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muzikalité Le bulletin trimestriel du Pôle Régional des Musiques Actuelles de la Réunion - RUNMUZIK Profession luthier : J-L Robert et Travis Davis Ressources : les contrats du spectacle Opération Cité de la Musique Do Pagaal au Printemps de Bourges Médias : Azenda / Kanal Austral Marché du disque : sur les traces du rapport Zelnik # 38 EDITO SOMMAIRE RUNMUZIK L’actualité du Pôle Régional .........................................................3 ACTUALITE Professionnelle / Artistique............................................................4 ZOOM Le marché du disque en 2009......................................................5 EXPORT Do Pagaal / Opération Cité de la Musique ..............................6 EXPORT Bilan des tournées de Backstroke et de Ziskakan ...............7 CHRONIQUES .......................................................................8/9 SUR LE SECTEUR Le maloya et ses polymorphoses contemporaines..................10/11 SUR LE SECTEUR Profession Luthier : J-L Robert et Travis Davis...............................12 SUR LE SECTEUR Médias : Azenda et Kanal Austral...............................................13 SUR LE SECTEUR Studios : Balapako et Def Prod Music ........................................14 RESSOURCES Les contrats du spectacle vivant..................................................15 ZONE OCÉAN INDIEN Les news......................................................................................16 Muzikalité, le bulletin d’information du Pôle Régional des Musiques Actuelles de la Réunion - Runmuzik N°38 avril - mai - juin 2010 Éditeur : PRMA - 6 bis rue Pasteur - BP 1018 97481 Saint-Denis CEDEX Tél : 02 62 90 94 60 / Fax : 02 62 90 94 61 E-mail : [email protected] Site internet : www.runmuzik.fr Directeur de la publication : Dominique Carrère Rédaction : Olivier Pioch / PRMA (GS, TJ, A-CH, MM) Coordination : Matthieu Meyer PAO : mYsterfab Distribution gratuite - Tirage : 5000 ex. ISSN : 1622-2598 - Dépôt Légal N° 08 00 52 Imprimeur : Forma4 Couverture : Studio Lab Dernière minute : Tournée Générale 2010 La Tournée Générale est un dispositif piloté par le Kabardock qui a pour but d’offrir à 5 groupes réunionnais par an des conditions techniques et administratives professionnelles pour une tournée programmée dans les «cafés-concerts» de l’île. Le projet rassemble sept lieux aux quatre coins de l’île : Chef Hugo (Saint-Benoît), Les Récréateurs (Saint-Denis), Le Kabardock Café (Le Port), Le Coco Beach (Saint-Gilles), Le 211 (Saint-Leu), L’îlôt (Saint-Louis) et le Pub à Tapas (Saint-Pierre). Les groupes sélectionnés pour les pour l’année 2010 sont : Alex, Mangalor, Jaboticaba, Mounawar, Rougail Manouche. La Tournée Générale a reçu le soutien de La Région Réunion, de La Sacem, de Dodo Musik et de Runmuzik-PRMA. Plus d’infos www.kabardock.fr Change de disque Les nouveaux locaux de Metronomie Records sont situés au 13 rue Marius & Ary Leblond à Saint-Pierre. Plus d’espace, plus de disques et toujours d’excellents conseils du maître des lieux : Fred. Plus d’infos www.metronomie-records.com Crédits photos (par ordre de publication) : Couv : Destyn - DR / Kiltir - DR / KTD - DR / Lindigo - O live / Mangalor - Nicolas Millet / Melanz - DR / PM - Willy Payet / Simangavole - E.Grondin / Alex -DR / ZM - DR / UP - C.Baptisto / Salem - D Schaffer / GL - Xiop / MG- DR / DS - Betty CM / Tiloun - Yann Oulia // Page 3 : PRMA // Page 4 : DR/DR/DR/XIOP // Page 5 : PRMA // Page 6 : XIOP / Cité de la musique // Page 7 : DR / DR // Page 10/11 : Waro - DR / Davy - DR / MN - DR / Destyn - DR / KTD- DR / Lindigo - O.live / Simangavole - Dominique SANDIRA / Natiembé - XIOP / Salem - A.Vekha // Page 12 : PRMA / PRMA // Page 13 : AZENDA / DR // Page 14 : PRMA / PRMA // Page 15 : Oxid / PRMA // Page 16 : DR / OCORA / DR / DR 02 RUNMUZIK R U N M U Z I K L’ACTUALITE DU PRMA 6 ZOOM : Ouverture du centre de ressources Babel Med Music Chaque année à la fin du mois de mars, le PRMA-Runmuzik est présent au Babel Med Music, salon des professionnels des musiques du monde qui a lieu à Marseille au Dock des Suds. Ce «forum des musiques du monde» organisé autour de stands est couplé à des show-cases destinés aux professionnels présents mais par ailleurs accessibles au grand public. Cette année, La Réunion et Madagascar étaient à l’honneur avec les concerts de Zorteil (électro), Alex (rap-maloya), Kamlinn (La Réunion-Maroc, création entre Lo Griyo et des musiciens gnawas) et Mami Bastah (lauréat du prix Musiques Ocean Indien et chantre du « tandonaka » malgache). Une délégation emmenée par le PRMA et composée de managers, producteurs et organisateurs était par ailleurs présente sur un stand dédié et décoré aux couleurs de La Réunion. Les structures suivantes étaient représentées: Sakifo Production et Festival, label Akord, Maron’R Production, Master CD Lab, Kabardock, Kelyma Productions, Run Management, association Kouler Maloya. - Plus d’infos sur l’événement. www.dock-des-suds.org Partenariat avec le Bureau Export Autre étape dans la nouvelle orientation Runmuzik prise par le Pôle Régional des Musiques Actuelles de La Réunion, le centre de ressources ouvrira ses portes courant mai. Il sera animé par Annie-Claude Hoareau et prendra place dans nos anciens bureaux - au rez-de-chaussée de nos locaux actuels . Le centre de ressources proposera des revues et des périodiques en rapport avec les musiques actuelles et le patrimoine musical de l’Océan Indien. Des ouvrages spécialisés seront mis à disposition des usagers dans les domaines juridiques, économiques ou administratifs. Certains ouvrages seront disponibles à la vente notamment ceux édités par l’IRMA (Centre de ressources et d’information pour les musiques actuelles) dont nous sommes les correspondants régionaux. Par ailleurs une salle de conférence est ouverte aux réunions de travail, rencontres, conférences de presse… que souhaitent organiser les acteurs des musiques actuelles à La Réunion. Enfin des postes informatiques avec accès Internet seront à terme mis à disposition du public. Annie-Claude se chargera de renseigner, aider, conseiller les usagers sur les points qu’ils désirent aborder et effectuera un suivi personnalisé. Pour passer au centre de ressources : rendez vous au 6 bis rue Pasteur à Saint-Denis, dans la cour du Conservatoire à Rayonnement Régional. Horaires d’ouverture : le lundi 14h-17h et du mardi au vendredi 9h-12h et 14h-17h Renseignements et prises de rendez-vous au 02 62 90 94 69 Suite à une discussion menée par Runmuzik avec le Bureau Export de la Musique Française lors du Womex en octobre dernier, un partenariat a été lancé entre nos deux structures. Le Bureau Export accompagne depuis 15 ans la filière musicale française dans le développement de ses artistes à l’international, dans le domaine des musiques actuelles et des musiques classiques. Son action se situe sur un double registre : conseil (information, contacts, veille concurrentielle) et soutien financier sur des projets à l’export. Le Bureau Export a mis en place des critères visant à évaluer les stratégies d’export des structures candidates à l’adhésion : nombre de disques et spectacles vendus à l’étranger, existence de structures relais impliquées dans le projet (distributeurs, tourneurs…). Notre partenariat permet au PRMA-Runmuzik d’accompagner les candidatures de structures réunionnaises souhaitant adhérer au Bureau Export. Plus d’informations auprès de nos services et sur www.french-music.org Folk songs from a new generation C’est le nom d’une compilation parue sous le label du magazine musical mensuel Vibrations, distribuée par Harmonia Mundi et dédiée à la scène folk des années 2000. Parmi les artistes retenus : Olle Nyman, Patrick Watson, Susanna and the Magical Orchestra et Alain Péters. La rédaction de Vibrations qui tient l’artiste réunionnais en haute estime a choisi la chanson « Rest’là maloya » pour alimenter sa tracklist. L’espace personnel Runmuzik.fr Le site web Runmuzik.fr permet aux internautes de créer un compte et d’accéder à des services interactifs comme publier une annonce, proposer une information, modifier ou publier une fiche muzikannuaire, participer au forum (rubrique Echanger), commander des disques de la boutique Takamba… Comment utiliser ses services ? Créer son compte : Il vous faut cliquer sur « Se connecter » en haut à droite puis remplir les champs du formulaire d’inscription en prenant soin de vérifier votre adresse mail. Après avoir validé, rendez-vous sur votre boîte e-mail et cliquez sur le lien contenu dans le mail que vous avez reçu. Une page vous propose de choisir un mot de passe qui vous servira pour vous connecter. Votre compte est alors créé. Se connecter : Il vous faut cliquer à nouveau sur « Se connecter » et remplir les champs de connexion (e-mail et mot de passe). Les services interactifs Runmuzik : Une fois connecté, s’affiche un espace perso en haut à droite du site qui vous permet de publier en ligne. Il est à noter que pour modifier ou publier une fiche muzikannuaire, il vous faudra en faire la demande à l’administrateur du site (rubrique « mes fiches muzikannuaire »). Vous pouvez aussi publier sur le forum (rubrique échanger) ou passer commande dans la boutique Takamba. - Plus d’infos sur runmuzik.fr dans la rubrique « Runmuzik ? » 6 A NOTER : Compilation World and Pluriel La nouvelle mouture de cette compilation promotionnelle éditée par Runmuzik sortira courant mai : un double album permettant de traverser les musiques actuelles réunionnaises de la world music au rock en passant par le ragga, le rap ou l’électro et réunissant plus d’une trentaine de groupes locaux, confirmés ou émergents, ayant une actualité récente. Compilation disponible chez tous les bons disquaires, dans la collection Vibrations Folk. www.vibrations.ch Takamba au Bénélux et au Japon Suite à des négociations menées lors du dernier Womex 2009 à Copenhague, un contrat de distribution du catalogue Takamba a été signé avec Xango Music pour les pays du Benelux. Cette structure qui s’est spécialisée dans la distribution et le booking d’artistes musiques du monde distribue des labels tels que Realworld et Soundway. Par ailleurs, le magasin El sur Records assurera la distribution des disques du label pour Tokyo et le Japon. Plus d’infos www.xangomusic.com et www.elsurrecords.com Muzikozman Après le « muzikozman » organisé avec Daniel Yvinek, directeur de l’Orchestre National de Jazz sur «L’appropriation d’un répertoire» en partenariat avec les Théâtres Départementaux de La Réunion le 9 avril dernier, le PRMA poursuit son cycle de réunions d’information. Un « muzikozman »s est organisé avec Jacky Low-Hong du Pôle Emploi, le 28 avril de 9h30 à 12h sur le statut des intermittents. Merci de confirmer votre présence auprès d’Annie-Claude au 02 62 90 94 60. Pour les prochains rendez-vous, connectez-vous sur runmuzik.fr dans la rubrique dédiée au centre de ressources. MM 03 ACTUALITÉ A C T U A L I T é Actualité artistique Kamlinn, Musique de transe Tournée Kaf Malbar Initiée par Brahim el Mazned, du festival Timitar, en partenariat avec le Kabardock, qui fût aussi à l’origine du projet 3 MA, la rencontre entre Lo Griyo et le trio gnawa composé de Mehdi Nassouli, Khalid El Berkaoui et Boussine Foulane ouvre les portes d’un mélange original entre les musiques marocaines et les mélodies de l’Océan Indien. Après une résidence au Maroc en octobre, Kamlinn s’est produit au Kabardock en mars dernier puis au Babel Med Music à Marseille. Il seront à nouveau réunis en juillet pour une résidence au Maroc suivie d’un concert lors du Festival Timitar à Agadir. Plus d’infos sur Lo Griyo www.logriyo.com Kaf Malbar, après avoir fait le plein au Cabaret Sauvage en octobre dernier, retrouve la salle parisienne en point d’orgue d’une tournée qui le mènera le 16 mai à Bordeaux (Barbey Rock School), le 18 à Montpellier (Rockstore), le 20 à Lyon (Nin Kasi Kao) et le 22 à Paris (Cabaret Sauvage). Cette série de concerts fait suite à son dernier album «le Yin et le Yang» sorti en fin d’année 2009 et déjà vendu à plusieurs milliers d’exemplaires. Plus d’infos www.myspace.com/kafmalbarofficial René Lacaille, tiercé gagnant Trois prix décernés en janvier par l’Académie Charles Cros viennent saluer la carrière de René Lacaille : un prix Coup de coeur, un «Grand Prix International du Disque et du DVD» dans la catégorie «Musiques du Monde» pour son dernier double album « Cordeon Kameleon », ainsi qu’un «Prix de la Francophonie». Après une tournée européenne en mars et une programmation dans le cadre du Kriol Jazz Festival au Cap-Vert, René Lacaille sera à Paris le 24 avril pour l’opération « Une île, un monde » montée autour de La Réunion et Mayotte par la Cité de la Musique (voir page 6). Il poursuivra sa tournée en mai le samedi 8 à Genève, le samedi 15 à Saint–Quentin, le mardi 18 à Saint Martin d’Hères (38) et le vendredi 21 à Murs-Erigne (49). Plus d’infos www.renelacaille.com Groove Lélé chez Winter & Winter C’est lors d’un voyage à La Réunion que le violoncelliste hollandais d’avant-garde Ernst Reijseger fait la connaissance de la Famille Lélé. Rencontre musicale et humaine que Stefan Winter se propose alors d’immortaliser sur son prestigieux label Winter & Winter. Le partenariat qui unit ce dernier à l’association Musiques de Nuit Diffusion, basée à Bordeaux lui suggère un enregistrement lors de la venue de Groove Lélé dans le cadre du Festival des Hauts de Garonne. Le groupe réunionnais y anime des ateliers, se produit sur scène et enregistre en parallèle l’album « Zembrocal Musical ». Le disque qui mêle les mélodies du maloya au violoncelle d’Ernst Reijseger et à la voix du sénégalais Mola Sylla sortira courant avril. Groove Lélé et les Tambours des Docks seront par ailleurs les invités des Musiques Métisses d’Angoulême pour une rencontre avec le groupe brésilien Olodum. Plus d’infos www.winterandwinter.com Actualité professionnelle 6 La Kabardock vous accompagne 6 Espace Kervéguen, nouvelle direction Le Kabardock propose un accompagnement sur mesure au chanteur ragga Zorro Chang qui passera par un suivi artistique scénique, une formation «coaching scène» et un appui communication autour d’une grosse date prévue lors du Sakifo 2010. Cet appui n’est pas exclusif et d’autres groupes seront épaulés par la salle portoise, Jim Fortuné, Warfield ou Virus Eye notamment. Plus d’infos www.kabardock.fr L’espace Kervéguen est un projet engagé par la mairie de Saint-Pierre qui se concrétisera par la rénovation des entrepôts du même nom, sur le front de mer de la ville, et leur transformation en espace dédié aux musiques actuelles à l’horizon 2011-2012. Suite au non renouvellement de la convention du Bato Fou géré par les Jazzomaniaques de l’océan Indien – qui a trouvé un nouveau lieu à Bourg Murat grâce à un partenariat avec la ville du Tampon -, la Mairie a repris le projet en régie communale avec une coordination et programmation confiée à Pierre Macquart, ancien directeur du Bato Fou. Al Ramalingom, nouveau directeur des affaires culturelles de la ville, a souhaité, compte tenu des délais importants nécessaires pour réaliser les travaux du futur espace, lancer le projet en poursuivant une programmation musiques actuelles dans l’ ancienne salle du Bato Fou, déjà rebaptisée Le Kervéguen, au centre culturel Lucet Langenier. Plus d’infos www.ville-saintpierre.fr 6 La salle Leconte de Lisle Arrivé à la direction de l’Espace culturel Leconte de Lisle de Saint-Paul en 2009, Dominique Carrère entend donner à cette scène une dynamique artistique et culturelle forte. Loin d’en faire un lieu dédié uniquement à la diffusion, le nouveau directeur souhaite ancrer son action dans le territoire en favorisant l’éducation artistique et les démarches de création. L’espace sera donc mis à disposition des artistes . L’association La Cerise sur le Chapeau installera un café culturel au rez-de-chaussée du bâtiment. De nouveaux objectifs et des perspectives ambitieuses appuyées par le service culturel de la mairie de Saint-Paul. 6 Une année riche pour Sakifo Le catalogue du label Sakifo s’est étoffé avec la sortie du dernier album de Bazbaz « La Chose » le 1er mars dernier. Opus qui annonce de nouvelles ambitions pour la structure réunionnaise qui a signé un accord de distribution avec Wagram. Le label réédite par ailleurs le dernier album d’Alex (signé en édition chez Sakifo ) « Piton mi lé » qui était épuisé et sort le nouvel album de Tumi And The Volume - « Pick a dream » le 12 avril ainsi que celui de Jeff Lang - « Chimeradour » le 24 mai. Le label continue par ailleurs son travail de développement sur Nathalie Natiembé et Toguna. Plus d’infos sur www.sakiforecords.sakifo.com 04 6 En direct des Tremplins De nombreux tremplins ont été organisés ces derniers mois, en voici les résultats. Les grands salués de la clameur 2009 sont, en l’absence d’un « Best Of Clameur », KLO et Lion’s Youth. Le jury du concours Musiques de RU à la salle Vladimir Canter du campus universitaire du Moufia a salué les groupes Okaïn , Kompèr Kampus et Lion One. Quant au concours de jazz organisé par l’association Tropical Jazz également à la salle Vladimir Canter, il a été marqué par les prestations de Gwendoline Absalon (meilleure chanteuse), ensemble vocal Polysongs ( Révélation) Koté Manouche ( meilleur groupe confirmé) et Small Jazzy Men (meilleur groupe jeune) et Mickaël Chellin ( instrumentiste jeune espoir), pianiste du groupe Steep In Jazz. MM ZOOM Z O O M Le marché du disque 2009 : bilan et perspectives Alors que l’application de la loi Hadopi soulève nombre de questions techniques et juridiques et que son efficacité dissuasive semble contestée, le Midem, rassemblement des professionnels de la musique s’est bouclé fin janvier à Cannes sur une baisse de fréquentation de l’ordre de 15% par rapport à l’année précédente et sur des questionnements autour de la mission Zelnik. 6 Un marché en baisse 6 Penser l’avenir en mode numérique : les conclusions de la mission Zelnik L’offre légale de musique en ligne a besoin de surmonter un certain nombre de questions. Ces dernières ont été abordées par la «mission Zelnik». Ce groupe de réflexion composé de Patrick Zelnik, Jacques Toubon et Guillaume Cerutti a remis ses conclusions en fin d’année au Ministère de la Culture et de la Communication. Le marché de la musique enregistrée est en forte baisse depuis 2003 mais cette dégradation s’est ralentie cette année avec une chute de 10,8% des ventes physiques1. Au total le marché physique représente encore 814,8 millions d’euros TTC pour 59,4 millions d’unités vendues en France. Dans le détail, on notera trois évolutions majeures : le sursaut de la vente de video musicale (+15%)2, le poids de Michael Jackson sur le marché (3% du marché mondial) et la progression assez faible de la vente par Internet face au maintien des grandes surfaces spécialisées (Fnac, Virgin, + 5,5%). Notons les bons chiffres annoncés par le Syndicat National des Editeurs Phonographiques (SNEP) pour le dernier semestre 2009 (+9,2% sur les revenus éditeurs). 6 Un numérique à la traîne Le marché du numérique représente en France 12,9 % du chiffre d’affaires des éditeurs phonographiques réparti de la façon suivante : 50,5 % pour le téléchargement, 37,9 % pour les sonneries et la téléphonie mobile, et 11,6 % pour le streaming. La part du marché digital reste encore faible en France comparée au marché américain (27 %)3. Pour les indépendants qui représente 22% du marché, le physique reste leur source principale de revenus. Cette année marque une baisse de 1,9 % des revenus éditeurs sur le marché numérique. Cette chute s’explique autant par le ralentissement de la hausse du téléchargement légal (sur mobile et PC : au détail + 26% en 2009 contre + 56,4 % en 2008) que par la forte chute des revenus du téléchargement de sonneries. Les revenus du « streaming » sont en progression nette (+ 143,9%) mais cette hausse ne compense pas la baisse du marché. 6 Des modèles en question Du côté du téléchargement, la question de la rentabilité des plateformes est posée. Des sites tels que Fnac.com annoncent un équilibre précaire entre revenus et dépenses4. A contrario, I-Tunes apparaît comme le grand gagnant de ce marché avec l’annonce du cap des 10 milliards de chansons vendues depuis sa création. Mais la grande question qui préoccupe aujourd’hui les acteurs du marché concerne le « streaming », ses modèles et les revenus potentiels qu’il pourrait générer. Premier modèle, celui financé par la publicité. Sur les neuf premiers mois de l’année, le modèle publicitaire représentait 12 % des revenus du numérique contre 4,6 % sur la même période en 20085. Malgré certaines recettes non négligeables (Deezer génererait 700 000 euros de recettes publicitaires par mois), les sites tirant leurs recettes de la publicité ont peine à atteindre la rentabilité. D’autres modèles se sont donc développés. Le modèle du « freemium » reposant sur une partie gratuite et l’autre payante semble par exemple connaître un certain succès comme en témoigne le développement de l’offre de Deezer (100 000 abonnés visés pour 2010) et surtout de Spotify (250 000 abonnés annoncés en janvier 2010). Ces sites proposent des versions mobiles payantes avec un mode « off line ». Reste que le mode de fonctionnement des plateformes de streaming n’est pas forcément compatible avec les exigences des producteurs et des artistes en terme de revenus6. Premier axe de développement : aider l’offre en ligne Il s’agit de trouver des modes de gestion entre producteurs et plateformes de distribution. La stratégie des majors est en l’espèce directement visée. Après avoir imposé aux plateformes de téléchargement de longues négociations sur les conditions commerciales, elles exigent des sites de « streaming » des avances et des minimums garantis qui constituent de véritables barrières à l’entrée de nouveaux acteurs. La mission Zelnik a véritablement innové en posant le principe d’une gestion collective des droits et ce dans deux domaines. Elle propose une licence légale pour les web-radios (« streaming » en continu) copiée sur le modèle de la rémunération équitable appliqué aux radios hertziennes. Les radios diffusant en « streaming » sur le web pourraient donc piocher dans le catalogue des maisons de disques en échange du paiement d’une redevance globale. (à l’instar de la licence appliquée à la web-radio Pandora qui annonçait un quatrième trimestre 2009 rentable7.) La mission Zelnik pose en outre les bases d’une gestion collective des droits qui permettrait aux plate-formes de téléchargement et d’écoute à la carte de négocier auprès d’un seul interlocuteur la mise à disposition des morceaux. Le SNEP s’est clairement positionné contre cette proposition la jugeant irréalisable et contraire aux intérêts « souverains » des producteurs. Deuxième axe de développement : la demande légale en ligne Alors que la plupart des sites de « streaming » sont loin de connaître les audiences des radios, ils seraient proportionnellement 20 à 50 fois plus rémunérateurs8. En développant leur audience et en affinant leur outil marketing, ces sites sont susceptibles de générer des revenus bien plus importants pour les artistes et les producteurs : publicité, abonnements. Pour accroître la proportion de consommateurs se tournant vers l’offre légale, la mission Zelnik propose donc une carte «musique en ligne» prise en charge en partie par l’Etat. Troisième axe : soutenir la production. Parmi les autres propositions du rapport - il en existe pour le cinéma, le livre et d’autres industries-, notons trois mesures destinées à aider la production : l’extension du crédit d’impôt (réduction de l’impôt sur les sociétés) ; l’abondement de l’IFCIC (Institut pour le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles) ; et la création d’une taxe sur les revenus publicitaires du web. Cette taxe dite «taxe Google» permettrait de financer la création en taxant les opérateurs du web tels que les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux. Elle pourrait remplacer une taxe sur les Fournissseurs d’Accès à Internet (FAI), réclamée par l’ADAMI et, depuis peu, par la SACEM comme une alternative pertinente aux préjudices subis par les ayants droits en raison des échanges illégaux de fichiers. Les deux sociétés civiles ont d’ailleurs fait part de leur déception quant à l’abandon de cette mesure. Le disque physique constitue encore une étape indispensable dans le développement de la carrière des groupes et la source majeure des revenus des labels notamment indépendants. L’abandon du marché dénote d’une stratégie de fuite technologique sans lien avec les réalités de la production et du développement artistique. Le développement de modèles d’abonnements en ligne constitue une source potentiellement importante de revenus complémentaires centrée sur le conseil et la personnalisation des services (off-line, cloud.....) Pour en savoir plus www.disqueenfrance.com / www.electronlibre.info / www.inpi.fr MM 1 - Source Observatoire de la Musique / GFK : marché au détail (la baisse est de 3,4 % pour le marché de gros) // 2 - Source Snep / GFK // 3 - Source IFPI // 4 - François Gerber, directeur des activités numériques de la Fnac, cité dans le Monde des Technologies du 21/04/09. // 5 - Source Philippe Astor dans Musique Info Hebdo de décembre 2009. // 6 - Voir sur ce point la position du Music Managers Forum (MMF) // 7 - Voir Electron libre // 8 - A titre d’exemple, Jiwa garantit 0,01 euros par écoute à chaque producteur soit 0,001 euros aux artistes. 05 EXPORT E X P O R T Rencontre avec Do Pagaal : deux fous font le Printemps Do Pagaal (« deux fous », en hindi) représentera La Réunion aux sessions Découvertes du Printemps de Bourges, le 14 avril prochain. Emmenée par Automat (producteur parisien installé à La Réunion) et Nikola Raghoonauth (poète mauricien version « dark side of the ile »), la formation coachée par Josef Cebollero et la Cie Baba Sifon propose un projet live expérimental baptisé « spokelectro ». Confidences en trois questions. 6 S’il fallait définir votre musique, que diriez-vous ? Nikola Raghoonauth : Difficile à expliquer parce qu’on sort des cadres prédéfinis. Je dirais qu’on est dans une forme hybride : très rock’n roll dans l’esprit mais sur un support électro, avec des ambiances slam, dub, trip-hop, hip-hop… En même temps, notre univers est sombre. Moi j’y vois un cousinage avec Portishead, en plus radical. Quand j’écris, je cherche une forme de langage intérieur ; j’ouvre des portes qui débouchent sur d’autres portes. Ensuite, je mets des mots sur ces images ou ces émotions. Bref, tout ça est très introspectif. D’autant que la musique d’Automat est encore fortement influencée par le climat parisien. Automat : En fait, on ne calcule pas trop. Tous nos titres racontent une histoire, mais on est dans le brut, le direct, l’émotion pure. On ne fait pas de compromis, pas de démarche commerciale. En même temps, on n’est pas non plus dans une forme de militantisme antisystème. On est juste sincères. Si ça plait, tant mieux ! 6 Quels sont vos projets pour l’avenir ? 6 Comment vous êtes-vous rencontrés ? Nikola Raghoonauth : Ça s’est passé au Séchoir, en décembre 2008, par l’entremise de Jean Cabaret. A l’époque, j’avais une formation en trio mais je n’étais pas satisfait. Je voulais confronter mes textes avec quelqu’un qui était encore dans une forme de recherche, plutôt dans un univers électro. Jean m’a présenté Automat qui était alors en train de réaliser l’album de Jako Maron. On a tout de suite senti qu’il se passait quelque chose. Automat : En métropole, j’ai toujours travaillé seul. Il a fallu que je débarque à La Réunion, en 2007, pour avoir un vrai échange avec un autre artiste, en l’occurrence Jako Maron. D’une certaine manière, ça a marqué un tournant pour moi. La rencontre avec Nikola s’est faite naturellement dans la foulée. J’étais mûr pour participer à un projet. Ensuite, tout s’est enchaîné. On a fait notre première performance sur scène en février 2009, après seulement 15 jours de travail. Puis le Séchoir nous a reprogrammés en octobre et maintenant on part à Bourges ! Nikola Raghoonauth : D’abord, on va voir comment ça se passe à Bourges ! On aura cinq morceaux et à peine une demi-heure pour se montrer, mais c’est un bon début. Après, ce qu’on veut, c’est tourner. A La Réunion, les programmateurs sont encore frileux, ils attendent de voir. De plus, on est confrontés à un soupçon d’illégitimité. Mais ça nous donne la rage et finalement on s’en nourrit. En revanche, en métropole, notre projet séduit. On a de bons échos des professionnels qui estiment que notre projet arrive au bon moment. Le public est mûr pour ce genre de choses, y compris les gens qui ne sont pas particulièrement fans d’électro. Automat : C’est vrai qu’on a de bons contacts. Pas mal de programmateurs sont curieux de nous voir à Bourges. En radio, en télé, les choses bougent, on sent que ça frémit. On ne peut pas en dire plus sans insulter l’avenir, mais on sent que notre projet séduit par son côté alternatif et nouveau. Après Bourges, on fera sans doute un clip. Il devrait y avoir un album dans la foulée, mais on ne veut pas se presser. D’abord, on veut tourner ! Plus d’infos : www.myspace.com/dopagaal et www.printemps-bourges.com. La Cité de la Musique fête La Réunion et Mayotte 6 Evénement immanquable, fin avril à Paris ! La Cité de la Musique consacre un week-end entier aux musiques de La Réunion et de Mayotte avec toute une série de concerts programmés sous l’intitulé « Une île, un monde... ». Par le passé, la Cité de la Musique avait déjà organisé une manifestation mettant Madagascar à l’honneur. Mais La Réunion et Mayotte n’avaient encore jamais fait l’objet d’un tel événement au sein de la vénérable institution ouverte depuis 15 ans dans le quartier de La Villette. Aussi peut-on parler d’un véritable regain d’intérêt pour le patrimoine musical de l’Océan Indien occidental. Un nouvel intérêt qui s’est notamment manifesté ces derniers mois à la faveur de travaux de rénovation au cours desquels nos luthiers ont été sollicités pour fournir à la Cité des instruments emblématiques de La Réunion (opération montée en partenariat avec la D.A.A.C. du Rectorat dans le cadre de sa convention avec la Cité de la Musique, voir notre portrait page 12) ; des instruments affectés au tout nouvel atelier pédagogique de pratique des percussions réunionnaises. La manifestation « Une île, un monde», programmée les samedi 24 et dimanche 25 avril, se situe dans le droit fil de ce nouvel engouement – une première pour La Réunion et Mayotte, qui doit beaucoup à la venue organisée par le PRMA d’Alain Weber, programmateur à la Cité de la Musique et au Musée du Quai Branly en octobre 2008. Au programme : les Tambours Sacrés de La Réunion, grand concert maloya avec Firmin Viry et le Laya Orchestra (ensemble du Kerala qui avait participé à la création du dernier album de la famille Viry à l’initiative de l’association Hamsa) précédé d’Urbain Philéas et de la Famille Lélé, un bal séga avec René Lacaille et un zoom sur les traditions de Mayotte avec Forfort (chant, luth, kabossa) et l’ensemble féminin du Déba de Mayotte. Cette opération a bénéficié du soutien des Théâtres Départementaux de La Réunion (qui programment en avant première une soirée au théâtre de Champ-Fleuri le 20 avril avec Firmin Viry et le Laya Orchestra, Urbain Phileas et les Tambours Sacrés), ainsi que de l’appui financier des services du Département, de la Drac et de La Région Réunion. Dernière minute : En raison d’un problème de santé, le spectacle de Firmin Viry avec Laya Orchestra est remplacé par Gramoun Sello, autre grande figure du patrimoine réunionnais. Plus d’infos : 01 44 84 44 84 et www.citedelamusique.fr. www.theatreunion.re 06 OP EXPORT E X P O R T Backstroke, bilan d’une tournée Aboutissement d’un accompagnement lancé en 2008 par le Bato Fou (Scène de Musiques Actuelles de La Réunion), la tournée métropolitaine du groupe Backstroke s’est achevée après une quinzaine de dates entre décembre et février derniers. Bosser son jeu de jambe Monter sur scène implique d’être à la hauteur…et le quatuor a dû travailler dur lors des résidences organisées par le Bato Fou, au Jardin Moderne à Rennes et à Fleury Goutte d’or à Paris avec Randall Cinelli et Karim Kanal, en partenariat avec le PRMA-Réunion: jeu de scène, technique, enchaînements... Ce travail va d’ailleurs se poursuivre puisque le groupe a signé pour un accompagnement de trois ans avec la structure parisienne. Se faire accompagner La démarche d’accompagnement du Bato Fou est assez singulière tant dans son déroulement que dans ses résultats. « Nous avons effectué un premier voyage de reconnaissance pour discuter avec des professionnels de métropole », explique Stéphane Barbieri, chargé de développement des projets artistiques au Bato Fou. « Cette démarche a surpris nos interlocuteurs habitués à être sollicités à des fins commerciales. » Les qualités et le professionnalisme du groupe couplés au soutien d’une SMAC et de leur manager Fabrice Paulee leur ont permis de gagner la confiance d’un tourneur. Leur tourneur Rage Tour avait concocté un tour de France intensif avec plusieurs premières parties d’Ultra Vomit et de Napalm Death. Partis défendre leur premier album « Crossing the Boundaries », le groupe et son encadrement reviennent riches de leçons et de paris sur l’avenir. Conquérir un public Très appréciés des amateurs de métal réunionnais, les membres de Backstroke sont allés au devant d’un public qui ne leur était pas acquis d’avance. « Lors de notre première tournée en décembre, le public était jeune, et très réactif », explique Sébastien, batteur du groupe…. « Jouer en première partie de Napalm Death a été une autre affaire. L’auditoire, essentiellement composé de fans, était plus âgé, observateur, et critique. Au début c’est très déstabilisant. Et puis, personne ne te connaissant, tu dois faire tes preuves ». Poursuivre « Nous avons essayé d’accompagner le groupe aussi loin que possible…. Et nous continuerons à leur offrir un cadre de répétition et un suivi. Mais c’est à eux de jouer maintenant » ajoute Stéphane Barbiéri. Le groupe part d’ailleurs s’installer en métropole . « Nous avons besoin d’être sur scène, et pour cela, il nous faut quitter La Réunion » confie Sébastien. Backstroke bénéficiera sur place de l’accompagnement de Fleury Goutte d’or. Quant à Stéphane Barbieri, il quitte La Réunion et assurera le co-management du groupe avec Fabrice Paulee. La formation est aussi en course pour obtenir le dispositif 78 tours mis en place par la Fédurok. L’avenir est plein de promesses mais il s’annonce difficile comme le confirme Sébastien « Pour réussir, il faut te prendre des baffes, manger et rebondir ». Plus d’infos www.backstroke-music.com MM Tournée Indienne pour Ziskakan 6 Alors qu’une délégation réunionnaise foulait le sol indien en janvier dernier, Ziskakan était en parallèle l’invité, aux côtés des Tambours Sacrés, du festival Bonjour India. Retour sur ce festival et la tournée d’un groupe qui fêtait l’année dernière ses 30 ans de carrière. Bonjour India Avec près de 200 événements culturels et économiques, le festival Bonjour India, organisé par Culture France et l’Ambassade de France en Inde est un temps fort de la collaboration entre l’Inde et la France. Il est organisé autour d’expositions, de concerts, de conférences et réunit artistes, designers, chercheurs et entrepreneurs. Le groupe Ziskakan a dans le cadre de ce festival bénéficié d’une tournée de huit dates dans les villes de Bharat Nivas (Auroville), E-Space (Pondichery), Old Port (Pondichery), Saarang Festival at the IIT (Chennai), B-Flat (Bangalore), Blue Frog (Mumbai), Big Ben (Kolkata). Redécouverte artistique Pour le leader Gilbert Pounia, il s’agissait d’un retour à ses origines et son attirance pour l’Inde qu’il n’a eu de cesse d’intégrer à sa musique. De fait, les rencontres et collaborations artistiques ont été nombreuses : musiciens classiques et modernes (Raghu Dixit, King Jassim, Surajit, Emergence, Divin Dondieu, Manoj), Comédiens (Pichaya Manet), Plasticiens (Lalit Verma)... « Il est vrai que le personnage de Gilbert a suscité un certain attrait, tout comme le métissage musical que propose le groupe » précise Maya Pounia, qui a participé à toute la tournée. Un public enthousiaste Pari pas évident que celui d’affronter de nouveaux publics, mais pari semble-t-il réussi puisque confie Maya, « Nous avons joué sur des campus où tout le monde était debout… les gens sont très curieux… ils marient très bien ce côté moderne de l’Inde à l’aspect très traditionnel ». Un pari sur l’avenir Si les conditions économiques locales peuvent pénaliser à court terme le développement d’échanges économiques dans le domaine de la culture (piratage, salles en cours d’équipement, prix d’achat des spectacles....), le marché Indien recèle un potentiel énorme pour l’industrie culturelle : cinéma, littérature, échanges numériques. « L’accueil et l’engagement de chacun a fait beaucoup pour la réussite de la tournée. Nous souhaitons développer nos relations avec ce pays, ajoute Maya Pounia...Nous avons notamment gardé des liens forts avec le réseau des Alliances Françaises avec qui nous avons prévu une tournée en fin d’année 2010 ». Plus d’infos sur le groupe www.myspace.com/ziskakan 07 CHRONIQUES C H Hervé Himbert « Best Of » Autoproduction Autodistribution Ex-chanteur du groupe Union, Hervé Himbert tourne depuis 2002 sur les podiums et dans les discothèques de l’île, mais c’est bien un « Best Of » qu’il propose sur cet opus résolument séga. En bon spécialiste du genre, il s’était déjà essayé à l’exercice en participant à l’album « Ségayar – les meilleurs souvenirs de la Réunion », en compagnie de Johnny Laporte, Orage, Jimmy Therméa, etc. Cornaqué par Mustapha Bahdi et sa KDM Family, l’artiste signe ici la quasi-totalité des textes et musiques. Il est accompagné par les musiciens de Valorizon pour un séga festif bien cadencé. Seize titres pour « met l’ambians dan l’kabaré » avec une tapée de tubes bien connus par les auditeurs des radios « soleil » locales. La station Kréol FM, très active sur ce front à la Réunion, est d’ailleurs partenaire de l’opération. Quelques-uns de ces tubes font également l’objet de vidéos clips visibles sur le net. Infos et contact scène : Association Mi Zik Si L’île 06 92 60 74 56 Nous avons aussi reçu 08 R O Bac Rouge « Nos cool heures » Autoproduction Autodistribution Thierry Delbourg à la guitare, Jacky Moutoussamy à la batterie, Bernard Permal à la basse et Jovany Velleyen aux claviers. Voilà Bac Rouge ! Quatre musiciens de talent qui, depuis 1997, se retrouvent chaque jeudi soir pour des sessions d’impro virevoltantes dans leur fief de la Saline. Zapatistes version Frank Zappa, ces pistoleros du jazz-rock fusion dévoilent sans complexe leurs inspirations : Weather Report, Joe Satriani, Jaco Pastorius ou encore Jean Luc Ponty, dont ils ont assuré la première partie en 2002, à Saint-Gilles. Treize ans après leur rencontre – alors que chacun est très demandé – les virtuoses sont enfin réunis pour un premier album très abouti. Neuf titres qui plantent le décor d’une fusion métisse bercée d’influences orientales (Inde, Maroc). En guests de prestige, François Legros, Tot, Didier Makaga et Zakïa Prioux apportent leur pierre à l’édifice. Une belle réussite. Plus d’infos : 06 92 82 98 32 [email protected] ou www.myspace.com/bacrouge N Sonia Finold « Nigra Sum Sed Formosa » Autoproduction Autodistribution A 9 ans, Sonia Finold arpentait les podiums et les concours de chant. Une histoire de destin et de racines. Puis la petite fille a grandi et s’est trouvé un style. Entre séga, jazz, gospel et maloya, sa jolie voix séduit d’abord « Mélodie group » puis la troupe « Kalou Pilé », qui la lance définitivement. Elle tente alors sa chance à Paris, collaborant notamment avec « Exil Harmony », avant de retourner à la Réunion, huit ans après, pour reconquérir son public. Bonne pioche ! En 1987, elle sort un premier 45-Tours (« Africain ») élu meilleure création de l’année par la presse. En 1994, avec « Kaloubadia », elle sort « Fénwar mon Limiér » qui réunit plusieurs des meilleurs musiciens de l’île. Ce nouvel opus est celui de la maturité pour une artiste qui prend plaisir à s’affranchir des codes en mixant les genres et les rythmes avec quelques invités choisis : D.Waro, N.Ebrard, G.Barcaville… Eclectique et réjouissant. Ecoute et achat sur www.cdreunion.com Bruno Sinama « Mon frère » I Q Shad « Sunshad » Autoproduction distribution Discorama Petit prodige du dance-hall réunionnais, Shad fait ses premières scènes à l’âge de 11 ans. En 2005, sa rencontre avec le rappeur Ezio est un tournant. Programmé en première partie de Krys au Palaxa, devant plus de 2 000 personnes, le jeune homme fascine par son charisme, son style résolument US et sa présence scénique. Dès lors, tout s’enchaîne. Il sort un premier single indépendant en 2006 (« High lov ») et rencontre Babiluzion. En 2008, il est finaliste du concours Flamboyant Riddim de DJ Dan et se fait repérer par Atep, une figure emblématique du hiphop à la Réunion. Avec lui, il signe le tube « I fo bouger » puis rentre dans le cercle vertueux de la « Hot-Game family » : Futur Crew, Malkijah, Zorro Chang… Concentré de beats pour boîtes de nuit, ce premier album inspiré par Bob Sinclar et David Guetta bénéficie de featurings d’Atep, Secteur 410, Masterbass et MC Duc. Plus d’infos sur www.shadofficiel.skyrock.com. Contact scène : 06 92 86 59 50. www.discorama.fr U Backstroke « Crossing The Boundaries » Autoproduction Autodistribution Toujours aussi énervés les Backstroke ! Normal, lorsqu’on sait que le nom de cette formation signifie « retour de force », un terme emprunté à l’univers de la métallurgie. Après plusieurs années de scène (le groupe est né en 2004) et un bon coup de main du Bato Fou, Joël Pattiama (chant), Frédéric Hoareau (guitare), Sébastien Bonneau (batterie) et Johan Grondin (basse) signent enfin leur premier album. Un opus puissant, qui navigue entre métal hardcore, riffs enragés un tantinet trashy et envolées à la Zuul-Fx (La référence du groupe). Sur la majeure partie des pistes, le son frôle parfois la brutalité. Mais l’opus reste teinté d’émotions grâce à quelques titres (« Larmes nout zancètres ») mêlant les voix claires aux arpèges sensibles. A l’enregistrement et au mixage, Yann Hernot et Kaptain (du Kaloubadia studio) sont un gage de qualité. Les aficionados apprécieront ! Plus d’infos sur www.myspace. com/metalbackstroke. Management (Fabrice) : [email protected] Frin Kaline « Noire Période » E S Daddy Happy meets Miohjah « Flowing from field » Autoprod. Autodist. Dernier né du studio JahJah Records (communauté rasta prolifique basée à l’îlet à Cordes, dans le cirque de Cilaos), Daddy Happy est un chanteur originaire du Surinam (proche de la Jamaïque, donc), qui a grandi en Guyane et a fait une longue traversée pour s’installer à Mayotte en 2005. Numéro 1 des charts guyanais avec son groupe Energy Crew, cet adepte d’un reggae puissant version nu-roots devient rapidement incontournable dans l’île hippocampe avec le Daddy Happy Band (sa nouvelle et talentueuse formation). C’est là que Miohjah le rencontre. Suivront une tournée à la Réunion, en février et mars 2009, et ce premier album où interviennent tous les membres du collectif. Le résultat ? Un roots reggae d’excellente facture, qui monte en puissance au fil des pistes, laissant apparaître quelques perles en cours de route pour terminer sur un bon dub des familles. Contacts : 06 39 23 13 00 [email protected] [email protected] 06 92 01 02 48. MC Duc « Métissage » CHRONIQUES C H R Métis Intelleckt « Métempsychose » Autoproduction Autodistribution En 2000, il fut le premier rappeur réunionnais à collaborer avec une figure de la musique locale, en l’occurrence Ti’Fock, pour le titre « 20 Désanm » sur le maxi « Ganidan ». On l’avait ensuite quitté en 2005 avec l’album « Fiesta », véritable « bombe » des dance floors entièrement réalisé par un certain Meddy Gerville. Puis on l’avait un peu perdu de vue, entraperçu dans l’ombre de Gondwana en tant que chanteur choriste. Nyxthanatos revient aujourd’hui avec une formation bien à lui et de nouvelles ambitions. En compagnie de la jeune G-Nie Killa et d’Antho K-Lit (Fon’ Sien PDY Studio), le jeune artiste signe ici l’essentiel des musiques (batterie, basse, percussions, guitare solo, piano et Hammond), la direction artistique, la réalisation et même le graphisme du livret ! Sur ce 18-titres, on retrouve ses obsessions tranquilles : du rap, du ragga, du hiphop, du funk et du reggae. Contact management : [email protected], [email protected] O Morgane Ji « Idiomes » Production, distribution : Faune Box Records Après l’accueil enthousiaste réservé à son premier album (« In.Organic », voir notre chronique in Muzikalité 34 mars 2009), Morgane Ji revient avec son comparse bidouilleur de son E.R.K pour un nouvel opus rock-électro-world qui ne déçoit pas et passe avec brio le cap du deuxième CD. La jolie créole aux yeux de Breizh (père réunionnais, mère armoricaine) utilise encore à plein cette voix profonde et sensuelle, capable de passer du plus grave au plus aigu dans le même phrasé. Ses étranges onomatopées font écho aux samples hypnotiques et autres matières brutes saturées (pierre, truelle, verre cassé) de son ingé-son préféré. Le tout crée un univers envoûtant, aux sonorités à la fois technoïdes et animales, qui ne peut laisser personne indifférent. Une « vraie découverte » pour Jean-Louis Foulquier, un « phénomène », pour la presse d’outremanche. Bref, à écouter d’urgence. Infos sur www.morganeji. com ou www.myspace.com/ morganejilive. Ecoute et achat sur www.faunebox.com. Melanz Nasyon « Perd pa tradisyon » N I Jean Albany « Zamal, 25ème anniversaire » Autoproduction Autodistribution Poète incontournable à la Réunion, chantre de la créolie, auteur de nombreux recueils (Miel Vert, Zamal, Vavangue...) qui sont au socle de la culture « péi », Jean Albany a laissé une trace que l’on croyait indélébile. Mais la poésie du « génial moustachu » a tendance à disparaître de la mémoire collective car les jeunes générations s’intéressent peu à la chose écrite. Amie fidèle, Anne Sadala a eu une fameuse idée pour y remédier : mettre ces mots en musique pour les rendre plus accessibles. Deux opus sont déjà parus sur ce principe. Celui-ci est le troisième. Les poésies de Jean Albany resplendissent ici d’un nouvel éclat, magnifiées par Firmin Viry, Christine Salem, Gilbert Pounia, Lindigo ou encore Danyèl Waro (superbe interprétation !), MarieArmande et Henry-Claude Moutou, Gondwana, Joël Manglou… Difficile de tous les citer mais l’entreprise est salutaire et l’objet particulièrement émouvant. Infos et contact association Bambolé (Anne Sadala) : 02 62 57 26 16 et 06 92 13 48 92 Q DJ Sanjiva « Mega Sound Vibration » Autoproduction Distribution : JV Prod Sanjiva est bercé par la musique depuis sa plus tendre enfance. A 6 ans, il prend des cours de batterie et remporte plusieurs diplômes avec les félicitations du jury. A 11 ans, il s’essaye au mix dans les mariages, communions, baptêmes et autres fêtes de famille. A partir de là, tout s’enchaîne pour le jeune DJ. Son premier piano, un cadeau qu’il reçoit pour ses 17 ans, le conduit à composer ses propres morceaux. A 18 ans, il mixe en boîte de nuit. La même année, il sort son premier CD. Le succès est quasi-immédiat puisque la galette n’est sortie qu’en décembre dernier mais cartonne sur les ondes grâce à deux tubes en puissance : « A la le son 974 » et une reprise étonnante du thème de Fort Boyard en version dance. Sur cet opus, le jeune homme assure le coup en invitant quelques valeurs sûres du dance-hall réunionnais : Zorro Chang, Secteur 410 et Choupinou Style, notamment. Infos : www.djsanjiva.skyrock. com. Contacts : 06 92 13 65 74 (production) et 06 92 86 84 71 (distribution). Nicolas coyez « Fonkèr » U E S Subhash Lo Griyo « Yé Mama » Autoproduction Autodistribution « Ahimsa » Coproduction avec Shruti Music Autodistribution Sorti courant décembre, « Yé Mama » est le premier opus très attendu d’une formation qui a gagné ses galons de trio « électro-trad » dans la presse spécialisée et qui s’est illustrée aux Découvertes du Printemps de Bourges 2009. Un album puissant, parfois surprenant (on notera quelques « featurings » avec des « figures » de la scène locale), mais surtout marqué par la continuité avec l’univers sonore et les valeurs morales qui fondent son identité. En bon griot créole, Sami Pageaux-Waro, le fils de qui vous savez, revendique un héritage maloya qu’il véhicule en « passeur » de mémoire métissé, accompagnant sa voix et ses « fonnkèrs » (poésies) d’une kora ou d’une sanza et de rythmes salegy ou gnawas qu’il sample sur scène en direct. Il est accompagné par Luc Joly, solide souffleur de jazz (clarinette, flûtes, mélodica, saxes), et de Yann Costa, qui mixe et manipule cette matière sonore en « delays » dubisants et en basses synthétiques habillant le trio d’une belle parure électro. [email protected] Né à Maurice, Subhash Dhunoohchand découvre les tablas auprès de son père chanteur de musique indienne. Sa passion l’emmène en Inde, où il suit l’enseignement d’un maître du tabla classique. Très vite, il court le monde en compagnie des maîtres de la musique classique indienne. En chemin, le chercheur insatiable s’acoquine avec des stars du jazz (Gurtu, Gulikson, Melander...) et du rock (Susheela Raman, Xavier Rudd...). Installé à La Réunion, il devient professeur de tabla au Conservatoire national de Région et joue pour Ziskakan, Baster, Filip Barret, Firmin Viry, Meddy Gerville… Avec sa dernière formation, « Subhash & The Cosmic Sound », ce maître de l’improvisation réconcilie modernité et traditions. Après le très tablatronic « Voyage au Rajasthan », « Ahimsa » (non-violence en sanskrit) est son troisième album ; un disque virtuose entre musique indienne, séga, blues, salegy et chanson lontan de la Réunion. www.myspace.com/ subhashtablatronic www.dsubhash.com RAVAZ « Déporté » 09 DOSSIER S U R - L E - S E C T E U R Le maloya et ses polymorphoses contemporaines Considéré depuis les années 1970 comme une musique de résistance et de lutte culturelle, le maloya occupe aujourd’hui une place de choix dans le paysage musical réunionnais. Voici, en quelques mots, une plongée au cœur de ses nouvelles expressions. Reconnu récemment par l’UNESCO sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité, le maloya fait l’objet d’une mise en valeur institutionnelle importante ainsi que d’un fort investissement identitaire et symbolique par certaines catégories de musiciens réunionnais. Ceci s’est traduit depuis une vingtaine d’années par une importante diversification stylistique du genre qui fonctionne autant comme une musique à part entière que comme une source d’inspiration musicale. Ainsi, à côté des formes plutôt traditionnelles du maloya, se sont développées d’autres types de répertoires qui y font plus ou moins clairement référence. Ceci témoigne de l’inscription du maloya dans le champ des musiques actuelles, tout en soulevant des questions d’identité et d’authenticité que nous n’aborderons pas dans cette rapide présentation. 6 Traditions et néo-traditions Parmi les tendances contemporaines les plus marquantes, le style néo-traditionnel est au cœur des démarches de création et à La Réunion ; travail qui devrait ce concrétiser cette année avec la sortie d’un nouvel album. Ce genre de procédé permet de s’inscrire dans une continuité mémorielle tout en favorisant l’émergence d’individualités et d’identités artistiques singulières. Ceci constitue une des caractéristiques essentielles de la création musicale réunionnaise. 6 Maloya électrique Apparu à la fin des années 1970 avec les groupes Caméléon puis Carrousel, le maloya électrique a surtout émergé dans les années 1980-90 autour de quelques groupes phares comme Ti Fock, Zoun, Ziskakan, Sabouk, Baster, Ravan… Cette veine musicale est aujourd’hui investie par des artistes venant d’univers musicaux divers qui produisent une forme de chanson réunionnaise marquée par les sonorités électroacoustiques et une adaptation des rythmes du maloya aux instruments modernes ou folk. Dans des styles somme toute assez éloignés, Mamo et Fabrice Legros constituent deux exemples récents des Kiltir Mangalor Kozman Ti Dalon Le groupe Kilitir est un groupe originaire de l’Est de La Réunion. Les Après avoir participé à l’aventure du groupe Zarné, Pascal Bret fonde en Kozman Ti Dalon est une formation réunissant une dizaine de danseurs sept membres de cette formation ont, outre leur parenté, la particularité 2001 Mangalor avec des musiciens issus des quartiers saint-pierrois et musiciens. Elle mélange un maloya puisant dans les servis’ kabaré à commune d’avoir grandi dans une famille dans laquelle le maloya (des de Basse-Terre et de La Ravine Blanche. Le groupe accueille en 2007 de des chorégraphies acrobatiques nourries de moring. Cette particularité servis’ et des fêtes) tenait une place centrale. Révélé par le tremplin nouveaux membres qui renouvellent la structure musicale du groupe. rend leurs prestations très spectaculaires. Kozman ti Dalon est avant La Clameur des Bambous, Kiltir connaît un succès d’estime à partir Cette année sera aussi celle de leur rencontre avec l’équipe du Bato tout une histoire de famille puisque le groupe, réuni autour de Jonathan de la fin des années 90. Ils assurent à cette époque la première partie Fou qui lui propose un accompagnement. La SMAC saint-pierroise Camillot est composé de ses cousins, tous petits fils de Gramoun Louis de Granmoun Lélé au Théâtre-de-Plein-Air de Saint-Gilles et sortent organise un échange suivi d’une résidence au Mozambique avec le Jules Bébé Manent, figure du maloya du Sud de l’île. Le groupe a sorti leur premier single « Destin Maloya ». Deux albums seront publiés groupe Mitchichi Band. Après plusieurs prestations dans les salles de deux albums et s’est produit sur de nombreuses scènes en Europe et par la suite chez Discorama. Une prestation remarquée lors du festival l’île, Mangalor a entamé un travail de composition pour la sortie d’un dans l’Océan Indien. Bénéficiant d’un encadrement professionnel, Africolor leur ouvre les portes de nombreuses scènes à l’étranger et en premier album en 2010. Plus d’infos www.myspace.com/mangalor Kozman Ti Dalon espère pouvoir exporter ses spectacles à l’étranger métropole. Un nouvel album est prévu pour 2010 avec des ambitions de distribution en Europe. L’énergie débordante qui se dégage de leur musique en live leur a valu la paternité du style « Speed Maloya » Melanz Nasyon Le maloya comme forme d’expression et de revendication, voilà le crédo à l’image des tournées qu’il a déjà effectuées en Angleterre. www. kozmantidalon.com de Melanz Nasyon. Cette formation issue d’un quartier populaire de Destyn Maloya Saint-Joseph s’est construite autour d’amis bercés dès leur enfance par Originaires de l’Est de La Réunion, les membres de Destyn Maloya ont le maloya. Emmené par Thomas Medor et Sebastien Carpaye, Melanz baigné très tôt dans le maloya familial. Le groupe naît sur scène un soir Simangavole Nasyon s’est fait connaître en proposant un mélange original entre de 20 décembre en 1996 peu après leurs études secondaires. Il connaît Simangavole est un groupe de maloya traditionnel qui a la particularité le maloya traditionnel et des textes ancrés dans une réalité sociale. un certain succès, sort trois albums et se voit proposer des concerts à d’être composé de quatre femmes et d’un percussionniste. Ces Le groupe a beaucoup voyagé de 1999 à 2009 et a sorti 5 albums. Si l’extérieur de l’île (Paris, Madagascar, Rodrigues...). Le groupe entame dernières ont grandi en métropole et ont été bercées par des sonorités Stéphane Grondin (responsable de Maloyallstars) a, entre temps, quitté 2010 en fanfare avec la recherche d’un encadrement professionnel et la urbaines. Ce n’est qu’assez tard, en revenant s’installer à La Réunion, l’aventure, leur dernière production «Perd pa tradisyon», parue chez préparation d’un nouvel album à paraître en juillet. Destyn propose un qu’elles découvrent le maloya. Cette formation atypique propose un Piros, remet le groupe sur le devant de la scène. Un maloya énergique «maloya explosif» au croisement du maloya traditionnel et d’influences “Maloya Manièr Fanm” qui est au croisement de rythmiques maloya sachant mêler musique de fête, danses africaines et textes engagés. aussi diverses que le ragga, le rock ou la chanson. Le leader Fabrice traditionnelles, de textes partant sur des thématiques actuelles et de Plus d’infos à [email protected] Ramaye a d’ailleurs suivi le stage de composition musicale d’Astaffort nommé ainsi par Nono (leader du groupe) en référence aux esclaves révoltés. Plus d’infos sur la fiche Akout du groupe. 10 de nombreux groupes de maloya. S’inscrivant dans les pas de Granmoun Lélé, des jeunes groupes comme Lindigo, Kiltir, Kozman Ti Dalon… proposent un maloya qui se nourrit autant des servis’ kabaré que d’influences africaines, malgaches (voire indiennes) plus récentes. Puisant dans les ressources de l’ancestralité pour développer leur identité musicale et scénique, ces groupes font cohabiter des répertoires anciens avec des adaptations et des créations contemporaines qui laissent place à d’importantes innovations linguistiques et instrumentales. Par exemple, l’utilisation par Lindigo de l’accordéon diatonique et du kabosy marque l’entrée d’instruments mélodiques et harmoniques malgaches dont l’usage, bien que n’étant pas forcément « traditionnel » à La Réunion, fait cependant bien référence à une certaine idée de « Tradition ». Autre illustration apparentée à ce type de démarche, le projet « Rasinaz » de Christine Salem. Cette dernière a entrepris un travail de recherche et d’écriture à partir de rythmes joués à Madagascar, aux Comores sonorités modernes. Le groupe est aujourd’hui encadré par MaronR Prod et plusieurs de leurs morceaux sont chantés en anglais, français ou et sortira un album courant 2010. www.myspace.com/simangavole espagnol. www.myspace.com/destyn974 DOSSIER S U R - L E - S E C T E U R développements du genre, l’un se situant plutôt sur le marché local et régional, l’autre fomentant des projets d’exportation et de reconnaissance nationale. Pour certains groupes de rock, comme Andémya, le maloya constitue un moyen de donner une dimension réunionnaise à des compositions marquées par la musique pop/folk des années 1970. Ce rapprochement entre le rock et le maloya, dans lequel s’inscrivent aussi certaines chansons de Nathalie Natiembe, semble pourtant peiner à trouver de véritables espaces de diffusion. Pour d’autres groupes, comme Lao ou Zorkri Maloya, le maloya sert de base textuelle et rythmique à des « chansons créoles » parfois qualifiées par leurs auteurs de « maloya romans ». etc.). Ce rapprochement entre la dance hall locale et le maloya néo-traditionnel constitue également le cœur des compositions présentes sur la compilation Zenes maloya éditée par JPR et sur laquelle sont présents le groupe Kiltir ainsi que le rappeur Alex. En touchant de la sorte les cultures musicales urbaines, le maloya gagne en visibilité médiatique et commerciale. Dans le cadre de la dance hall réunionnaise, il fonctionne comme un référent identitaire local pour des jeunes artistes qui se sont appropriés les musiques américaines et caribéennes. A filetta (polyphonies corses). Meddy Gerville privilégie quant à lui la fusion entre musiques d’Amérique latine, jazz et maloya. En fait, l’insertion de références musicales associées au maloya dans des genres « exogènes » constitue une tendance lourde de la scène musicale insulaire. Le maloya participe en cela au « tourbillon d’influences » dans lequel est prise la création artistique réunionnaise en général. Il pénètre autant la musique electro (Jako Maron) que la chanson de variété créole (Clarice Técher). Depuis les années 1980 et la déferlante mondiale du reggae, l’influence jamaïcaine demeure une donnée essentielle pour la compréhension du champ musical réunionnais. A l’heure actuelle, les artistes réunionnais de ragga et surtout de dance hall accordent une importance singulière au maloya qu’ils évoquent dans leurs textes mais aussi dans leur musique. En 2007, DJ Dan (Daniel Boyer) a réuni sur sa compilation « Ker maron dan béton » des artistes de dance hall (Malkijah, James, Kaf Malbar) et quelques groupes de la scène maloya (Lindigo, Damien Mandrin 6 Jazz, musiques latines, musiques électroniques et autres influences Au final, le maloya est susceptible de ramifier une partie importante de la création musicale réunionnaise. Marchant dans les pas des expérimentations de François Jeanneau et du Trio Tambours au début des années 90, plusieurs artistes de jazz réunionnais se sont tournés vers le maloya pour donner une plus grande originalité à leur travail. En 2002, Olivier Ker Ourio et son quartette ont ainsi collaboré avec Danyèl Waro pour la réalisation d’un disque de Jazz maloya intitulé « Sominn d’ker » (label Cobalt). Danyèl Waro a, depuis quelques années, multiplié les collaborations avec des artistes d’horizons très divers tels que Tumi and The Volume (rap, Afrique du Sud) ou Dans ce cadre, il est parfois très éloigné musicalement de ses formes traditionnelles et néo-traditionnelles. Il est parfois simplement évoqué dans le texte, le rythme ou à travers l’insertion d’instruments emblématiques comme le kayamb ou le rouler. Le travail de Davy Sicard constitue un bon exemple de cette fonction référentielle du maloya. Son « maloya kabosé » traduit une réinterprétation très personnelle du genre qui cohabite avec d’autres influences musicales plus ou moins explicites (world, soul…). Cette présence du maloya dans les musiques populaires réunionnaise est susceptible d’alimenter une réflexion sur l’identité du genre et d’alimenter des discours sur l’authenticité des créations contemporaines. Patrick Manent Le groupe a d’ailleurs vendu plusieurs milliers d’exemplaires de Ziskakan avec le groupe «Source, Source, Source» et après plusieurs Petit fils de Gramoun Bébé, Patrick Manent a grandi dans une famille où chacun de ses albums. Lindigo s’impose comme une des valeurs sûres prestations remarquées sur les scènes locales, Firmin Viry lui propose le maloya festif et les servis’ kabaré tenaient une place prépondérante. de la nouvelle génération maloya et Olivier Araste comme un de ses d’intégrer sa formation. Tâche dont il s’acquitte pendant quatre Il collabore dans un premier temps avec Dédé Payet du groupe Lansor représentants les plus charismatiques. www.myspace.com/lindigo années avant de fonder «Tiloun» encouragé en cela par Danyel Waro 6 Maloya et musiques jamaïcaines puis intègre la formation de Danyel Waro. Ce compagnonnage l’amène à participer à des tournées internationales (Europe, Afrique, Japon...). Malgré ce succès, l’envie d’une carrière solo grandit peu à peu. Il sort en 2003 un premier album « Tombé Lévé Maloya » puis un second en 2007 « Kozmann kèr » (chez Oasis). Sa musique s’inscrit dans la lignée du maloya traditionnel du Sud mais il reste ouvert à d’autres influences pouvant faire évoluer le style. Il s’est produit sur plusieurs scènes de l’île et envisage aujourd’hui une nouvelle formule scénique lui permettant d’exporter ses prestations. www.myspace.com/patrikmanent Groove Lélé En arpentant les sentiers défrichés par leur père Granmoun Lélé, Urbain et Willy Philéas relèvent un pari difficile : transmettre un héritage familial de renom marqué par les servis’ et proposer des formes musicales novatrices s’en inspirant. Après le décès de leur père en 2004, les deux frères entament l’aventure Famille Lélé. Plusieurs concerts en métropole et à La Réunion et le groupe se mue en Groove Lélé. Les « Lélé » connaissent un succès grandissant et leur popularité se confirme à la faveur d’une prestation lors du Sakifo 2008 et du prix Alain Peters qu’ils se voient alors attribuer. Un album, sorti en et Gilbert Pounia. Un album avec sa formation « Dé pat ater » sort en 2008 en autoproduction. La musique de Tiloun renvoie dans ces compositions et son instrumentation à l’univers du maloya traditionnel avec une large place faite au texte. Un maloya d’émotion et de poésie porté par une conscience sociale aiguë. www.myspace.com/tiloun974 A ne pas rater, « Zenes Maloya », soirée annuelle en forme de festival dédiée au maloya, et organisée au mois d’août au TPA de Saint-Gilles par l’association les Chokas. Ces portraits forcément incomplets et non exhaustifs nous ont permis d’appréhender des groupes renouvelant le maloya « dans sa forme néo-traditionnelle ». Lindigo 2009 chez Discorama suivi d’une collaboration avec le violoncelliste Le groupe Lindigo emmené par Olivier Araste est né à la fin des années hollandais Ernst Reijseger parue chez Winter et Winter confirme que la Dans un autre registre, certains musiciens, dans la lignée de Davy 90 dans l’est de La Réunion. Très influencé par les servis’ kabaré, les recette familiale fonctionne et séduit y compris à l’étranger. Précisons Sicard, Meddy Gerville ou Nathalie Natiembé, s’inspirent du maloya traditions malgaches et plus généralement par la multi-culturalité par ailleurs qu’Urbain mène aussi une carrière sous son propre nom dans leur écriture et/ou revendiquent son influence. Nous n’avons réunionnaise, leur musique s’ancre dans le maloya traditionnel tout et a sorti plusieurs albums chez Oasis. www.myspace.com/famillelele en puisant dans les sonorités actuelles de l’île. Ce mélange original a séduit le public en métropole (festival Africolor, tournées…), à l’étranger (Brésil, Europe, Afrique du Sud,…) et évidemment à La Réunion où le groupe s’est bâti une popularité singulière. Ce succès s’appuie sur des qualités musicales indéniables, des prestations live explosives et un environnement professionnel abouti : management (Lundi Production), tourneur métropolitain (Helico), label (Cobalt). Tiloun S’il se produit sous son nom depuis cinq années seulement, Tiloun gravite dans l’univers du maloya depuis une vingtaine d’années. Il découvre la musique au sein du quartier dyonisien de la Source. Cet endroit qui l’a vu grandir nourrit encore aujourd’hui son imaginaire artistique. Il se produit sur scène en 1985 en première partie de pu en citer que quelques-uns : Fabrice Legros, Lao, Dj Dan, Lo Griyo, Jako Maron, Alex, Andémya, Kalouban’, Nicolas Coyez, Tipari, Malouz… Vous pourrez tous retrouver leurs coordonnées sur muzikannuaire (annuaire des musiques de l’Océan Indien) consultable depuis runmuzik.fr. GS / MM 11 SUR LE SECTEUR S U R L E S E C T E U R Luthier, Jean-Luc Robert, le facteur roulèr ! Ce n’est pas tout à fait son métier, mais c’est bien plus qu’une passion. Hommage aux traditions, les instruments de « Zanlik » Robert sont bien connus des musiciens de La Réunion. Entre bobre, sati, kayamb, pikèr et roulèr : tour d’horizon. Il y passe ses week-ends et ses soirées ! Couvreur en charpente métallique la semaine, Jean-Luc Robert se mue en facteur d’instruments quand son métier lui laisse le temps. L’artisan n’est pas particulièrement musicien, mais il baigne depuis tout petit dans l’ambiance des servis’ kabaré, ces cérémonies dédiées aux ancêtres. En outre, il s’est longtemps étonné que les instruments traditionnels soient si peu représentés dans les événements consacrés à la musique locale. En vrai passionné, il a décidé d’y remédier. « Je fais des roulèr depuis une quinzaine d’années pour les servis’ kabaré. Mais le véritable déclic a eu lieu en 2004, à l’occasion d’une exposition sur la musique péi. Il y avait peu d’instruments traditionnels et très peu de luthiers spécialisés. Je me suis lancé. » En pur autodidacte, Jean-Luc apprend le métier tout seul, fait des recherches et développe son propre savoir-faire. Pour se faire la main, il rénove un roulèr presque centenaire légué par son beau-père, une merveille ! Depuis, son carnet de commande s’est étoffé. Intervenant agréé en milieu scolaire, Jean-Luc a également fait partie de la délégation invitée à la manifestation « La Réunion à Paris » en 2006 ; de quoi nouer quelques contacts utiles qui ont abouti notamment à la livraison de cinquante instruments à la Cité de la Musique dans le cadre d’un partenariat avec le rectorat de La Réunion. Sur l’ile, beaucoup d’artistes font désormais appel à lui pour un sati, un bobre, un pikèr, un kayamb ou un roulèr. Ils connaissent sa légendaire méticulosité et le soin apporté au choix des matériaux ; une question de respect, pour l’instrument, l’artiste, les ancêtres et le son lontan. « Je travaille sur-mesure, ce qui nécessite de beaucoup discuter avec l’artiste. Une fois cernés ses croyances, ses interdits éventuels et la qualité du son souhaité, je sélectionne mes peaux. Pour un tambour malbar, ce sera de la chèvre. Pour un roulèr, ce sera du bœuf, plus épais, à la sonorité plus grave. Quant au bois, j’essaie de travailler avec des essences locales comme le letchi, le natte ou le tamarin des Hauts. Mais le plus souvent, je fais venir par container des fûts de chêne du Bordelais, plus résistant et plus facile à travailler. » Pour tester ses instruments, Jean-Luc peut compter sur ses enfants : Daniella et Luciano Robert. Membres du groupe « Loryzin’ nout’ zenès », ils ont inventé un style de maloya « décalé » dont on devrait très vite reparler. Ils ont déjà deux albums à leur actif. Jean-Luc Robert (association Zenes Bélo) : 110, rue des Pinpins, à Saint-André (la Cressonnière). Contacts : 06 92 14 76 32 – [email protected] - www.myspace.com/zanlik974. Travis Davis, l’Américain qui fabriquait des instruments africains 6 Drôle de type que ce Travis Davis ! Originaire de l’Etat de New York, le jeune homme ne connaît rien de la ville, préférant arpenter le monde avec ses souliers crottés. A 13 ans, une amourette fait naître en lui une véritable passion pour l’Afrique. Il la découvrira bien plus tard, après des pérégrinations qui le mènent d’abord en Irlande où il s’installe huit ans durant, puis à la Réunion où il vit maintenant depuis cinq ans. Entretemps, Travis a appris à jouer du N’goni et à fabriquer des instruments traditionnels au cours d’un séjour dans une famille de griots du Burkina-Faso. A Paris, il a rencontré le malien Tom Diakité en compagnie de Célia Reggiani et, depuis, se rend régulièrement au Mali. Il y a fait la connaissance de Ballaké Sissoko, s’y est marié et a perfectionné son art avec un maître de musique. Ses clients disent assez l’excellence de sa formation : Ballaké Sissoko, William Parker, Richie Stearns, mais aussi Rajery et Sami PageauxWaro, qui tourne avec une de ses koras. Ce qu’il aime en Afrique ? « Tout ! La vie sociale, l’authenticité, les gens vrais… Et les instruments n’y sont pas des objets morts. Ce sont des témoignages d’une culture riche et d’un patrimoine bien vivants. » Travis aime tant le Mali qu’il s’y installera dans quelques mois pour « travailler respectueusement, sans l’esprit de pillage qui anime habituellement les occidentaux ». Dommage de le voir partir si tôt. Mais les passionnés pourront toujours passer commande sur Internet, son site est presque prêt. Pour le contacter : 06 92 28 02 04 – [email protected] ou www.myspace.com/256143965. OP 12 SUR LE SECTEUR S U R - L E - S E C T E U R Médias, Z éditions, ambitions raisonnées Ambiance détendue mais concentrée au sein des bureaux de Z Editions. L’équipe vient de boucler le second numéro du magazine Keskispass. Un nouveau titre qui s’inscrit dans une stratégie « cross média » mise en place par le gérant Sandrick Romy et ses acolytes. Retour sur la démarche de cette entreprise dédiée aux médias culturels mais pas seulement…. 6 L’Azenda, référence culturelle Z Editions publie depuis 4 ans le magazine l’Azenda, mensuel gratuit tiré à 15 000 exemplaires. Ce guide construit sur le modèle de Lylo (Paris), Clubs et concerts (Bordeaux) ou Letsmotiv (Toulouse) a la particularité de proposer, en plus d’un agenda, des articles approfondis sur l’actualité culturelle locale. Il est devenu une référence pour le public réunionnais. « Nous pourrions doubler ou tripler le tirage, il en manquerait toujours » avoue Sandrick Romy. Cette popularité n’a pas empêché le magazine de connaître des difficultés financières intimement liées à son modèle économique. «Le modèle publicitaire de la presse gratuite est fragile, surtout en période de crise », explique le gérant. Voguer à l’horizontale L’Azenda a donc mis en place de nouveaux supports à commencer par une version web. Développé par la Société Cilaos Aventure , Azenda.fr est loin d’être une simple déclinaison du format papier. « Le web offre une réactivité incomparable qui nous permet de donner une information sans cesse actualisée et participative » explique Jérôme, rédacteur en chef. L’Azenda a par ailleurs développé un service de flux RSS avec des partenaires tels que Orange.re ou Runmuzik.fr ainsi qu’une web application optimisée pour être compatible avec tous les mobiles (azenda.mobi)…. «Nous avons plus de 35000 visiteurs par mois avec une progression constante… le web c’est l’avenir et déjà le présent » confie Sandrick persuadé du bien-fondé de la théorie de la Convergence… Loin de se contenter de jouer dans la sphère du gratuit difficile à monétiser, l’Azenda a lancé récemment un titre payant distribué en kiosques. Keskispass se veut le pendant « critique » d’un Azenda informatif. « Nous nous adressons à une cible plus âgée, avide de conseils et d’expérimentation ». Le pari est ambitieux, et l’image de marque du magazine prendra du temps à s’installer. Surmontant les réalités commerciales et financières du marché, Z éditions est avant tout une équipe de férus de culture qui a su développer son offre de services. Cette diversification est très commune dans l’univers médiatique mais elle témoigne, en l’espèce, d’une volonté d’inscrire la qualité et la diversité culturelle dans une logique économique. Plus d’infos sur Azenda.fr. L’Azenda est distribué gratuitement dans plus de 250 points publics et Keskispass est disponible chaque mois en kiosques. Contact Commercial Sandrick 06 92 70 40 23 Rédaction [email protected] / Développement Web Guillaume 06 92 37 23 82 MM Maîtrise en verticale L’entreprise a cependant diversifié ses activités pour subvenir à ses besoins en trésorerie. « Notre implication dans la sphère culturelle s’est faite par passion, mais nous avons besoin d’autres sources de revenus pour faire vivre cette fibre artistique » explique Sandrick. Z éditions propose donc des prestations en routage, distribution, graphisme, photo, impression et rédaction. Cette maîtrise de la chaîne graphique permet à l’Azenda de revendiquer un savoir-faire complet dans de nombreux secteurs économiques. Kanal Austral, télé « tropicale » Créée en 2002 par Serge Lacour, Kanal Austral a été reprise en 2006 par Jean-Claude Poujois qui possède par ailleurs le studio Toulimana et la discothèque Le Pandora à Tananarive. La chaîne, accessible sur Canal Sat Réunion, dispose actuellement de 600 heures de programmation musicale. Elle consacre l’essentiel de son temps de diffusion aux vidéo clips produits dans la région Océan Indien ainsi qu’en Amérique latine, en Polynésie et aux Caraïbes (20% des clips diffusés proviennent de La Réunion, 15% de Madagascar, 15% de Maurice, 10% des Seychelles, des Comores et de Mayotte, 15% des Antilles, 15% d’Afrique et d’Amérique latine et 10% de l’océan pacifique). Facile d’accès et gratuite pour les artistes, elle offre un espace de diffusion et de promotion télévisuelle grand public. La programmation, qui est très marquée par les musiques soleil, a fait l’objet d’un taux d’écoute assez important en 2009 puisque la chaîne a été classée dixième (ex aequo avec Eurosport) dans le top 12 des chaînes les plus regardées à La Réunion. La chaîne diffuse par ailleurs quelques émissions consacrées à la musique locale comme 7PO7 produite par Oasis Production. Pour autant, Kanal Austral éprouve quelques difficultés à attirer des annonceurs. Ce constat interroge la viabilité commerciale de ce genre de chaîne dont l’existence aide à la diffusion de nombreux groupes locaux qui ont parfois du mal à accéder aux radios et aux chaînes de télévision généralistes. Plus d’infos www.kanalaustral.com / [email protected] GS 13 SUR LE SECTEUR S U R L E S E C T E U R Studio, Balapako Production : le studio des défis et des paris Au cœur de Saint-Louis, Augustin Balaka a créé un studio dédié aux musiques du monde. Son crédo ? Donner leur chance aux artistes écartés des autres studios. Le premier album enregistré en ce lieu n’est pourtant pas l’œuvre d’un novice. Pour « Maska-rad », Luçay Canon a essuyé les plâtres avec succès. Six à sept mois de collaboration ont été nécessaires pour aboutir à cet album autoproduit d’excellente facture. L’occasion, pour les deux compères, d’échanger sur la qualité du son et des équipements. « On n’est pas dans le tout-numérique, explique Augustin Balaka. L’idée, c’est de mixer un son chaud, vrai, avec un son plus métallique. Pour ça, j’ai gardé ma console analogique et un magnéto à bandes numérique. En plus, on dispose évidemment de l’équipement de base : batterie, amplis, guitares, micros, cabines insonorisées… Et je mets deux techniciens à disposition des artistes : Jean-Hugues Moutalkan et Sulliman Vally. Pour le mastering, en revanche, ça se passe ailleurs ; on ne joue pas avec ça. » Le studio est aussi équipé pour des captations live. C’est même comme ça qu’il a démarré. On se souvient notamment d’un gros événement dédié à Nelson Mandela, au stade du Gol, en mai 2009. En présence de son petit-fils député, quarante enfants étaient venus de son village natal pour faire le bœuf avec Kaf Malbar, les Gospels du Port, Alain Ramanisum, Baster et Ti Fock. On se souvient aussi d’un hommage à Kaya à l’Etang du Gol, en septembre dernier. Augustin Balaka est une figure bien connue du milieu des artistes à La Réunion. Sonorisateur de métier, manager de Ti Fock, Frédéric Joron, Racine Seggae ou encore Patrick Manent, c’est un professionnel expérimenté. Pour donner leur chance aux artistes écartés des studios, il a créé sa propre structure voici un an, en plein cœur de Saint-Louis. Son nom ? Balapako production ! Un studio qui marche aux défis et qui entend multiplier les paris. Côté actu, Augustin a quelques fers au feu. Il vient d’enregistrer gracieusement un EP (extended player – maxi cd) en faveur d’Haïti. En septembre prochain, il co-organise un festival de musiques du monde à Sagunto (Espagne), où il envisage également de créer un studio avec Paco Noguera, son contact local. En attendant, le malgache Maki Rasta peaufine son violon pour ce qui devrait être la deuxième galette officielle du studio. Un nouveau pari qui, là aussi, pourrait vite s’avérer payant. Balapako production : 14, rue du Gal de Gaulle, Saint-Louis – 06 93 70 91 82 [email protected]. DEF Prod Music : le son clé en main Pas besoin de cinquante machines pour faire un bon son ! La preuve avec Dominique Mara et son nouveau studio à la Rivière Saint-Louis. Côté instruments, il y a tout ce qu’il faut : guitare, percus, kayanm, clavier… Mais coté machines, ce petit studio créé par Devoe (alias Dominique Mara) a de quoi dérouter avec sa toute petite console numérique provisoirement disposée dans une chambre de la maison familiale, à la Rivière Saint-Louis. Si l’ensemble a un petit côté étudiant, la production du cru ne laisse pas d’étonner. Touche-à-tout de talent, musicien accompli (il a enregistré un album à son nom), Devoe est passionné d’informatique musicale depuis ses seize ans. Il s’est d’ailleurs installé en métropole pour se professionnaliser. Après 15 ans d’exil à Lyon et Paris, pour suivre les formations de la Baleine Bleue et du studio Sincère, Devoe est revenu au pays voici cinq ans. D’abord installé à Saint-Denis, le jeune homme fraye un temps avec la KDM Family. Puis il déménage dans le Sud avec femme et enfant, investit sa nouvelle maison et crée son association. Depuis, Def Prod Music a produit l’album de Ruddy-S (« Le flow dans la peau ») et l’EP de Nat’s (« Sans sa mère »). « L’idée, c’est de suivre l’artiste de bout en bout. Si je m’engage sur un projet, j’en prends pour un an, depuis l’écriture jusqu’à la promo, en passant par l’aide au montage de dossiers de subventions, la réalisation du CD, le contrat d’édition, les contacts avec mon réseau de distributeurs et même le graphisme de la jaquette. » Pour l’ensemble, compter un tarif forfaitaire de 300 euros par morceau. Def Prod Music : 9b, chemin des Prunes, Rivière Saint-Louis 02 62 35 00 68, 06 92 46 83 04, [email protected]. OP 14 RESSOURCES R E S S O U R C E S Les contrats du spectacle vivant Pour qu’un artiste ou groupe se produise sur scène, il y a obligation d’avoir un contrat entre l’organisateur du spectacle et le producteur. Nous allons aborder dans cette fiche les différents types de contrats sachant que dans ce cadre général, les contrats se négocient souvent de gré à gré. le déchargement du matériel, du réglage des lumières etc. Il assume également toutes les responsabilités relatives à l’accueil du public, à l’encaissement, à la comptabilité des recettes, et en supporte tous les frais. Recettes et charges - Les deux parties s’entendent pour partager les recettes selon un pourcentage prévu au contrat. Cette répartition varie en fonction des coûts et des recettes estimées par chaque partie. Elle se fait en général sur la recette nette. La recette brute renvoie au total du montant TTC des billets vendus alors que la recette nette correspond à la recette brute moins les frais communs dont la liste est fixée au contrat tels que les droits d’auteur, la taxe parafiscale et la TVA due sur les recettes du spectacle. Cependant le partage intervient parfois sur la recette brute, charge à chacun d’assumer le paiement de ces frais selon le partage prévu. De plus les frontières entre recettes brutes et nettes varient au cas par cas ; les contrats faisant remonter ou non certaines dépenses dans les charges communes. - En aucun cas le producteur ne supporte les pertes liées à la diffusion du spectacle. Un minimum garanti versé par l’organisateur est souvent prévu au profit du producteur pour garantir la couverture de ses dépenses. Cependant il existe un contrat de coréalisation dit « à l’envers » par lequel le producteur s’engage à reverser à l’organisateur la différence entre le minimum garanti convenu et le pourcentage de recettes lui revenant. 4 – Le contrat de coproduction : C’est un contrat aux termes duquel deux ou plusieurs parties (producteurs, producteurs et organisateurs,…) prennent ensemble l’initiative et la responsabilité de la réalisation d’un spectacle vivant et règlent en commun les charges afférentes à sa production et à sa représentation (financement, réalisation et exploitation du spectacle, etc). Elles partagent le bénéfice du spectacle mais elles sont aussi solidairement responsables des pertes provenant de son exploitation (contrairement au contrat de co-réalisation). 1 – Le contrat d’engagement : C’est un contrat par lequel l’organisateur de spectacles emploie et salarie directement l’artiste ou les artistes. 2 – Le contrat de cession de droits de représentation ou contrat de vente : Le contrat de vente couramment appelé «contrat de cession du droit d’exploitation d’un spectacle» est un contrat conclu entre un producteur et un organisateur de spectacles aux termes duquel le producteur s’engage à donner, dans un lieu dont dispose l’organisateur, un certain nombre de représentations moyennant une somme forfaitaire. Le producteur fournit le spectacle «clefs en main» à un organisateur qui dispose d’un lieu «en ordre de marche». Cela signifie que : - l’organisateur est responsable du lieu, de la billetterie, de l’accueil du public et de la promotion du spectacle. - le producteur fournit le spectacle et le plateau artistique. La relation avec les artistes est contractualisée par le producteur qui prend donc à sa charge de déclarer et de rémunérer les artistes et techniciens qui composent ce plateau. 5 – Le Contrat de rétrocession C’est un contrat de cession entre deux diffuseurs au terme duquel un diffuseur (diffuseur cédant ou promoteur) qui a acquis le droit de diffusion auprès du producteur cède le droit de diffusion du spectacle à un autre diffuseur (diffuseur cessionnaire). Ce contrat permet en l’espèce au diffuseur cédant d’acheter plusieurs dates du même spectacle, de le diffuser et de le vendre à d’autres diffuseurs. Le diffuseur cédant garde à sa charge le paiement du plateau artistique ainsi que l’ensemble des frais d’approches (transports, hébergements, repas). Le diffuseur cessionnaire assume l’ensemble des frais liés à la réalisation du spectacle. 6 Muzikressources : des réponses à vos questions. Pour le producteur et l’organisateur, quels sont les avantages du contrat de cession par rapport à un contrat de co-production ou de co-réalisation ? - pour le producteur : c’est qu’il n’encourt aucun risque financier puisqu’il a vendu son spectacle et que dans son tarif toutes ses charges sont comprises. Et il n’est en aucun cas responsable s’il y a perte financière pour l’organisateur. - pour l’organisateur : une fois ses charges déduites sur les recettes brut, il n’ a pas à partager le bénéfice. Dans un contrat de cession, le producteur perçoit une rémunération forfaitaire en contrepartie de la vente sans intéressement sur la recette. 3 – Le contrat de coréalisation : C’est un contrat conclu entre un producteur et un organisateur (diffuseur) de spectacles vivants aux termes duquel les parties s’associent pour parvenir à la réalisation de représentations et se partagent la recette générée par le spectacle. Principes Le « producteur » est la personne qui assure la représentation et « l’organisateur » celui qui accueille le spectacle. Ils se partagent les obligations et les responsabilités de la façon suivante : - Le producteur, qui s’est engagé à fournir un spectacle entièrement monté, assume toutes les responsabilités liées au plateau artistique. Il assume le paiement du cachet des artistes et des techniciens dédiés au spectacle, les indemnités et les charges s’y rapportant, la fourniture des décors, des costumes, des meubles et des éléments de publicité. - L’organisateur fournit la salle en ordre de marche, le plateau technique, et en supporte les frais, c’est-à-dire les salaires et les charges annexes du personnel nécessaire au service général de la salle, le montage ou le démontage des décors, le chargement et Pour le producteur et l’organisateur, quels sont les avantages ou les inconvénients d’un contrat de co-réalisation par rapport à un contrat de co-production ? L’avantage pour un producteur de faire un contrat de co-réalisation dépend de la capacité d’accueil du lieu de représentation et du tarif des entrées. La coproduction est intéressante car le producteur n’est plus seul à supporter les frais de production du spectacle (création, répétition, communication…), l’organisateur qui devient dans ce cas aussi producteur va investir pour que la réalisation du spectacle puisse avoir lieu. La différence majeure est que dans le cas d’un contrat de coproduction l’organisateur et le producteur sont responsables des pertes (si elles ont lieu) par rapport au montant investi par chacune des parties. Sources : CND / DRAC / IRMA / La Scène A-CH / TJ / MM 15 ZONE OCÉAN INDIEN Z O N E O C E A N I N D I E N 6 Quand le pantsula de Via Katlehong rencontre le maloya de Lindigo Entre Lindigo et Via Katlehong, c’est une affaire qui roule ! Les deux troupes ont créé un spectacle « Umqombothi Kabar : quand le Pantsula rencontre le Maloya » – réunissant dix-sept artistes sur une mise en scène de Xavier Plutus. Si beaucoup connaîssent Lindigo, en revanche une petite explication s’impose pour Via Katlehong. Cette compagnie de danse fondée en 1992 tire son nom du township Katlehong dans l’East Rand en Afrique du Sud, célèbre pour sa participation au soulèvement anti-apartheid des années 1980. Ses membres ont créé un nouveau langage scénique à partir des danses issues du ghetto : pantsula, tap-dance, gumboot… L’équipe du Séchoir de Saint-Leu est à l’origine de leur rencontre avec Lindigo. La première représentation aura lieu les 6 et 7 mai, au Théâtre de l’Onde (Vélizy), et du 11 au 14 mai au Parc de la Villette. Plusieurs dates sont également programmées en juin et septembre, en France et à Montréal. Pour la Réunion, il faudra attendre mai 2011 et le festival Leu Tempo. Coproduction Théâtre de l’Onde, Séchoir, Parc de la Villette, Théâtre départementaux de la Réunion, IFAS, Kabardock, commune de Katlehong. Plus d’infos : (JLLJ’s prod) 02 62 42 46 31 - [email protected] 6 L’océan Indien s’invite en Suisse Fondée à Genève en 1983, l’association les Ateliers d’ethnomusicologie (ADEM) est très dynamique sur l’information et la diffusion des musiques et danses du monde. Chaque année, elle organise des concerts, festivals, cours, stages… En outre, elle publie des livres et des CD. Du 6 au 11 mai prochain, l’association propose un joli programme de concerts, films et conférences consacrés aux musiques des îles de l’océan Indien. On pourra notamment y voir la danse extatique du Deba de Mayotte, les polyphonies malgaches de Salala – Tiharea, le bal séga de René Lacaille et les grands solistes de l’ensemble malgache Ny Malagasy Orkestra. Côté cinéma, l’ADEM programme « Ligne Paradis », de Luc Bongrand et « Angano Angano – Nouvelles de Madagascar », de Marie-Clémence et César Paes. Enfin, Victor Randrianary animera une conférence sur les liens historiques et les affinités musicales dans l’océan Indien. Plus d’infos : www.adem.ch. 6 Le Deba chez Ocora Le Deba de Mayotte (chœur polyphonique féminin reprenant des danses et des chants traditionnels soufis) avait remporté le prix France Musique des Musiques du Monde au Babel Med Music de Marseille en 2009. Un prix qui leur offrait la possibilité d’enregistrer un album aux frais de la « Maison ronde » sur le label Ocora de Radio France. Pour l’occasion, Françoise Degeorges (productrice de l’émission Couleurs du monde sur France Culture) s’est rendue à Mayotte, début décembre, avec son technicien Charles Le Gargasson et Yann Costa (Zong) pour assurer la prise de son. La galette a bien été enregistrée et a été présentée au Babel Med Music 2010 tout récemment. Elle devrait être disponible dans les bacs d’ici quelques semaines. Le PRMA est étroitement associé à cette opération puisque l’opus est produit en partenariat avec le label Takamba. Plus d’infos : Serge Noël-Ranaivo (chez Ocora) : 01 56 40 38 04 ou www.radiofrance.fr/francemusique. 6 La SACEM à Mayotte : ça marche ! Michel Mey, le délégué régional, l’avait annoncé dès son arrivée à la Réunion : la Sacem devait être plus présente à Mayotte ! C’est chose faite depuis l’an dernier, puisque une permanence y a été ouverte le 1er mars 2009. Provisoirement installée à Kawéni, la société est désormais hébergée au 5/5, un bar très connu de Mamoudzou. Cécile Pelourdeau (notre photo) y assure par ailleurs le relais de la Sacem sur le terrain. Les responsables réunionnais (Michel Mey, Amandine Fontaine et Pierre Chardon) s’y déplacent tous les deux mois et demi pour une semaine de permanence au plus près du terrain. « Tout reste à faire, explique Pierre Chardon. Jusqu’en juillet, il n’y avait guère que RFO qui payait ses droits d’auteur. Depuis, nous avons amorcé un gros travail de pédagogie auprès des diffuseurs. Quant aux artistes, ils sont séduits. La plupart ne s’exportent pas ou très peu. L’enjeu est de faire en sorte qu’ils perçoivent effectivement des droits d’auteur pour leurs prestations dans l’île. Et ça marche ! La preuve, il y avait 50 sociétaires à notre arrivée. Aujourd’hui, ils sont une centaine et le mouvement s’amplifie. » La prochaine permanence aura lieu mi-avril : rendez-vous au 5/5 ! Contacts Sacem : 02 62 94 82 22 ou www.sacem.fr. OP 16