Formes familiales des cancers de l`appareil urogénital
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Formes familiales des cancers de l`appareil urogénital
ARTICLE DE REVUE Progrès en Urologie (1996), 6, 343-355 Formes familiales des cancers de l’appareil urogénital : Aspects cliniques et génétiques Georges FOURNIER (1), Antoine VALERI (1), Olivier CUSSENOT (1) Service d’Urologie, Hôpital Morvan, Brest, RESUME Les formes familiales des cancers du rein, de la voie excrétrice et du testicule sont rares (1 à 2%), contrairement au cancer de la prostate (20%). Au sein de ces cancers familiaux, les formes héréditaires en rapport avec une anomalie génétique transmise à la descendance sont actuellement mieux connues et ont un intérêt particulier pour le clinicien. Leur diagnostic peut modifier les modalités de traitement du patient atteint compte tenu de la multifocalité des tumeurs au sein du même organe et/ou de la bilatéralité fréquente en cas d’organes pairs. Le risque de transmission du gène délétère à la descendance conduit à une information et une surveillance étroite des apparentés pour un diagnostic précoce et un meilleur pronostic. Lorsque le gène de prédisposition est connu, il est possible de cibler la surveillance uniquement sur les sujets porteurs du gène délétère compte tenu du risque accru de cancer par rapport à la population générale: c’est le cas pour le cancer du rein au cours de la maladie de Von Hippel Lindau, le néphroblastome et les exceptionnelles tumeurs de la voie excrétrice dans le syndrome de Lynch. Pour le cancer de la prostate, le plus fréquent, où les formes héréditaires représenteraient 9% des cas, le gène prédisposant n’est pas identifié et doit conduire actuellement à proposer un dépistage chez tous les hommes de la famille à partir de 40 ans compte tenu de l’âge plus précoce de survenue. Mots-clés : Cancer uro-génital, hérédité, génétique, dépistage, conseil génétique. Progrès en Urologie (1996), 6, 343-355. Les formes familiales représentent 5 à 10% des cancers en général [27] et 1 à 2% des cancers de l’appareil urinaire et génital masculin, cancer de la prostate exclu. Pour ce dernier, les formes familiales sont estimées à 20% des cas et 5 à 10% seraient héréditaires, comme pour les cancers du sein et du côlon [13]. (2) Service (2) d’Urologie, Hôpital Saint-Louis, Paris d’un (ou de plusieurs) gène(s) transmissibles au cours des générations, et les formes familiales non héréditaires qui peuvent être la conséquence de l’exposition de la famille à un carcinogène extérieur ou le fait du hasard (*). Le diagnostic des formes héréditaires peut être suspecté par l’enquête généalogique et les caractéristiques propres des tumeurs. En effet ces cancers ont en commun un âge de survenue généralement plus précoce que les formes sporadiques et/ou des localisations multiples primitives (multifocalité des tumeurs au sein du même organe, ou coexistence de tumeurs d’organes différents) [7, 27, 47]. Le support génétique de ces formes héréditaires a été proposé initialement par K NUDSON [48, 49] (Figure 1). La reconnaissance de ces formes héréditaires par le clinicien est essentielle car elle a des conséquences pratiques pour la prise en charge du patient atteint et de ses apparentés: • Pour le patient le traitement du cancer peut être différent des formes sporadiques du fait de la bilatéralité fréquente en cas d’organes pairs. • Pour la famille la surveillance des apparentés est nécessaire afin de détecter précocément les cancers et ainsi améliorer le pronostic. Dans les cancers où l’anomalie d’un chromosome (anomalie du caryotype) ou d’un gène spécifique est déjà identifiée il est possible de distinguer dans la famille les membres porteurs de l’anomalie qui bénéficieront du dépistage de ceux, indemnes dont le risque de cancer n’est pas supérieur à celui de la population générale. Ces notions ont conduit au concept de conseil génétique en cancérologie(*). Ce diagnostic génétique (et «prédictif») est déjà possible pour les cancers du côlon, du sein et de la thyroïde [18, 39]. Cette revue concernant les formes familiales des can(*) Pour les lecteurs pour lesquels la tcrminologie génétique n’est pas familière, un glossaire a été inclus à la suite du texte. Les termes explicités dans ce glossaire sont indiqués dans le texte par un astérisque (*). Manuscrit reçu le 2 janvier 1996, accepté : février 1996. Au sein des formes familiales de cancers, on distingue les formes héréditaires en rapport avec une anomalie Adresse pour correspondance : Dr. G. Fournier, Service d’Urologie, Hôpital de la Cavale Blanche, Brest Cedex. 343 de 1/36000 naissances, prévalence de 1/53000 habitants et 700 cas publiés [56, 73, 97] Il s’agit d’une maladie à transmission autosomique dominante (*), à forte pénétrance (*) (Tableau 1), pour laquelle un seul gène est en cause, situé sur le bras court du chromosome 3 (3p25-26) (*) (voir locus chromosomique) [35, 43, 55, 56, 104] (Tableau 1). La protéine correspondante de siège membranaire est impliquée dans la transduction du signal cellulaire et l’adhésion inter-cellulaire [56, 97]. La variété des lésions possibles pourrait être expliquée par des altérations du gène de prédisposition (*) en des sites variables [55]. Aspects cliniques Figure 1. Modèle de carcinogénèse développé initialement par KNUDSON dans le rétinoblastome [48, 49]. Ce modèle, confirmé par de nombreux travaux, suggère l’existence d’altérations génétiques similaires dans les formes sporadiques et familiales de cancers [7, 48, 49]. A la différence des formes sporadiques, les patients atteints de formes héréditaires ont une anomalie génétique constitutionnelle présente à la naissance et ont déjà franchi la première étape de la carcinogénèse. Un second modèle, différent de celui de KNUDSON, suppose l’existence préalable d’une altération moléculaire héritée, rendant la cel lule sensible à des évènements oncogéniques successifs : théo rie du «phénotype mutateur» [63]. cers urogénitaux a pour objectifs d’exposer par organe les caractéristiques cliniques et génétiques de ces tumeurs et de préciser les modalités de prise en charge des patients et de leurs apparentés au sein de ces familles. Les références bibliographiques de cette revue ont été obt enues à partir des données i nformatisées du «Medline» (de janvier 1983 à septembre 1995) à partir des items «urogenital neoplasms», « familial» et «hereditary». Ont été exclus les articles de recherche expérimentale animale. Lorsqu’une étude de revue récente des cas publiés pour un organe donné était disponible dans la littérature, nous n’avons pas recherché tous les cas publiés antérieurement. CANCER DU REIN On distingue 2 types de cancers du rein familiaux chez l’adulte : le cancer du rein dans le cadre de la maladie de Von Hippel-Lindau qui est le plus fréquent, et le cancer du rein «commun»(*), qui n’est rattaché à aucun syndrome particulier. Enfin, chez l’enfant, environ 1% des tumeurs de Wilms (néphroblastome) sont des formes familiales [6]. Maladie de Von Lippel-Lindau (VHL) Aspects génétiques Cette phacomatose héréditaire est très rare : incidence Parmi les 25 lésions décrites dans la maladie de VHL, le cancer du rein est au troisième rang et chaque type de tumeur a un âge spécifique de début (Tableau 2). Un patient peut présenter successivement plusieurs localisations, par exemple une tumeur oculaire à 20 ans, une tumeur cérébrale à 30 ans, et un cancer du rein à 40 ans [55]. Sa forme histologique est celle habituellement rencontrée dans les formes sporadiques (adénocarcinome à cellules claires) [92, 97] et la fréquence des métastases n’est pas différente malgré un plus faible grade nucléaire et une évolution longtemps locale [46,75]. Les patients atteints de VHL vivent en moyenne jusqu’à 50 ans [37, 56]. Le pronostic de la maladie a été amélioré par la réduction de la mortalité due aux hémangioblastomes cérébelleux. Il dépend actuellement de l’évolution du cancer du rein dont la survenue est plus tardive dans l’histoire de la maladie [19, 97]. Le diagnostic de cancer du rein est effectué dans deux circonstances : • 1er cas : La maladie est connue et le cancer du rein souvent asymptomatique est alors découvert par l’imagerie au cours de la surveillance des membres de la famille. Néanmoins l’imagerie est d’interprétation difficile en cas de lésions infracentimétriques (non détectées par la tomodensitométrie ou l’IRM), ou quand il existe de multiples kystes rénaux, ou encore lorsque les tumeurs sont situées dans la paroi même des kystes [83, 92]. Des lésions dysplasiques siégeant dans la paroi des kystes pourraient alors expliquer le développement de telles tumeurs [16, 92, 97]. Dans la série de POSTON [92], la fréquence des cancers du rein développés dans des kystes est de 21% (examen anatomopathologique de 116 lésions kystiques obtenues à partir de pièces de néphrectomie pour cancer du rein en cas de VHL). • 2ème cas : Quand la maladie n’est pas connue, c’est la tumeur du rein qui est au premier plan. Certaines caractéristiques de la tumeur, propres aux cancers à prédisposition génétique sont évocatrices: âge de survenue plus précoce, lésions fréquemment multifocales et bilatérales, synchrones ou différées, parfois très tar- 344 Tableau 1. Aspects génétiques des cancers du rein familiaux [11, 35, 38, 42, 43, 50, 78, 97, 98, 102, 103, 108, 119]. Type de cancer Mode de transmission Pénétrance Gène(s) impliqué(s) Dépistage génétique Autosomique dominant 70% à 60 ans VHL (3p 25-26) Oui Cancer du rein V.H.L. Cancer du rein commun Autosomique NP NP (Tumeurs non papillaires) dominant? --------------- -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Cancer du rein commun (Tumeurs tubulo-papillaires) Autosomique NP NP dominant? Non Tumeurs de Wilms Oui Autosomique dominant variable WT1 (11p13) WT2 (11p15) WT3? Non NP : non précisé. VHL : maladie de Von Hippel-Lindau. Tableau 2. Types de lésions en cas de maladie de Von HippelLindau [34, 46, 55, 74, 97, 98]. Atteinte Fréquence (%) Angiomatose rétinienne Tableau 3. Comparaison des caractéristiques des tumeurs du rein dans la maladie de Von Hippel-Lindau et dans les formes sporadiques [15, 20, 23, 46, 55, 81]. Age moyen de survenue (années) > 55 25 Hémangioblastome cérébelleux 35 - 55 29 Cancer du rein 25 - 30 39 - 44 Kystes rénaux 25 44 Phéochromocytome 10 à 20 27 Hémangioblastome médullaire 10 à 15 30 Kystes pancréatiques 10 à 15 37 Age au diagnostic Bilatéralité divement (jusqu’à 14 ans après la première localisation) [20] (Tableau 3). L’enquête familiale et la recherche d’autres localisations de la maladie permettront dans la majorité des cas de reconnaître la maladie de VHL. En l’absence d’antécédents familiaux, c’est l’existence d’au moins une localisation supplémentaire de la maladie chez le patient qui permet le diagnostic [97]. L’absence d’antécédents familiaux chez des sujets atteints de la maladie de VHL peut être expliquée, en dehors des cas de fausse paternité, par l’existence d’une mutation « de novo », absente dans le génome parental [55]. Implications pratiques Patient En l’absence de métastases, le traitement chirurgical des tumeurs rénales, en majorité bilatérales et multifocales, est controversé. Certains auteurs ont proposé une attitude radicale d’emblée par binéphrectomie en cas de Multifocalité Von Hippel-Lindau Forme sporadique 39 ± 10 ans 61 ans 60 - 75% 1 - 2% > 60% 7 - 20% tumeurs bilatérales compte tenu du caractère inévitablement récidivant de la maladie en rapport avec la prédisposition génétique et du risque d’apparition de métastases en cas de tumeur résiduelle [28]. D’autres prônent une chirurgie conservatrice (néphrectomie partielle ou tumorectomies multiples) avec surveillance étroite du parenchyme rénal restant, en dehors des cas où le caractère diffus et bilatéral des lésions impose une néphrectomie bilatérale de nécessité [64, 85, 90]. Les arguments avancés par les défenseurs de cette attitude sont en rapport avec l es caract éristiques de ces tumeurs : facilité d’énucléation, bas grade et stade précoce, rareté des métastases au cours du suivi des patients avec un recul variable selon les séries (6 mois à 8 ans pour les 13 patients des 3 séries de LOUGHLIN [64], PEARSON [90] et LEVINE [61], détérioration de la qualité de vie des patients anéphriques en dialyse et risque carcinogène d’un traitement immunosuppresseur prolongé en cas de transplantation rénale secondaire [46]. En réalité, le suivi à long terme de 9 patients dans la série de N OVICK (61 à 120 mois, 86 mois en moyenne) montre que si un des patients est vivant sans récidive à 74 mois, un autre est mort de métastases à 43 mois, et les 7 patients restants ont présenté une récidive sur le rein restant [85].Ces résultats ainsi que l’expérience rapportée récemment par la même équipe à propos de 5 patients transplantés avec un recul de 7 à 66 mois (4 patients vivants avec un greffon rénal fonctionnel sans récidives) [110], ne permettent pas de pro345 Tableau 4. Maladie de Von Hippel-Lindau : modalités de surveillance des patients et des apparentés [97]. Lésion Dépistage Début Périodicité des examens Patients Apparentés Angiomatose rétinienne FO* 5 ans biannuel annuel Hémangioblastome sous-tentoriel IRM 10 ans 1-3 ans 3-5 ans Hémangioblastome médullaire IRM 10 ans 1-3 ans 3-5 ans Echo/TDM 15 ans biannuel annuel Phéochromocytome Métanéphrines/TDM** 5 ans annuel annuel Kystes pancréatiques Echo/TDM 15 ans annuel annuel Cancer du rein FO : fond d’oeil, IRM : imagerie par résonance magnétique, TDM : tomodensitométrie * : angiographie si doute, ** : scintigraphie au M.I.B.G. en cas de suspicion. poser une attitude univoque qui doit prendre en compte les caractéristiques propres de chaque patient (autres localisations de la maladie de VHL, âge, acceptation de l’hémodialyse...). Il en existe deux types sur le plan histologique: les adénocarcinomes non papillaires et les formes tubulopapillaires. • Les tumeurs non papillaires (TNP) ont une agrégation familiale(*) dans environ 1% des cas, alors que cette forme histologique est la plus fréquente des cancers du rein sporadiques (90% des cas): 25 familles comprenant 105 patients ont été recensées dans la revue de MAHER en 1991 [73]. Indépendamment du cancer du rein, les autres manifestations de la maladie de VHL nécessitent une surveillance prolongée (Tableau 4). Apparentés • Calcul du risque: • Les tumeurs tubulopapillaires (TTP) sont des cancers dont plus de 50% de la tumeur est composée d’un contingent tubulopapillaire [119] et représentent 10% des formes sporadiques [93, 119]. Elles sont généralement hypo-vascularisées, et ont un bas grade de malignité dans 80 à 100% des cas [93] qui leur confère un pronostic meilleur que les TNP [52, 93]. Cette forme familiale a été peu rapportée dans la littérature puisque dans une revue récente Z BAR et al. [120] n’ont recensé que 40 patients issus de 9 familles (2 à 10 cas par famille). Le dépistage génétique (*), disponible depuis peu, permet d’identifier les individus porteurs de l’anomalie génétique, et de préciser individuellement le risque de développer la maladie. Ce risque est de 70% à 60 ans pour tout sujet ayant hérité de l’altération génétique [56].Ce dépistage génétique est effectué individuellement par recherche directe de la mutation causale sur le gène délétère à partir de l’ADN constitutionnel (*) [97]. Cette technique permet d’identifier la mutation dans environ 60% des cas [98]. Dans les autres cas, une autre forme de dépistage génétique est possible, en effectuant une étude familiale de liaison génétique (*). Aspects génétiques Il persiste de nombreuses inconnues (Tableau 1). Cette méthode, qui étudie la transmission dans la famille de marqueurs chromosomiques (*) liés au gène de prédisposition, nécessite cependant des fratries de grande taille, et que plusieurs sujets atteints soient vivants [35, 97]. Tumeurs non papillaires • Mode de transmission Il existerait une prédisposition génétique à transmission autosomique dominante, dont la pénétrance est variable en fonction de l’âge [17, 36]. COHEN et al. ont décrit, en 1979, une famille porteuse d’une translocation constitutionnelle t(3;8) (*) au sein de laquelle, sur 3 générations, 10 sujets présentaient un cancer du rein. Le risque de développer un cancer du rein dans cette famille était de 87% à 59 ans [17]. • Dépistage clinique : Si le dépistage génétique a pu être réalisé, le dépistage clinique et morphologique ne s’adresse qu’aux sujets porteurs de l’anomalie génétique [74, 98]. Dans le cas contraire, il s’adresse à tous les membres de la famille (Tableau 4). • Gènes impliqués Formes familiales de cancer du rein commun Il pourrait s’agir d’un gène suppresseur (*) situé en 3p comme le gène VHL, mais sur un locus (*) différent (3pl3-pl4 ?) [119]. Ces formes sont distinctes des précédentes car il n’existe pas de syndrome particulier associé. 346 Tumeurs tubulopapillaires Le mode de transmission supposé est autosomique dominant à pénétrance incomplète [119], et aucune anomalie du chromosome 3 n’a été mise en évidence, contrairement aux TNP [10, 52, 119]. Aspects cliniques Ces tumeurs ont en commun l’âge de survenue précoce (45 ans en moyenne), la bilatéralité, la multifocalité et les récidives fréquentes [120]. C’est l’absence d’élément en faveur de la maladie de VHL (autres manifestations de la maladie chez le patient ou dans sa famille), qui permet le diagnostic de forme familiale de cancer du rein commun. Dans le cas particulier des formes tubulopapillaires, la recherche d’une maladie de VHL est inutile, car seuls des adénocarcinomes non tubulopapillaires sont associés à cette affection [97]. Implications pratiques Patient La notion de cancer du rein familial non papillaire impose la recherche de maladie de VHL [97]. L’attitude thérapeutique vis à vis du cancer du rein commun pose les mêmes problèmes que pour la maladie de VHL (bilatéralité, multifocalité, récidives). Pour les TTP, du fait de lésions apparemment moins invasives, un traitement chirurgical conservateur paraît moins risqué. Apparentés Les inconnues sur le mode de transmission, le (ou les) gène(s) impliqué(s), et la rareté des anomalies observées en cytogénétique, conduisent à une surveillance clinique de tous les membres de la famille. Dans le cas particulier des TNP, il faut conseiller la pratique d’un caryotype à la recherche d’anomalie du chromosome 3p (translocation, délétion) (*). Tumeurs de Wilms familiales Cette tumeur de l’enfant, d’origine embryonnaire est associée dans 15% des cas à diverses malformations [109]. Ces malformations, qui ne sont pas plus fréquentes dans les formes familiales [6] sont l’aniridie, l’hémi-hypertrophie corporelle et des malformations uro-génitales (cryptorchidie). Plus rarement, on observe certains syndromes malformatifs congénitaux, familiaux ou non: syndrome W.A.G.R. (tumeur de Wilms, aniridie, anomalie génito-urinaire, retard mental), syndrome de Beckwith-Wiedmann (S.B.W.), syndrome de Denys-Drash, syndrome de Perlman [50, 108]. Fréquence C’est la tumeur uro-génitale de l’enfant de moins de 15 ans la plus fréquente (80%), avec une incidence annuelle de 1 pour 10 000 enfants de moins de 16 ans. Les formes familiales sont exceptionnelles (1% des cas) [6], mais l’amélioration du pronostic devrait conduire dans les années à venir à une augmentation de ces formes familiales transmises par les patients survivants [78]. Aspects cliniques et histologiques L’existence de caractéristiques cliniques et histologiques propres aux TW familiales est discutée. Pour certains auteurs les formes familiales de TW présentent les caractéristiques des tumeurs à prédisposition génétique par leur survenue plus précoce (âge moyen: 2,5 ans), et leur bilatéralité (20% des cas contre 3 à G% dans les formes sporadiques [44, 50, 60, 78, 99]. Cette différence n’est cependant pas retrouvée dans l’étude du N.W.T.S. (National Wilms Tumor Study) qui comportait 65 cas familiaux [6]. Aspects génétiques (Tableau 1) La maladie a une transmission autosomique dominante, à pénétrance et expressivité (*) variables [78]. Il exist e 2 gènes de prédisposition, WT1(llpl3) et 5/WT2(11plS), qui sont également impliqués respectivement dans le syndrome W.A.G.R. et S.B.W. La protéine codée par le gène WT1 exerce son action comme répresseur de la transcription, et interviendrait sur la régulation de la croissance et de la différenciation du rein et de l’appareil urogénital du foetus [22, 50]. Dans certaines familles il n’existe pas de liaison aux loci précédents, ce qui témoigne de l’existence d’un gène encore inconnu (WT3) [22, 42, 44, 101]. Implications pratiques Patient La recherche d’une lésion controlatérale et de malformations associées doit être systématique. Un caryotype constitutionnel à la recherche de microdélétions sur le bras court du chromosome 11 est indiqué. Sur le plan thérapeutique, le traitement des formes volontiers multifocales et bilatérales (synchrones ou non) est discuté. Le comité de chirurgiens du NWTS préconise, en cas de tumeur bilatérale, un traitement conservateur se résumant à des biopsies chirurgicales, suivies d’une chimiothérapie intensive (6 semaines à 6 mois) [54,109]. Une réintervention 6 mois plus tard (voire une 3ème à 1 an) peut s’accompagner d’une chirurgie partielle, avec chimiothérapie et radiothérapie associées si l’exérèse complète de la lésion est impossible. D’autres auteurs ont cependant proposé une attitude moins conservatrice [54]. Une surveillance prolongée est nécessaire pour le diagnostic des récidives ou des localisations controlatérales, ou pour détecter des complications parfois tardives de la chimiothérapie. Apparentés Une consultation génétique peut être proposée même si les formes familiales sont rares. • En cas de tumeur de Wilms isolée, on recherche dans 347 la famille des malformations évocatrices d’une prédisposition. Si celles-si sont retrouvées on doit alors pratiquer un caryotype chez l’enfant atteint et chez les apparentés exposés à la prédisposition. Les enfants porteurs de celle-ci doivent alors être régulièrement surveillés par échographie trimestrielle jusqu’à la puberté [99]. voie excrétrice [45, 53]. Ces formes familiales sont exceptionnelles contrairement aux formes sporadiques qui se situent au 4ème rang des cancers masculins. Seize familles atteintes de cancers de la voie excrétrice ont été rapportées dans la littérature entre 1966 et 1986 [9, 32, 65, 69, 72, 76, 88, 94, 105]. • Dans les formes familiales, le risque de transmission du gène délétère à un enfant est d’environ 30% si un parent est atteint ou s’il est porteur sain d’une altération génétique [78]. Aspects cliniques Aucune étude publiée n’a permis jusqu’alors d’identifier des caractéristiques épidémiologiques, cliniques ou anatomopathologiques propres aux formes familiales. Dans l’analyse des cas familiaux publiés, VALERI [115] n’a pas mis en évidence de caractéristiques qui permettent de les distinguer des formes sporadiques (prédominance masculine, siège principalement vésical, carcinomes transitionnels en majorité et récidives fréquentes), à l’exception de l’âge moyen au diagnostic (56 ans versus 65 à 70 ans). Les biais méthodologiques propres à ce type de comparaison ne permettent cependant pas de tirer de conclusion définitive. La pratique d’un caryotype est proposée chez tous les enfants atteints et leurs parents du 1er degré, ainsi qu’aux sujets porteurs de malformations. On doit également rechercher des mutations constitutionnelles du gène WT1 en particulier en cas d’aniridie associée ou de syndrome W.A.G.R. Le dépistage clinique et échographique est à réaliser chez tous les sujets à risque (parents du 1er degré et porteurs de malformations). CANCERS DE LA VOIE EXCRETRICE Etiologie Les cancers familiaux de la voie excrétrice peuvent se rencontrer dans trois cadres nosologiques différents: Dans ces familles il pourrait exister une susceptibilité génétique à l’effet toxique de facteurs d’environnement (tabac, colorants...) [65, 66, 72, 74, 76, 88, 94, 105]. Malgré les incertitudes actuelles concernant l’existence de formes héréditaires, certains auteurs ont avancé la possibilité d’une transmission autosomique dominante [69, 94, 102, 105]. et un rôle posssible de gènes suppresseurs impliqués dans les formes sporadiques, situés sur l es chromosomes 9q, 17p (TP53) et 5p [74,100,106] (Tableau 5). • Les formes familiales de cancer de la voie excrétrice isolé. • Les cas s’intégrant à des syndromes tumoraux familiaux particuliers pouvant toucher plusieurs organes (syndrome de Lynch II, syndrome de Muir-Torre). • Les cas associés à la néphropathie des Balkans (NB). Formes familiales des cancers isolés de la voie excrétrice Implications pratiques Fréquence et agrégation familiale Dans les familles atteintes, il faut conseiller un dépistage à partir de 40 ans et la suppression des facteurs de risque habituels. Les études cas-témoins de KANTOR et KRAMER ont mis en évidence une agrégation familiale de cancers de la Tableau 5. Aspects génétiques des cancers familiaux de la voie excrétrice [62, 65, 66, 67, 77, 89, 95]. Type de cancer Etiologie Mode de transmission Gène(s) impliqué(s) Dépistage génétique Cancer V.E. isolé Susceptibilité génétique à des carcinogènes? Autosomique dominant? NP Non Syndrome de Lynch Anomalie des gènes de réparation de l’ADN Autosomique dominant hMSH2 hHMLH1 hPMS1 hPMS2 Oui Cancer V.E. et Néphropathie des Balkans Susceptibilité génétique à des carcinogènes? NP NP Non NP : non précisé. V.E. : voie excrétrice. 348 Formes familiales des cancers de la voie excrétrice et syndromes familiaux Implications pratiques Syndrome de Lynch de type II Le syndrome de Lynch est une forme familiale de cancer du colon, sans polypose associée (H.N.P.C.C.: Hereditary Non Polyposis Colorectal Cancer), qui représente 5% des cancers coliques [40,68] et dont il existe deux types. Le type I comprend des cas d’adénocarcinomes coliques dont les particularités sont: localisation en majorité sur le côlon droit, au moins 3 membres de la famille sont atteints dont un parent du 1er degré, 2 générations touchées, l’absence de polypose et l’âge au diagnostic inférieur à 50 ans pour au moins 1 sujet [27]. Le type II (syndrome du cancer familial) respecte les critères du syndrome de LYNCH I avec de plus une association à d’autres cancers: endomètre ou ovaire le plus souvent, mais également voie excrétrice, poumons, grèle, estomac, voie biliaire et larynx [67, 87]. Fréquence La fréquence du syndrome de Lynch est probablement sous estimée car ce syndrome est mal connu [40]. 4 familles comportant des tumeurs de la voie excrétrice ont été recensées (14 patient s) [40, 67, 68]. Dans l’étude de VASEN et al. qui comportait 22 fami lles pour un total de 148 tumeurs, les tumeurs de l’appareil urinaire sont au troisième rang (5%) après les localisat ions coliques (63%) et de l’endomètre (9%) [117]. Ils appartiennent à une famille de gènes impliqués dans la réparation des mésappariements de l’ADN(*) [87] (Tableau 5). Ce syndrome est considéré comme une variante du syndrome de Lynch II et comporte l’association de tumeurs sébacées multiples et de divers cancers viscéraux (côlon, utérus, tumeurs urothéliales, larynx, estomac, duodénum, grêle, ovaire) [29, 41, 80, 82]. NARITA , en 1992, avait recensé 91 cas publiés [82]. Les tumeurs viscérales ont un âge de survenue plus précoce que dans la population générale et il existe une prédominance masculine (2,1 :1) [29]. Les caractéristiques des tumeurs urothéliales ont été précisées par G RIGNON et al. [41]: elles représentent 10% de l’ensemble des tumeurs de ce syndrome, il s’agit de carcinomes transitionnels et elles peuvent constituer la seule localisation viscérale de la maladie. Chez un patient atteint de tumeur de la voie excrétrice, le diagnostic est à évoquer devant la fréquence familiale de tumeurs cutanées et d’autres localisations propres au syndrome de Lynch II. Comme pour les tumeurs isolées de la voie excrétrice, la comparaison avec les formes sporadiques est difficile (séries hétérogènes et rétrospectives). VALERI [115]. a constaté cependant que, contrairement aux formes sporadiques, les tumeurs siègeaient plus souvent sur le haut appareil urinaire (66%), et il n’existait pas de prédominance masculine. L’âge au diagnostic était plus précoce (60 ans en moyenne) et l’histologie était celle habituellement rencontrée (carcinome transitionnel). Enfin, chez un patient sur deux, le syndrome de Lynch était révélé par la tumeur urothéliale. Ceci souligne l’intérêt de rechercher d’autres localisations tumorales de ce syndrome à la fois chez le patient et les membres de la famille en cas de tumeur de la voie excrétrice. La transmission est de type autosomique dominant [62] et 4 gènes de prédisposition ont été identifiés sur les chromosomes 2, 3 et 7 (gènes hMSH2, hMLH1, hPMS1, hPMS2) [62,89,91]. Syndrome de Muir-Torre Outre les aspects cliniques communs, il existerait sur le plan génétique des analogies entre ce syndrome et celui de Lynch (anomalies communes identifiées sur le chromosome 2p) [86]. Aspects cliniques Aspects génétiques Chez un patient atteint de tumeur de la voie excrétrice, l’enquête familiale permet le diagnostic de syndrome de Lynch. Un typage génétique des membres de la famille permet alors, par la mise en évidence du gène délétère, d’identifier les sujets prédisposés au développement des cancers de ce syndrome [87]. Cancers familiaux de la voie excrétrice et néphropathie des Balkans Pour un sujet vivant en région d’endémie de la néphropathie des Balkans (ancienne Yougoslavie, Bulgarie, Roumanie), le risque de tumeur de la voie excrétrice supérieure est 60 à 100 fois plus élevé que dans les régions non exposées [24, 77, 95]. Il en est de même pour les tumeurs de vessie mais à un degré moindre (risque de 2 à 10). L’incidence de ces tumeurs est encore accrue pour les sujets habitant ces régions, dont la famille est atteinte de la néphropathie (incidence 224 fois plus forte que dans les régions non endémiques) [24]. Les mécanismes expliquant la survenue de la néphropathie et des tumeurs de la voie excrétrice associées ne sont pas encore élucidés. Selon plusieurs auteurs, il pourrait s’agir d’une susceptibilité génétique à l’effet toxique de carcinogènes environnementaux: mycotoxines alimentaires, silicates toxiques... [14, 77, 96] (Tableau 5). 349 Tableau 6. Aspects génétiques des cancers familiaux de l’appareil génital masculin [12, 13, 21, 25, 59, 84, 113]. Type de cancer Mode de transmission Pénétrance Gène (s) impliqué (s) Dépistage génétique Cancer du testicule Autosomique récessif? NP ch. 4q? Non Cancer de la prostate Autosomique dominant 88% à 85 ans NP Non NP : non précisé. ch. : chromosome. CANCER DU TESTICULE Fréquence Le cancer du testicule ne représente que 1% des cancers masculins avec une incidence annuelle d’environ 2/100 000 dans la race caucasienne [21]. C’est néanmoins la cause la plus fréquente de cancer chez l’homme jeune entre 15 et 35 ans. Les formes familiales sont exceptionnelles (1 à 2% de l’ensemble des cancers du testicule) [21, 25]. Les principales publications sont celles de TOLLERUD et al.[113], à propos de 52 familles recensées dans la littérature, et de FORMAN et al. [301 qui comporte 91 tumeurs chez 86 patients issus de 42 familles. Particularités cliniques Plusieurs études ont montré que l’agrégation familiale concernait le plus souvent 2 frères plutôt que l’association père/fils ou de deux parents du 2ème degré. L’âge au diagnostic est significativement plus jeune selon FORMAN (en moyenne 29 ans contre 32,5 ans dans une série comportant 91 cas familiaux et 781 cas sporadiques) [30]. Ceci n’avait pas été observé dans une revue préalable à partir des données de 52 familles [113]. L’incidence de la cryptorchidie dans les formes familiales est diversement appréciée selon les séries. Selon TOLLERUD, elle est plus fréquente chez les apparentés du 1er degré dans les cas familiaux (17% contre 5,3% dans les cas sporadiques)[113], alors que pour FORMAN elle est comparable (10% parmi les 79 cas familiaux évaluables) [30]. Les tumeurs bilatérales seraient plus fréquentes dans les formes familiales : 4 à 6% des cas contre 2,5% dans les formes sporadiques [30,74], ce qui correspond à ce qui est habituellement observé dans les cancers à prédisposition génétique. Enfin les tumeurs familiales n’ont pas de spécificité histologique [30, 113]. type autosomique récessif (*) et la recherche des gènes de prédisposition est en cours. Une étude récente a permis de définir des régions chromosomiques suspectes localisées en 4q, mais également 4p, 5q, et 18q [59] (Tableau 6). Implications pratiques Dans les formes familiales, l’atteinte bilatérale est 2 à 3 fois plus fréquente, ce qui reste une éventualité rare (4 à 6% des cas) mais incite à surveiller l’autre testicule (clinique, échographie) chez le patient atteint. Pour ce qui concerne les membres de la famille, le risque de développer un cancer du testicule pour un sujet dont un seul parent proche est atteint est 6 à 10 fois plus élevé qu’en l’absence d'a ntécédent familial [30, 113] et doit conduire à une information des membres de la famille. Les modalités de dépistage dans les familles n’ont pas encore été établies étant donné la rareté des cas familiaux. CANCER DE LA PROSTATE Le cancer de la prostate (CaP) est le plus fréquent des cancers non cutanés de l’homme de plus de 50 ans et sa fréquence augmente avec l’âge. L’agrégation familiale de CaP est connue depuis la fin des années cinquante grâce aux travaux de M ORGANTI et al. [79] et de WOOLF [118], ce qui a été confirmé par les études épidémiologiques de SKOLNICK et al. [107] et STEINBERG et al. [111]. APRIKIAN et al. ont observé une proportion statistiquement plus élevée de CaP dans une population d’hommes ayant au moins un antécédent familial, par rapport à un groupe comparable pour l’âge, le dosage du PSA, le nombre de biopsies prostatiques, et sans antécédent familial de CaP (133/329 soit 40% contre 769/2639 soit 29%) [2]. Enfin il a été rapporté une agrégation familiale conjointe de cancers de prostate et de cancers du sein [1, 112, 114]. T ULINIUS et al. ont montré, à partir de 947 généalogies, que le risque de CaP était 1,4 fois plus élevé chez les apparentés au 1er et 2ème degré à une femme ayant un cancer du sein [114]. Aspects génétiques Dans une publication récente, NICHOLSON et H ARLAND ont évalué la proportion de cancers du testicule héréditaires à 30% [84]. Le mode de transmission serait de Fréquence et aspects cliniques Initialement suggérées par SKOLNICK et al. [107], les caractéristiques des formes familiales ont été principa350 lement établies par CARTER et al. : une forme familiale serait présente dans plus de 20% des cas, et 9% de l’ensemble des cancers prostatiques seraient secondaires à une prédisposition génétique [13]. Il a également précisé les critères généalogiques correspondant aux formes héréditaires: présence d’au moins 3 cas chez des parents du ler degré, ou de 3 cas sur 3 générations dans une même branche familiale (paternelle ou maternelle), ou encore 2 cas précoces avant 55 ans. Dans une étude qui recherchait des spécificités propres aux cancers héréditaires, CARTER [13] a observé une survenue plus précoce du CaP: en moyenne 59,3 ± 6,5 ans contre 73,5 ans dans les formes non héréditaires. Cette notion est retrouvée dans l’étude nationale Française (Etude PROGENE) (âge moyen au diagnostic: 65,7; extrêmes 48-85 ans) [116]. Cependant, A PRIKIAN et al. [2], dans une étude concernant 2968 sujets adressés pour suspicion de CaP, ne trouvent aucune différence significative concernant l’âge moyen au diagnostic dans le groupe de malades ayant des antécédents familiaux de CaP (65,8 ans, n = 133) par rapport au groupe de malades sans antécédent familial de CaP (66,7 ans, n = 769). Ceci s’explique probablement par le fait que dans cette étude, le groupe ayant des antécédents familiaux correspond à la fois à des formes héréditaires (pour lesquelles la survenue plus précoce du cancer confirmerait les particularités des «cancers héréditaires» d’autres organes [7, 39], mais aussi des formes familiales sans caractère héréditaire dont l’âge au diagnostic est habituel. L’aspect clinique, et évolutif (ajusté pour l’âge) serait, selon CARTER et al., comparable dans les formes sporadiques et familiales [13]. Une étude récente de la même équipe, a comparé les paramètres histologiques de 81 pièces de prostatectomies radicales pour des tumeurs de stade T2 dans 3 groupes de patients: héréditaire (n=26), familial non héréditaire (n=26) et sporadique (n=27). Elle n’a mis en évidence aucune particularité des formes héréditaires [3]. Génétique Dans les formes héréditaires la transmission est de type autosomique dominant avec pénétrance élevée, de l’ordre de 88% à 85 ans, alors que le risque à cet âge pour un sujet non porteur de la prédisposition n’est que de 5% [12] (Tableau 6). Les études visant à localiser le (ou les) gène(s) de prédisposition sont actuellement en cours [116]. Les études des altérations génétiques des formes sporadiques sont un guide logique dans la recherche des gènes de prédispositon compte tenu de mécanismes communs aux formes sporadiques et héréditaires. Aucune anomalie propre au cancer de la prostate n’a été jusqu’alors identifiée avec certitude [8, 31]. Les régions chromosomiques porteuses de gènes de prédis- position pourraient être situéees en 7q, 8p, 10q, 16q, 17p, 18q [4, 5, 8, 11, 33, 58, 71]. Certains gènes altérés dans les CaP sporadiques peuvent être également considérés comme gènes candidats: APC (5q21), le gène de l’E-cadhérine (16q22), TP53 (17pl3), BRCA1 (17q21), DCC (18q21), c-met (7q31), MX1 (lOq24) [8, 26, 33, 57, 58]. Implications pratiques La prise en charge thérapeutique du patient atteint reste la même que dans les formes sporadiques. Pour les apparentés, le risque relatif d’un parent du 1er degré est de l’ordre de 2 (pour 1 antécédent familial) et peut atteindre 5 ou 11 s’il existe respectivement 2 ou 3 cas dans la famille proche [111]. Le risque est par ailleurs d’autant plus élevé que l’âge au diagnostic est précoce [12,13]. Comme il est encore impossible d’identifier les sujets porteurs de la prédisposition, on ne peut donner au patient un risque précis. Ainsi tous les parents proches doivent être considérés comme exposés au risque. Les modalités de dépistage dans les formes familiales de cancer prostatique n’ont pas été encore codifiées. Certains proposent de réaliser un toucher rectal, voire un dosage de PSA et une échographie transrectale chez tous les sujets à risque dès l’âge de 40 ans, puis une surveillance régulière annuelle [13]. Les travaux préliminaires de M C WORTHER illustrent les conséquences d’un tel dépistage [70]. Dans cette étude, un bilan diagnostique systématique (toucher rectal, PSA, échographie transrectale et biopsies) a été réalisé chez 34 hommes (issus de 17 familles) dont un parent proche est porteur d’un cancer prostatique. Il a été découvert la maladie chez 8 sujets, alors que statistiquement, en l’absence d’antécédent familial un seul aurait dû être atteint. Bien que le dépistage de masse ne soit pas indiqué dans le CaP, ce dépistage ciblé parait d’autant plus justifié qu’il s’adresse à des sujets à haut risque, dont l’âge de survenue d’un CaP peut être particulièrement précoce, avec une espérance de vie longue. CONCLUSION Les formes familiales de cancer du rein, de la voie excrétrice et du testicule sont rares, contrairement au cancer de la prostate. La connaissance des caractéristiques des formes héréditaires (âge, multifocalité, voire autres cancers associés) permet d’attirer l’attention du clinicien. Ceci doit favoriser l’étude des familles dans le but de pratiquer un dépistage individuel lorsqu’un gène de prédisposition est connu (maladie de Von Hippel-Lindau, tumeur de Wilms, Syndrome de Lynch). Lorsque le gène est inconnu, ces études familiales s’intègrent à des programmes de recherche afin 351 d’étudier le mode de transmission, de localiser le (ou les) gène(s) incriminé(s) et de permettre à terme la mise en évidence d’une prédisposition chez les sujets à risque. Tout ce domaine de médecine prédictive nécessite cependant d’être abordé avec une extrême prudence du fait des problèmes éthiques sous jacents, au sein de consultations multidisciplinaires spécialisées. Enfin, outre l’intérêt en terme de diagnostic précoce chez des patients à risque, l’étude des formes héréditaires autorise une meilleure compréhension des mécanismes de la carcinogénèse, l’identification des gènes impliqués et la nature des protéines correspondantes. Cela pourrait à terme permettre une prise en charge thérapeutique différente des formes sporadiques, de loin les plus fréquentes. Remerciements: Nous remercions particulièrement le Docteur Philippe PARENT (Unité de Génétique Médicale, CHRU de Brest) pour ses conseils et la lecture critique du manuscrit. REFERENCES 1. ANDERSON D.E., BADZIOCH M.D., Familial breast cancer risks. Effects of prostate and other cancers. Cancer, 1993, 72, 114-119. 2. APRIKIAN A., BAZINET M., PLANTE M., et al. Family history and the risk of prostatic carcinoma in a high risk group of urological patients. J. Urol. 1995, 154, 404-406. 3. BASTACKY S., WOJNO K., WALSH P., CARMICHAEL M., EPSTEIN J. Pathological features of hereditary prostate cancer. J.Urol., 1995, 153, 987-992. 4. BERGERHEIM U.S.R., KUNIMI K., COLLINS P., EKMAN P. Deletion mapping of chromosomes 8, 10 and 16 in human prostatic carcinoma. Genes, Chromosomes & Cancer, 1991, 3, 215-220. 5. BOVA G.S., CARTER B.S., BUSSEMAKERS M.J.B., EMI M., FUJIWARA Y., KYPRIANOU N., et al. Homozygous deletion and frequent allelic loss of chromosome 8p22 loci in human prostate cancer. 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The risk of transmission of the deleterious gene to the offspring requires information and close surveillance of relatives to allow early diagnosis and a better prognosis. When the pre disposing gene is known, surveillance can be exclusively direc ted towards subjects possessing the deleterious gene in view of the increased cancer risk compared to the general population. This is the case for renal cancer in Von Lippel Lindau disease, and nephroblastoma and exceptional tumours of the urinary tract in Lynch syndrome. In the case of prostatic cancer, the most frequent familial cancer, in which hereditary forms represent 9% of cases, the predisposing gene has not been identified, which means that screening should be proposed to all male members of the family over the age of 40 years, due to the earlier age of development of these forms. • Etude de liaison génétique : étude familiale déterminant les génotypes de différents individus atteints et sains, à la recherche d’une liaison génétique entre un marqueur chromosomique et un gène de prédisposition. Key words : Urogenital cancer, heredity, genetic, detection, genetic counselling. ____________________ • Expressivité : degré d’intensité des manifestations morbides en rapport avec un trait héréditaire autosomique dominant. • Gène de prédisposition : gène porteur d’une anomalie constitutionnelle prédisposant à la survenue d’une maladie. • Gène suppresseur de tumeur : gène dont l’inactivation entraîne le développement du processus cancéreux. Ils sont impliqués dans la prédisposition génétique au cancer. • Locus chromosomique : emplacement d’un gène ou d’une séquence d’ADN sur un chromosome. On distingue classiquement le bras court d’un chromosome par la lettre «p», et le bras long par la lettre «q». • Marqueur génétique (chromosomique) : tout élément donnant une information topographique car localisé sur le génome, transmis selon les lois de Mendel, et existant sous plusieurs formes ou allèles. • Mésappariement : non appariement entre un ou plusieurs couples de bases non complémentaires au sein de l’ADN. • Mutation : toute modification de la séquence d’ADN. • Mutation constitutionnelle : mutation présente à la naissance (héritée ou non) existant dans toutes les cellules de l’individu (support moléculaire d’une prédisposition génétique). • Pénétrance : pourcentage des sujets porteurs d’un gène de prédisposition et exprimant la maladie. • Récessif : se dit d’un gène s’il est exprimé chez un sujet homozygote. • Translocation (chromosomique) : cassure et déplacement d’un fragment de chromosome sur un autre chromosome. 355