FAIRE CONFIANCE AUX CHEFS D`ENTREPRISE !

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FAIRE CONFIANCE AUX CHEFS D`ENTREPRISE !
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 – VALAIS VALEUR AJOUTÉE – CHF 6.50
LA REVUE INDÉPENDANTE
DE L’ÉCONOMIE VALAISANNE
DOSSIER SUR LE FRANC FORT
FAIRE CONFIANCE
AUX CHEFS D’ENTREPRISE !
RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES
> Les commentaires
de François DAYER
et Luzius THELER
DÉCRYPTAGE
> La culture en Valais, un atout
majeur en faveur de l’économie
> Fonds de placement de la BCVs
orientés gestion active diversifiée
> Fiscalité immobilière,
du début à la fin du cycle
o. maire
imedia
La Dégustation
au Domaine du Mont d’Or
« Sans élégance pas de grands vins » : la
devise se transmet depuis 1848 sur les
pentes et dans les caves du Mont d’Or,
l’une des maisons les plus anciennes et
les plus renommées du Valais. Celle qui
a perpétué sans interruption les gestes
précis du travail de la vigne et celui de
l’élevage des vins. Au fil des années, le
Domaine du Mont d’Or a perfectionné
son art jusqu’à devenir un orfèvre réputé. Les crus produits sur ses coteaux se
classent parmi les meilleurs au monde.
Leur secret ? Une élégance qui vise la
perfection.
JOHANNISBERG « 1ER DÉCEMBRE » AOC 2011
Médaille d’or et trophée aux Vinalies Internationales Paris 2015
Domaine du Mont d’Or I Rue de Savoie 64 I CP 415 I 1951 Sion I www.montdor.ch
3
ÉDITORIAL
IMPRESSUM
VALAIS VALEUR AJOUTÉE
La revue indépendante de l’économie valaisanne
Novembre 2015-Janvier 2016 – Trimestriel
Tirage : 10 000 exemplaires
Edition numérique : Site web libre d’accès
www.valaisvaleurajoutee.ch
Société éditrice : VALINNOV Sàrl, chemin du Vieux-Canal 15, 1950 Sion
(Didier PLANCHE, gérant)
Directeur de la publication : Didier PLANCHE, tél. 079 622 74 06,
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com, Edgar BLOCH, tél. 079 239 63 26, [email protected], Joël
CERUTTI, tél. 079 457 44 28, [email protected], François DAYER,
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FOURNIER, tél. 079 690 09 98, [email protected],
Philippe GAEMPERLE, 078 844 08 32, [email protected],
François PRAZ, tél. 079 658 63 71, [email protected], Luzius
THELER, tél. 079 611 05 07, [email protected]
Chroniqueurs réguliers : Hildegard ABBET, Adeline BAYS, Anne Sophie
FIORETTO, Béatrice MONNET, Eloïse MORISOD, Line PILLET, Bernard
ATTINGER, Frédéric BAGNOUD, Géo BETRISEY, Xavier BIANCO, Blaise
CRETTOL, Yves DARBELLAY, Raphaël FAVRE, Laurent GILLIOZ, Frank
GUEMARA, Gérard HERTLI, Stéphane JEAN, Jacques METRAILLER,
Antoine PERRUCHOUD, Olivier RAEMY, Jean-Noël REY, Vincent RIESEN,
Me Julien ROUVINEZ, Romano SCHALEKAMP, Jean-Marc TAVERNEY
Ont collaboré à ce numéro : Ariane ZUFFEREY, conseillère spécialisée
PME/UBS Valais, Maxim WUERSCH, collaborateur scientifique/
economiesuisse
Correction/relecture : Paulette BERGUERAND, tél. 027 456 11 18,
[email protected]
Traduction/adaptation : Edgar BLOCH, tél. 079 239 63 26,
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Illustrations : Valais/Wallis Promotion
Impression : Mengis Druck (Viège) – Sebastian BREGY,
tél. 079 830 56 91, [email protected]
Graphisme, mise en page, infographie : apcom Solutions SA
– Isabelle MAURY, associée/gérante, tél. 078 661 22 92,
[email protected] – Hélène MARCHET, www.laligne.ch
Régie publicitaire : Publi-Annonces SA, Jean-Claude METILLE, directeur
général, tél. 022 308 68 78, [email protected]
Directeur commercial : Michel GUEX, tél. 079 435 00 35,
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Administration: Didier PLANCHE, tél. 079 622 74 06
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209 44 78, [email protected], Kiosques Naville, La Poste Suisse
Prix de vente au numéro : 6,50 CHF
Abonnement annuel (4 éditions) : 25 CHF + frais de port
Abonnement de soutien : 55 CHF + frais de port
COMITÉ ÉDITORIAL
Géo BETRISEY, Eric BIANCO, Yves DARBELLAY,
Grégoire ITEN, Bernard MICHELOUD, Henri
PLOMB, Jean-Noël REY, Vincent RIESEN,
Romano SCHALEKAMP, François SEPPEY,
Didier PLANCHE (président)
Copyrights:
Photo de couverture : Istockphoto
Portrait de Didier Planche: Louis Dasselborne / Le Nouvelliste
ÉDITORIAL
Didier Planche – [email protected]
Directeur de la publication
Dialoguer pour libérer l’ingéniosité
Actualité économique oblige, un dossier consacré aux conséquences du franc fort
sur les entreprises figure en bonne et due place dans cette nouvelle édition de
Valais Valeur Ajoutée, la dernière de l’année.
Leur atténuation passe d’abord par un dialogue constructif entre les chefs d’entreprise et leurs clients, riche en compréhension réciproque puisqu’ils sont interdépendants, afin de libérer l’ingéniosité permettant d’optimiser les partenariats.
Ensuite, les entreprises exportatrices se voient contraintes de réduire leurs coûts
pour rester concurrentielles sur la scène internationale. Quant à leur compétitivité,
elle relève aussi des incontournables conditions-cadre, même si ce terme commence sérieusement à être galvaudé, car servi à toutes les sauces. Parmi quelques
mesures-phares, émergent entre autres l’allègement des charges et des réglementations, la flexibilité de l’emploi et l’amélioration de l’accès aux marchés, grâce au
renforcement des accords bilatéraux... D’ailleurs, les chefs d’entreprise valaisans
attendent de pied ferme les initiatives et engagements de leurs nouveaux élus
fédéraux ; car l’heure n’est plus aux belles déclarations d’intention et autres promesses démagogiques ; non, pour ces derniers, il s’agit maintenant de retrousser
les manches, de se mettre au travail avec conviction et résultats à la clé, uniques
raisons pour lesquelles ils ont été plébiscités.
Par anticipation, toute l’équipe de Valais Valeur Ajoutée vous souhaite de lumineuses Fêtes de Noël et de la Saint-Sylvestre. Que la paix et la joie se lovent dans
vos cœurs.
A propos de Valais Valeur Ajoutée
En toute modestie, à pas comptés, votre revue économique gravit un échelon
supérieur. D’une part, les éditions 2016 compteront davantage de pages,
compte tenu de nouvelles rubriques et chroniques. Un hors-série thématique
figure aussi au programme.
D’autre part, un professionnel de l’acquisition publicitaire et du marketing
occupe désormais le poste de directeur commercial ; il s’agit de Michel Guex,
au bénéfice d’une expérience de près de 30 ans. Quant à la rédaction, elle
s’étoffe notamment avec les collaborations d’une spécialiste de la finance,
Laurence Facelli, précédemment en fonction à Zurich, Londres et Genève
pour le compte de banques d’investissement et privées, du journaliste-écrivain confirmé Jean-François Fournier, ancien rédacteur en chef du Nouvelliste,
et de l’historien réputé Robert Giroud. Vous faire découvrir et apprécier la
richesse de l’économie valaisanne, sous ses multiples facettes, constitue
notre unique challenge.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
Elegance is an attitude
Simon Baker
The Longines Master Collection
SOMMAIRE
5
NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016
SOMMAIRE
RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES
6
8
François Dayer : La victoire des trois droites
Luzius Theler : Un challenger a maintenu le suspense
L’ENTRETIEN
11
Jean-Daniel Descartes :
La réactivité érigée en stratégie d’entreprise
DÉCRYPTAGE
14
C’est dans l’air : La culture en Valais,
un atout majeur en faveur de l’économie
16 Au fil du Rhône : Une nouvelle législature fédérale
tournée vers l’Europe
18 L’analyse immobilière :
Fiscalité immobilière, du début à la fin du cycle
21 Immobilier de montagne :
Le secteur résiste malgré la morosité
25 La Chronique de l’USPI Valais :
Le portail immobilier.ch
26 Du côté du secteur bancaire : Fonds de placement
de la BCVs orientés gestion active diversifiée
28 Marché hors-bourse Helvetica
29 La Chronique financière : Financement participatif
en plein essor et réglementé... sauf en Suisse !
31 Du côté du secteur bancaire : Restructuration du
capital-actions de la BCVs, « une action, une voix »
ÉCLAIRAGE : Le franc fort
34 Brefs repères chronologiques
36 Analyse macroéconomique :
38 40 42 45 Les raisons du miracle suisse malgré le franc fort
Conséquences du franc fort sur les entreprises
suisses : Réactivité salvatrice et anticipation
incontournable
Avoir du succès malgré le franc fort
Jean-Michel Cina, chef du Département de l’économie, de l’énergie et du territoire : « Nous demeurons
confiants dans la capacité d’adaptation
de nos entreprises »
Conséquences du franc fort sur le tissu économique
valaisan : Les entreprises ne baissent pas les bras
et se battent !
REPÈRES
49 Innovation : Avancée ophtalmologique,
un nouvel instrument de mesure du flux sanguin
51 Innovation TEDxMartigny 2015 :
Un grand cru au service de la créativité
53 Innovation TEDxMartigny 2015 : L’Idiap, des percées
retentissantes en matière d’intelligence artificielle
Brèves
Innovation énergétique : La stratégie rayonnante
de SEIC-TELEDIS en faveur du solaire « clés en main »
60 Focus Entreprise : L’Expo Milano 2015,
vitrine de choix pour le Valais
62 PME Découverte : Compagnie Neo,
« Notre business plan ? Il faut y croire ! »
56
58
SAVOIR-FAIRE
65 Création d’entreprise : Le Valais, terre d’accueil...
pour les créateurs d’entreprise !
67 Financement d’entreprise :
69 70 71
72 73 Témoignages de dirigeants soutenus
par le Centre de Compétences Financières
Gestion financière des PME : Accepter des paiements
sans espèces partout et en tout temps !
Fiscalité des entreprises :
Provisions justifiées par l’usage commercial
Fiscalité des entreprises : Fin de l’anonymat
des actions au porteur/parts sociales
Coaching en entreprise : Pourquoi choisir
une formation de coaching pour un manager ?
Compétences en entreprise :
Valoriser son expérience en validant ses acquis
VIE PRIVÉE
75 J’ai partagé ma fondue avec...
Charles-André Meyer, dit Taddé
77 Le Billet iconoclaste :
Les indignations des poissons rouges
78 Flash sur l’automobile : Volvo XC90 T6,
un SUV grand luxe qui préfigure la voiture du futur
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
6
ENTRE QUATRE YEUX
RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES
LA VICTOIRE DES TROIS DROITES
ENSEMBLE, ELLES RÈGNENT,
MAIS EN CULTIVANT LEURS DIVISIONS
François Dayer – [email protected]
Journaliste, ancien rédacteur en chef du Nouvelliste
Que restera-t-il de cette épuisante campagne ? Au
National, renforcement sur la droite. Le PDC se renfloue, l’UDC cartonne et s‘installe à demeure dans les
deux parties du canton. Mais la droite s’est surtout
dévoré les entrailles. Aux Etats, l’assaut majeur contre
le double ticket PDC a bien failli emporter la citadelle.
Puissante, la vague du PLR Grichting s’est arrêtée au
pied du mur majoritaire. Mais l’alerte a été chaude.
Essai d’analyse des effets durables d’un micro-séisme
électoral.
National : proportionnelle bénie
1,4 % de déplacement des forces entre la droite et la
gauche, c’est toute l’ampleur mathématique du renouveau électoral au Conseil national en Valais. Le
fait dominant est la progression de 2,4 % de l’UDC.
Mais cette avancée s’est opérée, pour deux tiers, à
l’intérieur de la droite, sur le Haut-Valais. La gauche
est restée en marge de la compétition. C’est bien une
bataille des droites qui a monopolisé le scrutin. Et
pour une fois, le Valais a délivré une copie très
conforme à celle de mère Helvétie.
Les résultats du National sont le seul véritable révélateur des rapports de forces politiques, car ils expriment les tendances sur le même barème électoral,
avec des sensibilités exprimées en termes nationaux.
C’est la juste grille de lecture du Valais politique. Pour
spectaculaires qu’il soient dans l’opinion, les gains
ou les pertes en sièges ne doivent pas occulter cette
géographie réelle, qui se définit en proportion des
suffrages exprimés. Le jeu subtil de la proportionnelle,
avec la composante des apparentements, a piégé les
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
calculettes autour du huitième siège finalement revenu au PDC. La même potion magique de la répartition
proportionnelle qui avait pris un siège au PDC, en
2011, le lui a rendu en 2015. Sans gloire. Bien sûr, il y
a les succès personnels. Ici, la révélation du scrutin
se partage entre quatre leaders émergents : la première
place de Yannick Buttet pour le PDC, le raid opéré par
Philippe Nantermod au PLR, le score canon de Mathias
Reynard à gauche, la consécration de Franz Ruppen à
l’UDC. C’est le top-4 de l’événement, avec un constat
rassurant : l’absence des cadors Darbellay-FreysingerRossini n’a pas eu d’effet démobilisateur. Le combat
politique a encore de beaux jours.
Alliés ou cousins ennemis ?
Mais quid de l’essentiel : comment a évolué la « gouvernance » du Valais politique selon le reflet des résultats du National ? On voit le bloc bourgeois, PDC,
UDC et PLR passer la barre des 80 % de l’électorat.
Encore la progression n’est-elle parlante que si l’on
considère ce qui se passe à l’intérieur : confirmation
musclée de la deuxième place cantonale de l’UDC,
première manifestation de résistance du PDC depuis
des lustres, stagnation du PLR.
C’est sur cette partition contrastée que vont se jouer
les grands enjeux des prochaines années. Les trois
droites ont littéralement confisqué la balle, laissant
l’alliance de gauche - succès personnel de Mathias
Reynard excepté - sur le banc de touche. Est-ce un bien
pour le débat ? Et quand on y regarde de plus près, ce
qui divise les cousins ennemis pourrait se révéler plus
déterminant que ce qui unit ces trois droites. La pre-
RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES
ENTRE QUATRE YEUX
Le siège du sénateur PDC sortant, Jean-René Fournier, n’était pas
combattu.
mière, le PDC qui maintient son 39 % valaisan, est une
droite du centre, à sensibilité sociale, dont la lisibilité
est brouillée. La seconde, l’UDC qui se profile à un
palier inespéré de 22,5 %. C’est une droite idéologique, dont le cheval de Troie est l’immigration. La
troisième, celle du PLR à 19 %, est l’arbitre attendu au
tournant des grosses échéances de la nation, Europe,
fiscalité, énergie. Comment vont jouer nos élus d’octobre sur cette partition ? Le plus probable est qu’ils
continuent de se dévorer. A l’agenda, le débat de la
sortie du nucléaire, virage dangereux pour l’hydroélectrique, l’Europe, partenaire incontournable de l’économie, la nouvelle fiscalité, les retraites et le social,
que des sujets qui vont encore nourrir la division des
droites.
En lecture purement valaisanne, cette élection
confirme ce que l’on voyait déjà : pour garder le pouvoir, le PDC va devoir composer encore plus avec un
nouveau partenaire, l’UDC, qui se confirme comme le
plus grand des petits et dont les appétits ne sortent
pas rassasiés de cette victoire à l’arraché. La donne
essentielle de l’alliance traditionnelle du canton, un
PDC prenant appui sur le PLR, est à inscrire au
patrimoine.
7
Aux Etats, l’ovni s’appelle Grichting
Le mère des batailles, celle du Conseil des Etats, était
plus palpitante. A une exception en 1967, par défaut
d’entente, le PDC a toujours su garantir une représentation constante des deux parties du canton à la
Chambre haute. En s’appuyant sur une justice distributive entre ses composantes internes, l’ex-majorité
avait su maintenir cet élément fort de l’unité cantonale. Cela malgré les tentatives répétées des partis
minoritaires qui criaient au hold-up, mais sans succès.
Chaque fois, on chahutait au premier tour, et puis,
passez muscade, à la majorité relative, le résultat était
couru d’avance…
Cette fois, la perte de la majorité PDC avait changé la
donne. Comment un parti tombé à moins de 40 % pouvait-il truster le 100 % de la représentation cantonale
aux Etats ? Même au système majoritaire. La revendication était légitime, surtout si l’on ne touchait pas à
l’essentiel, un du Haut, un du Bas. Encore fallait-il
passer le cap des deux tours. La martingale était imparable : il fallait rallier les minorités autour d’un seul
challenger. A l’issue du premier, la partie semblait
jouable. Malgré un bon comportement du ticket PDC
et des écarts significatifs avec les challengers, les
chances étaient réelles pour l’UDC Franz Ruppen, ou
le PLR Pierre-Alain Grichting. Le premier déjà élu au
National ayant renoncé, c’est sur le candidat Grichting
que se portaient les espoirs de « grand soir » minoritaire. Car il fallait réunir les forces contre le prétendant
au titre, le PDC Beat Rieder, puisque le siège du sortant
Jean-René Fournier n’était pas combattu.
Mais, ainsi s’écrit l’histoire, celle des trois droites qui
ne s’aiment pas. Comme déjà dit plus haut : la première, PDC, défendait son bastion. La seconde, l’UDC
bien servie, avait autre chose en tête. Et la troisième,
le PLR, a fait feu des quatre fers dans le Valais romand.
Son valeureux combattant, le « success manager »
Pierre-Alain Grichting, une sorte d’ovni en politique,
était l’outsider providentiel. Comme Haut-Valaisan le
plus connu dans le Bas, comme chef d’entreprise au
parcours mythique, il avait vraiment tout en mains
pour emporter la citadelle. Il lui a juste manqué une
assez large assise… haut-valaisanne. De peu, il est
vrai, pour 1500 petites voix qui auraient changé, et
profondément, le casting électoral.
La morale de l’histoire est connue dans ce pays, pour
gagner ou pour perdre, un partenaire déterminant, un :
le Haut-Valais. Mais quelque chose me dit que ce n’est
que partie remise. A la prochaine grosse vague…
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ENTRE QUATRE YEUX
RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES
UN CHALLENGER
A MAINTENU LE SUSPENSE
LORS DES ÉLECTIONS AU CONSEIL DES ETATS, LE PLR PIERRE-ALAIN GRICHTING A
SÉRIEUSEMENT MENACÉ LE DUO PDC JEAN-RENÉ FOURNIER ET BEAT RIEDER. D’UN
POINT-DE-VUE VALAISAN, IL NE FAUDRA PAS TROP ESCOMPTER DE NOUVELLES
INFLEXIONS, NI AU CONSEIL DES ETATS, NI AU CONSEIL NATIONAL.
Luzius Theler – [email protected]
Chroniqueur à la Neue Zürcher Zeitung,
ancien rédacteur en chef adjoint du Walliser Bote
Traduction et adaptation en français :
Edgar Bloch – [email protected]
En définitive, le second tour des élections au Conseil
des Etats s’est révélé passionnant. Jusqu’au dernier
moment, le challenger PLR Pierre-Alain Grichting aura
réussi à talonner les deux candidats PDC, Jean-René
Fournier et Beat Rieder. Au décompte final, il lui aura
toutefois juste manqué 1481 voix. Le politicien traditionnel l’a donc emporté d’un cheveu face à un
challenger s’étant fait les dents dans l’économie.
Après ce résultat, qui s’avère bien plus qu’un succès
d’estime, les portes du PLR sont grandes ouvertes à
Pierre-Alain Grichting. Déjà pressenti comme candidat
favori au Conseil d’Etat pour 2017, ce dernier semble
cependant y renoncer. Ayant repris l’entreprise familiale Zwissig, à Sierre, depuis quelques années, il ne
se sent en effet pas prédestiné à faire son entrée dans
le gouvernement valaisan.
De son côté, le nouveau conseiller aux Etats Beat
Rieder, qui doit sa victoire à son avance dans le HautValais, fait figure de politicien traditionnel, son parcours vers la Chambre haute l’ayant conduit de la
présidence de sa commune de Wiler, dans le
Lötschental, au Grand Conseil. C’est ici qu’il s’est fait
un nom au titre de chef de groupe et de débatteur à
la langue acérée. De surcroît, il a positionné son
groupe comme la force politique la plus importante
du Haut-Valais, à l’aile droite du PDC, si bien que le
parti, en dépit de la progression de l’UDC dans la partie alémanique du canton, n’a pas perdu trop de
plumes dans l’aventure. Si Beat Rieder s’engage certes
en faveur d’une politique favorable à l’économie, il se
présente en avocat sans concession des sollicitations
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
des régions de montagne, comme de toutes les formes
de transferts directs de la Confédération.
Autrement dit, il faut s’attendre à ce que les deux représentants valaisans au Conseil des Etats défendent
les valeurs traditionnelles, notamment dans les domaines de l’énergie, de la péréquation financière et
de l’aménagement du territoire. Il faudra voir s’ils
déploieront également leurs efforts en matière de politique monétaire, plaçant les industriels valaisans
face à un défi de taille. Lors de la joute électorale,
celle-ci n’a d’ailleurs pratiquement jamais été abordée, contrairement au loup…
Trois sièges pour le Haut-Valais
Pour les élections au Conseil national, le Haut-Valais
fait figure de gagnant. Ces quatre dernières années,
la partie alémanique du canton n’a en effet été représentée que par une seule élue, en la personne de la
conseillère nationale Viola Amherd du PDC.
Dorénavant, elle sera escortée par deux collègues
haut-valaisans, en l’occurrence Franz Ruppen de l’UDC
et Roberto Schmidt du Parti chrétien-social du HautValais, le CSPO. Pour ce dernier, l’élection, ou mieux
dit la réélection, constitue un triomphe personnel.
Battu de justesse, il y a quatre ans, il a raflé, avec 500
listes d’avance sur les socialistes, le deuxième siège,
précisément celui des électeurs PS qui l’avaient évincé
du Parlement fédéral, en 2011. Roberto Schmidt, le
président de commune de Loèche-Susten, peut être
perçu comme un opportuniste pragmatique, compte
tenu de son immense flexibilité qu’on lui reconnaît
RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES
ENTRE QUATRE YEUX
9
sur les dossiers. Si rien ne laisse entrevoir qu’il renie
Conseil national, il devrait appuyer très fidèlement le
ses racines chrétiennes-sociales, il a développé une
camp bourgeois et servira sans le moindre état d’âme
forte sensibilité aux attentes des PME, grâce à son
la ligne politique de l’UDC. Pour son parti, il a mené
expérience pratique de la politique communale. Sur
un travail de fond dans le Haut-Valais, en vue de l’édiles questions sociétales, il devrait néanmoins plutôt
fication de ses structures régionales et locales. Raison
se ranger derrière le camp conservateur. En outre, il a
pour laquelle la star de l’UDC, Oskar Freysinger, l’a
fait de la question du loup l’un de ses chevaux de
massivement et ouvertement soutenu dans la joute
bataille ; d’ailleurs, il ne cache pas sa volonté d’éradiélectorale, même contre le rival interne, le cardiologue
cation du prédateur, un objet qui le mettrait en
Patrick Hildbrand.
confrontation directe avec sa conseillère fédérale Doris
En définitive, Viola Amherd, réélue et au bénéfice d’un
Leuthard, laquelle ne fait pas mystère publiquement
très bon résultat, intégrera le cercle des plus remarde son inclination à une cohabitation entre l’homme
quables et influentes figures de son groupe PDC, lors
et l’animal.
de la prochaine législature. Elle siège dans des comRoberto Schmidt passe pour le prétendant le mieux
missions importantes et, à côté des thèmes de portée
placé au fauteuil PDC, au cas où Jean-Michel Cina ne
régionale, a arboré avec panache l’étendard de la
rempilerait pas pour 2017 au Conseil d’Etat. Si le maprotection de la jeunesse. Il n’est toutefois pas exclu
gistrat haut-valaisan ne semble pas marqué par la
qu’elle démissionne en cours de période. En ce cas,
moindre usure du pouvoir à son poste, il laisse néanle député et conseiller communal Philipp Matthias
moins poindre sa lassitude définitive pour les combats
Bregy de Naters lui succéderait. Le nom de Viola
électoraux. Au cas où Roberto Schmidt parviendrait à
Amherd circule déjà en cas de succession possible de
se faire élire au gouvernement, ce serait le premier
la conseillère fédérale Doris Leuthard, tout comme
des « viennent ensuite », inscrit sur la liste CSPO au
celui du conseiller d’Etat Jean-Michel Cina... Il faudra
Conseil national, qui serait envoyé à Berne, soit
voir si ceux-ci, ou Oskar Freysinger de l’UDC, parThomas Egger. Le directeur du Groupement suisse
viennent, après Joseph Escher, Roger Bonvin et Pascal
pour les régions de montagne (SAB) s’appuie sur sa
Couchepin, à faire accéder un quatrième conseiller
vaste expérience dans de nombreux domaines relatifs
fédéral dans l’histoire du Valais, au cours de ces proaux régions de montagne. Pour sa part, Franz Ruppen
chaines années. Question ouverte…
de l’UDC peut passer
comme un ami de l’économie. Toutefois, à titre
de conseiller communal
de Naters, il s’est engagé
sans réserve dans la
commune pour les installations de transport touristiques locales et ne
s’est jamais fait remarquer comme force d’opposition dans d’autres
questions de politique
communale. Lors du combat électoral, il a rarement mis en avant des
thèmes locaux, ou cantonaux, préférant surfer,
dans le sillage de la campagne fédérale, sur des
Bien plus qu’un simple succès d’estime pour
Le nouveau conseiller aux Etats Beat Rieder
slogans accrocheurs,
Pierre-Alain Grichting.
doit sa victoire surtout à son avance dans le
Haut-Valais.
mais simplistes. Au
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
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L’ENTRETIEN
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JEAN-DANIEL DESCARTES
JEAN-DANIEL DESCARTES
LA RÉACTIVITÉ ÉRIGÉE
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INDÉPENDAMMENT DU RALENTISSEMENT GÉNÉRAL DES AFFAIRES, DE LA BAISSE
DES MARGES ET DE L’OFFENSIVE DE LA CONCURRENCE, JEAN-DANIEL DESCARTES,
À LA TÊTE DU GROUPE VALAISAN ÉPONYME EMPLOYANT PLUS DE 300 COLLABORATEURS, SE MONTRE TOUJOURS AUSSI RÉACTIF ET CRÉATIF. DU HAUT DE SES 74 ANS,
IL S’INFORME, INNOVE ET VOYAGE À TRAVERS LE MONDE POUR GLANER DE NOUVELLES IDÉES.
Didier Planche – [email protected]
Directeur de la publication
– Toutes activités confondues, comment s’est
passée la marche de vos affaires, cette année ?
Globalement, le groupe enregistre un léger tassement
de son chiffre d’affaires, qui dépasse les 50 millions
de francs, en raison du franc fort, bien sûr, mais également de la baisse du pouvoir d’achat due à une
conjoncture mitigée. Je parviens, cependant, à équilibrer les comptes entre mes activités d’importateur
pour le commerce de meubles et celles liées aux secteurs du tourisme, de l’immobilier et du loisir. En revanche, nos marges s’amenuisent davantage.
– Comment a évolué le commerce de meubles, votre
core business, qui représente 40 % du chiffre
d’affaires du groupe ?
Depuis cette année, nous vendons des meubles haut
de gamme des fabricants français Gautier, italien
Natuzzi, allemand Rolf Benz et norvégien Stressless,
qui connaissent tous un succès certain. En 2014, nous
avons ouvert des succursales à Sion sous-gare et à
Eyholz, près de Viège, puis cette année à Collombey
qui draine toute la clientèle du Chablais valaisan et
vaudois, ainsi que de l’arc lémanique. Comme la
concurrence se renforce toujours plus dans cette activité, nous sommes contraints de redoubler d’originalité pour attirer la clientèle, tout en proposant des
meubles de qualité à des prix accessibles et en multipliant les actions de marketing et publicitaires. Nous
bénéficions aussi des rénovations de chalets, appartements et autres résidences, qui compensent la di-
minution des nouvelles constructions et ventes d’objets immobiliers en montagne, à cause de la Lex Weber
et du franc fort. Dans le commerce de meubles, qui
comprend également l’agencement de cuisines, d’hôtels, de restaurants et d’EMS, ma stratégie consiste à
investir dans l’agrandissement du magasin principal
de Saxon et à ouvrir de nouvelles succursales. De
même, je reste attentif aux tendances du meuble et
aux matériaux novateurs proposés. D’où mes nombreux voyages à l’étranger.
– Qu’en est-il du thermalisme avec les Bains
d’Ovronnaz, qui couvre aussi 40 % du chiffre
d’affaires du groupe, et dont le taux moyen d’occupation environne les 65 % ?
Depuis 2012, nous avons perdu environ 20 à 30 % de
la clientèle des bains thermaux d’Ovronnaz. Cette
Jean-Daniel Descartes, fondateur et propriétaire du groupe valaisan
éponyme : « Dans le commerce de meubles, nous sommes contraints de
redoubler d’originalité pour attirer la clientèle. »
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
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1934.
L’ENTRETIEN
13
JEAN-DANIEL DESCARTES
baisse provient de la conjoncture et de la nuisance
des travaux du nouvel espace spa et wellness, d’une
surface de 1250 m2, qui ont duré plus longtemps que
prévu, soit deux ans et demi au lieu d’une année. Mais
depuis octobre, la situation semble se rétablir, avec
davantage d’entrées et de séjours, en dépit, là aussi,
d’une concurrence exacerbée et du franc fort.
Heureusement d’ailleurs, car l’investissement consenti pour la nouvelle infrastructure s’élève à dix millions
de francs. Augmenter la clientèle constitue le principal
défi. Dans cette optique, nous sommes en discussion
avec le groupe international Louvre Hôtel, totalisant
1200 établissements dans 47 pays comme entre autres
les Golden Tulip, Tulip Inn, Royal Tulip, Première
classe, Kiriad Hôtel, ou Campanile, lui-même propriété
du conglomérat para-étatique chinois Jin Jiang
International (2200 hôtels), pour créer un partenariat
qui assurerait un flux régulier de clients chinois, asiatiques et européens. Dès lors, nos établissements
pourraient utiliser les deux marques Golden Tulip et
Tulip Inn. L’année prochaine, je lancerai encore la
construction de 55 appartements, afin d’accroître la
capacité d’accueil hôtelière de Thermalp, mais aussi
pour des ventes en PPE. Quant à nos activités dans
l’hôtellerie-restauration, avec l’établissement L’Ardève
et le Chalet de Kalbermatten, qui évoluent à l’image
Bains thermaux d’Ovronnaz : dix millions de francs ont été investis
dans une nouvelle infrastructure spa et wellness.
de la branche, c’est-à-dire irrégulièrement, elles ont
été intégrées au centre thermal avec son restaurant
et complexe hôtelier.
– Sauf erreur, vous cherchez à vendre Thermalp, car
vous perdez de l’argent ?
Certes, la situation se révèle difficile et pas des plus
confortables sur le plan financier. Je reste toutefois
confiant dans le développement de Thermalp. Pour
vendre ce complexe, dont je suis le seul propriétaire,
il faut de toute façon se situer dans les chiffres noirs
et trouver des investisseurs sérieux. Et pour le moment, ces deux conditions ne sont pas réunies.
Toutefois, je négocie actuellement avec les institutionnels propriétaires des immeubles pour baisser nos
loyers, dans le but de diminuer nos charges. En plus,
je vais restructurer la masse salariale, qui s’élève à
plus de neuf millions par an.
Nouvelles constructions projetées
– Quel bilan tirez-vous de vos activités dans
l’immobilier, soit quelque 20 % du chiffre d’affaires
du groupe selon les années ?
Cette année, je me suis surtout concentré sur la vente
des objets immobiliers, principalement des immeubles
en PPE dans plusieurs villes et stations de montagne
du canton, dont la construction a été réalisée antérieurement. La demande reste plutôt soutenue, avec
des prix attractifs qui se maintiennent. Nos affaires
sont saines dans cette activité, notamment grâce à
notre propre entreprise générale qui effectue passablement de travaux du second œuvre et à nos achats
de matériaux à l’étranger et en direct. En outre, je
m’occupe personnellement de la vente, économisant
ainsi les commissions de courtage. En 2016, j’envisage
quelques nouvelles constructions à Saxon, dont 24
appartements, en plus de celles d’Ovronnaz, comme
précisé précédemment. J’espère également que mes
derniers appartements à vendre à Finhaut, dans l’ancien Hôtel Bristol transformé, trouveront preneurs,
grâce aux retombées publicitaires du Tour de France
qui y organisera une étape.
– A 74 ans, vous débordez toujours d’activité et de
créativité. Comment l’expliquez-vous ?
Mes activités me passionnent. De plus, le développement de nouvelles idées et la recherche de solutions
aux difficultés me stimulent.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
14
C’EST DANS L’AIR
DÉCRYPTAGE
LA CULTURE EN VALAIS
UN ATOUT MAJEUR
EN FAVEUR DE L’ÉCONOMIE
LA CULTURE N’EST PAS SUFFISAMMENT PRISE EN COMPTE QUANT À SON INCIDENCE
SUR L’ÉCONOMIE CANTONALE. POURTANT, ELLE RÉPOND AUJOURD’HUI À UNE
RÉELLE DEMANDE D’UN LARGE PUBLIC. COMMENT EXPLIQUER, DÈS LORS, LE
MANQUE D’INTÉRÊT DE NOS DÉCIDEURS POUR TIRER AVANTAGE D’UNE TELLE PRÉSENCE AUX CÔTÉS DES MILIEUX ÉCONOMIQUES ?
Géo Bétrisey – [email protected]
Ancien directeur de SODEVAL SA
J’ai participé, il y a une vingtaine d’années, à une toursances culturelles et de jouir de nouvelles émotions.
née d’entreprises innovantes d’Italie du Nord, parmi
La venue de l’EPFL à Sion et l’existence de pôles réun groupe de PDG parisiens. A Venise, le président de
gionaux abritant, au fil des années, de nouvelles enla Chambre de commerce du lieu, intrigué par le fait
treprises de pointe devraient constituer une opportuque j’étais le seul Suisse présent dans ce groupe de
nité intéressante pour répondre aux desiderata d’une
Français, m’a questionné sur mes origines. Lui ayant
clientèle amateur de ce genre de prestations.
répondu que je venais du canton du Valais, il a hésité
De même, hommes d’affaires, investisseurs et chefs
avant de me situer pour finalement
d’entreprise qui, sous couvert de touprononcer le mot « Gia...Gianadda »,
rismes, fréquentent nos stations de
mais oui, la Fondation Pierre Gianadda !
montagne n’y viennent pas uniqueSon point de repère pour localiser le
ment pour la pratique du ski. En effet,
Valais n’était ni le Cervin, ni une stails préfèrent de plus en plus meubler
tion de ski prestigieuse, mais bien un
leurs loisirs en s’intéressant à l’offre
haut lieu de la culture de notre canton.
culturelle, ce qui explique la présence
Pas étonnant, finalement, à voir le
de centres de renommée internationombre de plaques minéralogiques
nale à Verbier, Crans-Montana, ou
étrangères qui stationnent tous les
Zermatt. La culture représente égalejours sur le parking de la Fondation.
ment une belle manière de promouvoir
En affaires, le meilleur moyen d’entrer
la diffusion de nos valeurs par l’entreJacques
Cordonier,
chef
du
Service
de
en contact avec un interlocuteur, dont
mise d’ambassadeurs de choix que
la culture de l’Etat du Valais : « Donner
une image plus pertinente de l’impact
on veut faire la connaissance, consiste
sont nos artistes, musiciens, peintres,
économique et financier de grandes
manifestations culturelles en Valais »
à se familiariser tout d’abord avec sa
troupes théâtrales, ou folkloriques.
© Olivier Maire
manière de penser et d’agir, puis de
Tous génèrent une image positive de
connaître ses goûts et préférences.
notre canton à l’extérieur, en sillonQuoi de mieux, alors, qu’un thème culturel pour amornant la Suisse et le monde lors de leurs tournées. Avec
cer le dialogue et faciliter la conclusion de l’affaire ?
à la clé des comptes rendus sur nos capacités tourisLa créativité et l’innovation font aussi bon ménage
tiques et économiques dans la presse internationale.
avec la culture. Un chercheur, un gestionnaire, ou un
Les artistes se produisant, ou ayant élu domicile dans
ingénieur, apprécie la possibilité offerte, après un
notre canton, attirent aussi l’attention du public étrantravail assidu voué à son entreprise, de pouvoir bénéger sur la richesse de nos paysages, ou la qualité de
ficier de loisirs bienvenus, d’enrichir ses connaisnotre climat.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
DÉCRYPTAGE
C’EST DANS L’AIR
Devenir un partenaire majeur
La culture coûte cher, dit-on. C’est vrai, la mise sur
pied de telles ou telles manifestations nécessite souvent des moyens financiers importants et l’appel à
contribution des pouvoirs publics, sans oublier le bénévolat sans lequel maintes réalisations ne seraient
pas viables. Mais au lieu d’être comptabilisés comme
des dépenses, considérons plutôt les moyens engagés
comme des investissements productifs, en estimant
leurs retombées directes et indirectes à plus long
terme. Selon Lorenzo Malaguerra, directeur du théâtre
du Crochetan à Monthey, le Valais, toutes manifestations confondues, attirerait chaque année plus d’un
million de spectateurs, chiffre que Jacques Cordonier,
chef du Service de la culture de l’Etat du Valais, considère encore inférieur à la réalité. Les leaders culturels
du canton, soit les fondations Gianadda et Arnaud, le
festival Open Air Gampel et le Verbier Festival, en totalisent déjà à eux seuls plus d’un demi-million.
Dans son programme d’actions, le dynamique
Monsieur Culture du canton pense à réaliser une enquête plus approfondie sur le sujet, afin de donner
une image plus pertinente de l’impact économique et
financier de telles manifestations, à savoir en particulier sur le retour d’investissement, l’emploi, la res-
15
tauration et le tourisme. Il prévoit également de promouvoir de manière encore plus accentuée les
collaborations à tous les niveaux entre les artistes et
les organisateurs de manifestations, sur une base
volontaire, afin de susciter davantage d’économies
d’échelle partout où cela s’avère possible. De son
côté, Valais/Wallis Promotion, dont la mission consiste
à renforcer l’image de marque du Valais à l’extérieur
et à soutenir notamment les objectifs communs à
l’économie, l’éducation et la culture, a initié récemment des portes ouvertes sur les savoir-faire valaisans,
auxquelles participent déjà une dizaine d’entreprises
industrielles et agricoles pilotes. Jacques Cordonier
souhaiterait voir le lancement d’une telle initiative en
faveur de la culture, dont les contours restent encore
à définir avec les milieux économiques. En effet, cette
dernière, considérée trop souvent comme accessoire,
ne peut se satisfaire d’être « la cerise sur le gâteau »,
mais aspire à être appréciée comme un partenaire
majeur dans l’intérêt bien compris de l’économie valaisanne. A l’heure où les budgets publics ont tendance à se resserrer, il serait dommageable qu’elle
soit la première à en faire les frais. Sans une dimension artistique, la vie économique ne vaut pas la peine
d’être vécue.
Nuit des Musées cantonaux du Valais. – © Olivier Maire
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
16
AU FIL DU RHÔNE
DÉCRYPTAGE
UNE NOUVELLE LÉGISLATURE FÉDÉRALE
TOURNÉE VERS L’EUROPE
LA CAMPAGNE ÉLECTORALE, QUI VIENT DE S’ACHEVER, A MANQUÉ DE DÉBATS NATIONAUX. CEPENDANT, IL FAUDRA BIEN QUE LES NOUVEAUX ÉLUS RÉSOLVENT LA
PRINCIPALE QUESTION D’ENVERGURE POUR NOTRE AVENIR ÉCONOMIQUE, CELLE
DES RAPPORTS DE LA SUISSE AVEC L’UNION EUROPÉENNE (UE). L’EUPHORIE NATIONALISTE DEVRA CÉDER LE PAS À LA RAISON POLITIQUE. IL EN VA DE LA PROSPÉRITÉ DE LA SUISSE.
Jean-Noël Rey – [email protected]
Ancien conseiller national
De nombreux commentateurs politiques et journalistes
ont déploré l’absence de véritables débats de politique
nationale, lors des dernières élections fédérales. Ils ont
sans doute eu raison. Mais pour y avoir participé précédemment en tant que conseiller, ou comme candidat,
je peux témoigner de la difficulté à imposer des thèmes
nationaux dans une élection fédérale, certes, mais se
jouant au niveau local et surtout au plan cantonal. Pour
être élu, il faut gagner des suffrages dans son canton.
Et ceux-ci ne se mesurent guère à l’aune des enjeux
nationaux, mais à la capacité de séduire le chaland
local, intéressé plutôt par son pré carré ! Combien
d’électrices et d’électeurs connaissent vraiment le bilan
politique de leurs élus, ou la capacité des prétendants
à apporter des solutions en adéquation avec leurs
propres intérêts ? Poser la question c’est y répondre ! La
scène politique suisse est trop morcelée et régionalisée
pour offrir un autre spectacle que celui que nous avons
vécu. Donc inutile de s’en lamenter. Prenons-en acte.
Pression migratoire intense
Si la crise des réfugiés, en Europe, a donné des ailes
aux néo-conservateurs de l’UDC, elle n’est pas la seule
explication du glissement nationaliste en Suisse. A
mes yeux, ce phénomène puise ses racines profondes
dans la grave crise économique de 2008, dont les
conséquences négatives n’ont toujours pas été dépassées en Europe. Ilot de prospérité dans une Europe
en crise, où sévit le chômage de masse en particulier
chez les jeunes, la Confédération helvétique subit une
pression migratoire intense que le Conseil fédéral a
cru trop longtemps pouvoir maîtriser, grâce aux seules
mesures d’accompagnement adoptées lors de l’entrée
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
en vigueur de la libre circulation des personnes.
L’Europe du chômage et des Etats endettés provoquent
une poussée des partis nationalistes ; la Suisse prospère, mais désécurisée dans son bien-être, se cherche
aussi dans le nationalisme. Quel paradoxe !
L’importance de la libre circulation
Malgré les tendances lourdes au repli nationaliste, au
refus de l’étranger, à la fermeture des frontières et au
protectionnisme économique, les problèmes politiques majeurs pour la Suisse se situent aux niveaux
européen et global. Le 9 février 2014, une courte majorité de votants a accepté l’initiative de l’UDC pour
une maîtrise de l’immigration. Fort bien, mais sa prétention à favoriser les nationaux, à réintroduire des
contingents et un plafond annuel s’oppose diamétralement à la libre circulation des personnes des Etats
membres de l’UE. Or, cette libre circulation a fait notre
prospérité au cours de ces dernières années. Il suffit
de se rappeler la stagnation économique des années
nonante pour comprendre la portée économique de
la libre circulation. Il est donc temps que les milieux
économiques n’ayant pas vu arriver l’orage, en 2014,
se mobilisent sérieusement pour rappeler l’importance pour notre économie de la libre circulation et
des accords bilatéraux qui en dépendent. La Suisse
ne peut pas se permettre de mettre en jeu ses rapports
avec l’UE, son principal partenaire économique. Miser
sur un affaiblissement de l’Europe des 28 et croire en
nos capacités d’imposer nos propres choix à l’UE relève de la même arrogance que celles et ceux ayant
trop longtemps cru à la force du secret bancaire, pour
ensuite capituler sans avoir pu négocier à temps.
DÉCRYPTAGE
17
AU FIL DU RHÔNE
L’idée de mettre en chantier un nouvel accord cadre
avec l’UE, dépassant la multitude d’accords bilatéraux
et la complexité de leur gestion, réglant la reprise du
droit européen pour sauvegarder notre accès au marché unique et fixant une instance de règlement des
litiges, devrait séduire, car elle permettrait de soumettre au peuple la véritable question de nos rapports
avec l’UE sans repasser par la case migratoire.
Chantre de la « suissitude »
Tout au long de son histoire moderne, la Suisse a été
traversée par des courants contradictoires, reflétant
les intérêts divergents d’une économie tournée vers
l’intérieur, plutôt protectionniste, et d’une économie
d’exportation, plutôt libérale. Elle a su jusqu’à ce jour
trouver les compromis et les équilibres socio-économiques ayant fait sa prospérité. Or, au cours des ans,
le poids politique des partis, qui assuraient ces équilibres, n’a fait que se réduire comme peau de chagrin
au profit d’un parti aimant les frontières, les conservatismes surannés, le repli sur soi et devenu le chantre
de la « suissisitude », en parfaite contradiction avec
une économie suisse d’exportation conquérante, innovante, créatrice d’emplois, prospère et totalement
globalisée.
Les nouveaux élus à la Berne fédérale devront donc
empoigner d’abord ce problème d’envergure nationale
et internationale, avant de penser à leur pré carré !
Au Conseil national, les nouveaux élus vont surtout devoir s’occuper des relations entre la Suisse et l’Union européenne.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
18
L’ANALYSE IMMOBILIÈRE
DÉCRYPTAGE
FISCALITÉ IMMOBILIÈRE,
DU DÉBUT À LA FIN DU CYCLE
ACQUÉRIR OU HÉRITER, PUIS HABITER OU LOUER, ENTRETENIR, PUIS VENDRE… A
CHAQUE ÉTAPE, IL FAUT PENSER FISCALITÉ IMMOBILIÈRE. LE POINT AVEC PAULANDRÉ ROUX, EXPERT FISCAL ET PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE IMMOBILIÈRE DU
VALAIS (CIV).
Geneviève Zuber – [email protected]
Journaliste
Vous devenez propriétaire ? Le passage par la case
« droit de mutation » est incontournable. Cet impôt
frappe toute nouvelle acquisition obtenue par échange
(achat, héritage, donation et même constitution d’un
droit de servitude). Depuis deux ans, un droit de mutation additionnel communal peut s’ajouter à la ponction cantonale, une nouveauté déjà adoptée par de
nombreuses communes. « De 2,2 % du prix de vente,
cet impôt passe ainsi à environ 3 % selon les communes », résume Paul-André Roux. « Pour un logement
acheté 600 000 francs, il faut compter 18 000 francs
de droits de mutation, soit 5000 à 6000 francs de plus
qu’auparavant ! »
Une dette pour atténuer la pression fiscale ?
Lors de l’achat d’un bien immobilier, se pose la question fiscalement très stratégique de la dette, les intérêts hypothécaires étant déductibles du revenu imposable. Dès lors, faut-il emprunter, ou piocher dans son
bas de laine ? Quel plan d’amortissement choisir ?
Paul-André Roux : « Cela dépend du patrimoine et de
chaque situation, mais compte tenu des taux hypothécaires actuels très bas, c’est une période d’opportunité pour être endetté et le rester. Avec un emprunt
à taux fixe, on privilégiera un amortissement indirect.
Le 3e pilier A étant fiscalement déductible, on peut
économiser entre 20 et 40 % de la prime annuelle de
6768 francs maximum, pour un salarié. »
La valeur locative à nouveau d’actualité
En Suisse, quel que soit l’usage qu’on fait de son logement, ce dernier est considéré comme un revenu
par le fisc : revenu effectif en cas de mise en location,
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
mais valeur purement
fictive s’il est habité
par le propriétaire.
Pour les propriétaires
ayant remboursé leur
dette, l’imposition de
la valeur locative est
une véritable injustice. Mais le vent sePaul-André Roux, président de la CIV,
déplore qu’une bonne partie des
rait-il en train de tourrecettes immobilières perçues dans
les communes touristiques échappent
ner ? Le Conseil
à ces dernières. – © Viviane Delaloye
national a donné son
feu vert à la motion Egloff (suppression de la valeur
locative pour les propriétaires qui le souhaitent et, en
contrepartie, de la plupart des déductions actuelles).
Puis ce sera au Conseil des Etats de se prononcer. En
attendant, la valeur locative, en Valais, est estimée de
manière « raisonnable », comme l’exige explicitement
la législation cantonale. Concrètement, elle se limite
à 60 % de la valeur vénale, soit, par exemple, à 6000
francs par an si votre logement vaut 10 000 francs sur
le marché de la location.
Les investissements énergétiques :
un bon plan fiscal
De même que les intérêts hypothécaires, les frais d’entretien, ou de remise en état des immeubles privés,
peuvent également être défalqués du revenu imposable. Paul-André Roux : « Il est désormais permis de
déduire les frais de remise en état d’un immeuble
existant l’année même de l’acquisition, au lieu de
devoir attendre cinq ans. Un ‹plus› à saluer. » Enfin,
les investissements en vue d’améliorer l’efficacité
DÉCRYPTAGE
Fiscalité
immobilière en
Valais
Montant
Droit de
mutation
±3% du prix de vente
Taxation de la
valeur locative
60% de la valeur
marchande
Impôt foncier
1‰ de la valeur
fiscale
Impôt sur les
transactions
Impôt sur les
successions et
les donations
19
L’ANALYSE IMMOBILIÈRE
Dégressif
10% à 25% de la
valeur fiscale, selon le
degré de parenté des
assujettis
Quand y est-ton soumis ?
Remarques
Malgré l’entrée en vigueur du droit de
mutation additionnel communal facultatif, le
droit de mutation valaisan reste raisonnable
par rapport au reste de la Suisse
Dans la plupart des autres cantons, la valeur
locative prend en compte 100% de la valeur
marchande
La valeur locative entre dans le calcul de
l’impôt sur le revenu
Valeur fiscale = 50 à 60% de la valeur du
marché, selon les communes
38% de la plus-value si la vente est effectuée
l’année suivant l’acquisition, jusqu’à un
plancher de 3% (dès 25 ans après l’acquisition)
Le conjoint ainsi que les héritiers en ligne
directe (ascendants et descendants) sont
exonérés
énergétique des bâtiments sont déductibles, pour
favoriser le tournant énergétique.
Un impôt foncier raisonnable
Outre l’impôt sur la valeur locative, les propriétaires
doivent aussi payer chaque année un impôt foncier
qui, en Valais, s’élève à 1‰ de la valeur fiscale.
Vendre : attention aux surprises fiscales !
Lors de cette étape également, le fisc valaisan est relativement peu vorace, puisqu’il ne prélève que 3 %
sur l’éventuelle plus-value, si le vendeur est en possession de son bien depuis plus de 25 ans. Pour prévenir toute spéculation agressive, le taux se monte à
38 % la première année, puis devient dégressif. PaulAndré Roux met en garde contre les ventes à but spéculatif de biens immobiliers : « Le fisc risque bien de
considérer la plus-value comme un revenu d’activité,
ce qui entraîne un prélèvement des cotisations AVS.
Les conséquences fiscales peuvent être lourdes ! » Un
exemple : vous construisez un immeuble, puis le revendez avec une plus-value de 200 000 francs cinq
ans plus tard ; au lieu de payer 42 000 francs d’impôt
aux gains immobiliers, la cotisation sera de 80 000
francs, cotisations AVS comprises. « Il vaut donc mieux
prévenir et vendre par le biais d’une société anonyme ;
d’où l’importance de structurer toute démarche de ce
type et de demander conseil à un professionnel »,
recommande-t-il.
Transmettre : penser aux héritiers
En Valais, l’époux-se, ainsi que les héritiers en ligne
directe, sont exonérés de l’impôt sur les successions
Lors de toute
nouvelle
acquisition
Chaque année
Chaque année
Lors de la vente
Lors de la
transmission du
bien
et des donations. Les autres héritiers sont taxés selon
leur degré de parenté (entre 10 et 25 % de la valeur
fiscale de l’immeuble). Attention, les concubins sont
imposés à 25 % et les familles décomposées-recomposées ne sont pas à l’abri de surprises non plus ! D’où
le conseil de Paul-André Roux : « Il devient de plus en
plus important, dans notre société, d’organiser sa
succession, de prévoir des testaments, ou des pactes
successoraux. »
« Stop au coulage dans les stations ! »
Pour Paul-André Roux, « la fiscalité immobilière valaisanne est encore acceptable en comparaison internationale et intercantonale, mais la pression sur les
contribuables propriétaires s’accroît. Nous devons
rester attentifs et défendre la propriété qui ne doit pas
être la vache à traire du canton et des collectivités
publiques, cherchant à renflouer leurs caisses. »
– Les impôts immobiliers perçus sur les résidences
secondaires nécessitent selon vous un sérieux
réglage…
Si vous êtes propriétaire d’un chalet à Nendaz, par
exemple, et que vos papiers sont déposés dans une
autre commune valaisanne, disons à Sion, c’est dans
cette ville que revient une grande partie de l’impôt
immobilier que vous payez pour votre résidence secondaire. En revanche, si vous êtes domicilié hors
canton, à Lausanne par exemple, Nendaz garde le
tout. Il faut revoir les dispositions entre communes
valaisannes pour rendre à César ce qui est à César.
Nous n’avons pas de chiffres précis, mais cela représente des pertes considérables pour les stations.
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LE SECTEUR RÉSISTE
MALGRÉ LA MOROSITÉ
EN VALAIS, L’IMMOBILIER DE MONTAGNE ÉVOLUE ENTRE MAINTIEN ET FLÉCHISSEMENT DES AFFAIRES. MAIS, GLOBALEMENT, LES INVESTISSEURS SE RARÉFIENT. CAS
D’ÉCOLE À TRAVERS DEUX STATIONS EMBLÉMATIQUES, CRANS-MONTANA ET
VERBIER. ENTRETIEN AVEC GASTON BARRAS ET ANDRÉ GUINNARD, DEUX PROFESSIONNELS RECONNUS DU SECTEUR.
Didier Planche – [email protected]
Directeur de la publication
Qu’il s’agisse de l’offre, ou de la demande, les prix
diffèrent quelque peu entre Verbier et la région de
Crans-Montana ; « Crans-sur-Sierre, Montana et
Aminona » pour Gaston Barras, le fondateur et propriétaire de l’agence immobilière éponyme, toujours située dans le premier immeuble construit en Suisse
pour la vente d’appartements, dans les années
soixante. « Le marché s’inscrit en baisse dans notre
région, bien sûr à cause de la Lex Weber et surtout de
la conjoncture économique européenne et mondiale
dépréciée, mais aussi de l’insécurité fiscale prévalant
en Suisse qui décourage beaucoup d’investisseurs
potentiels. Certains de mes clients ont même quitté
le Valais, alors qu’ils s’y plaisaient tout particulièrement ! L’offre existe, mais la clientèle manque singulièrement. Quant aux prix, ils n’ont pas chuté.
Toutefois, le nombre de surfaces commerciales à louer
au centre de Crans-Montana constitue également un
sujet bien réel d’inquiétude, désignant quelque part
le marasme économique dans la station. Maintenant,
le marché immobilier a toujours connu des cycles
haussiers, puis baissiers, mais celui en vigueur semble
dangereusement s’éterniser », observe Gaston Barras.
A Verbier, les prix connaissent aussi une certaine stabilité, bien que le flux de transactions diminue légèrement. « Dès les années 2000, les professionnels du
secteur ont orienté le concept immobilier de la station
vers la rénovation, l’entretien, la reconstruction et la
mise en valeur architecturale des résidences, pour la
plupart des chalets haut de gamme, tout en limitant
volontairement le nombre d’immeubles et surtout leur
taille. De la sorte et sans le vouloir, nous avons anticipé la Lex Weber et même la LAT. Cette stratégie
André Guinnard : « Verbier a
conservé son cachet de
villégiature alpestre et continue à
séduire des investisseurs. »
Gaston Barras : « Pendant
longtemps, Crans et sa région
était l’une des principales
locomotives de l’immobilier haut
de gamme, en Valais. »
s’avère payante, puisque Verbier a conservé son cachet de villégiature alpestre et continue à séduire des
investisseurs. Néanmoins, nous refusons de brader
Verbier à des groupes étrangers aux projets démesurés, voire même irréalisables ou ingérables, lesquels,
en plus, concurrencent nos entrepreneurs locaux. Dès
lors, la station enregistre un équilibre appréciable
entre l’offre et la demande », relève André Guinnard,
fondateur de l’agence portant son patronyme.
Compte tenu de leur clientèle fortunée, les deux stations se maintiennent grâce aux objets immobiliers
de luxe et de qualité. « A Crans-Montana, leur part
atteint presque 20 % du marché et représente une
grande partie des annonces publiées dans la presse.
Pendant longtemps, cette région était l’une des principales locomotives de l’immobilier haut de gamme,
en Valais. Malheureusement, l’offre étant devenue
assez pléthorique dans plusieurs stations du canton,
avec des prix revus à la baisse et une qualité moindre
des constructions, elle a détérioré cette catégorie et
tiré la clientèle vers le bas », déplore Gaston Barras.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
L’original
de l’original.
VALAIS Av. Gd-Champsec 23, 1950 Sion 4
GENÈVE Rte des Jeunes 37, 1227 Carouge
VAUD
En Budron B2, 1052 Le Mont-sur-Lausanne
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DÉCRYPTAGE
23
IMMOBILIER DE MONTAGNE
« A Verbier, nous rencontrons moins ce phénomène,
justement grâce à notre volonté de ne pas devenir une
ville à la montagne, ce qu’apprécient particulièrement
nos hôtes fortunés. De plus, notre centre économique
se déplace progressivement au Châble, où vivent de
nombreux locaux, surtout qu’un grand pôle économique y sera construit. Le caractère village authentique de Verbier ne s’en portera que mieux », remarque
André Guinnard.
La faiblesse pour l’un et une certaine stabilité pour
l’autre de la croissance des ventes dans la catégorie
haut de gamme, semblent, cependant, ne pas être compensées par des acquisitions de clients suisses, qui
bénéficient pourtant d’une certaine attractivité des prix,
de la faiblesse des taux hypothécaires et d’une fiscalité
immobilière disons accommodante. D’où l’importance
de développer les rénovations des habitations pour
préserver leur qualité et générer un volume d’affaires.
« Il s’agit aussi d’assurer l’emploi des locaux dans nos
stations, dans l’optique de dynamiser leur tissu économique respectif », s’accordent les deux promoteurs. En
revanche, ils jugent inacceptable et absurde la multiplication des taxes réclamées aux propriétaires, résidents et touristes. « Nous tuons à petit feu notre matière
première qu’est notre clientèle, au sens large du terme »,
s’insurge André Guinnard.
La vigilance des professionnels valaisans
Tant Crans-Montana que Verbier connaissent hélas
des dysfonctionnements, qui pourraient entacher leur
réputation. Certes, s’ils existent encore, les dessous-
de-table, qui gangrènent l’ensemble du secteur, se
font plus rares, étant davantage traqués par la justice
et punis par la loi. Comme le dit joliment Gaston
Barras, sur le ton de la plaisanterie, « les dessous-detable n’existent plus en Valais, car on a supprimé les
tables ! » De son côté, André Guinnard précise n’avoir
jamais été sollicité pour un règlement au noir, en
quelque vingt ans. En revanche, Crans-Montana est la
proie de promoteurs étrangers faisant miroiter des
projets pharaoniques, pour ne pas dire mégalomanes,
qui n’aboutiront certainement jamais ; d’ailleurs, les
commanditaires de ces « chantiers du doute », dont
l’origine des fonds demeure opaque, semblent bien
les seuls à y croire... Quant à Verbier, elle vit à l’heure
des conflits d’intérêt dans la construction, histoire de
gagner plus de sous pour quelques-uns, n’ayant ni
scrupule, ni sens de l’intérêt commun. Bien sûr, ces
deux stations ne sont pas des cas uniques dans l’art
de la vilenie. « L’immobilier et la construction drainent
beaucoup d’argent. Aussi, les aigrefins de tout acabit
cherchent à s’y infiltrer. En Valais, ces deux secteurs
d’activité se sont heureusement professionnalisés,
avec des associations faîtières qui veillent au grain.
D’où leur vigilance, surtout à l’égard des promoteurs
et de margoulins férus de spéculation », se félicite
André Guinnard, qui souligne qu’à Verbier « on vend
un objet immobilier pour le plaisir de son propriétaire
et non pour son rendement ». Selon Gaston Barras,
c’est aussi le manque d’application des règlements
communaux de construction, qui crée des distorsions
dans le marché immobilier.
Indices des prix de transaction du marché de la résidence/villa de 2014 au 1er trimestre 2015
Source : Marché immobilier valaisan 2015, Banque Cantonale du Valais, Chambre Immobilière du Valais, Wüest & Partner SA
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
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Rte des Ilettes 3
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Av. du Gd-St-Bernard 42
1920 Martigny
Garage et carrosserie
Tél. 027 455 07 20
Bruttin Frères SA
3960 Sierre
Atlas Automobiles SA
Tél. 027 329 06 40
Rue Traversière 10
1951 Sion
DÉCRYPTAGE
25
LA CHRONIQUE DE L’USPI VALAIS
PORTAIL IMMOBILIER.CH
UN OUTIL INTUITIF ALLIANT EFFICACITÉ COMMERCIALE
ET INFORMATIONS DE PRE-MIÈRE MAIN
Vincent Riesen – [email protected]
Secrétaire général de l’USPI Valais
Le 6 juillet dernier, l’Union suisse des professionnels
acheter, etc.), ainsi que divers services (annuaires des
de l’immobilier (USPI) lançait son propre portail web
membres USPI, conseils pour faire expertiser son bien
dédié à l’immobilier. Son objectif premier vise à offrir
immobilier, etc.). immobilier.ch se distingue donc tant
aux professionnels de l’immobilier – et uniquement
sur le plan technique que par l’information qu’il fourà eux – un outil efficace et commercialement très comnit. Ceci lui permet de croître rapidement et d’être
pétitif pour publier leurs anparfaitement référencé sur
nonces de biens à vendre, ou
Google. Juste après son lanceà louer.
ment, ce portail comptabilisait
Avec cette plate-forme, le
déjà 5000 annonces. Trois
grand public à la recherche
mois après, il en est aud’une maison ou d’un apparjourd’hui à 7500, soit une
tement bénéficie d’un moteur
croissance de 30 %. L’objectif
de recherche intuitif et simple
de 10 000 annonces pour la fin
d’utilisation, sur lequel il
de l’année apparaît donc
trouve uniquement des ancomme tout à fait réaliste.
nonces sérieuses émanant de
courtiers ou de gérances reLe rôle d’un partenaire
connus, s’étant engagés à resPour s’imposer, immobilier.ch
pecter le code de déontologie
compte aussi sur une politique
de l’USPI. De plus, tous les
tarifaire très concurrentielle.
biens publiés sur immobilier.
En effet, le coût d’une annonce
ch le sont en exclusivité penest de 15 centimes pour les
dant cinq jours, avant toute
membres USPI et de 20 cenpublication sur d’autres sites
times pour les professionnels
immobiliers.
non membres. Si ce prix est en
Ce site spécialisé entend
moyenne 3,5 fois moins cher
concurrencer les grands porqu’ailleurs, la différence peut
Les annonces de immobilier.ch n’émanent que de courtiers
ou de gérances reconnus.
tails comme homegate, ou
aller jusqu’à douze fois moins
immoscout24, justement par
que la pratique de certains
la qualité et le sérieux de ses annonces, mais pas
autres portails ! Les premiers mois d’existence du poruniquement, étant aussi conçu comme le site de l’USPI
tail sont donc un succès. La garantie de sa poursuite
et de ses sections cantonales. A ce titre, il offre aux
est le cœur de la philosophie d’immobilier.ch : être un
particuliers des informations de première main sur
partenaire à l’écoute tant du courtier, ou du gérant,
l’actualité immobilière (évolution du taux hypothécaire
que du client particulier, en offrant plus qu’une simple
de référence, tendances du marché, conseils pour bien
démarche commerciale.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
26
DU CÔTÉ DU SECTEUR BANCAIRE
DÉCRYPTAGE
FONDS DE PLACEMENT DE LA BANQUE CANTONALE DU VALAIS
ORIENTÉS GESTION ACTIVE DIVERSIFIÉE
LA BANQUE CANTONALE DU VALAIS (BCVS) A LANCÉ SES PROPRES FONDS DE PLACEMENT COLLECTIF DE TYPE STRATÉGIQUE, APPELÉS BCVS FLEX. FORT D’UN PROFIL
RISQUE/RENDEMENT SPÉCIFIQUE, CHACUN D’EUX PEUT S’APPARENTER À UN PORTEFEUILLE DIVERSIFIÉ. ENTRETIEN AVEC FABRICE CONSTANTIN, RESPONSABLE DU
DÉPARTEMENT ASSET MANAGEMENT À LA BCVS.
Propos recueillis par Laurence Facelli – [email protected]
Chroniqueuse financière, conseillère en investissement
La BCVs offre ses services de gestion aux deux
clientèles privée et institutionnelle. Avez-vous
identifié une évolution dans leurs besoins ?
Ces dernières années, nous observons une tendance
générale au remplacement des positions en titres directs, actions et obligations par des produits de placement collectif. Avec des marchés
toujours plus complexes, la clientèle
privée souhaite davantage déléguer à
sa banque les décisions d’allocation
et de sélection des produits financiers.
De son côté, la clientèle institutionnelle optimise ses coûts en favorisant
l’approche « Core-Satellite » , qui
consiste à faire cohabiter des produits
indiciels peu onéreux avec des produits actifs à haute valeur ajoutée.
sites internet spécialisés. Finalement, le client reste
libre de vendre sa position en tout temps, sans frais.
Quant aux mandats de gestion, ils s’adressent à une
clientèle plus fortunée. Ils offrent davantage de transparence sur les investissements et les opérations
réalisées.
Quels sont les frais affectant la
rentabilité finale pour les clients de
vos fonds ?
Une commission forfaitaire est appliquée aux fonds BCVs. Celle-ci couvre
à la fois les frais d’administration et de
gestion. Le client paiera également
une commission d’administration, ou
droits de garde, de son dépôt titres et
des courtages, lors de la souscription
des fonds. Nos fonds de placement
bénéficient toutefois de conditions
préférentielles à ces niveaux. En outre,
les courtages de souscription sont offerts par la banque jusqu’au 15 décembre 2015.
Vos fonds peuvent s’apparenter à
une gestion de portefeuille, car ils
Fabrice Constantin, responsable du
département Asset Management à la
incluent une allocation de plusieurs
BCVs : « La commission forfaitaire
couvre à la fois les frais d’administraclasses d’actifs. Quelles sont les
tion et de gestion des fonds BCVs. »
différences entre un fonds BCVs flex1
et un mandat de gestion en direct ?
Le style de gestion flexible de l’allocation d’actifs,
Dans vos fonds, vous utilisez des produits externes,
comme proposé dans les nouveaux fonds BCVs/WKB
structurés et d’autres fonds, qui offrent certainement
(LU) flex, ne trouve pas directement d’équivalent au
des avantages tels que la diversification et une
gestion active sur certains segments spécifiques du
niveau des mandats de gestion. De plus, ces fonds
marché. Comment les frais de ces produits sont-ils
d’allocation permettent à un client privé d’accéder à
comptabilisés et sont-ils inclus dans vos frais ?
des technologies de gestion novatrices à forte valeur
ajoutée, dès CHF 100.- (une part), sans frais minimum.
La BCVs sélectionne les différents véhicules de placeLe suivi de l’évolution des prix des fonds est ensuite
ment, en analysant de façon détaillée leurs perspecfacilité par leur publication dans la presse, ou sur des
tives de rendement, leurs risques, mais également
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
DÉCRYPTAGE
DU CÔTÉ DU SECTEUR BANCAIRE
leurs coûts. A ce titre, les fonds de placement accèdent
à des classes « institutionnelles » très avantageuses
par rapport aux produits proposés à la clientèle privée.
Les frais de ces produits sont directement intégrés au
niveau de leur cours et pris en compte dans le ratio
de frais totaux, le TER2.
Comment évaluez-vous le marché actuel des actions
et des obligations ?
Les obligations offrent aujourd’hui très peu de rendement, vu le niveau exceptionnellement bas des taux
d’intérêts. Dans ce cadre, une gestion obligataire sans
contrainte représente certainement une approche per-
27
tinente pour optimiser le rapport rendement/risque
de cette classe d’actif. Au niveau des actions, le rendement des dividendes reste intéressant. Après la
correction boursière du mois d’août dernier, les
bourses retrouvent des niveaux de valorisation plus
attractifs, en Europe notamment. Le ralentissement
de la croissance mondiale, en particulier chinoise, est
actuellement de nature à décaler la première hausse
de taux par la Banque centrale américaine, depuis
2006. Les marchés traversent quelques turbulences.
Dans un contexte de poursuite de la reprise mondiale
et de conditions monétaires favorables, un potentiel
de hausse existe néanmoins d’ici la fin de l’année.
Mon commentaire
Selon le rapport semestriel publié par la Direction de fonds au 30 juin dernier, le BCVs/WKB (LU) flex Conservative
regroupait environ une trentaine de titres et véhicules d’investissements, dans les classes obligataires, actions
et de gestion alternatives, ainsi qu’une partie cash et marché monétaire. Le règlement du fonds permet une
allocation flexible des classes d’actifs. La partie cash et monétaire peut représenter jusqu’à 49 % du portefeuille.
Le poids des investissements en actions peut quant à lui contractuellement évoluer entre 5 et 55 % du total.
Lancés en mai dernier, les fonds n’ont que peu d’historique de performance.
LF
Les informations mensuelles, semestrielles, ainsi que le prospectus et les contrats de fonds sont publiés sur le site de la direction des
fonds, Gérifonds SA, www.gerifonds.ch
1
2
TER pour Total Expense Ratio, ou ratio de frais totaux : notion internationalement reconnue qui exprime à titre rétrospectif l’ensemble
des rémunérations et frais accessoires imputés au fur et à mesure sur la fortune du placement collectif (fonds), sous la forme d’un pourcentage de la fortune moyenne ; le TER se calcule lors de chaque clôture annuelle et semestrielle pour les douze derniers mois ; dans la
pratique, et pour un nouveau fonds, le TER sera donné après un certain nombre de mois ; les frais d’achat et de vente des parts du fonds
ne sont pas inclus dans ce calcul.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
28
MARCHÉ HORS-BOURSE HELVETICA
DÉCRYPTAGE
MARCHÉ HORS-BOURSE HELVETICA
COURS DU 29 OCTOBRE 2015 DES TITRES DE SOCIÉTÉS VALAISANNES
Euroclear 90 439
Clearstream 13 625
Six Sis
CH 100.582
ICMA74.155
Industrie et Finance
Elektrizitaetswerke Brig-Naters AG
Energie Electrique Simplon N
Explosifs (Société Suisse) N
Seiler Hôtel N
Industrie de pierres scientifiques
Transports
Aletsch Riederalp Bahnen AG
Belalp-Bahnen Naters
Bettmeralp Bahned AG
CF & Autobus Sierre-Montana-Crans
LSB Fiesch-Eggishorn Fiesch
Télé Champéry-Crosets
Télé Nendaz SA
Téléverbier SA P
Transports Martigny et Régions
Zermatt-Bergbahnen, Zermatt
Qu’est-ce que le Marché hors-bourse HelveticA ?
Depuis 1995, la société financière lausannoise
Bondpartners SA1 (1972) entretient un marché pour
les valeurs mobilières non cotées en bourse de PME
helvétiques, ou ayant décoté d’un marché régulé,
compte tenu de la trop grande sporadicité des
échanges. Dénommé HelveticA, il comprend à ce jour
plus de 250 titres d’entreprises et PME actives en
Suisse (et bien sûr en Valais) dans les secteurs industriel, bancaire, des transports et de l’hôtellerie, notamment ; leurs cours sont affichés sur Reuters,
Telekurs, sur le site de Bondpartners et dans la presse
ValeurDemande
123 939
6000
10 269 954
840
251 331
2600
230 436
185
632 133
3000
Offre
—
—
2975
—
—
ValeurDemande
223 716
—
2 470 048
10
259 935
1300
163 159
2150
3 588 548
225
193 395
500
252 985
350
817 564
42
1 200 586
1
205 611
170
Offre
600
—
—
—
500
900
600
—
—
240
spécialisée. Aucunement parallèle à la bourse suisse
SIX Stock Exchange, ce marché complémentaire et
déréglementé, qui fonctionne sur une procédure de
gré à gré entre les intervenants professionnels, vise
en priorité à valoriser les titres non cotés et à améliorer
leur liquidité. L’admission à ce marché nécessite notamment un capital ouvert, c’est-à-dire réparti dans
le public, ou au sein d’une famille. Pour les start-up,
il représente la possibilité de se faire connaître auprès
d’investisseurs professionnels, dans l’optique d’une
levée de fonds ultérieure.
Employant une quarantaine de collaborateurs, Bondpartners est spécialisée dans le commerce interprofessionnel de titres, l’entretien et l’animation de marchés, et l’exécution de
transactions pour compte de gérants indépendants. A la fin décembre 2014, le Groupe Bondpartners enregistrait un total de bilan consolidé de 152,5 millions de francs (+7 % par
rapport à l’exercice précédent). Ses capitaux propres s’élevaient à 77,93 millions (51 % du bilan consolidé). Quant aux bénéfices brut et net, ils s’inscrivaient respectivement à 3,49 et
3,23 millions.
1
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
DÉCRYPTAGE
29
LA CHRONIQUE FINANCIÈRE
FINANCEMENT PARTICIPATIF
EN PLEIN ESSOR ET RÉGLEMENTÉ...
SAUF EN SUISSE !
TRÈS TENDANCE, LE FINANCEMENT PARTICIPATIF S’APPUIE SUR INTERNET ET LA
COOPÉRATION. TOUT UN CHACUN PEUT PARTICIPER AU SUCCÈS ET À LA RÉALISATION
D’UN PROJET CONCRET. IL STIMULERAIT L’ENTREPRENEURIAT, L’INNOVATION ET LA
CRÉATION D’EMPLOIS.
Laurence Facelli – [email protected]
Chroniqueuse financière, conseillère en investissement
Depuis la crise de 2008, les mécanismes de transmission vers l’économie réelle n’ont pas toujours fonctionné. Or, le financement participatif, ou « crowdfunding », est perçu comme un relais vers l’économie
réelle par certaines institutions gouvernementales. La
Securities and Exchange Commission (SEC) américaine
vient ainsi d’adopter de nouvelles réglementations,
qui démocratisent et encadrent la levée de fonds au
travers du financement participatif. La NouvelleZélande et la Grande-Bretagne l’ont déjà fait. L’Europe
et L’Australie y travaillent. En revanche, le cadre légal
suisse actuel est soit incomplet, soit restrictif...
Le phénomène prend de l’ampleur avec une croissance rapide aux Etats-Unis et en Asie. Selon une
étude spécialisée, le financement participatif, dont
principalement des prêts (« crowdlending »), aurait levé
16 milliards de dollars en 2014 sur le plan mondial et
34 milliards cette année. Pour sa part, la Suisse n’a
levé que 15 millions de francs en 2014...
Le financement participatif, ou « crowdfunding », est
un terme générique. Il peut être utilisé autant à des
fins commerciales s’adressant à un vaste public, que
pour un projet coopératif au sein d’une communauté
locale. Des projets artistiques, ou culturels, voient
également le jour grâce à ce mode de financement. Le
« crowdfunding » inclut différentes formes comme le
don avec ou sans contrepartie, la prévente d’un produit, un prêt, ou une part en capital d’une société.
Chaque plate-forme et projet ont leurs propres contrats
à étudier, afin de comprendre en premier lieu leur
substance. Est-ce un don, ou un investissement ?
Dans le secteur artistique, le « crowdfunding » permet aussi de financer
des projets de chorales. – © Valais/Wallis Promotion
Comment l’argent sera utilisé ? Quelles sont les contreparties liées à l’investissement proposé, etc. ?
Croissance exponentielle
Dans certains modèles participatifs, la foule plébiscite
un projet, un produit, ou un service. Par exemple, dans
le cas de prévente, c’est le consommateur qui choisit
dès sa conception les nouveaux produits qu’il souhaite acquérir. Pour l’entrepreneur, le processus reste
très sélectif. Mais s’il réussit à anticiper un besoin et
à se faire connaître, le succès peut être très rapide.
Le « crowdlending », ou prêt, représente le modèle le
plus usité. Il permet de prêter de l’argent à des petites
sociétés, ou à des particuliers. Comme le taux de rendement est une fonction du risque estimé par la plateforme le proposant, l’investisseur a la possibilité de
diversifier ses risques en multipliant les petits investissements. La croissance du « crowdfunding » participatif est exponentielle dans les pays ayant adopté un
cadre légal adapté à ce nouveau mode de financement. La Suisse, prudente, ne s’est pas encore prononcée sur le sujet.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
DÉCRYPTAGE
31
DU CÔTÉ DU SECTEUR BANCAIRE
RESTRUCTURATION DU CAPITAL-ACTIONS
DE LA BANQUE CANTONALE DU VALAIS (BCVs)
« UNE ACTION, UNE VOIX »
APPROUVANT LES RECOMMANDATIONS DU GROUPE DE TRAVAIL CHARGÉ D’ÉTUDIER
LA RESTRUCTURATION DU CAPITAL-ACTIONS DE LA BCVs ET LA SUPPRESSION DU
DIVIDENDE DISSOCIÉ, LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA BANQUE PROPOSE À
L’UNANIMITÉ DE SIMPLIFIER LA STRUCTURE DU CAPITAL PAR L’INTRODUCTION
D’UNE ACTION NOMINATIVE UNIQUE D’UNE VALEUR NOMINALE DE 10 FRANCS.
Didier Planche – [email protected]
Directeur de la publication
Cette restructuration entraînerait notamment la suppression des privilèges de vote des actions nominatives détenues par l’Etat du Valais et de dividende des
actions au porteur entre les mains des actionnaires
privés, moyennant une indemnisation équitable. Telles
sont les mesures recommandées qu’a acceptées le
Conseil d’Etat, le 4 novembre, et qui doivent encore
être validées par le Grand Conseil, puis par une assemblée générale des actionnaires de la BCVs et, pour
la suppression du dividende dissocié, par une assemblée spéciale de ses actionnaires au porteur, qui se
tiendront vraisemblablement vers la mi-décembre.
tions au porteur d’acquérir 80 000 actions de la BCVs,
cotées en bourse, d’une valeur nominale de 100 francs
chacune, pour le prix de 300 francs par action ; les
titres, objet de ces droits d’achat, seraient cédés par
l’Etat du Valais. Le Conseil d’administration propose
de maintenir le multiple de 2 (en vigueur depuis 2012)
pour fixer le taux du dividende supplémentaire appliqué aux actions au porteur pour l’exercice 2015.
Conversion de la créance de l’Etat du Valais
dans le cadre d’une augmentation de capital
Depuis la transformation de la banque en société anonyme, l’Etat du Valais détient envers la BCVs une
Suppression du dividende dissocié moyennant
créance de rang subordonné d’une valeur nominale
une indemnisation équitable
de 50 millions de francs, dont la conversion est réserL’article 8 des statuts actuels de la
vée. Le Conseil d’administration proBCVs prévoit un dividende dissocié.
pose que cette créance soit convertie
Au-delà du dividende de base des acen actions de la banque dans le cadre
tions nominatives et au porteur, calcud’une augmentation de capital par
lé sur un taux identique jusqu’à 5 %,
l’émission de 80 000 nouvelles actions
un dividende supplémentaire est en
d’une valeur nominale de 100 francs
effet applicable aux actions au porteur
(qui ne seront pas au bénéfice du droit
sous la forme d’un multiple du taux de
d’achat prévu ci-dessus) pour le prix
dividende supplémentaire, appliqué
d’émission de 740 francs par action.
aux actions nominatives. Le Conseil
Cette augmentation de capital serait
d’administration propose donc la supentièrement souscrite et libérée par
pression du dividende dissocié dès
l’Etat du Valais par conversion de sa
Pascal Perruchoud, président
de la direction générale de la BCVs :
l’exercice 2016, moyennant une incréance, le solde étant libéré en es« Rendre le titre de la banque plus
accessible en bourse. »
demnisation équitable des détenteurs
pèces. Pour permettre aux actionnaires
d’actions au porteur. Celle-ci prendrait
privés d’exercer leur droit préférentiel
la forme d’un octroi de droits d’achat, négociables en
de souscription, l’Etat du Valais s’engagerait à céder
bourse, permettant aux détenteurs des 400 000 acau même prix le nombre d’actions nécessaire. Les
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
S W I T Z E R A N D
N° 1
sur le Haut-Plateau
de Crans-Montana
depuis 1954.
Gaston et Christian Barras
La Résidence / Crans-sur-Sierre, CH-3963 CRANS-MONTANA
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DÉCRYPTAGE
DU CÔTÉ DU SECTEUR BANCAIRE
nouvelles actions seraient émises avec un droit au
dividende pour l’exercice 2016.
Création d’une action nominative unique
d’une valeur de 10 francs
Cette mesure impliquerait la division (split) par 5, respectivement par 10, de la valeur nominale des actions
33
nominatives d’une valeur de 50 francs et des actions
au porteur d’une valeur de 100 francs, ainsi que la
conversion simultanée des actions au porteur en actions nominatives. Cette mesure, qui conduirait à la
suppression du privilège de vote attaché aux actions
nominatives détenues par l’Etat du Valais, permettrait
ainsi l’application du principe « une action, une voix ».
L’argumentation de Pascal Perruchoud, président de la direction générale de la BCVs
• L’intérêt pour la BCVs et ses actionnaires de simplifier la structure de son capital par l’introduction d’une action
nominative unique, avec un splitting (future valeur nominale de 10 francs), consiste à rendre le titre BCVs plus
accessible en bourse donc à améliorer sa liquidité.
• L’intérêt pour la banque d’augmenter son capital de 50 millions de francs par la conversion de la créance de
l’Etat du Valais équivaut à une libération en espèces de 9,2 millions de francs en 800 000 nouvelles actions
nominatives, après le splitting.
• L’intérêt pour les détenteurs d’actions au porteur de consentir à la suppression du dividende dissocié, moyennant
une indemnisation équitable (octroi de droits d’achat d’actions nominatives de la BCVs à un prix préférentiel)
signifie d’entrevoir des perspectives de rémunération toujours autant attractives que par le passé.
• L’intérêt pour l’Etat du Valais de convertir sa créance par l’émission d’actions nominatives de la BCVs consiste
à voir augmenter la rémunération de sa participation.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
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DOSSIER SUR LE FRANC FORT
ÉCLAIRAGE
BREFS REPÈRES CHRONOLOGIQUES
FRANC FORT
Rédaction – [email protected]
Juillet 2011 : Le franc suisse s’est apprécié d’environ
20 % par rapport à l’euro au cours des dix-huit derniers
mois, mais aussi de 14 % en moyenne par rapport au
dollar américain et à la livre britannique (taux de
change en août 2011 : 1 euro pour 1,03 franc). Dès lors,
le renforcement du franc entame les marges bénéficiaires des exportateurs et du secteur touristique ; plus
généralement, il affecte l’attrait de la Suisse comme
site économique. Deux causes principales expliquent
son appréciation rapide. D’une part, de nombreux
investisseurs se sont tournés vers le franc en raison
des incertitudes majeures planant sur l’économie
mondiale ; une nouvelle fois, la devise helvétique a
ainsi endossé la fonction de valeur refuge (safe haven). D’autre part, la crise financière de 2008 a poussé
les investisseurs à liquider leurs positions liées à des
opérations sur différentiel de taux d’intérêts (carry
trade). Ces derniers avaient surtout placé du capital
emprunté en francs en Europe de l’Est, entre 2005 et
2008 ; une stratégie largement couronnée de succès
tant que le franc ne subissait aucune appréciation, ou
même dépréciation, mais les dettes contractées se
sont ensuite réduites rapidement lorsque la tendance
à l’appréciation du franc a commencé à se dessiner.
Ces deux effets à court terme expliquent que le franc,
encore sous-évalué avant la crise, se soit rapidement
trouvé surévalué.
Septembre 2011 : Pour pallier la cherté du franc, source
réelle d’inquiétudes, plusieurs mesures sont envisagées : l’introduction de taux d’intérêt négatifs et d’un
contrôle des mouvements de capitaux ; l’instauration
d’un « gentlemen’s agreement », ou l’interdiction de
spéculer sur le franc ; l’application d’un cours de
change distinct pour les entreprises exportatrices,
voire pour tout le secteur du commerce ; l’aménagement d’un fonds de compensation pour les entreprises
exportatrices et importatrices ; la création d’un fonds
public par la Confédération pour investir massivement
à l’étranger ; l’investissement à l’étranger des réserves
monétaires de la BNS pour dégager un rendement
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
élevé ; le subventionnement des exportations par la
Confédération pour alléger les pressions subies par
les entreprises ; la fixation d’un taux de change fixe
du franc, ou même l’introduction de l’euro comme
monnaie nationale, et, enfin, la fixation d’un taux de
change plancher. Finalement, la BNS annonce, le 6
septembre, son intention de défendre le taux de
change plancher de 1,20 franc pour 1 euro. Une mesure
déjà mise en oeuvre dans les années 1970 (taux plancher de 80 francs pour 100 marks), afin de contrecarrer
la hausse du franc, en raison d’une politique monétaire restrictive menée au lendemain de l’effondre-
En 2015, les exportations suisses accusent un recul certain...
© Valais/Wallis Promotion
ÉCLAIRAGE
35
DOSSIER SUR LE FRANC FORT
ment du système de parités fixes de Bretton Woods.
Conçu comme une mesure temporaire agréée par le
Conseil fédéral, ce taux plancher apporte prévisibilité
et sécurité en matière de planification aux
entreprises.
Janvier 2015 : La BNS abolit le cours plancher de 1,20
franc pour 1 euro. Parallèlement, elle abaisse de 0,5
point le taux d’intérêt appliqué aux avoirs en comptes
de virement, qui dépassent un certain montant exonéré, le fixant à -0,75 %. En outre, elle adapte une
nouvelle fois vers le bas, dans la zone négative, la
marge de fluctuation du Libor à trois mois, qui est
désormais comprise entre -1,25 et -0,25 %, au lieu de
-0,75 et 0,25 % précédemment. La BNS justifie ainsi
sa décision : l’euro a nettement faibli par rapport au
dollar américain, conduisant également à une dépréciation du franc face au dollar, en raison des disparités
entre les politiques monétaires menées dans les principales zones monétaires ayant fortement augmenté,
et qui pourraient encore s’accentuer. Suite à cette
annonce, les marchés réagissent immédiatement et
avec intensité. En l’espace de quelques minutes, le
franc s’apprécie de 15 à 20 % et provoque un renchérissement instantané des exportations suisses par
rapport à la concurrence étrangère. Comme les entreprises n’ont pas d’autre choix que de réduire les coûts,
economiesuisse appelle à l’amélioration des conditions-cadre économiques pour offrir une plus grande
marge de manœuvre aux entreprises et les aider à
renforcer leur compétitivité par des prix plus bas ; dans
la foulée, l’organisation faîtière réclame un moratoire
sur la hausse des charges et l’amélioration de l’efficience de l’administration publique.
Février 2015 : L’économie privée arrête une liste de dix
champs d’action prioritaires, tels que le renforcement
du partenariat social et du marché du travail flexible,
l’allègement administratif et l’amélioration de l’accès
aux marchés, grâce aux accords bilatéraux et à de nouveaux accords de libre-échange. Depuis la fin janvier,
les entreprises peuvent recourir au chômage partiel
pour éviter les licenciements. En outre, la Commission
pour la technologie et l’innovation (CTI) renforce ses
mesures d’encouragement de l’innovation en accordant aux PME fortement dépendantes des exportations
une exonération de la participation financière aux projets de recherche et de développement subventionnés.
Cette mesure entre en vigueur en août.
Juillet 2015 : Une perte considérable d’emplois menace
les branches économiques particulièrement pénalisées par la force du franc, comme l’industrie des machines, le tourisme et le commerce de détail qui subissent une pression tenace pour réduire leurs coûts,
à cause du rétrécissement des marges. L’économie
suisse traverse une période difficile sur le plan
conjoncturel, caractérisée par une croissance accusant
un net ralentissement et par une légère hausse globale
du chômage. Par sa politique monétaire, la BNS contribue à stabiliser les prix et la situation conjoncturelle,
tous deux fortement tributaires de l’évolution des taux
de change. Parmi plusieurs instruments à disposition
pour influer sur le cours du change, celui de la politique des taux d’intérêt est privilégié. Les taux d’intérêt
négatifs permettent en effet de lutter contre une appréciation du franc et contribuent à stabiliser le cours
du change, les prix et l’évolution de l’économie.
Septembre 2015 : Les importantes réserves de devises
de la BNS et le niveau historiquement bas des intérêts
servis sur les emprunts d’États suscitent des convoitises dans les milieux politiques, sous la forme d’un
fonds souverain. Une proposition voudrait que les
réserves de devises de la BNS soient investies dans
de grands portefeuilles d’actions, ou dans des placements stratégiques à l’étranger. Une autre consisterait
à alimenter un fonds souverain par de nouvelles dettes
pour financer, par exemple, de grands projets nationaux d’infrastructures. Mais selon economiesuisse,
le fait d’imposer à la BNS des prescriptions sur l’utilisation de ses réserves de devises saperait son indépendance et menacerait la stabilité des prix. En outre,
l’organisation faîtière estime qu’il serait plus difficile
de vendre rapidement des réserves, si celles-ci sont
en grande partie immobilisées dans des placements
à long terme. Quant à l’idée de nouvelles dettes, elles
nuiraient à la politique budgétaire que la Suisse a
menée avec succès ces dernières années.
Octobre 2015 : A l’issue du troisième trimestre, les
données économiques confirment le contexte délicat
pour les exportations suisses, puisqu’elles ont reculé
de 4,5 % en septembre par rapport à 2014. Taux de
change le 2 novembre 2015 : 1 euro = 1,08 CHF.
Sources : economiesuisse, la Vie économique/Seco
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
36
DOSSIER SUR LE FRANC FORT
ÉCLAIRAGE
ANALYSE MACROÉCONOMIQUE
LES RAISONS DU MIRACLE SUISSE
MALGRÉ LE FRANC FORT
LES MÉDIAS ÉTRANGERS FONT SOUVENT MENTION DU MIRACLE SUISSE, EN RÉFÉRENCE À UNE BONNE SANTÉ ÉCONOMIQUE ET QUALITÉ DE VIE. ALORS QUE LA FORCE
DU FRANC EN TERMES RÉELS AFFAIBLIT LES ENTREPRISES EXPORTATRICES DEPUIS
2009, L’ÉCONOMIE SUISSE SE PORTE BIEN DANS SON ENSEMBLE. QUELLE EST LA
RECETTE DE CE SUCCÈS ?
Propos recueillis par Laurence Facelli – [email protected]
Chroniqueuse financière, conseillère en investissement
A la fin août dernier, Christine Lagarde, directrice générale du FMI, exprimait ainsi sa version du miracle
suisse, lors d’une émission télévisuelle : « Quand les
fondamentaux sont solides, les équilibres macroéconomiques bien tenus, la capacité de travail réelle, la
détermination à produire de l’innovation et à dynamiser la compétitivité existante, beaucoup d’ingrédients
sont réunis pour que ça marche. » En matière de croissance, la Suisse se démarque durablement. Sur les
dix dernières années, elle a accumulé 5 % de croissance de plus que les États-Unis. Plus récemment et
suite à l’appréciation du franc, le PIB s’est contracté
de 0,2 % au premier trimestre 2015, pour progresser
de 0,2 % au second. Les économistes du Seco prévoient une croissance de 0,9 % pour cette année et de
1,5 % pour 2016.
Évolution depuis 2005 du PIB de la Suisse, de la zone Euro,
des États-Unis et du Japon.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
En ce qui concerne la compétitivité, l’Insead vient de
publier son Indice mondial de l’innovation pour l’année 2015. L’institution de management analyse la
qualité de l’innovation1 de 141 pays. Depuis 2011, la
Suisse figure en tête de ce classement. A relever que
la Suisse emploie une proportion élevée de scientifiques nés à l’étranger (56 %), tout comme les ÉtatsUnis pour les ingénieurs du secteur internet.
L’innovation et les entreprises
dans un contexte de franc fort
La qualité suisse est mondialement reconnue et justifie une surprime sur les produits avec une valeur
ajoutée. Depuis 2009, il est devenu difficile, voire
impossible, de produire en Suisse un bien quelconque
ne se distinguant pas d’une façon, ou d’une autre, de
ce qui est fabriqué ailleurs. La réponse à un franc fort
se trouve donc, entre autres, dans une efficacité accrue, afin de réduire les coûts de production, l’innovation et la spécialisation.
Atouts de la Suisse :
démocratie directe et capital confiance
La démocratie directe établit un lien de communication entre les Suisses et leurs institutions. En effet,
comme la population est entendue et respectée dans
sa volonté, elle les respecte. Grâce à cette véritable
proximité entre gouvernement et société, le lien de
confiance est renouvelé en permanence. D’ailleurs,
les différents partenaires peuvent s’entendre sans
affrontements, ou grèves. Ce capital confiance se re-
ÉCLAIRAGE
37
DOSSIER SUR LE FRANC FORT
trouve aussi dans le fonctionnement de l’économie
privée, et par voie de conséquence, dans la perception
de la qualité des produits et services suisses à
l’étranger.
Le franc fort est la résultante de la
solidité économique et structurelle
de la Suisse. Cette solidité à tous
les niveaux est reconnue et inspire
confiance. C’est le premier point
d’ancrage de ce que les entreprises
suisses offrent au travers de leurs
produits et services. Le deuxième
est l’innovation résultant d’une
bonne allocation du capital du secteur public et privé. La vision du
miracle suisse est donc possible,
lorsque les changements et la nouveauté existent et qu’ils peuvent
prendre appui sur de solides
structures.
Evolution du franc suisse depuis quinze ans en termes
réel et nominal, issue de la base de données de la BNS
par rapport à 40 partenaires commerciaux (évolution
annuelle du 2e trimestre à l’autre) Source : BNS
Le franc suisse est toujours surévalué au deuxième trimestre 2015.
– Source : Secrétariat d’état à l’économie SECO
Contexte monétaire : le choix de la BNS
Au début de cette année, face à une pression accrue sur le franc suisse, la BNS a choisi d’abandonner le taux
plancher de 1,20 contre l’euro. Selon un discours de Fritz Zurbrügg2 datant du mois de mars 2015, la BNS aurait
sans doute dû, pour maintenir le taux plancher, augmenter la taille de son bilan jusqu’à un multiple du PIB suisse3.
Une opération qu’elle a jugée trop coûteuse. En augmentant les réserves de change, elle aurait augmenté la volatilité de son résultat (risque sur le cours de change, plus le risque sur le cours des obligations étrangères dans
lesquelles la BNS investit).
Le montant de ces réserves s’avère conséquent. Avec ses 549 milliards de réserve de devises étrangères à la fin
du mois d’août, la Suisse figure en montant absolu au quatrième rang mondial des plus grosses réserves de devises après la Chine, le Japon et l’Arabie Saoudite. En termes relatifs, la Suisse est en tête, lorsque l’on compare
la taille du bilan des banques centrales avec leur PIB respectif.
Contexte fiscal : exploiter le volet fiscal pour stimuler l’économie
Si le projet de réforme de l’imposition des entreprises représente un sujet délicat pour les communes et les cantons,
c’est potentiellement une bonne nouvelle pour les entreprises helvétiques. Elle permettrait une réduction générale
de leur taux d’imposition dès janvier 2017, dans le meilleur des cas, ou janvier 2019, sans tenir compte d’un éventuel
référendum. Chaque canton est discrétionnaire quant au taux d’imposition des bénéfices, ainsi que des montants
consentis en faveur de la recherche et du développement. La politique fiscale constitue donc un outil de choix
dans ces temps difficiles pour les entreprises ; c’est aussi une recommandation du FMI pour la Suisse, dans son
rapport du mois de mai dernier, à savoir exploiter le volet fiscal pour stimuler l’économie.
Basé sur des indicateurs tels que l’investissement dans le capital humain, la qualité des infrastructures éducatives, la qualité de la
recherche, la collaboration entre les universités et les industries.
1
2
Membre de la Direction générale de la BNS
3
PIB 2014 : 642 milliards de francs
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
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DOSSIER SUR LE FRANC FORT
ÉCLAIRAGE
CONSÉQUENCES DU FRANC FORT SUR LES ENTREPRISES SUISSES
RÉACTIVITÉ SALVATRICE
ET ANTICIPATION INCONTOURNABLE
at d’état à
LE MATIN DU 15 JANVIER RESTERA AMER POUR BIEN DES PME. L’ABANDON DU TAUX
PLANCHER FUT UN CHOC POUR L’ÉCONOMIE HELVÉTIQUE. MAIS COMMENT AGISSENT
LES ENTREPRISES POUR FAIRE FACE À LA CHERTÉ DU FRANC ?
Maxim Wuersch – [email protected]
Collaborateur scientifique, economiesuisse
Contrairement à ce qui a pu être entendu ici et là, les
licenciements ou des réductions de salaire), à la réentreprises n’ont pas attendu la fin du taux plancher
duction des coûts par l’amélioration des processus
pour agir et s’accommoder à la nouvelle donne mointernes et à la renégociation des tarifs avec les fournétaire et conjoncturelle. Elles n’ont de toute manière
nisseurs (notamment ceux situés dans la zone euro).
pas le choix. Pour rester sur le marché, il faut faire
L’application de ces mesures dépend, toutefois, de
preuve d’adaptation.
la situation propre à chaque entreprise.
La mise en place de ce seuil, en 2011, a offert aux
Un principe demeure cependant toujours essentiel,
acteurs de l’économie une bouffée d’oxygène biencelui de respecter le partenariat social dans l’élabovenue et une perspective à moyen terme nécessaire
ration et la mise en place des mesures, non seulement
pour la planification de leurs activipour éviter les blocages inutiles,
tés. Finalement, ce répit temporaire
Un principe
mais aussi et surtout pour intégrer
a permis aux entreprises de prendre
pleinement tous les salariés dans un
demeure cependant
les devants. Amélioration des proeffort commun. À ce titre, il convient
toujours essentiel,
cessus, diversification des marde citer l’entreprise R. Bourgeois,
celui de respecter
chés, investissements dans l’appafabricant de tôles magnétiques à
le partenariat social
reil de production, soit autant
Courgenay dans le Jura, au sein de
d’adaptations qu’elles ont pu faire
laquelle les employés frontaliers ont
durant cette période de trois ans. Puis la brusque
proposé d’eux-mêmes la baisse de leur salaire de
levée du taux plancher les a contraintes à mettre les
10 %, afin d’éviter des licenciements. Dans un effort
bouchées doubles. En l’espace de quelques heures,
collectif, son directeur a également réduit son salaire
les marges des exportateurs, notamment dans l’indans le même ordre de grandeur. Une mesure tempodustrie, se sont singulièrement érodées. Ces entreraire qui permet à la société de faire face à la force du
prises ont également vu leur compétitivité fortement
franc. En Valais, l’entreprise Scintilla, filiale suisse du
baisser. Ce fut le cas du tourisme et du commerce de
groupe Bosch, a allongé temporairement la durée de
détail en région frontalière, toujours dans une situatravail hebdomadaire de 40 heures à 41,5 heures.
tion tendue. Les entreprises ont ainsi eu recours,
Prévue dans la convention collective de travail et néparmi d’autres mesures, à la réduction de l’horaire
gociée en amont avec les partenaires sociaux, cette
de travail (chômage partiel) dans les cas de diminumesure devrait être levée si le cours se stabilise autour
tion des commandes, à l’augmentation temporaire
de 1,15 franc pour un euro. De nombreux autres
du temps de travail pour gagner en productivité et
exemples existent à travers le pays, mais un constat
maintenir le niveau d’activité (tout en évitant des
général émerge : les entreprises et les partenaires soN°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
ÉCLAIRAGE
DOSSIER SUR LE FRANC FORT
ciaux font front commun pour faire face à la cherté du
franc et les mesures les moins drastiques sont le plus
souvent favorisées, dans l’idée que chacun y trouve
son compte.
La prudence reste de mise
Plus que des politiques industrielles hasardeuses, c’est
surtout l’amélioration des perspectives conjoncturelles
dans la zone euro, qui permettra de relâcher la pression
sur notre devise et nos entreprises. Avec un taux de
change se situant actuellement autour de 1,10 franc
pour un euro (fin octobre), la situation n’est effectivement pas encore idéale ; à parité de pouvoir d’achat, le
franc suisse devrait, en effet, se situer à un niveau de
1,35 franc pour atteindre un équilibre plus satisfaisant
pour l’économie. La force du franc continue donc de
pénaliser la marge des entreprises. À nouveau, la problématique varie beaucoup d’un secteur à un autre, de
la région et de la dépendance de l’entreprise aux exportations dans la zone euro. Alors que l’industrie horlogère continue à tirer son épingle du jeu avec une
hausse, certes timide, de ses exportations, le secteur
de la pharma-chimie a connu une diminution de l’ordre
de 4,3 % pour la même période. La situation reste également précaire pour nombre d’acteurs dans le tourisme
et le commerce de détail, en zones frontalières. Pour
cette dernière catégorie, et à titre d’exemple, Migros a
39
consenti à des réductions de prix entre 10 et 30 % sur
les fruits et légumes provenant de la zone euro ; le
groupe a également exercé une pression sur les importateurs pour pouvoir bénéficier des gains de change
découlant de l’appréciation du franc.
Même s’il s’est avéré que le choc du franc a été mieux
absorbé que prévu par l’économie, la prudence reste
de mise. De fait, les conséquences pourraient encore
émerger dans les mois à venir. Fort heureusement, le
maintien de la consommation intérieure permet de
préserver un bon climat conjoncturel en Suisse, la
légère déflation offrant un pouvoir d’achat plus élevé
à la population. Mais des complications pourraient se
produire, si la situation ne se détend pas au niveau
international et que les entreprises se voient
contraintes de réduire davantage la voilure. Une
hausse du chômage pourrait dès lors plomber la
confiance des ménages et affecter la consommation ;
l’attention se portera donc sur celui-ci en cette fin
d’année. Malgré le taux relativement faible, soit 3,2 %
au mois de septembre contre 11 % en moyenne dans
l’UE, il sera difficile de maintenir un tel niveau sur la
durée. Son évolution dépendra surtout de la capacité
des entreprises à clôturer l’année 2015 de manière
satisfaisante, du maintien du bon niveau de consommation privée à l’intérieur du pays et de l’évolution
de l’économie mondiale.
Amélioration des processus, diversification des marchés, investissements dans l’appareil de production, etc., figurent parmi les mesures qu’ont prises
les entreprises. – © Valais/Wallis Promotion
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
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DOSSIER SUR LE FRANC FORT
ÉCLAIRAGE
AVOIR DU SUCCÈS
MALGRÉ LE FRANC FORT
NOMBREUX SONT CEUX QUI FUSTIGENT LE PDG DE LA BNS THOMAS JORDAN ET SON
COLLÈGE DE DIRECTION, DEPUIS L’ABANDON DU TAUX PLANCHER FACE À L’EURO.
OUI, LA SITUATION SE RÉVÈLE DRAMATIQUE ET EXIGE QUE LES ENTREPRISES
ADAPTENT LEURS STRATÉGIES D’AFFAIRES.
Romano Schalekamp – [email protected]
Certified Management Consultant, DEVAS Consulting SA (Sion)
Aujourd’hui, le franc suisse s’écarte de 15 à 20 % de
la parité du pouvoir d’achat face à l’euro, plaçant l’économie valaisanne devant de rudes épreuves. Alors
que cette situation devient une menace existentielle
pour les PME exportatrices, celles à vocation régionale,
ou nationale, ressentent également des pressions
énormes en raison de la concurrence étrangère, qui
réduit de 10 à 20 % les prix appliqués sur le marché
suisse. Une baisse de 5 à 7 % des marges bénéficiaires
des entreprises résulte de ces circonstances
préoccupantes1.
Les acteurs du tourisme valaisan, quant à eux, sont
doublement pénalisés à cause, d’un côté, de la baisse
des touristes de la zone euro et, de l’autre, de la forte
attractivité des destinations européennes pour les
Suisses. Bien que ce texte ne se concentre pas sur le
tourisme qui a été largement couvert dans la précédente édition de Valais Valeur Ajoutée, tous les acteurs
économiques sont touchés de plein fouet par la décision de la BNS et cette tragique situation les oblige à
renforcer davantage leur esprit d’entrepreneur et à
chercher des solutions innovatrices. En effet, plutôt
que d’identifier des cibles de « projection » comme la
BNS, ou les politiques, et de les attaquer tous azimuts,
les dirigeants sont appelés à faire leur devoir au niveau de leur direction, afin d’assurer la pérennité de
La mission de la Direction : imaginer des solutions pour gonfler le ballon, plutôt que de se plaindre de la pression atmosphérique.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
ÉCLAIRAGE
leur entreprise. Les conditions-cadre, mêmes améliorées, ne vont changer ni à court, ni à moyen terme et
l’environnement macroéconomique s’impose sans
préavis. En d’autres termes, nous devons savoir gérer
au mieux les menaces de notre environnement et surtout profiter de ses opportunités. Au lieu d’être victimes des conditions-cadre, de la globalisation et de
tous les malheurs surgissant, les dirigeants sont payés
pour sortir des sentiers battus et trouver de véritables
solutions durables, en dehors de leur cadre de référence actuel. La photo du ballon de foot dégonflé représente une belle métaphore : aucun joueur de foot
n’irait se plaindre de la pression atmosphérique que
le ballon subit, mais suggérerait de le gonfler. Mais
quels sont les outils permettant d’adapter cette image
à une entreprise touchée par le franc fort ?
Quelques mesures stratégiques
1. Promouvoir l’innovation : l’objectif est de devenir
le leader d’innovation inconditionnel sur son marché ; il ne s’agit pas seulement de lancer de nouveaux produits, ou prestations, mais d’avoir un
comportement innovateur dans la gestion de l’entreprise, sa conquête de nouveaux marchés, son
marketing, etc.
2. Exploiter le potentiel des marchés en croissance :
différents pays et régions offrent des opportunités
énormes en raison de leur croissance se situant
entre 5 et 10 %, par exemple certains pays BRICS,
ou ceux de l’Asie du Sud-Est.
3.Diversifier vos marchés : la dépendance d’une
seule monnaie engendre de trop grands risques ;
un mix sain peut donc limiter les crises locales.
4. Gestion internationale de la chaîne logistique : vérifier la possibilité de baisser les coûts de revient
par la mise en place de partenariats de production
dans des régions à moindres coûts.
5. Acquisitions à l’étranger : la surévaluation du franc
permet aux entreprises suisses d’acquérir des sociétés à l’étranger moins cher, par exemple pour
la vente ou la production.
1
41
DOSSIER SUR LE FRANC FORT
Quelques mesures opérationnelles
1. Négocier habilement avec les fournisseurs actuels
et augmenter l’approvisionnement international
pour réduire les coûts des matériaux (potentiel
d’économie moyen de 15 à 20 %) ;
2.Gérer de façon rigoureuse les coûts du produit
(potentiel de 20 à 50 %) ;
3. Améliorer l’efficacité et réduire les frais généraux
(potentiel de 10 à 20 %) ;
4. Couvrir les risques de change ;
5. Si possible, facturer en francs suisses, ou augmenter les prix en euros ;
6.Réduire les coûts de personnel, par exemple en
étendant le temps de travail avec le même
salaire ;
7. Augmenter la productivité au niveau de la production et de la logistique en mettant en place, par
exemple, une approche « lean management » (potentiel de 5 à 8 %) ;
8. Délocaliser des fonctions sélectionnées
9.Optimiser la chaîne logistique et ses emplacements.
Afin d’assurer la compétitivité, l’entrepreneur doit identifier des mesures à long terme (stratégiques) et réduire
les risques, en mettant en place des améliorations à
court terme (opérationnelles) (deux tableaux synoptiques joints). Certes, les mesures suggérées ne constituent pas une panacée, car il faut les adapter notamment aux spécificités des entreprises, du marché, du
secteur d’activité, etc. Très souvent, des changements
de nature disruptive exigent de nouvelles visions/approches et un savoir-faire différent au niveau des organes dirigeants des entreprises. Pour combler temporairement ce manque, l’engagement d’un consultant
en management expérimenté peut être utile, afin d’accompagner l’état des lieux, la nouvelle orientation stratégique et les projets de mise en œuvre inhérents. Grâce
à sa formation de pointe et son expérience en la matière, il peut être le facilitateur du changement et accompagner l’équipe dirigeante sur sa route du
succès2.
Source des estimations : Müller R., Etude ASCO sur le management consulting 2015, partie 1
Trouver un bon consultant n’est pas toujours évident, car le titre n’est pas protégé. Il est donc utile de vérifier son « pedigree » et de
s’assurer que l’alchimie passe. Dans ce sens, on peut s’adresser à la seule association professionnelle des conseillers d’entreprise
suisse, l’ASCO www.asco.ch (site en allemand), attestant le niveau élevé de ses membres, grâce à une procédure d’adhésion exigeante ;
ASCO délivre également le certificat international CMC www.icmci.org (site en anglais) figurant parmi les plus hautes normes de consulting et assurant le respect du code éthique de la profession.
2
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
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DOSSIER SUR LE FRANC FORT
ÉCLAIRAGE
JEAN-MICHEL CINA,
CHEF DU DÉPARTEMENT DE L’ÉCONOMIE, DE L’ÉNERGIE ET DU TERRITOIRE
« NOUS DEMEURONS CONFIANTS
DANS LA CAPACITÉ D’ADAPTATION
DE NOS ENTREPRISES. »
FACE AUX CONSÉQUENCES DE L’ABOLITION DU TAUX PLANCHER CHF/EURO, LE
CONSEILLER D’ETAT ET CHEF DU DÉPARTEMENT DE L’ÉCONOMIE, DE L’ÉNERGIE ET
DU TERRITOIRE, JEAN-MICHEL CINA, EXPLIQUE SA STRATÉGIE DES MESURES À
PRENDRE POUR SOUTENIR LA FRANGE DU TISSU ÉCONOMIQUE VALAISAN, AXÉE
SUR L’EXPORTATION. DÉTERMINATION ET PRAGMATISME À L’ORDRE DU JOUR.
Didier Planche – [email protected]
Directeur de la publication
– A la fin juin dernier, vous avez décidé des mesures
en faveur de la place industrielle valaisanne, afin de
pallier les conséquences de l’abolition du taux
plancher. Aujourd’hui, les entreprises exportatrices
ressentent-elles déjà les premiers effets de ces
mesures ?
L’abolition du taux plancher du franc par rapport à
l’euro représente clairement un défi majeur pour nos
entreprises industrielles exportatrices. Se retrouver,
d’un jour à l’autre, 10 à 15 % plus cher que ses concurrents n’est pas vraiment un cadeau et se ressent plus
particulièrement, aujourd’hui, au niveau des marges.
Nous le voyons clairement dans certaines de nos entreprises, qui doivent adopter des mesures de restriction des coûts pour atténuer le choc. Nous le ressentons aussi de manière sensible dans le fait que ces
mêmes entreprises sont encore plus rapidement poussées vers les productions à haute valeur ajoutée, qu’à
l’accoutumée. Cela peut s’avérer un gage d’avenir et
favoriser de nouveaux investissements à l’intérieur
des grands groupes, mais signifie également le transfert des productions à faible valeur ajoutée hors de
Suisse, voire d’Europe. Ce dit, la situation est très
diverse selon les entreprises et leur positionnement
sur le marché. Dans ce sens, nous pouvons considérer
que l’évolution conjoncturelle internationale, en zone
euro en particulier, jouera un rôle également central
pour la bonne adaptation de nos entreprises à ce nouN°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
veau contexte toujours plus exigeant. Si la conjoncture
générale s’améliore, ce qui reste le scénario principal
attendu notamment par le groupe d’experts de la
Confédération, alors nous pouvons demeurer confiants
dans la capacité d’adaptation de nos entreprises pour
surmonter ces difficultés. Le franc a, en effet, toujours
été une monnaie forte et nos entreprises ont su fonctionner en tenant compte de ce paramètre.
– De votre côté, êtes-vous intervenu directement
auprès des autorités de la BNS pour tenter d’infléchir leur politique monétaire ou, en tous cas, pour
qu’elles prennent elles aussi des mesures bénéfiques aux entreprises exportatrices ?
Bien sûr. Nous l’avions annoncé suite à la réunion du
groupe de travail que j’ai convoqué, comprenant les
principales associations professionnelles, soit l’Union
valaisanne des industriels UIV, l’Union valaisanne des
arts et métiers UVAM, la Chambre valaisanne de commerce et d’industrie CVCI, ainsi que les représentants
syndicaux tels les Syndicats Chrétiens interprofessionnels du Valais SCIV et SYNA, de même que UNIA. J’ai
écrit dans ce sens au président du directoire de la
BNS, Thomas Jordan. Outre les mesures complémentaires nécessaires à favoriser la meilleure transition
possible, soit surtout la volonté de la BNS de poursuivre ses interventions visant à favoriser l’affaiblissement du cours du franc, nous avons rappelé les
ÉCLAIRAGE
DOSSIER SUR LE FRANC FORT
alternatives d’un nouveau taux plancher lié cette fois
à un panier de monnaies et non au seul euro, selon
le modèle Singapour, ainsi qu’à un intérêt négatif ciblé
sur les capitaux spéculatifs visant à s’investir en franc
suisse.
– Vous évoquiez, toujours en juin dernier,
la nécessaire formation professionnelle pour
favoriser le développement du secteur industriel
en Valais. Des initiatives circonstanciées ont-elles
été réalisées en la matière ?
Le débat mené lors de la Journée économique de la
Foire du Valais, comme celui de la Journée du Bureau
des métiers, ont rappelé notre vision de l’importance
décisive de la formation professionnelle, à la fois pour
le développement de nos entreprises comme pour
l’insertion de nos jeunes sur le marché de l’emploi.
Un intervenant a même évoqué les CFC en tant qu’« assurance contre le chômage » ! Dans ce sens, nous ac-
Jean-Michel Cina, chef du Département de l’économie, de l’énergie et
du territoire : « Le Valais d’avenir, que nous prônons, dépendra toujours
plus de sa capacité d’innovation. » – © photo-genic.ch
43
cordons une attention tout particulière à la formation
professionnelle dans le domaine de l’industrie et
avons, par exemple, investi 2,7 millions de francs au
BioArk de Monthey pour un cadre de formation optimal
des laborantins et un nouveau modèle pour les technologues en production chimie-pharma. Le Grand
Conseil a par ailleurs accepté un crédit de plus de vingt
millions de francs proposé par le Conseil d’Etat, pour
la mise à niveau de nos ateliers écoles. Enfin, le transfert de la HES-SO Valais-Wallis sur le Campus
Energypolis, en développement près de la Gare de
Sion, constitue encor un signal fort de notre canton
en direction de formations professionnelles de pointe,
sans même parler de l’implantation de l’EPFL sur ce
site. Le Valais d’avenir, que nous prônons, dépendra
toujours plus de sa capacité d’innovation. Vous
constatez ainsi que nous investissons massivement
dans le sens du développement des meilleures compétences de notre jeunesse.
– Pour rester concurrentielles, les entreprises
exportatrices réclament de meilleures conditions-cadre, comme une fiscalité plus incitative,
une bureaucratie allégée, la flexibilité de l’emploi,
ou encore la diminution des coûts de l’énergie.
Concrètement, quelles mesures ont été, ou sont
prises, afin de répondre à leurs demandes
légitimes, ne serait-ce que pour assurer leur
croissance et créer de l’emploi ?
La première chose qu’il convient de rappeler, et vous
le soulignez à juste titre, c’est l’importance des conditions-cadre pour le bon développement de nos entreprises. Depuis des années, nous agissons dans ce
domaine et continuons à le faire résolument. D’ailleurs,
dans la poursuite de cette volonté politique continue
et cohérente, nous avons décidé d’une politique d’encouragement à la place industrielle valaisanne ! En
termes de fiscalité, nous sommes, par exemple, dans
le peloton de tête des cantons suisses pour l’imposition du bénéfice jusqu’à 150 000 francs, ce qui
concerne quelque 90 % de nos PME. Sans compter les
possibilités d’amortissements immédiats des nouveaux investissements. On peut tout aussi bien relever
les mesures de e-gouvernement intervenues, par
exemple en matière fiscale, comme l’orientation client
de ce service. En matière d’énergie, nous avons pu
maintenir les aides en matière de réduction de l’impôt
spécial pour les entreprises grandes consommatrices.
De manière générale, on doit encore souligner le bas
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
44
DOSSIER SUR LE FRANC FORT
ÉCLAIRAGE
niveau de coût de ce facteur de compétitivité, dans
canton t’aidera »… Mais si l’assistanat semble certail’environnement actuel du marché de l’énergie. Enfin,
nement un peu dur comme terme, il est clair que les
nous traiterons également de deux enquêtes auprès
projets ne sont pas toujours étudiés jusqu’au bout et
des membres de l’UIV, quant à leurs attentes d’une
qu’il existe parfois l’espoir d’un soutien étatique sans
part, comme de la CVCI en matière de
trop de questions ni de contrôle de
qualité des conditions-cadre en
« Aide-toi et le
notre part, considérant un peu l’aide
Valais, dans une prochaine séance du
publique comme un dû. Il s’agit, ceCanton t’aidera. »
groupe de travail industrie. Nous pourpendant, de l’argent des contrirons ainsi encore déterminer les mebuables que nous nous devons de
sures complémentaires qui s’imposeraient.
gérer avec des exigences précises. Quant au changement structurel et aux difficultés qui l’accompagnent,
– En cas de difficultés conjoncturelles, ou structule tourisme valaisan en offre un bon exemple. Avec
relles, les secteurs économiques ont trop souvent
l’Observatoire du tourisme et surtout la nouvelle loi
sur le tourisme, le canton a mis en place un cadre
tendance à tendre la main en direction de l’Etat,
d’actions et des instruments souples à la disposition
plutôt qu’à se serrer les coudes et à se montrer
des acteurs de ce domaine stratégique pour l’emploi
créatifs et innovants. Autrement dit, le franc fort
dans nos vallées, notamment. Nous y avons ensuite
pourrait également servir de prétexte à l’inaction et
ajouté Valais/Wallis Promotion et tout récemment
à la facilité. Que pensez-vous de cet état d’esprit
l’outil financier d’un fonds touristique. C’est maintefocalisé sur l’assistanat, qui tend à se généraliser ?
Il y a une bonne part de vrai dans cette question… Je
nant aux acteurs sur le terrain d’agir. Ce sont eux qui
dis parfois, avec un zeste de provocation, qu’une mafont le tourisme et non l’Etat ! Mais j’avoue que si les
jeure partie des interlocuteurs qui me demandent
choses commencent à bouger, je n’ai pas toujours
rendez-vous espèrent un soutien financier de la part
l’impression que le secteur va assez vite dans la didu Canton. Ce qui est positif, dans la mesure où des
rection de destinations performantes tirant partie des
projets d’avenir avec investissements et emplois à la
synergies existantes. J’espère être contredit par la
clé nous sont présentés. Le fameux « aide-toi et le
réalité !
Comme le franc a toujours été une monnaie forte, les entreprises valaisannes ont su fonctionner en tenant compte de ce paramètre. – © Valais/Wallis
Promotion
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
ÉCLAIRAGE
45
DOSSIER SUR LE FRANC FORT
CONSÉQUENCES DU FRANC FORT SUR LE TISSU ÉCONOMIQUE VALAISAN
LES ENTREPRISES NE BAISSENT
PAS LES BRAS ET SE BATTENT !
COMMENT LA FIN DU TAUX PLANCHER, DÉCRÉTÉE LE 15 JANVIER DERNIER PAR LA
BNS, AFFECTE LES ACTIVITÉS D’EXPORTATION ? NOUS AVONS PRIS LE POULS AUPRÈS
DE SIX PATRONS VALAISANS QUI, TOUS, ONT ORGANISÉ LA RIPOSTE.
Geneviève Zuber – [email protected]
Journaliste
Claude-Michel Salamin,
président du Groupe T2i,
éditeur de logiciels et
opérateur de service employant 230 collaborateurs
répartis entre le siège à
Sierre, Renens, la France
et, depuis peu, le Canada
et le Vietnam. « C’est une
année plus difficile, car le
franc fort fait le jeu de la
concurrence étrangère ; en
effet, les négociations
avec les clients se sont
durcies et nos prix, que
nous essayons de tenir,
sont mis sous pression ;
dès lors, le résultat consoClaude-Michel Salamin,
dirigeant du Groupe T2i :
lidé et les marges dimi« Innover plus vite encore
pour contrer le franc fort. »
nuent. » Au lieu d’une
croissance de 10 à 15 %, le Groupe T2i devrait se
contenter, cette année, d’un chiffre d’affaires stable.
Les effets du franc fort sont toutefois atténués du fait
que le flux des logiciels édités s’établit dans les deux
sens, Suisse-France, mais aussi France-Suisse, selon
la spécificité des différents sites du groupe.
« A court terme, nous avons réagi en adaptant notre
budget et en reportant de nouveaux engagements, par
exemple. A moyen terme, notre priorité vise à mettre
des solutions innovantes sur le marché, ce que nous
avons fait avec HR café, notre nouveau logiciel destiné
aux ressources humaines ». Quant au développement
futur, « c’est une stratégie de longue haleine que des
événements ponctuels comme le franc fort ne remettent pas en cause. Nous travaillons à élargir nos
activités dans la francophonie, en Belgique et au
Luxembourg également. Notre objectif reste d’accroître
notre chiffre d’affaires de 50 % à l’horizon 2020 ».
Roland Studer, fondateur et directeur général de
Studer Innotec SA à Sion, spécialisée dans le marché
Les onduleurs solaires de la nouvelle cabane du Mont-Rose, une
réalisation emblématique de Studer Innotec, qui exporte ses produits
dans une nonantaine de pays.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
46
des onduleurs (solaire photovoltaïque, nautisme, télécom, applications mobiles, etc.). « Avec plus de 90 %
des ventes à l’exportation, nous dépendons fortement
du change, de l’euro surtout, notre plus grand débouché étant l’Europe. C’est le moment le plus difficile
que nous traversons, depuis les débuts de notre entreprise, en 1987. Notre chiffre d’affaires est en baisse
de 25 à 30 % par rapport à 2014. Il y a trois ans, l’euro
avait plongé davantage, mais l’annonce de la BNS a
provoqué un choc médiatique très dommageable. »
L’entreprise a réagi en diminuant ses prix, sans pouvoir répercuter complètement la baisse. « Nous avons
expliqué la situation à nos clients, un marché de niche
sur lequel nous sommes reconnus pour la qualité et
les performances de nos produits. Cela aide à affronter
la situation, de même que nos solides arrières financiers. » En outre, Studer Innotec redouble d’efforts pour
trouver de nouveaux marchés. Un ingénieur spécialisé
dans la vente a été engagé pour prospecter les pays
hispaniques, qui présentent un intéressant potentiel.
« Nous n’avons pas de chômage technique, mais beaucoup moins de travail de production. Nos ingénieurs,
au nombre de 12 sur 60 collaborateurs, se concentrent
plus que jamais sur l’élaboration de produits plus
sophistiqués. C’est notre avenir. Car, ne nous leurrons
pas, il faudra continuer à faire avec le franc fort. »
Grégoire Iten, directeur de Sametec SA à Sion, une
PME fabriquant des pièces et des ensembles mécaniques pour l’industrie ferroviaire, alimentaire, électrique, horlogère, hydraulique, les machines-outils et
la recherche. « Nos clients livrent surtout à l’étranger
et par effet de domino, en tant que sous-traitant, notre
chiffre d’affaires devrait être cette année de 10 à 15 %
inférieur à nos prévisions. Alors oui, le franc fort demeure préoccupant, mais pour certains, c’est aussi
un prétexte pour délocaliser, alors qu’ils se préparaient depuis longtemps à déménager… Et puis, il n’y
a pas que le franc fort, puisque les temps sont plus
difficiles à l’international, la concurrence se durcit et
les clients ont changé de mentalité, devenant de plus
en plus axés sur les prix. »
Grégoire Iten a répercuté sur ses tarifs la baisse des
matières premières achetées en Europe, mais cela ne
suffit pas à aligner ses prix. « C’est une situation qu’il
faut clairement expliquer aux clients », lui aussi estimant le contact humain fondamental. Il a aussi dégagé
du temps pour démarcher lui-même de nouveaux marN°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
DOSSIER SUR LE FRANC FORT
ÉCLAIRAGE
chés. En contrepartie, sur place, il délègue plus et
chacun est davantage responsabilisé à son poste. « Je
suis motivé, nous travaillons à améliorer notre productivité, à accélérer notre livraison et à diversifier
notre offre. Mais l’industrie suisse a maintenant besoin de solidarité. Je pense à un protectionnisme bien
compris, lors de l’attribution des marchés publics. »
Marc-André Glassey, directeur de Sigatec SA à Sion,
entreprise spécialisée dans la fabrication de composants micro-mécaniques en silicium pour l’horlogerie
de luxe principalement, l’aviation et le biomédical.
« La croissance très soutenue du marché de l’horlogerie de luxe, au cours de ces cinq à six dernières années
(plus de 10 % par an, ndlr), a été mise sur pause en
2015, avec bien sûr des répercussions sur les commandes chez Sigatec. En cause, le franc fort, mais
aussi des Chinois et des Russes plus regardants sur
leurs dépenses. Nous profitons de ce palier pour cultiver notre jardin. Autrement dit, au lieu de gérer la
croissance, nous nous concentrons davantage sur nos
activités R&D, un département que nous avons étoffé
avec l’engagement de deux nouveaux ingénieurs. Cette
pause constitue donc une opportunité pour développer l’innovation. Une chance à saisir, en Suisse, pour
Sigatec fabrique des composants uniques comme des séries jusqu’à
100 000 pièces.
ÉCLAIRAGE
DOSSIER SUR LE FRANC FORT
47
Crans-Montana, une destination très impactée par le franc fort.
rester compétitif, car contre le franc fort, on ne peut
rien faire. »
Et l’avenir de Sigatec ? « Nous sommes une jeune entreprise (dix ans en 2016, ndlr), habituée à être
confrontée aux cycles du marché, qui est volatile. Il
suffit de se rappeler la crise horlogère de 2009. J’ai
confiance en l’avenir. Nous allons continuer à nous
développer avec, pour moteur de notre croissance,
nos produits innovants. »
Marie-Christine Comte, directrice de Cosmotec SA à
Vouvry, laboratoire développant et fabriquant des produits cosmétiques pour des tiers, active sur les marchés
européens, asiatiques et nord-américains. « Nous avons
dû encaisser la différence de change, mais également
une stagnation de la demande à l’international, aux
USA, en Chine et en Russie notamment. Ce qui a occasionné une diminution de 20 % de notre chiffre d’affaires au premier semestre. Nous avons été particulièrement impactés au début de l’année, après l’annonce
de la BNS, puis nous avons réagi. »
Depuis, plutôt que de remplacer les collaborateurs qui
s’en vont, Cosmotec fait appel autant que possible à
des consultants externes et à des temporaires.
Toujours pour diminuer les charges, l’organigramme
a été allégé, « mais en respectant les procédures ».
Pour améliorer la rentabilité, il s’agit de négocier les
prix avec les fournisseurs et d’accélérer les projets en
cours. « Comme les collaborateurs dotés d’un grand
savoir-faire sont importants pour nous, nous voulons
les conserver. Quant aux produits, nous nous concentrons sur ceux nous permettant de dégager les meilleurs bénéfices. » La recherche de nouveaux clients
représente un autre point capital. « Des pays émergents, comme l’Iran ou la Turquie, offrent un potentiel
tout à fait intéressant pour le marché du luxe, d’où
notre présence à des foires-expositions internationales à Dubaï, ou Hong-Kong. »
Bruno Huggler, directeur de Crans-Montana Tourisme
& Congrès (CMT) : « Avec 34 % de nuitées européennes,
nous avons été très impactés par la décision de la
BNS. Auparavant, le franc fort était déjà un handicap,
mais la branche était en train de remonter la pente.
L’annonce de la fin du taux plancher a fait l’effet d’un
couperet ; les réservations en provenance de la zone
euro et de la Grande-Bretagne se sont alors arrêtées.
Cette décision est vraiment tombée à un très mauvais
moment, juste avant la deuxième partie de la saison
d’hiver. Et même si depuis le franc suisse a perdu de
sa valeur, l’effet d’annonce du 15 janvier reste tenace
dans les esprits en Europe, ce qui continue à nous
faire perdre des nuitées. »
CMT a réagi en concentrant davantage encore sa promotion sur le marché suisse alémanique, qui présente
un fort potentiel, sachant que la moitié des habitants
d’outre-Sarine est rarement venue en Valais voire jamais. Ce qui a, entre autres actions, incité CTM à devenir la destination partenaire officielle du FC Bâle.
L’impact du franc fort sur la station n’est pas encore
chiffré, mais pour Bruno Huggler, après cette secousse, « nous devons plus que jamais développer la
qualité de l’accueil et des services. Comme nous
n’avons pas les moyens de nous aligner sur les prix
européens, les nôtres doivent se justifier par la qualité
de l’expérience que nous offrons. »
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
La HES-SO Valais-Wallis offre des études à la
Haute Ecole d’Ingénierie
Technologies du vivant · Systèmes industriels · Energie et techniques environnementales
Haute Ecole de Gestion & Tourisme
Economie d’entreprise · Informatique de gestion · Tourisme
Haute Ecole de Santé
Soins infirmiers · Physiothérapie
Haute Ecole de Travail Social
Travail social
REPÈRES
49
INNOVATION
AVANCÉE OPHTALMOLOGIQUE :
UN NOUVEL INSTRUMENT DE MESURE
DU FLUX SANGUIN
DEPUIS DEUX ANS, LA HES-SO VALAIS-WALLIS COLLABORE AVEC LE CHU DE GRENOBLE
ET SA CLINIQUE UNIVERSITAIRE D’OPHTALMOLOGIE SUR UN NOUVEAU PROTOTYPE
DE MESURE DU FLUX SANGUIN. INAUGURÉ À LA FIN SEPTEMBRE 2015 EN FRANCE,
IL CONSTITUE UN OUTIL NOVATEUR POUR LES RECHERCHES CLINIQUES SUR LES
GRANDES PATHOLOGIES OCULAIRES, TELLES QUE LA DÉGÉNÉRESCENCE MACULAIRE,
LES OCCLUSIONS VEINEUSES RÉTINIENNES, OU LE GLAUCOME.
Plan image
Eloïse Morisod – [email protected]
Collaboratrice spécialisée Marketing & Communication,
HES-SO Valais-Wallis
Plan image
Plan object
plan pupille
faisceau laser
Appelé AO-LDV pour « Adaptative Optique–Laser
Doppler Velocimetry », ce nouveau système d’imagerie
permet de mesurer simultanément le diamètre interne
des vaisseaux rétiniens et la vitesse des globules
rouges au sein de ces vaisseaux, afin d’obtenir le débit
du flux sanguin au fond de l’œil. Une première mondiale qui combine simultanément une mesure du diamètre du vaisseau de haute précision avec une mesure
de la vitesse des globules rouges.
Sous l’impulsion du professeur Chiquet du CHU de
neuses rétiniennes ou le glaucome. L’impact de cerGrenoble, l’équipe de Martiel Geiser, professeur à la
taines maladies comme le diabète, la sclérodermie et
Haute Ecole d’Ingénierie (HES-SO
l’hypertension artérielle sur les
Valais-Wallis), a modifié un instrupathologies oculaires fera également développé par l’entreprise
ment l’objet d’analyses. Dans un
parisienne Imagine Eyes, à la pointe
premier temps, des tests ont été
de la technologie ophtalmologique.
effectués sur des patients sans proLes chercheurs valaisans sont parblèmes particuliers, afin de mieux
venus à ajouter au système optique
connaître les variations physioloexistant une mesure absolue de la
giques du flux sanguin rétinien.
vitesse du sang dans les capillaires,
Prochaine étape : exécuter ces meen utilisant l’effet Doppler de la lusures sur des pathologies oculaires,
mière. Un projet rendu possible
ou systémiques, afin d’enrichir les
grâce au soutien de Novartis
connaissances physiopatholoPharma, France.
giques, de spécifier les diagnostics
Cette innovation technologique peret d’adapter les traitements. Le promettra au CHU de Grenoble de metotype de cet instrument de mesure
ner des recherches cliniques sur les
fera l’objet, en 2016, d’une publicagrandes pathologies oculaires,
tion scientifique et de plusieurs
Cette innovation technologique permet
de mener des recherches cliniques sur les
telles que la dégénérescence macuprésentations lors de grands
grandes pathologies oculaires.
laire liée à l’âge, les occlusions veicongrès internationaux.
Système optique
rtx1 + LDVao
plan ouvertures
Faisceaux diffusés
Plan image
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
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REPÈRES
51
INNOVATION TEDxMARTIGNY 2015
UN GRAND CRU
AU SERVICE DE LA CRÉATIVITÉ
L’ÉDITION 2015 DE TEDxMARTIGNY, ORGANISÉE EN SEPTEMBRE DERNIER PAR L’ASSOCIATION VALAISANNE NEURHONE, FERA DATE GRÂCE À LA DIVERSITÉ DES THÈMES
DE TREIZE ORATEURS D’HORIZONS DIVERS. UN CLIN D’ŒIL À L’OCCASION DU BICENTENAIRE DE L’ENTRÉE DU VALAIS DANS LA CONFÉDÉRATION HELVÉTIQUE.
Rédaction – [email protected]
Sous la houlette du Dr Johann Roduit, chercheur à l’Institut d’éthique biomédicale de l’Université de Zurich,
toute l’équipe de bénévoles de l’association Neurhone,
qu’il préside et dont il est l’un des co-fondateurs, a
redoublé d’originalité et d’intelligence en concoctant
le menu de l’édition 2015 de TEDxMartigny, forte de
quelque 300 participants. Et même si Neurhone se définit comme un
connecteur d’idées
encourageant l’innovation et la créativité
en Valais, il fallait
oser ce subtil mélange des genres,
entre un entomologiste, une professeure en neuro-épigénétique, un
chanoine-aumônier,
ou encore une spécialiste en énergie
hydraulique, dont le
déchiffrage a mis en
lumière un esprit
Dr Johann Roduit, président de
TEDxMartigny : Innover et créer, il en
créatif partagé.
restera toujours quelque chose.
C’est ainsi que tour à
tour, durant l’après-midi et la soirée de l’événement,
chaque intervenant a dressé sa vision de l’innovation
à travers le positionnement de ses activités professionnelles. Pour sa part, Hans Herren, le premier Helvète à
recevoir le Prix mondial de l’alimentation en 2005 et le
prix Nobel alternatif en 2013 pour son travail pionnier
dans la lutte biologique ayant sauvé des millions d’Africains de la famine, s’est exprimé sur les applications
de l’agriculture durable à travers sa Fondation Biovision,
engagée dans le développement écologique auprès de
populations africaines. La professeure en neuro-épigénétique à la faculté de Médecine de l’Université de
Zurich et à l’EPFZ, Isabelle Mansuy, a, quant à elle, dévoilé ses recherches sur l’existence de suppresseurs
moléculaires dans le cerveau et leur importance dans
les défauts cognitifs associés au vieillissement, à l’Alzheimer et à la neuro-dégénérescence.
De son côté, JeanChristophe Zufferey,
lauréat du prix ABB
2006 pour sa thèse
de doctorat à l’EPFL
sur l’« Autonomous
Robotics », a démontré l’intérêt des mini-drones autonomes
pour des applications professionnelles comme la cartographie 3D,
l’inspection, ou la
gestion des terrains,
L’historienne Muriel Borgeat-Theler :
Les relations entre le Rhône et ses
qu’il développe dans
riverains.
sa start-up SenseFly.
Enfin, l’historienne Muriel Borgeat-Theler, qui coordonne des projets en lien avec le Rhône dans les domaines de la culture, de la formation et de la recherche
à la Fondation pour le développement durable des régions de montagne (FDDM), a commenté ses travaux
en cours sur les relations entre le Rhône et ses riverains
avant les grandes corrections des XIXe-XXIe siècles. Pour
la bonne bouche, le directeur de l’institut de recherche
Idiap à Martigny et fondateur du centre de compétence
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
52
« Interactive Multimodal Information Management »,
Hervé Bourlard, a encore défini sa vision de l’innovation, tout en évoquant des échecs retentissants (voir
texte ci-après de Philippe Gaemperle).
Des artistes aux prestations appréciées, comme les
deux sœurs de Martigny Emilie et Céline Troillet du
groupe Mnémosyne spécialisé dans le pop rock et le
soul acoustique, ou encore le designer de Vernayaz,
Geoffroy Buthey, créateur d’objets uniques, ou en série,
et d’autres destinés à l’édition, sont intervenus astucieusement entre les interventions, histoire de rappeler
que l’innovation couvre aussi les domaines de la musique et de l’artisanat.
Aucun doute, l’équipe de Neurhone a une fois de plus
(depuis 2012) parfaitement atteint l’objectif des conférences internationales TEDx, à savoir rassembler des
orateurs partageant en public des idées extraordinaires,
inspirantes et innovantes. En 2014, plus de 2500 conférences TEDx indépendantes ont été mises sur pied dans
1255 villes de 137 pays. En Suisse, plusieurs événements TEDx ont également eu lieu à Bâle, Fribourg,
Genève, Lausanne, Lugano et Zurich. Cette année, Cuba
INNOVATION TEDxMARTIGNY 2015
REPÈRES
a aussi accueilli son premier TEDx, tandis que le
TEDxBuenosAires a réuni 10 000 participants.
Info : www.tedxmartigny.com
L’édition 2015 de TEDxMartigny fera date.
Conseils
PME
Yvano Bressan, directeur Raiffeisen Monthey
Massimo Nobile, site manager BioArk SA à Monthey
Entreprendre ensemble
Des décisions prises localement en faveur des PME valaisannes.
raiffeisen.ch/pme
REPÈRES
INNOVATION TEDxMARTIGNY 2015
53
INSTITUT DE RECHERCHE IDIAP
DES PERCÉES RETENTISSANTES
EN MATIÈRE D’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
L’INSTITUT DE RECHERCHE ET DE TRANSFERT TECHNOLOGIQUES IDIAP, À MARTIGNY,
A FAIT GLISSER LE CENTRE DE GRAVITÉ DE LA RECHERCHE SUISSE EN VALAIS. SON
AMBITION ? RÉVOLUTIONNER LA RELATION HOMME-MACHINE. ENTRETIEN AVEC LE
PROFESSEUR HERVÉ BOURLARD, SON DIRECTEUR DEPUIS 1996.
Philippe Gaemperle – [email protected]
Economiste
Intervenant remarqué à l’édition 2015 de TEDx Martigny,
le professeur Hervé Bourlard est l’archétype du chercheur-entrepreneur aux compétences multiples et à la
passion intacte. Scientifique au bénéfice d’expériences
industrielles, il jouit d’une résonance mondiale dans
des domaines d’expertise comme le traitement de la
parole et les réseaux de neurones. Au dynamisme bouillonnant, l’Idiap connaît un essor considérable grâce à
de nombreux succès. Hervé Bourlard le définit ainsi :
« C’est la culture et la dynamique d’une start-up au profit
de la recherche, du transfert technologique et de la
formation ; on aime essayer, prendre des risques, partager nos expériences et nos succès. » Aujourd’hui,
l’Idiap compte 130 collaborateurs, dont de nombreux
chercheurs au calibre international, 20 start-up, 40
doctorants EPFL financés par l’institut, 120 publications
annuelles et des collaborations avec les grands de l’industrie tels Samsung, Google, ou Facebook.
Fondé en 1991, l’institut valaisan prône un progrès
scientifique au service du bien-être des humains et
place les intérêts de la société au centre de sa démarche. Ses chercheurs s’intéressent à la coordination
du langage parlé, écrit et gestuel avec les systèmes
multimédia ; il en découle une large palette d’applications, de la reconnaissance vocale et de la visualisation
sur ordinateur jusqu’aux systèmes collaboratifs et créatifs. Ces nouvelles interfaces visent à être utilisées là
où les technologies actuelles, comme le clavier, la
souris et l’écran, se révèlent insuffisantes pour des interactions homme-machine complexes. En 2001, année
de son dixième anniversaire, l’Idiap a vécu sa première
consécration avec l’attribution d’un Pôle de recherche
national (PRN) par le Fonds National Suisse, pour son
projet « IM2 Gestion interactive et multimodale de systèmes d’information » ; doté d’un budget global de 88
millions de francs sur douze ans, ce programme, qui
Le professeur Hervé Bourlard, directeur de l’Idiap, prône un progrès
scientifique au service du bien-être des humains.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
1)
2)
3)
4)
Timbres-poste spéciaux Noël
· Sujet «Cadeaux» de 0.85
· Sujet «Sapin de Noël» de 1.–
· Sujet «Boules» de 1.40
· Sujet «Bougies» de 1.90
Art. 1) 544002, 2) 544003, 3) 544004, 4) 544005
Les boules à neige font leur entrée à la Poste.
Ce timbre-poste et bien d’autres se prêtent à toutes les occasions.
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REPÈRES
55
INNOVATION TEDxMARTIGNY 2015
étudie les interactions entre l’homme et l’ordinateur,
propulse l’institut comme l’un des centres de recherche
scientifique les plus prometteurs de Suisse, tout en
renforçant l’un de ses axes stratégiques, le transfert
technologique. C’est ainsi qu’est née, entre autres, la
Start-up Klewel, qui valorise les événements et conférences avec une solution complète de webcasting (diffusion sur le web).
En renfort à l’écosystème valaisan
Grâce à cette spirale positive, un plan de développement a été signé en 2008 avec l’EPFL. Le lien académique se renforce, puisque les doctorants peuvent venir
préparer une thèse à l’Idiap sur des sujets de recherche
de pointe proposés par l’institut valaisan, tout en obtenant un titre académique EPFL. Les autres clefs du
succès, selon le Dr François Foglia, directeur-adjoint et
aussi l’un des moteurs du développement de l’Idiap,
« c’est de concentrer notre savoir-faire en domaines
d’application étroitement alignés aux besoins économiques et sociétaux contemporains ; nos chercheurs
sont donc organisés en groupes indépendants, avec
chacun son leader, et ils cultivent une approche projet,
favorisant les collaborations transversales et multidisciplinaires ; ils sont en plus soutenus par un groupe de
développement, qui fait le lien avec l’industrie en développant des prototypes. » Et le Dr François Foglia
d’ajouter que « cette dynamique novatrice nous a permis
de créer l’incubateur IdeArk, en 2004, puis de lancer
l’international Create Challenge ; tous deux complètent
l’écosystème valaisan et valorisent nos technologies
en réalités industrielles, entre autres par la création de
spin-off comme Klewel, Kœmei, KeyLemon, Biowatch,
Recapp. » En collaboration avec PolytechVenture, l’international Create Challenge a pour ambition d’attirer
des talents du monde entier. Ce programme de trois
semaines s’adresse à des entrepreneurs actifs dans les
Les perspectives de développement
de KeyLemon
Sa proposition de valeur permet de renforcer la sécurité tout en simplifiant la gestion des mots de
passe, grâce à une technologie de pointe de la reconnaissance faciale. KeyLemon vient d’être sélectionnée pour participer au projet européen FANCI
(Face and body Analysis Natural Computer
Interaction), qui lui ouvre de nouvelles opportunités
dans l’industrie automobile.
nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). « Il leur permet de s’approprier l’une
de nos technologies, d’élaborer un prototype commercial et de fonder une start-up. C’est l’exemple de
Biowatch, une montre connectée, dont la technologie
repose sur un capteur biométrique reconnaissant son
propriétaire, grâce aux veines du poignet », ajoute le
directeur adjoint.
L’Idiap travaille actuellement sur le projet international
SUMMA (budget total de 9,8 millions d’euros, dont 1,8
million pour l’Idiap), qui lui permettra, ainsi qu’à ses
chercheurs, d’apporter leur savoir-faire dans le traitement des données multimédia et multi-langues, avec
des partenaires tels que Qatar TV, BBC et l’Université
d’Edimburgh. « Le but du projet consiste à extraire rapidement les informations pertinentes émises partout
sur la planète en dix langues différentes et représentant
l’équivalent de 500 heures d’émissions par jour », s’enthousiasme Hervé Bourlard.
Les ambitions de l’Idiap dans les FinTech
De par la nature des thèmes de recherche de l’Idiap,
notamment la reconnaissance biométrique des personnes avec, comme domaine d’application, la sécurité et la gestion des risques, il est tout à fait possible de développer des solutions financières,
appelées FinTech. D’ailleurs, il serait envisageable
que Biowatch développe des opportunités dans ce
secteur d’activité.
L’Idiap à Martigny : déjà de nombreux succès à son actif.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
56
BRÈVES
BANQUE WIR
Kornel Tinguely
REPÈRES
ÉCOLE D’AGRICULTURE
DE CHÂTEAUNEUF
Sophie Favez
A la fin octobre, la Banque suisse WIR, implantée notamment à Sierre, a réuni près de 200 chefs d’entreprise sous la présidence de Kornel Tinguely, membre
du conseil d’administration, et de Sophie Favez, présidente du Groupe WIR Romandie. A cette occasion,
Jean-Daniel Descartes, fondateur et président du
groupe valaisan éponyme, leur a conté quelques savoureuses anecdotes sur l’histoire et l’évolution de
son entreprise (www.wir.ch). (Réd.)
SOIXANTE CHERCHEURS
EN INFORMATIQUE
AU TECHNOARK DE SIERRE
L’institut Informatique de gestion de la HES-SO ValaisWallis a accueilli trois événements consacrés au Web
des données, en octobre dernier. Une soixantaine de
chercheurs en provenance d’environ trente pays se
sont donc rencontrés au TechnoArk de Sierre, site dédié aux nouvelles technologies de l’information et de
la communication. Ils ont ainsi présenté leurs travaux
et recherches sur le traitement des informations digitales et des communications, de même que sur le web
sémantique.
L’organisation de ces rendez-vous scientifiques internationaux confirme la place de Sierre, et plus particulièrement du TechnoArk, comme pôle de compétences
en informatique. A ce titre, l’institut Informatique de
gestion de la HES-SO Valais-Wallis, qui compte plus
de 80 collaborateurs, est l’un des piliers de ce positionnement (www.hevs.ch). (Réd.)
L’Ecole d’agriculture de Châteauneuf a signé, ce mois
d’octobre, une convention de partenariat avec le
Centre de formation viticole « Viti Campus d’Avize »,
en Champagne. L’objectif vise à permettre aux deux
établissements d’organiser des échanges entre les
classes d’apprentis, ou d’étudiants, et d’apporter ainsi
une plus-value dans le cursus professionnel des
jeunes en formation. Du côté valaisan, il s’agit d’approfondir la connaissance de la région viticole, l’étude
de la viticulture et vinification champenoise, la découverte du marché des vins effervescents et la compréhension des modes de commercialisation.
Actuellement, l’Ecole d’agriculture valaisanne correspond avec dix-sept établissements européens ; en
2014, elle a porté sur les fonts baptismaux l’association EUROPEA Switzerland, dont la tâche principale
consiste à favoriser les échanges entre centres de
formation des métiers verts. (Réd.)
NOUVEAU DIRECTEUR
ACADÉMIQUE À UNIDISTANCE
Le Conseil de fondation de la Formation universitaire
à distance, Suisse (Unidistance), a nommé le Dr
Damien Carron au poste de directeur académique et
membre de la direction. Par ailleurs, il a confirmé dans
leur fonction respective le Dr et professeur Marc Bors,
recteur, ainsi que Stéphane Pannatier, directeur des
Services centraux qui devient directeur administratif. En pleine croissance, l’institution
valaisanne est la seule
du pays à offrir depuis
1992 des formations universitaires à distance en
français et en allemand
(Bachelor et Master), reconnues par la
Confédération.
Dr Damien Carron
Basée à Brigue avec des
REPÈRES
57
BRÈVES
TÉLÉGRAMMES
||| KELLERHALS CARRARD
Dr et professeur Marc Bors
Stéphane Pannatier
centres d’étude à Sierre et Pfäffikon (SZ), elle compte
plus de 1400 étudiants francophones et germanophones, 240 collaborateurs, dont une majorité de
professeurs et assistants enseignant à temps partiel,
ainsi que 34 collaborateurs administratifs. Aujourd’hui,
elle se réorganise pour s’adapter à ses dimensions et
mieux répondre aux besoins d’harmonisation, de standardisation et de centralisation des activités (www.
UniDistance,ch). (réd.)
La nouvelle étude suisse Kellerhals Carrard, née du
regroupement entre Carrard & Associés et Kellerhals
Anwälte, réunit désormais plus de 120 avocats et juristes. Présente à Sion, Bâle, Berne, Lausanne et
Zurich, avec deux représentations à Shanghai et
Binningen (BL) pour l’activité notariale, elle accède
ainsi au rang de 5e plus grand bureau d’avocats de
Suisse (www.kellerhals-carrard.ch). (réd.)
||| WWW.TROODI.CH
La nouvelle plate-forme www.trOOdi.ch a été spécialement conçue pour les entreprises et organisations à la
recherche d’un lieu en Romandie, pour mettre sur pied
un séminaire. Son service est gratuit et facile d’utilisation ; un moteur de recherche permet de définir ses
exigences (lieu, rayon de recherche, nombre de participants, etc.), puis apparaissent les descriptions des
structures y répondant, 130 actuellement. (réd.)
INCUBATEUR THE ARK
LE PARTENAIRE PRIVILÉGIÉ DES CRÉATEURS D’ENTREPRISE
L’Incubateur The Ark offre aux entreprises innovantes
en démarrage un environnement privilégié et des
conditions-cadre attractives sur les différents sites
technologiques The Ark.
Grâce à un soutien concret et adapté, l’Incubateur The
Ark entend renforcer les chances de succès de ces
nouvelles entreprises, de leur démarrage à leur insertion dans l’économie locale.
Ce support aux projets innovants prend la forme d’un
accompagnement personnalisé (coaching), d’une mise
à disposition d’infrastructures adaptées aux besoins
spécifiques (bureaux ou laboratoires), du financement
d’expertises, d’animation et de réseautage. Véritable
lieu d’échanges interentreprises, l’Incubateur The Ark
permet une émulation et des synergies indispensables
au bon développement de toute nouvelle
entreprise.
Aucun financement direct n’est accordé par l’Incuba-
teur aux projets d’entreprise. Cependant, un appui
pragmatique à la recherche de financement et une
intégration à différents réseaux d’investisseurs sont
proposés.
Un processus d’incubation a été mis en place. Celui-ci
définit les objectifs et les prestations apportées à
chaque stade de maturation du projet. Une incubation
complète peut durer de 2 à 3 ans et demi.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
58
INNOVATION ÉNERGÉTIQUE
REPÈRES
ÉNERGIES RENOUVELABLES
LA STRATÉGIE RAYONNANTE
DE SEIC-TELEDIS EN FAVEUR
DU SOLAIRE « CLÉS EN MAIN »
LE SOLEIL VALAISAN S’AVÈRE ÊTRE UNE AUBAINE POUR LE GROUPE VALAISAN, QUI
ENTEND BIEN FAIRE BÉNÉFICIER SA CLIENTÈLE DE SON OFFRE GÉNÉRALE EN FAVEUR
DE LA SOURCE PHOTOVOLTAÏQUE.
Edgar Bloch – [email protected]
Journaliste
SEIC-TELEDIS nous avait impressionné, lors d’une pretement à la mise en œuvre rapide d’installations
mière visite, pour ses efforts consentis dans l’énergie
adaptées à un tel environnement, puisque posées sur
renouvelable, le solaire en particulier. Les engagedes toitures existantes.
ments en faveur des centrales photovoltaïques et la
Pour formuler une offre à l’intention de sa clientèle,
mise en œuvre d’un cadastre solaire pour mesurer
Paul-Alain Clivaz et son équipe se basent sur un relevé
l’aptitude de chaque habitation à générer du courant
des dimensions et des orientations des pans de la
vert avaient déjà été relevés (voir Edition 3 de Valais
toiture. « Cela nous permet de simuler le potentiel
Valeur Ajoutée).
énergétique et donc le nombre de panOr, rien pour l’heure n’indique que l’enneaux que nous pouvons installer.
treprise de Vernayaz manifeste la
Puis, nous établissons une proposition
moindre intention de s’arrêter en si
chiffrée pour leur fourniture et leur
bon chemin. Bien au contraire, elle
pose, le montage d’éléments de sécupropose désormais à ses clients de
rité, tels que les échafaudages, ainsi
fournir des installations solaires « clés
que d’éventuels travaux de finition. Il
en main ». « Nous nous chargeons de
s’agit de la couverture et de la ferblantoute la démarche, qui va de la simuterie. Les coûts d’engineering, ainsi
lation du potentiel énergétique à la
que les heures nécessaires pour la
mise en service, en passant par les
partie administrative, figurent égalePaul-Alain Clivaz, responsable du
tâches administratives et la coordinament dans le décompte final », assure
département Energies renouvelables
tion entre les différents corps de ménotre interlocuteur. Le public-cible visé
chez SEIC-TELEDIS : « Nous nous
occupons intégralement de
tiers. Bref, tout ce qui est nécessaire
est très vaste, puisqu’il concerne pral’installation photovoltaïque sur la
toiture de l’habitation. »
pour réaliser une installation photovoltiquement tous les ménages disposant
taïque sur la toiture de l’habitation »,
d’une toiture plus ou moins correcteassure Paul-Alain Clivaz, responsable du Département
ment orientée. Afin de séduire un grand nombre d’usaEnergies renouvelables. Active dans des projets liés
gers, SEIC-TELEDIS assure également que le prix reste
aux trois sources d’énergie abondantes en Valais, à
« tout à fait intéressant et compétitif. »
savoir la petite hydraulique, l’éolien et le photovoltaïque, SEIC-TELEDIS entend bien profiter de l’ensoQuelque 2800 bâtiments concernés
leillement si prolixe dans le canton et qui sied parfaiLa démarche solaire exige néanmoins des investisseN°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
REPÈRES
59
INNOVATION ÉNERGÉTIQUE
PROJETS RÉALISÉS EN 2015
Communes
Surfaces modules [m2]
Extension Rabotage du Rhône et Elioweld Evionnaz
2700
Matériaux Plus
Martigny
4800
Michaud & Mariaux
Massongex
1700
Extension Dépôt Voeffray
Vérossaz
170
Centre scolaire Aproz
Nendaz
180
Ecole Salvan
Salvan
160
Crèche des Ecluses
Nendaz
150
CAAD
Saxon
250
Ferme Borgeat
Vernayaz
650
AB Carrosserie
Saxon
850
Charles-Alphonse Delaloye
Ardon
500
Total12 110
ments conséquents de l’entreprise. En 2014, un effort
d’un ordre de grandeur de trois millions de francs y avait
été consacré avec, par exemple, l’extension de la centrale Fournier Bois à Ardon, ou la pose de 5700 m2 de
modules sur des halles industrielles à Saxon. Au total,
le groupe énergétique et multimédia s’est engagé dans
la construction de plus de 40 centrales photovoltaïques
dans quinze des communes où il est actif. Rien qu’en
septembre 2015, il a mis en service six installations,
dont celles de l’Ecole de Salvan, ou de la Crèche des
Ecluses de Nendaz, pour n’en citer que deux.
La part du solaire chez SEIC-TELEDIS se monte à environ 14 millions de kWh, produits annuellement par
des installations photovoltaïques, sur environ 260
millions de kWh distribués. Quant aux autres énergies
renouvelables, 17 millions de kWh sont répartis par
les éoliennes du coude du Rhône, en mains des sociétés RhônEole et ValEole, dont le groupe est actionnaire. Pour la petite hydraulique, les centrales sont
souvent propriétés des communes, et même si l’estiDe véritables économies à réaliser
Comment s’orienter vers un projet solaire ? C’est
simple : avec les produits « Auditelec », SEIC-TELEDIS
propose à ses clients des analyses de consommation
d’énergie de leur logement et leur fournit des mesures concrètes à prendre pour alléger la facture
d’électricité. Lors cette visite, le spécialiste de SEICTELEDIS étudie également avec le client des alternatives viables et appropriées de production d’énergie
renouvelable.
Puissance Production
[kWc]
annuelle [kWh]
439
430 000
757
750 000
271
270 000
27
30 000
29
30 000
26
30 000
20
20 000
39
40 000
100
100 000
130
130 000
80
80 000
19181 910 000
mation de leur production se révèle plus difficile, elle
se chiffre dans une fourchette comprise entre 8 et 10
millions de kWh.
Où s’arrêtera ce développement ? « Il n’y a pas de limite
à l’horizon, constate Paul-Alain Clivaz ; le potentiel
estimé, sur la base du cadastre solaire établi par nos
soins en 2014, précise que quelque 2800 bâtiments
présentent un réel intérêt. Ils sont en mesure d’héberger plus de 600 000 m2 de panneaux et produire 100
millions de kWh. »
La toiture solaire de Matériaux PLUS à Martigny.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
60
FOCUS ENTREPRISE
REPÈRES
L’EXPO MILANO 2015,
VITRINE DE CHOIX POUR LE VALAIS
UN VALAIS UNI, INNOVANT ET RÉSOLUMENT TOURNÉ VERS L’AVENIR, C’EST AINSI
QUE NOTRE CANTON S’EST PROFILÉ À L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE MILAN. RETOUR
SUR UNE AVENTURE AUSSI INTENSE QU’ENRICHISSANTE.
Raphaël Favre – [email protected], [email protected]
Responsable Industrie & Commerce, Valais/Wallis Promotion (Sion)
Une exposition universelle sur le pas de notre porte,
cela n’arrive pas tous les jours ! Le Valais a donc saisi
cette proximité inédite pour exposer au monde ses
multiples facettes. Tourisme, culture, agriculture, recherche, éducation, industrie, ou encore commerce,
le Valais dans sa globalité a brillé au sein du Pavillon
suisse.
Les deux millions de visiteurs du Pavillon helvétique
ont ainsi pu goûter à nos produits du terroir, découvrir
une trentaine d’artistes, ou groupes valaisans, et percer à jour les secrets des bisses, des glaciers et de
l’énergie hydraulique à travers l’exposition commune
des cantons du Saint-Gothard. Et le Valais économique
n’a pas été en reste ! Durant les dix journées valaisannes organisées en juin et octobre, les entreprises
valaisannes ont bénéficié d’une plate-forme de visibilité de grande ampleur. De nombreuses rencontres
B2B, ainsi que des conférences et des ateliers, ont été
organisés avec le soutien de Valais/Wallis Promotion,
afin de favoriser la mise en contact des entrepreneurs
valaisans avec des partenaires potentiels, notamment
du nord de l’Italie, un marché fort intéressant pour
notre région. Ces journées ont dès lors permis de valoriser le tissu économique local, présenter les offres
touristiques du canton, dévoiler ses atouts gastronomiques, positionner le Valais comme pôle d’innovation et, in fine, développer de nouvelles opportunités
d’affaires.
Coup de projecteur sur un Valais entreprenant
Notre région offre des conditions-cadre optimales pour
l’implantation de nouvelles entreprises, comme une
qualité de vie exceptionnelle, une main-d’œuvre qualifiée, ou encore un terreau fertile en matière d’innoN°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
vation et de recherche. Si le Valais est le 5e canton de
Suisse à accueillir des start-up high-tech et que 30 %
de son PIB proviennent de l’industrie et de la technologie, peu de personnes connaissent cette facette du
canton. Les quatre journées valaisannes dévolues à
l’économie et à l’industrie organisées à l’Expo ont
ainsi permis de valoriser ces atouts auprès du marché
transalpin.
Plus de 700 participants sous le charme des dix journées valaisannes.
© Valais/Wallis Promotion, Gianluca Simone
REPÈRES
61
FOCUS ENTREPRISE
Après une journée dédiée aux PME au mois de juin,
les entreprises certifiées « Valais excellence » ont exposé leurs pratiques en termes de développement
durable et contribué à positionner le Valais comme
un territoire économique responsable. « Business
Valais », l’entité cantonale au service des entrepreneurs, a, quant à elle, mis en lumière les compétences du canton dans le domaine de la valorisation
des plantes alpines et ingrédients naturels.
Finalement, la HES-SO s’est intéressée à la problématique énergétique en Suisse et dans l’Arc alpin,
une thématique cruciale pour notre région. Au total,
les journées valaisannes ont accueilli plus de 700
professionnels suisses et italiens, issus de divers
domaines économiques. De par leurs réflexions sur
la durabilité, les journées valaisannes se sont en
outre pleinement inscrites dans la thématique de
l’Expo, « Nourrir la planète. Energie pour la vie ».
Les plantes, l’or vert du Valais !
Le Valais est leader en Suisse dans la production de
plantes aromatiques et médicinales. En effet, 98 espèces de plantes sauvages, ou comestibles, y sont
répertoriées et permettent aux entreprises de lancer
des produits innovants dans les domaines de la cosmétique, de la pharma, ou encore des alicaments.
Plusieurs d’entre elles ont participé à la journée organisée par « Business Valais », à l’instar de SpirAlps SA,
Cosmotec SA, ou encore Pharmalp. Elles ont donc pu
bénéficier d’une large visibilité et présenter leur savoir-faire à plus de 40 professionnels du nord de l’Italie.
Ces trois entreprises étaient accompagnées par
PhytoArk ; en tant que site technologique dédié à la
valorisation, ainsi qu’à la pré-industrialisation des
plantes alpines et ingrédients naturels, le PhytoArk aide
les entrepreneurs à mettre en valeur leurs produits. A
travers cette collaboration, les compétences sont rassemblées et les start-up bénéficient d’un accélérateur
de croissance considérable. Un vrai privilège pour les
entrepreneurs. Et du côté des participants, l’écho s’est
avéré des plus positif : « Cette présentation des sociétés
valaisannes montre qu’il y des choses très intéressantes
à faire dans le cadre de futures collaborations », a commenté, par exemple, Katia Parmeggiani, responsable
de service chez Bio Basic Europe.
Le succès au rendez-vous
L’Expo Milano a placé le Valais sous le feu des projecteurs six mois durant. La manifestation a non seule-
Rien de tel qu’une savoureuse raclette pour renforcer les liens entre
partenaires valaisans, italiens et européens !
ment proposé une plate-forme de visibilité et de
networking unique aux entreprises valaisannes, mais
également généré une nouvelle dynamique en termes
de regroupement d’énergies autour de projets communs. La diversité de notre canton est un avantage
considérable. Avec ses nombreux domaines d’activité,
ses entreprises innovantes et ses produits de qualité,
sans oublier la beauté de ses paysages, le Valais a
tous les atouts en main pour se faire connaître au-delà
de ses frontières. Aujourd’hui, les entreprises souhaitent tirer profit de cette expérience pour aller de
l’avant et atteindre les sommets. A Milan, le Valais a
bougé. Il a brillé. Il a interpellé. Il a existé. Dans le nord
de l’Italie, il existe désormais un peu plus qu’avant.
L’Expo et le Valais : chiffres clés
• 2 000 000 de visiteurs au Pavillon Suisse
• 700 000 visiteurs à l’Espace Gothard
•10 journées valaisannes et plus de 700
participants
• 93 journalistes et blogueurs
• 95 tour-opérateurs et professionnels du voyage
• 7 destinations touristiques partenaires
• 4000 bouteilles de fendant (meilleure vente des
vins du Pavillon Suisse)
• 50 000 raclettes
• 31 artistes valaisans
Plus d’informations sur valais.ch/expo2015
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
62
PME DÉCOUVERTE
REPÈRES
COMPAGNIE NEO
« NOTRE BUSINESS PLAN ?
IL FAUT Y CROIRE ! »
LA COMPAGNIE NEO EST LA SEULE QUI PRATIQUE LA DANSE ESCALADE EN SUISSE.
ELLE S’EST ÉTABLIE SUR CHARRAT ET BOUCLE SES BUDGETS GRÂCE À UNE VASTE
DIVERSIFICATION DE SES ACTIVITÉS.
Joël Cerutti – jœ[email protected]
Journaliste
Vous voyez des gargouilles vertes, munies de torches,
galoper le long d’une façade ? Pas de panique ! Vous
n’avez abusé d’aucune substance illicite. Vous n’êtes
pas mûrs non plus pour l’hôpital psychiatrique de
Malévoz. Vous assistez juste à un spectacle de la
Compagnie Neo qui, depuis presque une décennie,
pratique la danse escalade, en alliant l’esthétisme à
la performance, avec un sens aigu du spectaculaire
et de la poésie.
Cette discipline, la Compagnie Neo s’avère la seule à
la pratiquer dans toute la Suisse, après la défection
d’une grande sœur à Zurich. Pas évident de tenir financièrement avec une telle singularité. Michaël
Rouzeau en convient : « Notre business plan ? Il faut y
croire ! » Sur le site www.compagnieneo.ch, on découvre une vingtaine de collaboratrices/teurs. « Je dirai
que le noyau dur de Neo se compose de huit personnes qui réagissent très vite, en cas de demande
d’un spectacle. Nous avons tous une occupation parallèle. De mon côté, je suis réalisateur pour la société
Filmic, que j’ai fondée en 2008. Dans le cadre de certaines productions, j’engage au sein de Neo », précise
Michaël Rouzeau. Au fil des ans, la palette des métiers
qui s’investissent dans la compagnie s’est notablement élargie. « Nous nous sommes ouverts aux artistes
venant du monde du cirque. Cela nous a apporté une
plus-value incroyable », observe Michaël Rouzeau.
Cette offre s’ajoute aux techniciens mobilisés, qu’ils
soient régisseurs, ingénieurs, menuisiers, soudeurs,
ou roboticiens. Pour répéter et créer, la Compagnie a
cherché longtemps le « terrain de jeu » idéal…
Depuis deux ans, le Graal a été trouvé du côté de
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
La Compagnie Neo, la seule en Suisse à pratiquer la danse escalade.
Charrat. « Il s’agit d’une immense halle chauffée de
neuf mètres de haut. Nous avons mis huit ans pour
trouver un tel lieu. Il est devenu le Théâtre Oz », se
réjouit Michaël Rouzeau. C’est là que s’est élaborée
la dernière création made in Neo, le spectacle
« Dissidance ». Le faire venir dans votre théâtre ? C’est
possible pour un cachet de 6500 francs, avec des remises importantes s’il s’agit de représentations pour
des œuvres caritatives. Sinon, la Compagnie Neo assure pouvoir jouer « Dissidance » n’importe où. « Nous
pouvons autant le proposer au Crochetan de Monthey,
qu’aux Halles de Sierre. Notre rêve serait aussi de le
monter au Canada, qui est un peu la patrie du Nouveau
Cirque. Notre but est vraiment d’avoir le plus de dates.
Nos six premières représentations se sont faites à
guichet fermé, cela encourage », s’enthousiasme
Michaël Rouzeau. Avec l’expérience, Neo a compris
qu’elle devait s’adapter à des volumes plus « classiques ». « Nous ne pouvons plus faire uniquement des
REPÈRES
63
PME DÉCOUVERTE
spectacles sur-mesure ! C’est vrai que les vingt mètres
de haut de la Belle Usine, à Fully, nous ont bien fait
rêver. A présent, nous avons une fiche technique qui
colle au théâtre. Nous apportons un mur écran et de
projection. Il est déplaçable n’importe où… », détaille
Michaël Rouzeau.
Activités complémentaires
On le comprend, « Dissidance » ne constitue pas la
source de revenus majeure de la compagnie, ou du
Théâtre Oz, qui ne sont pas une PME, mais une association à but non lucratif. Le théâtre tourne avec un
budget annuel de 120 000 francs. La Loterie Romande
assure 20 000 francs et suit une longue liste de
contre-prestations, ou d’échanges avec des parrains.
Les dons représentent aussi dans les 30 000 francs.
Un passage sur M6, dans l’émission « La France a un
incroyable talent », a montré le potentiel international
de nos papes de la haute voltige. « Beaucoup de
grandes entreprises d’un peu partout nous ont alors
sollicités. Malheureusement, cela est tombé au moment où nous nous installions à Charrat et beaucoup
de propositions ne cadraient pas avec notre calendrier », regrette Michaël Rouzeau. Le déclic s’est quand
même opéré.
Aujourd’hui, la Compagnie Neo propose des dîners-spectacles, ou des soirées privées, qui cartonnent au Théâtre Oz. La demande ne cesse de
croître. « Nous en donnons, pour le moment, une vingtaine par an. Il y a des menus à 85, 100 ou 130 francs,
dans sa version VIP. Nous pouvons accueillir une
soixantaine d’hôtes au maximum. Le menu nous revient une trentaine de francs. Jusqu’au moment où le
DJ intervient, à la fin du repas, toutes les boissons
sont gratuites. Ce qui attend le public de gastronomes ?
Il y a plusieurs numéros durant le souper. Les participants sont projetés dans un univers fou, post apocalyptique, mené par des saltimbanques… », énumère
Michaël Rouzeau. Certains artistes ne perçoivent aucun cachet. Neo leur offre alors la possibilité de s’entraîner gratuitement dans sa structure. « Tout ceci nous
permet d’être compétitifs, même si nous ne considérons pas notre activité comme un produit », soulignet-il. Le fait d’être enfin dans un lieu fonctionnel permet
d’assurer des cours pour le grand public. « Depuis une
année, nous initions des jeunes entre 5 et 16 ans,
comme des adultes, au Sport 3D, car « danse escalade » sont des mots qui peuvent faire peur, ne faisant
pas assez virils. Depuis 2014, je vous assure que cela
marche à boulet ! », indique Michaël Rouzeau. Que Neo
commence à prendre vraiment son envol, cela semble
être logique. Du moment qu’il y a le baudrier et la
corde pour assurer !
Une plus-value artistique indéniable !
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
SAVOIR-FAIRE
65
CRÉATION D’ENTREPRISE
LE VALAIS, TERRE D’ACCUEIL…
POUR LES CRÉATEURS D’ENTREPRISE !
Frédéric Bagnoud – [email protected]
Secrétaire général de la Fondation The Ark (Sion)
A la fin septembre dernier, la nouvelle extension du
BioArk de Monthey a été officiellement inaugurée.
Grâce à ses installations high-tech, ce site technologique permet de favoriser la création d’entreprises
innovantes en Valais. Il vient compléter un parc technologique couvrant désormais 27 000 m2, réparti dans
les principales villes du canton. Outre les installations
et bureaux, des services d’accompagnement compétents sont à disposition en Valais pour les créateurs
d’entreprise et les PME.
Avec sa nouvelle extension, le BioArk de Monthey offre
plus de 6500 m2 de surfaces de travail ; celles-ci sont
à disposition pour développer des projets dans les
domaines de la biotechnologie, du diagnostic et des
sciences de la vie, au sens large. Le bâtiment abrite
des PME, des start-up et l’Ecole intercantonale de laborantin(e)s en chimie, tandis que de nouvelles sociétés ont déjà annoncé leur arrivée. « Plusieurs réalisations marquent la volonté du Valais de se profiler
comme un canton technologique doté de compétences
à forte valeur ajoutée. Le BioArk en fait clairement
partie », a souligné le conseiller d’Etat Jean-Michel
Cina, lors de l’inauguration de l’extension.
Multiples synergies sur place
Le BioArk fait partie du parc technologique valaisan,
comme l’IdeArk de Martigny (interactions homme-machine), le PhytoArk de Sion-Conthey (plantes alpines
et ingrédients naturels), Energypolis à Sion (énergie
et environnement), le TechnoArk de Sierre (internet
des objets) et le BioArk de Viège en construction (biotechnologies). Ces sites, développés en étroite collaboration avec les communes concernées, sont des
Des locaux parfaitement équipés au sein du BioArk permettent de lancer son
entreprise dans les meilleurs délais et conditions.
lieux idéaux pour lancer une entreprise. Car sur chacun
d’eux, des synergies se mettent en place entre les
instituts de recherche, les organismes de soutien,
d’autres start-up et PME, ainsi que, parfois, avec de
grandes industries. La proximité entre les différents
partenaires favorise les échanges et les possibilités
d’affaires. Sans compter que les outils mis à disposition par la Fondation The Ark (bureaux, coaching, accès
à un réseau de spécialistes, aide à la recherche de
financement, etc.) permettent aux jeunes pousses de
se développer dans le meilleur environnement
possible.
42 % des créateurs d’entreprise originaires
de l’étranger
Le Valais est un lieu privilégié pour créer son entreprise
et les compétences valaisannes sont reconnues au-delà de notre canton. En 2014, 42 % des créateurs d’entreprise en Valais, avec le soutien de l’Incubateur The
Ark, provenaient de l’extérieur de la Suisse. C’est un
signe qui ne trompe pas. Notre région est attractive,
non seulement pour son climat exceptionnel, mais
également pour son environnement « business ». Cet
élément doit être davantage connu, y compris auprès
de la population valaisanne.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
Comment les heures supplémentaires
doivent être traitées ?
Relations de travail
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SAVOIR-FAIRE
67
FINANCEMENT D’ENTREPRISE
SOUTIEN FINANCIER AUX ENTREPRISES
TÉMOIGNAGES DE DIRIGEANTS
SOUTENUS PAR LE CENTRE
DE COMPÉTENCES FINANCIÈRES (CCF)
LE CCF, PARTENAIRE DE BUSINESS VALAIS, SOUTIENT ACTIVEMENT LA CRÉATION ET
LA CROISSANCE DES ENTREPRISES EN VALAIS. A LEUR SERVICE, IL CONSTITUE UNE
SOURCE PRIVILÉGIÉE DE FINANCEMENT. TÉMOIGNAGES D’ENTREPRISES QUE LE CCF
SOUTIENT.
Jacques Métrailler – [email protected]
Directeur du Centre de Compétences Financières (Sion)
Montagne Alternative, Commeire
« L’intervention du CCF dans notre entreprise a été et
est déterminante pour son succès. Nos clients vivent
à Commeire des expériences alpines authentiques et
uniques. Ce sont la culture locale, l’architecture typique des villages de montagne, les produits locaux
et une nature extraordinairement bien conservée qui
sont mis en œuvre par nos équipes, afin de faire redécouvrir un certain art de vivre valaisan. L’ancrage
cantonal et le support de partenaires financiers professionnels comprenant bien le tissu économique
de la région nous ont permis de financer en partie
le développement de notre projet original et
innovant. »
Eversys SA, Ardon
« Notre entreprise a été fondée en 2009 sur la base
d’idées nouvelles et non conventionnelles, dans le
domaine de la machine à café professionnelle. Le CCF
s’est engagé dès le début du projet, au stade de
l’étude, et nous a soutenus par le biais d’un cautionnement, d’une prise de participation et de prêts directs. Après deux ans et demi de développement et
un team de huit ingénieurs, Eversys a pu enfin distribuer ses produits. Dans cette phase d’expansion commerciale, nous avons bénéficié de l’appui du CCF sous
forme de cofinancements, notamment dans le cadre
des expositions, des brevets et des démarches.
Aujourd’hui, notre société est présente sur les mar-
chés internationaux et notre team compte 42 personnes, motivées et fières de représenter une entreprise valaisanne dans le monde. »
Klewel SA, Martigny
« Grâce au cofinancement de participation à des foires
commerciales, il nous a été possible de présenter nos
services et produits à une clientèle ciblée, à la fois
dans le monde de l’événementiel et de l’audiovisuel.
CCF a soutenu notre première augmentation de capital
pour transformer notre Sàrl en SA. Ce soutien s’est
avéré décisif pour financer nos développements techniques et commerciaux. L’accompagnement sous
forme d’écoute active et de conseils de la part de
l’équipe expérimentée du CCF a été également
apprécié. »
Marcus Marienfeld AG, Ried-Brig
« Le Haut-Valais a toujours besoin de projets innovants, qui, grâce au soutien du CCF, peuvent voir le
jour et rencontrer le succès. Notre entreprise y a trouvé
une écoute attentive et un soutien sous forme de cautionnement. Il nous a ainsi été possible de concevoir
et construire notre nouveau siège social à Ried-Brig.
Aujourd’hui, notre entreprise fournit une clientèle
mondiale. Grâce au cofinancement de participation à
des foires commerciales internationales, nous avons
pu approcher directement cette importante clientèle
cible et développer sa fidélisation. »
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
SAVOIR-FAIRE
69
GESTION FINANCIÈRE DES PME
ACCEPTER DES PAIEMENTS SANS
ESPÈCES PARTOUT ET EN TOUT TEMPS !
Ariane Zufferey – [email protected]
Conseillère spécialisée PME, UBS Valais (Sion)
Expérience vécue que je vends comme je l’ai achetée :
magnifique soirée d’été dans un restaurant caché au
fond de mayens valaisans. La cuisine proposée est
superbe d’originalité et de fraîcheur. Tout concourt à
la félicité et au bonheur des convives. Jusqu’au moment de l’addition : le prix est très correct. Mais – gros
souci – l’établissement n’accepte pas les cartes. Par
chance, la facture étant vraiment raisonnable, les
convives réunissent le liquide nécessaire pour
l’honorer.
Reste que ce genre d’épisode risque de se produire
de plus en plus fréquemment. Toutes les enquêtes de
consommation vont dans la même direction : les particuliers ont de moins en moins d’argent cash sur eux.
En outre, beaucoup de commerçants n’ont pas les
volumes requis pour justifier la location d’un terminal
de lecture de cartes. D’autant que la charge induite
n’est pas négligeable. Et puis, il y a toutes ces situations, où l’installation d’un tel appareil n’est tout simplement pas possible. Le cas typique est celui du
commerçant qui installe son stand sur un marché, ou
celui du livreur de pizza à domicile… Pourtant, une
solution existe...
La jeune société allemande SumUp, a en effet lancé
un terminal de paiement très pratique ; avec ce petit
instrument qui s’acquiert pour moins de 100 francs,
il est désormais possible d’encaisser directement et
sans espèces même les plus petits montants en utilisant son smartphone, ou sa tablette, comme terminal
de paiement. Avec cette solution, les petites entreprises et les artisans, mais aussi les coiffeurs, ou les
chauffeurs de taxi, peuvent procéder à des encaisse-
Plus besoin d’espèces pour régler son dû. – © Valais/Wallis Promotion
ments sans espèces, de façon simple et rapide, sans
se soucier de pouvoir rendre de la monnaie, ou de
constituer des réserves d’espèces. Plus besoin non
plus de devoir diriger ses clients vers le distributeur
de billets le plus proche...
Bien sûr, une telle commodité a quand même un coût.
Outre l’achat du boîtier, le commerçant va s’acquitter
d’une commission sur les transactions effectuées.
Mais, là encore, les montants restent supportables.
Les commissions s’élèvent, en général, à 1,5 % sur les
paiements effectués par carte de débit et à 2,5 % sur
ceux effectués par carte de crédit. Enfin, et ce n’est
pas négligeable non plus, le commerçant n’est pas lié
par une durée de contrat et ne paie ni frais mensuels,
ni taxe minimale par transaction. Comme quoi, la modernité a aussi certains avantages !
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
70
FISCALITÉ DES ENTREPRISES
SAVOIR-FAIRE
PROVISIONS JUSTIFIÉES
PAR L’USAGE COMMERCIAL
Adeline Bays – [email protected]
Fiscaliste, Fiduciaire FIDAG SA (Crans-Montana)
La constitution de provisions justifiée par l’usage commercial permet de réduire efficacement le résultat
imposable. Les provisions les plus courantes sont
notamment sur les actifs circulants (tels que les débiteurs ou le stock), pour grosse réparation, pour remploi et pour recherche et développement.
Il existe aussi d’autres provisions admises, comme
pour apprenti : une provision de CHF 10 000 peut être
constituée pour chaque nouveau poste d’apprentissage ; sa dissolution a lieu lors de la fin du contrat
d’apprentissage.
En ce qui concerne la provision pour longs rapports
de service, les articles 339b à 339d CO prévoient un
versement de l’employeur pour indemnité de départ
lors de la cessation des rapports de travail après 20
ans, ou plus, d’un travailleur âgé d’au moins 50 ans.
L’indemnité peut varier entre un minimum de deux
salaires mensuels et un maximum de huit salaires
mensuels. Etant donné que cette charge salariale dé-
Réserves de contributions patronales
Les versements à un fond de prévoyance en faveur
du personnel de l’entreprise sont déductibles du
bénéfice imposable selon l’art. 59 al.1 let b. LIFD
et 82 LF. Les fonds attribués par la société à l’institution de prévoyance ne peuvent être utilisés
qu’à des fins de prévoyance professionnelle et ne
peuvent, en aucun cas, être redistribués à la société. Une telle réserve ne peut excéder cinq fois
les cotisations annuelles de l’employeur et les
versements doivent être faits au plus tard sept
mois après la clôture de l’exercice commercial.
Une société peut également fonder sa propre fondation de prévoyance patronale ; celle-ci sera exonérée des impôts sur le bénéfice et le capital. Une
réserve de contributions patronales ne peut pas
être constituée pour les cotisations de prévoyance
d’une personne exerçant une activité
indépendante.
coule des obligations légales, une provision pour indemnités pour longs rapports de travail est fiscalement admise. Son calcul se fait en fonction de la
masse salariale annuelle de l’entreprise, ainsi que de
la proportion d’employés d’au moins 50 ans et ayant
20 ans, ou plus, de rapport de travail.
FIN DE L’ANONYMAT DES ACTIONS
AU PORTEUR/PARTS SOCIALES
Le 1er juillet dernier, la Loi fédérale sur la mise en œuvre
des recommandations du Groupe d’Action Financière
(GAFI), révisée en 2012, est entrée en vigueur et met ainsi
fin à l’anonymat des actions/parts sociales au porteur.
Comme le communique la fiduciaire valaisanne et romande FIDAG, tout acquéreur d’actions au porteur
d’une société anonyme (SA), dont les titres ne sont pas
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
cotés en bourse, est désormais tenu de s’annoncer au
plus tard avant le 31 décembre 2015 auprès de cette
dernière pour communiquer des informations basiques
(nom, prénom ou raison sociale, nationalité, date de
naissance, adresse). Si les personnes physiques
doivent prouver leur identité au moyen d’une pièce de
légitimation officielle, avec photo (passeport, carte
SAVOIR-FAIRE
71
FISCALITÉ DES ENTREPRISES
d’identité, permis de conduire), les personnes morales,
suisses et étrangères, doivent pour leur part fournir un
extrait actuel et attesté du registre du commerce. Un
registre des actionnaires, où figurent nom, prénom ou
raison sociale, nationalité, date de naissance et
adresse, sera tenu par la SA et consultable en tout
temps. Les pièces justificatives de l’annonce sont soumises au délai de conservation de dix ans après la radiation de la personne de la liste. L’assemblée générale
peut prévoir que les annonces sur les actions au porteur
soient effectuées à un intermédiaire financier. Dans ce
cas, l’obligation de tenir le registre incombe à ce dernier. Le conseil d’administration désigne l’intermédiaire
financier et communique son identité aux actionnaires.
Selon l’article 837 CO, la société coopérative est également obligée de tenir une liste des associés.
Annonce de l’ayant droit économique
Quiconque acquiert, seul ou avec un/des tiers, des
actions (nominatives, au porteur, etc.) d’une société
dont les titres ne sont pas cotés en bourse et dont la
participation, à la suite de cette opération, atteint ou
dépasse 25 % du capital-actions ou des voix, est tenu
d’annoncer au plus tard avant le 31 décembre 2015 le
prénom, le nom et l’adresse de l’ayant droit écono-
mique. Cette exigence est également valable pour les
sociétés à responsabilité limitée (Sàrl). Les détenteurs
d’actions nominatives, ou de parts sociales d’une Sàrl,
qui détenaient déjà une participation dépassant 25 %
du capital-actions, ou des voix, au 1er juillet dernier, ne
sont pas soumis à l’obligation d’annonce. Si le devoir
d’annonce n’a pas été rempli avant le 31 décembre
2015, l’actionnaire ne pourra pas exercer ses droits sociaux et faire valoir ses droits patrimoniaux. Cela signifie, en particulier, que l’actionnaire ne peut pas participer à l’assemblée générale, n’a pas le droit de vote à
l’assemblée générale, n’a ni le droit à l’information, ni
le droit d’instituer un contrôle spécial, n’a pas droit au
versement d’un dividende et n’a pas droit au versement
d’un bénéfice de liquidation. Les personnes détentrices
d’actions au porteur qui n’auront pas respecté leurs
obligations d’annonce verront leurs droits patrimoniaux
s’éteindre. Si l’annonce est effectuée à une date ultérieure, elles pourront faire valoir les droits patrimoniaux,
qui renaîtront à compter de cette date.
L’anonymat que garantissaient les actions au porteur/
parts sociales a disparu de façon définitive. Dès lors,
les autorités fiscales suisses, et donc les administrations étrangères, peuvent connaître sans effort l’identité des actionnaires.
Faire les choses à moitié?
Chaque document imprimé que nous produisons
pour vous est unique. Vous obtenez un produit
dont vous pouvez être fier.
Bref: tout projet d’impression que vous nous
confiez contribue au succès commercial de
votre entreprise!
Ce n’est pas notre genre!
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Nous sommes également présents en Bas-Valais.
Fabienne Fauchère | Responsable de vente du Bas-Valais | M 079 366 37 37 | [email protected]
72
COACHING EN ENTREPRISE
SAVOIR-FAIRE
POURQUOI CHOISIR UNE FORMATION
DE COACHING POUR UN MANAGER ?
Hildegard Abbet – [email protected]
Coach professionnel certifié, new perspectives coaching sàrl
(Sion)
Avoir la responsabilité de la conduite d’une équipe
n’est pas une tâche aisée. Le manager doit avoir un
bon leadership, être capable de diriger, fixer des objectifs, gérer le budget et prendre des décisions. Une
grande partie de son quotidien consiste également à
encadrer et à impliquer ses équipes pour atteindre les
objectifs de l’entreprise.
En Suisse romande, de nombreux responsables des
départements des ressources humaines, ainsi que
des dirigeants d’entreprise, ont décidé de suivre une
formation de coach, afin d’étoffer leur boîte à outils.
Car le coaching reste une compétence comportementale exigeant de la pratique et de l’expérience. La formation doit donc offrir une plate-forme pour apprendre
et tester les outils sur soi-même et les autres.
L’outil principal de coaching :
un questionnement spécifique
La majorité des modèles de coaching cherche à identifier la problématique et le défi comme points de
départ de la démarche. Bien que ces méthodes appliquent un processus spécifique pour amener la
personne coachée vers son objectif, elles sont plus
difficilement applicables dans une relation
dirigeant-collaborateur.
Questions pour chercher la cause du problème : pourquoi n’avez-vous pas atteint le résultat souhaité ?
Qu’est-ce qui vous manque pour relever ce défi ? Ce
questionnement, qui amène la réflexion sur le niveau
du problème, engendre des réponses de justification,
des excuses et des sentiments de culpabilité, voire
d’agression. L’approche de coaching Solution Focus
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
Valoriser les membres d’une équipe, en tant que personnes, influence
directement la motivation et le résultat final. – © Valais/Wallis Promotion
bouleverse donc les usages communs. En effet, le
questionnement se concentre sur ce qui fonctionne
déjà bien, au lieu d’analyser ce qui fait défaut. La discussion se focalise ainsi sur la situation souhaitée et
les réussites du passé. « Parler de problèmes crée des
problèmes et parler de solutions crée des solutions »,
disait son fondateur Steve de Shazer. Ce changement
de paradigme facilite la tâche du manager dans l’accompagnement de ses collaborateurs et de son
équipe, afin de générer et de mettre en œuvre rapidement des solutions.
De nouvelles questions types émergent (si vous avez
fait une erreur) : comment allez-vous la constater la
prochaine fois que vous aurez atteint l’objectif ?
Comment avez-vous fait, dans une expérience antérieure, pour résoudre une situation similaire ? Comment
les clients vont-ils remarquer votre performance ?
L’entretien prend dès lors une direction orientée solutions ; celles-ci émergent rapidement et l’entretien
devient plus motivant pour le collaborateur. D’une
part, le manager doit avoir une approche pragmatique
et efficace permettant de développer les compétences
des collaborateurs, d’augmenter leur autonomie et de
gérer les situations conflictuelles. D’autre part, un bon
manager est capable de libérer le potentiel de son
équipe ; valoriser ses membres, en tant qu’humains,
influence directement la motivation et le résultat
final.
Informations complémentaires : www.ecole-coaching.ch
SAVOIR-FAIRE
73
COMPÉTENCES EN ENTREPRISE
VALORISER SON EXPÉRIENCE
EN VALIDANT SES ACQUIS
Line Pillet – [email protected]
Associée de Pillet & Partners (Sion)
Aujourd’hui se met en place un véritable marché de
la certification dans le secteur de la formation ; il est
enclin à faire descendre le sacro-saint diplôme de son
piédestal, jugé souvent peu adapté aux réalités d’un
monde du travail en constante évolution.
De plus en plus de métiers offrent ainsi la possibilité
de faire valider son expérience professionnelle et ses
acquis pour obtenir un titre fédéral reconnu (attestation professionnelle, CFC ou brevet), à travers une
procédure de validation, ou une reconnaissance
d’équivalence. Un candidat motivé peut même être
admis directement à l’examen professionnel sans formation préalable, s’il justifie d’un nombre d’années
d’expérience suffisant dans le domaine en question.
Il s’agit d’une véritable évolution culturelle, qui touche
les représentations communément admises du travail,
des métiers, de la formation, de l’évaluation et du
diplôme.
Concrètement, la validation s’articule autour de trois
piliers, à commencer par la reconnaissance personnelle (bilan) : le(a) candidat(e) constitue un dossier
(portfolio) décrivant le détail de ses acquis professionnels, puis une personne spécialisée – conseiller en
orientation, psychologue ou formateur d’adultes –
l’accompagne dans cette démarche ; la validation proprement dite des acquis, ensuite : un groupe d’experts
évalue et valide les compétences acquises sur la base
d’un référentiel métier ; un plan de formation, enfin :
des formations ad hoc sont proposées le cas échéant
pour compléter les compétences n’ayant pas été validées. La durée de ce type de procédure varie bien
entendu d’une personne à l’autre, mais il faut compter
en moyenne un à deux ans de préparation.
Ecrire sa pratique professionnelle permet de se réapproprier son vécu
au travail, en lui donnant de la valeur et du sens.
Mettre en mots son expérience
C’est à travers la description orale et écrite de ses
activités que le candidat rend compte de son expérience ; orale, lors des premiers entretiens avec le(s)
professionnel(s) l’accompagnant, puis lors de l’examen final devant le jury, et écrite lorsqu’il remplit son
dossier de validation. Par quoi commencer ? Que dire ?
Il appartient au candidat de trier, de sélectionner, de
hiérarchiser et de présenter les activités et réalisations
lui paraissant significatives du niveau de professionnalisme atteint dans son métier, en vue d’une certification. Un travail de mise en mots de la pratique professionnelle allant bien au-delà de la certification
elle-même et qui permet de se réapproprier son vécu
au travail, en lui donnant de la valeur et du sens.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
VIE PRIVÉE
75
J’AI PARTAGÉ MA FONDUE
J’AI PARTAGÉ MA FONDUE AVEC...
CHARLES-ANDRÉ MEYER, DIT TADDÉ
Joël Cerutti – jœ[email protected]
Journaliste
Ce lundi, Charles-André Meyer opte pour une fondue
« Vieux Valais », car la sommelière nous a dit que son
fromage avait « du caractère ». Ancien architecte de la
Ville de Sion, il savoure depuis dix ans sa retraite. Ce
qui lui permet d’écrire, de peindre, de se mettre devant
ses fourneaux.
Vous êtes un passionné de cuisine.
La fondue, ce n’est pas trop rustique pour vous ?
Je n’aime pas les recettes trop compliquées. La fondue, c’est un langage loin des dogmes esclavagistes
liés à la cuisine contemporaine. C’est du brut, du sincère. Autour du caquelon, on peut tout se dire, sans
méchanceté.
La fondue, c’est le partage, tout comme en architecture, non ?
Avec la fondue comme pour l’architecture, il se crée
un lien interactif. Vous proposez quelque chose, les
autres rebondissent là-dessus, cela devient un
échange fructueux. « La fondue crée la bonne humeur », dit-on. Elle favorise aussi le dialogue, vous
êtes en empathie. Dans les quelques maisons que j’ai
dessinées, je ne faisais rien avant d’avoir partagé la
vie de celles et ceux qui allaient y habiter. Je voulais
voir comment ils vivaient, leurs rapports entre eux.
Ensuite, j’étais capable de faire des plans. Je ne venais
pas avec des idées toutes faites… et eux non plus !
Pas de fondue sans réchaud.
Vous êtes d’un caractère bouillonnant ?
Je ne suis pas du genre qui explose, j’arrive à prendre
sur moi. Pour remettre les choses à leur place, je n’ai
« Je ne m’impose rien, c’est contraire à ma philosophie de vie »
pas besoin de taper du poing sur la table. J’utilise une
autre méthode : je persuade par l’absurde ; j’effectue
une projection, dans la logique de mon interlocuteur,
et je lui démontre qu’il va droit dans le mur. Mais attention ! Je n’utilise pas ça dans mon propre intérêt.
Cela me rappelle Edgar Faure, homme politique français qui a résisté à bien des remaniements ministériels
sous de Gaulle. Il ne s’attribuait jamais une idée, il
glissait tout le temps : « Comme vous le disiez vousmême, mon Général », même si ce n’était pas le cas !
La retraite, cela permet vraiment de se donner plus
de temps libre autour du caquelon ?
Je peux me consacrer à la peinture et à l’écriture. Ou
taper aux cartes après une bonne fondue. Ce n’est que
du bonheur ! Je n’ai pas de discipline, je ne m’impose
rien, c’est contraire à ma philosophie de vie. En revanche, je suis très rigoureux dans mes démarches.
Dans mon atelier, j’oublie tout et c’est une joie intense.
Je m’accorde aussi le droit de ne rien faire, ce qui est
un privilège extraordinaire.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
1
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• 4 numéros : CHF 25.– + frais de port
• Abonnement de soutien : CHF 55.– + frais de port
VIE PRIVÉE
77
LE BILLET ICONOCLASTE
LES INDIGNATIONS
DES POISSONS ROUGES
Joël Cerutti – jœ[email protected]
Journaliste
Dans l’après-midi du 7 janvier 2015, tout le monde
s’est proclamé Charlie. Cela a vite changé. Les conspirationnistes ont flairé des complots partout. Les citoyens ont petit à petit cessé de se mobiliser. D’autres,
juste pour ne pas suivre l’indignation collective, sont
partis à contre-courant. « Ils » l’avaient bien cherché,
non ? A force de tirer sur la corde de la satire, ils se
sont fait tirer dessus, les gars de Charlie. Quand on
cherche des poux dans la barbe du prophète, ils vous
pètent à la gueule ! Puis l’abject s’est banalisé.
Quelques mois plus tard, lorsqu’on a appris que la
rédaction de Charlie aménageait dans des locaux secrets et ultra sécurisés, cela a paru normal. Personne
ne s’est dit que, dans une démocratie, il était quand
même absurde que le rire passe par une protection
policière constante et des gilets pare-balles. Quelque
part, on pourrait presque dire que les terroristes ont
remporté la partie. Leur acte s’est noyé dans le bain
de sang qu’ils ont généré.
Après le 14 septembre 2008, secoué par des débâcles
financières successives, tout le monde s’est dit qu’il
fallait rendre l’économie plus citoyenne. Le cynisme
des gestionnaires, ces banques qui se goinfraient sur
le dos des contribuables, cela ne pouvait plus durer.
On allait couper les ficelles des parachutes dorés,
surveiller la Bourse, freiner les délocalisations, pousser à ce que les ressources humaines le soient vraiment, humaines. Dans certains conseils d’administration, on doit encore en rire, de cette naïve
indignation.
Tout et n’importe quoi
Comme avec Charlie, les revendications sont passées
des rugissements de lion aux décibels d’un chaton,
Manifestation de soutien aux victimes de Charlie, à Sion en janvier.
qui vient de naître. Nos révoltes ressemblent de plus
en plus à un mur Facebook. Elles ne possèdent plus
aucun atome de constance. Sur le moment, on va voir
ce qu’on va voir ! Les pourris vont payer, les fanatiques
de Dieu se feront ratatiner, l’ordre, le vrai, est en
marche. Quelques heures plus tard, une belle débilité
génère un nouveau buzz sur la toile. On vous propose
de vous renverser un seau d’eau sur la gueule, de
danser déguisé dans votre bureau ? Vous foncez ! Le
futile occulte le profond, le léger enterre le grave, on
passe à autre chose.
Cela ne vous inquiète pas un peu de voir que vos colères s’effacent au rythme du numérique ? Votre réflexion, votre engagement ressemblent à la mémoire
d’un poisson rouge, qui oublie tout après trois secondes. Quelque part, continuez… Quelqu’un, qui
reste dans l’anecdotique, assure une passivité qui
arrange bien du monde. A commencer par les terroristes qui explosent la tête des humoristes.
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
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FLASH SUR L’AUTOMOBILE
VIE PRIVÉE
VOLVO XC90 T6
UN SUV GRAND LUXE QUI PRÉFIGURE
LA VOITURE DU FUTUR
Jean-François Fournier – [email protected]
Ecrivain, ancien rédacteur en chef du Nouvelliste
Tester la nouvelle Volvo XC90 T6, c’est entrer dans un
monde de luxe et de confort qu’on attendrait de prime
abord plutôt chez la concurrence allemande, de la
Cayenne à la Q7 en passant par la X5. Avec ce modèle
aussi brillant qu’élégant, et ses lignes extérieures aux
mouvements ciselés, le constructeur suédois a évité
tous les pièges de la banalité. Les cuirs de la console
centrale, ou de la sellerie, sont superbes, les finitions
impeccables, les fauteuils parfaits, le tableau de bord
optimal.
Et puis, très vite, on comprend qu’on a bel et bien
basculé dans le monde du rêve. Le système audio
Bowers et Wilkins est juste génial, offrant des tonalités
différentes suivant les types de musique. On pense
notamment ici à cette acoustique incroyable reproduisant celle de la salle de concerts de Göteborg. L’écran
tactile géant (12,3 pouces) offre, lui, carrément le
confort d’une tablette, que ce soit pour la navigation,
les réglages de l’informatique embarquée, les médias,
ou le téléphone.
Et que dire de la motorisation ? Le 2 litres essence 4
cylindres est une franche réussite, surtout en mode
de conduite dynamique, lorsqu’on profite à plein de
ses 320 ch. Les accélérations sont alors franches et
directes, même à bas régime, c’est du reste là l’un des
points forts du véhicule. La boîte automatique à huit
rapports Geartronic est parfaitement adaptée au biturbo, précise à chaque étage de régime. Le 0 à 100
km/h (données d’usine) est atteint en 6,5 secondes,
pour une vitesse de pointe annoncée à 230 km/h.
N’ayez crainte : rien à dire au chapitre des freins !
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
Volvo XC90 T6 : Un SUV grand luxe qui préfigure la voiture du futur.
Rien à envier aux allemandes !
Selon la marque, la consommation serait de quelque
8 litres ; cela dit en toute franchise, il nous a semblé
qu’on avoisinait plutôt les 10 litres avec ce moteur
2 l sportif, mais à l’évidence un peu gourmand. Pour
un SUV de sa taille (4950 x 2008 X 1776), ça reste
toutefois largement supportable.
Jolie surprise, si on ne doutait pas de son confort routier (notamment grâce à la souplesse de la direction),
on a éprouvé des sensations vraiment fortes sur les
routes les plus tournantes de nos vallées : agilité, maniabilité, bondissements joyeux, toute la panoplie des
plaisirs était réunie. Qui plus est, comme toujours chez
Volvo, en totale sécurité : système anti-collision et de
protection contre les tonneaux, dispositifs de freinage
et de parcage automatiques, détecteur de fatigue,
caméra à 360 degrés.
La XC90 T6 ? Sans conteste au niveau de la concurrence
allemande, avec cette touche majestueuse qui n’est
pas sans rappeler les drakkars vikings.
Crédit d’exploitation BCVs,
contribuer au développement
de votre entreprise

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