Un cursus vaudois pour devenir infirmière en cours d`emploi

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Un cursus vaudois pour devenir infirmière en cours d`emploi
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24 heures | Samedi-dimanche 25-26 octobre 2014
Vaud
Santé
Un cursus vaudois pour devenir
infirmière en cours d’emploi
Une formation
inédite doit
permettre
aux employés
du domaine des
soins d’atteindre
un niveau supérieur
sans lâcher leur job
«J’imaginais que
les toxicomanes
prenaient
du Dormicum
pour dormir»
L’un des trois accusés
Mireille Clerc (à g.), directrice d’HESAV, la Haute Ecole de santé vaudoise, présente la nouvelle formation, aux côtés
des conseillers d’Etat Anne-Catherine Lyon et Pierre-Yves Maillard. PHILIPPE MAEDER
«Une formation
comme celle-ci
répond
à nos attentes»
Jennifer Girardin,
Association vaudoise des ASSC
lée. Créer une formation en emploi n’est que l’une des mesures
prises par les Cantons romands
pour répondre à une certaine pénurie d’infirmières sur le marché
du travail. La décision de positionner la filière au niveau HES, dont
on aurait pu craindre qu’elle restreigne le nombre de candidates,
semble avoir eu l’effet inverse,
puisque par exemple les effectifs
d’HESAV dans ce domaine ont
doublé en dix ans. De quoi justifier la volonté du Conseil d’Etat
vaudois de combattre les velléités
d’introduire des formations de niveau inférieur (lire ci-dessous). Enfin, le nouveau cursus présenté
hier a le mérite d’offrir des perspectives aux assistants en soins et
la fermer», précise aussitôt
Anne-Catherine Lyon. Le Valais,
de son côté, réfléchit lui aussi
à créer un cursus de niveau
non HES, pour les étudiants
germanophones du haut du
canton, à Viège. Une position
défendue par le conseiller d’Etat
en charge de la Formation, Oskar
Freysinger. Face à la fermeture
évoquée de la structure
hospitalière de cette ville,
le magistrat valaisan présente
l’implantation d’une école de
soins comme une compensation.
santé communautaire (ASSC).
«On sait qu’un certain nombre
parmi les ASSC finissent
aujourd’hui par quitter le monde
des soins», note Pierre-Yves
Maillard. «Une formation comme
celle-ci répond à nos attentes, déclare pour sa part Jennifer Girardin, vice-président de l’association vaudoise des ASSC. Personnellement, je suis très attirée.»
«Les montants nécessaires seront prélevés sur les enveloppes
budgétaires que nous allouons
aux trois grands types d’employeurs parapublics, hôpitaux,
EMS et réseaux de soins, détaille
Pierre-Yves Maillard. D’après nos
calculs, cela représentera environ
760 000 francs par année. Une
somme marginale par rapport à
ce que l’Etat dépense chaque année au titre de ces enveloppes
budgétaires.»
«Durant leur formation, les
personnes en emploi côtoieront
celles qui suivent le cursus à pleintemps, ajoute Mireille Clerc, directrice d’HESAV. Il y aura
échange de savoirs et d’expérience, ce qui profitera à tous.»
Saint-Exupéry
Le chiffre
Travail à 50%, paie à 80%
Un comité dit «pour la défense
des libertés démocratiques à
l’Université» s’est formé contre
la nouvelle directive de l’Université de Lausanne (UNIL). Celle-ci
a en effet décidé de limiter
l’affichage et la communication
par un règlement entré en
vigueur le 1er septembre dernier
(24 Heures d’hier). Le comité
a lancé hier une pétition des
salariés et des étudiants, qui sera
adressée à la direction de l’UNIL.
Le texte exige «le respect des
droits et des libertés démocratiques à l’Université de Lausanne.» TA.M.
VC6
Contrôle qualité
U En Suisse romande, une sorte
d’union sacrée prévaut quant
au fait que la formation en soins
infirmiers doive être de niveau
HES. Par opposition au niveau
ES, pour Ecole spécialisée,
où un CFC suffit pour entrer,
et où le niveau du cursus
est logiquement différent.
C’est encore cette dernière
option qui est majoritaire
en Suisse alémanique. «Nous
sommes toujours convaincus
qu’il faut placer cette formation
au niveau HES, et l’évolution à la
hausse des chiffres des effectifs
estudiantins en Suisse romande
tend à prouver que nous avons
raison, note la conseillère d’Etat
vaudoise Anne-Catherine Lyon.
A contrario, on voit que de
l’autre côté de la Sarine ces
effectifs stagnent.» Le beau
principe a cependant connu
une entorse, lorsque le Canton
de Berne a ouvert, il y a plus
de deux ans, une filière ES en
langue française à Saint-Imier.
«Mais nos collègues bernois nous
ont confirmé qu’ils allaient
Terroir
20
DR
UNIL
Un comité contre
la directive
Le spectre de la formation non HES
ARC/JEAN-BERNARD SIEBER
Mais là où le Canton de Vaud fait
œuvre de pionnier, c’est en adoptant une mesure incitative qui cible tant la personne voulant se former, confrontée à un parcours exigeant, que son employeur, qui doit
faire face à une baisse du temps de
travail de son collaborateur.
Dans le détail, un étudiant qui
travaillait à plein-temps va réduire
ce pourcentage à 50% mais continuera à percevoir l’équivalent
d’un 80% durant ses études. La
différence est supportée par
l’Etat. Le montant compensé sera
moins grand si le taux d’occupation préalable est moindre.
Cette nouvelle formation est
dimensionnée pour accueillir
25 personnes par année et par vo-
Le Tribunal correctionnel
de Lausanne a condamné
hier deux pharmaciens
et un toxicomane pour
avoir organisé un trafic
de Dormicum
Quand la réalité crue prend l’allure
d’une pièce de théâtre. Hier au Tribunal correctionnel de Lausanne,
un pharmacien de 58 ans, un apothicaire retraité de 68 ans et un
toxicomane de 63 ans se retrouvaient sur le banc des accusés. Le
Fribourgeois et les deux Vaudois
ont été condamnés pour avoir
inondé le marché lausannois de la
drogue avec près de 20 000 Dormicum. Ce puissant somnifère,
prescrit sur ordonnance, était
vendu 350 fr. la boîte de 100 comprimés aux toxicomanes, qui le
consomment comme de la cocaïne.
Un trafic qui a duré de janvier 2012
à février 2013. Voilà pour les faits.
Jérôme Ducret
Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 28 février. Comme d’autres
Cantons romands, l’Etat de Vaud
crée une formation en soins infirmiers que l’on peut suivre en continuant à travailler dans le domaine des soins. C’est ce qu’ont
annoncé hier les conseillers d’Etat
Anne-Catherine Lyon, en charge
de la Formation, et Pierre-Yves
Maillard, responsable de la Santé.
Ce nouveau cursus donnera
accès à un bachelor et il aura exactement la même valeur que celui
que suivent actuellement à temps
plein à Lausanne plus de 1600 étudiants et étudiantes dans deux
Hautes Ecoles spécialisées (HES),
l’Ecole de soins infirmiers de
La Source et la Haute Ecole de
santé Vaud (HESAV). C’est HESAV
qui a été choisie pour héberger la
nouvelle offre.
Les études dureront quatre années, une de plus que pour la filière habituelle. Elles s’adressent
avant tout aux assistants en soins
et santé communautaire ainsi
qu’aux infirmières qui possèdent
un ancien diplôme non reconnu
dans le système HES. Rien de différent ici par rapport à Fribourg et
au Valais, où les Hautes Ecoles de
santé proposent cette nouvelle filière depuis cet automne.
Ils ont arrosé
la Riponne
de 20 000
somnifères
Le Salon du Goût de Turin accueille pour la première fois le Canton de
Vaud. Andreane Jordan Meier, secrétaire générale au Département de
l’économie, et Alexandre Fricker, de Vaud Terroirs (à dr.), ici en
compagnie de Nicolas Bideau (à g.), de Présence Suisse et d’un
exposant sont du voyage. Le Conseil d’Etat initie cette promotion des
produits du terroir, qui profitera notamment au tourisme.
Le Beau-Rivage Palace,
à Lausanne, accueillera une
exposition consacrée à l’auteur
du Petit Prince, du 4 au 9 novembre. Plusieurs objets
personnels d’Antoine de
Saint-Exupéry et des textes
originaux seront présentés au
public dans le salon bibliothèque de l’hôtel. L’initiative de
l’expo revient à Olivier d’Agay,
petit-neveu et filleul d’Antoine
de Saint-Exupéry. M.SL
C’est l’âge de l’Association pour
le système d’information du
territoire vaudois (ASIT VD).
Elle organise une journée
spéciale sur «la géoinformation
pour tous», ce mardi, au
SwissTech Convention Center
de l’EPFL. Elle proposera des
conférences sur l’impression 3D,
les Google Glass, la production
collaborative de données
cartographiques ouvertes, etc.
Les géodonnées concernent
les traits caractéristiques d’un
espace ou d’un territoire
comme le paysage, les éléments
construits ou le sous-sol. M.SL
Il faut surtout imaginer la
scène. Il y a d’abord le pharmacien
du petit village fribourgeois, bien
sur lui. Un naïf qui n’a pas trouvé
étrange que son cousin, pharmacien retraité, l’appelle chaque semaine pour obtenir des boîtes de
Dormicum. «Si j’avais été pharmacien à Lausanne, j’aurais peut-être
su ce que les toxicomanes font de
cette substance», invoque-t-il. Et
20 000 comprimés qui lui ont rapporté 2200 fr., cela ne l’a pas
alerté? questionne le président.
«Je pensais que mon cousin en
donnait aussi à son entourage.»
Vient ensuite le cousin pharmacien retraité, grosses lunettes carrées des années 1980, la chemise
vieillie, un grisonnant qui a arrêté
de boire ses trois litres de rouge
par jour depuis un an. Pour payer
ses bouteilles, il avoue avoir vendu
à l’époque les médicaments à son
camarade de défonce pour un
maigre bénéfice de 3300 fr. «J’imaginais que les toxicomanes prenaient du Dormicum pour dormir», ose-t-il.
Place enfin au troisième larron.
Rien à cacher. Rien à perdre aussi.
Jambes tremblotantes, santiags et
jaquette polaire, il raconte, la voix
nasillarde, qu’il prenait trois somnifères par jour. Le reste? «J’en ai
donné et j’en ai vendu. C’était
pour dépanner. Avec cet argent, je
payais des verres ou des repas à
mes potes. Je m’suis pas enrichi,
j’ai pas un rond.» Bénéfice estimé:
58 600 fr. «Pis bon», il en est arrivé
là parce que, petit, «c’était la galère», raconte-t-il. «Ma mère faisait
le trottoir, mon père picolait. Pis
un jour, ils m’ont mis en vacances
trois semaines chez des gens et ils
sont jamais revenus. A l’école, on
m’appelait le bâtard. Je devais aller
bosser à l’écurie et on me cognait
avec un marteau. Moi, j’ai deux
enfants, mais j’ai pas de contacts.
Mais, heureusement, j’ai ma
chienne. Y a pas longtemps, elle
m’a sauvé la vie. J’ai fait une attaque et elle a aboyé. Alors qu’elle
aboie jamais.»
Les trois hommes ont été jugés
coupables d’infraction grave à loi
fédérale sur les stupéfiants. Ils écopent tous de 14 mois de prison avec
sursis durant trois ans. Auxquels
s’ajoutent 7500 fr. d’amende pour
le pharmacien, 1500 fr. pour le retraité et 500 fr. pour le
toxicomane. P.B.