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Le sociographe, 24, 2007
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Murielle Verbauwhède
Entre peurs, doutes et joies
Une histoire qui finit bien
Avant de relater mon parcours en
VAE, je ne peux faire l'économie de
quelques mots sur ma formation,
mon parcours professionnel et sur
le besoin qui s'est imposé à moi
d'acquérir un jour le diplôme d'Etat
d'éducateur spécialisé (DEES).
Après le baccalauréat, je poursuis
des études d'infirmière dans l'objectif de devenir ensuite puéricultrice.
Lorsque j'échoue au diplôme d'Etat,
je décide de travailler un temps
avant de reprendre plus tard ce
parcours de formation.
> M. Verbauwhède est éducatrice spécialisée en MECS (59). Mail : [email protected]
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A cette époque, j'occupe des fonctions de « monitrice » dans une
Maison d'enfants à caractère social (MECS). Je suis ensuite promue au
grade d'auxiliaire puéricultrice, étant entendu que le passage de 1ère en
2ème année dans le cadre des études d'infirmière permet d'obtenir
l'équivalence du diplôme d'auxiliaire de puériculture.
Je m'investis rapidement dans mon poste et, finalement, y demeure,
« oubliant » ainsi pour un temps mes intentions premières. Durant
plusieurs années, je fais un métier dans lequel je me sens dans mon
élément. En effet, si je garde une certaine nostalgie de ma période infirmière, celle-ci est réellement compensée par le fait d'être entièrement
satisfaite par les fonctions que j'occupe.
Les mois puis les années passent et apparaissent alors des périodes de
remise en question concernant ma situation et mes motivations professionnelles. Sans me donner d'échéance, je sais que viendra un temps où
je prendrai une décision pour parvenir à évoluer professionnellement. Je
suis attirée à nouveau par les études. Cependant, pour des motifs
personnels et institutionnels, je ne m'engage pas dans la formation.
C'est donc après 18 années en tant que faisant fonction d'éducatrice
(sans avoir le diplôme) que je saisis l'opportunité d'une reconnaissance
de mes compétences, plus précisément lorsque l'arrêté du 12 mars 2004
rend officiellement accessible le DEES par la voie de la Validation des
acquis de l'expérience (VAE).
La VAE représente plus d'un intérêt pour moi. Elle doit me permettre
de réussir là où j'ai échoué auparavant. Mais, au-delà de cette reconnaissance purement personnelle, je sens bien que je vais pouvoir progresser
professionnellement et socialement. L'acquisition de ce diplôme me
permettra, si l'envie m'en prend, de postuler à des emplois nouveaux.
Démarches administratives et questionnements
C'est au cours de l'année 2003 que j'apprends l'ouverture prochaine de
la VAE au DEES. Dès janvier 2004, je m'informe régulièrement
auprès du rectorat de l'avancée de la mise en place des procédures.
J'envoie une lettre de motivation et un curriculum vitae pour présenter ma candidature en juillet et reçois en octobre un courrier précisant
la marche à suivre pour l'inscription. Je me rapproche d'un centre de
validation et lors d'un rendez-vous je prends de plus amples renseignements sur les différentes étapes de la VAE. On me remet à cette
occasion le livret 1 destiné à l'étude de la recevabilité de ma demande
par le rectorat. Je renvoie ce premier livret avec l'attestation de mon
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employeur prouvant que j'ai au moins trois années d'expérience en
relation avec le diplôme visé.
En novembre 2004, la réponse positive de recevabilité à ma demande
me parvient en même temps que le livret 2 accompagné de la notice
explicative. L'aventure commence et je sens bien à ce moment que tout
est possible. Dans ce même laps de temps, je me renseigne auprès d'un
centre de formation en travail social au sujet de l'accompagnement et
me rends à une réunion d'information organisée par ce centre. C'est
l'époque hésitante de la mise en route de la VAE et les modalités d'accompagnement ne sont pas tout à fait stabilisées.
Sans doute trop enthousiaste et optimiste sur le moment, j'envisage déjà
de rendre mon livret dès la première session d'évaluation. Je vais vite
perdre mes illusions. J'imagine également pendant un temps ne pas
avoir recours à l'accompagnement, celui-ci ne pouvant débuter dans
l'immédiat. Ce désir pressant d'aboutir a vite raison de ma nature d'ordinaire plus patiente et plus réfléchie. En effet, comme bon nombre de
candidats, je confondais sans doute à l'époque recevabilité et obtention du
diplôme. Le livret de présentation des acquis et les démarches que je vais
devoir envisager pour le compléter vont calmer mon effervescence…
Le référentiel concorde avec certains traits de ma pratique professionnelle (accueil, analyse, accompagnement, projet socio-éducatif, mise à
distance..) et me conforte dans l'idée que je peux me positionner sur les
4 fonctions (donc sur le diplôme complet). Je m'interroge toutefois à
propos de la quatrième fonction, au demeurant essentielle, et pour
laquelle je dois combler mes lacunes (j'y reviendrai ultérieurement). Je
me documente sur le mode de remplissage du livret en lisant et relisant
la note explicative. Je prends conscience du travail à fournir et comme
il est préconisé dans le courrier du rectorat, je décide finalement de
prendre le temps nécessaire pour constituer mon dossier.
Par ailleurs, j'estime qu'il est préférable de solliciter un accompagnement. Je décide alors de l'autofinancer ; mes démarches pour en obtenir
le financement étant restées vaines. Sur ce point, je dois dire que je
regrette que tout candidat n'ait pas les mêmes chances. Pour moi, le
financement de la VAE ne devrait pas être à « géométrie variable ».
Je m'interroge beaucoup sur les éventuels manques qui peuvent émailler
mon expérience et m'empêcher d'obtenir le diplôme dans sa totalité.
Mes questions sont : que peut-on reprocher à mon parcours professionnel ? est-il suffisamment complet pour prétendre au DEES ?
Cette réflexion m'amène à tenter de combler au moins deux lacunes
dans mon expérience : le manque d'interventions auprès de publics
différents et l'absence de formation continue. Mes activités s'orienteront
donc dans ces deux directions.
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La première interrogation repose sur le fait que je n'ai qu'une expérience
au sein d'un même établissement. Or, il est proposé dans le livret d'en
relater plusieurs. De plus, la définition du métier d'éducateur spécialisé
notifie bien ses différents champs d'action et les différents publics
auprès desquels il est amené à agir. Pour remédier à ces problèmes, je
recherche un lieu de stage dans un Institut Médico-Pédagogique où la
population est ciblée sur le handicap et non sur les carences socioéducatives. Je réalise ce stage pendant près de trois semaines. Certes, il
ne s'agit pas là d'expérience à proprement parler, mais d'une observation
qui m'apporte des connaissances supplémentaires que je peux dès lors
réinvestir dans mon livret.
Il m'apparaît également important de bénéficier d'actions de formation
que je perçois comme essentielles et indispensables pour une mise à
distance de mes pratiques professionnelles. Je vais donc participer à
quatre formations sur une période de six mois.
En attendant de pouvoir bénéficier d'un dispositif d'accompagnement,
je commence à rédiger les premières parties du livret (motivations,
renseignements sur la structure…). La notice d'accompagnement
devient mon livre de chevet. Je me constitue parallèlement des dossiers
sur le contenu de la formation d'éducateur spécialisé ; je trie les divers
documents que j'ai pu amasser au cours des années et les complète. Je
lis. Je fais des recherches sur Internet. Ce travail me permet de percevoir l'ensemble des connaissances requises au cours de la formation
traditionnelle. Cette recherche est à la fois passionnante mais aussi
angoissante lorsque l'on considère l'ampleur des savoirs que doit mobiliser l'éducateur spécialisé. Pour autant, je me dis que la formation se
poursuit tout au long de la vie et que l'obtention d'un diplôme ne certifie pas une compétence absolue, mais introduit une reconnaissance de
compétences suffisante pour l'exercice d'une profession. Le diplôme
est, en principe, juste une sorte de porte d'entrée qui donne sur une
profession souhaitée. A partir du moment où j'accepte de ne pas tout
savoir, la pression devant le travail à accomplir s'estompe sensiblement
et je me sens un peu plus libérée pour la constitution de mon livret de
présentation des acquis.
Constitution du livret 2
La notice d'accompagnement
recommande d'exposer dans le
cadre d'une expérience principale celle qui est la plus récente. Je prends
en compte ce conseil pour sélectionner les situations de travail que je
compte décrire. Il me semble d'ailleurs plus simple de faire appel à des
expériences récentes, voire en cours. De plus, les années d'exercice
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m'ont permis d'enrichir mes pratiques et la recherche de preuves ne
peut qu'en être facilitée.
Je n'ai ainsi aucune difficulté à sélectionner les situations que j'expose
dans le cadre des fonctions 1 et 2. Pour la première, je compte relater
deux admissions d'enfants, distinctes par les conditions dans lesquelles
elles se sont déroulées. Pour la seconde fonction, je décide de relater un
suivi de plus d'une année d'un enfant dans son projet d'adoption ; projet
sur le point d'aboutir. En ce qui concerne les fonctions 3 et 4 je suis
moins optimiste. Sorties culturelles, bibliothèque, atelier théâtre… pour
la 3 ; lectures, conférences, échanges professionnels pour la 4. Mais cela
suffira-t-il ? Il me semble clair, en outre, que mes démarches de formation et de stage sont contributives pour la validation de cette dernière
fonction.
Fin mars 2005, l'accompagnement dans le cadre du dispositif de droit
commun de 24 heures débute enfin. Il arrive à propos car je stagne dans
mes écrits. J'ai rédigé partiellement les premiers chapitres et les textes
pour les deux premières fonctions lorsque je me rends à une séance
collective de travail. Parce que j'ai bien pris connaissance des explications figurant dans la notice d'accompagnement jointe au livret 2, ce qui
est fait et dit lors de cette première séance me semble inutile. Je désire
davantage entrer dans le vif du sujet en exposant mon travail afin de
savoir si je suis sur la bonne voie. Une information essentielle est cependant donnée ce jour-là en ce qui concerne l'extrême importance des
preuves à fournir. Je dois avouer que je ne m'étais guère préoccupée de
cette question-là…
Les éducateurs sont connus, semble t-il, comme étant de « beaux
parleurs ». Il est évident que chacun peut raconter ce qu'il veut.
L'important, avec la VAE, c'est de prouver ce que l'on déclare. Sans
doute naïve, cela ne m'était pas venu à l'esprit. Cette première rencontre me permet également de faire connaissance et d'échanger avec d'autres personnes inscrites dans la même démarche que moi. Des rencontres, des appels téléphoniques personnels avec ces personnes engagées
dans le même projet que moi sont très bénéfiques et représentent
surtout un soutien mutuel appréciable. Par ailleurs, les échanges avec ces
personnes provenant de différents secteurs d'activité apportent à
chacun d'entre nous un enrichissement de nos connaissances.
J'ai hâte de présenter mes premiers écrits pour pouvoir avancer. J'ai hâte
également d'entendre les critiques pour améliorer les premiers jets d'écriture et de savoir si j'ai fait les bons choix en ce qui concerne les situations
professionnelles sur lesquelles je m'appuie. Je suis quasi certaine qu'elles
correspondent aux domaines de compétences du référentiel, mais j'ai
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besoin de connaître l'avis d'un formateur pour être rassurée et, plus
encore, d'avoir son opinion sur le contenu de mes écrits. Je passe alors
de nombreuses heures de recherches et de rédaction et j'ai l'impression
d'avancer. Je vais pourtant me rendre compte au fur et à mesure des
rendez-vous avec l'accompagnateur que le plus grand travail reste à venir.
Je vais en effet devoir reprendre plusieurs fois les textes rédigés sur
chacune des fonctions pour les compléter, les parfaire. Je m'aperçois que
j'ai plus l'habitude de synthétiser que de détailler les différentes composantes qui interagissent dans mes pratiques. Ici on me demande une
démarche inverse. La transcription détaillée de mes situations de travail
va ainsi prendre davantage de temps mais aussi me permettre d'approfondir l'analyse de mes pratiques.
Faire la preuve ?
J'en reviens à la recherche de preuves. La constitution de ces preuves nécessite de consacrer
du temps pour apporter des documents variés et complémentaires
décrivant et attestant suffisamment la totalité des interventions que je
présente. Certaines sont faciles à obtenir, surtout lorsqu'il s'agit de faire
attester des écrits de travail par la direction de l'établissement, d'autant
plus que la plupart de ces écrits sont récents. Mais je ne peux me
contenter de ces éléments de preuve-là. Je dois contacter des professionnels extérieurs avec qui j'ai eu à travailler en partenariat afin qu'ils
attestent eux aussi de mon travail et, mieux encore, afin qu'ils donnent
une opinion. Ces démarches me coûtent dans le sens où j'ai la désagréable sensation de quémander. Pourtant, ces personnes vont sans aucune
difficulté me fournir ces attestations. Mais les autres candidats à la VAE
n'ont pas toujours eu cette même chance, soit parce qu'ils n'exerçaient
plus dans la structure, soit parce qu'ils étaient confrontés à la réticence
de leur hiérarchie ou tout simplement à celle de collègues diplômés par
la voie traditionnelle.
Les questions fusent tout au long de la composition du dossier. Par
exemple, faut-il masquer les noms des personnes qui rédigent des attestations (question d'éthique) ? Celles-ci connaissent les raisons de ma
demande, attestent de plein gré et donc engagent leur nom. Je cherche
conseil à ce propos. Un professionnel me recommande d'appeler le
Centre interministériel de renseignements administratifs pour avoir une
vision claire sur ce point. Ces questionnements réclament du temps,
mais tout écrit mérite d'être pensé et toute activité en VAE doit s'inscrire dans un cadre éthique incontournable.
Les premiers écrits que je présente à l'accompagnateur sont manuscrits.
Même s'il est permis de rédiger le livret 2 sous cette forme, je perçois en
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filigrane à travers ses propos que la version informatique est préférable.
Or, je n'ai jusque là jamais rien informatisé et pour respecter le secret
professionnel, je ne veux pas faire appel à une personne extérieure. C'est
ainsi que je me mets à l'écriture sous Word en demandant ici et là
quelques conseils pratiques en informatique et traitement de textes.
Compléments d'expériences par la réalisation d'un stage et d'actions de
formation, recherches de preuves et de renseignements divers, premiers
pas en informatique… tout cela demande un réel investissement qui
vient s'ajouter à l'écriture du dossier. Et, comme la plupart des candidats
à la VAE, j'accomplis ce travail tout en exerçant parallèlement et sans
relâchement mes activités professionnelles…
Le dispositif d'accompaLe passage devant
gnement intègre un
moment de simulation de présentation du livret devant le jury.
Successivement, les candidats présents ce jour-là, sont amenés à une
prestation orale face aux autres participants prenant le rôle d'examinateurs ou d'observateurs.
Pour avoir échoué au diplôme d'infirmière du fait d'un stress mal géré,
je sais que mon point faible se situe à ce niveau. Ce travail de mise en
condition me permet de prendre conscience que je ne suis toujours pas
rompue aux situations d'examens ; cela malgré les années et les
nombreuses occasions où j'ai pu prendre sans difficulté la parole en
public (audiences d'assistance éducative, synthèses…). Cette préparation me donne l'occasion, à partir des observations faites et du compterendu de l'accompagnateur, de repérer ce qu'il y a lieu de corriger dans
ma prestation. Je dois par exemple veiller à ma position, à ne pas être en
retrait, je dois sourire…
Guidée de la sorte, je vais réitérer cet entraînement avec des collègues
que je côtoie en VAE (l'une d'elle est déjà passée devant un jury) lors de
rencontres organisées en privé, en dehors de tout dispositif d'accompagnement officiel. Ce travail de groupe génère pour moi des apports
déterminants pour une bonne présentation du dossier de VAE.
Je profite de la période vacante qui va du dépôt du dossier jusqu'au
passage devant le jury, pour contacter un professionnel du secteur et
pour lui demander de lire mon livret et de m'interroger ensuite sur son
contenu. C'est dire à quel point la soutenance de ce livret me paraît
angoissante.
le jury
La convocation pour l'oral me parvient trois semaines avant la présentation du dossier devant le jury. Jusqu'à la veille, je lis et relis mon livret,
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je ressasse les questions que l'on a pu me poser, je me tiens informée de
l'actualité sociale et de l'évolution du monde.
Je dois passer la première, le matin. Bien que l'angoisse m'envahisse peu
à peu dans l'attente d'être appelée, je suis paradoxalement souriante et
heureuse de me trouver là. Je suis tellement déterminée à ne pas renouveler les erreurs commises dans le passé (lors du diplôme d'Etat d'infirmière), à ne pas me laisser submerger par le stress que j'use finalement
d'autodérision pour éviter que cela n'arrive. L'observation des autres
candidats me donne aussi l'occasion de ne pas trop penser. Certains
semblent parfaitement à l'aise. J'admire même une personne tranquillement occupée à lire. Je suis curieuse de connaître le titre du livre de
poche dans lequel elle est plongée, mais je ne parviens pas à le distinguer.
Une autre personne semble par contre extrêmement anxieuse…
Une dame, très rassurante, me conduit enfin dans la salle où m'attend le
jury. Les présentations faites, les membres du jury m'interrogent.
Lorsque je ne peux fournir une réponse à une question en rapport avec
une référence que je donne en annexes dans mon livret, je cherche à ne
pas me laisser déstabiliser. Lorsque l'on s'étonne du peu de formations
suivies, j'explique l'impossibilité pour mon employeur de m'envoyer
davantage en formation. A un moment, j'ai quelques difficultés à dépasser le stress et donc à rassembler mes idées. Je n'ai plus de salive et je suis
paralysée par la situation. Je ne parviens plus à ordonner mes pensées et
à répondre à une question qui ne devrait pourtant poser aucun problème
en d'autres circonstances. La proposition qui m'est faite de donner un
exemple pour illustrer ma pensée me permet de me ressaisir. L'entretien
dure une petite demi-heure. Sortie du jury, le soulagement est de courte
durée. Je suis de suite en colère contre moi-même et assez mécontente
de ma prestation. Je me repasse en boucle les questions qui m'ont été
posées et me demande pourquoi je n'ai pas dit telle ou telle chose à tel
moment. Je me reproche de ne pas avoir suffisamment " assuré ". Je
tente de me raisonner, pensant tout de même ne pas avoir perdu tous
mes moyens. Je passe les jours suivants dans le même état d'esprit
jusqu'aux résultats consultables sur Internet, le 31 mars 2006…
Je suis parvenue à valider les quatre fonctions et ainsi à obtenir le
diplôme d'éducateur dans sa totalité. Quelle joie ! Je peux désormais me
présenter en tant qu'éducatrice spécialisée. J'en retire une certaine fierté.
Conclusion et éléments de débat
Je ne veux pas
polémiquer
sur une éventuelle concurrence entre VAE et qualification obtenue par
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les voies traditionnelles. Je peux entendre et comprendre les personnes
qui émettent des doutes envers la VAE. Il est légitime, toutefois, parce
que je l'ai vécu de l'intérieur, que je défende ce système de reconnaissance, bien que pour ma part je n'aie que très peu entendu de remarques
négatives sur ce sujet. J'ai, en effet, davantage reçu d'encouragements
que de critiques. Il n'empêche ! Aux personnes sceptiques sur la VAE, à
celles qui trouvent injuste que l'on puisse obtenir le même diplôme que
celui délivré suite à un cursus traditionnel, je peux témoigner des exigences du dossier à fournir ; exigences calées sur le référentiel professionnel d'éducateur spécialisé et sur la notion de compétences.
Je n'étais qu'au tout début de la démarche de VAE lorsqu'un éducateur
diplômé après 3 années d'études me fit part de son désappointement
quant à ce système de reconnaissance de compétences. Il avançait qu'il
avait du rédiger un mémoire, lui. Je peux lui garantir, à ce jour, que la
constitution du livret 2 équivaut à la production d'un mémoire. Pour en
avoir réalisé un au cours de mes études d'infirmière, il ne m'apparaît pas
plus complexe de choisir un thème, de consacrer du temps dans la
recherche et l'écriture d'un mémoire que de composer un dossier en
VAE. Et, au-delà de ce point et à quelques exceptions près, il ne faut pas
oublier que les personnes engagées dans la VAE exercent également une
profession, qu'elles ont pour certaines des enfants dont il faut s'occuper,
et qu'elles doivent malgré tout consacrer l'intégralité du temps qui leur
reste à la réalisation de leur dossier de validation des acquis
.
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