Le prix des MBA et EMBA en France Les 10 meilleurs
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Le prix des MBA et EMBA en France Les 10 meilleurs
tavernier/rea Formation sead. Jean, 37 ans, recherche ainsi un nouvel emploi depuis six mois. Ingénieur en génie électrique, il a pourtant investi près de 20 000 euros pour s’offrir un Master in Business Administration dans une école de commerce de province. « Pour moi, explique-t-il, cela ne faisait aucun doute : un MBA allait m’ouvrir toutes les portes. » Il s’apprête aujourd’hui à accepter un poste moins bien payé que celui qu’il occupait avant son diplôme, et pour lequel il n’utilisera pas ses nouvelles connaissances. Une conjoncture peu favorable « L’Executive MBA est une réponse aux failles du système MBA », concède Christophe Boisseau, directeur marketing de l’IFG Paris, qui a lancé son propre EMBA en avril 2002 en partenariat avec l’université Concordia de Montréal. Qui peut en effet, dans une conjoncture dif- Laurent Aymard, du groupe Taittinger, suit le cursus de l’Insead. A droite, un cours à l’Essec ■ EMBA Le nouveau passeport international Mieux adapté aux besoins des cadres en activité, l’Executive MBA est devenu le produit tendance sur le marché de la formation en management. par anne-sophie jarrige (avec nathalie pessel) «C ’est la formule qui va exploser dans les cinq prochaines années. » Matt Symonds, PDG du World MBA Tour et éditeur du « MBA Career Guide », en est convaincu : l’Executive MBA est le nouveau sésame pour atteindre les hautes sphères de l’entreprise. En 2003, l’Insead, Oxford, la London School of Economics, mais aussi les Ponts et Chaussées, l’ESCEM Tours-Poitiers ou encore l’ESC Lille ont inscrit ce nouveau programme à leur catalogue. A la rentrée, le Polytechnicum de Normandie, l’Essec et l’ICN de Nancy le proposeront à leur tour. De quoi s’agit-il ? D’une formation généraliste à mi-temps, destinée à des cadres expérimentés désireux de se perfectionner en management tout en poursuivant leur carrière. « C’est un MBA sans les tracas du MBA, assure Laurent Aymard, 35 ans, directeur des affaires financières du Groupe Taittinger, qui suit depuis septembre le cursus proposé par l’Insead. Il était hors de question pour moi de perdre un an et demi de présence dans l’entreprise et autant en salaire pour progresser. L’EMBA m’a 92 | 24 juin 2004 | Le Point 1658 permis de ne rien sacrifier. » Trois mois après le début de son EMBA, ce jeune papa est même promu directeur stratégie et développement du pôle hôtelier de son groupe. Trop beau pour être vrai ? Jusqu’ici, la formule magique pour accéder aux postes les plus prestigieux des multinationales, c’était un MBA de type Harvard ou l’Insead : une formation au management en un ou deux ans, à plein temps, réservée en théorie à des cadres ayant trois à quatre ans d’expérience. Le MBA a moins la cote Mais, très chère, trop longue et aussi trop inégale en termes de qualité, la formule s’est grippée. Le label n’étant pas protégé, le marché a explosé : 3 000 appellations MBA sont aujourd’hui recensées. Rien qu’en 2003 une quinzaine de nouveaux programmes ont vu le jour en France. La plupart des écoles de gestion et d’ingénieurs se sont lancées dans l’aventure, sans forcément avoir le prestige, l’ouverture internationale et les compétences aca- démiques pour justifier les sommes demandées (de 8 000 à 90 000 euros en France, beaucoup plus aux Etats-Unis). La diversification des formules, même si elle était censée mieux répondre à la demande, a nui à la lisibilité du marché. Depuis 1999, à l’Essec, tous les diplômés de l’école de commerce sont ainsi automatiquement titulaires d’un MBA. Sans parler des MBA à distance (en ligne), des MBA intensifs en dix mois, des MBA spécialisés par métier (le management des marques, les achats, la gestion de patrimoine…), par secteur (le luxe, l’aéronautique, les médias) ou par région (la Méditerranée à l’Euromed Marseille). Résultat : le MBA a moins la cote. « Nous enregistrons une baisse de 15 à 20 % des candidatures », admet Valérie Gauthier, directrice déléguée du MBA d’HEC, pourtant le plus réputé en France après celui de l’Insead. Le phénomène est mondial : partout, les demandes de MBA sont à leur plus bas niveau depuis cinq ans et les inscriptions au GMAT (Graduate Management Admission Test), le test d’aptitude exigé par la plu- Les 10 meilleurs EMBA dans le monde RANG 1er 2e 3e 4e 5e 6e 7e 8e 9e 10 e UNIVERSITÉ Le prix des MBA et EMBA en France PAYS University of Pennsylvania : Wharton Etats-Unis University of Chicago GSB Etats-Unis/Espagne/Singapour Duke University : Fuqua Etats-Unis Columbia Business School Etats-Unis New York University : Stern Etats-Unis London Business School Angleterre Northwestern University : Kellogg Etats-Unis Instituto de Empresa Espagne Hong Kong UST Business School Chine Emory University: Goizueta Etats-Unis SALAIRE 3 ANS APRÈS LE DIPLÔME MOYENNE 201 892 $ 184 819 $ 186 436 $ 195 143 $ 184 857 $ 144 313 $ 190 858 $ 151 186 $ 173 669 $ 160 596 $ AUGMENTATION + 85 % + 68 % + 54 % + 82 % + 73 % + 96 % + 63 % + 133 % + 17 % + 57 % ÉCOLE EDHEC EM LYON ENPC PARIS EUROMED - MARSEILLE ESCP - EAP PARIS ESSEC UNIV. PARIS DAUPHINE- UQAM HEC TRIUM INSEAD IFG CONCORDIA REIMS MANAGEMENT SCHOOL MBA EXECUTIVE MBA 20 000 € 25 000 € 28 à 42 000 € 39 000 €* 30 000 € 27 500 € 14 500 € 35 000 € 43 600 € – 17 000 € 25 000 € 28 000 € 48 à 65 000 € 22 000 € 32 000 € 52 600 € 20 000 € 75 701 € 85 000 € 22 106 € 17 000 € * Logement et transport compris. Source : Financial Times 2003. Ce tableau correspond au classement 2003 du Financial Times dans une version restreinte. Ce palmarès repose sur une quinzaine de critères, parmi lesquels l’efficacité du diplôme en termes de salaire, la qualité des ensei- a appris la semaine précédente. L’entreprise y trouve plus vite son compte », estime Laurent Aymard. Mais attention à ne pas céder trop vite aux sirènes du marketing ! Comme pour les MBA, l’acception du terme « executive » varie d’une école à l’autre. Pour certaines, il s’agit d’un mode d’organisation à temps partiel, mais le contenu ne diffère en rien d’un MBA classique. Pour d’autres, le terme se réfère au niveau d’expérience professionnelle requis : de quatre à dix ans selon les cas. Pour d’autres, enfin, c’est une question de contenu. « Financé dans 75 % des cas par l’entreprise, l’Executive MBA est un projet commun à l’employeur et au salarié alors qu’un MBA s’adresse à des gens qui veulent changer de secteur ou d’entreprise », estime François Collin, directeur du programme à HEC. L’Executive MBA doit aussi accorder gnants, la recherche et l’ouverture internationale. Il est largement dominé par les universités américaines, qui placent 7 établissements parmi les 10 premiers et 27 parmi les 50 premiers. La Grande-Bretagne part des business schools, ont chuté de 30 %. «Ce sont les étudiants désormais qui choisissent leur école, déplore Nicolas Mottis, directeur de l’Essec. Certains appellent même pour savoir si nous leur accordons une réduction. » Le retour sur investissement, il est vrai, est devenu aléatoire. Selon Business Week, 20 % des diplômés 2003 des trente meilleures écoles mondiales étaient toujours sans emploi quatrevingt-dix jours après la fin de leur MBA, contre 3 % en 2000. Et les salaires, selon le « MBA Career Guide », sont retombés depuis 2002 à leur niveau de 1999. « L’ivraie s’est mélangée au bon grain et tout le monde en paie les conséquences », admet Sylvain Daudel, responsable des programmes MBA à l’In- arrive en 2e position avec neuf programmes classés parmi les 50 premiers Executive MBA mondiaux. En France, seules l’Essec et l’ESCP-EAP tirent leur épingle du jeu... en 54e et 59e position, les programmes conçus par l’In- ficile, prendre le risque de mettre sa carrière entre parenthèses pour décrocher un diplôme ? Le marché du travail est morose. « Il y a actuellement dix candidats pour un poste, rappelle Emeric Lepoutre, chasseur de têtes pour le cabinet international Heidrick & Struggles. MBA ou pas, un recruteur privilégie toujours le candidat le plus opérationnel. » La formule de formation à mi-temps de l’EMBA – vendredi-samedi-dimanche ou une semaine par mois – permet au salarié de garder sa place tout en apprenant. Il peut ainsi plus vite mettre en application ses connaissances et obtenir plus facilement de l’entreprise qu’elle participe à son projet et le finance. « On peut appliquer dès le lundi matin ce qu’on sead, HEC et l’EM Lyon étant trop récents pour figurer dans le classement ! A noter, toutefois, la présence accrue des Européens et la percée de l’Espagne, qui place trois de ses Executive MBA parmi les vingt-cinq premiers ■ une place plus importante au « savoirêtre » des candidats. « Les participants à notre EMBA bénéficient d’une analyse personnalisée de leurs forces et de leurs faiblesses en matière de gestion des hommes », insiste Tawfik Jelassi, doyen des programmes MBA de l’Ecole nationale des ponts et chaussées. Reste un problème : concilier études, travail à plein temps et vie de famille. A cet égard, l’Executive MBA est peutêtre plus éprouvant que le MBA. « Je n’arrête jamais, confirme Florence Klein, journaliste à France 3 qui suit le Trium Executive MBA d’HEC. Ni vacances, ni week-end, quinze heures à seize heures de travail par jour, des devoirs à rendre et des cours à ingurgiter le soir. » L’emballage marketing ne fait pas tout ! ■ Le Point 1658 | 24 juin 2004 | 93