MegaUpload : entretien exclusif avec le responsable

Transcription

MegaUpload : entretien exclusif avec le responsable
MegaUpload : entretien
exclusif avec le
responsable technique du
site fermé par le FBI
Tout savoir sur l affaire MegaUpload :
MegaUpload : décryptage de l affaire et des
accusations
L annonce de la fermeture par le FBI
Une fermeture critiquée et un débat qui se politise
Nicolas Sarkozy, la Hadopi et les ayants droit se
réjouissent
Infographie : l'univers MegaUpload en une image
ZDNet.fr ­ Tout d abord, qu en est­il aujourd hui de
la situation du groupe Megaupload et de ses
employés ?
Emmanuel Gadaix ­ Tous les employés sont au
chômage technique, tous les comptes en banque ont été
bloqués et toutes les sociétés ont été fermées.
La fermeture de Megaupload et la saisie des 18 noms
de domaines affiliés signe­t­elle la fin de toute activité
?
La justice américaine en décidera. Il lui reviendra de
trancher sur la nature du business de Megaupload.
Hormis les 7 personnes inculpées par les autorités
américaines, d autres collaborateurs sont­ils visés ?
Les autorités ont visé les créateurs et les actionnaires de Megaupload.
Le 11 janvier dernier, lors de votre intervention devant la commission de la Culture, de
l'Education et de la Communication du Sénat (vidéo en bas de l'article), vous avez évoqué votre
projet d offre de contenu baptisé Megabox.
Il a été proposé à Hadopi au Sénat la création d'une plateforme d'échange de contenu garantissant la
rémunération des auteurs.
Pourriez­vous nous le décrire et confirmer la présence des partenaires suivant : 7digital,
Gracenote et Amazon* ?
Je n'ai pas participé au développement de Megabox, donc je ne peux confirmer quels étaient les
partenaires choisis. Il me semble qu'en effet Megabox avait un partenariat avec ces sociétés pour lancer
le service.
Megabox prévoyait d offrir un accès gratuit à de la musique ainsi qu à des films en rémunérant
les ayants droit via Megakey. Aviez­vous déjà des accords avec des artistes ?
Megabox, c'était pour la musique. Le projet pour les films (Megamovies) était en développement et nous
étions en discussion avec des sociétés ­ dont une française ­ pour lancer une offre de VoD. Megabox
avait signé des accords avec un nombre d'artistes, dont certains que vous avez pu voir dans la fameuse
chanson MegaSong** (P. Diddy, Will.i.am, Alicia Keys, Kanye West, Snoop Dogg, Chris Brown, The
Game, Mary J Blige, NDLR).
Dans votre discours au Sénat, vous évoquez un accord avec une université française et la société
Wakanim. Pourriez­vous préciser ce qui était prévu ?
Avec Wakanim (plateforme communautaire de diffusion de mangas, NDLR) nous allions héberger et
mettre à disposition l'ensemble des Mangas pour lesquels ils ont une licence et ainsi créer une offre
100% légale. Avec l'université, nous étudions un projet pour mettre en ligne les contenus
d'enseignement numérique à l'aide de l'infrastructure de Megaupload. Grâce à notre capacité de
stockage, notre bande passante de qualité, notre système de streaming et de broadcasting, Megaupload
leur permettait de se lancer dans le numérique sans avoir à faire aucun investissement d'infrastructure.
Comment ont réagi les maisons de disque et les studios à ce projet ?
Il est clair que les maisons de disque et les studios se sentent menacés par tout modèle économique qui
ne leur est pas favorable. Vous avez pu voir les réactions d'Universal lors du lancement de la
MegaSong**. Sans aucune justification légale, Universal a abusé du procédé du DMCA pour faire un
"takedo n" de notre vidéo sur YouTube. la suite de cette affaire, Megaupload leur avait fait un
procès, afin de faire la lumière sur cette histoire. Youtube a donné raison à Megaupload.
Le 11 janvier dernier vous participiez à une table ronde au Sénat. Une semaine plus tard,
Megaupload est fermé et certains de ses dirigeants incarcérés. Comment expliquez­vous un tel
retournement de situation ?
Le hasard du calendrier ? L'intervention au Sénat nous a permis de clarifier notre position et de
participer à un débat sur le futur de l'Internet. Le message est d'autant plus d'actualité que nous venons
d'avoir eu une démonstration d'abus de pouvoir résultant de mesures répressives.
Certains observateurs font le rapprochement entre la sortie de votre offre Megabox et la
procédure lancée par les autorités américaines contre Megaupload. Quel est votre commentaire à
ce sujet ?
Le lancement de Megabox était prévu pour l'anniversaire de Kim le lendemain de son arrestation en
Nouvelle­Zélande. Le service avait été testé en "bêta" depuis des mois, et nous étions très excités de
pouvoir lancer ce service 100% légal avec des personnalités du monde de la musique comme Swiss
Beatz, dont il était prévu qu'il dirige ces nouvelles initiatives. Il est évident que ces initiatives
dérangeaient certains groupes d'intérêts, et il est fort possible qu'ils aient usé de leur pouvoir de lobby
pour faire pression sur les autorités.
Vous avez déclaré la semaine dernière que vous feriez tout pour rouvrir le service. Est­ce
toujours d actualité, en avez­vous légalement la possibilité ?
Nous n'avons pas la possibilité technique de redémarrer le service pour l'instant car la plupart de nos
serveurs sont sous scellés. Bien entendu, notre première priorité est de rétablir le service de partage de
fichier afin que nos utilisateurs puissent accéder à leurs données personnelles. Nos avocats y travaillent,
mais le cadre juridique est compliqué et il est clair que le gouvernement américain va faire tout son
possible pour l'empêcher. D un point de vue général, quel est votre sentiment sur la manière dont les choses se déroulent
depuis le 19 janvier ?
Personnellement, ce qui me choque le plus c'est que, juste sur simple présomption de culpabilité, les
autorités peuvent bloquer l'accès à leurs fichiers à des millions d'utilisateurs légitimes, pour lesquels
aucun ayant droit n'a formulé de demande de retrait de contenu. C'est une véritable voie de fait et une
atteinte à leur vie privée, et à leur propriété privée, et donc à leurs libertés fondamentales. Comme je
l'expliquais au Sénat, ce genre de mesures répressives sont liberticides ­ nous en avons ici une
démonstration flagrante.
Propos recueillis par Marc Zaffagni pour Eureka Presse / ZDNet.fr
(*) Sollicitées par ZDNet.fr, ces entreprises n ont pas répondu à notre demande de commentaire.
(**) Ce clip vidéo de soutien au service Megaupload publié début décembre sur YouTube mettait en scène les artistes P. Diddy, Will.i.am, Alicia Keys,
Kanye West, Snoop Dogg, Chris Brown, The Game, Mary J Blige , Kim Kardashian, Floyd Mayweather, Jamie Foxx.
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