Culture - Les Misérables

Transcription

Culture - Les Misérables
la ride
die Falte
imprégner
prägen
l’inconscient
das Unter[ε̃kɔ̃sjɑ̃] (m)
bewusstsein
oser
es wagen
s’aventurer à
sich einlassen auf
être issu,e de
stammen aus
l’adaptation (f)
die Verfilmung
cinématographique
éponyme
gleichnamig
la publication
die Veröffentlichung
renfermer
bergen
le chef-d’œuvre [ʃεdv] das Meisterwerk
Police, ouvrez !
prendre du bon temps
en flagrant délit
l’adultère (m)
le pair de France
se faire oublier
LES MISÉRABLES
150 ans… et pas une ride !
In seinem Roman »Les Misérables« beschreibt Victor Hugo das Elend der Armen
in Paris. Ihn selbst macht das Werk mit einem Schlag weltberühmt und wohlhabend.
mittel
Krystelle Jambon beleuchtet die Geschichte der Entstehung.
J
ean Valjean, Gavroche, Cosette, Javert… Autant de noms
qui imprègnent l’inconscient
collectif. Et pourtant, peu
osent aujourd’hui s’aventurer à lire les
1 500 pages des Misérables dont ces
personnages sont issus ! Bien sûr, tout
le monde connaît le titre du célèbre roman de Victor Hugo (1802-1885) et les
thèmes dont il traite : l’injustice et la
misère au XIXe siècle. Et ce, grâce entre autres aux 35 adaptations cinématographiques des Misérables mais
aussi aux 11 séries télévisées, six dessins animés, et deux pièces de théâtre
traduits dans toutes les langues. Sans
20
oublier la comédie musicale éponyme.
À l’occasion du 150e anniversaire de sa
publication, retour sur les secrets que
renferme ce chef-d’œuvre.
Police, ouvrez !
Tout commence le 5 juillet 1845. Dans
un appartement près de la place Vendôme à Paris, Victor Hugo prend du
bon temps avec sa maîtresse Léonie
Biard. Soudain, on frappe à la porte.
Il s’agit du commissaire de police et
de monsieur Biard en personne, le
mari de Léonie. Les amants sont surpris en flagrant délit d’adultère. Aussitôt, Léonie est envoyée en prison.
Hugo, lui, a plus de chance. Il reste
en liberté grâce à son immunité de
« pair de France ». Pour se faire oublier, l’écrivain s’enferme chez lui
place Royale – aujourd’hui place des
Vosges – et se lance dans l’écriture
d’un roman qu’il appelle Jean Tréjean,
avant de le rebaptiser Les Misères.
Un soir de septembre 1853, Victor
Hugo s’assoit à une table. Une table
particulière. Une table tournante. Depuis que sa fille Léopoldine s’est
noyée en 1843, à l’âge de 19 ans,
Hugo cherche en effet par tous les
moyens à entrer en contact avec elle.
Alors pourquoi pas les séances de spi-
8/2012
se lancer dans
rebaptiser [(ə)batize]
particulier,ère
la table tournante
se noyer [nwaje]
l’au-delà (m)
l’esprit (m)
ordonner
ultime
tourmenté,e
laisser de côté
sich vergnügen
in flagranti
der Ehebruch
spezieller, vom
König verliehener
Adelstitel
sich im Hintergrund
halten
beginnen mit
umbenennen
besondere,r,s
spiritistisch:
das Tischerücken
ertrinken
das Jenseits
der Geist
auftragen
allerletzte,r,s
geplagt
hier: beiseitelegen
Jackpot
l’éditeur (m)
der Verleger
ravaler
streichen
contempler
betrachten
l’action (f)
die Aktie
ne pas manquer de faire unweigerlich tun
faire grincer des dents zu einiger Kritik
führen
dénoncer
anprangern
l’exploiteur (m)
der Ausbeuter
connaître un succès
erfolgreich sein
[syksε]
immédiat,e
sofortig,
umgehend
l’édition (f)
die Auflage
diffuser
verkaufen
se cotiser
sich zusammentun
tirer au sort [sɔ]
auslosen
la parution [paysjɔ̃]
das Erscheinen
le tome [tɔm]
der Band
le fidèle
der Anhänger
être au rendez-vous
zur Stelle sein
l’émeute (f)
der Tumult
l’embouteillage
hier: der Ansturm
[ɑ̃butεja] (m)
bien
hier: sehr wohl
dissimulé,e
getarnt
faire une allusion à
anspielen auf
la trace
die Spur
le couvent
das Kloster
8/2012
Bridgeman Art Library
©Cameron Mackintosh 2010/Théâtre du Châtelet
CULTURE
ritisme pour communiquer avec l’audelà ? Ce soir-là, l’esprit lui aurait ordonné : « Grand homme, termine Les
Misérables. » Nouveau et ultime changement du titre de l’œuvre…
Mais tourmenté par les conséquences
de la révolution de 1848, Hugo laisse
son roman de côté.
Jackpot
En 1862, ce sont finalement des éditeurs belges Albert Lacroix et Hippolyte Verboeckhoven qui achètent le
premier manuscrit des Misérables et le
publient la même année. À son auteur,
ils proposent 240 000 francs anciens –
soit l’équivalent de 600 000 euros. Le
jackpot pour Victor Hugo ! Celui-ci en
profite pour faire ravaler la façade de
sa maison sur l’île de Guernesey où il
vit en exil depuis 1855 (+ Approfondissements, p. 28). Il fait ensuite
construire sur le toit une pièce tout en
verre, qu’il appelle le « look-out ». De
là, l’écrivain contemple la mer mais
aussi la maison de sa nouvelle maîtresse, Juliette Drouet, qui a elle aussi
quitté la France. Avec le reste de sa
fortune, il achète des actions, ce qui
ne manque pas de faire grincer des
dents. Certains ironisent effectivement
sur cet investissement de la part d’un
auteur qui dénonce justement les exploiteurs de la misère humaine.
La première partie des Misérables
connaît un succès immédiat. La première édition est diffusée dans une
douzaine de capitales… En français,
langue parlée partout à cette époque.
Il s’en vend rapidement quelque
100 000 exemplaires à travers le
monde. Les lecteurs les moins riches
se cotisent et achètent un livre à plusieurs. Ils se le prêtent puis tirent au
sort le futur « propriétaire » de l’œuvre ! Pour la parution du second
tome, le 15 mai 1862, les fidèles de
Hugo sont une nouvelle fois au rendez-vous. En effet, dès 6 heures du
La première édition des Misérables
matin, des émeutes et embouteillages se créent devant la boutique de
l’éditeur à Paris.
S’il s’agit bien d’un roman, certains
experts voient dans Les Misérables
une autobiographie dissimulée. Victor
Hugo y fait effectivement des allusions à sa vie privée. Ainsi, on retrouve la trace de Juliette Drouet dans
un couvent où se cachent Cosette et
Jean Valjean. On y rencontre une
« mademoiselle Drouet, mère des
Anges ». De plus, le jour du mariage
de Cosette et de Marius est célébré le
16 février 1833, date à laquelle Victor
et Juliette passent leur toute première
nuit ensemble…
■
Pour en savoir plus sur Les Misérables, rendez-vous à la maison de
Victor-Hugo à Paris (6, place des
Vosges), là où l’écrivain résida de
1832 à 1848. Jusqu’au 30 septembre
y est organisée une exposition
consacrée à la partie « nocturne » du
roman. Ouvert de 10 h à 18 h du
mardi au dimanche, sauf jours fériés.
l’exposition (f)
le jour férié
die Ausstellung
der Feiertag
21