Armistice du 8 mai 1945 - Commémoration Le Conseil municipal

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Armistice du 8 mai 1945 - Commémoration Le Conseil municipal
Armistice du 8 mai 1945 - Commémoration
Le Conseil municipal, les anciens combattants, et moi-même
sommes heureux de vous accueillir place de la Résistance pour cette
commémoration de l’armistice du 8 mai 1945.
Remerciements des présents :
- Les Elus (conseiller général…),
- Les Associations d’anciens combattants,
- Les représentants du Corps des Sapeurs-Pompiers,
- Les JSP et leurs familles,
- Les représentants de la Gendarmerie Nationale,
- La Police Municipale,
- Les représentants des administrations territoriales,
- Les enfants des écoles et les enseignants
- Merci enfin à la population Vallonnaise, à nos compatriotes
Français mais aussi de toutes nationalités présents à cette
cérémonie.
Mesdames, Messieurs,
A la mémoire de ceux qui ont combattu pour notre indépendance et
notre liberté, au cours de la Seconde Guerre mondiale, qui a pris fin le
8 mai 1945, et en hommage aux victimes de tous les conflits, passés et
présents, je vous propose d’observer une minute de silence.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Comme chaque année, nous voici réunis pour la commémoration de la
fin de la Seconde Guerre mondiale.
La débâcle de 1940 a touché chaque ville et chaque village, l'un après
l’autre, durant des semaines ; les combattants n'ont pu repousser
longtemps les assauts de l'envahisseur.
Ensuite, pendant de longs mois, sous l’occupation ennemie, la France
a officiellement été coupée par la ligne de démarcation, en deux
moitiés inégalement traitées.
Quand le temps de la Libération est venu, il a fallu des semaines de
bataille acharnée pour parvenir des côtes de Normandie et du Midi
jusqu’aux frontières de l’Est. Beaucoup de soldats ont été victimes de
leur courage et de leur engagement pour défendre et libérer notre pays.
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Pour remporter la victoire, le rôle des combattants de la liberté
venus des Etats-Unis, de Grande Bretagne, du Commonwealth et
les sacrifices de tant d’autres nations ont été décisifs et nous leur
renouvelons toute notre gratitude.
Certains, voulant défendre la liberté, sont allés combattre dans
l’ombre : on les appelait les résistants.
Ces combattants ont été courageux et utiles pour notre pays.
Notre département et notre commune ont été des hauts lieux de la
Résistance, comme en témoigne le nom de cette place, ou la rue des
Maquisards.
Les plus anciens encore présents se souviennent de cette date de la
libération ou, selon les circonstances, de la date de leur retour de
captivité, ou du retour d’un proche.
A vrai dire, la fin officielle de la guerre fut certainement un grand
soulagement pour les familles qui avaient un combattant dans les
armées alliées, et pouvaient cesser de trembler pour lui ;
Elle fut aussi un événement pour les combattants eux-mêmes,
naturellement. Mais pour le pays tout entier, elle ne marqua pas la fin
des privations, qui se révélèrent loin d’être résolues, et pendant des
années on continua de s’accommoder comme on le pouvait des villes
en ruines et des voies de communication saccagées.
Beaucoup trop de Français, jeunes, vieux, parents, civils ou militaires,
y ont perdu leurs vies, subissant la guerre, tués au hasard des bombes,
des balles de l’ennemi ou encore par la haine que transportait
l’idéologie nazie.
Notre village n’a pas échappé aux drames de la guerre.
Etant né plus de 10 ans après la fin de cette tragédie, je n’ai pas connu
cette époque.
Ce sont donc les souvenirs de membres de ma famille et des
témoignages d’amis qui reviennent à ma mémoire et je voudrai vous
en faire part aujourd’hui:
Comme beaucoup de familles vallonnaises, dont le nom est inscrit
dans le marbre du monument aux morts, la mienne a été aussi touchée.
Mon Grand-père Henri Peschier a trouvé la mort ainsi que d’autres
habitants, pendant le bombardement de notre village en aout 1944.
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D’autres Vallonnais furent grièvement blessés.
Comment s’imaginer cela aujourd’hui ?
Comment imaginer un bombardement sur notre pays, nos villes, en
particulier pour les plus jeunes qui n’ont connu que la paix sur notre
vieux continent européen ?
Mon autre grand-père Emile Ozil, premier adjoint au maire qui faisait
« fonction de Maire » après la démission de Sully Eldin en 1940.
Durant la période de guerre, il n’y avait pas d’élections, le préfet
nommait arbitrairement des élus pour assurer la fonction de maire
lorsque celui-ci quittait ses fonctions.
A cette époque, il ne faisait pas bon à s’opposer au dictat imposé par
les forces d’occupation et aux français qui collaboraient avec eux.
Pour un maire, il était alors dangereux de refuser un certificat de
bonne conduite à un habitant peu scrupuleux ou protéger des familles
juives en les prévenant d’une rafle imminente.
La tactique consistait à les faire aliter et qu’ils feignent d’être malades
afin qu’ils ne soient pas arrêtés, souvent avec l’aide du médecin local
(car l’on n’arrêtait pas les malades). Mon grand-père m’a cité la
famille d’un tailleur juif domicilié au Mas des aires qui avait ainsi pu
être sauvée. Toutes ces actions, bien entendu déplaisaient aux
administrations françaises et allemandes collaborant aux forces
Nazies.
Alors sans hésiter, on arrêtait, on torturait, on déportait et parfois l’on
exécutait ceux qui ne voulaient pas se soumettre.
Ne voulant renoncer à ses convictions, mon grand-père Emile Ozil fut
arrêté, torturé et emprisonné, sa maison saccagée par les nazis, et sa
famille menacée fut obligée de fuir.
Ces hommes avaient parfois connu la première guerre mondiale et ses
atrocités. Discrets et pudiques ils n’étaient guère plus bavards sur leur
vécu durant cette période noire de 1939 et 1945.
Comme moi, beaucoup d’entre vous ont fini par avoir connaissance de
ces témoignages, tout aussi poignants les uns que les autres.
Grâce à la télévision, au cinéma, aux écrits, aux musées, ceux qui
n’ont pas connu de témoins directs peuvent se faire une idée de
combien cette époque a pu être difficile à traverser.
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Dans toutes les péripéties de son déroulement, cette guerre a laissé des
traces indélébiles pour ceux qui l’ont connue, et plus encore pour ceux
qui en ont été des victimes directes.
Un jour enfin, après des années de souffrance, grâce au courage et au
sacrifice de milliers d’hommes et de femmes la guerre a pris fin.
Et ces temps meilleurs sont venus après le 8 mai 1945 et la défaite
nazie.
Une nation, une démocratie comme la nôtre se doit de célébrer
officiellement la fin d’une guerre qui a autant marqué son histoire.
Les commémorations sont nécessaires pour ne rien oublier.
C’est pourquoi nous sommes réunis aujourd’hui, comme chaque
année depuis 69 ans.
C’est maintenant au tour de la jeunesse européenne de prendre le
relais de nos aînés pour qu’il n’y ait pas d’oubli en guettant le retour
de l’horreur.
Le devoir de mémoire, qui est celui de tous, sera de combattre, tous
unis, contre les idéologies extrêmes, d’où qu’elles viennent.
Au cours les mois et des semaines que nous venons de vivre, de
nouveaux foyers de guerre sont nés, y compris en Ukraine, aux portes
de l’Europe ou en Afrique ou nos armées sont intervenues. Des pays
ont été annexés, certains dirigeants aux allures de dictateurs ou
extrémistes religieux radicaux avec des accents de guerre sainte,
manient le chaud et le froid non sans un certain cynisme.
Des gens souffrent comme nous avons souffert par le passé !
Nos gouvernants et les dirigeants des pays dits démocratiques ont
répondu par des actes à ces situations toujours difficiles à cerner
comme durant les années qui ont précédé 1939. Ils disposent, il faut le
reconnaitre, d’une marge d’action étroite, et les choix sont difficiles à
faire, entre intervention militaire directe ou dans le cadre de l’ONU ou
encore en réalisant des pressions politiques et économiques.
Le plus souvent, c’est heureusement grâce à la diplomatie que se sont
apaisés la plupart des conflits naissants.
Mais jusqu’à quand ?
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Soyons vigilants, l’histoire nous rappelle que les évènements peuvent
basculer très vite et que nul ne sait alors comment les choses vont
finir, d’autant que les armes sont si nombreuses et monstrueuses par
l’ampleur des dégâts qu’elles peuvent occasionner.
N’oublions jamais : les idées qui sèment la discorde et l’horreur seront
toujours présentes dans le monde et dans nos sociétés.
Au nom du souvenir, guettons-les, traquons-les, dénonçons-les avant
qu’elles ne grandissent trop et ne ramènent les ténèbres.
Soyons les résistants de la paix au sein de l’Europe.
Voilà quel est notre combat du souvenir.
Vive la République, vive la liberté, vive la paix.
Le Maire,
Pierre PESCHIER
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