Le 03 avril 2013 Open Access : les modèles existants Le libre accès
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Le 03 avril 2013 Open Access : les modèles existants Le libre accès
Direction d'Appui à la Recherche et à l'Innovation (DARI) Nathalie REYMONET Chargée de productions scientifiques [email protected] Tél : 01 57 27 65 95 Le 03 avril 2013 Open Access : les modèles existants Le libre accès à l'information scientifique (open access) permet de faciliter la diffusion des savoirs, en s'assurant de la plus large audience possible. Il peut être défini1 comme un accès gratuit, immédiat, permanent, en ligne, aux articles publiés dans les revues à comité de lecture. Pour Paris Diderot, et audelà l'USPC, l'open access est porteur d'enjeux de visibilité, d'attractivité, et de positionnement dans la construction de l'espace européen de la recherche. Cette synthèse vise à lever les ambiguïtés souvent constatées au sujet des différents modèles de mise en œuvre de l'open access. Il existe plusieurs dispositifs, jusqu'à une quinzaine2 pour les revues. Nous présentons ici les cinq modèles principaux ainsi que l'open access pour les informations autres que les publications : données de la recherche, brevets et cours de l'enseignement supérieur, en concluant avec les réseaux sociaux scientifiques. L'accès ouvert par les archives ouvertes : open access green / voie verte Une archive ouverte est un serveur dont le contenu est accessible en ligne, librement et gratuitement. Le contenu de ce réservoir de données est un ensemble de documents scientifiques : le texte intégral de publications. Ces documents sont validés par la communauté scientifique lors de la présentation aux pairs : colloque, comités de lecture etc. Les auteurs déposent leurs articles en archives ouvertes afin de diffuser leur contenu au-delà des revues commerciales de référence. Dans ce modèle, le coût de publication est financé par l'abonnement à la revue, mais n'importe qui peut ensuite accéder aux articles archivés en ligne. Cet archivage peut être considéré comme coûteux par certains éditeurs par rapport à leur retour sur investissement. C'est pourquoi ils peuvent exiger une période d'embargo avant diffusion des articles en archives ouvertes, période durant laquelle l'article est en accès réservé, uniquement accessible dans la revue payante. France : Hal et 70 autres entrepôts d'archives ouvertes Union Européenne : OpenAire pour les publications résultant de travaux financés par des projets européens. Monde : 2260 entrepôts recensés par le Directory of Open Access Repositories au 13/02/2013. L'accès ouvert par les revues : open access gold / voie dorée Une revue en libre accès (open access journal) est une revue à comité de lecture, c’est-à-dire un ensemble d'articles expertisés et publiés sous un titre de revue commun3. La publication est directement produite dans un mode libre et ouvert. La revue gold est gratuite pour l'auteur et l'accès au contenu est libre pour le lecteur (aucune barrière financière, juridique ou technique). L'auteur publie selon le processus d'évaluation scientifique traditionnel. Le financement est institutionnel (soutien public). Ce modèle a une logique de revue, la logique article par article étant celle de l'archivage ouvert. Des dérives laissent croire qu'il s'agit de faire payer les auteurs pour publier, ce qui est le fait d'autres modèles. France : depuis 1999, la plateforme Revues.org (CLEO-Centre pour l'édition électronique ouverte, CNRS) est une plateforme d'édition en ligne de revues et collections de livres en sciences humaines et sociales (365 revues). Monde : 8 622 revues recensées dans Directory of Open Access Journals au 13/02/2013 ; plus de 500 revues OA dans 4 5 6 le WOS ; Brésil, SciELO (800 revues) ; monde ibéro-américain, Redalyc (820 revues) ; Japon, J-stage (1 703 revues). 1 Budapest Open Access Initiative (2001) : http://www.opensocietyfoundations.org/openaccess Open Access Directory http://oad.simmons.edu/oadwiki/OA_journal_business_models 3 DOAJ, Directory of Open Access Journals : http://www.doaj.org/bpguide/ 4 SciELO, The Scientific Electronic Library Online : plateforme d'édition de revues scientifiques brésiliennes http://www.scielo.org 5 Redalyc : plateforme d'édition de revues scientifiques d'Amérique Latine, Caraïbes, Espagne et Portugal http://redalyc.uaemex.mx/ 6 J-stage, Japan Science and Technology Information Aggregator, Electronic : https://www.jstage.jst.go.jp/browse/ 2 1/4 Progressivement, la définition du gold open access a été détournée par les éditeurs commerciaux pour désigner aussi le modèle économique de l'auteur-payeur et/ou le modèle hybride. De fait, les modèles existant derrière le terme "open access gold" sont très variables selon les disciplines. Il existe aussi -ou pasla notion de "barrière mobile", délai au-delà duquel les contenus passent du statut d'accès réservé à libre. L'accès ouvert aux articles : auteur-payeur La publication passe par une revue en ligne dont la lecture est gratuite, et dont le financement est assuré par les auteurs et leurs établissements. Ce modèle économique est donc l'inverse du modèle traditionnel de lecteur-payeur (par abonnement). Dans ce modèle, la notion de article processing charges (APC) est centrale pour le financement de la publication. Selon une étude7 publiée en 2012, un article coûte en moyenne 904 $, soit 681 €, avec une fourchette de prix allant de 8 $ à 3900 $. Cette notion d'article processing charges ou de page charges n'est pas nouvelle, puisqu'il est depuis longtemps d'usage chez certains éditeurs de faire payer les auteurs pour la publication de données supplémentaires. En revanche ces page charges n'étaient pas conçues comme une source de financement en soi mais une participation aux frais d'édition. Modèle en vigueur en Sciences de la vie : l'activité de l'éditeur peut être à but non lucratif (par exemple, Plos-Public Library of Science) ; lorsque l'éditeur se trouve en position oligopolistique il peut imposer des coûts sans rapport avec les coûts de production de la revue électronique (par exemple, BMC-BioMedCentral est à but commercial). L'accès ouvert aux articles en option payante : modèle hybride Le modèle consiste, pour une revue, à publier certains articles en open access et d'autre non, le choix étant celui de l'auteur plus que celui de l'éditeur8. Les auteurs qui choisissent l'open access pour leur article doivent s'acquitter de frais supplémentaires. La situation hybride réside en ce que des articles d'une revue sont en open access pendant que d'autres –de la même revue– ne le sont pas. Lors de la soumission de son article, l'auteur se voit donc proposer une option de paiement pour passer en open access, l'éditeur lui propose par exemple : - de payer pour une publication immédiate de la version éditeur de son article en open access, - de ne pas payer et de publier lui-même sa propre version auteur sur une archive ouverte, après un embargo de 6 mois. Monde : Springer, Wiley, IOP, Elsevier… pratiquent ce modèle au choix, conçu comme une nouvelle source de revenu pour ces éditeurs sous couvert d'une prétendue adhésion au libre accès. L'accès ouvert par la voie platinum La voie de platine / platinum road se définit par une absence de paiement pour l’auteur comme pour le lecteur, charge aux porteurs du projet de trouver d’autres financements. En cela il est proche du "gold", mais cette forme d’édition porte sur les services et non sur les contenus. Les publications concernées peuvent être des revues, des ouvrages, des blogs scientifiques, des sites web… France : OpenEdition (CLEO-Centre pour l'édition électronique ouverte, CNRS) a opté pour le modèle Freemium qui est une modalité de la voie de libre accès platinum. Dans ce modèle, le texte est en libre accès, mais un ensemble de services à forte valeur ajoutée est commercialisé auprès des bibliothèques. Les épi-journaux Encore à l'état de projet, les épi-journaux seront des revues électroniques en libre accès, alimentées par les articles déposés dans les archives ouvertes telles que Hal ou ArXiv, et non publiés par ailleurs. Les comités éditoriaux des épi-revues organiseront l’activité d’évaluation et de discussion scientifique des 7 David J Solomon, Bo‐Christer Björk. A Study of Open Access Journals Using Article Processing Charges. Journal of the American Society for Information Science and Technology, 63(8):1485–1495, 2012, Article first published online: 6 JUL 2012 8 http://oad.simmons.edu/oadwiki/OA_journal_business_models#Hybrid_OA_journals 2/4 prépublications soumises ou sélectionnées. Les épi-revues apporteront une valeur ajoutée aux archives ouvertes en apposant la caution scientifique d’un comité éditorial à chaque article retenu. France : la plate-forme Episciences (http://episciences.org/, CCSD-CNRS, liée à Hal) est destinée à accueillir des épijournaux de toutes disciplines scientifiques. Pour les publications scientifiques, la question est maintenant celle de la transition entre différents modèles qui ont court en même temps : d'une part, le modèle d'édition "traditionnel" avec des éditeurs d'un côté, des abonnements de l'autre et des chercheurs au centre qui sont à la fois producteurs, évaluateurs et utilisateurs des ressources échangées et monnayées, et d'autre part, le modèle open access dans ses multiples formes, qui remet le chercheur au centre du dispositif. Il est tentant de penser qu'au-delà de la période de transition, si l’on consacrait les sommes dépensées actuellement dans les abonnements à un autre modèle de publication –en particulier avec des frais de publication proches des coûts réels- le système pourrait être viable sur le long terme. Toutefois, il convient de garder à l'esprit la nécessaire gestion du peer-reviewing, ainsi que la nécessaire multiplicité de la réponse, en particulier selon les domaines scientifiques. Les modèles présentés ne sont pas concurrentiels mais plutôt complémentaires dans une approche où la bibliodiversité9 serait garante de la pérennité de la diffusion des savoirs. Au-delà des publications scientifiques proprement dites, l'open access concerne aussi d'autres types d'information académique. Ouverture des données de la recherche Les données de la recherche font partie de la production de connaissance : il s'agit des enregistrements factuels (chiffres, textes, images et sons) qui sont utilisés comme sources principales pour la recherche scientifique10. Les données sont essentielles à la corroboration (ou à la réfutation) des théories car l'accessibilité publique des données permet une relecture ouverte par les pairs et encourage la reproductibilité des résultats. Se posent des questions d'ordre organisationnel, normatif, juridique, technologique et financier pour l’accès aux données de la recherche financée sur fonds publics. France : www.donneesdelarecherche.fr plateforme d’information et de veille sur les données de la recherche (MESR). Union Européenne : infrastructure OpenAirePlus pour la description, la diffusion, la réutilisation des données. USA : infrastructure Dryad pour l'organisation et la diffusion des données des domaines scientifique et médical. Brevets Le brevet protège une innovation technique, produit ou procédé qui apporte une solution technique à un problème technique donné. A sa date de publication, le brevet est mis à disposition du public et devient alors partie intégrante de l'état de la technique. Le document descriptif est librement accessible, c'est son exploitation qui peut être commercialisée sous licence. Le dépôt/publication est financé par l'inventeur ou son établissement, le financement de la diffusion est institutionnel (INPI, OEB, WIPO). France, Europe, Monde : http://fr.espacenet.com/ (5 millions de brevets) Ouverture des cours - MOOC Les MOOC (Massive Online Open Course) sont des cours gratuits, accessibles en ligne depuis le monde entier. Bien plus que la simple mise en ligne de cours filmés, les MOOC sont des cours avec interactivité 9 Bibliodiversité : le terme est utilisé pour désigner la diversité -souhaitable- du paysage éditorial. OCDE. Principes et lignes directrices de l’OCDE pour l’accès aux données de la recherche financée sur fonds publics (2007). 10 3/4 des participants, enseignants et apprenants, qui travaillent et communiquent par internet. L'aboutissement est un certificat (et non un diplôme en raison des incertitudes actuelles sur l'identité des participants). Cette évolution des modalités de la pédagogie figure dans la feuille de route11 du gouvernement sur le numérique. Le financement est institutionnel. France : http://www.itypa.mooc.fr/ projet collectif entre Centrale Nantes et Télécom Bretagne ; l’École Polytechnique rejoint la plateforme américaine Coursera https://www.coursera.org/ep USA : https://www.edx.org/ consortium d'universités américaines (MIT, Harvard, Berkeley…) et canadiennes. Réseaux sociaux scientifiques et sites de partage bibliographique Les réseaux sociaux permettent l'établissement et la consolidation de liens sociaux par l'interconnexion entre personnes qui ne se connaissent pas forcement, ainsi qu'un partage d'informations et de documents. Les réseaux sociaux scientifiques sont des facilitateurs de circulation d'articles scientifiques en complément des modes de diffusion habituels. Le lien entre réseaux sociaux et open access réside en ce que les usagers n'ont pas le droit de diffuser un PDF d'article publié, sauf si cette publication est en open access. ResearchGate http://www.researchgate.net/ ; ResearcherID (Thomson/ISI) http://www.researcherid.com ; Mendeley (Swets) http://http://www.mendeley.com/ 11 http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/fichiers_joints/feuille_de_route_du_gouvernement_sur_le_numerique.pdf 4/4