les charmes et les risques d`un mariage franco

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les charmes et les risques d`un mariage franco
LES CHARMES ET LES RISQUES
D’UN MARIAGE FRANCO-JAPONAIS
C
BEAUCOUP D’HOMMES FRANÇAIS, SÉDUITS PAR LA FÉMINITÉ JAPONAISE,
RÊVENT D’UN MARIAGE AVEC UNE FEMME DE CE PAYS QUI LES FASCINE. BEAUCOUP SE RETROUVENT LA BAGUE AU DOIGT SANS AVOIR ÉTÉ MIS AU COURANT
DES DIFFÉRENCES CULTURELLES NI DES SPÉCIFICITÉS DE LA LOI JAPONAISE
CONCERNANT LE MARIAGE ET LE DIVORCE. IL EN EST DE MÊME POUR LES FRANÇAISES QUI FONDENT UNE FAMILLE AVEC UN RESSORTISSANT JAPONAIS.
Aussi exaltante que puisse être cette expérience de mariage interculturel, basée sur des
sentiments sincères, il faut bien reconnaître
que le mariage se fonde presque inévitablement sur des malentendus. Car si l’émotion
amoureuse peut être commune, les conceptions du mariage, ainsi que les lois qui les
régissent, sont très éloignées entre nos deux
cultures, et cela ne se découvre, malheureusement, qu’avec le temps et l’expérience…
En France, dans la très grande majorité des
cas aujourd’hui, les futurs époux se choisissent librement et par inclination réciproque.
Ils choisissent d’unir leurs existences dans le
but principal (et peut-être idéal) de se rendre
heureux mutuellement. Le couple reste le
cœur de la famille et sa bonne entente est garante de l’unité de celle-ci. Pouvoir passer du
temps avec son ou sa partenaire, et avec ses
enfants, fait partie des priorités de la vie des
français. Les considérations matérielles, bien
qu’importantes pour l’avenir familial, ne sont
pas mises au premier plan dans le choix de
mariage. La vie de famille est, pour leur plus
grand nombre, aussi importante que leur
vie professionnelle — quand ce n’est pas
davantage. En cas de séparation et de divorce,
la loi française établit un partage de l’autorité
parentale et assure un droit de visite régulier
au parent qui ne reçoit pas la garde des
enfants. La non-présentation d’enfant y est
sévèrement punie par la loi et la force publique fait respecter celle-ci. Le divorce entre
les parents ne signifie pas le divorce d’un des
deux parents avec les enfants.
Cité par le journal LA CROIX du 23/12/2008 :
Au Japon, l’argent s’invite souvent au centre
de la vie de couple, www.la-croix.com/article/
index.jsp?docId=2360109&rubId=4077 qui
précise : « Et 55 % exigent qu’il touche plus
de 8 millions de yens (65 000 €). Or, en 2007,
seuls 30 % des hommes gagnaient plus de
6 millions de yens par an et seulement 15 %
plus de 8 millions. La proportion diminue pour
les hommes jeunes et célibataires. »
I 22 I bulletin AFJ
Il en est tout autrement au Japon. Le nombre
de mariages arrangés (omiai) reste encore élevé. Encore peu de femmes mariées
travaillent et le choix d’un mari passe par
l’examen du montant de son salaire annuel.
Selon le magazine économique Aera, 80 %
des femmes japonaises posent comme condition que l’homme gagne plus de 6 millions
« NE RIEN VOIR – RIEN DIRE – RIEN ENTENDRE »
de yens par an (soit environ 49 000 €) 1 . Et
70 % des divorces au Japon ont une cause
économique, généralement la perte d’emploi
du mari. De son côté, le mari attend avant
tout d’une bonne épouse qu’elle s’occupe
bien des enfants et de la maison. Le mariage
est ainsi conçu plus comme une association
pratique, que comme la réunion de deux
êtres mués par l’amour.
En cas de séparation ou de divorce, il semblera alors normal que les époux « retournent » dans leurs familles respectives, les
enfants étant à la charge de l’une ou l’autre
famille mais d’une seule de ces deux familles.
Les ponts sont alors coupés entre l’un des
parents et ses enfants, comme il le sera entre
les époux : le divorcé devient, en effet, un
étranger (tanin) pour son ex-conjoint et
pour son ex-belle-famille.
Notons que 90% des divorces se font au
Japon par consentement mutuel à la mairie,
et que, concernant les enfants, le formulaire
de divorce à remplir par les époux ne permet
d’indiquer, sans autre détail, que l’unique
parent qui sera désormais détenteur de
l’autorité parentale.
Restent 10% des divorces : environ 9%
vont se résoudre en conciliation judiciaire
(chotei), et les 1% restants qui ne pourront
se mettre d’accord devront avoir recours à
l’arbitrage d’un juge (shinpan). L’autorité
parentale, unique au Japon, est confiée, ainsi
que la garde des enfants, dans plus de 80 %
des cas à la mère. Le père ne reçoit en échange
que des devoirs, et principalement celui de
payer une pension alimentaire (ce dont les
pères japonais s’acquittent assez rarement).
soumise, après le jugement, et dans les faits,
à l’arbitraire du parent détenteur du droit de
garde.
Ainsi, il n’est pas rare qu’un des parents (et
généralement la mère) prenne l’initiative,
avant même que la séparation ne soit décidée,
d’enlever brutalement les enfants et de se réfugier dans sa famille en refusant qu’ils aient
désormais le moindre contact avec leur autre
parent, tout en réclamant une pension.
La loi japonaise ne punit pas l’enlèvement
parental et le Japon est le seul pays du G8,
avec la Russie, à n’avoir toujours pas signé la
Convention de La Haye sur les aspects civils
des déplacements illicites d’enfant. Le Japon
n’applique pas non plus la Convention relative
aux droits de l’enfant (CRC), dite « Convention de New York » qu’il a signée le 22 avril
1994 (déjà 15 ans !). Pire, c’est le parent qui
sera le plus prompt à enlever les enfants qui
prendra l’avantage sur le plan juridique pour
l’attribution de la garde et de la pension.
d’une justice nipponne plus juste et équilibrée pour les deux parents sont maintenant
réunies en une « Alliance pour des droits
parentaux équitables au Japon (AEPJ) »,
qui effectue un intense travail de lobbying
politique et médiatique. ». L’association SOS
Parents Japan 3 , fondée par des Français,
travaille déjà en étroite collaboration au sein
de l’AEPJ.
2 De nombreux articles de presse sont parus
ces mois derniers sur ce sujet, tant au Japon
qu’à l’étranger. Voir notamment, en français :
Au Japon, la garde partagée est un combat,
par Philippe Mesmer, LE MONDE | 28.07.08 |
(encore accessible en ligne sur HYPERLINK
http://sos-parents-japan.org/2008/08/02/
au-japon-la-garde-partagee-est-un-combat/)
et Pères, divorcés et privés de leurs enfants
par Michel Temman, Journal LIBERATION,
Mais quand le divorce implique un parent
non japonais, cela entraîne d’autres problèmes internationaux, qui ne sont encore pas
correctement gérables. Le sénateur Richard
Yun, représentant les Français établis hors de
France, note le retard du Japon en la matière:
« Des parents français sont aujourd’hui
privés du droit de voir leur enfant car le droit
japonais reconnaît très rarement le droit de
visite et la non-présentation de l’enfant n’est
pas sanctionnée dans ce pays. Ces pratiques
sont contraires à la convention internationale
des droits de l’enfant, que le Japon a signée
en 1994. » 4
Monde 12/01/2009, http://www.liberation.
fr/monde/0101311066-peres-divorces-etprives-de-leurs-enfants/ ou sur http://sos-parents-japan.org/2009/01/13/peres-divorceset-prives-de-leurs-enfants/
3 http://sos-parents-japan.org/. SOS Parents
Japan a pour but de venir en aide aux parents
privés de leurs enfants, en leur fournissant
informations, soutien et lieu d’échanges (forums en français, anglais et japonais) et aussi
de faire avancer le cadre juridique japonais en
vue d’une reconnaissance du droit de visite
et du partage de l’autorité parentale après la
séparation et le divorce.
A l’intérieur même du Japon, les juges entérinent les enlèvements « Dans l’archipel,
166 000 enfants, selon des chiffres officiels,
sont chaque année privés d’un de leurs parents
(de leur père, en général).» écrivait récemment Michel Temman dans Libération. 2
Toutefois, les parents Japonais comptent bien
faire évoluer cette justice et les associations
parentales japonaises qui luttent en faveur
En effet, on compte par centaines les cas
d’enlèvements d’enfants binationaux (dont
plusieurs dizaines d’enfants franco-japonais)
par leur parent japonais, enlèvements qui restent toujours impunis. Ajoutons que, contrairement à la France, les tribunaux japonais ne
reconnaissent pas les jugements de divorce
prononcés à l’étranger et n’hésitent pas à
réattribuer la garde et l’autorité parentale au
parent japonais.
4 Question n° 07068 adressée à Mme la Garde
des Sceaux, ministre de la Justice, parue au
Journal Officiel le 22/01/2009
5 www.senateursdesfrancaisdumonde.net/
richard-yung/francais-a-l-etranger/1015/divorces-franco-japonais.html Journal Officiel du
12/03/2009
Le parent qui n’a pas l’autorité parentale n’a
plus aucun droit de regard sur l’éducation
des enfants, et ne reçoit que très rarement du
tribunal un droit de visite, qui n’existe pas
dans la loi japonaise et dont l’application est
bulletin AFJ I 23 I
CARNET DU JOUR
“
La question est assez sérieuse pour mériter
qu’on prémunisse nos compatriotes : elle
concerne l’avenir de tous les enfants francojaponais. On peut se demander s’il est bien
raisonnable de valider des mariages internationaux avec des ressortissants d’un pays qui
ne signe pas la Convention de La Haye et qui
n’applique pas la Convention relative aux
droits de l’enfant qu’il a signée.
notamment de France vers le Japon ou inversement, ou ceux éprouvant des difficultés
pour exercer un droit de visite, ont la possibilité de solliciter de la direction des affaires
civiles et du sceau (bureau de l’entraide
civile et commerciale internationale) une
aide à la médiation familiale, dans le but de
dégager des solutions consensuelles afin de
régler le litige» 5
Pour éviter les problêmes, maître Kyohei
Niitsu (Clerc d’Avocat spécialisé dans les
procédures légales pour les étrangers au
Japon dont le mariage) a ces conseils à
donner : La procédure de divorce est en
général très rapide mais il ne faut pas se
précipiter avant de signer le document de
divorce (RIKON-TODOKE), particulièrement si vous avez un enfant. En effet, si
vous ne lisez pas le Japonais, il est probable
que vous ne remarquiez pas l’unique petite
case à cocher en bas du document qui
décide de l’autorité parentale. Éventuellement, il ne vous sera pas posé la question,
et une fois ce simple document signé, le
divorce est approuvé et l’autorité parentale
décidée. Vous ne pourrez pas annuler cette
décision. Avant de signer l’acte de divorce,
il est donc recommandé de faire appel à
un juriste afin d’ établir un autre contrat à
valeur légale dans lequel il sera clairement
stipulé, par exemple, les droits de visite pour
l’ enfant.
Mais cela n’est pas suffisant et Thierry Consigny, Conseiller AFE pour l’Asie du Nord et
basé au Japon, nous explique : « La communauté internationale invite le Japon à signer
la Convention de la Haye, en s’unissant dans
une position commune et forte vis-à-vis du
gouvernement japonais. Pour régler les cas
présents, j’ai envisagé avec la Sous-Direction
de la Coopération Internationale en Droit de
la famille du Ministère des Affaires Etrangères
et Européennes, que la solution passe par une
médiation franco-japonaise officielle, qui
préconiserait notamment la désignation par
le gouvernement japonais d’un magistrat de
liaison japonais francophone. »
Encore récemment, au mois de mars 2009,
Madame Rachida Dati, ministre de la justice,
expliquait la politique de la France vis-à-vis
de ce problème japonais : « Les difficultés
soumises en ce domaine au ministère de la
justice sont systématiquement portées dans
les plus brefs délais à la connaissance du
ministère des affaires étrangères et européennes, notamment aux fins de mise en
place d’une assistance consulaire. De plus, les
parents victimes d’un déplacement d’enfant,
Richard DELRIEU
Président de SOS Parents Japan
I 24 I bulletin AFJ
Souhaitons que la France s’implique
davantage dans le sort des enfants francojaponais kidnappés au Japon - qui sont des
citoyens français à part entière - , afin que ces
citoyens-là ne soient plus, demain, les laissés
pour compte de la République qu’ils sont
encore, hélas, aujourd’hui.
Pour plus d’informations :
www.sos-parents-japan.org
http://japethno.info/jmbutel/spip.php?rubrique25
http://france-japon.net/wiki/index.php?title=Divorce_
franco-japonais
www.ambafrance-jp.org/article.php3?id_article=2847
&var_recherche=divorce
Père Robert VALLADE
Une figure de la communauté française du
Japon, le Père Robert Vallade nous quitté le 17
février dernier à l’aube de sa 95ième année. 
Prêtre des Missions Etrangères de Paris, le Père
Vallade est arrivé en 1950 à Kobé. C’est là qu’il
est interpellé par la pauvreté et l’isolement de
ceux qu’il côtoie dans les bas quartiers.  Alors
il s’installe dans une cabane au bord de la rivière
Ikutagawa et avec ses premiers compagnons
commence sa vie avec les chiffonniers. C’est
ainsi que naîtra la première communauté
d’Emmaüs au Japon. Progressivement de
nouvelles communautés voient le jour à Osaka,
Tokyo, Maebachi etc. Il ouvre un jardin d’enfants 
et une maison de retraite.
Beaucoup de Français l’on rencontré lors de
ses ventes d’antiquités à Kobe et à Tokyo pour
rassembler quelques fonds pour les communautés du Japon et d’Asie. Aucun n’oubliera
le caractère exceptionnel d’un homme dont la
foi profonde a permis à beaucoup de retrouver
l’espérance  sur le chemin d’Emmaüs...
Alain BERNARD, Président de l’AFJ Kansai
> Cambodia
> China
> Hong Kong
Emmanuel RHOR 
Tous ses amis du Japon, et ils sont nombreux
à l’AFJ, sont unis pour dire un dernier adieu
à “Manu “qui nous a quitté dans la nuit du 
31 mars 2009. 
Nous souhaitons tous beaucoup de courage à
son epouse Kyoko pour surmonter cette
douloureuse épreuve
Jean-Philippe PONS, au nom de tous ses amis
> Indonesia
Asian Tigers
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> Japan
> Laos
CONTACT: Sandra Van Gessel-Yoda
> Malaysia
Asian Tigers Premier Worldwide Movers Co.,Ltd.
6th Floor, Nakata Mac Toranomon Building
1-1-10 Atago, Minato-ku
Tokyo 105-0002, Japan
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bulletin AFJ
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I 25 I
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