Litiges et consommateurs
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Litiges et consommateurs
L a gar a n t ie de s pr o f essio n n els du tourism e 15, AVE N U E C AR N OT 75017 PAR I S LITIGES ET CONSOMMATEURS “J E DÉP E N S E D O N C J E S U I S ” J O U R NAL L E C O N S O M MATE U R ( DÉB UT DOSSIER RÉALI SÉ PAR L’A S S O C IATI O N DE S O LI DAR ITÉ DU D E S AN NÉE S P R O F E S S I O N N E LLE TO U R I S M E La garantie des professionnels du tourisme 15, AVE N U E C AR N OT 75017 PAR I S 1 1900) S O M MAI R E I - L E T R AITE M E NT D E L’AG E N C E D E I I - LE U N E VALE U R AJ O UTÉE PAG E 4 C O NTE XTE G LO BAL D E S TE N DAN C E S GÉNÉR ALE S PAG E 4 DES L ITI G E S : VOYAG E S . DES C O N S O M MATE U R S DAN S LE S S E RVI C E S ET LE COMM ERCE. I I I - LE C O NTE XTE G LO BAL D E S TE N DAN C E S GÉNÉR ALE S PAG E 6 D E S C O N S O M MATE U R S DAN S LE TO U R I S M E . IV - R ÉC E NTE S DES TE N DAN C E S Q UALITATIVE S D E S LITI G E S ET R É C L A M AT I O N S ÉMANANT DES PAG E 6 CLI ENTS- C O N S O M MATE U R S TO U R I S M E . V - T E N DA N C E S ET DES Q U A L I TAT I V E S R É C L A M AT I O N S FUTU RES ÉMANANT DES DES LITIGES PAG E 8 CLI ENTS C O N S O M MATE U R S TO U R I S M E . VI - C OMM ENT AU X ET AMÉLIORER SA STR ATÉGI E POU R RÉPON DRE N O UVE LLE S DES TE N DAN C E S R É C L A M AT I O N S DU ÉMANANT C O N S O M MATE U R S - TO U R I S M E . 2 C O N S U MÉR I S M E DES CLI ENTS PAG E 9 P RÉAM B U LE . Dans une période où le consommateur se sent sécurisé par une information préalable accrue, des lois de plus en plus protectrices, des assurances en tous genres et une vulgarisation des réglementations, on ne peut ignorer, ni occulter de ces réflexions, la dimension sans cesse croissante du consumérisme et les nouvelles tendances en matière de réclamations. Aujourd’hui, le service litiges prenant une place sans cesse grandissante au sein de l’entreprise, ce dossier a pour vocation, de manière rapide et pragmatique, de faire le point sur les différentes tendances en matière de litiges et de réclamations, appuyé en cela par le premier rapport réalisé par l’Observatoire des Litiges et des Réclamations mis en place par l’APS à l’automne 2003. 3 I/ LE TRAITEMENT DES LITIGES : UNE VALEUR AJOUTÉE DE L’AGENCE DE VOYAGES. La Valeur Ajoutée des Agences de Voyages passera entre autres et inévitablement par le service après - vente ou service litiges. Dans les différentes enquêtes réalisées par les Associations de Consommateurs, il apparaît clairement, qu’en cas de réclamations, nombreux sont encore les clients qui se plaignent d’être quelque peu “brinquebalés’’ entre le distributeur, le tour opérator, l’hôtelier ou la compagnie aérienne. Il convient donc de rappeler que selon la loi de 1992, c’est celui qui fait l’acte de vente au “client-consommateur’’, qui est responsable de ce dernier. Comme nous l’écrivions dans une récente étude de l’APS (La valeur ajoutée des agences de voyages), cette responsabilité doit être appréciée non pas comme une “pénalité’’, mais comme une véritable valeur ajoutée pour l’agent de voyages vis-à-vis du consommateur. Au niveau des Professionnels, même s’ils ne semblent pas encore très nombreux (beaucoup pensant qu’un argumentaire ne doit jamais être négatif), certains désormais n’hésitent pas à mettre en avant le service après vente comme l’une de leur valeur ajoutée. Annoncer que l’on s’occupe du client, avant, pendant et après le voyage, est sans aucun doute l’image d’un véritable service complet et d’une véritable valeur ajoutée. Cette notion de service après vente est aujourd’hui une notion fondamentale dans l’esprit du consommateur. C’est d’ailleurs pourquoi, de nombreuses grandes marques de distribution, dans tous les secteurs, jouent sur cette notion. Pour ne citer qu’un exemple, le Contrat de Confiance Darty en est la meilleure preuve. Si Darty a longtemps communiqué sur les prix, depuis maintenant quelques années, il se positionne également sur la notion d’aprèsvente, renforçant inlassablement cette approche, notamment pour faire face à la montée des ventes en lignes des sites discount. Face aux nombreux problèmes d’après-vente émanant de certaines “officines’’, les agences de voyages auront donc tout intérêt à argumenter sur cette notion de responsabilité qui va de pair avec leurs engagements de conseil. Enfin, outre la valeur ajoutée qu’elle apporte au consommateur, cette notion de responsabilité, ne peut que valoriser le métier de distributeur et ne peut que justifier les frais ou les commissions qu’il perçoit. Ceci ? aussi bien vis-àvis du consommateur… que des fournisseurs. II / LE CONTEXTE GLOBAL DES TENDANCES GÉNÉRALES DES CONSOMMATEURS DANS LES SERVICES ET LE COMMERCE. On constate actuellement trois tendances fortes, influant de manière plus ou moins perceptible sur l’aspect qualitatif des réclamations. 4 1/ UNE CERTAINE FORME D’ASSISTANAT. Si, compte tenu des problèmes économiques et de pauvreté, l’assistanat trouve parfois une réelle justification par contre il n’en va pas de même concernant les abus qui peuvent être constatés en ce domaine. Cela semble entraîner une dérive qui veut que désormais on demande tout de l’état, de la famille, du système de santé ou du système d’indemnisation. Les sociétés modernes ont ceci de paradoxal : c’est que toute forme de responsabilité est souvent rejetée. “C’est toujours la faute de quelqu’un” implique que désormais on soit de plus en plus confronté à une certaine frange de la population qui se réfugie dans une position de victime où tout lui semble dû. « Mon fils ne réussit pas : c’est la faute de l’Education Nationale ». « Je suis malade : c’est la faute de la pollution ou de mon médecin qui ne m’a pas donné le bon traitement ». « Il n’a pas fait beau pendant les vacances : c’est la faute de Météo France qui m’a donné de fausses indications ou de mon agent de voyages qui m’a mal conseillé ». Ces phrases que l’on entend tous les jours, démontrant bien une certaine déresponsabilisation et son corollaire de recherche du coupable, nous font peu à peu entrer dans une culture de l'assistance et de la mise en avant "du droit à". On se trouve ainsi de plus en plus confronté à une population qui se place désormais en position de victime , impliquant inévitablement une certaine tendance à la récrimination, à la réclamation et au litige. Comme l’exprime avec lucidité Julien Duval, Directeur-Adjoint de “Departement of Intelligence.com’’: « l’assistance a quelque chose de réconfortant. Devant l'échec, il est plus aisé d'invoquer la rudesse d'un système économique, la fatalité ou encore l'étroitesse d'esprit de ceux qui font tout pour vivre dignement. L'assistance permet de se dire que l'on est en difficulté par la faute d'une ou de plusieurs causes externes ». Sans prendre parti pour ou contre l’assistanat, qui est un tout autre sujet, il est donc plus que nécessaire de prendre en compte ce phénomène dans l’analyse des tendances des litiges touristiques. 2/ MONTÉE DU SENTIMENT SÉCURITAIRE. Si en 1968 on écrivait sur les murs ‘’il est interdit d’interdire’’ aujourd’hui on pourrait proclamer “sécurité, sur tous les murs, j’écris ton nom...’’. Que de chemins parcourus, que de changements dans les comportements. Pour autant, l’insécurité n’est pas une donnée objective, mais un sentiment difficile à cerner. Le sentiment d’insécurité naît le plus souvent d’impressions confuses, désagréables, accumulées au cours du temps. On se sent menacé, inquiet, excédé par un trop-plein de rencontres déplaisantes, de vexations et de peurs. C’est ce que beaucoup de nos compatriotes ressentent. D’ailleurs à l’occasion de la récente campagne pour les élections municipales, la presse a pointé, avec un bel ensemble, l’importance de l’insécurité (urbaine, politique, alimentaire, médicale...) parmi les hantises citoyennes Cette montée du sentiment sécuritaire est d’autant plus importante, qu’elle trouve avec le phénomène d’assistanat, explicité ci-dessus, un terreau des plus favorables. L'insécurité fonctionne aujourd'hui « comme une rumeur qui nourrit une "grande peur" moderne. Un siècle de travaux permet d'affirmer, sans risque d'erreur, que la conservation de la violence dépend de la combinaison de quatre facteurs : les inégalités fortes ou croissantes entre les revenus, l'absence de travail, l'absence (ou le délitement) du droit du travail et des formes de représentations institutionnalisées des collectifs, l'assignation d'un grand nombre d'individus dans des positions sociales stigmatisées » indique Christian de Montlibert dans un récent article. Le sentiment d'insécurité est un phénomène reconnu et accepté où que l'on se trouve en société (caméras de surveillance, vigiles, patrouilles de police, îlotage, chiens-policiers dans les grandes surfaces, fouilles au corps dans les aéroports) devenant ainsi une préoccupation officielle qui en fait un concept politique, devant être désormais traité en tant que tel. 5 3/ REDYNAMISATION ET REPOSITIONNEMENT DU MOUVEMENT CONSUMÉRISME. Les principaux textes étant votés et regroupés dans un Code de la Consommation, les rendant ainsi plus accessibles aux consommateurs, les années 2000 devraient donc être marquées par de nouvelles interrogations du mouvement consumériste et de nouveaux combats, lui donnant un certain regain de dynamisme. Ainsi, les tendances prioritaires du mouvement semblent s’orienter vers quatre directions principales : - Les problèmes de santé, d’alimentation, d’environnement et de sécurité. - Une certaine forme de politisation (mouvements écologiques, tiers-mondistes, verts...) dont les pouvoirs publics doivent désormais tenir compte. - Une capacité d’agir à l’échelle européenne, voire mondiale (la présence des consommateurs dans les réunions de l’OMC prouve concrètement leur reconnaissance économique et quasi incontournable). - Enfin, le commerce électronique apparaît pour les mouvements de consommateurs comme un “nouveau combat’’, non seulement pour leur protection, mais également en tant qu’outil favori de communication et de recrutement auprès des jeunes consommateurs, tout particulièrement familiarisés avec ce type de média. Il est certain que cette montée en puissance du web est le vecteur qui donne un nouveau souffle au mouvement consumériste, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif. Le poids du Mouvement Consumériste. Si l’on pouvait encore douter de l’impact agissant du consumérisme, méditons ces quelques chiffres : - une vingtaine d’associations nationales agréées auxquelles se rattachent plus de 800 associations locales ; - 1 200 réunions par an au niveau national ; - 100 essais comparatifs annuels ; - 4 000 permanences locales ; - 1 million de litiges gérés par an. Néanmoins, comme le souligne Marie Cécile Renault dans un article du Figaro de Juin 2004, « le morcellement et l’éclatement idéologique des buts initiaux sont parmi les raisons d’une certaine faiblesse du mouvement en France ». Dans ce même article, Robert Rochefort à son tour souligne : « Même si différentes tentatives ont vu le jour au cours des dernières années pour essayer de fédérer ces associations, autour, par exemple de Conso France, le mouvement reste morcelé... De plus, alors qu’en Allemagne on trouve des fondations privées, en France la plupart des structures manquent de capacité d’action car elles n’ont pas assez de ressources et dépendent largement des subventions publiques ». III / LE CONTEXTE GLOBAL DES TENDANCES GÉNÉRALES DES CONSOMMATEURS DANS LE TOURISME. Cette notion de risque, très présente dans le domaine du tourisme, est certainement l’une des demandes les plus nouvelles et les plus fondamentales de cette évolution. Dans le secteur du tourisme plusieurs spécificités apparaissent avec une acuité de plus en plus accrue dans le domaine qui nous intéresse, à savoir : - Le consommateur connaissant de mieux en mieux le fonctionnement du marché et de la profession (“donnez moi la moitié de votre commission, soit x% de réduction’’, “j’attends quelques semaines, il va y avoir des promos ou des dispos donc ce sera moins cher’’), ceci impacte inévitablement la manière dont il établit et présente ses réclamations ou ses litiges. - Le consommateur, suite à un litige, n’hésite plus désormais, pour appuyer sa demande et faire valoir son argumentation, à mettre en avant, comme une menace, des institutions telles que : “60 Millions de Consommateurs’’, ‘’UFC Que Choisir’’, la DGCCRF, le Ministère ou la Direction du Tourisme. C’est ce que certains appellent ‘’l’institutionnalisation de la réclamation’’. - Le consommateur insatisfait n’hésite plus à faire appel à son avocat ou à celui d’une association de protection des consommateurs pour aboutir à une décision qui le satisfasse. IV/ RÉCENTES TENDANCES QUALITATIVES DES LITIGES ET DES RÉCLAMATIONS ÉMANANT DES CLIENTSCONSOMMATEURS TOURISME. Pour comprendre ces évolutions, il convient de rappeler que désormais le client construit son achat sur 4 satisfactions : le prix, le produit, le service et le risque. 6 Il est ressorti des diverses interventions et analyses des Membres de l’Observatoire, au cours de la période novembre 2003 à octobre 2004, les éléments suivants : 1/ D’UNE MANIÈRE GÉNÉRALE, TANT QUANTITATIVEMENT QUE QUALITATIVEMENT, LES LITIGES ET RÉCLAMATIONS N’ONT QUE PEU ÉVOLUÉ PAR RAPPORT AUX ANNÉES PRÉCÉDENTES. Les litiges ou réclamations “classiques’’ concernant l’hébergement, la restauration, l’animation, les accompagnateurs, les visites... s’ils restent le “gros des litiges’’, ne semblent pas cependant croître de manière telle, que l’on puisse à proprement parler d’une tendance lourde, tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif. Ce constat va tout à fait dans le sens de l’étude de l’IFOP/Echo Touristique indiquant, que « 56% des sondés priment le confort et la qualité de l’hébergement » ou que « 41% suivent attentivement la qualité des excursions et des visites ». 3/ LE NON RESPECT DES HORAIRES AÉRIENS. 2/ LA SÉCURITÉ AÉRIENNE. Le problème des retards aériens commence à prendre de plus en plus d’importance dans les sources de réclamations et de litiges des clients, surtout lorsque ces retards ont pour conséquences d’amputer une partie des vacances ou de faire manquer une correspondance. Il est clair que si le non respect des horaires aériens a encore une place réduite dans les thèmes de réclamations, il n’en demeure pas moins que l’on assiste en ce domaine à une montée en puissance. Il faut rappeler l’étude du Conseil National des Clients Aériens (CNCA), portant sur les 14 principaux aéroports de France métropolitaine (représentant 92% du total du trafic de passagers), révèlant : - que le retard moyen par vol enregistré au départ s'est élevé à 12 minutes en 2003, alors qu'il était de 11 minutes en 2002 ; - pour les vols à l'arrivée, ce retard moyen est resté constant avec 11 minutes ; - pour les vols retardés de 15 minutes et plus au départ, le retard moyen est passé de 40 minutes en 2002 à 44 minutes en 2003, soit une hausse de 10%. De plus, reconnaît cet organisme : « On aurait dû s'attendre à une ponctualité meilleure qu'en 2002 puisque le trafic au départ de ces 14 aérodromes a baissé ». Pour conclure, il convient de souligner que ce phénomène devient tellement préoccupant qu’il n’est Phénomène récent, amplifié par l’accident de Charm el-Cheikh et le souhait de transparence des consommateurs : l’augmentation des réclamations et litiges concernant la sécurité aérienne. Suite à cet accident, on a pu remarquer, au niveau des services litiges, un accroissement très sensible des réclamations au niveau des choix de certaines compagnies charters et notamment sur certains axes. Il est intéressant à cet égard de souligner quelques réclamations, émanant de clients ayant voyagé sur des compagnies charters avant l’accident du 2 janvier 2004. Ces clients reprochant en effet et a posteriori à leur agent de voyages de leur avoir fait prendre des risques, en les faisant voyager sur des charters (de la compagnie Flash Airlines ou autres) qu’ils jugeaient peu fiables. Il va sans dire que plus on s’éloigne de la date de l’accident, plus évidemment les litiges s’estompent. Néanmoins, ils restent encore présents, montrant bien que l’on est face à une nouvelle tendance en matière de litiges et de réclamations sécuritaires. Ceci étant implicitement confirmé dans l’enquête IFOP/Echo Touristique estimant que la composante aérienne du voyage représente le gros des réclamations (44%). 7 plus rare désormais de voir des agences de voyages prévenir leurs clients de la manière suivante : « Les retards aériens sont maintenant courants, ceci découle de l'encombrement des aéroports et de l'augmentation constante du trafic. A cela s'ajoutent les grèves, les disponibilités de couloirs de navigation ainsi qu'une réglementation très stricte et plus tout à fait adaptée à l'environnement actuel ». 4/ LES CODES SHARES. Le souhait de transparence des consommateurs, allié au phénomène de la généralisation des codes shares, explique la montée des réclamations des consommateurs en ce domaine. Ces réclamations s’orientent principalement autour des éléments suivants : - Le fait d’avoir réserver sur une compagnie “x’’ et de se retrouver sur une compagnie “y’’ est très souvent perçu comme un non respect de la “promesse client’’ et implique donc pour le consommateur l’impression d’avoir été abusé. - La langue utilisée par le personnel de bord est aussi un des griefs fait au système des codes shares. Le consommateur choisissant une compagnie française, reproche de se retrouver très souvent sur une compagnie dont le personnel de cabine ne parle pas le français. Ce grief étant surtout le fait des passagers tourisme. - Un confort ou service inégal. Le client “affaires’’ choisit une compagnie sur plusieurs critères (prix, horaires, durée de vol...) dont le confort, surtout quand il choisit une classe supérieure. Or de nombreuses réclamations proviennent de l’inégalité de confort (espace, siège, vidéo) entre la compagnie choisie et celle sur laquelle il a réellement effectué son voyage. 5/ MANQUE DE CLARTÉ DU DISCOURS. On note de plus en plus de réclamations sur le manque de clarté du discours des professionnels, les consommateurs reprochant à ces derniers d’utiliser un langage trop technique et donc souvent incompréhensible pour le profane. Ceci entraîne une certaine frustration et provoque très souvent un sentiment d’inquiétude proche de la méfiance. Il est vrai que tous les termes du genre “code share’’, “request’’, “stand by’’… ne sont pas fait pour créer un climat de confiance et donc de transparence entre le prescripteur et son client. 6/ NÉBULEUSE DES PRIX. Les nombreuses promotions, vdm ou dégriffés entraînent inévitablement des disparités de prix importantes pour le même produit. Si la clientèle jeune (habituée à surfer sur le net) ou la clientèle affaires comprennent cette loi de l’offre et de la demande, il n’en n’est pas de même de la clientèle tourisme et surtout de la clientèle recherchant un “prix tout compris’’. Constater que son voisin de chambre a payé 25, voire 50% de moins que vous, donne un sentiment de “s’être fait avoir’’ ; d’où une rancune qui peut devenir source de litiges. Le client compensant alors ce différentiel de prix (à son désavantage), par une exigence hors du commun. Il est clair que les nombreuses promotions enregistrées depuis début juin, n’ont fait qu’accentuer ce phénomène d’où une certaine montée en puissance des réclamations et litiges en ce domaine. Pour conclure, il faut observer que si les réclamations dans le domaine aérien prennent autant d’importance, c’est non seulement du fait du développement de ce secteur, mais aussi qu’un grand nombre de touristes se sert désormais de plus en plus de ce moyen de locomotion pour leurs vacances. V/ TENDANCES QUALITATIVES FUTURES DES LITIGES ET DES RÉCLAMATIONS ÉMANANT DES CLIENTS CONSOMMATEURS TOURISME. D’après les études menées par l’Association (notamment dans son étude Tourisme 2010-2020), les tendances qualitatives futures des litiges et des réclamations émanant des clients consommateurs tourisme, pourraient s’articuler autour des thèmes suivants : - Parallèlement à un développement du consumérisme, on devrait 8 assister, comme dans les pays nord américains, à la création de multiples sites de défense de consommateurs ainsi qu’à une montée en puissance de cabinets d’avocats spécialisés dans la défense des consommateurs dans le secteur du tourisme et des loisirs. Une telle tendance pourrait avoir pour conséquence un courant de réclamations beaucoup plus argumentées et beaucoup plus revendicatives que celles que l’on connaît aujourd’hui. - Le consommateur réfléchissant davantage aux conséquences de ses actes (utilisation croissante des ressources, multiplication des déchets, exploitation des pays émergents) implique déjà une profonde modification dans les comportements et les pulsions d’achat. Ce que certains appellent, la “consommation engagée’’ (inter-face au voyageur citoyen) pourrait s’avérer être l’un des nouveaux thèmes porteurs de la décennie 2000-2010. Un tel courant pourrait également entraîner l’émergence, voire le développement de litiges de plus en plus liés aux phénomènes environnementaux et éthiques. - Selon l’OACI, le trafic total de passagers sur les vols réguliers devrait connaître une croissance moyenne annuelle de +4,5 % et ce jusqu'en 2010, permettant ainsi d’approcher les 2 milliards de passagers dès 2005. Egalement, si de 1988 à 1998, le nombre d'appareils commerciaux en circulation a augmenté de 60 %, passant de 11 353 à 14 479 unités, les spécialistes estiment leur nombre à plus de 20 000 dans les dix années à venir. Compte tenu de telles perspectives et de l’arrivée des “très gros porteurs’’ avec toutes les conséquences que cela peut entraîner en terme de “management service passagers’’, les litiges émanant du secteur aérien ne pourront inévitablement que progresser. VI/ COMMENT AMÉLIORER SA STRATÉGIE POUR RÉPONDRE AUX NOUVELLES TENDANCES DU CONSUMÉRISME ET DES RÉCLAMATIONS ÉMANANT DES CLIENTS CONSOMMATEURSTOURISME. Dans une période où la protection et la sécurité du consommateur sont de plus en plus encadrées par le législateur, il semble donc impératif pour les entreprises, notamment pour leur image, de cerner au mieux les demandes des consommateurs et éviter des coûts ultérieurs de procédures, de mettre en place au niveau de leur stratégie commerciale, les outils ou les solutions correspondant à leurs besoins. A titre d’exemple, la liste n’étant pas exhaustive, trois propositions sont présentées et explicitées cidessous. 1/ LA VEILLE ENVIRONNEMENTALE OU VEILLE CONSOMMATEUR. Compte tenu de l’importance du consommateur et de l’évolution quasi permanente de son compor- tement, l’entreprise, au sein de son organisation, devrait certainement y consacrer une place encore plus prépondérante qu’elle ne le fait aujourd’hui. Désormais, il semble en effet nécessaire que l’entreprise “colle’’ plus au consommateur et à sa réalité quotidienne, que ce dernier soit client ou non. Cette démarche de l’observation permanente du consommateur mise en place par de plus en plus d’entreprises, notamment dans le secteur de la grande distribution et des services – est qualifiée de “veille environnementale’’ ou “veille consommateur’’. Cette “veille consommateur’’ est définie comme une méthode ayant pour ambition de permettre d'alerter les services de l'entreprise, concernés par des problèmes liés aux consommateurs, dans des domaines aussi variés que : le marketing, la communication, le juridique, la production, le développement ou la qualité. Bien entendu, pour être la plus performante possible, cette “veille consommateur’’ ne doit cependant pas noyer chaque décideur ou responsable de projets sous une pile de documents. Le défi est aussi de savoir diffuser de manière ciblée et au moment opportun, la connaissance acquise grâce au processus de veille. Pour être performant, ce processus de veille doit basiquement répondre au moins à deux questions : quelles cibles choisir et quelles sources d’information privilégier ? 9 - Quelles cibles choisir ? En fonction du positionnement de l'entreprise, celle-ci peut choisir les cibles de sa veille au travers de trois champs d’investigation, tels qu’évoqués ci-dessous, à savoir : - Les attentes du client-consommateur. Quelles sont les évolutions perceptibles et notables en terme de qualité, service, information, fonction du produit ? Quelles sont les évolutions dans les attentes, voire les exigences ? Quels mots ou concepts nouveaux apparaissent ? - La pression consumériste via les organisations de consommateurs (voire également écologistes ou humanitaires). Qui sont-elles : identité, structures, liens, actions et campagnes antérieures ? Qu'ont-elles fait : mode d'action et de communication ? Quels sont leurs liens ? Quels sont leurs programmes ? Les consommateurs sont-ils prêts à suivre leurs mots d'ordre ? Comment ont réagi des entreprises confrontées à une crise et à une pression consumériste : les leçons de ce qu'il faut faire et ne pas faire. - La protection du consommateur : législation et réglementation nationale, européenne et internationale. Les textes en préparation, le travail des commissions, des agences de sécurité, etc… - Quelles sources d’information ? Pour nourrir la “veille consommateur’’ les sources d’information peuvent être de quatre ordres, à savoir : a) La presse économique, professionnelle (l'analyse des experts), consumériste (l'expression des organisations) et les magazines grands publics (reflets des modes et tendances). b) Internet (sites des organisations et des administrations de protection du consommateur) qui met à la portée de toute entreprise un tel foisonnement de sources d’informations librement et ouvertement accessibles, que le défi n’est plus tant de jouer à l’espion que de mobiliser les ressources nécessaires pour collecter, filtrer, organiser, partager, expertiser, valoriser et diffuser la connaissance que l’on acquiert sur son environnement économique. c) Les colloques à caractère sectoriel ou " marketing " permettent de découvrir en ce qui les concerne comment les confrères, les concurrents ou les experts perçoivent l'évolution du comportement du consommateur et comment ils y répondent. d) Le “benchmark’’, fournit au travers de la littérature publiée par la concurrence et les entreprises d'autres secteurs aussi bien au travers de “consumers magazines” que de campagnes de publicité et des packagings, des indicateurs sur les attentes des consommateurs. 2/ FORMATION DU PERSONNEL. Ne serait-ce au moins que pour désamorcer, en temps utile, les réclamations, ou répondre de manière plus efficace au client en proie à un litige, il semble primordial de privilégier la formation et notamment la formation juridique des personnels de vente au sein des entreprises du secteur touristique. Egalement, il peut paraître tout aussi opportun de faire participer l’ensemble des personnels de l’entreprise aux approches consuméristes, pour les sensibiliser et éveiller leur attention sur les problèmes de consumérisme. On peut enfin suggérer leur participation sur des thèmes ou lors d'occasions particulières, en les incitant à rapporter au “veilleurcoordinateur’’ les informations suscitant leur étonnement. 3/ UTILISER LES SERVICES DE L’APS MIS À LA DISPOSITION DES ENTREPRISES ADHÉRENTES. Tout en apportant sa garantie financière aux professionnels du tourisme, l’une des missions de l’Association est la protection des consommateurs. Cette protection des consommateurs passant par la prévention des risques, l’Association met tout naturellement à la disposition de ses Adhérents un certain nombre de services, pour pouvoir répondre aux questions, voire aux différends avec les “clientsconsommateurs’’, à savoir : - Service formation. Chaque année dans les modules de formation proposés aux Adhérents, un ou deux sujets traitent des réclamations et des litiges. - Service d’assistance juridique. Quatre types d’interventions sont fournies par le cabinet d’avocats 10 de l’Association : la prévention ou renseignements juridiques, la consultation juridique, l’assistance amiable et l’assistance judiciaire (les deux premiers services sont gratuits et pris en charge par l’Association, les deux autres sont payants selon des honoraires calculés sur un barème négocié par l’Association auprès du cabinet d’avocats). - Service Consommateurs. Chaque année le Service consommateurs traite une centaine de dossiers en provenance des consommateurs. - Commission Professionnelle des Litiges Commerciaux. En complément du service Consommateurs de l’APS, l’Association a créé la Commission Professionnelle des Litiges Commerciaux. Le travail de cette commission (à laquelle participent des transporteurs, des hôteliers, des assureurs…) consiste notamment à juger du bien-fondé des litiges émanant des professionnels et à donner un avis consultatif sur la meilleure façon de les résoudre, tant du point de vue financier que juridique, et donc d’apporter un service supplémentaire à la protection du consommateur. - L’Observatoire des Litiges et Réclamations. Cet observatoire publie chaque année une étude sur les tendances des Litiges et Réclamations et informe les Adhérents de ses travaux dans le journal APS Info. - Service des Permanents. Les Permanents de l’Association, ayant également un rôle d’assistance et de conseils, sont en permanence à la disposition des Adhérents pour répondre à leurs questions et notamment les aider dans leurs relations avec les consommateurs. L’ensemble de ces services peut donc permettre aux entreprises Adhérentes de l’Association de pouvoir mieux cerner les demandes des consommateurs et répondre, le cas échéant, avec des arguments complémentaires, aux différends qui peuvent les opposer aux consommateurs. Sources : Departement of intelligence.com / La valeur ajoutée des agences de voyages (APS) / Article de Christian de Montlibert / Article de Marie Cécile Renault / Robert Rochefort “le Consommateur entrepreneur” / l’étude de l’IFOP/Echo Touristique / Etude du Conseil National des Clients Aériens (CNCA) / OACI. 11