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VETAGRO SUP CAMPUS VETERINAIRE DE LYON Année 2011 - Thèse n° BESOINS ET ADAPTATION DE LA LOUTRE EUROPEENNE (Lutra lutra) A LA VIE EN CAPTIVITE THESE Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 11 Juillet 2011 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire par HIRTZMANN Hélène Née le 19 Décembre 1986 à Thionville (57) 2 VETAGRO SUP CAMPUS VETERINAIRE DE LYON Année 2011 - Thèse n° BESOINS ET ADAPTATION DE LA LOUTRE EUROPEENNE (Lutra lutra) A LA VIE EN CAPTIVITE THESE Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 11 Juillet 2011 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire par HIRTZMANN Hélène Née le 19 Décembre 1986 à Thionville (57) 3 4 LISTE DES PROFESSEUR SUR LE CAMPUS VETERINAIRE VetAgro Sup 5 6 REMERCIEMENTS A Monsieur le Professeur Emérite Berland, De la faculté de médecine de Lyon, Qui m’a fait l’honneur d’accepter la présidence de mon jury de thèse, A Monsieur le Professeur Berny, Du campus vétérinaire de VetAgro Sup de Lyon, Qui m’a fait l’honneur de superviser son travail, A Monsieur le Professeur Artois, Du campus vétérinaire VetAgro Sup de Lyon, Qui m’a fait l’honneur de participer à mon jury de thèse, Sincères remerciements et hommages respectueux. 7 8 Au Dr Lahoreau et à toute l’équipe du Parc de Sainte Croix, Sans qui je n’aurais pu élaborer ce travail et avec qui j’ai pu partager de belles expériences. Aux Dr Maillot Alexis et Alerte Vanessa ainsi qu’à toute l’équipe animalière du zoo d’Amnéville, Qui m’ont fait connaitre et partager leur métier et leur univers. Je remercie aussi le Dr Capber Facbrice, Alex Lehmann et J.C.Renaud du Parc d’Hunawihr, Pour leurs réponses à mes questions et leurs conseils. Enfin je remercie tous ceux qui ont pris le temps de répondre à mon questionnaire. A mes parents et mes grands parents, Pour m’avoir toujours soutenue. Merci maman pour la relecture. A Régis, Qui a supporté ces années de stress et ces périodes de partiels… A mes amies rencontrées ici, Pour les bons moments passés et pour tout ce qu’on a partagé au cours de ces années en amphi, en clinique ou ailleurs. A mes ami(e)s de l’Est, Avec qui j’ai partagé beaucoup de choses depuis de plus ou moins longues années. 9 10 SOMMAIRE REMERCIEMENTS 7 SOMMAIRE 11 TABLE DES MATIERES DES ILLUSTRATIONS 15 TABLE DES MATIERES DES ANNEXES 18 TABLE DES MATIERES DES FICHES PRATIQUES 19 INTRODUCTION 21 1. CARACTERISTIQUESDE L’ESPECE LUTRA LUTRA 23 1.1. CLASSIFICATION 1.1.1. POSITION DANS LE REGNE ANIMAL 1.1.2. LES MUSTELIDES 1.1.3. LES DIFFERENTES ESPECES DE LOUTRES DANS LE MONDE 1.1.4. LE STATUT DE PROTECTION 1.2. DONNEES MORPHO-ANATOMIQUES 1.2.1. ANATOMIE EXTERNE 1.2.2. ANATOMIE INTERNE 1.3. DONNEES PHYSIOLOGIQUES 1.3.1. LONGEVITE 1.3.2. DONNEES DE L’EXAMEN CLINIQUE 1.3.3. DONNEES BIOCHIMIQUES 1.3.4. DONNEES CYTOLOGIQUES 1.3.5. DONNEES HEMATOLOGIQUES 1.4. DONNEES COMPORTEMENTALES 1.4.1. L’HABITAT DE LUTRA LUTRA 1.4.1.1. LES PARTIES AQUATIQUES DE L’HABITAT 1.4.1.2. LES GITES 1.4.2. L’UTILISATION DE L’HABITAT EN LIEN AVEC L’ORGANISATION SOCIALE 1.4.2.1. DIMENSIONS DE L’HABITAT 1.4.2.2. L’ORGANISATION SOCIALE 1.4.3. LE MODE D’ALIMENTATION 1.4.4. LA COMMUNICATION 1.4.4.1. LES CRIS 1.5. LA REPRODUCTION 23 23 24 25 31 35 35 40 45 45 45 45 46 47 47 47 47 48 48 48 49 50 50 50 52 11 1.5.1. DONNEES CHIFFREES SUR LA SEXUALITE 1.5.2. L’ACCOUPLEMENT 1.5.2.1. LA PARADE AMOUREUSE 1.5.2.2. L’ACCOUPLEMENT PROPREMENT DIT 1.5.3. LA GESTATION 1.5.3.1. CARACTERISTIQUES DE LA GESTATION 1.5.3.2. RECONNAITRE LA GESTATION 1.5.4. LA MISE-BAS 1.5.4.1. LES PORTEES 1.5.4.2. LES ETAPES DE LA MISE BAS 1.5.4.2.1. LES PRODROMES 1.5.4.2.2. LA MISE-BAS PROPREMENT DIT 1.5.4.2.3. LA DELIVRANCE 1.5.5. LA LACTATION ET LE DEBUT DE VIE DES LOUTRONS 1.5.6. LA COMPOSITION DU LAIT CHEZ LA LOUTRE EUROPEENNE 1.5.7. LE SEVRAGE 52 54 54 55 56 56 56 56 56 57 57 57 57 57 57 58 2. ADAPTER LE MILIEU DE CAPTIVITE AUX BESOINS DE LUTRA LUTRA 59 2.1. CONCEPTION ET AMENAGEMENT DE L’ENCLOS 2.1.1. ORGANISATION ET SUPERFICIE DES ENCLOS 2.1.2. TOPOGRAPHIE DES ENCLOS 2.1.2.1. LE RAPPORT EAU/TERRE 2.1.2.2. AMENAGEMENT DU SOL 2.1.2.3. LA VEGETATION 2.1.3. CLOTURE DE L’ENCLOS 2.1.4. LES ABRIS 2.1.5. LES CATICHES 2.1.5.1. REGLES DE BASE ET CONSTRUCTION 2.1.5.2. AMENAGEMENT INTERIEUR 2.1.5.3. POSITIONNEMENT ET ACCES 2.2. QUALITE DE L’ENVIRONNEMENT 2.2.1. TEMPERATURE 2.2.2. HUMIDITE 2.3. LE BASSIN 2.3.1. MESURES ET DISPOSITION 2.3.2. CONTRAINTES MECANIQUES ET CLIMATIQUES. 2.3.3. QUALITE DE L’EAU 2.3.4. LES DEUX GRANDS TYPES DE BASSINS 2.3.5. LES METHODES DE FILTRATION 2.3.6. LES POMPES DE REPRISE D’EAU 2.3.7. LES METHODES DE STERILISATION 2.3.8. LE PROBLEME DES ALGUES 2.4. LES LOCAUX TECHNIQUES 2.5. LA GESTION DU OU DES GROUPES D’INDIVIDUS 59 59 60 60 60 61 61 64 65 65 65 66 66 66 67 67 67 68 69 70 71 72 73 73 73 74 12 2.5.1. LES GROUPES SOCIAUX 2.5.2. INTEGRATION D’UN NOUVEL ARRIVANT 2.5.3. RELATIONS MALE ET FEMELLE 2.5.4. ELEVAGE DES LOUTRONS 2.6. ETABLISSEMENT DE RATIONS ADAPTEES 2.6.1. COMPARAISON ENTRE LES RATIONS DES PARCS ET L’ALIMENTATION NATURELLE DE LUTRA LUTRA 2.6.2. LES RISQUES DE CARENCES 2.6.3. BESOINS QUOTIDIENS EN CAPTIVITE 2.6.4. LES RATIONS PROPOSEES DANS LES PARCS EN FRANCE 2.7. L’ENRICHISSEMENT DU MILIEU 2.7.1. LA NOURRITURE 2.7.2. LES ELEMENTS DU DECOR 2.7.3. LES RELATIONS AVEC LES SOIGNEURS ET LE « TRAINING » 2.8. LA PRESENTATION AU PUBLIC 2.8.1. SENSIBILISATION A LA PROTECTION 2.8.2. LA VISION DANS L’ENCLOS 2.8.3. L’OBSERVATION DES LOUTRES DANS LES CATICHES 2.8.4. LES SPECTACLES 2.9. LES PROGRAMMES D’ELEVAGE EN EUROPE : EEP ET STUDBOOK 2.9.1. DEFINITIONS 2.9.2. OBJECTIFS 2.9.3. LES DIFFICULTES DE L’EEP 2.9.4. PARTICIPANTS ET RESPONSABLES ACTUELS DE L’EEP DE LUTRA LUTRA 74 74 74 75 77 77 78 78 78 79 79 80 80 80 80 82 82 83 83 83 84 84 84 3. SOINS VETERINAIRES A APPORTER A L’ESPECE LUTRA LUTRA 87 3.1. LES TRAUMATISMES 3.1.1. LES TRAUMATISMES DITS « LEGERS » 3.1.2. LES TRAUMATISMES DITS « GRAVES » 3.2. LES LESIONS DENTAIRES 3.3. LES LESIONS DE MORSURES 3.4. LES UROLITHIASES 3.5. LES CARENCES ALIMENTAIRES 3.5.1. L’HYPOVITAMINOSE A 3.5.2. L’HYPOVITAMINOSE B OU CARENCE EN THIAMINE 3.5.3. L’HYPOVITAMINOSE E 3.5.4. LES AUTRES CARENCES 3.5.5. LES TECHNIQUES DE COMPLEMENTATION 3.6. LES TROUBLES OPHTALMIQUES CHEZ LUTRA LUTRA 3.6.1. LES LESIONS CORNEENNES 3.6.2. LA DYSPLASIE RETINIENNE 3.6.3. LES PNEUMONIES 3.6.4. LES INFECTIONS BACTERIENNES 3.6.5. LES MALADIES VIRALES 3.6.6. LES MALADIES PARASITAIRES ET FONGIQUES 87 87 87 88 88 88 89 89 89 90 90 90 91 91 91 92 92 95 97 13 3.7. RECAPITULATIF DES MALADIES INFECTIEUSES CHEZ LUTRA LUTRA 3.8. LES MOLECULES UTILISABLES CHEZ LUTRA LUTRA ET LEURS POSOLOGIES 3.8.1. LES TRAITEMENTS ANTIBIOTIQUES 3.8.2. LES TRAITEMENTS ANTI-INFLAMMATOIRES, ANTI-DOULEURS ET ANTI-SPASMODIQUES 3.8.3. LES TRAITEMENTS ANTIPARASITAIRES 3.9. ADMINISTRATION DES TRAITEMENTS 3.10. LA PREVENTION DES MALADIES INFECTIEUSES CHEZ LUTRA LUTRA EN CAPTIVITE 3.10.1. PROPHYLAXIE SANITAIRE 3.10.2. PROPHYLAXIE MEDICALE 3.11. LES PATHOLOGIES GENITALES CHEZ LE MALE 3.12. LES PATHOLOGIES DE LA REPRODUCTION 3.12.1. LES PATHOLOGIES TOUCHANT LA FEMELLE 3.12.2. LA MORTINATALITE CHEZ LES LOUTRONS 3.13. LA CONTENTION DE LUTRA LUTRA DANS LE CADRE DES SOINS 3.13.1. LA CONTENTION PHYSIQUE 3.13.2. LA CONTENTION CHIMIQUE 101 103 103 104 105 105 106 106 106 107 108 108 108 109 109 112 CONCLUSION 120 BIBLIOGRAPHIE 122 ANNEXES 131 FICHES PRATIQUES 143 14 TABLE DES MATIERES DES ILLUSTRATIONS Figure 1 : Quelques photos de Mustélidés............................................................................................ 25 Figure 2 : Photo de Lutra felina ............................................................................................................. 28 Figure 3 : Photo d’Enhydra lutris ........................................................................................................... 28 Figure 4 : Photo de Lutra canadensis .................................................................................................... 29 Figure 5 : Photo de Lutra longicaudis .................................................................................................... 29 Figure 6 : Photo de Lutra provocax ....................................................................................................... 30 Figure 7 : Photo de Pteronura brasiliensis............................................................................................. 30 Figure 8 : Photo d’Aonyx cinerea........................................................................................................... 31 Figure 9 : Aire de répartition géographique de Lutra lutra dans le monde .......................................... 31 Figure 10 : Les statuts de protection sur la liste rouge de la CITES....................................................... 32 Figure 11 : Répartition de Lutra lutra en Europe .................................................................................. 33 Figure 12 : Cartes retraçant l’évolution de la population de Lutra lutra en France au cours du temps34 Figure 13 : Pyramide de concentration des toxiques au sein de la chaine alimentaire ........................ 34 Figure 14 : Localisation des vibrisses sur la loutre ................................................................................ 38 Figure 15 : Comparaison des squelettes chez un chien, une loutre et un pinnipède ........................... 39 Figure 16 : Patte de loutre..................................................................................................................... 39 Figure 17 : Denture et crâne de Lutra lutra .......................................................................................... 40 Figure 18 : Appareil uro-génital d’une loutre européenne mâle .......................................................... 41 Figure 19 : Appareil uro-génital d’une loutre européenne femelle ...................................................... 42 Figure 20 : Vue latérale globale du squelette de Lutra lutra ................................................................ 43 Figure 21 : Radiographie de face et de profil montrant l’anatomie vertébrale de Luta lutra .............. 44 Figure 22 : Radiographie des membres antérieurs (à droite) et postérieurs (à gauche) ...................... 44 Figure 23 : Représentation schématique en coupe d’une catiche ........................................................ 48 Figure 24 : Exemple d’alimentation de Lutra lutra dans le massif central............................................ 50 Figure 25 : Intensité des communications entre les différents individus ............................................. 51 Figure 26 : Les différentes glandes de marquage chez Lutra lutra ....................................................... 52 Figure 27 : Pourcentage de femelles à la reproduction en fonction de l’âge ....................................... 53 Figure 28 : répartition des naissances de loutrons selon les saisons dans différentes régions ............ 53 Figure 29 : Pourcentage de femelles pleines, en lactation ou en phase de repos sexuel selon la saison ............................................................................................................................................................... 54 Figure 30 : Accouplement sur terre....................................................................................................... 55 Figure 31 : Accouplement dans l’eau .................................................................................................... 55 Figure 32 : Schéma de l’enclos des loutres au zoo d’Amnéville ............................................................ 60 Figure 33 : Photographie représentant la topographie et la végétation de l’enclos à loutres au zoo d’Amnéville ............................................................................................................................................ 61 Figure 34 : Hauteurs des sauts de Lutra lutra ....................................................................................... 62 Figure 35 : Clôture de l’enclos des loutres européennes au Parc Phoenix de Nice .............................. 63 Figure 36 : Clôture électrique sur tout le pourtour de l’enclos des loutres au zoo d’Amnéville .......... 63 Figure 37 : Schéma de clôture ............................................................................................................... 64 Figure 38 : Exemple d’abri artificiel pour Lutra lutra dans un enclos visible du public ........................ 64 15 Figure 39 : Catiche à compartiment élaborée par les soigneurs du parc d’Hunawihr et utilisée pour les loutres européennes ............................................................................................................................. 65 Figure 40 : Catiche pour les loutres canadiennes au zoo d’Amnéville .................................................. 66 Figure 41 : Photo du bassin à loutres du zoo d’Amnéville .................................................................... 67 Figure 42 : Fond du bassin de Lutra lutra en galets naturels au Parc Phoenix de Nice ........................ 68 Figure 43 : Schéma du système à flux ouvert........................................................................................ 70 Figure 44 : Schéma du système à flux fermé......................................................................................... 70 Figure 45 : Eléments éliminés de l’eau en fonction du type de filtration employé .............................. 71 Figure 46 : Exemple de disposition des pompes lorsque le système de filtration est hors du bassin . 72 Figure 47 : Exemple de disposition des pompes lorsque le système de filtration est dans le bassin ... 72 Figure 48 : Graphique illustrant la croissance des mâles et des femelles au parc d’Hunawihr entre 0 et 6 mois. ................................................................................................................................................... 76 Figure 49 : Exemple de panneau pédagogique au parc des Pyrénées à Argelès Gazost ...................... 81 Figure 50 : Affiche de campagne de sensibilisation à la protection des carnivores ............................. 81 Figure 51 : Photos d’un enclos en « aquavision » offrant des refuges naturels aux animaux qui se sentent en sécurité et sont donc visibles sur terre et dans l’eau ......................................................... 82 Figure 52 : Cristaux d’urate d’ammonium vus au microscope .............................................................. 89 Figure 53 : Photo de Ctenocephalides felis............................................................................................ 97 Figure 54 : Photo d’un pou anoploure .................................................................................................. 98 Figure 55 : Photo comparative d’Ixodes Ricinus (à droite) et de Dermacentor (à gauche)................... 98 Figure 56 : Photo de Demodex .............................................................................................................. 98 Figure 57 : Photo de Sarcoptes scabiei (à gauche) et d’Otodectes cynotis (à droite) ........................... 99 Figure 58 : Cage à clapet ..................................................................................................................... 110 Figure 59 : Exemple de catiche compartimentée utilisée à Hunawihr ............................................... 111 Figure 60 : Autre catiche compartimentée ......................................................................................... 111 Figure 61 : Cage de contention avec un toit mobile permettant de plaquer la loutre au fond de la cage ............................................................................................................................................................. 112 Figure 62 : Saturation sanguine moyenne en O2 en fonction du temps chez Lutra lutra après anesthésie kétamine-médétomidine .................................................................................................. 113 Figure 63 : Fréquence cardiaque moyenne en fonction du temps chez Lutra lutra après une anesthésie kétamine-médétomidine .................................................................................................. 114 16 Tableau 1 : Tableau de classification récapitulant la position des mustélidés dans le règne animal ... 23 Tableau 2 : Les Mustélidés .................................................................................................................... 24 Tableau 3 : Tableau comparatif des 3 classifications des loutres selon les genres et espèces............. 26 Tableau 4 : Poids et taille des loutres européennes selon quelques auteurs ....................................... 36 Tableau 5 : Comparaison de la densité des poils de certaines espèces ................................................ 36 Tableau 6 : Importance des différents poils selon les espèces terrestres et aquatiques ou semi aquatiques ............................................................................................................................................. 37 Tableau 7 : Norme de taille et de poids du baculum selon l’âge .......................................................... 41 Tableau 8 : Dimensions des différentes parties de l’appareil génital d’une loutre européenne femelle ............................................................................................................................................................... 42 Tableau 9 : Valeurs physiologiques remarquables lors de l’examen clinique de Lutra lutra................ 45 Tableau 10 : Valeurs biochimiques de référence chez Lutra lutra en comparaison des données canines et félines ................................................................................................................................... 46 Tableau 11 : Données hématologiques de référence chez Lutra lutra en comparaison des données canines et félines ................................................................................................................................... 47 Tableau 12 : Estimation de l’étendue des territoires de Lutra lutra d’après deux auteurs .................. 49 Tableau 13 : Description des différents cris de Lutra lutra selon certains auteurs............................... 51 Tableau 14 : Comparaison de la composition du lait de la loutre européenne, du lait de vache, du lait de chienne et du lait humain en pourcentage. ..................................................................................... 57 Tableau 15 : Technique d’allaitement artificiel et de sevrage des loutrons au parc d’Hunawihr........ 75 Tableau 16 : Gain de poids des loutrons en fonction de l’âge .............................................................. 75 Tableau 17 : Apparition de certains sens et développement de quelques comportements chez les loutrons en fonction de l’âge ................................................................................................................ 76 Tableau 18 : Calories ingérées par des loutres européennes selon le sexe et la saison (en KJ/Kg/j) ... 78 Tableau 19 : Supplémentations envisageables chez Lutra lutra ........................................................... 90 Tableau 20 : Tableau étiologique des pneumonies chez Lutra lutra .................................................... 92 Tableau 21 : Importance, localisation et signes cliniques associés à différents endoparasites chez Lutra lutra ............................................................................................................................................ 100 Tableau 22 : Les maladies infectieuses de Lutra lutra ; fréquence, gravité, symptômes, traitement et prévention. .......................................................................................................................................... 101 Tableau 23 : Quelques traitements antibiotiques chez Lutra lutra .................................................... 103 Tableau 24 : Les traitements anti-inflammatoires chez Lutra lutra .................................................... 104 Tableau 25 : Les antiparasitaires utilisables sur Lutra lutra ................................................................ 105 Tableau 26 : Caractéristiques de quelques protocoles anesthésiques ............................................... 115 Tableau 27 : Fiche technique d’aide à la capture, à la contention et à l’anesthésie de Lutra lutra ... 117 17 TABLE DES MATIERES DES ANNEXES Annexe 1 : Article 3 de la convention de Washington « Réglementation du commerce des espèces inscrites à l’annexe I » ......................................................................................................................... 131 Annexe 2 : Partie des annexes I, II et III de la convention de Washington montrant le classement de Lutra lutra en annexe I ........................................................................................................................ 132 Annexe 3 : Définitions des catégories de la liste rouge de la CITES .................................................... 132 Annexe 4 : Chapitre III, Article 6 de la convention de Berne « Mesures de conservation des espèces de l’annexe II » ......................................................................................................................................... 133 Annexe 5 : Liste des carnivores en Annexe II de la convention de Berne ........................................... 133 Annexe 6 : Questionnaire envoyé aux parcs zoologiques français possédant des loutres européennes ............................................................................................................................................................. 134 Annexe 7 : Exemples de réponses obtenues au questionnaire .......................................................... 136 Annexe 8 : Ration proposée aux loutres asiatiques et canadiennes au Zoo d’Amnéville................... 141 18 TABLE DES MATIERES DES FICHES PRATIQUES Fiche 1 : Position de Lutra lutra dans le règne animal ........................................................................ 143 Fiche 2 : « Fiche technique de la loutre européenne » ....................................................................... 144 Fiche 3 : L’alimentation de Lutra lutra ................................................................................................ 145 Fiche 4 : L’habitat de Lutra lutra ......................................................................................................... 146 Fiche 5 : L’organisation sociale de Lutra lutra ..................................................................................... 147 Fiche 6 : Données pratiques concernant la reproduction de Lutra lutra ............................................ 148 Fiche 7 : Moments clefs dans la gestation et la mise bas chez la loutre européenne ........................ 149 Fiche 8 : Courbe de poids entre 0 et 6 semaines des loutrons en captivité ....................................... 150 Fiche 9 : Apparition des différents sens et comportements en fonction de l’âge des loutrons ......... 150 Fiche 10 : Nourrir des loutrons ............................................................................................................ 151 Fiche 11: Fiche technique de capture et d’anesthésie de Lutra lutra ................................................. 152 Fiche 12 : Bilan de santé annuel des loutres européennes en captivité ............................................. 154 Fiche 13 : Valeurs utiles lors d’examens complémentaires chez Lutra lutra ...................................... 155 19 20 INTRODUCTION La loutre européenne est un des symboles de la protection des espèces en Europe. Depuis la fin du 19ème siècle sa population en Europe de l’ouest et en particulier en France n’a cessé de diminuer ; au milieu des années 80 l’espèce est même considérée comme disparue dans la plupart des régions française. C’est aussi à cette période qu’apparaissent les premiers centres d’élevage, ayant pour but de réintroduire des individus dans leur milieu naturel. Aujourd’hui, l’élevage de loutres en parc animalier fait partie intégrante de la protection de l’espèce. Cet élevage se développe de plus en plus. Chaque année de nouveaux parcs adoptent des individus dans le but de créer et d’élever un groupe de loutres européennes. Si les données d’élevage sur ses cousines canadiennes ou asiatiques sont nombreuses, il existe moins de ressources sur la loutre européenne. En rassemblant des données bibliographiques et des expériences de terrain, ce travail a pour but de construire un recueil pratique et technique sur l’élevage de loutres européennes dans les zoos en France. Pour comprendre comment élever cette espèce, il faut d’abord connaître son mode de vie et ses besoins in-situ afin de les recréer au mieux ex-situ. La première partie est donc consacrée à la vie de la loutre européenne dans son milieu naturel puis les deux parties suivantes décrivent les besoins et les éléments à mettre en œuvre dans un parc pour le bien être des individus. Les « fiches pratiques » sont elles destinées à guider les parcs dans leur travail au quotidien avec les loutres européennes. 21 22 1. CARACTERISTIQUES DE L’ESPECE Lutra lutra 1.1. Classification 1.1.1. Position dans le règne animal Les loutres appartiennent à la classe des Mammifères, à l’ordre des Carnivores, au sous ordre des Fissipèdes, à la famille des Mustélidés, à la sous famille des Lutrinae. (CITES) (T.A.Davis, 1978) La loutre européenne appelée aussi loutre eurasiatique appartient à l’espèce lutra et à la sous espèce lutra ; son type est donc désigné par l’appellation Lutra lutra lutra. Tableau 1 : Tableau de classification récapitulant la position des mustélidés dans le règne animal (Tableau personnel) 23 1.1.2. Les Mustélidés La famille des Mustélidés regroupe des animaux très variés que ce soit par leur taille, leur mode de vie ou leur alimentation, on y trouve aussi bien des animaux sauvages que domestiques. Cette famille regroupe 4 sous familles (J.F.Moran, 1999) : • Les Mustelinae : sous famille regroupant le plus grand nombre d’espèces (33 au total) on y retrouve retrouve les visons, les fouines... • Les Mellivorinae : sous famille ne regroupant qu’une espèce : les ratels. • Les Melinae : sous famille regroupant 8 espèces de blaireaux. • Les Lutrinae : sous famille regroupant les différentes loutres que nous détaillerons par la suite. Tableau 2 : Les Mustélidés (Tableau personnel) Mustelinae Mellivorinae Mustelidae Melinae Lutrinae 1.1.2.1. Les Mustélidés sauvages Le blaireau, la belette, la martre, l’hermine, la fouine, le vison, la moufette, le ratel, la zibeline, la zorille et le putois appartiennent comme la loutre à la famille des Mustélidés et illustrent la diversité de cette famille. (M.E.Fowler & E.Miller, 2005) (F.Capber., 1997) 24 1 = Loutre, 2 = Vison, 3 = Moufette, 4 = Furet putoisé, 5 = Hermine, 6 = Belette (La buvette des alpages, 2010) Figure 1 : Quelques photos de Mustélidés On voit, ici, morphologique. 1.1.2.2. que la famille des Mustélidés présente une grande hétérogénéité Les Mustélidés domestiques Le furet est lui aussi un animal de la famille des Mustélidés (M.E.Fowler & E.Miller, 2005) . 1.1.3. Les différentes espèces de loutres dans le monde La classification des années : • • • genres et espèces de loutres a souvent été modifiée au cours des Harris en proposa une en 1968, Puis se fut le tour de Davis en 1978, Corbet et Hill en réalisèrent une dernière en 1980. 25 Tableau 3 : Tableau comparatif des 3 classifications des loutres selon les genres et espèces (M.C.Vitaud, 1991) (T.A.Davis, 1978) (F.Capber., 1997) Corbet et Hill Davis Harris Lutra lutra Lutrini Lutra l. lutra Lutra lutra Lutra lutra aurobrunnea Cri de contact L.l. barang monosyllabique L.l. chinensis Cri d’affection L.l. kutab Cri d’anxiéte L.l. meridionalis « Hah » L.l. monticola Baculum en L.l. seistanica forme de L.l. nair crosse de Lutra sumatrana L.l. sumatrana hockey L.c. canadensis Lutra canadensis Lutra Au repos penis canadensis L.c. canadensis brevipilous Lutra longicaudis recouvert par L .c. chimo peau L .c. degener L .c. evexa L.c. extera L.c. interior L.c. kodiacsensis L.c. lataxina L .c. mira L.c. nexa L.c. optiva L.c. pacifica L.c. periclyzomae L.c. preblei L.c. sonora L.c. texensis L.c. vaga L.c. vancouverensis L.c. yukonensis L.a. annectens L.a. colombiana L.a. latidens L.a. parilina L.a. rependa L.e. enuris L.e. insularis L.e. mitis L. incarum L. mesopetes L. platensis Lutra provocax L. provocax 26 Lutra felina Lutra perspicillata Aonyx cinerea Aonyx capensis Aonyx congica Pterunora brasiliensis Enhydra lutris Lutra felina Lutrogale perspicillata Aonychini Cri de contact bisyllabique Pas de cri d’affection Baculum en forma de batte de base ball Au repos pénis forme bouton prépucial Aonyx cinerea Aonyx capensis Pterunora brasiliensis Enhydra lutris Hydrictis maculicollis Lutra maculicollis L. felina L.p. perspiciliatta L.p. maxwelli L.p. sindica Amblonyx cinerea concolor A.c. cinerea A.c. nirnai Aonyx capensis A.Microdon A.philippsi Pterurona.b. brasiliensis P.b. paranensis Enhydra.l. lutris E.l. nereis L.m. maculicollis L.m. chobiensis L.m. kivuana L.m. matschiei L.m. nilotica L.m. tenuis Hydrictini Cri d’anxiété «F» Baculum en forme de batte de base balle Au repos pénis entièrement recouvert Remarque : en italique sont précisés les critères utilisés pour la classification des Loutres En général on considère les quatre genres suivant, qui renferment 13 espèces au total : • Lutra dans lequel on trouvera 8 espèces. • Enhydra dans lequel on trouvera 1 espèce. • Pteronura dans lequel on trouvera 1 espèce. • Aonyx dans lequel on trouvera 3 espèces. Nous allons, présenter brièvement ci-dessous les espèces les plus importantes. 1.1.3.1. Les loutres d’eau salée 1.1.3.1.1. La loutre marine (Lutra felina) Sa taille varie entre 87 et 115 cm au total, avec une queue de 30 à 36 cm. Elle pèse de 3 à 6 kg. Son pelage est brun sur le dos et gris sur le ventre. On peut la trouver sur le littoral chilien ou péruvien et elle a un mode de vie exclusivement aquatique. 27 (Sakura, 2009) Figure 2 : Photo de Lutra felina 1.1.3.1.2. La loutre maritime (Enhydra lutris) Elle mesure entre 100 et 160 cm au total, avec une queue de 25 à 35 cm. Son poids varie entre 15 et 45 kg, elle est la loutre la plus lourde. Elle a aussi un pelage deux fois plus dense que les autres espèces. Elle vit dans l’océan Pacifique Nord en Californie et en Alaska. (Wikipédia,2011) Figure 3 : Photo d’Enhydra lutris 28 1.1.3.2. Les espèces d’eau douce 1.1.3.2.1. La loutre canadienne (Lutra canadensis) C’est l’espèce la plus nombreuse dans le monde, elle mesure entre 100 et 150 cm au total et sa queue mesure 30 à 40 cm. Elle pèse 8 à 12 kg. Son pelage brun est plus sombre sur le dos que sur le cou et le ventre. Elle vit au Canada et en Alaska essentiellement dans les rivières, lacs et marais mais aussi le long des cotes maritimes. (C.Antonini, 2006) Figure 4 : Photo de Lutra canadensis 1.1.3.2.2. La loutre à longue queue (Lutra longicaudis) Sa taille varie entre 90 et 130 cm, avec une queue de 37 à 57 cm. Elle pèse entre 9 et 15kg. De couleur brune claire sur le dos elle est de couleur crème sur le ventre et le cou. Elle ne fréquente que les zones d’eau douce, tels que les marais ou les rivières d’Amérique du Sud et Centrale. (C.Antonini, 2006) Figure 5 : Photo de Lutra longicaudis 29 1.1.3.2.3. La loutre du Chili (Lutra provocax) Mesurant entre 100 et 115 cm, avec une queue de 30 à 35 cm, elle pèse 5 à 14 kg. Elle a un pelage couleur café. On la trouve en Argentine ou au Chili dans les lacs et les rivières. (S.Ouaché, 2010) Figure 6 : Photo de Lutra provocax 1.1.3.2.4. La loutre géante du Brésil (Pteronura brasiliensis) Comme son nom l’indique c’est la plus longue des loutres mais aussi la plus bruyante. Elle est excessivement rare dans le monde. Elles pèsent de 22 à 35 kg et les mâles peuvent dépasser les deux mètres. Elle est de couleur chocolat mais son cou est tacheté. (E.Gaba, 2009) Figure 7 : Photo de Pteronura brasiliensis 1.1.3.2.5. La loutre cendrée (Aonyx cinerea) Mesurant entre 65 et 90 cm, elle fait figure de petite loutre par rapport aux autres espèces, sa queue mesure 30 cm. Son pelage varie entre le brun et le gris cendré. On l’a trouve en Inde, en Chine, à Java, à Sumatra, à Bornéo et au Bangladesh d’où son second nom de loutre asiatique. 30 (Source personnelle) Figure 8 : Photo d’Aonyx cinerea 1.1.4. Le Statut de protection 1.1.4.1. La répartition dans le monde et la Convention de Washington Aujourd’hui la loutre européenne vit sur une zone s’étendant de l’Europe à l’Asie en passant par l’Afrique du Nord. Selon certains auteurs, la loutre est d’autant plus rare dans une région que la densité humaine y est importante et l’agriculture intensive. (C.Bouchardy, R.Rosoux, & Y.Boulade, 2001) Figure 9 : Aire de répartition géographique de Lutra lutra dans le monde La convention de Washington ou CITES, rédigée le 30 avril 1973, inclus la loutre européenne dans son annexe I en 1976 (IUCN, 2010). Cette annexe regroupe les animaux dits « menacés d’extinction immédiate par le commerce » (Cf. Annexe 3). La loutre européenne fut inscrite sur la liste rouge de l’IUCN comme « vulnérable » en 1998. Aujourd’hui, elle est considérée comme « quasi menacée », en effet sa population est encore peu nombreuse mais se stabilise. On note une nette amélioration en Europe occidentale. 31 (IUCN, 2008) (Cf. Annexe 3) Figure 10 : Les statuts de protection sur la liste rouge de la CITES 1.1.4.2. La répartition en Europe et la Convention de Berne On peut actuellement établir 5 zones de répartition en Europe : • Le Royaume Uni et l’Irlande : La loutre y est commune. • La Scandinavie (Norvège, Suède et Finlande) : l’espèce y est en déclin. • L’Europe de l’Ouest (Danemark, Pays Bas, Belgique, Luxembourg, France, Italie, Suisse, Autriche) : la loutre a disparu dans certains endroit mais reste présente dans par zones isolées, la population se stabilise depuis quelques années. • L’Europe Orientale (Russie, Lettonie, Lituanie, Estonie, Biélorussie, Pologne, Allemagne, République Tchèque, Slovaquie, Ukraine, Hongrie, Roumanie, Slovénie, Croatie, Bulgarie, Albanie, Macédoine, Grèce, Turquie.) : les populations de loutres semblent stables. 32 (R.Rosoux & J.Green, La loutre, 2004) Figure 11 : Répartition de Lutra lutra en Europe La loutre européenne est inscrite sur l’Annexe II de la convention de Berne, ce qui en interdit la capture, la détention, l’abattage et le commerce (Cf Annexe 3). Il est aussi interdit de détruire ou de détériorer les sites de repos ou de reproduction de l’animal. Suite à cette convention l’Europe a rédigé la directive Natura 2000 qui pose les bases légales de la protection de la nature en Europe. La loutre appartient aux annexes II (qui rassemble les animaux qui doivent être protégés) et IV (listant la liste des animaux dont l’habitat doit être protégé) de cette directive. Cette directive applicable depuis 2004 vise à mettre en place des zones couloirs, ou corridor de migration, permettant l’arrivée de loutre de l’est, où la population est bien développée, vers l’ouest de l’Europe où la loutre se fait plutôt rare. 1.1.4.3. Son statut en France La raréfaction de la loutre en France a commencée à la fin de 19ème siècle avec la chasse massive aux « nuisibles » et s’est accentuée dans les années 1930. Jusqu’en 1972, la chasse (à l’époque on estime que 4000 loutres étaient tuées chaque année en France) et la destruction de son habitat étaient la première cause de disparition de la loutre puis la pollution massive des rivières a augmenté le déclin des populations. (F.Capber., 1997) (X.Jannsens, 2006) 33 (Rosoux et Bouchardy, 2010) Figure 12 : Cartes retraçant l’évolution de la population de Lutra lutra en France au cours du temps De nombreux éléments perturbateurs sont donc à l’origine de la diminution de cette espèce : les aménagements hydrauliques tels que les barrages, les aménagements des berges, les assèchements et drainage des zones humides sont tant d’éléments qui perturbent l’environnement naturel de la loutre. La pollution des cours d’eau par les résidus organiques, les PCB, le mercure ou d’autres métaux lourds sont eux aussi catastrophiques pour la loutre qui étant au sommet de la chaine alimentaire se retrouve aussi au sommet des concentrations toxiques. (Document personnel) Figure 13 : Pyramide de concentration des toxiques au sein de la chaine alimentaire 34 La concurrence avec des animaux (D.Clode & DW.MacDonald, 1995) comme le vison d’Amérique, qui colonisa les rivières françaises après s’être échappé de certains élevages en 1950, et comme le castor, qui fut réintroduit dans certaines régions (Alsace, Bretagne…) influence aussi le développement des populations. Le développement du trafic routier est lui aussi à l’origine d’une mortalité importante chez les loutres. En 1972, la chasse à la loutre est interdite mais ce n’est qu’en 1976 qu’une véritable loi est votée pour protéger les loutres, cette loi s’inscrit dans la Loi sur la Protection de la Nature du 10 juillet 1976, il y est donc écrit que «la capture, l’enlèvement, la naturalisation d’animaux de ces espèces, qu’ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur vente ou leur achat » sont interdits. Trois ans plus tard, l’arrêté du 24 avril 1979 fixe la liste des mammifères protégés sur l’ensemble du territoire et redéfinit le statut des réserves naturelles ; la loutre européenne est donc totalement protégée en France depuis cette année là. On encourage aussi de plus en plus à mettre en place des arrêtés préfectoraux de conservation du biotope et la création de réserves Naturelles Volontaires. Cependant bien que l’on mette en place de nombreuses mesures bénéfiques, il est extrêmement difficile de restreindre suffisamment les activités pour obtenir une sauvegarde efficace à 100% de la loutre. Données sur les Statuts de Protection de Lutra lutra : Totalement protégée en France depuis 1979 Annexe I de la convention de Washington et Annexe II de la convention de Berne Evolution du statut sur la liste rouge de la CITES : - Vulnérable en 1979 - «Quasi menacée» depuis 2008, car elle recolonise peu à peu ses milieux de vie grâce aux réintroductions et aux efforts de protection. 1.2. Données Morpho-anatomiques 1.2.1. Anatomie externe 1.2.1.1. Données sur la taille et le poids La loutre européenne est considérée comme une loutre de corpulence moyenne (L.H.Spelman, 1999). Elle mesure 80 à 160 cm de long pour un poids variant de 4 à 15 kg. Les mâles sont plus gros que les femelles mais aussi plus grands, on considère que cette variation est de 28% en moyenne (C.J.Harris, 1968). Sa queue représente environ 1/3 de sa taille, elle est musclée et puissante.(P.Etienne, 2005) 35 Tableau 4 : Poids et taille des loutres européennes selon quelques auteurs (R.Hainard, 1987) (C.J.Harris, 1968) MNHN Taille (cm) Jusque 160 150 80 à 140 Poids (Kg) 5à9 10 à 15 5 à 12 1.2.1.2. Le pelage Sa fourrure est de couleur chocolat sur le dos mais plus claire sur le vente, le cou et le museau. Son pelage est constitué de deux types de poils (L.H.Spelman, 1999) (N.Chai, 2005) : • Le poil de bourre : ce poil est dense (50 à 100 000 poils au cm2, ce qui est 100 fois plus dense que le pelage d’un chien) et court. Il retient les squames et le sébum, rendant la bourre totalement imperméable. • Le poil de jarre : ces poils sont moins denses que les poils de bourre mais plus long et plus grands. Lorsqu’ils sont mouillés ils collent à la silhouette de la loutre et facilitent le déplacement dans l’eau. L’association de ces deux poils protège la loutre de l’eau. Un entretien extrêmement régulier du pelage, appelé «grooming», est nécessaire pour qu’il y ait renouvellement de l’air, ce qui augmente les capacités de protection de ce pelage. Les poils arecteurs et la contraction des muscles peauciers permettent eux aussi par l’hérissement et l’ébrouement le renouvellement d’air. En plus de la toilette, les loutres ont tendance à se sécher dans l’herbe en se roulant par terre ; les zones où elles effectuent se comportement sont appelées zones de ressuie. Tableau 5 : Comparaison de la densité des poils de certaines espèces (F.E.Fish, J.Smelstoys, R.V.Baudinette, & P.S.Reynolds, 2002) (Kuhn, Ansorge, Gadynicki, & Meyer, 2010) Espèces Rat Castor Loutre Vison Densité du poil 88 à 101 373 803 338 (poils par mm2) La loutre est l’une des espèces dont le poil est le plus dense ; cela lui assure une excellente protection thermique. 36 Tableau 6 : Importance des différents poils selon les espèces terrestres et aquatiques ou semi aquatiques (F.E.Fish, J.Smelstoys, R.V.Baudinette, & P.S.Reynolds, 2002) 80 70 Longeur des poils (en cm) 60 50 40 Poils de jarre Poils de bourre 30 20 10 0 Rat Castor Loutre Vison Espèces On peut constater qu’il y a un équilibre entre les différents poils de Lutra lutra ce qui lui confère une double adaptation ; à la fois aquatique et terrestre. En effet, son pelage peut ainsi retenir l’air qui est l’un des meilleurs isolants en milieu aquatique. 1.2.1.3. Organes des sens Sa tête est petite et relativement plate ; elle est composée de deux petites oreilles bien rondes d’un nez en triangle aplati, de deux yeux ronds avec un iris brun foncé et des lèvres larges. Les vibrisses, qui peuvent mesurer jusque 25 cm, sont implantées sur les lèvres supérieures, les joues, le menton, la gorge et au dessus des yeux. Ces vibrisses sont très richement vascularisées, elles réagissent donc à de très faibles variations de pressions ou de mouvements, tels que les mouvements provoqués par la nage d’un poisson. (J.F.Moran, 1999) 37 (E.J.Baitchman & G.V.Kollias, 2000) Figure 14 : Localisation des vibrisses sur la loutre En fonction du milieu dans lequel elle évolue la loutre est capable de se fier à certains de ces sens plutôt qu’aux autres. Ainsi, à terre, l’ouïe et l’odorat sont les deux sens les plus développés et les plus exploités par l’animal. Par contre une fois sous l’eau ses oreilles se ferment et la loutre utilise alors son toucher ainsi que la vision qui est d’ailleurs bien meilleure sous l’eau qu’à l’extérieur où elle ne perçoit que les mouvements ; par contre cette vision sub-aquatique nécessite une bonne luminosité. Par ailleurs lors de la nage en surface, les yeux et les narines se situant au-dessus de son crâne aplati, elle peut respirer et regarder à l’extérieur en sortant le moins possible, ce qui constitue un avantage hydrodynamique et de camouflage. 1.2.1.4. Une adaptation aux déplacements aquatiques et terrestres Le corps de la loutre est allongé et sinueux, ce qui lui confère une forme hydrodynamique. Le ventre est plutôt renflé. Elle possède 4 pattes palmées courtes et musclées avec 5 doigts aux griffes acérées, courtes et non rétractables. (J.F.Moran, 1999) (F.Capber., 1997) Ses pattes constituent une des adaptations à la fois aquatique et terrestre les plus marquantes ; en effet on peut parler d’un début «d’intégration des membres », ceux-ci se fondent progressivement au reste du corps. La loutre est un intermédiaire entre les carnivores terrestres (comme le chien ou le chat) et les mammifères marins (comme les pinnipèdes). Cette intégration intermédiaire lui permet à la fois une bonne propulsion lors de la nage et des mouvements de flexion et d’extension suffisants pour la marche terrestre (F.J.Tarasoff, 1972). La nage demande cependant plus d’énergie à la loutre que sa vie sur terre (P.Pfeiffer & B.M.Culik, 1997). Ainsi à terre par une température de 5°C une loutre consomme 4,1 W/kg, alors que lors de la nage sous une eau à 11°C elle peut consommer jusqu’à 12,3 W/kg. 38 (J.H.Yvinec, M.Coutureau, & C.Carpentier, 2009) Figure 15 : Comparaison des squelettes chez un chien, une loutre et un pinnipède (E.J.Baitchman & G.V.Kollias, 2000) Figure 16 : Patte de loutre 1.2.1.4.1. La nage On distingue deux types de nage (F.J.Tarasoff, 1972) : • La nage lente : les membres postérieurs sont responsables de la propulsion, les membres antérieurs permettent l’orientation. • La nage rapide : la propulsion est assurée par les membres postérieurs, la queue et la région lombo sacrée. Cette nage ne peut être effectuée que pendant de courtes durées. 1.2.1.4.2. Les déplacements terrestres A terre, Lutra lutra possède une démarche digitigrade. Elle se déplace en général la tête près de sol, la région lombo sacrée plus haute que le reste du corps. Ses trois modes de déplacement sont : la marche, le trot et le saut. Elle peut atteindre une vitesse de 16 à 24 km/h. (L.Laider, 1982) 39 Caractéristiques morphologiques de Lutra lutra : Taille = 80 à 160 cm. Poids = 4 à 15 Kg. Dualité, double adaptation à la fois aquatique et terrestre. Poils de bourre + poils de jarre = imperméabilité et hydrodynamie. Tête aplatie yeux et narines en hauteur, vibrisses très vascularisées = Très bon repérage lors de la nage sous l’eau. Yeux et vibrisses essentielles dans l’eau / odorat et ouïe nécessaires sur terre. Queue longue et musclée = dirige la nage en milieu aquatique mais aussi les sauts sur terre. La nage est plus énergivore que les déplacements terrestres. 1.2.2. Anatomie interne 1.2.2.1. Le tube digestif Le tube digestif commence par la gueule composée d’une dentition robuste et puissante composée de 36 dents, classiquement on attribue à la loutre, comme aux autres Mustélidés, la formule dentaire suivante (M.E.Allen, O.T.Oftedal, & D.J.Baer, 1996) (A.Demirsoy, 1992): I 3/3 ; C 1/1 ; PM 4/3 ; M1/2 Pourtant dans une étude récente (S.Yilmaz, G.Ding, & B.Toprak, 2000) on attribue une formule quelque peu différente à la loutre : I3/3 ; C1/1 ; PM3/3 ; M2/2 (S.Yilmaz, G.Ding, & B.Toprak, 2000) Figure 17 : Denture et crâne de Lutra lutra Le tube digestif dans son ensemble mesure 3 mètres en moyenne, la partie la plus large étant l’estomac et la partie la plus étroite l’œsophage. Il est adapté à son régime de carnivore, le gros intestin est donc court et le caecum absent. Le transit quant à lui est rapide, il faut compter 2 à 3 heures pour que la vidange gastrique soit faite (H.Kruuk, 2006) et donc que la ration soit absorbée et rentabilisée. En effet, le régime carnivore est 40 hautement digestible ; il ne nécessite donc pas une longue digestion microbienne. Le foie est plurilobé comme chez tous les mustélidés. 1.2.2.2. L’appareil urogénital 1.2.2.2.1. Chez le mâle (F.Capber., 2006) Figure 18 : Appareil uro-génital d’une loutre européenne mâle Le pénis est un pénis vasculaire, correspondant au pénis que l’on trouve chez tous les carnivores, avec un os pénien appelé aussi baculum. Il est plus mince d’avant en arrière et présente une section triangulaire à cylindrique. L’extrémité distale présente deux nodules dont la taille et la forme varient selon les individus. Le baculum est utilisé pour attribuer un âge aux individus morts ; en effet sa taille augmente avec l’âge et sa forme évolue (C.E.Friley, 1949). Tableau 7 : Norme de taille et de poids du baculum selon l’âge (C.E.Friley, 1949) Longueur (mm) Diamètre des nodules (mm) Poids (g) Jeune 39 à 44 8,5 à 11 1,21 Adulte 53 à 72,5 4,5 à 6 5,37 Les testicules, de forme allongée, se situent dans la paroi ventrale de part et d’autre du pénis. On a pu constater que le poids des testicules varie avec la saison chez l’adulte et que c’est en été qu’il est le plus bas. 41 Si la prostate est rudimentaire et les glandes bulbo urétrales absentes, on note la présence d’ampoules déférentielles bien développées. 1.2.2.2.2. Chez la femelle (F.Capber, 2006) Figure 19 : Appareil uro-génital d’une loutre européenne femelle Le clitoris est doté d’un os petit, fin en son milieu mais renflé aux extrémités. Le vagin est constitué d’une muqueuse comportant de nombreux plis longitudinaux. L’utérus est bicornes ; les cornes représentent 75% de cet utérus et se rejoignent en avant du corps dans une cavité commune subdivisé par un septum médian. Les ovaires de part et d’autre de la colonne vertébrale caudalement aux reins se logent dans la bourse ovarique et sont très proches des cornes utérines car le ligament ovarien est court. Tableau 8 : Dimensions des différentes parties de l’appareil génital d’une loutre européenne femelle (F.Capber., 2006) Jeune Femelle mature Clitoris (mm) 7 11 Vagin (mm) 50 Cornes utérines (mm) 17 à 54 26 à 81 Corps utérin (mm) 8 21 Ovaires (mg) 100 200 42 1.2.2.2.3. Les reins Chez les mâles comme les femelles, les reins sont plurilobés, ceci pourrait être une explication à la prédisposition de Lutra lutra aux urolithiases. 1.2.2.3. Le squelette Des études anatomiques (S.Yilmaz, G.Ding, & B.Toprak, 2000) permettent de décrire assez précisément l’organisation squelettique chez Lutra lutra. On lui attribue ainsi la formule vertébrale suivante : C7, Th14, L6, S3, Ca18. C’est la 11ème vertèbre thoracique qui joue le rôle de vertèbre anticlinique. On trouve 14 paires de côtes, les 9 premières sont sternales, les 4 suivantes asternales et enfin la dernière paire est flottante. Le sternum, quant à lui, a une forme très cylindrique. Au niveau des os du crâne, les bulles tympaniques sont fortement développées. Le foramen supra-orbitaire disparait au profit d’un foramen infra-orbitaire fortement développé. (J.H.Yvinec, M.Coutureau, & C.Carpentier, 2009) Figure 20 : Vue latérale globale du squelette de Lutra lutra 43 (E.J.Baitchman & G.V.Kollias, 2000) Figure 21 : Radiographie de face et de profil montrant l’anatomie vertébrale de Lutra lutra La queue allongée et les membres courts mais robustes sont adaptés à la double vie aquatique et terrestre de Lutra lutra. (E.J.Baitchman & G.V.Kollias, 2000) Figure 22 : Radiographie des membres antérieurs (à droite) et postérieurs (à gauche) Les caractéristiques anatomiques principales de Lutra lutra : Dentition: I3/3; C1/1; PM3/3; M2/2. Tube digestif court et digestion rapide 2 à 3 heures. Axe vertebral: C7, Th14, L6, S3, Ca18. 14 paires de côtes. Appareil génital mâle : pénis vascularisé, baculum, ampoules deférentielles bien développées, prostate rudimentaire. Appareil génital femelle : utérus bicorne, ligament ovarique très court. Reins plurilobés. 44 1.3. Données physiologiques 1.3.1. Longévité En captivité on considère que les loutres femelles vivent jusqu’à 11 ans et les mâles jusqu’à 14 ans (F.Capber, 2008). Selon les différents parcs on note une variation entre 8,5 ans et 12 ans en moyenne. Cependant on considère que ces durées de vie sont bien plus faibles dans la nature. Ainsi, certains auteurs considère que 32% des individus n’atteignent pas l’âge d’un an (J.Broyer & G.Erome, 1982) et que seuls 25 % des loutrons atteindront la maturité sexuelle c'est-à-dire 24 mois pour les femelles et 18 mois pour les mâles (H.Kruuk, 1995). Une étude plus récente se basant sur l’analyse dentaire de loutres décédées en Angleterre montre, elle aussi, que la plupart des animaux dans la nature ont un âge inférieur à deux ans, sur 110 cadavres seuls 10 avaient 4 ans ou plus et l’animal le plus âgé avait 8 ans. (SherrardSmith, 2010) 1.3.2. Données de l’examen clinique Tableau 9 : Valeurs physiologiques remarquables lors de l’examen clinique de Lutra lutra (Document personnel) Valeurs Moyennes Limite Haute Limite Basse Paramètre physiologique Fréquence cardiaque 152 (130-178) >180 <100 (bpm) Fréquence 31 (10-60) >40 <8 respiratoire (mpm) Oxyhémoglobinémie 97 NA <80 (%) Pression artérielle 63 (31-77) >100 <50 (mmHg) Température rectale 38,4 (38,1-38,7) >40,1 <36,7 1.3.3. Données Biochimiques Dans le monde plusieurs parcs zoologiques ont réalisés des banques de sang permettant d’avoir des échantillons de références pour les valeurs biochimiques et hématologiques sur différentes espèces. En ce qui concerne Lutra lutra on trouve plusieurs sources de données qui reprennent des valeurs très proches. L’IUCN utilise aujourd’hui les valeurs publiées par König et son équipe en 1998, qui travailla sur 14 animaux entre 1992 et 1997. Les échantillons ayant permis d’obtenir les différentes valeurs citées sur les tableaux suivants ont été récoltés sur des tubes héparines ou EDTA. 45 69.4 0 132.5 35.2 7.8 511 0.63 220 158.6 115.3 2.63.9 10200 10120 5001500 0-48 1636 8-12 <80 0.82.4 76145 150165 112129 2.73.8 8-80 5001500 0-50 7-27 7.912 10200 0.51.8 77125 144160 109122 6.06 GGT U/L Chol U/L K mmol/L Cl mmol/L 84 Chat Nammol/ L Loutre 2.97 Chien g/dl ALB IU/L ALKP IU/L ALT IU/L AMYL IU/L AST mg/dl urée mg/dl Ca IU/L CK mg/dl/L CREA GLUmg/dl Tableau 10 : Valeurs biochimiques de référence chez Lutra lutra en comparaison des données canines et félines (König, 1998)(X.Vilanova, 2001) 15.5 110.2 3.55.8 0-1 70150 3.55.8 0-7 110320 Il faut noter que les prises de sang sont, en règle général faites sur des individus capturés et anesthésiés ; ils ont donc subi un stress important ce qui provoque une hausse de la glycémie ainsi qu’une augmentation de la créatine kinase, les anesthésiques et l’effort provoquant des lésions musculaires. 1.3.4. Données Cytologiques La cytologie peut être une technique diagnostique intéressante et rapide ; même sans être toujours un diagnostic de certitude elle est une aide précieuse et souvent facile à mettre en place. L’échantillon est prélevé par aspiration à l’aiguille fine, thoracocentèse, apposition d’un calque… La coloration de type MGG est la plus utilisée en routine. On peut, ainsi, retenir quelques points pouvant orienter notre diagnostic (TW.Campbell, 1999) : • Un mélange de cellules inflammatoires de type neutrophiles et monocytes traduit une réponse inflammatoire modérée souvent en lien avec une infection bactérienne. • La présence de cellules épithéliales conduit à la recherche de corps étrangers, de champignons, ou de mycobactéries. • Une inflammation éosinophilique conduit à la recherche de parasites ou d’un désordre d’origine immunitaire (allergie….). • Une multiplication de cellules non inflammatoires nous conduira à penser à une hyperplasie bénigne ou même à une néoplasie maligne. 46 1.3.5. Données hématologiques % de granulocytes Lymphocytes % de Lymphocytes 566 10.6 7.9 73.4 2.7 26.6 Chat 27-47 180-430 5-11 3.6-11.6 60-84 0.9-3.7 15-35 Chien 44-52 200-400 6-12 3.3-10.0 55-84 0.8-4.1 15-35 Leucocytes 49.7 Plaquettes Loutre Ht% 1.4. Granulocytes Tableau 11 : Données hématologiques de référence chez Lutra lutra en comparaison des données canines et félines (König, 1998) Données comportementales 1.4.1. L’habitat de Lutra lutra 1.4.1.1. Les parties aquatiques de l’habitat La loutre européenne vit dans 3 types d’habitats distincts : • Au bord des lacs, étangs, marais : ces zones sont très prisées des loutres, elles y recherchent une végétation dense avec des roseaux abondants. • Au bord des cours d’eau : la loutre peut vivre au bord de tous les cours d’eau mais il semblerait qu’elle préfère les rivières d’au moins 5 mètres de large et avec un débit assez lent. Si elle vit dans des zones au courant vif, il est nécessaire qu’il y ait des zones stagnantes à proximité. • Au bord de la mer : en ce qui concerne cet habitat deux théories s’opposent. Ainsi certains pensent que la loutre utilise cet habitat comme retranchement face à la disparition de ses habitats naturels. Alors que d’autres ont déterminé que les populations de loutres sont aussi importantes sur le littoral que dans les terres (H.Kruuk, 1989). Quoiqu’il en soit, dans ces zones, la présence de points d’eau douce à proximité des gites est indispensable pour que l’animal nettoie sa fourrure du sel. 47 Elle peut vivre jusqu’à 2000 mètres d’altitude (M.C.Saint-Girons, 1973). Pourtant plus l’altitude augmente plus la densité des populations est faible ; ceci est à mettre en lien avec la diminution des ressources alimentaires 1.4.1.2. Les gites On distingue deux types de gites (P.Etienne, 2005) : • Les gites de repos : se sont les lieux que la loutre utilise pour son repos diurne ou nocturne. En général ils sont couverts à l’aide de brindilles, de branches, de joncs ou de roseaux. Si les lieux sont calmes, la loutre peut se reposer «à ciel ouvert» dans des buissons denses, sous des racines… ces sites se trouvent dans un rayon de 50 mètres autour d’un point d’eau. • Les catiches : se sont les lieux de reproduction. La catiche peut se loger dans un tronc creux, entre des rochers ou même dans des terriers appartenant à d’autres animaux. Les catiches se situent toujours dans des zones non inondables ou dans des zones ayant un faible débit. (C.Bouchardy, R.Rosoux, & Y.Boulade, 2001) Figure 23 : Représentation schématique en coupe d’une catiche 1.4.2. L’utilisation de l’habitat en lien avec l’organisation sociale 1.4.2.1. Dimensions de l’habitat La taille du territoire dépend avant tout du type d’espace dans lequel la loutre se trouve. En effet, une loutre vivant au bord d’un lac s’éloigne moins des bords qu’une loutre vivant au bord d’un ruisseau ou d’une rivière. La longueur des domaines exploités est fonction de la densité des proies, de la topographie des lieux, de l’abondance de gîtes et de la densité des populations de Lutra lutra (S.M.McDonald & C.F.Mason, 1980). Il arrive que les territoires de deux femelles ou de deux groupes familiaux (c'est-à-dire une femelle avec ses petits) se recoupent, car ils sont souvent plus petits et plus riches en aliments que ceux des mâles. 48 Tableau 12 : Estimation de l’étendue des territoires de Lutra lutra d’après deux auteurs (C.Reuther, 1998)(J.Green, 1984) Auteur Taille du territoire Taille du territoire Taille du territoire d’un mâle d’une femelle d’un groupe familial C. Reuther 12 km J. Green 39 km 16 km 22 km La loutre est un animal solitaire, territorial et qui se déplace beaucoup, certaines études (J.Green, 1984) ont montré qu’un mâle peut utiliser 4 gites de repos différents au cours d’une nuit et parcourir jusqu’à 16 km. On note aussi que les femelles utilisent plus volontiers des catiches que des gites de repos contrairement aux mâles. 1.4.2.2. L’organisation sociale On a vu que Lutra lutra est décrite comme un animal territorial, c’est ainsi que fut décrit l’organisation sociale de l’espèce pendant très longtemps (S.Erlinge, Territoriality of the otter Lutra lutra L., 1968). On schématisait alors une population de loutres pendant l’hiver avec 3 groupes : • Les loutres du territoire, • les loutres « en transit » qui sont tolérées par les autres, • et les jeunes de l’année. Aujourd’hui certains auteurs se tournent vers une représentation « hiérarchique » de l’espèce (R.Green, 2000). En effet, la plupart des territoires sont trop vastes pour être correctement défendus et en suivant les animaux avec des balises (J.Green, 1984) on remarque même que certains territoires se chevauchent : on retrouve des épreintes appartenant à différents animaux sur un même territoire. On constate donc que des relations pouvant être qualifiées de relations de dominance se mettent en place. Ainsi, lorsque deux mâles se rencontrent sur un même territoire le dominé laisse place au dominant. En ce qui concerne les femelles, c’est au moment de la mise bas que cette dominance territoriale est visible ; à cette période elle chasse le mâle de la catiche et défend les alentours de tout intrus. L’habitat naturel de Lutra lutra : Etangs, lacs, marais, rivières et fleuves, bords de mer. Les gites de repos diurne et nocturnes ≠ des catiches. Organisation territoriale ET hiérarchique. Taille du territoire dépend de : Sexe + Densité de l’aliment + Densité des prédateurs. 49 1.4.3. Le mode d’alimentation La loutre européenne a un régime alimentaire carnivore ou plus exactement piscivore, puisqu’elle se nourrit essentiellement de poissons : on la qualifie d’ichtyophage (J.R.Britton, J.S.Sheperd, S.Tom, & V.Simpson, 2005) et les cyprinidés sont les poissons préférentiellement chassés par la loutre. Cependant il arrive qu’elle mange des grenouilles, des petits mammifères, des oiseaux ou des crustacés (M.E.Fowler & E.Miller, 2005) (H.Kruuk, 2006) (H.Kruuk, 1987). Ce régime s’adapte, évidemment, au lieu et à la saison, il peut aussi être influencé par les autres mammifères aquatiques du secteur tels que le vison d’Amérique, le vison d’Europe ou le putois (D.Clode & DW.MacDonald, 1995). La loutre est un animal que certains qualifient « d’opportuniste » : elle chasse des espèces faciles à traquer et présentes en grand nombre, le but étant d’économiser au mieux son énergie. Sa technique est de chasser «à vue» ou à l’aide de ses vibrisses qui détectent le moindre mouvement dans l’eau. Une loutre mange en moyenne 1 kg par jour, ce qui correspond à 1520 % de son poids. (C.Bouchardy, 1986). (R.Rosoux & J.Green, La loutre, 2004), (R.Rosoux, 2003), (L.C.Geidezis) Figure 24 : Exemple d’alimentation de Lutra lutra dans le massif central 1.4.4. La communication 1.4.4.1. Les cris Les cris sont essentiels chez les Loutres ; Davis les utilise même dans sa classification des Lutrinés (T.A.Davis, 1978). On en distingue 3 types principaux : • Le cri de contact : il permet à un individu de se faire localiser par un autre individu (c’est le premier cri que les petits savent émettre pour se faire repérer par leur mère). • Le cri d’alerte, « HAH ! » : il permet de signaler un danger aux autres individus à proximité (sa portée est courte). • Le cri de menace : il ressemble à un grognement et devient un cri de rage au moment de l’attaque. Un dernier cri est rapporté, le cri des retrouvailles, il s’exprime quand 50 deux individus sont heureux de se retrouver et il est associé à un contact avec les museaux. (J.F.Moran, 1999) Tableau 13 : Description des différents cris de Lutra lutra selon certains auteurs (C.Gnoli & C.Prigioni, 1995) (R.Peters, 1980) Cri d’alerte Cri de menace Cri de contact Cri de retrouvaille Scheffler Thaller « Kekern » « Gurren » « Fiepen » 1986 Mason « Hah » « Chittering » « Whistle » McDonald 1986 Duplaix 1971 « Ha » « Saccadé » « Whistle » (soufflement) Green 1984 « Huff » « Squeak » « Purr » « Whistle » (C.Gnoli, C.Priogioni, & P.Polotti, 1998) Figure 25 : Intensité des communications entre les différents individus Chaque cri a une signification particulière et les animaux les utilisent dans des contextes précis. 1.4.4.2. Les épreintes Elles constituent une communication olfactive intraspécifique. Les épreintes ne sont pas liées à l’élimination physiologique des fèces, souvent on ne retrouve que quelques débris alimentaires non digérés. La particularité des loutres, et des Mustélidés en général, est la présence de deux paires de glandes (H.Kruuk, 1991) : • Les glandes anales, • Les glandes proctodéales. 51 (Schéma personnel) Figure 26 : Les différentes glandes de marquage chez Lutra lutra Les épreintes sont des « cartes d’identités chimiques » de chaque individu, elles témoignent de l’identité de l’animal, en donne le sexe, la réceptivité sexuelle, le statut social… Les épreintes sont un mode de communication permettant d’éviter des combats. On note, ainsi, quelques particularités dans le marquage : les mâles ont un comportement de marquage deux fois plus important et plus étendu que les femelles, qui elles ont tendance à marquer essentiellement les alentours de la catiche sauf après la mise bas où la discrétion est de rigueur. 1.4.4.3. Autres moyens de communication Concernant la communication directe on a vu que les cris sont le mode de communication le plus important. En effet, Lutra lutra a une musculature faciale assez réduite. Cependant lors de leurs retrouvailles les loutres agitent le museau en signe de joie, ce geste visuel est associé au toucher par le contact de leurs vibrisses. Un autre signe de joie peut être visible quand la loutre se roule par terre. Au moment d’une agression, après avoir poussé son cri d’agression la loutre couche ses oreilles retroussent les lèvres et bat de la queue. 1.5. La reproduction 1.5.1. Données chiffrées sur la sexualité 1.5.1.1. Chez le mâle On considère que la maturité sexuelle est acquise chez le mâle à l’âge de deux ans, cependant il faut en général attendre 2 ans et 10 mois pour voir apparaître le premier accouplement fécondant. (D.J.Jefferies, 1987) 52 1.5.1.2. Chez la femelle La puberté apparait entre l’âge de 23 et 27 mois (J.F.Moran, 1999), la véritable maturité sexuelle apparaissant vers 3 ans. La période de vie sexuelle est de 7 ans. Age (S.Hauer, H.Ansorge, & O.Zinke, 2002) Figure 27 : Pourcentage de femelles à la reproduction en fonction de l’âge La loutre est une espèce à polyœstrus et sans saisonnalité, l’ovulation serait provoquée par le coït comme chez les autres Mustélidés (D.Jenkins & R.J.Harper, 1982). Il semble quand même que les portées soient en lien avec l’abondance de l’alimentation (P.R.Beja, 1996), certains auteurs pensent qu’en présence de périodes très froides les accouplements sont repoussés. (H.Kruuk, J.W.H.Conroy, & A.Marhouse, 1987) Figure 28 : Répartition des naissances de loutrons selon les saisons dans différentes régions 53 (E.CHadwick & E.Sherrard-Smith, 2010) Figure 29 : Pourcentage de femelles pleines, en lactation ou en phase de repos sexuel selon la saison La durée d’un cycle œstral est difficile à estimer précisément. Aujourd’hui on considère qu’un cycle dure 30 à 40 jours. Les différentes étapes du cycle sont : • Le prooestrus : il y a maturation des follicules. Les cellules kératinisées sont peu nombreuses. La lumière du corps et des cornes utérines sont visibles. • L’œstrus : il y a des follicules de De Graaf près à ovuler et des corps jaunes. Les cellules kératinisées sont nombreuses et prêtes à se détacher. • La gestation : selon certaines études 65% des ovules aboutiraient à un avortement. Le corps jaune persiste lui pendant toute la gestation puis devient corps blanc et disparait. 1.5.2. L’accouplement 1.5.2.1. La parade amoureuse Lorsque le mâle arrive sur le territoire de la femelle celle-ci peut l’accepter ou le refuser. Lorsque celui-ci est accepté il peut faire un tour dans la catiche puis rode autour en appelant la femelle. Elle se roule dans l’herbe, elle devient agressive envers le mâle, le mord, cri et est menaçante. Le mâle entre alors dans le jeu lui aussi et les animaux se poursuivent, se roulent sur terre et dans l’eau, se coulent… Les jeux sont régulièrement interrompus par les accouplements proprement dits. Les animaux ne restent jamais très longtemps ensemble car sinon les accouplements deviennent infertiles. 54 1.5.2.2. L’accouplement proprement dit Il peut avoir lieu sur terre ou dans l’eau, avec une préférence pour le milieu aquatique. A un moment la femelle arrête de fuir et appelle le mâle qui l’entraîne alors dans la copulation. (F.Capber., 2006) Figure 30 : Accouplement sur terre (F.Capber., 2006) Figure 31 : Accouplement dans l’eau Le coït est constitué par 20 à 30 mouvements de bassin et peut être réitéré plusieurs fois d’affilé. L’accouplement dure entre 10 et 50 minutes (R.J.Harper & D.Jenkins, 1981) (H.Pechlaner & E.Thaler, 1983) et peut avoir lieu plusieurs fois dans la même journée entrecoupé par de nouvelles parades pendant quelques minutes ou quelques heures. 55 1.5.3. La gestation 1.5.3.1. Caractéristiques de la gestation On distingue deux étapes dans la gestation : • • La nidation : il n’y a pas de nidation différée (J.F.Moran, 1999) chez Lutra lutra contrairement à la plupart des Mustélidés. Il n’y a donc pas de date fixe de mise bas. La placentation : on est face à une placentation zonaire endothelio-choriale déciduée. Après la mise-bas on assiste donc à des pertes sanguines. La durée de gestation est aujourd’hui estimée à 58-60 jours (F.Capber, 2006), il n’est pas toujours facile de prévoir la date exacte de mise-bas puisque les accouplements s’enchaînent pendant 48 heures. On retrouve, en général, le même nombre d’embryons dans chaque corne utérine. 1.5.3.2. Reconnaitre la gestation Les signes apparaissent un à un au fur et à mesure dans la gestation : • A 20 jours : les 4 mamelles abdominales deviennent bien visibles tandis que les mamelles thoraciques restent cachées dans la fourrure, • A 25 jours : la femelle commence à préparer la catiche où aura lieu sa mise-bas, • A 40 jours : la vulve est gonflée, toutes les mamelles sont gonflées, • A 45 jours : le ventre s’arrondi et on voit nettement les mamelles. 1.5.4. La mise-bas 1.5.4.1. Les portées En ce qui concerne la taille des portées, les données proviennent essentiellement des différents parcs européens. Ainsi, on obtient une moyenne de loutrons par portée allant de 1,83 à 2,8. Dans la nature la taille des portées est dépendante de l’abondance de nourriture ; là où la nourriture est rare la taille moyenne des portées est de 1,9 alors que si celle-ci est abondante elle est supérieure à 2,3 (S.Hauer, H.Ansorge, & O.Zinke, 2002). 56 1.5.4.2. Les étapes de la mise-bas 1.5.4.2.1. Les prodromes Ils commencent environ une semaine avant la mise-bas. Ces prodromes se traduisent par un gonflement des tétines, de l’agitation, une respiration accélérée, des toilettages fréquents. 1.5.4.2.2. La mise-bas proprement dit Cette étape correspond à l’expulsion des fœtus. L’expulsion d’un petit prend quelques secondes à 5 minutes, il s’écoule en moyenne 20 minutes entre chaque petit. La présentation des loutrons peut être antérieure ou postérieure. 1.5.4.2.3. La délivrance Cette dernière étape a lieu au fur et à mesure de la sortie des loutrons. Ces annexes sont immédiatement mangées par la mère. Au total la mise-bas aura donc duré 2 à 3 heures. L’involution utérine est rapide, durant la lactation l’utérus retrouve sa taille quasi-normale (E.CHadwick & E.Sherrard-Smith, 2010). 1.5.5. La lactation et le début de vie des loutrons Une fois la mise bas terminée la mère se consacre totalement à ses petits ; elle les lèche, les attire vers elle afin de les réchauffer mais aussi de favoriser la miction et la défécation. Si le mâle est encore présent elle le chasse de la catiche. Elle sort uniquement pour aller chercher des végétaux afin de recouvrir les jeunes. La lactation commence 15 min après la fin de la mise-bas et si les jeunes ne se dirigent pas d’eux même vers les mamelles ils en sont rapprochés par la mère. 1.5.6. La composition du lait chez la loutre européenne Le lait de la loutre est celui d’un animal semi aquatique qui a besoin d’énergie pour lutter contre le froid. Tableau 14 : Comparaison de la composition du lait de la loutre européenne, du lait de vache, du lait de chienne et du lait humain en pourcentage. (B.Shaul, 1962) Espèce Eau Lipides Protides Glucides Minéraux Loutre 62 24 11 0,1 0,75 européenne Chienne 80 8 9 3 1,2 Vache 90 3,5 3 4,5 0,8 Femme 90,5 3,5 1,4 7 0,3 57 1.5.7. Le sevrage On constate que les jeunes commencent à manger des aliments solides entre 6 et 8 semaines d’âge mais le sevrage complet se fait entre 10 et 16 semaines (T.M.Heggberget, 1994). 58 2. ADAPTER LE MILIEU DE CAPTIVITE AUX BESOINS DE Lutra Lutra Cette partie est basée sur des données bibliographiques mais aussi sur l’expérience du terrain. En effet, la plupart des données sont issues de la prise de contact avec des vétérinaires et des soigneurs travaillant au quotidien avec des loutres européennes dans divers parcs zoologiques français. Pour cela j’ai réalisé et envoyé un questionnaire (Annexe 6) à tous les parcs français possédant des loutres européennes d’après le réseau ISIS. J’ai aussi contacté certains responsables par téléphone ou mail. 2.1. Conception et aménagement de l’enclos 2.1.1. Organisation et superficie des enclos Il est recommandé, pour un mâle et une femelles d’avoir au minimum deux enclos ; l’idéal étant trois (C.Reuther & R.Röchert, 1989) : • Un enclos pour le mâle, • Un enclos pour la femelle où à lieu la mise en contact puis ou elle élève les petits jusqu’au sevrage, • Un enclos pour les jeunes une fois sevrés, quand leur mère est remise à la reproduction. En général les parcs ont 2 enclos (Annexe 6), certains peuvent être fractionnés, ainsi au moment de l’accouplement mâle et femelle sont réunis dans le plus grand des enclos puis à la mise bas le mâle regagne son enclos alors que la femelle reste dans le plus grand avec sa portée enfin une fois les jeunes sevrés le grand enclos est divisé en deux pour les isoler de la mère. Ce système modulable est souvent plus facile en mettre en œuvre que les trois enclos théoriques. Cela permet aussi d’avoir une présentation satisfaisante des loutres au public tout en gardant la possibilité d’isolement en cas de nécessité. En ce qui concerne la superficie nécessaire par individu, on compte 100 m2 minimum pour une loutre, et 250 m2 minimum pour un couple ou pour une femelle avec ses petits (C.Reuther, 1984). Dans les enclos, il est important d’avoir toujours une partie isolée du public permettant à loutre de se cacher et de rester au calme. 59 (Document personnel) Figure 32 : Schéma de l’enclos des loutres au zoo d’Amnéville 2.1.2. Topographie des enclos 2.1.2.1. Le rapport eau/terre La loutre est un animal semi aquatique, c'est-à-dire qu’une grande partie de son activité reste terrestre, il lui faut donc une zone bien aménagée et spacieuse au sol en plus du bassin. Il est conseillé d’avoir un ratio eau/terre d’environ ¼. Il semble aussi préférable d’avoir des ilots, des cascades ou de la végétation qui offrent ainsi plusieurs zones aquatiques aux loutres plutôt qu’un grand bassin d’un côté et la zone terrestre de l’autre (C.Reuther, 1984). Le ou plutôt les enclos doivent permettre aux individus de courir, nager, explorer, s’isoler des autres individus tout en étant facilement visible du public dans les conditions les plus naturelles possibles. 2.1.2.2. Aménagement du sol Sur terre les loutres passent le plus clair de leur temps à creuser et à se toiletter, il leur faut donc un sol meuble à la végétation diverse. La plupart du temps la majeure partie du sol est bétonnée mais il est indispensable de le recouvrir, alors, de sable, de terre, de rochers, de paille, d’argile, d’écorces ou de gravillons. 60 2.1.2.3. La végétation La loutre a pour habitude de se déplacer dans les buissons, les plantes semi aquatiques et les herbes hautes, l’idéal est de lui fournir cette végétation variée et dense en captivité. Dans la plupart des parcs on trouve des fougères, des conifères, des arbustes mais aussi des souches, des racines… ces lieux permettent aux loutres de se cacher du regard du public, d’entretenir leur pelage mais aussi de jouer. On peut y ajouter des matériaux artificiels tels que des toiles de jute, des copeaux, des fibres diverses, des tapis… Certains pins tels que le Cedar (une espèce de pin originaire d’Amérique du Nord) sont déconseillés dans les enclos car on leur connait une toxicité respiratoire et hépatiques chez certains rongeurs ; ne connaissant pas l’effet sur la loutre européenne il est conseillé d’éviter leur utilisation (J.Reed, R.Meyerson, & S.Syke, 2002). (Photo personnelle) Figure 33 : Photographie représentant la topographie et la végétation de l’enclos à loutres au zoo d’Amnéville 2.1.3. Clôture de l’enclos Lutra lutra peut sauter sur une hauteur d’un mètre trente entre le sol et une plate forme et sur une hauteur de 2 m en prenant appui au fond d’un bassin. Les loutres peuvent aussi monter aux arbres et se déplacer sur les branches. Il est donc important de tailler les arbres proches des clôtures. (C.Reuther & R.Röchert, 1989) 61 (C.Reuther & R.Röchert, 1989) Figure 34 : Hauteurs des sauts de Lutra lutra Dans les parcs on retrouve en général des clôtures mesurant entre 1,80 m et 2 m, elles sont composées le plus souvent de deux parties : • Une partie opaque (roche, bois…) d’environ 60 cm, • Une seconde partie vitrée d’environ 1,20 m. Souvent un pan du bassin est entièrement vitré pour donner au public une vision sous marine bien meilleure. On trouve aussi des tunnels vitrés offrant au public une « immersion » dans le monde aquatique des loutres. D’après les normes de sécurité les clôtures en verre doivent résister à une pression de 150DaN/m2 ; on utilise pour cela des matériaux tels que le verre monolithique recuit ou le verre feuilleté trempé. 62 120 cm 60 cm 180 cm (Photo personnelle) Figure 35 : Clôture de l’enclos des loutres européennes au Parc Phoenix de Nice S’il reste des zones d’appui ou des zones basses il est conseillé d’ajouter une clôture électrique. La plupart des parcs en équipe l’ensemble de leur enclos. (Photo personnelle) Figure 36 : Clôture électrique sur tout le pourtour de l’enclos des loutres au zoo d’Amnéville La loutre creuse beaucoup, il est donc important de prévoir une clôture souterraine, sauf si l’enclos est entièrement artificiel et fait de béton ; dans ce cas les fondations doivent atteindre 75 cm de profondeur. Il est aussi important de faire le tour de l’enclos tous les matins afin de vérifier s’il y a des ébauches de tunnels et de les reboucher au besoin. 63 (J.Reed, R.Meyerson, & S.Syke, 2002) Figure 37 : Schéma de clôture 2.1.4. Les abris Il est important de recréer des abris naturels dans l’enclos : se sont des lieux de jeux, des lieux où la loutre se sent en sécurité, et où elle peut se cacher et se reposer à tout moment. Ces abris sont terrestres, ils peuvent correspondre à une niche, un tronc d’arbre creux, une pierre… on peut aussi disposer des branchages et des copeaux dans l’enclos : la loutre les utilisera pour en faire un « nid ». (Photo personnelle) Figure 38 : Exemple d’abri artificiel pour Lutra lutra dans un enclos visible du public 64 2.1.5. Les catiches 2.1.5.1. Règles de base et construction On dit souvent que pour qu’une catiche soit bien faite il faut respecter 3 règles : • Facile à nettoyer, • Résistante, • Confortable et sécurisante pour l’animal. Elle doit être aussi naturelle que possible afin de se fondre dans le décor et être le plus agréable possible pour les loutres ; pour cela on utilise du bois et du grillage. Elles doivent être au dessus du niveau du sol et en zone sèche. On peut trouver des catiches vitrées, ce qui est un plus pour le visiteur qui voit alors la loutre dans son sommeil (Hunawihr), mais alors il est nécessaire de laisser d’autres catiches isolées à disposition de l’animal. Certaines catiches ont des judas sur les côtés ainsi le public voit les animaux mais ces derniers ne sont pas dérangés. Il faut toujours penser à mettre en place des compartiments et des portes coulissantes que l’on peut commander de l’extérieur non seulement seulement pour garder l’animal enfermé en cas de besoin mais aussi pour le laisser bloquer à l’extérieur en cas de nettoyage ou de soins aux jeunes par exemple. Il faut compter au minimum une catiche par loutre et chaque catiche doit être composée de 3 compartiments mesurant chacun au minimum 45x42x43 cm ce qui représente au total plus ou moins 130x42x43 cm. (Source personnelle) Figure 39 : Catiche à compartiment élaborée par les soigneurs du parc d’Hunawihr et utilisée pour les loutres européennes 2.1.5.2. Aménagement intérieur A l’intérieur l’animal doit être protégé de l’humidité, du gel, des courants d’air… Le sol des catiches sera fait de caillebotis sur lesquels une litière de copeaux de bois sera déposée : la 65 litière doit être changée tous les jours. A cause de la litière qui peut se coller aux aliments il faut absolument éviter que la loutre mange dans la catiche ; en effet l’ingestion de copeaux peut provoquer une impaction stomacale ou intestinale. 2.1.5.3. Positionnement et accès Les catiches doivent être des lieux calmes et sécurisant pour les loutres, en particulier lorsqu’une femelle est avec ses petits. Dans ce cas, il faut que sa catiche soit isolée du public et idéalement cachée par la végétation pour être le plus possible en adéquation avec les conditions naturelles. L’idéal pour la loutre est de disposer d’accès terrestres et aquatiques avec des tunnels qui lui permettent de s’ébrouer et donc de se sécher un minimum avant d’entrer dans la catiche proprement dit. (Photo personnelle) Figure 40 : Catiche pour les loutres canadiennes au zoo d’Amnéville 2.2. Qualité de l’environnement Contrairement à d’autres espèces de loutres, il n’existe pas de normes chiffrées dans la littérature concernant la température des abris, leur humidité pour Lutra lutra… La plupart des parcs se basent sur la loutre canadienne et surtout sur leur propre expérience. 2.2.1. Température On constate que la loutre européenne peut supporter de larges écarts de températures à partir du moment où elle peut s’isoler dans des endroits abrités (catiches, buissons, abris…). La zone optimale de vie de Lutra lutra se situerait entre 10 et 25 °C environ pour la température de l’air. En ce qui concerne la température du bassin on ne note pas de limite de température ; il faut cependant faire attention au gel en particulier pour les loutrons. 66 2.2.2. Humidité Pour que son pelage soit sain la loutre a besoin de le sécher régulièrement il faut donc que l’intérieur des catiches soit sec et que les zones terrestres absorbent suffisamment l’humidité. 2.3. Le bassin 2.3.1. Mesures et disposition Il est conseillé de construire un bassin ayant une profondeur maximale d’un mètre cinquante (C.Reuther & R.Röchert, 1989) ; c’est d’ailleurs ce que l’on retrouve dans les parcs français. Ce qui est encore plus important que la profondeur c’est la disposition du fond du bassin, il faut éviter les bassins aux parois abruptes et au sol bétonné lisse. Les cascades ou canaux d’alimentation du bassin sont des éléments favorables à l’enrichissement pour les loutres et à l’attrait du bassin pour les spectateurs. Pente et bords naturels Cascade naturelle (Photo personnelle) Figure 41 : Photo du bassin à loutres du zoo d’Amnéville 67 (Photo personnelle) Figure 42 : Fond du bassin de Lutra lutra en galets naturels au Parc Phoenix de Nice 2.3.2. Contraintes mécaniques et climatiques De nombreuses contraintes mécaniques et sanitaires se présentent lors de l’aménagement d’un bassin de grande contenance où des animaux devront évoluer. Les matériaux employés doivent : • Résister aux attaques des loutres, • Faciliter le nettoyage, • Résister à la pression de l’eau et à la charge des éléments de filtration, • Etre chimiquement neutre, non toxiques et insensibles à la corrosion. Il faut aussi prendre en compte le risque de gel, ce qui oblige à l’utilisation de matériaux résistants et plus ou moins déformables. Les cascades et autres structures permettant une circulation de l’eau sont une bonne solution afin de limiter la formation de glace, certains parcs mettent en place un « soufflage de pleine eau » qui permet de générer un courant. Il faut toujours surveiller la formation de glace sur les surfaces en pentes qui pourraient être dangereuses pour les animaux en particulier pour les jeunes. 68 2.3.3. Qualité de l’eau La qualité de l’eau joue bien évidemment sur la santé des animaux mais c’est aussi un point que le public voit dès le premier regard. En effet la qualité visuelle de l’eau est un bon indicateur de la propreté des bassins ; une eau trouble est signe de la présence de matières organiques, de micro-organismes et d’algues traduisant un problème de filtration ou de stérilisation des bassins. Si la turbidité de l’eau peut se voir grossièrement à l’œil nu, on dispose aussi d’appareils de mesures souvent faciles à utiliser et très utiles comme le : • pH-mètre ou colorimètre : le pH neutre est idéal pour les animaux et pour faciliter le traitement des eaux, • Réfractomètre : il donne la densité et donc la qualité visuelle de l’eau. Il est aussi possible de prélever des échantillons d’eau dans des pots à prélèvement afin de réaliser des analyses bactériologiques et chimiques. En effet, on peut retrouver des bactéries ou des virus pathogènes pour les animaux et l’homme qui peuvent révéler une faille dans le système de nettoyage ou une contamination plus importante qu’à l’habitude ; ces échantillons préventifs permettent ainsi de régler le problème plus rapidement et peut être avant qu’il y ait des conséquences médicales. Pour la plupart des germes ou des résidus il n’existe pas de norme ; par exemple, certains auteurs considèrent que le niveau acceptable pour la concentration de l’eau en coliformes est de 400 par ml, ceci est la norme acceptée pour les animaux il faut cependant tenir compte du fait que les soigneurs sont en contact avec cette eau et garder une valeur inférieure à 100 par ml. 69 2.3.4. Les deux grands types de bassins Dans les parcs on peut trouver deux types de système de circulation des eaux : • Le système ouvert, • Le système fermé. Source Bassin (Schéma personnel) Figure 43 : Schéma du système à flux ouvert Source Traitement Bassin (Schéma personnel) Figure 44 : Schéma du système à flux fermé Remarque : Les pointillés signifient que ces voies peuvent être interrompues. Le système le plus employé est le système fermé, en effet il est à la fois plus économique sur le long terme et plus écologique. Il permet de recycler l’eau du bassin en permanence et il suffit de compenser le manque du à l’évaporation et à la consommation des animaux. Dans ce système il y a en général une évacuation possible des eaux usées en cas de nécessitée de vidanger le bassin. Ce système réutilisant des eaux usées demande une filtration et stérilisation efficaces. 70 2.3.5. Les méthodes de filtration Plusieurs modes de filtrations sont disponibles sur le marché (D.J.Boness, 1996) (J.Reed, R.Meyerson, & S.Syke, 2002): • La filtration biologique : elle consiste à utiliser des bactéries qui transforment les nitrates en nitrites. Ce système ne pose apparemment pas de problème sur la santé des loutres mais par contre favorise fortement le développement des algues dans le milieu. • La filtration mécanique : elle consiste à faire passer l’eau au travers d’un filtre qui fonctionne comme un tamis, il retient les particules les plus grosses (algues, déchets organiques et certaines bactéries) et rejette l’eau. Il est fait de sable, de billes, de gravillons… C’est le filtre qui influe le plus la clarté de l’eau. • La filtration chimique : on retrouve dans cette catégorie la technique de filtration ionique, la technique d’osmose inverse (Zeofine®, membrane ionique…). Ces techniques consistent à faire passer l’eau sale sous pression au travers d’une membrane qui par sa charge ionique ou sa composition chimique va retenir la majorité des particules étrangères. Virus Bactéries Algues Détritus organiques 0,0001 0,001 0,01 0,1 1 10 100 = Eléments pouvant être éliminés par filtration mécanique seule. = Eléments nécessitant une filtration chimique. (Schéma personnel) Figure 45 : Eléments éliminés de l’eau en fonction du type de filtration employé Il semble qu’aujourd’hui la plupart des parcs se tournent vers des filtrations mécaniques (Parc Dunkerque grand littoral, Parc Phoenix de Nice, Parc d’Argelès Gazost) avec des filtres à sable qu’ils couplent avec une filtration chimique (Parc Phoenix de Nice, Parc d’Argelès Gazost). 71 2.3.6. Les pompes de reprise d’eau Les filtrations mécaniques ou chimiques nécessitent la présence d’une pompe qui aspire l’eau du bassin et l’amène sous pression vers le filtre, ces pompes doivent récupérer l’eau au fond mais aussi à 20-30 cm du fond pour récupérer les matières en suspension (Parc.Phoenix, 2005). Trois pompes seront donc nécessaires pour un bassin : • La pompe de fond, • La pompe du niveau moyen, • La pompe d’entrée dans le filtre. Il est important devant les pompes et les filtres de mettre des grilles résistante afin d’éviter tout accident avec les animaux. F I L T R E (J.Reed, R.Meyerson, & S.Syke, 2002) Figure 46 : Exemple de disposition des pompes lorsque le système de filtration est hors du bassin F I L T R E (J.Reed, R.Meyerson, & S.Syke, 2002) Figure 47 : Exemple de disposition des pompes lorsque le système de filtration est dans le bassin 72 2.3.7. Les méthodes de stérilisation Même si les filtres chimiques éliminent la grande majorité des pathogènes il est important d’associer à la filtration une stérilisation. Trois méthodes sont proposées (D.J.Boness, 1996) (J.Reed, R.Meyerson, & S.Syke, 2002) : • Le chlore : il ne peut être utilisé qu’en l’absence des animaux. Le contrôle du pH avec de l’hypochlorite de sodium est nécessaire car l’efficacité maximale du chlore se fait entre 7,2 et 7,8. • L’ozone : il ne laisse pas de résidu et peut donc être utilisé même si les animaux ont accès au bassin. Il semble aussi plus efficace que le chlore sur certains microorganismes. Ce système demande cependant une installation plus lourde et plus complexe que le chlore, qui lui peut être directement versé sous forme liquide ou solide dans le bassin. • Les radiations ultra-violettes : elles sont très efficaces mais souvent difficiles et coûteuses à mettre en œuvre. Certains parcs optent pour ce système en fixant des lampes germicides à la sortie des filtres ; ainsi dès la filtration l’eau est aussi stérilisée (Parc Phoenix de Nice). Ce système requiert une eau claire avec des concentrations ioniques faibles (le calcium, le sodium, l’aluminium… diminuent la pénétration des UV dans l’eau). L’ajout de chlore est souvent la solution choisie en complément par les parcs mais de plus en plus d’entre eux s’équipent avec des installations à ozone (Parc zoologique d’Amnéville, Parc d’Argelès Gazost…). 2.3.8. Le problème des algues Les algues ne doivent pas être totalement détruites dans les bassins, elles permettent de limiter les nitrates dans le bassin. Cependant trop d’algues diminuent la quantité d’oxygène disponible pour les animaux et troublent l’eau pour la vision des spectateurs. Pour se développer les algues ont besoin de lumière et de nutriments en particulier les nitrates et phosphates qui proviennent des matières organiques (fèces, aliments, végétaux…). Pour lutter contre la lumière trop intense il est important d’aménager des zones d’ombres grâce aux décors, à la végétation … En ce qui concerne la limitation des phosphates et des nitrates se sont la filtration et la stérilisation qui doivent être efficaces. 2.4. Les locaux techniques Pour le bon fonctionnement des installations et le bon entretien des animaux, il faut prévoir 3 zones adjacentes à l’enclos : • Le local de filtration : on peut y ajouter tout ce qui concerne le contrôle hydraulique et électrique, • Le local cuisine : de préférence carrelé, avec évier, frigo et congélateur afin de conserver et de préparer les aliments dans de bonnes conditions d’hygiène, • Le local de repos avec un accès aux catiches. 73 2.5. La gestion du ou des groupes d’individus 2.5.1. Les groupes sociaux Lorsqu’on constitue un groupe, la littérature nous présente des règles de base : • Ne jamais mettre des individus de même sexe ensembles, • Les couples constitués d’un mâle et d’une femelle sont très fréquents, • Eloigner le mâle à la mise bas, • Séparer les jeunes au sevrage. Au parc d’Hunawihr on trouve parmi leurs 6 groupes sociaux un frère et une sœur qui cohabitent parfaitement. On retrouve aussi un autre groupe assez original où un couple vit avec leurs loutrons. On constate que dans la pratique se sera surtout le caractère de chaque animal et les affinités entre les individus qui permettront la gestion des groupes. Cela demande donc beaucoup de temps et d’observation. 2.5.2. Intégration d’un nouvel arrivant La loutre étant un animal plutôt solitaire et territorial, la mise en contact de différents individus doit se faire progressivement et avec beaucoup de précautions afin d’éviter les bagarres. Au premier contact il convient toujours de laisser un grillage de séparation entre les deux animaux, d’où l’intérêt des enclos avec des parois amovibles ; en effet cela permet au nouvel arrivant de déposer ses odeurs dans son nouvel enclos tout en observant si les deux individus s’acceptent. Cela se traduira par des roulades, des cris et des reniflements. C’est seulement lorsque de tels signes sont observés que la mise en présence peut se faire. Lors des premiers jours et des premières nuits où les animaux sont dans le même enclos la surveillance doit être intense pour pouvoir les séparer en cas d’agression. (Méthode utilisée au parc d’Hunawihr) 2.5.3. Relations mâle et femelle Il semble que deux individus mis en contact très jeunes n’auront pas d’attirance l’un pour l’autre. Pour cette raison et pour éviter les tares génétiques, la plupart des parcs mettent les animaux qu’ils veulent faire se reproduire en contact qu’une partie de l’année. Dans ce cas la mise en contact doit se faire comme présentée au paragraphe précédent. En général, on présente le mâle sur le territoire de la femelle. Il arrive qu’il y ait incompatibilité totale, dans ce cas il faut séparer rapidement les animaux. Si la femelle accepte le mâle, la parade amoureuse peut commencer puis l’accouplement proprement dit a lieu (Cf. 1.5.2.). 74 2.5.4. Elevage des loutrons 2.5.4.1. Allaitement et sevrage Si la femelle est en état d’allaiter ses petits et a assez de lait, allaitement et sevrage se font comme dans la nature, le sevrage se faisant donc vers 10 à 16 semaines. Si l’allaitement naturel est impossible il faut alors le remplacer par l’allaitement artificiel. Dans ce cas le lait de vache ne convient pas ; trop éloigné de la composition du lait de loutre (Cf. Tableau 14), il provoque des troubles digestifs chez les loutrons. Il est donc plutôt conseillé d’utiliser du lait en poudre pour chiot et chaton auquel on ajoute quelques gouttes d’huile et des vitamines, ce qui permet de se rapprocher le plus possible de la composition recherchée (D.Bourne, 2009). Ce type d’allaitement n’étant jamais parfaitement adapté aux besoins des loutrons, il engendre souvent des diarrhées et il est conseillé de provoquer un sevrage rapide (Technique d’allaitement utilisée au parc d’Hunawihr). Tableau 15 : Technique d’allaitement artificiel et de sevrage des loutrons au parc d’Hunawihr (Technique d’allaitement utilisée au parc d’Hunawihr) Age Fréquence des repas Quantité de lait par jour 0 à 3 semaines 8 à 12 biberons par jour 100 à 200 mL 3 à 8 semaines 5 à 6 biberons par jour 200 à 300 mL 8 à 10 ou 14 semaines 1 biberon et 3 ou 4 repas Dépend des repas solides solides Plus de 10 ou 14 semaines Sevrage complet Sevrage complet 2.5.4.2. Le suivi de croissance des jeunes Pour le suivi de santé des jeunes, la connaissance de leur poids est un élément essentiel. Il permet de savoir si l’animal est assez nourri et s’il profite des aliments à sa disposition. Tableau 16 : Gain de poids des loutrons en fonction de l’âge (Données du parc d’Hunawihr) Age Gain moyen quotidien 0 à 4 semaines 20 à 30 g/j 4 à 8 semaines 30 à 50 g/j Dans ce parc les mâles atteignent leur poids adulte de 9-10 kg en un an et demi ou deux ans alors que les femelles atteignent 6 kg moins rapidement. 75 (L.Mercier, 2005) Figure 48 : Graphique illustrant la croissance des mâles et des femelles au parc d’Hunawihr entre 0 et 6 mois. L’apparition des sens et l’émancipation, sont des critères importants dans le suivi du développement des jeunes. On peut se fixer des critères d’âge pour l’apparition de certains caractères nous permettant de suivre les animaux. Tableau 17 : Apparition de certains sens et développement de quelques comportements chez les loutrons en fonction de l’âge (E.Scheffler & E.Thaler, 1986)(Données d’observations au parc d’Hunawihr) Age Critère Entre 17 et 37 jours Apparition des dents de lait Entre 21 et 40 jours Ouverture des yeux Entre 30 et 90 jours Sortie de la catiche Entre 40 et 90 jours Premier bain Après 60 jours Suivi d’un objet du regard Entre 70 et 120 jours Apparition des dents définitives A 100 jours Premières épreintes autour de la catiche Entre 120 et 130 jours Bouche définitive 2.5.4.3. L’émancipation On constate qu’au bout de 6 à 18 mois environ la mère laisse ses petits s’éloigner progressivement, alors que dans la nature cette émancipation se produit en général vers l’âge d’un an, elle est souvent plus précoce en captivité. Cette émancipation précoce joue aussi sur le moment de retour à la reproduction, en effet c’est seulement après l’émancipation des jeunes que la femelle accepte à nouveau le mâle. En captivité il faut compter environ 10 mois entre la mise bas et le premier accouplement. (Données provenant du parc d’Hunawihr) 76 2.5.4.4. Education et apprivoisement Lorsque les jeunes sont élevés par la mère celle-ci leur apporte énormément d’attention et de protection. Dans les premières semaines de vie elle les guide vers les mamelles pour qu’ils tètent, les réchauffe et les stimule pour qu’ils urinent ou défèquent. Si se sont les soigneurs qui se substituent à la mère il faut que tous ces comportements soient imités. Il est important de garder les petits toujours au chaud (couvertures, serviettes, lampe chauffante…) pour que leur température corporelle se situe entre 37,2 et 38,2°C, les repas doivent êtres fréquents et il est nécessaire de stimuler la défécation avec un coton humide après chaque tétée. Quand la mère s’occupe de l’éducation de ses petits l’apprivoisement est difficile voire impossible, il faut déjà une complicité et une confiance importante entre le soigneur et la mère pour que celle-ci le laisse approcher et capturer les petits pour des pesées ou des soins éventuels. Par contre si l’élevage se fait par l’homme, l’apprivoisement est assez facile, il est tout à fait possible de domestiquer des loutres (comme par exemple Wayre en 1979 ou J.C Renaud plus récemment à Hunawihr). 2.6. Etablissement de rations adaptées 2.6.1. Comparaison entre les rations des parcs et l’alimentation naturelle de Lutra lutra Dans les parcs en général les rations se composent de 47% de poissons (truite, hareng, gardon…) et de 46% de viande (poussins et bœuf) (K.A.Ruff, 2007)alors que dans la nature la loutre se nourrit de 67% de poissons en particulier des cyprinidés, de 4% de viande et énormément de petits amphibiens (Cf. 1.4.3). La ration des parcs est aussi influencée par le mode de conservation des aliments. La plupart du temps le poisson est surgelé ou stocké sous glace fondante ; la viande, elle est réfrigérée ou congelée. Les méthodes de décongélation et de stockage sont très réglementées et minutieuses pour éviter les contaminations bactériennes ou parasitaire tout en conservant au mieux les nutriments. Cependant, certains aliments étant plus fragiles que d’autres, il n’est pas toujours évident d’en conserver la totalité des propriétés nutritionnelles. (Equipes animalières des zoos d’Amnéville, Sainte croix et Hunawihr) Dans la nature la pêche est l’une des principales occupations de la loutre, ce comportement doit donc être favorisé en captivité. D’ailleurs dans un enclos si les loutres ont le choix entre des proies vivantes ou mortes elles s’orienteront principalement vers les poissons vivants. Comme dans la nature les loutres choisissent préférentiellement les poissons les plus lents mesurant entre 15 et 17 cm et semblent préférer les cyprinidés. (S.Erlinge, 1968). En ce qui concerne la quantité d’aliment ingérée par jour, il semble qu’en liberté la loutre consomme l’équivalent de 20% de son poids en nourriture par jour, alors qu’en captivité elle 77 ne consomme que 11 à 15% de son poids en aliment par jour (N.Duplaix-Hall, 1975) (H.Kruuk, 1995) 2.6.2. Les risques de carences On a pu constater qu’il n’est pas toujours évident et possible de faire correspondre parfaitement la ration au sein d’un parc avec l’alimentation de la loutre dans la nature. La substitution de certains aliments, les méthodes de conservation… peuvent être source de carences et nécessiter une complémentation (Cf. 3.5). 2.6.3. Besoins quotidiens en captivité En captivité les animaux dépensent moins d’énergie que dans la nature où la chasse est essentielle et longue et où les déplacements sont bien plus nombreux. Ceci explique pourquoi on a constaté que la quantité de nourriture ingérée en captivité est moins importante qu’en milieu sauvage. Tableau 18 : Calories ingérées par des loutres européennes selon le sexe et la saison (en KJ/Kg/j) (S.Erlinge, 1968) Hiver Eté Moyenne annuelle Mâles 729 666 698 Femelles 766 710 738 Les deux sexes 750 691 721 On constate une différence significative des besoins entre les sexes et les saisons. La lutte contre le froid en hiver demande une plus grande quantité d’énergie, la femelle qui doit se préparer à la gestation à la mise bas, à la lactation ou qui doit chasser pour ses petits a plus de besoins qu’un mâle. 2.6.4. Les rations proposées dans les parcs en France Lors du choix et du calcul d’une ration il va falloir prendre en compte : • La composition du régime alimentaire naturel de la loutre, • Les besoins selon la saison et le sexe, • Les aliments et les compléments utilisables au sein du parc, • La possibilité ou non d’offrir une pêche aux loutres. En pratique, les soigneurs ont le plus souvent recourt à des aliments congelés. On y retrouve des poissons (truites, gardons, poissons de mer, crevettes…) et de la viande (bœuf, poussins, cous de poulet, souris, foies et cœurs de volaille…) au quotidien. Il arrive parfois qu’on y ajoute des croquettes pour carnivore domestique ou des compléments de type Pet-Phos®. Les parcs dans lesquels les loutres pêchent des poissons vivants sont rares. Souvent cette pêche sert de spectacle pour les visiteurs et ne correspond pas à la majorité de la ration 78 quotidienne. Pour enrichir les protocoles de nourrissage il est assez courant de cacher les aliments dans des recoins de l’enclos (sous les rochers, dans les abris…) ou de jeter les poissons dans le bassin pour que les loutres aient une démarche de recherche de la nourriture. Les poissons sont aussi utilisés comme récompense au cours de « training » ou pour des spectacles. (Cf. exemples de rations sur les questionnaires en annexe) Points clefs concernant l’alimentation de Lutra lutra en captivité : Besoins journaliers moyens : 721 KJ/Kg/j avec une différence selon le sexe et à la saison. Ingestion de 11 à 15 % de son poids. En général les rations sont faites de viande et de poisson (Ratio 50 /50) ce qui est différent de la nature. Privilégier la pêche et les aliments vivants aux aliments congelés. Importance de la complémentation selon le type d’aliments. 2.7. L’enrichissement du milieu L’enrichissement doit se faire grâce à trois points : • La nourriture, • Les éléments du décor, • Les relations avec les soigneurs. 2.7.1. La nourriture On a vu dans la partie précédente que dans la nature l’une des principales activités de la loutre est la pêche ou la chasse. Il est donc primordial que les animaux puissent reproduire ces comportements au sein du parc. Pour cela, il est possible de mettre tous les jours une partie de la ration des loutres sous forme de poissons vivants dans le bassin ; cette technique n’est pas toujours évidente à mettre en place à cause de l’approvisionnement et du stockage. De plus, certains parcs refusent de donner des proies vivantes aux animaux, cela étant parfois mal vu par le public. Si le recours à des proies vivantes est impossible, le fait de cacher la nourriture dans l’enclos et dans le bassin est déjà un bon enrichissement permettant à la loutre de rechercher quotidiennement sa ration. Il est aussi possible de fabriquer des systèmes que les animaux doivent apprendre à démonter avant d’atteindre leur nourriture (tuyaux en plastique, poisson dans un glaçon, filets, balles remplies de nourritures déposées sur l’eau…) : C’est une manière de simuler la chasse et le pistage. Leur donner des coquillages (moules, palourdes, coques…) oblige les animaux à casser les coquilles, à les ouvrir. 79 2.7.2. Les éléments du décor Le décor doit être ressemblant au milieu naturel pour permettre aux animaux d’exprimer pleinement leurs comportements. Des rondins de bois, des rochers, de la végétation permettent aux animaux de grimper, de jouer et de se cacher. Les cascades, les bassins multiples, les ilots et les petits ruisseaux augmentent le comportement de jeu et d’exploration des animaux. Certains parcs ont même ajouté des arrivées d’eau sous pression de type « jacuzzi » dans les bassins. En plus des éléments fixes du décor, on peut ajouter des jouets : les balles, les frisbees, tunnels et autres jeux renforcent les interactions entre les animaux. La mise à disposition des divers matériaux (bois, copeaux, papiers…) augmente les comportements de construction et de nidification des loutres. 2.7.3. Les relations avec les soigneurs et le « training » Il est important de prendre du temps pour habituer les animaux au contact de l’homme, cela facilitera les manipulations pour les soins quotidiens, les transports, les séparations au moment de mise à la reproduction ou de la mise-bas. Toutes ces manipulations sont bien entendues à proscrire si l’individu doit être réintroduit dans son milieu. En apprenant des postures ou des actes aux animaux, les soigneurs occupent les journées des loutres, qui en plus d’interagir avec l’homme interagissent entre elles. Cela les prépare aussi aux spectacles éventuels. Comment enrichir l’environnement de Lutra lutra en captivité ? Importance du décor fixe : rochers, divers matériaux, ilots, cascades… Mettre des jeux variés et renouvelés régulièrement dans les enclos. « Training » avec renforcement positif. Proies vivantes pour la pêche. Systèmes de cache de la nourriture… 2.8. La présentation au public 2.8.1. Sensibilisation à la protection Les parcs zoologiques ont des rôles multiples. Ils permettent de faire découvrir des espèces animales parfois méconnues du public, les rendent attractives et ainsi attirent l’attention des visiteurs sur l’importance de les protéger. La loutre européenne est une espèce, comme son nom l’indique, de nos régions pourtant elle n’est pas forcement bien connu de la population. Peu de monde sait à quel point elle est menacée et pour quelles raisons exactement son nombre a si fortement diminué dans notre pays. 80 Lors de la présentation de l’espèce dans son enclos, il est important de la décrire, d’exposer son mode de vie et les raisons de sa vulnérabilité dans le milieu sauvage, ceci doit être fait de façon claire et attractive pour le visiteur. (Photo personnelle) Figure 49 : Exemple de panneau pédagogique au parc des Pyrénées à Argelès Gazost Il est aussi possible d’attirer l’attention sur les espèces par des campagnes de protection, passant par des affiches et des manifestations. La campagne « Carnivore » à laquelle le zoo d’Amnéville participe, organise par exemple un concours photo où il faut photographier des carnivores européens en danger (dont la loutre européenne). Ces photos exposées dans des parcs par la suite participeront aussi à la sensibilisation du public. (Photo personnelle) Figure 50 : Affiche de campagne de sensibilisation à la protection des carnivores 81 D’autres parcs ont un objectif bien plus protecteur encore, par exemple, le parc d’Hunawihr en Alsace qui est tout d’abord un centre de reproduction et de réintroduction pour la loutre européenne mais qui en ouvrant une partie de sa surface au public en profite pour communiquer sur l’importance de son travail et l’explique à tous, même aux plus jeunes en réalisant jeu de piste ou visite interactive à l’aide de petits livrets avec des jeux et des exercices. 2.8.2. La vision dans l’enclos Dans l’enclos le visiteur doit facilement voir les animaux ; il veut les observer entrain de jouer, il veut voir la mère s’occuper de ses petits et il veut surtout les voir évoluer dans l’eau. On comprend donc l’intérêt des enclos dit en « aquavision » voire des tunnels vitrés permettant au visiteur de se sentir directement immergé avec les loutres. Il est aussi important que les animaux soient à l’aise dans l’enclos pour qu’ils offrent la vision d’un comportement naturel et qu’ils ne cherchent pas en permanence un lieu à l’abri des regards. (Source personnelle) Figure 51 : Photos d’un enclos en « aquavision » offrant des refuges naturels aux animaux qui se sentent en sécurité et sont donc visibles sur terre et dans l’eau 2.8.3. L’observation des loutres dans les catiches Comme on l’a noté au paragraphe 2.1.5.1. deux solutions existent pour que le visiteur voit les loutres dans leur intimité : • La catiche vitrée : qui offre une très bonne vision mais qui n’offre pas des conditions d’isolement optimales à la loutre, • La catiche à « judas » : on y associe une lumière infra rouge, la loutre est dans l’obscurité totale et dans les conditions d’une catiche naturelle : le visiteur l’observe dans son comportement le plus naturel sans aucune interférence. Ce système est très intéressant et pédagogique pour le visiteur, il faut cependant toujours laisser une ou plusieurs catiches vraiment isolées pour le bien être de l’animal. 82 2.8.4. Les spectacles Peu de parcs proposent des spectacles avec des loutres européennes. Il semblerait que les loutres asiatiques soient plus vives et plus facilement « utilisables » dans les spectacles. Cela peut s’expliquer par leur caractère plus sociable. En général, les animations avec des loutres européennes correspondent au nourrissage face au public, cela peut se traduire par exemple par un spectacle de pêche ce qui permet de présenter la loutre dans l’une de ses activités majeures. Au parc d’Hunawihr, les loutres sont présentées dans le « spectacle des animaux pêcheurs » au milieu d’autres espèces (manchots, cormorans, otaries…). Entrainer les animaux pour un spectacle peut aussi être un excellent moyen de créer une complicité entre le soigneur et les loutres. Cette complicité et l’entrainement sont essentiels lors de soins ou d’examens médicaux. Points clefs concernant la présentation des animaux aux visiteurs : Enclos naturel privilégiant l’expression du comportement naturel de la loutre. Vision dans les catiches. L’aquavision est très prisée par le public. Importance des spectacles qui permettent de mieux faire connaitre les animaux au public et qui rendent la visite interactive. Importance de la sensibilisation à la protection (panneaux, jeux, visites guidées…). Conserver une zone sans public pour la tranquillité et le repos des animaux. 2.9. Les programmes d’élevage en Europe : EEP et Studbook 2.9.1. Définitions Le studbook ou livre des origines permet de suivre l’évolution des espèces sauvages vivant en captivité. Ce registre regroupant toutes les naissances, décès, accouplements et mouvements d’animaux permet de maintenir en captivité des espèces disparues ou en voie de disparition dans leur milieu naturel en essayant de conserver un pool génétique correct. Tous les parcs ayant des espèces pour lesquels un studbook existe doivent les déclarer. L’abréviation EEP correspond au terme allemand «Europaisches Erhalungzucht Programm», ceci correspond à un programme d’élevage européen. En 1978 est crée «l’Otter EEP», cette EEP comptera 36 institutions en 1990, puis 55 en 1993. C’est en 1990 que le studbook et l’EEP de la loutre européenne deviennent réellement fonctionnels quand le coordinateur de l’époque contactera l’ensemble des parcs et des centres de reproduction pour établir un dialogue et un projet commun (P.Voct, 1995). 83 2.9.2. Objectifs Les buts de ces programmes sont multiples : • Favoriser la reproduction de l’espèce en captivité et son développement sans capture dans la nature, • Conserver la diversité génétique de l’espèce, • Permettre les échanges d’animaux entre parcs, • Rédiger des guides d’aide à l’élevage de l’espèce, • Favoriser la réintroduction des animaux dans leur milieu naturel. Ainsi lorsqu’un parc européen souhaite adopter des loutres européennes au sein de sa collection, il est obligé de le signaler aux responsables de l’EEP. Ce dernier étudiera le projet afin d’être sûr que les besoins de l’espèce seront respectés, il cherchera alors des animaux disponibles en captivité pour débuter un nouveau groupe. Une fois les individus souches dans un parc, la mise à la reproduction et les transferts d’animaux entre zoo se feront sous l’autorité du coordinateur de l’EEP qui étudiera les possibilités d’échanges et de mise en contact en fonction des origines génétiques de chaque individu (P.Voct, 1995). 2.9.3. Les difficultés de l’EEP Il existe deux problèmes majeurs pour la gestion de l’EEP de la loutre européenne ; au début il était souvent difficile de connaitre l’origine des animaux fondateurs des groupes et surtout au sein de l’espèce Lutra lutra on sait qu’il existe différents profils génétiques selon les régions (Europe de l’Est et Centrale, Europe de l’Ouest, Iles britanniques). Ces données sont importantes à prendre en compte lors des mises à la reproduction et des réintroductions ; il faudra réintroduire la bonne souche dans la bonne zone géographique (P.Voct, 1995) (A.Melissen & F.P.G.Prince, 2001). Aujourd’hui au sein des parcs européens il existe deux catégories de loutres européennes : • Les loutres dites du groupe A : on ne connait pas les origines des parents donc on ne connait pas leurs profils génétiques. Ces loutres ne sont donc pas autorisées à la reproduction en vue d’une réintroduction. • Les loutres du groupe B : On connait leurs origines, ce sont celles qui font parties des plans de reproduction en vue d’une réintroduction in-situ. 2.9.4. Participants et responsables actuels de l’EEP de Lutra lutra Actuellement le coordinateur de l’EEP pour la loutre européenne est le docteur J.Elliot d’Edinburgh. En France, le nombre de parcs élevant cette espèce est en constante augmentation depuis quelques années. Parmi ces parcs certains sont dédiés purement à la conservation ex-situ de l’espèce, comme le parc zoologique de Montpellier, le parc Phoenix 84 de Nice, le parc du jardin des plantes de Paris, le parc Zoodyssée…. D’autres participent à des réintroductions in-situ, comme le parc d’Hunawihr ou le parc des Pyrénées. Aujourd’hui on peut conclure à une efficacité du programme puisque dans les parcs et les centres européens l’espèce est en bonne santé et se reproduit bien, elle est en expansion et sa réintroduction peut se faire. Cette réussite est d’ailleurs utilisée comme exemple pour sensibiliser le public à la protection de l’environnement (C.Abat, G.Pothin, & A.Trimoulinard, 2010). 85 86 3. SOINS VETERINAIRES A APPORTER A L’ESPECE Lutra lutra La loutre européenne présente les mêmes pathologies que la plupart des carnivores mais aussi des pathologies propres à son espèce et parfois propres à la captivité. La plupart des rapports d’élevages publiés par les parcs européens ayant des loutres reprennent les mêmes pathologies et tous essaient de développer les meilleures techniques de prévention ou de soin. Il est aussi important de maitriser la contention physique et l’anesthésie de ces animaux qui bien souvent ne sont pas manipulables autrement. Cette partie est basée sur des recherches bibliographiques mais aussi sur les pratiques que j’ai pu voir dans les parcs français. 3.1. Les traumatismes Les traumatismes de toutes sortes sont de loin les pathologies les plus observées dans la nature, ceci s’explique de façon logique par l’ensemble des risques dans le milieu extérieur (bagarres, chocs avec des véhicules, accidents de chasse, pièges…). Si la proportion des traumatismes est plus faible en captivité, ces derniers restent très fréquents (F.Capber, 2008) ; Ils sont dus à des chutes, des combats, des enclos mal adaptés ou des jeux trop violents. 3.1.1. Les traumatismes dits « légers » En général on se trouve face à des hématomes, des contusions ou des plaies légères. Ses pathologies se traitent alors à l’aide d’anti-inflammatoire per os ou en injection. Ces derniers peuvent être associés à des antibiotiques dans le cas des plaies. (Cf. Tableau traitements et posologies) 3.1.2. Les traumatismes dits « graves » Les fractures et les plaies étendues ou profondes nécessiteront une anesthésie générale permettant de manipuler l’animal, de réaliser des examens complémentaires (radiographie, échographie, bilan sanguin…) et de mettre en place une chirurgie au besoin. Les fractures les plus fréquentes ne se localisent pas sur les membres locomoteurs mais sur la queue. Les vétérinaires réalisent donc régulièrement des amputations de queue pour éviter la nécrose de l’extrémité distale avec évolution en gangrène. La technique d’amputation est la même que sur les carnivores domestiques. 87 3.2. Les lésions dentaires Elles sont habituelles chez Lutra lutra ; 19 % des individus (V.R.Simpson, 2002) présentent une fracture dentaire ou une dent manquante. Les dents les plus affectées par ses lésions sont les canines. Suite à un combat ou un choc, on constate alors que l’animal a du mal à manger, il peut même perdre du poids. Le traitement est à la fois médical et chirurgical : on réalise l’extraction dentaire et on vérifie qu’il n’y a pas d’abcès ; le traitement médical est, lui, à base d’antibiotiques et d’anti inflammatoires, il doit si possible être mis en place avant la chirurgie et poursuivi 10 jours à trois semaines après.(V.R.Simpson, 2007)(Cf. Tableaux 23 et 24). 3.3. Les lésions de morsures Elles sont aussi très fréquentes, et représentent la deuxième cause de décès dans la nature après les accidents de la route (V.R.Simpson, 2002). Cette étude montre que 22,5% des femelles et 25% des mâles présentent des morsures, qui résultent pour la majorité d’agressions entre les loutres elles-mêmes. Celles-ci se localisent généralement au niveau des joues, des lèvres, des doigts mais aussi au niveau de la zone périnéale ou sur le pénis (V.R.Simpson, 2001). Si l’amputation d’un doigt est facilement faisable et sans réelle conséquence sur la vie de l’individu en captivité, les lésions sur l’anus ou le pénis sont parfois très difficile à soigner, sachant que dans la majorité des cas la plaie de morsure évolue vers l’abcès, le phlegmon et même la nécrose. (V.R.Simpson, 2007). Les traitements antibiotiques doivent être longs et quand la chirurgie est impossible des pansements détersifs permettant une cicatrisation par seconde intention peuvent être mis en place Les animaux les plus exposés à ce type de blessure sont des mâles jeunes adultes pesant entre 4 et 6 kg. Il est donc important de faire des groupes d’individus biens sociabilisés entre eux. 3.4. Les urolithiases Chez la loutre européenne en captivité, il est très fréquent de retrouver des concrétions dans le tractus urinaire au cours des autopsies : on considère qu’au moins 40% (IF.Keymer, G.Lewis, & P.Don, 1981) des individus sont porteurs de calculs urinaires, certaines études arrivent même à 69,2 % d’individus atteints (H.Weber, 2002). Dans cette étude sur 9 animaux porteurs d’urolithiases un seul a présenté des symptômes mais 3 sont décédés des suites de ces concrétions. On retrouve en général des calculs de type urates d’ammonium qui ne sont pas radio opaques. Il est donc essentiel de suivre régulièrement les paramètres rénaux des loutres européennes à l’aide de prises de sang et de réaliser des culots urinaires pour surveiller l’apparition de cristaux. La chirurgie rénale étant difficilement envisageable, la prophylaxie alimentaire et la surveillance minutieuse sont nécessaires. 88 Si on étudie les pratiques alimentaires dans les parcs on remarque que les loutres sont souvent nourries avec des rations riches en protéines hautement digestibles, ce qui est différent de leur régime alimentaire naturel. Des analyses urinaires montrent un pH moyen de 6,1 et une concentration en acide urique de 103 mmol/L : ces paramètres favorisent la mise en place et la croissance des cristaux d’ammonium (K.A.Ruff, 2007). Pour prévenir cette maladie, il faut neutraliser le pH des rations et en diminuer les protéines hautement digestibles, le poisson est donc préférable aux viandes. Certains parcs utilisent même des croquettes diététiques de type u/d®, Urinary®, CCD®… (Photo personnelle) Figure 52 : Cristaux d’urate d’ammonium vus au microscope 3.5. Les carences alimentaires On vient de constater que le régime alimentaire influence l’une des maladiesprincipales de Lutra lutra : les urolithiases. Cependant l’alimentation peut provoquer bien d’autres maladies souvent carentielles. On retrouve des hypovitaminoses A, B (déficience en thiamine), D ou E, des carences ou des excès de zinc, des manques de calcium (J.F.Moran, 1999). Pour comprendre cela il faut s’intéresser au menu quotidien de la loutre européenne en captivité. 3.5.1. L’hypovitaminose A La loutre en captivité mange essentiellement des poissons congelés et stockés sous glace fondante. Cette décongélation provoque une perte des vitamines. La vitamine A, une fois transformée en carotène est indispensable au développement rétinien, sa carence chez les mères et les loutrons favoriserait l’apparition de dysplasies rétiniennes (D.L.Williams, V.R.Simpson, & A.Flindall, 2000). Il semblerait aussi que le manque en vitamine A soit un facteur prédisposant au développement des urolithiases chez Lutra lutra. 3.5.2. L’hypovitaminose B ou carence en thiamine 89 Certains poissons très prisés par la loutre, tels que le maquereau, la carpe ou la truite, contiennent naturellement dans leurs chaires des thiaminases qui provoquent une dégradation de la thiamine pendant le stockage (M.E.Allen, O.T.Oftedal, & D.J.Baer, 1996). La thiamine étant essentielle au développement cérébral et nerveux, des troubles neuromoteurs peuvent apparaître dans les cas les plus graves. 3.5.3. L’hypovitaminose E La plupart des poissons sont très riche en acides gras polyinsaturés, qui s’oxydent très rapidement, pour ralentir ce phénomène la vitamine E est mobilisée pendant le stockage et souvent au moment de la consommation la carence est importante (M.E.Allen, 1989). 3.5.4. Les autres carences Selon les rations il peut apparaître des carences en calcium ou en vitamine D, ces carences bien que rares entrainent une fragilité osseuse pouvant être dangereuse pour l’animal. Il est aussi important en cas de fracture de bien complémenter le patient sur ces facteurs indispensables à la récupération. 3.5.5. Les techniques de complémentation Pour résoudre ces problèmes de carence ou au moins éviter l’expression de troubles chez les animaux, la solution passe par la supplémentation quotidienne des rations. Plusieurs techniques sont envisageables : • Capsules de vitamines cachées dans la gueule des poissons, • Injections de vitamines liquides dans les muscles des poissons, • Poudre ou liquide sur l’aliment… Tableau 19 : Supplémentations envisageables chez Lutra lutra Traitement Composition Pet-Phos croissance® (S.Petit, Calcium, phosphore, 2009) vitamines A, D3, E, B1, B2, B6, B12, C, PP, magnésium, cuivre, fer, zinc, arginine, lysine, iode, cobalt. Huile de foie de Morue Capsules de vitamine E Vitamine E (M.E.Allen, O.T.Oftedal, & D.J.Baer, 1996) Gouttes de thiamine Thiamine (M.E.Allen, 1989) 90 Dosage ½ dose par jour sur la viande rouge 1 cuillère par jour 50 à 100 UI/kg de poisson 25 à 30 mg/kg de poisson En cas de carence avérée et si les troubles sont déjà présents chez l’animal il est possible de réaliser des injections intra musculaire de vitamines avec des substances commerciales : Corébral ®, NutraB®, Duphapral®, Cofavit® (S.Petit, 2009)… 3.6. Les troubles ophtalmiques chez Lutra lutra 3.6.1. Les lésions cornéennes Que se soit en captivité ou en liberté des cas de perte de vision chez la loutre européenne sont rapportés (J.Williams, 1989). Souvent le problème est lié à une mauvaise qualité de l’eau. En captivité, les produits de désinfection tels que le chlore sont extrêmement toxiques pour les yeux de ces animaux qui passent une grande partie de leur vie en immersion les yeux ouverts. Il est donc important de mettre en place un bon système de filtration. Lors de la chasse ou lors de bagarres des griffures ou des morsures au niveau de l’œil peuvent se produire, provoquant des plaies cornéennes. La difficulté face à de tels troubles est l’administration des traitements. En effet, s’il est en général facile d’administrer un anti-inflammatoire par voie générale (fléchage ou mélangé à la nourriture) celui-ci est insuffisant et doit être combiné à des collyres ou à des pommades oculaires. L’administration de ces traitements nécessite donc une contention spécifique. Il peut être confortable et nécessaire de placer l’animal en quarantaine dans une catiche compartimentée en box d’hospitalisation pendant toute la durée de son traitement. 3.6.2. La dysplasie rétinienne Elle semble être une conséquence de l’hypovitaminose A, dans la nature la pollution des eaux par les PCB est aussi un facteur favorisant (D.L.Williams, V.R.Simpson, & A.Flindall, 2000). Ces deux facteurs auraient une action tératogène, provoquant des malformations rétiniennes conduisant à la perte de vision des animaux. Troubles majeurs non infectieux chez Lutra lutra : Traumatismes surtout morsures et plaies : - Précautions lors des mises en contact - Soins : parage, antibiothérapie, anti-inflammatoires Urolithiases - Très fréquent, rarement pathologique - Importance de l’alimentation (Vitamine A) Carences alimentaires - Complémentation indispensable - Le plus simple : compléments complets du commerce - Aliments durs indispensables pour les dents 91 - 3.6.3. Les pneumonies La pathologie pulmonaire est très courante chez Lutra lutra, ces maladies peuvent être plus ou moins graves et se traduisent par : • de la dyspnée, • des écoulements mucopurulents, • de la fièvre, • de l’apathie, • de l’anorexie. A l’auscultation les bruits pulmonaires sont augmentés et parfois modifiés, on note une leucocytose à la numération formule sanguine. De nombreux germes bactériens peuvent engendrer des difficultés respiratoires et ces infections peuvent être potentialisées par une infection virale latente. Pour identifier le germe en cause la seule solution est la culture bactérienne ou la PCR (elle permet d’identifier les virus) suite à un prélèvement par écouvillon nasal ou par lavage broncho alvéolaire. Le traitement passera lui par une couverture antibiotique large spectre si on ne fait pas l’analyse bactérienne ou un antibiotique auquel le germe est sensible si un antibiogramme est réalisé on y associera des anti-inflammatoires et des bronchodilatateurs tels que le clenbuterol. Tableau 20 : Tableau étiologique des pneumonies chez Lutra lutra Origine Microorganismes possibles Bactérienne Pseudomonas aeruginosa, P. putrefaciens, Streptococcus zooepidimicus, S.pneumoniae, E.Coli, Klebsiella pneumoniae, Bordetella bronchiseptica et Listeria monocytogenes. Virale Maladie de Carré, Calicivirus, Adénovirus, Parainfluenza virus Parasitaire Toxoplasmose, Capilaria Fongique Histoplasmose, Blastomycose, Cryptoccocose, Aspergillose 3.6.4. Les Infections bactériennes Les infections bactériennes touchant Lutra lutra sont, pour la plupart, dues à des germes cosmopolites des carnivores. La majorité est bénigne mais certaines requièrent notre attention par leurs conséquences médicales graves à l’échelle de l’individu, du groupe ou par leur pouvoir zoonotique. (J.F.Moran, 1999) 3.6.4.1. La salmonellose Plusieurs sérovars (S.hadar, S.virchow , S.typhimurium…) peuvent provoquer des maladies intestinales se traduisant par des entérites hémorragiques plus ou moins graves associées à une perte de poids, de la diarrhée, des vomissements, de la déshydratation voire des 92 avortements ou des septicémies dans les cas les plus graves. Chez Lutra lutra on trouve aussi, Salmonella anatum qui s’attaque directement au rein provoquant une nécrose des tubules rénaux (J.P.Hoover & R.D.Tyler, 1986). En cas de symptômes digestifs, il est recommandé de faire des analyse bactériologiques sur les fèces du ou des animaux malades ; il ne faut pas oublier, cependant, qu’en matière de salmonellose le portage sain existe. Des mesures d’hygiène et de désinfection peuvent être nécessaires au vu du caractère contagieux et zoonotique de l’infection. Le traitement passe, lui, par une fluidothérapie de soutien et par une antibiothérapie à base de sulfamides-trimétoprime ou d’enrofloxacine (F.Hebert, 2006). La contamination se faisant par la viande crue et la nourriture souillée, la prévention passe par la vérification de la qualité des carcasses et leur bon stockage. 3.6.4.2. La tuberculose On isole chez Lutra lutra trois types de Mycobactéries : M.avium, M.bovis et M.tuberculosis (K.Borg, 1964). Le caractère zoonotique des deux dernières espèces oblige à un traitement méticuleux des suspicions ou des cas avérés de tuberculose au sein d’un groupe d’individus. La littérature rapporte plusieurs cas de tuberculose chez des loutres sauvages, en général la souche isolée est Mycobactérium avium non zoonotique (V.R.Simpson, 2001). Un cas de tuberculose à Mycobactérium microtii aurait été diagnostiqué sur une loutre en captivité aux Pays bas en 2000 (A.Melissen, Husbandry guidelines, Studbook for Lutra lutra, 2000). La suspicion de tuberculose se fera, en général, lors de l’autopsie d’un animal sans le moindre signe clinique. Dans le cas, où des lésions de calcification et des lésions pulmonaires sont visibles, il faut envoyer des échantillons au laboratoire vétérinaire pouvant réaliser des colorations de Ziehl-Neelsen et une culture permettant de typer l’éventuelle mycobactérie. Si un cas de tuberculose est avéré, cette maladie étant réglementée, la DDCSPP (ou son équivalent) prendra les mesures nécessaires au diagnostic et au traitement de la situation. Au vu du danger pour la santé humaine le traitement de l’animal est à proscrire. Contenu du contexte épidémiologique actuel cette maladie est à surveiller sur les individus des parcs zoologiques en France. 3.6.4.3. Le botulisme Comme chez la plupart des mammifères, on retrouve des clostridioses de type A, B, C et E dues à Clostridium botulinum, C.perfringens ou C.welchii. Cette maladie, elle aussi zoonotique, se traduit par une enterotoxémie provoquant une mort brutale due une paralysie flasque ascendante avec conservation de la conscience et mydriase apparaissant 6 à 12 heure après absorption de la toxine. Lorsque les symptômes ont le temps de s’exprimer on constate une distension de l’estomac, une diarrhée noirâtre et un iléus. 93 Le traitement est illusoire pour les animaux atteints, l’infection étant bien trop rapide. En ce qui concerne les autres animaux il faut éviter de les remettre dans l’enclos ou est mort l’animal, des spores botuliques peuvent contaminer l’environnement. Il faut aussi maitriser le risque au travers de l’alimentation c'est-à-dire laver les végétaux qu’on leur donne et analyser la viande crue. Des cas de gangrène gazeuse à Clostridium welchii ont pu être constatés chez la loutre canadienne en captivité (A.Melissen, 2000). 3.6.4.4. La leptospirose Elle est due essentiellement à Leptospira icterohémorrhagiae ou L. canicola (I.F.Keymer, 1992). Cette bactérie s’attaque au foie et aux reins, l’incubation peut durer entre trois jours et deux mois et les symptômes sont divers : • anorexie, • anémie, • pics d’hyperthermie, • ictère, • vomissements et diarrhée sanglante, • myalgie, • hémoglobinurie. La contamination est due à l’urine des rongeurs, ces derniers pouvant uriner dans les bassins, sur les plantes de l’enclos ou sur la nourriture elle même. La contamination par voie transplacentaire n’est pas rapportée chez la loutre européenne. Les examens complémentaires montrent : • une hausse de l’urée, de la créatinine, des PAL, des ALAT, de la bilirubine, de la kaliémie, • une baisse de la natrémie, • une protéinurie, • une leucocytose, monocytose, lymphopénie. Pour avoir un diagnostic de certitude on peut rechercher des leptospires dans les urines mais ceci est difficile et peu spécifique, on peut essayer une sérologie ELISA mais cette méthode étant calibrée dans l’espèce canine reste encore peu sensible de plus en prenant en compte la phase de latence il faut compter 10 jours entre l’infection et l’excrétion des anticorps. La mise en culture est envisageable mais longue. La dernière technique envisageable est la PCR sur de l’urine, du sang ou du LCR. Cette maladie est difficile à soigner ; on emploi de la doxycycline comme chez le chien, il faut aussi combattre l’insuffisance rénale et la CIVD. Même si aujourd’hui la loutre européenne ne semble pas être l’une des espèces la plus touchée par la leptospirose (V.R.Simpson, 2000), la lutte contre les rongeurs au sein du parc est indispensable, d’autant plus que la 94 leptospirose une zoonose grave, il faut donc former le personnel au règles d’hygiène et de protection (port de gants et de masque pour le nettoyage des enclos). 3.6.4.5. La pasteurellose On isole les souches de Pasteurella multocida et P. pseudotuberculosis chez Lutra lutra lors de diarrhée avec dyspnée et ataxie. La contamination se faisant par contact direct avec des rongeurs. La encore la lutte contre les rongeurs fait partie de la prophylaxie. Face à la maladie un traitement à base d’oxytétracycline ou de TMPS est en général efficace. 3.6.4.6. Les abcès à Streptocoques et Staphylocoques On a vu ci-dessus que certaines morsures peuvent provoquer des abcès. Ces derniers sont sous cutanées et en général on isole des Streptocoques parfois des surinfections par Corynebactérium sont mises en évidence (E.Green & J.Green, 1998). Chez le mâle lors d’abcès prostatiques on retrouve essentiellement des Staphylocoques. 3.6.5. Les Maladies Virales 3.6.5.1. La maladie de Carré Cette maladie bien connue chez nos carnivores domestiques est rapportée chez la loutre européenne depuis les années 70 (O.Geisel, 1979). Elle est due à un paramyxovirus, elle est connue pour toucher essentiellement les jeunes individus mais peut en fait se manifester à tout âge (B.Rogosick & B.Brandes, 1989). Le virus attaque les cellules du système immunitaire après inhalation de matières contaminées (fèces, urine, salive, sécrétions nasales ou oculaires) et du système nerveux, on constate : • Une anorexie et une perte de poids, • des écoulements oculaires et nasaux, • une hyperparakératose de la truffe et des coussinets, • des troubles neurologiques. Le traitement est difficile, on peut utiliser des antibiotiques en cas de surinfections mais ce sont surtout des soins de soutien tels que la réhydratation et l’alimentation parentérale qui doivent être mis en place rapidement. La prévention se fait à l’aide du vaccin et de l’hygiène (désinfection des enclos, des pédiluves…). Aujourd’hui on utilise le vaccin canin, mais beaucoup de parcs on cessé de vacciner car aucune étude ne démontre son efficacité immunitaire chez Lutra lutra et le risque est considéré comme négligeable en captivité, pourtant cette maladie peut ressurgir rapidement. 95 3.6.5.2. L’hépatite de Rubarth Connue essentiellement chez le putois, cette maladie est aussi rapportée chez la loutre européenne en captivité (N.Y.Park, M.C.Lee, & H.S.Cho, 2007). Cette maladie due à un adénovirus provoque une nécrose hépatique fatale et rapide associée à des hémorragies. Elle touche en général, les jeunes individus ou les immunodéprimés. Là encore il est conseillé de vacciner de façon annuelle afin d’éviter les contaminations venues de l’extérieur, bien qu’on ne soit pas certain de l’efficacité du vaccin canin sur la loutre européenne (B.Rogosick & B.Brandes, 1989). 3.6.5.3. La parvovirose Toutes les loutres semblent sensibles à ce virus (A.Melissen, 2000), certains chercheurs ont même trouvés des anticorps anti-parvovirus dans le sang de loutres canadiennes. Cette maladie se traduit par une diarrhée profuse et hémorragique, souvent fatale, chez le très jeune animal. Le traitement est avant tout symptomatique, avec des perfusions et des anti diarrhéiques. Le souci majeur avec ce virus est sa grande résistance dans le milieu extérieur (plusieurs années), or un animal porteur relâche du virus à chaque fois qu’il fait des selles. L’intérêt de la vaccination est donc très clair : empêcher une épidémie qui deviendrait très vite peu maitrisable dans des enclos naturels où la désinfection est illusoire. 3.6.5.4. La rage Cette maladie qui est une zoonose à 100% mortelle, a été décrite à plusieurs reprise chez la loutre européenne en liberté (A.Rubel & B.Hauser, 1987), à ce jour on ne rapporte pas de cas en captivité. Aujourd’hui la France est « indemne de rage terrestre » cependant cette maladie reste une maladie réglementée, ce qui oblige à des contraintes lors de transports d’animaux. Ainsi, lors de transferts entre parcs, ou lors d’arrivées de loutres en provenance de l’étranger la vaccination antirabique doit être à jour. Compte tenu de la gravité de la maladie et du caractère zoonotique il est recommandé de vacciner tous les animaux (même ceux n’étant pas amenés à voyager) tous les ans. 3.6.5.5. La maladie Aléoutienne Due à un parvovirus, commune à de nombreux Mustélidés et particulièrement connue chez le vison, elle toucherait aussi Lutra lutra ; Une seule suspicion a été décrite au cours des années (G.A.Wells & IF.Keymer, 2007) et cela chez une loutre sauvage. 96 3.6.5.6. La maladie de Tyzzer Cette maladie est due à Clostridium piliforme, elle touche le lapin, les rongeurs et les oiseaux mais est de plus en plus décrite chez d’autres espèces en particulier les petits carnivores et les poulains. Seul un cas concernant la loutre est pour le moment répertorié par la littérature (V.R.SImpson, J.Hargreaves, R.J.Birtles, H.Mardsen, & D.L.Williams, 2008). La bactérie se logeant dans les hépatocytes, la clinique se traduit par une insuffisance hépatique et des troubles digestifs. On ne connait pas de traitement spécifique efficace. 3.6.6. Les Maladies parasitaires et fongiques Il est fréquent d’isoler des parasites chez Lutra lutra mais il n’est pas toujours évident de savoir si cela a une signification pathologique (V.R.Simpson, 2000). 3.6.6.1. Les parasitoses externes Les ectoparasitoses présentes chezLutra lutra sont les même que ceux présentes chez les carnivores domestiques, on retrouve (J.F.Moran, 1999) : • Les puces : Ctenocephalides felis, C. galinae, pulex irritans… • Les poux : Mallophages et Anoploures. • Les tiques : Ixodes ricinus, I.banski, Dermacentor variabilis. • Les démodécies : Demodex sp. • Les gales : sarcoptiques (Sacoptes scabiei), otodectiques (Otodectes cynotis). (Unité de Parasitologie ENVL) Figure 53 : Photo de Ctenocephalides felis 97 (Unité de parasitologie ENVL) Figure 54 : Photo d’un pou anoploure (Unité de parasitologie ENVL) Figure 55 : Photo comparative d’Ixodes Ricinus (à droite) et de Dermacentor (à gauche) (Unité de parasitologie ENVL) Figure 56 : Photo de Demodex 98 (Unité de parasitologie ENVL) Figure 57 : Photo de Sarcoptes scabiei (à gauche) et d’Otodectes cynotis (à droite) Si ces parasites sont assez présents chez la loutre à l’état sauvage, on en trouve beaucoup moins en captivité. Ceci s’explique par les traitements mais aussi par l’isolement vis-à-vis de la faune sauvage. Cependant, il ne faut pas manquer de vigilance face à ces parasites car en cas de contamination, l’extension est rapide, l’éradication très fastidieuse et le risque d’apparition de maladies vectorielles non négligeable. Une alopécie, un prurit, ou un pelage terne doit faire penser à un problème parasitaire ; dans ce cas on peut envisager des prélèvements (scotch test, raclage, poils) afin de faire une analyse et de cibler le traitement ou un traitement large spectre immédiat. 3.6.6.2. Les parasitoses internes Les parasites retrouvés dans les organes (digestifs, respiratoires, urinaires…) de Lutra lutra sont l’image de son alimentation (Sidorovich & Anisimova, 1999). En effet, la plupart des parasites internes se transmettent via l’alimentation. On comprend donc pourquoi la conservation des aliments est un des éléments capitaux dans la santé animale en élevage et pourquoi, là encore, la parasitisme est moins élevé en captivité que dans la nature. On retrouve chez Lutra lutra des parasites souvent communs à tous les mammifères terrestres (J.F.Moran, 1999): • Des protozoaires • Des vers pulmonaires • Des vers cardiaques • Des vers hépatiques • Des parasitoses digestives • Des vers rénaux 99 Tableau 21 : Importance, localisation et signes cliniques associés à différents endoparasites chez Lutra lutra (Sidorovich & Anisimova, 1999)(J.F.Moran, 1999)(V.R.Simpson, 2000)(V.R.Simpson, 2001) Parasites Famille Source de Symptômes Localisation contamination Toxoplasma gondii protozoaire Chat Fièvre, lymphadénite, Sang Alimentation myocardite, pneumonie… Pseudamphistomum Trématode Alimentation Cholangiohépatite, Foie truncatum fibrose des espaces portes, nécrose du foie. Crenasoma Nématode Alimentation Toux, dyspnée, anémie, Poumons cachexie… Emmonsia sp Champignon Lésions Poumons granulomateuses !!DD avec tuberculose!! Filaroides spp Nématode Piqûre de Toux, anémie, Poumons et moustique dyspnée… coeur Dioctophyme Nématode Alimentation Insuffisance rénale, Reins renale (Poisson) néphrocolique… Eustrongylus gigas Nématode Alimentation Insuffisance rénale, Reins et (Poisson) obstruction urétrale, cavité péritonite abdominale Skrjabingylus Nématode Éternuements, jetage, Cavités nasicola toux, dyspnée. nasales Angiostrongylus Nématode Vaisseaux vasorum 3.6.6.3. Les maladies fongiques de Lutra lutra Elles sont extrêmement peu fréquentes chez Lutra lutra. On rapporte, cependant, que lorsqu’une loutre est faible, que son pelage est donc peu entretenu et sale, Monilia sp un champignon commensal peut proliférer et devenir alors pathogène mais ceci reste exceptionnel. 100 3.7. Récapitulatif des maladies infectieuses chez Lutra lutra Streptocoque Pasteurelles Botulisme Tuberculose (Z) Leptospirose (Z) Salmonellose (Z) Maladie Tableau 22 : Les maladies infectieuses de Lutra lutra ; fréquence, gravité, symptômes, traitement et prévention. (Tableau personnel) Fréquence Contamination Symptômes Traitement Prévention (et gravité) Par épidémie (+/- selon sérovar et individu) Aliment, surtout poulet Diarrhée, Vomissements Avortement Septicémie Insuffisance rénale Fluidothérapie Anti-diarrhéique Anti-vomitif Protecteurs rénaux Enrofloxacine TMPS Fluidothérapie Protecteurs rénaux et hépatiques Risque de CIVD Doxycycline A proscrire Réfrigération correcte des aliments Analyse des lots Moyenne (++, souvent fatal) Urine des rongeurs Insuffisance rénale et hépatique En hausse (+++) Congénères, faune sauvage Toux Hémoptysie Lésions granulomateuses Rare (++) Aliment Mort brutale Si symptômes : Diarrhée Iléus Illusoire Conservation correcte des aliments Hygiène enclos Fréquent (+/-) Contact rongeurs Pneumonie Parfois diarrhée Tétracyclines TMPS Antiinflammatoire Bronchodilatateur Fréquent (+/- selon localisation) Morsure ou plaie Abcès Parage Antibiotiques Antiinflammatoire 101 Eradication des rongeurs Tuberculine à l’entrée Isolement vis-à-vis de la faune Autre animal enragé Nerveux Aucun Vaccin canin Peu décrite (++) Transmission indirecte Insuffisance hépatique Hémorragies Surtout chez le jeune Vaccin canin Assez fréquent (++) Autres carnivores Par épidémie (++) Fèces, milieu extérieur Troubles neurologiques Surtout chez le jeune Diarrhée Vomissements Surtout chez le jeune Fluidothérapie Protecteurs hépatiques Anti hémorragique Transfusion Fluidothérapie Vitamines B Fluidothérapie Pansements digestifs Anti-diarrhéique Anti-vomitif Vaccin canin Rare Autres animaux Très fréquent (très variable selon le parasite) (Z) = Zoonose Aliment, insectes vecteurs Nématodes Parasites Parvovirose externes Maladie de Carré Hépatite de Rubarth Rage (Z) Rare (+++ mortelle) Anémie Perte de poids Variable selon localisation du parasite 102 Vaccin canin 3.8. Les Molécules utilisables chez Lutra lutra et leurs posologies 3.8.1. Les traitements antibiotiques Tableau 23 : Quelques traitements antibiotiques chez Lutra lutra (F.Capber, 2008) (R.E.Green, 1998) (S.Petit, 2009) Molécule Nom déposé Posologie Voie Durée Amoxicilline et Clamoxyl® 12,5 mg/kg PO, IM 5 jours acide Suramox® BID clavulanique Clavaseptin® Spectre d’activité Abcès, morsure, Streptocoque, Staphylocoque E.Coli, Pasteurella Cefalexine Rilexine® 30 mg/kg SID PO, IM 5 jours Céfovicine Convénia® 8mg/kg SC Penicilline Depocilline® Duphapen® Shotapen 30 mg/kg SID IM, SC 1 injection dure 21 jours 3 à 5 jours Colistine Colibolus® 25000 UI/kg Potencil® BID Belcomycine® PO, IM, IV 3 jours Tube digestif, Coli Doxycycline Doxyval® Ronaxan® 10 mg/kg SID PO 5 jours Marbofloxacin Marbocyl® 5 mg/kg SID 5 jours Enrofloxacine Baytril® 5mg/kg SID PO, IV, IM, SC PO, IV, IM, SC 5 à 15 jours Métronidazole Flagyl® 25-50 mg/kg PO, IM 5 jours Gram + et -, Mycoplasmes Leptospirose, Infections respiratoires, urinaires Génitales Infections urinaires, respiratoires, peau Infections urinaires, prostatiques, pyodermites. E.coli, Proteus myrabiblis, Mycoplasma, Manheimia, Pasteurella Germes anaérobies TMPsulfamides Clindamycine Amphoprim® Bactoprim® Antirobe® 25 mg/kg SID PO 5 jours 11 mg/kg SID PO 10 jours 103 Infections cutanées, Infections urinaires, Staph. E.Coli, Proteus, Gram + et GramInfection urinaire, Abcès, Plaie Morsures, Abcès dentaires, stomatite, gingivite, Infections osseuses PO= per os, IM= Intramusculaire, IV= Intraveineux, SC= sous cutané, SID= une fois par jour, BID= deux fois par jour 3.8.2. Les traitements anti-inflammatoires, antidouleurs et antispasmodiques Tableau 24 : Les traitements anti-inflammatoires chez Lutra lutra (F.Capber, 2008) (R.E.Green, 1998) Molécules Nom déposé Posologie Voie Durée Activité Acide Tolfine® 4 mg/kg PO, SC 3 à 5 jours AINS tolfénamique Tolfédine® SID Antalgique Antipyrétique Flunixine Fynadine® 1mg/kg PO, IV 3à 5 jours AINS, Post op SID traumatisme Ketoprofen 1 mg/kg PO 3 à 5 jours AINS SID Ibuprofen 20 mg/kg PO 3 à 5 jours AINS SID Méloxicam Métacam 0,2 PO, IV, IM, Au besoin AINS, Flexicam® mg/kg SID SC Peut être utilisé en chronique Prédnisolone Solumédrol® 2mg/kg IV, IM, SC En AIS, (allergie) général Alllergie 20 mg/kg une seule Choc (choc) injection Dexaméthasone Dexadreson® 0,1 à 1 IV, IM, SC Au besoin AIS, Dexazone® mg/kg Choix du Dexalone® produit en Dexafort® fonction de la Voren® durée d’action voulue Scopolamine Spasmoglucinol® IM, IV, PO Anti Estocelan® spasmodique Prifinium Prifinial® IM, IV, PO Anti spasmodique 104 3.8.3. Les traitements antiparasitaires Tableau 25 : Les antiparasitaires utilisables sur Lutra lutra (F.Capber, 2008), (S.Petit, 2009) (R.E.Green, 1998)(A.Melissen, Husbandry guidelines, Studbook for Lutra lutra, 2000) Molécule Nom déposé Posologie Voie Durée Spectre d’activité Nitroscanate Lopatol® Scanil® 50 mg/kg Ivermectine Ivomec® 0,2 mg/kg IM, SC, PO Strongles, poux, gale, filariose, vers pulmonaires Toltrazuril Baycox® 20 mg/kg PO Anticoccidien Sélamectine Stronghold® 6 mg/kg Spot on Gales, poux, ascaris Niclosamide + Oxibendazole Vithaminthe® 120 mg/kg et 15 mg/kg PO Ascaris, tænia, ankylostomes Milbemycine + Praziquantel Milbemax® 0,5 mg/kg PO et 5 mg/kg Fenbendazole Panacur® 50 mg/kg PO 3 jours Ketoconazole Ketofungol® 10 mg/kg SID PO 3à4 Teigne semaines Enilconazole Imavéral® Dilution 1/50eme Topique Teigne Lévamisole Némisol® Tétramisol® 10 mg/kg PO, SC Nématodes 3.9. PO Antihelminthique Cestodes et nématodes Echinococcose Vers pulmonaires ++, ascaris, trichures, tænia, ankylostomes Administration des traitements En général, le plus simple est de privilégier les traitements par voie orale mélangés à la nourriture, il est même possible d’utiliser certains injectables en per os, comme par exemple l’Ivomec®. Quand le traitement ne peut pas se faire ainsi, il est possible de réaliser des injections intramusculaires à l’aide de flèche tirées à la sarbacane, cependant retrouver la flèche dans l’enclos si l’animal n’est pas anesthésié s’avère souvent difficile voire 105 dangereux ; il est donc préférable de faire une injection longue action quand l’animal est anesthésié puis de prendre un relais oral (R.E.Green, 1998). Il est important d’instaurer une relation de confiance au quotidien entre le soigneur et ses animaux ; cela facilitera les opérations de soins. Lors d’un abcès, par exemple, la plaie devra être nettoyée, drainée et éventuellement des pommades devront être appliquées ; si l’animal accepte le contact avec l’homme on minimisera la contention physique ou chimique stressante et jamais sans danger pour l’animal. Certaines astuces peuvent aussi être très pratiques, par exemple, si un traitement doit être appliqué sur les pattes on peut déposer ce traitement sur une bâche devant la nourriture ainsi la loutre s’imbibera les pattes quand elle viendra se nourrir. 3.10. La prévention des maladies infectieuses chez Lutra lutra en captivité 3.10.1. Prophylaxie sanitaire La prévention des maladies infectieuses passe en grande partie par la conduite d’élevage. Certaines règles sont nécessaires pour assurer la protection sanitaire des animaux en captivité. 3.10.1.1. « Etanchéité » des enclos La plupart des parcs animaliers sont aujourd’hui interdits aux carnivores domestiques carces derniers sont porteurs de parasites et de germes pouvant être transmis aux loutres (ou à d’autres espèces en captivité). Le contact avec la faune sauvage doit lui aussi être réduit : les rongeurs peuvent être chassés à l’aide de pièges, les enclos doivent être étanches face aux renards et autres gibiers. Certains parcs « élèvent » des chats qui défendant leur territoire évitent les intrusions des autres chats, non vaccinés et non vermifugés, et des rongeurs. 3.10.1.2. La quarantaine Des mesures de quarantaine, à l’aide d’un enclos isolé où un vide sanitaire est possible, permettent lors de l’arrivée d’un nouvel individu de le tester pour les maladies contagieuses, de le déparasiter mais aussi de l’acclimater progressivement à son nouvel environnement. 3.10.1.3. Les désinfections des hommes et du matériel Un pédiluve à l’entrée et à la sortie des enclos, ainsi qu’une désinfection du matériel (catiches, gamelles, jouets…) lors de son déplacement dans le parc ou dans l’enclos évite la dispersion des microbes. 3.10.2. Prophylaxie médicale Les mesures médicales de prévention que sont les vaccins et les traitements antiparasitaires sont toujours à coupler avec des mesures environnementales pour être réellement efficaces. 106 3.10.2.1. Les vaccins Aujourd’hui les vaccins utilisés sur Lutra lutra sont des vaccins canins. Il est donc possible de vacciner les loutres européennes contre la maladie de carré, la parvovirose, la leptospirose, la rage et l’hépatite de Rubarth à l’aide d’un vaccin vivant inactivé (Hexadog®). Leur efficacité sur la réponse immunitaire de la loutre européenne n’est pas connue, c’est pourquoi certains parcs ne vaccinent pas aujourd’hui. 3.10.2.2. Les antiparasitaires Les traitements antiparasitaires, cités au paragraphe 3.9.3, sont un atout majeur de la prévention, en réduisant la pression d’infection dans l’habitat. Il est néanmoins recommandé avant de traité « à l’aveugle » de réaliser des examens coproscopiques : ceci permet de choisir la molécule la mieux adaptée au traitement mais aussi de suivre l’effet du traitement au cours du temps. 3.10.2.3. Visite médicale annuelle Quand il est possible de la mettre en place, la visite médicale annuelle, est une bonne méthode de surveillance des animaux. On peut en profiter pour leur poser une puce électronique ou en vérifier le fonctionnement, les peser, les vacciner, poser des implants hormonaux, réaliser des prises d’urine, de sang… (Fiche 12 : Bilan de santé annuel des loutres européennes en captivité) La prophylaxie : Prophylaxie sanitaire : - Eviter les animaux extérieurs (surtout les rongeurs) - Chat domestique - Quarantaine à chaque introduction - Pédiluves et désinfection du matériel (Virkon®, ammonium quaternaire…) Prophylaxie médicale : - Vaccin annuel vivant inactivé CHPLR - Vermifugation au moins une fois par an, suivis réguliers avec des coproscopie (penser à la méthode de Baerman car les vers pulmonaires sont courants) 3.11. Les affections génitales chez le mâle En captivité, certaines tumeurs sont diagnostiquées. On rapporte, des tumeurs testiculaires qui après analyse histologique s’avèrent être des tumeurs des cellules de Sertoli. On trouve aussi des tumeurs au niveau des canaux déférents : Ces dernières sont souvent des découvertes d’autopsie alors que les première prisent suffisamment tôt peuvent être stoppées par la castration. On rapporte aussi des cas de paraphimosis, cette affection est dangereuse par les complications qu’elle peut engendrer, telles que la nécrose ou la 107 gangrène. Il est donc nécessaire de capturer l’animal, de l’anesthésier, de réduire le paraphimosis, de le castrer et de le mettre sous traitement antibiotique et antiinflammatoire (F.Capber, 2008) 3.12. Les pathologies de la reproduction Une fois la mise-bas effectuée, le succès de la portée n’est pas encore garantie. En effet, en captivité seuls 32% de tous les loutrons nés atteignent 30 jours et dans 37,5 % des portées aucun loutron ne survit (K.Robin, 1987). 3.12.1. Les affections touchant la femelle 3.12.1.1. Le rejet des loutrons Il arrive que la mère ne s’occupe pas de sa portée, en général parce qu‘elle n’a pas assez de lait pour nourrir l’ensemble des jeunes (F.Capber, 2008). Dans ce cas l’élevage à la main devient nécessaire (Cf. 2.5.4). 3.12.1.2. Les tumeurs mammaires La loutre étant une espèce à polyœstrus, les tumeurs mammaires ne sont pas rares car l’imprégnation oestrogénique des tissus est importante en particulier s’il n’y a pas d’accouplement. La chirurgie est envisageable en captivité, avec ablation de la chaine mammaire entière par la même technique que sur la chienne ou la chatte (données du Parc d’Hunawihr). 3.12.1.3. Les tumeurs utérines Il semblerait que ces tumeurs soient peu fréquentes chez la loutre avec une prévalence de 1,8% en général. Cependant comme chez la plupart des mammifères, ces tumeurs prennent de l’importance avec l’âge puisque 31% des femelles entre 10 et 14 ans seraient affectées (T.M.Heggberget, 1998). Certains auteurs pensent que les léiomyomes sont les tumeurs les plus fréquentes. Souvent ces tumeurs sont des découvertes d’autopsie (I.F.Keymer, G.A.H.Wells, C.F.Mason, & S.M.Macdonald, 1988). 3.12.1.4. Les tumeurs ovariennes Il a été trouvé des tumeurs sur les ovaires de certaines loutres après autopsie mais ceci est assez rare et souvent associé à de vastes tumeurs utérines. 3.12.2. La mortinatalité chez les loutrons Elle est en général due à de l’hypothermie, il est important que le lieu de la mise bas soit sec et chaud. Cette hypothermie, en effet, fragilise le système immunitaire des loutrons, qui seront alors beaucoup plus sensibles à tout type d’infection. 108 Points importants dans la survie des portées : Surveillance de la mise bas (prodromes, comportement maternel…) et de la croissance des loutrons (pesée à la naissance, isolement, suivi de poids…) Alimentation adaptée de la mère Vermifugation de la mère moins de 3 semaines avant la mise-bas Accès libre aux catiches, au calme, dans le noir, au sec et au chaud Vaccination et vermifugation des jeunes à 8 semaines. 3.13. La contention de Lutra lutra dans le cadre des soins 3.13.1. La contention physique Ces mesures sont les premières utilisées lorsqu’il est nécessaire de capturer un individu, pour le transférer dans un autre enclos, ou même dans un autre parc. C’est aussi cette technique qui est privilégiée lorsqu’un individu doit être isolé d’un groupe pour des raisons médicales : cependant si un traitement ou une manipulation plus en détail est requise l’anesthésie ou la tranquillisation deviendront indispensables 3.13.1.1. La contention manuelle Attraper une loutre adulte uniquement à la main avec des gants parait bien souvent illusoire. Cette technique fonctionne éventuellement dans des locaux de quarantaine ou aucun obstacle ne s’offre à l’animal, mais est impossible à mettre en place dans un environnement extérieur ou un enclos. 3.13.1.2. L’utilisation de « pièges » Dans la nature aujourd’hui on utilise des « pièges à mâchoires sans mâchoire ». Ces pièges sont très efficaces mais en captivité on leur préfère des pièges fait à l’aide de cage à clapet et d’appâts. 109 (C.Reuther & R.Röchert, 1989) Figure 58 : Cage à clapet Une technique un peu plus rudimentaire à l’aide d’un tuyau en PVC et d’un manche à balai avec une plaque en plastique du diamètre du tuyau permet aussi de repousser l’animal vers une direction souhaitée. 3.13.1.3. L’utilisation des catiches La technique des catiches compartimentées est la technique la plus efficace en captivité et la plus facile à mettre en œuvre une fois le matériel en place. Cette méthode consiste à mettre à la disposition de chaque individu une catiche en bois avec trois compartiments. Le premier compartiment est la zone d’entrée dans la catiche le second compartiment est chauffé à l’aide d’une lampe infra rouge afin d’être bien chaud et donc confortable pour l’animal, enfin le dernier compartiment peut être séparé du reste de la catiche à l’aide d’une porte coulissante. Ceci permet d’isoler facilement la loutre et même de la transporter. On peut même envisager une paroi coulissante afin de plaquer l’animal dans le fond, de l’immobiliser et donc de réaliser des injections sans anesthésie ou tranquillisation. 110 (Document personnel) Figure 59 : Exemple de catiche compartimentée utilisée à Hunawihr (C.Reuther & R.Röchert, 1989) Figure 60 : Autre catiche compartimentée 111 (C.Reuther & R.Röchert, 1989) Figure 61 : Cage de contention avec un toit mobile permettant de plaquer la loutre au fond de la cage 3.13.2. La contention chimique L’anesthésie est souvent indispensable pour les examens rapprochés et pour les soins des animaux. 3.13.2.1. Administration de l’anesthésique (R.E.Green, 1998) En général, on préfère des anesthésiques injectables que l’on peut faire à distance, la sarbacane est très utilisée. Quand l’animal peut être piégé dans sa catiche on lui administre alors le produit anesthésique en intramusculaire à l’aide d’une seringue et d’une aiguille verte. On essaie toujours de commencer par une première dose assez faible entrainant uniquement la sédation pour minimiser les conséquences en cas d’allergie et afin de pouvoir reverser facilement le produit. Si l’intervention est longue, à la suite de l’induction en intra musculaire il est préférable d’intuber le patient et d’entretenir l’anesthésie par voie gazeuse. 112 Il arrive que la sédation soit elle-même le traitement pour l’animal. En effet, pendant le transport ou lors d’un changement dans l’habitat les loutres peuvent présenter des comportements violents voire autodestructeurs, dans de telles situations l’administration de sédatifs s’avère souvent très efficace. Afin d’obtenir une absorption efficace de l’anesthésique il faut que l’injection soit une intramusculaire profonde ce qui n’est pas toujours évident chez la loutre qui a une peau très élastique et épaisse. Lorsque cela est possible, on essaie de réaliser ces injections dans le quadriceps. Les injections au niveau des muscles lombaires sont moins évidentes et donc souvent à éviter (L.H.Spelman, 1999). Pour que l’animal s’endorme correctement et pour limiter au plus les risques d’accident, il est conseillé, une fois l’injection réalisée de laisser l’animal au calme dans un endroit assez sombre pendant environ 15 minutes, les premiers effets de l’anesthésie étant eux en général visible au bout de 2 à 7 minutes. (G.Kollias & N.Aboumadi, 2008) 3.13.2.2. Les paramètres physiologiques à surveiller et les méthodes de surveillance Lorsqu’on anesthésie une loutre, il est nécessaire de surveiller (JP.Hoover & EM.Jones, 1986): • La fréquence et le rythme cardiaque, • La fréquence et le rythme respiratoire, • La température rectale et celle des extrémités, • La saturation en O2 et la pression artérielle, (Cf. Tableau 9 pour les valeurs physiologiques) 100 99 98 SpO2 (en%) 97 96 95 94 93 92 91 90 15 20 25 Temps après fléchage (en minutes) (J.F.Morans, E.Perez, M.Sanmartin, D.Saavedra, & X.Manteca, 2000) Figure 62 : Saturation sanguine moyenne en O2 en fonction du temps chez Lutra lutra après anesthésie kétamine-médétomidine 113 Fréquence cardiaque (batt par minute) La saturation en O2 chute au moment de l’induction puis se stabilise en général aux alentours de 94 ou 95 %. Ceci s’explique par le fait qu’au début de l’anesthésie il y a souvent une bradypnée, voire une apnée puis peu à peu l’appareil respiratoire se régularise. Il est préférable d’intuber rapidement l’animal ou au moins de lui poser un masque afin de soutenir sa fonction respiratoire. L’intubation est une sécurité très intéressante car les difficultés respiratoires sont les complications les plus fréquentes en anesthésie, les apnées étant souvent favorisées par le décubitus dorsal (JP.Hoover & EM.Jones, 1986). 98 96 94 92 90 88 86 84 82 15 10 20 Temps après fléchage (en minutes) (J.F.Morans, E.Perez, M.Sanmartin, D.Saavedra, & X.Manteca, 2000) Figure 63 : Fréquence cardiaque moyenne en fonction du temps chez Lutra lutra après une anesthésie kétamine-médétomidine Avec de tels protocoles anesthésiques on constate souvent une bradypnée (voire des apnées) et une bradycardie au moment de l’induction, comme le montre le graphique cidessus. Ces épisodes de bradypnée sont vite maitrisés à l’aide d’atropine. Ainsi, 0,02mg/kg d’atropine au moment où la fréquence cardiaque chute entre 70 et 100 bpm permettent de remonter au dessus de 100 bpm en moins de 5 minutes. Certains cas d’hyperthermie pouvant être fatals, suite à une anesthésie à base de kétamine sont rapportés dans la littérature (C.Reuther & B.Brandes, 1984). Il semble cependant qu’avec l’association kétamine et médétomidine ce phénomène soit exceptionnel. Il convient tout de même de surveiller constamment la température de l’animal et de mettre en place des mesures de réchauffement ou de refroidissement adéquates. Il semblerait pour certains que l’hyperthermie soit essentiellement due au stress et à l’énergie dépensée par l’animal pour se débattre quand il n’est pas suffisamment endormi. Une fois anesthésiée la loutre garde les yeux ouverts, ses yeux sont très fragiles et sensibles à la sécheresse extérieure. Il est indispensable de les humidifier à l’aide de collyre ou de pommades telles que : Ocrygel®, … 114 3.13.2.3. Les protocoles anesthésiques Le protocole anesthésique plus employé est l’association kétamine et médétomidine. Souvent il permet l’intubation puis un relais gazeux à base d’isoflurane est employé, mais il peut aussi être utilisé seul comme méthode d’anesthésie dite « fixe ». Selon les auteurs les dosages considérés on trouve plusieurs dosages optimums mais on reste toujours dans la même moyenne : • Kétamine = 2,5 à 7,5 mg/kg et Médétomidine = 80 µg/kg en intramusculaire (D.Bourne, Catching and handling of Lutra lutra, 2001), • Kétamine = 5,1 mg/kg (de 3,4 à 6,6 mg/kg) et Médétomidine = 50 µg/kg (de 34 à 66 µg/kg) en intramusculaire (J.F.Morans, E.Perez, M.Sanmartin, D.Saavedra, & X.Manteca, 2000), Certains auteurs rapportent d’autres protocoles anesthésiques qui sont moins employés mais qui peuvent être utiles lors de sédation ou d’induction. Ces protocoles sont moins détaillés car moins employés Tableau 26 : Caractéristiques de quelques protocoles anesthésiques Molécules Doses Antagoniste Remarques Kétamine + 18 mg/kg et Aucun Risque de dépression Diazépam 0,4 mg/kg respiratoire (G.Kollias & 15 mg/kg et Aucun idem N.Aboumadi, 2008) 0,5 mg/kg Kétamine 6 à 30 mg/kg Aucun Très nombreuses (G.Kollias & complications : N.Aboumadi, 2008) dépression respiratoire, hyperthermie fatale (C.Reuther, 1983) Tachycardie Mauvaise myorelaxation Kétamine + Pas de dosage Aucun Midazolam donné (T.Kuiken, 1988) (R.E.Green, 1998) Kétamine + 5 mg/kg et Atipémazole Médétomidine 0,05 mg/kg (R.E.Green, 1998) (J.F.Morans, E.Perez, M.Sanmartin, D.Saavedra, & X.Manteca, 2000) Kétamine + Pas de dosage Aucun Tilétamine donné (R.E.Green, 1998) 115 3.13.2.4. Les mesures post anesthésiques Après la chirurgie, le réveil doit se faire dans un endroit calme, chaud, où l’animal a son odeur et à l’écart des congénères. Il faut l’éloigner des points d’eau, pour éviter les noyades lorsque l’animal est encore insuffisamment réveillé. La remise dans l’enclos habituel se fait en général au court de la même journée pour limiter les stress au maximum. 116 3.13.3. Récapitulatif sur la contention de Lutra lutra Tableau 27 : Fiche technique d’aide à la capture, à la contention et à l’anesthésie de Lutra lutra (D.Bourne, 2001) Particularités de Lutra lutra • Puissante, forte et très souple Contention manuelle souvent impossible • Muscle épais + Peau fine et élastique + Graisse sous cutanée Injections intramusculaires difficiles Risques • Morsures et griffures graves pour le personnel • Risque de transmission de zoonoses • Risque de blessures pour la loutre qui cherchera à s’enfuir par tous les moyens Précautions et conseils • Préférer les injections par fléchage aux injections manuelles (moins de stress) • Matériel adapté : o Filet, lasso, gants o Sarbacane et flèches o Eventuellement masque et sonde pour anesthésie gazeuse o Cage de contention Questions à se poser et préparation • La contention est-elle suffisante ? • L’anesthésie est-elle nécessaire ? • Isoler l’animal de son milieu ? • Isoler l’animal des congénères ? Protocole de capture • Utilisation du filet et du lasso dans un enclos de quarantaine (sans point d’eau) ou dans la catiche compartimentée • Si animal apparemment inconscient : toujours vérifier en touchant les zones des yeux et des vibrisses avec un bâton souple. • Si possible attacher les quatre pattes ensembles. Suffisant pour les animaux calmes, les jeunes, pour les injections, les examens rapides 117 • Protocole d’anesthésie • • • • • • • Surveillance et monitoring • • • Mesures post anesthésique • 118 Le plus couramment kétamine (2,5 à 7,5 mg/kg) médétomidine (80 µg/kg) en intramusculaire o Augmenter la dose sur animal excité ou au métabolisme rapide o Attention aux doses supplémentaires Préférer les injections IV pour contrôler l’anesthésie après induction Démarche pour compléter les doses : o Si pas d’effet au bout de 15 minutes : refaire une dose o Si effet visible mais animal toujours actif au bout de 15 minutes : refaire ¾ de dose o Si anesthésie présente mais pas assez profonde : refaire ½ dose Association avec une benzodiazépine recommandée. Prolongation de l’anesthésie avec Isoflurane après intubation. Eviter les alpha-2-agonistes (risque de dépressions cardiorespiratoires) Atipémazole antagoniste de médétomidine Surveillance de : o La fréquence et le rythme cardiaque, o La fréquence et le rythme respiratoire, o La température rectale et celle des extrémités, o La saturation en O2 et la pression artérielle Bradycardie fréquente en début d’anesthésie Conseil de mise sous O2 car apnées fréquentes Réveil au calme, à l’obscurité et au chaud, dans un endroit clos Remise dans l’enclos dans la journée 119 CONCLUSION Considérée longtemps comme une espèce disparue dans de nombreuses régions françaises et européennes la Loutre d’Europe (Lutra lutra) est un symbole de la protection animale et de la réintroduction en milieu naturel. La captivité est aujourd’hui indispensable à la survie de l’espèce et à la réussite des multiples plans de réintroduction en Europe. En effet, l’élevage permet de mieux comprendre le fonctionnement des animaux, en observant leurs comportements et leurs faiblesses on arrive à mettre en place des plans de reproduction (EEP) conservant la diversité génétique de l’espèce et permettant de réintroduire chaque souche génétique dans un milieu adapté. En France, même si la loutre européenne reste l’espèce de loutre la moins représentée en captivité, de plus en plus de parcs créent de nouveaux groupes d’individus. Pour les gérer, il faut connaître leurs besoins, leurs habitudes, leurs maladies… si de nombreux guides de bonnes pratiques d’élevage aident les parcs au quotidien pour les espèces asiatiques ou canadiennes peu de normes sont connues sur la loutre européenne. Le contact direct avec les personnes élevant des loutres depuis plusieurs années ou depuis peu m’a permis de voir quelles sont les difficultés rencontrées et quelles sont les leçons et les solutions que l’on peut en tirer. En travaillant avec ces parcs on constate l’importance de leur travail pour la sauvegarde des espèces et la sensibilisation du public sur la fragilité des animaux et de l’environnement qui nous entoure. 121 BIBLIOGRAPHIE A.Demirsoy. (1992). Meteksan anonim sirketi. 759-760. A.Melissen. (2000). Husbandry guidelines, Studbook for Lutra lutra. Leuwarden. A.Melissen, & F.P.G.Prince. (2001). Genetic management or European otters (Lutra lutra) in European zoos. Pays Bas. A.Rubel, & B.Hauser. (1987). Veterinärmedizinsche Prophylaxe bei der Haltung des Europäischen Fischotter (Lutra lutra) . Int. symp. Erkrankungen Zootiere , (pp. 285-291). Amnéville, Z. (2009, juillet). Soins aux loutres cendrées. B.Rogosick, & B.Brandes. (1989). Disease among captive otters. V International otter colloquium hankesbuttel. B.Shaul. (1962). The composition of the milk of wild animals. International Zoo yearbook Vol 4 , pp. 333-334. C.Abat, G.Pothin, & A.Trimoulinard. (2010). Les EEPs développés par l'EAZA. 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L'exportation d'un spécimen d'une espèce inscrite à l'Annexe I nécessite la délivrance et la présentation préalables d'un permis d'exportation. Ce permis doit satisfaire aux conditions suivantes: a) une autorité scientifique de l'Etat d'exportation a émis l'avis que cette exportation ne nuit pas à la survie de l'espèce intéressée; b) un organe de gestion de l'Etat d'exportation a la preuve que le spécimen n'a pas été obtenu en contravention aux lois sur la préservation de la faune et de la flore en vigueur dans cet Etat; c) un organe de gestion de l'Etat d'exportation a la preuve que tout spécimen vivant sera mis en état et transporté de façon à éviter les risques de blessures, de maladie, ou de traitement rigoureux; d) un organe de gestion de l'Etat d'exportation a la preuve qu'un permis d'importation a été accordé pour ledit spécimen. 3. L'importation d'un spécimen d'une espèce inscrite à l'Annexe I nécessite la délivrance et la présentation préalables d'un permis d'importation et, soit d'un permis d'exportation, soit d'un certificat de réexportation. Un permis d'importation doit satisfaire aux conditions suivantes: a)une autorité scientifique de l'Etat d'importation a émis l'avis que les objectifs de l'importation ne nuisent pas à la survie de ladite espèce; b) une autorité scientifique de l'Etat d'importation a la preuve que, dans le cas d'un spécimen vivant, le destinataire a les installations adéquates pour le conserver et le traiter avec soin; c) un organe de gestion de l'Etat d'importation a la preuve que le spécimen ne sera pas utilisé à des fins principalement commerciales. 4. La réexportation d'un spécimen d'une espèce inscrite à l'Annexe I nécessite la délivrance et la présentation préalables d'un certificat de réexportation. Ce certificat doit satisfaire aux conditions suivantes: a) un organe de gestion de l'Etat de réexportation a la preuve que le spécimen a été importé dans cet Etat conformément aux dispositions de la présente Convention; b) un organe de gestion de l'Etat de réexportation a la preuve que tout spécimen vivant sera mis en état et transporté de façon à éviter les risques de blessures, de maladie, ou de traitement rigoureux; c) un organe de gestion de l'Etat de réexportation a la preuve qu'un permis d'importation a été accordé pour tout spécimen vivant. 5. L'introduction en provenance de la mer d'un spécimen d'une espèce inscrite à l'Annexe I nécessite la délivrance préalable d'un certificat par l'organe de gestion de l'Etat dans lequel le spécimen a été introduit. Ledit certificat doit satisfaire aux conditions suivantes: a) une autorité scientifique de l'Etat dans lequel le spécimen a été introduit a émis l'avis que l'introduction ne nuit pas à la survie de ladite espèce; b) un organe de gestion de l'Etat dans lequel le spécimen a été introduit a la preuve que dans le cas d'un spécimen vivant, le destinataire a les installations adéquates pour le conserver et le traiter avec soin; c) un organe de gestion de l'Etat dans lequel le spécimen a été introduit a la preuve que le spécimen ne sera pas utilisé à des fins principalement commerciales. 131 Annexe 2 : Partie des annexes I, II et III de la convention de Washington montrant le classement de Lutra lutra en annexe I (IUCN, 2010) Annexes I II CARNIVORA Mustelidae Blaireaux, martres, belettes, etc. Lutrinae Loutres Lutrinae spp. (Sauf les espèces inscrites à l'Annexe I) Aonyx capensis microdon (Seulement les populations du Cameroun et du Nigéria; toutes les autres populations sont inscrites à l'Annexe II) Enhydra lutris nereis Lontra felina Lontra longicaudis Lontra provocax Lutra lutra Lutra nippon Pteronura brasiliensis Annexe 3 : Définitions des catégories de la liste rouge de la CITES (IUCN, 2000) 132 III Annexe 4 : Chapitre III, Article 6 de la convention de Berne « Mesures de conservation des espèces de l’annexe II » (UE, Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, 1979) Chaque Partie contractante prend les mesures législatives et réglementaires appropriées et nécessaires pour assurer la conservation particulière des espèces de faune sauvage énumérées dans l'annexe II. Seront notamment interdits, pour ces espèces: a. toutes formes de capture intentionnelle, de détention et de mise à mort intentionnelle; b. la détérioration ou la destruction intentionnelle des sites de reproduction ou des aires de repos; c. la perturbation intentionnelle de la faune sauvage, notamment durant la période de reproduction, de dépendance et d'hibernation, pour autant que la perturbation ait un effet significatif eu égard aux objectifs de la présente Convention; d. la destruction ou le ramassage intentionnel des œufs dans la nature ; e. la détention et le commerce interne de ces animaux, vivants ou morts, y compris des animaux naturalisés, et de toute partie ou de tout produit, facilement identifiables, obtenus à partir de l'animal, lorsque cette mesure contribue à l'efficacité des dispositions du présent article. Annexe 5 : Liste des carnivores en Annexe II de la convention de Berne (UE, 1979) Alopex galopus Canidae Canis lupus Ursidae Toutes les espèces Gulo gulo Mustélidae Mustela eversmanii Mustela lutreola Lutra lutra Felidae Odobenidae Phocidae Vormela peregusna Caracal caracal Felis silvestris Lynx pardina Panthera pardus Panthera tigris Odobenus rosmarus Monachus monachus Phoca hispida saimensis Phoca hispida lagodensis 133 Annexe 6 : Questionnaire envoyé aux parcs zoologiques français possédant des loutres européennes (Document personnel) LA POPULATION DE LOUTRES EUROPEENNE DU PARC Nombres d’individus au total dans le parc :………………………………………………………………………….. Nombres de groupes sociaux :………………………………………………………………………………………………… Nombres de portées en 2009 :……………………………………… en 2010 :……………………………………… Nombres de jeunes nés en 2009 :…………………………………. en 2010 :……………………………………… Nombres de jeunes ayant atteint l’âge de 1 an en 2010 :…………………………………………………… Nombres de femelles :…………………………………………………………………………………………………………… Nombres de mâles :………………………………………………………………………………………………………………… L’ALIMENTATION Ration :…………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………….. Mode de distribution : -Dans l’enclos à un endroit précis -Cachée dans des endroits variés dans l’enclos -Dans les catiches -Autre :……………………………………………………………………………………………………………………… Nombre de repas par jour :………………………………………………………………………………………………….. L’ENCLOS ET L’ENVIRONNEMENT Nombre d’enclos :………………………………………………………………………………………………………………….. Y a-t-il différents enclos selon la saison? Y a-t-il plusieurs bassins ? Quel mode de filtration est utilisé : -Lagunage -Filtration par gravité -Filtration par haute pression -Autre : ……………………………………………………………………………………………………………………….. Y a-t-il un enrichissement par des jeux, des éléments naturels… dans l’enclos ? Si oui lesquels ?.......................................................................................................................... LES LOUTRES ET LE PUBLIC Y a-t-il des animations avec les loutres pour le public ? Si oui combien par jour ?.................................................................................................... LES SOINS VETERINAIRES Y a-t-il un plan de vaccination ? Si oui quelles sont les valences utilisées ? ……………………………………………………………………………… A quelle fréquence ?.......................................................................................................... Y a- t-il un plan de vermifugation ? 134 Si oui avec quels vermifuges ?............................................................................................... A quel rythme ?................................................................................................................... Y a-t-il des pathologies récurrentes ? Si oui lesquelles ? Morsures, Blessures dans l’enclos, Fractures, Urolithiases, Infections, Parasites intestinaux, Défaut d’accouplement, Mortinatalité, Hypothermie chez les loutrons, Rejet des jeunes par la mère Autre : ………………………………………………………………………………………………………………………. Quels sont les modes de contention utilisés ? Méthodes physiques : -Lasso -Flèche anesthésique -Catiche à compartiments Méthodes chimiques (tranquillisation, anesthésie) : 135 Annexe 7 : Exemples de réponses obtenues au questionnaire 136 137 138 Questionnaire sur les conditions de captivité de Lutra Lutra dans les Parc Animaliers en France LA POPULATION DE LOUTRES EUROPEENNE DU PARC 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Nombres d’individus au total dans le parc : 16 individus Nombres de groupes sociaux : 3 couples, 1 couple avec 1 loutron, 2 frères, 1 frère et sa sœur Nombres de portées en 2009 : 0 en 2010 : 1 Nombres de jeunes nés en 2009 : 0 en 2010 : 3 Nombres de jeunes ayant atteint l’âge de 1 an en 2010 : 0 Nombres de femelles : 6 Nombres de mâles : 10 L’ALIMENTATION 8. Ration : 500 à 600 grammes par jour en ce moment, jusqu’à un kilogramme par jour en hiver. La ration est composée de poissons d’eau douce (vivants et mort) (46%), de poissons de mer (20%), de crevettes (2%), de poussins (14%), de cœur de volailles (18%) 9. Mode de distribution : -Dans l’enclos à un endroit précis oui -Cachée dans des endroits variés dans l’enclos oui -Dans les catiches non jamais -Autre : nourrissage furtif de l’extérieur des emplacements, mais aussi des lâchés de poissons vivants 10. Nombre de repas par jour : 2 pour les loutres d’élevage et multiples pour les loutres du spectacle et du visitable L’ENCLOS ET L’ENVIRONNEMENT 11. Nombre d’enclos : 10 dont un visitable 12. Y a-t-il différents enclos selon la saison? -OUI pour les loutres du spectacle -NON pour les loutres de l’élevage 13. Y a-t-il plusieurs bassins ? -OUI un par enclos au minimum -NON 14. Quel mode de filtration est utilisé : -Lagunage non -Filtration par gravité non -Filtration par haute pression non -Autre : filtre à sable avec un ballon de sable capable de filtrer 150 m3 par heure. 15. Y a-t-il un enrichissement par des jeux, des éléments naturels… dans l’enclos ? -OUI -NON 16. Si oui lesquels ? Troncs creux, rochers, arbres, buissons, bancs de sables, cascades, canalisations, tubes, recherches de nourritures. LES LOUTRES ET LE PUBLIC 17. Y a-t-il des animations avec les loutres pour le public ? -OUI -NON 18. Si oui combien par jour ? 1 présentation par jour, et 1 à 4 spectacles de pêche 139 LES SOINS VETERINAIRES 19. Y a-t-il un plan de vaccination ? -OUI -NON 20. Si oui quelles sont les valences utilisées ? 21. A quelle fréquence ? 22. Y a-t-il un plan de vermifugation ? -OUI -NON 23. Si oui avec quels vermifuges ? Milbemax® et Drontal® 24. A quel rythme ? 2 fois par an ; maximum 3 fois 25. Y a-t-il des pathologies récurrentes ? -OUI par le passé (20 ans de données) -NON 26. Si oui lesquelles ? -Morsures -Blessures dans l’enclos -Fractures -Urolithiases -Infections -Parasites intestinaux -Défaut d’accouplement -Mortinatalité OUI -Hypothermie chez les loutrons -Rejet des jeunes par la mère -Autre : Pleurésie, tumeurs et calculs rénaux chez les loutres âgées 27. Quels sont les modes de contention utilisés ? Méthodes physiques : -Lasso -Flèche anesthésique -Catiche à compartiments oui Méthodes chimiques (tranquillisation, anesthésie) 140 Annexe 8 : Ration proposée aux loutres asiatiques et canadiennes au Zoo d’Amnéville (Soigneur responsable des loutres du Zoo d’Amnéville) Nombre de repas par jour Quantités données 2 400 gr/ j / adulte 100 gr / j / bébé ( à augmenter avec l’âge) 50% viande et 50% poissons : - Steak haché - Bœuf décongelé ou frai selon arrivage - Escalopes - Gardons - Poussins (deux fois par semaine) De temps en temps : - Crevettes - Jaunes d’œuf Tous les jours : - Pet-phos croissance ® (½ cuillère par jour sur la viande rouge) - Huile de foie de morue (1 cuillère par jour) Composition des rations Complémentation 141 142 FICHES PRATIQUES Fiche 1 : Position de Lutra lutra dans le règne animal (Document personnel) 143 Fiche 2 : « Fiche technique de la loutre européenne » (Document personnel) Statut et protection : Description : Taille = - 1 mètre pour les femelles, - Annexe I de la convention de Washington - 1,20 mètre pour les mâles. - Annexe II de la convention de Berne Poids = - EEP pour les individus en captivité en vue de réintroduction - 4 à 8 kg pour les femelles, - Jusqu’à 12 kg pour les mâles. - « Quasi menacée » sur la liste rouge de la CITES Longévité (en captivité) = 12 à 15 ans. La dualité de Lutra lutra : Habitat et habitudes : - Milieu aquatique (rivières, étangs…) - Corps hydrodynamique, tête près du sol pour la chasse. - Un individu a différents lieux de repos mais une catiche principale - Queue longue et musclée : dirige la nage et stabilise les sauts terrestres. - Piscivore - Membres courts et trapus pour la nage en surface, la plongée et le saut sur terre. - Marquage par épreintes - Emploi du temps : •Repos surtout le jour •Chasse et exploration du territoire la nuit - Doigts palmés et pelage imperméable. - Odorat et ouïe sur terre / vision et toucher dans l’eau. 144 Fiche 3 : L’alimentation de Lutra lutra (Document personnel) In-Situ - Piscivore, ichtyophage, qql batraciens... - Ingestion : 20 % de son poids par jour. - Opportuniste : poissons les moins vifs et les plus gros. Ex-Situ - Besoins journaliers moyens =721 Kj/Kg/j (différence selon le sexe et à la saison). - Ingestion de 11 à 15 % de son poids. - Privilégier la pêche et les aliments vivants aux aliments congelés. - 2 à 3 repas par jours, en plus des spectacles. - Problème des carences (Vit A, E, Thiamine...) - Complémentation = Pet-phos® 1/2 dose par jour par individu. - Enrichissement = pêche, nourriture cachée dans l'enclos, jeux renfermant les aliments... - Utilisation de la nourriture pour le training. 145 Fiche 4 : L’habitat de Lutra lutra (Document personnel) In-Situ - La loutre vit le long des étangs, lacs, marais, rivières et fleuves. - Animal territorial et hiérarchique. - Elle se déplace beaucoup (20 km en une nuit). - Taille du territoire ( 15 à 40 km) dépend de la densité de nourriture, du sexe et des prédateurs. - Il y a des gites de repos diurne et nocturnes ≠ des caoches. Ex-Situ -Plusieurs enclos modulables en fonction du sexe des individus et des portées. - Ratio eau/terre de 1/4 en moyenne, profondeur bassin = 1,50 mètres. - divers substrats : galets, terre, gravillons, herbes, roseaux, sable... - Possibilité de creuser mais enclos sécurisé : fond en béton, grillage électrifié, verre résistant... - Prévoir des zones de repos, des catiches isolées du public (surtout pour les portées). - Bassin en aquavision le plus naturel possible (graviers, bords naturels en pente douce...) - L'idéal est une multitude de petits bassins et d'ilôts avec des cascades, des rochers, des ruisseaux... - Jeux et enrichissement par le décor, avec des balles, des cordes, des branches... 146 Fiche 5 : L’organisation sociale de Lutra lutra (Document personnel) In-Situ - Animal plutôt territorial. - Le contact mâle femelle se fait pour l'accouplement puis avant la mise bas la mère chasse le mâle de la catiche et parfois du territoire. Ex-Situ - Ne jamais mettre des individus de même sexe ensembles. - Les couples constitués d’un mâle et d’une femelle sont très fréquents. - Eloigner le mâle à la mise bas. - Séparer les jeunes au sevrage. - Parfois des frères et soeurs peuvent vivre ensemble. - Importance d'une mise en contact progressive et sous surveillance pour les accouplements ou les nouveaux arrivants. - Pour les accouplements on introduit le mâle dans l'enclos de la femelle. 147 Fiche 6 : Données pratiques concernant la reproduction de Lutra lutra (Document personnel) Données chiffrées - Maturité sexuelle : 2 ans pour le mâle et 3 ans pour la femelle. - Pas de saisonnalité, polyoestrus, ovulation due au coït. - Durée d'un cycle oestral = 30-40 jours. - Accouplements multiples en général en milieu aquatique, répétés pendant 48h. - Gestation = 60 jours. - Taille des portées = 1 à 3 loutrons. - Durée de la mise bas = 2 à 3 heures. - Emancipation vers 8 mois. 148 Fiche 7 : Moments clefs dans la gestation et la mise bas chez la loutre européenne (Document personnel) 40 j : vulve gonflée et tétine très apparentes Dernière semaine : agitation, polypnée, se 45j : ventre couche sur le arrondi, mamelles dos, finitions de la et tétines grosses catiche avec des végétaux frais 25 j : préparation de la catiche avec de l'herbe 20 j : 4 mamelles abdominales visibles 1h30 à 2h30 avant : fonte du bouchan muqueux ( Dernière écoulements semaine : visqueux prodromes clairs) Rupture de la poche des eaux, mise bas du premier loutrons qql secondes à 5 minutes 149 20 minutes en moyenne entre chaque loutron Expulsion des annexes entre chaque mise bas Fiche 8 : Courbe de poids entre 0 et 6 semaines des loutrons en captivité (Document personnel) A 6 semaines : A 4 semaines : 1050 à 1640 g 630 à 940 g A 2 semaines : 350 à 120 g A 1 semaine : 210 à 310 g A la naissance : 70 à 100 g Fiche 9 : Apparition des différents sens et comportements en fonction de l’âge des loutrons (Document personnel) Age Entre 17 et 37 jours Entre 21 et 40 jours Entre 30 et 90 jours Entre 40 et 90 jours Après 60 jours Entre 70 et 120 jours A 100 jours Entre 120 et 130 jours Critère Apparition des dents de lait Ouverture des yeux Sortie de la catiche Premier bain Suivi d’un objet du regard Apparition des dents définitives Premières épreintes autour de la catiche Bouche définitive 150 Fiche 10 : Nourrir des loutrons (Document personnel) Nombres de repas - Jusque 3 semaines : 8 à 12 biberons / 24h. 3 à 8 semaines : 5 à 6 biberons / 24h. 8 à 10 ou 14 semaines : 1 biberon et 3 à 4 repas solides / 24h. Quantité de lait - Jusque 3 semaines : 100 à 200 ml/j. 3 à 8 semaines : 200 à 300 ml/j. 8 à 10 ou 14 semaines : dépend des repas solides. Composition des buvées - Lait en poudre pour chiot et chaton Un jaune d’œuf une tétée sur deux dès une semaine Complément vitaminique (Pet-Phos croissance ®) Une cuillère d’huile Pour le sevrage : jus de viande et petits morceaux à lécher Soins à apporter - Donner le lait bien chaud. Vérifier la température corporelle et mettre une lampe chauffante au besoin. Stimuler la défécation et la miction. Si diarrhée importante provoquer un sevrage rapide. - 151 Fiche 11: Fiche technique de capture et d’anesthésie de Lutra lutra (Document personnel) • Particularités de Lutra lutra • • Risques • • • Précautions et conseils • • • • • • Questions à se poser et préparation Protocole de capture • • 152 Puissante, forte et très souple Contention manuelle souvent impossible Muscle épais + Peau fine et élastique + Graisse sous cutanée Injections intramusculaires difficiles Morsures et griffures graves pour le personnel Risque de transmission de zoonoses Risque de blessures pour la loutre qui cherchera à s’enfuir par tous les moyens Préférer les injections par fléchage aux injections manuelles (moins de stress) Matériel adapté : o Filet, lasso, gants o Sarbacane et flèches o Eventuellement masque et sonde pour anesthésie gazeuse o Cage de contention La contention est-elle suffisante ? L’anesthésie est-elle nécessaire ? Isoler l’animal de son milieu ? Isoler l’animal des congénères ? Utilisation du filet et du lasso dans un enclos de quarantaine (sans point d’eau) ou dans la catiche compartimentée Si animal apparemment inconscient : toujours vérifier en touchant les zones des yeux et des vibrisses avec un bâton souple. Si possible attacher les quatre pattes ensembles. Suffisant pour les animaux calmes, les jeunes, pour les injections, les examens rapides Protocole d’anesthésie • • • • • • • • Surveillance et monitoring • • • Mesures post anesthésique • 153 Le plus couramment kétamine (2,5 à 7,5 mg/kg) médétomidine (80 µg/kg) en intramusculaire o Augmenter la dose sur animal excité ou au métabolisme rapide o Attention aux doses supplémentaires Préférer les injections IV pour contrôler l’anesthésie après induction Démarche pour compléter les doses : o Si pas d’effet au bout de 15 minutes : refaire une dose o Si effet visible mais animal toujours actif au bout de 15 minutes : refaire ¾ de dose o Si anesthésie présente mais pas assez profonde : refaire ½ dose Association avec une benzodiazépine recommandée. Prolongation de l’anesthésie avec Isoflurane après intubation. Eviter les alpha-2-agonistes (risque de dépression cardiorespiratoire) Atipémazole antagoniste de médétomidine Surveillance de : o La fréquence et le rythme cardiaque, o La fréquence et le rythme respiratoire, o La température rectale et celle des extrémités, o La saturation en O2 et la pression artérielle Bradycardie fréquente en début d’anesthésie Conseil de mise sous O2 car apnées fréquentes Réveil au calme, à l’obscurité et au chaud, dans un endroit clos Remise dans l’enclos dans la journée Fiche 12 : Bilan de santé annuel des loutres européennes en captivité (Document personnel) • Vérification de l'identité (puce ou tatouage) • Pose d'une nouvelle puce au besoin Identité Examen général Appareil digestif Appareil reproducteur Appareil urinaire • Pesée • Auscultation cardiaque et pulmonaire • Analyse sanguine et éventuellement banque de sang • Vaccination (Rage obligatoire si exportation ou échange avec un autre parc) • Vérification des dents • Au besoin détartrage et extraction dentaire • Vermifugation après coproscopie (tous les 6 mois) • Contrôle du tractus génital • Contraceptif (implant) au besoin • Bandelette urinaire • Vérification de l'absence de cristaux au culot urinaire • Radio si suspicion de lithiases 154 Fiche 13 : Valeurs utiles lors d’examens complémentaires chez Lutra lutra (Document personnel) Paramètre Valeur moyenne Albumine (g/l) 2 ,97 ALKP (UI/L) 84 ALT (UI/L) 69,4 AST (UI/L) 132,5 Glycémie (mg/dl) 220 Urée (mg/dl) 35 ,2 Créatinine (mg/dl) 0,63 Créatinine kinase (mg/dl) 511 Ca (mg/dl) 7,8 Na (mg/dl) 158,6 Cl (mg/dl) 115,3 K (mg/dl) 6 ,06 Hématocrite (%) 49,7 Plaquettes (M/L) 566 Leucocytes (M/L) 10,6 Granulocytes (M/L) 7,9 Lymphocytes (M/L) 2,7 155 156 157 NOM : HIRTZMANN PRENOM : HELENE BESOINS ET ADAPTATION DE LA LOUTRE EUROPEENNE (Lutra lutra) A LA VIE EN CAPTIVITE Thèse d’Etat de Doctorat Vétérinaire : Lyon, (11 juillet 2011) RESUME : Considérée longtemps comme une espèce disparue dans de nombreuses régions françaises et européennes la Loutre d’Europe (Lutra lutra) est un symbole de la protection animale et de la réintroduction en milieu naturel. La captivité est aujourd’hui indispensable à la survie de l’espèce et à la réussite des multiples plans de réintroduction en Europe. En effet, l’élevage permet de mieux comprendre le fonctionnement des animaux, en observant leurs comportements et leurs faiblesses on arrive à mettre en place des plans de reproduction (EEP) conservant la diversité génétique de l’espèce et permettant de réintroduire chaque souche génétique dans un milieu adapté. En France, même si la loutre européenne reste l’espèce de loutre la moins représentée en captivité, de plus en plus de parcs créent de nouveaux groupes d’individus. Pour les gérer, il faut connaître leurs besoins, leurs habitudes, leurs maladies… si de nombreux guides de bonnes pratiques d’élevage aident les parcs au quotidien pour les espèces asiatiques ou canadiennes peu de normes sont connues sur la loutre européenne. Le but de ce travail est d’associer des recherches bibliographiques et des connaissances de terrains pour réaliser un guide pratique de l’élevage de Lutra lutra en France. MOTS CLES : - Loutre Européenne - Captivité - Elevage - Lutra lutra JURY : Président : 1er Assesseur : 2ème Assesseur : Monsieur le Professeur Michel Berland. Monsieur le Professeur Philippe Berny. Monsieur le Professeur Marc Artois. DATE DE SOUTENANCE : 11 Juillet 2011 ADRESSE DE L’AUTEUR: 16 Route de Thionville 57920 KEDANGE SUR CANNER 158