Jill Enfield
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Jill Enfield
Pdt 9/12/03 10:26 Page III Jill Enfield © Groupe Eyrolles 2004 ISBN : 2-212-11335-8 084-099 08/12/03 13:44 Page 84 084-099 08/12/03 13:44 Page 85 Cyanotypes Le cyanotype, également connu sous le nom de procédé au ferroprussiate, a été inventé par Sir John Herschel en 1842, lorsqu’il découvrit que les sels ferriques devenaient des sels ferreux sous l’action de la lumière, et pouvaient être recombinés à d’autres sels pour créer une image blanc et bleu. La photographie couleur venait de naître. C’est à cette époque qu’Anna Atkins, une des rares femmes évoluant dans le milieu de la photographie, publia le premier livre contenant des photogrammes à la place d’illustrations classiques. Son ouvrage, British Algae : Cyanotype Impressions, fut édité en plusieurs volumes entre 1841 et 1853. En 1854, elle publia une œuvre plus importante, Cyanotypes of British and Foreign Flowering Plants and Ferns. De nos jours, une variante de la cyanotypie est utilisée par les architectes et les ingénieurs pour la création de plans. Ils emploient du papier diazo présensibilisé pour exposer les 7 dessins qui sont ensuite développés (en machine) aux vapeurs d’ammoniaque. Cette machine donne des tons bleus ou bruns. Cependant, contrairement aux cyanotypes, ces plans de couleur bleue s’estompent avec le temps parce que le papier diazo et l’ammoniaque ne sont pas stables. L’intensité des cyanotypes s’étend du bleu très clair au très foncé. Par ailleurs, des couleurs intéressantes peuvent être obtenues par virage. Les cyanotypes sont faciles à réaliser avec le matériel d’un labo photo ordinaire. Pour un faible coût de fabrication, ils sont une excellente introduction aux procédés non argentiques. Une fois maîtrisée la technique du cyanotype, vous pourrez la combiner à d’autres procédés alternatifs comme les épreuves au platine ou au palladium, ou bien peindre vos œuvres à la main afin de produire des effets originaux. Pièce blanche, 1998 Pour créer ce cyanotype, j’ai exposé pendant 15 minutes un internégatif Kodak Ortho généré à partir d’un original infrarouge. J’ai tiré l’épreuve sur du papier à dessin Rives BFK. Delray Beach, 1999 J’ai pris cette photo avec un sténopé 10,1 x 12,7 cm (4 x 5 pouces) et un film Polaroid type 55 positif/négatif avec un temps de pose d’environ 5 secondes. J’ai ensuite exposé le négatif pendant 15 minutes pour réaliser ce cyanotype sur papier aquarelle Whatman. 084-099 08/12/03 13:44 Page 86 P r o c é d é s p Création de cyanotypes Une simple solution de citrate de fer ammoniacal (qui fournit la sensibilité à la lumière) et de ferricyanure de potassium (qui génère la couleur) permet de créer des cyanotypes sur différents supports : papiers, tissus en fibres naturelles (comme le coton et la soie) et toiles. Les cyanotypes sont tirés par contact, ce qui signifie que le négatif doit être de la même taille que l’épreuve finale, et nécessitent une exposition aux ultraviolets (« insolation ») assez longue (de 5 à 40 minutes). Une fois le support insolé, il suffit pour le révéler de le rincer abondamment à l’eau. Le résultat est parfois un peu clair, mais il est possible d’obtenir une teinte bleu foncé en plongeant l’épreuve dans un bain légèrement acidifié (acidification naturelle ou chimique). On peut en outre utiliser diverses techniques de virage pour obtenir différentes couleurs, comme le rouge-marron, le mauve et le violet foncé. 86 h o t o a l t e r n a t i f s Vous pouvez associer d’autres techniques à la cyanotypie, comme les procédés au platine, au palladium ou à la gomme, ou encore peindre les cyanotypes à la main. Une image cyanotype ne s’altère pas avec le temps si vous ne la lavez pas avec des détergents. Si la couleur s’estompe (ce qui se produit lorsque l’image est exposée à la lumière du soleil ou si l’épreuve est lavée souvent), placez le cyanotype dans un endroit sombre pendant une semaine ou deux afin de restaurer la teinte bleu foncé d’origine. Vous pouvez aussi utiliser de l’eau oxygénée pour retrouver tout de suite la couleur de départ, car ce produit oxyde la couche sensible du cyanotype. La plupart des photographes emploient des négatifs agrandis pour réaliser des cyanotypes, mais vous pouvez tout aussi bien utiliser des objets et les placer sur un support sensibilisé pour créer un photogramme. J’ai dû un jour donner mon cours alors que les produits commandés n’avaient pas été livrés. J’ai pris un rouleau de papier qui nous servait de 084-099 08/12/03 13:44 Page 87 7• toile de fond au studio, et j’ai demandé à mes élèves d’y appliquer de l’émulsion cyanotype. Nous l’avons séché, et enveloppé dans du papier d’emballage. Puis nous l’avons déroulé sur le trottoir dans la 5 e Avenue. Nous nous sommes tous couchés dessus et nous avons réalisé ainsi notre photo de classe. Avant de commencer La plupart du matériel nécessaire à la création de cyanotypes fait partie de la panoplie standard d’une chambre noire décrite au chapitre 2 (voir « Équipement de base d’un labo photo », page 12). La seule différence est que les produits chimiques utilisés pour la cyanotypie réagissent au contact des métaux et peuvent produire une oxydation ou des taches. C’est pourquoi il faut impérativement travailler avec des flacons, des cuvettes et des ustensiles non métalliques. Avant de commencer, assurez-vous que vous disposez bien des éléments suivants : Agitateur Papier paraffiné Balance Pinces à linge Châssis-presse Pinces photo Corde à linge Plaque de verre Crayons Cuillères en plastique Eau distillée Plexiglas Ruban repositionnable Sèche-cheveux Étamine (toile à tamiser) Séchoir/Bloc de papier buvard Gants Tablier Masque Tasses et bols Papier journal Ventilateur À noter : Bouteilles de stockage – Si vous fabriquez votre propre émulsion, vous aurez besoin de trois bouteilles opaques en plastique ou en verre marron d’une contenance d’un demilitre. Pour ma part, je prépare les bains de virage directement dans la cuvette, juste quand j’en ai besoin. La plupart du Plage, Maine, 1996 J’ai pris cette photo avec un sténopé et du film Polaroid type 55 positif/négatif et je l’ai ensuite exposée pendant 10 minutes sur du papier Fabriano Artistico 250 g calandré à chaud. Cyanotypes temps, ils sont épuisés à la fin de la séance, aussi je ne les garde pas. Notez que vous pourrez avoir besoin de bouteilles supplémentaires pour d’autres virages. Cuvettes – Vous aurez besoin d’une cuvette en plastique pour laver vos épreuves et de sept autres pour les virer (selon le nombre de bains de virage employés). Pinceaux – Les pinceaux en mousse sont les mieux adaptés à la cyanotypie. Si vos pinceaux en soie sont dotés d’un bandeau métallique, recouvrez-le de plusieurs couches de vernis à ongles afin d’éviter toute contamination. Raclette en verre – Si vous préférez des bords bien nets, utilisez une raclette en verre plutôt qu’un pinceau pour étaler l’émulsion sur le support. Verres gradués – Vous aurez besoin de trois petits verres gradués pour mesurer les solutions de réserve qui vous serviront à préparer les solutions prêtes à l’emploi. Supports La cyanotypie autorise une large gamme de supports. Là encore, vous ferez votre choix progressivement, en fonction de vos préférences et des résultats que vous obtiendrez en expérimentant. Aucun support n’est à proscrire a priori. Si vous avez une idée, mettez-la mettre en pratique. Papiers – Vous pouvez pratiquement utiliser tous les types de papiers pour réaliser un cyanotype (sauf les papiers anti-acides dotés d’une réserve alcaline). Ceux qui présentent une bonne résistance à l’eau (par exemple, les papiers destinés à la gravure ou à l’aquarelle) sont les plus indiqués. Toutefois, comme toujours, il faut essayer par soi-même. Les papiers de riz et la plupart des papiers 100 % chiffon donnent également d’excellents résultats. Un de mes élèves à réalisé de superbes cyanotypes sur des plans de métro. Les sacs en papier, les filtres à café et les serviettes en papier peuvent parfaitement faire l’affaire. N’oubliez pas que les papiers à forte teneur acide n’ont pas une grande longévité et risquent de jaunir en l’espace d’un an ou deux. Fibres naturelles – Les supports qui contiennent uniquement des fibres naturelles (comme le coton ou la soie) sont bien adaptés aux cyanotypes. Si le support est un mélange naturel/synthétique, vous n’obtiendrez pas de tons bleus vifs uniformes. La toile de coton très serrée et non apprêtée (toile lourde, coutil) produit des bleus particulièrement intenses. 87 08/12/03 13:44 Page 88 P r o c é d é s p h o o a l t e r n a t i f s détails. Il vaut mieux choisir des négatifs qui ne soient pas trop denses, ce qui nécessiterait une exposition trop longue avec le risque de cuire l’émulsion. Par ailleurs, un négatif manquant de contraste donnera trop peu de nuances dans les bleus. Vous pouvez aussi réaliser un cyanotype sans internégatif. Les verres, les carafes, la dentelle, les feuilles et les fruits produisent de jolis photogrammes. Vous pouvez aussi utiliser des dessins au crayon gras ou au fusain sur du papier calque ou de l’acétate. Les cyanotypes peuvent en outre être générés à partir d’un collage de petits négatifs 35 mm ou de négatifs papier. Généralement, vous pouvez appliquer l’émulsion directement sur la toile, à moins qu’elle n’ait reçu un apprêt au gesso, auquel cas, vous devrez l’encoller au préalable avec un apprêt à la gélatine ou gélatine/agent tannant (voir « Formules d’apprêt », page 22). Produits chimiques Si vous voulez composer vous-même l’émulsion, vous devrez vous procurer du citrate de fer ammoniacal, du ferricyanure de potassium et du bichromate de potassium (vendus sous forme de cristaux). Si vous souhaitez ensuite virer vos épreuves, achetez une bonne quantité d’eau oxygénée, d’acide gallique, de carbonate de sodium, d’ammoniaque ménager, d’acide tannique et d’acide pyrogallique (pyrogallol) (voir « Modification de la couleur d’une épreuve », page 93). Vous pouvez également acheter des kits de cyanotypie prêts à l’emploi auprès de différents fabricants. Il existe aussi un sensibilisateur tout-en-un inventé par Mike Ware, docteur en chimie devenu photographe, formule qui a la réputation d’être plus sensible à la lumière et de produire des bleus plus profonds que les produits classiques. Fotospeed, Luminos, Bostick & Sullivan et Photographers’ Formulary distribuent des kits de cyanotypie ainsi que, pour certains, la solution du Dr. Ware (voir les adresses, page 176). Préparation des solutions de réserve Les produits chimiques pour cyanotypes sont vendus en cristaux, en kit ou en formule prête à l’emploi (voir les adresses, page 176). L’émulsion cyanotype est un mélange de citrate de fer ammoniacal et de ferricyanure de potassium. On peut également lui adjoindre du bichromate de potassium pour augmenter le contraste. D’autres produits chimiques (mentionnés ci-dessous) servent de produits de virage afin de changer la couleur bleu foncé de l’épreuve en rouge-marron, violet ou vert. Émulsion sensible Chacune des trois solutions de réserve ci-après doit être préparée au moins 24 heures avant de faire l’émulsion. Utilisez uniquement de l’eau distillée pour préparer les produits. Comme les trois solutions ont des noms complexes, je préfère les identifier au moyen d’une lettre, et j’ajoute à leur nom « A », « B » ou « C » pour m’y retrouver plus facilement. Conservez les solutions dans des bouteilles en verre marron ou en plastique. Chaque solution se conservera environ 6 mois. Éclairage de travail Quand vous préparez les produits chimiques pour faire un cyanotype ou que vous sensibilisez le support, vous devez travailler en lumière atténuée (ampoule à incandescence de 40 watts). Éteignez les tubes néon, car ils émettent un peu d’ultraviolets. Lorsque vous aurez sensibilisé le support, vous pourrez accélérer le séchage à l’aide d’un sèche-cheveux réglé sur froid ou d’un ventilateur. Si vous préférez le laisser sécher à l’air libre, veillez bien à ce que le séchage se fasse dans l’obscurité ou dans une pièce aussi sombre que possible. Vous pouvez insoler les cyanotypes à la lumière naturelle ou aux ultraviolets émis par des tubes de lumière noire ou des lampes pour aquarium (voir « Éclairage », page 19). Les temps d’insolation varient de 5 minutes (l’été en plein soleil) à 40 minutes (pour une source d’éclairage de faible puissance). t PETE KOLONIA 084-099 Négatifs Comme mentionné plus haut, la cyanotypie est un procédé de tirage par contact, ce qui implique que les internégatifs doivent avoir été tirés à la même taille que les épreuves finales. Les cyanotypes n’ont pas une gamme de tonalités aussi étendue que les tirages noir et blanc, aussi attendez-vous à perdre des 88 Voici quelques-uns des accessoires dont vous aurez besoin pour préparer les solutions de réserve : bouteilles en verre marron ou en plastique opaque, verre doseur en pyrex, eau distillée, cuillères en plastique et balance. 084-099 08/12/03 13:44 Page 89 7• Cyanotypes Citrate de fer ammoniacal Cette solution donne sa sensibilité à l’émulsion. 250 ml d’eau distillée 50 g de citrate de fer ammoniacal Versez l’eau distillée dans un verre doseur en pyrex. Saupoudrez doucement le citrate de fer ammoniacal sur l’eau. Mélangez avec un agitateur jusqu’à dissolution complète des cristaux. Versez la solution dans une bouteille en verre marron ou en plastique opaque afin de la conserver à l’abri de la lumière. Marquez la bouteille « Citrate de fer ammoniacal/Cyanotype A ». Des moisissures peuvent apparaître dans la solution au bout de quelques semaines. Dans ce cas, écumez les traces de moisissure ou filtrez-la avec une étamine. Ce phénomène est sans incidence sur l’activité du produit. Bichromate de potassium Ferricyanure de potassium Cette solution renforce le contraste de négatifs trop plats ou la densité du bleu si elle vous paraît trop faible. 100 ml d’eau distillée 1 g de bichromate de potassium Versez l’eau distillée dans un verre doseur en pyrex. Saupoudrez doucement le bichromate de potassium sur l’eau. Mélangez avec un agitateur jusqu’à dissolution complète des cristaux. Versez la solution dans une bouteille en verre marron ou en plastique opaque afin de la conserver à l’abri de la lumière. Marquez la bouteille « Bichromate de potassium/Cyanotype C ». Cette solution donne aux cyanotypes leur couleur bleue si caractéristique. 250 ml d’eau distillée 35 g de ferricyanure de potassium Versez l’eau distillée dans un verre doseur en pyrex. Saupoudrez doucement le ferricyanure de potassium sur l’eau. Mélangez avec un agitateur jusqu’à dissolution complète des cristaux. Versez la solution dans une bouteille en verre marron ou en plastique opaque afin de la conserver à l’abri de la lumière. Marquez la bouteille « Ferricyanure de potassium/Cyanotype B ». Préparation de l’émulsion Avant de commencer, assurez-vous que votre espace est bien organisé. Premièrement, vous devrez travailler en lumière atténuée, par exemple avec une ampoule de 40 watts. L’émulsion cyanotype tache absolument tout : raison de plus pour redoubler de précautions, d’autant que vous risquez de ne voir les taches que lorsque vous allumerez la lumière (ce qui expose l’émulsion et la fait virer au bleu). Avant de mélanger l’émulsion, recouvrez votre plan de travail de papier journal. Mettez un tablier, une blouse ou une vieille chemise pour protéger vos vêtements. Afin de garder propre votre espace de travail, changez plusieurs fois le papier journal. Une fois mélangée, l’émulsion cyanotype (la solution de travail) doit être utilisée rapidement. Vous ne devez pas la conserver plus de quelques jours. Le mélange à partir des solutions de réserve est simple à réaliser ; nul besoin de préparer de l’émulsion en avance. Lorsque vous êtes prêt à sensibiliser votre support, procédez comme suit : 1. Évaluez la quantité de solution dont vous aurez besoin, sachant que 60 ml suffiront à sensibiliser une dizaine de feuilles 20,3 x 25,4 cm (8 x 10 pouces). 2. Choisissez un récipient suffisamment grand pour contenir la quantité d’émulsion dont vous aurez besoin, et suffisamment large pour y plonger votre pinceau. 3. À l’aide d’un petit récipient gradué pour chaque solution, mélangez les solutions « A » et « B » en quantités égales. 4. Modifiez la solution de travail en fonction de vos besoins : (1) si le négatif est très contrasté, rallongez-la avec un peu d’eau distillée ; (2) si le négatif manque de contraste, ajoutez du bichromate de potassium (solution « C »), soit environ 3 gouttes par ml de solution de travail ; (3) si vous souhaitez augmenter la sensibilité de l’émulsion (afin de réduire le temps d’exposition), ajoutez davantage de citrate de fer ammoniacal (solution « A »). 89 08/12/03 13:44 Page 90 P r o c é d é s p h o t o a l t e r n a t i f s Italie, 1999 Pour réaliser cette épreuve, j’ai exposé pendant 10 minutes un internégatif Bergger BPFB-18 sur du Strathmore Bristol 500 sensibilisé. J’ai choisi de donner une densité plus claire à cette image car je trouve que cela met en valeur la relation subtile entre la porte, la vigne vierge et le mur. Enduction du support Avant de procéder à l’enduction du support, recouvrez votre plan de travail de papier journal. N’oubliez pas que vous devrez travailler en lumière atténuée. Lorsque vous appliquez l’émulsion, veillez à ne pas vous trouver près d’une fenêtre ou d’un éclairage fluorescent. Si vous avez choisi du papier, vous pouvez appliquer l’émulsion au pinceau, à la raclette en verre ou à la cuvette (voir « Techniques d’émulsion », page 26). Avec les deux premières méthodes, vous devrez vous montrer particulièrement soigneux. Par exemple, si de l’émulsion se dépose au dos du support, elle apparaîtra sur l’image sous forme de tache. Le mieux est d’utiliser une feuille de papier plus grande que le négatif afin d’éviter que l’émulsion ne déborde de la feuille. Ainsi, vous pourrez tenir la feuille par les bords sans laisser de PETE KOLONIA 084-099 En lumière atténuée (40 watts), croisez vos coups de pinceaux horizontalement et verticalement afin d’étaler uniformément la couche. 90 08/12/03 13:44 Page 91 7• niveau de l’émulsion provoqué par des produits chimiques contaminés ou périmés. Une teinte brun jaune signifie que l’émulsion a été brûlée, sans doute en cours de séchage. Dans tous les cas, ces supports sont inutilisables et doivent être jetés. L’insolation d’un cyanotype prend du temps. Elle peut varier entre 5 et 40 minutes. Les meilleures sources d’éclairage sont les tubes de lumière noire, les lampes pour aquarium, les lampes aux vapeurs de mercure et le soleil intense. Les lampes à bronzer ne sont pas recommandées parce qu’elles dégagent trop de chaleur, ce qui pourrait brûler l’émulsion, le papier ou le tissu ou bien faire fondre le négatif sur l’émulsion. Pour réaliser un cyanotype, le mieux est d’employer un châssis-presse que l’on peut ouvrir par un côté tandis que l’autre maintient le négatif en place. PETE KOLONIA trace de doigt sur l’émulsion. Si vous employez la méthode de la cuvette, le dos de la feuille sera sensibilisé de façon uniforme, mais vous devrez faire attention à ne pas laisser de traces de doigts sur les bords de la feuille. Si vous avez choisi un support en tissu, vous devrez auparavant le laver deux ou trois fois afin d’éliminer l’apprêt du fabricant, sinon l’application de l’émulsion ne sera pas uniforme. Si vous comptez effectuer plusieurs expositions sur un même tissu, vous pouvez l’encoller vous-même (voir « Techniques d’apprêt », page 22). Il existe plusieurs façons d’appliquer de l’émulsion sur un tissu (voir « Techniques d’émulsion », page 26). Prenez des notes afin d’être en mesure de reproduire le résultat obtenu si vous en êtes satisfait, ou, le cas échéant, de comprendre d’où vient le problème. Si vous travaillez sur du papier ou du tissu, vous pouvez noter directement au verso à l’aide d’un crayon les données suivantes : modification de la solution (l’avez-vous rallongée, ou ajouté du bichromate de potassium ?), type de papier, temps d’insolation, source lumineuse. Si vous effectuez l’insolation à la lumière du jour, notez également l’heure et la saison. Cyanotypes Séchage et conservation du support Une fois l’émulsion appliquée sur le support, vous devez le faire sécher complètement avant de pouvoir l’exposer (voir « Techniques de séchage », page 31). Lorsque l’émulsion est complètement sèche, elle présente une couleur jaune vif. Si vous préférez utiliser un sèche-cheveux, réglez-le sur froid, sinon la chaleur cuirait l’émulsion (qui deviendrait alors marron foncé au lieu de jaune vif). Pour ma part, je préfère utiliser sans délai mes supports sensibilisés. D’autres artistes ont mis au point des techniques pour conserver les supports sensibilisés afin de les exposer plus tard. Ainsi, Erma Yost, qui utilise les cyanotypes dans ses courtepointes et autres œuvres textiles, les conserve au congélateur enveloppés dans du papier aluminium industriel et placés dans des sacs plastique noirs (cette méthode ne m’a jamais réussi). John Dugdale range les siens dans une simple boîte en carton qu’il met au réfrigérateur l’été et qu’il garde à température ambiante l’hiver. Si les supports foncent, il utilise simplement des négatifs plus denses. Vous pouvez vérifier le résultat de l’exposition toutes les 5 minutes environ en ouvrant un des côtés du châssis-presse tandis que l’autre moitié maintient le négatif en place, empêchant ainsi tout décalage. PETE KOLONIA 084-099 Insolation du support Avant d’insoler le support (c’est-à-dire l’exposer aux ultraviolets), assurez-vous qu’il ne présente aucune décoloration. L’émulsion doit être jaune vif. Une couleur bleue indique un manque de sels au Pour sécher les supports papier, utilisez un sèche-cheveux réglé sur froid afin d’éviter de cuire l’émulsion. 91 084-099 08/12/03 13:44 Page 92 P r o c é d é s p h o t o a l t e r n a t i f s Marchand de chaussures, Essaouira, Maroc, 1999 Pour créer cette épreuve, j’ai exposé un internégatif Bergger BPFB-18 pendant 15 minutes sur du vellum Rives BFK. Si vous travaillez avec du tissu, l’utilisation du châssis-presse sera conditionné par la taille de la pièce. Si le tissu est trop grand ou trop épais, utilisez une plaque de verre suffisamment lourde qui assurera un bon contact entre celui-ci et le négatif. Fixez le négatif avec du Scotch Magic 811 pour vérifier l’exposition sans tout décaler. Toutes les 5 à 10 minutes, vous pouvez éteindre l’éclairage ultraviolet ou bien rentrer à l’abri du soleil pour voir si l’exposition est suffisante. Pour savoir où vous en êtes, examinez les ombres et non les hautes lumières. Plus le négatif est exposé longtemps et plus les bleus sont foncés. En cours d’exposition, le support sensibilisé (s’il était blanc au départ) va passer du vert-jaune au vert clair, puis au bleu-gris pour finir bleu-vert. Certains papiers adoptent 92 un ton bleu-gris plus marqué. Cherchez des gris solarisés dans les ombres, là où vous souhaitez obtenir des tons bleus foncés. Les ombres doivent pratiquement scintiller. Notez que certains supports prennent une tonalité vert olive. N’oubliez pas que les zones qui apparaissent en bleu clair deviendront blanches au lavage. Certains photographes préfèrent réaliser des bandes d’essais. À mon sens, c’est une une perte de temps ; il vaut mieux vérifier le résultat de l’exposition au fur et à mesure. Une fois que vous aurez réalisé quelques cyanotypes, vous apprécierez mieux l’exposition en examinant les détails dans les ombres. Aucune méthode n’est meilleure qu’une autre et, après quelques tentatives, vous finirez par trouver celle qui vous convient le mieux. 084-099 08/12/03 13:44 Page 93 7• Traitement de l’épreuve Cyanotypes Lavez l’épreuve à l’eau courante jusqu’à disparition complète des parties jaunes (soit environ 15 minutes). Si tout le bleu disparaît, c’est que l’épreuve n’a pas été suffisamment insolée. Si des zones bleues apparaissent dans les hautes lumières, c’est que l’épreuve a été insolée trop longtemps ou bien qu’elle s’est voilée durant la sensibilisation du support. Si vous avez utilisé du papier ou du tissu de couleur comme support, vous aurez du mal à apprécier si le temps de lavage est suffisant. Il faut savoir que la couleur du support modifie celle de l’image finale. Par exemple, les ombres bleues apparaîtront en violet sur un support rouge et en marron sur un support orange. Déterminer le temps de lavage approprié est un exercice délicat. Si vous ne lavez pas l’épreuve suffisamment longtemps, certains sels ferreux solubles ne seront pas éliminés et l’épreuve perdra en densité lorsqu’elle sera exposée à la lumière. Par ailleurs, si vous lavez l’épreuve trop longtemps, vous risquez également d’affaiblir l’image10. En général, vous pourrez « sauver » l’épreuve en la plaçant dans une pièce sombre ou un tiroir : les couleurs reviendront en quelques semaines. Vous pouvez aussi la tremper dans une cuvette d’eau oxygénée pour restaurer instantanément la couleur (voir « Modification de la couleur d’une épreuve » ci-après). oxygénée. C’est pourquoi il vaut mieux attendre un jour ou deux avant de virer une épreuve cyanotype. Ce délai permet à l’épreuve de prendre sa couleur définitive. Ainsi, vous pourrez mieux apprécier la teinte que vous souhaitez obtenir, sachant que vous partez d’une couleur stabilisée. Les bains de virage peuvent aller du bleu foncé au rouge-marron en passant par le mauve et le violet foncé. À l’exception du virage bleu foncé (qui s’utilise pour renforcer les bleus d’une épreuve trop pâle ou délavée par le temps), il est préférable d’utiliser des épreuves légèrement plus foncées que la normale pour obtenir un meilleur résultat. Afin d’assurer un virage uniforme des épreuves, trempezles auparavant quelques minutes dans l’eau. Utilisez des cuvettes en plastique car l’émulsion cyanotype réagit aux métaux. Lorsque vous utilisez des bains de virage, il est important de mettre suffisamment de produit dans la cuvette de façon à recouvrir uniformément les épreuves. Pour le reste, il n’y a pas de règle absolue, même pas pour les proportions de produits chimiques. Pour obtenir un virage plus lent, diluez davantage le produit par rapport à la formule, et si vous souhaitez l’accélérer, augmentez la dose. Les virages ne réclament pas un strict respect des formules. Par ailleurs, ils ne sont pas toxiques (l’eau oxygénée s’utilise pour nettoyer les coupures et les égratignures, et le carbonate de sodium s’emploie contre les brûlures d’estomac). Versez-en dans une cuvette, mélangez bien et faites des essais. Séchage de l’épreuve Virage bleu foncé Le séchage des cyanotypes ne présente aucune particularité. Vous pouvez les faire sécher : (1) en les accrochant sur une corde à linge avec des pinces à linge ; (2) en les plaçant dans un bloc de papier buvard ; (3) en les plaçant sur un séchoir, comme s’il s’agissait de photos noir et blanc classiques. Dans ce cas, placez-les recto vers le haut. En effet, l’émulsion cyanotype est très fragile, et si vous les mettez à l’envers, non seulement vous aurez des marques, mais en plus, vous contaminerez le séchoir. Les papiers minces ont tendance à gondoler en cours de séchage. Pour limiter le phénomène, placez les épreuves entre deux buvards, et posez par-dessus un livre lourd ou une plaque de verre. Quand je ne suis pas pressée, je place mes épreuves une fois sèches dans une boîte en carton qualité archive face contre face pendant environ une semaine, ce qui suffit pour les aplatir. Même la couleur de cyanotypes bien lavés peut passer avec le temps. Heureusement, il est possible de restaurer leur couleur d’origine en les laissant plusieurs semaines dans le noir ou bien en les rinçant dans un bain d’eau oxygénée (ou dans une solution légèrement acidifiée). Celle-ci ne constitue pas un virage à proprement parler, mais elle facilite l’oxydation du cyanotype qui, si elle survient juste après le cycle de lavage, restitue les bleus profonds d’origine de l’épreuve. Si l’épreuve a pâli, elle retrouvera sa couleur bleu vif après immersion dans un mélange d’eau et d’eau oxygénée. Modification de la couleur d’une épreuve Les cyanotypes n’atteignent leur couleur définitive qu’au bout de plusieurs jours, sauf si vous décidez d’accélérer le processus en les trempant dans une cuvette d’eau additionnée d’eau 10. Surtout si votre eau est calcaire (Ndt). Préparez deux cuvettes comme indiqué dans la formule ci-dessous, puis procédez comme suit : 1. Immergez l’épreuve dans la cuvette d’eau pendant 5 minutes afin qu’elle soit complètement détrempée et que l’effet s’applique de façon uniforme. 2. Passez l’épreuve dans la cuvette d’eau oxygénée et agitez pendant quelques minutes. L’épreuve va foncer progressivement. Après quelques minutes, les tons se stabilisent. 3. Sortez l’épreuve et rincez-la soigneusement à l’eau courante. 93 084-099 08/12/03 13:44 Page 94 P r o c é d é s p h o t o a l t e r n a t i Fleurs, Italie, 2000 Pour cette épreuve, j’ai insolé un internégatif Bergger BPFB-18 pendant 15 minutes. Après lavage, je l’ai blanchie dans du carbonate de sodium pendant 45 secondes pour faire ressortir les hautes lumières des fleurs. Cette épreuve est tirée sur du papier aquarelle Fabriano Uno 250 g calandré à chaud. 94 f s 084-099 08/12/03 13:44 Page 95 7• Virage rouge-marron Ce virage est mon préféré car les possibilités sont infinies. Si vous plongez d’abord l’épreuve dans l’acide tannique, puis dans le carbonate de sodium, vous obtenez un certain effet. Si vous faites l’inverse, le résultat obtenu est tout autre. Si vous procédez par va-et-vient entre les deux bains, vous obtiendrez là encore un résultat différent. Et si vous employez des cotonstige ou de petits pinceaux pour appliquer le virage uniquement sur certaines zones, vous créerez d’autres effets encore. Avec ces ceux produits, non toxiques qui plus est, les possibilités d’expérimentation sont innombrables… Suivez les instructions ci-dessous pour produire un ton uniforme, ou bien passez d’une cuvette à l’autre pour produire des effets différents selon les densités. Je fournis dans les formules les proportions correctes pour chaque produit, mais n’hésitez pas à expérimenter en faisant varier les quantités ; mettez-vous dans la peau d’un chercheur ! Une fois les bains préparés suivant la formule ci-contre, procédez comme suit : 1. Faites tremper l’épreuve dans une cuvette d’eau pendant 5 minutes. 2. Plongez-la ensuite dans la solution d’acide tannique et laissez-la de 30 secondes à 5 minutes en agitant constamment. Plus l’épreuve reste longtemps dans la solution et plus vous obtiendrez un ton marron foncé. Toutefois, vous ne verrez le résultat du virage qu’après avoir plongé l’épreuve dans le carbonate de sodium. 3. (Facultatif) Rincez l’épreuve à l’eau courante pendant 30 secondes environ. J’ai remarqué que le rinçage évite que les bains de virage ne s’épuisent trop rapidement, mais il produit une couleur que je trouve moins agréable que celle que j’obtiens en plongeant directement l’épreuve dans le bain suivant. Par ailleurs, le rinçage peut provoquer des zones irrégulières. 4. Plongez l’épreuve dans la solution de carbonate de sodium et agitez constamment. Retirez l’épreuve dès que vous obtenez la coloration voulue. 5. Lavez l’épreuve à l’eau courante pendant 10 minutes. À mesure que les produits chimiques foncent, jetez-les et remplacez-les. En rinçant les épreuves entre les deux bains, vous pourrez virer une dizaine ou une quinzaine d’épreuves avec les mêmes produits. Autrement, ou si vous procédez par va-et-vient entre les bains, vous ne pourrez virer que cinq épreuves environ avant que les bains ne s’épuisent. Cyanotypes Virage bleu foncé Pour ce procédé, vous aurez besoin de deux cuvettes, une pour l’eau et l’autre pour la solution acidifiée. Eau distillée 30 ml d’eau oxygénée Remplissez les deux cuvettes d’eau distillée et ajoutez l’eau oxygénée dans la seconde. Si vous n’avez pas d’eau oxygénée, vous pouvez utiliser à la place du vinaigre, du jus de citron ou d’ananas, ou pratiquement n’importe quel autre liquide légèrement acide. Virage rouge-marron Pour ce procédé, vous aurez besoin de quatre cuvettes, deux pour l’eau, une pour l’acide tannique et une pour le carbonate de sodium. Pour le premier bain, préparez : 180 ml d’eau distillée 6 g d’acide tannique L’acide tannique se dissout rapidement dans l’eau. Versez directement l’eau dans la cuvette, ajoutez l’acide tannique. Mélangez la solution avec des pinces à papier jusqu’à dissolution complète des cristaux. Pour préparer le deuxième bain, vous aurez besoin de : 360 ml d’eau distillée 6 g de carbonate de sodium Versez directement l’eau dans la cuvette, ajoutez le carbonate de sodium. Mélangez la solution avec des pinces à papier jusqu’à dissolution complète des cristaux. Parfois, lorsque j’utilise tour à tour les deux solutions, je ne rince pas mon épreuve entre les deux. Dans ce cas, la réaction s’arrête plus vite, mais les produits se contaminent. C’est pourquoi je renouvelle fréquemment les bains avec cette méthode. Voici une des méthodes que j’utilise : 1. Mettez l’épreuve à tremper dans une cuvette remplie d’eau pendant 5 minutes. 2. Plongez l’épreuve dans la solution de carbonate de sodium jusqu’à ce qu’elle commence à blanchir. 3. Plongez-la ensuite dans la solution d’acide tannique et ne la retirez qu’une fois la couleur désirée obtenue. 4. Replongez l’épreuve dans la solution de carbonate de sodium pendant quelques secondes. 5. Rincez bien l’épreuve à l’eau courante. 95 084-099 08/12/03 13:44 Page 96 P r o c é d é s p h o t o a l t e r n a t i f s Café, Paris, 1996 J’ai créé ce cyanotype en insolant un internégatif numérique pendant 30 minutes. J’ai réalisé cet internégatif à partir d’un négatif infrarouge numérisé avec un scanner Nikon et imprimé sur une imprimante à jet d’encre Epson sur du film pour rétroprojecteur Pictorico OHP. J’ai tiré l’épreuve finale sur du papier aquarelle Fabriano Artistico 250 g calandré à froid. J’ai plongé cette version de l’image dans une solution d’acide tannique pendant 1 minute, puis dans le carbonate de sodium pendant 20 secondes et enfin dans l’eau oxygénée pendant 30 secondes. La gamme tonale est très délicate. Comme l’épreuve n’a pas séjourné longtemps dans le carbonate de sodium, les tons moyens sont presque violets et les hautes lumières présentent une légère touche de beige. L’eau oxygénée a restitué la tonalité foncée originale des ombres. 96 084-099 08/12/03 13:44 Page 97 7• Il se peut que vous deviez faire plusieurs allers-retours avant d’obtenir la teinte voulue. Cette méthode requiert une certaine pratique et les couleurs risquent de s’empâter si vous ne faites pas attention. Tirez plusieurs cyanotypes de votre image afin de pouvoir effectuer plusieurs essais, et essayez de noter les différentes étapes du traitement pour chaque épreuve. Sachez cependant qu’il est pratiquement impossible de reproduire un résultat à l’identique. Considérez cette méthode comme une façon de produire des images uniques. Outre la méthode décrite précédemment, il existe d’autres façons d’utiliser ces produits chimiques. Le carbonate de sodium est un agent de blanchiment et peut-être employé seul pour éclaircir une épreuve surexposée. Dans la pratique, le procédé n’est pas si simple car l’épreuve va encore continuer à blanchir pendant quelques minutes au cours du lavage. Il faut donc anticiper le résultat et sortir l’épreuve du bain de carbonate de sodium avant qu’elle n’atteigne la densité souhaitée, puis bien la laver à l’eau courante. Si vous comptez utiliser le carbonate de sodium pour éclaircir une épreuve surexposée, vous pouvez employer une solution plus diluée que celle citée plus haut (commencez par réduire de moitié les doses). Une autre façon d’utiliser le carbonate de sodium comme agent de blanchiment est de l’appliquer au pinceau sur certaines parties de l’épreuve (au lieu de la plonger entièrement dans la solution). Par ailleurs, si vous appliquez au pinceau de l’acide tannique sur une zone de l’image puis, au moyen d’un autre pinceau, vous appliquez par-dessus du carbonate de sodium, vous obtiendrez la teinte brune évoquée plus haut, mais uniquement à cet endroit, le reste de l’épreuve restant bleu. Vous pouvez également utiliser un pinceau pour blanchir ou colorer par virage certaines parties de l’image seulement, et obtenir un effet de ton séparés. Pour ma part, je garde toujours sous la main une cuvette de solution d’eau oxygénée. Si une épreuve est devenue trop plate ou trop claire, je l’y trempe pendant quelques minutes. Comme signalé plus haut, l’eau oxygénée provoque une oxydation qui fonce instantanément l’image. Le processus s’interrompt de lui-même aussi vous ne risquez pas de l’accentuer en laissant l’épreuve trop longtemps dans la solution. Ensuite, je lave l’épreuve pendant 15 minutes à l’eau courante avant de la mettre à sécher. Virage violet foncé Au bout de quelques minutes, l’ammoniaque va blanchir l’épreuve et l’acide tannique ou gallique va ensuite la colorer. Vous pouvez ici aussi effectuer des allers-retours entre les différents bains (voir « Virage rouge-marron », page 95), ou suivre les étapes ci-après. Cyanotypes Préparez les bains comme indiqué ci-dessous, et procédez comme suit : 1. Faites tremper l’épreuve dans une cuvette d’eau pendant 5 minutes. 2. Blanchissez-la dans la solution d’ammoniaque ménager. 3. Lavez l’épreuve 30 secondes à l’eau courante. 4. Virez-la dans la solution d’acide tannique ou d’acide gallique. 5. Lavez soigneusement l’épreuve. Virage mauve L’acide pyrogallique va transformer le bleu en un superbe mauve. Ce virage ne fonctionne pas toujours et le résultat va dépendre de l’eau, de l’humidité et du type de papier utilisé. Préparez les bains comme indiqué ci-dessous, puis procédez comme suit : 1. Faites tremper l’épreuve dans une cuvette d’eau pendant 5 minutes. 2. Plongez-la ensuite dans la solution d’acide pyrogallique pendant quelques minutes en agitant constamment. La couleur change sous vos yeux. Dès que la teinte vous convient, sortez l’épreuve du bain. 3. Rincez-la à l’eau courante. 4. Plongez l’épreuve dans la solution d’eau oxygénée et agitez constamment pendant environ 1 minute pour obtenir des tons plus intenses. Vous pouvez effectuer des allers-retours entre ces deux bains jusqu’à obtention de la couleur voulue. En cas de problème… • Si la couleur bleue disparaît complètement au cours du lavage, cela signifie que l’épreuve n’a pas été suffisamment insolée. • Si le papier prend une teinte bleue, verte ou marron avant d’être insolé, cela indique que l’émulsion est voilée. • Si l’image présente des piqûres blanches, soit ce sont les fibres du papier qui ressortent, soit il y avait des bulles d’air dans la couche d’émulsion. Si le résultat ne vous plaît pas, changez de papier. S’il s’agit d’un problème de bulles, c’est que vous avez étalé l’émulsion trop vite ou avec des coups de pinceau trop brusques. Allez-y doucement ! 97 084-099 08/12/03 13:44 Page 98 P r o c é d é s p h o t o a l t e r n La Table de Laura, 1998 J’ai pris cette image avec un sténopé et un film Polaroid type 55 positif/négatif. J’ai utilisé la solution Luminos Cyanotype,qui est une formule prête à l’emploi du Dr. Mike Ware. Dès que j’ai reçu le flacon, j’ai pu en moins d’une heure sensibiliser le papier (Arches Platine calandré à chaud), le sécher et l’exposer aux ultraviolets. Je n’ai pas eu à mélanger les produits moi-même et j’ai obtenu une tonalité d’un bleu magnifique. J’ai ensuite viré légèrement l’épreuve dans un bain violet pendant environ une minute. 98 a t i f s 084-099 08/12/03 13:44 Page 99 7• Virage violet foncé Pour ce procédé, vous aurez besoin de quatre cuvettes, deux pour l’eau et deux pour les bains de virage. Cyanotypes • Si les zones blanches de l’épreuve bleuissent en cours de séchage, cela signifie qu’elle n’a pas été lavée assez longtemps. • Si l’épreuve présente encore des traces jaunâtres une fois sèche, cela indique qu’elle n’a pas été lavée assez longtemps. Pour préparer le premier bain, il vous faudra : 300 ml d’eau distillée 20 ml d’ammoniaque ménager Versez l’eau directement dans la cuvette, ajoutez l’ammoniaque. (Portez un masque si l’odeur vous incommode.) Mélangez le tout avec une pince à papier. Pour préparer le deuxième bain, il vous faudra : 200 ml d’eau distillée 2 g d’acide tannique ou d’acide gallique Versez l’eau directement dans la cuvette, puis ajoutez l’acide tannique ou gallique. Mélangez avec une pince à papier jusqu’à dissolution complète des cristaux. Virage mauve Vous aurez besoin de quatre cuvettes pour ce procédé, deux pour l’eau, une pour l’acide pyrogallique, et une pour l’eau oxygénée. Pour préparer le premier bain il vous faudra : 360 ml d’eau distillée 12 g d’acide pyrogallique Versez l’eau directement dans la cuvette, puis ajoutez l’acide pyrogallique. Mélangez avec une pince à papier jusqu’à dissolution complète des cristaux. Pour le second bain, il vous faudra : 360 ml d’eau distillée 60 ml d’eau oxygénée • Si de l’émulsion s’est déposée sur le négatif, c’est que le support n’était pas complètement sec (et les deux surfaces se sont collées pendant l’insolation). • Si l’image n’apparaît pas ou manque toujours de densité après 40 minutes d’insolation, vérifiez que vous avez bien préparé l’émulsion. Il se peut que vous n’ayez pas utilisé assez de cristaux en préparant les solutions de réserve. Recommencez. • Si l’épreuve manque de densité, vous n’avez sans doute pas appliqué suffisamment d’émulsion. Appliquez-en une seconde couche (une fois que la première sera parfaitement sèche) pour ajouter de la densité à l’épreuve finale. Faites des essais car le résultat varie suivant le papier utilisé. • Si vous voyez apparaître des couleurs étranges sur l’épreuve avant même de la virer, c’est que vous avez sans doute placé dans la même cuvette de lavage des épreuves virées et non virées, contaminant ainsi l’eau de rinçage. Si vous lavez les épreuves virées dans une cuvette où l’eau n’est pas renouvelée par un apport d’eau courante, celle-ci se contamine et devient à son tour un bain de virage. Si vous mélangez ainsi les épreuves virées et non virées dans une même cuvette, une partie des produits de virage va se transférer des épreuves virées et venir tacher celles qui n’ont pas encore été virées. Veillez donc à bien laver les épreuves virées avant de les mettre dans une même cuvette avec d’autres épreuves. Versez l’eau directement dans la cuvette, ajoutez l’eau oxygénée. Mélangez. • Si vous voyez des lignes ou des zones parasites sur l’image, vous avez probablement contaminé le support soit en le posant à un endroit mouillé dans la chambre noire, soit parce que de l’émulsion s’est déposée au dos de l’épreuve. Vérifiez le dos du support, il devrait présenter les mêmes traces qu’au recto. Pour éviter ce problème à l’avenir, redoublez de précautions lorsque vous manipulez le support, surtout lors de l’application de l’émulsion. 99