campo de gibraltar le joyau cache
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campo de gibraltar le joyau cache
marino édition française CAMPO DE GIBRALTAR LE JOYAU CACHE Les plages de Tarifa sont idéales pour faire du surf et d’autres sports analogues. Avec sa situation stratégique, son mélange de cultures, sa richesse naturelle et son histoire, cette contrée andalouse est unique. La baie d’Algésiras est parée d’un impressionnant bleu turquoise et sa beauté remarquable s’impose aux bateaux traversant le détroit, au paquebot arrivant à Gibraltar et aux rares travailleurs de la mer pratiquant encore la pêche côtière en fin de matinée. Certains riverains parcourent le Paseo de Poniente de La Línea de la Concepción pour vivre intensément les journées venteuses du printemps. En toile de fond, à quelque quatorze kilomètres au sud de l’arche de la Baie, les montagnes Hacho et Musa dessinent les contours du continent africain à ce qui semble un jet de pierre. L’APPEL DE LA NATURE Lorsque l’Atlantique et la Méditerranée s’embrassent, la vie explose dans cette enclave unique qu’est le Campo de Gibraltar. Le mélange, la diversité des cultures, l’histoire, le soleil et les plages, la nature, le tourisme rural et actif, les sports nautiques et de voile, le golf, le polo… Des possibilités infinies s’offrent à ceux qui souhaitent explorer cette contrée dans ses moindres recoins. « La situation stratégique du détroit de Gibraltar fait de cette zone un lieu à la diversité unique », affirme Valle Belizón, une technicienne de l’organisme Turismo de la Mancomunidad del Campo de Gibraltar. Les plages sauvages du parc naturel du détroit et l’environnement des Alcornocales constituent l’un des plus grands atouts de cette région : la nature. Nous nous trouvons d’ailleurs au milieu d’une réserve de la biosphère. En effet, le détroit de Gibraltar, comme Messine en Italie, comptent parmi les sites d’observation ornithologiques les plus importants du monde. On y assiste au passage de milliers d’oiseaux migrateurs chaque année. On peut également y observer des cétacés. On apercevra des dauphins, des orques et des baleines nageant à l’état sauvage au cours d’une simple sortie en bateau dans la baie ou le détroit. SPORT ET CULTURE Mais quelques navigateurs s’adonnent également au tourisme nautique à La Línea ou à San Roque : on verra ainsi des centaines de cerfs-volants de kitesurf et des planches à voile glissant sur les vagues de Tarifa ; des sportifs jouant au golf ou au polo ; des touristes actifs sur les routes de VTT de l’arrière-pays ou d’autres jouissant du haut standing d’un hôtel luxueux ou d’un appartement à Sotogrande. Enfin, certains se laisseront caresser par le soleil et la mer, allongés sur une plage cachée comme celle de Bolonia, à Tarifa – l’une des dix meilleures plages européennes aux dires de certains. Et les plus curieux arpenteront de long en large les 131 Vue sur le Rocher de Gibraltar depuis l’une des plages de La Línea de la Concepción. Indiana Jones, Lawrence d’Arabie ou le baron de Münchausen : trois personnages de la plage de Mónsul. villages immaculés de Castellar et Jimena de la Frontera, ou celui de Guzmán el Bueno à Tarifa ; les ruines romaines de Carteia à San Roque, ou encore celles de Baelo Claudia à Bolonia également, à côté de la dune. Ces deux sites offrent de splendides témoignages de la préservation de ces villes et comptoirs romains. De ce fait, l’état de conservation de Baelo, une importante cité de conserves et salaisons, en surprendra plus d’un. Cette ville nous a légué sa délicieuse sauce garum qui assaisonne et accompagne de grandes quantités de mets, et qui fut utilisée comme cosmétiques par les Romains. NOMBREUSES PERSONNALITES La beauté et la richesse du Campo de Gibraltar prennent tout leur sens quand on arpente ses rues et que l’on rencontre ses habitants. Les gens du Campo de Gibraltar sont ouverts et cosmopolites. Ils sont fiers des attraits de leur région et désireux de partager les atouts de leur terre, trop souvent malmenée par l’histoire, les circonstances et les lieux communs. Le Campo de Gibraltar est la terre où le guitariste Paco de Lucía vit le jour (Algésiras) ; le chanteur de flamenco Camarón de la Isla passait ses journées à La Línea ; le mythique Antonio El Chaqueta et sa grande famille d’artistes y vécurent aussi pendant longtemps ; c’est là que Lola Flores tint pendant des mois l’affiche des théâtres de La Línea ; où le danseur David Morales s’entretient avec ses voisins ; où le peintre José Cruz Herrera dessina passionnément les femmes et Luis Ortega Brú sculpta une piété à donner la ALGESIRAS REND HOMMAGE A PACO DE LUCIA La Route de Paco de Lucía retrace sa carrière artistique. De la calle San Francisco, où il vit le jour, jusqu’au Cementerio Viejo, où il repose, la Route traverse les enclaves d’Algésiras qui inspirèrent ses œuvres. Ce parcours permettra également de découvrir la ville verte après le quartier du Cobre et en direction de la naissance du río de la Miel, un petit fleuve côtier. 132 chair de poule (elle est exposée dans le musée de la ville de San Roque) ; c’est aussi là que le psychiatre Carlos Castilla del Pino, l’acteur Juan Luis Galiardo, le sociologue Salustiano del Campo, le sculpteur Nacho Falgueras naquirent… C’est la terre d’un artiste de Tarifa comme Guillermo Pérez Villalta, et le lieu où tant de personnes talentueuses firent leurs premiers pas. Il nous faudrait allonger démesurément la liste pour leur rendre justice à tous. Le flamenco est, d’ailleurs, l’une des plus grandes valeurs du Campo de Gibraltar et parmi les moins exploitées par le tourisme même s’il commence La porte de Jerez, à Tarifa, donne sur les rues les plus typiques de la ville. à se développer. Algésiras a balisé une Route de Paco de Lucía pour faire connaître l’histoire du plus grand représentant de la guitare espagnole. La Línea de la Concepción s’efforce également de promouvoir son patrimoine flamenco à travers son musée et la Cuadra, espace du compositeur Juan Mesa, tous deux situés dans les locaux de l’association la Peña Flamenca. En mai, les associations de la contrée fêtent le Mayo Flamenco avec de nombreuses activités de diffusion dans une zone connue pour son précieux et vaste vivier de jeunes artistes. Le Campo de Gibraltar réunit à la fois la pêche thonière et la technique de la madrague pratiquées dans l’Atlantique et la Méditerranée. Sa Route du Thon élabore des délices gastronomiques entre les villes de La Línea et de Tarifa, une zone où règnent donc le chinchard et les brochettes de sardines, les tapas, les fumets de cuisine maure et les effluves des matinées de foire. C’est également le berceau de ceux qui possédant peu dégagent une lumière et une gaieté infinies conscients de vivre dans un véritable joyau caché où ils brûlent la vie par les deux bouts. ■ édition française LA LINEA OUVRE LE MUSEE CRUZ HERRERA Le musée Cruz Herrera a ouvert ses portes. Il s’agit d’une pinacothèque consacrée au peintre de la région José Cruz Herrera (1890-1972), spécialisé dans les portraits de femmes andalouses et arabes. Il se distingue par sa peinture coloriste et proche du costumbrisme. Il est situé dans la Villa de San José, un hôtel particulier du XIXe siècle entouré par les jardins Saccone. La ville, également pierre angulaire des amateurs de tourisme nautique, compte plus de 11 kilomètres de merveilleuses plages. JIMENA DE LA FRONTERA, UNE LEÇON D’HISTOIRE Peuplé depuis la préhistoire, l’établissement de la Laja Alta abrite les uniques peintures rupestres d’Espagne dépeignant des scènes maritimes de l’âge du bronze. Avec l’invasion musulmane, Jimena se consolida et devint une enclave stratégique. Son héritage patrimonial est surtout composé de son château des XIII-XIVe siècles, avec ses remparts crénelés, son donjon, sa tour Albarrana, ses citernes et ses portes d’entrée à l’image de l’arc de l’horloge. Un exemplaire de chêne-liège du parc des Alcornocales. Vers le bas, les ruines de Baelo Claudia sur la plage de Bolonia. CASTELLAR DE LA FRONTERA, UNE CITE MEDIEVALE DE LA NATURE A LOS BARRIOS Au centre du Campo de Gibraltar et à la porte d’entrée du parc des Alcornocales, outre la randonnée, l’écoute saisonnière des bramements de cerf et l’écorçage du chêne-liège, Los Barrios dispose de 426 kilomètres de routes à parcourir en VTT. D’autre part, la ville propose des routes aquatiques sur le fleuve côtier Palmones et des routes à cheval. SAN ROQUE : DU GOLF, DU POLO ET BIEN PLUS. San Roque est connue pour le tourisme de haut standing de Sotogrande, ainsi que pour ses terrains et ses tournois de golf et polo. Cependant, cette ville a une longue histoire comme l’atteste Carteia, un site archéologique du VIIe siècle av. J.-C. où l’on découvrira des vestiges de l’époque phénicienne, carthaginoise, romaine, wisigothe, byzantine, arabe et chrétienne. San Roque fut fondée par 5 000 habitants espagnols de Gibraltar le 4 août 1704. Ces derniers avaient abandonné le Rocher après que l’amiral Rooke eut pris la Place de Gibraltar et hissé le drapeau anglo-saxon pendant la guerre de succession. Sa forteresse (xiie-xve siecles) se trouve dans la vieille ville ; elle est en parfait etat de conservation quoique renovee. Le chateau abrite l’un des rares exemples d’habitat amenage a l’interieur d’une enceinte. Cette forteresse a un fort caractere medieval, avec un trace sinueux de rues propres et blanchies a la chaux. Son autre grand attrait est sa cuisine de gibier (chevreuil, lapin et perdrix). TARIFA, LE ROYAUME DE LA LIBERTE Connue dans le monde entier pour ses plages de sable blanc et ses eaux transparentes, Tarifa est le paradis des surfeurs et kitesurfeurs. Outre ses plages, Tarifa offre un éventail d’activités dans la nature et de tourisme ornithologique, les châteaux de Guzmán el Bueno et Santa Catalina, le site archéologique de Baelo Claudia et la Route des églises. Comment arriver Algésiras-Ceuta Algésiras-Tanger Liaisons quotidiennes Haute Vitesse/Ferries Information, réservation e vente. Tel. 902 45 46 45 www.trasmediterranea.com Ou votre agent de voyage. 133 édition française MALTE SECRETS DE LA MEDITERRANEE Rares sont les pays qui peuvent être entièrement sillonnés au cours d’une même escapade. Malte est l’un d’eux. L’île de Malte est si minuscule qu’elle n’apparaît pas sur les cartes. Dix fois plus petite que La Réunion, il faut zoomer sur Google Maps pour distinguer cet archipel de couleur argileuse posé au centre géographique de la Méditerranée. Sitôt posé un pied dans la capitale, le visiteur se souviendra de Malte tout le reste de sa vie en raison de l’odeur caractéris- tique qui s’en dégage. Car il est fort probable qu’il ne retrouvera ce parfum nulle part ailleurs. La Valette embaume en effet l’imqaret. À mi-chemin entre le biscuit et le gâteau frit, cette douceur fourrée aux dattes est servie encore toute fumante. C’est la spécialité des étals de produits alimentaires installés près de la place des Tritons, la porte d’entrée de la vieille ville. Ce lieu est aussi le point de départ et d’arrivée des autobus qui couvrent les 30 kilomètres que l’île principale mesure du nord au sud. Les routes locales sont d’ailleurs assez peu recommandées aux conducteurs étrangers. Depuis quelques années, les bus se sont modernisés et n’ont plus rien à voir avec les minibus vintage, jadis points de mire des photographes. UNE MANHATTAN EN PIERRE CALCAIRE Les arômes, le faucon maltais, les templiers, la Seconde guerre mondiale et un match de football épique sont les motifs qui hanteront les ruelles rectilignes et dénivelées de La Valette. En entendant parler espagnol, un vendeur fait même ressurgir cette rencontre footballistique épique de 1984 où Malte s’était inclinée 12 à 1 face à l’Espagne. Fondée il y a 500 ans pour servir de refuge aux chevaliers de l’ordre de Saint-Jean, instigateurs des croisades, La Valette témoigne avec ses murs quasi intacts de la fierté d’une île habituée à se défendre contre les envahisseurs venus des quatre Le panorama urbain de La Valette avec la cathédrale anglicane Saint-Pierre et l’église carmélite de Sliema qui se détachent. 134 À gauche, une rue de La Valette. Ici, les amulettes turques veillent sur la navigation des pêcheurs. UNE SACREE NATURE points cardinaux. Pour la plus grande joie du visiteur, ses façades ont été tracées au carton et à l’équerre, style que l’on retrouvera plus tard à New York et dans le quartier de l’Eixample à Barcelone. Comme il fera certainement beau et chaud, il ne faudra pas hésiter un instant à profiter des innombrables fontaines bruissant dans la capitale. La très élégante fontaine construite dans le Freedom Square est une source d’eau fraîche et potable… Ici, l’anglais est la langue officielle, l’île ayant été régie autrefois par l’Empire britannique. Une raison qui explique pourquoi des milliers de jeunes viennent y perfectionner la langue de Shakespeare, et donnent cette touche festive aux nuits de La Valette qu’ils animent. God save the Queen, affirme-t-on. On ne saurait mieux dire. Isabelle II vécut en effet sur l’île quand elle était princesse. Quand l’ouïe se sera acclimatée, l’œil se familiarisera aussi avec la pierre calcaire de couleur miel utilisée dans toutes les églises, ce qui n’est pas une broutille. Cette île fut un jour baptisée « Saint-Pierre du Vatican en jaune » ; on comprendra pourquoi. Des Ave Maria et des christs entourés de cierges en occupent bel et bien chaque recoin. Et Malte est l’un des pays les plus catholiques du monde. Contrastant avec la couleur de l’adobe, les jardins vert chlorophylle d’Upper Barraca se penchent vers le port le plus profond de la Mare Nostrum : le Grand Harbour. Le panorama y est saisissant, notamment quand un soleil rougeâtre et crépusculaire vient enjoliver sa palette de couleurs. Le jour suivant, nous découvrirons un secret entre les pierres tombales étonnantes du cimetière de la co-cathédrale SaintJean : La décollation de saint Jean-Baptiste, une œuvre majeure du Caravage. Le palais des Grands Maîtres nous rappelle que la maçonnerie est monnaie Un bleu tout droit sorti des Caraïbes, des voiliers mouillés dans des criques comme aux Baléares, des baignades, du soleil, de la bière et des promenades. Que demander de plus ? Voici Comino, le plus petit îlot de l’archipel maltais, à l’exclusion des îles absolument inhabitées de Filfla, Cominotto et Saint-Paul. Comino n’est habitée qu’en été. On vient y plonger ou s’y laisser voir sur un yacht ancré dans son Blue Lagoon. L’eau de ce bassin irréel et peu profond ne peut être plus cristalline. Des falaises improbables et un seul hôtel-restaurant agrémentent une cachette sans asphalte, végétation ni bousculade. Plonger les pieds dans l’eau de mer en regardant des petits poissons colorés s’attrouper alentour y est une pratique très prisée. Ici, on commence la journée en sautant du ferry car il n’y a pas de port. Et on la termine en dégustant une glace achetée dans l’unique établissement possible, assis sur sa serviette de plage à défaut d’autres endroits. A-t-on vraiment besoin de plus ? La plage de Blue Lagoon sur l’île de Comino. 135 Deux images de l’île de Gozo. En haut, la basilique Saint-Georges, à Rabat. En bas, la fenêtre bleue. LA SŒUR CADETTE Une petite demi-heure de ferry sépare Cirkewwa, au nord de l’île de Malte, de Mgarr, le port de la voisine et plus petite île de Gozo. Passer en bateau sous la fenêtre bleue, une sculpture naturelle creusée dans le rocher par la mer, est une expérience très plaisante. Un bus monte jusqu’à la ville fortifiée de Victoria, la capitale dominée par une statue de Jean-Paul II. Ggantija, un mégalithe antérieur à Stonehenge, se trouve sur le chemin, ainsi que quelques moulins donquichottesques et Ramla Bay, la meilleure plage pour réaliser une courte baignade. De retour à la capitale, que l’on appelle également Rabat (à ne pas confondre avec la Rabat de l’île de Malte), la façade de la cathédrale attire les regards avec ses couleurs et ses balcons travaillés. Plus à l’ouest, le sanctuaire de Ta’ Pinu, entouré de palmiers, est généralement la dernière image que le voyageur imprimera dans sa mémoire avant de reprendre la route pour La Valette. L’île de Gozo est vraiment pleine de réjouissances et tentations. 136 courante dans cette région du monde. Et les entrailles de la Casa Rocca Piccola révèlent que les habitants de La Valette se réfugièrent sous terre lors des bombardements assourdissants qui éreintèrent Malte pendant la Seconde guerre mondiale. Ce lieu n’est accessible qu’à travers une visite guidée sur réservation. Le fort Saint-Elme atteste que l’empire ottoman ne put franchir cette limite, et le musée de la guerre nous explique comment et pourquoi. À l’heure du dîner, on peut déguster du poulpe au Guze Bistro ou du lampuki au Palazzo Preca encore que la jeunesse dorée préfère se rendre au Paul’s Sea Breeze où pour un prix conséquent, on pourra laisser sa serviette de plage sur des gradins et nager entre des yachts. Si les Anglais eurent le privilège de voir leur langue s’imposer, les Maltais conservèrent la cuisine italienne pour le plus grand plaisir de tous. Les fourneaux conservent également l’empreinte des cuisines turque et grecque : basilic, tomates séchées, câpres, épices… Des saveurs et encore des saveurs. Pour prendre congé de la capitale, pourquoi ne pas réaliser une balade nocturne à la lumière ténue de ces réverbères jurant avec des torches. Les plus chanceux entendront peut-être les cahots d’un carrosse tiré par des chevaux. Un peu plus et on se croirait à Séville. L’EXTERIEUR DE LA CAPITALE Pour dormir, Sliema, moins bruyante, reste toutefois proche de la capitale. Une fois sur place, le Fortina Spa Resort propose un break mérité sous forme d’apéritif composé de pistaches et bière Cisk. De Bugibba à Sliema, il est possible de faire une halte pour se baigner dans des criques rocheuses, des bassins naturels très peu fréquentés. Plus en direction du centre, Mdina, avec sa situation de mirador, offre les meilleures vues sur l’île. Témoignage flagrant de son isolement, Mdina est appelée la « ville du silence ». Les somptueux palais Falson et Vilhena constituent des détours obligatoires. Saint Pierre résida dans la proche ville de Rabat d’où la présence d’une grotte portant son nom. Enfin, des catacombes romaines parachèvent ce voyage dans le passé. Le road trip se poursuit sur la Cottonera, une route reliant Cospicua, Senglea et Vittoriosa (Burgi), les Trois Cités de Malte, et le cœur de l’atoll. Une vie nocturne surprenante pourrait amener les visiteurs à prolonger leur séjour. Inutile de regarder l’horloge. À Malte, on est toujours près de son hôtel. L’Enoteca del Borgo donne une très bonne idée des vins locaux méconnus servis en bouteille. Marsaxlokk, au sud, est un petit village de pêcheurs. Ses péniches colorées et ornées d’amulettes turques qui portent bonheur en haute mer invitent à une promenade dans ce port discret. Le village dépend tellement de la mer que sa plus célèbre statue rend hommage à un pêcheur inconnu. Aucun guide ne le conseillera, mais s’aventurer sur un marché où l’on ne parle que maltais est la meilleure manière de se fondre dans le paysage. Après avoir dégusté les prises du jour sur l’une des terrasses du front de mer, St. Peters Pool nous prouve qu’il existe également des plages de sable fin dans ce recoin de la Mare Nostrum. Surnommée « le petit trou », cette retraite propose aux baigneurs des trampolines naturels et des eaux aussi tempérées que paisibles. ■ édition française María del Carmen Pérez Die « LES EGYPTIENS SE SONT POSE LES MEMES QUESTIONS QUE NOUS » La directrice de la Mission archéologique espagnole à Héracléopolis Magna raconte une journée de fouilles. Vase canope exposé au musée archéologique national de Madrid. María del Carmen Pérez Die (Madrid, 1953) est la directrice de la Mission archéologique espagnole à Héracléopolis Magna, l’actuelle Ehnasya el Medina, une ville à environ 120 kilomètres au sud du Caire. Avec ce docteur en histoire antique en poste au musée archéologique national, nous allons entrer de plain-pied dans la culture des pharaons. La Mission archéologique espagnole d’Héracléopolis Magna a 50 ans. Qu’a-t-on découvert pendant cette période ? Nous avons pu réaliser une étude globale passant par différentes approches afin d’apprécier la vie quotidienne et l’histoire de cette ville parmi les plus importantes de l’Égypte antique. Quel était son rôle ? C’était la capitale de l’Égypte et la cour royale y était installée. Elle dominait théoriquement tout le pays à l’exception de la partie sud, plus récalcitrante. Avec sa situation privilégiée dans la Moyenne-Égypte, cette cité voyait défiler les caravanes et constituait le point de passage que tous désiraient contrôler. Elle revêtait une importance stratégique énorme. Que disent les restes qui ont été mis au jour ? Ils nous parlent d’une civilisation très avancée en son temps qui bâtit une série de monuments encore que nous ne sachions guère comment. Cette culture est beaucoup plus proche de nous qu’on pourrait le penser. Les Égyptiens se sont posé les mêmes questions que nous : la mort, l’origine de la vie, les relations avec les divinités, la famille, les hommes et les femmes, le travail… Il s’agit des mêmes problèmes mais les réponses sont distinctes. Les reliefs égyptiens présentent des correspondances avec le monde d’aujourd’hui. Depuis combien de temps dirigez-vous cette mission ? Cela fait 32 ans. Nous y avons travaillé tous les ans depuis 1984, à l’exception de 2011. Il y a énormément de travail à effectuer sur le site. Comment se déroule une journée à Héracléopolis ? Comme les campagnes ne durent pas plus d’un mois et demi, les journées sont très longues. Nous commençons à 6 heures du matin et terminons à 18 heures. Quand on s’arrête de travailler, on est très fatigués et on n’a plus le temps pour rien. On dîne. S’il y a la Wifi, on lit les journaux ou on écrit un e-mail à la famille. Puis, on s’endort en l’espace d’un quart d’heure. L’équipe compte-t-elle un grand nombre de membres ? Il y a une dizaine de personnes dont beaucoup sont espagnoles. Des spécialistes internationaux nous accompagnent dans certains cas concrets. Cette année, 50 ouvriers locaux ont participé aux fouilles. 137 édition française Comment coordonne-t-on un groupe aussi varié ? C’est un travail d’équipe au cours duquel les techniciens, spécialistes, restaurateurs, archéologues, égyptologues et ouvriers exécutent méticuleusement leur travail. Il est essentiel qu’ils creusent avec précaution. On ne peut rien abîmer parce qu’aucun retour en arrière n’est possible. À quand remonte votre engouement pour l’Égypte ? Ma mère était professeur à l’université et donnait des cours sur l’Égypte. Dès mon enfance, j’ai eu des livres d’égyptologie à ma portée. À l’école, je choisissais toujours l’Égypte comme sujet. De plus, je suis née à proximité du musée et je l’ai découvert avec mes grands-parents. Je suis restée fascinée par les salles consacrées à cette culture et j’ai dit un jour à mon grand-père : « Quand je serai grande, je veux être égyptologue. » Imaginez la tête de mes grands-parents. À cette époque, la discipline n’existait même pas en Espagne. Après avoir étudié l’histoire antique, j’ai eu une approche plus directe du monde des pharaons… J’ai fait des stages au département égyptien du mu- sée. J’ai obtenu une bourse pour aller étudier à Paris et au Caire. Et voilà comment tout a commencé. J’ai déjà consacré plus de la moitié de ma vie au musée et à l’Égypte. Qu’éprouve-t-on en découvrant des vestiges ? Une grande émotion. C’est un moment passionnant. Mais il faut souvent garder la tête froide. Ce qui compte c’est la manière d’appréhender ces découvertes via leur protection, restauration, étude et la compréhension de leur signification. L’euphorie peut-elle causer la perte d’une découverte ? Si le travail n’est pas bien fait et que la restauration est inadaptée, on peut tout perdre. Un jour, nous avons découvert une tombe remplie de peintures. Nous avons dû la sceller pour qu’elle ne se détériore pas. Nous avons attendu une année entière avant de vérifier son état. Il faut être très patient et mesuré si l’on veut préserver les choses. Quels sont les dangers qui menacent les vestiges ? Il s’agit de peintures très délicates, de pigments naturels… La lumière même peut les altérer en l’espace de deux jours. Il existe tout un processus pour TRAVAIL SUR LE TERRAIN Le chef du département des antiquités égyptiennes du musée archéologique national et directrice de la mission explique comment les chantiers ont été mis en œuvre dans la ville égyptienne : « Nous nous sommes focalisés sur trois points. Deux nécropoles : une de la XXIIe à la XXVe dynastie, aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. Et une seconde, plus ancienne, des IXe et XIe dynasties, de l’an 2000 av. J.-C. Nous travaillons désormais dans le temple du dieu local Hérychef ; nous fouillons et restaurons. Nous n’avons pas abandonné le projet général de recherche et d’étude de la cité, qui comporte des aspects aussi importants que l’urbanisme, l’orientation des temples, ses monuments et la religion. » Les premières fouilles à Héracléopolis Magna remontent à 1966. Elles furent menées par l’archéologue Martín Almagro. 138 qu’elles s’acclimatent aux nouvelles conditions de température, humidité et lumière… Parallèlement, il faut commencer à les nettoyer dans un site où elles seront protégées. Pourquoi la civilisation égyptienne nous plaît-elle tant ? Il semble qu’elle exerce sur nous une sorte d’attraction. Il faut vraiment être insensible pour n’être ni touché ni attiré. Tout est très beau et impressionnant. De plus, on ne cesse jamais de faire des découvertes. Sitôt rentrés, on a envie d’y retourner tant il reste de choses à découvrir. À chaque fois que je vais au musée du Caire, je vois quelque chose de nouveau, de différent, ou quelque chose qui peut être expliqué et interprété autrement. Pour les experts, ce champ est inépuisable. Est-ce votre passion ? C’est ma profession et mon travail. Je m’y consacre et je ne m’en lasse pas. L’Égypte me transporte et me séduit. J’ai de la chance car je suis aussi enthousiaste qu’au premier jour, comme si le temps n’avait pas de prise. Chaque campagne me plaît encore plus que la précédente. Je suis complètement sous le charme. María del Carmen dans la tombe d’Hotepuadyet Croyez-vous que les musées européens restitueront un jour certaines de leurs antiquités égyptiennes à l’Égypte ? Non. En plus, ils n’ont aucune raison de le faire si ces pièces ont quitté l’Égypte avant 1980. Car, dans ce cas, leur sortie était légale. Mais je comprends que l’Égypte souhaite récupérer des pièces phares comme Néfertiti ou la pierre de Rosette compte tenu qu’il s’agit de chefsd’œuvre. Mais qu’en feraient-ils ? Ils ne possèdent pas de lieu d’exposition sur place. On trouve des milliers de vestiges dans les entrepôts. Dans les musées européens, il est possible de faire connaître la culture égyptienne aux visiteurs à travers ces antiquités. Quelles sont vos pièces préférées ? Il existe beaucoup de très belles pièces, mais la tête de Néfertiti et les pyramides me semblent fantastiques. . Et au musée de Madrid ? Il y a un cercueil de la XXIe dynastie dont l’iconographie est très intéressante et qui permet d’expliquer de nombreux aspects de cette culture. Une pièce possède différentes lectures – ornementale, pratique… ■