Recommandations de Jeunesse Canada Monde dans le cadre de l

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Recommandations de Jeunesse Canada Monde dans le cadre de l
Recommandations de Jeunesse Canada Monde dans le cadre de l’Examen 2016 de l’aide internationale du
Canada
CONTEXTE
JCM en bref
Le 18 mai 2016, l’honorable Marie-Claude Bibeau, ministre du
Développement international et de la Francophonie, a lancé une
consultation publique dans le cadre de l’examen de l’aide
internationale fournie par le Canada. L’examen de la politique et
du cadre de financement de l’aide internationale du Canada
servira de feuille de route pour l’élaboration d’une approche
recentrée sur l’aide aux personnes les plus pauvres et les plus
vulnérables, et le soutien des États fragiles, ainsi que sur
l’avancement de la mise en œuvre du Programme de
développement durable à l’horizon 2030. En accordant une
attention particulière aux femmes et aux filles, le gouvernement
du Canada entend appliquer une perspective féministe à toutes
ses activités associées à l’aide internationale.
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Jeunesse Canada Monde (JCM) est un
chef de file mondial du développement
de programmes d’éducation à l’étranger
pour les jeunes de 15 à 35 ans.
Fondé en 1971 en tant qu’organisme à
but non lucratif, JCM a mis sur pied des
programmes axés sur les jeunes en
partenariat avec des collectivités et des
partenaires institutionnels dans plus de
six pays en Afrique, en Asie, en
Amérique, dans les Caraïbes et en
Europe centrale et orientale.
En participant aux programmes de JCM,
plus de 38 000 jeunes du Canada et du
monde entier ont acquis des
compétences et des habiletés liées au
leadership, à la compréhension
interculturelle, à la communication, à la
résolution de conflits et à la pensée
critique, afin de vivre et de travailler
dans un contexte international.
Depuis 45 ans, JCM offre l’occasion à des jeunes femmes et à des
jeunes hommes de tous les milieux de prendre part à des activités
d’apprentissage par l’expérience et de renforcement des capacités
qui les transforment. Une étroite collaboration avec les jeunes et
les organismes au service des jeunes sur six continents a permis à
JCM de comprendre parfaitement les avantages qu’il y a à investir
dans le développement de la jeunesse comme condition préalable
à l’éradication des problèmes liés à la pauvreté et à la durabilité
de l’environnement. Ce développement comprend l’accès à des moyens d’existence durables, à une éducation
de qualité et à des services de santé adaptés aux jeunes, pour ne mentionner que quelques exemples.
JCM accueille favorablement la nouvelle orientation du gouvernement, qui met davantage l’accent sur les droits
de la personne, et en particulier des femmes, dans ses activités d’aide internationale. Au même titre que la
défense de ces droits, le développement des jeunes doit être au cœur de la politique du Canada. Après plus de
45 ans d’expérience, JCM croit fermement qu’aucun investissement n’est plus susceptible de favoriser
l’atteinte des objectifs de développement durable que l’investissement dans la jeunesse.
INCIDENCE DISPROPORTIONNÉE DES ENJEUX LIÉS AU DÉVELOPPEMENT SUR LA GÉNÉRATION DE JEUNES LA
PLUS NOMBREUSE QUE LE MONDE AIT CONNUE
Recommandation 1 : Intégrer les enjeux jeunesse dans le programme d’aide internationale du Canada, par
exemple en s’engageant à consacrer aux jeunes au moins 25 % de l’aide au développement international,
dans le cadre d’une stratégie à long terme (de 10 à 20 ans).
Intégrer les enjeux jeunesse dans toutes les politiques du Canada, en s’inspirant des leçons tirées de
l’intégration des questions d’égalité des sexes. L’intégration d’une dimension jeunesse pourrait être le pivot
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d’un développement soucieux de parvenir à une équité intergénérationnelle, où la justice entre les générations
serait une pierre d’assise du développement durable, et ainsi ouvrir la voie aux partenariats entre jeunes et
adultes.
Ayant atteint un sommet historique de 1,8 milliard autour du globe, la population actuelle de jeunes représente
un peu moins du quart de la population mondiale (FNUAP, 2015). Dans la plupart des pays en développement,
les jeunes âgés de 10 à 24 ans composent aujourd’hui le groupe d’âge majoritaire (FNUAP, 2015). Et si l’on tient
compte du fait que le nombre total d’enfants de moins de 15 ans représente le quart de la population mondiale,
le monde devrait continuer de comporter une très grande proportion de jeunes (CSIS, 2015; Global Monitoring
Report 2015). Cependant, un très grand nombre de jeunes sont affectés de manière disproportionnée par les
problèmes liés au développement et se heurtent à un plus grand nombre d’obstacles que les cohortes
précédentes, les empêchant de participer pleinement à la société :
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Parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, près de 120 millions sont analphabètes, environ 500 millions vivent
avec moins de 2 $ par jour, et plus de 73 millions sont sans emploi (FNUAP, 2015).
Les jeunes composent la majorité de la population autochtone, qui représente 5 % de la population
mondiale, et environ 10 à 30 % d’entre eux vivent dans la pauvreté.
Environ 180 à 220 millions de jeunes sont handicapés. Dans les pays en développement, le taux de chômage
chez les personnes handicapées s’élève en moyenne à 80 % (ONU, 2007).
Dans le monde, les jeunes représentent plus de 12 % des personnes qui migrent pour des raisons
économiques ou de sécurité. La moitié de ces jeunes sont des femmes ou des filles, et 60 % d’entre elles
proviennent de pays en développement (DAESNU, 2013).
On estime à 1,3 million le nombre d’adolescents décédés en 2012, la plupart à la suite de maladies qui
auraient pu être évitées ou traitées (Global Partnership for Youth, 2015).
Les jeunes font partie des personnes les plus vulnérables au changement climatique, et ils ont la lourde
responsabilité d’aider leur famille à s’adapter au changement climatique et aux effets de la détérioration de
l’environnement (World Migration Group, 2014).
Plus de 35 % des nouvelles infections au VIH/SIDA dans le monde surviennent chez les jeunes (ONUSIDA,
2016). Approximativement 2,2 millions d’adolescents vivent avec le VIH – dont environ 60 % sont des filles
(ONUSIDA, 2016).
Dans certaines régions du monde, notamment en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, l’explosion
démographique des jeunes s’accompagne d’un surnombre de jeunes hommes par rapport aux jeunes femmes.
En Asie, par exemple, on compte 2,1 milliards d’hommes contre 1,9 milliard de femmes. Ce déséquilibre des
sexes a des répercussions considérables sur le développement. Il peut entraîner des troubles sociaux, en
particulier si un surnombre de jeunes hommes de condition inférieure et incapables de trouver une épouse sont
recrutés par des mouvements extrémistes et des factions politiques.
Parallèlement, une dimension jeunesse devrait être intégrée aux stratégies d’intégration des enjeux d’égalité
des sexes, de façon à ce que la situation des jeunes soit prise en compte dans les stratégies visant à remédier
aux disparités persistantes entre les femmes et les hommes. Une telle mesure permettrait de s’attaquer à la
situation particulière des jeunes femmes à la fois selon une perspective de genre et une perspective d’âge.
Pour les jeunes femmes, il est encore plus difficile de surmonter les obstacles les empêchant de participer
pleinement à la société. Bien que les disparités entre les sexes dans l’accès à l’enseignement primaire aient été
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considérablement réduites, les filles issues de familles pauvres courent toujours un risque plus élevé d’être
privées d’éducation primaire (UNESCO, 2015). Les adolescentes ont généralement moins accès que les
adolescents aux informations relatives à la santé sexuelle et reproductive, aux réseaux de pairs, et aux
opportunités et aux ressources qui leur permettraient de développer leurs compétences et leurs capacités
(Women’s Refugee Commission, 2014). Plus du tiers des jeunes femmes des pays en développement sont
mariées avant leur 18e anniversaire. Ces mariages en bas âge augmentent le risque de violence conjugale, ainsi
que le nombre d’accouchements en bas âge, lesquels constituent la principale cause de décès chez les
adolescentes en Afrique subsaharienne. Environ le quart des 100 millions de personnes ayant besoin d’une aide
humanitaire en 2015 étaient des femmes et des adolescentes en âge de reproduction (FNUAP, 2015a).
NÉCESSITÉ D’ACCOMPAGNER LA TRANSITION VERS L’ÂGE ADULTE
Malgré la diversité que dans ce groupe d’âge, ce qui définit les jeunes c’est d’être en évolution vers l’âge
adulte et l’indépendance. Comparativement aux générations précédentes, cette transition tend toutefois à être
plus complexe et moins linéaire. Le parcours des jeunes d’aujourd’hui vers leur pleine autonomie et leur
indépendance est moins prévisible, et comporte davantage de pauses et de revirements, et une plus grande
diversité de statuts (Furlong, 2013). Comme le souligne le rapport de l’OIT sur la transition des jeunes vers la vie
active (Matsumoto et Elder, 2010), les jeunes d’aujourd’hui ont tendance à étirer davantage cette phase de
transition.
Le taux de chômage est l’un des indicateurs les plus fréquemment utilisés pour illustrer cette nouvelle réalité. Le
chômage est observé chez plus de 73 millions de jeunes aux quatre coins du monde. Au sein des pays à revenu
faible ou moyen, le sous-emploi dans le secteur informel est considéré comme la plus grande difficulté avec
laquelle doivent composer les jeunes en ce qui a trait au marché du travail. En Afrique subsaharienne, par
exemple, 80 % des emplois occupés par des femmes sont dans le secteur informel (OIT, 2014), et en particulier
dans le secteur agricole de subsistance. Presque partout, les femmes sont plus nombreuses à occuper des
emplois précaires que les hommes. La migration devient alors une façon pour les jeunes de s’ajuster à
l’incidence des chocs économiques sur leur transition vers l’âge adulte. Attirés par la possibilité de toucher un
meilleur revenu, ils quittent le monde rural et migrent vers les centres urbains de leur pays. Parallèlement, les
jeunes qualifiés aspirant à de grandes carrières contribuent à l’« exode des cerveaux » dans les pays en
développement et en transition, mais touchent souvent de maigres salaires, doivent composer avec un coût de
la vie élevé et leur formation n’est souvent pas reconnue (Salzano, 2013). Dans de nombreux pays, les jeunes
migrants, particulièrement ceux qui sont moins qualifiés, non qualifiés ou dans des situations irrégulières, sont
souvent victimes d’abus, d’exploitation, de discrimination et d’exclusion, et se retrouvent sans emploi. Les
jeunes travailleuses migrantes sont très à risque de faire l’objet de maltraitance sexuelle ou de violence, sans
parler des situations d’abus et d’exploitation en milieu de travail et ailleurs durant leur migration.
Au Canada, les difficultés que pose le passage à la vie adulte nuisent particulièrement à deux segments précis de
la population : les autochtones et les nouveaux arrivants. Bien que 56 % des jeunes immigrants au Canada
détiennent un diplôme universitaire de premier cycle, leur taux de chômage est cinq fois plus élevé que pour
leurs pairs nés au Canada. En 2010, le taux de chômage chez les autochtones âgés de 15 à 24 ans était de
21,1 %, comparativement à 14,7 % chez les jeunes non autochtones (Usalcas, 2011).
La parentalité constitue une autre transition qui illustre les difficultés que pose le passage à la vie adulte.
Partout dans le monde, on observe une tendance aux mariages tardifs, surtout là où le niveau de scolarité global
a augmenté (Psaki, 2014). Cependant, le risque de grossesses non planifiées s’est accru chez les adolescentes
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célibataires (Psaki, 2014). En fait, malgré le déclin du taux de natalité global dans les pays en développement, le
taux de naissance chez les adolescentes reste élevé. En effet, approximativement 16 millions de filles âgées de
15 à 19 ans ont déjà donné naissance, ce qui représente environ 11 % du nombre total de naissances. Dans
certains cas, le soutien social ou institutionnel nécessaire durant ces transitions s’effrite. Le fait de ne pas
répondre aux besoins des jeunes femmes a des conséquences importantes sur le bien-être des femmes. Une
étude qui visait à analyser les caractéristiques des ménages démunis a révélé une surreprésentation des mères
seules appartenant au dernier quintile dans les pays où les femmes sont plus exposées à des risques de pauvreté
(ONU, 2015).
La manière dont les enjeux susmentionnés affligent la jeunesse dépend des rapports complexes entre différents
facteurs, comme le sexe, l’état matrimonial, la situation économique et l’emplacement géographique.
Interviennent également d’autres facteurs, notamment le fait d’appartenir à une minorité ethnique, de vivre
avec le VIH ou un handicap, d’être un réfugié ou une personne déplacée, de ne pas bénéficier du soutien de sa
famille ou d’avoir des personnes à charge. Les interrelations entre ces facteurs, souvent complexes et multiples,
augmentent les risques auxquels sont exposés les jeunes et la vulnérabilité de ceux-ci.
Adresser ces transitions est essentiel, puisque cela pourrait entraîner l’amélioration des conditions
socioéconomiques de la plus imposante cohorte démographique des pays en développement et libérer le
potentiel inexploité des jeunes du point de vue du capital humain.
UN OUTIL ESSENTIEL : UNE POLITIQUE GLOBALE POUR LA JEUNESSE VISANT À ORIENTER LES POLITIQUES ET
LES INVESTISSEMENTS
Recommandation 2 : Adopter une politique pour la jeunesse qui permettra au pays de saisir une occasion
stratégique de se hisser au rang des meneurs en ce qui a trait aux efforts internationaux, afin que soit réalisé
le plein potentiel de la plus dense génération de jeunes de l’histoire et ainsi mettre fin aux cycles
intergénérationnels de pauvreté et d’iniquité.
Une politique pour la jeunesse permettrait d’assurer la cohérence des politiques et des initiatives nationales et
internationales du Canada, comme on peut le lire dans le document de consultation d’Affaires mondiales
Canada. Un élément clé de cette éventuelle politique pour la jeunesse serait l’établissement d’un cadre dirigeant
l’intégration d’une dimension jeunesse dans la politique d’aide internationale du Canada. Les leçons tirées de
près de 20 ans d’expérience dans l’intégration des enjeux d’égalité des sexes pourraient inspirer l’établissement
d’un processus permettant d’évaluer les conséquences des politiques et des initiatives d’aide internationale sur
les jeunes femmes et les jeunes hommes. Comme le montre la littérature spécialisée, travailler à la création de
partenariats équitables entre jeunes et adultes renforce les capacités et le bien-être de la jeunesse, car les
besoins des jeunes en matière de développement sont mieux satisfaits lorsque ceux-ci assument un rôle de
premier plan dans l’amélioration de leurs propres conditions de vie (JCM, évaluation d’impact, 2006).
UNE POLITIQUE POUR LA JEUNESSE COMME MOTEUR DE LEADERSHIP ET D’INNOVATION
Soutenir la jeunesse dans ses transitions représente une réelle occasion de favoriser le développement. Comme
l’a souligné USAID (2012, notre traduction) : « Les jeunes, tous pays confondus, sont en mesure d’apporter une
importante contribution à la vie économique, sociale et politique et de contribuer ainsi à sortir leur pays de la
pauvreté, assurer une plus grande stabilité et promouvoir une société plus saine. » Il serait pertinent pour le
Canada, moyennant peu de ressources, d’enchâsser le développement de la jeunesse dans les principaux
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objectifs de ses politiques et de ses programmes d’aide internationale. Aborder le développement du point de
vue de la diversité des expériences et des réalités des jeunes permettrait d’axer la stratégie sur le cheminement
des jeunes1, sur leur participation à la société et sur la façon dont les institutions (établissements
d’enseignement, marché du travail, organisations communautaires, programmes gouvernementaux) peuvent
faciliter leurs différentes transitions. Mettre l’accent sur la jeunesse est l’occasion d’innover et d’aborder les
enjeux de l’aide internationale d’un point de vue fondé sur les actifs, en provoquant une réflexion sur le rôle que
jouent les différents actifs (capital humain, capital social, actifs corporels, actifs environnementaux, actifs
spirituels et avoirs financiers) dans le succès des transitions amorcées par les jeunes et, du même coup, une
réflexion sur les nombreuses dimensions de la pauvreté. Une stratégie positive fondée sur les actifs
considérerait les jeunes comme un actif fondamental des communautés, plutôt que de chercher surtout à
évaluer leurs besoins. Ce nouvel angle d’approche permettrait de prévenir la création de dépendances à long
terme et d’accroître l’efficacité et la confiance en soi des jeunes, des outils essentiels à l’amélioration de leur
résilience (Zimmerman, 2013; JCM, 2012). L’idée est de leur donner des fondements solides, notamment des
compétences professionnelles durables, la confiance en soi, des connaissances financières, un réseau social
robuste, pour ne nommer que cela.
Une telle stratégie pourrait non seulement répondre aux questions de politique énoncées dans le document de
consultation d’Affaires mondiales Canada, mais plus important encore, améliorer la cohérence entre les priorités
des différentes politiques du Canada et le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elle pourrait
de surcroît accroître la cohérence entre les priorités liées au développement, le commerce et les affaires
étrangères, y compris les questions de sécurité internationale.
Le renforcement des capacités économiques des jeunes a une incidence directe sur la croissance économique et
la stabilité d’un pays, et même du monde tout entier. Selon Gurria (2015), l’inclusivité devrait être un moteur de
rendement et de croissance économique, en exigeant de dépasser l’individu moyen pour améliorer au premier
chef les perspectives professionnelles des groupes sous-représentés, comme les jeunes, les femmes ayant de
jeunes enfants, les minorités ethniques et les migrants. En somme, il pourrait être stratégique pour le Canada
d’investir dans la jeunesse du monde, puisque cela stimulerait l’économie résiliente de pays susceptibles de
devenir des partenaires commerciaux majeurs (JCM et YCI, 2014).
L’incidence des priorités de l’aide internationale du Canada
LA SANTÉ ET LES DROITS DES FEMMES ET DES ENFANTS
Recommandation 3 : Améliorer notre impact sur la santé et les droits des femmes en analysant la situation
sous l’angle de la jeunesse, afin que nos efforts actuels tiennent compte des réalités particulières des jeunes
femmes et des adolescentes.
En matière d’aide internationale, le Canada a la possibilité de faire œuvre de pionnier dans l’intégration des
enjeux « jeunesse en développement », comme il l’a fait dans l’intégration des enjeux d’égalité des sexes. Il
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Une stratégie fondée sur le cheminement personnel a été appliquée avec succès dans l’élaboration de solutions novatrices aux problèmes de santé
publique, en prévoyant un continuum d’interventions tout au long de la vie, soutenant les efforts visant à affermir les systèmes de prestation de soins de
santé, tout en tenant compte de plus vastes déterminants sociaux et économiques liés à la santé. Voir, par exemple : Halfon et Hochstein (2002); Van Look
(2015).
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s’agit de reconnaître que les jeunes ont des forces et des faiblesses différentes de celles des enfants et des
adultes, et de mettre en œuvre des stratégies concrètes pour améliorer leur bien-être.
Le Canada devrait continuer de soutenir le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme,
et de jouer un rôle de chef de file dans la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants. JCM, qui accueille
favorablement l’inclusion d’une approche féministe fondée sur les droits, recommande d’adopter une approche
plus large englobant également les droits des jeunes femmes. En analysant la situation sous l’angle de la
jeunesse, on s’assurerait que les efforts actuels tiennent compte des réalités particulières des jeunes femmes et
des adolescentes, ce qui permettrait au Canada d’accroître son impact sur les droits génésiques des jeunes
femmes. C’est chez les jeunes filles que l’on constate toujours le plus de mortalités et d’invalidités liées à la
grossesse, à l’accouchement ou à l’avortement insalubre. Dans les pays à faible ou moyen revenu, les
complications liées à la grossesse et à l’accouchement sont la principale cause de mortalité chez les filles de 15 à
19 ans (Global Partnership for Youth, 2015).
Le Canada devrait s’assurer que les initiatives communautaires et scolaires ciblant les jeunes sont suffisamment
soutenues. Cela s’inscrirait dans une approche de l’aide internationale fondée sur les actifs, et permettrait de
cibler dans chaque pays ou dans chaque contexte communautaire les déterminants sociaux particuliers de la
santé chez les jeunes (hommes et femmes), tout en maximisant les ressources disponibles. Il s’agirait d’un
investissement avisé, car les initiatives de ce genre ciblent des facteurs qui ont une incidence sur la santé au
cours de la vie adulte. Chez les adultes, près du tiers des maladies sont associées aux conditions subies ou aux
comportements adoptés pendant la jeunesse, dont l’usage du tabac, les comportements menant à des blessures
ou à la violence, l’abus d’alcool ou de drogues, l’alimentation, l’hygiène, la sédentarité et les comportements
sexuels menant à la maladie ou à des grossesses non désirées (OMS, 2015).
Une approche fondée sur les actifs peut : garantir le leadership du Canada dans l’intégration des enjeux jeunesse
aux programmes de développement international; assurer l’uniformité de ses politiques nationales et
internationales; et donner la possibilité d’avoir une idée d’ensemble des résultats et d’en observer les
répercussions sur la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
En d’autres termes, l’investissement dans les initiatives communautaires ciblant les jeunes aura des
répercussions physiques, sociales et psychologiques positives sur ces jeunes jusque dans leur vie adulte (JCM
et JLA, évaluation sommative).
PRIORITÉ À L’ÉDUCATION DES JEUNES HOMMES ET FEMMES
Recommandation 4 : S’assurer que l’éducation des jeunes hommes et femmes constitue une priorité distincte,
compte tenu de son incidence sur toutes les autres facettes du développement, et compte tenu de son
rendement élevé par rapport au capital investi. Il faudrait en particulier soutenir l’apprentissage par
l’expérience, l’apprentissage fondé sur les acquis, et l’apprentissage non formel.
Le Canada devrait accorder la priorité à l’éducation, car celle-ci a le potentiel d’améliorer considérablement le
bien-être socioéconomique des jeunes hommes et femmes, et de leurs communautés. Comme le mentionne le
Global Partnership for Youth de l’ONU (2015), l’alphabétisation de base des jeunes dans les pays à faible revenu
pourrait tirer jusqu’à 171 millions de personnes hors de la pauvreté. De plus, on a démontré qu’en leur donnant
accès à une formation technique, professionnelle, entrepreneuriale ou commerciale, on favorise l’inclusion
économique des jeunes, ce qui a un impact direct sur la croissance et la stabilité économiques. L’ONU estime
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que la participation des jeunes au marché du travail pourrait ajouter 4,4 % par année au PIB d’un pays.
L’éducation peut aussi avoir un effet positif sur d’autres priorités du Canada en matière d’aide internationale.
Par exemple, le relèvement du niveau de scolarité des filles est particulièrement efficace pour améliorer la santé
des mères, des nouveau-nés et des enfants : le risque de décès maternel est 2,7 fois plus élevé chez les femmes
non scolarisées que chez celles qui ont atteint la 12e année, et deux fois plus élevé chez les femmes ayant de 1 à
6 ans de scolarité (Karlsen et al., 2011).
Pour que son aide internationale soit efficace, le Canada doit soutenir les programmes qui visent à corriger
l’accès insuffisant à une formation de qualité, ainsi que l’inadéquation entre les compétences des chercheurs
d’emploi et les exigences des postes à pourvoir dans les pays en développement. Du point de vue de la
mondialisation, il est essentiel pour les jeunes d’acquérir des compétences leur permettant de naviguer d’un
secteur à l’autre, ce qui leur permettra de s’adapter aux changements et de résister aux chocs économiques. Le
Canada devrait aussi promouvoir les programmes éducatifs qui permettent aux jeunes d’acquérir les
compétences que les employeurs recherchent le plus, en complément des programmes qui contribuent au
développement des compétences techniques. La recherche montre que la plupart de ces compétences ne sont
pas acquises dans les institutions d’enseignement formelless. Par exemple, un large échantillon de 27 études
révèle une remarquable constance — d’une région, d’un secteur, d’une profession ou d’un niveau de scolarité à
l’autre — dans les compétences recherchées par les employeurs, qui ne sont pas nécessairement acquises en
milieu scolaire classique (Cunningham et Villaseñor, 2016).
Les employeurs valorisent les compétences techniques, mais ils recherchent encore davantage les compétences
socio-émotionnelles, telles que l’adaptabilité, l’aptitude au travail d’équipe, les valeurs sociales, les
compétences interculturelles et la confiance en soi, ainsi que les compétences cognitives de haut niveau, telles
que l’esprit d’analyse, la pensée critique, la capacité d’apprentissage et la connaissance de plusieurs langues
(Cunningham et Villaseñor, 2016). Par ailleurs, diverses études sur les effets des programmes de bénévolat et
autres activités formatrices non scolaires, comme les programmes d’échange jeunesse de JCM, ont révélé que
les initiatives de ce genre contribuent favorablement à l’employabilité des jeunes (Knowles et Behrman, 2005;
Souto-Otero, 2012; JCM/VOSESA, 2013). Aux États-Unis, par exemple, des données empiriques établissent un
lien évident entre la participation à des programmes de bénévolat et la probabilité de trouver un emploi, peu
importe le sexe, l’âge, l’ethnie ou la provenance géographique du candidat, et peu importe les conditions
d’emploi (Spera, 2013). Ces programmes d’apprentissage par l’expérience soutiennent les jeunes dans
l’application de leurs connaissances et dans la compréhension conceptuelle des situations et des problèmes
concrets. En pratique, ils prennent la forme de programmes de bénévolat (nationaux et internationaux),
d’échanges interculturels entre différentes régions du monde (nord-sud, sud-sud), et de stages de qualité (liés à
des objectifs éducatifs ou professionnels, respectueux des droits des travailleurs, suffisamment supervisés).
Dans le dernier Rapport mondial sur la jeunesse, on mentionne la formation en entrepreneuriat et les stages
comme deux solutions clés pour prévenir l’avènement d’une « génération perdue de travailleurs ». De plus, les
compétences acquises dans le cadre de ces programmes ont une grande incidence sur la qualité de vie à long
terme, et elles ont un impact important sur d’autres facettes du développement (USAID, 2012).
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CROISSANCE ÉCONOMIQUE PROPRE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
Recommandation 5 : S’assurer que la majorité des fonds consacrés à l’adaptation au climat dans les pays en
développement ciblent les jeunes femmes.
Compte tenu du rapide changement climatique actuel, provoqué par les activités humaines, les jeunes ont un
rôle important à jouer dans la promotion d’une croissance économique à faibles émissions de carbone, et dans
la mise en œuvre de mesures d’atténuation et d’adaptation. D’un point de vue économique, le Canada devrait
continuer d’accorder la priorité à la dé-marginalisation économique des femmes et des jeunes.
Dans le cadre de sa politique jeunesse, le Canada devrait adopter un ambitieux plan de promotion des emplois
verts, c’est-à-dire des emplois convenables qui contribuent à la préservation, à la remise en état ou à
l’amélioration de l’environnement. D’après l’OIT, la plupart des études indiquent une amélioration potentielle
de l’emploi de l’ordre de 0,5 à 2 %, ce qui se traduirait par 15 à 60 millions d’emplois supplémentaires à l’échelle
de la planète. Il s’agit : de promouvoir l’acquisition de compétences permettant de saisir les occasions qui se
présentent dans des domaines tels que l’agriculture durable (puisque la plupart des travailleurs pauvres en
milieu rural sont des femmes), le recyclage, la protection et la remise en état des écosystèmes et de la
biodiversité; et de soutenir l’adaptation aux effets du changement climatique. Un tel plan pourrait comprendre
une amélioration du développement et de la mise à jour des compétences chez les femmes et les jeunes
femmes. La contribution particulière du Canada pourrait consister à améliorer la capacité des systèmes
d’éducation à élaborer des programmes de formation tenant compte des inégalités entre les sexes.
La majorité du financement de 2,65 milliards de dollars accordé par le Canada aux pays en développement pour
passer à une économie à faibles émissions de carbone, gérer durablement et protéger leurs ressources
naturelles, et s’adapter aux effets néfastes du changement climatique devrait être consacré aux efforts
d’adaptation qui ciblent les femmes et les jeunes femmes. Puisque les femmes et les jeunes femmes ont moins
accès aux divers moyens de subsistance, elles sont en général plus vulnérables aux effets du changement
climatique, en particulier dans les régions rurales et dans les régions où l’insécurité alimentaire est élevée (IPCC,
2014). Les sécheresses, l’intrusion de l’eau de mer dans les sources d’eau douce, et les précipitations irrégulières
forcent les femmes à travailler davantage pour se procurer la nourriture, l’eau et le carburant nécessaires à leur
survie, ce qui les empêche de poursuivre leurs études ou d’investir de quelque autre façon dans leur
développement économique.
Les différences sociales entre les hommes et les femmes ont également un effet sur l’accès aux renseignements
météorologiques. Les femmes sont ainsi moins bien préparées quand survient un événement climatique
extrême. Selon une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) réalisée
en Inde, seulement 21 % des femmes déclarent avoir accès aux renseignements météorologiques, contre 47 %
des hommes (Lambrou et Nelson, 2010). De plus, les femmes, et en particulier les jeunes femmes, sont victimes
de violences accrues pendant les crises environnementales et les migrations liées au climat. Il est important de
souligner que les femmes et les jeunes femmes peuvent jouer un rôle essentiel dans la recherche de solutions
d’adaptation au changement climatique. Au sein des ménages, elles assument un grand nombre de
responsabilités, non seulement comme mères et épouses, mais aussi comme fermières et productrices
d’aliments, puisqu’elles assurent la sécurité alimentaire de leur ménage. À n’en pas douter, les connaissances,
les relations sociales et les habiletés pratiques des femmes sont essentielles à la mise en œuvre de toute mesure
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d’adaptation. De plus, les femmes jouent souvent un rôle vital dans la gestion des ressources naturelles. Le
développement de leur autonomie peut avoir des répercussions positives sur le bien-être de leur famille.
Par ailleurs, le changement climatique mettra particulièrement à risque les peuples autochtones, qui dépendent
de l’environnement et de la biodiversité pour assurer leur sécurité alimentaire – en particulier ceux qui vivent
dans des régions où l’on prévoit des bouleversements significatifs : régions montagneuses, régions côtières,
zones de faible altitude, régions arctiques (IPCC, 2014). Le changement climatique amplifie les problèmes
environnementaux existants en privant les peuples autochtones de leurs ressources et en érodant ainsi
davantage leur capacité d’adaptation. Le Canada, qui a appuyé la Déclaration des Nations Unies sur les droits
des peuples autochtones, devrait assurer la participation et le consentement éclairé des populations
autochtones aux mesures d’atténuation et d’adaptation, en ciblant en particulier les jeunes hommes et femmes.
Enfin, le Canada devrait, dans ses mesures d’adaptation, présumer que la résilience face au changement
climatique ne repose pas seulement sur des solutions technologiques, mais aussi sur une transformation sociale
au sens large. Les investissements consacrés à l’atténuation et à l’adaptation ne profiteront pas aux femmes et
aux jeunes femmes s’ils ne s’attaquent pas au problème profondément ancré de l’inégalité des sexes. Les
initiatives menées par le Canada devraient accorder la priorité : à l’accès des femmes et des jeunes femmes au
contrôle des terres et des autres ressources de production; à l’accès des jeunes femmes à une formation
technique; au renforcement des organisations et des réseaux de femmes en milieu rural; et au soutien de la
participation des femmes aux systèmes d’alerte rapide en cas de risque environnemental.
GOUVERNANCE, PLURALISME, DIVERSITÉ ET DROITS DE LA PERSONNE
Recommandation 6 : Promouvoir l’engagement positif des jeunes par les mécanismes traditionnels et par de
nouveaux moyens. Le Canada devrait, dans le cadre d’une stratégie à long terme, participer à la promotion
des droits des jeunes en situation de minorité.
L’intégration des enjeux jeunesse dans les efforts d’aide internationale peut également constituer une stratégie
avisée pour promouvoir la gouvernance et le pluralisme, puisque la génération actuelle est la plus éduquée et
branchée de l’histoire. Le Printemps arabe a mis au grand jour les inégalités intergénérationnelles et les luttes
qu’on observe dans la plupart des régions du monde. Le rôle prédominant que les médias sociaux et Internet ont
joué dans la propagation du Printemps arabe a aussi masqué le fait que, malgré l’attrait des jeunes pour les
nouvelles technologies d’information et de communication, 77 % des personnes de plus de 25 ans et 70 % des
personnes de moins de 25 ans n’ont pas accès à Internet dans les pays en développement (USAID, 2012). Au
Canada, il s’agit d’une barrière particulièrement importante à l’engagement des jeunes autochtones. Le Canada
devrait jouer un rôle renouvelé de meneur dans la promotion de la connectivité, de l’alphabétisation
électronique et du développement des compétences de vie, afin de favoriser l’engagement des jeunes en ligne.
JCM applaudit l’établissement du Conseil jeunesse du premier ministre, et appuie le modèle des organismes
participatifs pour favoriser l’engagement des jeunes. Le Canada pourrait prendre l’initiative de faciliter
l’engagement des jeunes, non seulement l’engagement politique traditionnel (ex. : création de conseils des
jeunes ou de conseils consultatifs, promotion de la participation aux organismes élus, etc.), mais aussi
l’engagement envers les objectifs de gouvernance, en intégrant de nouveaux moyens (ex. : médias sociaux). On
devrait accorder une attention particulière à la promotion des droits des groupes sous-représentés au sein de la
grande diversité des jeunes, notamment les jeunes migrants et réfugiés, les enfants de la rue, les jeunes ruraux,
les filles mariées, les jeunes de minorités sexuelles, et les jeunes ayant une incapacité. On pourrait par exemple
Recommandations de Jeunesse Canada Monde dans le cadre de l’Examen 2016 de l’aide internationale du Canada – 29 juillet 2016
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promouvoir la participation des jeunes à l’élaboration de programmes contre la pauvreté, de plans de
développement nationaux ou de stratégies d’adaptation au climat, étant donné que ces enjeux touchent les
jeunes de façon disproportionnée et que seulement le tiers des gouvernements du monde consultent les jeunes.
D’après l’expérience de JCM, le fait de promouvoir la participation des jeunes favorise leur crédibilité et
démontre de façon concrète à quel point leurs points de vue particuliers peuvent permettre de trouver des
solutions novatrices. Enfin, il faut reconnaître que les sociétés démocratiques, pluralistes et soucieuses des
droits de la personne n’émergent pas du jour au lendemain. Il est important que le Canada investisse à long
terme pour promouvoir les changements souhaités.
PAIX ET SÉCURITÉ
Recommandation 7 : S’assurer que les jeunes sont inclus dans les efforts de consolidation de la paix. Investir
dans la stabilisation des moyens de subsistance et des atouts pour les jeunes dans des contextes fragiles et
mettre en œuvre des programmes qui édifient une culture de la paix, comme les programmes d’échange
jeunesse.
L’intégration des enjeux jeunesse favoriserait la paix et la sécurité. La promotion de sociétés pacifiques,
inclusives et sécuritaires nécessite la participation des jeunes, dont près de 600 millions vivent dans des
contextes fragiles ou des pays touchés par un conflit (ONU, 2016). Dans ces pays et contextes, les jeunes sont
surreprésentés parmi les victimes directes ou indirectes de violence, de maltraitance sexuelle et d’exploitation.
À l’échelle mondiale, 43 % des victimes d’homicide sont âgées de 15 à 29 ans (UNO, 2015). De plus, le manque
de soutien à la transition vers la vie active et aux autres formes de transition personnelle peut « créer des
conditions favorables au recrutement des jeunes dans les réseaux criminels, les groupes armés, les gangs de
jeunes et les réseaux de trafic, autant d’éléments qui concourent à entretenir la violence, l’extrémisme et les
insurrections » (USAID, 2012). L’absence de débouchés économiques et l’exclusion politique, civique et sociale
peuvent accroître les probabilités de troubles sociaux ou d’extrémisme violent. Le fait de créer des conditions
permettant aux jeunes d’avoir accès à certains atouts et soutiens sociaux peut favoriser l’émergence de sociétés
stables et sécuritaires. Le rôle actif que les jeunes peuvent jouer dans la consolidation de la paix, en devenant
des agents du changement efficaces au sein de leur communauté, est d’ailleurs souvent négligé. Une étude sur
la participation des jeunes à la consolidation de la paix, qui a porté sur plusieurs pays, a révélé que les jeunes
bâtisseurs de la paix ont accru la cohabitation pacifique, réduit la discrimination et la violence, et augmenté le
soutien aux groupes vulnérables (McGill et coll., 2015).
Le Canada devrait envisager de soutenir les programmes d’autosuffisance qui ciblent les jeunes à risque d’être
recrutés par des mouvements extrémistes, des factions politiques ou des groupes criminels. Une telle initiative
aurait pour effet de favoriser la paix et la sécurité. Différents programmes pourraient permettre de stabiliser les
moyens de subsistance des jeunes ou de valoriser leurs atouts grâce à l’acquisition de compétences ou à l’accès
à l’épargne et aux mécanismes de financement. Les jeunes femmes devraient être plus particulièrement ciblées
pour participer aux efforts de consolidation de la paix et de relèvement. Enfin, les investissements à long terme
dans la promotion d’une compréhension mutuelle chez les jeunes, par les programmes d’échange jeunesse,
peuvent créer des synergies entre les groupes ethniques, les régions et les frontières.
Répondre aux situations de crise humanitaire et aux besoins des populations déplacées
Le Canada devrait axer ses efforts sur la résilience, plutôt que continuer à adopter une démarche réactive, qui
nécessitera des investissements toujours plus importants, étant donné l’incidence croissante des crises
Recommandations de Jeunesse Canada Monde dans le cadre de l’Examen 2016 de l’aide internationale du Canada – 29 juillet 2016
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humanitaires d’origine humaine ou climatique. Comme la Fédération internationale des Sociétés de la CroixRouge et du Croissant-Rouge (FICR) l’a déclaré, si les tendances actuelles persistent, les catastrophes naturelles
pourraient atteindre un coût mondial de plus de 300 millions de dollars par année d’ici 2050. Malgré le manque
de prévisibilité inhérent à ces événements, et la perspective d’une augmentation nette, les experts de
l’humanitaire reconnaissent que les investissements devraient être destinés à des mesures préventives qui
peuvent réduire les risques. Ces stratégies sont très rentables : pour chaque dollar investi dans l’atténuation des
risques de catastrophe, on peut économiser 2 à 10 dollars sur les interventions lors de catastrophes et sur les
frais de relèvement. Compte tenu du fait que les pays qui sont le plus sujets aux catastrophes naturelles et qui
sont actuellement touchés par un conflit à long terme ont également une population très jeune, l’intégration
des jeunes aux efforts de résilience est particulièrement importante. Le Canada peut jouer un rôle pour modifier
l’opinion majoritaire voulant que les jeunes femmes et les jeunes hommes soient essentiellement des victimes
dans les crises humanitaires.
La capacité de réaction des jeunes en situation de crises humanitaires d’origine humaine ou liées au climat peut
être améliorée en renforçant leurs capacités d’accéder à l’information, de prévenir les crises, de se préparer, de
faire face et de s’adapter à un nouvel environnement et à une nouvelle réalité. Comme le note Tanner (2010),
les jeunes peuvent jouer un rôle actif dans la réduction des risques de catastrophes en participant à différentes
initiatives, comme la conception et la mise en œuvre de projets qui abordent les risques propres à leurs vies, ou
en communiquant les risques à leurs pairs et aux membres de leur famille et en les persuadant d’agir. Le Canada
peut jouer un rôle en veillant à ce que les jeunes hommes et les jeunes femmes reçoivent la formation
nécessaire pour qu’ils participent aux stratégies de prévention des catastrophes naturelles. Qui plus est,
l’acquisition de compétences techniques et d’aptitudes à la vie quotidienne peut également s’avérer un outil
inestimable pour aider les jeunes à se relever d’une crise humanitaire. Le Canada devrait également investir
dans les moyens de subsistance et faire de cet investissement une partie intégrante de sa contribution aux plans
d’intervention et de préparation aux désastres.
L’accent mis sur la résilience concorde par ailleurs avec les efforts des Canadiens pour accroître la capacité de
ré-établissement à l’échelle du globe et accueillir les nouveaux réfugiés dans leur pays. Cette ouverture d’esprit
devrait s’accompagner d’efforts énergiques visant à assurer l’intégration complète de ces réfugiés dans notre
société, en travaillant en partenariat avec les organismes canadiens qui possèdent une expertise dans les
régions touchées et qui peuvent créer des liens avec leurs pays d’origine (JCM, document de réflexion sur les
jeunes réfugiés syriens, 2016). Comme le Global Migration Group l’a déclaré, « lorsqu’elle est enracinée dans les
droits de la personne et étayée par des politiques de migration humanitaires, équitables et bien gérées, la
migration peut représenter un outil de développement puissant » (notre traduction).
OBTENIR DES RÉSULTATS
Améliorer l’efficacité et la transparence

Réviser les façons de faire de la division Développement d’Affaires mondiales Canada, dont les méthodes
d’appel d’offres, le partage des frais, et la durée des négociations contractuelles. Éliminer les disparités
importantes entre les diverses sources de financement dans la gestion des projets et les mécanismes de
subvention. Cela favoriserait la transparence et l’efficacité.

S’assurer de consulter les jeunes et les organismes axés sur les jeunes en vue d’élaborer une politique pour
la jeunesse qui soit exhaustive. Les consultations devraient mobiliser des jeunes de conditions diverses : des
Recommandations de Jeunesse Canada Monde dans le cadre de l’Examen 2016 de l’aide internationale du Canada – 29 juillet 2016
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jeunes femmes et des jeunes hommes, des jeunes Autochtones, des jeunes des régions du Nord, rurales et
urbaines, des jeunes migrants et réfugiés, des jeunes de la rue, des jeunes filles mariées, des jeunes issus de
minorités sexuelles et des jeunes personnes handicapées. Le fait d’écouter les jeunes permettrait de mieux
comprendre leurs besoins particuliers et de créer des programmes aux bienfaits durables pour les jeunes et
leur communauté.

Jouer un rôle de premier plan dans la production et l’utilisation de données ventilées par âge et par sexe
concernant les adolescents et les jeunes qui peuvent avoir un effet sur les priorités et les résultats en
matière de développement international. Cela contribuerait notamment à en mesurer l’incidence sur les
enjeux qui touchent les jeunes.

Investir à long terme. Pour que l’aide soit efficace, il est essentiel de fournir un financement adapté pendant
10 à 12 ans. Les transformations souhaitées ne se produisent pas selon un cycle de cinq ans.
L’innovation

Soutenir les programmes qui développent les compétences essentielles, dont les compétences socioémotionnelles (adaptabilité, travail d’équipe, valeurs sociales, communication interculturelle, confiance en
soi) et les compétences cognitives de haut niveau (esprit d’analyse, pensée critique, capacité
d’apprentissage, connaissance de plusieurs langues).

Appuyer les programmes qui permettent d’acquérir des compétences techniques et des aptitudes à la vie
quotidienne qui instaurent la résilience chez les jeunes et les communautés, afin qu’ils puissent surmonter
les chocs économiques et environnementaux. Le Canada devrait investir dans les moyens de subsistance et
faire de cet investissement une partie intégrante de sa contribution aux plans d’intervention et de
préparation aux désastres.

S’assurer que la plupart des fonds annoncés lors de la COP 21 sur les changements climatiques soient
destinés à des mesures d’adaptation, notamment les possibilités d’emplois verts pour les jeunes femmes et
les jeunes hommes.

Créer un fonds d’innovation en vue de soutenir les projets multisectoriels de validation de principe ou de
croissance.

Jouer le rôle d’incubateur de connaissances, en coordonnant les structures existantes (CRDI) de façon à
améliorer l’expertise canadienne dans le développement.
Les partenariats

Encourager les projets et les initiatives qui soutiennent les partenariats entre jeunes et adultes (c’est-à-dire
les partenariats dans lesquels la contribution des jeunes est reconnue et valorisée) et qui s’attaquent à des
problèmes que vivent les jeunes, ou conçoivent des programmes et des politiques qui touchent les jeunes.
Recommandations de Jeunesse Canada Monde dans le cadre de l’Examen 2016 de l’aide internationale du Canada – 29 juillet 2016
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

Accorder la priorité aux consortiums qui réunissent des organisations dont l’expertise et les compétences
sont complémentaires. En encourageant les collaborations intersectorielles et les partenariats, on
multipliera la force et l’expertise des parties prenantes, et on favorisera les modèles novateurs d’appuyer les
jeunes.
SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS
Recommandation 1 : Intégrer les enjeux jeunesse dans le programme d’aide internationale du Canada, par
exemple en s’engageant à consacrer aux jeunes au moins 25 % de l’aide au développement international, dans
le cadre d’une stratégie à long terme (sur 10 à 20 ans).
Recommandation 2 : Adopter une politique pour la jeunesse qui permettra au pays de saisir une occasion
stratégique de se hisser au rang des meneurs en ce qui a trait aux efforts internationaux, afin que soit réalisé le
plein potentiel de la plus dense génération de jeunes de l’histoire, et afin de mettre fin aux cycles
intergénérationnels de pauvreté et d’iniquité.
Recommandation 3 : Améliorer notre impact sur la santé et les droits des femmes, en analysant la situation
sous l’angle de la jeunesse, afin que nos efforts actuels tiennent compte des réalités particulières des jeunes
femmes et des adolescentes.
Recommandation 4 : S’assurer que l’éducation des jeunes hommes et femmes constitue une priorité distincte,
compte tenu de son incidence sur toutes les autres facettes du développement, et compte tenu de son
rendement élevé par rapport au capital investi. Il faudrait en particulier soutenir l’apprentissage par l’expérience
et l’apprentissage non formel.
Recommandation 5 : S’assurer que la majorité des fonds consacrés à l’adaptation au climat dans les pays en
développement ciblent les jeunes femmes.
Recommandation 6 : Promouvoir l’engagement positif des jeunes par les mécanismes traditionnels et par de
nouveaux moyens. Le Canada devrait, dans le cadre d’une stratégie à long terme, participer à la promotion des
droits des jeunes en situation de minorité.
Recommandation 7 : S’assurer que les jeunes sont inclus dans les efforts de consolidation de la paix. Investir
dans la stabilisation des moyens de subsistance et des atouts pour les jeunes dans des contextes fragiles et
mettre en œuvre des programmes qui édifient une culture de la paix, comme les programmes d’échange
jeunesse.
Recommandation 8 : Réviser les systèmes, les méthodes et la répartition des subventions de la division
Développement d’Affaires mondiales Canada, afin d’améliorer l’efficacité de l’aide et d’éliminer les disparités
dans les sources de financement.
Recommandation 9 : Créer un fonds d’innovation et jouer le rôle d’incubateur de connaissances, afin
d’améliorer l’expertise canadienne dans le développement.
Recommandation 10 : Dans la conception des programmes, accorder la priorité aux partenariats et aux
consortiums qui réunissent divers organismes et parties prenantes, afin de mieux aider les jeunes.
Recommandations de Jeunesse Canada Monde dans le cadre de l’Examen 2016 de l’aide internationale du Canada – 29 juillet 2016
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