le cas de la couleur pourpre d`alice

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le cas de la couleur pourpre d`alice
Langues et linguistique, numéro spécial Journées de linguistique, 2011, p. 110-115.
LA TRADUCTION DES TEXTES WOMANIST :
LE CAS DE LA COULEUR POURPRE D’ALICE WALKER
Chantal Gagnon
Université Concordia
Initialement paru dans les Actes des XVes Journées de linguistique, Québec, Centre international de
recherche sur les activités langagières, 2001, p. 13-22.
Chantal Gagnon fait partie du corps professoral de l'Université Concordia depuis juillet 2005, dans
le secteur traduction du Département d'études françaises. Après avoir terminé sa maîtrise à
l'Université Concordia, Chantal Gagnon a poursuivi ses études au Royaume-Uni, à Aston
University. Subventionnée par le FQRSC, la thèse de cette traductologue portait sur la traduction
des discours politiques au Canada. Chantal Gagnon est également directrice du programme coop en
traduction de son université.
ISSN 0226-7144
© 2011 Département de langues, linguistique et traduction, Université Laval
C. Gagnon (2001)
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LA TRADUCTION DES TEXTES WOMANIST :
LE CAS DE LA COULEUR POURPRE D’ALICE WALKER
Chantal Gagnon
Université Concordia
Depuis quelques décennies, les femmes
afro-américaines prennent leur place dans la
société, une place qui leur a longtemps été niée.
La parole womanist est l’une des formes de
cette prise de pouvoir. Par exemple, des
auteures comme Alice Walker et Toni
Morrison créent des personnages féminins
afro-américains qui survivent aux difficultés du
quotidien grâce à leur grande force de
caractère. Le terme womanism a été employé et
défini pour la première fois par Alice Walker
dans son livre In Search of our Mother’s
Gardens. En voici la définition :
From womanish.
(Opp. of “girlish” i.e., frivolous, irresponsible, not serious.)
A black feminist or feminist of colour. From
the black folk expression of mothers to female
children, “You acting womanish” i.e., like a
woman. Usually referring to outrageous,
audacious, courageous or willful behavior.
(Walker 1983 : 2)
Absence de traduction des textes womanist
Mentionnons tout d’abord que peu d’œuvres
womanist autres que littéraires ont été traduites
jusqu’à maintenant. On retrouve pourtant le
womanism dans des domaines aussi diversifiés
que l’histoire, la littérature, l’anthropologie, la
théologie et le folklore. Au Québec, les idées
womanist circulent de plus en plus chez les
universitaires. Par exemple, le livre womanist
Katie’s Canon : Womanism and the Soul of the
Black Community, de Katie Gèneva Cannon,
était au programme d’un cours intitulé
« Approches féministes en théologie » à
l’Université de Montréal en 1998. De plus, ce
même ouvrage a été cité dans un article de la
Revue Religiologique en l’an 2000 et dans
l’une des sessions du 66e congrès de
l’Association canadienne française pour
l’avancement des sciences (ACFAS). Si les
spécialistes québécois établissent des liens
entre leur travail et celui des womanist, il est
important de traduire ces théoriciennes
womanist, afin que leurs recherches soient
davantage diffusées chez nous.
L’ethnocentrisme dans La couleur pourpre
Même lorsque les romans des womanist
sont traduits, le résultat ne rend pas toujours les
valeurs womanist véhiculées dans l’original.
C’est le cas du roman The Color Purple
d’Alice Walker. Ce roman a été publié en 1982
et il a été lauréat d’un prix Pulitzer. Il met en
scène une femme élevée dans la misère, qui est
à la fois maltraitée par son père et par son mari.
Pourtant, elle garde en elle une grande force et
une foi profonde, un mélange tout en
onctuosité qui lui permet de s’émanciper en
tant que femme du monde.
La traduction en langue française de The
Color Purple est parue deux ans après la
première édition en langue anglaise, et elle a
été faite par Mimi Perrin aux Éditions Robert
Laffont, dans la collection « Pavillons ».
Madame Perrin a commenté cette traduction
aux deuxièmes Assises de la traduction
littéraire d’Arles en 1985, où elle faisait
allusion aux pistes qui avaient inspiré son
travail de traduction :
[J’ai dû] me mettre tour à tour dans la peau
de Célie l’illettrée, de Sofia la grosse noire
qui ne mâche pas ses mots, de Shug la
chanteuse de blues au grand cœur qui, elle, a
« roulé sa bosse », mais aussi de l’odieux
père, du mari, etc., et de transplanter/
transposer en France ces Noirs du sud
profond, les rendre crédibles, grâce à des
tournures ou des expressions paysannes d’une
certaine époque [...]. Voilà mes Noirs
américains transplantés en plein milieu des
Charentes (ou du Poitou, pourquoi pas ?) !
(Perrin 1986 :123)
C. Gagnon (2001)
On ne peut trouver meilleur exemple de
traduction ethnocentrique, telle que définie par
Antoine Berman dans son œuvre La traduction
et la lettre ou l’auberge du lointain :
Ethnocentrique signifiera ici : qui ramène
tout à sa propre culture, à ses normes et
valeurs, et considère ce qui est situé en
dehors de celle-ci – l’Étranger – comme
négatif ou tout juste bon à être annexé,
adapté, pour accroître la richesse de cette
culture. (Berman 1999 : 29)
En transplantant les personnages d’Alice
Walker dans la culture française, Madame
Perrin nie l’Étranger afro-américain et il en
résulte l’élimination de deux problématiques
importantes dans le roman, soit l’esclavage et
les relations interraciales aux États-Unis. En
effet, comment parler de l’esclavagisme des
Noirs dans un milieu campagnard français ?
Mimi Perrin répond à cette question de la façon
suivante : « Il n’est ni question d’esclavagisme
ni de racisme (à un épisode près). C’est une
paysannerie, un drame familial, un vrai mélo
intimiste » (Perrin 1986 : 122). Pourtant, Linda
Selzer, une spécialiste de la littérature afroaméricaine, estime au contraire que la
problématique raciale est présente dans tout le
récit : « important throughout the narrative, the
kinship trope for race relations is articulated
most explicitly late in the novel » (Selzer,
1995 : 2). C’est pourquoi nous affirmons avec
Bernard Vidal, auteur d’un article dans TTR
portant sur la traduction du vernaculaire noir
américain : « le déplacement langagier n’a pu
manquer d’entraîner corollairement une
déterritorialisation de la problématique »
(Vidal 1994 : 171). Pour soutenir cette
affirmation, nous utiliserons l’analytique de la
traduction telle que proposée par Antoine
Berman. Nous nous concentrerons plus
particulièrement
sur
deux
tendances
déformantes qui nous semblent pertinentes :
l’ennoblissement ainsi que la destruction des
réseaux signifiants sous-jacents.
L’ennoblissement
En traduction, et particulièrement en
traduction vers le français, on assiste souvent à
une réécriture de l’original qui embellit le
112
texte. C’est ce qu’Antoine Berman appelle la
tendance déformante de l’ennoblissement.
Mimi Perrin n’y pas échappé, comme on le voit
dans sa traduction : “He set there [...] talking
bout don’t leave me, don’t go.” (Walker, 1985 :
3) a été traduit par « Il pleurait qu’elle pouvait
pas le quitter comme ça. » (Walker, 1999 : 6).
La traductrice, dans ce passage, a changé le
niveau de langue du personnage, qui passe du
langage populaire au langage familier. Cet
ennoblissement fait perdre à la phrase son
caractère très oral. Pourtant, l’oralité est au
cœur de l’œuvre d’Alice Walker. Comme le
souligne Bernard Vidal, The Color Purple est
entièrement rédigé en langue vernaculaire :
« Le vernaculaire y est constitutif de l’écriture
même. Le personnage écrivant s’y investit
émotivement, empiriquement, existentiellement : sa destinée est liée à celle de son
langage » (Vidal 1994 : 170). Refuser à Celie
et aux autres personnages du roman le
vernaculaire, c’est non seulement élever le
niveau de langue du récit, mais c’est aussi leur
refuser leur appartenance à un groupe social
précis, les Afro-américains.
Pour illustrer davantage les conséquences
de l’ennoblissement dans la traduction, prenons
un autre exemple :
She say she hate to leave our stepma, but she
had to git out, maybe fine help for the other
little ones. (Walker, 1985 : 17)
Elle dit qu’elle a honte d’avoir laissé notre
belle-mère en plan. Mais elle supportait plus.
Et aussi, qu’il faut sortir les autres petites de
là. (Walker, 1999 : 17)
Dans le texte d’Alice Walker, en anglais, le
personnage principal conjugue mal ses verbes.
Pourtant, en français, le personnage présente
des phrases presque parfaites en ce sens. Il ne
faut pas oublier que Celie est presque illettrée,
puisque son père lui interdit d’aller à l’école.
En ennoblissant la structure de ses phrases,
Mimi Perrin donne au personnage de Celie une
langue qui ne reflète plus sa classe
socioéconomique. La classe sociale qu’Alice
Walker choisit pour son personnage est
pourtant révélatrice de la condition des Afro-
C. Gagnon (2001)
américains dans la société américaine : le
vernaculaire qu’elle lui met en bouche est en
effet révélateur des réalités socioéconomiques
du peuple afro-américain.
Destruction des réseaux signifiants sousjacents
La première tendance déformante que nous
avons observée nous montre bien que la
traduction ethnocentrique de Mimi Perrin ne
parvient pas à rendre toutes les réalités afroaméricaines présentes dans le roman. La
deuxième tendance déformante que nous allons
observer vient compléter cette analyse : en
effet, la destruction des réseaux signifiants
sous-jacents vient pâlir les allusions au racisme
et les problèmes inhérents aux relations
interraciales aux États-Unis. Notons que selon
Antoine Berman, cette tendance de la
destruction des réseaux signifiants sous-jacents
est définie par l’expression « texte sous-jacent,
où certains signifiants clefs se répondent et
s’enchaînent, forment des réseaux sous la
surface du texte » (Berman 1999 : 61).
Dans The Color Purple, on retrouve tout
particulièrement deux passages où les
questions de l’esclavagisme et du racisme sont
abordées. C’est d’ailleurs ce que mentionne
Linda Selzer dans son article :
Of particular importance are two family
groupings : the white missionary Doris
Baines and her black African grandchild in
Africa, and Sophia and her white charge Miss
Eleanor Jane in America. In both cases the
specific integrated domestic groupings serve
to expose and to critique the larger pattern of
racial integration found in their respective
countries. (Selzer 1995 : 3)
C’est précisément dans ces deux passages
que nous avons trouvé un réseau signifiant
sous-jacent que nous intitulerons « Appellation
des Afro-américains et des Blancs », comme
nous pouvons le voir dans les tableaux 1 et 2
ci-dessous.
Au premier coup d’œil, on remarque que
Madame Perrin n’utilise pas toujours les
mêmes qualificatifs qu’Alice Walker pour
identifier les personnages du roman. Si l’on
113
porte attention aux relations entre Sophia et ses
« maîtres », par exemple, deux termes ne
rendent pas le sens employé par Alice Walker.
Il s’agit de « white lady » et de « strange
colored man ». Pour se rappeler le contexte,
mentionnons que Sophia travaille chez le maire
parce qu’on l’y a forcée. Le rôle qu’elle joue au
sein de cette famille rappelle le rôle stéréotypé
de la « mammy » dans les plantations du Sud,
avant la guerre de Sécession : elle doit
s’occuper des enfants et du ménage de la
maison (Selzer 1995 : 6). Ainsi, le « white
lady » utilisé par un fils de Sophia, en
désignant la « maîtresse » de sa mère, n’est pas
anodin. Cette dame blanche qu’il voit pour la
première fois ne fait pas partie de son monde,
bien au contraire. De plus, cette femme
représente les oppresseurs qui lui ont volé sa
mère. Parallèlement à cela, lorsque Miss
Millie, la « white lady » en question, refuse
d’être en présence d’un « strange colored
man », elle laisse voir son racisme et son rejet
du peuple afro-américain. En anglais, le terme
« colored » est souvent péjoratif, mais ce n’est
pas le cas du terme « noir » en français. En ne
respectant pas le réseau sémantique créé par
Alice Walker, Mimi Perrin efface la portée du
message de l’auteure afro-américaine, qui
dénonce l’oppression des Afro-américains par
les Blancs aux États-Unis.
Dans le passage qui présente Doris Baines
et son petit-fils africain, on remarque
également une déformation du réseau sousjacent. Soulignons tout d’abord que la relation
entre Doris Baines et le peuple africain
« denies the legitimacy of kinship bonds across
racial lines » (Selzer 1995 : 6). En effet, même
si Doris Baines est missionnaire et qu’elle a
adopté un petit garçon africain, elle démontre
bien par le vocabulaire qu’elle utilise qu’elle se
croit supérieure au peuple avec lequel elle doit
travailler. On le comprend très rapidement
lorsqu’elle affirme à Nettie qu’elle est
« propriétaire » du village Akwee. Un autre
terme, « heathen », illustre bien que cette
femme blanche voit les Africains comme une
espèce différente et inférieure. Selon le
Random House Webster’s College Dictionary,
C. Gagnon (2001)
« heathen » veut à la fois dire « pagan » et
« irreligious, uncultured, or uncivilised
person ». Pourtant, le mot que Mimi Perrin
choisit pour la traduction, « païen », ne reflète
pas aussi bien la pensée du personnage Doris
Baines, à savoir que les Africains sont non
seulement païens, mais également non
civilisés. Ainsi, Madame Perrin a choisi de
faire ressortir le côté missionnaire de Doris
Baines, dont l’un des rôles était de convertir les
Africains au christianisme. De l’aveu même du
personnage, sa vocation missionnaire n’a aucun
lien avec le désir de convertir les païens. Plutôt,
Doris Baines veut écrire sans que personne ne
la dérange. Il en résulte, encore une fois, que
les conflits interraciaux perdent de leur
intensité dans la traduction française. Comme
l’a écrit Bernard Vidal à propos du travail de
Mimi Perrin,
En somme, la négritude, le geste contestataire
de l’écrivaine noire ont été estompés, et
réintègrent sagement un monde paysan « où
la Celie » peut vivre en paix, exilée, loin de
son « sol-de-langue » (Berman 1985, p. 6791), à l’abri de toute « économie de l’esclavagisme ». (Vidal 1994 : 174)
Conclusion
Le monde paysan de Mimi Perrin n’est pas
propice au développement des personnages
d’Alice Walker, qui cherchent à combattre la
misère du quotidien dans un monde où règnent
l’injustice et le mépris. Certains choix de
traduction de Madame Perrin ont atténué les
thèmes liés au racisme et à l’esclavage.
Pourtant, en tant que womanist, Alice Walker a
pris position face à ces thèmes. La sensibilité
womanist présentée par Alice Walker n’est pas
rendue par la traduction française.
La société occidentale francophone se
targue d’être ouverte à l’Étranger et au
multiculturalisme. Tant au Québec qu’en
France, par exemple, on retrouve des
communautés haïtiennes ou africaines très
importantes. Pourtant cette même société
occidentale francophone refuse le message
étranger womanist ou en modifie profondément
la teneur et la structure. Cette étude est non
seulement révélatrice d’un double discours,
114
mais d’une urgence : il faut traduire les
womanist, et les traduire en respectant leur
étrangeté.
Bibliographie
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épreuve de l’étranger, Texte. Traduction/
Textualité, no 4, p. 67-81.
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Womanism and the Soul of the Black
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féminin de Luce Irigaray en Amérique du
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PERRIN, Mimi (1986) Improviser comme les
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SELZER, Linda (1995) Race and domesticity in “The
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University, site « Sistahspace ».
VIDAL, Bernard (1994) Le vernaculaire noir
américain : ses enjeux pour la traduction
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WALKER, Alice (1983) In Search of our Mother’s
Gardens, New York, Harcourt Brace
Jovanovich.
WALKER, Alice (1985) The Color Purple,
London/New York/Singapore/Sydney/Tokyo/
Toronto, Pocket Books/Washington Square
C. Gagnon (2001)
115
Press. [1re éd. : New York, Harcourt Brace
Jovanovich, 1982.]
WALKER, Alice (1999) La couleur pourpre, traduit
par Mimi Perrin, Paris, Éditions J’ai lu. [lre éd.
parue sous le titre Cher bon Dieu, Paris,
Éditions Robert Laffont, 1984]
Annexes
Tableau 1 : Appellation des Afro-américains et des Blancs : le cas de Sophie et de ses « maîtres »
Version anglaise
Version française
p. 106 darkies
p. 82
négros
p. 109 white person
p. 86
personne blanche
p. 109 white lady
p. 86
dame
p. 109 white folks
p. 86
les Blancs
p. 109 strange colored man
p. 86
Noir que je ne connais pas
Tableau 2 : Appellation des Afro-américains et des Blancs : le cas de Doris Baines et du village Akwee
Version anglaise
Version française
p. 142 different species
p. 112 espèce différente
p. 142 her charges
p. 122 ses protégés
p. 142 natives
p. 122 indigènes
p. 234 little African boy
p. 193 jeune garçon africain
p. 234 white woman missionary
p. 193 la missionnaire blanche
p. 234 white woman
p. 194 femme blanche
p. 234 small black child
p. 194 petit enfant noir
p. 234 groups of white people
p. 194 les autres Blancs
p. 236 heathens
p. 195 païens
p. 236 heathen
p. 196 païen
p. 236 couple of wives
p. 197 deux jeunes épouses

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