Qui étaient vraiment les Gaulois

Transcription

Qui étaient vraiment les Gaulois
Qui étaient vraiment les Gaulois ?
« Nos ancêtres les gaulois » étaient-ils des barbares moustachus, bagarreurs
et amateurs de sangliers ? Pas du tout. En réalité, ils n’ont pas attendu les
romains pour être civilisés. Par Toutatis.
Et si les celtes avaient inventé l’Europe…
Il y a 25 siècles vivaient, sur un territoire allant de l’actuelle Hongrie à
l’océan Atlantique, des peuples que les romains appelaient « gaulois » et les
grecs « celtes ».
 Celtes ou gaulois ?
Venus d’Asie, des peuples se sont installés, peut être vers 4000 ans avant JC, en Bohème
(Hongrie) et en Autriche. Ils ont ensuite migré vers une grande partie de l’Europe, jusqu’à
l’océan Atlantique. Les grecs les appelaient les Galates (du grec galatai) ou celtes (du grec
keltoï), et les romains les qualifiaient de Gaulois (du latin galli).
Ces peuples ne formaient pas un ensemble homogène mais devaient parlé des langues proches
les unes des autres, les langues celtes, voisines de l’actuel irlandais. Leur grande force était de
savoir utiliser le fer ce qui leur permettait d’affronter leurs ennemis munis d’armes solides.
Avant le 19ème siècle, on ne savait presque rien des Gaulois. Ils étaient ignorés,
le point de départ de l’Histoire de France ayant été fixé à l’époque de Clovis.
L’idée d’une Gaule indépendante, unie et limitée à la frontière du Rhin, s’est
imposée après la guerre de 1870 contre les prussiens (germains). C’est à cette
époque qu’on décida que les Gaulois étaient nos ancêtres. En réalité, nous
sommes un peu celte et un peu romains. Il est plus exact de parler de nos
ancêtres, les Gallo-Romains.
 La Gaule selon César
La Gaule telle que nous l’imaginons est une invention de Jules César. En 52 avant JC, celui-ci
décida d’appeler Gaule les régions qu’il avait soumises, situés à l’Est du Rhin. Rien à voir
donc avec l’immense territoire celte. La Gaule selon César était plus grande que la France
actuelle puisqu’elle englobait la Belgique et la Suisse. Elle était habitée par une soixantaine de
peuples, dont les Eduens (en Bourgogne), les Séquanes (en Franche-comté), les Avernes (en
Auvergne).
De l’autre coté du Rhin vivaient les Germains, qui ressemblaient comme deux gouttes d’eau
aux Gaulois (d’ailleurs en latin, germanus signifie : « issu de la même race, du même sang »).
Les romains appelaient Gaule chevelue, les régions qu’ils ne
dominaient pas, certainement à cause de l’idée qu’ils se faisaient des
gaulois tous chevelus
Lorsque débute la guerre des Gaules, en 58 avant JC, Rome a conquis
la majeure partie du monde méditerranéen. Le sud de la Gaule est une
province romaine depuis une cinquantaine d’années.
Comment la Gaule est-elle devenue romaine ?
En 58 avant JC, les romains entament la conquête de la Gaule. La
guerre va durer 7 ans, jusqu’à la défaite de Vercingétorix à Alésia en
-52
 La gaule en -58
Cette année là, le peuple des helvètes (actuels suisses) pénètre chez son voisin les Eduens,
alliés de rome. Il menace par la même occasion, la province romaine plus au sud. Jyules César
alors gouverneur des régions du nord intervient. C’est pour lui l’occasion de discter la loi de
Rome à toute la Gaule et de s’imposer lui-même à Rome. Il utilisera d’ailleurs cette victoire
pour y prendre le pouvoir.
 La guerre des gaules
Au début de nombreux guerriers gaulois combattent aux cotés de Jules César. Mais le chef
romain accumule les maladresses à l’égard des populations. Trop c’est trop ! Certains peuples
se révoltent. En 52 avant JC, le chef des Avernes, Vercingétorix, prend la tête du mouvement.
Et les Eduens le rejoignent. Vercingétorix commence par remporter quelques victoires
(Gergovie notamment) mais César, qui a recruté des mercenaires germaniques, renverse la
situation.
 Alésia ? connais pas…
Pourtant, cette bataille a bel et bien eu lieu, lors de l’été -52. Après la défaite de sa cavalerie
dans la plaine de la Saône, Vercingétorix se réfugie dans cette place forte située en
Bourgogne. A ses cotés : 80000 guerriers. Il envoie des chefs organiser une levée en masse
parmi tous les peuples de Gaule. Mais César fait construire autour d’Alésia une double
fortification : l’une pour bloquer toute sortie de Vercingétorix, l’autre pour empêcher les
secours d’arriver. Çà marche ! Les assiégés affamés, se rendent. Et les secours sont laminés.
Vaincu, Vercingetorix est emprisonné à Rome, où il serra étranglé 7 ans plus tard.
 La Pax Romana
Après Alésia, les Avernes et les Eduens se soumettent. Il reste quelques foyers de révolte,
mais pas pour longtemps. En -50, la pacification romaine est terminée. César proclame la
Gaule, province romaine. Une période de 4 siècles de paix commence, la Pax Romana. Des
villes sont créées(Lyon, désignées capitale des Gaules),
Le guerrier gaulois :
C’était un mercenaire réputé qu’on
s’arrachait en Egypte et à Rome ! Pour
combattre, il disposait d’un bouclier
en bois, d’une cotte de maille, d’un
Jules César :
Vainqueur de la guerre des gaules, le
général Caius Julius Caesar revient à
rome en homme fort. Quelques années
plus tard, il instaurera une dictature et
deviendra empereur. Il sera assassiné
en 44 avant JC. Il a raconté la
conquête de la gauloise dans une
célèbre série d’ouvrages, la guerre des
Gaules.
Vercingétorix :
La légende en a fait un héros beau,
jeune et courageux. Son nom signifie «
roi des plus grands guerriers ». La
réalité est certainement différente.
Déjà il ne portait pas la moustache ni
les cheveux longs. Fils d’aristocrate, il
avait appris à faire la guerre avec les
romains. Enfin sa révolte n’a duré que
quelques mois.
casque en fer semblable à celui des
romains, d’une lance et d’une longue
épée d’acier d’excellente qualité
(supérieur à celle des romains).
Des barbares très civilisés
Bagarreurs, moustachus et amateurs de sangliers : ce sont les gaulois
tels que nous les aimons. Mais la réalité est tout autre.
 Les gaulois étaient des barbares ?
Oui, dans la mesure où le mot barbaros désignait l’étranger chez les grecs. Les gaulois
étaient donc des barbares parmi d’autres, mais beaucoup plus civilisés qu’on ne le pense
 Ils habitaient dans de petits villages ?
Non, pas tous. Certains vivaient dans des villes fortifiées appelées Oppida qui, avec leurs
larges rues, leurs boutiques et leurs monuments, n’avaient rien à voir avec le village
d’Astérix ! Bibracte dans le Morvan était la plus importante.
 La Gaule était une immense forêt ?
Non. Il y avait bien de grandes forêts (celle des Carnutes par exemple) mais surtout des
espaces cultivés et des pâturages.
 Les gaulois étaient-ils de bons paysans ?
Oui. Ils cultivaient le blé, l’orge, l’avoine, les lentilles, … . Ils pratiquaient l’élevage
(vaches laitières, porcs) et produisaient des fromages. Ils disposaient de toute une gamme
d’outils en fer (pioche, faux, …), en usage jusqu’à la fin du 19ème siècle. Et pour conserver
et transporter le vin, ils avaient inventé le tonneau, plus efficace que l’amphore.
 Vivaient-ils repliés sur eux même ?
Non. Ils faisaient du commerce avec l’Italie grâçe à un réseau dense de routes. Ils
échangeaient du vin contre des lainages, des fromages, des outils et des esclaves.
 Portaient-ils tous une moustache ?
Pas sur ! On sait que les aristocraes se rasaient. Quant aux paysans, rien n’est avéré. Mais
les romains ont voulu les décrire comme des barbares sales et jamais rasés.
 Les druides ressemblaient-ils tous à Panoramix ?
Non. Ces hommes étaient des aristocrates très savants, des « intellos» qui connaissaient le
secret des plantes. Le druide (qui veut dire homme qui sait) était aussi juge, professeur et
ambassadeur. Il transmettait son savoir oralement car tout ce qui relève du sacré (science,
histoire,…) ne devait pas être écrit.
 Les gaulois avaient-ils peur que le ciel leur tombe sur la tête ?
En fait, ils craignaient la colère de Tanaris (le dieu du tonerre), une de leurs nombreuses
divinités. Toutatis ou Teutatès, lui, était le protecteur de la tribu. La religion était fondée
sur le respect des forces de la nature. Les gaulois vénéraient le gui, la ^plante qui reste
verte en hiver, symbole de vie et d’immortalité.
 Le coq était-il l’emblème des gaulois ?
Non. Tout vient qu’en latin il y a un même mot « Gallus » pour designer un coq et un
gaulois. Les romains en ont profité pour comparer le comportements des gaulois au
combat à celui d’un coq dans une basse-cour : vacarme et vaine agitation. Mais jamais ce
ne fût l’emblème des gaulois qui était le sanglier.
 Toutes les histoires finissent par un banquet ?
Oui si on veut. Chacun racontait ses exploits. Il y avait des sortes de concours de
vantardise. Le vin d’Italie coulait à flots. Plus, en tout cas que la cervoise (une bière qui
parait-il avait un goût de bouc) et que l’hydromel (bière à base de miel). Déception pour
Obélix, les gaulois mangeaient plus de porcs et de volailles que de sangliers, chassés par
les seuls aristocrates. Les plus pauvres devaient même se contenter de cheval et de chien
d’élevage
Que reste-t-il des gaulois ?
 Des mots :
La langue française a conservé une centaine de mots d’origine gauloise. Exemples : bec,
bouc, caillou, char, chemin, crème, drap, gaillard, mouton, roche, tonneau, trogne, truand,
 Des villes :
La plupart de nos grandes villes sont d’anciennes cités gauloises (Ambiani- Amiens,
Carnutes-Chartres, Lemovices-limoges, Namnetes-Nantes, Redones-Rennes, …)
 Des inventions :
En vrac : le savon, la première organisation du sol (le défrichement), des outils, le tracé de nos
routes, ….
 Des lieux :
Le mont Beuvray dans le Morvan (c’est là que se trouvait Bibracte, la capitale des éduens).
On peut y visiter le musée de la civilisation celtique
Le site d’Alésia à Alise-sainte-Reine (Cote d’or)
Le site de Gergovie à la Roche Blanche (Allier)
 Des sites archéologiques :
Depuis quelques années des découvertes archéologiques permettent de reconstituer la vie
des gaulois. On a ainsi retrouve des tombes de nobles qui contiennent un char à quatre ou
deux roues, des armes et des parures (l’une des plus célèbres est celle de la dame de Vix, à
Châtillon sur seine). Récemment, une tombe contenant les restes d’une jeune femme de
15-16 ans et d’un nouveau-né a été mise au jour en Champagne (Livry-Louvercy).
Dans la marne encore, grâce à des photographies aériennes, trois autres tombes ont été
localisées dans un champ d’orge.