memoire DSA - ENDUITS EN TERRE - Lydie Didier
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memoire DSA - ENDUITS EN TERRE - Lydie Didier
ECOLE D'ARCHITECTURE DE GRENOBLE laboratoire CRATerre-EAG Mémoire DSA-Terre 2002 - 2004 Diplôme de Spécialisation et d’Approfondissement – Architecture de Terre LES ENDUITS EN TERRE Synthèse et transmission des savoir-faire dans le cadre du programme européen Leonardo da Vinci Lydie DIDIER-FELTGEN écologue, docteur en biologie septembre 2005 Ministère de la Culture et de la Communication Direction de l'Architecture et du Patrimoine ECOLE D'ARCHITECTURE DE GRENOBLE laboratoire CRATerre-EAG BP 2636 - 60, avenue de Constantine - 38036 GRENOBLE Cedex 2 Diplôme de Spécialisation et d’Approfondissement – Architecture de Terre DSA-Terre 2002-2004 Mémoire de DSA LES ENDUITS EN TERRE Synthèse et transmission des savoir-faire dans le cadre du programme européen Leonardo da Vinci Lydie DIDIER-FELTGEN écologue, docteur en biologie, Luxembourg Soutenance : Grenoble, 26 septembre 2005 Directeur d'études : H. GUILLAUD, architecte, diplômé du CEAA-Terre, directeur scientifique du laboratoire CRATerre-EAG, maître-assistant classe exceptionnelle à l'EAG Jury : • Personnalités extérieures invitées : M. DAYRE, géologue, docteur ENSG A. KREWET, ingénieur génie civil du bâtiment, diplômé du CEAA-Terre, chef d’entreprise • Equipe pédagogique du DSA-Terre : P. DOAT, architecte, conseiller scientifique au laboratoire CRATerre-EAG, professeur à l’EAG A. DOULINE, ingénieur génie-civil, diplômé du CEAA-Terre, consultant pour Misereor Ministère de la Culture et de la Communication Direction de l'Architecture et du Patrimoine A LENA, MAX ET AMELIE, QUI DEPUIS UN AN ET DEMI SUPPORTENT CE LEONARDO QUI TIENT PLUS DE PLACE QU’UN PETIT FRERE EN CHAIR ET EN OS ... 1 2 « Depuis Montaigne, par opposition à la scolastique jugée mécanique et bête, les pédagogues expliquent qu’il faut comprendre pour espérer apprendre. « Apprendre, c’est comprendre. » [...] Il y a du vrai dans une telle maxime : une chose bien comprise est bien plus facile à apprendre. De là à ne plus rien apprendre parce que la seule compréhension permettrait la mémorisation, il y a un grand pas que je ne franchis pas. J’aurais toujours soin d’étayer la mémoire par la compréhension de l’objet appris, et l’intelligence par la mémorisation systématique des quelques outils intellectuels qui lui sont nécessaires. [...] Les modernes proposent : la meilleure tactique pour être sûr que l’élève comprenne un objet d’étude, c’est qu’il le découvre lui-même. [...] Il y a là un glissement de « comprendre » à « découvrir ». Comprendre n’est pas découvrir et découvrir n’est pas comprendre. [...] C’est à lui [l’enfant] d’analyser seul des objets complexes qu’on soumet à son attention et d’en tirer des règles de fonctionnement. [...] Il a fallu plus de trois mille ans à l’humanité pour qu’elle parvienne à décomposer les mots en leurs éléments ultimes, les lettres. Et on demande aux petits CP de [découvrir] eux mêmes, à six ans, et en six mois, ce génial travail de conception de plusieurs millénaires [...]. [...] Nos modernes se sont trouvés dans l’obligation d’inventer une science nouvelle. La science d’organiser les découvertes autonomes à l’avance pour qu’elles deviennent source de compréhension automatique. Cette science s’appelle la didactique. » Marc Le Bris, « Et vos enfants ne sauront pas lire ni compter », éd. Stock 2004 3 4 REMERCIEMENTS EN CETTE FIN DE TRAVAIL DE REDACTION, MA RECONNAISSANCE VA À : MARINA TRAPPENIERS, pour la confiance et les encouragements qu’elle m’a apportés dès mes premiers contacts avec l’architecture de terre et tout au long de mon travail. ECOBÂTIR, pour la cascade de rencontres que m’a apporté le Réseau et dont certaines sont devenues amitiés. une Ribambelle de gens, pour toutes leurs réponses à mes questions, leur disponibilité et leur aide à différentes étapes de mon travail, mais aussi leur connaissance, leur passion, leur enthousiasme et leur art partagés avec moi : ALBA Rivero, ALAIN Marcom, ANDREAS Krewet, ARNAUD Misse, DANIEL Duchert, DAVID Milcent, GÉRARD Vivès, GISÈLE Taxil, HUBERT Guillaud, HUGO Houben, ISABELLE Moisand, LAURENT Coquemont, MARY Jamin, MAURICIO Ganduglia, PATRICE Doat, RÉGINE Rivière, RICHARD Lacortiglia, SÉBASTIEN Moriset, SILVIA Bardos, SOLINE Brusq, SYLVIE Wheeler, THIERRY Joffroy, TITANE Galer et VINCENT Rigassi – par ordre alphabétique et sans ordre de préférence ! en espérant que je n’oublie personne... mes CO-EQUIPIERS sur « Leonardo » - parfois embarcation de fortune, parfois galère – mais toujours le cap sur de nouveaux horizons humains : VARVARA, pour son travail de défrichage qui m’a permis d’aller rapidement à l’essentiel lorsque j’ai pris sa relève. ALEXANDRE, pour sa leçon de pédagogie percutante et pour la très subtile mais très sincère entente dans notre collaboration. IRMELA FROMME, pour tout ce qu’elle a non seulement transmise mais donné dans ce projet et pour sa complicité téléphonique lorsque Leonardo menaçait de nous engloutir... et à tous les CEAA, DPEA, DSA et autres membres de cette famille : c’est un lien un peu magique qui nous relie, j’espère que même sans stabilisant ça va durer toujours ! A l’alpage du Serpaton, le 1er septembre 2005 5 6 SOMMAIRE AVANT-PROPOS ............................................................................................................................9 INTRODUCTION ............................................................................................................................11 Chapitre 1 UN PROJET PILOTE SUR LES ENDUITS EN TERRE EN EUROPE .........................15 1. Le cadre administratif 2. Les objectifs 3. Contenu et pédagogie 4. Les phases du projet et de l’élaboration des documents pédagogiques 5. Les grandes lignes du contenu des trois modules 6. Le système d’évaluation 7. Bilan provisoire Chapitre 2 LE SYSTEME D’ENDUIT ............................................................................................25 1. Définition 2. Nomenclature des couches 3. La structure des enduits en terre en Europe 4. D’autres systèmes d’enduit Chapitre 3 LA STABILISATION .....................................................................................................41 1. Les stabilisants : nature, propriétés, mécanismes d’action 2. Recettes et dosages Chapitre 4 CREATION ET TECHNIQUES DECORATIVES ..........................................................51 1. Le concept et le déroulement de la session “Exploration du matériau terre” 2. Faire fissurer – Information sur le principe 3. Illustration par un exemple de fissuration 4. Enoncé de l’exercice “Retrait et fissuration” 5. Enoncé de l’exercice “Dilution et transparence” Chapitre 5 LE MARCHE FRANÇAIS .............................................................................................57 1. La production et la vente de matériaux en terre en France 2. La pose d’enduits en terre en France Chapitre 6 LA CERTIFICATION DES MODULES DE FORMATION..............................................67 1. La certification en Allemagne 2. La démarche engagée en France 3. Pistes de réflexion pour la diffusion des modules en France CONCLUSION ............................................................................................................................... 73 ANNEXES .......................................................................................................................................75 REFERENCES CITEES .................................................................................................................91 BIBLIOGRAPHIE POUR LE PROJET LEONARDO .......................................................................93 LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX .........................................................................................103 TABLE DES MATIERES ...............................................................................................................105 7 8 AVANT-PROPOS Lorsqu’en mars 2004, Alexandre Douline m’a proposé de prendre la relève de Varvara Valtchanova, qui partait à l’étranger, dans le suivi du projet Leonardo, je n’ai pas longtemps hésité. J’avais eu l’occasion de mettre en oeuvre des enduits en terre, j’avais fait connaissance avec la « scène » de la terre et de l’écoconstruction en France et la production de matériel pédagogique m’intéressait beaucoup. Au bout de quelques mois, mon implication, qui ne devait au départ être que de quelques heures par semaine, a pris une importance toute autre. Certes, les premiers échelons dans le développement de la formation avaient été posés. Mais en regardant en arrière, le plus gros restait en fait à faire. Mon premier travail a concerné les objectifs pédagogiques affichés en tête des premiers plans de session. Il fallait les compléter par rapport à la table des contenus initialement prévus et souvent les réorganiser. Ensuite, il fallait produire le matériel didactique véhiculant les messages prévus dans les plans de session. Nous avons pris comme base les textes qu’Irmela Fromme nous avait fourni en allemand, traitant des sujets les plus importants : structure des enduits, préparation des supports, traitement des détails. J’ai commencé par traduire cette information importante, puis, à nouveau, il fallait réorganiser, trouver les lignes directrices de notre enseignement. A l’aide de la version française, Varvara Valtchanova a créé les premières fiches propres aux enduits en terre (nous disposions de quelques fiches d’un autre projet sur les propriétés du matériau terre). Ses fiches ont été améliorées grâce à un travail en équipe, à la fois en France et par des échanges avec l’équipe allemande. Cette démarche est représentative de toutes les étapes ultérieures dans l‘élaboration des contenus : il faut toujours qu’une personne s’occupe d’un sujet précis, puis il y a mise en commun et ajustement. Le fait que plusieurs d’entre nous soient bilingues a beaucoup facilité le travail, car des traductions intermédiaires en anglais auraient été très laborieuses. Vu le temps que j’ai fini par passer au travail sur le projet Leonardo, il était vite devenu clair que je ne pourrais plus consacrer de temps à finaliser mon projet initial de mémoire, qui était orienté vers la rénovation des maisons en pisé, malgré de nombreux contacts déjà pris. Le choix de valoriser le travail fourni dans le projet Leonardo était évident. Mon souci a été de ne pas m’approprier des contenus produits par d’autres. La plupart des documents Leonardo sont le fruit d’un travail en équipe. J’ai donc pris soin d’utiliser et de présenter ici les fiches, schémas et textes qui sont effectivement mes « produits ». En dehors de ceux-là, j’ai aussi beaucoup travaillé sur la sélection, l’indexation et le commentaire des dossiers de photos illustrant certaines sessions. Pour le reste, comme déjà dit, ce fut surtout un grand travail d’organisation des données et de coordination. Exception faite du Japon, les plus belles surfaces en terre décorées sont souvent l’oeuvre de femmes. Aux Grands Ateliers à Villefontaine, ce sont des femmes qui créent des chef-d’oeuvres en terre, en explorant les limites du matériau pour leur expression artistique. Aux commandes et à l’initiative du projet Leonardo, il y a une majorité de femmes. Dans les formations déjà existantes sur les enduits en terre, il y a un pourcentage plus élevé de femmes que dans n’importe quelle autre secteur du bâtiment. J’ai apporté ma propre pierre à l’édifice et j’espère qu’il y aura des vocations lorsqu’il s’agira d’aller introduire la nouvelle formation dans les couloirs d’un monde du bâtiment bien masculin. Il n’y a pas de raison - déjà de son temps, Leonardo a fait rêver... 9 10 INTRODUCTION Un matériau millénaire, mais un savoir-faire technique actuel somme toute récent. Un support pédagogique moderne, mais une transmission finalement ancestrale, par la pratique sous l’oeil du maître. Dans le projet de former des artisans aux enduits en terre en Europe, tout ne coule pas de source. Dans leur grande majorité, les gens ont besoin de découvrir ce matériau surprenant. Ils ont besoin qu’on leur explique « comment ça marche ». Comment c’est possible que la terre puisse être utilisée telle quelle, sans autre colle, ciment, stabilisant. Ce « comment ça marche », c’est la science des grains (Guyon & Troadec 1994), discipline en plein essor, qui s’est donné comme objectif de trouver des explications physiques à des phénomènes que l’homme s’est alliés intuitivement et dont il se sert empiriquement depuis des milliers d’années. Il suffit de très peu d’explications physiques pour que n’importe quel artisan puisse intelligemment et de façon autonome composer avec le matériau terre. Une petite minorité seulement d’artisans en Europe ont une expérience professionnelle solide et longue avec les enduits en terre non stabilisés. En France, en 2002, quatre sur les cinq exemples de temps de pose donnés, dans les résultats d’une enquête sur les techniques de construction en terre, parlaient d’enduits en terre stabilisés à la chaux aérienne, la chaux NHL ou au ciment (Marcom 2002). De même, telle entreprise utilise systématiquement de la cellulose dans l’enduit de finition pour être sûr de ne pas avoir de farinage, telle autre finit toujours avec un enduit à la chaux, telle autre avec un badigeon à la chaux. Certains maîtrisent à la perfection les raccords propres et nets avec un montant en bois, d’autres ont trouvé des solutions astucieuses et infaillibles pour les raccords entre le mur et le sol. En fait, les savoir-faire sont souvent partiels. En tout cas, la demande de formation est là. D’après un petit sondage, les demandes exprimées sont de trois sortes : • Des artisans peintres en déco sont attirés par ce nouveau matériau, ils appliquent des mortiers de finition prêts à l’emploi et vu leur expérience avec d’autres types d’enduits, ils ont besoin de relativement peu de formation. Cependant, quelques-uns sont aussi prêts à « faire n’importe quoi pourvu que ça tienne », ils ne cherchent donc ni à comprendre ni à respecter le matériau terre, ni à éviter les produits douteux pour la santé. • Des artisans moins spécialisés, qui touchent aussi au gros oeuvre, cherchent de l’information sur les murs en terre dans leur ensemble. Ils ont besoin de connaître les techniques de mise en oeuvre traditionnelles et les pathologies qui affectent le bâti en terre. Une formation conséquente sur les enduits leur est utilile, avec un pôle gros oeuvre plus développé que le pôle décoration. • Des auto-constructeurs, propriétaires d’un patrimoine en terre ou non, appréciant la chaleur et la beauté des enduits en terre, cherchent des recettes et des conseils. Ensuite, il y a des cas plus spécifiques, comme, par exemple, les plombiers souhaitant poser des murs chauffants ; les personnes en reconversion professionnelle, avec ou sans expérience dans le bâtiment, et qui cherchent à tout prix à travailler avec des matériaux sains ; les maîtres d’oeuvre qui ont besoin de mieux connaître le matériau qu’ils préconisent. Les artisans travaillant en association avec la chaux sont souvent des gens sensibilisés au patrimoine ou aux techniques traditionnelles ou écologiques. Dans ce contexte, où la recherche et le besoin d’information et de formation sont plus importants que le collège de ceux qui peuvent afficher une longue pratique et une maîtrise parfaite, parler de transmission du savoir-faire relève un peu du défi. Défi qui gagne en crédibilité devant la maturité à laquelle est arrivée la technique. Car dès lors qu’il y a vingt ans ou plus d’expérience dans un pays de l’Europe, pourquoi de pas en faire profiter les pays voisins. En Allemagne, les enduits en terre sont sortis de leur phase expérimentale, les erreurs pendant les différentes étapes de l’application ont toutes été faites, résolues et recensées. Le marché y est bien développé, il a d’ailleurs un rôle actif dans la transmission des savoir-faire, car tout produit est accompagné d’une fiche technique donnant des consignes très précises. En dehors de cette documentation 11 commerciale, il n’existe pas de manuel spécifique sur les techniques d’application des enduits en terre. Les diverses et multiples publications allemandes sur les enduits en terre consacrent toutes quelques pages aux enduits, mais jamais de façon détaillée et exhaustive. L’ouvrage qui fait référence en la matière est en fait le classeur de fiches de l’entreprise Claytec (2004), pionnière des matériaux en terre prêts à l’emploi. Il était donc probablement temps d’organiser une transmission plus officielle, moins dépendante des circuits commerciaux. Mais avant de transmettre, il fallait faire la synthèse de ce qui devra être enseigné. D’où un important travail de transcription des savoir-faire, de l’organisation de ces données, de leur échange et discussion, travail fait précisément dans le cadre du projet européen. La consignation par écrit des connaissances actuelles dans le domaine des enduits en terre a abouti à un volume d’informations qui a largement dépassé les prévisions. L’expérience européenne a été enrichie par des emprunts à deux traditions maîtresses dans l’art de la décoration en terre, à savoir les traditions japonaise et africaines. Ceci grâce à des échanges et des collaborations établies depuis de nombreuses années avec le Japon et plusieurs pays africains, tant du côté français que du côté allemand. Dans ses grandes lignes, l’enseignement projeté peut se résumer par les mots-clés suivants : - maîtrise des comportements du matériau connaissance des supports et de leur préparation apprentissage des geste, de la pose conscience de l’importance des détails, de l’exécution soignée connaissance des causes des désordres gestion des couleurs compétences de décoration aperçu des techniques de gros oeuvre et des pathologies dans la construction en terre compétences au conseil notions des stratégies commerciales notions des législations possession des éléments de l’argumentaire éco-biologique vision de l’universalité des décors en terre Ces objectifs pédagogiques ont été déclinés dans des plans de session et chaque session est accompagnée de fiches illustrant les principaux concepts. Certaines sessions comportent des exercices stimulant la démarche autonome et l’apprentissage par comparaison. Malgré la présentation synoptique des connaissances importantes dans des fiches, ce qui nécessite de vraiment avoir « mis à plat » l’ensemble et « distillé » l’essentiel, les auteurs ont tous ressenti le besoin de développer quand même l’enseignement dans des textes plus approfondis. Ceci probablement par un souci non exprimé mais légitime : la formation des formateurs. En définitive, les documents élaborés constituent la base et le point de départ pour des échanges d’expérience, non seulement de praticiens envers les débutants, mais aussi de praticiens entre eux. Rien de plus stimulant pour lancer un débat que des « vérités » écrites noir sur blanc. Ainsi, s’il fallait bien faire un premier pas et passer par une étape de synthèse et de mise à disposition des contenus, les documents élaborés peuvent maintenant évoluer. S’ils suscitent une dynamique, s’ils peuvent constituer un lien entre toutes les personnes actives dans le monde des enduits en terre, le projet aura dépassé ses objectifs affichés, mais atteint le souhait secret de beaucoup d’entre nous : que les enduits en terre deviennent une locomotive, pour la filière terre toute entière, pas en termes commerciaux, mais en termes de communication et de fédération d’initiatives. Ceci compte pour la France, mais les résultats du projet sont destinés à être diffusés dans les pays partenaires du projet où les enduits en terre ne sont quasiment ni pratiqués, ni commercialisés, ni enseignés. Les documents devront y être éprouvés en formation et être confrontés, comme ici, aux expériences de terrain, serait-ce par rapport à d’autres enduits traditionnels, serait-ce par des pratiques encore existantes de construction en terre. Notammment en ce qui concerne les supports, l’enseignement devra être adapté au patrimoine régional. Etant 12 donné que tous les documents vont exister en six langues de l’Union européenne, ils ont certainement aussi vocation à être diffusés dans d’autres pays que ceux initialement partenaires du projet. L’Autriche, la Belgique et la Suisse pourraient utiliser les fiches sans traduction, sachant qu’il y existe peut-être une clientèle plus avertie en écoconstruction qu’en France. Il y va de même pour les Pays Bas, pays d’origine de la gamme d’enduits de décoration les plus connus. Lorsque nous allons aborder le sujet de la certification de la formation sur les enduits en terre en France, dans le dernier chapitre, nous allons approfondir la problématique de la diffusion des résultats du projet. Auparavant, dans les premiers chapitres, nous allons d’abord exposer plus en détail les tenants et aboutissants du projet européen (Nous allons nous y référer sous le nom abrégé de projet Leonardo), puis son contenu et enfin le marché français. Dans les contenus, nous nous limitons au système d’enduit, concept constituant la clé de voûte du premier module d’enseignement et aux exercices de découverte du potentiel créatif de la terre (deuxième module), démarche innovante par rapport à un enseignement classique en décoration intérieure. 13 14 14 Chapitre 1 UN PROJET PILOTE SUR LES ENDUITS EN TERRE EN EUROPE Le programme de financement Leonardo da Vinci de la Commission européenne vise à aider les personnes à améliorer leur niveau de qualification tout au long de leur vie. La deuxième phase du programme, qui couvre la période de 2000 à 2006, favorise les projets transnationaux fondés sur la coopération entre les divers acteurs de la formation professionnelle. Le programme est ouvert à 31 pays. L'initiative de répondre à cet appel d'offre au sujet des enduits en terre revient au FAL (Verein zur Förderung angemessener Lebensweisen e.v.), une association pour la « promotion de conditions de vie adéquates », oeuvrant pour la mise en place de stratégies de développement écologiquement et économiquement compatibles dans la région de Berlin. Pour ce projet, le FAL collabore avec plusieurs organismes allemands de professionnels de la construction en terre. Pour postuler à une subvention européenne, ils ont sollicité et obtenu la collaboration d'équipes de 5 autres pays : la Bulgarie, la France, la Grèce, la Pologne et le Royaume-Uni. Le projet concerne les enduits en terre crue, dont les atouts suivants ont été mis en avant : (1) Ils sont largement utilisés pour la restauration et la préservation du patrimoine ; (2) Ils deviennent un marché émergent pour la construction neuve et la construction écologique, par l’utilisation de matériaux naturels et sains, tant par la nature des composants que pour le rôle dans la régulation du confort intérieur des ouvrages ; (3) Ils font partie des techniques constructives motivantes car soucieuses de la santé des usagers comme des constructeurs, de l’environnement et des patrimoines culturels. 1. LE CADRE ADMINISTRATIF • • • • • • Le contrat avec l'Union européenne s'étend de novembre 2002 à octobre 2005, sous le titre de « Promotion de la construction en terre moderne pour le développement régional : certification d'un module de formation « enduit terre » ». Le FAL a subdivisé le déroulement du projet en quatre paquets (workpackages) définis par un ensemble de tâches. Il y a eu une estimation prévisionnelle de la répartition des tâches entre les partenaires et des temps de travail alloué à chaque tâche (en tout, 342 jours de travail pour CRATerre-EAG). L’Union européenne participe à hauteur de 70 % en termes de frais de personnel et prend en charge certains frais de logistique (frais de déplacement et de séjour pour les réunions internationales et coûts de traduction). Les financements ne sont débloqués qu’après accomplissement de chaque « paquet de tâches ». En France, les partenaires contractuels sont Le Gabion et CRATerre-EAG, respectivement responsable de la certification et des contenus et chargés des relations avec les partenaires européens et de la coordination des partenaires nationaux. Le Gabion et CRATerre ont constitué un comité de pilotage regroupant le réseau Ecobâtir et la CAPEB (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment). Initialement, Maisons Paysannes de France devait également faire partie du comité. Ce comité devait intervenir quatre fois dans le processus : o En début de projet (avis sur l’analyse des besoins et sur la structure et les contenus des modules de formation) ; 15 Après un an (après développement des programmes, curriculum et référentiels et après les premières sessions de formation test) ; o Après la deuxième année (après réalisation des divers supports pédagogiques) ; o En fin de projet (évaluation globale, mise en place de la diffusion et de l’agrément de la qualification). Lors du lancement du projet, Le Gabion et CRATerre ont contacté un certain nombre d’artisans et d’entreprises et obtenu quatre réponses affirmatives pour une collaboration à l’élaboration des contenus (conception du programme, formations test). Pour faciliter les échanges entre groupes de travail et entre les pays, une plateforme Internet a été mise en place : www.clay-plaster.com. o • • 2. LES OBJECTIFS De façon générale, les projets du programme Leonardo doivent notamment : • Améliorer l’insertion des jeunes en formation professionnelle initiale en renforçant leurs aptitudes et compétences ; • Accompagner les changements technologiques en améliorant la qualité de la formation professionnelle continue ; • Permettre la création de nouveaux emplois en encourageant la relation entre les organismes de formation et les entreprises. De façon spécifique les objectifs du projet « enduits en terre » sont de : • Proposer de nouveaux débouchés dans les métiers du bâtiment, notamment pour les jeunes et les femmes ; • Assurer la reconnaissance et la diffusion de ces métiers (référentiels de métiers et qualification professionnelle) ; • Contribuer à la préservation des cultures constructives et des métiers du patrimoine bâti ; • Echanger et renforcer la coopération avec d’autres partenaires européens. 3. CONTENU ET PEDAGOGIE • La formation a été subdivisée en trois modules d’enseignement distincts, la responsabilité du contenu final ayant été répartie entre trois pays. module durée M1 – Connaissances de base : physique du bâtiment, mortiers de terre à enduire, pratiques de pose. M2 – Décoration : création, techniques de décoration, maîtrise de la couleur, intégration de l’espace. M3 – Marketing : conseil, stratégie de promotion et de diffusion, opportunités pour les PME. 32 H responsable du contenu final groupes de travail sessions L. Didier et A. Allemagne Douline (F) France 7 sessions T 5 sessions D 4 sessions P 3 sessions R Allemagne France 9 sessions T 2 sessions D 5 sessions P 2 sessions R 40 h I. Fromme (D) 32 h Allemagne, J. MacDermot Grèce, Pologne, (GB) Royaume Uni 8 sessions T 1 session R tableau 1 : Les trois modules de formation 16 • Le contenu théorique a d’abord été fixé sous forme de curricula et de tables des matières. Ensuite, le déroulement de chaque module a été imaginé en fonction de 4 types de sessions : T = théorie D = découverte P = pratique R = récapitulatifs. • Le matériel pédagogique élaboré se décompose en cinq types de documents : S plan de session i fiche info e fiche exercice t texte p dossier photo Présente chaque session avec ses objectifs pédagogiques, sa méthode d’enseignement, son contenu théorique, ses modalités pratiques, ses préparatifs. Résume et illustre les points essentiels des connaissances pratiques et théoriques. Présente les exercices et / ou sert à recueillir les résultats Reprend et complète les parties importantes du contenu théorique. Sert d’appui à l’ensemble. tableau 2 : Les cinq types de documents pédagogiques produits • Le matériel pédagogique élaboré sera compilé et diffusé sur Cd-rom, dans la langue de chaque pays. • Le public cible de la formation sont : o Les chefs d’entreprise dans le secteur du bâtiment ; o Les artisans du secteur du bâtiment, notamment dans les zones rurales défavorisées ; o Les personnes autodidactes qui souhaitent acquérir des compétences professionnelles. • La pédagogie utilisée est de type heuristique, communément appelée « active ». Elle est basée sur des séances pratiques où le contenu théorique est affiché sous forme de documents illustrés concis. L’assimilation du contenu est progressive : découverte guidée, utilisation des conclusions précédentes, comparaison des résultats, récapitulation des notions essentielles. • Les sessions ont été conçues de sorte à favoriser la compréhension du matériau et donc l’autonomie ultérieure des participants devant des choix concernant les techniques d’application et ce à toutes les étapes du travail. • Le concept pédagogique clé des sessions de découverte est « l’apprentissage par comparaison » (learning by comparing). Il s’agit d’exercices où les participants doivent comparer différents aspects du matériau ou différents effets sur ce dernier, le but n’étant pas de trouver « la » bonne solution, mais de comprendre ce qui se passe dans les différents cas de figure. Il est important de ne pas varier trop de paramètres à la fois (Mais un travail par groupe permet d’examiner différents aspects puis de mettre en commun les observations). • Les sessions théoriques sont courtes, elles doivent permettre de présenter les notions les plus importantes formant le cadre des techniques d’application proprement dites et d’approfondir quelques aspects spécifiques. • Dans le module 3, il n’y a pas de session pratique, le contenu essentiellement théorique a été structuré de sorte à englober des exercices, études de cas et jeux de rôle. Ainsi, il n’y a pas non plus de cours purement magistral ou d’enseignement purement frontal. Les participants sont encouragés à partir de leur propre situation et expérience pour développer une compréhension des concepts de marketing proche de leurs besoins. 17 figure 1 : Le matériel didactique : les différents types de documents pour une session 4. LES PHASES DU PROJET ET DE L’ELABORATION DES DOCUMENTS PEDAGOGIQUES Voici les très grandes lignes de la participation française au projet Leonardo. 2001 29 avril 2002 23 janvier 2003 mars 2003 10 juin 2003 automne 2003 17 octobre 2003 novembre 2003 février 2004 27 février 2004 mars 2004 25 mars 2004 Le FAL propose à CRATerre-EAG de participer à un projet européen sur les enduits. En 2002 lors du colloque Moderner Lehmbau, H. Houben a l’occasion de discuter directement avec les partenaires allemands. Vincent Rigassi prendra en main la coordination française du projet. CRATerre-EAG a confirmé sa participation par une lettre d’intention. Signature du contrat entre partenaires (1.11.2002 – 31.10.2005). Première réunion internationale à Ganzlin, en Allemagne. Le curriculum modifié été accepté par tous et est mis sur la plateforme (www.clay-plaster.com). A. Douline et M. Trappeniers prennent la relève de V. Rigassi. Réunion nationale française. Modification et acceptation du syllabus pour le module 1. Remise en cause du syllabus du module 2. Répartition des tâches pour le module 1. Deuxième réunion internationale à Grenoble. Discussion de la méthode pédagogique, des contenus et de la durée de la formation, du support final (Cd-rom). Présentation des prototypes de fiches (plan de session, fiche info, fiche exercice). Troisième réunion nationale française. Présentation, par le groupe de travail français, du programme pédagogique détaillé pour le module 1 : dix-sept sessions théoriques et pratiques sont prévues. Participation de A. Douline et V. Valtchanova à la réunion franco-allemande du groupe de travail du module 1 à Berlin : précisions concernant la structure des sessions, la nomenclature des fiches ainsi que la durée des modules. Présentation, par le groupe de travail français, des 12 premiers plans de session, remplis par V. Valtchanova, J. Chabanne, V. Rigassi et A. Douline. 18 10 mai 2004 mai 2004 fin mai 2004 mai juin 2004 été 2004 hiver 2004-2005 printemps 2005 mai 2005 juin 2005 juillet 2005 juillet août 2005 août sept. 2005 Réunion à Grenoble pour la certification, présents Capeb 05, Capeb 38, Le Gabion, Vincent Rigassi, Alexandre Douline, Andreas Krewet, Lydie Didier. Participation de A. Douline à la troisième réunion internationale au pays de Gales, Angleterre : calendrier des formations test, lay-out du cd-rom, plans de session module 2. Présence d’une délégation allemande à la formation test du module 1 aux Grands Ateliers, réunions de travail pour discuter de la contribution française au module 2 Déroulement de 2 formations test en France (Les Grands Ateliers et Le Gabion), avec utilisation des plans de session et des premières fiches info. Décision de distinguer entre sessions de découverte et sessions pratiques proprement dites. Réunions du groupe de travail français pour faire les maquettes des fiches info du module 1 (L. Didier, A. Douline, A. Krewet, V. Valtchanova, sur la base des textes allemands fournis par I. Fromme et de l’expérience de l’entreprise AKTerre). Module 1 : affinement du programme et du contenu des sessions, finalisation des plans de session, élaboration de fiches complémentaires, constitution d’une bibliographie française commentée. Module 2 : élaboration des trois sessions prévues et d’un diaporama. Troisième formation test en France. Finalisation des fiches, textes et schémas pour les modules 1 et 2. Adaptation de 2 sessions du module 3 au contexte français. Rendu de la version finale des documents pour les modules 1 et 2 sous format Word et des documents photographiques sous format JPEG. Correction des documents mis en page sous In Design et des documents traduits depuis l’allemand ou l’anglais. 5. LES GRANDES LIGNES DU CONTENU DES TROIS MODULES Dans leur version finale, les contenus des trois modules diffèrent légèrement des curricula adoptés au départ. Les thèmes ont été recentrés de sorte à ce que les modules 1 et 2 concernent surtout les techniques d’application et le design, tandis que le module 3 regroupe les aspects législatifs et commerciaux et le marketing. Certains thèmes affichés au départ ne seront finalement abordés que très partiellement, faute de temps pour élaborer le matériel didactique approprié (surtout en ce qui concerne la connaissance de la réglementation et des normes dans le domaine des enduits et de la construction en terre). En annexe 1 figurent les listes complètes de tous les documents des trois modules. 5.1. Le module 1 Le materiel pédagogique définitif pour le module 1 se décompose en : - 19 plans de session - 48 fiches info - 5 fiches exercice - 14 textes - 18 dossiers photos. Contenus développés (par ordre décroissant de leur importance quantitative, en temps prévu et en matériel didactique élaboré) : • Compréhension du matériau et de ses possibilités et convenances d’utilisation o La terre, matière première : définition, terre et agrégats, matériaux et produits de construction en terre, tests d’identification ; o Enduits en terre : définition et qualités attendues ; o Composants d’un enduit. Terre, sable, fibres, additifs, granulométrie ; o Stabilisation. 19 • • • • Développement d’aptitudes pour la préparation et la mise en œuvre : o Préparation des mélanges ; appréciation des mélanges prêts à l’emploi ; o Différents supports et leur préparation ; o Structure des différentes couches, armatures ; o Techniques de pose : outils, équipements, organisation du chantier, étapes ; o Détails : angles, raccords, équipements techniques, éléments structurels recouverts ou apparents, murs chauffants, remplissage ; o Finitions. Connaissance de l’utilisation des enduits en terre : o Domaines d’utilisation : intérieur, extérieur, fonction de la pièce, construction neuve, réhabilitation, protection contre les projections d‘eau ; o Dégâts, fissures et réparation ; o Comparaison avec les matériaux de construction traditionnels. Compréhension des intérêts et de l'argumentaire pour l’utilisation des enduits terre : o Connaissances de base de la construction écologique ; o Influence des enduits en terre sur le climat intérieur ; o Connaissance de la culture de la construction en terre. Fournisseurs et coûts. 5.2. Le module 2 Le matériel pédagogique définitif pour le module 2 se décompose en : - 18 plans de session - 62 fiches info - 21 fiches exercice - 20 textes - 11 dossiers photos. Contenus développés : • • • • Connaissances de base sur la décoration intérieure et les surfaces colorées : o Effets des couleurs, perception des couleurs, contrastes, ambiances intérieures ; o Diversité des techniques décoratives avec la terre ; o Théorie sur les ornements. Connaissance du matériau et créativité : o Exploration des possibilités artistiques en jouant avec les limites du matériau : fissuration et transparence ; o Enduits de finition colorés ; o Couleurs des matériaux : terre, agrégats, pigments ; o Préparation et comparaison de mélanges différents ; o Techniques de pose spécifiques ; o Textures (additifs minéraux et végétaux) ; o Structuration (techniques et outils pour différentes surfaces) ; o Stabilisation des surfaces. Reliefs en terre : o Techniques de sgraffitto, choix des modèles, production et transferts de patrons, outils spéciaux ; o Techniques de modelage plastique, savoir-faire africains, bas-reliefs armés, motifs, finitions lissées et/ou peintes ; o Préparation des supports, structure des différentes couches. Compétences au niveau de la conception, afin de pouvoir réaliser un projet et conseiller les clients : o Préparation d’échantillons ; o Transposition des essais et idées dans l’espace réel et tridimensionnel d’une pièce ; o Exemples de réalisations ; o Importance et traitements des détails. 20 5.3. Le module 3 Le matériel pédagogique définitif pour le module 3 se décompose en : - 9 plans de session - 26 fiches info - 23 fiches exercice - 48 textes. Contenus développés : • • • • • • • Sensibilisation aux éléments de base du marketing : o Nécessité de développer une image de marque ; o Avantages des techniques modernes d’enduits en terre. Etude du marché : o les clients et les diverses demandes ; o la concurrence ; o les fournisseurs. Stratégies de marketing : o Etudes de cas ; o Techniques de promotion ; o Politique de diffusion (groupe cible, techniques de promotion, budget de promotion). Aptitudes de communication : o Processus de négociation. Tarification : o Méthodes de calcul des coûts ; o Politique des prix. Réglementation : o Marchés et contrats ; o Assurances ; o Normes. Démarche qualité. 6. LE SYSTEME D’EVALUATION 6.1. Evaluation du projet Au sein des programmes européens, tout un ensemble de méthodes d’évaluation sont mises en oeuvre pour garantir l’efficacité et l’aboutissement des projets et donc assurer la bonne utilisation des fonds octroyés. Dans le projet sur les enduits en terre, l’évaluation se fait au terme de chaque « workpackage ». Il y a bien sûr obligation de rapports financiers, mais aussi de rapports d’activité. Pour ces états d’avancement des travaux, il y a des formulaires pour une auto-évaluation interne des partenaires et pour une évaluation externe. L’auto-évaluation se fait par des questions de type SWOT (strength/weaknesses – what – opportunities – threats) pour chaque point prévu par le calendrier, à la fois en ce qui concerne le processus même du projet et les résultats de ce processus. L’évaluation se fait par un rapport sur les mêmes activités prises point par point, en répondant chaque fois aux cinq points suivants : (1) Objectifs des activités entreprises ; (2) Tâches effectivement effectuées ; (3) Modifications des activités par rapport à la démarche initialement prévue et justification ; (4) Ajustements et corrections ; (5) Retards et omission, raisons et nouveau calendrier ou nouvelle démarche prévue. 21 6.2. Evaluation des formations L’évaluation de la formation devra se faire à la fois par les formateurs et par les stagiaires. Il s’agit de savoir : • Si le matériel didactique est suffisamment compréhensible ; • Si le rapport-théorie/pratique est adapté ; • Quelles sessions ont été appréciées (ou non) et pourquoi ; • Si la séquence des sessions paraît logique ; • S’il y a assez d'indications pour la recherche d'informations et de formations complémentaires. Un petit questionnaire a été élaboré pour les stagiaires, à remplir en fin de formation. Il est cependant recommandé de faire un petit bilan tous les soirs, de sorte à ce que les participants puissent exprimer leur point de vue et que leurs remarques puissent être prises en compte, surtout lorsqu’il s’agit d’un public mixte de gens venant d’horizons différents et avec des compétences différentes. 6.3. Evaluation des stagiaires L’évaluation des compétences acquises comporte plusieurs volets. Un premier questionnaire permettra de connaître les acquis des stagiaires lors de l’inscription. Le bilan des connaissances après la formation se fera à l’aide d’un QCM (voir annexe 2). Ce dernier est conçu de sorte à balayer l’ensemble des aspects les plus importants abordés au cours des sessions. Il est intéressant de laisser les participants y répondre seuls, puis de reprendre les questions ensemble. Cela permet au formateur de mieux cerner les incompréhensions ou les interrogations des stagaires, donc de mettre en évidence les lacunes de son enseignement. Aux stagiaires, cela permet d’éclaircir leurs doutes et d’avoir des explications complémentaires le cas échéant. Un QCM a l’avantage de passer en revue un grand nombre de notions en peu de temps, mais ne peut tenir compte des cas particuliers. Une mise en commun orale permet alors d’insister sur l’hiérarchie de l’information tout en développant les « oui, mais » et les « non, mais » par exemple. Un QCM d’une demi-heure ne remplace pas un examen dans le cas d’une formation qualifiante. En France, la question de la validation des acquis théoriques et pratiques n’a pas encore été discutée, elle dépend étroitement de la question de la certification de la formation. Nous allons y revenir au dernier chapitre, consacré à ce sujet. En Allemagne, il est prévu tous les ans une séance d’examen avec un jury, en dehors du temps de la (ou des) formation(s) elle(s)-même(s). 7. BILAN PROVISOIRE En juillet 2003, dans un document de présentation du projet aux différents acteurs français, l’enjeu du projet en France a été décrit de la façon suivante : « Les savoir-faire, bien que peu nombreux en qualtités, sont de bon niveau du point de vue qualité. Dans ce sens les priorités du projet, au niveau français, ne sont pas la production ou l’apprentissage de contenus pour les formations, mais essentiellement les procédures d’homologation et de qualification des formations qui seront dispensées. Les contenus ne sont bien entendu pas à négliger, mais la synthèse des contenus et savoir-faire déjà existants parmi les partenaires du projet constituera déjà un fond de départ consistant. » Deux ans plus tard, il faut constater que cette synthèse des contenus a constitué l’essentiel du travail fourni au cours du projet Leonardo. Dérapage ou passage obligé ? Regardons de près quelques aspects de la dynamique du projet. • Il y a eu une phase de démarrage très longue. La définition des grands traits du contenu et de la forme des documents didactiques a été assez rapide, mais la concrétisation des différents types de fiches a pris un an et celle des premiers plans de session encore un an. La raison à cela est à la fois d’ordre organisationnelle et culturelle. L’élaboration des contenus se faisant conjointement entre l’Allemagne et la France, il a fallu du 22 temps pour se connaître, se comprendre, s’approprier mutuellement les acquis et méthodes des uns et des autres. • La transcription des idées a été lente. Entre la formulation orale par une personne X du principe de fiche pédagogique, lors d’une réunion internationale, et la matérialisation de cette même fiche sur papier après un travail sur ordinateur d’une personne Y et avec le consensus de tous les groupes de travail, il y a un cheminement difficile à court-circuiter. Les concepts et contenus ont beau « exister », pour les partager, il faut les transcrire noir sur blanc. • L’information a dû faire des allers et retours. Il ne faut pas sous-estimer le temps nécessaire, non seulement à la maturation mais aussi aux échanges. Plus il y a de personnes impliquées, plus l’information met de temps pour faire le tour. Ce n’est pas parce que l’information passe par Internet que les feed-back sont toujours beaucoup plus rapides. La plateforme Internet mise en place s’est avérée peu conviviale et assez lente. Elle a été utilisée dans l’élaboration du module 1 jusqu’en juin 2004. Ensuite, le nombre de personnes s’occupant intensément de l’élaboration du contenu étant très restreint, nous avons opté pour un échange plus direct et simple par email. Pendant la phase finale de la mise en page, des traductions et des corrections, vu le nombre très élevé de documents, il a été indispensable de procéder par envoi de CD. • La barrière linguistique a ralenti les échanges. Comme dans tous les projets européens, la langue de travail adoptée a été l’anglais. Non seulement les premiers échanges se sont faits ainsi, mais il avait aussi été convenu que les documents élaborés seraient échangés en « working english », c’est-à-dire dans un anglais approximatif, produit par les rédacteurs sans passer par des bureaux de traduction. Or, le premier fond existant de textes, consignant une partie du savoir pratique et théorique à transmettre, était rédigé en allemand et n’a pas été diffusé parmi les praticiens français. Pas de traduction, pas de diffusion, pas de feed-back... Il s’est donc avéré illusoire de passer systématiquement par l’anglais, mais également de systématiquement traduire de A vers B, d’amender en B, de retraduire vers A etc. Finalement, le premier lot de textes a été traduit en français (été 2004), diffusé de façon restreinte et a servi de base aux premières fiches info. Le mouvement enclenché, les autres documents ont été élaborés conjointement entre une équipe de quatre à cinq personnes en Allemagne (notamment Irmela Fromme, Burkard Rüger, Jörg Depta) et autant de personnes en France (notamment, Lydie Didier, Alexandre Douline, Varvara Valtchanova et ponctuellement Andreas Krewet). Nous avons travaillé dans les deux langues, pour compléter l’information et la structurer et illustrer sous forme de fiches. Jusqu’à la fin, certaines fiches et textes sont donc restés en allemand, d'autres en français et seules les personnes bilingues avaient une vue d’ensemble du contenu. • Les rôles n’ont pas été répartis de façon très claire et les personnes ont changé en cours de route. Malgré la liste très détaillée des tâches et le décompte très précis du nombre de jours de travail, malgré les réunions nationales et la rencontre internationale à Grenoble, il n’y a pas eu de constitution d’un groupe de travail très formel avec une programmation de rencontres et une répartition des tâches. En outre, les personnes en charge du suivi du projet ont changé plusieurs fois en cours de route. Il semble que les partenaires allemands aient connu le même type de problèmes dans leur équipe. En fait, il aurait fallu un effort de communication beaucoup plus important en France. Or, les points évoqués ci-dessus montrent que la communication avec les partenaires allemands a demandé déjà beaucoup d’énergie. Tous ne peuvent pas communiquer avec tout le monde, il fallait donc hiérarchiser et mettre en place une véritable cellule d’animation et de coordination qui avait des retours fréquents des gens chargés de la collecte et de la synthèse des contenus. En gros, il fallait mobiliser plus de moyens humains. 23 • La charge de travail avait été sous-estimée. Il est probable que la charge de travail avait été sous-estimée. D’un côté, le budget n’avait pas prévu de travail d’animation et de l’autre, la quantité de documents produits dépasse largement ce que les organisateurs s’étaient imaginé au départ. En définitive, il y a donc bien eu synthèse des contenus, mais pour le reste, le travail n’a pu qu’être ébauché. De nombreux contacts ont été pris, de nombreuses questions ont été élucidées, mais il reste un énorme effort de diffusion et de discussion à faire en France. Nous allons y revenir au dernier chapitre traitant de la certification. 24 Chapitre 2 LE SYSTEME D’ENDUIT 1. DEFINITION L’origine de ce terme est allemand (Putzsystem) et a été créé par analogie avec le système de peinture (Anstrichsystem), qui décrit les couches différentes et appliquées successivement dans le cas d’une peinture traditionnelle. Un système d’enduit décrit donc les couches différentes et appliquées successivement pour former un enduit. Dans le glossaire créé dans le projet Leonardo, Burkard Rüger propose la définition suivante, adaptée selon la norme allemande DIN 18 550 concernant les enduits : « On appelle système d’enduit, les couches d’un enduit qui, dans leur totalité et dans leur interaction avec le support, répondent aux qualités et aux fonctions qu’on attend d’un enduit. Dans certains cas, un enduit monocouche peut également être considéré comme un système d’enduit. » „Die Lagen eines Putzes, die in ihrer Gesamtheit und in Wechselwirkung mit dem Putzgrund die Anforderungen an den Putz erfüllen, werden als Putzsystem bezeichnet. In bestimmten Fällen kann auch ein einlagiger Putz als Putzsystem bezeichnet werden.“ Quel est l’intérêt d’un tel concept, qui, à première vue, ne différe que peu de la notion de « structure d’enduit » (Putzaufbau) ? En fait, le système d’enduit permet de décrire plus que la somme des couches, il inclut une idée de fonction et par là amène à considérer les choix que fait l’artisan(ne) pour déterminer précisément sa structure d’enduit. Ainsi, nous proposons la définition suivante du système d’enduit : On appelle système d'enduit la structure de l'enduit (nombre et épaisseurs des couches et types de mortiers) définie en fonction du support à enduire et des objectifs du traitement de surface. Les critères de choix d'un système d'enduit sont donc : a) La nature et la qualité du support à enduire (sachant que dans un système multicouche, la couche précédente devient le support de la couche suivante) ; b) Les qualités d'enduit que l'on recherche : • En fonction de l'usage de la surface enduite (mur ou plafond, fonction et fréquentation de la pièce) ; • En fonction des choix esthétiques de l'usager (texture de surface, traitement supplémentaire par exemple carrelage, peinture...) ; c) Les conditions d'exécution : • Quels matériaux sont disponibles ou demandés ? • Quels outils et équipements sont utilisés (organisation de chantier) ? • Quelles sont les conditions météorologiques ? Ceci est illustré par la figure 2 ci-dessous. Selon cette définition, chaque système d’enduit devient un cas particulier, ou presque, car les critères de choix diffèrent d’un chantier à un autre, d’une pièce à une autre, mais aussi d’un pays à un autre, d’une culture à une autre... Néanmoins, cette définition permet aussi et justement de comparer les techniques d’application d’une culture à une autre. Elle tient compte du caractère fondamentalement multicouche des surfaces en terre décorées et de la réitération des instants décisionnels qui en découle : à chaque étape, l’exécutant(e) décide de la suite en fonction de ce qui est déjà acquis (le support, la couche précédente) et en fonction de ce qui est désiré. C’est la fonction qui détermine la structure (ou la structure qui garantit une fonction). 25 STRUCTURE DE L’ENDUIT • • • • nombre de couches épaisseur des couches types de mortiers armatures adhérence entre les couches QUALITÉS RECHERCHÉES SUPPORT À ENDUIRE • nature du matériau • qualité de la surface 1 • • usage de la surface enduite : mur ou plafond, fonction et fréquentation de la pièce choix esthétiques : couleur, texture de surface, traitement supplémentaire par exemple carrelage, peinture adhérence au support CONDITIONS D’EXÉCUTION • disponibilité des matériaux • outils et équipements • conditions météorologiques figure 2. Le système d’enduit. Résumé des paramètres à définir et des facteurs déterminants. Précisons les critères d’évaluation des surfaces à enduire, en distinguant les conditions constructives et les conditions d’adhérence : 1. Conditions constructives a - Etat de la construction : o processus de tassement o interfaces entre plusieurs matériaux o mouvements... b - Qualité des travaux exécutés : o murs plans et d'aplomb o retouches à faire o constructions en panneaux stables, panneaux suffisamment fixés o joints des plaques de plâtre o tuyauterie et électricité terminés ... 26 c - Pathologies ou dégâts : o fissures : est-ce qu’elles sont d'origine constructive ? o humidité et efflorescences : quelles sont les causes, est ce que ces causes ont été traitées ? o goudronnage de cheminées... 2. Conditions d’adhérence : a - nature et état de surface des matériaux o lisse / rugueux o non absorbant / absorbant o dur / friable b - caractéristiques structurelles du support : o planéité o stabilité (souple / rigide) o homogénéité (homogène / composé) 2. NOMENCLATURE DES COUCHES Dans le cadre du projet Leonardo, il a fallu arrêter des noms qui allaient désormais être enseignés et utilisés pour désigner les différentes couches en France. Les noms déjà utilisés étaient dérivés des noms utilisés en Allemagne. Analysons d’abord ces noms allemands. Il y en a principalement trois, et une quatrième catégorie s’est ajoutée et se développe de manière hétérogène ces denières années. 1. Unterputz, que nous pouvons traduire littéralement par l’enduit qui est dessous. Ce nom se réfère à la couche, puisqu’il traduit sa position dans la structure d’enduit. Il signifie aussi que cette couche est destinée à être recouverte. Toutefois, il va de soi qu’avec l’utilisation, celui qui travaille ce matériau et le voit et le touche à différents états hydriques, assimile aussi le nom du produit à sa consistance, c’est-à-dire au type de mortier (plutôt grossier, fibré, d’une couleur terreuse sombre). 2. Oberputz, littéralement l’enduit qui est dessus. Cette couche ne serait donc pas recouverte d’une autre couche d’enduit. A nouveau,il s’agit plutôt du nom d’une couche que d’un mortier. 3. Feinputz, littéralement enduit fin, avec une connotation de raffiné en plus du peu épais. Il n’y a pas d’indication sur la position de la couche, ce nom renvoie plutôt à la composition du mortier. 4. Edelputz, littéralement enduit noble. A nouveau, il n’y a pas de référence à la position de la couche mais clairement à la qualité du mortier, sous-entendu que s’il est noble il est fait pour être vu donc au-dessus. Dans la même catégorie de mortiers, il existe le Spachtelputz, littéralement enduit au couteau, qui est donc destiné à être appliqué au couteau. Récemment est apparu le Streichputz ou enduit peint. En effet, nous sommes en présence d’un produit qui s’apparente plus à une peinture qu’à un enduit et certaines personnes s’accordent pour dire qu’il s’agit d’un abus de langage (ou du consommateur). Restons donc avec les quatre premières catégories. En fait, il s’agit d’une nomenclature commerciale, qui est apparue avec les mortiers à enduire prêts-à-l’emploi, dont le producteur précurseur était Claytec, l’entreprise de P. Breidenbach en Allemagne. En outre, cette gamme s’est développée au fil des vingt voire trente dernières années. Au départ, il n’y avait que les deux premiers produits, d’où la dénomination logique à travers le couple « en-dessous » et « audessus ». Quand le troisième est arrivé, destiné à aller également « dessus », il a fallu le différencier du deuxième. C’est ainsi que le critère de dénomination n’était plus la couche mais le mortier. Cette tendance s’est encore affirmée avec l’arrivée du quatrième, toujours destiné à aller « dessus », mais résolument différent dans ses qualités esthétiques. Marketing oblige, différentes entreprises mettant en circulation ce genre de produit, elles choisissent des noms différents pour se démarquer. Trois facteurs interviennent donc dans la dénomination des enduits : la position de la couche, le type de mortier et l’argument commercial. Nous pouvons en ajouter un quatrième, car aujourd’hui certains artisan(e)s allemand(e)s maîtrisent tellement bien leur art, qu’ils/elles fabriquent eux/elles27 mêmes des mortiers de très belle qualité et couleur qui peuvent rivaliser avec les finitions des produits prêts à l’emploi les plus « raffinés » ou « nobles ». Il s’agit en quelque sorte d’un « Oberputz » raffiné et fait-maison. Généralement, les artisan(e)s l’appellent « Feinputz ». La liste n’est pas encore complète, puisqu’il y a eu l’apparition des enduits monocouche. Il s’agit d’hybrides, capables de remplir à la fois la fonction d’une couche de dessous (Unterputz) et la fonction esthétique, notamment à travers une couleur suffisemment agréable ou claire comparée à celle d’un « enduit de dessous » classique. Ce qui est évidemment avantageux pour le client. L’apparition des enduits en terre monocouche coïncide avec ceux des enduits monocouche au ciment dans le monde du bâtiment. Il s’agit donc d’une tendance générale, dictée par la recherche du moindre coût dans un système économique où la main d’oeuvre coûte cher. Néanmoins, elle traduit aussi, en ce qui concerne les enduits en terre, une donnée fondamentale. Elle nous renvoie à la question du choix du système d’enduit au cas par cas. Il ne peut y avoir une seule structure d’enduit valable partout, deux couches ne sont pas toujours nécessaires et selon le cas de figure, une première couche a des fonctions différentes. Il n’y a pas non plus un gradient obligatoire du plus grossier au plus fin, du plus sec au plus liquide, du plus gras au plus maigre en termes de mortier, car certains supports exigent une démarche spécifique, parfois à l’opposé des autres. Revenons à la question de la traduction des termes pour la nomenclature française. L’évolution en Allemagne a montré qu’une nomenclature basée sur la position des couches n’est pas judicieuse. Les noms doivent traduire la qualité des mortiers et l’utilisation possible qui en découle. C’est ainsi que nous avons retenu principalement deux termes, qui étaient déjà à l’usage à travers les produits allemands utilisés en France : enduit de base et enduit de finition. Le mot base renvoie à la fonction et à la position : être à la base, céer une base pour ce qui suit. Le mot finition de même, et il est possible de le décliner : finition fine ou mince, de couleur... Pour ne pas créer d’ambiguité, nous avons retenu un terme spécifique pour les produits « nobles » du commerce, en parlant d’enduit de décoration, puisque c’est cela leur principal objectif. En outre, nous avons retenu le terme monocouche. Les définitions proposées dans le projet Leonardo sont les suivantes : • • • • Un enduit de base est une couche qui rectifie et homogénéise la surface à enduire. Elle ne reste pas apparente mais est destinée à recevoir une ou plusieurs couches de finition. Un enduit de finition apporte la planéité et l'absence de fissures, mais pas nécessairement la texture de surface ni la couleur souhaitées. Il est généralement recouvert d'un enduit de décoration ou d'une peinture. Un enduit monocouche s’apparente à un enduit de finition à condition que le support soit stable et homogène. A partir du support, il apporte en une seule couche la planéité et parfois même la texture de surface et la couleur. Les enduits de décoration sont des enduits de finition. Très minces (de deux à trois mm), à base d'argiles colorées et de sables fins, ils sont utilisés en dernière couche pour donner une couleur spécifique et une finition soignée à un enduit en terre. L’ambiguité entre couche et mortier persiste dans ces définitions. De par le sens il est envisageable de dire mortier de base et mortier de finition. Ces définitions sont complétées par des données concernant la granulométrie et l’armature des différents mortiers. A l’usage, dans la conception des documents pédagogiques, ces dénominations se sont avérées judicieuses ; il n’y a pas eu de mélange de concepts. Leur pertinence à l’usage des documents dans l’enseignement reste en partie à confirmer. Ce qui nous a paru important, c’était d’éviter une nomenclature trop rigide ou trop évocatrice d’un système déjà établi, comme le triptyque « gobetis ou couche d’accroche / corps d’enduit / couche de finition » couramment utilisé pour des enduits extérieurs au ciment dans le Dauphiné par exemple. Il aurait aussi été possible d’utiliser d’autres termes employés traditionnellement dans le bâtiment en France, comme la couche de dressage• ou le renformis••. Ces termes sont utilisables dans des conditions spécifiques, mais n’ont pas un sens aussi large que l’enduit de base, qui ne sert pas seulement à dresser et à renformir. • Dressage = action de rendre plan, droit, uni (PL), opération qui consiste à donner une forme plane (PR) Renformis = crépissage plus épais qu’un enduit ordinaire ; renformir = remplacer les pierres manquantes d’un vieux mur et le crépir (PL = d’après le Petit Larousse en couleurs, PR = d’après le Petit Robert) •• 28 Nous espérons qu’accompagnée de la notion de système d’enduit, la nomenclature retenue soit au service des apprentis pour qu’ils s’approprient entièrement la démarche les amenant à savoir choisir un système d’enduit approprié à chaque support et à chaque situation de chantier. Pour visualiser le caractère modulable du système, nous avons résumé les structures d’enduit les plus courantes de façon schématique (figure 3). Les schémas sont accompagnés d’un texte explicatif détaillé, résumant les pratiques et connaissances actuelles des artisan(e)s allemand(e)s (J’ai compilé, réorganisé et traduit différents écrits.). Ces deux documents (schémas et texte) sont l’information la plus exhaustive et synthétique qui existe pour l’instant en Europe sur ce sujet. Voici d’abord le texte, suivi des schémas. 3. LA STRUCTURE DES ENDUITS EN TERRE EN EUROPE Nous allons maintenant exposer les structures courantes des enduits en terre en Europe, telles qu’elles découlent de la synthèse des instructions données dans le projet Leonardo. 3.1. Les couches Les enduits en terre peuvent être appliqués en une ou en plusieurs couches. Lorsqu’il y a plusieurs couches, d’une épaisseur de 10 à15 mm au total en moyenne, on distingue : • L’enduit de base : épaisseur 8-10 mm au minimum ; de plus fortes épaisseurs sont possibles ; grains de 0 à 5 mm ; souvent armé de fibres végétales ; il s'agit, par définition, d'une couche qui ne restera pas apparente mais qui est destinée à accueillir une (ou des) couche(s) de finition. • L’enduit de finition : épaisseur 4-8 mm; pour un enduit à surface structurée on peut faire plus épais ; grains de 0 à 2 mm ; peut être armé ; il s'agit, par définition, d'une couche ne recevant pas d’autre enduit ; dans ce cas, soit une attention particulière est portée à sa texture et à sa couleur, soit il est peint (peinture à l’argile, badigeon à la chaux ou autre peinture minérale). • L’enduit de décoration : épaisseur 2-3 mm au maximum ; grains de 0 à 1 mm ; il s'agit d’un enduit mince à base d’argiles colorées ; c’est une couche d'un intérêt purement esthétique (couleur) ; dans le commerce, les appellations de cette couche d'enduit très mince sont variables (ex. en allemand : Spachtelputz, Edelputz, Finishputz). 3.2. Les armatures On appelle armature l'inclusion de fibres ou de toiles qui doit empêcher l'apparition de fissures dans l'enduit. A la différence des enduits conventionnels, on peut utiliser des fibres végétales et animales dans les enduits en terre, soit directement inclues dans le mortier, soit sous forme de toile. (N.B. Nous allons utiliser le terme toile pour parler de la toile de jute et de la trame de verre, mais il faut savoir que la toile de verre et la trame de verre sont deux choses différentes. En effet, il faut utiliser de la trame de verre, car dans la toile de verre les fibres ne sont pas tramées mais superposées dans tous les sens.) • Fibres ajoutées au mortier : - Fibres végétales : la plupart du temps on utilise de la paille hachée (30 mm dans les enduits de base, 10 mm dans les enduits de finition, 5 mm dans enduits de finition fins). L'utilisation d'autres fibres est possible : copeaux de chanvre ou de lin, fibres cellulosiques comme les fibres de bois, etc. - Fibres animales : la plupart du temps on utilise les poils de veaux pour enduits de finition. 29 • • Toiles marouflées dans l'enduit : Pour intégrer une toile d'armature, il faut talocher grossièrement la surface puis maroufler la toile, également en talochant. Si l'adhésion de la toile n'est pas suffisante, on peut passer une couche de badigeon épais à l'aide d'une brosse. La pose de la toile de jute est plus laborieuse que celle de la trame de verre, mais préférable en tant que matériau naturel et écologique. - Toiles végétales : généralement toile de jute, elle ne doit pas être à maille trop fine : 4,5x4,5 mm (2,3x2,9 mm pour couvrir des joints). - Toile minérale : trame de verre, elle contient un fort pourcentage en fibres synthétiques, elle est plus résistante au déchirement et plus facile à mettre en oeuvre, maille 5,5x5,5 mm. Grillages métalliques : Par exemple grillage à lapin galvanisé, utilisé pour armer des supports souples comme les bottes de paille et la terre-paille. Pour des considération éco-biologiques, il faudrait limiter son emploi à de petites surfaces, car il peut agir sur les champs magnétiques. La plupart du temps, les grillages métalliques sont superflus, les autres types d'armatures sont suffisamment résistantes. 3.3. Les mortiers La règle fondamentale pour une structure d'enduit en terre est la même que pour d'autres types d'enduits : l'enduit ne devrait pas être plus dur que le support et l'enduit de finition pas plus que l'enduit de base, pour ne pas provoquer de tensions qui feraient fissurer ou se décoller la couche supérieure. Il faut donc coordonner la dureté des différentes couches entre elles, à travers le dosage des mortiers. Il existe une large gamme de mortiers, induisant des qualités et des comportements d’enduits différents. Nous pouvons distinguer trois grandes familles d'enduits en fonction de la qualité des mortiers : • • • Les enduits résistants : Ils ont une surface très dure et résistante à l'abrasion. Leurs mortiers ont un bon squelette ; ils sont de préférence complémentés avec des sables concassés. Pour un enduit de base, les gros grains peuvent atteindre 4 mm ; pour un enduit de finition, les sables sont fins mais comportent des éléments allant jusqu'à 2 mm. La teneur en argile est dosée de sorte à ce que l'enduit de base ait des fissures pas trop importantes et en réseau ou pas de fissures, alors que l'enduit de finition ne doit pas avoir de fissures. S'il y a addition de fibres, on peut augmenter la quantité d'argile et donc la résistance de l'enduit. Les enduits peu durs : Ces enduits sont plus fragiles et ont tendance à « sabler ». Le mortier est maigre, mais surtout le squelette est mauvais, par exemple avec un taux de sables fins et de limons trop élevé et des sables arrondis et non concassés. Si l'on travaille ces enduits à l'éponge, leur surface devient sableuse. On ne peut y ajouter que peu de fibres. Ces mortiers ont des avantages aux endroits peu exposés aux frottements ou aux coups mais soumis à des mouvements, comme les soupentes de toit. Les enduits souples : Ces enduits ont un taux élevé de fibres. Plus ils contiennent d'argile, plus on peut augmenter la quantité de fibres, de préférence de tailles différentes. De cette manière on obtient des enduits à la fois résistants et souples. Dans les enduits de finition, les fibres peuvent atteindre 3 cm, dans les enduits de décoration 0,5 cm. Toutes les terres ne se prêtent pas à la préparation d'un mortier déterminé. La courbe granulométrique est différente d'une terre à l'autre et peut être plus ou moins modifiée. De même, la courbe granulométrique et la qualité des sables (arrondis ou anguleux) varient d'une région à l'autre. Même les produits prêts à l'emploi n'ont pas la qualité adaptée à tous les usages. Il faut donc se demander au cas par cas si les matériaux disponibles sont adaptés aux objectifs fixés et comment les mortiers ou les surfaces finies peuvent encore être améliorés le cas échéant. Les équipements influencent le choix des mortiers. 30 Toute machine à projeter n'accepte pas les mortiers très riches en fibres. Dans ce cas, il faut armer l'enduit de base avec des toiles. Sur des supports trop souples et/ou friables il faut avoir recours à un support d'accroche intermédiaire (natte de roseaux, grillage Nergalto®) Le gradient de dureté décroissante en partant du mur n'est pas toujours réalisable. Dans les constructions en terre, il y a des supports peu durs, comme par exemple les murs en terre allégée ou les vieux murs en terre, mais qui ont évidemment besoin d'un enduit résistant. Dans ce cas, il faut choisir un enduit de base argileux et très fibreux. 3.4. Les types de surface à enduire et les structures d'enduit en terre appropriées 3.4.1. Les surfaces à enduire exigeant un enduit en plusieurs couches La plupart du temps, un enduit se fait en deux couches, complétées éventuellement par une troisième couche, très mince (2-3 mm) pour la décoration. Il est possible d'augmenter le nombre de couches, pour dresser une surface très irrégulière ou pour obtenir une forte épaisseur. Un enduit (épaisseur 10-20 mm) en plusieurs couches est nécessaire : • Sur des surface non planes ; • Sur supports hétérogènes : matériaux de construction de rugosité et/ou de capacité d'absorption différentes, matériaux nécessitant la fixation d'un support d'enduit, p.ex. - ossature bois remplie à la terre si le bois doit être noyé dans l'enduit ; - maçonnerie mixte terre - terre cuite - pierres + linteaux ; • Sur les ossatures avec panneaux (mouvement) : - panneaux de bois ; • Sur les supports très mous ou souples : - panneaux de feutre de bois (Pavatex®, Gutex®) ; - panneaux de roseaux ; - terre allégée (p.ex. terre-paille) ; - bottes de paille ; • Sur des briques extrudées non cuites dont le gonflement provoque des fissures dans la première couche d'enduit (Faire un essai sur une petite surface !). La plupart du temps, l'enduit de base constitue une bonne couche tampon, mais il arrive que l'enduit de base se décolle du support seulement après l'application de l'enduit de finition. • Lorsqu’on souhaite obtenir de fortes épaisseurs, par exemple : - pour noyer des systèmes de mur chauffant, les tuyaux doivent être entourés de 10 mm (mini. 5 mm) d'enduit et il faut inclure une toile sur toute la surface ; - pour obtenir un effet de régulation hygrométrique sur des murs qui ne sont pas en terre ; il faut au moins 15 mm d'épaisseur d'enduit ; • Pour obtenir une très bonne qualité de surface finie. 3.4.2. Conditions permettant l'utilisation d'un enduit monocouche Un enduit monocouche (épaisseur 5-10 mm) est un enduit de finition posé sans enduit de base. C'est possible : • Sur des surfaces planes et homogènes, rugueuses et absorbantes : - murs monolithiques : la plupart des murs en pierre ; murs en pisé ou bauge, - ossature bois restant apparente – remplissage par briques de terre crue ou cuite, par torchis, par terre allégée ou par chanvre et chaux. Avec de trop faibles épaisseurs d’enduit, les joints d’appareillage peuvent transparaître. • Sur du béton, après préparation ; • Sur des panneaux de terre dont les joints ont été recouverts par de la toile de jute. On peut réaliser des enduits monocouche plus épais (par exemple pour des enduits structurés, sur des supports très absorbants ou irréguliers) de la façon suivante, appelée une couche et demie : - Projeter (si possible à la machine) une première couche, après un début de séchage continuer à charger (à la main ou la machine) et travailler l’enduit (structure appelée « une couche et demi » en Allemagne). 31 - Ajouter de la brique cuite pilée au mortier, cela accélère la "prise" (le premier séchage). Lorsqu'il y a présence d'autres matériaux dans la surface à enduire (p.ex. linteau en béton ou en bois, il est parfois possible de préparer ces éléments de façon à ce qu'il peuvent recevoir un enduit monocouche. Un enduit de décoration en une couche mince (2-4 mm) est possible dans certaines conditions : - Sur panneaux en terre et sur plaques de plâtre ou de gypse et cellulose (avec sous-couche d'accroche), mais souvent les joints transparaissent ; - Sur briques de terre crue de grande dimension (Planblöcke) et sur blocs de béton cellulaire collés (qui doivent être soit très fortement mouillés soit apprêtés, car ils sont très absorbants). Dans les deux cas, on obtient une meilleure qualité de surface avec deux couches d'enduit de décoration. 3.4.3. Remarques • Certains éléments constructifs sont exposés aux mouvements du bâtiment, comme les soupentes de toit et les plafonds. Dans ce cas, il est nécessaire d'utiliser des enduits riches en fibres, qui n'ont pas besoin d'être très durs car ils ne sont pas sollicités par ailleurs. Même l'enduit de finition devrait contenir des fibres fines. • S'il n'est pas possible d'ajouter des fibres, il est indispensable d'armer l'enduit par une toile. On peut également avoir recours aux toiles Iorsque pour des raisons de choix esthétique l'enduit de finition doit être exécuté sans aucune fibre ni aucune fissure. • Certains traitements finaux de surface exigent une surface sous-jacente très dure, par exemple un enduit de décoration lustré, un carrelage, une peinture plutôt "rigide" (par exemple à base de silicates). Sur les supports mous ou en panneaux, il est alors conseillé d'intercaler un enduit de base riche en fibres. Sur des supports "en dur" cela n'est pas nécessaire. • Lorsque les surfaces sont exposées à une forte sollicitation mécanique, il faut travailler en deux couches, avec des grains jusqu'à 4 mm dans l'enduit de base. Il y a intérêt à ajouter des sables concassés ou des éclats de briques cuites pilées, même dans l'enduit de finition (en ajustant la taille des grains). Sur supports rigides (construction "en dur"), l'ajout de fibres n'est pas nécessaire, mais peut être utile dans l'enduit de base pour des surfaces fortement sollicitées. Un enduit en terre ne peut convenir à des sollicitations extrêmes. • On peut augmenter la résistance des surfaces par des fixatifs et des peintures après séchage. 3.5. Résumé des structures d’enduit courantes en fonction des supports Les supports retenus ici sont ceux qui sont les plus employés dans la construction en terre et dans les constructions écologiques. Dans le projet Leonardo, il existe un autre document plus exhaustif sous forme d’un tableau récapitulatif, où figurent d’autres matériaux de support et les préparatifs qu’ils nécessitent afin de recevoir un enduit en terre. 32 figure 3 : Structures d’enduit courantes. Les structures sont présentées en allant de l'enduit le plus mince au plus épais. Ne sont pas mentionnés les enduits de décoration ou les badigeons à la terre ou à la chaux qui peuvent toujours être appliqués en dernière couche sur les enduits de finition. support sous-couche d'accroche enduit de base barbotine enduit de finition natte de roseaux enduit de décoration trame (toile de jute) 1 . Enduit de décoration en monocouche avec sous-couche d'accroche support : très plan, homogène, stable exemples : plaques de plâtre cartonné, plaques de gypse & cellulose, béton banché structure : enduit de décoration, 2-3 mm préparations : 1. traitement des joints 2. sous-couche d'accroche granuleuse 2. Enduit de finition en monocouche support : plan, homogène, absorbant, rugueux exemples : maçonnerie en brique cuite pleine ou alvéolée ou en brique de chanvre structure : enduit de finition, 8-15 mm, fibré ou non alternative : pour des enduits monocouche plus épais et projetés à la machine, projeter une première couche, après un début de séchage continuer à charger puis travailler l’enduit (« une couche et demie ») 33 3. Enduit en 2 couches, sur support nécessitant un dressage et/ou hétérogène a support : absorbant et rugueux mais • non plan exemples : vieux mur en pierre ou en terre monolithique (pisé ou bauge) présentant des irrégularités ; zones de remplissage en torchis entre les montants en bois apparents • incluant un deuxième matériau b exemples : grands rebouchages ou réparations ; montants en bois ou linteaux en béton ne restant pas apparents structure : c 1. enduit de base, 10-15 mm, mortier fibré ; dans certains cas, trame débordante sur les zones rebouchés ou sur les montants et linteaux 2. enduit de finition, 5 mm préparations : système d'accroche sur le bois ou le béton 4. Enduit en 2 couches et tramé, sur support présentant des joints importants a support : plus ou moins absorbant et/ou rugueux mais présentant d'importants joints exemples : panneaux isolants de roseaux ou de laine de bois (fibragglo, Heraklit®) ; terre allégée avec tasseaux apparents ayant guidé un coffrage montant b structure : 1. enduit de base, 10 mm, fibré 2. trame sur toute la surface 3. enduit de finition, 5 mm 34 5. Enduit en 2 couches, sur support nécessitant un système d'accroche support : non absorbant et lisse (panneaux durs de fibres de bois) exemples : cloison ou doublage en panneaux de fibres de bois ; cloison ou doublage en terre - copeaux bois avec coffrage perdu structure : 1. enduit de base, 10 mm, très fibré, en une ou deux couches 2. enduit de finition, 5 mm alternative : enduit de base non fibré mais tramé sur toute la surface préparations : agrafer des nattes de roseaux (70 tiges au mètre linéaire) sur toute le surface et se chevauchant sur 10 cm aux intersections 6. Enduit multi-couches, pour mur chauffant ou sur bottes de paille a support : isolant (p.ex. panneau de roseaux) sur lequel sont fixés les tubes chauffants structure : 1. enduit de base noyant les tubes, 2-3 cm 2. 2ème couche de base, 15-30 mm 4. trame sur toute la surface 3. enduit de finition, 5-10 mm support : bottes de paille = non absorbant, non plan, rugueux, gros joints structure : 1. barbotine ou gobetis en terre projeté 2. enduit de base, 15-30 mm, en 2 ou 3 couches 3. enduit de finition, 5-10 mm b préparations : raser les bottes ; boucher les joints avec de la paille trempée dans une barbotine de terre 35 4. D’AUTRES SYSTEMES D’ENDUIT Nous allons utiliser le schéma à quatre composantes de la figure 2 pour décrire trois autres systèmes d’enduit, sur trois autres continents, à savoir les enduits en terre appliqués sur les murs en bottes de paille aux Etats-Unis, les enduits en terre japonais appliqués sur des ossatures végétales et les enduits en terre du peuple Kassena à la frontière entre le Ghana et le Burkina. 4.1. Le système anglo-saxon des enduits en terre sur bottes de paille Ce système a été décrit de façon détaillée par Guelberth & Chiras (2003) vivant au Colorado. Leur ouvrage repose sur les 25 ans d‘expérience d’un des auteurs dans l’écoconstruction et avec les enduits en terre, au plâtre et à la chaux. Par ailleurs de nombreuses autres personnes ont été consultées. La façon de travailler sur chantier et le style des intérieurs réalisés évoquent ce que certains en France appelleraient les « écolos soixante-huitards ». C’est vrai que l’approche est beaucoup tournée vers l’autoconstruction, les formes arrondies, la vie en harmonie avec la nature – tout ce qu’il faut pour faire sourire l’artisan ou l’ingénieur français trop occupé et trop sérieux pour se pencher sur ce genre de question... C’est vrai aussi que l’auteur transmettant son savoir-faire est une femme et que beaucoup d’autres femmes ont contribué à l’ouvrage et travaillent sur ce genre de chantiers, ce qui, c’est bien connu, étonne. Préjugés à part, le résultat est une synthèse très complète et techniquement assez détaillée des techniques d’application sur bottes de paille, telles qu’elles sont d’ailleurs pratiquées en Allemagne, par des ingénieurs qui peuvent s’enorgueillir d’avoir réalisé en 2004 le plus gand bâtiment en bottes de paille d’Allemagne (3 niveaux, 500 m2, peut héberger 20 personnes, avec des enduits en terre, évidemment). Voici donc, en résumé, la démarche américaine. Le support à enduire : • Nature du matériau : bottes de paille, rasées à la débroussailleuse pour enlever les brins qui dépassent ; • Qualité de la surface : bonne accroche, stable, joints parfois importants, pas absorbant, présentant souvent des éléments en bois à intégrer dans l’enduit. La structure de l’enduit : • Nombre de couches / épaisseur des couches / types de mortiers / armatures : (a) Une sous-couche d’accroche sur les éléments bois, béton ou métal, à base de sable, de bouse et de colle à farine ; (b) Une barbotine de terre projetée en couche fine sur la paille ; (c) Remplissage des trous et joints avec de la paille trempée dans la barbotine ; (d) Une couche de base argileuse et fibrée (brins 5-20 cm), épaisseur environ 1 cm (¼-½ inch), terre tamisée à 1,2 cm (½ inch) ; (e) Une couche de dressage, plus sableuse et plus fibrée (brins de 5 à 20 cm), épaisseur 3 à 5 cm (1 ½ - 2 inch) et jusqu’ à 15 cm (6 inch), terre tamisée à 1,2 cm (½ inch) et sable tamisé à 0,6 cm (1/8 inch) ; (f) Une couche de finition, dosée avec du sable fin pour empêcher les fissures, fibres fines (bouses tamisées ou laine), en option pigments, colle à farine, jus de cactus, caséine ou lait en poudre ; (g) Une couche de décoration (peinture ou enduit) en option. Les qualités recherchées : • Usage de la surface enduite : murs, dans toutes les pièces d’habitation, bâtiments privés ou publics, peu ou beaucoup fréquentés ; • Choix esthétiques : soit travail de la couleur de la dernière couche d’enduit, soit couche supplémentaire : recettes pour préparer ses propres (1) badigeons à l’argile stabilisés à la colle à farine et colorés aux pigments, (2) badigeons à la chaux, (3) peintures aux silicates et (4) à la caséine, (5) enduits de décoration stabilisés à la colle à farine ; techniques de polissage au chiffon comme traditionnellement pratiqué par les indiens construisant en adobe. Les conditions d’exécution : • Disponibilité des matériaux : utilisation et préparation des terres locales ; 36 • Outils et équipements : beaucoup d’étapes manuelles, même application à la main sans truelle ; sinon outillage de base simple : tamis, pelles, seaux, poubelles, brouette, truelles, platoirs, taloches, parfois bétonnière, gants, masques ; • Conditions météorologiques : préférer les saisons sèches et chaudes, ne pas débuter juste avant la saison froide et humide. Nomenclature Les couches d’enduit ont été désignées par des noms qui évoquent bien leur fonction, mais les auteurs font aussi le parallèle avec les autres dénominations à l’usage. Ils distinguent : • Deux couches de préparation du support : - Adhesion coat = sous-couche d’accroche ; - Slip coat = couche de barbotine projetée ; • Trois couches principales : - Discovery coat (elle révèle la topographie du mur) = base coat (c’est la première couche au sens propre) = scratch coat (pour des enduits au ciment ou à la chaux, cette couche a besoin d’être rendue rugueuse pour l’accroche de la couche suivante, à l’aide d’outil appropriés ; sur bottes de paille et surtout avec les mains comme outil pour appliquer une couche relativement fine et non plane, cela n’est pas nécessaire) ; - Infill coat (remplissage des creux donc dressage du mur) = brown coat (couleur terreuse destinée à être recouverte d’une finition) ; - Finish coat = color coat = enduit de finition, couche qui ne peut plus changer la topographie de la surface mais dont la texture et la couleur sont soigneusement choisies. Cette nomenclature confirme la maturité du système, la structure d’enduit a été éprouvée et optimisée, selon un rapport adapté entre la qualité de la résistance et du rendu final d’un côté et le travail et le temps investis de l’autre. Les discovery coat et infill coat remplissent deux rôles différents d’une couche que nous avons qualifiée de couche de base. A y regarder de près, cette différenciation existe aussi dans notre système, sans nomenclature spécifique, surtout dès qu’il est nécessaire de travailler avec des épaisseur d’enduit importantes (dressage, murs chauffants), ou que la première couche et le support (nattes de roseau) doivent s’interprénétrer. 4.2. Le système japonais des enduits en terre sur ossature bois L’information écrite qui circule en France et en Allemagne au sujet des enduits en terre japonais remonte presque toute à une seule personne : maître Akira Kusumi, qui a séjourné pendant quelques années à Aix-la-Chapelle et est aussi passé en France. Il a animé des stages et fait des démonstrations. Un article notamment est paru dans une revue spécialisée (Speidel 1986), présentant quelques types d’enduits japonais. Une étudiante japonaise, Masako Isomura, qui a suivi le troisième cycle sur l’architecture de terre à CRATerre (1994-96), a suivi des chantiers de maître Kusumi au Japon et a transcrit en français une partie des techniques d’application japonaises (Isomura 1998). Se basant sur l’article de Speidel et sur d’autres informations non publiées, I. Fromme a également rédigé deux pages de synthèse pour le module 2 du projet Leonardo. Ces informations nous permettent donc d’exposer à notre tour l’essentiel de ces techniques. Le support à enduire : • Nature du matériau : les enduits en terres ne sont pas appliqués sur des murs mais ce sont leurs multiples couches qui forment le mur. • Qualité de la surface : le support est constitué d’un lattage, tramage ou tressage végétal, fait de bois, de bambous ou de cordes. La structure de l’enduit : • Nombre de couches / épaisseur des couches / types de mortiers / armatures. Il y a de nombreux types d’enduits, auxquels correspondent des structures d’enduit différentes. Chaque couche porte un nom, en fonction souvent de la composition du mortier. En général, il y a 5 à 6 couches grossières, suivies de 2 à 3 couches de finition, et ceci des deux côtés du mur. Un mur est donc fait d’une dizaine de couches d’enduit. La terre des enduits grossiers n’est 37 dosée qu’avec peu de sable (ces enduits fissurent donc beaucoup), elle est caillouteuse et mélangée à de la paille assez longue. Les enduits de finition ne fissurent pas et sont fibrés avec de la paille de riz (plus fine que notre paille), du papier japonais détempé, du chanvre ou de la fibre de sisal, ils peuvent comporter de la chaux et/ou de la colle d’algues, de la colle de riz. Les mélanges terre et chaux nécessitent une très bonne connaissance du matériau. Les qualités recherchées : • Usage de la surface enduite : enduits extérieurs et intérieurs, les enduits extérieurs sont apparents et comportent alors des couches de chaux ou sont couverts de bardage. Il existe des enduits intérieurs assez vieux et dont les japonais apprécient la patine qu’ils prennent avec le temps. • Choix esthétiques : les enduits de finition ne sont pas densifiés pendant l’application, les surfaces sont donc peu dures. Les ossatures des murs subdivisent les enduits en surfaces relativement petites, à l’intérieur desquelles les interfaces avec le bois sont traitées avec beaucoup de soin. Il existe des techniques de polissage. Les surfaces sont animées par la texture peu densifiée et par des additifs qui créent des taches (graines oléagineuses, grumeaux de chaux, copeaux de fer). Les effets de structure sont très discrets et obtenus par des empreintes, par exemples de feuilles ou de tiges de paille. Les conditions d’exécution : • Disponibilité des matériaux : nous ne disposons pas d’informations sur la provenance des terres. Il existe aujourd’hui au Japon des mortiers de terre prêts à l’emploi. Traditionnellement, les terres étaient certainement locales. En tout cas, elles étaient et le sont encore sur les chantiers de maître Kusumi, mises à tremper dehors un an avant le début des travaux. • Outils et équipements : la terre ainsi étalée dehors est malaxée et mélangée à la paille à l’aide de motoculteurs. Pour l’application, il existe une gamme d’une centaine de truelles différentes par leur forme, leur taille, l’épaisseur, la souplesse et le matériau de leur lame. Elles sont utilisées pour les différentes couches, pour le travail des interfaces avec le bois, pour les angles, les joints, pour les différentes étapes de polissage, etc. • Conditions météorologiques : les artisans font très attention aux temps de séchage dépendant des conditions météorologiques. L’application des couches grossières s’enchaîne sans séchage intermédiaire, par contre les enduits de finition ne sont commencés que lorsque les couches de base ont séché ; ensuite le travail se fait à nouveau « mouillé sur mouillé », ce qui a des avantages certains quand il y a présence de chaux. Nomenclature L’art des enduits japonais est très évolué et remonte au moins au 6ème siècle avant Jésus Christ. Cette longue histoire a résulté dans une technique très élaborée et diversifiée, ainsi qu’à la dénomination des couches, des gestes, des outils, des ossatures... extrêmement précise. 4.3. Le système africain des enduits en terre du peuple Kassena Les surfaces décorées de concessions des Kassena, peuple dont le territoire chevauche la frontière entre le Ghana et le Burkina, n’ont pas d’histoire écrite, contrairement à celles du Japon. Comme d’autres surfaces en terre décorées d’Afrique, elles n’ont pas pu être transportées en Europe comme c’était le cas de beaucoup d’autres oeuvres d’art africaines, faisant depuis des centaines d’années l’objet de commerce et de collections en Europe. Ce sont peut-être les photos et le récit de Courtney-Clarke (1990) qui ont permis au monde occidental de prendre conscience de l’extraordinaire richesse de ces décorations. Et ce probablement à l’instant où ce savoir-faire entamait son déclin inexorable, avec de multiples autres traditions culturelles liées à des structures socio-économiques obsolètes dans un monde en mutation rapide. Des observations de CourtneyClarke et de celles effectuées par quelques membres de CRATerre, et notamment Gisèle Taxil ayant rencontré les femmes maîtrisant encore les techniques d’application (Taxil et al. 2004), nous pouvons tirer les renseignements les plus importants pour décrire ce système d’enduit. Le support à enduire : • Nature du matériau : murs en terre extérieurs ; • Qualité de la surface : murs façonnés à la main, peu d’ouvertures, formes courbes. 38 La structure de l’enduit : • Nombre de couches / épaisseur des couches / types de mortiers / armatures. Ces enduits sont principalement faits de deux couches, dont la composition diffère et qui sont ensuite peintes et vernies. La terre pour la première couche, dans le cas étudié par CRATerre, est une terre blanche appelée gora. Elle est tamisée afin d’enlever les débris végétaux et les pierres, puis elle est appliquée à la main, en couche suffisamment épaisse pour pouvoir y modeler les reliefs souhaités. Cette couche est recouverte d’un mélange de bouse et d’eau qui est lissé avec un galet. La deuxième couche, beaucoup plus mince, est faite de terre latéritique rouge, mélangée à de la bouse et appliquée avec un balai, puis également lissée au galet. Enfin, des cendres, des terres et pigments rouges et noirs, mais aussi jaunes et blancs, sont transformés en peintures et utilisées pour dessiner des motifs symboliques souvent répétitifs. Le tout est encore lissé, puis laissé sécher un peu, puis poli et, après séchage, verni avec des résines d’arbres (dawa-dawa) ou des résidus de l’utilisation des noix de karité. Les qualités recherchées : • Usage de la surface enduite : tous les murs extérieurs des habitations et des murets des concessions ; • Choix esthétiques : recherche de surfaces lisses et brillantes, multicolores ; les couleurs ont une importance symbolique mais qui varie selon les régions ; juxtaposition verticale de bandes horizontales à motifs répétés, incisions pour souligner certains dessins ; reliefs utilisés surtout pour les formes animales. Les conditions d’exécution : • Disponibilité des matériaux : Les terres sont prises dans des gisements connus, en fonction de leurs propriétés spécifiques, par exemple des galets noirs Gare ramassés le long de la route à Yua, près de sirigu au Ghana, ou une terre noire Kug sabla, provenant du Burkina. Certains matériaux sont achetés au marché puis broyés, par exemple des pierres de talc blanches Kug peela, ou des boules de latérite séchée Zigi molego. La bouse de vache est détempée dans l’eau pendant plusieurs jours puis tamisée en focntion du besoin en fibres. • Outils et équipements : Les femmes possèdent des galets de différentes tailles et formes, de préférence avec un côté plat pour polir et un côté aigu pour inciser. Elles ont aussi besoin de broyeurs et de récipients pour détremper les terres et préparer les peintures. • Conditions météorologiques : les femmes travaillent à la saison sèche, après la récolte. • Organisation sociale : La tradition se transmet de mère en fille. Les décorations sont le fruit de l’effort collectif de plusieurs femmes, généralement sous la direction d’une épouse plus âgée. Le choix des motifs réflète la personnalité de la propriétaire. Nomenclature Comme dans les exemples précédents, les outils, couches et matériaux portent un nom, le système d’enduit est bien établi, le savoir-faire suffisamment élaboré et ancré pour que les bases de la réussite des enduits soient respectées et transmises, sans entraver la créativité personnelle des artisanes. Tous les motifs utilisés ont une signification et portent donc un nom. Exemples : • Motifs en V = version simplifié du motif tana (pagne rayé) emprunté aux tissus locaux ; • Dessins verticaux en zigzag = pattes de cervidés (togo-naga) ; • Sablier en noir et blanc = Kug = siège traditionnel en forme de sablier ; • Lignes parallèles entrecroisées de ligne diagonales = sillons (gwenu) ; • Triangles = calebasses évidées ; • Triangles aplatis = filets à calebasses à mailles de cordes (wan-zaana). 39 40 Chapitre 3 LA STABILISATION Comme nous venons de le voir, dans les plus anciennes et plus belles traditions de surfaces en terre décorées, comme au Japon et au Ghana, divers additifs traditionnels, tels que la bouse de vache ou la colle d’algues, font partie intégrante du système d’enduit. En Europe, stabilisation rime pour beaucoup avec ciment ou chaux. Ces stabilisants minéraux sont souvent réjetés par les constructeurs en terre, parfois avec passion, parfois avec raison : D’une part, le ciment et dans une moindre raison certaines chaux sont néfastes aux murs en terre, nous n’allons pas discuter de ce phénomène ici. D’autre part ce sont historiquement ces deux matériaux qui ont supplanté la terre dans beaucoup de ces usages. Toujours est-il que par leur rejet, la stabilisation tout court est souvent écartée. Or, comme le témoignent donc les autres cultures, il exite des dizaines de composants, souvent organiques et locaux, qui ont des propriétés très intéressantes pour obtenir certains effets décoratifs avec les enduits en terre. Les mécanismes d’action de ces composants sont cependant mal connus. La stabilisation des enduits en terre est un champ de recherche peu avancé. Le Traité de construction en terre (Houben & Guillaud 1995) contient une assez longue liste de stabilisants, mais nous avons eu recours au Dictionnaire des matériaux du peintre (Perego 2005) pour disposer de descriptifs plus précis, ainsi, une grande partie des notions ci-dessous sont empruntées au domaine de la peinture. Après quelques définitions, nous allons présenter la nature, les propriétés et les mécanismes d’action des stabilisants minéraux et organiques les mieux connus, par ordre alphabétique. Les dosages et les recettes font l’objet d’un deuxième paragraphe. 1. LES STABILISANTS : NATURE, PROPRIETES, MECANISMES D’ACTION Parfois, on ajoute un stabilisant à un mortier de terre, avec comme objectif d’améliorer les propriétés de l’enduit en matière de dureté (résistance aux chocs et aux frottements, réduction du farinage ou de l’effritement) et d’imperméabilité (résistance à l’eau). Un stabilisant ne remplace pas l’action du liant principal qui est l’argile, sinon on n’est plus en présence d’un enduit de terre, dont la spécificité par rapport aux autres enduits est de rester soluble dans l’eau donc “réversible”. L’effet de modification du matériau terre est plus important avec la chaux et le ciment qu’avec les autres stabilisants, d’un point de vue écologique leur action plus discutable. Nous distinguons la stabilisation dans la masse (le stabilisant est ajouté au mortier) et l’imprégnation de surface (le fixatif constitue une couche à part, appliquée en dernier). Les fixatifs évitent le farinage et sont utiles lorsqu’il y a addition de pigments dans l’enduit. Selon leur nature, les stabilisants interagissent avec les argiles ou non et produisent des réactions chimiques irréversibles ou non. Selon leur nature et le dosage, les stabilisants ont un effet sur l’aspect de l’enduit (couleur, brillance) et son temps de séchage. Ils déterminent également l’effet d’autres produits (taches d’eau ou d’huile persistantes ou non). Il ne faut pas qu’un stabilisant compromette l’adhérence au support. Selon la stabilisation, les réparations de l’enduit en terre sont plus ou moins faciles, car le mortier reste plus ou moins « réversible », c’est-à-dire sensible à l’eau. 41 1.1. Définitions On appelle additif toute substance, minoritaire, ajoutée à une formulation dans un but précis (antimousse, antioxydant, conservateur, épaississant, fongicide, insecticide, plastifiant, siccatif, tensioactif). Certains sont des adjuvants, c’est-à-dire qui « aide, seconde l’action ». Ainsi un colloïde protecteur est un adjuvant des émulsifiants ou des dispersants. Un liant est une substance filmogène qui fixe les pigments et/ou les charges entre eux et au support. C’est donc un constituant essentiel de toutes peinture et de tout enduit. Toutefois, tout filmogène n’est pas forcément un liant. Une colle et un vernis ne sont pas des liants, même si ces matériaux peuvent être utilisés ailleurs comme liant. C’est donc aussi la fonction qui fait le liant. Ainsi, une colle de peau peut-être employée comme liant dans une détrempe, comme encollage, comme colle pour un panneau et comme revêtement protecteur sur une dorure. Les fixatifs sont des liants très dilués destinés à fixer les traces de matières pulvérulentes. Lorsqu’il s’agit de résines, ils s’apparentent à des vernis très dilués. Les colles sont des substances fluides au moment de l’application et qui, après durcissement, permettent d’assembler deux surfaces solides. Un colloïde est une substance solide non soluble dans le milieu concerné, mais dispersable en particules extrêmement petites. Un colloïde protecteur est un colloïde possédant la propriété de stabiliser une dispersion. Les suspensions légères d’argile peuvent être stabilisées en y ajoutant des colloïdes tels que les gommes, des tannins ou le carboxyméthylcellulose. Une dispersion est un solide, un liquide ou un gaz dispersé dans un autre corps non miscible. On parle traditionellement de farinage lorsque le liant d’une peinture perd sa cohésion, le pigment est libéré et la surface du film devient poudreuse. Par analogie, lorsque l’argile n’est pas assez cohésive ou en surplus par rapport au squelette, la surface de l’enduit est pulvérulente, l’enduit farine. Par contre, lorsqu’il n’y a pas assez d’argile ou de l’argile pas assez cohésive pour lier tous les grains du squelette, l’enduit sable. 1.2. Les stabilisants minéraux Les stabilisants les mieux étudiés et les plus utilisés dans la construction en terre sont les deux autres liants importants : le ciment et la chaux. Les dosages mis au point concernent surtout la production de briques et la maçonnerie, mais les mortiers à enduire fonctionnent de manière similaire. En ce qui concerne le plâtre, il devient de plus en plus évident qu’il a traditionnellement souvent été utilisé en association avec la terre dans les mortiers, mais peu de données chiffrées sont disponibles. Les silicates ont fait l’objet de travaux de recherche dans les programmes de conservation des grands sites archéologiques de l’architecture de terre. Ils sont également utilisés industriellement dans les peintures. 1.2.1. La chaux C’est un liant inorganique et réactif de synthèse. La stabilisation à la chaux n’est efficace que si la terre est assez argileuse. L’enduit stabilisé à la chaux doit de préférence être appliqué sur un support stabilisé. L’ajout d’urine ou d’excréments d’animaux peut accroître la qualité de l’enduit de façon étonnante (moins de retrait, dureté et bonne perméabilité) mais dégage une forte odeur d’ammoniac lors du mélange. Mécanismes d’action : Les ions de calcium de la chaux se substituent aux cations échangeables de la terre (magnésium, sodium, potassium, hydrogène). Cela entraîne une floculation des particules de la terre qui s’agglomèrent. Il y a augmentation de la taille des agrégats de la fraction fine : la texture et la structure changent. La chaux réagit avec le dioxyde de cabone de l’air pour former des ciments carbonatés. Cette réaction consomme une partie de la chaux disponible pour les réactions pouzzolaniques. Ces dernières sont le mécanisme le plus important pour la stabilisation. Il y a dissolution des minéraux argileux dans l’environnement alcalin produit par la chaux et recombinaison de la silice 42 et de l’alumine des argiles avec le calcium pour former des silicates complexes d’aluminium et de calcium qui cimentent les grains entre eux. La chaux doit être ajoutée à la terre en quantité suffisante afin de produire et maintenir un pH élevé nécessaire à la dissolution des minéraux argileux, et pour une période suffisante qui permette une réaction de stabilisation effective. On constate une augmentation de la résistance à la compression avec l’allongement du délai de séchage. Ce phénomène s’étend sur plusieurs semaines et persiste pendant de longs mois, évoluant d’autant mieux dans une ambiance chaude et humide. 1.2.2. Le ciment C’est un liant inorganique artificiel. La stabilisation au ciment n’est efficace que si la terre est très sableuse. Les enduits ainsi stabilisés doivent de préférence être appliqués sur des supports stabilisés. Dans la terre , le ciment hydraté agit : - avec lui-même : formation d’un mortier de ciment pur hydraté ; - avec le squelette : mécanisme classique du mortier ; - avec l’argile selon trois phases : 1. L’hydratation provoque la formation de gels de ciment à la surface des agglomérats d’argile. La chaux libérée pendant l’hydratation du ciment réagit aussitôt avec l’argile. La chaux est vite consommée et l’argile entame une dégradation. 2. Progression de l’hydratation qui active la désagrégation des agglomérats d’argile. Ceux-ci sont pénétrés en profondeur par les gels de ciment. 3. Interpénétration intime des gels de ciment et des agglomérats argileux. L’hydratation persiste, mais plus lente. On obtient en fait trois structures mêlées : une matrice inerte sableuse liée au ciment, une matrice d’argile stabilisée, une matrice de terre non stabilisée. La résistance d’une terre-ciment croît avec l’âge. 1.2.3. Le plâtre Le plâtre ou sulfate de calcium est un stabilisant intéressant pour des terres manquant de cohésion, peu recommandé pour les terres argileuses. Le mélange plâtre et chaux peut convenir pour des terres argileuses. Attention, elles ne résistent pas à l’eau si elles sont stabilisées au plâtre seul. 1.2.4. Les silicates alcalins Ce sont des liants inorganiques de synthèse. Seuls les silicates de sodium et de potassium sont utilisés. Le silicate de sodium est assez bon marché et disponible en maintes régions du monde. En solution dans l’eau il est connu sous le nom de « verre liquide » (Wasserglas, waterglass). Le silicate de potassium est aussi appelé “verre de Fuchs” ou « liqueur des cailloux » (liquid silicium). Les silicates de potassium sont supérieurs à ceux de sodium pour les peintures. Les produits commerciaux ne répondent pas à une formule très définie. Les silicates se présentent en cristaux incolores ou en poudre blanche. Ils sont solubles dans l’eau Certains silicates solides ne sont pas solubles à froid et nécessitent d’être dissous à chaud et sous pression. Ce sont des solutions colloïdales. Sur le plâtre, il peut y avoir formation de sufates de potassium ou de sodium très problématiques. Le pH élevé des silicates alcalins interdit l’utilisation des pigments sensibles. Ils peuvent être rendus insolubles par réaction avec la chaux hydratée. Les silicates alcalins font floculer les suspensions d’argile et fluidifient les pâtes d’argile. Ils ne conviennent pas pour les terres argileuses, mais sont intéressants pour stabiliser les terres qui en général manquent de cohésion (terres sableuses, terres sableuses argileuses ou silteuses). Ils agissent aussi comme imperméabilisants. Une cure d’au moins sept jours est nécessaire pour garantir l’efficacité d’un traitement de surface. 43 1.3. Les stabilisants organiques Des substances naturelles très diverses sont utilisées dans de nombreux pays comme additifs dans les surfaces en terre décorées. Leur emploi est pour beaucoup lié aux savoir-faire traditionnels, souvent en voie de disparition. Leur efficacité est variable. Elles agissent comme des ralentisseurs de la dégradation du matériau terre et limitent les réfections, sans assurer pour autant la pérennité de l’enduit. Leur fonction n’est probablement pas uniquement la stabilisation ou l’imperméabilisation, mais elle est liée aussi aux effets décoratifs (couleur, brillance). Les données scientifiques exactes concernant ces stabilisants naturels sont rares. Avant de parler des fonctions et mécanismes de certains additifs, citons quelques substances végétales connues, mais dont nous n’allons pas traiter : les jus de Cactus agave et de Cactus opuntia, le beurre de karité, le jus de tiges bouillies de bananier, la sève des fruits d’Acacia scorpioides, le latex d’euphorbe, le néré en jus, une infusion de gousses de caroubier ou de mimosa... Les stabilisants organiques les plus utilisés aujourd’hui avec les enduits en terre en Europe sont la caséine (usage artisanal, fixatif de surface) et la cellulose (préparations industrielles, fixatifs de surface des enduits ou dans des peintures à l’argile). L’amidon, sous forme d’empois (colle à farine, stabilisation dans la masse) est très utilisé dans le milieu des constructeurs en bottes de paille des Etats-Unis et d’Europe. La farine de riz a traditionnellement été très utilisée au Japon. 1.3.1. L’amidon C’est un liant et une charge d’origine végétale, qui a un effet durcisseur et étanchéifiant. On appelle amidon le produit tiré des graines et fécule celui extrait des racines, tubercules ou rhizomes. Les amidons sont des polysaccharides, essentiellement des polymères de glucose. L’amidon ne se dissout pas dans l’eau froide, les grains gonflent simplement. A partir d’une certaine température et en présence d’une quantité d’eau suffisante, les cristallites de l’amidon fondent et forment un réseau de macromolécules amorphes (gélatinisation ou gonflement). A plus haute température, les grains d’amidon éclatent, le réseau se brise et les molécules d’amylose diffusent dans le milieu. La solution (appelée empois) est alors composée de “fantômes” de grains d’amidon dans une solution colloïdale d’amylose. Cette destructuration est irréversible. Au refroidissement, les molécules se réorganisent, il y a d’abord gélification puis cristallisation. Un refroidissement rapide sous agitation donne un fluide très visqueux ; sans agitation on obtient un gel. L’empois est un bon colloïde protecteur (peinture) et donne des émulsions assez stables avec les huiles. Aucun problème de compatibilité avec la majorité des pigments. La colle de farine ou colle de pâte se distingue de celle d’amidon par sa teneur en matières non polysaccharidiques et est beaucoup plus putrescible. Le film formé est sensible à l’eau et de ce fait réversible, moins toutefois que celui d’amidon pur. La colle à farine améliore les mortiers qui contiennent beaucoup de silt et remplace une partie de l’argile des terres trop maigres. 1.3.2. La caséine C’est un liant et additif d’origine animale, qui a une action gélifiante, émulsifiante et antimoisissure. Pas d’effet d’étanchéité, augmentation de la résistance à l’abrasion. C’est une protéine extraite du lait. Elle se présente sous forme d’une poudre blanche, amorphe, insipide et inodore. Sèche elle n’est pratiquement pas soluble dans l’eau qui pourtant la gonfle nettement. Elle se comporte comme un acide en-dessous d’un pH de 4,6, en donnant des caséinates, c’est-à-dire des sels de caséine d’un métal quelconque. Pour des raisons pratiques, on n’utilise que les caséinates. On distingue l’action des bases de cations monovalents (sodium, potassium, ammonium) de celle des bases bivalentes (calcium, magnésium, baryum). Les premières donnent des caséinates restant solubles dans l’eau, la base monovalente utilisée la plus couramment étant l’ammoniaque. Les solutions aqueuses de caséinates sont relativement visqueuses. La caséine était employée traditionnellement sous forme de petit lait, en combinaison avec le sang de boeuf. On connaît aussi le savon de Poulh qui est de la caséine délayée et battue comme une pâte, préalablement mélangée à de la poussière de briqueterie avant d’être ajoutée à la terre. Le fromage blanc à 0 % de matière grasse ne contient pas que de la caséine. Le fromage blanc non égoutté et battu est composé d’une grande part d’eau, sa teneur en extrait sec, et de là en caséine, est variable. Il renferme en outre de l’acide lactique, du lactose (un sucre), les autres protéines du lait, des traces de lipides et tous les éléments minéraux solubles du lait écrémé. Il est 44 irréaliste de comparer une colle préparée avec une caséine bien pure avec une autre au fromage mou. La caséine est un excellent émulsifiant et elle joue le rôle de colloïde protecteur. 1.3.3. La cellulose C’est un polysaccharide et le constituant essentiel des fibres végétales. Les longues molécules de cellulose peuvent former des zones cristallines (microfibrilles) dès lors que leur parallélisme est suffisant pour que les interactions intermoléculaires soient assez fortes. Les propriétés de la cellulose cristalline sont différentes de celles de la cellulose amorphe. Elle se présente sous forme de poudre ou de fibres blanches. La cellulose brute n’est jamais pure, mais accompagnée d’autres polysaccharides (hémicellulose et pectine) ou de lignine. La cellulose est insoluble dans l’eau et les solvants organiques usuels. Lorsqu’elles sont mises en contact, l’eau et la cellulose s’unissent par liaison hydrogène. Toutefois l’eau ne peut pénétrer que dans les zones amorphes et entre les microfibrilles, ce qui cause un gonflement de la cellulose. Par ses fonctions alcool, la cellulose peut former des esters et des éthers de cellulose. Ces dérivés sont des résines artificielles solubles. Les solutions sont colloïdales et visqueuses. Les dérivés cellulosiques, comme la cellulose carboxyméthylique (colle à papier peint) servent surtout comme liant, colle et colloïde protecteur. Ils ont de nombreux noms commerciaux (par exemple Glutolin®) et sont souvent désignés par des abréviations (MC=méthylcellulose, CMC=carboxyméthylcellulose sodique, etc.). Les éthers de cellulose sont des liants et épaississants organiques artificiels. Hydrosolubles, ils servent comme colle pour le papier ou le tissu et ils sont très utilisés comme épaississant et émulsifiant. Les éthers non ioniques sont employés comme rétenteur d’eau dans les mortiers à la chaux. Avec la terre, la cellulose carboxyléthylique agit comme coagulant. Dans les produits les plus faciles à trouver, il faut distinguer la colle à peinture (Farbenleim) de la colle à papier peint qui donne un film plus brillant. Les peintures à l’argile prêtes à l’emploi contiennent souvent des dérivés cellulosiques, de même que les fixatifs commercialisés (Tierrafino Fix®). Attention, les conservateurs contenus dans les fixatifs et les peintures à l’argile prêts-à-l’emploi contenant des dérives cellulosiques ne sont pas toujours anodins en termes de toxicité. La cellulose est aussi ajoutée sous forme de fibres, qui sont commercialiées en différentes longueurs (0,7 mm étant par exemple une catégorie assez longue), pour donner de la texture aux enduits de finition. 1.3.4. Les cires Les cires sont des liants organiques d’origine végétale, animale ou fossile, ou synthétiques. La cire de carnauba est exudée par les feuilles d’un palmier sud-américain, Copernica cerifera. Elle fond à 83-88°C et se solidifie à 80-84°C. Elle est insoluble dans l’eau, peu soluble dans l’alcool et plus soluble dans l’essence de térébenthine (0,45%, 11% à 45°C et 21% à 50°C). Du fait de sa grande dureté et de son point de fusion élevé, elle est appréciée, en particulier pour le vernis, soit comme additif, soit comme couche protectrice à part entière. Elle peut être appliquée sur les enduits en terre, pure ou en mélange avec la cire d’abeille. Attention, les cires peuvent bloquer dangereusement le passage de l’humidité. 1.3.5. Excréments et sang La bouse de vache est la plus employée. D’autres traditions emploient le crottin de cheval ou de dromadaire. Leur action est probablement liée à la présence de fibres, d’acide phosphorique et de potasse. Ils n’ont que peu d’effet en ce qui concerne la résistance à l’eau, contrairement à l’urine de cheval qui, lorsqu’elle remplace l’eau de gâchage, diminue la fissuration et augmente la résistance à l’érosion de la terre. En emploi combiné à la chaux, les effets sont accrus. On connaît l’emploi du sang de boeuf par les Romains. En combinaison avec la chaux ou des polyphénols, la stabilisation au sang de boeuf est efficace. Le sang doit être frais et non en poudre. 45 1.3.6. Les huiles Les huiles sont des liants et des additifs d’origine animale ou végétale. Elles augmentent la résistance à l’eau et la souplesse des enduits sans les rendre étanches. Elles peuvent jouer un rôle d’imperméabilisants. Les huiles végétales, pour être efficaces, doivent être siccatives afin de durcir au contact de l’air et être insolubles à l’eau. On connaît l’emploi de l’huile de ricin (très efficace mais très chère), de coco, de coton, de lin, de kapok, de karité dans la construction en terre. L’essence de térébenthine (solvant) initie la siccativation des huiles végétales. Un enduit en terre peut être huilé en surface. Attention, l’essence de térébenthine est toxique. 1.3.7. L’oeuf L’oeuf, un liant et un additif d’origine animale, rend l’enduit plus dur et plus résistant à l’eau. 1.3.8. Les tanins Les tanins sont des colorants et réactifs d’origine végétale. Les tanins agissent comme des dispersants et améliorent l’enrobage des grains par les argiles. Ils réduisent la perméabilité. Les tanins d’écorce de néré, de chêne, de châtaigner, d’acacia scorpioïde (gonahier) sont les plus connus dans la construction en terre en Afrique noire et sur le pourtour méditerrranéen. Du riz gluant pour colmater les brèches [2005-02-28 10:46] PEKIN (Reuters) On trouve du riz dans le bol de nombreux Chinois, mais aussi dans les failles lézardant les murs de vieilles bâtisses, voire dans celles de la Grande muraille, rapporte lundi l'agence Chine nouvelle. "La légende voulant que les artisans chinois d'autrefois utilisaient du porridge de riz gluant comme mortier pour construire des remparts a été vérifiée", selon un rapport que cite l'agence. Des archéologues analysant un vieux mur autour de la ville de Xi'an, ancienne capitale qui abrite de fameuses statues de guerriers en terre cuite, ont été surpris par les ingrédients d'un mortier très résistant utilisé pour lier les briques. Cette pâte durcie a présenté les mêmes types de réactions que celles du riz gluant lors de tests chimiques, a expliqué Qin Jianming, chercheur du Centre de préservation et de restauration des vestiges culturels de Xi'an. "Nous pouvons donc conclure que du riz gluant a été utilisé dans le mortier", a-t-il dit. Le mur en question, de 12 mètres de haut, a été bâti au début de la dynastie Ming (1368-1644) et reste bien conservé.” Le riz, aliment de base de la plupart des Chinois, a peut-être aussi été utilisé dans la construction de la Grande muraille, il y a plus de 2.000 ans, rapporte Chine nouvelle. rapporté par Lourdès Malvido dans les échanges Internet du Réseau Ecobâtir 46 2. RECETTES ET DOSAGES En guise d’introduction, quelques phrases de Jean-Claude Pelletier, peintre–déco, auteur de “Ocres et terres, secrets d’atelier” : “(...) il ne faut pas se leurrer, ils [les peintres] ne se seraient jamais amusés à faire chauffer des colles, casser des centaines d’oeufs, s’ils avaient eu à leur disposition les liants modernes [surtout les résines acryliques]. (...) Mais toutes les expérimentations sont possibles, car rien n’est irréversible et l’on peut facilement reprendre. (...) A vous de jouer et prenez plaisir à éprouver toutes les techniques qui vous attirent. Il n’est rien de plus plaisant que de manipuler ces produits venus de la nuit des temps.” Voici donc les valeurs indicatives, souvent empiriques que nous avons trouvé dans des recettes à la fois de peintres et de constructeurs en bottes de paille, dans le Traité de construction en terre, et dans la littérature allemande. Les stabilisants sont présentés par ordre alphabétique avec une annotation M ou F, où : M = usage dans la masse, F = usage comme fixatif en surface. Cette liste ne concerne que des recettes susceptibles d’être utilisées par des artisans en Europe et ne reprend donc pas de recettes traditionnelles africaines ou japonaises. Bouse ou crottin (M) 10 % du mortier. Caséine (M, F) Quelques recettes parmi d’autres dans le tableau 3 ci-après. La caséine en poudre doit être conservée à l’abri de l’humidité. Une fois préparée, la caséine en solution ne se maintient qu’avec des conservateurs. En fixatif, elle est diluée et vaporisée ou appliquée au pinceau (plus de régularité avec vaporisateur à air comprimé). Chaux (M) La chaux n’est efficace que pour des dosages importants, souvent supérieurs à 15 %. 2 à 3 % de chaux ajoutée provoquent immédiatement une diminution de la plasticité de la terre et un brisage des mottes ; cette réaction est appelée point de fixation de la chaux. Pour des stabilisations ordinaires en contruction en terre, on pratique en général des dosages de 6 à 12 %, équivalents à ceux pratiqués avec le ciment, mais on notera que pour la chaux, il existe une quantité optimale pour chaque terre. Cellulose (M, F) Pour une imprégnation, diluer de la colle cellulosique dans 5 à 7 fois plus d’eau qu’indiqué. Vaporiser ou appliquer au pinseau. Autre possibilité : remplacer 10 % (maxi 20 %) de l'eau de gachage par un fixatif cellulosique (par exemple Tierrafino®) du commerce. Pour une utilisation dans la masse, il n’y a a priori pas de dosages publiés en Europe La cellulose est très utilisée au Japon, surtout sous forme de fibres qui donnent des effets de texture aux enduits de finition. Ciment (M) Les dosages peuvent varier de 2 à 15 % de ciment, selon ce que l’on souhaite obtenir, soit une légère amélioration, soit une véritable stabilisation. 6 à 12 % donnent de bons résultats. Certaines terres n’exigent que 3 %, d’autres, au même dosage, se comportent moins bien que sans ciment. Cire (F) Appliquée pure ou en émulsion, éventuellément en 2 couches (la 1ère en émulsion, la 2ème pure). 47 à partir de caséine en poudre à l’ammoniac à la chaux aérienne au borax 175 g d’eau avec quelques gouttes d’agent mouillant ; ajouter 50 g de caséine et bien mélanger (mixer) ; laisser reposer 1 heure dans un autre récipient, dissoudre 15 g d’ammoniac dans 100 g d’eau verser doucement cette dernière préparation tout en remuant dans le bocal caséine et eau ; ajouter 100 g d’eau, bien mélanger, laisser reposer 1 heure, tamiser ; ce mélange est diluable dans un autre récipient dissoudre 30 g de chaux aérienne avec 100 g d’eau ; verser doucement le mélange eau et chaux dans le mélange eau et caséine en tournant assez vite ; laisser reposer 30 minutes ; ajouter 150 g d’eau, bien mélanger, laisser reposer le temps que la chaux décante ; récupérer la caséine en laissant la chaux au fond du récipient ; mélange prêt à être dilué dosage maximum 10% par rapport au poids de la chaux dans un badigeon (environ 100 g de caséine en poudre pour faire 10 m2 de badigeon) 125 cm3 d’eau froide ajouter 40 à 50 g de caséine en poudre ; laisser gonfler une nuit couvert et au chaud ajouter 10 gouttes d’ammoniaque ; remuer jusqu’à ce que le mélange fasse filasse ; allonger à l’eau à partir de fromage blanc maigre 1 cuillère à soupe d’ammoniaque dans 500 g de fromage blanc à 0% de matière grasse 1 volume de chaux aérienne en pâte pour 4 à 5 volumes de fromage blanc bien remuer, laisser gonfler, remuer, pour une imprégnation diluer avec de l’eau de 1:6à1:8 dans un autre récipient dissoudre 16 g de borax dans 125 g d’eau ; mélanger tout de suite à la caséine gonflée ; laisser reposer (1/2 à 2 heures) tableau 3 : Recettes pour préparer de la colle à la caséine 48 Colle à farine (M, F) Recette des constructeurs en bottes de paille : - mélanger 1 volume farine blanche + 1 volume d'eau tiède - faire bouillir 2 volumes d’eau - ajouter le mélange eau et farine à l’eau bouillante - chauffer à feu doux pendant 10 minutes en remuant - le mélange épaissit et devient translucide - retirer du feu, tamiser et ajouter 6 volumes d'eau Soit utiliser comme eau de gâchage, à raison de 3 à 5 % du volume de mortier, si besoin ajouter encore de l'eau. Attention : nuances de couleur selon la dilution et un trop fort dosage de colle dans le mortier peut donner des auréoles sur l’enduit. Soit utiliser pour faire une peinture : - 1 volume de colle à farine + 2 volumes d’eau - ajouter du pigment préalablement trempé dans l’eau - ajouter de l’argile en poudre jusqu’à obtention d’une crème épaisse - appliquer à la brosse ou au pinseau. Usage traditionnel : farine de riz au Japon. Huile de lin (M, F) Une cuillère à soupe d’huile de lin dans 5 litres d’enduit de finition (on peut aller jusqu’à 0,5 à 1 % par volume). Attention, d’abord gacher à l’eau, sinon l’huile enrobe les grains et empêche l’eau de les lier. En imprégnatrion, appliquée au chiffon ou au pinceau, diluée de préférence. Le changement de couleur est important et appliqué sur de grandes surfaces, l’effet est irrégulier. Oeuf (M) Un oeuf (ou que le blanc) pour 5 litres d’enduit. Plâtre (M) Seul il donne de bons résultats pour des taux inférieurs à 15 %. Savons (M, F) L’emploi de 0,1 à 0,2 % du volume n’a pas d’effet sur la résistance mais diminue la sensibilité à l’eau jusqu’à 25 %. En imprégnation, comme sur des terres cuites ou la chaux polie. Eau savoneuse : 750 g de savon noir dans 5 litres d’eau, faire fondre le savon dans l’eau sur le feu. Silicate de sodium (M, F) Utilisé généralement à 5 % du volume. En imprégantion, dilué à l’eau de 1 : 3 à 1 : 5. Vaporiser ou appliquer au pinceau. Tanins (M) Les dosages en varient de quelques pour cent de l’eau de gâchage, pour les produits les plus actifs, jusqu’au remplacement de l’eau de gâchage. 49 50 Chapitre 4 CREATION ET TECHNIQUES DECORATIVES Les initiateurs allemands du projet Leonardo avaient intégré dès le départ un objectif design dans leur conception de la formation sur les enduits en terre. Il voulaient aller plus loin que la simple transmission des techniques d’application de base. Ceci n’était pas motivé par un penchant pour la créativité, mais par l’expérience terre à terre des artisan(e)s qu’il faut être capable d’appréhender une pièce dans son ensemble et savoir juger les conséquences des choix et la répartition des couleurs ou des ornementations sur la perception de la pièce. Il ne suffit pas de savoir se débrouiller au pied du mur. L’intuition a amené le groupe de travail à ne pas se borner à l’enseignement européen sur l’architecture intérieure et la décoration, mais à se tourner vers les autres cultures, notamment celles qui ont une longue tradition des surfaces en terre décorées, où certains pays africains figurent en haut de la liste. Or, la première vision de comment enseigner autre chose que des surfaces enduites bien planes et bien finies, a été un peu simpliste, dissociant trop les différentes familles de décorations et se limitant trop à la transmission de procédés techniques : il fallait enseigner la couleur, le relief et le sgraffitto. Grâce à plusieurs rencontres et réunions de travail, grâce beaucoup à la venue en France des partenaires allemands pendant les travaux pratiques aux Grands Ateliers à Villefontaine en juin 2004, un dialogue s’est noué, un cheminement intellectuel s’est mis en place, nourrissant la recherche d’un concept pédagogique pour le module 2 dans les deux camps. Finalement, le résultat marie la vision pragmatique des partenaires allemands et la vision créative des partenaires français, qui pensaient au départ qu’il fallait simplement que chaque participant fasse sa propre expérience et expérimentation avec le matériau. Dans les pages qui suivent, nous voulons montrer comment nous avons mis en application ce compromis, qui a consisté à mettre noir sur blanc, dans des cases prédéfinies (c’est-à-dire de transcrire sur des fiches info et un plan de leçon) ce qui, depuis quatre ans se transmet “par émulsion” entre les artistes et leurs stagiaires aux Grands Ateliers. Entre autres, le travail attribué aux partenaires français concernait une session d’exploration du matériau qui se déroule sur plusieurs jours. Le premier jour sert à introduire certains principes par des exercices, ensuite chaque participant doit décider sous quelle forme il veut explorer le matériau et réaliser une oeuvre à laquelle il peut consacrer un certain temps tous les jours. Mentionnons que les exercices et “fiches info” sont accompagnées de photos et que cette session est précédée d’un diaporama de quarante-cinq minutes intitulé : « Voyage dans le temps et les techniques des surfaces en terre décorées ». Ces images, en provenance de plusieurs continents, montre la diversité des techniques, l’infinie possibilité des créations avec la terre et la beauté des intérieurs décorés : de quoi ouvrir l’horizon, stimuler et encourager les artisans-stagiaires. 1. LE CONCEPT ET LE DEROULEMENT DE LA SESSION “EXPLORATION DU MATERIAU TERRE” (EXTRAITS DU PLAN DE SESSION) Objectifs pédagogiques • Découvrir les possibilités esthétiques du matériau terre. • Développer un questionnement pour une recherche personnelle. • Cheminer en fonction de l’évolution des propriétés du matériau. • Réaliser sa propre surface décorée. 51 Méthode pédagogique • Travaux pratiques individuels répartis sur quatre jours. • La première séance est accompagnée d’exercices de découvertes (deux au minimum). • Présentation des cheminements, échange des observations et des résultats lors du dernier jour. Théorie à transmettre • La texture de surface est liée à la granulométrie. • La structure de surface est liée aux outils d’application et de grattage. • La plasticité favorise le modelage, le découpage, l’incrustation, les empreintes. • La modification du squelette et de la teneur en eau facilite le contrôle des fissures. • Les couleurs des terres se mélangent ou se respectent. • Les étapes de travail s’enchaînent en fonction des propriétés du matériau selon sa teneur en eau (cohésion, plasticité, résistance). Préparation de la session • Préparer l’atelier de sorte à favoriser l’imaginaire et la confiance en soi. • Organiser l’atelier afin que chaque participant puisse effectuer deux exercices de découverte puis réaliser sa surface décorée (minimum 1 m2). • Préparer des supports éventuellement déjà enduits (première couche pour tableaux à fissures, deux couches pour sgraffitto...). • Mise en place des outils et matériaux. Exemples d’exercices de découverte 1- Retrait et fissuration (1 fiche exercice, 2 fiches info) Essayer de déterminer à l’avance les dessins de fissuration d’un tableau d’enduit multicouche, en sachant que la fissure est sensible à la fois à l’épaisseur du mortier, sa teneur en eau, sa granulométrie et à la présence d’impact en surface. Noter les étapes. Laisser sécher. 2- Dilution et transparence (1 fiche exercice) A partir d’une terre tamisée à 0,4 mm et diluée dans l’eau, réaliser des traces sur des supports transparents ou blancs. Modifier les modes d’application, annoter chaque échantillon, laisser sécher. 3- Autres possibilités : Modelage de reliefs (tester différents mortiers et armatures) ; sgraffitto (tester différents outils sur des échantillons secs préparés avec différents types de mortiers ; empreintes et incrustations (essayer un grand nombre de procédés). Remarques • Est tenu pour acquis (module 1) le procédé pour augmenter ou diminuer la fissuration par modification de la granulométrie d’un mortier ou d’une barbotine. • Après les exercices de découverte, chaque participant est libre de réaliser sa propre création. Il est important que le moniteur sache conseiller, guider sans imposer. En fin de première journée, il est recommandé que les participants sachent sur quelle œuvre ils vont pouvoir s’exprimer et aient préparé un support avec une première couche en fonction. Matériel : Tables, un grand support par participant (1 m2 minimum) et plusieurs petits (30 X 40 cm). Différents supports transparents et blancs, clous, toile de jute, natte de roseaux, grillage, ficelle, fil de fer, bande adhésive. Matériaux : Différents types de terre en quantité suffisante, en fonction du nombre de participants, deux sables de couleur différente, graviers, galets, poudre de marbre, argile, pigments, billes, éclats de vaisselle ou de carrelage, perles, baguettes flexibles, huile, encre, alcool. Outils : Gamates, tamis de maçon, tamis de laboratoire, seaux, truelles, couteaux, spatules, pinceaux, taloches, éponges, tenailles, sécateur, scie, mixer, petits récipients pour mesurer et mélanger, brosses, outils pour modeler et gratter, ciseaux, feutres indélébiles, étiquettes, cuillères 52 2. FAIRE FISSURER – INFORMATION SUR LE PRINCIPE (FICHE INFO 1) zone de fissuration maximale mortier de terre fine plus épais variante mortier fin plus épais mortier de terre fine plus liquide ou arrosé régulièrement mortier de terre fine plus argileuse objet créant des zones de tension cadre structure d’accroche couche épaisse de mortier grossier figure 4 : Structures d’enduit qui permettent de créer des zones de fissuration 53 3. ILLUSTRATION PAR UN EXEMPLE DE FISSURATION (FICHE INFO 2) Principe (voir le projet Tex-Terres sur www.craterre.archi.fr) Pour agir sur le phénomène de retrait, intervenir sur 3 paramètres : la granulométrie, la teneur en eau et l’épaisseur des couches. Travailler par couches successives avec des teneurs en eau différentes pour éviter le décollement et le retrait latéral. La première couche sert à donner un relief sur lequel on applique les autres couches. La couche de finition est appliquée uniformément de manière à avoir une surface totalement plane. A A’ Mode opératoire 1. Fabriquer un cadre en bois ayant un fond rugueux (toile de jute ou tiges de roseaux) de 25 par 50 cm. 2. A partir d’une terre argilo-graveleuse, sélectionner au tamis trois types de grains : ∅ ≤ 0,4 mm ∅ ≤ 2 mm 2 mm ≤ ∅ ≤ 5 mm 3. Remplir le cadre avec des couches successives de granulométrie décroissante et d’humidité croissante : 1ère couche humide de gros graviers (2 mm ≤ ∅ ≤ 5 mm) 2ème couche un peu plus humide de grains de ∅ ≤ 2 mm 3ème couche de terre plastique aux grains très fins de ∅ ≤ 0,4 mm) 4ème couche presque visqueuse de grains de ∅ ≤ 0,4 mm avec une finition lissée à la spatule Coupe AA’ 2 3 4 1 A A’ Observation après séchage Le fait d’avoir donné un relief rond au fond a pour effet de donner une direction aux fissures. Les fissures au centre sont plus larges que celles sur le bord, ceci est dû à la plus grande quantité de matière et à la finesse des grains. Plus le taux d’humidité est élevé, plus les fissures vont apparaître. Plus le grain est fin, plus les fissures vont se propager. 54 4. ENONCE DE L’EXERCICE “RETRAIT ET FISSURATION” OBJECTIF Apprendre à maîtriser la fissuration. Intégrer la nature granulaire du matériau terre. Réaliser des finitions lissées et grattées. PRINCIPE Poser des enduits qui fissurent dans un cadre, à la façon d’un tableau. Utiliser différents mortiers de terre en couches successives. Varier l’épaisseur des mortiers, leur teneur en eau, leur granulométrie, le travail de leur surface. Attendre le séchage complet avant de caractériser la fissuration produite. SUPPORTS Le cadre métallique ou en bois contient un fond en bois sur lequel est fixé un support d’accroche choisi selon la résistance et la rigidité souhaitées : toile de jute collée, natte de roseaux agrafée, grille métallique vissée. CONSIGNES Réaliser trois essais au moins, de minimum 20 cm x 20 cm, en variant un paramètre à la fois entre chaque essai. Limiter le nombre et l’épaisseur des couches et favoriser le séchage (soleil, four, chauffage soufflant). Décrire sur papier chaque étape du processus opératoire. A la fin, juxtaposer les propositions réalisées par le groupe, regarder et interpréter. N.B. Normalement il faut respecter un temps de séchage entre chaque couche. Ceci n’est guère possible pendant l’exercice de découverte, mais conseillé pour le travail de création personnelle. MODE OPÉRATOIRE N’utiliser qu’une seule terre. Déterminer le nombre et le type de couches. Tamiser et/ou recombiner avec des sables et graviers. Choisir une famille d’essais : • Créer du relief dans la 1ère couche, pour varier l’épaisseur des couches suivantes, et remplir de mortiers plus ou moins fissurants ; • En dernière couche poser un mortier qui fissure et travailler sa surface de plusieurs façons : inciser, imprimer ou creuser plus ou moins profondément, lisser ; • En dernière couche poser un mortier qui fissure et incruster un ou plusieurs objets, à plusieurs profondeurs, affleurant ou non. APPROFONDISSEMENT La gamme des interventions au fur et à mesure du remplissage du cadre et du séchage des couches est infinie. Seule la recherche personnelle et la bonne connnaissance du matériau terre permettent de définir les étapes successives. Avec quelques outils classiques (lisseuse, règle, taloche, éponge, scalpel, pinceau), les actions possibles sont déjà larges. En fonction de la plasticité de la couche, on peut : triturer, comprimer, racler, gratter, frotter, serrer, creuser, reboucher... Une fois apparues et sèches, les fissures peuvent être nettoyées et récomblées avec une terre différente. Pour créer une surface finale polie, terminer avec une barbotine dosée pour ne pas fissurer et serrer l’enduit. Différents outils sont possibles : lisseuse métallique, truelle japonaise plastique, PVC, bouteille PET... Intervention après séchage : Pour rendre rugueux, gratter avec une lame de scalpel ou de cutter, ou avec une brosse métallique. Pour rendre plus brillant, huiler et cirer. Pour durcir, peindre à la caséine. Pour colorer, ajouter du pigment à la caséine, éventuellement faire un stucage. 55 5. ENONCE DE L’EXECRICE “DILUTION ET TRANSPARENCE” OBJECTIF Apprendre à voir la terre autrement. Se sensibiliser aux différences de teinte. PRINCIPE Utiliser la terre diluée et en couches minces. Produire des traces avec de la terre sur un support imposé. Expérimenter puis présenter ses trouvailles au groupe. SUPPORTS Les supports sont choisis pour leur transparence et/ou leur luminosité : plaques de verre 15x25 cm, sac plastique à fermeture « zip » ou pochette transparente A4, feuilles Rhodoïd, papier blanc de diverses qualités... CONSIGNES Réaliser 3 propositions au moins, sur trois supports différents. Noter et numéroter chaque étape du processus opératoire, pour chacune des traces produites. A la fin, juxtaposer les propositions réalisées par le groupe, regarder et apprécier la diversité. MODE OPÉRATOIRE N’utiliser qu’une seule terre, d’une même couleur. La tamiser à 0,4 mm minimum (0,08 mm pour l’utiliser entre deux plaques de verre). Préparer des badigeons en faisant différentes dilutions dans l’eau. Outils au choix des participants et selon les moyens de l’atelier : outils, tissus, mains, objets... Gestes : éviter d’étaler simplement au pinceau, imprimer, tracer, déposer, presser entre 2 supports. Si c’est entre deux plaques de verre ou de feuilles Rhodoïd : presser, glisser, laisser opérer sans presser ni glisser. OBSERVATION APRÈS SÉCHAGE Intensité des couleurs Modifications de la transparence Effets de la dilution Effets des gestes : vitesse, direction, rythme. CONCLUSION Les couleurs terreuses sont valorisées par la transparence et la dilution. APPROFONDISSEMENT Travailler la discontinuité et la juxtaposition de couleurs, plus valorisantes des teintes terreuses que le mélange. Consigne : ne changer qu’un paramètre à la fois. • Variante 1 : utiliser deux (maximum trois) terres de couleurs différentes (contrastées) et les utiliser en juxtaposition (pas de mélanges). • Variante 2 : entre deux supports transparents, utiliser un deuxième liquide en plus de l’eau, qui jouera soit un rôle de véhicule, soit de barrage (huile, glycérine, alcool, eau savonneuse...). • Variante 3 : utiliser des colorants autres que la terre (brou de noix, encre noire...), soit pour colorer une partie de la terre, soit pour colorer le deuxième liquide. 56 Chapitre 5 LE MARCHE FRANÇAIS Ce chapitre ne constitue nullement une étude de marché, ni une analyse de la filière terre en France. Il s’agit essentiellement de retranscrire quelques informations recueillies dans le cadre du projet Leonardo. La table des matières du projet prévoyait trois ensembles de documents touchant aux aspects économiques : 1. Dès le module 1 (connaissances de base), une liste de fournisseurs et de prix des matériaux en terre, pour que les artisans participant à la formation puissent avoir rapidement des repères économiques. 2. Dans le module 3 (marketing), un exemple régional et/ou national d’entreprise artisanale pouvant servir de modèle en termes de marketing et de réussite, pour encourager les artisans à accorder de l’importance au développement d’un logo, d’une charte graphique, d’une démarche commerciale réfléchie etc., ainsi que pour démontrer les chances de réussite d’une entreprise du bâtiment spécialisée dans la construction en terre. 3. Dans le module 3, une adaptation des leçons concernant la réglementation, la tarification, les contrats et les marchés, au contexte français. Ce travail, qui a pris un mois, a été fait par une collègue, Laeticia Fontaine. Il s’agit de données en grande partie non spécifiques à la construction en terre. Nous n’allons pas les présenter ici. Tout ceci ne constitue donc que des ébauches, le véritable état des lieux du marché en France restant à faire, de même qu’un travail sur les borderaux de coûts spécifiques au matériau terre. Ces sujets, notamment le dernier, ne peuvent être traités que par une équipe pluridisciplinaire, en collaboration étroite avec les organismes professionnels, ce qui dépasse actuellement les échéances du projet Leonardo et évidemment les objectifs de ce mémoire. Mentionnons que deux démarches sont en cours, basées en partie sur le bénévolat. La première est l’établissement de fiches au sein du Réseau Ecobâtir en France, visant à noter sur les chantiers les temps d’exécution des différents actes avec des techniques constructives alternatives dont les enduits en terre font partie. La deuxième est le projet « Analyse des caractéristiques des systèmes constructifs non industrialisés », coordonné par le CSTB, avec la participation du Réseau Ecobâtir, de la CAPEB, de la FFB, de Construire en chanvre, de l’ENTPE et de CRATerreEAG, débuté en 2004 dans le cadre du programme PUCA/ADEME « Qualité énergétique, environnementale et sanitaire : préparer le bâtiment à l’horizon 2010 ». Les objectifs de cette étude sont - De mettre en place des procédures adéquates, permettant de valider/déclarer les caractéristiques techniques, environnementales et sanitaires, pour des systèmes faisant appel à une grande par de savoir-faire ; - De mettre en place des procédures de mise en oeuvre permettant d’assurer la qualité des ouvrages faisant appel aux systèmes étudiés en habitat neuf, en restauration et en réhabilitation d’ouvrages anciens ; - De réhabiliter certaines techniques de construction. Les systèmes constructifs visés sont : - La construction en terre crue (enduits, torchis, pisé) ; - Les systèmes de pierres sèches et enduits traditionnels (murs de soutènement, mortiers ou enduits non structurels en terre, à la chaux, au plâtre) ; - La construction en chanvre (murs et cloisons non porteurs, chapes isolantes, enduits intérieurs). Ce projet ne vise pas directement les aspects économiques, mais aura un impact certain en matière de normalisation donc d’assurances et donc de marché. 57 1. LA PRODUCTION ET LA VENTE DE MATERIAUX EN TERRE EN FRANCE La première activité significative en matière de fabrication de matériaux prêts-à-l’emploi en terre en France a été celle liée aux actions de recherche et de développement des presses pour BTC, essentiellement destinées à des projets à l’étranger. Malgré cette filière techniquement au point, la fabrication de BTC n’a jamais pris d’envol et il n’est pas facile de s’en procurer dans n’importe quelle région de France. La deuxième activité de production n’est pas ortientée vers le développement mais vers la restauration et a un caractère très régional. Il s’agit de la fabrication de mélange pour torchis en Normandie, stimulée par la synergie de professionnels (artisans, architectes, CAUE, Parc naturel régional, Capeb) autour de la formation à la restauration des maisons à pan de bois. Les enduits en terre sont l’objet du troisième élan de production. L’entreprise iséroise AKTerre s’est solidement ancrée sur le marché des mortiers à enduire, à la fois à travers la collaboration avec des fabricants étrangers et à travers la mise au point de mortiers français. Grâce à un réseau de revendeurs dans toute la France et à la multiplication de ses sites de production, en collaboration avec des briqueteries et des carrières, des liens sont en train de se créer avec les deux autres types de productions, la brique et le torchis. Le tableau 4 récapitule les adresses des producteurs de matériaux en terre en France en 2005. D’après AKTerre, le marché français des enduits prêts à l’emploi progresse probablement de plus de 50% par an, plus vite que celui de l’entreprise elle-même, ce qui signifie que d’autres producteurs français et fournisseurs étrangers sont entrés en scène. Il semble que cette fois-ci le phénomène soit véritablement national et que ce que beaucoup de gens pensaient est en train de se réaliser : les enduits en terre jouent le rôle de catalyseur et sont une formidable opportunité pour développer la construction en terre toute entière. La distribution des briques et des mélanges à torchis se fait par vente directe chez les producteurs, celle des mortiers à enduire chez les producteurs et à travers les distributeurs de matériaux pour l’écoconstruction. Ces derniers sont en pleine expansion, il y a de plus en plus de nouveaux points de vente en France. On y trouve également des chaux naturelles et des ocres (produits généralement vendus directement par les fabricants mais aussi chez les revendeurs de matériaux conventionnels) de même que d’autres pigments, poudres de marbre, cires, caséine, etc. En ce qui concerne les prix, une comparaison avec les tarifs donnés dans le projet Leonardo pour la région de Berlin et avec les tarifs de gros donnés par les exportateurs allemands pour la revente en France, il y a des écarts considérables selon les produits. Nous ne disposons actuellement pas d’assez de données pour dresser un tableau général et donner des fourchettes de prix. Une enquête en France est envisageable, mais délicate car les tarifs ne sont guère transmis par téléphone. Pour le projet Leonardo, nous avons établi en collaboration avec AKTerre une liste d’exemples de prix des produits les plus importants pour que les enseignants et artisans puissent disposer d’une indication, mais il ne s’agit que d’une première approche (tableau 5). Après les tableaux des adresses des producteurs et des prix des matériaux, nous avons reproduit ci-dessous les informations recueillies lors d’un entretien réalisé le 28 juillet 2005 avec Andreas Krewet pour le projet Leonardo, au titre d’exemple d’une entreprise d’importance nationale pour la promotion des enduits en terre. Andreas Krewet Le Gît F- 38210 St-Quentin-sur-Isère tél. +33 (0)4 76 07 42 05 e-mail : [email protected] web : www.akterre.com 58 Producteurs français produits téléphone adresse @ www. AKTerre enduits terre peintures à l’argile fixatifs adobes, BTC terre à pisé roseaux, trames, etc truelles japonaises produits Claytec (D) et Tierrafino (NL) revendeurs France entière 04 76 07 42 05 38 210 Saint Quentinsur-Isère [email protected] akterre.com Brenner tradition sarl torchis 03 88 51 50 35 67 270 Alteckendorf [email protected] brenner.fr Briqueterie d’Allone adobes enduit terre torchis 03 44 02 06 82 60 000 Allone [email protected] e.com briqueterie-dallonne.fr BTC Ocres Lubéron BTC ocres 04 90 76 85 05 84 220 Chabrières -d’Avignon [email protected] - Chênelet insertion Pierre Gaudin BTC poudre d’argile 03 21 10 22 83 62 250 Landrethun -le-Nord [email protected] chenelet.org Fontès réfractaires S.A. briques crues extrudées enduit terre 05 62 71 32 32 31 250 Revel - ardiac.com/fontes .index.html Briqueterie Lagrive torchis 02 31 31 41 09 14 100 ClosLisieux - - Pierre Lanter Tuilerie Briqueterie adobes BTC 03 88 91 51 11 67 270 Hochfelden - briquelanter.com Marc Maudens enduit terre torchis 03 23 20 51 85 02 250 Marle - - Moulin à couleurs pigments 03 24 71 22 75 08 130 Ecordal [email protected] //pro.wanadoo.fr/ moulincouleurs OKHRA ocres outils livres 04 90 05 66 69 84 220 Roussillon en Provence [email protected] okhra.com Société des ocres de France ocres 04 90 74 63 82 84 440 Apt [email protected] ocres-defrance.com Solargil ocres poudre d’argile enduit terre 03 86 45 50 00 89 520 Moutiers en Puisaye [email protected] solargil.fr Gérard Vivès BTC 05 62 65 80 45 32 270 L’Isle Arné [email protected] - tableau 4 : Liste non exhaustive des producteurs de matériaux en terre en France 59 matériaux en vrac terre pour enduit, broyée séchée 125 €/ t terre à pisé préparée 38 €/ t mélange terre copeaux de bois 100 €/ m3 copeaux de bois propres 10 €/ m3 matériaux en big bag enduit monocouche 190 € / t paille hachée 150 € / m3 torchis humide 210 € / m3 matériaux en sac enduit monocouche 10 € / 25 kg enduit de base 14 € / 25 kg enduit de finition 17 € / 30 kg enduit de décoration 55 € / 25 kg poudre d’argile 60 € / 45 kg éléments à maçonner adobes 25x12x7,4 1200 kg/m3 (palette) adobes allégées 25x12x7,4 1200 kg/m 3 0,63 € / pièce 0,86 € / pièce (env 51 € / m2) BTC non stabilisées 22x11x6 0,80 € / pièce BTC stabilisées 29,5x14x8,5 1,5 € / pièce briques cuites 0,60 à 1 € / pièce autres matériaux panneau en terre (2x62,5x150) 23 € / m2 toile de jute (1x50 m) 1,5 € / m2 toile de verre (1x100 m) 1,5 € / m2 natte de roseaux (2x10 m) 2 € / m2 panneau de roseau épaisseur 5 cm (1x2 m) € / m2 sous-couche d’accroche (seau) 60 € / 10 l peinture à l’argile (seau) 70 € / 10 l chaux aérienne en pâte (seau) 14 € / 15 l exécution enduit de base posé, sur support régulier 15-20 € / m2 enduit monocouche posé 25 € / m2 enduit de décoration posé 35 € / m2 tableau 5 : Exemples de prix HT, pour la France, 2005 60 AKTerre Production et négoce de matériaux en terre Données générales concernant l’entreprise Création de l’entreprise en 1998 Statut : s.a.r.l. Activités : enduits et matériaux en terre (pose, production et vente), conseil, formation Région : Isère (Rhône-Alpes), France pour la commercialisation et la formation Nombre d’actifs en 2005 : Andreas Krewet et un associé, quatre employés à temps plein Historique Motivation : Fascination pour le matériau terre. Découverte du bâti en terre lors de son enfance, puis différents voyages en Afrique (Zaïre, Ethiopie, Sahel). Assiste aux réunions préliminaires à la création du Dachverband Lehm à la fin des années 80. Etudes : Ingénieur génie civil du bâtiment en Allemagne, stages chez Lehmbau Peter Breidenbach (aujourd’hui Claytec - rénovation de torchis, enduits en terre, construction en terre paille), diplôme de fin d’études sur la construction en terre au Sahel, 3ème cycle « Architecture de terre » au CRATerre à Grenoble. Pas de projet d’entreprise au départ. Constat d’une filière terre crue peu développée, peu connue en France. Entre différentes possibilités géographiques, le choix de s’installer en France a été motivé par la conviction qu’ici il y aurait le plus d’impact. Objectif : proposer des solutions pragmatiques et contemporaines pour construire en terre crue ; ne pas laisser ce matériau en marge de la société d’aujourd’hui. Stratégie : créer le marché pour ensuite fabriquer plus localement, donc commencer par importer des matériaux existants pour donner des réponses de qualité tout de suite et pour ne pas avoir un trop grand investissement au départ. Evolution : Arrêt des chantiers d’enduits en 2002 car d’autres personnes ont été formées, développement des chantiers pisé. Dès 2004, plus de 50% de la vente de matériaux provient de la prodution locale (en termes de poids), la tendance continue. Marché Dès le départ, à la fois chantiers et commercialisation. Au début, plusieurs types de chantiers : - gros oeuvre et maçonnerie sur d’anciens bâtiments en pisé ; - enduits intérieurs avec de la terre, soit locale, soit importée, dans du bâti ancien en terre et dans du neuf ; - mise en oeuvre de toutes les techniques de terre crue sauf la bauge ; - interventions dans des logements, mais aussi pour des restaurants, musées, magasins, aménagements paysager... - chantiers privés et publics. Chantiers essentiellement en Isère (38), plus loin pour des techniques spécifiques (coupoles ou pisé). Activité toute l’année, saisonnalité atténuée par l’activité de vente et dans une certaine mesure par les enduits de décoration fins. Au départ, le marché des enduits en terre était quasiment inexistant en France. Les enduits (pose et négoce) représentent 80% de l’activité actuellement. Au fil des années, le rapport pose/négoce s’est inversé : diminution puis arrêt des chantiers d’enduits, vu le nombre d’artisans formés à la pose et pour ne pas leur faire concurrence. L’activité enduits progresse de 25 à 40 % par an chez AKTerre (en 2004 : commercialisation de 400 big bags en 1 an, en 2005 : 400 big bags en 7 mois). Le marché total français évolue probablement encore plus vite. Gestion de la terre • Enduits Les premiers chantiers ont employé des mortiers prêts à l’emploi importés. Dès 1999/2000, les chantiers de l’entreprise se font avec de la terre locale, mais la vente continue avec des terres importées pour garantir la qualité aux artisans. La mise au point de produits prêts-à-l’emploi se concentre sur les enduits de base et monocouche. Les premiers développements ne sont pas concluants, la terre retenue étant trop hétérogène donc difficile à maîtriser pour une commercialisation en grande quantité. Le deuxième essai est plus concluant et le « rouge du Royans », commercialisé depuis 2002, est désormais le produit phare de l’entreprise. La terre est broyée par l’exploitant de la carrière, puis les mélanges avec sable et paille ainsi que le conditionnement (bigbags et sacs) sont effectués par AKTerre. • Pisé Les premiers contacts avec une carrière en Isère pour s’approvisionner en terre à pisé datent d’avant la création de l’entreprise. Là aussi, le démarrage est lent, les premiers chantiers se font avec de la terre tamisée sur chantier. Depuis le chantier des murs en pisé de Lyon-Gerland (environ 600 m² = 600 t), tamisage en carrière. Actuellement, l’entreprise utilise et peut fournir de la terre tamisée à 40 mm. • Terre - copeaux bois Depuis peu, production d’un mélange terre copeaux bois avec un approvisionnement local des copeaux et de l’argile. 61 • Equipements Pour les chantiers : malaxeur de peintre, bétonnière, agrafeuse pneumatique, compresseur, engin de chantier avec godet malaxeur, plusieurs fouloirs pneumatiques. Quelques chantiers avec machine à projeter, surtout en collaboration avec un façadier pour enduits extérieurs, mais sinon pas de location suffisamment proche. Site de production et de stockage avec 2000 m² couverts. Traitement et conditionnement : deux broyeurs, tamisage, mélange, ensacheuse, mise en bigbag. • Stabilisation Uniquement pour certains enduits de décoration, avec dérivé cellulosique commercialisé par Tierrafino. Employés 1 secrétaire niveau BTS 1 technicien pour la gestion de la production et du stock 1 commercial rayonnant chez les revendeurs, les architectes etc. 1 commercial sédentaire niveau BTS pour la gestion des commandes 1 associé ingénieur (Daniel Turquin), 20 ans d’expérience en production de machines pour la construction en terre, notamment BTC. Sur les chantiers, emploi de stagiaires de l’école d’architecture de Grenoble sous contrat étudiant. Quelques-uns d’entre eux, présents depuis les débuts de l’entreprise, viennent de créer leur propre entreprise artisanale (scop CARACOL). Formation Mise en place dès le départ, pour garantir la qualité de la mise en oeuvre des matériaux en terre dans un contexte peu favorable (grande ignorance dans le monde du bâtiment). Cible : les artisans. Public réel : 50 % d’artisans, 40 % de particuliers et 10 % d’architectes, institutions, etc. Thèmes : • les matériaux en terre prêts à l’emploi, en pratique surtout les enduits ; 161 personnes formées de juillet 2004 à juillet 2005 ; • le pisé, 1 stage de 12 personnes en 2004 ; • le tadelakt marocain (enduit à la chaux), 117 personnes formées de juillet 2004 à juillet 2005. La fréquentation est assez régulière au fil des années, le potentiel correspond aux nouveaux qui découvrent le sujet tous les ans. En Isère, ce potentiel commence maintenant à diminuer. Dès 2000, des formations ont été proposées en dehors du département. Matériel pédagogique : diapositives, fiches techniques des produits, supports muraux pour la pratique. Statistiques Entre juillet 2004 et juillet 2005, vente de 800 tonnes de terre d’Isère, dont 500 tonnes d’enduit. Chiffre d’affaires 2004 : 500 000 € Clients 50 % de particuliers, 50 % d’artisans. Ont pris connaissance de l’entreprise par des articles, des salons, le site internet, CRATerreEAG, Terre Vivante, le bouche à oreille. Il y a plus de ventes dans les régions où il y a beaucoup de patrimoine en terre (Bretagne, Rhône-Alpes, Sud-Ouest), cependant ces régions sont aussi celles où il y a le plus d’écoconstruction. Promotion Logo dès le départ. Plaquette présentant les prestations de l’entreprise depuis 3 ans, au début plaquette de Claytec avec les coordonnées de l’entreprise. Locaux visitables, échantillons consultables en permanence au bureau. Panneaux d’exposition pour les foires. 8 à 10 salons par an, dont 2 nationaux et Batimat. Site internet. Articles et publicité dans la presse spécialisée dans l’habitat et l’écoconstruction. Les coordonnées de l’entreprise sont communiquées par CRATerre, Terre Vivante et certains architectes. Les stages sont une forme de promotion. Réseau de distributeurs dans toute la France. Partenariat Différentes formes de collaboration sur chantier (sous-traitance dans les deux sens). Contacts fréquents avec CRATerre, relations avec la CAPEB Grenoble, la Conservation du patrimoine de l’Isère, les CAUE, l’Ecocentre du Périgord. Difficultés Trésorerie. Réglementation : imprévisibilité et disparité de la réaction des bureaux d’étude et d’ingénierie par rapport aux normes. Conseil : beaucoup de demandes par téléphone prenant beaucoup de temps non rémunéré. Perspectives • En cours d’aboutissement : - embaucher une deuxième secrétaire à mi-temps - augmenter la gamme française et régionaliser les sites de production : un site de production dans le sud-ouest et un dans le nord de la France pour des enduits monocouche, en collaboration avec des structures existantes et avec une incitation financière à la vente pour minimiser le transport. • En projet à moyen terme : développer le pisé préfabriqué, arrêter les chantiers, fabrication de briques (adobes et/ou BTC). • A long terme : Ne pas dépasser les 10 personnes dans l’équipe. entretien réalisé le 28 juillet 2005 62 2. LA POSE D’ENDUITS EN TERRE EN FRANCE La pratique des enduits en terre intérieurs dans un esprit de décoration est très récente en Europe. Sur d’anciens bâtiments en terre, que ce soit en bauge, en torchis ou en adobe, on trouve des enduits en terre extérieurs et intérieurs, faisant office de couche de dressage plus que de couche de finition. Lorsqu’il s’agissait d’embellir ces surfaces, les gens avaient traditionnellement recours à des badigeons de chaux. Sur le pisé, offrant une surface suffisamment plane et lisse sans traitement, les enduits extérieurs traditionnels – lorsqu’il y an avait – étaient plutôt des “jetis“, c’està-dire de fines couches de mortier de chaux projetées au balai, tandis que les murs intérieurs étaient également traités à la chaux sous forme de peinture ou d’enduit. C’est l’apparition des enduits de finition fins de terre colorés qui a amené les enduits en terre sur le devant de la scène dans les projets de rénovation et de construction écologique en Allemagne, l’architecture de terre y étant beaucoup plus ancrée dans le domaine de l’écoconstruction qu’en France. Les possibilités esthétiques de ces enduits les ont en tout cas fait passer hors du domaine de la construction en terre proprement dite. Les techniques d’application ont intégré un grand nombre de matériaux différents, autres que les murs en terre, comme supports possibles pour les enduits en terre. Cette évolution est récente, la maigre documentation spécialisée écrite, même allemande, sur ce sujet en témoigne. Les écrits publiés restent pour la majorité centrés sur les supports traditionnels en terre (Leszner & Stein 1987, Minke 1994, Schillberg & Knieriemen 1993, Speidel 1986, Volhard 1995, zur Nieden 1986). Les pionniers en Allemagne en ce qui concerne la publication technique la plus poussée sont les collaborateurs de l’entreprise Claytec, qui a été leader pour le développement des produits prêts à l’emploi et la commercialisation des articles accessoires tels les toiles de jute ou les nattes de roseaux. La documentation technique de Claytec fait office de référence pour le traitement de beaucoup de détails techniques et pour les structures d’enduit adaptées à beaucoup de types de support. Les enduits en terre se diffusant ces dernières années en France beaucoup à partir de l’entreprise AKTerre, importatrice des produits Claytec et sur l’initiative de son fondateur, Andreas Krewet originaire d’Allemagne et ayant fait des stages chez Claytec, le matériau a en quelque sorte été introduit en même temps que le savoir-faire et que la documentation technique. Ceci a l’avantage que les artisans français peuvent maintenant faire l’économie de près de 20 ans de tâtonnements et d’expérimentations, les allemands ayant fait les frais de leurs erreurs concernant le traitement des détails techniques et la préparation des supports. Le deuxième pôle de la production et de la commercialisation d’enduits en terre fins et colorés est au Pays Bas. CRATerre a reçu Carl Giskes et AKTerre collabore avec son entreprise Leembouw pour importer son célèbre Tierrafino. Mais d’autres „Hollandais“ sont actifs en France dans le domaine des enduits en terre et de leur promotion. Un des plus connus est Tom Rijven, globetrotter, écoconstructeur et formateur. André de Bouter est le fondateur de l’association La maison en paille. Ces deux promoteurs et expérimentateurs des fibres végétales et de la terre transmettent leur passion et leur expérience dans l’ouest de la France. Dans le classeur d’André de Bouter sur la construction en bottes de paille, un chapitre est consacré aux enduits en terre, puisant dans le fonds commun anglo-saxon des constructeurs en paille. Tous ceux dont nous venons de parler sont connus car actifs dans le domaine de la formation. Les autres, « simples » applicateurs des enduits en terre, passionnés de longue date ou nouveaux « convertis », utilisant la terre exclusivement ou ponctuellement, sont évidemment difficiles à recenser. Je n’ai pas terminé une série d’entretiens qui auraient permis de mieux cerner l’activité d’enduits en terre en France. Cependant, il me semble que le développement de la filière terre soit actuellement le résultat d’une somme d’intitiatives personnelles de gens qui ont des parcours et des motivations très différents. Mais des synergies sont en train d’émerger, que la mise en oeuvre concertée des formations Leonardo pourrait grandement accélérer. 63 Un exemple de fiche d’enquête complétée est reprise dans l’annexe 3. Nous allons clore ce chapitre avec le portrait de l’entreprise Globetroterre, créée par Laurent Coquemont. Ce résultat d’un entretien réalisé le 17 mai 2005, est utilisé dans le projet Leonardo en guise d’exemple d’une création d’entreprise artisanale réussie. Laurent Coquemont Le Haut Chemin F- 35520 Melesse tél. +33 (0)2 99 13 28 63 e-mail : [email protected] 64 GLOBETROTERRE Constructeur en terre Données générales concernant l’entreprise Création de l’entreprise en avril 2002 Statut : artisan en nom propre Branche : maçonnerie Domaine d’action : construction en terre crue Région : Rennes (Bretagne) Nombre d’employés en 2004 : 4 temps pleins en plus du patron Historique Etudes artistiques, carrière dans les métiers d’art (joaillerie, vitrail, souffleur de verre, scénographie, décors théâtraux, décoration intérieure de locaux commerciaux, sculpture et peinture en terre). Découverte du bâti en terre lors de voyages. Dès 1992, en tant qu’autodidacte, chantiers de restauration de constructions en terre au Portugal et en Espagne. En 2000-2001, projet de création d’entreprise en Andalousie, formation architecture de terre et enduits de terre et BTS maître d’oeuvre en France. En 2000, contrat avec l’Ecomusée du pays de Rennes d’abord pour un projet artistique en terre crue puis interventions lors de stages et de tables rondes pour la promotion de la construction en terre. Remplissage d’un carnet de commande suite aux nombreux contacts autour de Rennes d’où décision d’établir l’entreprise en France. Equipement de départ : pelle, motobineuse et tamis pour la terre, broyeur de jardin pour la paille. Doublement du chiffre d’affaires tous les ans depuis 2002. Marché Trois types de chantiers - gros oeuvre et maçonnerie sur d’anciens bâtiments en bauge ; - enduits et décoration intérieure, à 90 % avec de la terre, dans du bâti ancien en terre et dans du neuf ; - ravalement de façades de constructions en bauge. 90 % des chantiers sont privés. En 2005, premier grand chantier public, pour une mairie, 700 m2 d’enduits extérieurs en terre sur 3 bâtiments. Rayon géographique : 50 km autour de Rennes, quelques interventions en Normandie et en Andalousie, pas de gros oeuvre sur des chantiers éloignés. Activité toute l’année, enduits extérieurs en terre d’avril à septembre. Gestion de la terre • Consommation en terre et en sable 50 à 60 m3 par an • Provenance Le sable provient de carrières des alentours de l’entreprise La terre provient de chantiers de travaux publics. • Acheminement Globetroterre s’arrange avec les camionneurs et les chefs de chantier. L’atelier a l’avantage d’être situé à côté d’une ancienne carrière de pierre qui est en train d’être comblée de terre. Sur la demande de Globetroterre, les entreprises de TP amènent les camions de terre à l’atelier. Il y a stockage de terres de 5 à 6 couleurs différentes. • Stockage Globetroterre est locataire d’un entrepôt permettant un stockage maximal de 150 m3, avec une surface abritée de 300 m2. • Traitement et conditionnement Un tracteur forestier Rotavator 75 chevaux concasse la terre (10 m3/ h) puis la pousse dans l’aire abritée où elle est séchée avant d’être tamisée à la main (tamis de 2 m x 2,5 m). Un broyeur permet de produire de la farine s’il y en a besoin. La terre est mise en sacs de 30 à 40 kg avant acheminement sur chantier. Ajout du sable au moment de la confection du mortier. Préfabrication d’adobes, pour la réparation des murs en bauge. Projet d’investissement sur des machines spécifiques pour tamiser et broyer. • Stabilisation Selon les cas mais pas systématiquement, 5% de chaux légèrement hydraulique dans les enduits extérieurs. Dans les enduits intérieurs, uniquement pour la recherche d’effets (huile, bitume, gomme d’Arabie, latex). Employés 1 Bac F4 génie civil ; CAP dessinateur en bâtiment ; DEFA architecture 1 Bac A1 ; Bac D ; BTS Audiovisuel 1 Bac F12 1 Bac C ; BEATEP (Brevet d’Etat d’Animateur Technicien d’Education Populaire et de la Jeunesse) La formation des employés demande beaucoup de temps. Les employés doivent pouvoir intervenir à toutes les étapes, de la préparation de la terre à l’application des enduits en passant par la réparation de gros oeuvre. Même les titulaires d’un CAP de maçonnerie manquent beaucoup de pratique. Maîtriser la gestuelle demande beaucoup de temps et de mètres carrés de pose. Il est nécessaire de s’entraîner avec des terres différentes. Pour l’instant, il n’y a pas de possibilité de validation certifiée des acquis des employés artisans. 65 Statistiques 29 chantiers en 2004 Consommation en terre et en sable environ 50 à 60 m3 par an Chiffre d’affaires des trois dernières années : 2002 (6 mois) : 45 000 € 2003 : 97 000 € 2004 : 146 000 € Clients Ce sont en général des propriétaires (ou futurs) de maisons en terre. La plupart sont sensibilisé au patrimoine bâti. Ils rentrent pour beaucoup dans une catégorie plutôt aisée, mais aussi des gens à petits moyens, qui font facilement une partie des travaux eux-mêmes en tant qu’autoconstructeurs. Quand on leur explique, à tous, que le bâti de terre se répare puis s’entretient (cette notion est fondamentale), les gens comprennent bien que ce n’est pas cher, et que c’est la démarche la plus logique dans le cas de ce patrimoine précis. Promotion Logo, carte de visite et plaquette présentant les prestations de l’entreprise, selon la même charte graphique. La distribution des cartes et plaquettes se fait par contact direct des salariés et du patron avec des clients potentiels, au quotidien, ou bien sur les salons, forums et foires. Panneaux d’exposition et échantillons consultables en permanence à l’atelier. Publicité par d’intermédiaire d’Internet, la presse quotidienne régionale, la presse spécialisée nationale. Stratégie principale : au premier contact, donner le plus d’information possible aux gens, afin qu’ils soient en mesure de comprendre et de juger par eux-même. Cela demande beaucoup de temps qui n’est pas rémunéré en soi, mais c’est la passion qui parle... Les gens sont contents et la confiance s’installe. Les demandes de formation et de chantiers suivent. Les trois occasions où se créent ces contacts sont : - Deux fois par an, lors de foires éco/biologiques régionales. Suite aux démonstrations, les gens posent des questions et les explications qui suivent peuvent durer une demi-journée et accaparer jusqu’à 80 personnes. - Une intervention de ravalement entraîne presque toujours une demande d’autres travaux en intérieur, suite au même processus de dialogue et d’explications données. - A chaque fois que des gens viennent à l’atelier chercher des renseignements, ils reçoivent un « cours express ». Ils comprennent très bien et sont reconnaissants d’être en réel dialogue et, suite aux explications, en position de plus d’autonomie dans leur prise de décision. Partenariat Excellentes relations avec l’Ecomusée de Rennes et avec la communauté d’agglomération Rennes métropole. Contacts avec - la DRAC qui demande des stages , et qui soutient un projet de construction en préfabriqué; - la CAPEB Bretagne, qui essaie de promouvoir la terre ; - l’association de réinsertion « Etudes et Chantiers » qui est intéressée par la terre et intervient sur des chantiers publics ; Les coordonnées de l’entrepise sont communiquées par l’Ecomusée de Rennes, la DDE, les associations du Petit Patrimoine, Tiez Breiz. Perspectives • Il y a un potentiel très grand sur le marché de la terre. • En projet à court terme : - embaucher un 5ème salarié ; - acquérir un plus gros broyeur, permettant de concasser les cailloux, et d’un tapis roulant pour acheminer la terre au deuxième broyeur pour faire la farine. En matière de formation : - faire un travail plus structuré ; - proposer plus de sessions sur l’année ; - enseigner d’autres techniques (BTC, pisé). Désir de développer une collaboration pour travailler avec de jeunes artisans qui s’installent dans la région. Désir de travailler à la mise en place urgente de formations diplômantes. Besoin d’un dépliant à distribuer pour sensibiliser le grand public et les collectivités locales aux spécificités du patrimoine en terre. • En projet à moyen terme : Le marché de la maison individuelle bioclimatique est en train de s’ouvrir. Cela demande d’autres investissements et d’autres compétences. D’où la décision de changer de statut d’entreprise et de bientôt passer en société (sarl ou scop), de façon à travailler avec deux équipes d’une dizaine de personnes, l’une en restauration et l’autre en construction neuve. • En projet à long terme : Créer un système de préfabrication associant la terre et le bambou. Recherche de subventions pour la création d’un atelier et pour la mise au point d’un prototype. Principales difficultés - Manque de bonnes photographies de chantiers finis pour montrer aux autres clients. - Pendant les trois premières années de l’entreprise, possibilité de salarier d’autres personnes mais difficultés à sortir un revenu propre au patron. - Les démarches de promotion sur des foires demandent beaucoup de préparation et de disponibilité, donc ces actions restent limitées en nombre. entretien réalisé le 17 mai 2005 66 Chapitre 6 LA CERTIFICATION DES MODULES DE FORMATION Dans le contrat avec l’Union européenne, le financement de l’élaboration du contenu est explicitement lié à l’élaboration et la mise en oeuvre d’une stratégie de diffusion et de certification (c’est-à-dire la reconnaissance de la formation par les instances officielles dans chaque pays). En Allemagne, l’écoconstruction et la construction en terre sont particulièrement avancées, par rapport aux autres pays, en ce qui concerne à la fois leur reconnaissance par les professionnels, par les usagers et par les instances officielles et leur enseignement. La stratégie de certification des partenaires allemands était donc définie dès le départ. En France, la mise en route d’une démarche de certification était plus hésitante. Beaucoup de travail d’animation et de coordination serait donc à faire pour obtenir la connaissance et la reconnaissance les plus larges possibles des pratiques d’enduits en terre dans les milieux professionnels du bâtiment et de l’éducation - condition sine qua none pour aboutir à la mise en place de formations qualifiantes concernant soit uniquement les enduits, soit plus généralement la construction en terre. Or, dans le contexte contractuel du projet Leonardo, il fallait choisir une voie aboutissant à une certification dans un délai limité. 1. LA CERTIFICATION EN ALLEMAGNE En Allemagne, la certification de la formation Leonardo passe par les chambres des métiers. Il existe une chambre des métiers dans chaque Land ; ces chambres sont relativement autonomes. Dans un premier temps, la formation n’est certifiée que par le Land Mecklenburg-Vorpommern mais par la suite elle pourra être reprise et organisée par d’autres chambres des métiers. Le certificat délivré aux stagiaires est valable dans tout le pays. La chambre des métiers de Schwerin est partenaire dans le projet Leonardo, ce qui a beaucoup facilité la collaboration. C’est elle qui organisera les examens. Dans les jurys, il y aura également des personnes extérieures à la chambre ; ces personnes devront avoir une qualification en tant que formateur ou être maître artisan (Meister). La formation allemande est destinée aux artisans déjà formés dans le domaine du bâtiment (Gesellenabschluss), par exemple constructeur en terre ou décorateur. Ce n’est donc pas une formation initiale. Il peut y avoir une entrée pour d’autres personnes, par exemple issues plutôt du milieu des artistes. Pour illustrer l’avance que possède l’Allemagne dans la reconnaissance officielle des métiers de la construction en terre, rappelons que le Dachverband Lehm, c’est-à-dire la fédération de la construction en terre, a mis en place une formation Fachkraft im Lehmbau (ouvrier qualifié dans la construction en terre), en collaboration avec la chambre des métiers de Ostthüringen. Cette formation de 170 heures, concernant toutes les techniques de construction en terre, s’est déroulée pour la cinquième fois en 2005. Lors de la mise en place du projet Leonardo en Allemagne, il y a eu des efforts pour obtenir une compatibilité entre les deux formations, étant donné que certains enseignements se recoupent, et pour réfléchir sur une reconnaissance des équivalences. En outre, il existe en Allemagne des normes du bâtiment spécifiques à certaines techniques de la construciton en terre crue. Jusque dans les années soixante-dix, il y avait une norme DIN, qui a cependant été retirée à ce moment là et remplacée en 1999 par les Lehmbau Regeln (Dachverband Lehm 1999). Cette publication, qui fait le point sur l’état des connaissances et techniques, a un caractère normatif juridique dans presque tous les Bundesländer. 67 2. LA DEMARCHE ENGAGEE EN FRANCE En France se posait le choix entre une démarche ciblant une certification par le biais de l’éducation nationale ou par un autre organisme de formation. Dans l’éducation nationale, non seulement la création d’un nouveau diplôme nécessite un volume de 800 heures de formation, mais depuis deux ans, la politique est à la réduction du nombre de diplômes pour se rendre conforme à l’Union européenne. Il n’est donc pas question de viser un nouveau métier « enduits en terre ». Même une mention complémentaire à un diplôme existant, CAP, BEP ou BAC Pro, demande 400 heures de formation. Or, les trois modules développés ne totalisent que 100 heures (les partenaires allemands ont prévu d’étendre la formation à 200 heures). Par ailleurs, si la formation vise entre autres les artisans déjà en exercice, ils peuvent difficilement se libérer pendant des périodes excédant quelques jours. Pour ces deux raisons, les démarches engagées ont d’emblée écarté la voie d’une formation diplômante longue. 2.1. Une qualification par l’intermédiaire de la CAPEB Les premiers efforts de certification ont porté sur un rapprochement avec les CIP (certificat d’identité professionnel) de la CAPEB (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment). Il s’agit d’une certification “maison” par un organisme reconnu nationalement par les professionnels et ayant un agrément de centre de formation. Des échanges ont eu lieu avec différents réprésentants de la CAPEB en Rhône-Alpes et en Provence - Alpes - Côte-d’Azur, entre fin 2003 et début 2004. Il y a eu accord de principe oral, entre CRATerre-EAG, Le Gabion et les CAPEB 38 et 05, qu’au moins le premier module du projet Leonardo puisse constituer une unité de valeur dans un CIP de la CAPEB. Parallèlement, la CAPEB a sollicité CRATerre-EAG pour sa participation dans le CIP “Patrimoine” qui, en Isère, intègre le patrimoine architectural en terre. Début 2005, cette collaboration s’est précisée, contrairement à celle concernant les enduits en terre, où il n’y a pas eu de finalisation par écrit et donc d’officialisation de l’intégration des modules Leonardo dans le programme de formation que propose la CAPEB aux artisans. Cependant, par sa vocation (assistance aux artisans du bâtiment), la CAPEB est régulièrement en liaison avec les centres de formation professionnelle du bâtiment, afin d’y refléter la réalité du marché de la construction et de participer à la réflexion sur les référentiels de formation, dont découlent les contenus d’examen et les programmes officiels. Ainsi, la CAPEB s’est proposée de sensibiliser les trois centres de formation professionnelle du bâtiment de la région de Grenoble pour que les enduits en terre fassent l’objet d’un enseignement complémentaire à la formation formelle des maçons et des plâtriers. 2.2. Une intégration dans des formations diplômantes existantes Devant l’échéance du projet Leonardo, il a fallu trouver une solution alternative et rapide permettant de fournir les preuves que les modules Leonardo sont utilisées dans une formation certifiée. En juin 2005, l’administration de Leonardo a concédé que la France aura rempli son contrat en matière de certification si une partie au moins des trois modules est intégrée dans une formation diplômante existante. Cette démarche a donc été mise en oeuvre pour trois formations qui enseignent effectivement les enduits en terre depuis plusieurs années, dans des modules dont la durée concorde avec les modules Leonardo. 68 qualification niveau titre du diplôme organisme de formation DSA I Architecture de terre CRATerre-EAG Ouvrier professionnel V Restauration du patrimoine Le Gabion CAUE du Gers fréquence et taille des promotions 20 personnes tous les 2 ans 10 personnes tous les ans 12 personnes tous les ans tableau 6 : Formations diplômantes intégrant les modules Leonardo depuis 2005 Deux de ces trois formations utilisaient déjà depuis 2004 les premières fiches élaborées dans le projet Leonardo et disponibles en français. De même, un deuxième ensemble de fiches prêtes au printemps 2005 a été immédiatement intégré. Il n’y a pas de doute que le nouveau matériel pédagogique, lorsque sa version finale et intégrale sera disponible entièrement en français, constituera un plus pour l’enseignement des enduits en terre dans ces formations. 2.3. Le défi à relever au niveau européen Conscients des difficultés des autres pays pour obtenir une certification satisfaisante pour les formations sur les enduits en terre, l’Allemagne vise plus haut. L’idée est de non seulement contourner le problème, mais de faire mieux, en instaurant un certificat européen de la construction en terre. Actuellement, personne n’a les fonds pour un tel projet ambitieux. Mais il pourrait être construit au fur et à mesure, en préparant des modules sur d’autres sujets que les enduits : par exemple le pisé, les cloisons intérieures, la rénovation du bâti en terre, grâce à des financements spécifiques. Si de tels nouveaux “petits” projets voyaient le jour, de nouvelles synergies pourraient être créées avec des pays actuellement non impliqués dans le projet Leonardo mais où il existe des compétences dans la construction en terre, comme l’Autriche ou la Belgique, pour ne citer que ces deux. L’atout d’un savoir et d’un savoir-faire européen « certifié » dans la construction en terre crue résiderait aussi dans le fait qu’un compagnonnage transfrontalier pourrait être mis en place, permettant au stagiaires d’aller se former à des techniques spécifiques aux pôles où celles-ci sont le mieux maîtrisées et le plus utilisées. 3. PISTES DE REFLEXION POUR LA DIFFUSION DES MODULES EN FRANCE Le contrat face à l’Union européenne en matière de certification est rempli mais tous les partenaires s’accordent pour dire qu’il serait dommage de s’arrêter là. Il s’agit de diffuser les modules de formation, de les éprouver sur le terrain afin d’en faire l’évaluation et d’y apporter des améliorations si besoin. Il faut trouver des partenaires qui soient prêts à mener des actions dans leurs centres de formation et donc des formateurs formés. Il faut aussi argumenter la pertinence de cette technique au niveau économique, écologique, culturelle et professionnelle, car malgré tout les enduits en terre sont encore perçus comme quelque chose de marginal et peu considérés dans le milieu du bâtiment. L’exemple de la filière torchis en Haute-Normandie montre que le lien avec le patrimoine local, à travers le potentiel économique et culturel qu’il représente, est un facteur dynamisant puissant pour une filière terre renouvelée et qu’il permet de mettre les artisans au premier rang des acteurs de cette filière. 3.1. L’exemple de la filière torchis Une des régions précurseurs de la formation professionnelle sur le terre en France est la SeineMaritime (Haute-Normandie). Dès 1978, des stages torchis étaient organisés par le parc naturel régional de Brotonne ; ils étaient essentiellement destinés aux particuliers. Les stages pour 69 artisans ont commencé en 1984, à l’initiative de la chambre des métiers de Seine-Maritime, en collaboration avec la CAPEB de l’Eure, l’association pour la formation professionnelle continue du bâtiment et des travaux publics de Haute-Normandie, Maisons Paysannes de France et le parc naturel régional de Brotonne. De 1984 à 1992, au cours de douze stages, 166 personnes ont été formées, parmi lesquels 99 chefs d’entreprise et majoritairement des maçons de formation. Le formateur de ces stages a été la plupart du temps Frank Lahure, architecte. La formation comportait la préparation et la mise en oeuvre du torchis, la pose manuelle, la pose mécanique et la préparation puis la pose d’un enduit terre stabilisé à la chaux aérienne. Le parc naturel régional de Brotonne a acheté un malaxeur pour les formations en 1985. (Lahure 1992) Bien qu’il s’agisse de torchis et qu’il y ait une finition à la chaux, les techniques enseignées dans ces stages et qualifiées d’ « amélioration technico-économique de la filière torchis » (Lahure 1987) se rapprochent de celles utilisées pour les enduits en terre : - choix et préparation de la terre, - composition du mélange (limon argileux corrigé par addition de sable et de déchets de lin), - application du torchis (jeté à la truelle sur un lattis peu serré, dressé puis stié pour l’accroche de la finition), - composition de la couche de finition. Il est donc intéressant d’analyser les conséquences que ces formations ont eues sur le marché (Lahure 1992). En 1992, il concernait trente entreprises, pour un chiffre d’affaires de 3 500 000 F HT. De 1985 à 1992, il y a eu une progression constante et rapide des volumes de torchis consommés, partant de 0 pour arriver à 786 m3. Quatre vingt pour-cent des chantiers portent sur la rénovation. Une centaine de maisons (chaumières pan de bois / torchis) ont été restaurées. Depuis 1984, il existait une production mécanisée de torchis prêt à l’emploi dans le département voisin (briqueterie d’Allone, Oise), mais ce site était trop éloigné. A partir d’une centaine de kilomètres, on paie le transport plus cher que le matériau. Alors une production de torchis prêt à l’emploi s’est mise en place dans le département de Seine-Maritime, à Brotonne Matériaux en 1990 et à la briquetrie de Glos en 1992. Les artisans s’étant mécanisés eux-mêmes et produisant leur torchis chez eux sont ceux qui sont trop éloignés de ces centres de production centralisée. Autres conclusions de Frank Lahure : Trente pour-cent des artisans font effectivement un ou plusieurs chantiers torchis suite au stage. L’activité torchis est saisonnière, donc même si le marché est porteur, elle ne peut pas constituer la seule activité des entreprises. Le stages intéressent aussi les artisans couvreurs en roseaux qui connaissent bien la terre utilisée pour l’étanchéité des faîtages. Un fascicule technique, réalisé dès 1988 et seul document de référence en la matière, est indispensable aux artisans (Lahure 1989). Un important facteur de développement de la filière est l’information des maîtres d’oeuvre et des maîtres d’ouvrages, par l’intermédiaire des services qui les conseillent à leur tour (CAUE, DSA, DRAE, ordre des architectes). Ce serait intéressant de refaire un bilan aujourd’hui dans cette région, et d’étudier les interférences avec la filière des enduits en terre. 3.2. Qui enseigne déjà les enduits en terre en France ? Les premiers enseignements sur les enduits en terre proprement dits remontent à : - 1994, formation PAT (préservation des architectures de terre) à CRATerre-EAG : dans la session protection des surfaces ; - 1994, pour la formation du CAUE du Gers qui consacre une semaine à la terre ; - 1996 à CRATerre-EAG : dans le module d’une semaine sur les traitements de surface, ouvert aux étudiants de la promotion 94-96 du DSA-Terre ; - 1997 dans la promotion 96-98 du DSA-Terre : dans le module traitements de surface, en présence de Carl Giskes ; depuis, les enduits en terre sont présentés à côté des autres traitements de surface, et notamment les enduits à la chaux ; - 1998 pour les premières formations AKTerre ; - 2001 pour la même formation dispensée par Le Gabion. 70 Il y a sûrement eu quelques autres initiatives semblables, en tout cas la dynamique n’est en place que depuis une dizaine d’années. En 2005, les personnes, les entreprises et les associations suivantes ont proposé des formations courtes sur les enduits en terre : nom AKTerre (38, toute la France) CAUE du Gers (32) CRATerre-EAG (38) Ecocentre du Périgord (24) Le Gabion (05) Globetroterre (35) La maison en paille (16) Maisons paysannes de France (xx, toute la France) Pied-à-Terre en Gascogne (32) Savoir faire & découverte (59, 76, toute la France) Terradécor (31) Toile & Patine (56) Sylvie Wheeler (34) activité principale V C F C F A F F F F V ? A tableau 7 : Acteurs de la formation sur les enduits en terre en France A = artisan ;C = conseil ; F = formation ; V = vente. Cette liste n’est pas exhaustive. Parmi les autres associations et entreprises susceptible d’avoir une activité de formation sur les enduits, nous pouvons citer : Pisé terre d’avenir, certains revendeurs AKTerre, Tom Rijven, Okhra, Espace et Vie, Tiez Breiz, Ecoterre. Nous regrettons de ne pas avoir poussé plus loin les investigations à ce jour. Un questionnaire, à l’image de celui utilisé pour les entretiens téléphoniques avec les artisans (voir l’entretien avec Sylvie Wheeler en annexe 3), aurait permis de dresser un historique de ces formations et de ce qui a motivé leur mise en place. Nous aurions pu analyser les points de départ et l’évolution (nombre de stages, nombre de stagiaires, profils des stagiaires). Ce serait très intéressant d’étudier l’origine des savoir-faire et des connaissances sur la terre de ceux qui dispensent les formations. On peut émettre l’hypothèse qu’il est possible de remonter à un nombre restreint de sources initiales principales. 3.3. Quels partenaires pour quelle stratégie ? Hormis quelques organismes privés ou associatifs supplémentaires, autres que ceux mentionnés ci-dessus, il est clair qu’il faut viser maintenant des structures publiques et/ou fédératives dans le secteur du bâtiment pour jouer le rôle de moteur dans la diffusion des modules d’enseignement. Dans un premier recensement en Midi-Pyrénées, Mary Jamin a dressé la liste suivante : - les Greta - l’AFPA bâtiment - la fédération compagnonnique du bâtiment - la FFB - la Capeb - les CAUE - le CFA bâtiment - la chambre des métiers - les lycées professionnels - les lycées agricoles. L’introduction des enduits en terre chez ces acteurs de l’enseignement institutionnel élargirait l’offre des plâtriers, maçons et peintres en décor. Parmi les questions à poser il y a celle du niveau de qualification visé et celle de la distinction entre formation initiale et formation continue. 71 Dans l’enseignement parallèle, les réseaux de Maisons Paysannes de France, des constructeurs en bottes de paille, de la construction en chanvre, des écomusées et parc naturels régionaux pourraient aussi être – ils le sont déjà pour certains - des acteurs dans la promotion de l’enseignement des enduits en terre. Il y a évidemment le réseau des producteurs/revendeurs de matériaux en terre à contacter, pour les mettre au courant et les intéresser. Selon la collaboration institutionnelle retenue ou mise en oeuvre en premier, il faudra affiner les formules de formation, notamment selon qu’il y a des enjeux économiques (artisans) ou non (particuliers) pour les personnes formées et selon la durée souhaitée des modules. Dans leur état actuel, les modules peuvent convenir pour un enseignement optionnel au sein des cursus existants. Ensuite, il y a plusieurs possibilités pour étendre les volumes horaires. D’abord, il est facile de concevoir une version longue durée en doublant comme en Allemagne les temps d’enseignement prévus (le contenu et les supports didactiques s’y prêtent sans modification étant donné la densité du programme) et en ajoutant des stages en entreprise ou sur chantier : dans le milieu de l’écoconstruction certains ont déjà évoqué un « tour de france », intégrant les quatre systèmes constructifs du patrimoine architectural français, ainsi que la construction neuve. En outre, il y a des projets de formation longue durée en écoconstruction qui émergent et auxquels les modules sur les enduits en terre pourraient être connectés. Finalement, comme déjà cité plus haut, un enseignement sur la construction en terre crue au niveau européen devient envisageable. L’ancienne expérience française avec l’enseigenment du torchis (ci-dessus), la synergie plus récente autour de la bauge en Bretagne et en Vendée, les acquis technologiques en ce qui concerne le pisé et enfin le matériel pédagogique existant à CRATerre sur la maçonnerie et la production d’adobes et de BTC constituent un capital qu’il suffirait d’investir. En l’état actuel des choses, Le Gabion vient de lancer une campagne d’information auprès des formateurs des AFPA sur toute la France. Les retours permettront de connaître la réceptivité des professionnels de la formation dans le bâtiment aux formations et au matériel didactique proposé. Pour aller plus loin dans la communication, il sera nécessaire de développer une plaquette de présentation des résultats du projet Leonardo. Pour avancer dans la certification, il faudra, comme affiché en début du projet Leonardo, un travail de coordination et de concertation pour établir un référentiel métier. En dehors des formations qualifiantes, une harmonisation des contenus des différents stages existants sur les enduits en terre pourrait être visée. Le terme du projet Leonardo approche, mais il ne constitue pas un ultimatum. Il faudra un bilan budgétaire, pour évaluer quelles actions sont encore envisageables, même après la fin du contrat. Il est urgent de tenir au courant les différents partenaires français du projet, chose qui a été négligée durant les derniers six mois de travail intense pour la finalisation, la traduction et la mise en page des contenus. Le comité de pilotage devrait également être réactivé, car il aurait un rôle à jouer dans la diffusion des résultats. Les rencontres prévues entre praticiens dans le cadre du projet PUCA/ADEME “Analyse des systèmes constructifs non industrialisés”, dont nous avons parlé au chapitre précédent, devraient se faire sur la base de l’existant : ce serait dommage de repartir de zéro dans l’analyse des pratiques et la production de fiches techniques. Beaucoup reste à faire ; beaucoup de questions restent ouvertes, comme la formation des formateurs ou du moins l’harmonisation des contenus, comme le niveau de qualification visé ou le mélange de professionnels et de particuliers dans les formations. Mais il y a aussi beaucoup de forces vives, des personnes ayant déjà “goûté” à la terre et aux enduits, chez les producteurs, les distributeurs les formateurs, les financeurs et les applicateurs, et il existe beaucoup de « vitrines » pour professionnels ou grand public, où tous ces gens se rencontrent et où il sera peut-être dorénavant beaucoup question d’enduits en terre. 72 CONCLUSION La richesse et la diversité des applications modernes des enduits en terre en Europe sont étroitement liées à leur caractère multicouche. Grâce à la savante combinaison de couches de composition différentes, quasiment tous les supports et tous les usages peuvent convenir et permettre d’obtenir de belles finitions. La progression du nombre de couches (donc de types de mortiers différents) et la généralisation des domaines d’application actuelles ne sont pas sans rappeler, à une échelle plus modeste bien sûr, l’évolution des murs en terre au Japon (Isomura 1998). On pourrrait parler d’une histoire de l’économie de la finition : les belles finitions étaient d’abord réservées aux bâtiments significatifs, comme les temples, puis se sont popularisées : il faut supposer que le savoir-faire s’est généralisé et que les coûts étaient devenus accessibles à tous, de même que certaines matières premières. Nous pouvons tirer un deuxième parallèle avec des cultures extra-européennes au niveau de l’évolution des techniques : que ce soit au Japon ou en Afrique, il y a eu à certaines époques des influences transcontinentales, parfois véhiculées par les pratiques religieuses, qui ont apporté des changements dans les systèmes d’enduit (par exemple l’arrivée du bouddhisme au Japon, les influences arabes en Afrique de l’ouest). Il est indéniable que les constructeurs en terre européens modernes se sont toujours inspirés de cultures exogènes. Et le projet Leonardo à son tour s’ouvre sur des finitions et des décorations moins traditionnelles en Europe. La démarche décorative telle qu’elle a été formulée dans le module 2, pourrait se résumer à « travailler la discontinuité et la juxtaposition ». Au caractère multicouche, qui pourrait confiner l’application en un travail couche par couche, aboutissant forcément à une surface la plus plane et la plus lisse possible d’un enduit couvrant uniformément le mur, s’oppose l’invitation à la création d’entailles, de bosses ou simplement de changements de couleur. Les couches rentrent encore plus en relation les unes avec les autres, l’enduit de base créant déjà le relief pour l’enduit de finition, ou la finition laissant voir après grattage la couleur de l’enduit de base. Sgraffitto, modelage, ornements, moulures, polissage : les architectures européennes et méditerrannéennes sont très riches en surfaces décorées, mais ce savoir-faire semble s’être arrêté au seuil des maisons en terre, omniprésentes mais incroyablement pauvres en ce qui concerne les traitements de surface des murs intérieurs. Si les changements technologiques sont fortement liés à des échanges culturels, c’est dans ce sens que le projet Leonardo, en abolissant les barrières linguistiques, apportera certainement un enrichissement des pratiques et un transfert technologique. Même si auparavant il a plutôt buté sur ces mêmes barrières linguistiques. Il n’a pu, jusqu’à présent, y avoir beaucoup d’échanges intrapays, que ce soit en France ou ailleurs, car tous les efforts étaient concentrés sur la synthèse puis la traduction de l’information. D’où le déphasage des actions par rapport au déroulement programmé en matière de communication et de certification. Ayant rassemblé l’information partielle et morcelée qui existait dans diverses publications, ayant surtout transcrit le savoir-faire vivant d’hommes et de femmes du métier, la diffusion des connaissances peut commencer. 73 74 TABLE DES ANNEXES annexe 1 : Liste de tous les documents élaborés pour les modules 1, 2 et 3 (version septembre 2005, non définitive) annexe 2 : QCM pour l’évaluation des stagiaires à la fin du module 1 annexe 3 : Exemple d’une fiche d’enquête : résultats de l’entretien réalisé avec Sylvie Wheeler 75 76 ANNEXE 1 N° Durée (min) O 60 (420) MODULE 1 Titre de la session Introduction : présentation des participants, déroulement 60 Construction soutenable T2 60 Climat intérieur T3 60 Enduits et badigeons intérieurs. Introduction générale T4 60 Organisation de chantier T5 60 Désordres, réparation, entretien T6 60 Produits commercialisés T7 60 Enduits extérieurs (480) D - Découverte 120 Bibliographie Proposition de programme M1_T0_questionnaire 1 T - Théorie T1 D1 Fiches Comportement de la terre M1_T1_S M1_T1_i1_matières & matériaux M1_T1_i2_bâtiment & contexte M1_T1_i3_critères d'évaluation M1_T1_i4_types de terre M1_T1_i5_documentation M1_T1_i6_énergie M1_T1_i7_conversion M1_T1_i8_masse volumique M1_T1_p_sustainable M1_T2_S M1_T2_i1_argiles M1_T2_i2_capacité d’absorption des matériaux M1_T2_i3_capacité d’absorption des enduits M1_T2_txt_climat intérieur M1_T3_S M1_T3_i1_usages M1_T3_i2_système d’enduit M1_T3_txt1_glossaire M1_T3_txt2_système d’enduit M1_T4_S M1_T4_i1_déroulement M1_T4_i2_préparation & mélange M1_T4_i3_machines M1_T4_txt1_préparation & mélange M1_T4_txt2_machines M1_T4_p_worksite_machines M1_T4_p_worksite_samples M1_T4_p_worksite_tools M1_T5_S M1_T5_i_tableau désordres M1_T5_txt_conseils M1_T5_p_damages M1_T6_S M1_T6_i1_producteurs M1_T6_i2_prix M1_T6_txt_qualité M1_T6_p_products_materials M1_T6_p_products_wall heating M1_T7_S M1_T7_i1_mur terre M1_T7_i2_mur enduit ciment M1_T7_i3_mur enduit chaux M1_T7_i4_enduit à la chaux M1_T7_i5_badigeon M1_T7_txt_enduits extérieurs M1_T7_p_exterior plasters M1_D1_S M1_D1_i1_constituants M1_D1_i2_propriétés M1_D1_i3_tests identification M1_D1_i4_mise en ouvre M1_D1_e1_masse M1_D1_e2_plaque 77 D2 180 D3 60 D4 60 D5 60 (660) M1_D1_e3_tests M1_D1_txt_terre matière première M1_D2_S Dosage des mortiers de terre à M1_D2_i1_stabilisation M1_D2_i2_dosage enduire M1_D2_e1_dosage M1_D2_e2_épaisseur & outil M1_D3_S M1_D3_i1_évaluation & préparation M1_D3_i2_accroche Préparation des supports M1_D3_i3_supports en terre M1_D3_txt1_accroche M1_D3_txt2_préparations M1_D4_S Choix d’une structure d'enduit M1_D4_i1_fr_structures courantes M1_D4_i2_fr_tableau support-structure M1_D5_S Mortiers et badigeons M1_D5_i1_additifs M1_D5_i2_recettes stabilisés M1_D5_txt_stabilisation P - Pratique Techn. d’application 1 : P1 240 préparation du supports et des mortiers, pose d’une sous-couche d’accroche, d’un enduit de base, d’une trame M1_P1_S M1_P1_i1_enduit de base M1_P1_i2_éléments recouverts M1_P1_txt_détails M1_P2_S M1_P2_i1_enduit de finition et monocouche préparation et pose d’un enduit M1_P2_i2_tableau finitions monocouche et d’un enduit de M1_P2_i3_angles finition, traitement des détails, M1_P2_i4_raccords travail de la surface M1_P2_i5_éléments apparents M1_P3_S Techn. d’application 3 : couleur des finitions, badigeons en M1_P3_i1_enduit de décoration terre, mortiers stabilisés, tablettes d’échantillon M1_P4_S M1_P4_i1_finitions Techn. d’application 4 : traitement final des surfaces finies M1_P4_i2_peintures M1_P4_i3_fixatifs et sèches M1_P4_txt_badigeon à la chaux Techn. d’application 2 : P2 180 P3 120 P4 120 (120) R1 60 R2 60 R3 60 Q 120 R - Récapitulatif M1_R1_S M1_R1_p_earth_exercises Terre matière première M1_R1_p_earth_heritage M1_R1_p_earth_raw material M1_R2_S M1_R2_p_plaster_application Mortiers de terre à enduire M1_R2_p_plaster_layers M1_R2_p_plaster_bases M1_R3_S M1_R3_p_aspects_exercises M1_R3_p_aspects_details Finitions en terre M1_R3_p_aspects_finishes M1_R3_p_aspects_kitchen&bath Bilan : conclusions, évaluation M1_Q_questionnaire 2 de l’organisation et du contenu, M1_Q_QCM QCM (1920) (durée totale = 32x60) 78 MODULE 2 N° Durée (min) O 60 (480) T1 45 T2 30 T3 45 T4 45 T5 75 T6 30 T7 75 T8 30 T9 105 (705) D1 270+ (3x100) =570 Titre de la session Introduction : présentation des participants et du déroulement Fiches M2_T0_bibliographie M2_T0_proposition de programme M2_T0_i_couleurs de la terre T - Théorie M2_T1_S M2_T1_p_travel_Afrcia Voyage dans le temps et les M2_T1_p_travel_America latina M2_T1_p_travel_Asia techniques des surfaces en M2_T1_p_travel_Australia terre décorées M2_T1_p_travel_Europe M2_T1_p_travel_North America M2_T2_S Création et techniques décoratives avec les enduits en M2_T2_i1_techniques décoratives M2_T2_txt_décorer en terre terre. Introduction. M2_T3_S M2_T3_e_symbolique La symbolique des couleurs M2_T3_txt_symbolique M2_T4_S M2_T4_i1_cercle chromatique M2_T4_i2_dimensions La classification des couleurs M2_T4_e_classer M2_T4_txt_classifications M2_T5_S M2_T5_i1_complémentarité M2_T5_i2_clair sombre M2_T5_i3_chaud froid M2_T5_i4_quantité M2_T5_i5_saturation Les contrastes des couleurs M2_T5_i6_simultané M2_T5_e1_simultané M2_T5_e2_chaud froid M2_T5_e3_quantité M2_T5_txt_contrastes M2_T6_S M2_T6_i1_rhytme M2_T6_i2_angles Ornementation M2_T6_i3_modèles M2_T6_i4_tables M2_T6_txt_ornementation M2_T7_S M2_T7_e1_synesthésie1 M2_T7_e2_synesthésie2 Les effets des couleurs M2_T7_e3_synesthésie3 M2_T7_txt_effets M2_T8_S Les matériaux et leurs surfaces M2_T8_t_surfaces M2_T9_S M2_T9_i1_clarté M2_T9_i2_proportions Effets de couleur dans une M2_T9_i3_mur1 M2_T9_i4_mur2 pièce M2_T9_i5_mur3 M2_T9_e_graphisme M2_T9_txt_pièce D - Découverte Exploration de la matière terre M2_D1_S M2_D1_i1_faire fissurer M2_D1_i2_exemple de fissuration M2_D1_e1_fissuration M2_D1_e2_transparence 79 D2 135 (840) P1 30 P2 180 P3 210 P4 210 P5 210 (135) Enduits de finition fins de couleur P - Pratique Fabriquer des tablettes échantillon Enduits de finition fins de couleur M2_P1_S M2_P1_i1_échantillons M2_P2_S M2_P2_e_finitions M2_P3_S M2_P3_i1_sgraffitto M2_P3_i2_structure M2_P3_i3_transposer La technique du sgraffitto M2_P3_i4_bandes M2_P3_i5_motifs isolés M2_P3_i6_outils M2_P3_txt_sgraffitto M2_P4_S Les techniques de modelage et M2_P4_i1_modelage M2_P4_i2_armatures de relief M2_P4_txt_reliefs africains M2_P5_S Combinaison des couleurs M2_P5_e_essais pour une pièce R - Récapitulatif R1 60 Techniques décoratives R2 75 Design d’une pièce avec la terre (2400) M2_D1_p_earth & light M2_D1_p_cracks & polish M2_D1_p_crack & print M2_D2_S M2_D2_i_fournisseurs M2_D2_e1_éclaircir M2_D2_e2_nuances M2_D2_e3_textures M2_R1_S M2_R1_i1_coloration M2_R1_i2_terres et poudres d’argile M2_R1_i3_charges M2_R1_i4_pigments M2_R1_i5_clarté M2_R1_i6_échantillons M2_R1_i7_mortiers M2_R1_i8_qualité M2_R1_i9_outils M2_R1_i10_structurer M2_R1_i11_talocher M2_R1_i12_lisser_outils M2_R1_i13_lisser_étapes M2_R1_i14_textures M2_R1_i15_supports M2_R1_i16_enduits fins M2_R1_e_comparaison M2_R1_txt1_pigments M2_R1_txt2_finitions colorés M2_R1_txt3_techniques japonaises M2_R2_S M2_R2_i1_surfaces partielles M2_R2_i2_raccord mur plafond M2_R2_i3_check list M2_R2_i4_atelier M2_R2_i5_appartement M2_R2_i6_neuf M2_R2_i7_salle yoga M2_R2_i8_crèche M2_R2_i9_rénovation M2_R2_i10_cabinet M2_R2_t_projets (durée totale = 40x60) 80 MODULE 3 N° O Durée (min) Titre de la session Introduction : présentation des participants et du déroulement Fiches M3_T0_bibliographie T - Théorie T1 Le marché T2 Marketing 1 : objectifs et promotion T3 Réglementation T4 Image de marque M3_T1_S M3_T1_i1_marché M3_T1_e1_marché M3_T1_t1_introduction M3_T1_t2_demande M3_T1_t3_étude de marché M3_T1_t4_variations régionales M3_T1_t5_qualité M3_T1_t6_fournisseurs M3_T1_t7_apprendre M3_T2_S M3_T2_i1_techniques M3_T2_i2_annonces M3_T2_i3_vente M3_T2_i4_promotions M3_T2_i5_publicité M3_T2_i6_synthèse M3_T2_e1_techniques M3_T2_e2_annonces M3_T2_e3_plan M3_T2_e4_vente M3_T2_t1_stratégie M3_T2_t2_média M3_T2_t3_vente M3_T2_t4_promotion M3_T2_t5_publicité M3_T2_t6_synthèse M3_T3_S M3_T3_i1_réglementation M3_T3_i2_contrats & marchés M3_T3_i3_résiliation M3_T3_i6_défauts M3_T3_i7_contraintes M3_T3_i8_tarification M3_T3_i9_échantillonnage M3_T3_e2_main d’oeuvre M3_T3_e4_réception M3_T3_e8_avenants M3_T3_txt1_réglementation M3_T3_txt2_contrats & marchés M3_T3_txt3_résiliation M3_T3_txt4_réception M3_T3_txt5_tolérances M3_T3_txt6_défauts M3_T3_txt_contraintes M3_T3_txt8_tarification M3_T3_txt9_échantullonnage M3_T3_txt10_législation UE M3_T4_S M3_T4_i1_image M3_T4_e1_analyser M3_T4_e2_reconnaître M3_T4_e3_développer M3_T4_txt_image 81 T5 Marketing 2 : opportunités et stratégie T6 Tarification T7 Communication avec le client T8 Bonnes pratiques M3_T5_S M3_T5_i1_intro M3_T5_i2_plan M3_T5_i5_questions clé M3_T5_e1_étude M3_T5_e3_écrire M3_T5_e5_défis M3_T5_t1_marketing M3_T5_t2_plan de marché M3_T5_t3_modèle M3_T5_t4_avantages M3_T5_t5_buget M3_T6_S M3_T6_i1_coûts M3_T6_i2_offre M3_T6_i3_appel d’offres M3_T6_i6_actualisation M3_T6_e2_offre M3_T6_e3_appel d’offres M3_T6_e4_facturation M3_T6_txt1_coûts M3_T6_txt2_offre M3_T6_txt3_appel d’offres M3_T6_txt4_facturation M3_T6_txt5_responsabilités M3_T6_txt6_actualisation M3_T7_S M3_T7_i1_règles M3_T7_i2_client M3_T7_i3_négociation M3_T7_e1_parler M3_T7_e2_questions fréquentes M3_T7_e3_communiquer M3_T7_txt1_conseils M3_T7_txt2_client M3_T7_txt3_négociation M3_T8_S M3_T8_i1_stratégies régionales M3_T8_e1_concepts région M3_T8_txt1_initiative régionale M3_T8_txt2_entreprise de femmes M3_T8_txt3_en_Ty Mawr_UK M3_T8_txt3_de_Erdwerk_DE M3_T8_txt3_en_BETHKE_PL M3_T8_txt3_en_ekodom_PL M3_T8_txt3_en_ALABASTER_PL M3_T8_txt3_en_KaratoC_BG M3_T8_txt3_fr_Globetroterre_FR M3_T8_txt3_fr_AKTerre_FR R - Récapitulatif R Résumé M3_R_S M3_R_e1_stratégie PME M3_R_e2_SWOT (durée totale = 24x60) 82 ANNEXE 2 QCM Evaluation des acquis REPONSES 1 seule réponse à cocher, sauf indication contraire Matériau terre La masse volumique de la terre est approximativement de ○ 500 kg/m3 ○ 1000 kg/m3 ○ 2000 kg/m3 Composition de la terre Les sables et graviers sont ○ le squelette ○ responsables de la fissuration ○ les agents d’accroche L’argile est ○ ○ nécessaire pour limiter la fissuration le liant du sable Comportement de la terre et des mortiers En présence d’eau, l’argile ○ gonfle ○ se dissout et devient liquide Comment corriger une terre trop argileuse (2 réponses) ○ ajouter du sable ○ tamiser ○ ajouter de la fibre végétale ○ ajouter de la chaux Qu’est-ce qui provoque de la fissuration (3 réponses) ○ trop de sable ○ trop d’argile ○ une trop forte épaisseur de la couche d’enduit ○ une trop grande quantité d’eau dans le mortier ○ trop de fibres 83 Préparation des mortiers de terre On met d’abord l’eau dans la bétonnière vrai faux oui, sinon la terre colle au fond, tout n'est pas bien mélangé. Idéalement : d'abord un peu d'eau et de sable, puis alterner terre et sable, remouiller au besoin Il ne faut pas préparer le mortier trop longtemps à l’avance vrai faux non, au contraire, les argiles ont besoin de temps pour gonfler c'est-à-dire fixer de l'eau et donc agir efficacement ; en outre l'ouvrabilité est améliorée On peut utiliser du sable non lavé vrai faux oui, ce n'est qu'avec les mélanges pour béton que l'on ne tolère pas un autre liant que le ciment La plupart des terres sont ○ trop argileuses, donc il faut ajouter du sable ○ trop sableuses, donc on ne peut pas les utiliser il est possible mais pas facile d'ajouter de l'argile oui Citez 2 effets recherchés par l'ajout de fibres dans l'enduit ○ armer, c'est-à-dire limiter la fissuration par répartition des tensions ○ correction thermique – il faut une couche épaisse ○ effets esthétiques L’ajout de fibres dans un mortier de terre augmente ○ la souplesse de l’enduit ○ la rigidité de l’enduit Accroche de l’enduit Citez la principale caractéristique du support qui détermine l’accroche ○ rugosité ○ capacité d'absorption ○ hétérogénéité ○ souplesse La capacité d’absorption n’influence pas l’accroche mais le séchage et donc l’ouvrabilité. Sur des supports hétérogènes, il peut y avoir des différences dans l’accroche et il peut être nécessaire d’améliorer l’accroche de certaines zones. Un support non rigide peut être à l’origine de fissures, mais la souplesse n’influence pas l’accroche en elle-même. Tous les supports ont besoin d’être mouillés pour que la terre y accroche vrai faux sur certains supports c'est nécessaire, sur d'autres c'est pas utile ; souvent cela n'influence pas l'accroche mais garantit une meilleure ouvrabilité car l'enduit ne tire pas aussi vite Sur des bottes de paille ○ on peut appliquer un enduit de terre directement ○ il est mieux d'appliquer d'abord une barbotine de terre oui Peut-on passer de l'enduit terre sur du bois (p.ex. linteau ?) oui, mais il faut fixer une structure d’accroche (p.ex. agraffer une natte de tiges de roseaux) 84 Structure de l’enduit On appelle structure de l’enduit ○ la granulométrie de la terre ○ l’aspect de la surface finie ○ le nombre et l’épaisseur des couches et leur éventuelle armature oui Lesquels de ces facteurs sont déterminants pour le choix d’un système d’enduit en terre ? ○ les caractéristiques du support ○ les choix esthétiques ○ l’usage de la pièce ○ les équipements techniques ○ les conditions d’exécution tous ! Sur plaque de plâtre ○ on met un enduit fin oui ○ on peut mettre un enduit épais Ce n’est pas très logique d’intervenir avec des mortiers sur un matériau prévu pour la construction sèche. La sous-couche d’accroche nécessaire n’est pas adaptée à de fortes épaisseurs d’enduit. Citez 2 cas de figure qui nécessitent un enduit en plusieurs couches ○ les matériaux du mur sont hétérogènes ○ le mur manque de planéité ○ équipements techniques à intégrer ○ joints entre panneaux ○ souplesse du support Citez les possibilités d’armature d’un enduit _________paille/ copeaux de bois / de chanvre, etc. dans le mortier, _________toile de jute ou toile de verre entre deux couches Citez 2 cas de figure qui nécessitent une armature de l’enduit _________support hétérogène _________support à surface très inégale (trous à boucher, donc épaisseur d'enduit très inégale) _________intégration de tubes chauffants Les trames (toile de jute) sont ○ collées avec on une fine couche d'enduit assez liquide sur un enduit de base sec ○ marouflées avec une taloche éponge dans l’enduit de base encore humide ○ marouflées dans l’enduit de finition dès sa pose Couche de finition, travail de la surface Citez 4 outils avec lesquels on peut travailler la surface d'un enduit (après avoir obtenu la planéité), en les associant à l'effet obtenu : ○ avec l'éponge on amène les sables en surface ○ avec la lisseuse (ou platoir ou truelle japonaise) on amène les fines en surface ○ avec une brosse on peut créer « du mouvement », des traces ou empreintes ○ avec une spatule on peut créer des reliefs Pour délimiter des interfaces (changement de couleur par exemple), on utilise du scotch (de peintre). Il faut enlever le scotch ○ quand l'enduit est sec ○ avant que l'enduit soit sec avant qu'il soit sec, pour ne pas casser le bord de l'enduit 85 On peut poncer un enduit terre vrai faux non, car cela le fait fariner Traitement final d'une couche de finition ou de décoration : le passage à l'éponge et à la balayette Le passage à l'éponge ○ doit se faire obligatoirement le lendemain de la pose au plus tard, quand l'enduit a tiré mais est encore humide ○ doit se faire après séchage complet de l'enduit (même 1 an après si on veut) oui Si on passe l'éponge en deux fois, cela laisse des traces vrai faux On peut passer l'éponge plusieurs fois de suite jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de fines qui s'enlèvent vrai faux On n'a pas besoin de rincer son eau quand on passe l'éponge il faut la changer très souvent vrai faux Il faut donner un coup de balayette juste après avoir passé l'éponge vrai faux Réparation, reprises, désordres Faire des raccords n'est pas recommandé, mais possible en remouillant ○ les 10 derniers centimètres oui ○ les 10 derniers millimètres Les fissures dues au retrait sont ○ irrégulières, en toile d’araignée ○ régulières et droites ○ presque circulaires Organisation de chantier Citez 2 opérations à effectuer dans 1 pièce avant de commencer à enduire _________préparer les interfaces avec les surfaces qui ne seront pas enduites (scotch p.ex.) _________préparer les supports (dépoussiérer, mouiller, fixer un support d'accroche) _________vérifier et si nécessaire préparer les détails (installation électrique, plans de baies, encadrements de porte etc.) _________poser des supports d’accroche sur certains éléments Il faut organiser le travail de sorte à ce que la couche de décoration se fasse à la fin du chantier par rapport aux autres corps de métier vrai faux oui, passer en dernier, pour ne pas risquer de devoir faire des reprises ou des raccords 86 Comportement des enduits en terre La capacité d’absorption d’eau d’un enduit en terre peut varier du simple au double en fonction des 2 quels facteurs ? ○ l’épaisseur de l’enduit oui ○ le nombre de couches ○ le type d’argile contenu dans la terre oui Les enduits en terre sont à proscrire dans une salle de bains vrai faux Au contraire, ils permettent de réguler l’humidité. Il suffit de ne pas les exposer à des projections d’eau directes. Un enduit en terre extérieur ne doit jamais être exposé à la pluie vrai faux Utilisation de la chaux Le pourcentage de pigment dans un badigeon à la chaux est défini ○ par rapport au poids de la chaux ○ par rapport au volume total de l’eau ○ par rapport au volume total eau + chaux 87 88 ANNEXE 3 IDENTITE Wheeler Sylvie COORDONNEES adresse dép._34_ 04 67 63 86 21 06 14 81 80 20 [email protected] site internet HISTORIQUE ACTIVITE TERRE terre depuis 5 ans a voyagé, notamment Japon où ‘enduits bizarres’... a cherché la même chose ici, rencontré AK motivation : créneau naturel CHANTIERS ENDUITS TERRE type de bâtiments de tout, pas de patrimoine en terre dans 34 types de supports que à l’intérieur, de tout, souvent « merdique » p.ex. placo dans neuf, car elle n’a pas été consultée avant, en neuf bio fermacell = bien, aussi réhabilitation vieux murs en pierre avec anciens enduits plâtre, chaux etc nombre de chantiers terre 2004 privé/public les 2, mairie de Montpellier saison toute l’année, une seule fois pb séchage enduit de base épais, normalement soit chauffé soit habité part d’activité 2004 terre + peinture terre > 50 % zone géographique Montpellier et Hérault pour terre évolution tout de suite vendu dès que elle a su faire, c’est elle qui propose, elle refuse jamais un chantier terre potentiel du marché FORMATION depuis 2 ans pour AK public artisans autoconstructeurs écolos pas de pub, les artisans sont demandeurs combien de personnes formées 2004 durée des stages 2 j PARTENARIAT institutions, financements, opérations Cantercel est demandeur collaboration entreprises : autres artisans formés sur chantiers puis chantiers jumelés (elle paye l’autre au tarif jour ou inverse) EDITION 0 document publicité : verbal, promotion au quotidien sensibilisation salons DATE di 7.11.04 par téléphone oui durée entretien 1 h ACTIVITE peintre en décor, artisan en nom propre, depuis 1983 plus d’employé actuellement APPRENTISSAGE père peintre en déco, elle idem, CAP < 1980 premiers contacts AKTerre plusieurs formations courtes, toujours 2 fois : chaux, tadelakt, enduits terre, pisé... licence professionnelle Architecture ancienne, techniques de réhabilitation (pas de terre) fac de Montpellier, 6 mois cours, 6 mois rencontres archis BF et meilleurs ouvriers cherche chantier terre pour mémoire S Drôme TERRE POUR ENDUITS uniquement prête à l’emploi AK essayé 1 fois Terralys (Toulouse) car trouvé chez marchand de matériaux approvisionnement AK elle a testé pour AK 1 terre achetée à une briquetterie= super sable 0 volume 2004 env. 4 m3 + 2 palettes de sacs 25 kg bénéficie matériaux stages AK travaille manuellement, possède malaxeur 0 stabilisants thèmes abordés BABA de AK, mais plus sélectif sur décoratif, enduits de finition, peintures, sans pisé et sans matériaux matériel didactique évolution : elle vient de créer une assoc et veut monter nouveau module DIFFICULTES ce qui la retient devant terre locale : volet de travail/assurer le quotidien/garanties/pas le temps LEONARDO connaissance tenir au courant oui participerait à une formation non participerait à une rencontre artisans/test/formateurs oui Autres questions : clients, promotion, salariés, contacts 89 90 Références citées Aubert C. & Brosse-Platière A. (Terre Vivante), Micmacher C. (Pégase-Périgord), Saint-Jours Y. (La maison écologique) 2003 – Annuaire national de l’habitat écologique. Ed. Terre Vivante, 256 p. Claytec 2004 – Architektenmappe. Die Anleitung zum modernen Lehmbau. Ed. Claytec, Lehmbau Peter Breidenbach Courtney-Clarke M. 1990 - Tableaux d’Afrique. L’art mural des femmes de l’ouest. Ed. Arthaud, 204 p. Dachverband Lehm (Hrsg.) 1999 – Lehmbau Regeln. Begriffe, Baustoffe, Bauteile. Vieweg Verlag, Braunschweig. Desombre F. 2005 – J’attends une maison. Le livre de l’habitat écologique. Ed. de la Pierre Verte, 504 p. Guelberth C. R. & Chiras D. 2003 - The natural plaster book. Earth, lime and gypsum plasters for natural homes. Ed. New Society Publishers, 251 p. Guyon E., Troadec J.P. 1994 – Du sac de billes au tas de sable. Ed. Odile Jacob, 306 p. Houben H. & Guillaud H., CRATerre 1995 - Traité de construction en terre. Ed. Parenthèses (2ème édition), 355 p. Isomura M. 1998 – Le mur en terre japonais. Mémoire CEAA-Terre 1994-96, Ecole d’architecture de Grenoble, 57 p. Lahure F. 1987 – La réhabilitation du patimoine terre à travers l’exemple des stages du Parc naturel Régional de Brootonne (Haute-Normandie). In Actes du Colloque international des 18-19-20 mars 1987 à l’ENTPE, Vaulx-en-Velin : Le patrimoine européen construit en terre et sa réhabilitation. Formequip : 61-80 Lahure F. 1989 – Fascicule technique sur la mise en oeuvre du torchis. A l’usage des professionnels. Parc naturel régional de Brotonne, Fédération du bâtiment 76, Chambre des métiers 76. 30 p. Lahure F. 1992 – Rapport sur les « activités torchis » des artisans ayant suivi un stage de formation. Chambre des métiers de la Seine-Maritime, 45 p. Leszner T. & Stein I. 1987 – Verputz, in Lehmfachwerk. Alte Technik – neu entdeckt. Rudolf Müller Verlag, Köln, p.112-134 Leszner T. & Stein I. 1987 – Anstriche, in Lehmfachwerk. Alte Technik – neu entdeckt. Rudolf Müller Verlag, Köln, p.143-147 Marcom A. 2002 – Enquête sur la mesure de productivité dans les techniques de consruction en terre. Mémoire de DPEA-Terre 2000-2002, CRATerre-EAG, Ecole d’Architecture de Grenoble, 74 p. Minke G. 1994 – Lehmputze, in Lehmbau-Handbuch. Der Baustoff Lehm und seine Anwendung. ökobuch, Staufen bei Freiburg, p. 185-191 Minke G. 1994 – Witterungsschutz für Lehmoberflächen, in Lehmbau-Handbuch. Der Baustoff Lehm und seine Anwendung. ökobuch, Staufen bei Freiburg, p. 192-202 F. Perego F. 2005 - Dictionnaire des matériaux du peintre. Ed. Belin, 895 p. Schillberg K. & Knieriemen H. 1993 – Putze und Anstriche, in Naturbaustoff Lehm. Moderne Lehmbautechnik in der Praxis – bauen und sanieren mit Naturmateralien. AT Verlag, Aarau, p.109-115 Speidel M. 1986 – Feinputze auf Lehm, in Bauen mit Lehm. Aktuelle Berichte aus Praxis und Forschung. Heft 4 : Nasslehmtechniken. Hrsg. G Minke, ökobuch, Staufen bei Freiburg, p. 3540 Taxil G., Bishop Abadomloora L., Kwami M., Moriset S., Savage D. 2004 - Navrongo cathedral. The merge of two cultures. Ed. Craterre Editions, 36 p. Volhard F. 1995 – Putz und Anstrich, in Leichtlehmbau. Alter Baustoff – neue Technik. 5. Auflage, C.F. Müller Verlag, Heidelberg, p. 121a-139 zur Nieden G. 1986 – Putzen und Mauern mit Lehmmörtel, in Bauen mit Lehm. Aktuelle Berichte aus Praxis und Forschung. Heft 4 : Nasslehmtechniken. Hrsg. G Minke, ökobuch, Staufen bei Freiburg, p. 29-34 91 92 Bibliographie française pour les modules 1 et 2 du projet Leonardo Livres sur l’architecture de terre en France • Architecture de terre en Ille-et-Vilaine. P. Bardel & JL. Maillard, éd. Apogée & Ecomusée du pays de Rennes, 2002, 159 p. ISBN 2-84398-119-0 Synthèse des connaissances : technique et histoire de la bauge, typologie, exemples de rénovations réussies, beaucoup de belles photos. Plus que exemplaires disponibles à l’écomusée. • Bâtir en pisé : technique, conception, réalisation. J. Jeannet, B. Pignal, P. Scarato, éd. Pisé Terre d’Avenir, Cahier technique n° 3, 1998, 51 p. [email protected] Information utile pour la construction en pisé. Thèmes traités : généralités, matériau terre, outillage et maind’oeuvre, construction du projet. • Le pisé. Patrimoine, restauration, technique d’avenir. Matériaux, techniques et tours de mains. J. Jeannet, B. Pignal, G. Pollet, P.Scarato (association Pisé terre d’avenir), éd. CREER, 2003 (3ème édition), 122 p. ISBN 2-909797-94-5 Depuis sa 1ère édition en 1986, ceci reste le seul livre uniquement consacré au pisé actuellement disponible en France. • Maisons d’argile en Midi-Pyrénées. T. Casel, J. Colzani, JF. Gardère, JL. Marfaing, éd. Privat, collection Architecture, paysage et territoire, 2000, 126 p. ISBN 2-7089-7120-4 • Livres sur l’architecture de terre en France • Livres sur l’architecture de terre dans le monde • Livres sur les maisons anciennes • Livres sur la couleur • Livres sur les ornements et les surfaces en terre décorées • Livres sur les enduits et peintures • Livres sur l’écoconstruction • Quelques titres anglais • Fiches • Sites internet Pisé, torchis, brique crue, bauge, BTC, enduits, tuiles et brique cuite. Histoire, techniques, témoignages, itinéraires. • Maisons en terre des marais du Cotentin. Un patrimoine à préserver, un confort à améliorer, des constructions à réhabiliter. Biomasse Normandie, Caen, France, 47 p. Le bâti ancien dans le pays des marais est aujourd’hui très dégradé ou restauré avec des matériaux inadaptés. Cette plaquette permet de redécouvrir ce bâti et présente des solutions adaptées pour la restauration de ce patrimoine. • Terre crue. Techniques de construction et de restauration. B. Pignal, éd. Eyrolles, collection Au pied du mur, 2005, 117 p. ISBN 2-212-113181-8 Enfin un livre mettant en valeur le patrimoine en terre crue en France : pisé, bauge, adobe et torchis présentés par de nombreuses photos, cartes et schémas. Ce livre comble les lacunes, en ce qui concerne le matériau terre, de celui sur les maisons anciennes dans la même collection. Quelques pages sur la réparation, la rénovation et la restauration et un petit chapitre sur des bâtiments récents. Glossaire, bibliographie et adresses. • Terres d’architecture. Regards sur les bourrines du marais de Monts. Ecomusée du marais Breton Vendéen (dép. 85), 2004, 93 p. [email protected] Catalogue richement illustré et documenté de l’exposition de l’été 2004 de l’écomusée, présentant les bourrines et leur sauvegarde, tout en les situant dans le contexte global de l’architecture de terre. 93 Livres sur l’architecture de terre dans le monde • Bâtiments traditionnels Ashanti. Asante traditional buildings. Ghana Museums and Monuments board & CRATerre-EAG, éd. CRATerre, 1998, 36 p. ISBN 2-906901-25-3 Décorations des temples Ashanti : motifs, symbolique, restauration. Livret bilingue français-anglais. Ghana. • Citadelles du désert. photos P. Lafond, texte E. Amran el Maleh, éd. Nathan Image, 1991, 137 p. ISBN 2-09-290096-X Maroc. Les chateaux forts, à l’entrée des vallées de l’Atlas, surveillaient les routes. Les derniers habitants de ces lieux. Encorbellements, incrustations de motifs, niches, meutrières. • Espace persan. Architecture traditionnelle en Iran. Traditionnal architecture in Iran. M. Khansari & M. Yavari, éd. Pierre Mardaga, Belgique, 1986, 125 p. ISBN 2-87009-249-0 Livre bilingue français & anglais. Vision globale sur la façon dont le Persan a bâti son espace dans le milieu environnant. Les relations entre le paysage et les matériaux utilisés. Des habitats d’une puissante harmonie et d’une grande diversité. • La case obus. Histoire et reconstruction. C. Seignobos & F. Jamin, 2d. Parenthèses, coll. architectures traditionnelles, 2003, 210 p. ISBN 2-86364-119-0 La maison "fait main". Un des habitats les plus particuliers, sa richesse culturelle, son histoire ancienne et récente : l'histoire d'un peuple et de sa terre. Etonnant. Un livre très complet. • Larabanga. Ghana Museums and Monuments board (G. Olympio, P. Duon Naa, I. Nicholas), CRATerre-EAG (T. Joffroy, S. Moriset, W. Carazas-Aedo, D. Gandreau, A. Misse, I. Odiaua), CRATerre-éditions, 36 p. ISBN 2-906901-33-4 Livret bilingue français-anglais. Conservation de la mosquée, architecture traditionnelle, matériaux de construction. • L’architecture de Djenné. Mali. La pérennité d’un patrimoine mondial. R, Bedaux, B. Diaby, P. Maas. éd, Rijksmuseum voor Volkenkunde Leiden, Pays-Bas. 2003, 188 p. ISBN 90-5349-420-0 A l’aide d’un riche ensemble de photographies et de dessins architecturaux, cet ouvrage décrit l’architetcure de Djennné et donne un aperçu bien ordonné des monuments restaurés. • L’architecture de terre au Maroc. Z. Zerhouni & H. Guillaud, ACR éditions, 2001, 312 p. ISBN 2-86770-142-2 Belles photos d’extérieurs et d’intérieurs de maisons en terre, grand chapitre d’introduction sur le matériau terre crue et sur l’histoire et la géographie de l’architecture de terre dans le monde. • L’architecture dogon. Constructions en terre au Mali. W. Lauber, L. Cissé, M. Dembelé, D. Douyon, O. Heiss, H. Leloup, S. Romero, A.A. Tembelé, G. Thaller, F. Wilhelm, éd. Adam Biro Paris, 1998, 176 p. ISBN 2-87660-218-0 Cadre géographiquen peuplement, patrimoine, traditions, religion, architecture & sculpture, relevés architecturaux de villages et bâtiments. Edition originale en allemand. • Le M’Zab. Une leçon d’architecture. A. Ravearau, éd. Actes Sud, 2003, 221 p. ISBN 2-7427-4270-0 Cinq petites citées d’une rare beauté bâties au XIème siècle par les Ibadites, réfugiés dans une région ingrate du Sahara. • Les mosquées en terre du Mali selon Sebastian Schutyser. texte J Dethier, JL Monterosso, publié par la maison européenne de la photographie, Paris, 2002, 48 p. ISBN 2-914423-127 94 • Maisons creusées du fleuve jaune. L’architecture troglodytique en Chine. JP Loubes, éd. Créaphis Paris, 1988, 140 p. ISBN 2-907150-04-9 • Traité de construction en terre. H. Houben, H. Guillaud, CRATerre, éd. Parenthèses, 1995 (2ème édition), 355 p. ISBN 2-86364-041-0 Synthèse des travaux du CRATerre de 1973 à 1989, sur les technologies de la construction en terre crue, illustrée de nombreux dessins et graphiques. Livres sur les maisons anciennes • La maison ancienne. Construction, diagnostic, interventions. J Coignet & L. Coignet, éd. Eyrolles, collection Au pied du mur, 2003 (2ème tirage), 148 p. ISBN 2-212-11060-X Connaître, analyser, comprendre, puis déboucher sur « des solutions techniques qui ne contrarieront pas la logique de la construction d’origine ». Fondations, murs, planchers, escaliers, toitures. Bon chapitre sur l’humidité dans la maisons, mais approximations sur les techniques de construction en terre. • La maison de pays. Restaurer, aménager, préserver. R. Fontaine, éd. Seghers, 1977 (tirage 2001), 362 p. ISBN 2-232-12183-6 « Comment vivaient nos ancêtres dans telle ou telle région ? Pourquoi utilisaient-ils tel ou tel matériau ? Quelles règles régentaient l’ordonnace des bâtiments, leur construction, leur entretien ? Quels procédés modernes peuvent être employés pour une restauration véritable, et quels autres proscrits ? » Description, avec beaucoup de dessins, des différents éléments des constructions. • Le bâti ancien : analyse, pathologie, remèdes. Jeannet J., Pignal B., Scarato. éd. Pisé Terre d’Avenir, Cahier technique n° 2, 1996, 51 p. [email protected] Orientations pratiques pour la réhabilitation du patrimoine construit. Large éventail de matériaux que l’on rencontre sur le terrain (pierre, bois, terre crue et cuite, chaux, etc.). Thèmes traités : généralités, humidité, maçonnerie, finition, équipements. Livres sur la couleur • Communiquer par la couleur. A. Chrisment, 1994, 247 p. disponible chez www.okhra.com Les connaissances essentielles pour comprendre, par quatre spécialistes : une artiste, un ingénieur, un technicien, un médecin. • Les Couleurs de la France. Géographie de la couleur. JP. & D. Lenclos, éd. Le Moniteur, 1999 ISBN 2-28119125 La beauté le l'harmonie de l'habitat traditionnel régional grâce à la couleur. • Le grand livre de l'harmonie des couleurs. Collectif, éd. de l’Homme, 2001, 184 p. ISBN 2-7619-1637-9 Renseignements de base sur les couleurs, un cercle chromatique, des combinaisons de couleurs par thèmes, des échantillons de couleurs permettant une consultation rapide. • L'intelligence de la couleur. E. Bremond, éd.Albin Michel, 2002, 255 p. ISBN 2-226-13007-1 Dimensions et significations des couleurs en six thèmes : environnement, corps, cinq sens, langage, croyances, quotidien. 95 Livres sur les ornements et les surfaces en terre décorées • 1001 motifs ornementaux. Islam ornamental design. C Humbert & H. Denizot, éd. Office du livre (Fribourg, Suisse) et Société française du livre (Paris, France), 1980, 236 p. ISBN 2-85109-087-9 Texte trilingue allemand, français, anglais. Livre ancien, mais dessins intemporels... Motifs ornementaux géométriques sans entrelacs / avec entrelacs, motifs ornementaux végétaux, motifs ornementaux floraux, motifs ornementaux définis par une forme enveloppante, motifs ornementaux comportant une forme humaine ou animale. • Inside Africa. photos D. von Schaewen, texte F. Gaudere & L. Dougier, éd. Angelica Taschen (Köln London, Los Angeles, Madrid, Paris, Tokyo), 2003, 2 tomes. Textes trilingues (allemand, français, anglais) Photos d’intérieurs : images exceptionnelles. Témoignages de traditions constructives et maisons modernes. Les lieux de vie comme thème central. Les oeuvres sculpturales, les décors peints. Résultat de 15 voyages en 4 ans. Tome 1 : North & east, 448 p. ISBN 3-8228-5771-8 Morocco, Tunisia, Egypt, Kenya, Tanzania, Seychelles, Mauritius, LA Réunion, Botswana. Tome 2 : South & west, 463 p. ISBN 3-8228-5771-8 South Africa, Cameroon, Nigeria, Benin, Togo, Ghana, Burkina Faso, Ivory Coast, Niger, MALli, Senegal, Mauritania. • L’art de l’Islam en Orient. D’Ispahan au Taj Mahal. F. Piqué & L.H. Rainer, éd. Adam Biro, 1999,116 p. ISBN 2-7000-2156-8 • Les Bas-reliefs d’Abomey. L’histoire racontée sur les murs. H. Stierlin, éd. Gründ (Torino, Italie), 2002,320 p. ISBN 2-87660-276-8 Palais royaux, Bénin, Afrique de l’ouest. Histoire et conservation des murs décorés de sculptures narratives colorés. • Portes d’Afrique. R. Danto Barry, éd. Norma Paris, 1999,191 p. ISBN 2-909283-31-3 Inventaire et signification des motifs, idéogrammes, décors polychromes, allégories... Bonne bibliographie. Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Ghana, Gorée, Guinée, Kenya, Mali Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Soudan, Tanzanie, Zanzibar • Sous les toits de terre. Haut Atlas. Elements d’architetcure traditionnelle et décoration picturale dans l’habitat berbère des hautes vallées. K. Huet & T. Lamazou, éd. Belvisi/Al Madariss (Maroc) et Publi-Action (France) 1988, 150 p. ISBN 2-906922-00-5 • Tableaux d’Afrique. L’art mural des femmes de l’ouest. M. Courtney-Clarke, éd. Arthaud 1990, 204 p. ISBN 2-7003-0851-4 Résultat de 3 ans de périples et de séjours d’une femme seule accueillie par les populations rurales. BurkinaFaso, Côte-d’Ivoire, Ghana, Mali, Mauritanie, Nigeria, Senégal. Magnifique témoignage sur des traditions picturales en voie de disparition. L’art et l’architecture indigènes de l’Afrique occidentale sont ephémères et disparaissent avec la premère saison des pluies. Au fur et à mesure que meurt la vieilles génération de femmes, leurs maisons se délitent et avec elles les peintures. Edition originale en anglais. African canvas. the art of west african women, Rizzoli international publications New York, 1990 96 • Tableaux d’Arabie. T. Mauger, éd. Arthaud 1996, 199 p. ISBN 2-7003-1111-6 Arabie Saoudite. Huttes Tihama d’influence africaine. Maisons tour en pierres sèches avec motifs géométriques en quartz blanc sur les frises de couronnement et les encadrements de fenêtres. Maisons en terre avec essentage de dalles schisteuses. Maisons en terre aux fresques polychromes aux couleurs vives sur les façades et les murs intérieurs. • Tableaux du Sahara. JL. de Quellec & G. Baldizzone, éd. Arthaud 2000, 191 p. ISBN 2-7003-12872 Aux sources de l'ornement. Architecture de terre, notamment maisons sculptées d'Agadès et maisons peintes de Oualata. "Beau livre" pour s'inspirer. • Tableaux du Yémen. P. & M. Maréchaux, éd. Arthaud 1998, 198 p. Livres sur les enduits et peintures • Cahier de recettes de la marchande de couleurs. Badigeons, stuccos, patines, pigments, liants, charges, outils... AM & JC Misset, éd. Massin, 2002, 104 p. ISBN 2-7072-0452-8 Comme le dit le titre... • Dictionnaire des matériaux du peintre. F. Perego, éd. Belin, 2005, 895 p. ISBN 2-7011-2135-3 Tout y est, de la caséine aux terres colorantes en passant par la cellulose et l'urine... Pour chaque article : nature et origine, lexicologie, historique, composition, propriétés, fabrication, préparation, extraction, récolte, utilisation, toxicité. Le tout en couleur. • Dictionnaire technique de la peinture. A Béguin, auteur éditeur, 2002, 1368 p., 2 tomes ISBN 2-903319-27-8 La bible des professionnels, exhaustive sur les définitions et les techniques, voire la physique des matériaux. • Les enduits décoratifs. Plâtre et chaux. P. Chastel, éd. Dessain et Tolra, 168 p., 2001 ISBN 2-04-7200202 Brosserie, outillage, matériaux, supports, couleur. Enduits décoratifs, chaux, terre, stucs modernes. Le Plâtre de A-Z, plâtre et chaux. • La chaux naturelle : décorer, restaurer et construire. J. Fouin, éd. du Rouergue, 2001 , 141 p. ISBN 2-84156-295-6 Textes très clairs. Carnet d’adresses des marchands de chaux, enduits prêts-à-l’emploi, enduits en terre et tadelakt, peintures, formations et stages. • La chaux, mise en oeuvre, enduits, décors. J. Jeannet, B. Pignal, P. Scarato, éd. Pisé Terre d’Avenir, cahier technique n°1, 1999. 40 p. [email protected] Synthétise les connaissances actuelles sur la chaux et son utilisation dans l’habitat. • Le petit guide illustré de la chaux. F. Carli, Les cahiers de Terres et Couleurs, 2001, 48 p. ISBN 2-913207-04-9 Avec une touche d’humour, les mauvaises « aventures » (où habitudes ??) avec la chaux et comment faire mieux. Pour avoir 10/10 en matière de façades ... • Le sable. Secrets et beauté d'un monde minéral. J. Ayer, M. Bonifazi, J. Lapaire, éd. Muséum d'histoire naturelle de Neuchâtel, 2002, 128 p. ISBN 2-940041-10-5 LE sable, au singulier, vu de près : aucun grain ne ressemble à un autre, ni aucun sable à un autre ... Géologie, typologie, collections. Photos d'échantillons. Un tour du monde étonnant et superbe. 97 • Les enduits décoratifs. Plâtre et chaux. P. Chastel, éd. Dessaim et Tolra, 2001, 168 p. ISBN 2-04-720020-2 « Catalogue » de recettes d’un artiste peintre, avec de nombeuses photos et beaucoup de définitions. Les brefs exposés permettent de comprendre la différence entre une grande diversité de techniques. Attention, les deux pages sur l’enduit de terre donnent une image très restrictive du matériau. • Les sables. Entretien et restauration des bâtiments anciens. Outil pédagogique. M. Le Corre (CAUE 44) & L. Van Nieuwenhuyze (Nantes Renaissance), éd. ARTEFAB pays de la Loire, 1998, 47 p. ISBN 2-9513181-0-3 Comme le dit le titre : il n'y a pas qu'UN sable. Petit guide pratique très concis et bien illustré, pour connaître les caractéristiques des sables et savoir les utiliser. Adresses. • Les terres colorantes, comment et où les produit-on. Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France, Les cahiers de Terres et Couleurs : 2001 (réed. du n°3 1998), 24 p. ISBN 2-913207-03-0 Définitions, typologie, bibliographie, adresses. • Ocres et couleurs du Lubéron. S. Légal (coordinateur, Parc naturel régional du Lubéron), magazine documentaire BT (bibliothèque de travail) n° 1137, avril 2002, éd. PEMF, 48 p. ISSN 0005-335X Géologie, exploitation, historique : en quelques pages et quelques images, tout pour comprendre ce célèbre "matériau-couleur". • Ocres et finitions à la chaux. Enduits décoratifs, stucs et tadelakt. V. Tripart, éd. Edisud, Les Ateliers de Provence, 2004, 107 p. ISBN 2-7449-0406-6 Guide technique pour la décoration. • Ocres et peintures décoratives de Provence. V. Tripard, éd. Edisud, Les Ateliers de Provence, 2001, 109 p. ISBN 2-7449-01903 Ouvrage pratique très complet sur le badigeon à la chaux. Avec nuancier des terres colorantes. • Ocres et terres, secrets d’ateliers... Les cahiers de Terres et Couleurs, 2002 (rééd. de 1999), 32 p. ISBN 2-913207-01-4 Recettes de différents badigeons, craquelures, patines, tempera et autres peintures. Adresses. • Recettes d’atelier. Techniques picturales anciennes. Peintures décoratives et artistiques. JC. Misset, éd. Massin, 2000, 196 p. ISBN 2-7072-0398-X Toutes les réponses d’un maître pour passionnés ou néophytes. • Techniques et pratique de la chaux. Ecole d’Avignon, éd. Eyrolles, 1996, 226 p. ISBN 2-212-11265-3 Destiné aux professionnels, très technique et pédagogique à la fois : types de chaux, mortiers, enduits et peintures, fabrication et dosages, les outils et leur maniement, organisation du chantier, conservation du patrimoine, bibliogaphie et adresses... • Techniques et pratique du plâtre. Applications traditionnelles et modernes. J. Festa, éd. Eyrolles, 2004 (5ème tirage de l’éd. de 1998), 185 p. ISBN 2-212-07222-8 Destiné aux professionnels, très technique et pédagogique à la fois : types de plâtres, matériaux et matériels traditionnels, cloisons, enduits, plafonds, techniques sèches modernes. Livres sur l’écoconstruction • Bâtir en paille. A. de Bouter, éd. La maison en paille, 2004, Classeur 105 p. & CD-Rom ISBN 2-9522653-0-5 disponible chez www.lamaisonenpaille.com Guide pratique de la construction en bottes de paille et des enduits en terre et à la chaux. 98 • Bâtiments en ballots de paille en France. Découvrez aussi les enduits en terre. J. Daglish, ACFV, 2000, 60 p. disponible chez www.batirsain.free.fr Présentation de 24 bâtiments avec photos, plans, techniques, contacts. • Construire en paille aujourd’hui. A. & H. Gruber, éd. Terre vivante, 2003, 128 p. ISBN 2-914717-01-6 Traduit de l’allemand. Tour d’Europe, des Etats Unis et d’ailleurs, présentation succinte des techniques, caractéristiques de la paille, mariage de la terre et de la paille, quelques aspects administratifs (adapté au contexte français). • Construire en respectant l’environnement en zone périphérique du Parc National des Ecrins. Rapport programme Leader +, par l’association Le Gabion pour le parc des Ecrins, 2004, 139 p. [email protected] Ce rapport contient des fiches sur des réalisations et sur les matériaux dont les enduits en terre, ainsi que des textes sur la démarche de l ‘écoconstruction et le suivi de chantier. • Fraîcheur sans clim'. Le guide des alternatives écologiques. T. Salomon & C. Aubert, éd. Terre vivante, 2004, 160 p. ISBN 2-914717-09-1 Beaucoup de schémas et de chiffres sur le confort thermique, une architecture adaptée au climat et les caractéristiques des matériaux et éléments constructifs en rapport avec la thermique (protection, isolation, inertie, ventilation, réfrigération,..). Les aspects techniques et technologiques de la climatisation des maisons et des voitures à la portée de tous. • La maison des [néga]watts. T. Salomon & S. Bedel, éd. Terre Vivante, 2001, 160 p. www.terrevivante.org Encore quelques données chiffrées : comparaison des matériaux en termes d'isolation thermique ou d'énergie grise p.ex. Idées pratiques et adresses utiles. • Le guide de l’habitat sain. Dr S. Déoux & P. Déoux, Medieco éditions, 2002, 405 p. ISBN 2-9920-1-399-0 Ce pourrait aussi être le guide de l’habitat non sain : c’est le livre qui fait référence en matière de toxicité et d’épidémiologie des affections liés à l’habitat en France. Réédité, augmenté et mis à jour souvent. • L’habitat écologique. Quels matériaux choisir. F. Kur, 2001, 189 p. ISBN 3-8174-2122-2 Traduit de l’allemand. Pour comprendre le comment et le pourquoi de l’écoconstruction. Impacts sur l’environnement et sur la santé. Lexique, chiffres, adresses. • L’isolation écologique. JP. Oliva, éd Terre Vivante, 2001, 237 p. ISBN 2-904082-90-5 LA référence française pour l’écoconstruction. Ne parle pas que des isolants mais présente tous les systèmes constructifs pour les murs, planchers, cloisons et toits écologiques. Explique aussi les principes d’inertie thermique, du renouvellement de l’air, de la régulation hygrothermique, de la réglementation, des écobilans des matériaux... • Maisons écologiques d’aujourd’hui. JP. Oliva, A. Brosse-Platiere, C. Aubert, éd Terre Vivante, 2002, 144 p. ISBN 2-904082-99-9 Pour donner envie : trente exemples de maisons écologiques neuves ou rénovées en France, nombreuses photos, plans, fiches techniques, coûts. • Nos maisons nous empoisonnent. Guide pratique de l'air chez soi. G. Méar, éd. Terre vivante www.terrevivante.org D'où viennent les polluants, quels effets ont-ils sur notre santé, comment s'en débarrasser ? Dans les maisons modernes, bien isolées et construites avec des matériaux qui émettent toutes sortes de produits chimiques ... 99 Quelques titres anglais • African painted houses. Basotho dwellings of South Africa. Z. Zerhouni & H. Guillaud, ACR éditions, 2001, 312 p. ISBN 2-86770-142-2 Basotho women’s mural art called litema, applied to all 4 techniques of mural decoration : engraved pattern, mural painting, relief moldings, mosaic. High plateau south of Johanneburg. Painted mud houses, built by Basotho farm workers living on white-owned farms. • Butabu. Adobe architecture of West Africa. photographs J Morris, text S. Preston Blier, Princeton Architectural Press New York, 2004, 216 p. ISBN 1-56898-413-8 Beautiful pictures of decorated surfaces, external & some interiors. Benin, Mali, Niger, Nigeria. • Drawn from african dwellings. G. N. van Wyk, H. N. Abrams INC Publishers, 1998, 168 p. ISBN 0-8109-1990-7 Fulbe, Tocolor, Sereer, Joola. • Native american architecture. P. Nabokov & R. Easton, éd. Oxford University Press, 1989, 431 p. ISBN 0-19-503781-2 Historical photographs of Indian dwellings. Anthropological description of dwelling types and village plans for every North American region. Many of the architectural traditions are still alive. • Navrongo cathedral. The merge of two cultures. Bishop L. Abadomloora, G. Taxil, M. Kwami, S. Moriset, D. Savage, éd. Craterre Editions, 2004, 36 p. ISBN 2-906901-34-2 Northern Ghana, Our lady of Seven Sorrows cathedral constructed in 1920, painted decorations, symbols of bas reliefs, decoration process, Kassena & Nankane traditional surface decoration. • Spectacular Vernacular. The adobe tradition. JL Bourgeois, C. Pelos, B. Davidson, éd Aperture, 1989, 191 p. ISBN 0-89381-391-5 Formal richness and technical ingenuity of homes, mosques and villages, in the desert climates of West Africa, Soutwest Asia and the American Southwest. • Vernacular dwellings. Ancient Chinese architecture. Wang Qjiun, ed. Springer, 2000, 183 p. ISBN 3-211-83008-1 Inclut des photos des logements collectifs circulaires en pisé. • The natural plaster book. Earth, lime and gypsum plasters for natural homes. C.R. Guelberth & D. Chiras, éd. New Society Publishers, 2003, 251 p. ISBN 0-86571-449-5 www.newsociety.com Ce livre est certes en anglais, mais il est récent et bien illustré et c’est le seul ouvrage faisant une très large part aux enduits en terre, récapitulant principes, techniques et outils. Il traite surtout des murs en bottes de paille mais parle aussi d’autres supports. 100 Fiches Fiches monographiques du Réseau Ecobâtir ([email protected]) Maison particulière à Anglet, avec mur en pisé à double courbure Maison d’habitation dans le sud-ouest, construite en blocs de terre comprimée sous un bon chapeau Maison écologique près de Toulouse, recherche de l’autonomie, expérimentation et bioclimatisme Lotissement HLM de 8 maisons, en pisé à Romillé près de Rennes Quatre gîtes ruraux et une maison d’habitation en pisé dans le Poitevin Information produits (* fiches techniques enduits de terre téléchargeables – état janvier 2005) www.akterre.com www.bayosan.de (*) www.casadobe.de www.chieffinish.de (*) www.claytec.com www.claytec.de (*) www.colfirmit.de (*) www.conluto.de (*) www.eiwa-lehmbau.de (*) www.geosana.it www.haganatur.ch/Lehmputze.htm www.hasit.de (*) www.karphosit.de www.ktskg.de/French/welcomefr.html www.lehmbau-ts.de www.lesando.de (*) www.maxit.de (*) www.prolehm.at www.stroba.ch www.stroba.ch/PDF/Lehm_SW.pdf www.tierrafino.com (= site français du www.chieffinish.de) www.wohnlehm.com Documentations techniques des fabricants de chaux Voir la liste des fabricants dans la fiche sur les fournisseurs de produits commercialisés. Certains mettent leurs fiches techniques en ligne. Sites internet françaises d’associations adresses, bibliographie, exemples, fiches techniques, liens, photos, séquences vidéo ... www.batir-sain.free.fr www.bio-construction.com www.craterre.archi.fr www.ecocentre.org www.legabion.org www.la-maison-ecologique.com www.la-maison-en-paille.com www.maisons-paysannes.org www.reseau-ecobatir.asso.fr www.terrevivante.org Sites internet françaises d’entreprises producteurs, fournisseurs www.akterre.com www.brenner.fr www.briqueterie-d-allonne.fr www.chenelet.org www.ardiac.com/fontes.index.html www.briquelanter.com pro.wanadoo.fr/moulincouleurs www.okhra.com www.ocres-de-france.com www.solargil.fr artisans www.globetroterre.com habitatvegetal.free.fr architecte www.archecologie.free.fr Fiches monographiques de Maisons Paysannes de France Comment restaurer et adapter une maison de pays ancienne - en Dauphiné - en Franche-Comté - dans le Rhône etc. 101 102 LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX figures chapitre 1 figure 1 : chapitre 2 figure 2 : chapitre 4 figure 3 : figure 4 : Le matériel didactique : les différents types de documents pour une session. Le système d’enduit. Résumé des paramètres à définir et des facteurs déterminants. Structures d’enduit courantes. Structures d’enduit permettent de créer des zones de fissuration. tableaux chapitre 1 tableau 1 : tableau 2 : chapitre 3 tableau 3 : chapitre 5 tableau 4 : tableau 5: chapitre 6 tableau 6 : tableau 7 : Les trois modules de formation. Les cinq types de documents pédagogiques produits. Recettes pour préparer de la colle à la caséine. Liste non exhaustive des producteurs de matériaux en terre en France. Exemples de prix HT, pour la France, 2005. Formations diplômantes intégrant les modules Leonardo depuis 2005. Acteurs de la formation sur les enduits en terre en France. 103 104 TABLE DES MATIERES page REMERCIEMENTS ........................................................................................................................... 5 SOMMAIRE ..................................................................................................................................... 7 AVANT-PROPOS ............................................................................................................................. 9 INTRODUCTION ............................................................................................................................. 11 Chapitre 1 UN PROJET PILOTE SUR LES ENDUITS EN TERRE EN EUROPE 1. Le cadre administratif ....................................................................................................... 15 2. Les objectifs ..................................................................................................................... 16 3. Contenu et pédagogie ...................................................................................................... 16 4. Les phases du projet et de l’élaboration des documents pédagogiques ......................... 18 5. Les grandes lignes du contenu des trois modules ........................................................... 19 5.1. Le module 1 .............................................................................................................. 19 5.2. Le module 2 .............................................................................................................. 20 5.3. Le module 3 .............................................................................................................. 21 6. Le système d’évaluation.................................................................................................... 21 6.1. Evaluation du projet .................................................................................................. 21 6.2. Evaluation des formations ......................................................................................... 22 6.3. Evaluation des stagiaires .......................................................................................... 22 7. Bilan provisoire ................................................................................................................ 22 Chapitre 2 LE SYSTEME D’ENDUIT 1. Définition .......................................................................................................................... 25 2. Nomenclature des couches ............................................................................................. 27 3. La structure des enduits en terre en Europe ................................................................... 29 3.1. Les couches ............................................................................................................. 29 3.2. Les armatures ........................................................................................................... 29 3.3. Les mortiers .............................................................................................................. 30 3.4. Les types de surface à enduire et les structures d'enduit en terre appropriées........ 31 3.4.1. Les surfaces à enduire exigeant un enduit en plusieurs couches 3.4.2. Conditions permettant l'utilisation d'un enduit monocouche 3.4.3. Conseils 3.5. Résumé des structures d’enduit courantes en fonction des supports....................... 32 3.5.1. Enduit de décoration en monocouche avec sous-couche d'accroche 3.5.2. Enduit de finition en monocouche 3.5.3. Enduit en 2 couches, sur support nécessitant un dressage et/ou hétérogène 3.5.4. Enduit en 2 couches et tramé, sur support présentant des joints importants 3.5.5. Enduit en 2 couches, sur support nécessitant un système d'accroche 3.5.6. Enduit multi-couches, pour mur chauffant ou sur bottes de paille 4. D’autres systèmes d’enduit ............................................................................................. 36 4.1. Le système anglo-saxon des enduits en terre sur bottes de paille .......................... 36 4.2. Le système japonais des enduits en terre sur ossature bois ................................... 37 4.3. Le système africain des enduits en terre du peuple Kassena ..................................38 105 Chapitre 3 LA STABILISATION 1. Les stabilisants : nature, propriétés, mécanismes d’action .............................................. 41 1.1. Définitions ................................................................................................................. 42 1.2. Les stabilisants minéraux ......................................................................................... 42 1.2.1. La chaux 1.2.2. Le ciment 1.2.3. Le plâtre 1.2.4. Les silicates alcalins 1.3. Les stabilisants organiques ...................................................................................... 44 1.2.1. L’amidon 1.2.2. La caséine 1.2.3. La cellulose 1.2.4. Les cires 1.2.5. Excréments et sang 1.2.6. Les huiles 1.2.7. L’oeuf 1.2.8. Les tanins 2. Recettes et dosages .........................................................................................................47 Chapitre 4 CREATION ET TECHNIQUES DECORATIVES 1. Le concept et le déroulement de la session “Exploration du matériau terre” ................... 51 2. Faire fissurer – Information sur le principe ....................................................................... 53 3. Illustration par un exemple de fissuration ......................................................................... 54 4. Enoncé de l’exercice “Retrait et fissuration” ..................................................................... 55 5. Enoncé de l’exercice “Dilution et transparence” ............................................................... 56 Chapitre 5 LE MARCHE FRANÇAIS 1. La production et la vente de matériaux en terre en France .............................................58 Hors-texte : AKTerre. Production et négoce de matériaux en terre ................................61 2. La pose d’enduits en terre en France ..............................................................................63 Hors-texte : Globetroterre. Constructeur en terre ........................................................... 65 Chapitre 6 LA CERTIFICATION DES MODULES DE FORMATION 1. La certification en Allemagne ...........................................................................................67 2. La démarche engagée en France ....................................................................................68 2.1. Une qualification par l’intermédiaire de la Capeb ......................................................... 68 2.2. Une intégration dans des formations diplômantes existantes .......................................68 2.3. Le défi à relver au niveau européen ..............................................................................69 3. Pistes de réflexion pour la diffusion des modules en France ...........................................69 3.1. L’exemple de la filière torchis ....................................................................................... 69 3.2. Qui enseigne déjà les enduits en terre en France ? ..................................................... 70 3.3. Quels partenaires pour quelle stratégie ? ..................................................................... 71 CONCLUSION ................................................................................................................................ 73 TABLE DES ANNEXES .....................................................................................................................75 ANNEXE 1 .....................................................................................................................................77 ANNEXE 2 .....................................................................................................................................83 ANNEXE 3 .....................................................................................................................................89 REFERENCES CITEES..................................................................................................................... 91 BIBLIOGRAPHIE POUR LE PROJET LEONARDO ..................................................................................93 LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX .................................................................................................103 106