relative du total de Sare.
Un suivi complet est effectué à l'Ouest du 28 août au 4 septembre permettant le recueil de
données intéressantes.
6000
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
5000
4000
3000
Total
2000
1000
04-Sep
03-Sep
02-Sep
01-Sep
31-Aoû
30-Aoû
29-Aoû
0
28-Aoû
Pourcentage
Passage longitudinal comparé du 28/08
au 4/09 à l'ouest de la chaîne, exprimé en
% du flux contrôlé
Les 28 et le 29 août alors qu'un
fort vent de Sud s'oppose à leur progression en Soule et Cize, les bondrées profitent de
meilleures conditions aérologiques régnant sur Lindux pour migrer en grand nombre.
119
On notera toutefois que la Soule reste assez bien fréquentée.
Les 30, 31 août et 1er septembre, des masses nuageuses importantes couvrent les vallées des
Aldudes, Valcarlos et bouchent totalement la Cize. Ces conditions favorisent le passage par
la Soule.
Le 2 septembre, un fort vent de Sud soufflant simultanément sur les trois sites confirme la
prédominance de la Soule par conditions météorologiques similaires.
Enfin, les 3 et 4 septembre, c'est un temps uniformément couvert (avec peu de vent) qui règne
sur le Pays Basque ; la tendance précédemment relevée se confirme.
Année 1986.
Dates
Eyne
Andorre
ouest
Vallée
d'Ossau
Soule
Cize
Lindux Artzamendi Lizarrieta
29-Aoû
2913
9
2279 1080
54
30-Aoû
1471
24
756
2255
350
31-Aoû
1714
54
745
14
118
01-Sep
1406
0
569
3738
527
1109
02-Sep
489
63
683
162
190
03-Sep
510
27
546
144
34
04-Sep
545
374
91
1652
26
11
0
Amorcée franchement le 28 août à Eyne avec 711 oiseaux, la migration des bondrées,
contrariée à l'Ouest par des conditions météorologiques qui obstruent les cols de passage, ne
débute vraiment dans cette partie de la chaîne que le lendemain et sous une pluie fine.
A Eyne, 9769 oiseaux sont comptabilisés du 28 août au 4 septembre ; le passage est régulier
(top jour à 2913 oiseaux).
A l'Ouest, par contre, la migration est perturbée par un blocage des cols basques le 31 août :
Profitant de conditions météorologiques plus favorables, 745 oiseaux migrent par la vallée
d'Ossau. En cas de similitudes des conditions météorologiques, la Soule confirme sa meilleure
perméabilité.
120
Il existe donc une possibilité de franchissement important par des hautes vallées pyrénéennes
en cas de blocage occidental. Nous manquons malheureusement en cette année 1986, des
données supplémentaires nous permettraient de quantifier ce phénomène.
Année 1987
Un suivi est effectué sur 5 sites du 26/08 au 4/09, englobant les pics de migration de l'espèce.
100%
0%
10000
26-Aoû
27-Aoû
28-Aoû
29-Aoû
30-Aoû
31-Aoû
01-Sep
02-Sep
03-Sep
Soule
Lindux
Cize
Forge Del Mitg
Eyne
Total
04-Sep
Le 26 août marque le début de la migration des bondrées. L'Ouest de la chaîne représente
l'intégralité du mouvement, et ce malgré un fort vent de Sud. Les vallées de Soule et de Cize
voient passer la plus grande partie d'un flux néanmoins faible. A Lindux, les oiseaux se
lancent dès que le vent tombe. Sur l'Est, un violent vent de Sud-Ouest empêche le passage des
rapaces.
Le 27 août, le temps reste couvert sur l'Ouest. La Cize est bouchée pendant la quasi-totalité de
la journée. A l'Est, les oiseaux anticipent l'arrivée du brouillard pour migrer en matinée.
Le 28 août, à l'Ouest, les bondrées font route préférentiellement par la Cize à partir de 12
heures TU afin d'éviter les importantes masses nuageuses présentes sur la Soule. De
mauvaises conditions règnent à Lindux où les vallées de Valcarlos et des Aldudes, bouchées,
ne permettent le franchissement que de peu d'oiseaux. A l'Est, persiste un très beau temps
qu'accompagne un vent du Nord-Est moyen : il aide plus de la moitié des oiseaux à traverser
la chaîne.
Le 29 août, les conditions météorologiques s'améliorent en Soule ainsi que sur l'ensemble du
Pays Basque. La Cize, aux vallées mal orientées, retrouve son rang habituel dans l'échelle du
franchissement Ouest-pyrénéen. A l'Est, lendemain de fort passage, les effectifs sont modérés
malgré des conditions correctes du point de vue de la migration.
121
0
Total
Pour
centa
ge
Passage longitudinal comparé du 26/08 au 4/09 exprimé en % du flux contrôlé
Le 30 août, la Soule est l'objet d'une influence orageuse, particulièrement marquée à l'Est, dès
12 heures TU. Le mouvement s'accentue par Lindux, plus éloigné des foyers de l'activité
orageuse. Peu d'oiseaux en Cize. A l'Est, un vent moyen de Sud-Ouest à Ouest inhibe la
migration, d'autant plus que les conditions sont également orageuses.
Le 31 août, le report entre l'Est et l'Ouest reste identique (peu d'oiseaux à l'Est) ; la situation
météorologique générale demeure similaire. A l'Ouest, un ciel d'abord dégagé, devient
orageux par la suite. Le pourcentage plus élevé noté en Cize s'explique par un déclenchement
de l'activité orageuse dès 14 heures TU à Lindux accompagné d'averses de grêle, et par un
orage important centré sur la Soule entre 13 et 15 heures TU ; l'essentiel de l'effectif de Cize
est contacté dans cette tranche horaire.
Le 1er septembre, aucun changement perceptible sur l'ensemble de la chaîne. A l'Ouest, les
conditions météorologiques sont similaires, et le site de Lindux reprend son importance
relative.
A partir du 2 septembre, les conditions à l'Ouest de la chaîne se détériorent progressivement
par l'entrée maritime d'une onde dépressionnaire. Seule la Soule permet encore un passage
significatif entre les masses de nuages stratiformes qui couvrent l'ensemble des reliefs et
obstruent les cols de sortie. A l'Est, par contre, alors que le ciel est couvert, les nuages restent
trop élevé pour gêner trop considérablement la migration. Plus de 6000 bondrées sont
observées en trois jours.
Il s'avère donc que le report entre les sites se fait non seulement au niveau local (Pays
basque), mais également au niveau régional (Pyrénées), au gré des conditions
météorologiques locales et régionales.
122
Année 1988
100%
5000
90%
4500
80%
4000
70%
3500
60%
3000
50%
2500
40%
2000
30%
1500
20%
1000
10%
500
Lindux
Lizarrieta
Organbidexka
Eyne
Total
0
29-Aoû
30-Aoû
31-Aoû
01-Sep
0%
Est-Canigou
Total
Pourcentage
Passage longitudinal comparé du 29/08
au 1/09 exprimé en % du flux contrôlé
Cette première année de suivi complet sur 5 sites confirme les phénomènes de report lié aux
conditions météorologiques.
Le 29 août, les cols de franchissement occidentaux demeurent complètement bouchés. A
Organbidexka, quelques oiseaux profitent d'arrêts momentanés de la pluie pour migrer. A
Eyne, par contre, les conditions de migration sont correctes. A l'Est du Canigou, malgré une
pluie légère, nous notons quelques oiseaux.
Le 30 août voit se développer une amélioration du temps à l'Ouest, où les bondrées migrent en
masse. On remarque l'importance relative inhabituelle des sites de Lindux et Lizarrieta. En
effet, une forte tempête de Sud-Ouest souffle à Organbidexka, conduisant une grande partie
des oiseaux à éviter ce site pour dériver vers les sites plus occidentaux. Le vent y est moins
violent et l'altitude des cols de passages moins élevés. A l'Est, un vent de Sud-Ouest moyen
inhibe la migration.
Le 31 août, un brouillard total règne sur le Pays basque, excepté dans l'après-midi à
Lizarrieta, ce qui permet d'expliquer le report des oiseaux dans sa direction. A l'Est, des
conditions météorologiques plus favorables alimentent un mouvement important par Eyne.
123
Le 1er septembre, les deux sites d'Organbidexka et Lindux voient migrer plus de 95% de
l'effectif malgré un fort vent de Sud. Les oiseaux forcent le passage car il n'existe pas
d'échappatoires par Lizarrieta alors en plein brouillard.
La journée du 2 septembre marque une nouvelle détérioration des conditions
météorologiques. A l'Est, souffle un vent de Sud-Ouest fort qui empêche le déplacement des
oiseaux.
On comprend mieux, que non seulement les conditions de nébulosité et les
précipitations(brouillard, pluie,...) influent sur le franchissement, mais également que les
conditions de vent (qui suivant sa direction et sa force) peuvent dérouter ou stopper la
progression des oiseaux (voir chapitre 4-222a).
Répartition longitudinale du passage en 1988
Artzamendi
4%
Organbidexka
33%
Lindux
33%
Lizarrieta
8%
Eyne
18%
Est-Canigou
4%
La
faible
importance des sites d'Artzamendi, Lizarrieta et Est-Canigou (extrémité occidentale et
orientale de la chaîne) est dans ce diagramme immédiatement perceptible.
Année 1989
124
Passage longitudinal comparé du 28/08
au 1/09 exprimé en % du flux contrôlé
100,00%
4000
90,00%
3500
80,00%
Port
d'Aula
3000
70,00%
60,00%
2500
50,00%
2000
40,00%
1500
Lizarrieta
1000
Eyne
500
Organbide
xka
30,00%
20,00%
10,00%
Artzamen
di
0
28-Aoû
29-Aoû
30-Aoû
31-Aoû
01-Sep
0,00%
Total
Pourcentage
Lindux
Total
Le 28 août, les bondrées migrent massivement par Lindux. Une couverture nuageuse
importante chapeautant Organbidexka perturbent la création d'ascendances thermiques ; un
léger vent de Nord-Est ne produit que des ascendances de pente non-favorables : les oiseaux
préfèrent utiliser des cols de passage moins élevé.
Le 29 août, les oiseaux approchant la Soule sont déviés par un vent d'Est moyen, et passent en
masse par Lindux où le vent est orienté au Nord-Est, par conséquent plus favorable.
Le 30 août, un léger vent de Sud pousse des bancs de stratus épais qui bloquent les cols de
passage souletins. A Lindux, un léger vent de Sud et le manque de portance est manifeste.
Une partie importante des oiseaux préfèrent migrer par Artzamendi où règnent de meilleures
conditions. Le glissement du flux persiste vers l'Ouest.
Le 31 août, l'Ouest du Pays basque (jusqu'à Lindux) baigne dans un brouillard humide et
total. La quasi-totalité du flux se porte sur la Soule, où malgré quelques averses, un ciel
totalement couvert et un vent de Nord-Ouest léger, les conditions sont meilleures puisque les
cols de franchissement sont dégagés aux heures chaudes.
Le 1er septembre, le contexte météorologique s'améliore légèrement, mais l'essentiel du flux
se concentre sur Eyne où les conditions, même si elles ne sont pas très favorables n'en restent
pas moins les meilleures.
Le phénomène de report est confirmé pour les sites de l'Ouest de la chaîne.
125
Répartition longitudinale des effectifs en 1989
Lindux
25%
Organbidexka
38%
Lizarrieta
3%
Port d'Aula
6%
Eyne
28%
On notera la faiblesse des effectifs recensés à Lizarrieta et à Port d'Aula en Ariège : ils
n'atteignent pas 10% de l'effectif journalier.
Année 1990
Passage longitudinal comparé du 28/08 au 3/09 exprimé
en % du flux total contrôlé
7000
100%
6000
Eyne
5000
Plateau de Beille
60%
4000
40%
3000
2000
20%
Total
Pourcentage
80%
Lindux
Port d'Aula
Lizarrieta
1000
03-Sep
02-Sep
01-Sep
31-Aoû
30-Aoû
29-Aoû
0
28-Aoû
0%
Organbidexka
Total
Le 28 août, le beau temps règne sur l'ensemble de la chaîne. La répartition du flux occidental
demeure conforme à celle des années précédentes. A l'Est, les conditions météorologiques ne
sont pas très favorables avec un léger vent de Sud-Sud-Ouest et une couverture nuageuse
basse de stratocumulus. En chaîne centrale, les bondrées migrent par Port d'Aula.
Le 29 août, un temps couvert avec quelques petites pluies éparses sur l'Ouest de la chaîne
n'empêche pas le passage des oiseaux. A Eyne, le vent est toujours orienté au Sud-Sud-Ouest
avec une couverture nuageuse nettement plus dense que la veille.
Le 30 août, des pluies abondantes sur l'Ouest, s'atténuant progressivement vers l'Est
provoquent une cessation de l'activité migratoire sur le Pays Basque. Celle-ci reste très
modérée sur le reste de la chaîne avec seulement 72 oiseaux dénombrés à Eyne par vent de
126
Sud-Sud-Ouest et couverture nuageuse importante. Quelques bondrées franchissent les
Pyrénées en chaîne centrale.
Le 31 août, l'amélioration est générale ; l'Est de la chaîne se dégage plus franchement,
provoquant une augmentation relative du passage oriental. La chaîne centrale est peu
fréquentée.
Le 1er septembre, la présence d'une dépression centrée sur le Golfe de Gascogne fait sentir
ses effets à l'Ouest. La Soule est en plein brouillard. Les bondrées migrent plutôt par Lindux
et Lizarrieta. A l'Est par contre, le ciel reste dégagé à l'exception de la fin de journée. Malgré
une nébulosité moins conséquente qu'à l'extrémité occidentale, on n'observe pas
d'augmentation de la migration sur la chaîne centrale.
Le 2 septembre, retour de conditions anticycloniques généralisées, avec néanmoins une
persistance de brouillard sur la Soule durant une partie de la matinée. Le passage se reporte
sur Lindux et Lizarrieta. A Eyne, le beau temps permet la migration de nombreux oiseaux.
Aucune augmentation sensible en chaîne centrale.
Le 3 septembre voit la persistance des conditions établies la veille. Malgré tout, le flux
demeure faible, cela en relation avec l'épuisement des stocks d'oiseaux au Nord. On note
néanmoins une nette augmentation du passage par les Pyrénées centrales liée à des conditions
météorologiques défavorables à Eyne où souffle un vent de Sud-Ouest.
On observe donc, lorsque les conditions météorologiques sont défavorables sur l'Ouest de la
chaîne, un report net sur la partie Est de celle-ci (principalement à Eyne).
127
Répartition longitudinale du passage en 1990
Plateau de
Beille
4%
Lindux
19%
Port d'Aula
3%
Organbidexka
29%
Lizarrieta
4%
Eyne
41%
Les trois sites
d'Eyne, Organbidexka et Lindux sont préférentiellement utilisés. Les autres ne produisent pas
de totaux significatifs.
Conclusion :
Nous pouvons dire que les sites d'Eyne, Organbidexka et Lindux constituent les principales
possibilités de traversées transpyrénéennes. En dehors de ces trois goulets migratoires existent
des passages marginaux qui peuvent être exploités comme exutoires de secours, mais qui ne
représentent jamais un pourcentage important du flux d'ensemble.
b) Phénologie saisonnière
Effectif journalier
24-Oct
19-Oct
14-Oct
09-Oct
04-Oct
29-Sep
24-Sep
19-Sep
14-Sep
09-Sep
90000
80000
70000
60000
50000
40000
30000
20000
10000
0
04-Sep
30-Aoû
25-Aoû
20-Aoû
15-Aoû
10-Aoû
05-Aoû
31-Jul
26-Jul
21-Jul
18000
16000
14000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
Effectif décadaire
Effectif journalier
Phénologie saisonnière de la B ondrée apivore
Effectif décadaire
Données obtenues sur les sites suivis au moins du 15 août au 20 septembre. N=174921.
La période de migration est très réduite puisque plus de 90% des effectifs migrent du 15 août
au 15 septembre avec un maximum dans la troisième décade d'août. On observe néanmoins
128
un passage important dans la première décade de septembre, constitué en grande partie
d'oiseaux de première année.
c) Phénologie horaire
Phénologie horaire de la Bondrée apivore
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
Effectif
Vols
5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Heures TU
Données
obtenues sur les sites suivis toute la journée. N=244457, Nvols=32240.
Profil typique de planeur avec un maximum à 12 et 13 heures TU. La bondrée exploite
néanmoins ses possibilités de vol battu pour migrer tôt dans la matinée ou tard le soir. A
l'heure où le soleil se couche, on la voit se regrouper parfois en vols importants avant de
s'établir en dortoir.
5-224 Evolution interannuelle
45000
40000
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
18000
16000
14000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
Total
Total par site
Total cumulé
Evolution interannuelle des effectifs recensés
Organbidexka
Eyne
Lizarrieta
Lindux
1990
Faible importance du site de Lizarrieta dans le total général. On observe à Organbidexka une
grande variation des effectifs recensés, tout en percevant également l'importance que peuvent
129
prendre les sites de Lindux et Eyne qui constituent des sites de report, voire des sites
préférentiels selon le contexte météorologique.
On connaît également les importantes variations de la productivité des couples qui dépend des
conditions météorologiques de la fin du printemps et de l'été (KOSTRZEWA, 1989) (les
oiseaux reviennent de leurs quartiers hivernaux au mois de mai).
5-225 Conclusion
La Bondrée apivore fait l'objet d'un suivi de qualité durant le franchissement transpyrénéen à
partir de trois sites : Eyne, Organbidexka et Lindux canalisent l'essentiel du flux.
Le suivi devra être effectué du 15 août au 25 septembre et de 6 à 18 heures TU.
Malheureusement, nous ne connaissons qu'approximativement l'origine des oiseaux
transpyrénéens. Il semble donc difficile de monitorer précisément l'espèce.
Le regroupement des informations au niveau européen (Détroit de Messine, Bosphore)
permettrait toutefois de contrôler les variations de la population Ouest-européenne.
On notera que cette espèce, de part les aléas de sa reproduction, reste soumise à des variations
inter-annuelles d'effectifs considérables. Une appréciation à court terme nécessite l'étude
systématique et précise de l'âge-ratio comme cela a été fait à Falsterbo en Suède (KJELLEN,
1988 & 1989).
5-23 Le Circaète Jean-le-Blanc
5-231 Répartition
Le Circaète possède une aire de répartition actuellement décomposée en quatre secteurs par
suite d'un effondrement drastique des effectifs. Une première zone se compose de la partie
occidentale de l'ex-URSS et de l'Est de la Pologne. La seconde s'étend sur les Balkans
englobant l'ensemble de la Turquie. Une troisième englobe les pays du Maghreb. Enfin, le
périmètre Ouest-européen comprend la moitié Sud de la France, les zones côtières et l'arc
alpin italiens et enfin l'Espagne (GENSBOL, 1988).
5-232 Migration
130
C'est un migrateur total transsaharien dont les déplacements d'automne restent méconnus.
Les voies de migration du Circaète conduisent les effectifs orientaux à franchir le Caucase et
le Bosphore en nombre important avant de gagner leur zone d'hivernage du sous-continent
indien (CRAMP & SIMMONS, 1980).
Les effectifs italiens sont supposés traverser le Détroit de Messine, en direction de la Tunisie.
On peut raisonnablement penser que les effectifs français et peut-être ceux du Nord de l'Italie
empruntent l'itinéraire transpyrénéen. Quelques individus sont toutefois notés en Corse et en
Sardaigne. Un individu bagué en Silésie a fait l'objet d'une reprise dans le département de la
Loire (BERNIS, 1966).
L'importance du dénombrement transpyrénéen prend valeur d'évidence : il concerne la quasitotalité des effectifs européens exceptés ceux en provenance d'Italie et de la Péninsule
ibérique.
5-233 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne
a) Répartition longitudinale du passage
Nous avons conservé le calcul effectué pour les cigognes afin de mieux apprécier les
modalités du franchissement longitudinal transpyrénéen. Les réserves exprimées au chapitre
5-1 s'appliquent également ici.
Forge del
Eyne
Mitg
Journées
Pyrénées
Port
Plateau de Organbide
centrales
d'Aula
Beille
Cize
Lindux Artzamen Lizarrieta Ibardin
xka
di
96
251
62
109
27
620
57
249
59
187
4
94
3661
7
70
93
747
15
239
11
125
0
6,46
2,47
10,00
5,69
22,96
1,00
10,88
2,49
10,51
3,32
155,00
607
9043
70
398
2136
747
163
595
116
414
0
4,25%
63,29%
0,49%
2,79%
14,95%
5,23%
1,14%
4,16%
0,81%
2,90%
0,00%
d'observation
Effectif contacté
Coefficient
multiplicateur
Total théorique
%
131
Pour simplifier la présentation, nous avons regroupé les observations provenant des différents
sites d'une même vallée. Nous avons procédé à l'identique pour les sites centro-pyrénéens de
faible importance situés entre Eyne et Organbidexka, mais différents de ceux de Port d'Aula et
Plateau de Beille en Ariège.
Pyrénées centrales : Ossau, Aspe, Vicdessos, Haute-Ariège, Haut-Couserans, Vallée d'Aure,
Pierre Saint-Martin et Andorre-Ouest.
Forge Del Mitg : Forge Del Mitg, Baynat d'en Galagau et Lamanère.
Artzamendi : Artzamendi et Iparla.
Les journées d'observation correspondent à celles effectuées entre le 15/08 et le 10/10,
période de passage "normale" du Circaète Jean-le-Blanc, de 1981 à 1990.
Ibardin
Lizarrieta
Artzamendi
Lindux
Cize
Eyne
Pyrénées
centrales
Port d'Aula
Plateau de
Beille
Organbidexka
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
Forge del Mitg
Répartition longitudinale théorique du passage du
Circaète Jean-le-Blanc
On comprend l'importance primordiale du site d'Eyne pour la migration de l'espèce avec 63%
du passage théorique. Seul le site du Plateau de Beille dépasse par ailleurs les 10%.
Hormis ce site et son voisin de Port d'Aula, les Pyrénées centrales semblent évitées.
Le survol de l'Ouest de la chaîne ne représente qu'une portion minime du total (14,24%) ce
qui ne semble pas étonnant au vu de la répartition géographique des effectifs potentiellement
transpyrénéens.
La répartition longitudinale établie à partir des données recueillies en 1990, seule dont pour le
Plateau de Beille, précise le rôle de ce lieu de passage.
132
Son appréciation part du calcul théorique du nombre de Circaètes traversant ce site, en
prenant comme référence les sommes des effectifs observés à Eyne. Cette extrapolation nous
est dictée par un manque d'informations : nous ne possédons pas une couverture absolue de la
période principale de migration du Circaète.
Sur un total de 18 jours étudiés simultanément, 207 oiseaux sont contactés à Eyne pour 93 au
Plateau de Beille soit un rapport de 2,26. Par une simple opération (division du chiffre "Eyne"
par ce ratio), nous obtenons pour chaque jour non-observé en Ariège le nombre théorique de
circaètes qui ont franchi les Pyrénées par le Plateau de Beille.
Lorsqu'en fin de période, deux jours sont suivis sur le Plateau de Beille, mais pas à Eyne nous
effectuons donc le calcul inverse.
L'estimation finale propose le chiffre de 795 Circaètes en migration par Eyne, contre 353 par
le Plateau de Beille.
Il est bien évident que le total "Plateau de Beille" est surestimé : il n'est pas tenu compte des
phénomènes météorologiques qui ont pu, certains jours non-observés, rendre infranchissable
le site (nous ne disposons pas non des données météo du Plateau de Beille). Nous considérons
également comme préalable la simultanéité du passage sur les deux sites. Néanmoins, cette
estimation nous permet de mieux apprécier l'importance de ce site pour la migration de
l'espèce, au moins en 1990.
Répartition longitudinale théorique du passage en 1990
Plateau de Beille
25%
Lizarrieta Organbidexka
3%
7%
Port d'Aula
2% Lindux
6%
Eyne
57%
L'importance des deux goulets migratoires principaux est éloquente. Les autres sites ne voient
qu'un passage très marginal.
133
134
b) Phénologie saisonnière
Données obtenues de 1981 à 1990 sur les sites suivis au moins du 1 août au 10 octobre.
N=4410.
Migration étalée sur près de deux mois (du 15 août au 10 octobre) pour l'essentiel du flux
avec une concentration du passage durant la deuxième quinzaine de septembre et une légère
reprise dans les premiers jours d'octobre.
Les informations en provenance d'Eyne montrent un pic de migration très brutal et demeurant
relativement fixe à Eyne (entre le 20 et 24 septembre).
L'extrême difficulté à identifier les individus juvéniles (voir chapitre 4-24) rend caduc un
complément de monitoring établi sur une différenciation certaine entre jeunes et adultes. On
note les observations régulières de groupes constitués de trois oiseaux dont l'un est
incontestablement juvénile.
135
c) Phénologie horaire
Phénologie horaire du Circaète Jean-le-Blanc
Effectif
Vols
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
700
600
500
400
300
200
100
0
Heures TU
Données
obtenues sur les sites suivis sur toute la journée de 1981 à 1990. N=4475, Nvols=2855.
Passage insolite avec maxima à 14 heures TU. Le "creux" de 11 heures TU pourrait être
imputable à une halte migratoire en relation avec le régime alimentaire particulier de l'espèce
: de nombreux oiseaux sont observés, une queue de serpent dépassant du bec, ou chassant aux
heures les plus chaudes.
5-234 Evolution interannuelle des effectifs
Evolution interannuelle des effectifs
1050
800
700
600
950
500
900
400
300
850
200
800
Total
Effectif par site
Effectif cumulé
1000
Organbidexka
Eyne
Lizarrieta
Lindux
100
0
750
198 198 198 198 198 198 198 198 198 199
1 2 3 4 5 6 7 8 9 0
Cette période de trois ans est évidemment bien faible pour espérer en tirer quelque conclusion
que ce soit. Toutefois, alors qu'on assiste à une stabilité de l'effectif sur Organbidexka et
Lizarrieta, Eyne et Lindux voient quant à eux une évolution positive.
5-235 Conclusion
136
Le suivi des niveaux d'abondance du Circaète Jean-le-Blanc peut être effectué par le contrôle
des deux sites principaux d'Eyne et du Plateau de Beille, durant la période comprise entre le
25 août et le 10 octobre de 8 à 17 heures TU.
Néanmoins, dans l'optique de déceler les variations qui affectent peut-être la population du
Sud-Ouest de la France, le suivi des sites d'Organbidexka et Lindux se laisse envisager.
5-24 Le Milan royal
5-241 Répartition
L'aire de répartition de la sous-espèce nominale "milvus", concernée par notre étude (la sousespèce "fasciicauda" vit dans les îles du Cap Vert) se limite presque exclusivement à l'Europe.
Une grande partie des effectifs nicheurs non-ibériques se reproduit de part et d'autre d'une
ligne orientée Nord-Est/Sud-Ouest reliant le Sud de la Suède et le Sud-Ouest de la France.
Les autres parties sont originaires de Pologne et de Lettonie, Lituanie, Biélorussie et Ukraine.
Quelques dizaines d'individus peuplent également l'Autriche, la Hongrie, la Roumanie et l'exYougoslavie.
L'espèce niche également en Italie, en Espagne et au Portugal.
Elle est présente au Maghreb, en nombre limité seulement (GENSBOL, 1990).
5-242 Migration
Le Milan royal est un migrateur partiel qui hiverne principalement dans l'Ouest du
paléarctique (CRAMP & SIMMONS, 1980).
Moins d'une dizaine de Milans royaux migrent en automne par le Détroit du Bosphore (du
13/08 au 8/10 1971) (ACAR, BEAMAN & PORTER, 1977). BIJLSMA (1981) dénombre 11
migrateurs durant l'automne 1981 à Suez en Egypte.
Peu d'individus sont observés franchissant le Détroit de Messine en direction du Cap Bon. A
Gibraltar, ce sont 24 à 103 individus qui sont comptés à l'automne (BERNIS, 1980).
137
L'utilisation des voies Est- et centre-européenne reste donc très restreinte.
Les reprises de bagues montrent par ailleurs de façon éclatante cette prépondérance du couloir
Ouest-européenne (BERNIS, 1974, 1980 ; GEROUDET, 1978 ; CRAMP & SIMMONS, 1980
; STUBBE, 1982, SCHONFELD, 1984).
Quelques reprises sont néanmoins signalées par ces auteurs en Grande-Bretagne, Autriche,
Italie, Sicile, Sardaigne, Roumanie et Balkans. Enfin, les mouvements migratoires observés
dans le Harz, en Allemagne, sont orientés Sud-Ouest (MEINEKE & GATTER, 1982).
Les données dont nous disposons et qui concerne l'hivernage au Nord des Pyrénées sont
malheureusement assez anciennes. On note en plein hiver des oiseaux en Suède
(ULFSTRAND, 1970), R.F.A. (ORTLIEB, 1982 ; WUTTKY et al., 1982) et en Suisse
(JUILLARD, 1973, 1977).
Néanmoins, la principale région d'hivernage située au Nord des Pyrénées reste la France et
principalement le piémont pyrénéen occidental où les derniers recensements donnaient une
estimation de 1000 à 1500 individus (SAGOT, in YEATMAN-BERTHELOT, 1991).
Les effectifs hivernants en Lorraine, Champagne, en Bourgogne, dans le Rhône, l'Auvergne,
la Franche-Comté sont beaucoup plus faibles et irréguliers. Ils sont estimés à 200/400
individus (RIOLS, in litt.).
5-243 Modalités du franchissement de la chaîne pyrénéenne
a) Répartition longitudinale du flux transpyrénéen
Nous reprenons les calculs théoriques élaborés aux chapitres cigognes et Circaète Jean-leBlanc.
138
Pyrénées Organbi
centre dexka
Central Organbi
Pyrenees
dexka
Lindux
Pyrénée Artzamendi Lizarrieta WLizarrie
s est
ta
Lindux Eastern Artzamendi Lizarrieta West of
Pyrenee
Lizarrieta
s
Total observé
139
49501
17227
215
203
15652
884
Jours
d'observation
191
883
489
242
19
388
84
Coefficient
multiplicateur
4,623
1
1,8057 3,6488
46,47368
2,2758
10,5119
Total
théorique
642,6
49501
31107 784,48
9434,158
35620 9292,524
Ces dénombrements se rapportent à la période du 15/09 au 10/11, époque à laquelle migre la
plupart des Milans royaux transpyrénéens.
Répartition longitudinale théorique du passage du
Milan royal
35,00%
30,00%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
Pyrénées est
Pyrénées
Organbidexka
LinduxArtzamendi
Lizarrieta
WLizarrieta
centre
On
perçoit
immédiatement la prépondérance du Pays Basque dans le partage du flux transpyrénéen ; le
reste de la chaîne ne représente pas un 1% du total théorique.
A l'Ouest, trois sites regroupent l'essentiel du mouvement pour plus de 85% du flux théorique.
Déjà en 1902, MIEGEMARQUE observe des bandes regroupant 50 à 100 Milans royaux dans
le département des Basses-Pyrénées.
HAINARD (1950) signale un passage par Gavarnie.
139
D. et E. LACK (1953) le notent à leur tour sur l'ensemble de la chaîne, mais n'effectuent que
peu ou pas de suivi sur la partie occidentale au mois d'octobre. L'exploitation quantitative de
leurs données difficiles en devient particulièrement délicate.
ASHMOLE, BROWN & CAMPBELL (1957) voient migrer 37 oiseaux par Gavarnie en
quinze jours d'observation.
Enfin, VIGNES (1981, in litt.), se basant sur ses propres observations menées à Biarritz du
4/10 au 15/11, et de l'aube à 13 heures, conclut à un flux moyen d'une centaine d'oiseaux.
L'exploitation de nos données permet de préciser la répartition longitudinale du flux, ainsi que
la concentration opérée sur l'Ouest de la chaîne pyrénéenne (Analyse des effectifs réels
contactés à partir des sites bénéficiant d'une couverture suffisante, c'est à dire suivi au moins
du 15/09 au 10/11).
Année 1987
Seuls Eyne, Organbidexka et Lindux font l'objet d'un suivi sur l'ensemble de la période
considérée.
Répartition longitudinale du passage en 87
Lindux
33%
Eyne
0%
Organbidexka
67%
Ce diagramme
confirme la prépondérance d'un flux survolant l'Ouest de la chaîne. On s'aperçoit que cette
année-là, il est passé environ deux fois plus de Milans royaux à Organbidexka qu'à Lindux.
Année 1988
Cinq sites sont étudiés simultanément.
140
1988
0%
26%
39%
1%
34%
Confirmation de l'importance du franchissement occidental : les deux sites orientaux ne
totalisent pas 2% du flux total contrôlé. En Pays Basque, Organbidexka, suivi de Lizarrieta,
concentrent une forte proportion du mouvement migratoire.
Année 1989
1989
24%
Organbide
xka
1%
43%
Eyne
Lizarrieta
31%
1%
Lindux
Port d'Aula
141
Analyse des résultats identiques à la précédente. Les observations réalisées en chaîne centrale
montrent le faible intérêt qu'exerce ce secteur sur le Milan royal. Il en est de même pour le
site d'Eyne.
Année 1990
1990
23%
0%
0%
44%
33%
La prépondérance de l'extrémité occidentale des Pyrénées est acquise définitivement. On
observe toutefois une différence dans la répartition du flux. Si Organbidexka concentre
toujours le maximum des oiseaux, cette année, c'est Lindux qui occupe la deuxième place
dans les zones de franchissement des Milans royaux.
L'explication de ce phénomène réside dans l'étude des contextes météorologiques qui ont
régné durant la période du 15/09 au 10/11 en 1988, 1989 et 1990, corrélé à la variation
interannuelle du nombre d'heures où les conditions météorologiques sont potentiellement
favorables à la migration du Milan royal (heures de passage principal, soit de 6 à 17 heures
TU).
142
Evolution interannuelle du pourcentage de chaque site
dans le passage du Milan royal
50
40
30
20
10
0
1988
Organbidexka
1989
Lindux
1990
Lizarrieta
Evolution interannuelle du pourcentage relatif de
chaque site dans le total des heures favorables à la
migration du Milan royal
40,00%
35,00%
30,00%
25,00%
1988
Organbidexka
1989
Lindux
1990
Lizarrieta
Au vu des
deux graphiques précédents, un phénomène de report particulier s'exerce entre Lindux et
Lizarrieta.
En 1988 et 1989, le pourcentage des heures favorables reste stable à Lindux, mais décroît
nettement à Lizarrieta au profit d'Organbidexka qui voit sa part "pourcentage du passage"
augmenter nettement.
De 1989 à 1990, le pourcentage d'heures favorables augmente à Lindux de même que sa part
dans le passage total. A Lizarrieta, alors que le nombre d'heures favorables s'élève, le
pourcentage du passage faiblit.
Notre hypothèse est par conséquent la suivante : quand les conditions sont moins favorables à
Organbidexka, le site de Lindux bénéficie du report. Cette dérive occidentale se poursuit
143
jusqu'à Lizarrieta lorsque Lindux, à son tour, présente une situation gênant la progression des
milans.
La répartition constatée en 1988 et 1989 se confirme l'année suivante à Lindux, plus
fréquemment bloqué par le brouillard ou la pluie que les deux autres sites.
Il est bien évident que nous manquons de plusieurs années de recul afin d'étayer cette
hypothèse ; elle nous semble néanmoins la plus conforme à la réalité.
D'une manière générale, le passage transpyrénéen du Milan royal s'effectue principalement
par l'Ouest de la chaîne, même si des franchissements marginaux peuvent intervenir en
d'autres secteurs du massif.
En ce qui concerne la répartition occidentale du flux, le site préférentiel reste Organbidexka.
Lizarrieta et Lindux constituent les deux autres itinéraires principalement empruntés, même si
ce dernier demeure davantage soumis aux blocages météorologiques, précisément durant la
période du passage des Milans royaux.
b) Phénologie saisonnière
Effectif journalier
16000
14000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
20-Nov
13-Nov
06-Nov
30-Oct
23-Oct
16-Oct
09-Oct
02-Oct
25-Sep
18-Sep
11-Sep
04-Sep
28-Aoû
21-Aoû
14-Aoû
07-Aoû
31-Jul
24-Jul
17-Jul
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
Effectif décadaire
Effectif journalier
Phénologie saisonnière du Milan royal
Effectif décadaire
Données issues de site suivis au moins du 1/09 au 10/11. N=56517.
La période de migration s'étale de la fin août à la mi-novembre.
Les individus notés migrateurs à la mi-juillet ou avant le quinze août ne sont probablement
qu'erratiques. La confusion avec des oiseaux locaux reste possible (voir chapitre 4-24).
144
Nous avons délibérément choisi de ne pas rectifier ces informations afin d'illustrer ce
problème méthodologique, source d'erreur, dans l'attribution d'un statut de "migrateur"
certain.
La phénologie saisonnière se décompose en trois périodes de passage :
La première, bien déterminée, se situe à la fin septembre. Une seconde également bien définie
culmine aux alentours du 10 octobre, tout en se prolongeant (et reprenant légèrement) vers le
15 octobre. Enfin, du 20 octobre au 10 novembre se poursuit le mouvement, d'une manière
toutefois bien diffuse.
Il est regrettable de ne pas disposer des données d'oiseaux marqués afin de préciser la
signification tant géographique, que liée à une migration différenciée entre juvéniles et
adultes observées au cours de ces différentes vagues.
L'analyse de nos données d'âge-ratio devrait permettre de dissiper en partie certaines
incertitudes.
Néanmoins, il ne nous est pas possible de déterminer avec précision la provenance des
oiseaux constituant les différentes périodes de passage.
Plusieurs oiseaux présentant des décolorations des rémiges primaires ont toutefois été
observés. Nous n'avons aucune information quant au caractère anthropique de leur origine
(chapitre 4-24).
145
c) Phénologie horaire
Phénologie horaire du Milan royal
10000
8000
6000
4000
0
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
2000
Effectif
Vols
Heures TU
Données
obtenues sur les sites suivis une journée entière. N=59794, Nvols=18481.
Si la phénologie horaire des vols présente un profil typique de planeurs, on perçoit néanmoins
une dissymétrie dans celle des effectifs. Elle est à mettre au compte de la sociabilité des
Milans royaux, notamment en ce qui concerne la constitution des dortoirs. On note une
tendance marquée au regroupement à partir de 9 heures TU et ce, jusqu'à 16 heures TU.
5-244 Evolution interannuelle des effectifs
5000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
4000
3000
2000
Total par site
Effectif cumulé
Evolution interannuelle des effectifs
1000
0
1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990
Total
Organbi
dexka
Lizarriet
a
Lindux
146
Depuis 1981, nous assistons à une évolution progressive et régulière des effectifs contactés
depuis Organbidexka. S'il est encore trop tôt pour tirer de telles conclusions, les effectifs
contactés sur l'ensemble des trois sites basques sont restés stables durant les années 1988 à
1990.
5-245 Conclusion
Le Milan royal figure l'une des espèces dont le suivi de la migration active transpyrénéenne
comporte un intérêt capital dès lors que l'on désire contrôler la dynamique de ses populations.
La quasi-totalité de l'effectif européen migrateur emprunte, en effet, une voie étroite et
limitée, pour la plupart des oiseaux, au Pays basque.
Le statut migratoire "partiel" laisse toutefois un nombre non-négligeable d'individus en amont
des Pyrénées. D'autres sont purement et simplement sédentaires : on assiste du reste à un
renforcement de cette tendance.
Le dénombrement de l'effectif hivernant Nord-pyrénéen ne recèle aucune difficulté
particulière : les zones de regroupement bénéficient d'un bon niveau de connaissances. Le
suivi en est donc aisé. Cette somme des individus de chaque statut, migrateurs et sédentaires,
devrait permettre l'évaluation précise de la population européenne non-ibériques. Le rôle d'un
suivi transpyrénéen répond étroitement à cette option.
* * *
147
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