etude sur la valeur sociale des organisations de jeunesse
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etude sur la valeur sociale des organisations de jeunesse
ETUDE SUR LA VALEUR SOCIALE DES ORGANISATIONS DE JEUNESSE (traduction du rapport anglais) 1 Remerciements Les auteurs souhaitent remercier Rodri Bowen pour sa contribution à la recherche; Alfonso Aliberti et Laura López-Bech du Forum européen de la Jeunesse, et Dr Howard Williamson, Professeur de Politique européenne de la Jeunesse, pour leur soutien et leurs commentaires sur le rapport préliminaire; Marko Boko, Elisa Briga, Tony Geudens et Marguerite Potard pour leurs contributions à l’étude via des entretiens; et CISV International, le Conseil national de la Jeunesse d’Irlande (NYCI), le Partenariat I’VE, ESN, et l’Association mondiale des Guides et Eclaireuses, qui ont fourni du matériel supplémentaire pour l’étude. 2 Contenu 1. Avant-Propos 4 2. Avant-Propos 6 3. Introduction 7 4. Approche et Méthodologie 10 5. Mécanismes : comment les organisations de jeunesse créent de la valeur sociale 12 6. L’impact des organisations de jeunesse sur les jeunes et la société: résultats personnels et sociaux 24 7. L’impact des organisations de jeunesse sur les jeunes et la société : résultats politiques et civiques 27 8. Différences dans les résultats 34 9. Coûts économiques et bénéfices des organisations de jeunesse 39 10. Données et indicateurs 41 11. Conclusions 45 12. Bibliographie 48 13. Annexe : définition d’une organisation de jeunesse 54 14. Annexe : détails de la recherche 55 15. Annexe : examen de la documentation 60 ———————————————————————————————————— Figure 1 aperçu de l’étude 10 Figure 2 la relation entre l’éducation formelle, non formelle et informelle 14 Figure 3 la relation entre l’engagement civique et politique et l’action 28 Figure 4 échelle de la participation (adaptée) 54 Tableau 1 travail de jeunesse, éducation non formelle informelle et formelle 56 Tableau 2 recherche de documentation parallèle en anglais 57 Tableau 3 termes de recherche utilisés en français et en espagnol 58 Tableau 4 recherche de documentation parallèle en espagnol et en français 58 Tableau 5 mesure des résultats 61 Tableau 6 évaluation d’impact 61 Tableau 7 analyse de la qualité 62 Tableau 8 classification des études 3 62 AVANT-PROPOS 1. _______________________________ Chaque jour, les organisations de jeunesse en Europe aident à construire nos sociétés et à les renforcer. A quoi ressemblerait notre société si les organisations de jeunesse n’étaient que valorisées en termes de production et de consommation? L’argument selon lequel les organisations de jeunesse ont besoin d’un solide cadre théorique et empirique et qu’elles doivent prouver leur valeur sociale est faux. Les organisations de jeunesse et la société civile sont-elles sur une pente glissante au même titre que la philosophie, la danse, la musique, la littérature, etc. ? Pourquoi tout doit-il toujours être plus scientifique? Si nous accordons une valeur à absolument tout, alors nous ouvrons la porte à ce que tout puisse être dévalué. La « valeur sociale des organisations de jeunesse » est-elle une chose mesurable dans une recherche « objective et menée à bien correctement »? Selon moi, il s’agit d’une mission quasi impossible. Je suis d’avis que les organisations de jeunesse sont une chose précieuse en soi! Le Forum européen de la Jeunesse (le principal partenaire des institutions de l’UE dans le domaine de la jeunesse) a 20 ans et il ose entreprendre cette mission! Un nombre croissant d’études démontrent le rôle clé que jouent les travailleurs bénévoles dans nos sociétés. D’un point de vue économique, ils sont dorénavant perçus comme des membres à part entière de la main d’oeuvre, ce qui indique qu’ils réalisent une activité productive qui fournit des services utiles au public, particulièrement lorsque leur travail soutient celui du secteur sans but lucratif dans des domaines aussi divers que l’action sociale, la santé, l’éducation, la culture, etc. Dans ce contexte, l’Organisation internationale du Travail (OIT) s’est intéressée à l’évaluation quantitative du travail volontaire, publiant en 2011 le Manuel sur la mesure du travail bénévole avec l’aide de l’université Johns Hopkins (Baltimore, Etats-Unis)1 . Le réseau mondial des bénévoles de la Croix Rouge a engrangé près de 4,4 milliards d’euros2 en 2009 en travaillant dans 186 pays. Nous savons tous que le travail et les aboutissements des jeunes et de celles et ceux qui sont actifs dans le travail associatif et les organisations de jeunesse méritent une plus grande reconnaissance afin d’améliorer leur valeur et leur visibilité. Le travail qu’ils accomplissent doit être pris en compte par les employeurs, l’éducation formelle, et la société civile en général. L’apprentissage non formel et informel dans le domaine de la jeunesse se déroulent dans une palette très vaste et très variée d’environnements, et des méthodes et instruments spécifiques et appropriés sont nécessaires pour l’épanouissement des jeunes et leur intégration sociale, culturelle et professionnelle. L’importance sociale et économique du secteur de la jeunesse est évidente, vu son impact potentiel sur le développement de compétences clés qui sont d’une pertinence pratique pour le marché du travail. En outre, le travail de la jeunesse encourage la participation, la citoyenneté active, et la responsabilité sociale. Nous devons non seulement allouer les ressources nécessaires dans un tel contexte, mais une plus grande reconnaissance de ce type de travail est également indispensable, à la fois dans et 1 http://ccss.jhu.edu/wp-content/uploads/downloads/2011/09/Manual_Development_TEG_2010.pdf 2 http://dalberg.com/blog/?p=187 4 en dehors des structures de politique de jeunesse. C’est essentiel si nous voulons aboutir à un cercle vertueux de qualité, de capacités, et pour garantir de bonnes pratiques. Cela demande des stratégies pour la reconnaissance et la validation du travail de jeunesse aux niveaux européen, national et local, et parfois au niveau organisationnel. Quels que soient les outils qui seront développés pour la reconnaissance, la certification et l’évaluation, des questions clés subsistent cependant quant à l’usage, la devise et la crédibilité. Cette nouvelle étude du Forum Jeunesse démontre que la valeur sociale du volontariat est inestimable. Les travailleurs et responsables socio-éducatifs sont tout simplement essentiels! Jan Van Hee Attaché à la Politique internationale de la jeunesse et aux Affaires de la Jeunesse de l’UE, Département pour la Culture, la Jeunesse, les Sports et les Médias et RP de Belgique auprès de l’Union européenne - Représentation flamande On pose toujours des questions confuses sur la valeur et l’impact du travail et des organisations de jeunesse - tant pour les jeunes que pour la société au sens plus large. Nous avons ici un rapport modeste mais important qui expose certaines des réponses. Elles ne seront peut-être pas toujours convaincantes mais au moins nous disposons d’un cadre informé pour réfléchir à ces questions. Malheureusement, malgré que cela fût prévisible, la conclusion, en général, est que « les éléments probants sont faibles ». Cela n’est pas très surprenant. Non seulement très peu de recherches méthodiques ont été menées à bien, surtout par rapport aux résultats et à l’impact, dans le domaine de la jeunesse, mais les organisations de jeunesse ellesmêmes sont caractérisées par une diversité sur d’innombrables fronts. Tenter d’établir la cause et l’effet, plutôt qu’une simple corrélation, est une tâche ardue. 5 2. AVANT-PROPOS _______________________________ Néanmoins, cette image est prometteuse. Les organisations de jeunesse, sous leurs formes diverses, ont un rôle important à jouer, tant pour le développement personnel et social des individus que pour la contribution civique et « politique » que ces individus apportent ensuite à leur communauté et à la société. Le trait distinctif des organisations de jeunesse est leur philosophie d’ancrage de la participation des jeunes. C’est dans ces contextes que la voix des jeunes est amenée à porter sur une série de questions qui les préoccupent et qu’elle se retrouve ensuite souvent articulée bien au-delà. Quels que soient les autres éléments qui se déroulent au sein des organisations de jeunesse (et la liste est plutôt bien fournie: éducation et apprentissage, expérience et opportunité, conseils et orientation), elles sont des espaces où les jeunes s’associent, se rassemblent, apprennent et travaillent ensemble. Peut-être devraient-elles en faire davantage, élargissant le territoire sur lequel elles travaillent (pour aborder les questions urgentes de notre époque comme l’emploi, la santé et le logement) et motivant davantage de jeunes à participer. Mais elles en font déjà beaucoup - en offrant des services aux autres, en menant campagne et en communiquant mieux les politiques et pratiques de la jeunesse. Il faut simplement que nous nous attelions davantage à démontrer ces faits. Dr Howard Williamson Professeur de Politique européenne de Jeunesse Université du sud du pays de Galles 6 3. INTRODUCTION _______________________________ Le Forum européen de la Jeunesse est la plate-forme des organisations de jeunesse en Europe. Il mène des actions de plaidoyer en faveur de la reconnaissance des valeurs et de la contribution des organisations de jeunesse au bien-être de notre société, et il a commandité cette étude pour récolter des preuves de la valeur que les organisations de jeunesse apportent au développement social des jeunes individus, des communautés et des sociétés grâce au travail de jeunesse et à la participation des jeunes. Organisations de jeunesse Pour les buts de cette enquête, les organisations de jeunesse sont définies comme « ces organisations sociales (associations, clubs ou mouvements) qui sont établies pour servir les jeunes et où les jeunes sont chargés de la structure organisationnelle » et « qui sont démocratiques, non gouvernementales et sans but lucratif » (Souto-Otero, et al, 2012, p. 27). Il existe un large éventail de structures et de finalités organisationnelles au sein des organisations de jeunesse. Par exemple, Quintelier (2008) opère une distinction entre des organisations expressives (clubs de sports et de loisirs); de jeunesse (groupes et clubs de jeunes); culturelles (musique, théâtre); d’aide (environnementales, pacifiques); délibératives (partis politiques, assemblées citoyennes); et religieuses-ethniques. Les exemples observés dans cette étude permettent d’illustrer la diversité du secteur. Le Forum européen de la Jeunesse lui-même représente une petite centaine d’organisations de jeunesse, y compris des conseils nationaux de jeunesse (dont la structure et la taille diffèrent grandement) et des organisations internationales non gouvernementales de jeunesse allant notamment de: Active - Sobriété, Amitié et Paix, une organisation faîtière de jeunesse qui promeut un style de vie sans alcool ni drogue, à l’Organisation mondiale du Mouvement scout. Les membres du Forum Jeunesse comprennent des organisations religieuses et non religieuses, des organisations qui travaillent avec des jeunes en zones rurales et urbaines, et des organisations qui travaillent avec différents groupes de jeunes qui ont différents intérêts et besoins. 7 Cette étude Des preuves solides qui démontrent la valeur des organisations de jeunesse sont nécessaires pour renforcer la reconnaissance de la valeur sociale du secteur. Une meilleure compréhension de la contribution potentielle des organisations de jeunesse, de leur véritable contribution, et des types de valeur qu’elles offrent peut également permettre d’améliorer l’impact positif du secteur. C’est pour cette raison que les principaux objectifs de cette étude consistent à : • récolter des éléments de recherches existantes sur le rôle que jouent les organisations de jeunesse tant dans le développement du potentiel des jeunes en tant que membres de la société qu’en terme de l’impact qu’elles ont sur la société; • récolter des éléments pouvant appuyer le travail du Forum Jeunesse pour susciter l’intérêt sociétal envers le rôle des organisations de jeunesse; • récolter des éléments relatifs aux coûts et aux avantages d’un investissement en faveur des organisations de jeunesse et; • récolter des éléments sur l’impact social du rôle éducatif des organisations de jeunesse. L’examen des preuves existantes Il existe de nombreuses études, quoique désorganisées, portant sur la valeur des organisations de jeunesse. Cette étude cherche à systématiser ces preuves en les recensant et en identifiant les thèmes clés qui ressortent des études. Notre étude cherche également à évaluer la « valeur ajoutée » qu’apportent les organisations de jeunesse lorsque, par exemple, elles accomplissent un travail socio-éducatif ou organisent la participation des jeunes (des pratiques qui ne sont pas uniques ni limitées aux organisations de jeunesse). Les recherches analysées se concentrent donc spécifiquement sur les organisations de jeunesse mais des références sont faites, lorsque pertinent, à des études plus vastes, notamment sur la valeur sociale du travail jeunesse ou de la participation des jeunes (qu’ils soient pratiqués par une organisation « de jeunesse » ou pas). Les exemples utilisés dans l’étude pour illustrer les résultats proviennent directement de l’analyse des recherches et d’entretiens et discussions avec des représentants du secteur. Ce rapport A la suite de cette section d’introductions : • la section 4 du rapport résume la manière dont les recherches ont été effectuées pour évaluer la valeur sociale des organisations de jeunesse; • la section 5 décrit les principaux « mécanismes » - les façons dont les organisations de jeunesse créent la valeur sociale; • la section 6 décrit les types de résultats personnels et sociaux associés au travail, pour les organisations de jeunesse; • la section 7 décrit les types de résultats civiques et politiques associés au travail, pour les organisations de jeunesse; • la section 8 aborde les différences dans les résultats, par rapport aux différences de contexte, de type organisationnel et aux jeunes eux-mêmes; • la section 9 discute du fondement des preuves et du développement d’indicateurs pour mesurer la valeur sociale des organisations de jeunesse; • la section 10 aborde l’évidence des coûts et avantages des organisations de jeunesse; et • l’annexe inclut d’autres détails sur la stratégie de recherche et d’analyse ainsi que la définition du terme « organisation de jeunesse » utilisé pour cette étude. 8 4. APPROCHE ET METHODOLOGIE _______________________________ Introduction Il s’agissait d’une étude théorique, basée sur un examen systématique de données publiées (académiques) et non publiées (parallèles). La figure n°1 décrit le processus. D’autres détails sur la recherche et le passage au crible des divers éléments sont repris en annexe. La recherche de données académiques s’est concentrée sur des bibliothèques en ligne de journaux et publications d’évaluations collégiales couvrant les disciplines suivantes : l’anthropologie, les entreprises, l’économie, l’éducation, la géographie, le gouvernement, l’histoire, les relations internationales, le journalisme et les communications, le droit, la philosophie, les sciences politiques, la psychologie, la santé publique, les sports et loisirs, la religion, les sciences sociales, la sécurité sociale et le travail social, les statistiques et les études de femmes. Plus de 7.000 éléments ont été identifiés, tels que des articles de journaux et des rapports. La recherche d’études principalement non publiées (parallèles) s’est fondée sur des recherches Google axées sur 13 pays membres du Conseil de l’Europe: la Finlande, le Danemark, l’Estonie, le Luxembourg, la Slovaquie, la Serbie, l’Autriche, la France, l’Italie, le Portugal, l’Espagne, la Roumanie et le Royaume Uni3 et un appel ouvert aux membres du Forum Jeunesse pour qu’ils soumettent des rapports et preuves de leur valeur sociale. Plus de 100.000 éléments ont ainsi pu être identifiés, notamment des rapports. Après avoir passé au crible les articles et les rapports identifiés par les recherches, l’étude s’est penchée sur 41 rapports ou articles qui fournissent la base des résultats de ce rapport. L’étude théorique a été complétée par des discussions avec des membres du Forum européen de la Jeunesse et un petit nombre d’entretiens (n=4) avec des parties prenantes dans le domaine. Ils ont aidé l’équipe de recherche à étudier certains des thèmes identifiés dans les documents de recherche et sélectionner des exemples de bonne pratique pour illustrer les résultats du rapport. 3 La sélection des pays voulait inclure un échantillon largement représentatif de pays de tailles, richesses et types de régime différents, couvrant différentes zones géographiques d’Europe. 9 FIGURE 1. APERÇU DE L’ÉTUDE Etape 1 :protocole de recherche: définir l’étendue de l’étude et élaborer la stratégie de la recherche et les critères d’inclusion pour le document Etape 2 : recherche de documents académiques dans des librairies en ligne (articles de journaux) et sur internet, pour des études parallèles (rapports) Etape 3 : tri: examen initial pour juger de la pertinence (comprend des informations/ données sur la valeur sociale d’une organisation de jeunesse) pertinent non pertinent ignorer Etape 4: examen approfondi pour confirmer la pertinence pour l’étude et la concordance des critères d’inclusion (cela correspond-il aux critères de qualité pour l’inclusion) pertinent et répond aux critères d’inclusion (inclure dans l’étude) pertinent mais seuil de qualité insuffisant insuffisant ignorer Etape 5 : recensement: identifier le type de valeur sociale mise en avant (même si pas adéquatement prouvée) Etape 5: évaluation: examen critique des documents pour identifier les résultats, faits, etc. Etape 6: analyse: systématiser les données et tirer des conclusions : - recenser (ou catégoriser) les types de valeur sociale associés aux organisations de jeunesse - décrire les « mécanismes » - comment les organisations créent/contribuent à de la valeur sociale - décrire la force et l’étendue des preuves de la valeur sociale des organisations de jeunesse et résumer les principaux résultats et tirer des conclusions 10 5. MECANISMES : COMMENT LES ORGANISATIONS DE JEUNESSE CREENT DE LA VALEUR SOCIALE ______________________________ Introduction L’étude identifie cinq mécanismes clés - cinq moyens - par lesquels les organisations de jeunesse créent une valeur sociale : • la participation des jeunes; • le travail de jeunesse et l’éducation formelle, non formelle et informelle; • les lieux et espaces où les jeunes peuvent se rencontrer et créer des relations sociales; • et les informations, conseils et orientations. Ces mécanismes se chevauchent souvent (et ne sont pas mutuellement exclusifs): par exemple, les organisations de jeunesse peuvent pratiquer la participation des jeunes et fournir des lieux et espaces où les individus se rencontrent. Les mécanismes peuvent également se renforcer mutuellement de sorte que, par exemple, le fait de fournir des lieux et espaces où les individus peuvent se rencontrer peut aider les jeunes à connaître et faire confiance aux organisations de jeunesse, facilitant ainsi la fourniture d’informations, de conseils et d’orientations pour les jeunes. Il est important de comprendre les mécanismes et les choix des jeunes. Cela peut contribuer à l’attribution d’impact où les approches théoriques de l’évaluation d’impact4 sont utilisées et cela peut améliorer les pratiques dans ce domaine (par exemple en indiquant précisément comment et pourquoi certaines organisations de jeunesse contribuent à des résultats particuliers alors que d’autres non). Participation des jeunes La participation active des jeunes dans les décisions et actions au sein d’organisations de jeunesse est une caractéristique maîtresse des organisations de jeunesse.5 De nombreuses organisations de jeunesse soutiennent également la participation des jeunes dans les décisions et actions au-delà de l’organisation. Cela comprend notamment le travail d’organisations comme les conseils locaux et nationaux de jeunesse (comme ceux au Royaume Uni, mentionnés dans l’encadré ci-dessous) qui se concentrent sur la participation et l’engagement politique des jeunes (engagement politique et militantisme) et ceux qui se concentrent sur le fait de permettre une action locale, nationale et internationale des jeunes (engagement civique et militantisme). 4 Les approches théoriques de l’évaluation d’impact se concentrent sur la compréhension du comment et du pourquoi des résultats sont engendrés, à l’aide d’approches telles que des « modèles de logique » pour tester la relation entre les produits d’une organisation (tels que le temps du personnel) et ses activités (telles qu’une méthodologie de travail jeunesse) et les résultats (tels que les nombres de jeunes soutenus dont la confiance en soi a augmenté). Les approches de l’évaluation d’impact sont discutées plus amplement dans la section 7. 5 Ref: notre définition et point sur la participation des jeunes. 11 Les Conseils de la Jeunesse au Royaume-Uni On a pu enregistrer trois vagues de soutien pour les conseils de la jeunesse dans l’histoire du Royaume Uni. La première dans les années 1940 et 1950 visait à promouvoir la construction du caractère et l’éducation sociale (Butters and Newell, 1978); la seconde, dans les années 1980, cherchait à encourager la participation des jeunes dans la prise de décisions (Département Education et Science, 1982); tandis que la troisième vague, au début des années 2000, avait une cible plus locale, promouvant les conseils de jeunesse comme les moyens les plus prisés pour engager les jeunes. Il existe une diversité considérable dans la structure et l’organisation des conseils de jeunesse à travers le Royaume Uni; par exemple, les organisations dirigeantes peuvent comprendre les services à la jeunesse ou d’autres organisations de jeunesse, des organisations ou partenariats communautaires, ou des autorités locales, et leurs structures peuvent inclure: • des organisations nourricières, qui cadrent souvent dans des stratégies communautaires de régénération et contribuent à des organismes décisionnels existants; • des organisations qui travaillent dans l’ombre et reflètent souvent des structures participatives dirigées par des adultes tels que des conseils communautaires, • et des organisations consultatives qui visent la consultation avec les jeunes avant de lancer de nouvelles activités ou de garantir de nouvelles ressources en vue de garantir leur pertinence pour les besoins et aspirations des jeunes. L’évaluation du petit nombre de conseils de jeunesse (au Royaume Uni) a identifié que les jeunes participant aux conseils de jeunesse indiquent qu’ils sont bénéfiques pour leur sentiment d’estime de soi et ils trouvent l’expérience agréable. Cependant, là où les objectifs et la structure du conseil étaient flous, certains jeunes ont indiqué avoir un certain sentiment de déresponsabilisation. Adapté de Matthews (2001) Comme l’illustre l’exemple des conseils de la jeunesse du Royaume Uni, le processus et l’expérience d’engagement et de militantisme peuvent contribuer à des résultats personnels et sociaux, tels que l’augmentation du capital humain et social des jeunes (discuté à la section 4). En permettant et en encourageant la participation des jeunes dans les décisions et les actions qui les concernent, les organisations de jeunesse peuvent contribuer à des changements dans l’engagement civique et politique des jeunes, tels que le volontariat (Powell and Bratovic, 2007) et les élections (Quintelier, 2007). Cela peut également produire des résultats sociaux, tels que des changements dans la politique et des améliorations dans la provision de services aux autres; par exemple où des jeunes se portent volontaires pour aider d’autres jeunes de par leur travail avec une organisation de jeunesse, comme décrit dans un contexte autrichien (Frenzel, 2014) (discuté à la section 5). Travail de jeunesse, éducation non formelle et informelle L’éducation, qu’elle soit non formelle, informelle, ou très rarement formelle, est aussi un trait caractéristique des organisations de jeunesse. Beaucoup d’organisations de jeunesse, comme BeLong To (voir l’encadré) et le mouvement des 12 Scouts pratiquent un travail de jeunesse à l’aide d’une approche d’éducation non formelle, et comme l’identifie le document politique du Forum Jeunesse sur le travail socio-éducatif au sein du Forum européen de la Jeunesse et des Organisations de jeunesse6: « Le travail jeunesse et l'éducation non formelle (ENF) sont intrinsèquement liés, particulièrement lorsqu'ils se déroulent au sein des organisations de jeunesse. Le travail jeunesse utilise souvent l'éducation non formelle comme méthodologie en menant à bien ses activités. » (Forum européen de la Jeunesse, 2014, p.4)7. BeLong To: Education par les pairs BeLong To organise des activités d’éducation par les pairs au sein d’un modèle socio-éducatif de travail jeunesse indispensable en Irlande. Il est axé sur le développement personnel, la responsabilisation, la participation, le changement social, et les droits des personnes lesbiennes, homosexuelles, bisexuelles et transgenre (LHBT). Les jeunes bénéficient d’un soutien pour améliorer leur confiance en eux en prenant la parole en public, et ils suivent une formation formelle en analyse des besoins, analyse SWOT et compétences, leur permettant de devenir des animateurs de jeunes sur une période de 12 mois. Le programme veut permettre aux jeunes de devenir des agents de changements sociaux et des « entrepreneurs sociaux ». Adapté de Dunne et al.,2014 Pour ces organisations de jeunesse qui ne pratiquent pas le travail socio-éducatif, l’éducation non formelle et informelle est toutefois inhérente à leur travail avec les jeunes et elle peut soutenir l’éducation formelle des jeunes. Bien que les organisations de jeunesse pratiquent rarement l’éducation formelle, elles peuvent la soutenir et y contribuer. Le travail de jeunesse chez les Scouts Chez les Scouts, le travail de jeunesse se fait via la méthode scoute, un système non formel d’auto-éducation composé de différents éléments qui, combinés, fournissent un environnement d’apprentissage riche, actif et ludique. Lors de chaque activité, les jeunes sont encouragés à consciemment et activement prendre part à leur propre développement. Cela leur permet de progresser de leur propre manière et à leur propre rythme pour acquérir une certaine confiance en eux et reconnaître les progrès réalisés. Le schéma progressif, qui établit les objectifs par groupe d’âge, est le principal outil utilisé pour soutenir cet élément de la méthode scoute. L’environnement extérieur fournit un cadre idéal pour développer leur potentiel physique, intellectuel, émotionnel, social et spirituel. (Source: YFJ 2016) Comme l’illustre le tableau 1 ci-dessous, l’éducation formelle, informelle et non formelle se chevauchent, et les frontières entre les catégories sont souvent floues. Il décrit l’éventail (ou spectre) de l’éducation que les organisations de jeunesse peuvent pratiquer et soutenir. Point important: bien que l’éducation formelle, non formelle et informelle puissent différer en termes de cible, de cadres et des compétences qu’elles promeuvent, elles partagent un but ou une finalité communs; 6 http://www.youthforum.org/assets/2014/12/0142-14FR-YWPP-FINAL.pdf 7 Smith (2001) souligne l’importance de l’éducation « informelle » et de l’association (ou groupe ou travail conjoint) comme des éléments clés d’une majorité du travail de la jeunesse. 13 responsabiliser les jeunes. En tant que telles, elles se complètent l’une l’autre et ne doivent pas être considérées comme des substituts ou concurrentes. Quoiqu’ayant beaucoup de choses en commun, chacune contribue à soutenir l’autre et comble les écarts respectifs entre chacune. Fig. 2 la relation entre l’éducation formelle, non formelle et informelle Travail Jeunesse ENF EF EIF Org. Jeunesse Le travail jeunesse et les organisations de jeunesse permettent tous deux l’éducation formelle et non formelle 14 Eléments Education non formelle Education informelle Education formelle Cible personnes de tout âge, pour aborder leurs intérêts et objectifs d’apprentissage axée sur les expériences et interactions dans la vie au quotidien et souvent involontaire axée sur les institutions (école, enseignement supérieur ou formation complémentaire); de 5-25 ans (mais peut aussi inclure des groupes plus jeunes ou plus âgés). Hiérarchique et basée sur un cursus. Processus activité pédagogique organisée en dehors du système formel établi; généralement non basé sur une attestation d’études; volontaire; souvent à court terme; temps partiel, flexible, et spécifique. processus tout au long de la vie où les individus apprennent grâce à leurs expériences et interactions. Hiérarchique, structurée dans le long terme, relation enseignant/élève; basée sur une attestation d’études; généralement obligatoire jusqu’à 16 ans, après volontaire; généralement à temps plein. Cadre cadre d’éducation formel, social ou communautaire partout et n’importe cadre pédagogique où formel Exemples travail de jeunesse apprendre à école, lycée connaître des gens différents, nouvelles expériences comme les voyages Compétences sociales et émotionnelles sans intention académiques (cognitives, lecture, calcul) Finalité idem idem responsabiliser les jeunes pour qu’ils mènent une vie accomplie aux niveaux professionnel, personnel et social, et qu’ils deviennent des citoyens actifs dans la société. Adapté du Forum européen de la Jeunesse (2014) et Fordham (1993) 15 • Responsabiliser les jeunes grâce à des expériences éducatives, au travail de jeunesse et à l’éducation formelle, informelle et non formelle, peut contribuer à apporter des changements dans: les résultats personnels et sociaux dans une grande série de domaines y compris, et principalement, des améliorations dans leur capital humain (discuté à la section 4); et • les résultats civiques et politiques, notamment en augmentant leur prise de conscience des questions locales et internationales et en les responsabilisant à agir (discuté à la section 5). Comme l’illustre l’exemple du Youth Voice Editorial Board ci-dessous, l’étendue et le type de résultats engendrés par le travail de jeunesse et l’éducation formelle, informelle et non formelle dépendent du type d’expériences éducatives offertes: par exemple, une attention particulière à la citoyenneté globale peut avoir un impact plus important sur les résultats civiques et politiques, tandis qu’une attention aux activités en plein air peut avoir un impact plus grand sur les résultats personnels et sociaux. Youth Voice Editorial Board : initiation aux médias et citoyenneté Youth Voice Editorial Board est un projet d’activité de loisirs, volontaire, basé à Helsinki où les jeunes produisent des nouvelles pour les principaux médias. Le projet veut attirer l’attention des journalistes adultes sur les questions qui comptent pour les jeunes, en vue d’inclure la voix des jeunes dans les principaux médias et encourager les discussions intergénérationnelles avec les adultes. L’évaluation du projet a identifié que la citoyenneté des jeunes peut être renforcée par l’initiation aux médias; que les jeunes acquièrent des compétences en médias civiques car ils étaient impliqués dans toutes les phases de la production; et que les jeunes acquièrent également une expérience de l’influence sociale car ils ont participé à des questions qui avaient de l’importance à leurs yeux. Adapté de Kotilainen (2009) Expériences et opportunités Les organisations de jeunesse peuvent permettre aux jeunes « d’expérimenter » et de faire des choses qu’ils ne seraient autrement pas capables de faire, y compris dans certains cas, voyager nationalement et internationalement (mobilité) (Taru, 2013). Bon nombre de ces expériences et opportunités facilitent l’apprentissage informel et/ou peuvent être liées au travail de jeunesse ou à l’éducation non formelle. Ces expériences peuvent contribuer à des résultats personnels et sociaux dans une large série de domaines comme le capital humain, l’éducation et l’emploi, et la santé et le bien-être (discuté à la section 4), et à des résultats civiques et politiques, comme des changements dans le sentiment d’identité européenne ou ethnique des jeunes (discuté à la section 5). 16 Programmes d’échange interculturel d’étudiants Chaque année, European Educational Exchanges - Youth for Understanding permet à près de 4000 jeunes de 15 à 18 ans de vivre dans un pays étranger au sein d’une famille d’accueil et d’y fréquenter l’école. On dit que ces échanges ont un impact positif sur le participant, la famille d’accueil et la communauté locale où ils vivent. Cette forme de travail jeunesse permet d’acquérir des compétences interculturelles et linguistiques et elle promeut le dialogue interculturel. Source YFJ (2016) Les expériences et opportunités peuvent souvent offrir la chance aux jeunes de rencontrer des gens qu’ils n’auraient autrement pas rencontrés. Cela peut aider les jeunes à développer des réseaux sociaux, un capital social, un autre résultat social et personnel essentiel, et contribuer à des changements dans les attitudes et comportements des jeunes auprès des autres (y compris par exemple les attitudes par rapport aux genres (voir ALEG, 2014) et ethnicités des autres (voir Markus et al., 2009), un résultat civique primordial. L’étendue et le type de résultats dépendent du type d’expériences et de possibilités offertes et acceptées par les jeunes. Ils dépendent également des manières dont les jeunes utilisent ces expériences et possibilités, et par conséquent, les résultats pour différents jeunes exploitant la même possibilité peuvent considérablement varier. Chose importante, les ressources telles que le capital humain et social, que les jeunes apportent aux organisations de jeunesse, peuvent déterminer à la fois le degré selon lequel ils choisissent de participer et les façons dont ils participent (et bénéficient par conséquent potentiellement). Les organisations de jeunesse cherchent souvent activement à atteindre ceux qui ont moins de ressources, comme les minorités ethniques et linguistiques (voir par exemple la discussion sur l’engagement des minorités ethniques russes en Estonie à Bogdanov, 2013, p. 19-20) et les jeunes exclus ou marginalisés (voir le texte encadré ci-dessous), et en les engageant, à les responsabiliser en vue d’accroître leurs ressources. Cependant, ceux qui commencent avec plus de ressources peuvent tirer plus de profit de leur participation dans des organisations de jeunesse, parce qu’ils sont mieux placés pour exploiter ces opportunités (ce qui crée un cercle vicieux). Une jeune personne dotée d’une plus grande confiance en soi peut, par exemple, tirer davantage de profit du fait de voyager que ceux qui ont moins de confiance en eux parce qu’ils se sentent capables d’en faire plus et d’en vivre plus pendant leurs voyages. Pourtant, de la même manière, une jeune personne ayant peu de confiance en elle qui voyage à l’étranger pour la première fois peut trouver l’expérience transformatrice d’une manière différente par rapport à un voyageur chevronné. L’organisation autrichienne de la jeunesse musulmane : développer ses compétences personnelles Le projet Mustafa de l’Organisation autrichienne de la jeunesse musulmane a été conçu pour s’attaquer aux obstacles qui se dressent sur le chemin des jeunes musulmans en Autriche pour trouver un emploi. Le projet a commencé à partir de la reconnaissance que les jeunes hommes musulmans avaient une compréhension limitée des attentes des employeurs potentiels par rapport à la langue ou au comportement sur le lieu de travail. L’organisation de la jeunesse musulmane cherche à inculquer à ces jeunes des compétences personnelles 17 de sorte à encourager la discussion et la réflexion au sein du groupe, et à promouvoir une plus grande compréhension entre les frontières culturelles. En plus de soutenir les jeunes dans la recherche d’un emploi, la prise de conscience culturelle développée via le projet promeut une plus grande prise de conscience civique et politique. (http://www.mjoe.at/projekte/mustafa:). Adapté de Frentzel (2014) Par conséquent, ce ne sont pas seulement les ressources qu’apportent les jeunes, mais bien l’étendue dans laquelle l’expérience et les opportunités qu’offrent les organisations de jeunesse correspondent aux capacités et intérêts des jeunes qui déterminent les résultats. Les opportunités qu’ont les jeunes de vivre de nouvelles expériences stimulantes et le soutien qu’apportent les organisations de jeunesse aux jeunes pour exploiter et profiter au maximum de ces opportunités est donc tout aussi important.8 Les jeunes sont susceptibles de retirer davantage de choses de nouvelles expériences qui leur permettent d’étendre ou d’approfondir leurs expériences et apprentissage.9 Dans quelques cas, la « discrimination » fondée sur les compétences ou les réseaux sociaux des jeunes est inhérente à la structure de l’organisation. Parfois, les jeunes doivent démontrer leur potentiel pour répondre aux exigences de participation dans l’organisation de jeunesse avant de pouvoir participer: par exemple, là où l’objet est concentré sur les échanges internationaux, où là où ils se présentent à une élection par leurs pairs (Wyness, 2006). Cela ne dévalorise pas le travail des organisations de jeunesse mais cela illustre que les organisations de jeunesse peuvent ne pas être en mesure d’aider chaque jeune personne. Dans certains cas, les groupes exclus ou marginalisés ont établi leurs propres organisations de jeunesse. Cela a contribué à mieux assortir les expériences et les opportunités offertes et les intérêts et besoins des jeunes. Lieux et espaces de rencontre Les organisations de jeunesse peuvent offrir des lieux et espaces « sûrs » et valables pour que les jeunes se rencontrent et socialisent, sans les pressions que l’on trouve normalement à l’école ou dans la famille (voir par exemple Forkby et Kiilakoski, 2014; Conseil de la Jeunesse de l’Irlande du nord, 1998). En permettant aux jeunes de partager des expériences et idées avec d’autres, ces lieux et espaces associatifs peuvent contribuer à des résultats personnels et sociaux dans un vaste éventail de domaines comme le capital humain et social, et la santé et le bien-être, y compris au sens le plus simple, l’amusement (discuté à la section 4). En encourageant les jeunes à se mélanger avec d’autres (voir le texte encadré sur les lieux d’intégration), ils peuvent également contribuer à des résultats civiques et politiques tels que des changements dans les comportements, valeurs et attitudes 8 Dans le contexte de l’éducation, le concept d’ « échafaudage » - associé à Vygotsky (1979) mais inventé par Wood, Bruner and Ross (1976) - fournit une analogie utile illustrant comment les apprenants peuvent être aidés à développer des compétences qu’ils n’ont pas été à même de gérer eux-mêmes, et qui à leur tour fournissent une base - ou échafaudage- pour progresser davantage. 9 Une analogie pourrait être faite avec la progression verticale dans l’éducation formelle - le fait de progresser vers des niveaux supérieurs étire et défie les apprenants, accroissant leurs compétences et connaissances. Inversement, la progression horizontale - plus apparentée à la répétition d’expériences peut amener des retours marginaux inférieurs (chaque fois qu’il ya répétition, la valeur acquise de l’expérience s’amoindrit). 18 des jeunes par rapport aux autres (voir par exemple Thomas, 2011) (discuté à la section 5). Lieux d’intégration Le Secrétariat général de la Fondation des Gitans (Secteur Jeunesse), en coopération avec l’Institut de la Jeunesse, oeuvre au soutien de la participation sociale des jeunes gitans/roms en fournissant des espaces où les jeunes peuvent socialiser et participer à des activités qui les intéressent (séminaires, activités culturelles, ateliers de formation). Sur une période de trois ans (2000-2003), il a permis à plus de 9000 jeunes d’ethnicités (malgré que la majorité soit de jeunes roms) et de milieux différents de participer à leurs activités promouvant la participation sociale. En utilisant un modèle de participation interculturelle, il a intégré de grands nombres de jeunes de différents milieux et contribué à aborder des préjugés communs à l’encontre des jeunes Roms. Adapté de Perea (2004). Le type de résultats engendrés dépendra d’un nombre de facteurs, y compris les personnes que les jeunes rencontrent et avec lesquelles ils interagissent et ce qu’ils choisissent de faire pendant leur temps passé dans le lieu et dans les espaces associatifs. Les organisations de jeunesse offrent : par exemple, d’après ce que des études ont mis en avant: • Les relations sociales qu’établissent les jeunes pendant leur participation à des organisations de jeunesse contribuent à des changements dans leurs valeurs, leurs attitudes et comportements (Coalter, 2012; Merino, 2007). Cela signifie que le laps de temps pendant lequel une jeune personne s’engage est important, car cela prend du temps d’établir des relations sociales et pour que ces relations influencent les valeurs, attitudes et comportements des jeunes (ibid); • et l’impact dépend en partie du degré de diversité des organisations de jeunesse (et donc des opportunités de se mélanger) et également de la volonté de se mélanger manifestée par les membres de l’organisation: par exemple, certaines études identifient comment des « cliques » (petit groupes fermés de jeunes qui ne permettent pas vraiment aux autres de s’y joindre) au sein d’organisations de jeunesse peuvent aller à l’encontre de ce fait (Forkby and Kiilakoski, 2014). Voir aussi Matthews (2001) sur l’impact des groupes d’amitié au sein des organisations et Wyness (2006) sur la sélection de membres d’un conseil de jeunesse par candidature plutôt que par élection par les pairs. Informations, conseils et orientation Les organisations de jeunesse peuvent offrir des espaces où développer des relations de confiance et de compréhension de la vie des jeunes, et apporter les connaissances et l’expertise nécessaires pour étayer la provision d’informations, de conseils et d’orientation (Williamson, 1997; Sildnik, 2015). Des informations, conseils et orientations efficaces peuvent faciliter l’accès aux services et informer des changements dans les attitudes des jeunes, dans leur raisonnement et leur comportement. Ils peuvent contribuer à des résultats personnels et sociaux tels que des augmentations dans le capital humain, la participation à l’éducation, la formation et l’emploi, et des améliorations dans la santé et le bien-être (discuté à la section 4). 19 Des modèles comme le mentoring et le travail de jeunesse (Henderson, 2005; Hirsch, 2005), comme le projet Junior Mentor (voir l’encadré ci-dessous) sont également mis en évidence comme des moyens dont les informations, avis et orientations sont fournis aux jeunes via une relation constante avec une jeune personne. Il a été suggéré que les animateurs socio-éducatifs développent plus de types de relations « de pair à pair » avec des jeunes que les relations adultes-pairs souvent développées par les enseignants ou d’autres adultes qui travaillent avec les jeunes (Dunne, et al, 2014b). En outre, alors que le soutien et l’apprentissage dirigé par un adulte peut élargir les connaissances disponibles aux jeunes, il existe un risque que cela créée des agendas dirigés par les adultes (Forkby and Kiliakosky, 2014). Le soutien par les pairs et l’apprentissage par les pairs peuvent donc permettre aux organisations de jeunesse de conserver leur indépendance ainsi que leur pertinence par rapport à la communauté de jeunes avec laquelle elles travaillent (Frenzel, 2014). Le Projet Junior Mentor Le projet Junior Mentor issu d’un centre de jeunes au Pays de Galles veut aborder les besoins des jeunes marginalisés et les problèmes auxquels ils peuvent être confrontés, comme une faible estime de soi, un comportement anti-social ou une mauvaise alimentation en développant leurs compétences, connaissances et aptitudes grâce au mentorat (construire et développer des relations de confiance). Les parents et les protégés impliqués dans l’évaluation du projet ont souligné comment il avait contribué à améliorer la concentration, empêcher tout comportement anti-social, et améliorer les attitudes envers l’éducation; Les parents et les soignants ont également indiqué que le mentorat fournissait une structure, qu’il améliorait la confiance, encourageait des relations plus saines et aidait les jeunes à résoudre des problèmes. Cependant, il a également été signalé que vu l’importance de la relation, l’impact positif du mentoring a mis du temps avant de se manifester. Adapté de Hremenop (2011) La littérature plus abondante sur l’éducation par les pairs, une grande partie dans le domaine de la santé, suggère que l’éducation par les pairs peut influencer les attitudes et comportements des jeunes. Cependant, elle suggère aussi que cela dépend beaucoup de la qualité du travail (y compris le soutien et la formation aux éducateurs de pairs) et indique que les éducateurs eux-mêmes peuvent en profiter davantage que les personnes qu’ils éduquent (voir par exemple Adamchak, 2006). Le rôle des adultes qui ont généralement des connaissances différentes et un meilleur accès aux ressources que les jeunes, pour fournir des informations, conseils et orientations, et pour soutenir les éducateurs de pairs et les mentors, est également mis en avant dans certains des documents comme un fait important (ibid; Sildnik, 2015; Dunne, et al, 2014a; Morton &Montgomery, 2013). En réaction, certaines organisations de jeunesse promeuvent et soutiennent activement les jeunes, en développant leurs compétences, attributs et attitudes pour qu’ils puissent être plus à même de soutenir d’autres jeunes (Dunne, et al, 2014a). 20 6. L’IMPACT DES ORGANISATIONS DE JEUNESSE SUR LES JEUNES ET LA SOCIETE: RESULTATS PERSONNELS ET SOCIAUX _______________________________ Introduction Un certain nombre d’études mettent en avant la complexité grandissante de la vie moderne, dépeinte par Ulrich Beck dans son texte séminal, Risk Society (1992); les demandes croissantes placées sur les jeunes; leurs choix; et les aptitudes et compétences dont ils ont besoin pour exploiter les opportunités et gérer les risques. Les organisations de jeunesse peuvent aider les jeunes à acquérir des compétences et à faire des choix. Elles sont associées à une série de résultats personnels et sociaux et cette section décrit (recense) l’éventail de résultats positifs revendiqués par les organisations de jeunesse pour ensuite discuter de la force probante de ces revendications. Capital humain: compétences sociales et émotionnelles, compétences pour la vie et le travail Grâce à des expériences pédagogiques, telles que le fait de permettre et d’encourager les individus à faire l’expérience de nouvelles choses et de nouvelles personnes, les organisations de jeunesse peuvent encourager une série de compétences sociales et émotionnelles10 et des dispositions, y compris: • la conscience de soi- se comprendre soi-même, ses capacités (confiance en soi, auto-efficacité), et émotions/sentiments; • gestion de l’humeur - capacité de gérer ses émotions (par exemple, la capacité d’être patient, de se calmer, de réduire la tension) et de répondre de manière appropriée aux autres (par exemple ne pas se fâcher ni être irrité); • empathie - comprendre les autres, reconnaître leurs émotions et répondre de manière appropriée (par exemple en offrant son soutien); • gérer les relations - y compris les « compétences sociales », la capacité de collaborer (travail d’équipe), communiquer et socialiser avec les autres, négocier, persuader, aboutir à un consensus et; • auto-motivation - capacité de se concentrer sur une tâche, faire montre d’intérêt, faire des efforts, ne pas se laisser distraire, reporter la gratification (Merino, 2007). 10 La liste est adaptée de Goleman (1995). 21 Elles permettent « la croissance personnelle » et « le développement » (comme l’indiquent les personnes interviewées). Comme l’illustre l’exemple du projet JUSTament (voir l’encadré ci-dessous), ces résultats peuvent aussi contribuer à d’autres résultats positifs, notamment en permettant aux jeunes d’accepter des offres d’emploi, d’études ou de formation. Par exemple, l’étude de Merton et al de 2004 identifie comment en contribuant à un « changement personnel », le travail jeunesse peut contribuer à un changement « positionnel » comme le fait d’accéder à des possibilités d’études, de formation ou d’emploi. En tant que tels, ces types de résultats peuvent être considérés comme deux extrémités en soi (résultats finaux) et aussi des moyens vers les autres fins (solutions intermédiaires). JUSTAment: soutenir la progression des jeunes dans l’éducation et l’emploi JUSTAment est un projet de la branche régionale de Francfort de la Verein. f. Internationale Jugendarbeit, une association de groupes de la société civile appartenant à la Diaconie, la branche sociale de l’église évangélique allemande. Le projet vise à soutenir les jeunes dans les filières professionnelles de l’enseignement secondaire inférieur allemand pour développer leur confiance, leurs compétences et leur orientation pour accéder à l’enseignement secondaire supérieur (uniquement 10% de ceux qui se trouvent dans la filière professionnelle le font automatiquement). Le projet démontre de solides résultats à cet égard, chaque jeune dans le programme trouve un apprentissage, bien au-delà du taux de succès normal des apprenants. Le projet a également été reconnu pour son travail avec les personnes âgées, car les programmes de mentorat qui forment un noyau de la provision du programme utilisent les compétences et l’expérience des professionnels plus âgés et pensionnés. Adapté de Dunne et al, 2014a Les organisations de jeunesse peuvent aussi améliorer une série de compétences pour la vie, y compris des compétences indispensables pour une vie autonome, l’éducation et l’emploi, telles que: • • • • • compétences en créativité et résolution de problèmes; compétences en raisonnement critique; écriture et calcul; une compréhension de l’importance de la ponctualité et de l’apparence; les compétences personnelles nécessaires dans la sphère privée pour entretenir l’amitié et les relations (Kiilakoski, 2015)11. En permettant et en encourageant le voyage et la mobilité, les organisations de jeunesse peuvent accroître la valeur que les jeunes attachent à l’apprentissage d’autres langues et offrir des possibilités aux jeunes d’apprendre d’autres langues (Taru, 2013). L’évidence de l’impact des organisations de jeunesse sur le capital humain D’une manière générale, cette évidence est modérée: 11L’étude utilise la théorie sociale de Honneth (2005), dans laquelle la capacité d’agir dans la société exige des compétences pour la sphère privée (amour, amitié), la sphère politique (engagement politique et civil), et la sphère économique (entrepreneuriat, travail). 22 • une étude fournit de « solides » preuves (Powell and Bratovic 2007); • huit études fournissent des preuves « modérées » (IJAB, 2014; Bodganova, 2013; BelonG To, in Dunne, et al, 2014a; Merino, 2007; Morciano, et al, 2013; Greenop, 2011; Kotilainen, 2009; et Lähteenmaa, 1999); et • deux études fournissent de « faibles » preuves (Frenzel, 2014; et Associatif Stea, 2012). • BelonG To Capital social En permettant aux jeunes de développer des réseaux sociaux plus vastes et plus divers, et en encourageant la confiance et les normes de réciprocité entre les individus, les organisations de jeunesse peuvent contribuer à la création d’un capital social. Cela peut également soutenir les transitions des jeunes de l’école aux études supérieures, à la formation ou au travail (Merino, 2007) et apporter d’importantes contributions au bien-être et à la résilience des jeunes (leur capacité à faire face à l’adversité), en améliorant leur accès aux conseils et au soutien des autres (Loncle, n.d). En tant que telles, elles peuvent être considérées à la fois comme des résultats intermédiaires et finaux. Des augmentations du capital social peuvent aussi être considérées comme un bénéfice personnel (et individuel) et sociétal donné, par exemple, les contributions que le capital social apporte à la croissance économique et à la cohésion sociale (Temple, 2001; Putnam, 193,2001). L’évidence de l’impact des organisations de jeunesse sur le capital social D’une manière générale, cette évidence est modérée: • une étude fournit de « solides » preuves (Powell and Bratovic 2007); • trois études fournissent des preuves « modérées » (IJAB 2014; Taru 2013; et Merino, 2007); • trois études fournissent des preuves « faibles » (Frenzel 2014, Ministère fédéral des familles et de la jeunesse d’Autriche 2015; et Associatif Stea, 2012). Promouvoir des choix positifs : les attitudes, valeurs et comportements des jeunes Les organisations de jeunesse peuvent contribuer à un travail de prévention (aider les jeunes à éviter des risques/comportements à risque) et promouvoir des changements positifs dans le comportement des jeunes tels que la cessation ou la modération de comportements à risque comme l’abus de drogues ou d’alcool, notamment : • en augmentant les connaissances et la compréhension des jeunes (par exemple les risques associés à certains comportements), via des informations, des avis, un travail d’orientation et pédagogique (voir par exemple Henderson, 2005); • en améliorant les compétences sociales et émotionnelles des jeunes, y compris une augmentation de l’estime de soi et de la conscience de soi, en aidant à fournir la motivation et la confiance en soi dont les jeunes peuvent avoir besoin pour faire des choix positifs mais parfois difficiles ou audacieux (voir par exemple Associatif Stea, 2012); et 23 • en étendant les réseaux sociaux des jeunes, en leur permettant d’instaurer de nouveaux groupes d’amis et en facilitant l’intégration sociale (Kiilakoski, 2015; Perea, 2004). L’évidence de l’impact des organisations de jeunesse sur les attitudes, valeurs et comportements des jeunes D’une manière générale, cette évidence est modérée: • deux études fournissent de « solides » preuves (Kokko 2015 et Powell and Bratovic 2007); • sept études fournissent des preuves « modérées » (Sildnik 2015; Horton and Montgomery 2013; Taru 2013; Coalter, 2012; Greenop, 2011; Bosisio, 2008; et Perea, 2004); et • trois études fournissent de « faibles » preuves (Frenzel, 2015; Asociata Stea 2012; et Loncle, n.d). Emploi, éducation et formation En contribuant à l’augmentation du capital humain et social, et donc des compétences des jeunes, et en améliorant l’accès aux informations sur les opportunités d’emploi, d’éducation et de formation, les organisations de jeunesse peuvent contribuer à toute une série d’aboutissements positifs, y compris: • l’augmentation du nombre de jeunes qui travaillent et de la qualité de leur travail (déplacements vers un travail plus qualifié et mieux payé, de meilleures possibilités de progression) (Sildnik, 2015; Merino, 2007) et • l’augmentation du nombre de jeunes dans l’enseignement et la formation et la progression dans l’enseignement et la formation (vers des niveaux supérieurs) (Taru, 2010; Merino, 2007). Comme l’illustre l’exemple des Walkers Cafés (voir encadré plus bas), un certain nombre d’études discutent du rôle de prévention joué par les organisations de jeunesse (concernant le décrochage) (Sutton et al, 2004). Une étude souligne également le rôle que les organisations de jeunesse peuvent jouer en fournissant un « réseau d’alerte précoce » qui peut aider à identifier les jeunes qui risquent le désengagement, en veillant à ce qu’ils puissent être dirigés vers les bonnes personnes pour obtenir des conseils et un soutien appropriés (Frenzel, 2014). Empêcher l’aliénation : Walkers Cafés La chaîne des 24 walkers cafés, des cadres alternatifs de travail de jeunesse ont été établis par Aseman Lapset (Children of the Station) pour prévenir l’aliénation des jeunes dans la société. Les cafés disposent de bénévoles de 18 à plus de 60 ans, pour promouvoir une « interaction fonctionnelle » entre les jeunes et les adultes afin de prévenir et réduire l’aliénation. Ils veulent garantir la création d’une atmosphère confortable et sécurisante pour les jeunes de moins de 18 ans. L’évaluation a souligné comment, en particulier, les bénévoles ont pu faire l’expérience d’un sentiment de communauté et d’unité. Adapté de Lahteenmaa (1999). 24 Tout comme les augmentations de capital social, les augmentations et améliorations dans l’emploi des jeunes, l’éducation et la formation peuvent être considérées comme un bénéfice personnel (ou individuel) et sociétal (vu leur contribution à la productivité économique et à la croissance) (Baro, 2013). L’évidence de l’impact des organisations de jeunesse sur l’emploi, l’éducation et la formation D’une manière générale, cette évidence est de modérée à faible : • trois études fournissent des preuves « modérées » (Kiilakoski 2015; Merino, 2007; et Hooghe et al, 2004) et • trois études fournissent des preuves « faibles » (Frenzel 2014; Bogdanova 2013; et World Vision Romania, 2012). Santé et bien-être Les organisations de jeunesse peuvent contribuer à l’augmentation du sentiment de bien-être subjectif des jeunes. Cela peut varier par exemple entre: • la réjouissance que peut amener la participation dans des organisations de • • • • jeunesse (fréquemment exprimée en termes d’amusement » (Gretschel et al., 2014; Frentzel, 2014); l’extension et le renforcement des réseaux sociaux- comme les amitiés (Kiilakoski, 2014); le sentiment d’objectif et d’aboutissement, que peut apporter le militantisme civique et politique (discuté à la section 5) (Cigognan et al., 2015); le sentiment de communauté et d’appartenance que peut encourager la participation (ibid); et le sentiment d’autonomisation que peuvent vivre les jeunes alors que leurs compétences se développent (discuté plus haut), leur permettant par exemple d’accéder à et de progresser dans l’éducation, la formation et l’emploi. Tout comme les augmentations de capital social, les augmentations et améliorations dans la santé et le bien-être des jeunes peuvent être considérées comme un bénéfice personnel (ou individuel) et sociétal (vu les bénéfices pour la société d’une meilleure santé des individus). (OMS 2001) L’évidence de l’impact des organisations de jeunesse sur la santé et le bienêtre D’une manière générale, cette évidence est de modérée à faible : • une étude fournit de « solides » preuves (Kokko 2015); • trois études fournissent des preuves « modérées » (Cicognani, et al. 2015; BelonG To, in Dunne et al 2014a et Morciano et al, 2013); et • six études fournissent de « faibles » preuves (Frenzel 2014; Associatif Stea, 2012; World Division Romania, 2012; Commission de las Comunideades Europeas, 2009; Direccion General de Juventud, 2009; et Loncle n.d). Une étude suggère que le potentiel des organisations de jeunesse pour transmettre des messages de promotion de la santé est sous-développé (Kokko et al, 2015), bien que des exemples de travail de jeunesse spécifiquement axés sur ce point (comme « Voilà », discutés ci-dessous, et « Animateurs de Santé » en France) et des organisations de jeunesse engagées dans la promotion de la santé (comme 25 Asociata Stea Romania) ont également été identifiés (Asociatia Stea, 2012; Commission de las Comunidades Europeas 2009; Loncle, n.d). Conseil national de la Jeunesse suisse (CSAJ/SAJV) Voilà Voilà est un programme de formation par les pairs, organisé par le Conseil national de la jeunesse suisse. Axé sur les animateurs socio-éducatifs, il vise à à les aider à inclure la promotion à la santé dans les programmes d’activités des camps de vacances. Les animateurs de jeunes sont formés, via un programme régional, et ils accordent ensuite une attention particulière à l’intégration de la promotion de la santé dans leurs camps. De cette manière, des milliers d’enfants et de jeunes sont exposés à des messages de promotion sanitaire chaque année. Adapté du YFJ (2016a) 26 7. L’IMPACT DES ORGANISATIONS DE JEUNESSE SUR LES JEUNES ET LA SOCIETE: RESULTATS POLITIQUES ET CIVIQUES _______________________________ Introduction Il existe des inquiétudes à propos du désengagement par rapport à la politique institutionnelle (Dezelan 2015). Un certain nombre d’études (reprises dans ce rapport) mettent en avant des inquiétudes à propos des déclins enregistrés dans l’engagement politique des jeunes (Cammaerts et al., 2014). Certains équilibrent ces inquiétudes avec une discussion sur la façon dont les jeunes peuvent passer à d’autres formes d’engagement non traditionnel et politique (par exemple l’action directe) et/ou l’engagement civique (le volontariat) (Quintelier, 2007). Cette section discute de la contribution que les organisations de jeunesse peuvent apporter aux attitudes civiques et politiques des jeunes, à leur engagement et leur activisme. Il expose (plans) la série de résultats positifs revendiqués par les organisations de jeunesse et aborde ensuite la force des preuves qui étayent ces revendications. Pour l’objet de cette étude, « politique » décrit l’engagement des jeunes vis-à-vis de l’Etat, via des processus formels comme le vote, et plus informels, comme les manifestations. « Civique » est utilisé pour décrire l’action non étatique où par exemple les jeunes s’impliquent dans leur école ou leur communauté. La distinction n’est pas absolue. Chaque niveau de communauté locale peut mener ou exiger un changement politique ou un soutien de la part de l’Etat pour aboutir. 27 Figure 3 relation entre engagement civique et politique et action civique -> par ex. volontariat -> par ex. récolter de l’argent pour un projet communautaire et faire du lobby pour obtenir le soutien de l’Etat politique -> par ex. voter Les résultats discutés dans cette section comprennent à la fois des changements d’attitudes et de comportements (engagement et militantisme) qui peuvent s’accumuler à la fois pour les jeunes individus qui participent à des organisations de jeunesse (aboutissements personnels) et aussi pour d’autres personnes qui ne sont pas directement engagées (aboutissements sociaux). Attitudes et valeurs civiques et politiques Comme l’illustre l’exemple du travail contre le racisme (voir l’encadré ci-dessous), en encourageant et en permettant aux jeunes d’interagir avec d’autres jeunes (et des adultes plus âgés) différents d’eux-mêmes (par ex. en terme de classe, de genre, d’ethnicité ou d’âge), les organisations de jeunesse peuvent contribuer à l’ouverture et à la tolérance par rapport à la différence (Kiilakoski, 2015; Thomas, 2011; Direccion General de Juventud, 2009; Murakas et al., 2010; Powell and Bratovic 2007). Cela peut également contribuer à des changements d’attitudes de ces jeunes soutenus par les personnes avec lesquelles ils entrent en contact (par ex. en encourageant des attitudes plus positives vis-à-vis des jeunes parmi des adultes plus âgés et vice-versa) (Dunne et al, 2014a). Construire la solidarité et s’attaquer au racisme grâce au travail de jeunesse Ungdomsringen, l’organisation danoise des clubs de jeunes, dirige un certain nombre de projets centrés sur la construction de la solidarité entre de jeunes personnes handicapées et la population générale en menant à bien des projets de soutien par les pairs où les jeunes personnes handicapées sont soutenues par celles qui ne présentent aucun handicap. Le Bede House Anti-Racist Detached Youth Work Project était basé dans le sud de Londres et avait pour but d’instaurer des relations avec de jeunes blancs qui avaient des opinions racistes extrêmes. L’équipe de la Bede House utilisait des méthodes de travail de jeunesse « traditionnelles » pour engager ces jeunes au sein de la communauté. Cela a conduit à l’établissement d’une plate-forme où les questions de race pouvaient être étudiées ouvertement. Adapté de Thomas (2011) et YFJ (2016a) 28 Les organisations de jeunesse peuvent également promouvoir des attitudes positives envers la démocratie, telles que des niveaux supérieurs de satisfaction, une plus grande « force politique » (une augmentation de l’importance relative attachée à la politique comparé à d’autres questions) et un plus grand intérêt pour la politique (Van Deth, 2010; hooghe et al, 2004). Elles peuvent notamment aider les jeunes à comprendre comment le gouvernement et la politique fonctionnent et apprécier leur importance et impact sur leurs vies. L’évidence de l’impact des organisations de jeunesse sur les attitudes et valeurs politiques et civiques D’une manière générale, cette évidence est modérée : • deux études fournissent des preuves « solides » (Van Deth, 2010; et Quintelier 2008); • douze études fournissent des preuves « modérées » (Cicognani, et al, 2015; Kiilakoski 2015); ANACEJ in Dunne et al, 2014a; Camemberts et al 2014; Gretschel et al 2014; Thomas, 2011; Taru, 2010; Murakas et al 2009; Kotilainen, 2009; Quintelier 2008; Wyness 2006; et Hooghe, et al, 2004) et; • quatre études fournissent de « faibles » preuves (Frenzel 2014; Direccion General de Juventud, 2009; Konig-Georgiades 2009 et Mathews & Limb 2003). Certaines études suggèrent que les organisations de jeunesse dotées d’un objectif civique sont associées à un plus grand impact sur « le bien-être social » (Cicognani et al., 2015) et d’autres mettent en lumière comment, par exemple, des organisations axées sur la participation délibérative sont associées à des niveaux supérieurs de participation politique que d’autres types d’organisations de jeunesse, telles que des organisations « expressives » (Quintelier, 2008). Cela correspond à un thème plus vaste de la littérature comme quoi les organisations de jeunesse aboutissent aux résultats qu’elles programment (Powell et Bratovic, 2007). De la même manière, certaines études suggèrent que les impacts positifs sont plus réguliers à travers différents types d’organisations de jeunesse (Van Delth, 2010). Les difficultés d’évaluer les impacts associés à différents types d’organisations de jeunesse sont abordées plus loin dans la section 7. Engagement politique Comme l’illustre l’exemple du travail de Otpor, Kmara et Pora (voir encadré plus bas), en contribuant à des changements dans les attitudes des jeunes vis-à-vis de l’engagement politique et en augmentant par exemple la compréhension par les jeunes des systèmes et processus politiques (par exemple via des expériences pédagogiques) les organisations de jeunesse peuvent contribuer à des augmentations de l’engagement politique des jeunes tant dans la politique formelle (le vote) que plus informelle (manifestation). Otpor, Kmara et Pora: mobilisation pour une révolution pacifique Otpor, Kmara et Pora, décrites comme des ONG de jeunesse et de la société civile, ont été établies par des jeunes et la majorité des bénévoles étaient des étudiants. Ils voulaient rendre la politique « cool » et ils ciblaient l’apathie politique parmi les jeunes. Ces organisations de jeunesse offraient également un soutien à l’opposition démocratique en Serbie, en Géorgie et en Ukraine. Elles fournissaient toutes la structure et la finalité nécessaires pour les mouvements de jeunesse qui conduisent à des révolutions démocratiques. Ces organisations de jeunesse ont remporté un franc succès dans leur stratégie 29 d’adopter des comportements non violents et de permettre de grosses manifestations de rue. L’évaluation de leur travail a mis en évidence comment, bien que différents facteurs aient joué un rôle majeur dans la construction d’un changement de régime (comme les élites), les jeunes ont fourni une approche ascendante en dépassant la peur, l’apathie et les différences personnelles et en mobilisant du soutien entre différentes parties et les générations plus âgées. Adapté de Kuzlo (2006) Les organisations de jeunesse peuvent également contribuer à des résultats « négatifs » où, par exemple, les jeunes ont des expériences négatives (par ex. parce qu’ils sentent que leurs points de vue ne sont pas pris en considération) et ils deviennent désenchantés et cyniques (Morciano et al, 2013). L’évidence de l’impact des organisations de jeunesse sur l’engagement politique D’une manière générale, cette évidence est modérée : • deux études fournissent des preuves « solides » (Van Deth, 2010; et Quintelier 2008); • huit études fournissent des preuves « modérées » (Kiilakoski 2015, Camemberts et al 2014, ANACEJ Dunne, et al, 2014a, Gretschel et al 2014; Marciano et al, 2013; Murakas et al, 2010; Wyness 2006; et Hooghe et al, 2004); et • trois études fournissent de « faibles » preuves (Frenzel 2014; Konig-Georgiades 2009; et Mathews and Limb 2003). Certaines études (Quintelier, 2007) soulignent les barrières à l’engagement politique des jeunes, telles qu’un manque de foi envers le système politique et le cycle de vie ainsi que les effets générationnels qui ont fait que les jeunes sont moins susceptibles d’obtenir des éléments stabilisateurs de la vie adulte comme le fait d’être propriétaires d’une maison ou d’avoir des enfants, qui promeuvent souvent l’engagement politique. Alors que les organisations de jeunesse peuvent chercher à changer les points de vue (et la foi) des jeunes à propos du système politique, elles peuvent ne pas être à même d’aborder le cycle de vie et les effets générationnels, limitant donc leur impact. Engagement civique Comme l’illustrent les exemples de Adolescents, Life Context & School Project (Adolescents, Contexte de vie et Projet scolaire) et 72 Stunden Ohne Kompromiss (72 heures sans compromis), les organisations de jeunesse peuvent promouvoir une série d’engagements civiques, y compris le volontariat (tant au sein des organisations de jeunesse elles-mêmes qu’auprès d’autres organisations) et un sens de responsabilité civique (Dallago et al, 2009). L’expérience du volontariat notamment peut contribuer à des résultats personnels tels que des augmentations des compétences sociales et émotionnelles (discuté ci-dessous) et elle peut également contribuer à des résultats sociaux tels que des augmentations du dialogue interculturel (discuté plus haut) et la fourniture de services (où, par exemple, les jeunes volontaires aident à fournir un service aux autres). 30 Promouvoir l’activisme social: Adolescents, Contexte de Vie et Projet scolaire Ce projet était un projet participatif géré par l’équipe de recherche et opéré dans un certain nombre d’écoles dans un quartier de Padoue en Italie. Le projet impliquait des jeunes qui ont participé à des ateliers pour exposer l’impact de l’école et de leur environnement local sur leurs vies et pour identifier des idées sur leur participation future et sur les changements qui pourraient être réalisés au sein de leurs communautés. L’évaluation des résultats du projet a démontré un impact statistiquement considérable en lien aux sentiments de responsabilité civique des jeunes par rapport au voisinage. Il a également identifié que le projet a conduit le conseil local à créer un conseil formel des affaires de la jeunesse suite au travail de collaboration réalisé dans le cadre du programme entre le conseil local et les jeunes. Adapté de Dallago et al (2009). Certaines études décrivent la contribution des organisations de jeunesse (engagement et activisme civique et politique accrus) et d’autres facteurs comme l’intégration sociale, la compréhension interculturelle, l’acceptation sociale et la cohérence sociale en termes de contribution des organisations de jeunesse à l’amélioration du « bien-être social » (Cicognani et al. 2015). 72 Stunden Ohne Kompromiss 72 Heures sans Compromis est une action nationale de volontariat organisée en Autriche tous les deux ans par la Jeunesse catholique (Katholische Jugend). Elle fait partie de l’initiative internationale Stunden Ohne Compromis qui travaille également en Hongrie, en Suisse, en Slovaquie, en Slovénie, en Bosnie Herzégovine, en Allemagne et en République tchèque. Les objectifs de cette action consistent à améliorer les conditions de vie et les situations humaines grâce au développement et à la mise en place de projets spécifiques; à promouvoir le volontariat à travers l’Europe; et à mettre en avant l’engagement et l’action des jeunes. Adapté de YFJ (2016a) En promouvant un sentiment de responsabilité, notamment via l’éducation au développement durable et à la citoyenneté mondiale, les organisations de jeunesse peuvent encourager l’engagement et le militantisme civique et politique des jeunes (Murakas et al, 2010; Kotilainen, 2009). L’engagement initial peut approfondir l’engagement et le militantisme civique et politique (créant un cercle vicieux ou autorenforçant le cycle de militantisme et d’engagement) (Cicognani et al, 2015; Lähteenmaa, 1999). L’engagement et le militantisme civique et politique peuvent donc être mutuellement renforçants en ce sens que l’un mène à l’autre. Cependant, ils peuvent également être en compétition par rapport au temps et à l’intérêt des jeunes et une étude (Cammaerts et al. 2014) suggère que le rejet par les jeunes de la culture politique peut les conduire à se concentrer sur l’engagement civique (et les organisations de jeunesse sont bien positionnées pour faciliter cela). L’évidence de l’impact des organisations de jeunesse sur l’engagement civique D’une manière générale, cette évidence est modérée : 31 • trois études fournissent de « solides » preuves (Taru 2013; Dallago et al, 2009, et Powell et Bratovic, 2007); • dix études fournissent des preuves « modérées » (Cicognani, et al, 2015; Kiilakoski 2015; Camemberts et al 2014; Gretschel et al 2014, ANACEJ in Dunne et al 2014a, Taru, 2010; Quintelier 2008; Wyness 2006; Perea, 2004; et Lähteenmaa, 1999); et • six études fournissent de « faibles » preuves (Frenzel 2014; Studen Ohne Kompromiss, Dunne et al, 2014a; Camemberts, et al, 2014; Comision de las Comunidades Europeas, 2009; Konig-Georgiades 2009, Matthews and Limb 2003). Elaboration politique Comme l’illustre l’exemple de Dialogue Days, les organisations de jeunesse peuvent aider les jeunes à « exprimer » leurs points de vue et permettre que leurs préférences soient exprimées et articulées. Cela peut être particulièrement important lorsque d’autres moyens « d’expression » des jeunes, tels que le vote », sont soit restreints (sur base de l’âge des jeunes par exemple), soit inintéressants pour les jeunes (parce que les jeunes ont le sentiment que ce ne sont pas des moyens efficaces de se faire entendre) (Quintelier 2007). Dialogue Days (Journées du Dialogue) Les Journées du Dialogue étaient un projet de participation de deux jours coordonné par Allianssi, the Finnish Youth Cooperation. Le projet impliquait l’établissement de fora de discussion auxquels participaient des jeunes et des politiciens municipaux. Les jeunes impliqués étaient soit actifs ou non actifs dans des fora et organisations de jeunesse existants. Les Journées du Dialogue ont permis aux jeunes de collaborer à des discussions entre eux et d’émettre des idées et des suggestions aux politiciens. 81 discussions ont eu lieu, atteignant 2500 jeunes. Les échos ont été positifs, tant de la part des politiciens que des jeunes. Cependant, l’évaluation a indiqué que les recommandations ont été prises en compte d’une façon différente par les politiciens. Adapté de Gretschel et al, 2014 Comme l’illustre le travail de BeLong To (voir l’encadré ci-dessous), en permettant à la voix des jeunes d’être entendue et articulée par les politiciens, les organisations de jeunesse peuvent contribuer à des politiques mieux informées (un résultat social). Influencer la politique : BeLong To BeLong To entreprend des activités d’éducation par les pairs au sein d’un modèle d’éducation sociale essentiel du travail de jeunesse en Irlande. L’organisation a eu un impact direct sur l’élaboration politique lorsque sa campagne a mené à une référence spéciale aux jeunes LHBT dans la stratégie nationale irlandaise contre le suicide et l’auto-destruction. L’organisation a bénéficié d’un financement du service exécutif pour la santé pour financer des recherches et le rôle de directeur du réseau au sein de l’organisation, qui apporte son soutien à la création de groupes de jeunes LHBT en partenariat avec des groupes directeurs locaux à travers le pays. Adapté de Dunne, et al., 2014a 32 L’évidence de l’impact des organisations de jeunesse sur l’élaboration politique D’une manière générale, cette évidence est de forte à modérée : • une étude fournit de « solides » preuves (Murakas et al, 2010); • sept études fournissent des preuves « modérées » (Frenzel 2014; ANACEJ Dunne, et al 2014a, BeLongTo Dunne, et al, 2014a, Dynamo Dunne et al, 2014a; Gretschel et al 2014; Thomas, 2011; et Wielermans & Hierpelink 2000); et • trois études fournissent de « faibles » preuves (Cammaerts et al 2014; Andreu, 20069; et Roger 2007). 33 8. DIFFERENCES DANS LES RESULTATS _______________________________ Introduction Il est une série de facteurs qui ont un impact sur les résultats, y compris des différences dans les organisations, les contextes et les jeunes eux-mêmes, qui sont abordés dans cette section. Différences organisationnelles Comme indiqué dans l’introduction, il existe une énorme diversité dans le secteur des organisations de la jeunesse. Les différences organisationnelles liées à leur but, structure, développement, qualité et étendue influencent toutes leurs contributions aux résultats pour les jeunes et la société. Cette diversité est la force du secteur, elle aide à garantir une réponse aux besoins et intérêts des différents groupes de jeunes, mais elle implique que l’impact des organisations de jeunesse diffère. But organisationnel Les résultats reflètent généralement les objectifs ou finalités des organisations de jeunesse, par exemple, comme l’observe une étude, les organisations de jeunesse n’aboutissent qu’aux résultats qu’elles ont programmés (Powell et Bratovic 2007). Une vaste distinction peut donc être faite entre les organisations de jeunesse directement axées sur l’engagement politique et les organisations de jeunesse moins « politiques ». Ces organisations directement axées sur la participation et l’engagement politique des jeunes sont davantage associées aux résultats civiques et politiques, tandis que des organisations plus apolitiques, telles que des groupes d’intérêt, sont davantage associées aux résultats personnels et sociaux. Structure organisationnelle Différentes organisations de jeunesse peuvent être situées sur un certain nombre d’échelles reflétant, par exemple, le degré selon lequel elles sont dirigées et contrôlées par des jeunes et des adultes, et celui selon lequel elles offrent plus ou moins d’activités structurées et formelles. Une plus grande structure12 est généralement associée à des résultats plus solides (Feinstein et al., 2005)13, mais les personnes interviewées ont également souligné comment la structure peut également limiter le type de jeunes qui participent et le type de résultats générés (LLUK, 2010). 12 12. i.e. “des activités définies qui ont un objectif sous-jacent et sont dirigées par un adulte fiable ou un pair plus âgé » (LLUK, 2010) 13 Feinstein et al. (2005) suggèrent que ceux qui participent à des activités « plus structurées » (activités où les adultes ont une réelle autorité, où les règles, attentes et objectifs sont clairs, et où soutien et encouragement sont offerts) en retirent davantage en terme sociaux et émotionnels que ceux qui participent à des activités plus floues et moins structurées. 34 Développement organisationnel et qualité Les résultats diffèrent souvent pour les organisations à différents stages de développement, par exemple, dans les premières étapes les organisations de jeunesse peuvent être plus concentrées sur leur établissement et sur le recrutement de personnel. Cela peut également réduire les activités et expériences que les organisations de jeunesse peuvent offrir aux jeunes lorsque comparé à des organisations mieux établies ou plus matures. La qualité du travail avec et pour les jeunes peut également avoir un impact sur les résultats; par exemple, bien que les compétences sociales et émotionnelles associées à des résultats positifs puissent être encouragées grâce à l’association (Smith, 2001), la qualité de l’association est cruciale (Robeson et Feinstein, 2007; Margo et Dixon, 2006). Il existe aussi des débats au sein de la littérature à propos de l’impact de la « professionnalisation » qui peut accroître la qualité, mais qui peut également réduire la flexibilité et conduire au déploiement d’organisations davantage axées sur le service que sur les jeunes (voir par ex. Forkby et Kiilakoski, 2014). Diversité organisationnelle La diversité organisationnelle affecte à la fois les bénéficiaires (discuté ci-dessous) et aussi les opportunités pour les jeunes d’interagir avec des personnes différentes. Comme exprimé dans les sections 3, 4 et 5, les opportunités d’interagir avec les autres peuvent contribuer à des résultats personnels et sociaux tels que des augmentations de capital social et une plus grande ouverture et tolérance par rapport à la différence. Le degré de diversité aide à déterminer avec qui les jeunes interagissent. Ampleur et évolutivité Il existe presque constamment des limites aux nombres de jeunes avec lesquels les organisations de jeunesse peuvent travailler, vu le capital humain et financier limité ainsi que les contraintes structurelles (certains modèles, tels que les conseils de jeunesse, peuvent être capables d’impliquer directement uniquement un nombre limité de jeunes). Les différences de capital et structure contribuent donc à l’ampleur de l’impact et de l’évolutivité (l’étendue de l’accroissement des organisations et de leurs impacts). Différences contextuelles Les différences de contextes dans lesquels les organisations de jeunesse travaillent contribuent également à des différences dans les résultats. Les augmentations remarquées dans les opportunités, les risques, et le rythme de changement sociétal ont évolué (Beck, 1992) affectant les jeunes à travers l’Europe. Néanmoins, l’échelle et le type de risques et d’opportunités auxquels les jeunes sont exposés et le rythme du changement diffèrent à travers l’Europe. Par exemple, le chômage des jeunes est un problème plus important dans certaines régions d’Europe que dans d’autres; les façons dont les organisations de jeunesse peuvent aider les jeunes à trouver un emploi diffèrent, tout comme les impacts des organisations de jeunesse sur les perspectives qu’ont les jeunes de trouver un emploi. Suite à cela, les résultats des actions menées par les organisations de jeunesse pour lutter contre le chômage des jeunes en Autriche sont susceptibles de différer de ceux enregistrés en Grèce. Le rôle de l’Etat varie également à travers l’Europe. Ces différences sont importantes parce que le soutien de l’Etat ou son opposition par rapport aux organisations de jeunesse peut aider ou freiner leur développement et aussi leur indépendance. Dans 35 certains pays comme l’Autriche, des éléments ont pu prouver que l’Etat « évinçait » le secteur volontaire. De la même manière, le retrait de l’Etat dans des pays comme l’Estonie peut créer de l’espace pour permettre au secteur volontaire de croître. Cependant, vu que de nombreuses organisations comptent sur le soutien de l’Etat, lorsqu’un retrait implique des coupes dans le financement, cela peut saper le secteur. L’impact de l’ère de l’austérité actuelle sur le secteur est donc susceptible d’être important, mais il n’apparaît pas de manière proéminente dans la littérature dont une majeure partie est antérieure à la crise économique de la fin des années 2000. L’histoire et la culture sont également importantes. L’ouverture d’institutions étatiques de tous les niveaux à l’influence des jeunes peut varier. C’est particulièrement important pour des organisations de jeunesse plus politiques, comme les conseils de la jeunesse. Par exemple, l’expérience des conseils nationaux de la jeunesse dans des pays comme la Finlande et le Luxembourg, dotés d’une culture démocratique de longue date, est manifestement différente de celle des conseils nationaux de la jeunesse dans des pays comme la Biélorussie (Holtom et al. 2016). De la même manière, les attitudes envers les jeunes eux-mêmes varient, les jeunes étant souvent caractérisés soit de « ressources » soit de « problèmes » (ibid). Différences chez les jeunes et dans la distribution des résultats Qui participe? Parce que la participation dans les organisations de jeunesse est par définition volontaire, les jeunes ont besoin à la fois d’être intéressés et donc motivés pour participer et aussi pouvoir participer et ne pas être limités par des barrières qui les stoppent. Tout comme les intérêts des jeunes sont nombreux et variés, la gamme d’organisations dans lesquelles ils choisissent de s’engager est nombreuse et variée (et c’est une force majeure du secteur). Le fait d’identifier ce qui intéresse les jeunes, que ce soit en relation aux médias (Kotilainen, 2009), au sport (Coalter, 2012) ou à la culture et l’ethnicité (Perea, 2004) est donc vital pour le succès des organisations de jeunesse, car les jeunes s’engageront dans des problèmes et activités qui comptent à leurs yeux. En effet, une étude (Matthews and Limb, 2003) a identifié que le plaisir provenait du résultat (associé à l’organisation de jeunesse étudiée) le plus valorisé par les jeunes. De la même manière, les études soulignent que ce plaisir peut provenir du fait d’aider les autres (« altruisme hédoniste ») ou d’apporter une différence (Stunden Ohne Compromis, 2014; Lähteenmaa, 1999). Les barrières potentielles à l’accès à des organisations de jeunesse, ce qui signifie que l’intérêt des jeunes envers une organisation de jeunesse ne peut être assouvi, sont également mentionnées dans la littérature et dans des interviews: parmi cellesci: • des barrières situationnelles liées aux circonstances des jeunes, notamment des responsabilités de soins ou les exigences des études, de la formation ou du travail, ou leur distance physique par rapport aux organisations de jeunesse (qui peut s’avérer être un problème particulier dans les zones rurales); • des barrières financières, liées aux frais de participation aux organisations de jeunesse; • des barrières institutionnelles liées à la culture et à la structure des organisations de jeunesse qui peuvent bloquer la participation de certains; et 36 • des barrières psychologiques liées aux perceptions par les jeunes de ce que l’on attend de leur engagement dans des organisations de jeunesse (exemple, en terme de connaissances et de compétences requises) qui peuvent également décourager les jeunes de participer (Cammaerts et al., 2014). De nombreuses organisations de jeunesse s’évertuent à être plus inclusives et cherchent souvent activement à engager des groupes marginalisés ou vulnérables, tels que les jeunes handicapés ou les jeunes de minorités ethniques. Dans certains cas, cela se fait via un partenariat avec d’autres organisations (n’étant pas des organisations de jeunesse) telles que des organisations travaillant avec les personnes handicapées (de tout âge) (Dunne, et al., 2014b). Le type de jeunes impliqués, et donc leur point de départ (ou référentiel), leur capacité d’exploiter les opportunités offertes par les organisations de jeunesse et les problèmes à surmonter diffèrent, et donc leurs résultats diffèrent également; par exemple parce que peu d’organisations de jeunesse travaillent avec les jeunes sans-abri, les résultats en terme de réduction du sans-abrisme sont rares.14 Afin de promouvoir la diversité et l’inclusivité, tant la littérature que les entretiens soulignent l’action que de nombreuses organisations de jeunesse entreprennent pour minimiser les barrières, notamment: • en développant des provisions flexibles, informelles et accueillantes qui peuvent aider à aborder des barrières situationnelles, psychologiques et institutionnelles (Wyness, 2006); et • en offrant un soutien financier tel que des bourses d’études pour aider à surmonter les barrières financières. Comme l’illustre l’exemple du projet De Realisten (voir l’encadré ci-dessous), une grande partie de cette action vise à augmenter l’engagement des jeunes de communautés plus exclues ou marginalisées, qui tendent à être sous-représentées dans les organisations de jeunesse. Le Projet De Realisten: travailler avec les jeunes personnes handicapées De Realisten est un projet dirigé par la section jeunesse du syndicat hollandais CNV Jongeren. Le projet travaille avec des jeunes perçus par la loi hollandaise comme partiellement incapables de travailler en raison d’un handicap. Le projet forme les jeunes aux compétences du marché du travail et démontre aux employeurs la valeur de ces jeunes en tant qu’employés. Les participants entreprennent des formations et participent à des activités de mise en réseaux avec des employeurs potentiels. L’évaluation du projet a mis en lumière une augmentation de la confiance des jeunes comme principal résultat. Adapté de Dunne et al. 2014a De manière générale, en dépit de leurs efforts, la recherche effectuée pour cette étude indique que les organisations de jeunesse sont les plus susceptibles d’impliquer des jeunes « privilégiés » et moins les jeunes « à problèmes » (comme 14 Une étude, un rapport annuel de Asociatia Stea (2012) (Star Association) en Roumanie qui veut réduire le sans-abrisme en approchant les jeunes vulnérables, toutefois leur capacité est limitée à ne pouvoir travailler qu’avec six jeunes à la fois pendant la phase finale de leur initiative (qui est quasi la plus importante pour aborder le sans-abrisme). 37 les jeunes en contact avec le système judiciaire juvénile)15. Comme précisé dans la section 3, certaines études suggèrent que les résultats dépendent autant de ce qu’apportent les jeunes aux organisations de jeunesse (en termes de compétences et connaissances) que de ce que leur offrent les organisations de jeunesse. Une étude (Dunne, et al., 2014a) a observé que « les résultats à long terme étaient déterminés par des milieux de conseillers pour les jeunes autant que par l’expérience sur le conseil de la jeunesse. » Bien que d’autres études, y compris les métaanalyses, n’ont pas identifié de différences systémiques dans les résultats pour les jeunes individus de groupes socio-économiques différents (Powel et Bratovic 2007), les différences socio-économiques ont un impact sur le nombre et le type d’organisations de jeunesse auxquelles les jeunes peuvent accéder - avec plus d’opportunités généralement trouvées dans les zones plus favorisées (ibid). … et pour combien de temps? La durée et le type d’engagement des jeunes varient également. Un engagement plus court et/ou intermittent est associé à de faibles résultats (Merton et al, 2004). Par opposition, un engagement plus long et plus intensif offre davantage d’opportunités aux organisations de jeunesse d’offrir des possibilités et des expériences aux jeunes. L’adhésion à plus d’une organisation de jeunesse est particulièrement associée à un niveau supérieur de participation politique, car les jeunes vont rencontrer davantage de personnes dans différentes organisations16 (Quintelier, 2008). Des recherches et entretiens suggèrent qu’en général les jeunes plus âgés sont moins engagés dans des organisations de jeunesse, vu l(étendue des possibilités et réquisitions de leur temps lorsqu’ils vieillissent (Merton et al., 2004). Les jeunes de 16 à 18 ans et plus peuvent accorder la priorité à la recherche d’un travail plus qu’à un engagement dans une organisation de jeunesse, car ils peuvent ne pas comprendre ou apprécier les manières dont leur engagement au sein d’une organisation de jeunesse peut les aider à trouver un travail. De plus, comme l’ont observé les personnes interrogées, la pression des pairs qui suggère qu’un engagement dans une organisation de jeunesse n’est pas perçu comme « cool » est également un facteur. Différences de résultats dans le temps Très peu d’études longitudinales ont été identifiées qui permettraient d’évaluer l’impact dans le temps. Cela ne permet pas de tirer des conclusions sur la durabilité des résultats dans le temps. Ces études qui l’ont effectivement fait (Cigognani et al. 2015; Powell et Bratovic, 2007) ont exploré la façon dont les expériences chez les jeunes, notamment une augmentation de l’engagement civique et politique, sont souvent présentes encore à l’âge adulte.17 15 Il existe des exemples d’organisations de jeunesse qui travaillent avec des jeunes « à risque » (voir Coalter, 2012). 16 L’étude a également identifié le fait qu’un temps accru passé au sein d’organisations de jeunesse, c-à-d le temps passé avec les mêmes contacts, ne correspond pas à une augmentation de la participation politique. 17 Par exemple, Cicognani et al. (2015) décrivent l’adhésion à une organisation comme un fait précurseur à une participation civique et politique à l’âge adulte. 38 9. COUT ECONOMIQUE ET AVANTAGES DES ORGANISATIONS DE JEUNESSE _______________________________ Très peu d’études se sont concentrées sur le coût économique et les avantages du travail de jeunesse. La principale exception était une étude commanditée par le Conseil national de la Jeunesse d’Irlande (NYCI, 2012) qui vise à fournir : « une évaluation économique détaillée et rigoureuse du travail de jeunesse » en Irlande (ibid., p 8). L’étude se concentre sur ces « organisations de jeunesse » qui font du travail socio-éducatif. » Leur étude comprenait un examen de la littérature, qui identifiait (tout comme cette étude) une série de résultats positifs associés au travail des organisations de jeunesse pratiquant le travail de jeunesse, tels que: « réductions de l’activité criminelle et du comportement anti-social, augmentation du nombre de jeunes aux études, au travail ou en formation, et réductions de l’abus de substances » (ibid., p. 16), en plus d’avantages comme « meilleure confiance et estime de soi, meilleures capacités décisionnelles, développement personnel et rencontre de nouvelles personnes. » Cependant: De manière générale, l’examen indique que bien qu’une recherche étendue sur divers aspects du travail de jeunesse ait été réalisée au niveau international, y compris des évaluations de programmes spécifiques dans des domaines comme la santé, l’éducation et le bien-être, des recherches très limitées existent sur les avantages économiques du travail de jeunesse » (ibid., pp 16-17) Suite à cela, l’étude a réalisé une analyse coûts-bénéfices, comparant le financement pour ce secteur: • aux bénéfices directs du travail de jeunesse, tels que la valeur économique du volontariat et de l’emploi rémunéré (suite au travail de jeunesse) et les impacts multiplicateurs des dépenses de l’organisation de jeunesse; et • aux bénéfices indirects, basés sur les économies de coûts estimées à l’état dans des domaines comme la justice des adolescents, la santé, l’éducation et les frais en termes de bien-être. L’étude a identifié que si les bénéfices directs et indirects étaient ajoutés et comparés aux coûts, sur une période de dix ans les bénéfices sociaux des programmes de travail jeunesse dépasseraient les coûts financiers d’un facteur de 2,22 sur cette période (ibid., p 18). Un certain nombre d’autres études qui ne se sont pas concentrées spécifiquement (ou exclusivement) sur les organisations de jeunesse mais sur des domaines associés de travail comme le travail de jeunesse, ont cherché à comparer (et opposer) les coûts souvent relativement modestes des interventions de type travail de jeunesse aux économies potentiellement importantes de coûts générées grâce à la réduction des dommages à la société (voir par exemple, NEF/ Catch 22, 2011; NAO, 2010; Romeo, Knapp et Scott 2006). Cependant, ces études font face à un 39 certain nombre de gros problèmes qui compliquent l’attribution d’économies de coûts à leur travail, parmi lesquels: • les preuves souvent faibles qui relient les interventions à des résultats positifs, comme les jeunes qui trouvent un travail, vu la faiblesse tant de la mesure des résultats que de l’attribution d’impacts, discutée plus loin dans la section 7; • les difficultés associées au fait d’estimer l’impact de quelque chose qui ne s’est pas produit (et qui par définition ne peut donc pas directement être mesuré), tel qu’une jeune personne ne commettant pas de crime ou ne s’engageant pas dans un comportement à risque comme l’abus de drogues ou d’alcool; et • les nombres souvent petits de jeunes engagés dans des comportements négatifs, ce qui signifie que le nombre de jeunes avec lesquels les organisations de jeunesse doivent travailler pour contribuer à des réductions de comportements négatifs, est souvent très élevé 18. 18 Même un travail ciblé peut souffrir du « paradoxe de la prévention » dans lequel bon nombre de ceux qui sont soutenus ne retirent aucun avantage. 40 10. DONNEES ET INDICATEURS _______________________________ Comme souligné dans les sections 5 et 6, la base de preuves est généralement faible. Cela reflète la faiblesse de la mesure des résultats et de l’approche adoptée pour estimer l’impact. Mesurer les résultats Une mesure robuste de la valeur sociale des organisations de jeunesse exige une mesure robuste des résultats - c-à-d ce qui a changé. Comme indiqué aux sections 5 et 6, cela comprend notamment des changements dans les attitudes des jeunes, dans leurs valeurs et leur comportement. Cependant, de nombreuses organisations ne collectent pas systématiquement ni de manière solide des données relatives aux résultats. En guise de conséquence, une étude de la valeur du travail jeunesse dans l’Union européenne, basé sur l’Autriche (Frenzel, 2014) a identifié que: « les résultats et impacts du travail jeunesse en Autriche ne sont pas systématiquement évalués » (ibid., p 26) De la même manière, dans leur évaluation des services de la jeunesse en Angleterre, Merton et al. (2004) concluent que : « Il y a peu de choses dans les recherches rigoureuses du travail de jeunesse ou de données fiables sur les résultats du travail de jeunesse » (ibid., p. 143) Et dans leur examen systématique des « programmes de responsabilisation des jeunes » (Morton et Montgomery, 2013) concluent que les fondements de preuves sont trop faibles pour tirer des conclusions définitives de l’impact et ensuite identifier le besoin de plus de recherches rigoureuses et d’évaluation dans le domaine. Il y a une série d’approches que les organisations de jeunesse pourraient utiliser pour mesurer les résultats; celles-ci doivent inclure: • la mesure du changement dans le temps (par ex. la « distance voyagée » par une jeune personne) à l’aide, par exemple, de mesures de lignes de base et de fin; • la triangulation de différents types de données telles que des données subjectives (comment les jeunes pensent et ce qu’ils ressentent) et des données plus objectives (comme des changements dans les comportements des jeunes) et • la triangulation des données de différentes sources, comme des données autodéclarées des jeunes; des données d’observation de ceux qui travaillent avec les jeunes, et des données administratives ou secondaires (lorsque disponibles) telles que des données sur les résultats éducatifs ou relatifs à l’emploi. Ces approches sont reflétées dans les critères de qualité utilisés pour évaluer les preuves dans la littérature analysée (discutée en annexe). 41 Attribution d’impact La corrélation ne prouve pas la causalité. Par conséquent, les changements observés dans les compétences d’une jeune personne par exemple pendant le temps où elle était engagée dans une organisation de jeunesse (une corrélation) ne fournissent pas de preuve solide du fait que l’organisation de jeunesse a causé ou contribué à ce changement (causalité). Dans la plupart des cas, des facteurs multiples, y compris, mais non limité à , une implication dans une organisation de jeunesse auront contribué aux changements observés. L’attribution d’impact tente d’essayer d’identifier la contribution de l’organisation de jeunesse, habituellement via une estimation d’une situation contre-factuelle - que ce serait-il passé si la jeune personne n’avait pas participé à une organisation de jeunesse. Comme décrit dans la section six, il existe deux principales approches pour estimer une situation contre-factuelle: les approches fondées sur la théorie19 , et l’évaluation d’impact empirique20 . Une faiblesse majeure a été l’impossibilité de développer des approches effectives pour évaluer l’impact, par exemple, une étude : l’impact du service volontaire de longue durée en Europe: examen de recherches publiées et non publiées (Powell et Bratovic 2007) a identifié que: « très peu des études examinées ont utilisé des méthodes de groupe de contrôle (5 sur 40) ou des mesures de pré et post-intervention (2 sur 40). Cela engendre une faiblesse dans les données et donc dans la mesure d’impact. » L’examen systémique par Morton et Montgomery (2013) des programmes de responsabilisation des jeunes a atteint des conclusions similaires. En outre, même là où l’évaluation d’impact a donné lieu à des recherches ou une évaluation (à l’aide d’approches comme des groupes de contrôle), cette étude illustre les difficultés de l’évaluation d’impact, par exemple: • il y a des facteurs multiples qui contribuent aux résultats associés aux organisations de jeunesse, compliquant le fait d’isoler la contribution d’une organisation de jeunesse, et souvent les jeunes participent à des organisations de jeunesse multiples, compliquant le fait d’isoler l’impact d’une organisation individuelle (Coalter, 2012; Merino, 2007); • Souvent, peu de données sont disponibles par rapport aux résultats pour les jeunes qui choisissent de ne pas participer à des organisations de jeunesse 19 Les approches fondées sur la théorie se concentrent sur le fait de comprendre comment et pourquoi les résultats sont engendrés, à l’aide d’approches comme des « modèles logiques » pour tester la relation entre les contributions d’une organisation (comme le temps du personnel) et les activités (comme les méthodologies du travail de jeunesse) et les résultats (comme le nombre de jeunes soutenus) et les conséquences (comme le nombre de jeunes dont la confiance a augmenté). Les approches de l’évaluation d’impact sont discutées à la section 7. 20 Une évaluation empirique d’impact implique généralement une mesure de résultats pour un groupe de comparaison. 42 (limitant l’étendue par exemple de l’usage de groupes de contrôle ou de comparaison21 pour estimer les données contre-factuelles); et • des tailles d’effet réduit par rapport à d’autres facteurs compliquent également le fait d’isoler l’impact. Pareil pour l’évaluation de l’impact de différents types d’organisations de jeunesse22 . A cause de ces faiblesses, comme l’a identifié une étude systématique de l’impact d’un programme de responsabilisation des jeunes (Horton et Montgomery, 2013): « parmi les études qui répondaient aux critères de l’examen, aucune n’a montré d’impacts mesurables de l’auto-efficacité ou de l’estime de soi des jeunes. » Le peu de disponibilité des données et/ou de concept d’étude signifie que de nombreuses études offrent des preuves de corrélation ou d’association, plutôt que des preuves de causalité. Cela n’était pas apparent dans les études axées sur les impacts sociétaux où, par exemple, l’évidence du déclin dans les organisations de jeunesse est avancée comme une cause des niveaux déclinants de santé mentale et physique chez les jeunes (Slowinski, 1999) ou de comportement anti-social, de racisme et de violence (Thomas, 2011). Il est donc important de renforcer les approches de l’évaluation d’impact. Cela compléterait le travail pour améliorer la mesure des résultats. Cela doit inclure l’identification d’une stratégie pour estimer l’usage de l’impact, par exemple, une approche basée sur la théorie et/ou des données sur les résultats pour un groupe de comparaison. Une évaluation rigoureuse d’impact est souvent difficile et onéreuse, et il est important que les approches soient proportionnées, ou « suffisamment bonnes », mais il ne faut pas aller au-delà de cela; par exemple, où la relation entre le travail d’une organisation de jeunesse et un résultat appréciable est étroite et bien comprise, une évaluation sophistiquée d’impact peut ne pas être garantie (voir par ex. McNeil, et al, 2012). Au lieu de cela les preuves d’une corrélation entre le fait que, par exemple, la confiance en soi d’un jeune ait augmenté durant sa participation au sein d’une organisation de jeunesse, associée aux preuves venant des jeunes eux-mêmes qu’ils étaient persuadés que leur participation avait contribué à ce résultat et un rapport cohérent de la façon dont l’organisation de jeunesse a contribué au changement, peuvent être suffisantes. Là où la relation entre le travail d’une organisation de jeunesse et le résultat voulu, comme une participation accrue dans le marché de l’emploi, est plus distante et accompagnée de nombreux facteurs contribuants, des approches différentes sont nécessaires. Il peut notamment être plus approprié de se concentrer de manière rigoureuse sur la mesure des résultats intermédiaires comme l’augmentation de la confiance en soi, de l’auto-motivation et de la connaissance des marchés du travail locaux qui sont susceptibles de contribuer aux résultats finaux, plutôt que de dépenser plus de temps et d’argent à tenter de mesurer directement la contribution 21 Par exemple, les résultats d’un « groupe de traitement » - les jeunes impliqués au sein d’une organisation de jeunesse- peuvent être comparés aux résultats d’un groupe de « comparaison » - les jeunes non impliqués dans une organisation de jeunesse. 22 Par conséquent, la plupart des études identifiant une différence dans les résultats entre par exemple les jeunes qui participent à des organisations de jeunesse et ceux qui n’y participent pas trouvent que les différences sont minimes (voir Merino (2007) sur l’impact des organisations de jeunesse sur l’acquisition de compétences ;Taru (2010) sur l’impact sur le multiculturalisme. 43 de l’organisation de jeunesse à des résultats (finaux) à plus long terme, comme des augmentations dans l’emploi. Il peut également y avoir des possibilités d’exploiter des « expériences naturelles » où, par exemple, un déploiement progressif des différences dans la pratique crée des groupes de jeunes qui sont similaires, mais qui ont et n’ont pas été « exposés » au travail de l’organisation de jeunesse. 44 11. CONCLUSIONS _______________________________ Créer une valeur sociale Comme indiqué à la section 3, les manières (mécanismes) dont les organisations de jeunesse créent de la valeur sociale sont bien comprises et documentées. Le rapport se concentre sur cinq mécanismes redondants et complémentaires : • • • • la participation des jeunes; le travail de jeunesse et l’éducation formelle, non formelle et informelle; les expériences et possibilités; les lieux et espaces associatifs où les jeunes peuvent se rencontrer et établir des relations sociales et • les informations, conseils et orientations. Ils représentent les principaux mécanismes grâce auxquels les organisations de jeunesse créent une valeur sociale. Chacun est lié à une série de résultats personnels, sociaux, civiques et politiques, que nous abordons de manière plus approfondie plus bas. Aucun de ces mécanismes n’est unique aux organisations de jeunesse, et il y a peu de preuves dans la littérature examinée du fait que les organisations de jeunesse les pratiquent nettement mieux - ou moins bien- que d’autres organisations. Il s’agit donc de la combinaison de la participation des jeunes (l’une des caractéristiques principales des organisations de jeunesse) avec ces autres mécanismes qui crée la valeur ajoutée des organisations de jeunesse. L’intégration de ces différents mécanismes crée le potentiel de synergies puissantes. Il y a moyen d’améliorer cela grâce à des partenariats avec d’autres organisations (de jeunesse ou autres) pour exploiter le potentiel que les organisations de jeunesse peuvent offrir pour travailler avec ces jeunes. Cela pourrait inclure notamment le fait de développer le rôle des organisations de jeunesse : • comme des pourvoyeurs d’informations, de conseils et d’orientation aux jeunes dans une série de domaines comme la santé, l’emploi et l’éducation; • comme des éducateurs, dans des domaines comme la citoyenneté et le développement durable, et • comme complétant les possibilités offertes par l’éducation formelle, avec des expériences d’éducation non formelle qui peuvent étendre l’apprentissage des jeunes comme l’éducation formelle tente désespérément de le faire (voir par exemple Williamson, 2016). 45 La valeur sociale que créent les organisations de jeunesse: résultats personnels et sociaux, civiques et politiques Les résultats associés à la participation des jeunes dans les organisations des jeunesse sont également compris et documentés. Le rapport s’axe sur deux vastes types de résultats: • sociaux et personnels, et • civiques et politiques. Résultats personnels et sociaux Les résultats personnels comprennent l’augmentation du capital humain (notamment le renforcement d’une série de compétences sociales et émotionnelles et de dispositions du même type) et du capital social, ainsi que des changements positifs dans les attitudes, le raisonnement et le comportement des jeunes (comme le fait de modérer des comportements à risques), augmentant l’accès à et la progression dans l’éducation, la formation et l’emploi, et des améliorations dans la santé et le bien-être. Les améliorations dans le capital humain et social, et les changements de comportements, raisonnement et attitudes des jeunes peuvent être traitées comme résultats finaux (ou fins en soi) et également comme des résultats intermédiaires (ou moyens vers d’autres fins) qui contribuent, par exemple, à augmenter l’accès à et la progression dans l’éducation, la formation et l’emploi, et des amélioration dans la santé et le bien-être. De la même manière, chacun de ces résultats peut être considéré comme le résultat personnel d’une jeune personne, et également une contribution à des résultats sociaux, tels que des augmentations dans la croissance économique et des amélioration dans la cohésion sociale. Résultats civiques et politiques Les résultats civiques et politiques sont assez bien documentés et compris, et ils impliquent des changements dans l’engagement et l’activisme des jeunes dans la société civile et politique, se manifestant notamment par une augmentation du nombre de votants, du volontariat et de l’action directe. L’engagement civique et politique peut à la fois dépendre des contributions des organisations de jeunesse aux résultats personnels, comme des augmentations dans les compétences et la confiance des jeunes, et également contribuer à ces résultats. L’activisme civique et politique peut également contribuer aux résultats sociaux, comme l’amélioration dans la livraison de politiques et de services (suite au volontariat par exemple). Ces résultats sont d’une importance capitale pour l’Europe. En contribuant à l’acquisition de compétences et à des changements dans les attitudes et comportements des individus, ils contribuent au développement personnel, politique et économique, et ils peuvent aider à aborder les problèmes clés auxquels l’Europe est confrontée, notamment le chômage des jeunes, l’érosion de la cohésion sociale et le désengagement politique. La force des organisations de jeunesse contribue donc directement aux forces sociales et économiques de l’Europe. 46 Néanmoins, les organisations de jeunesse ne sont pas une solution miracle - elle ne peuvent pas et ne travaillent pas avec tous les jeunes et n’abordent pas tous leurs besoins.23 Elles sont une importante institution mais une parmi tant d’autres dont les jeunes et la société ont besoin. Leur rôle complète celui d’autres institutions importantes comme les écoles, les lycées, les services sociaux et d’aide à la jeunesse, et elles ne doivent être perçues ni comme un substitut ni comme un concurrent. Mesurer la valeur sociale des organisations de jeunesse Bien qu’il existe des traits communs au type de mécanisme via lequel les organisations de jeunesse apportent une valeur sociale et aux types de résultats qu’elles engendrent, le secteur est très divers. Comme indiqué à la section six, le type et la magnitude du résultat engendré varie: il dépend dans une large mesure du type d’organisation de jeunesse, du contexte dans lequel elles opèrent, et des jeunes qui choisissent de participer à des organisations de jeunesse. Les différences dans ces facteurs contribuent à de nettes différences dans la valeur sociale créée par les différentes organisations de jeunesse. La diversité du secteur, associée à cette faiblesse dans la manière dont les résultats sont mesurés et l’impact évalué complique également le fait d’évaluer de manière définitive - ou de quantifier- la valeur sociale générale créée par les organisations de jeunesse. Il est donc vital d’améliorer la mesure des résultats et l’évaluation d’impact pour veiller à ce que: • la valeur sociale des organisations de jeunesse soit comprise et reconnue; • les organisations de jeunesse soient reconnues comme responsables par les parties prenantes comme les jeunes et leurs donateurs; et • les organisations de jeunesse puissent mieux comprendre leur impact et comment il peut être maximisé (voir par ex. McNeil, et al, 2012). Il n’existe pas de solution miracle pour aborder cette faiblesse dans la mesure des résultats et en particulier l’évaluation d’impact est susceptible d’être compliquée. Néanmoins, à quelques exceptions près, l’incapacité d’aborder ce défi est une faiblesse significative à travers le secteur. Les organisations de jeunesse doivent donc penser de manière critique à la façon de mesurer au mieux les résultats et ensuite estimer la contribution qu’elles apportent aux résultats observés. 23 La participation à des organisations de jeunesse est par définition volontaire. Certains jeunes choisissent de participer, d’autres choisissent de ne pas le faire, d’autres encore ne peuvent pas le faire (par ex. parce qu’il n’y a aucune organisation de jeunesse à laquelle ils peuvent accéder localement). Les résultats personnels sont par définition limités à ceux qui participent. 47 12. BIBLIOGRAPHIE24 _______________________________ Adamchak S. 2006.Youth peer education in reproductive health and HIV/AIDS. Youth issues paper 7. Arlington (VA): Family Health International/YouthNet Andreu, L.B., 2009. Promoción Del Asociacionismo Juvenil, Proceso De Elaboracion Del Iv Plan Joven. Informe monográfico. A.L.E.G. 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Belfast: Youth Council for Northern Ireland. 53 13. ANNEXE : DEFINITION D’UNE ORGANISATION DE JEUNESSE _______________________________ Comme décrit dans l’introduction, ou l’objectif de cette étude, les organisations de jeunesse sont définies comme « ces organisations sociales (associations, clubs ou mouvements) qui sont établies pour servir les jeunes et où les jeunes sont chargés de la structure organisationnelle » et « qui sont démocratiques, non gouvernementales et sans but lucratif » (Souto-Otero, et al, 2012, p. 27). Cette définition est claire et directe, mais elle crée quelques problèmes potentiels pour ce qui est du contrôle de l’organisation. Une stricte interprétation pourrait exclure de nombreuses organisations « établies pour servir les jeunes », qui sont » démocratiques, non gouvernementales et sans but lucratif » et où les jeunes ont une voix mais ne sont pas complètement (ou pleinement) « chargés de la structure organisationnelle » (italique ajouté). Il est proposé d’interpréter le contrôle de l’organisation en termes de spectre allant du contrôle complet par les jeunes, à aucun contrôle. L’échelle de participation de Arnstein25 (1969) en offre un modèle (voir la figure ci-dessous). Elle propose que les trois premiers échelons, à savoir: le contrôle complet par les jeunes; le pouvoir délégué; et le partenariat (par ex. entre les jeunes et les adultes) comptent tous comme des exemples où les jeunes sont « chargés de la structure organisationnelle ». Figure 4 Echelle de participation (adaptée) Contrôle par les jeunes Pouvoir délégué * Pouvoir/contrôle des jeunes Partenariat ** ———————————————————————————————Apaisement Consultation tokénisme Information Thérapie Manipulation non participation Adapté de Arnstein (1969) * où les jeunes ont le contrôle sur certaines décisions, mais pas toutes. ** où les pouvoirs décisionnels sont partagés entre jeunes et adultes Mouvements de jeunesse « Les mouvements de jeunesse » ont été exclus de l’étude car l’évaluation de leur impact était susceptible d’être particulièrement problématique. 25 Arnstein, Sherry R. « A ladder of citizen participation », JAIP, Vol. 35. No 4, juillet 1969, pp. 216-224 54 14. ANNEXE : DETAILS DE LA RECHERCHE _______________________________ Recherche de littérature universitaire Termes de recherche Pour pouvoir effectuer une recherche de documentation spécialisée dans les bibliothèques sélectionnées en ligne, des termes de recherche ont été utilisés. Les termes suivants ont été identifiés, suite à un examen de portée précis réalisé en vue d’identifier les termes appropriés et un pilotage des termes de recherche (y compris des combinaisons des termes de recherche). • « organisation de jeunesse » • « conseil de jeunesse » • « travail de jeunesse » Et des termes liés à l’impact: • • • • • • « impact » « mesure » « résultat » « aboutissement » « valeur » « avantage » Langues Les recherches étaient limitées à l’anglais, au français, à l’espagnol et au roumain. Les langues choisies reflètent les langues internationales communément utilisées (anglais, français et espagnol) ainsi qu’une langue nationale pertinente pour l’un des pays choisis pour un examen (le roumain). Critères d’inclusion et passage au crible de la première étape Quatre principaux critères d’inclusion ont été appliqués à la première étape « passage au crible »26 « d’éléments » (par ex. les articles de journaux identifiés par la recherche). Ils étaient axés sur la pertinence. En particulier, l’élément doit: • • • • avoir été publié le 1 janvier 1990 ou après; discuter d’une « organisation de jeunesse »; discuter de l’impact de l’organisation de jeunesse, et l’organisation de jeunesse doit soit être une organisation européenne ou transnationale (couvrant un certain nombre de pays européens) et/ou être basée dans au moins un des 13 pays européens sélectionnés repris dans l’annexe. 26Le processus de passage au crible décrit comment des « éléments » (comme des articles de journaux » identifiés par la recherche, mais qui ne répondent pas aux critères d’inclusion de l’étude, sont écartés. 55 L’évaluation réalisée sur le fait de savoir si l’élément répondait ou non aux critères d’inclusion a reposé sur le titre de l’élément et le résumé, et les éléments répondant aux critères ont été analysés à la phase suivante, l’examen (discuté ci-dessous). Ces éléments qui ne répondaient pas aux quatre critères d’inclusion ont été écartés. Par conséquent, par exemple, ces articles qui n’incluaient aucune discussion sur l’impact ont été écartés. Vu que de nombreuses recherches ont été réalisées, le passage au crible a également écarté les articles qui avaient été identifiés par des recherches précédentes. Résultats de la recherche initiale et du premier passage au crible Le tableau 1 ci-dessous décrit les résultats de la recherche initiale dans la littérature universitaire et le premier passage au crible Tableau 1: Recherche de littérature universitaire Termes Résultats Résultats après passage au crible —————————————————————————————————————« organisation de jeunesse » ET (« impact » OU « mesure » OU « résultat ») 4933 50 « conseil de jeunesse » ET (« impact » OU « mesure » OU « résultat ») 683 20 2882 7 « travail de jeunesse » ET (« impact » OU « mesure » OU « résultat ») Recherche de documentation « parallèle » non publiée La recherche de documentation parallèle non publiée (comme des évaluations, des documents politiques, des propositions et recherches commanditées par des auteurs comme les organisations de jeunesse et les gouvernements) a reflété la recherche de documentation académique. Les différences clés sont: • plutôt que la recherche dans des bibliothèques en ligne de journaux et articles revus par des pairs, afin de garantir que la recherche soit exhaustive, le moteur de recherche Google a été utilisé (avec le code web approprié pour chaque pays dans la longue liste, comme google.fi pour la Finlande, et limiter les résultats à ceux au sein du pays); et • les noms des pays ont été inclus dans le fil des termes de recherche pour rendre le nombre d’éléments identifiés plus gérables. Termes de recherche Vu les traits de recherche plus complexes sur Google, par rapport aux recherches de journaux publiés, il a été possible de combiner les termes de recherche en un fil pour chacun des 13 pays. • (« organisation de jeunesse » OU « conseil de jeunesse » OU « travail de jeunesse ») ET (« impact » OU « mesure » OU « résultat ») ET [pays] 56 Les résultats des recherches initiales sont illustrés dans le tableau 2 ci-dessous. Vu le nombre d’éléments identifiés, le passage au crible de la première étape s’est limité aux 500 premiers éléments, triés par pertinence (et tous les éléments à partir de 501 ont été automatiquement écartés). Tableau 2: Recherche de documentation parallèle en anglais Pays Moteur de recherche Résultats Résultats postcrible ______________________________________________________________ Finlande google.fi 5390 12 Danemark google.dk 1680 4 Estonie google.ee 1160 14 Luxembourg google.lu 366 3 Slovaquie google.sk 585 5 Serbie google.rs 851 12 Autriche google.at 4890 4 France google.fr 8980 5 Italie google.it 4070 12 Portugal google.pt 838 6 Espagne google.es 4170 4 Roumanie google.ro 1490 0 Royaume-Uni google.co.uk 66100 14 Langues Les résultats de la recherche sur la documentation universitaire et parallèle ont été limités à l’anglais, au français, à l’espagnol et au roumain. Cela signifie que les éléments retournés par les recherches décrits plus haut dans ces langues ont été intégrés pour examen. En outre, pour déceler toute documentation relative à des perspectives nationales ou transnationales publiée dans une autre langue que l’anglais, d’autres recherches ont été réalisées à l’aide d’éléments de recherche appropriés en français et en espagnol via les moteurs de recherche google.fr et google.es. Des termes de recherche appropriés ont été identifiés via de la documentation produite dans les deux langues par le Forum européen de la Jeunesse, détaillés ci-dessous dans le tableau 3. 57 Tableau 3: éléments de recherche utilisés en français et en espagnol anglais français espagnol ______________________________________________________________ youth organisation27 organisation de jeunesse organizacion juvenil association de jeunesse asociacion juvenil youth council conseil de la jeunesse consejo de la juventud youth work travail socio-éducatif trabajo socioeducativo impact impact impacto measure mesure medir result résultat resultado outcome résultat resultado Les résultats de ces recherches sont enregistrés plus bas dans le tableau 4. Tout comme pour les recherches précédentes sur Google, seuls les 500 premiers résultats triés par pertinence ont été passés au crible (et le reste a été écarté). Tableau 4 : recherche de documentation parallèle en espagnol et en français Eléments de recherche résultats post-criblage ______________________________________________________________ (organisation de jeunesse OU association de jeunesse OU conseil de jeunesse OU travail socio-éducatif) 104.000 6 (organizacion juvenil OU asociación juvenil OU consejo de juventud OU trabajo socioeducativo) ET (impacto ou medir OU resultado) 120.000 14 Critères d’inclusion Conformément à l’examen de documentation universitaire, quatre principaux critères d’inclusion ont été appliqués au premier passage au crible des éléments28 . Ils étaient basés sur la pertinence. En particulier, l’élément doit: 27 La terminologie pour les organisations de jeunesse en français et en espagnol diffère de l’anglais, et les termes « association/asociacion » sont plus souvent utilisés dans différents pays. 28 Le processus de passage au crible décrit comment des éléments (comme des articles de journaux) identifiés par la recherche, mais qui ne correspondent définitivement pas aux critères d’inclusion, ont été écartés. 58 • • • • avoir été publié le 1 janvier 1990 ou après; discuter d’une « organisation de jeunesse »; discuter de l’impact de l’organisation de jeunesse ; et l’organisation de jeunesse doit soit être une organisation européenne ou transnationale (c-à-d couvrir un nombre de pays européens) et/ou être basée dans au moins un des 13 pays européens)29. Les éléments répondant à ces critères ont été soumis à la phase d’examen et les autres ont été écartés. 29 la Finlande, le Danemark, l’Estonie, le Luxembourg, la Slovaquie, la Serbie, l’Autriche, la France, l’Italie, le Portugal, l’Espagne, la Roumanie et le Royaume-Uni. 59 15. ANNEXE : EXAMEN DE LA DOCUMENTATION _______________________________ Introduction L’examen avait pour but de garantir que les éléments (articles de journaux ou rapports) identifiés par la recherche: • répondaient aux quatre critères d’inclusion (décrits plus haut) après examen de l’ensemble de l’élément (le texte entier de l’article) sur base du fait que les études identifiées comme pertinentes sur base du titre et du résumé puissent s’avérer inappropriées après un examen plus approfondi, et; • répondaient aux critères de qualité pour être repris dans l’étude. Critères de qualité pour l’inclusion dans l’étude Les critères de qualité couvraient deux dimensions clés: • détail : y a-t-il une description suffisante de l’organisation de jeunesse, du contexte dans lequel elle opère, et de la manière dont l’organisation souhaite engendrer une valeur sociale, pour qu’elle soit comprise et décrite? et • évidence de l’impact : y a-t-il une description suffisante des résultats de la valeur sociale (ce qui a changé) et de l’attribution de l’impact (évidence que les résultats peuvent être attribués à - ou ont été « causés » par - l’organisation)? Attribution de l’impact L’attribution de l’impact implique deux grandes étapes: (1) la mesure des résultats (ce qui a changé) - qui est généralement directe - et (2) identifier ce qui a causé, ou contribué, aux changements observés dans les résultats - ce qui est généralement bien plus difficile (HM Treasury, 2011). Il existe deux grandes approches pour attribuer l’impact: • des méthodes expérimentales ou quasi expérimentales (essais aléatoires) qui cherchent à évaluer l’impact en estimant le contradictoire (ce qui se serait produit en l’absence d’intervention - ou dans ce cas d’organisations de jeunesse); et • des méthodes basées sur la théorie, qui cherchent à évaluer l’impact en testant systématiquement et en raffinant le mécanisme supposé (la manière dont l’intervention, dans ce cas l’organisation de jeunesse, est censée engendrer ou contribuer à des résultats)30. Afin de classifier les études, trois mesures clés de qualité ont été appliquées: • la qualité de la mesure du résultat (à quel degré l’étude a mesuré ce qui a changé) - voir le tableau 5; 30 ceci décrit la « théorie du changement » - comment et pourquoi le travail de l’organisation de jeunesse est censé contribuer aux résultats voulus. 60 • la qualité de l’évaluation d’impact (à quel degré l’étude a évalué l’impact - la différence ou la contribution qu’a apporté l’organisation de jeunesse aux résultats observés) - voir le tableau 6; et • la qualité de l’analyse - les conclusions sont-elles soutenues par l’évidence des résultats et de l’impact? - voir le tableau 7. Une mesure combinée sera utilisée pour classifier les études en trois catégories: faible, modérée, et forte - voir le tableau 8. Etant donné que les études pourraient évaluer différents types de résultats, l’évidence dans une étude pourrait par exemple être jugée « modérée » en lien à un type de résultat, mais « faible » en lien à un autre type de résultat. Tableau 5 : Mesure de résultat Niveau Description ______________________________________________________________ 0 Pas de mesure de résultat 1 auto-déclaré, subjectif (par ex. les jeunes estiment que leur confiance a augmenté) 2 auto-déclaré, comportemental (par ex. les jeunes disent se comporter différemment) 3 évaluation indépendante d’un changement subjectif ou comportemental (par ex. les animateurs socio-éducatifs évaluent si la confiance des jeunes a augmenté et/ou si leur comportement a changé) 4 vérification/mesure externe d’un changement d’attitudes/ comportement (par ex. test psychométrique utilisant un outil validé, usage de données administratives sur la participation des jeunes dans les études, la formation ou l’emploi) Tableau 6 : Evaluation d’impact Niveau Description ______________________________________________________________ 0 Aucune approche utilisée pour évaluer l’impact (par ex. pas d’évaluation initiale, donc aucune mesure du changement avant et après l’intervention) 1 évaluation initiale et finale31 (impact supposé être la différence entre le début et la fin) 2 approche théorique de l’évaluation d’impact (par ex. utilisation du modèle logique) 31 c-à-d évaluation avant et après l’intervention, pour permettre de mesurer le changement sur cette période de temps 61 3 évaluation initiale et finale pour un groupe de « traitement » et de « comparaison » (impact supposé être la différence entre le début et la fin pour les groupes de traitement et de comparaison) 4 évaluation initiale et finale pour un groupe de « traitement » et de « comparaison », en tentant de contrôler des différences entre le groupe de traitement et le groupe de comparaison (par ex. via une allocation aléatoire, comme dans un essai aléatoire, ou en établissant des modèles de différences entre les deux groupes) (impact supposé être la différence entre le début et la fin pour les groupes de traitement et de comparaison) Tableau 7 : Qualité de l’analyse Niveau Description ______________________________________________________________ 0 les conclusions ne sont pas soutenues par l’évidence des résultats ou de l’impact 1 les conclusions sont partiellement soutenues par l’évidence des résultats et de l’impact 2 les conclusions sont pleinement soutenues par l’évidence des résultats et de l’impact Tableau 8 : Classification des études Niveau Description ______________________________________________________________ Faible la mesure du résultat OU de l’impact OU la qualité de l’analyse sont égales à 0 Modérée la mesure du résultat est au niveau 1 ou au-dessus ET l’évaluation d’impact est au niveau 1 ou au-dessus ET la qualité de l’évidence est au niveau 1 ou au-dessus Forte la mesure du résultat est au niveau 4 ou au-dessus ET l’évaluation d’impact est au niveau 3 ou au-dessus ET la qualité de l’évidence est au niveau 2 62