Pourquoi faire oraison ? Présence et rencontre de Dieu en nous

Transcription

Pourquoi faire oraison ? Présence et rencontre de Dieu en nous
Pourquoi faire oraison ?
Présence et rencontre de Dieu en nous
Ecole d’oraison de la paroisse Presqu’île Sud de Lyon
Eglise Sainte-Croix, 30, rue de Condé, 69002 Lyon
Carême 2015
Intervenant Robert Jamen
Soirée 1, 24 février 2015
Table des matières
Introduction ................................................................................................... 2
1. Ce qu’est l’homme ..................................................................................... 4
1. 1. Distinguer le corps, l’âme et l’esprit .................................................................................... 5
1. 2. Le corps ou la vie sensible .................................................................................................. 5
1. 3. L’âme ou la vie psychologique ............................................................................................ 6
1. 4. L’esprit ou la vie de la grâce ................................................................................................ 6
1.5. Schéma récapitulatif de l’homme ........................................................................................ 8
2. Voici l’homme qui prie ............................................................................... 9
2. 1. La vie sensible et la prière ................................................................................................ 10
2. 2. La vie de l’âme et la prière ................................................................................................ 10
2. 3. La vie spirituelle et la prière.............................................................................................. 10
La foi est certaine ............................................................................................................................. 11
La foi est obscure ............................................................................................................................. 11
3. L’oraison rencontre de deux amours .........................................................12
3. 1. Dieu nous attend à l'oraison ............................................................................................ 12
3. 2. Etablir une relation personnelle "je - Tu" avec Dieu ......................................................... 13
3. 3. Aimer et me laisser aimer dans l’oraison, tout est là ! ....................................................... 15
Conclusion ....................................................................................................16
Prière collective finale que nous avons prononcée tous ensemble ................17
Exemple de méditation d’Evangile en introduction à l’oraison ......................18
Annexe : Comment Jésus priait-t-il ? .............................................................19
La prière de Jésus selon le Catéchisme de l’Eglise Catholique .................................................... 19
1
Introduction
Je me souviens de notre première journée de retraite à Notre-Dame de Vie, à Vénasque, en 1993. Le
Père François Rétoré nous avait dit tout de go :
« Mais oui, rencontrer Dieu, c’est possible ! Dès maintenant ! Vous le rencontrez, vous êtes en
sa présence chaque fois que vous faites un acte de foi, que vous lui parlez… »
Ces propos très forts du Père Rétoré m’avaient marqué, moi qui cherchais Dieu depuis tant d’années,
après avoir beaucoup lu et réfléchi sur Dieu, de façon intellectuelle, sans comprendre que nous
pouvons le rencontrer, dans la prière, par l’acte de foi, à tout moment.
Pour vraiment connaître quelqu’un, il faut le rencontrer. Nous n’allons pas commencer par lire des
ouvrages sur les femmes ou les hommes pour connaître notre conjoint, nous allons d’abord le
rencontrer, dialoguer avec elle, avec lui.
Notre Seigneur nous a donné cinq sens physiques, avec lesquels nous entrons en relation avec le
monde et il nous a donné un « sens spirituel », la foi, qui nous permet d’entrer en relation avec lui,
de façon certaine, même si nous ne le voyons pas et ne l’entendons pas.1
L’oraison, c’est la rencontre avec Dieu, dans l’acte de foi renouvelé, c’est « ce commerce d’amitié »
dont parle sainte Thérèse d’Avila dont nous allons fêter en cette année 2015 le cinq-centième
anniversaire de sa naissance2, « où on s’entretient souvent et intimement avec Celui dont nous savons
qu’il nous aime. »3
Les Evangiles nous disent que Jésus lui-même faisait oraison. De jour comme de nuit, sur la
montagne, dans le Temple, au désert, au hasard de la route, il prie son Père :
« Le lendemain, bien avant l’aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il
priait. » (Marc 1, 35).
Jésus a guéri de nombreux malades la veille et il prie jusqu’à ce que ses disciples le
trouvent, puis il part avec eux proclamer l’Evangile.
« Quand il eut congédié ses disciples (après la multiplication des pains), il s’en alla sur la
montagne pour prier. » (Marc 6, 46)
« En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier et il passa la nuit à prier Dieu ;
puis, le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze, auxquels il donna le nom
d’apôtres… » (Luc 6, 12-13)
Jésus avait besoin de retrouver son Père. Si lui, homme et Fils de Dieu, recherchait l’union avec son
Père dans l’intimité de la prière, combien plus, nous pauvres hommes pécheurs, avons absolument
besoin d’aller à la rencontre de Dieu, Père, Fils et Esprit, pour nous laisser aimer, afin de repartir
nourris par son amour infini sur nos chemins de vie.
1
La rencontre avec Dieu se vit généralement dans le silence, mais Notre Seigneur peut se manifester, selon Sa
Volonté, en fonction des besoins de l’homme ou de la femme qui prie, de sa vocation, de sa prière…
2
Thérèse d’Avila, appelée « Thérèse de Jésus », docteur de l’Eglise, est née le 28 mars 1515 et entrée dans la
vie éternelle dans la nuit du 4 au 15 octobre 1582. La formulation « nuit du 4 au 15 octobre » est troublante
mais correcte car il s'agit de la nuit de passage du calendrier julien au calendrier grégorien adopté rapidement
par presque tous les pays de l'Occident européen. Sa fête est le 15 octobre.
3
Thérèse d’Avila, Vie 8, 5
2
Par son exemple, Jésus nous attire à sa suite, dans cette prière intérieure, dans cette oraison que
nous adressons à Lui et à son Père, qui est aussi notre Père, sous la conduite de l'Esprit Saint.
Le but d’une école d’oraison est de nous faire sentir et vivre avec le cœur que Dieu appelle chacun
de nous à prier et à faire oraison, et que nous n'avons pas besoin pour cela de dispositions
particulières. Une seule condition est nécessaire : prendre la ferme décision de mettre la prière au
cœur de notre vie, de donner du temps à Dieu chaque jour, parce que nous voulons L'aimer et nous
laisser aimer par Lui, parce que nous désirons Le rencontrer. Ensuite, comme Il est Amour et nous
aime à la folie, malgré nos péchés, Il prend "les choses en main" et nous apprend tout. Il purifie
notre cœur, Il nous transforme, Il nous façonne à son image, Il fait de nous d’autres Christ, pour
que nous puissions dire un jour, comme saint Paul :
« Je vis mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Lettre aux Galates 2, 20).
« Cela change l'existence d'un homme de se rendre chaque jour au rendez-vous de Dieu [...] Si,
chaque jour, vous essayiez de vous entretenir avec lui, ou même tout simplement de vous exposer à
son regard comme un drap déployé au soleil, je vous assure qu'il se passerait quelque chose. Oh ! rien
de spectaculaire. Mais après quelques jours ou quelques semaines, vous remarqueriez du
changement en vous : déjà moins d'inquiétude, plus de calme, de meilleurs rapports avec les autres.
Très probablement aussi, en profondeur, une certaine joie de vivre. Et, surtout Dieu moins incertain.
Et si vous persévérez, vous ne tarderez pas à penser comme tant d'autres : "Je ne peux plus m'en
passer ; ce temps quotidien réservé à Dieu est devenu pour moi une nécessité." Mais oui prier, c'est
vital. Comme il est vital pour l'arbre de plonger ses racines en terre et pour les fleurs coupées d'avoir
leurs tiges dans l'eau. Comme il est vital pour tout homme de respirer, de manger, de dormir. La
prière nourrit l'âme. »
Père Henri Caffarel4
Cet enseignement comprend trois parties :
- Une première partie, sur ce qu’est l’homme, dans laquelle nous verrons que Dieu habite au
plus profond de nous (au centre de notre « château intérieur », selon l’expression de Thérèse
d’Avila), et que l’oraison consiste à rejoindre Dieu présent en nous, par la grâce baptismale,
greffe de vie divine en nous, qui est appelée à se développer tout au long de notre vie, dans les
sacrements, la vie de prière et la vie évangélique.
- Une deuxième partie, plus concrète, s’adressant au cœur de chacun de nous, dans laquelle
nous présenterons l’oraison de façon plus simple : Dieu nous attend à l’oraison, nous entrons
en relation avec Lui par la foi, dans une relation « je – Tu ». L’oraison est donc la rencontre de
notre amour pour Dieu (aimer Dieu) et de l’amour de Dieu pour nous (nous laisser aimer par
Dieu).
- Une troisième partie, sur l’oraison « rencontre de deux amours », l’amour de Dieu pour
l’homme et l’amour de l’homme pour Dieu.
4
Père Henri CAFFAREL, "L'oraison, jalons sur la route", Parole et Silence, 2006, pages 5 et 6
Le Père Henri Caffarel (1903 – 1996) est le fondateur des Equipes Notre-Dame et de la maison de prière de
Troussures (Oise) où il a formé 25 000 personnes à la prière personnelle, entre 1980 et 1996. Dans la vie
spirituelle des participants, il y a eu un « avant-Troussures » et un « après-Troussures ». Son procès de
béatification est en cours d’étude à Rome. Le site Internet http://www.henri-caffarel.org/pages_fr/index.html
et le livre « Henri Caffarel, un homme saisi par Dieu », auteur Jean Allemand, Equipes Notre-Dame, 1997,
peuvent être deux bonnes sources pour mieux le connaître.
3
Nous terminerons par un exemple concret de méditation d’un passage d’Evangile, qui peut être une
porte d’entrée vers l’oraison, et présenterons la prière de Jésus.
1. Ce qu’est l’homme5
En parcourant les Évangiles, nous avons vu que Jésus a beaucoup prié, souvent la nuit, dans une
prière d’union à son Père, sous le souffle de l’Esprit. « Jésus nous révèle ce qu’est la prière dans la
plénitude des temps : la prière filiale, que le Père attendait de ses enfants, va enfin être vécue par le
Fils unique Lui-même dans son Humanité, avec et pour les hommes. »6
Unis au Christ, nous devons faire nôtre cette prière filiale d’union au Père qui nous aime.
Ainsi, la prière, l’oraison n’est pas réservée pour les jours de fêtes ou pour les religieux, ou pour ceux
qui ont le temps. La prière est l’exercice essentiel de notre vocation d’hommes et de femmes et de
chrétiens, car elle nous unit à Dieu, elle nous place dans notre vocation d’enfants de Dieu.
L’oraison est donc une amitié, une histoire d’amour, la rencontre de deux personnes, de deux soifs.
Prier, c’est rencontrer Dieu.
Or, comme toute histoire d’amour, l’oraison est une aventure ! Comme toute belle aventure, elle est
promesse d’un grand voyage, enrichi par la découverte progressive de ce que nous sommes et par
l’entrée et l’approfondissement de la relation avec ce Dieu qui nous aime infiniment
Un grand voyage intérieur…
Il ne s’agit pas de faire un voyage qui nous ferait parcourir la terre, mais il s’agit de faire un voyage
intérieur. C’est Jésus lui-même qui nous le dit :
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et
nous nous ferons une demeure chez lui ». (Jean 14, 23)
La grande aventure de l’oraison est de rejoindre Dieu qui vit au centre de mon être. Thérèse d’Avila,
une grande amoureuse du XVIème siècle, carmélite, a trouvé une magnifique image : nous sommes
comme un château aux multiples demeures et au centre de ce château, dans la demeure la plus au
centre du centre, réside, comme une perle précieuse, celui qu’elle appelle le « grand Roi », Dieu.
On pourrait dire aussi que nous sommes un écrin qui cache une perle précieuse.
L’oraison nous fait aller au centre de nous-même pour y rejoindre Dieu, qui y est comme un soleil
rayonnant d’amour :
« Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte et prie ton Père
qui est là dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra ». (Matthieu 6, 6).
5
Cette première partie a été essentiellement rédigée par le Père Gilles Garcia, de l’institut Notre-Dame de Vie,
qui est intervenu pendant des années au sein de l’école d’oraison de Lyon. Nous lui adressons tous nos
remerciements fraternels.
6
Catéchisme de l’Eglise Catholique = CEC, numéro 2599
4
… qui demande une bonne connaissance de ce qu’est l’homme
Seulement une petite difficulté apparaît. L’homme d’aujourd’hui semble avoir acquis une réelle
maîtrise du monde qui l’entoure. Tout entraîné vers l’extérieur de son être par tant de sollicitations,
il a du mal à « rentrer » en lui-même et il faut bien avouer que nous avons du mal à savoir qui nous
sommes.
Or, si l’oraison consiste en une intériorisation progressive, savoir qui nous sommes est d’une
importance capitale. Pour Thérèse d’Avila, ce n’est même pas la peine de commencer à faire oraison
si l’on n'a pas un minimum de connaissance de ce que nous sommes.
Ce soir, il s’agit de mieux se connaître pour mieux aimer Dieu, pour mieux entrer en relation avec Lui
dans l’oraison !
1. 1. Distinguer le corps, l’âme et l’esprit
Vous avez peut-être remarqué que notre Cardinal, Monseigneur Philippe Barbarin, fait souvent
référence à un passage de la première lettre aux Thessaloniciens lorsqu’il cherche à nous montrer ce
qu’est l’homme. Voici ce passage : « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers, et
que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé sans reproche, lors de l’avènement de
notre Seigneur Jésus-Christ ! » (1 Thessaloniciens 5, 23).
CORPS, ÂME et ESPRIT. Alors que la personne nous apparaît comme un tout, saint Paul semble au
contraire la découper en fines tranches. Il a raison car, si nous sommes bien un (et unique), nous
pouvons distinguer en nous plusieurs « parties » ou plutôt, pour reprendre le père Marie-Eugène de
l'Enfant Jésus7, plusieurs vies.
1. 2. Le corps ou la vie sensible
Par corps, nous pouvons entendre toute notre vie sensible. Elle est fondamentale car elle me
permet :
a) D’entretenir mes besoins vitaux ; j’ai besoin de manger pour grandir, (ceux qui ont des
adolescents le savent bien) et arrivé à un certain développement de mon être, je peux à mon
tour engendrer un autre petit d’homme.
b) D’entrer en relation avec le monde et avec les autres. Mes cinq sens font que j’entre en
relation de multiples façons avec l’univers qui m’entoure et avec lequel je peux alors
échanger. Je peux alors emmagasiner pas mal d’images et être doué d’une belle imagination.
Cette imagination, si encombrante parfois dans la prière...
7
Le Père Marie-Eugène de l’Enfant Jésus est le fondateur de l’institut carmélitain Notre-Dame de Vie, dont le
charisme est d’enseigner l’oraison. Le procès de béatification du Père Marie-Eugène est en cours d’étude à
Rome. Sa vie et son œuvre sont présentées sur le site de Notre-Dame de Vie :
http://www.notredamedevie.org/p-marie-eugene/sa-vie/. Son livre « Je veux voir Dieu » est un traité, une
synthèse de l’enseignement du Carmel. Le Père Marie-Eugène s'appuie sur sainte Thérèse d’Avila, saint Jean de
la Croix et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Chaque chapitre est indépendant et peut être lu seul. Ce traité est
une référence sur l’oraison. C’est un livre exigeant mais lumineux que l’on peut lire de bout en bout ou
consulter sur un point précis ou relire, au fur et à mesure que le Seigneur nous fait avancer dans l’oraison.
5
1. 3. L’âme ou la vie psychologique
Au second « étage », nous trouvons l’âme ; c’est le domaine de la vie psychologique. C’est une vie qui
est propre à l’homme et dont est dépourvu l’animal.
a) Une mémoire
Nous nous souvenons des événements de notre vie. Par ce que nous ont raconté nos aïeuls,
nous connaissons l’histoire de notre famille et de ses exploits. Par la lecture de la Bible, nous
nous souvenons de l’alliance de Dieu avec son peuple, alliance dans laquelle nous sommes
entrés nous-mêmes avec Jésus… Cette faculté en nous, qui est faculté de l’origine, nous
permet d’avoir un avenir, car je sais d’où je viens et je sais que j’ai ma place et que Dieu agira
avec moi comme il a agi avec Israël. Plus profondément, à travers les générations qui m’ont
précédé, je découvre que la vie est un don et qu’elle est bonne à vivre !
b) Une intelligence
Nous avons en nous une soif de vérité. C’est ce qui fait que nous faisons des études, que
nous voulons savoir. Pensez à cette vie de l’intelligence, à son développement en nous. Mais
si on ne la nourrit pas de la vérité, alors cette intelligence peut dépérir. Grâce à elle, que de
beaux raisonnements nous pouvons faire sur Dieu ! Un seul Dieu en Trois personnes, l’union
hypostatique de Jésus Christ… Mais de belles pensées ne font pas forcément un acte de foi et
ne nous donne pas Dieu…
c) Une volonté
Nous avons enfin, une volonté, c’est-à-dire une vie qui en nous a soif de bonheur, a soif du
bien. « Plus je fais le bien et plus je suis libre », pourra dire notre volonté, ou mieux encore,
« Plus j’aime et plus je grandis… Je veux aimer… Je veux voir Dieu ».
Notons enfin, que cette vie de l’âme me permet de partager avec les autres et même de vivre une
véritable intimité avec d’autres hommes ou d’autres femmes…
L’amitié humaine est bien cet échange de vie où nous offrons le meilleur de nous-mêmes, et
nous-même tout simplement.
Il reste pourtant une troisième vie, plus mystérieuse et qui est un don de la part de Dieu… Si la vie
de l’âme est propre à l’homme, nous dirons que la vie de l’esprit est propre au baptisé.
1. 4. L’esprit ou la vie de la grâce
Avant de décrire cette troisième vie, il faut jeter un regard sur Dieu. Que découvrons-nous ?
Dieu est Transcendant ! Cela veut dire qu’il est au-dessus de tout, il dépasse la notion de l’espace et
du temps. Pas de croissance en Dieu, pas de développement. Dieu ne change pas (Psaume 108, 28).
Dieu est parfait. Il est l’être infini.
Dieu est Vivant ! La Révélation de Dieu à Moïse se fait dans un buisson ardent (Exode 3, 14), qui
brûle sans se consumer. Dieu n’est pas seulement le transcendant, il est aussi comme un feu vivant, il
est Vie, il est Lumière.
Dieu est Amour ! La Révélation plénière de Dieu se reçoit du Christ. Seul celui qui vient de Dieu, peut
dire qui est Dieu. Que découvrons-nous ? Dieu est Père en Lui-même, Dieu est communion d’Amour
éternelle entre le Père, le Fils et cet Amour entre les deux, c’est l’Esprit-Saint. Cette communion
6
d’Amour des trois personnes, c’est Dieu, c’est la joie de Dieu. Dieu est heureux, car il est
« mouvement » perpétuel d’amour.
Alors, comment pouvons-nous dire que l’oraison est une amitié avec Dieu ? En effet, pour être ami, il
faut une certaine égalité entre les personnes. Pardonnez-moi la trivialité de mon propos mais je ne
pense pas que vous ayez pour meilleur ami le ver de terre qui vit dans votre pot de géranium ! Et
pourquoi ? Parce qu’il y a comme une distance infinie entre vous et ce ver de terre, ce qui fait qu’une
amitié est impossible. C’est un peu la même chose entre nous et Dieu.
Pour entrer en amitié avec Lui, Dieu va faire un acte fou : il va nous donner une nouvelle vie qui sera
de la vie divine, du divin créé ! Le terme théologique est la "grâce baptismale". Au baptême, nous
recevons la grâce, c’est-à-dire une vie surnaturelle qui est de l’amour comme Dieu.
Dieu me met à égalité avec Lui, il me hausse à sa hauteur pour que nous ayons une véritable relation
d’amour, une véritable participation à la vie même de Dieu.
A présent, regardons cette vie de la grâce en nous.
Nous y retrouvons les caractéristiques propres à toute vie :
- Elle a sa croissance propre qui est filiale. Au baptême, je suis devenu enfant de Dieu. La grâce
me fait véritablement enfant de Dieu. Devenus fils et fille de Dieu, tout homme et toute femme
deviennent pour moi un frère et une sœur.
- Elle a son dynamisme propre qui est de construire en nous la ressemblance avec Jésus, le Fils
unique du Père.
- Elle a sa nourriture propre : Jésus lui-même, avec les sacrements, l’Eucharistie.
- Elle développe aussi, comme toute vie, des organes, des facultés :
La FOI : elle nous rend capable de connaître Dieu comme il se connaît et de prendre contact
avec Lui. Elle se greffe sur l’intelligence.
L’ESPÉRANCE : C’est la vertu de marche. Elle me fait avancer car avec elle je ne m’appuie que
sur Dieu de qui je viens et vers lequel je vais. Mon passé, c’est Dieu et mon futur, c’est Dieu.
Elle se greffe sur la mémoire.
La CHARITÉ : Elle nous rend capable d’aimer Dieu comme il s’aime et de nous unir à Lui.
7
1.5. Schéma récapitulatif de l’homme
Nous pouvons résumer tout ce que nous venons de voir par un schéma :
Espérance
Dieu
Charité
Foi
Grâce
Âme
L’oraison,
c’est
partir d’ici pour
aller là-bas…
Sens
Dieu se donne,
Dieu nous aide
Dieu va intervenir
Voici une définition de la grâce baptismale :
« Qu’est-ce que la grâce qui nous est donnée au baptême ? Elle est participation, créée, à la nature
de Dieu, à la vie de Dieu. Elle nous fait enfants de Dieu, elle nous fait comme Dieu. Elle nous permet
de faire les opérations d’intelligence et d’amour comme Dieu. Elle nous permet d’entrer en relation
avec Lui, d’agir comme Lui. Notre vie surnaturelle, notre grâce, elle aussi, a ses membres, des
puissances d’action. Comment la grâce va-t-elle se porter vers le but, vers ce terme de la vie
trinitaire ? Justement par l’activité de ses facultés. »
Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (PME)
Nous pouvons à présent tirer quelques conclusions :
Ces trois vies qui sont en nous ne sont pas indépendantes, bien sûr, mais elles agissent selon leur
rythme propre et chacune en leur domaine. Prenons un exemple simple : je peux avoir mal aux dents
(vie sensible), cela ne m’empêchera pas, malgré tout, de bien préparer mon cours pour mes élèves
(vie de l’âme avec ma volonté et vie de l’esprit par l’amour – charité que j’ai pour les élèves, avec le
désir de préparer le meilleur cours possible) ou de me rendre attentif à cette réunion spirituelle
importante à laquelle je participe (vie de l’esprit).
Ainsi, je vais pouvoir entrer en contact avec Dieu par la foi, par ma grâce, par cette vie spirituelle,
sans que forcément ma vie sensible et ma vie psychologique ressentent quelque chose ou en
comprennent quelque chose !
8
J’insiste car cela est fondamental pour la vie d’oraison :
Il est quasiment nécessaire qu’il existe une énorme différence entre la relation, le contact que
j’établis avec Dieu, avec Jésus par la foi, et la conscience que j’ai de cette relation. En clair, je peux
m’ennuyer à l’oraison mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas en contact prolongé avec Dieu !
Nous pouvons le dire autrement : la vie de la grâce est mystérieuse car Dieu est mystère ! Cette vie
est une vie spirituelle qui ne se mesure pas avec un « thermomètre psychologique » !
Le travail de la grâce peut être très profond sans qu’il y en ait une trace au niveau psychologique. Il
ne se passe (apparemment) rien à l’oraison et pourtant j’y retourne tous les jours !
Nous pouvons alors faire un pas de plus. Seule la vie de la grâce - la vie de la foi - nous donne Dieu,
seule la foi nous fait entrer en contact avec Dieu ! L’oraison, ce sera donc de faire des actes de foi, de
mettre en acte cette vie mystérieuse de la grâce qui seule nous donne Dieu et nous unit à Lui.
« Dieu est Amour. Il nous a créés par amour, il nous a rachetés par amour et nous destine à une
union très étroite avec lui. Dieu Amour est présent dans notre âme, d’une présence surnaturelle,
personnelle, objective. Il y est en activité constante d’amour, foyer répandant constamment sa
chaleur, soleil ne cessant de diffuser sa lumière, fontaine toujours jaillissante.
Pour aller à la rencontre de cet Amour qui est Dieu, nous avons la grâce sanctifiante, de même
nature que Dieu, par conséquent amour comme Lui. Cette grâce qui nous fait ses enfants est une
aptitude à l’union, à l’échange ou au commerce intime avec Dieu, à la pénétration réciproque.
Dieu Amour, toujours en action, nous sollicite et nous attend. Mais il est immuable : c’est notre
amour qui doit aller vers Lui. L’orientation de cet amour vers Dieu, sa recherche amoureuse, la
rencontre de notre amour avec Dieu-Amour, voilà ce qu’est l’oraison. »
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus (PME)
2. Voici l’homme qui prie
« Dieu, je veux l’atteindre lui-même, je veux l’atteindre en sa vie intime. Je ne veux pas seulement
avoir une idée de Dieu, c’est Lui que je veux, c’est en sa vie que je veux me plonger, réaliser ma
filiation divine. Le but de ma prière ne saurait être autre que celui de ma vocation surnaturelle, à
savoir de pénétrer dans la vie intime de Dieu, de pénétrer dans la Trinité Sainte. La prière va me
conduire jusque-là. Comment y parvenir ? »
Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (PME)
La Bonne Nouvelle de ce soir, c’est que nous tous qui sommes baptisés, nous avons en nous, parce
que cela nous appartient, tout ce qui est nécessaire pour faire oraison, pour entrer en relation avec
le Père, pour vivre une intimité incroyable avec Dieu ! Je peux lui dire « Père » et je l’entends me
dire : « Mon enfant ! ».
Il est vrai que nous avons décrit ce que nous sommes un peu comme une fusée à trois étages. Or,
lorsque nous prions, c’est bien tout notre être qui vient prier. Toutes nos vies participent à notre
prière, nous ne le savons que trop bien !
9
Reprenons donc ce qui se passe lorsque nous prions.
2. 1. La vie sensible et la prière
Lorsque je veux prier, je prends des dispositions très concrètes. Je vais choisir un lieu silencieux. Je
peux aussi désirer choisir un cadre avec une certaine beauté : un paysage naturel, une pièce dans la
maison, réservée à la prière. Une image que j’aime, un tableau de Jésus peuvent m’aider à m’apaiser
et à me recueillir ! Je vais choisir une position pour mon corps (il difficile de prier un certain temps si
l’on est mal à l’aise)… Nous approfondirons les conditions concrètes pour faire oraison lors de la
deuxième soirée.
Par ailleurs, comme le dit saint Paul dans l’épître aux Romains 10, 17 : « La foi vient de ce qu’on
entend ». C’est bien parce que l’on m’a fait le catéchisme que j’ai entendu parler de Jésus. Notre foi
s’appuie sur une connaissance donnée, une connaissance que nous avons d’abord reçue, c’est-à-dire
entendue par nos oreilles. Notre sens de l’audition intervient donc.
L’intervention de nos sens est nécessaire et utile, mais elle ne nous donne pas Dieu.
C’est alors qu’intervient la seconde vie.
2. 2. La vie de l’âme et la prière
Installé confortablement, je viens de lire (ou d’entendre) un passage de l’Évangile. Je vais commencer
à réfléchir sur ce passage ; je me mets à penser. Nous touchons ici à une dimension essentielle de
l’acte de foi : sa dimension cognitive, intellectuelle.
Donc, je viens de lire que : « Mon Père et moi, nous sommes un » (Jean 10, 30), et me voilà plongé
dans le mystère de Dieu qui est un en trois personnes. Cette affirmation n’est pas évidente pour mon
intelligence. Spontanément, je fais confiance à l’Église qui me dit que c’est la vérité révélée mais il se
peut que je ressente le besoin de réfléchir. Au cours de cette réflexion, qui peut être simple, je vais
recevoir des lumières, je vais avoir l’impression de mieux comprendre ; il pourra y avoir une saveur :
c’est beau, c’est cohérent, je fais des liens entre les mystères… Je raisonne !
Mais est-ce que je prie ? Eh bien non, car je pourrais faire le plus beau des raisonnements, avoir des
lumières extraordinaires, cela resterait le fruit de ma petite intelligence et ne me ferait pas atteindre
Dieu !
Prier, ce n’est pas réfléchir !
Méditer, ce n’est pas entrer en contact !
Alors que va-t-il se passer ? Je dois faire un saut qualitatif, je dois sortir, vivre un exode, en faisant
taire mon raisonnement, en imposant silence à mes sentiments… Bref, je dois faire un acte de foi !
2. 3. La vie spirituelle et la prière
Le temps de l’oraison, de la prière, est ce moment où je mets en acte cette vie spirituelle qui me
permet de franchir l’infini qui me sépare de Dieu et de plonger en Lui.
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C’est ce moment où je remets librement tout mon être à Dieu.
Dieu, je ne Te comprends pas, je ne sens rien, mais je crois en Toi, je Te fais confiance, je T’aime !
Cet acte de foi me fait toucher Dieu, il me fait pénétrer en Dieu, il me fait étreindre Dieu comme un
enfant étreint son Père. C’est la foi qui fait tressaillir Jésus : pensons à la femme qui souffrait
d’hémorragies et qui est guérie lorsqu’elle touche les vêtements de Jésus. Jésus sent alors qu’une
force est sortie de lui ; il cherche qui l’a touché et il dit ensuite à la femme : « Ma fille, ta foi t’a
sauvée ; va en paix et sois guérie de ton mal. » (Marc 5, 25-35).
Nous découvrons alors deux grandes qualités de la foi :
La foi est certaine
La foi seule touche Dieu, c’est une certitude et il faut « avoir foi en sa foi ».8
La foi seule nous donne Dieu, c’est certain9 et donc à l’oraison, lorsque je prie, il ne faut pas
m’arrêter à ce que je ressens, mais je dois tendre par des actes paisibles de foi à rejoindre ce Dieu
présent dans les profondeurs de mon être.
La foi est obscure
Bien souvent, nous ne ressentons pas notre acte de foi, ni l’effet de celui-ci. Comme nous le disions, il
ne se passe apparemment rien… Nous ne ressentons rien. Pourquoi ?
« En clair », l’obscurité que je ressens dans la prière ne vient pas d’un éloignement avec Dieu, mais
au contraire d’une proximité très grande. Nous ne pouvons pas fixer le soleil sans en être aveuglés,
nous ne pouvons pas fixer Dieu avec le regard de la foi sans en être éblouis. Dieu est un soleil qui
nous aveugle et qui nous transforme !
Ceci est pour nous une bonne nouvelle :
Je peux m’ennuyer à l’oraison, je peux avoir une imagination débordante, je peux avoir mal aux
dents, cela ne m’empêchera pas de poser ces petits actes de foi qui me feront plonger en Dieu, en
un plongeon prolongé et renouvelé.
Ennui et distractions sont des états « quasi- normaux » lorsque nous faisons oraison ! Appliquonsnous simplement à prendre cette attitude intérieure, ce simple regard sur Dieu présent et vivant en
nous.
8
« Il n’y a qu’un moyen pour aller à Dieu et s’unir à lui, c’est la foi, connaissance obscure et certaine qui conduit
l’âme dans l’obscurité où Dieu habite au-delà du domaine des sens et de l’intelligence ». Père Marie-Eugène de
l’Enfant-Jésus
9
« Chaque fois que nous prenons contact avec Dieu, nous touchons l’océan qu’il est, nous touchons la flamme,
l’incendie qu’Il est et, par conséquent, nous puisons en Lui la substance divine. »
« De même qu’on ne peut plonger sa main dans l’eau sans se mouiller, ou dans un brasier sans se brûler, de
même on ne peut prendre contact avec Lui par la foi sans puiser en sa richesse infinie. Tout contact avec Dieu
par la foi... puise en Dieu une augmentation de vie surnaturelle, un enrichissement de charité ».
« La foi est une antenne, elle atteint Dieu qui réagit mais on ne sent rien. La foi est obscure. Nous avons une
vocation de hibou ».
« Nous manquons de foi en notre foi ! Ce qui favorise ce doute, c’est que lorsque j’ai touché Dieu, je ne le sens
pas ».
« Ce n’est pas mon intelligence qui touche Dieu, c’est la foi, et la foi est une vertu obscure. »
Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus
11
L’oraison, c’est se tenir en présence de Dieu, en maintenant le contact par des actes de foi répétés.
Nous dépasserons toujours les distractions, les impressions de sécheresse par des petits actes de foi,
des petits regards d’amour vers Dieu.
La foi nous fait plonger en Dieu et l’on ne plonge pas en Dieu sans en retirer quelque chose :
Dieu dans l’oraison nous transforme… Tout contact avec Dieu est fécond. Nous ne sentons pas, il ne
se passe apparemment rien et cependant Dieu m’enrichit de sa vie surnaturelle, de sa vie d’Amour,
de charité.
Dans l’oraison, Dieu imprime au plus profond de mon être la ressemblance avec son Fils Jésus-Christ.
Il me fait véritablement son enfant !
3. L’oraison rencontre de deux amours
L’oraison est la rencontre de deux amours : l’amour de Dieu pour l’homme et l’amour de l’homme
pour Dieu.
Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) numéro 2560 : « « Si tu savais le don de Dieu ! » (Jean
4, 10, rencontre de Jésus avec la Samaritaine). La merveille de la prière se révèle justement là,
au bord des puits où nous venons chercher notre eau : là, le Christ vient à la rencontre de tout
être humain, il est le premier à nous chercher et c’est lui qui demande à boire. Jésus a soif, sa
demande vient des profondeurs de Dieu qui nous désire. La prière, que nous le sachions ou
non, est la rencontre de la soif de Dieu et de la nôtre. Dieu a soif que nous ayons soif de
Lui.10 »
3. 1. Dieu nous attend à l'oraison
Oui, Dieu nous attend à l’oraison. Nous pouvons penser que c’est nous qui allons à l’oraison, mais
Dieu frappe depuis toujours à la porte de notre cœur. Il attend, humblement, dans le respect infini
de notre liberté, que nous lui ouvrions la porte.
« Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai
chez lui et je prendrai la cène (le repas) avec lui et lui avec moi. » (Apocalypse 3, 20)
"Je voudrais, cher ami, qu'en allant à l'oraison vous ayez toujours la forte conviction d'être
attendu : attendu par le Père, par le Fils et par l'Esprit Saint, attendu dans la Famille trinitaire. Où
votre place est prête : rappelez-vous, en effet, ce que le Christ a dit : "Je vais vous préparer une
place."11 Vous m'objecterez peut-être qu'il parlait du ciel. C'est vrai. Mais l'oraison, justement,
c'est le ciel, du moins ce qui en est la réalité essentielle : la présence de Dieu, l'amour de Dieu,
l'accueil de Dieu à son enfant.
Le Seigneur toujours nous attend.
10
La dernière phrase cite saint Augustin, quæst. 64, 4.
11
Jean 14, 2, lors de la soirée du Jeudi Saint, avant que Jésus ne dise : « Je suis le chemin et la vérité et la vie »
(Jean 14, 6)
12
Mieux : à peine avons-nous fait quelques pas que, déjà, il vient à notre rencontre. Souvenez-vous
de la parabole : "Comme il était encore loin, son père l'aperçut, fut touché de compassion, courut
se jeter à son cou et l'embrassa longuement."12 Et pourtant ce fils avait gravement offensé son
père. Il n'empêche qu'il était attendu impatiemment."
Père Henri Caffarel13
3. 2. Etablir une relation personnelle "je - Tu" avec Dieu
C’est le point-clé, c’est l’entrée en relation avec Dieu, généralement avec Jésus qui est le médiateur,
par la foi, en osant parler à Dieu, à Jésus, en lui disant « tu », comme s’il était là… et il est là, présent
au plus profond de nous, n’attendant que ce moment de notre entrée en relation avec lui.
"Dès le début de l'oraison, je vous invite à entrer en relation personnelle avec le Christ.
Il vous est sûrement arrivé, au cours d'une rencontre avec un ami, de constater que ni lui ni vous
n'étiez attentifs l'un à l'autre, au moi profond de l'autre.
A l'inverse, en d'autres circonstances, vous avez certainement fait l'expérience d'une relation en
profondeur : une communication vraie entre le moi profond de l'un et le moi profond de l'autre
s'établissait, même si les propos étaient banals, même si marchant côte à côte vous gardiez le
silence.
Cette relation profonde, je l'appelle relation ‘Je – Tu’. C'est l'essence de l'oraison. Elle est
présence à Jésus Christ présent à moi. Je dis Jésus Christ plutôt que Dieu, parce que c'est par lui et
en lui que Dieu entre en rapport avec nous et nous avec lui.
C'est tout autre chose que de seulement penser au Christ (il a fait ceci ; il a fait cela ; il est bon ; il
est tout puissant...). Cette relation Je - il – qui n'est pas à proprement parler une relation – est celle
de l'homme qui étudie, non celle de l'homme qui prie.
Souvent, il faut peiner pour actualiser cette relation Je - Tu avec le Christ : nous n'arrivons pas à
nous tourner vers lui, à établir le contact. Il faut nous arracher à tout ce dans quoi nous sommes
immergés, englués, et c'est difficile.
Et pourtant cette relation Je - Tu est en nous depuis le baptême, mais enfouie. Il s'agit de
l'éveiller, de la dégager, de l'approfondir.
Vous y parviendrez, peu à peu, en prenant le pli de vous adresser au Christ directement, dès le
début de l'oraison : "Seigneur, je le sais, tu m'attends et tu m'entends ; tu me regardes avec un
ardent amour", "Je suis sûr que tu te réjouis de ma venue", "Je crois que tu me veux heureux au
cours de cette rencontre...", "Fais-moi comprendre ce que tu en attends..."
L'oraison sera alors relation vivante avec le Christ."
Père Henri Caffarel14
12
Parabole du fils prodigue (Luc 15, 11-32)
Père Henri Caffarel, « Présence à Dieu - Cent lettres sur la prière », Parole et Silence, 2000, pages 9 et 10
14
Père Henri Caffarel, "L'oraison. Jalons sur la route : anthologie", Parole et Silence, 2006, pages 21 à 23
13
13
Comment établir ou aller peu à peu vers cette relation « je – Tu » avec Dieu ?
Il ne faut pas hésiter à parler à Dieu, en toute simplicité. La foi nous affirme que, quand nous Lui
parlons, Il nous entend, Il est là. Les auteurs des psaumes n’hésitent pas à nommer Dieu, à crier vers
lui, à le supplier.
« Nommer Dieu, c’est le seuil de la prière, c’est le chercher, c’est vouloir le rencontrer, c’est
l’accueillir dans la foi, l’amour », nous disait le Père François Rétoré à Vénasque. Dire avec foi le
psaume 62 (63) 2-9, peut être une porte d’entrée vers la prière et l’oraison, en se mettant en
présence de Dieu, en le cherchant :
« Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma
chair, terre aride, altérée, sans eau.
Je t'ai contemplé au sanctuaire, j'ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres !
Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.
Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler.
Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l'ombre de tes ailes.
Mon âme s'attache à toi, ta main droite me soutient. »
Le Père Rétoré continuait ainsi :
« Nous pouvons dire « Mon Dieu », pour que notre prière soit plus personnelle. Il répond avec
« Mon enfant ».
Nous apprenons à lui parler, à dialoguer avec lui. Il nous écoute. Il nous faut aussi une attitude
d’écoute. Dieu parle le langage silencieux. Il nous faut être totalement disponible pour
l’entendre. C’est un silence totalement habité de sa présence. Il a quelque chose à me donner :
son amour.
Je vais finir par le regarder. Mon oraison va déboucher sur ce simple regard. Je vais désirer le
rencontrer de plus en plus profondément. Dieu creuse ma soif de le rencontrer et l’apaise.
L’oraison est le prélude d’un face à face.
Je sais que Dieu est déjà à l’œuvre. Ce qu’il fait est le plus important. L’aimer et me laisser
aimer par lui.
Soyons assez disponible et ouvert pour qu’il puisse agir comme il veut. »15
Nous pouvons faire confiance à Dieu de manière absolue ; ne nous préoccupons pas de ce que nous
faisons ou ressentons. La certitude absolue est la suivante : Dieu est là et Il nous aime, quelle que soit
la manière dont se déroule l'oraison. Dieu nous transforme, Dieu se donne à nous dans l’oraison,
pour que la vie divine soit de plus en plus présente en nous, pour que nous devenions de plus en plus
ses enfants et Lui-même.
Saint Irénée disait : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».
Paul pouvait dire : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Galates 2, 20), avonsnous rappelé. Nous sommes tous appelés à vivre avec le Christ de plus en plus présent et agissant en
nous.
15
Père François Rétoré, notes prises pendant la conférence introductive, retraite pour tous « Croyez en Dieu,
croyez aussi en moi », Centre spirituel de Notre-Dame de Vie, Vénasque, 19 mars 1993
14
C'est pour cela que les maîtres de la prière insistent sur la fidélité quotidienne à l'oraison. Vouloir
aimer Dieu, c'est Lui donner du temps chaque jour, de la même manière que vouloir aimer sa
femme ou son mari, c'est lui donner du temps chaque jour.
3. 3. Aimer et me laisser aimer dans l’oraison, tout est là !
"Dans l'oraison, ce qui compte ce n'est pas de penser beaucoup mais d'aimer beaucoup."
Sainte Thérèse d'Avila
"L'oraison ne consiste pas à beaucoup prier, mais à beaucoup aimer".
Saint Jean de la Croix
"Dieu n'a point besoin de nos œuvres, mais seulement de notre amour".
Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, Manuscrit B, 1 verso (1 v°)
"Ce qui compte dans l'oraison, ce n'est pas tant ce que nous faisons que ce que Dieu fait en nous
pendant ce temps."
Père Jacques PHILIPPE16
Nous essayons d'aimer Dieu dans l'oraison. Aimer Dieu dans l’oraison, c’est Lui donner ce temps
gratuit. Il est là, Il est présent et Il nous aime. Aimer Dieu, c'est donc d’abord se laisser aimer par
Dieu, Le regarder avec l’œil de la foi et se placer en toute simplicité sous son regard d’amour.
Cela peut faire penser à la béatitude : « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à
eux. » (Matthieu 5, 3). Quand l’homme attend tout de Dieu, comme un enfant attend tout de son
père, notre Père du Ciel intervient et donne, se donne à l’homme. Nous pouvons aussi penser à
l’autre béatitude : « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. » (Matthieu 5, 8).
"Se laisser aimer par lui suppose qu'on accepte de ne rien faire, de n'être rien. Notre premier
travail dans l'oraison, c'est cela : non pas penser, offrir, faire des choses pour Dieu, mais nous
laisser aimer par lui comme des tout-petits. Laisser à Dieu la joie de nous aimer... "En ceci consiste
l'amour, nous dit saint Jean, ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c'est lui qui nous a aimés en
premier." (1 Jean 4, 10) A l'égard de Dieu, le premier acte d'amour, et ce qui doit rester à la base
de tout acte d'amour, c'est cela : croire que nous sommes aimés, nous laisser aimer."
Père Jacques PHILIPPE17
Aimer Dieu, c’est bien sûr aussi être fidèle à ses commandements :
« Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il
vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. »
(Jean 14, 15-17)
« Celui qui a mes commandements et qui les observe, celui-là m’aime : or celui qui m’aime sera
aimé de mon Père et à mon tour, moi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. » (Jean 14, 21)
Oui, le Seigneur est le Vivant et Il se manifeste à nous, quand Il le veut.
16
17
Père Jacques PHILIPPE, "Du temps pour Dieu", Editions des Béatitudes, 1992, page 56
Père Jacques PHILIPPE, "Du temps pour Dieu", Editions des Béatitudes, 1992, pages 60 et 61
15
Nous irons plus loin sur ce point vital de la cohérence entre notre vie de prière et notre vie
quotidienne, avec l’enseignement de la sixième soirée : « L’amour de Dieu dans l’oraison conduit à
l’amour des frères ». Le Christ nous prévient : « Il ne suffit pas de me dire : « Seigneur, Seigneur ! »
pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faire faire la volonté de mon Père qui est aux cieux »
(Matthieu 7, 21). Il ne suffit donc pas de prier mais il faut mettre en pratique et « vivre » l’Evangile.
« Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1 Jean 4,
16). Notre cardinal Philippe Barbarin disait le 12 novembre 2004 à l’école d’oraison à la cathédrale
Saint-Jean-Baptiste : « On n'a jamais réveillé l'Eglise qu'avec l'Evangile. ».
Conclusion
Maintenant que nous savons un peu mieux qui nous sommes et comment nous prions, nous pouvons
tenter l’aventure de l’oraison en toute confiance. Nous savons quelle est la part que nous avons à
faire : donner ce temps à Dieu et Lui faire confiance de façon absolue, en nous rappelant que c’est
Lui qui fait tout ensuite !
« Retenons que Dieu a toujours la porte ouverte
pour nous laisser entrer en lui par la prière.
Dieu est un feu consumant,
une fontaine toujours jaillissante,
il ne dépend que de nous, par un acte de foi,
par un acte d’amour,
de prendre contact avec lui,
de nous vivifier nous-même,
de nous enrichir surnaturellement.
Même dans l’état de fatigue, pourvu que cette vertu de foi qui est en moi cherche Dieu, dise sa foi
et son amour à Dieu, ma prière sera efficace.
La prière est toujours possible... Il est toujours possible de fixer sur le Maître un simple regard de
foi et de se tenir en sa présence. »
Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus
Nous sommes invités à faire confiance à Dieu qui nous aime de façon infinie, et à lui demander avec
foi, en toute simplicité et en toute humilité, de nous apprendre à faire oraison, de transformer peu à
peu nos cœurs de pierre en cœurs de chair, en nous basant sur ce que Jésus nous dit dans
l’Evangile ou sur ce qui est écrit dans d’autres livres du Nouveau Testament.
Voici quelques versets qui peuvent nous guider et nous aider :
« Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera
ouverte. Celui qui demande, reçoit ; celui qui cherche, trouve ; et pour celui qui frappe, la porte
s’ouvrira. » (Matthieu 7, 7-8).
16
Nous pouvons tout demander au Père et en particulier une foi plus grande ; nous
pouvons demander au Fils une foi qui nous conduit à oser Lui parler. Nous
pouvons Lui demander la grâce de l’oraison.
« Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien
plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit à ceux qui le lui demandent ! » (Luc 11, 13)
Pensons à demander l’Esprit Saint au Père, l’Esprit d’amour, qui vient en aide dans
toutes circonstances et qui intercède pour nous par des gémissements
inexprimables dans la prière (Paul, lettre aux Romains 8, 26)
« Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et
nous établirons en lui notre demeure. » (Jean 14, 23)
Observer la Parole de Dieu, c’est vivre l’Evangile.
Prière collective finale que nous avons prononcée tous ensemble
Nous voulons apprendre à faire oraison ou à approfondir notre cœur à cœur avec Notre Seigneur.
Jésus, dans l’Evangile de Matthieu, nous recommande d’oser demander au Père ce dont nous avons
besoin, quand il nous dit solennellement :
« Je vous le déclare encore, si deux d'entre vous, sur la terre, se mettent d'accord pour
demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Car, là où
deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. » (Matthieu 18, 19-20,
traduction TOB)
Nous avons adressé au Père, tous ensemble18, la prière suivante :
« Père, nous sommes réunis pour cette soirée d’oraison, pour apprendre à faire oraison ou à
approfondir notre oraison, notre cœur à cœur avec toi et ton Fils Jésus. Nous te demandons
tous ensemble de nous donner l’oraison, de nous donner l’Esprit Saint, pour que ce soit Lui qui
prie en nous, qui nous apprenne à prier, à faire oraison.
Nous te confions cette école d’oraison, tous ses participants et ses intervenants.
Oui, Père, nous te le demandons au nom de Jésus présent au milieu de nous. »
Nous pourrons répéter cette prière de demande, seul ou à plusieurs, en couple, en équipe NotreDame, en groupe de prière… pour demander l’oraison, confiants dans l’amour infini du Père pour
chacun et chacune de nous.
18
« Pourquoi les prières faites en unité atteignent-elles davantage le Père ?... Où réside le secret de
l'efficacité de cette prière ? Jésus lui-même nous le dit. Il est tout entier dans cette expression : «
réunis en mon nom ». Lorsque l'on est ainsi unis entre nous, Jésus est présent parmi nous et, avec lui,
il est plus facile d'obtenir tout ce que l'on demande. En étant présent là où l'amour réciproque unit
les cœurs, c'est lui-même qui demande avec nous les grâces au Père. Peut-on imaginer que le Père
n'écoute pas Jésus ? Le Père et le Fils ne sont qu'un.
Cela ne te semble-t-il pas merveilleux ? Cette parole de Jésus ne donne-t-elle pas certitude et
confiance ? »
Extrait de la Parole de Vie du mouvement des Focolari, juillet 2014, Matthieu 18, 19-20, http://parolede-vie.fr/wp-content/uploads/2014/06/pdv-juillet-2014.pdf
17
Exemple de méditation d’Evangile en introduction à l’oraison
Voici un passage d’Evangile commenté brièvement qui peut introduire un temps d’oraison.
Matthieu 6, 6-8 : Prier dans le secret
" Pour toi, quand tu veux prier, entre dans la chambre la plus retirée, verrouille ta porte, et adresse
ta prière à ton Père qui est là dans le secret. Et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
Quand vous priez, ne rabâcher pas comme les païens ; ils s'imaginent que c’est à force de paroles
qu’ils se feront exaucer. Ne leur ressemblez donc pas, car votre Père sait ce dont vous avez besoin,
avant que vous le lui demandiez."
Méditation d’introduction à l’oraison silencieuse (qui dépend de la sensibilité de chacun de nous)
Jésus, tu m’invites à te rejoindre par la prière. Je me prépare à te rencontrer dans ma « chambre »,
dans le secret de mon cœur. Je me retire au plus profond de moi, dans le « lieu secret » où je te
rencontre et où tu me conduis au Père.
Tu me dis que peu de paroles suffisent pour m’approcher de toi. Jésus, tu me comprends à demi-mot,
toi qui me connais de l’intérieur mieux que moi-même.
Viens, Seigneur Jésus, viens habiter mon cœur. Ecoute ma prière et approche-moi de toi…. O Jésus,
attire-moi en ta présence, garde-moi maintenant dans le silence de ton amour…
Nous pouvons continuer ou ne plus parler et passer en oraison silencieuse, quand nous
sentons que le Seigneur est là, que nous sommes en Sa Présence, que le plus important est
alors de rester en Sa Présence, dans la foi, sans parler, en renouvelant l’acte de foi autant de
fois que nécessaire. C’est dans le silence que le Seigneur peut le plus agir en nous et nous
transformer.
« Le don de soi provoque la Miséricorde divine ; l’humilité augmente la capacité
réceptive de l’âme ; le silence assure à l’action de Dieu toute son efficacité. »
Père Marie-Eugène de l’Enfant Jésus19
Le Seigneur peut intervenir et saisir notre esprit, nous introduire en Lui, nous faire entrer en
contemplation. Notre imagination peut venir aussi troubler notre oraison et nous emmener
très loin. Quand nous nous en rendons compte, tranquillement, nous refaisons un ou plusieurs
actes de foi dans la présence du Seigneur et nous continuons ainsi, dans la confiance… Dans la
foi, de façon certaine, nous sommes en présence de Dieu.
19
Père Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, « Je veux voir Dieu », chapitre « Le silence », Editions du Carmel,
1988 », page 362.
18
Annexe : Comment Jésus priait-t-il ?
La prière de Jésus selon le Catéchisme de l’Eglise Catholique
La quatrième partie du Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC), intitulée « La prière chrétienne », est
merveilleuse et nous vous la recommandons20. Le paragraphe 2650 précise :
« La prière ne se réduit pas au jaillissement spontané d’une impulsion intérieure : pour prier, il faut
le vouloir. Il ne suffit pas non de savoir ce que les Ecritures révèlent sur la prière : il faut aussi
apprendre à prier. Or, c’est par une transmission vivante (la sainte Tradition) que l’Esprit Saint,
dans " l’Église croyante et priante "21, apprend à prier aux enfants de Dieu. »
Jésus a prié de multiples façons et voici une belle description de la prière du Christ :
CEC numéro 2600 : "L’Evangile selon saint Luc souligne l’action de l’Esprit Saint et le sens de la prière
dans le ministère du Christ. Jésus prie avant les moments décisifs de sa mission : avant que le Père
témoigne de lui lors de son Baptême (cf. Luc 3, 21) et de sa Transfiguration (cf. Luc 9, 28), et avant
d’accomplir par sa passion le dessein d’amour du Père (cf. Luc 22, 41-44). Il prie aussi avant les
moments décisifs qui vont engager la mission de ses apôtres : avant de choisir et d’appeler les Douze
(cf. Luc 6, 12), avant que Pierre Le confesse comme " Christ de Dieu " (cf. Luc 9, 18-20) et afin que la
foi du chef des apôtres ne défaille pas dans la tentation (cf. Luc 22, 32). La prière de Jésus avant les
événements du salut que le Père Lui demande d’accomplir est une remise, humble et confiante, de
sa volonté humaine à la volonté aimante du Père."
CEC numéro 2601 : « « Un jour, quelque part, Jésus priait. Quand Il eut fini, un de ses disciples lui
demanda : Seigneur, apprends-nous à prier. » (Luc 11, 1). N’est-ce pas d’abord en contemplant son
Maître prier que le disciple du Christ désire prier ? Il peut alors l’apprendre du Maître de la prière.
C’est en contemplant et en écoutant le Fils que les enfants apprennent à prier le Père. »
CEC numéro 2602 : « Jésus se retire souvent à l’écart, dans la solitude, sur la montagne, de
préférence de nuit, pour prier (cf. Marc 1, 35 ; 6, 46 ; Luc 5, 16). Il porte les hommes dans sa prière,
puisque aussi bien Il assume l’humanité en son Incarnation, et Il les offre au Père en S’offrant luimême. Lui, le Verbe qui a "assumé la chair", participe dans sa prière humaine à tout ce que vivent ses
frères (He = Lettre de Paul aux Hébreux 2, 12) ; Il compatit à leurs faiblesses pour les en délivrer (cf.
He 2, 15 ; 4, 15). C’est pour cela que le Père L’a envoyé. Ses paroles et ses œuvres apparaissent alors
comme la manifestation visible de sa prière " dans le secret ". »
CEC numéro 2603 : « Du Christ, durant son ministère, les évangélistes ont retenu deux prières plus
explicites. Or elles commencent chacune par l’action de grâces. Dans la première (cf. Matthieu 11,
25-27 et Luc 10, 21-23), Jésus confesse le Père, le reconnaît et le bénit parce qu’Il a caché les
mystères du Royaume à ceux qui se croient doctes et l’a révélé aux "tout-petits" (les pauvres des
Béatitudes). Son tressaillement "Oui, Père !" exprime le fond de son cœur, son adhésion au "bon
plaisir" du Père, en écho au "Fiat" (= oui, qu’il soit fait ainsi) de sa Mère lors de sa conception et en
prélude à celui qu’Il dira au Père dans son agonie. Toute la prière de Jésus est dans cette adhésion
aimante de son cœur d’homme au "mystère de la volonté" du Père (Epître aux Ephésiens 1, 9). »
20
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique est disponible sur le site Internet du Vatican à l’adresse :
http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_INDEX.HTM
21
Constitution dogmatique sur la Révélation Divine « Dei Verbum » 8, Concile Vatican II,
http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19651118_deiverbum_fr.html )
19
CEC numéro 2604 : « La seconde prière est rapportée par saint Jean (cf. Jean 11, 41-42) avant la
résurrection de Lazare. L’action de grâces précède l’événement : « Père, je Te rends grâces de
M’avoir exaucé », ce qui implique que le Père écoute toujours sa demande ; et Jésus ajoute aussitôt :
« Je savais bien que Tu M’exauces toujours », ce qui implique que, de son côté, Jésus demande d’une
façon constante. Ainsi, portée par l’action de grâces, la prière de Jésus nous révèle comment
demander : avant que le don soit donné, Jésus adhère à Celui qui donne et Se donne dans ses dons.
Le Donateur est plus précieux que le don accordé, Il est le " Trésor ", et c’est en Lui qu’est le cœur de
son Fils ; le don est donné " par surcroît " (cf. Matthieu 6, 21. 33)."
CEC numéro 2605 : Quand l’heure est venue où il accomplit le Dessein d’amour du Père, Jésus laisse
entrevoir la profondeur insondable de sa prière filiale, non seulement avant de se livrer librement
(« Abba… non pas ma volonté, mais la tienne » : Luc 22, 42), mais jusque dans ses dernières paroles
sur la Croix, là où prier et se donner ne font qu’un : « Mon Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce
qu’ils font » (Luc 23, 34) ; « En vérité, je te le dis, dès aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis »
(Luc 24, 43) ; « Femme, voici ton fils » - « Voici ta mère » (Jean 19, 26-27) ; « J’ai soif ! » (Jean 19, 28) ;
« Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Marc 15, 34) ; cf. Psaume 22, 2) ; « Tout est achevé »
(Jean 19, 30) : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23,46), jusqu’à ce « grand cri » où il
expire en livrant l’esprit (cf. Marc 15, 37 ; Jean 19, 30b).
CEC numéro 2606 : " Toutes les détresses de l’humanité de tous les temps, esclave du péché et de la
mort, toutes les demandes et les intercessions de l’histoire du salut sont recueillies dans ce Cri (au
moment où Jésus expire) du Verbe incarné. Voici que le Père les accueille et, au-delà de toute
espérance, les exauce en ressuscitant son Fils. Ainsi s’accomplit et se consomme le drame de la
prière dans l’économie de la création et du salut. Le Psautier nous en livre la clef dans le Christ. C’est
dans l’Aujourd’hui de la Résurrection que le Père dit : " Tu es mon Fils, Moi, aujourd’hui Je T’ai
engendré. Demande, et Je Te donne les nations pour héritage, pour domaine les extrémités de la
terre ! " (Psaume 2, 7-8 ; cf. Actes des Apôtres 13, 33).
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