Le psaume 115 à télécharger

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Le psaume 115 à télécharger
Psaume 115 2° dimanche de carême B
Le deuxième dimanche de carême de cette année nous prions le psaume 115.
D’abord une remarque sur la numérotation des psaumes : elle est double. L’une se
base sur le découpage des psaume dans la bible en Hébreu : cette numérotation est
utilisée par les exégètes, les théologiens et aussi la tradition réformée. L’autre se
base sur la traduction grecque qui a un autre découpage et qui est utilisée par la
liturgie catholique.
Certains psaumes sont bien identifiés dans leur style. D’autres se suivent et se
ressemblent : ils peuvent se joindre ou se disjoindre. Ainsi ce psaume 115 en liturgie
n’est en hébreu que la deuxième partie du psaume 114. Dans les bibles le numéro
est celui de la bible hébraïque avec entre parenthèse la numérotation liturgique.
Dans les livres liturgiques il y a parfois un deuxième numéro entre parenthèse qui
renvoie au numéro hébreu !
Mais revenons au psaume qui nous intéresse. Il comporte 4 strophes. C’est une
action de grâce au temple suite à une guérison. Même si il relève d’une démarche
personnelle (on y trouve 10 fois le pronom personnel « je ») ce psaume s’inscrit dans
une suite, du psaume 112 au psaume 117, qui est priée à l’occasion de la fête de
Pâque et que l’on appelle le « Hallel » : une grande action de grâce de tout le peuple
pour la délivrance de la servitude. Ce qui explique que ce psaume soit repris pour la
messe du soir du Jeudi saint puisque Jésus et ses disciples l’ont chanté ce soir là.
Marc le dit au chapitre 14 « après avoir chanté les psaumes ils partirent pour le mont
des Oliviers » Les psaumes en question étaient ceux du Hallel.
Voici le texte
Je crois, et je parlerai, moi qui ai beaucoup souffert.
Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens.
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, moi dont tu brisas les chaînes ?
Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce, j'invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple,
à l'entrée de la maison du Seigneur, au milieu de Jérusalem !
Il y a deux refrains : Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des
vivants.
Et Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ?
Ce psaume est choisi pour faire suite au récit, dans le livre de la Genèse, du sacrifice
d’Isaac. Même si le sacrifice n’a pas lieu par effusion de sang, il a lieu dans la foi :
Abraham n’a pas refusé son Fils unique et la lettre au Romains, lue aussi ce jour,
reprend en parlant de Jésus : « Dieu n’a pas refusé son propre Fils : il l’a livré pour
nous tous »
Nous mesurons donc le chemin parcouru sur la purification de la pratique du
sacrifice. Au temps des ancêtres dans les civilisations du moyen orient, il était
courant de sacrifier des enfants. Le Dieu d’Abraham refuse ce comportement, ce qui
l’intéresse c’est le détachement intérieur : le sacrifice d’action de grâce comme dit le
psaume. L’on passera par les sacrifices d’animaux, les offrandes de nourriture pour
arriver à la seule attitude intérieure : il s’agit de « se » sacrifier. Cette purification du
sacrifice va aboutir à Jésus qui va résumer en sa personne les 3 éléments du
sacrifice : celui qui offre, celui qui est offert et le lieu saint où se réalise l’offrande. Il
est comme l’on dit aussi à la fois le prêtre, la victime et l’autel. Tout en étant sanglant
son sacrifice est totalement intériorisé dans l’amour. A sa suite tout homme croyant,
en lui, peut vivre cette attitude intérieure et faire de sa vie une offrande pour Dieu, un
véritable sacrifice. Comme dit Jésus à la Samaritaine : ce sont les adorateurs en
Esprit et en vérité. Voici la mise en œuvre de ce psaume venant de la revue Signes
n° 218
Un petit commentaire sur cet enregistrement. Il est confié à un soliste : refrain et
versets. Il met en relief une difficulté du chant du psaume. Le refrain est chanté, mais
les versets du psaume doivent être psalmodiés. Quelles sont les différences ? Le
chant comporte une mesure, un posé et un phrasé de la voix : ce qui dans
l’enregistrement est parfait. Mais la psalmodie est plus une manière de dire le texte
sur une note en évitant de s’étaler, d’allonger ou d’écraser les poses rythmiques du
texte, la voix se fait plus légère et le rythme est simplement celui des mots avec les
rapprochement et les distances qui facilitent la compréhension. Mais dans cet
enregistrement le psalmiste garde sa voix de chanteur. C’est pour cela qu’il est
préférable qu’au moins celui qui chante le psaume laisse l’assemblée reprendre le
refrain, sans le chanter lui même, pour rester dans le style et l’attitude de la
psalmodie.
L’évangile est celui de la transfiguration de Jésus. Nous pouvons y penser avec le
refrain « Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants » Jésus
affirme sa présence au milieu de ses disciples, sa présence humaine était bien
perçue, mais son unité avec le Père était voilée. Sur la montagne il signifie qu’elle est
pourtant bien réelle et cette présence est vivificatrice. Ce refrain chacun le chante
mais il n’est pas seul à le chanter. Ce refrain Jésus le chante au milieu de nous les
hommes, pour notre salut. C’est un refrain solitaire expression de notre foi, c’est
aussi le refrain d’un peuple qui porte l’espérance de la terre des vivants.
Dans la mise en œuvre que nous allons entendre, le psaume n’est pas accompagné
cela peut surprendre mais fait ressortir la vérité des paroles.
Jean-Pierre Belliard

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