Analyse du secteur des Casinos
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Analyse du secteur des Casinos
DIRECTION DE L'ENSEIGNEMENT RESSOURCES PEDAGOGIQUES CCMP 49, rue de Tocqueville - 75813 PARIS CEDEX 17 Tél: 01 55 65 65 97 Fax : 01 40 54 06 93 E-mail : [email protected] Internet : www.ccip.fr/ccmp Analyse du secteur des Casinos Version longue Par Benoit DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE TOUTE COMMUNICATION A DES TIERS INTERDITE G1340 ANALYSE DU SECTEUR DES CASINOS Vous avez été embauché il y a quelques mois par un fonds d’investissement français. Ce jour-là, votre responsable vous confie l’une de vos premières analyses de secteur. « Il faudrait que vous dégagiez les tendances majeures du secteur des casinos et des scénarios d’évolution possibles pour les années à venir » vous a-t-il lancé. « Ce secteur bouge pas mal ces derniers temps et notre fonds pourrait y trouver des opportunités d’investissement. Nous avons rassemblé pour vous des documents assez nombreux. Un conseil : ne vous laissez pas noyer par les données ». Alors que vous regagnez votre bureau en remerciant votre responsable pour cette opportunité qui va enfin vous permettre de mettre en évidence vos compétences, il vous interpelle une dernière fois : « J’aimerais également approfondir deux éléments techniques sur ce dossier. Tout d’abord, il me semble que les écarts d’acquisition sont atypiques dans ce secteur. Est-ce que vous pouvez m’éclairer là-dessus ? De plus, il y a une procédure administrative en cours concernant la fusion entre les groupes Accor Casinos et Lucien Barrière. J’aimerais avoir un rappel sur cette procédure et disposer d’un avis motivé sur l’issue possible de ce dossier. Bon courage et à la semaine prochaine ». Présentation et évolutions du secteur des casinos en France Les casinos - dont l’origine remonte à Venise en 1626 - se sont développés en France au 19ème siècle dans les stations thermales et balnéaires. Cette activité a connu des alternances de périodes de tolérance et d’interdiction pure et simple des jeux de paris. Louis Philippe interdit par exemple tout établissement de paris en 1868. Ce n’est qu’au début du 20ème siècle que l’activité sera finalement reconnue. Au 19ème siècle, la clientèle type est constituée d’individus de classes sociales aisées à la recherche de distractions lors de leur villégiature. Pendant longtemps, une image « haut de gamme » de ce loisir persistera, que l’on retrouve par exemple dans la dénomination de « grands je ux » pour désigner les jeux de table traditionnels (roulette et jeux de cartes). Aujourd’hui, les casinos sont devenus un loisir beaucoup plus populaire qui s’inscrit dans le marché des jeux de paris et de hasard (Tableau 1). En 2003, on estime qu’un Français sur deux aura joué à un jeu de hasard ou de pari. Tableau 1. Le marché français des jeux de paris et de hasard Chiffre d’affaires 2002 Chiffre d’affaires 2003 Evolution (en %) (M€) (M€) Française des jeux 7 433 7 790 + 4,8 % PMU 6 360 7 000 + 9,5 % Casinos, dont : 2 456 2 546 + 3,7 % Jeux de table 207 181 -12,5 % Machines A Sous 2 249 2 365 + 5,2 % Total 16 249 17 336 + 6,7 % Source : groupe Lucien Barrière, 2004 © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 1 Le développement des machines à sous (MAS) dans les années 90 a transformé la population joueuse, constituée traditionnellement de personnes à revenus élevés. Désormais, le joueur moyen dispose de quelques dizaines d’euros pour jouer et les seniors et retraités constitue la principale clientèle des établissements. Une autre image associant casinos et pègre a également longtemps prévalu du fait des masses financières importantes circulant dans le secteur. Comme le note le sénateur Trucy dans son rapport pour le Sénat en 2002, « Il y a eu par le passé, une grande part de vérité dans cette réputation, tant divers procédés, tels que prêtes-noms ou racket, ont longtemps permis à des délinquants notoires de maîtriser la trésorerie de certaines maisons et à organiser la délinquance sinon le crime ». Dans les années 80, des casinos furent ainsi fermés pour avoir eu des liens avec la Camorra. Bien que cette association ne soit plus de mise aujourd’hui, ces histoires tumultueuses expliquent que l’Etat surveille étroitement la profession et en a fait « la profession la plus contrôlée de France ». A la fin des années 80, la France comptait 140 casinos dont le Produit Brut des Jeux1 (PBJ) était inférieur à 150 M€. La cour des comptes les décrit à cette époque comme «peu rentables, mal entretenus et en déclin, avec une clientèle limitée (1,8 million d’entrées pour la saison 1986) et une image vieillotte ». Pendant ces années, les casinos sont avant tout des entreprises de main d’œuvre qui exploitent des jeux de table traditionnels et sont détenues par des entrepreneurs individuels. L’évolution du PBJ sur ces 20 dernières années a été marquée par l’introduction des MAS (Machines à Sous) en 1988 en France qui ont permis de redonner une seconde jeunesse au secteur (Tableau 2). Il faut relever que cette croissance profite également à l’Etat et aux communes d’accueil de casinos dont les prélèvements sont proportionnels au PBJ. Les prélèvements de l’Etat et des communes est ainsi passé d’environ 400 M€ au début des années 90 à plus de 1,1 milliard d’euros au début des années 2000. Une fois les prélèvements publics effectués, la part restant aux casinos est désignée comme étant le produit net des jeux (PNJ). Tableau 2. Evolution du PBJ et de sa répartition entre 1981 et 2000 des casinos en France (en MF) Année 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 Produit des JT 721 726 859 946 981 842 1014 Produit des 0 0 0 0 0 0 0 MAS Nombre de 0 0 0 0 0 0 0 MAS PBJ total 721 726 859 946 981 842 1014 Année 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 Produit des JT 1313 1170 1120 1102 1032 1018 1004 Produit des 1087 1861 2875 3922 5036 6136 7077 MAS Nombre de 3340 6378 8942 10290 11301 11956 12990 MAS PBJ total 2400 3031 3995 5023 6068 7153 8080 JT : Jeux Traditionnels ; MAS : Machines A Sous ; PBJ : produit Brut des Jeux 1988 1135 104 1989 1266 709 1990 1328 971 2110 2110 2060 1250 1998 1138 8267 1975 1999 1150 9155 2299 2000 1202 10161 13011 13237 13557 9405 10305 11363 Le secteur emploie aujourd’hui en France environ 17 000 salariés dont la plupart bénéficie d’un CDI. En 2000, le nombre d’entrées dans les casinos en France a atteint 66,5 millions. Outre la croissance du nombre de MAS, on observe également un nombre croissant d’établissements en France (Tableau 3), bien que la majorité d’entre eux soit de petite taille (Tableau 4) (cf. annexe 3). 1 Le PBJ correspond à l’argent encaissé par les casinos après redistribution aux joueurs mais avant les prélèvements de l’Etat et des collectivités locales. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 2 La France est ainsi devenue au fil du temps le premier marché européen des casinos avec plus de 180 établissements en 2004 contre seulement 143 en 1996. Sur moyenne période, environ 4 à 5 nouveaux casinos ouvrent chaque année alors que un ou deux cessent leur activité. Ces établissements couvrent une grande partie du territoire mais se localisent essentiellement dans des départements côtiers tels que les Alpes Maritimes, le Calvados, la Seine-Maritime, l’Hérault et les Pyrénées Orientales du fait de la réglementation et de l’histoire des établissements. Les Alpes Maritimes arrivent en tête des départements français avec plus de 10 casinos implantés. Cependant, cette concentration n’est pas trop nuisible à la rentabilité des établissements puisque le marché d’un casino est avant tout de dimension locale. Les clients d'un casino viennent en effet en grande majorité d'une zone de chalandise située à moins d'une heure en voiture. Tableau 3. Evolution chiffrée récente du secteur en France 1999 160 1 831 13 237 nc Nombre de casinos PBJ (M€) Parc de MAS PBJ des MAS (M€) 2000 166 2 056 13 557 1 873 2001 170 2 278 14 403 2 088 2002 176 2 456 nc 2 249 2003 180 2 546 16 400 nc Tableau 4. Répartition des casinos en 2000 en fonction de leur PBJ En M€ PBJ > 30,5 M€ PBJ entre 15,2 et 30,5 M€ PBJ > 7,6 et 15,2 M€ PBJ< 7,6 M€ PBJ total : 1732 M€ Source : Cour des comptes, 2001 Nombre de casinos 9 25 42 90 166 % du PBJ total 24,8 30,2 26,2 18,8 100 Peu à peu, à la suite de fusions et d’acquisitions, quelques groupes de casinos ont émergé en France (Tableau 5). A la mi-2004, un panorama du secteur indique notamment que quatre groupes (Partouche, Accor/Barrière, Tranchant et Moliflor Loisirs) possèdent chacun plus de 10 casinos. Il existe également six groupes de moindre taille avec chacun moins de 10 casinos. Enfin, une quarantaine d’entreprises indépendantes exploitent un seul casino. Ces indépendants étaient encore une cinquantaine à la fin des années 90. Avant l’émergence des grands groupes, ces indépendants réalisaient 75% du PBJ du secteur en 1990 alors que ce chiffre est tombé à moins de 25% aujourd’hui. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 3 Tableau 5. Les opérateurs français à la mi-2004 Entreprise Groupe Partouche Groupe Lucien Barrière / Accor * Groupe Moliflor Loisirs Groupe Tranchant 6 autres groupes Indépendants Total Source : Share-infos Research Ltd * en cours de constitution Nombre de casinos 43 30 20 18 30 41 182 Les différentes activités des casinotiers L’activité principale des casinotiers est évidemment de proposer différents jeux aux joueurs. Parmi ces jeux, on distingue les jeux traditionnels de table (JT) (cartes, roulettes, boule, …) et les machines à sous (MAS). L’accès aux salles de jeux traditionnels est payant en France (droit d’entrée de 11 €). Cette activité est presque toujours déficitaire dans un casino du fait des coûts qu’elle engendre et du moindre PBJ qu’elle génère. Longtemps interdites en France, les MAS constituent aujourd’hui l’essentiel des revenus d’un établissement. Pourtant près de 75% des salariés d’un casino sont affectés aux JT et 20 % aux MAS. Cependant, le comportement des joueurs et la situation des casinos à l’étranger peuvent être différents et dans certains pays, l’essentiel du PBJ est encore généré par les JT. Le législateur impose aux casinos d’exploiter quotidiennement au moins un jeu de table dans leur établissement, sous peine de se voir retirer leur autorisation d’exploitation. Les MAS ne peuvent donc être exploitées que si d’autres jeux sont ouverts à la clientèle (article 69-27 de l’arrêté du 23 décembre 1959) mais l’exploitant peut cependant jouer sur des horaires d’ouverture différenciés lorsque JT et MAS sont exploités dans des locaux distincts. De plus, un casino, lors de son ouverture, doit fonctionner pendant un an avec les seuls JT si il veut un jour pouvoir accueillir des MAS. Cette obligation a pour conséquence qu’un casino est toujours déficitaire la première année de son exploitation. Les différents jeux autorisés dans les casinos en France sont : - La roulette : les joueurs misent sur un certain nombre de combinaisons. Une boule lancée sur la roulette indique les combinaisons gagnantes. Trois versions de ce jeu existent : la roulette française, américaine ou anglaise. Le black-jack : ce jeu se joue avec 6 jeux de 52 cartes. Le but du jeu est de se rapprocher d’un score de 21 sans jamais le dépasser. Les joueurs jouent contre le casino (« la banque ») qui a cependant l’avantage de tirer une carte après les joueurs. Le stud poker : version du poker qui se joue avec 52 cartes et de 5 à 7 joueurs. Le chemin de fer : jeu de cartes. La banque : jeu de cartes. Le punto banco : comme la banque et le chemin de fer, c’est une variante du baccara. Dans ces trois jeux, « la banque » (le casino) s’oppose à « la ponte » (les joueurs). Le gagnant est celui qui se rapproche ou atteint avec 2 ou 3 cartes au maximum neuf points. Il se joue avec 6 jeux de 52 cartes. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 4 - La boule : c’est une version simplifiée et plus populaire de la roulette. Le 30 & 40 : se joue avec six jeux de 52 cartes. Le craps : jeu de dé qui selon les combinaisons obtenues rapportent des gains aux joueurs. Les machines à sous (MAS) : elles se présentent sous forme de machines à rouleaux ou sous la forme de vidéo poker. Dans tous les cas, il s’agit de miser une ou plusieurs pièces et d’actionner un bouton ou une manette (bandits manchots). Des combinaisons multiples permettent de multiplier sa mise. Des algorithmes permettent de varier les probabilités de sorties de combinaisons gagnantes. Un joueur entrant dans un casino laisse en général 16 à 20% de l’argent avec lequel il est entré pour jouer, hors consommation (Share-Infos, 2004). Ces gains (pour les casinos) varient cependant en fonction des probabilités statistiques attachées à chaque type de jeu. A une table de blackjack, la banque a un avantage statistique de seulement 2%. Avec 100 € en poche, un joueur raisonnable ne perdra donc en moyenne que 2 €. Cette statistique monte à 5,6% dans le cas de la roulette. Une chose est donc sûre, les statistiques travaillent pour les casinos. Contrairement à une image répandue, le panier moyen d’un joueur est peu élevé. Il se situe aux environs de 20 €. La population joueuse est assez âgée avec les deux tiers des joueurs ayant plus de 60 ans. Une MAS coûte en moyenne environ 8 K€ auxquels il faut ajouter une licence informatique de 1,5 K€. Ces machines ne peuvent être qu’importées étant donnée, en France, l’interdiction de les fabriquer. Malgré cette interdiction, le parc de MAS s’est développé depuis leur autorisation en France (ces machines équipent plus de 95% des casinos aujourd’hui). Leur rythme de développement a cependant été raisonnable, la Commission Supérieure des Jeux (CSJ) jouant un rôle de frein à l’expansion de ces machines en France. Ainsi, si en 1995 on dénombrait 11 301 MAS en France, il n’y en avait que 13 557 en 2000. Une MAS peut générer jusqu’à 110 K€ annuellement selon son emplacement. Cependant, chaque installation de MAS est soumise à autorisation du ministère de l’Intérieur et chaque MAS en activité fait intervenir un programme informatique qui en assure un fonctionnement aléatoire. Pour garantir les chances des joueurs, les parties informatisées de l’appareil sont d’ailleurs placées sous scellés et ne sont accessibles qu’à des fournisseurs agréés pour la maintenance. En plus de l’exploitation des jeux, la plupart des entreprises du secteur ont développé un parc hôtelier plus ou moins luxueux selon les entreprises. Cette activité est un complément logique des casinos car la plupart d’entre eux se trouvent dans des sites touristiques. Ces hôtels permettent en plus de capter une clientèle pour les tables de jeux. Des entreprises comme Partouche proposent de plus en plus des concepts de centres de vacances axés sur les jeux afin d’amener une population plus familiale dans les casinos. Les professionnels du secteur admettent que l’hôtellerie est un secteur plus sensible au contexte international (croissance économique et contexte sociopolitique) que celui des casinos. En 2003, bien que la conjoncture dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie était morose, l’activité des casinos est ainsi restée stable. Dans les années difficiles, l’activité ne baisse en général que de 2 à 3%, voire continue à augmenter même en période de stagnation économique. Les casinos ont également généralement une meilleure rentabilité. Quand un hôtel dégage un ROI (Return On Investment) de 10%, un casino atteint 15% à 20%. En termes d’investissement, il est difficile de chiffrer le montant moyen d’un nouveau casino. Le prix de la concession et de la construction varie par exemple beaucoup selon la taille et la sophistication du projet et le positionnement du casino. Il peut être de 5 M€ dans une petite ville française de province et de 50 M€ dans une capitale européenne comme Bruxelles, ce qui nécessite de recourir à des montages © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 5 financiers faisant appel aux banques et aux fonds d’investissement pour les gros projets (Encadré 1). A ces investissements pour chaque nouveau projet, il faut ajouter des investissements réguliers dans l’entretien et le relookage des établissements. Encadré 1. Le choix d’un opérateur pour Bruxelles Le projet bruxellois devrait déboucher en 2007 sur le site des Galeries Anspach et donner naissance au plus grand casino belge pour un investissement estimé à 50 M€. Ce projet a vu le jour avec une nouvelle loi du 7 mai 1999 qui a régularisé l’existence des huit casinos déjà exploités. Cette loi prévoit également la création d’une commission des jeux, organisme de contrôle sur le modèle français. Avant les travaux des Galeries Anspach, l’exploitant choisi s’installera d’abord sur le site de la Madeleine, beaucoup plus petit et ce, dès 2005. Le nouveau groupe Lucien Barrière s’est investi sur le projet d’ouverture à Bruxelles du premier casino intra-muros. Mais il n’est pas le seul. Trois autres candidats ont été sélectionnés dans le cadre de l’appel d’offres. Le premier est Belcasino, détenu à 40% par la famille Verdonck et à 60% par le groupe Partouche, entré au capital avec le rachat de la Compagnie Européenne de Casinos. Belcasino exploite les casinos d’Ostende et de Chaudfontaine et se repose sur un management 100% belge. Le deuxième candidat est Eurocasino, dont l’actionnariat est très varié (Compagnie immobilière de Belgique, groupe Roularta, Kinepolis, Holland Casino, ABN Amro et Fortis). Cette structure a été constituée uniquement pour répondre à l’appel d’offres pour le casino de Bruxelles. Des négociations sont en cours pour l’entrée éventuelle de la Loterie Nationale dans l’actionnariat du nouveau groupe. Le dernier candidat est le groupe Casinos Austria qui représentait un chiffre d’affaires de 718 M€ en 2002. Ses actionnaires sont pour un tiers l’Etat autrichien, pour un autre tiers des banques et enfin des investisseurs privés. A la fin 2003, après près de 5 ans de procédure, la municipalité choisissait le groupe Casinos Austria pour exploiter ce nouveau casino. Outre les jeux et les hôtels, la réglementation oblige aussi les établissements à proposer à leurs clients des activités de restauration et de spectacle au nom du développement touristique des communes d’implantation. De facto, les entreprises du secteur exploitent donc la plupart du temps des restaurants et organisent régulièrement dans leurs établissements des concerts ou des spectacles. Enfin, certains adjoignent des discothèques à leurs établissements. La réglementation française sur les casinos La Royauté puis la République ont cherché à limiter en France voire interdire les jeux d’argent jusqu’à un décret de 1806 qui permît aux préfets de délivrer des autorisations dérogatoires pour les stations balnéaires, la ville de Paris et les villes thermales. Les jeux d’argent ont d’ailleurs toujours été réglementés dans tous les pays et à toutes les époques. Le secteur des casinos est donc soumis en France à un arsenal législatif important constitué de textes issus du code général des impôts, du code civil, du code pénal, du code des collectivités territoriales et du code des communes. Des textes de lois, des articles de loi de finances, des décrets et ordonnances ainsi que des arrêtés ministériels viennent compléter ce dispositif étoffé. Ces réglementations s’appliquent à de nombreux aspects de l’activité (recrutement de personnel, implantation, joueurs, fiscalité, activités gérées). © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 6 La loi du 15 juin 1907 a permis de déroger à l’interdiction des jeux de hasard en France. Elle a posé également le principe d’implantation des casinos dans les villes classées stations balnéaires, thermales ou climatiques (sauf quelques exceptions datant d’avant cette loi) sous réserve d’obtenir l’aval du Ministère de l’Intérieur. Il s’agissait à l’époque de fournir des ressources financières aux communes qui connaissaient un subit afflux de touristes pendant certains mois de l’année. En 1920, une décision imposait également qu’aucun casino ne puisse s’établir à moins de 100 kilomètres de Paris. Une exception fût accordée au casino d’Enghien (géré par le groupe Lucien Barrière) en 1931 mais aujourd’hui encore, cette interdiction prévaut. Un arrêté du 23 décembre 1959 précisait également que les casinos n’avaient pas pour vocation la seule offre de jeux mais aussi de spectacles et de restauration pour animer les villes d’implantation. En 1969, un décret autorisa trois jeux américains dans les casinos : la roulette américaine, le black jack et le craps. Récemment, la loi de 1907 a été étendue aux grandes agglomérations de plus de 500 000 habitants classées stations de tourisme et répondant à un certain nombre de critères d’ordre culturel définis par un amendement en 1988 sur la décentralisation (dit « Chaban Delmas ») (loi n°88-13 du 5 janvier 1988). D’où un enjeu important actuellement pour certaines municipalités d’obtenir ce label. On commence ainsi à voir s’implanter des casinos dans des grandes villes comme Lyon ou Bordeaux, qui seront prochainement suivies par Toulouse, Nantes, Le Havre ou Lille. En 1987, Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, autorisait également les MAS dans les casinos et eux seuls (loin°87-306 du 5 mai 1987), notamment pour harmoniser la situation de la France avec ses voisins européens. Cette décision permît de sauver le secteur qui peu à peu perdait des établissements. Alors qu’il y avait 155 casinos en France en 1969, il n’en restait plus que 135 en 1985. Toute nouvelle ouverture d’un casino est soumise à une procédure longue et méticuleuse. Pour l’implantation d’un nouvel établissement, une procédure d’appel d’offres de services publics est imposée par la loi du 29 janvier 1993 (loi n°93-122 du 29 janvier 1993, dite « loi Sapin »). Elle implique une ouverture à la concurrence lors de l’octroi ou du renouvellement des concessions d’exploitation des casinos en suivant une procédure stricte (même si il reste difficile d’apprécier quantitativement et qualitativement les caractéristiques des prestations offertes par les différents concurrents lors de la procédure). L’exploitant doit également implanter le siège social de son casino dans la commune de l’établissement, d’où la création d’une société pour chaque casino dans laquelle le groupe exploitant détiendra 100% des parts ou seulement une majorité selon qu’il soit seul ou s’allie à d’autres entreprises sur le projet. La municipalité qui souhaite son casino doit lancer un appel d’offres de concession de service public par voie d’annonce légale. Après réception des candidatures, elle choisit les dossiers qui seront retenus. A chacun des exploitants qui, pour cette procédure, crée seul ou en partenariat une nouvelle entreprise qui portera le projet, elle fait parvenir un cahier des charges précisant les conditions souhaitables pour l’exploitation. Ce cahier des charges doit contenir différentes clauses reprenant : la durée de la concession, le pourcentage des recettes reversées à la municipalité (qui ne peut excéder 15% du PBJ), le type et le nombre de jeux exploités, les activités annexes de restauration et les différentes formes d’implication du casino dans la commune en termes d’animations culturelles, de travaux d’aménagements ou d’aides aux associations. Après réception des projets, les parties entrent dans une négociation à l’issue de laquelle la municipalité retiendra un concessionnaire pour une durée de concession de 18 ans au maximum. Dans les faits, cette durée maximum est accordée dans 40% des cas. Par la suite, le dossier est adressé en préfecture ou sous-préfecture en indiquant notamment l’origine des capitaux, le nom des actionnaires, les membres du conseil d’administration, le directeur en charge de l’exploitation et les membres de son comité de direction, ainsi que les jeux exploités et l’emplacement retenu. L’administration engage alors une enquête commodo-incommodo par laquelle elle collecte notamment les avis des riverains. Ce dossier est complété par un rapport du commissaire du gouvernement transmis à la cellule locale des renseignements généraux (RG) et au service des « libertés publiques et de la réglementation » du © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 7 Ministère de l’Intérieur. Ce service demande une nouvelle enquête au service des courses et jeux des RG. Le dossier sera ensuite examiné lors d’une session de la commission supérieure des jeux (CSJ) qui se réunit une fois par mois, et ce, pour avis consultatif. Lors des débats, le maire de la ville d’implantation vient défendre son projet en mettant en avant l’intérêt financier et touristique du casino. Si aucune opposition n’est soulevée à chacune de ces étapes, l’avis est transmis au ministre de l’intérieur pour que l’autorisation soit éventuellement signée. Mais le ministre peut aller à l’encontre de l’avis de la CSJ qui n’a qu’un rôle consultatif et non décisionnaire. Les casinotiers se plaignent de l’absence de motivation des avis du ministère (notamment lors des refus) qui leur donnent parfois l’impression de décisions irrationnelles. La procédure est la même lors d’extension de casinos existant. Un avis favorable du ministre entraîne une autorisation des jeux de 5 ans maximum ; mais elle peut aussi n’être que de un an seulement. Ensuite, c’est à l’entreprise de demander son renouvellement d’exploitation, procédure qui dure de 6 à 8 mois. Dans 90% des cas, les demandes de renouvellement ne font cependant l’objet d’aucune concurrence réelle et seul l’exploitant en place est candidat au renouvellement. Dans les quelques cas de concurrence, l’exploitant en place est presque toujours retenu. Cette prime au sortant s’explique notamment par le délai probatoire d’un an qui interdit à tout nouvel exploitant d’installer de nouvelles MAS. Pendant cette période, le délégataire et donc la commune, sont privés des recettes supplémentaires potentielles des MAS. De plus, dans plus de la moitié des cas, l’exploitant est propriétaire des locaux ce qui rend difficile le choix d’un nouvel exploitant. Une autre dimension importante de la réglementation qui touche les casinos concerne la fiscalité. L’idée générale du législateur est de permettre l’utilisation des ressources financières dégagées par les casinos dans des buts d’intérêt général et notamment le développement du tourisme. Cette volonté explique l’obligation réglementaire faite aux casinos d’assurer des activités culturelles et touristiques dans la ville d’implantation. Dans le cadre de la loi de 1988, les casinos doivent en effet participer pour plus de 40% au fonctionnement d’un théâtre, d’un orchestre ou d’un opéra ayant une activité régulière. Dans les années 80, certains allégements étaient accordés aux casinos étant donnée leur situation financière souvent mauvaise. Mais dans les années 90, plusieurs décisions défavorables sont intervenues : abattement de base ramené de 35% sur le PBJ à 25% en 1988 (cf. infra) ; prélèvement dit proportionnel de 2% sur le produit des MAS et de 0,5% sur les jeux traditionnels en 1991 ; contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) en 1996 ; CSG appliquée depuis 1997. La base qui sert d’assiette à la taxation est le PBJ qui correspond globalement à l’argent reçu des joueurs auquel on soustrait les sommes qui leur sont reversées, c’est à dire des encaisses des MAS et des tables des JT. Il faut noter que la loi fixe les taux minimum de redistribution des mises aux joueurs. Ces taux varient en fonction du type de jeux. Le taux ne peut être inférieur à 85% pour les MAS (à rouleaux ou video-poker), soit un taux de confiscation des mises de 15%. Pour les jeux de Baccara, le taux de confiscation est compris entre 0,8% et 1%. Pour la Boule, le taux de confiscation maximum est fixé à 11,11%. Il est compris entre 2,7% et 1,35% pour la roulette. Pour le Black-jack, le taux de confiscation est de 5,9% des mises exposées. Pour le Craps, ce taux est compris entre 1,4% et 16,66% selon les mises. Enfin, pour le Punto Banco, le taux de confiscation varie entre 1,36 % et 13,97% selon les mises. Sur le PBJ, l’Etat et les communes prélèvent de multiples taxes. Sans conditions d’abattement sont prélevés 0,5% du PBJ des JT et 2% sur celui des MAS. Ensuite, un abattement de 25% intervient pour tous les casinos ; un deuxième abattement de 5% intervient éventuellement pour financer les déficits liés aux manifestations touristiques ; enfin un abattement « hôtelier » de 5% est accordé si le casino prend en charge des dépenses d’équipement pour sa ville d’implantation. La Cour des Comptes notait cependant en 2001 que « les procédures d’octroi et de liquidation de ces abattements supplémentaires © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 8 sont compliquées pour les casinos et rendent difficiles les contrôles effectués par les services de l’Etat ». Une fois ces abattements opérés, se met en place un prélèvement progressif sur le PBJ dont le taux varie en fonction du PBJ total de l’établissement (Tableau 6). © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 9 Tableau 6. Les prélèvements progressifs sur les casinos français en fonction du PBJ Taux 10% 15% 25% 35% 45% Tranche Jusqu’à 58 K€ 58 K€ - 114 K€ 114 K€ - 338 K€ 338 K€ - 629 K€ 629 K€ - 1048 K€ Taux 55% 60% 65% 70% 80% Tranche 1048 K€ - 3144 K€ 3144 K€ - 5240 K€ 5240 K€ - 7337 K€ 7337 K€ - 9443 K€ > 9443 K€ Sur ce prélèvement, 10% iront à la commune et 90% à l’Etat. Mais la commune bénéficie également d’un prélèvement dont le taux est fixé par le cahier des charges lors de l’appel d’offres. Il ne peut excéder cependant 15% du PBJ et elle ne peut percevoir du casino plus de 5% de ses recettes ordinaires afin d’éviter les liens de trop grande dépendance. Pour les communes, l’implantation d’un casino est donc une aubaine au-delà de l’animation culturelle qu’il apporte, du fait de recettes fiscales conséquentes (Tableau 7). Tableau 7. Recettes perçues par les communes en France (M €) 94/95 95/96 96/97 97/98 98/99 99/00 Total des recettes 108,4 130,6 communales Source : D’après le rapport Trucy, 2001 150,3 177,9 194,8 220,6 Evolution 94/00 + 103,5% Au total, les prélèvements de l’Etat et des communes ne peuvent dépasser plus de 80% du PBJ d’un établissement. Une fois ces prélèvements établis, on les soustrait du PBJ pour obtenir le Produit Net des Jeux (PNJ). Ces prélèvements typiques du secteur n’empêchent pas les prélèvements de droit commun tels que l’impôt sur les sociétés (qui touche les droits d’entrée aux JT et le PNJ), la TVA (qui ne touche pas le PNJ et les pourboires), les taxes sur les salaires, la CSG (les casinos sont les seules personnes morales de droit privé à y être assujetties), la CRDS (3% du PBJ), l’impôt sur les spectacles (qui frappe les MAS et est perçu au profit des communes), la taxe professionnelle (basée sur la valeur locative, les salaires et le montant des pourboires ; elle est destinée aux communes), la taxe d’habitation et la taxe sur le foncier bâti (toutes deux au profit des communes). Au 1er mai 2002, une évolution de la base de prélèvement pour les MAS venait alourdir les prélèvements de l’Etat. Les prélèvements de l’Etat ne se font plus désormais sur la base de la redistribution théorique des MAS (mécanisme appelé « phénomène de glissement ») mais sur la redistribution réelle. En effet, les casinotiers utilisaient jusqu’à 2002 un taux de redistribution théorique des MAS de 85% qui était légèrement inférieur en réalité. Désormais, la fiscalité va peser sur le produit réel des MAS. Cette taxe a eu un impact direct sur les comptes des entreprises. En 2004, les plus gros acteurs du secteur, réunis au sein du syndicat « Casinos de France » se plaignaient auprès du ministère de l’économie de la pression fiscale accrue ces dernières années. En 10 ans, la part des prélèvements des communes et de l’Etat est ainsi passée de 45% environ à plus de 55% du produit total des jeux. Concernant la réglementation sur les activités, les entreprises du secteur doivent demander des autorisations d’exploitation des MAS en exposant les motifs de la demande ainsi que les plans des © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 10 locaux dans lesquels seront implantés les machines et que les numéros-casino des appareils (arrêté du 26 août 1987). Le ministère de l’Intérieur a tendance à freiner l’expansion du parc de MAS pour des impératifs de police. Il faut également compter un délai d’un an entre l’autorisation et l’exploitation elle-même. Les professionnels se plaignent d’ailleurs régulièrement des délais d’attente pour l’installation de nouvelles machines et du « saucissonnage » des autorisations en plusieurs tranches qui ralentit la rentabilisation des investissements effectués dans un lieu. La réglementation se penche également sur le recrutement du personnel. Tout salarié d’un casino – y compris les directeurs - doit recevoir un agrément du Ministère de l’Intérieur après enquête des RG du département. Ces agréments peuvent à tout moment être retirés aux employés à la suite d’une plainte ou d’un rapport des RG. La mobilité du personnel est également fortement limitée par la réglementation. Les salariés d’une même entreprise ne peuvent ainsi pas être transférés d’un établissement à un autre – même au sein d’un même groupe – lors d’arrêts maladie ou pour d’autres motifs. L’administration considère en effet chaque casino comme une entreprise à part entière. Le casino est dirigé par un directeur et un comité de direction composé de trois personnes au minimum. Les membres de la direction (comme tout salarié) doivent être français ou ressortissants de l’Union Européenne. Ils sont agréés par le ministère de l’Intérieur et révocables par lui. Enfin, la profession et les pouvoirs publics essayent de lutter contre les problèmes d’addiction au jeu de certains joueurs (« pour que le jeu reste un plaisir » comme l’affiche de nombreux casinotiers dans leur communication). Ainsi les personnes pouvant fréquenter les casinos doivent être des majeurs de plus de 18 ans. Il existe également un fichier d’interdiction de jeux sur lequel les personnes souhaitant ne pas être admises aux tables traditionnelles dans un casino peuvent s’inscrire. Ce fichier est géré par le ministère de l’Intérieur et les RG qui mènent une enquête lorsqu’ils reçoivent une demande d’interdiction qui, si elle aboutit, débouche sur une interdiction irrévocable de 5 ans. Il s’agit d’une mesure pour aider les joueurs compulsifs à se désaccoutumer du jeu. Ce fichier ANPR (« à ne pas recevoir ») contient environ 18 000 noms dont 90% sont des interdits volontaires ; les 10% restants étant le fait de demandes des casinos eux-mêmes. Depuis 1980 en effet, l’association des psychiatres des Etats-Unis considèrent l’addiction au jeu comme une maladie et des débats récurrents mettent en accusation l’activité des casinotiers en France et à l’étranger. Des discussion ont eu lieu en 2001 au sein d’un groupe de travail réunissant les membres de la CSJ, des représentants de la direction des libertés publiques et des affaires juridiques et de la sous direction des courses et des jeux ainsi que des représentants de la profession. Les résultats de ce groupe ont été notamment de proposer une charte afin de définir une politique volontariste de prévention des risques d’addiction chez les joueurs. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 11 Des concertations entre pouvoirs publics et professionnels ont débouché en 2001 sur certaines mesures visant à améliorer et simplifier le fonctionnement des casinos : q Les délais d’instruction de l’agrément des personnels et des membres de comités de direction sont réduits à environ un mois. De plus les membres de comités de direction déjà agréés dans un casino et appelés à travailler dans un autre établissement pourront exercer temporairement dans ce nouvel établissement dans l’attente du nouvel agrément. q La notion d’animation dans la ville s’entend dans un sens large et comprend les animations dans les murs du casino ou hors les murs. q Les éléments à la base des décisions d’agrément des nouveaux établissements par la CSJ comprendront notamment : l’action du casino en matière de prévention des abus de jeux, l’animation proposée dans un sens large, le bassin « ludique » visé par le nouvel établissement et la fréquentation prévisionnelle. q Les petits établissements (ne disposant que de 50 MAS ou moins) pourront demander à n’exploiter qu’un seul jeu de table, afin de rendre leur exploitation viable. Parallèlement, les établissements exploitant plusieurs jeux de table pourront obtenir plus de 50 MAS. q Lors des demandes d’augmentation du parc de MAS, seront pris en compte les besoins liés aux pics du week-end et des vacances, périodes traditionnelles de forte affluence, et ce, sur les bases chiffrées livrées par les établissements. q En période de faible affluence, les casinos sont autorisés temporairement à fermer en partie les JT, à condition qu’au moins l’un d’entre eux reste en fonction. q La concession d’un casino étant accordée pour une durée de 18 ans au maximum, un dossier simplifié sera désormais mis en place pour les demandes de renouvellement d’autorisation d’exploitation. q Un rendez-vous annuel avec la profession est désormais institutionnalisé et rassemble le ministre de l’intérieur, de la sécurité intérieur et des libertés locales, le président de la CSJ, les présidents des deux syndicats professionnels, « Casinos de France » et « Casinos Modernes de France ». L’arsenal législatif français est mis en place par différents organismes qui encadrent et surveillent l’activité des casinos. Les casinos sont placés en France sous le contrôle du Ministère de l’Intérieur pour des considérations de police (moralité et ordre public). La sous direction des courses et des jeux est un service des RG comprenant environ 70 fonctionnaires à Paris et 180 correspondants des RG en Province. Cet organisme a en charge de nombreux aspects de l’activité. Il soumet les entreprises du secteur à une étroite surveillance (du matériel, des joueurs, des registres de recettes) et veille à l’application de la réglementation. Il réalise des enquêtes également lors de l’ouverture de nouveaux établissements. Il agrée notamment le personnel des établissements ainsi que le matériel utilisé dans les salles. Enfin, il assure la relation avec les fournisseurs de MAS et les entreprises de maintenance. La sous direction des courses et jeux est en contact permanent avec la direction des libertés publiques et affaires juridiques qui « dit le droit » en matière de jeux. Par son contact quotidien avec le terrain, elle joue le rôle de conseiller technique lors de la rédaction de textes et circulaires et peut être amenée à faire évoluer le cadre réglementaire. La Commission Supérieure des Jeux (CSJ) participe également à la gestion du secteur. Créée en 1934, elle est composée de 15 hauts fonctionnaires (venant de l’inspection des finances, de la cour des © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 12 comptes, du conseil d’Etat). Y siègent également un député, un sénateur et deux maires de communes classées et enfin, le président de l’association nationale des maires de stations climatiques. Les noms de ces différentes personnalités ne sont pas diffusés au grand public. Son rôle est d’examiner les demandes de création, d’extension, de réouverture ou de fermeture provisoire ou définitive des casinos. Ses décisions se prennent sur la base d’un dossier préparé par la direction des libertés publiques du Ministère de l’Intérieur. Face à ces décisions, la profession a peu de recours comme le note le rapport Trucy : « […] il existe différentes voies de recours contre les avis de la CSJ ou les décisions du ministre [..] mais ils [les casinos] ajoutent qu’aucun d’entre eux ne se risquerait à les mettre en œuvre car « on ne contrarie pas une autorité devant laquelle les casinos sont contraints de repasser tous les 5 ans pour obtenir le renouvellement de leurs autorisations » » (p. 144). Enfin, deux institutions représentatives de la profession permettent aux casinotiers d’entretenir un dialogue avec les pouvoirs publics. D’un côté, le syndicat « Casinos de France » regroupe environ 80 adhérents dont les groupes Lucien Barrière, Accor, Cogit, Didot-Bottin et Tranchant ainsi que quelques indépendants. De l’autre, le syndicat des «casinos modernes de France » regroupe les casinos du groupe Partouche ainsi que des indépendants. A la fin des années 90, un quart des casinos n’était pas affilié à l’un des deux syndicats dont notamment ceux des groupes Moliflor Loisirs et de l’Européenne de Casinos. Ces syndicats ont pourtant un rôle important à jouer dans les discussions avec les pouvoirs publics et les évolutions réglementaires à donner au secteur (par exemple récemment sur les casinos virtuels). Ils défendent également les intérêts du secteur, par exemple face à l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) qui demande depuis la fin des années 90 l’autorisation d’installer des machines à sous à faibles mises et faibles gains dans les bars et les cafés. Des casinos virtuels ? L’Internet pourrait générer à terme d’importants revenus pour les casinos et participer à l’émergence de casinos virtuels. L’évolution de leur chiffre d’affaires au niveau mondial pourrait ainsi passer d’environ 6 milliards de dollars en 2004 à plus de 100 milliards à un horizon 2010. Ces casinos virtuels présentent plusieurs avantages : la faiblesse des coûts de structure permet à ces établissements de redistribuer plus de gains aux joueurs ; il n’y a pas de restriction d’horaires ; tout le monde n’habite pas près d’un casino ; et c’est un moyen anonyme de jouer. Malgré ces avantages, les casinos virtuels ne représentent actuellement qu’environ 1% du marché global des paris. Les obstacles réglementaires sont néanmoins importants à l’heure actuelle et dans son rapport public de 2001, la Cour des Comptes soulignait que « Depuis quelques mois, les sites de loterie en ligne connaissent un succès grandissant en France [...]. Cependant, outre qu'ils offrent peu de garantie aux joueurs, ces sites échappent au contrôle des Pouvoirs publics et aux prélèvements publics ». Comment un casino virtuel pourrait-il ainsi s’acquitter de son obligation d’animation culturelle ? Comment localiser les activités dans des stations balnéaires ou thermales, voire des villes de plus de 500 000 habitants, comme l’oblige la loi française ? Comment empêcher sur Internet l’accès à des joueurs de moins de 18 ans ou des interdits de jeux ? Comment s’assurer de la taxation effective opérée par l’Etat sur les activités physiques ? Comment éviter le blanchiment d’argent douteux lorsque les opérateurs se situent dans des paradis fiscaux (problème soulevé dès 2001 par le Groupement d’Action Financière (GAFI) sur le blanchiment de capitaux) ? Comment sécuriser convenablement les transactions financières et assurer le paiement des gains ? Comment assurer aux joueurs des algorithmes de jeu équitables qui redistribuent effectivement une part des recettes ? Comment s’assurer de la localisation des joueurs, certains Etats interdisant ou limitant les jeux d’argent ? Ces problèmes ont amené quelques organisations étrangères à prendre des mesures mais globalement les pouvoirs publics français ont encore peu réagi. Aux Etats-Unis, l’organisme de crédit Discover Card refuse ainsi de couvrir les opérations de crédit en ligne. Price Water House propose désormais de tester les algorithmes des casinos virtuels afin d’en assurer l’équité et de jouer le rôle d’organisme d’accréditation. L’Internet Gambling Commission et la Gambling Commission cherchent également à lister les sites de jeux « sûrs » et à délivrer des accréditations afin de rassurer les joueurs. Des études © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 13 américaines montrent en effet que les joueurs font avant tout confiance aux opérateurs renommés sur le secteur. Face à des opérateurs douteux, les joueurs hésitent à ouvrir un compte. Pour 69% des joueurs potentiels en ligne, les problèmes de sécurisation des paiements restent l’obstacle numéro 1 (Datamonitor, 2003). En France, certains opérateurs ont contourné la rigueur de la loi. Ainsi, le groupe Partouche a accordé en 2002 une licence à une société off shore (Maxil Communication et Secure Host) localisée dans les Bahamas afin d’exploiter un site de jeux en ligne (casino-partouche.com). Les arguments en faveur de ce véritable contournement de la loi étaient les suivants à l’époque : les casinos en ligne sont susceptibles de prendre des parts de marché au groupe Partouche ; la Française des Jeux a obtenu depuis 2001 l’autorisation de porter ses activités sur Internet ; le manque de fiabilité de certains casinos sur Internet dont on ne connaît pas les opérateurs et qui pour certains, exploitaient de façon frauduleuse la renommée du groupe Partouche ; la volonté de faire réagir le législateur français et le pousser à prendre position sur les casinos virtuels. A cette occasion, Patrick Partouche déclarait en effet : «Je ferai d'ailleurs remarquer que notre groupe est ouvert à toutes propositions de l'État en la matière, y compris des prélèvements sur ce type de jeux. Je souhaite simplement qu'il y ait un débat sur le sujet et que le législateur prenne ses responsabilités. Seulement, il ne le fera que s'il est confronté au débat » (Patrick Partouche : il faut un débat sur le sujet et le législateur doit prendre ses responsabilités, journal du net, 14/01/2002). Avec cette stratégie, le groupe Partouche suit les casinos de Las Vegas qui, après s’être opposés de façon virulente aux opérateurs virtuels, ont commencé à développer leurs propres sites. Il pourrait être suivi par Accor et la SBM qui ont fait part dès 2002 de leur désir de se lancer sur cette nouvelle activité. Les enjeux sont à la hauteur des débats suscités. En 2000, les jeux en ligne (dont les casinos) généraient des recettes de 6,6 milliards de dollars avec environ 2,9 millions de joueurs. A un horizon 2005, on estime que les revenus générés pourraient s’élever à 20 milliards de dollars avec 7,5 millions de clients. De plus, ces entreprises peuvent se localiser sans difficultés dans des paradis fiscaux et échapper ainsi à une taxation jugée parfois trop lourde. Enfin, cette activité réduit évidemment fortement le personnel et les frais liés aux locaux. Pour compliquer les choses, chaque pays adopte des positions différentes. Les Pays-Bas, pays généralement assez libéral, ont autorisé en novembre 2000 les jeux d’argent en ligne dans un souci d’assurer une protection aux joueurs qui seraient, sinon, confrontés à des organisations illégales. 60% des gains obtenus par les opérateurs sont reversés à des bonnes œuvres. D’autres territoires européens sont également favorables aux jeux en ligne tels que Chypre, le Lichtenstein, Gibraltar et les îles anglo-normandes. Dans le monde, Antigua, les Barbades ou le Costa Rica sont également assez accueillants pour les casinos virtuels. A l’inverse, l’Australie a interdit par une loi de juillet 2001 toute nouvelle création de cybercasinos (après avoir déjà délivré cependant une vingtaine de licences). La Suisse interdit – comme la France - les jeux de hasard en ligne et la publicité s’y rapportant (tout site hébergeant des bandeaux publicitaires pour des sites de jeux en ligne par exemple). Aux Etats-Unis, une loi fédérale de 1961 interdit les paris par téléphone. Cependant, certains Etats ont déjà légalisé les salles de jeu virtuelles et accordé des licences (comme le Nevada). © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 14 Les entreprises françaises du secteur Il existe au début 2004 une quarantaine d’entreprises indépendantes gérant un seul casino et un petit nombre de groupes de tailles diverses (Tableaux 8 & 9). Historiquement, les indépendants représentaient l’essentiel du secteur mais ces dernières années ont été marquées par des regroupements. Ce sont principalement les groupes qui participent aux appels d’offre pour l’ouverture de nouveaux casinos. Par exemple, à Toulouse, la procédure a commencé fin 2002. L’appel d’offres, annulé une première fois après un recours du groupe Tranchant, devrait aboutir en juillet 2004. Sur ce projet, le souhait de la municipalité est de créer un casino haut de gamme, assorti d’un restaurant gastronomique et d’une salle de spectacles de 1000 places, soit un investissement total compris entre 20 et 30 M€. En juin 2004, quatre candidats restaient en lice : Tranchant, Partouche, Accor-Barrière et Tahoe allié pour la circonstance à Loto Québec. A Lille, la municipalité a plutôt affiché la volonté d’un casino populaire en plein cœur du quartier Euralille. Le sponsoring du club de football lillois, le LOSC, par Partouche depuis 2003 pourrait l’aider à emporter ce projet (mais la même stratégie employée par Lucien Barrière au Havre n’a pas empêché l’attribution de l’exploitation de ce futur casino au groupe Partouche). Ce casino devrait ouvrir en 2006 et prévoit également une salle de spectacle et un hôtel 4 étoiles. A la mi-2004, la procédure d’attribution n’est pas encore initiée. D’autres projets d’ouverture sont en cours ou à venir en France. Pour 2004 différents établissements devraient voir le jour : Blonville sur Mer (Groupe Emeraude) ; Briançon et Langogne (Accor) ; Hauteville Lompnès (Didot-Bottin) ; Port-la-Nouvelle, Saint-Cast-le-Guildo, La Tremblade, Nice (Palais de la Méditerranée) et Le Havre (Partouche). Après 2004, les procédures en cours devraient déboucher sur l’ouverture des casinos suivants : Cambo les Bains, La Tranche sur Mer, Saint-Pierre de Chartreuse, Toulouse, Blotzheim, Ciboure, Courseulles, La Seyne sur Mer, Lille, Nantes, Ribeauvillé (Accor) et Saint Laurent en Grandvaux. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 15 Tableau 8. Les groupes français et leurs casinos à fin 2003 Groupes Accor Casinos Nombre de casinos en France 18 Arev Finance 5 Cogit 8 Didot Bottin 4 Emeraude 8 Lucien Barrière 14 Moliflor Loisirs 20 OmniumsCasinos Partouche 3 Société des Bains de Mer de Monaco (SBM) * Tahoe Tranchant 42 4 Localisations (+ éventuellement localisations à l’étranger) Benodet, Besançon, Bordeaux, Briançon, Carnac, Carry le Rouet, Cassis, Chamonix, Dax, Jonzac, le Touquet, les Sables d’Olonne, Mandelieu la Napoule, Nice, Nierderbronn les Bains, Perros Guirec, Port Leucate (ouverture en 2004), Ribeauvillé (ouverture en 2004), Saint Raphaël, Sainte Maxime (+ Fribourg (Suisse), Courrendin (Suisse), Malte, Dinant (Belgique)) Chaude Aigues, la Bourboule, le Mont dore, Vic sur Cere, Villard de Lans Biscarosse, Cherbourg, Gosier (Guadeloupe), Lacanau, les Trois Ilets (Martinique), Mimizan, Scholcher (Martinique), St François (Guadeloupe) Annemasse, Divonne les Bains, Hauteville Lompnes, St julien en Genevois (+ Crans Montana (Suisse)) Bagnoles de l’orne, Bourbonne, Chateillon Plage, Fécamp, Fouras les Bains, Lons le Saunier, St Brévin les Pins, St Jean de Monts Biarritz, Cannes (2), Deauville, Dinard, Enghien les Bains, Hossegor, La Baule, La Rochelle, Menton, Ouistreham, Royan, St Malo, Trouville sur mer (+ Montreux (Suisse)) Antibes, Argelès, Ax, Amélie, Canet, Etretat, Gérardmer, Lamalou, Le Boulou, Luxeuil, Montrond, Port Crouesty, Tréport, Saint Aubin, Saint Jean de Luz, Saint Pair, Saint Paul les Dax, Santenay, St Cyprien, Uriage Alet les Bains, Cauteret, Salies du Salat Agon Coutainville, Aix en Provence, Andernos, Arcachon, Bandol, Barbotan les Thermes, Beaulieu sur Mer, Berck sur Mer, Boulogne sur Mer, Cabourg, Calais, Cannes, Châtel-Guyon, Contrexéville, Dieppe, Evaux les Bains, Forges les Eaux, Gréoux les Bains, Gruissan, Hyères les Palmiers, Juan les Pins, La Ciotat, La Grande Motte, La Roche Posay, La Tour de Salvigny, Le Barcarès, Le Touquet, Lyon cité, Palavas-les-Flots, Pléneuf – Val André, Plombière les Bains, Plouescat, Pornic, Pornichet, Royat, Saint Amand les Eaux, Saint Galmier, Saint Nectaire, Salies de Béarn, Saint Honore les Bains, Vichy (2) (+ Agadir (Maroc), Genève (Suisse), Djerba (Tunisie), Chaudfontaine, Knokke Heist et Oostende (Belgique), San Roque Cadiz (Espagne)) Monte Carlo (4) 4 19 Cap d’Agde, Collioure, Font Romeu, Megève Amnéville-les-Thermes, Argeles, Gazost, Bagneres de Bigorre, Cagnes sur Mer, Dunkerque, Eaux Bonnes - Gourette, le Grau du Roi, Luc sur Mer, Luz Saint Sauveur, Neris les Bains, Pau, Pougues les Eaux, Roscoff, Saint Gervais, Sète, Valras Plage, Villers sur Mer, Yport (+ Bâle (Suisse), Saint Domingue (4 casinos)) Vikings casino 5 Barbazan , Bourbon l’Archambault, Bourbon Lancy, CasteraVerduzan, Houlgate * localisée à Monaco, cette entreprise est citée à titre indicatif. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 16 Tableau 9. Les opérateurs de casinos en France : 1998 – 2002 Groupes 1998 CA (MF) Groupe Partouche Groupe Barrière Accor Casinos Groupe Européenne de Casinos Groupe Tranchant Groupe Moliflor Loisirs (Prudential) Didot Bottin Groupe Emeraude Cogit 1672 1534 630 786 1999 Casinos PBJ exploités (MF) 24 1 892 13 1 754 11 1016 14 893 2001 Casinos PBJ exploités (M€) 25 355,4 13 304,7 13 215,9 18 180,3 2002 Casinos exploités 44 13 16 - PBJ (M€) 687 403 304 - 819 334 15 8 888 300 15 15 158,9 156,4 16 17 195 218,6 334 163 nd nd 7 nd nd 236 nd 2 7 4 85,3 44,1 45,7 3 7 5 110,3 53,4 63,8 Tableau 9 (suite). Les opérateurs de casinos en France fin 2003 Casinotiers Nombre de casinos ouverts Partouche 43 Barrière 13 Accor Casinos 17 Moliflor Loisirs 20 Tranchant 18 Didot-Bottin 3 Petits groupes (5) 25 Indépendants 43 182 Total Source : groupe Lucien Barrière, 2004 Nombre de MAS 4 442 2 374 2 082 1 681 1 393 595 1 464 2 629 16 660 PBJ 2003 (M€) 694 433 338 249 205 107 168 354 2 547 Part de marché (en %) 27,2 17 13,3 9,8 8 4,2 6,6 13,9 100% Certaines entreprises ne diffusent que peu d’informations sur leurs activités alors que d’autres, notamment les entreprises cotées, en diffusent plus. Voici les informations collectées pour vous sur quelques groupes du secteur : Groupe Vikings : Ce groupe normand est né de l’association en 1998 de la société Vikings et d’une société du secteur des casinos (« Jeux C, Casino consultant »). Son président actuel est Serge Foucher. Parti avec un seul casino à sa création, le groupe en compte désormais 5 en France après quatre créations ex-nihilo. Outre les casinos, le groupe est également présent dans des secteurs aussi divers que l’exploitation de concessions automobiles et d’hôtels, la fabrication de carreaux en terre cuite, la tôlerie industrielle, la fabrication et le conditionnement de pâtisserie industrielle, la vente de bateaux de plaisance, …. En 2004, le groupe Vikings Casino a pour objectif d’augmenter le nombre de MAS dans ses casinos et a trois projets d’ouverture (à Lion sur mer, Lurbe et Bussang). © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 17 Groupe Moliflor Loisirs : Le fondateur du groupe est Adrien Molinier qui racheta successivement en 1948 dans le sud-ouest les casinos de Canet en Roussillon, du Boulou, de St Cyprien et d’Argelès sur Mer. En 1980, le neveu de Molinier, Claude Florensa devient président du groupe et opère une deuxième vague de développement en acquérant les casinos de Lamalou les Bains et d’Ax les Thermes. Le groupe s’introduit en Bourse à la fin des années 90. En juin 1999, Leisure Holding, une filiale de l’entreprise britannique Prudential, l’un des leaders mondiaux de la gestion de fonds, rachetait l’entreprise qui devenait le groupe Moliflor Loisirs. Après une politique d’acquisitions – avec par exemple l’acquisition du groupe régional Etoile en 2002 (2 casinos exploités) – (Tableau 10), le groupe comprend aujourd’hui une vingtaine d’établissement et emploie 1350 salariés pour un chiffre d’affaires annuels d’environ 270 M€ en 2003. Le fleuron du groupe est le casino d’Antibes, «la Siesta », avec un chiffre d’affaires de 3 M€, 150 MAS, un restaurant de 400 places et la plus grande discothèque de la Côte d’Azur. Tableau 10 : Le développement récent du groupe Moliflor Loisirs 2000 3 0 Acquisitions Ouvertures 2001 3 1 2002 3 0 2003 1 0 Le groupe a une politique de marketing poussée. Tout d’abord, les MAS présentent une fourchette de prix très étendue allant de mises de 0,1 € à 5 €. Chaque établissement a ensuite une grande autonomie dans sa stratégie de promotion (publicité par affichage, PQR, radio). Ce marketing permet d’avoir une politique de fidélisation importante étant donnée que 80% des joueurs sont des clients réguliers pour qui le casino est un loisir de proximité, et qui dépensent entre 15 et 60 € par visite. Le groupe octroie environ 6% de son chiffre d’affaires dans ces opérations de promotion et de fidélisation. Le groupe est le quatrième opérateur français en 2003. En l’espace de quatre ans, il a réussi la prouesse de passer de 7 à 20 établissements, notamment en récupérant des casinos de l’Européenne de Casinos suite à l’OPA réussie par le groupe Partouche en 2002 (cf. infra). Son président du directoire est Philippe Gazagne, transfuge du groupe LB et donc, fin connaisseur du secteur. Les projets 2003 concernent le rachat de 2 casinos à Blotzheim (Haut-Rhin) et Lens-en-Vercors (Isère). En mars 2002, la Royal Bank of Scotland ainsi que le fonds d’investissement Legal & General Ventures rachetaient le groupe Moliflor et ses 191 M€ de PBJ pour 400 M€ à son précédent actionnaire le fonds PPM (groupe Prudential). Les nouveaux actionnaires veulent utiliser le groupe Moliflor comme base pour construire un nouveau leader européen dans le secteur. Groupe Tahoe : Ce groupe est présent dans les métiers du loisir. Il exploite des casinos mais aussi des hôtels (2), des restaurants et une discothèque. Son plus gros casino se situe au Cap d’Agde. Groupe Omniums-Casinos: Le groupe dispose de 3 casinos dans le sud-ouest. Il est encore en lice dans l’appel d’offres pour le futur casino de Toulouse. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 18 La SBM : Cette société détient le monopole des jeux de hasard à Monaco depuis 1863 et est un des plus grands propriétaires immobiliers de la Principauté (elle aurait acquis en 1863 quelques 100 000 m² de terrains à un prix bas). Elle possède ce monopole jusqu’en 2027. Elle est détenue à 69,6% par la famille Grimaldi et à 5,41% par la famille de milliardaires américains Johnson. Les Johnson ont également une participation dans Wynn Resorts. Outre ses 4 casinos, la SBM exploite 4 hôtels de luxe, 19 restaurants (dont des trois étoiles au Michelin), un night-club, un golf, un tennis, un opéra et un spa. A la différence des autres casinotiers, la SBM – du fait de son très fort prestige et de son positionnement luxueux – tire 65% de ses revenus des jeux de table (roulette, baccarat et black-jack). En 2004, des rumeurs courent sur une éventuelle scission du groupe en deux sociétés distinctes. En juin 2003, la SBM signait un accord de partenariat stratégique avec la société Wynn Resorts du milliardaire américain Steve Wynn, à l’issue duquel une participation croisée entre les deux sociétés aurait lieu. Ce personnage, très actif dans le secteur américain des casinos, construit actuellement le casino le plus cher du monde à Las Vegas pour 2,5 milliards de dollars. Il désire étendre ses activités en dehors des Etats-Unis et souhaiterait redynamiser le site de Monaco. On parle notamment d’un projet pharaonique de construction d’un casino flottant dans la baie de Monaco. Groupe Tranchant : Le fondateur de ce groupe, Georges Tranchant, a été député RPR des Hauts-de-Seine de 1978 à 1993. Il crée son activité en 1987, juste avant l’autorisation des MAS en France. Il possède à fin 2003, 24 casinos (dont 5 à l’étranger) et a été le premier à importer des MAS en France après leur légalisation en 1988 par Charles Pasqua. Il compte plus de 1500 salariés. Le groupe a ouvert un casino en Suisse (aéroport de Zurich) en 2003 (37 M€ d’investissement) comprenant 300 MAS, 15 tables de jeux, deux bars, deux restaurants et une salle de spectacle, le tout complété d’un hôtel. Groupe Emeraude : Ce groupe appartient au groupe de BTP Le Foll qui a un chiffre d’affaires de 300 M€ et emploie plus de 2000 salariés. L’entrepreneur normand, Pierre Le Foll, initialement dans le BTP, a racheté en septembre 1996 les casinos du groupe émeraude pour 190 MF. Le groupe est désormais diversifié dans la construction, le ciment et les activités de loisirs (hôtels, casinos, théâtres, golf, tennis). A la mort de Pierre Le Foll, en octobre 2003, c’est sa fille Marie-Pierre Landowski qui a repris la présidence du groupe. L’activité casino présente un PBJ de 51,4 M€ à la fin 2003. Groupe Arev Finance : Le groupe a repris 3 casinos au groupe Partouche à la fin de 2003 qui sont venus s’ajouter à ceux qu’il possédait dans le Massif central. Il exploite également plusieurs hôtels dans le Sud-Ouest dont certains avaient déjà été cédés par le Groupe Partouche fin 2002. Groupe Lucien Barrière (LB) : Le fondateur du groupe est François André, né en 1880. Après s’être ruiné au jeu, il prend la direction du cercle de jeu Haussman à Paris en 1918, avant de succéder à Eugène Cornuché à la tête du casino de Deauville. Bénéficiant à plein des années folles, le casino de Deauville acquérra une forte réputation et un haut prestige. Il permettra d’étendre l’empire du jeu de François André pendant une quarantaine d’années. Rapidement, le groupe parvient à s’établir dans des lieux de renom (Deauville, Cannes…) avec de grands casinos. Pour assurer sa succession, François André appelle auprès de lui Lucien Barrière, son neveu, qui lui succède en 1962. Peu avant de mourir en 1990, Lucien Barrière © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 19 regroupera ses différentes sociétés au sein d’un GIE et fera entrer Accor au capital de la SHCD (Cf. organigramme du groupe). Il confie les rênes du groupe à sa fille, Diane Barrière-Desseigne, qui continuera à développer les activités de l’entreprise. En 1997, Diane Barrière-Desseigne confie la direction de son groupe à son mari, Dominique Desseigne, qui dirige depuis l’entreprise et auquel est revenu la présidence du groupe après la mort de sa femme en 2001. Aujourd’hui, le groupe sponsorise les festivals du film américain et asiatique de Deauville, accueille les soirées des Césars et des Molières au Fouquet’s et est partenaire officiel du prix de l’Arc de Triomphe. Pendant longtemps, le groupe a été leader du secteur jusqu’à ce que dans les années 90, le groupe Partouche ne le devance. Ce groupe possède de nombreux hôtels de luxe et palaces (le Majestic et le Gray d'Albion à Cannes, l'Hermitage à la Baule, le Normandy, l’Hôtel du golf et le Royal à Deauville) ainsi que le Fouquet's à Paris (Tableau 11). Ses activités sont essentiellement réparties en Normandie, sur la Côte d’Azur, dans le Grand Ouest, la région parisienne (Enghien et le Fouquet’s) et le Sud-Ouest. En 2002, le groupe LB reprenait le casino de Montreux (en Suisse) et préparait un grand projet hôtelier à Marrakech. Un projet d’Hôtel Fouquet’s Barrière est également prévu à Paris pour 2006. Tableau 11. Les hôtels et restaurants du groupe LB à fin 2003 Deauville – Normandy (291 ch) Deauville – Royal (252 ch) Deauville – Golf (178 ch) Dinard (90 ch) Enghien – Grand Hôtel (42 ch) Enghien – Hôtel du Lac (109 ch) Hôtel Fouquet’s Barrière (en 2006) Fouquet’s Paris La Baule – L’Hermitage (207 ch) La Baule- Castel Marie – Louise (31 ch) La Baule –Hôtel Royal (109 ch) La Baule (Autres) La structure de la Société des Hôtels et Casinos Lucien Barrière (SHCLB), détenue à 100% par la famille Barrière Desseigne, est complexe (Figure 1). Elle possède deux filiales, la Société Fermière du Casino Municipal de Cannes (SFCMC) et la Société des Hôtels et Casinos de Deauville (SHCD) qui sont cotées. Pour simplifier sa structure, le groupe a voulu lancé en juin 2002 une OPA sur sa filiale SHCD, détenue à 53,7% par la famille Barrière-Desseigne et 11,4% par le public. Mais à l’époque, Accor Casinos qui possède 35% de cette filiale contestait le montant des redevances à verser à la SHCLB pour l’utilisation de la marque Lucien Barrière. La situation était donc bloquée. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 20 Figure 1. Structure actionnariale du groupe Lucien Barrière en 2003 Famille Barriere Desseigne 54% 65% 100% SHCD SHCLB SFCMC En 1996, le groupe Partouche rachetait à l’ex-Compagnie Générale des Eaux (devenue Vivendi) 30,3% de la SFCMC qui exploite l’hôtel Majestic, l’hôtel Gray d’Albion, le golf de Cannes – Mandelieu, un restaurant gastronomique (La villa des Lys) et le casino de la Croisette. Cette participation a été ramenée par la suite à 15,54% après une augmentation de capital défensive du groupe LB qui en détient toujours 65,2% en 2004. Cette situation n’a pas empêché le groupe Partouche de jouer les trublions en refusant par exemple d’approuver les comptes en 1997 ou en menaçant la société d’une OPA. En 2003, cette filiale était touchée par la crise du tourisme. Son chiffre d’affaires passa alors de 78,9 M€ à 74,9 M€ en 2003. C’est notamment l’activité hôtelière qui a souffert le plus (- 7,2%), les jeux étant en léger retrait (- 0,2%) grâce notamment à la mise en place de MAS à 0,2 € élargissant les possibilités de jeux. Cependant, la société pourrait repartir de l’avant en 2004 avec l’obtention de l’exploitation – pour 18 ans - du troisième casino cannois. Bien qu’exclue de l’accord Barrière / Accor / Colony, cette filiale pourrait bénéficier à terme de l’assistance du nouveau groupe en voie de constitution. La SHCD exploite 7 casinos (à Deauville, Trouville et Menton), 6 hôtels, 2 golfs et 2 restaurants de prestige. Ses casinos disposent d’un parc de 1104 MAS. Le chiffre d’affaires de cette filiale se répartit comme suit sur le premier semestre 2003 : activité jeux : 57,2 M€ (+ 16% ; croissance essentiellement liée à l’installation récente de 130 MAS au casino d’Enghien-les-Bains) ; activité hôtellerie : 10,5 M€ (- 16% ; baisse liée à la fermeture de deux hôtels pour travaux) ; activité restauration : 18,1 M€ (- 4% ; baisse consécutive à la baisse d’entrées dans les casinos et les hôtels). Au total, cette filiale dégageait un résultat net part du groupe de 0,6 M€ contre 2,4 M€ sur le premier semestre 2002. Groupe Accor Casinos : Ce groupe est détenu à parité par le groupe hôtelier international Accor et le fonds d’investissement Colony Capital, un fonds américain qui investit dans le secteur du jeu, de l’hôtellerie et de l’immobilier aux Etats-Unis et en Europe. Ce fonds crée en 1991 par un milliardaire d’origine libanaise, Thomas Barrack, affiche une logique industrielle ; ses investissements dans le secteur du tourisme et des casinos ont une durée de vie de 10 ans en moyenne. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 21 De longue date, le groupe Accor est allié à la famille Desseigne (groupe LB). Accor a en effet une participation de 35% dans la SHCD depuis 1987. En 2003, l’activité casino dégageait un chiffre d’affaires de 389 M€ grâce à 22 établissements (dont 4 situés à l’étranger). La branche casino du groupe possède également deux hôtels : l’un à Mandelieu (213 chambres) et l’autre à Niederbronn (65 chambres). A la fin 2003, de nombreuses rumeurs faisaient état d’un rapprochement entre Accor et le groupe LB afin de constituer le numéro 1 des casinotiers français et européens (cf. annexe 1). Ces rumeurs se sont concrétisées par un protocole d’accord, présenté en janvier 2004, qui reprend les modalités générales de la fusion sous réserve d’approbation des autorités de la concurrence. Le groupe LB apporterait la SHCD (dont Accor possède déjà 35%) et la SHCLB. La famille Barrière - Desseigne recevrait également 17 M€ pour le transfert de l’usage de la marque Lucien Barrière au nouveau groupe. Le groupe Accor apporterait sa filiale Accor Casinos. L’accord exclurait la SFMC (hôtels Majestic et Gray d’Albion), dont le groupe Partouche détient 15,5%. La présidence du Conseil de Surveillance du nouveau groupe, constitué en société par actions simplifiée, reviendrait à Dominique Desseigne tandis que la direction du directoire serait confiée à Sven Boinet du groupe Accor. Au final, l’actionnariat du nouveau groupe serait le suivant : 51% détenus par la famille Barrière, 34% par le groupe hôtelier Accor et 15% par le fonds d’investissement Colony Capital (Figures 2 & 3). Ce dernier apportera également 100 M€ au nouveau groupe afin de rétablir la parité avec Accor. Les minoritaires se verraient proposer du numéraire pour sortir du nouveau groupe. Un pacte d’actionnaires fixe également les règles de sorties des actionnaires. Colony Capital dispose notamment d’une option de vente à Accor de sa participation et Accor d’une option d’achat de cette participation. Ces options sont exerçables entre 2007 et 2010. La SHCLB, devenue Groupe Lucien Barrière, sera transformée en SAS. Il faut ajouter à ce pacte que les enfants de Diane Desseigne, ne pourront revendre leurs parts du groupe avant leur trentième année, soit 2021, étant donné que la cadette de la famille est âgée de 13 ans en 2004. Figure 2. Situation actionnariale d’Accor Casinos avant la fusion avec LB Colony capital Accor 50 % 50 % Accor Casinos 35 % SHCD Figure 3. Situation actionnariale prévue par le protocole entre Accor et le groupe LB © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 22 Colony capital 15 % 100 % Famille Barriere Desseigne Accor 34 % Groupe Lucien Barrière (ex SHCLB) 89 % Accor casinos 51% 65% SFCMC Assistance technique SHCD Cette opération donnerait le leadership au nouveau Groupe Lucien Barrière au début 2004 avec un produit brut des jeux d’environ 760 M€ contre 693 M€ au groupe Partouche (Tableau 12). Il se hisserait également à la première place européenne avec un chiffre d’affaires brut de 900 M€ et 37 casinos (et un parc de plus de 4 600 MAS), 57 restaurants ainsi que 13 hôtels de luxe. L’accord intègre les 11 hôtels de luxe de Lucien Barrière et 2 d’Accor Casinos. Tableau 12. Les chiffres clés du projet de nouveau groupe Lucien Barrière (sur la base des données 2003) Accor Casinos SHCD SHCD Nombre de MAS 2322 Nombre d’hôtels 2 CA (M€) 389 PBJ (M€) 360 Source : Groupe Lucien Barrière 1254 6 369 282 1090 5 168 124 Groupe Lucien Barrière 4666 13 926 766 SFCM 290 2 108 56 Les partenaires sont néanmoins en attente de la décision du conseil de la concurrence et des autorités de tutelle des casinos pour valider l’opération. A l’issue de cette fusion, les protagonistes espèrent pouvoir bénéficier de différentes synergies sur les achats, les points de vente du réseau Accor et la constitution de produits touristiques hôtels-casinos. Des équipes d’Accor et des auditeurs de Colony Capital sont déjà à l’œuvre pour auditer les casinos du nouveau groupe. Les objectifs stratégiques présentés dans le protocole d’accord entre les trois protagonistes sont : q La constitution d’un groupe de 37 casinos avec un parc de MAS d’environ 5000 machines et 13 hôtels ; q La création d’un leader européen des casinos avec 767 M€ de PBJ (en 2003) q La position unique pour la poursuite de la consolidation du secteur en Europe © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 23 q Des expertises complémentaires et mises en commun de compétences respectives dans les domaines commercial, industriel et financier, achats, ressources humaines et technologies En juin 2004, la Commission européenne renvoyait une partie de l’examen du dossier d’autorisation du nouveau groupe aux autorités françaises, tout en autorisant le reste de l’opération signée en janvier sur les autres marchés. Bruxelles désire que Paris examine l’impact de la fusion sur la situation des casinos sur la côte d’Azur et la côte basco-landaise. Concernant l’activité hôtelière, la commission a jugé que la fusion avait peu d’impacts. Groupe Partouche (GP) : Ce groupe est un des plus anciens dans le secteur. Son fondateur, Isidore Partouche, est souvent présenté comme un homme haut en couleur dans la presse. Débarqué d’Algérie au Touquet (Nord) en 1962, ce fils de cordonnier, lui-même radioélectricien, reprend son premier casino en 1973 avec l’aide de ses frères et sœurs, à Saint Amand les Eaux dans le Nord. En quelques années, la famille Partouche redresse ce casino en difficulté. En 1976, il rachète à Lucien Barrière le casino du Touquet auquel il redonne une forte croissance. En 1982, il crée le casino de Calais. En 1986, le groupe acquiert le casino de Forges-les-Eaux et ouvre un casino à Boulogne sur Mer. En 1988, le groupe rachète le casino de Dieppe. Pendant toute cette période, l’activité casino n’est qu’une activité secondaire. En effet l’activité principale du groupe se situe dans l’embouteillage et la distribution d’eaux de source (Lucheux, Alet-les-Bains, Amanda…) qui mobilisent l’essentiel des investissements et des ressources du groupe. A partir de 1989, le groupe commence à se désengager des eaux de source pour se consacrer exclusivement aux casinos. Débute alors une période où les ouvertures et rachats d’établissements s’accélèrent et s’accompagnent parfois parallèlement de cessions. 3 casinos rejoignent le groupe en 1989, 4 en 1991, 1 en 1992, 3 en 1994, 2 en 1995. En 1991, le groupe reçoit ses premières autorisations d’exploitation de MAS. Il s’introduit sur le second marché en 1995 afin de financer sa croissance et passe au premier marché en 1998 suite à ses bons résultats. A la fin des années 90, plusieurs établissements sont ouverts à l’international : en 1995 le casino de Knokke le Zoute (Belgique) est racheté, en 1996 un casino est ouvert à Agadir (Maroc) en collaboration avec le Club Méditerranée, en 1998 un centre d’animation est ouvert à Djerba en Tunisie (concept de Pasino), en 1999 ouvrent le casino de San Roque (Espagne) et celui du Hilton de Bucarest (Roumanie), ce dernier sera cependant rapidement cédé en 2001, ne correspondant pas aux normes de gestion du groupe. Grâce à des rachats aux groupes London Clubs International et Vivendi en 1998, le groupe acquiert deux grands casinos à Cannes dont le célèbre Palm Beach. A la fin de 1999, le groupe Partouche prend également le contrôle de la société française des casinos (SFC SA) avec 50,01% des actions pour 30 MF. Cette holding exploitait à l’époque 4 casinos (notamment en Auvergne), 109 MAS et réalisait en 1999, 66 MF de PBJ. Le groupe se pose également en innovateur lorsqu’il lance un nouveau concept de casino – le Pasino – en 2000 à Aix-en-Provence, suite à l’expérience acquise sur le site de Djerba. Ce nouveau type d’établissement, plus grand que les casinos traditionnels, comporte outre des restaurants à thème et des salles de jeux, une galerie marchande, une salle de spectacles et bénéficie d’un grand parking en centre ville. La même année, l’entreprise ouvre - c’est une première en France - le premier casino dans une grande ville, à Lyon (Le Pharaon). Ce casino recevra dès 2001 ses 200 premières MAS. Durant les années 2000 et 2001, le groupe a été particulièrement actif. Il a créé ou repris 8 établissements. En 2001, le groupe cède cependant son casino de Bucarest du fait d’une trop faible rentabilité, mais rachète le casino de Contrexéville ainsi que les murs et le fonds de commerce des sociétés thermales et hôtelières Vittel et Contrexéville au groupe Perrier Vittel (soit 1 casino, 2 hôtels et 2 établissements thermaux). © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 24 En 2002, le GP affichait un chiffre d’affaires de 371,9 M€ en hausse de 28%. Il venait d’intégrer la Compagnie Européenne de Casinos (CEC), numéro trois du secteur, après une OPA réussie qui l’avait opposé au Groupe Accor. Le 16 décembre 2001, Accor et son partenaire, le groupe Colony Capital, lançait une OPA sur la CEC. Quelques semaines plus tard, le GP annonçait détenir 6,6% de la CEC qu’il avait ramassés sur le marché. Grâce aux actions rachetées à la famille Johnson (groupe Fidelity), le GP monta à 36,7% de la CEC. Pendant ce temps, Accor avait rassemblé 40% de la CEC. Finalement, le GP l’emporta en obtenant les 17% d’actions de la famille der Krikorian (qui était à la tête du groupe), ce qui obligea Accor à abandonner son OPA et à revendre ses actions au GP. Ces surenchères firent cependant monter l’offre à 66,5 € le titre contre 52 € initialement proposés. La CEC était une proie de choix. Elle générait à elle seule 226,4 M€ de PBJ et permettait au GP de prendre 29% de PDM sur un marché français en pleine croissance. Avant ce rachat, le groupe était déjà leader français avec près de 20% de PDM mais il devançait désormais largement ses concurrents après son OPA avec 52 casinos en France et à l’étranger. La CEC apportait 22 casinos (19 en France, 3 en Belgique (Spa, Chaudfontaine et Ostende au sein du groupe Belcasino dans lequel la famille Verdonck possède 40% des actions), 1 en cours de construction en Suisse (Meyrin, près de Genève)) et 1 en République Tchèque. La CEC disposait également d’un parc de plus de 1300 MAS. Cependant, à 318 M€, le prix de la CEC a été selon les experts du secteur surévalué. Cet investissement a été financé principalement par un crédit syndiqué de 463 M€ ; en garantie, le groupe a apporté un nantissement de 3 835 500 actions du groupe Partouche, de 51% des actions de la CEC et doit respecter des ratios de rentabilité et de structure financière, sous peine de remboursement anticipé. Ces ratios de gouvernance sont les suivants : ratio 1 : résultat d’exploitation / frais financiers > à 3,5 à fin 2004 ; ratio 2 : flux de trésorerie disponible après impôts et résultat exceptionnel mais avant service de la dette / service de la dette > 1 à fin 2004 ; ratio 3 : endettement financier net de la trésorerie / résultat d’exploitation augmenté des dotations aux amortissements et aux provisions d’exploitation < 3,75 ; limitation des investissements nets des cessions à 21,5 M€ pour 2004. Ce crédit accordé par un pool bancaire emmené par Natexis Banques Populaires, sera ramené dès l’année suivante à 330 M€ sur 7 ans, à des conditions améliorées. Suite au rachat de la CEC, le GP a décidé de céder plusieurs casinos : la Bourboule, le Mont Doré (racheté deux ans auparavant) ainsi que la société en charge d’abriter le casino d’Alvignac. Malgré ces cessions, le groupe présentait encore un taux d’endettement très élevé en 2002. Cependant, la plupart des analystes financiers continuaient à cette date à afficher un avis « à conserver ». C’est la période également où un accord de principe est signé avec le groupe Moliflor Loisirs pour la reprise de 6 établissements CEC avant fin 2002, ce qui ramènerait le taux d’endettement à environ 170%. Les problèmes d’endettement n’empêchaient cependant pas le groupe d’afficher un bénéfice net de 22,5 M€ à fin 2002. En 2003, dans un contexte économique plus morose, le groupe a remporté l’appel d’offres pour le futur casino du Havre. Il a également étendu son concept de Pasino au casino de Saint-Amand, le premier établissement historique du groupe. Le groupe inaugure également son premier casino en Suisse à Meyrin, près de l’aéroport international de Genève, dont il détient 40%. Ce seul casino réussit à dégager un PBJ de 8,5 M€ sur quatre mois d’exploitation et dispose déjà de 150 MAS. Ce mouvement s’accompagne cependant de la cession de l’établissement de Spa en Belgique. Une première installation de 90 MAS a été accordée dans les autres casinos belges du groupe. Le GP est également en course pour les futurs casinos de Toulouse, Blotzheim et Lille. Enfin, il a pris une participation de 17,6% dans la société International Casino of Madrid qui opère en Egypte. Le groupe dispose également de 16 hôtels en France en 2003 situés pour la plupart dans le Sud-Est et le Lyonnais et de cinq thermes installés à Aix-en-Provence, Châtel-Guyon (2), Contrexéville et Vittel. Pour 2004, outre l’ouverture du casino du Havre, le groupe devrait ouvrir 4 autres casinos (à Nice, Port-la-Nouvelle, Saint-Cast-le-Guildo et La Tremblade). D’ores et déjà, l’entreprise a également obtenu l’autorisation pour environ 150 MAS supplémentaires. Sur le premier semestre 2004, le groupe © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 25 présente une croissance soutenue (Tableau 34) et lors de la présentation des premiers résultats trimestriels 2004, le groupe affichait un plan de désendettement devant ramener la dette à 247 M€ en 2006. Ce sont notamment les casinos de Meyrin (en Suisse), d’Aix en Provence et de Cannes qui tirent le PBJ du groupe. Bien que le GP ait annoncé dans son rapport annuel 2003 qu’il délaisserait la croissance externe, le 12 mars 2004, le groupe annonçait être en négociation avec le groupe Didot-Bottin pour la reprise de ses 5 casinos, ce qui lui redonnerait le leadership du secteur (avec un PBJ de 800 M€ contre 767 M€ au projet de groupe Lucien Barrière). Cette acquisition se ferait éventuellement par l’entrée au capital des fonds Cinven et Permira. En effet, les actifs du groupe Didot-Bottin sont valorisés à environ 200 M€ et comprennent notamment le troisième casino français situé à Divonne près du Lac Léman. Cependant, ce casino a vu son PBJ baisser de 6% en 2003 du fait de la concurrence récente des casinos suisses. Pour réaliser cette éventuelle acquisition, le GP a dores et déjà cédé 7 hôtels au groupe néerlandais Darthall pour environ 80 M€. Mais ce montant reste notoirement insuffisant et pourrait précipiter l’arrivée des fonds d’investissement britanniques Permira et Cinven, ce dernier possédant déjà le groupe de casinos britannique Gala. Permira et Cirven se sont vus octroyés en juillet 2004, un droit préférentiel d’achat de titres qui pourrait entraîner un changement dans le contrôle du capital du groupe si les fonds exerçaient ce droit avant mai 2005. Jusqu’à aujourd’hui, le GP reste donc une entreprise familiale dans laquelle Patrick Partouche, le fils du fondateur, est directeur général du groupe qu’il a rejoint en 1982 (cf. annexe 2). La famille Partouche détient 62,3% du capital (part qui a très peu évolué depuis les années 90) contre 29,4% dans le public (Tableau 13). Abandonnant peu à peu la direction opérationnelle de son groupe à ses enfants, Isidore Partouche est désormais président du conseil de surveillance (Tableau 14). La SA Groupe Partouche est la holding de contrôle du groupe (Figures 4 & 5). C’est elle qui est cotée au règlement mensuel. Elle perçoit de ses filiales une rémunération forfaitaire de 2% de leur chiffre d’affaires hors taxes en échange d’une assistance financière et comptable, marketing, d’aide à la gestion des ressources humaines (recrutement et formation), et plus généralement d’aide administrative. En 2003, cette holding a amené 100 M€ en quasi-fonds propres, à la suite du rachat de la Compagnie Européenne des Casinos, sous forme d’un compte-courant. Cette avance de 100 M€ a une échéance de 7 ans. Les diverses informations sur l’activité et la situation financière du groupe Partouche sont fournies dans les Tableaux 15 à 22. Tableau 13. Actionnariat du groupe Partouche (à fin 2003) Financière Partouche SA (holding familiale) Sogesic SARL (centrale d’achat du groupe détenue par les membres de la famille) Famille Partouche Public* Total Nombre d’actions 26 848 500 1 991 500 % du capital et droits de vote 62,3 % 4,62 % 1 608 768 12 648 650 43 097 418 3,73 % 29,35 % 100% Source : Groupe Partouche * dont JP Morgan : 5,62%, Fidelity International Limited : 4,02% et Schroder Investment Management Limited : 8,31% © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 26 Tableau 14. Organes de direction de 1999 à 2003 Conseil de surveillance Directoire Isidore Partouche : Président Marcel Partouche : Vice-Président Maurice Sebag : Membre Maurice Partouche : Membre (décédé en 2003) Jacques Partouche : Membre (fin du mandat en 2002) Gaston Ghrenassia (dit « Enrico Macias ») : Membre Hubert Benhamou : Président du directoire Patrick Partouche : Directeur général Ari Sebag : Directeur général Richard Partouche : Directeur général Katy Zenou : Directeur général Tableau 15. Indicateurs boursiers 1997 en F 379 6 156 774 1998 en F 393 6 156 774 1999 2000 en € en € 65 58,5 6 156 774 6 156 774 2001 en € 57,9 6 156 774 356,5 Cours au 31/10 Nombre d’actions au 31/10 Capitalisation boursière 2 333 2 419 400,2 360,2 (en Millions) Dividende net par action 9 10 1,68 1,68 0,8 Distribution totale de 55,4 61,6 10,32 10,32 4,93 dividendes (en millions) Sources : Rapports annuels, Groupe Partouche, 1999, 2000, 2001, 2002, 2003 2002 en € 66,6 6 156 774 410 2003 en € 68,10 6 156 774 421,1 0 0 0 0 Figure 4. Organigramme du groupe Partouche en 1999 98% 99,8% Groupe Partouche Participations SA Groupe Partouche SA Sathel SA La Tour de Salvagny 50,01% 58,75% Forges Thermal SA Forges-les eaux Société Française de Casinos – SFC SAS 99,9% Groupe Partouche International SA Participations majoritaires dans les casinos et hôtels français exploités par le groupe Participations majoritaires dans les casinos exploités à l’étranger par le groupe © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 27 Figure 5. Organigramme du groupe Partouche en 2003 99,9% 99,87% Groupe Partouche SA 55,56% 58,75% 100% Groupe Partouche International SA Sathel SA La Tour de Salvagny Forges Thermal SA Forges-les eaux Société Française de Casinos – SFC SAS Compagnie Européenne de Casinos Participations majoritaires dans les casinos exploités à l’étranger par le groupe Participations majoritaires dans les casinos et hôtels français exploités par le groupe Tableau 16. Résultats du groupe Partouche 1996 1997 1998 1999 2000 2001 PBJ 170,3 197,7 250,9 288,4 325,9 355,4 PBJ étranger Nd Nd Nd 10,8 13,7 12,3 PBJ des MAS Nd Nd Nd 299,7 350,6 323,8 Chiffre d’affaires 132,6 152,5 180,2 210,7 258,8 290,54 total Dont CA étranger Nd 8,6 9,95 11,6 13,7 12,9 CA jeux 108,1 118,3 138,9 160,6 186,5 209,2 CA autres dont : 24,5 34,2 41,4 50,1 72,3 81,3 CA restauration nd 13,94 18,83 23,3 31,45 38,3 CA hôtellerie nd 9,45 11,8 14,4 22 25,6 CA autres nd 10,7 10,7 12,4 18,8 17,4 (discothèques, pourboires, entrée salles de jeux…) Résultat net 15,7 20,9 21,8 25,1 28,8 34,31 consolidé part du groupe Prélèvements de nd nd nd nd nd 229,9 l’Etat et des communes Sources : Rapports annuels, Groupe Partouche, 1999, 2000, 2001, 2002, 2003 © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 2002 582,6 17 539 372 2003 691,3 30,6 633,2 435,7 18,3 270,2 101,8 46,3 29,2 26,2 28,9 322,8 112,8 54 30,8 28,1 22,46 17,7 329,3 387,3 28 Tableau 17. Eléments sur l’activité du Groupe Partouche Effectifs Dont effectif travaillant à l’étranger Nombre de casinos exploités Casinos exploités en France Casinos exploités à l’étranger 1996 1719 nd 1997 1911 nd 1998 2345 nd 1999 2650 476 2000 3341 468 2001 3657 nd 2002 5337 579 19 20 23 28 30 30 51 49 17 18 20 23 25 26 44 42 2 2 3 5 (+ San Roque & Bucarest) 5 4 (Bucarest) 7 7 (+ Spa, (- Spa + Ostende, Meyrin) Chaudfontaine ) 3 926 4 281 458 445 Parc de MAS 1649 1849 1960 2 179 2 259 2 499 PBJ moyen quotidien nd nd 379 414 437,2 467 par MAS Investissements 62,3 34,1 47,1 89,5 49,7 55 Nombre d’hôtels en nd nd nd 5 8 10 France Sources : Rapports annuels, Groupe Partouche, 1999, 2000, 2001, 2002, 2003 © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 2003 5347 629 363,4 17 36,2 16 29 Tableau 18. Bilan consolidé du groupe Partouche Actif (en M€) Ecarts d’acquisition Immobilisations incorporelles total Immobilisations corporelles Immobilisations financières Actif immobilisé Clients Stocks Autres créances VMP Disponibilités Charges constatées d’avance Actif circulant total Total actif (y compris comptes de régularisation) Passif (en M€) Capital social Primes d’émission Ecarts de réévaluation groupe Réserve légale Réserves réglementées Autres réserves Réserves groupe Report à nouveau Ecarts de conversion groupe Résultat consolidé groupe Capitaux propres groupe Intérêts minoritaires Provisions pour risques et charges Emprunts et dettes auprès des établissements de crédit Emprunts et dettes financières diverses Fournisseurs et comptes rattachés Dettes fiscales et sociales Dettes sur immobilisations Autres dettes Dettes et régularisation Total passif * cf. tableau 32 ; ** cf. tableau 33 1998 40,8 47,0 116,9 45,6 209,5 6,8 1,4 18,4 2,7 29,0 6 69,3 1999 66 74,3 2000 77,7 87,2 2001 72,6 81 2002 393,6 403,5 2003 380,9 390,9 163,7 37,3 275,3 8,6 1,9 35,4 16,9 46,1 6 119,4 395,4 201,4 38,2 326,8 8,1 2,8 26,2 7,2 31,8 5,9 88 416,1 223,6 50,6 355,1 9,8 2,8 29 20,7 25,7 7,3 95,8 452,1 352,7 46 802,2 9,8 2,9 51,3 3,4 46,7 7,3 128,2 933 363,8 39,8 794,6 12,9 2,9 35,6 7 55,6 7,5 128,6 932,9 277,9 1998 85,4 9,4 (60,5) 2,0 5,6 (14,7) 80,3 0,0 22,0 129,4 9,4 1999 85,4 9,4 (52,5) 2,8 5,6 (14,7) 78,5 5,2 (0,1) 25,2 144,6 11,3 6,1 2000 85,4 9,4 (52,5) 3,5 5,6 (14,7) 88,4 8,5 28,8 162,3 12,9 4,8 2001 86,2 9,4 (52,9) 5 5,6 (15,2) 88,3 26 34,3 186,7 13,9 4,9 2002 86,2 9,4 2003 86,2 9,4 86,6 110 22,5 204,8 21,9 9,9 17,7 223,4 31 10,1 125,9 119,2 132,7 527 391,7* 15,4 16,9 8 17,3 116,3** 12 14,3 13,4 19 18,5 43 15,2 12,8 233,3 233,3 48,1 16,1 10,5 234,8 416,1 58,5 13,8 14,3 246,6 452,1 80,3 11,3 14,3 696,3 933 88,5 10,3 13,3 668,3 932,9 6,3 56,7 4,2 8,4 35,6 10,9 9,3 134,2 279,4 © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 30 Tableau 19. Compte de résultat consolidé du groupe Partouche (en M€) Chiffre d’affaires net Produits d’exploitation Achats de marchandises Achats de matières premières Autres achats et charges externes Impôts et taxes Charges de personnel (y compris charges sociales) Dotations aux amortissements et aux provisions Autres charges d’exploitation Charges d’exploitation Résultat d’exploitation (y compris variation de stocks) Produits financiers Charges financières Résultat financier Résultat courant des entreprises intégrées avant impôt Résultat exceptionnel Impôts sur les bénéfices Dotations aux amortissements des écarts d’acquisition Participation des salariés Impôts différés sur les bénéfices Résultat net de l’ensemble consolidé Intérêts minoritaires Résultat net (part du groupe) 1998 180,24 187,39 3,78 7,03 36,05 10,09 56,57 1999 210,7 218,9 2,6 10,2 41,6 11 65,1 2000 258,8 265,2 2,9 13,9 55,6 12,9 83,3 2001 290,5 297,1 3,3 14,5 58,7 14 91,5 2002 372 382,6 9,4 14 81,1 18,7 135,1 2003 435,7 457,8 13,4 12,6 100,9 21,8 163,2 13,23 14,5 20,1 23,8 32,4 39,7 6,20 132,87 54,52 7,5 152,4 66,5 7,6 196,6 68,6 8,3 214 83,1 9,1 299,8 82,8 11,9 363,5 94,3 1,11 3,45 (2,33) 52,21 1,7 5,3 (3,6) 62,9 1,7 8,1 (6,4) 62,2 1,9 9,5 (7,6) 75,6 2,6 25 (22,4) 60,4 1,6 34,7 (33,1) 61,2 (0,70) 23,20 2,97 0,1 25,5 5,3 7,2 26,7 4,9 27,9 5,1 4,3 23 13,8 3,8 16,5 22,4 2,88 (2,45) 24,91 2,94 21,97 3,3 1 28,4 3,2 25,2 4,3 1,1 32,3 3,4 28,8 4,4 1 37,4 3,1 34,3 5,9 2,8 25,2 2,7 22,5 7,1 1,8 23,8 6,1 17,7 Tableau 20. Emprunts et dettes auprès des établissements de crédit en 2003 2003 - 1 AN 1 à 5 ANS Emprunts bancaires* 48 212,8 386 Intérêts courus/ emprunts 0,2 0 Ns Crédit-bail retraité 0,6 3,4 5,4 Comptes bancaires créditeurs 0,1 0 Ns Total 391,7 48,9 216,2 * dont 366,7 M€ de dettes bancaires assorties de garanties (emprunt syndiqué) + 5 ANS 125,2 0 1,4 0 126,6 Tableau 21. Emprunts et dettes diverses en 2003 2003 -1 AN Autres emprunts et dettes* 108 NS Participation des salariés 6,7 0,5 Dépôt et cautionnement 0,6 0,3 Dettes sur titres de participation 1 1 Total 116,3 1,9 * dont l’avance faite par la Financière Partouche de 100 M€ 1 à 5 ANS 0 5,8 NS 0 5,8 © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE + 5 ANS 107,9 0,3 0,2 0 108,5 31 Tableau 22. Résultats du premier semestre 2004 (en M€) PBJ Chiffre d’affaires Résultat d’exploitation Résultat financier Résultat courant Résultat exceptionnel Résultat total sociétés intégrées Résultat net part du groupe Du 1/11/03 au 30/4/04 373,8 227,6 54,9 -13,2 41,6 1,6 13,6 10,5 Du 1 /11/02 au 30/4/03 342,5 211,5 46,8 -17,6 29,1 7,5 13,6 9,5 Evolution en % + 9,1% + 7,6% + 17,4% + 43% + 10,5% Groupe Didot-Bottin : Le groupe Didot Bottin est détenu principalement par la compagnie financière privée (COFIP) à hauteur de 62,46% et par la Sopalia Cie financière Holding (21,11%). Le reste du capital est détenu par les familles fondatrices de certaines sociétés du groupe et par le marché. Les 5 casinos luxueux du groupe se situent en France et en Suisse, et sont regroupés au sein de la filiale « Groupe de Divonne » (Figure 6). Cette filiale détient notamment le casino de Divonne, le troisième plus gros casino français (avec plus de 66 M€ de PBJ). Le groupe a fortement investi ces dernières années avec deux nouveaux établissements en 2002, à Crans-Montana (Suisse) et à SaintJulien-en-Genevois, et un autre en mars 2003 à Hauteville-Lompnès. La SFDD a également revendu les titres qu’elle détenait dans la compagnie européenne de casinos lors de l’OPA du groupe Partouche et en a retiré une plus-value financière significative (plus de 1 M€). © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 32 Figure 6. Structure du groupe Didot-Bottin COFIP 62,46 % 34% Didot-Bottin 36% 11% 86% Groupe de Divonne GIMAR Finance & Cie SCA Compagnie de Fougerolles 100% 100% 100% 100% SFDD Peureux 98,68% Editions E.D 100% 100% TTH Divonne Distillerie Gauthier SECSJ Saint-Julien SGCA Annemasse 76% Quinette Gallay 100% 100% 80 % Mussidan SCHL Hauteville-Lompnès SCCM Crans-Montana Le groupe n’est cependant pas uniquement actif dans le secteur des casinos mais également l’édition via Editions E.D., l’équipement en sièges de salles de cinémas et de spectacle via Quinette Gallay et Mussidan ou encore la distillerie via sa holding Fougerolles (avec son produit phare vendu en GMS : les Griottines). Au total, le groupe emploie plus de 1000 salariés en 2003, dont 65% sont employés dans les casinos. A fin 2002, l’activité des distilleries Peureux dégageait un CA de 19,6 M€ et un résultat net de 2,1 M€. Quinette Gallay dégageait un CA consolidé de 34,7 M€ et un résultat net de – 1,1 M€ du fait du ralentissement des ouvertures de complexes cinématographiques. L’édition, via l’éditeur spécialisé E.D. (encyclopédie douanière), présentait à fin 2002 un CA de 1,6 M€ et un résultat net après impôt nul. Le groupe de Divonne présentait fin 2002 un PBJ en nette hausse : 113,2 M€ contre 104,4 M€ en 2001 et 92,6 M€ en 2000. Cette hausse d’activité se traduit par un CA qui passe de 60,6 M€ en 2001 à 64,3 M€ en 2002. Le résultat net de l’activité s’élève à 2,1 M€ en 2002 contre 2,7 M€ un an © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 33 auparavant. Cependant, il faut rappeler qu’en 2002, un alourdissement des prélèvements sur les jeux de la part de l’Etat a frappé le secteur dans son entier. Pour l’activité casinos, le chiffre d’affaires se répartit entre les jeux traditionnels (10%), les jeux automatiques (67%), l’hôtellerie et la restauration (18%) et le golf et divers produits (6%). Les informations financières sur Didot-Bottin sont synthétisées dans les tableaux 23 et 24. Tableau 23. Bilan consolidé du groupe Didot-Bottin au 31-12-2002 Actif (en K€) Ecarts d’acquisition Immobilisations incorporelles Immobilisations corporelles Immobilisations financières Actif immobilisé Stocks et en cours Clients et comptes rattachés Autres créances et comptes de régularisation VMP Disponibilités Actif circulant Total actif Passif (en K€) Capital Réserves Résultat Capitaux propres (part du groupe) Intérêts minoritaires Provisions pour risques et charges Emprunts et dettes financières Fournisseurs et comptes rattachés Autres dettes et comptes de régularisation Total passif 31/12/2002 59 058 821 37 051 9 794 106 724 24 972 18 013 4 402 7 991 5 639 61 017 167 741 31/12/2002 25 627 37 897 411 63 935 5 562 3 778 67 170 10 638 16 658 167 741 © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 31/12/2001 63 017 501 34 031 9 969 107 518 25 958 14 527 4 048 12 463 4 393 61 389 168 907 31/12/2001 25 627 40 063 172 65 862 5 848 5 095 69 887 8 298 13 917 168 907 34 Tableau 24. Compte de résultat consolidé du groupe Didot-Bottin (en K€) Chiffre d’affaires Autres produits d’exploitation Achats consommés Charges de personnel Autres charges d’exploitation Impôts et taxes Dotations aux amortissements et aux provisions Résultat d’exploitation Charges et produits financiers Résultat courant des entreprises intégrées Charges et produits exceptionnels Impôts sur les résultats Résultat net des entreprises intégrées Dotations aux amortissements des écarts d’acquisition Résultat net de l’ensemble consolidé Intérêts minoritaires Résultat net (part du groupe) 31/12/2002 88 757 3 334 - 30 203 - 24 975 - 19 802 - 3 530 - 5 729 7 852 - 872 6 980 316 - 2 559 4 737 - 4 336 401 10 411 31/12/2001 88 060 2 579 - 28 478 - 23 532 - 17 742 - 3 601 - 6 918 10 368 - 2 085 8 283 - 403 - 3 055 4 825 - 4 456 369 - 197 172 L’Europe des casinos L’Europe est le deuxième marché des casinos au niveau mondial, très loin cependant derrière les Etats-Unis (Tableau 25). Tableau 25. Le marché mondial des casinos Région Revenus des casinos en 2000 (milliards de dollars) Etats-Unis 27,77 Europe 8,75 Asie 6,81 Source : Global industry analysts, casinos 2004 Part de marché globale 49,86% 16,45% 12,52% En Europe, la France est le pays possédant le plus de casinos et dégage le PBJ le plus élevé (Tableau 26). 350 villes peuvent actuellement se prévaloir des critères de la loi de 1907 et donc accueillir potentiellement cette activité. Plusieurs opérateurs français sont cotés en Bourse. Mais en comparaison des groupes anglo-saxons, les casinotiers français sont encore de petite taille. L’Allemagne est un marché qui ne devrait pas connaître de croissance très forte dans les années à venir. Elle n’a aucun opérateur coté en Bourse. L’Italie ne possède paradoxalement que quatre casinos dans tout le pays après avoir donné naissance aux jeux de loteries. L’Espagne présente un parc d’une trentaine de casinos qui génèrent environ 400 M€ de revenus. Des projets de gros casinos à Majorque et Marbella sont cependant à l’étude. En Espagne comme en Italie, aucun opérateur n’est coté. Des modifications importantes interviennent aux Pays-Bas et pourraient également intervenir en Autriche. La privatisation de la holding publique Holland Casinos aux Pays- Bas est en discussion et l’on parle d’une éventuelle ouverture du marché autrichien. Holland Casinos dispose de 12 établissements qui ont généré en 2003 plus de 630 M€ de PBJ. Le groupe a cependant perdu le monopole public sur les jeux dont il disposait depuis 25 ans et de nouveaux opérateurs pourraient apparaître. Casinos Austria crée en 1934, gère 70 établissements dans 16 pays (dont 16 bateaux-casinos dans les eaux © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 35 internationales) et dégage un chiffre d’affaires de 718 M€ en 2002. Le groupe est présent sur les cinq continents et dispose d’une situation de monopole pour ses 12 casinos en Autriche. Son chiffre d’affaires en Autriche est de 328 M€ et de 390 M€ à l’étranger (dont 146 M€ en Europe). Son actionnariat est composé de banques, de sociétés d’assurance et de quelques riches personnalités. La part des investisseurs privés dans son capital contraste avec le groupe public Holland Casinos. Le groupe Casino Austria a enfin une participation de 34% dans la loterie autrichienne (environ 1 000 M€ de chiffre d’affaires en 2003) qui exploite elle-même une activité de e-gaming (d’un CA de 2 M€). Le Luxembourg possède un seul casino mais de taille importante avec 218 MAS et une dizaine de tables de jeux. La Belgique possède 8 casinos mais la loi limite fortement jusqu’à récemment leur développement dans les villes balnéaires. Récemment ce pays a autorisé la construction d’un nouvel établissement à Bruxelles. En Suisse, marché récemment libéralisé, Swiss Casinos AG gère trois grands casinos en propre et possède 50% du casino de St Moritz et 31,5% du Grand Casino Kursaal de Berne. Ce groupe est avant tout un groupe de services (conseil en implantation et en conception, conseil en management…) dans le secteur des casinos avant d’en devenir un opérateur. Tableau 26. Le marché européen des casinos en 2003 Pays Nombre de casinos dans le pays PBJ (M€) France 182 2 546 Allemagne 56 1 153 Royaume-Uni 126 1 037 Pays-Bas 12 630 Italie 4 542 Espagne 32 423 Total pays européens 609 8 017 Source : groupe Lucien Barrière, 2004 ; Global Industry Analysts, casinos 2004 Le Royaume-Uni est le deuxième marché européen et présente comme les autres pays une forte croissance (Tableau 27), avec notamment un parc de plus de 250 000 MAS. Ces MAS ne sont toutefois pas toutes exploitées dans les casinos à la différence de la France. En fait, seul un millier de ces appareils sont exploités dans les casinos. Une autre spécificité du marché anglais est de concentrer plus de la moitié du PBJ dégagé par les casinos sur Londres. Le secteur emploie environ 13 000 personnes. Ce marché est actuellement secoué par un projet de déréglementation qui devrait intervenir en 2004 ou 2005. Ce projet permettrait entre autres d’abattre les cloisons existant entre les différents types de jeux. Un casino pourrait ainsi gérer des paris sportifs et des loteries (bingo). Le jeu en ligne deviendrait également une catégorie légale de jeu. Pour l’heure, les casinos n’ont pas le monopole des machines à sous et ne sont autorisés qu’à un maximum de 10 de ces machines par étalissement (et ce, depuis 1999). Tableau 27. Principaux indicateurs du marché anglais 1996 1997 Nombre de casinos 119 116 Nombre de MAS dans les Nc nc casinos PBJ (M£) Nc nc Source : Gaming Board for Great Britain 1998 115 612 1999 116 582 2000 118 795 2001 118 814 2002 122 841 2003 126 894 2004 131 976 nc nc 3109 3316 3582 3797 4073 Sur ce marché, 4 opérateurs se partagent aujourd’hui 90% du marché suite à une vague de fusionsacquisitions (Tableaux 28 & 29). Ce marché a en particulier était le témoin de la plus grosse OPA © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 36 jamais réalisée en Europe, à savoir le rachat pour 1,9 milliard € en février 2003 de Gala détenu jusqu’alors par CSFB et PPM, par les fonds d’investissement Cinven (investisseur déjà présent dans le secteur des pubs) et Candover (holding financier déjà présent dans les centres de vacances, les clubs et les bars). Ces deux fonds d’investissement – absents jusque-là du secteur des casinos - semblent vouloir agir au niveau de l’Europe entière et ont rapidement signé un accord avec l’opérateur américain Harrah’s en juin 2003 afin de planifier la construction de 8 nouveaux casinos pour 2005 / 2006 en Angleterre d’une surface de 10 à 15 000 m² chacun. Leur accord prévoit 600 M$ d’investissement. Le grand rival américain de Harrah’s, le groupe MGM Mirage, a également pris pied au RoyaumeUni. En mai 2003, MGM prenait 25% dans Metro Casino. L’entreprise américaine prévoit aussi de construire un nouvel établissement à Bristol. Elle a également passé un accord avec British Land pour que ce dernier transforme une partie de ses nombreux terrains en casinos. Les deux partenaires évoquent 400 M£ d’investissements près de Sheffield et 200 M£ à Londres. En Angleterre, le groupe MGM s’oppose actuellement dans une OPA à l’entrepreneur sud africain Sol Kerzner pour acquérir un gros opérateur de paris et de jeux de hasard anglais, Wembley, dont certains établissement pourraient être convertis en casinos. La dernière offre évaluait Wembley à 309 M£ mais rien n’est encore joué. Le même groupe Kerzner a déjà une participation dans London Club International. Tableau 28. Les entreprises anglaises en 2000 Nombre de casinos Rank Group 31 Stanley Leisure Group 30 Hilton Group (Ladbrokes) 27 London Club International 7 A&S Leisure Group 5 Tower Casino Group 5 RJ Brown Limited 2 Pellenfayre Limited 2 Autres opérateurs 9 Total 118 Source : Gaming Board for Great Britain, 2000 Dont à Londres 4 3 6 7 1 0 0 0 2 23 © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 37 Tableau 29. Les groupes anglais en 2003 Groupes Stanley Leisure : entrée en 1976 sur le marché ; politique intensive d’acquisitions (le groupe a cherché récemment à racheter London Club International) ; cet acteur est passé du bookmaking au casino ; ouverture en novembre 2003 du plus grand casino du Royaume-Uni à Birmingham sur le modèle américain (20 000 m²) ; 4 casinos à Londres Rank Group – Grosvenor Casino : casinos essentiellement au RoyaumeUni et 2 en Belgique (Middlekerke et Blankenberge) ; possède des salles de Bingo ; exploite la marque HardRock dans les cafés, restaurant et loisirs ; 6 casinos à Londres ; plus de 120 clubs de bingo Gala casinos : a racheté 28 casinos au groupe Ladbroke en 2000 ; possède des casinos à Gibraltar, en Ecosse (7) et sur l’île de Man ; projet de développement de 8 casinos avec le groupe américain Harra’s ; 6 casinos à Londres ; grosse activité dans la loterie (bingo) avec près de 170 clubs London Club International : coté depuis 1994 ; 5 casinos à Londres ; également présent en Egypte, à Las Vegas, au Liban et en Afrique du Sud grâce à des implantations dans des hôtels Hilton ; casinos plutôt luxueux A & S Leisure group : 1 casino à Londres Blue chip casinos plc Aspinall’s Club Ltd : 1 casino à Londres Opérateurs d’un seul casino (dont 1 à Londres) Total Source : groupe Lucien Barrière, 2004 Nombre de casinos au Royaume-Uni 42 PBJ (en M€) 36 237 30 170 9 183 6 3 2 12 134 261 120 971 La croissance observée pendant les années 90 dans toutes les régions du monde, y compris l’Europe, devrait être encore forte à l’horizon 2010 comme l’indique une étude de Global Industry Analysts (Tableau 30). Elle devrait profiter aux 132 opérateurs mondiaux qui exploitent environ 3 700 casinos. En comparaison, et sur la même période, la croissance des économies américaine et européenne devrait être respectivement de 3,2% et 2 % en moyenne. Cette croissance est tirée par le statut désormais légitime de l’activité mais également par des évolutions sociodémographiques comme l’importance croissante du nombre de retraités qui disposent de temps pour jouer. Tableau 30. Croissance attendue des casinos sur la période 2000-2010e Pays / régions Etats-Unis Asie Europe Canada Reste du monde Amérique latine Total Croissance annuelle moyenne sur la période 2000 - 2010 6,19% 6,03% 5,10% 4,98% 4,5% 3,49% 5,65% Source : Global industry analysts, casinos 2004 © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 38 La gestion des casinos dans quelques pays européens 2 Les pays européens présentent une certaine homogénéité sur plusieurs dimensions de la gestion des casinos : secteur très encadré, limite d’âge des joueurs fixée à 18 ans en général, certification obligatoire du personnel, interdiction du crédit, publicité autorisée mais limitée. Cependant, sur d’autres dimensions, l’activité est réglementée différemment. Il apparaît par exemple que les ponctions de l’Etat et des communes en France sont parmi les plus fortes en Europe, à environ 55% du PBJ. Les niveaux de taxation des jeux varient donc beaucoup d’un pays européen à l’autre. En Allemagne, il atteint par exemple 85% ce qui génère une rentabilité très faible et n’incite pas au développement de grands groupes privés. La moyenne européenne est plus faible et comprise entre 35 et 45% de taxation. Au-delà des questions de taxation, les conditions d’exploitation des casinos sont assez différentes d’un pays à l’autre comme un rapide panorama pays par pays le laisse entrevoir. L’Allemagne : Il existe 54 casinos en Allemagne dont 36 sont gérés par l’Etat. Le secteur a dégagé 993 M€ de PBJ en 2001 dont environ 70% sont générés par un parc de plus de 5 500 MAS. Les prélèvements sont compris entre 80 et 92% du PBJ que ce soit pour les MAS ou pour les jeux traditionnels. Cependant, des allégements sont prévus depuis peu pour les 2 à 5 premières années d’exploitation d’un établissement et pour les casinos situés dans l’ex-Allemagne de l’Est. Il faut noter également que certaines taxes sont spécifiques dans chaque Lander d’implantation. Les horaires d’ouverture sont compris entre 2 heures de l’après-midi et 6 heures du matin. Les établissements doivent fermer lors de certaines fêtes nationales à la différence de nombreux autres pays européens. Les bars et restaurants dans les casinos n’existent pas. La durée des concessions est comprise entre 5 et 15 ans et dépend, comme sur de nombreux autres points, des réglementations régionales. En théorie, la présence d’entreprises étrangères est autorisée mais ne s’observe pas en pratique. Les jeux autorisés sont : les roulettes française et américaine, le black-jack, le poker, le punto banco, les MAS et le baccarat. Il n’existe pas de régulateur national mais uniquement local. L’Autriche : A fin 2002, les 12 casinos implantés en Autriche généraient un PBJ de 228 M€ grâce à un parc de 1 809 MAS et 238 tables de jeux. Le secteur emploie environ 1800 salariés. Les taux de taxes sont de 48% pour les MAS et entre 35 et 80% pour les JT selon le montant du PBJ dégagé. Les horaires d’ouverture sont compris entre 3 heures de l’après-midi et 4 heures du matin. L’Autriche interdit les casinos étrangers sur son territoire. La durée des concessions est de 15 ans. Les jeux autorisés sont : les roulettes américaine et française, le baccarat, le black-jack, le punto banco, le poker, les MAS. Le secteur est sous l’autorité du ministère des Finances. La Belgique : 8 casinos généraient environ 2 milliards de FB de PBJ en 1999, les taux de taxes étant compris entre 33 et 44% selon le PBJ de l’établissement. Chaque exploitant doit fournir des équipements culturels et de la restauration. Jusqu’à récemment, les casinos ne pouvaient s’implanter que dans 8 villes balnéaires et touristiques. Cependant, depuis un décret royal de 2001, Bruxelles a reçu l’autorisation d’ouvrir son casino. L’appel d’offre a suscité de nombreuses candidatures et a été emporté par un groupe d’investisseur emmené par Casinos Austria. Chaque exploitant reçoit une concession d’un maximum de 20 ans. Les jeux autorisés sont : le baccarat, le black-jack, le craps et les roulettes américaine et française. La Belgique interdisait l’exploitation de MAS jusqu’en 2003. Les casinos sont sous la tutelle des ministères des finances, de la justice et de l’intérieur. 2 Cette partie doit beaucoup au site Internet egamingpro.com. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 39 Le Danemark : Le secteur emploie 400 salariés répartis dans 6 casinos qui ont généré 31,7 M DKK3 en 2001. Le parc de MAS s’élève à 469. Les prélèvements sont de 45% sur le PBJ jusqu’à 4 M DKK et de 75% au-delà tant pour les JT que pour les MAS. Les horaires sont compris entre 2 heures de l’après-midi et 4 heures du matin. Les concessions sont accordées lors d’appels d’offres pour une durée de 10 ans. Les jeux autorisés sont : les roulettes française et américaine, le poker, le punto banco, les MAS et le baccarat. Les casinos sont sous la tutelle du ministère de la justice. L’Espagne : L’Espagne possède un parce de 32 casinos dont 3 sont détenus en totalité par l’Etat et deux autres sont partiellement détenus par l’Etat. Ces établissements ont dégagé un PBJ de 343 M€ à fin 2002, tiré à plus des deux tiers par les tables de JT. Chaque région du pays applique sa propre fiscalité aux casinos sur les tables de jeux. Les taux s’échelonnent généralement entre 20 et 55% en fonction du PBJ de l’établissement. Pour les MAS, une taxe annuelle d’Etat de 4 K€ est appliquée, qui peut cependant être majorée selon les régions par une taxe supplémentaire. Dans la plupart des régions la taxe appliquée sur les MAS est donc différente (très faible par exemple en Catalogne et très élevée dans la région de Valence). Un droit d’entrée relativement faible est perçu à l’entrée du casino. Les casinos décident librement de leur horaire d’ouverture mais le minimum est de 8 heures par jour et le maximum de 16 heures. Le personnel doit être certifié pour travailler dans les établissements. Les entreprises étrangères ne peuvent posséder plus de 25% d’un casino espagnol mais aucune limite dans la localisation des établissements n’est imposée. Longtemps, les casinos furent interdits dans les centres des grandes villes mais de plus en plus d’autorisations sont données pour l’implantation dans les villes comme Barcelone ou Séville. La durée des concessions est en général de 10 ans et de 15 ans en Andalousie. Les jeux autorisés sont : les roulettes française et américaine, la banque, le black-jack, le chemin de fer, le craps, le 30/40, la boule, le bingo, le poker, le punto banco, les MAS et le baccarat. Les casinos sont sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur. La Grèce : 8 casinos, dont 2 possédés par l’Etat (mais en cours de privatisation), ont dégagé en 2001 33 M€ de PBJ, dont 40% grâce aux MAS. Le secteur emploie environ 4000 salariés et les entreprises exploitent 271 tables de jeux traditionnels ainsi qu’un parc de 2 322 MAS. Les tables et les MAS sont taxées à hauteur de 20 à 30 % ainsi qu’une taxe de 2% à payer aux collectivités locales. Le droit d’entrée des joueurs est fixé entre 6 et 12 € selon les casinos. Les horaires quotidiens d’ouverture peuvent aller de 12 à 24 heures. Les joueurs doivent être âgées d’au moins 23 ans. Les entreprises étrangères peuvent s’implanter en Grèce. Les zones d’implantation sont des zones touristiques désignées par la loi. Aucun renouvellement de la concession n’est accordé. Celle-ci dure 12 ans. Les jeux autorisés sont : la roulette américaine, le black-jack, le craps, le punto banco, le stud poker et les MAS. Les casinos dépendent du ministère du tourisme. La Hongrie : Il n’y a que 6 casinos en Hongrie, dont 3 sont détenus par l’Etat. Ces casinos ont dégagé à fin 2002 environ 36 M€. Ces casinos n’emploient qu’à peine 1000 personnes. Ils représentent 109 tables de JT et 145 MAS. Une taxe de 30 % sur les revenus de tous les jeux est perçue mensuellement. 50% des pourboires sont également taxés à hauteur de 30%. Une licence de concession coûte au minimum 1,5 M€ à Budapest et 0,2 M€ dans le reste du pays. Chaque table de jeux et chaque MAS font également l’objet d’achat de licence. Un droit de 10$ est perçu à l’entrée d’un casino. Les horaires sont librement fixés et le casino peut fermer un jour par semaine. Les investisseurs étrangers sont acceptés après approbation du ministère des Finances. Les villes autorisées sont essentiellement les grandes villes et les villes touristiques. Aucune restriction sur les jeux pratiqués n’existe. 3 7,4 DKK =1 € © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 40 L’Italie : Les 4 casinos italiens sont publics et possédés par des villes ou des régions. A fin 1999, le PBJ de ces casinos était d’environ 755 milliards ITL, soit 377 M€. Les taxes sur chaque casino sont différentes. Ainsi, le casino de Campione est taxé à hauteur de 30,5% par l’Etat et 38% par la ville (après avoir payé une licence de 800 M ITL), celui de San Remo reverse 10% de son PBJ à l’Etat (après avoir payé une licence de 800 M ITL) alors qu’à Venise, la ville perçoit le PBJ et en reverse 50% au management. Les horaires d’ouverture sont variables pour chaque casino mais tous ferment vers 3 h 00. Le personnel n’a pas besoin d’être certifié à la différence de nombreux autres pays. Les pourboires sont autorisés sauf à Venise. L’implantation d’un casino n’est autorisée que dans les quatre villes actuelles et l’actionnariat étranger est interdit. Aucune autorité centrale ne gère les casinos qui dépendent d’autorités locales. Les jeux autorisés sont nombreux : les roulettes française, anglaise et américaine, le black-jack, le punto banco, le chemin de fer, le craps, le 30/40, la boule, le stud poker, les jeux vidéo et les MAS Les Pays-Bas : Les 12 casinos hollandais ont dégagé à fin 2002, un PBJ d’environ 682 M€. Ces revenus proviennent pour moitié des JT et pour l’autre de l’exploitation des MAS. Le nombre de tables de jeux exploitées est de 385 et le nombre de MAS s’élève à 5 346. Le secteur emploie environ 5 000 personnes. La taxation des tables de jeux est de 33% du PBJ et l’on applique un taux de TVA de 19% sur les revenus des MAS. Un droit d’entrée de 3,5 € est appliqué. Les heures d’ouverture sont comprises entre 13h30 à et 3h du matin. L’Etat hollandais accorde une concession permanente aux 12 casinos du pays et c’est l’Etat qui récupère également la totalité du PNJ (110 M€ en 2002). Les jeux autorisés sont : les roulettes française et américaine, le black-jack, le punto banco, le poker, le keno, le Let it Ride, la pai gow et les MAS. Les casinos sont sous l’autorité d’une autorité indépendante, le Netherlands gaming control board sur le modèle anglais. Le groupe Holland Casino a été constitué en 1976 après que le gouvernement hollandais ait donné son autorisation et accordé une licence exclusive d’exploitation. Le groupe exploite 12 casinos, dont un a ouvert ses portes en 2000 et un autre en 2002 (25 M€ d’investissement), et emploie environ 5 000 personnes. Il a un statut juridique de fondation (à ce titre le groupe reverse l’ensemble de ses résultat à l’Etat, en plus des taxes et impôts) mais pourrait à terme se transformer en société anonyme. En 2002, le groupe a dégagé un chiffre d’affaires net de 528 M€ et un bénéfice de 110 M€ (Tableaux 31, 32 & 33). En 2003, le gouvernement hollandais décidait de maintenir le statu quo sur le marché et de ne pas autoriser de nouvelles ouvertures ni de privatiser son marché. Les débats sur l’autorisation des casinos virtuels devraient déboucher en 2004. Le groupe a déjà utilisé son savoir-faire pour aider à l’ouverture de 5 casinos en Suisse et en Suède mais le groupe ne peut pour l’instant opérer à l’étranger étant donné son statut. Tableau 31. Evolution du compte de résultat de Holland Casino (en M€) Revenus bruts Taxes et impôts Revenus nets Charges d’exploitation Résultat net Ebitda Ebida Source : rapport annuel 2002 2002 672,8 144,7 528,1 412,7 110,7 305,9 161,2 2001 600,5 128,6 471,9 376,3 90,9 268,9 140,3 2000 504,3 105,6 398,7 318,8 74,7 235,4 129,8 © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 1999 442,4 92,4 350 278,9 65,9 198,2 105,8 1998 404 84,3 319,7 255,4 60,1 177,3 93 41 Tableau 32. Sources de revenus de Holland Casino (M€) 2002 Jeux de tables MAS Pourboires (notamment sur les tables de jeux) Restauration Autres revenus Total Source : rapport annuel 2002 2001 292,5 292,2 55,9 44% 43% 8% 263,6 249,4 51 44% 42% 8% 21,2 11 672,8 3% 2% 100% 22 14,5 600,5 4% 2% 100% Tableau 33. Autres indicateurs de Holland Casino Coûts salariaux (en % des charges d’exploitation) Marge sur résultat (résultat net / revenus nets) * 100 Investissements Nbre de visiteurs (en milliers) Dépense moyenne par visiteur Nbre de tables de jeux traditionnels Nbre de MAS Nbre d’employés Source : rapport annuel 2002 2002 62,8% 2001 63% 2000 57,2% 1999 60,1% 1998 58,9% 21% 19,3% 18,7% 18,8% 18,8% 90 M€ 6 079 63,5 M€ 5 932 64,4 M€ nd 28,4 M€ nd 78,6 M€ nd 111 € 101 € nd nd nd 385 341 nd nd nd 5 346 4 730 4 331 4 593 nd nd nd nd nd nd La Pologne : La Pologne possède 29 casinos privés qui ont dégagé un PBJ de 1,4 M PLN à fin 2002 (1€ = 3,6 PNL à fin 2001). 3 casinos sont localisés à Varsovie et 3 autres à Cracovie. L’essentiel de ces revenus provient des 237 tables de jeux et les 4487 MAS ne génèrent que 20% du PBJ. Le secteur emploie environ 1500 personnes. Le taux de taxation applicable aux tables et MAS peut aller jusque 45%. Les casinos doivent s’acquitter en plus d’une licence de 300 K PNL pour l’établissement dans son entier et de 119 K PNL pour les MAS. Les joueurs doivent s’identifier à l’entrée du casino et un droit est perçu en fonction de la plus petite mise permise à la roulette. Chaque établissement est libre de fixer ses heures d’ouverture. Le ministère des Finances délivre les accréditations pour le personnel dans la zone de jeux. Le pays autorise la détention du capital par une entreprise étrangère (européenne uniquement). Les casinos peuvent s’implanter dans les villes de 250 000 habitants. Pour chaque tranche supplémentaire de 250 000 habitants, un nouvel établissement peut s’installer. La durée des concessions est de 6 ans. Les jeux autorisés sont : le baccarat, le black-jack, la roulette, le poker, les jeux de dés et les MAS. Le secteur est rattaché au ministère des Finances. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 42 Le Portugal : Il existe 8 casinos privés au Portugal qui dégage environ 300 M€ de PBJ en 2000, dont les deux tiers proviennent des MAS. Les taxes portent non pas sur le PBJ mais sur les montants initiaux d’argent que chaque table possède ou dont chaque MAS dispose quand le jeu commence. Cela représente environ 50% du PBJ pour les trois plus gros casinos et entre 30 et 35% pour les établissements de moindre taille. Les casinos sont obligés de dépenser 3% de leur PBJ dans des activités culturelles (des shows « de qualité internationale »), des actions de sponsoring ou la promotion de la région dans laquelle l’établissement est implanté. Les droits d’entrée varient de casino en casino mais l’identification à l’entrée est toujours obligatoire. Les horaires d’ouverture ne peuvent excéder une plage horaire de 12 heures entre 15h00 et 6h00. La publicité est autorisée sur les activités autres que le jeu (comme les restaurants ou les spectacles). Une accréditation du personnel est obligatoire. La réglementation autorise la possession d’une part variable du capital par les entreprises étrangères. Chaque région ne peut accueillir qu’un seul casino (décret du ministère du commerce et du tourisme) sauf pour la région de l’Algarve qui en accueille 3. La durée des concessions varie pour chacun des établissements. Les jeux autorisés sont : les roulettes française et américaine, le black-jack, le 30/40, le craps, le keno, le chemin de fer, le punto banco, le poker, le baccarat, la banque, la boule et les MAS. Le secteur est sous la tutelle de l’inspection générale des jeux. La République Tchèque : 27 casinos privés ont dégagé 13 398 M CZK4 à fin 2002 (dont 25% par les MAS). La plupart sont localisés à Prague (6) et à Brno (3). Les prélèvements sont de 17 à 31% sur les tables de jeux et de 6 à 20% pour les MAS. Les heures d’ouverture sont libres. L’implantation dans les villes dépend d’autorisation du Ministère des Finances. Aucune limite ne concerne la détention du capital des entreprises. Aucun jeu n’est a priori interdit mais ce sont généralement les roulettes française et américaine, le poker et le baccarat que l’on retrouve dans ces casinos. Les casinos sont sous la tutelle du ministère des finances. Le Royaume-Uni : 131 casinos privés ont dégagé un PBJ de plus de 4 milliard de £ en 2003. Le secteur emploie environ 13 000 salariés et comprend un parc d’environ 1000 MAS. Les prélèvements sur les JT s’échelonnent de 2,5% à 40 % selon le PBJ dégagé. Plus celui-ci est élevé, plus la taxe est importante. Les MAS font l’objet d’une taxe particulière à payer chaque année d’environ 5000 € par machine. Les casinos sont considérés comme des clubs auxquels les joueurs doivent adhérer, avec ou sans frais d’inscription. Les horaires d’ouverture sont compris entre 2 heures de l’après-midi et 6 heures du matin. Les entreprises étrangères peuvent détenir des casinos au Royaume-Uni. Les établissements doivent s’implanter dans 52 zones qui incluent notamment les grandes villes (comme Londres). En 2003, près de 12 millions de clients ont visité les casinos anglais, un chiffre assez stable depuis trois ans. Les jeux autorisés sont : les roulettes française et américaine, le black-jack, le craps, le poker, le Big Six, le Super Pan 9, les MAS et le baccarat. Les casinos dépendent du Gaming Board for Great Britain, une autorité administrative ad hoc (prochainement remplacée par la Gambling Commission aux pouvoirs plus étendus). La Suède : Le pays possède 4 casinos détenus par l’Etat qui représentent environ 80 tables de jeux et un parc de 500 MAS. Aucune taxe ne touche ces établissements, les revenus étant directement perçus par l’Etat. Un droit d’entrée de 3€ est appliqué et seuls les individus de plus de 20 ans sont autorisés. Les établissements sont ouverts 18 heures par jour. Le personnel n’est pas certifié. Seul l’Etat peut ouvrir des casinos en Suède et chaque établissement a une concession de 5 ans. Les jeux autorisés sont : la 4 1€ = 31,4 couronnes tchèques © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 43 roulettes américaine, le poker, le blackjack, le punto banco, le sic bo et les MAS. Les casinos sont sous la tutelle du ministère de la justice. La Suisse : La Suisse dispose d’un parc de 21 casinos dans lesquels les autorités cantonales ont parfois la majorité des parts. Ces casinos ont dégagé un PBJ d’environ 560 M SFR5 en 2003. Les établissements sont taxés à hauteur de 40% jusqu’à 10 M SFR de PJB puis + 0,1% pour chaque million de PJB supplémentaire. L’identité des joueurs est contrôlée à l’entrée du casino. Aucun droit n’est perçu à l’entrée. Les horaires d’ouverture sont fixées localement mais sont souvent de 12h00 à 4h00. Le personnel n’a pas besoin d’être accrédité sauf dans certains cantons. Il n’y a aucune limite dans l’implantation d’entreprises étrangères dans le pays. Les concessions sont accordées par la commission fédérale des maisons de jeux pour une durée de 25 ans. Les jeux autorisés sont : la boule et les MAS suisses. Les casinos sont sous la tutelle du ministère du Bureau fédéral du jeu. De 2002 à 2004, la Suisse a été le témoin de nombreuses ouvertures et des licences ont été accordées à des entreprises françaises, allemandes et autrichiennes pour certains de ces nouveaux casinos (Tableau 34). C’est la conséquence directe de la modification de la loi sur les jeux de casino intervenue en avril 2000 et qui libéralise le marché. Cette nouvelle loi a fixé l’ouverture de 7 grands casinos (catégorie A : mises illimitées et parc de MAS potentiellement plus important) et de 14 petits casinos (catégorie B) appelés « kurzaals ». Les plus gros opérateurs suisses sont les groupes Swiss Casino qui participe directement à l’exploitation de 5 casinos (Tableau 35) et Admiral Casino & Entertainment (ACE) AG qui exploite 4 casinos en Suisse mais plus de 30 dans le monde. Suite à ce mouvement de dérégulation, 2 casinos sur les 23 concessionnaires initiaux, ont cependant dû fermer leurs portes en 2003 après avoir constater des baisses de chiffres d’affaires importantes. 5 1€ = 1,5 SFR © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 44 Tableau 34. Actionnariat de quelques casinos suisses en 2003 et 2004 Casino de Berne Casino du Lac de Meyrin Casino de Davos Casino de Basel Grand Casino de Luzern Casinos du Jura SA Grand casino St Gallen SA CSA Casino Schaffhausen Casino de Zurich Casino de Fribourg Casino de St Moritz Casino de Montreux Casino de Mendrisio Casino de Lugano Casino d’Interlaken Casino de Crans Montana Casino de Baden Casino de Bad Ragaz Nom du casino Swiss Casinos (31,5%) Casinos Austria (13,5%) Kongress + Kursaal Bern AG (55%) Compagnie des Casinos Isidore Partouche (30%) Claude Ben Behe (30%) Holding (40%) ACE AG (14,6%) Siegfried Dietsche Davos Tourismus (45%) (40,4%) Compagnie financière régionale (100%) Casinos Austria Kursaal-Casino AG (43,45%) Luzern (55%) Accor Casinos Suisse Petits actionnaires SA (81,4%) (18,6%) Swiss Casinos Holding Casinos Austria AG St Gallen- Bodensee AG (68,6%) (29,4%) Tourismus (2%) Swiss Casinos Holding Casinos Austria Petits actionnaires (1%) (84,15%) International AG (14,85%) Swiss Casinos Holding Casinos Austria (70%) International (30%) Accor Casinos Suisse (100%) Swiss Casinos Holding Casinos Austria (50%) (50%) Société des Hôtels et Gemeinde Montreux Petits actionnaires Casinos Lucien Barrière (17,18%) (11,62%) (71,2%) ACE AG (100%) Ville de Lugano A. Censi (8,49%) Petits actionnaires (65,43%) (26,08%) Saarland Spielbank Casino Kurssal Gmbh (20%) Interlaken AG (80%) Société Financière du Petits actionnaires Domaine de Divonne (20%) (80%) Stadtcasino Baden AG Joy Management AG (51%) (49%) ACEAG (33,33%) Grand Hotel Bad Ragaz (66,67%) Tableau 35. Le groupe Swiss Casinos Participation Casino 70 % Zurichsee Casino 69,3 % Schafflhausen Casino St 50 % Moritz Casino Berne 31,5 % Casino St 70% Gallen Source : Swiss casinos, 2004 Date d’ouverture 2002 Investissement initial 16 M CHF Nombre Tables de d’employés jeux 95 12 2002 17 M CHF 67 8 122 2002 8 M CHF 40 6 75 2002 2003 27 M CHF 17 M CHF 120 100 10 11 250 165 © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE MAS 250 45 Les casinos aux Etats-Unis Aux Etats-Unis, l’activité de casinotier a été autorisée à partir de 1931 dans le Nevada. Pendant plus de quarante ans, le Nevada (et notamment la ville de Las Vegas) allait être le seul état autorisant les casinos jusqu’à ce qu’ils soient également autorisés en 1976 par le New Jersey. Dans les années 90, plusieurs états américains autorisaient également cette activité : Colorado (1990), Illinois (1990), Indiana (1993), Iowa (1989), Louisiane (1991), Michigan (1996), Mississipi (1990), Missouri (1993) et Dakota du Sud (1989). Le développement de l’activité dans les années 90 amena la profession à se structurer et à créer l’American Gaming Association qui venait chapeauter l’ensemble des associations fédérales qui existaient. Cette association se charge notamment de la lutte contre les problèmes d’addiction aux jeux. Elle veille également à assurer la légitimité de l’activité en menant des campagnes mettant en avant l’impact économique positif du secteur (en termes de revenus fiscaux pour les collectivités notamment). Dans ce pays, le secteur a toujours crû plus vite que le reste de l’économie et représente le marché le plus important avec près de 50% des revenus globaux des casinos au niveau mondial. Entre 1991 et 2000, les revenus des casinos sont passés de 8,5 milliards de $ à 26,5 milliards, soit une croissance annuelle de 12%. Cette croissance est trois fois plus importante que la croissance moyenne de l’économie sur la même période. Le phénomène est assez proche en Europe. Cependant, à la fin des années 90, la croissance du marché américain s’est nettement ralentie passant d’environ 9% dans les premières années 90 à 5% à la fin des années 90. Les Etats-Unis comptent 443 casinos privés en 2003 répartis dans 11 états (à ces casinos, il faut ajouter de nombreux casinos exploités dans les réserves indiennes et les bateaux casinos). Ils étaient 433 en 2001, 425 en 2000, 475 en 1999 et 450 en 1998. Ces casinos ont généré un PBJ de 27 milliards de $ en 2003, soit une légère croissance de +2% par rapport à 2002. Mais sur longue période, la croissance est impressionnante (Tableau 36). Le secteur américain emploie 352 000 salariés, dont plus de la moitié travaille dans l’état du Nevada et son fameux Las Vegas (Nevada) qui regroupe 256 casinos. La seule région de Las Vegas a un PBJ deux fois plus important que celui du marché français dans sa totalité, pourtant le plus grand d’Europe. Cette concentration s’explique notamment par un taux de taxation très faible, plafonné à 6,25% du PBJ et par l’histoire du secteur. Tableau 36. Evolution du PBJ aux Etats-Unis (en milliards de dollars) PBJ 1993 11,2 1994 13,8 1995 16 1996 17,1 1997 18,2 1998 19,7 1999 22,2 2000 24,5 2001 25,7 2002 26,5 2003 27 Plus de 53 millions d’Américains ont fréquenté un casino pendant l’année écoulée, soit 26% de la population âgée de 21 ans et plus. Il faut dire que le concept de casino américain est plus large qu’en Europe. Un casino héberge dans un même lieu des jeux de hasard et des loisirs. Il existe par exemple un concept de « racino » alliant casino et course (et donc paris) sous un même toit. Des différences entre les marchés américain et européen existent. Le niveau des retraites distribuées en Europe est plus élevé, les retraités constituant une cible privilégiée de l’activité. La législation sur le temps de travail est plus avantageuse pour les salariés européens qu’aux Etats-Unis. De plus, les dépenses de jeux de hasard sont seulement de 0,4% du PNB en moyenne en Europe contre 1% aux Etats-Unis. Enfin, l’Europe ne connaît pas encore le concept de grands casinos à thème, en vogue à Las Vegas, qui apparaissent comme des casinos géants comparés à leurs homologues européens. Les opérateurs américains sont une quinzaine au total (encadré 2) et leur taille est sans comparaison avec celle des entreprises européennes. MGM Mirage (racheté en 2000 par le milliardaire Kirk Kerkorian très présent dans les studios de cinéma hollywoodiens) et Harra’s Entertainment, les deux © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 46 plus gros opérateurs américains, ont une capitalisation boursière de plus de 6 milliards $ chacun. Caesars Entertainment et Station casinos suivent avec plus de 4 milliards et près de 3 milliards $ de capitalisation. Encadré 2. Les opérateurs américains Ameristar : possède 6 casinos au Nevada, Missouri, Mississipi et en Iowa. Anchor Gaming : possède 4 casinos mais est également présent dans les activités de gestion de casinos, fourniture de systèmes de paris en ligne et placement de MAS dans les casinos tiers. Argosy : créé en 1991, il possède ou gère des bateaux casinos dans les états du Middle West et du sud (Iowa, Louisiane, Indiana, Illinois, Missouri). Il dispose d’un parc de 3649 MAS et de 222 tables de jeux. Aztar : possède et gère 3 casinos et 2 casinos bateaux qui représentent plus de 8700 MAS et 350tables de jeux. Boyd Gaming : créé en 1962, le groupe possède 13 casinos (Las Vegas, Louisiane, Illinois, Mississipi) et de nombreux hôtels. Il fait parti des plus grands opérateurs américains. Century casino : possède et gère 1 casino aux Etats-Unis et 1 hôtel et casino en Afrique du Sud. Le groupe a plusieurs accords de concessions pour gérer les casinos sur des bateaux de croisière et dans des hôtels. Il exploite ainsi une centaine de casinos dans le monde. Il est déjà présent en République Tchèque via un partenariat avec la chaîne hôtelière Marriott Hotels. Harra’s entertainment : un des plus vieux groupe du secteur (créé en 1946). Il gère 26 casinos aux Etats-Unis et est notamment basé à Atlantic City (New Jersey) où il détient 50% du marché. Il est déjà présent en Angleterre, en partenariat avec Gala. Il est n°2 du secteur américain. Hollywood casino : le groupe construit, gère et possède 3 casinos à thème. Le groupe détient 3800 MAS et 178 tables de jeux. Isle of Capri casino : le groupe est le septième plus gros groupe de jeux aux Etats-Unis. Il a été le premier à exploiter des casinos au Mississipi en 1992. Il possède 13 casinos et bateaux casinos. Il a un projet de grand centre de casino et de jeu près du stade de Coventry en Angleterre. Mandalay Resort group : crée en 1974, il est avant tout connu pour ses grands casinos à thème pour la plupart situés dans le Nevada (Las Vegas). Il fait parti des plus grands opérateurs américains. En cours de rachat par MGM. MGM Mirage : gère 12 casinos situés à Las Vegas, au Nevada, dans le Mississipi et dans le Michigan ainsi qu’un casino en Australie. Ce groupe a été racheté par le milliardaire Kirk Kirkorian en 2000. Le groupe est numéro 1 aux Etats-Unis avec un chiffre d’affaires d’environ 4 milliards de dollars. Présent en Ecosse, le groupe a des projets importants en Angleterre. Park Palace (Caesar’s Entertainment) : possède ou a des intérêts dans 29 casinos (marques Bally’s et Caesars notamment) parmi les plus connus de Las Vegas. Le groupe gère aussi 28000 chambres d’hôtels et emploie 60 000 personnes. Il fait parti des plus grands opérateurs américains. En cours de rachat par Hara’s. Pinnacle entertainment : gère 7 casinos au Nevada, Missouri et an Argentine. En 1998, le groupe acquérait la société Casino Magic et ses bateaux casinos ainsi que 2 casinos en Argentine. Station casino : fondé en 1976, le groupe possède 8 casinos. Il fait parti des plus grands opérateurs américains. Trump Hotels & casinos : le groupe du célèbre magnat possède 4 casinos (dont le fameux Taj Mahal) et un parc de 11 173 MAS ainsi que 363 tables de jeux. Ses casinos sont localisés à Atlantic City (3) et dans le New Jersey (1). En juillet 2004, le secteur américain a été le témoin de sa plus grosse OPA qui marque un point d’orgue dans la rivalité légendaire entre Harra’s et MGM Mirage, les deux leaders. Harra’s a proposé de racheter les casinos de Caesar, le numéro 3 du secteur, pour 9,5 milliards de dollars (en cash, actions et reprise de dettes). Si l’opération est validée par les autorités américaines de la concurrence, cette opération donnera naissance au plus grand groupe mondial du secteur avec 54 établissements aux © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 47 Etats-Unis, 102 000 salariés, un parc de 9200 MAS, 17 000 chambres d’hôtel et un chiffre d’affaires de 9,7 milliards de dollars. Jusqu’à présent Harra’s ciblait avant tout une clientèle populaire mais l’acquisition de Caesar lui ouvrirait les portes d’une clientèle plus fortunée et le mettrait alors en concurrence frontale avec MGM Mirage. Cette opération fait suite au rachat en juin 2004 – elle aussi toujours en attente du feu vert des autorités de la concurrence – du groupe Mandalay Resort, essentiellement basé à Las Vegas, par le groupe MGM pour 8 milliards de dollars. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 48 Annexe 1. Entretien avec Dominique Desseigne (Propos recueillis par Aude Sérès, Le Figaro Economie, Mardi 20 janvier 2004) (extraits) LE FIGARO ECONOMIE. – Vous venez d'annoncer la fusion de vos casinos avec ceux du Groupe Accor. Quel est l'intérêt d'un tel rapprochement ? DOMINIQUE DESSEIGNE – Nous avons souhaité créer un acteur européen de tout premier plan dans le domaine des casinos. Le projet que nous venons de signer avec le Groupe Accor est un accord «gagnant-gagnant», dans lequel ma famille détient durablement 51%. Il permet de nombreuses synergies industrielles, commerciales et financières, notamment sur les achats. Ce nouvel ensemble pourra ainsi bénéficier du réseau commercial d'Accor, notamment ses bureaux de ventes implantés partout dans le monde, ainsi que les accords avec les loueurs de voitures ou encore la constitution de «package». A combien chiffrez-vous les synergies ? Il est un peu tôt pour les chiffrer. Donnez-nous du temps ! Dans quel contexte intervient cette opération ? Nous sommes arrivés dans une période de consolidation du marché des casinos. En effet, le rythme de croissance que nous avons connu ces dernières années est devenu moins rapide. Et, en 2003, la croissance a été nulle à parc constant. En outre, tant les créations que les extensions de casinos sont devenues plus difficiles. Les casinos doivent donc se regrouper. Le choix d'Accor, avec lequel nous travaillons sur cette fusion depuis neuf mois, s'est imposé de lui-même. En effet, nous sommes ensemble depuis 1987, quand Accor a pris 34,9% de la Société des hôtels et casinos de Deauville. Nous avons donc un long partenariat et une longue connaissance les uns des autres. Nous nous appuyons également sur Colony, un fonds qui connaît particulièrement bien les secteurs casinotier et immobilier. Cette opération dans les casinos préfigure-t-elle une alliance plus vaste dans l'hôtellerie entre Accor et le Groupe Lucien Barrière ? Absolument pas. Cet accord est principalement un accord casinotier. Il n'est pas question d'y intégrer les hôtels d'Accor. Seuls sont concernés treize hôtels, dont onze hôtels de luxe de Lucien Barrière, ainsi que deux appartenant à Accor Casinos. Quelles sont les prochaines étapes du développement du nouvel ensemble ? Nous allons nous consacrer à la constitution d'un acteur de tout premier plan. Il s'agit ainsi d'améliorer la rentabilité de ce groupe, mais également de continuer à participer au mouvement de consolidation de l'industrie des casinos. Cela passe bien sûr également par l'ouverture de nouveaux casinos. Nous devons aussi nous atteler à l'optimisation du casino de Montreux, dont l'ouverture est récente. Nous serons également présents sur les nouveaux appels d'offres. Par ailleurs, d'ici deux ans, nous allons ouvrir à Paris l'hôtel Fouquet's Barrière. Quelles sont vos perspectives de résultats pour 2004 ? Le chiffre d'affaires brut 2003 du nouvel ensemble aurait atteint 923 millions d'euros. Les perspectives de l'année dépendront de la croissance des casinos en cours d'ouverture, mais également de l'accroissement du parc de machines à sous en cours d'exercice. Nous espérons pouvoir accroître le parc de 400 à 500 machines à sous cette année. Estimez-vous qu'il y a une guerre des casinos et notamment avec Partouche, votre grand rival ? Je ne me situe pas sur le terrain de la «guerre des casinos». Pour le moment, je me consacre à cette opération gagnant-gagnant avec Accor et Colony, et au développement des casinos du nouveau groupe. A chaque jour suffit sa peine. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 49 Annexe 2. Mardi 30 mars 2004 : BOURSORAMA : discussion avec Patrick Partouche, Directeur général de Groupe Partouche . « Partouche, à vendre ? Dans la famille Partouche, demandez le fils Patrick. C'est aujourd'hui le directeur général du groupe, plus particulièrement en charge du marketing et de la communication ainsi que de la région Sud-Est. Le Midi, c'est ici que Patrick Partouche a effectué l'essentiel de sa carrière depuis qu'en 1982, il décide de rejoindre l'entreprise familiale dirigée par son père Isidore (toujours président du conseil de surveillance). Après quatre ans passés au casino de Dieppe, il devient, en 1993, PDG du casino Eden Beach de Juan-les-Pins. Plus tard, il participe à l'achat du casino Carlton et du Palm Beach de Cannes. Le Sud ne l'empêche pas de s'intéresser à toute la vie du groupe. C'est ainsi qu'il s'est investi en 2002 dans l'OPA sur la Compagnie Européenne de Casinos. Cette opération de croissance externe, a donné au groupe familial une nouvelle envergure. Mais depuis, la famille Partouche a perdu la place de numéro 1 du secteur après le rachat, par Accor Casinos, du groupe Lucien Barrière. La riposte se prépare déjà. Dans un communiqué publié le 12 mars, Groupe Partouche annonce des négociations exclusives pour la reprise des casinos du groupe Didot Botin. Parallèlement, le communiqué confirme des discussions avec deux fonds d’investissement (Cinven et Permira) pour un éventuel changement de contrôle du capital et "par voie de conséquence une offre publique aux actionnaires minoritaires de Groupe Partouche." Patrick Partouche s’explique. A vos questions ! Animateur : Bonjour à tous. Patrick Partouche, directeur général du groupe Partouche, est Votre Invité. Il répond à vos questions en direct à 17h. Réponse de Patrick Partouche : Bonjour, merci de m'avoir invité et je vais essayer de répondre du mieux possible à vos questions. Question : Que pensez vous du rapprochement Accor Casinos et Groupe Barrière? Cela va t-il avoir une incidence sur vos résultats? Réponse de Patrick Partouche : L'annonce du rapprochement entre Accor Casinos et Barrière n'entraînera pas d'incidence sur nos résultats. Cependant, la spécificité de Groupe Partouche est une chaîne de décision extrêmement compacte, ce qui nous fait saisir les opportunités plus vite que nos concurrents. Au lieu d'avoir deux concurrents sur les mêmes appels d'offres, nous n'en aurons plus qu'un. Question : Après le rapprochement Barrière/Accor, comptez vous participer à la consolidation du secteur en France ? Réponse de Patrick Partouche : Sans vouloir être présomptueux, nous avons inventé la consolidation du secteur des jeux. Depuis 30 ans, passant de 1 casino en 1973 à 50 à aujourd'hui. Ce qui n'est le cas d'aucun acteur historique dans les jeux. Nous continuons notre stratégie faite entre autre de croissance externe, tel que le groupe Didot Bottin. Question : Bonjour M. Partouche qu'en est- il des démarches avec Didot-Bottin ? Réponse de Patrick Partouche : Nous sommes comme cela a été annoncé dans la presse en discussion exclusive avec le groupe Didot Bottin, concernant l'acquisition des casinos de Divonne, Annemasse, Saint-Julien en Genevois, Hauteville et Crans Montana en Suisse. Aucun calendrier n'est pour l'instant arrêté. Question : Pourquoi le GP ne diversifie-t-il pas plus son activité vers l'hôtellerie ? © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 50 Réponse de Patrick Partouche : Le groupe Partouche et sa holding financière sont propriétaires de 25 hôtels... Nous ouvrirons le 28 avril l'hôtel 3.14, à Cannes, qui sera sans conteste une des vitrines hôtelières de Groupe Partouche, telle que Méridien Juan-les-Pins, Hilton Lyon, Club Med Forges-lesEaux. Et nous allons débuter très prochainement la construction de 60 chambres à Saint-Amand-lesEaux. Question : L'affaire Byrk pourrait créer un précédent qui ferait connaître à l'industrie du jeu les affres de celles du tabac ou de la "junk food". Cela ne serait j'imagine, pas sans conséquences, soit financières (assurance et/ou provisionnement risque juridique) ou commerciales. Existe-t-il un précédent (aux US par exemple) qui vous permette de chiffrer le risque potentiel ? Réponse de Patrick Partouche : Nous sommes comme d'autres commerçants concernés par les pathologies d'addiction. L'affaire Byrk met en lumière ce que nous avions identifié et nous avons avant cette assignation, pris l'initiative d'un vaste programme de prévention et de suivi des joueurs vulnérables, en sous-traitant à ADDICTEL 0805020000. Nous sommes face à une obligation de moyen que nous avons réglé du mieux qu'il nous était donné de la faire. L'affaire Byrk : ou comment se plaindre de sa liberté. Question : Monsieur Partouche, Bonjour. Comme cela a été largement évoqué, on évoque une possible cession du groupe? Est ce vrai? Réponse de Patrick Partouche : Nous sommes également en discussion exclusive avec deux fonds d'investissement Cinven et Permira, qui ont marqué un intérêt pour la valeur, les conditions ainsi que les véhicules (Groupe Partouche ou Financière Partouche) concernés ne sont aujourd'hui pas définis. Dans tous les cas de figure, le management est et sera indispensable à tout type de transaction. Question : M. Partouche envisagez vous de vous retirer du marché actuel des casinos pour vous occuper des jeux en lignes sur Internet ? Réponse de Patrick Partouche : Nous sommes dans les casinos, ce qui ne nous a pas empêché d'être les premiers à avoir eu un site de jeux en ligne à notre nom. (CQFD). Si comme il le devrait le législateur prenait ses responsabilités en légiférant, ce que je réclame depuis 3 ans, le Groupe Partouche ferait bien évidemment son retour sur le net. Question : Bonjour M. Partouche une étude semble être faite sur la faisabilité d'une possible mise en place de machines à sous dans les cafés et bureaux de tabac. Qu'en pensez vous et quelles conséquences cela pourrait avoir sur le monde des casinos et donc sur votre groupe? Réponse de Patrick Partouche : A l'heure où la préoccupation de savoir qui joue et si il joue en sécurité semble être prépondérante, je ne vois pas comment contrôler, les mineurs, les joueurs vulnérables, les interdits de jeux,... dans les cafés, le jour où les dizaine de milliers de points de vente de la Française des Jeux seront contrôlés comme nos casinos, nous reparlerons d'une libéralisation des machines à sous. Au-delà des arguments pré-électoraux, cette problématique est loin d'être réglée. Question : Votre cours de Bourse a bien évolué depuis le début de l'année. Comment expliquez vous cette évolution? Doit on s'attendre à un repli? Réponse de Patrick Partouche : En effet, depuis le premier janvier, la valeur s'est appréciée d'environ 52%, ce n'est pas une surprise pour nous, qui déclarons depuis plusieurs années que Groupe Partouche était sous coté... C'est moins le cas aujourd'hui. Question : Quel est votre objectif de cours à la fin du 1er semestre 2004 ? © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 51 Réponse de Patrick Partouche : Nous avons pris l'habitude de ne point parier sur des évolutions de cours, nous gérons depuis toujours notre groupe au mieux de nos intérêts et de nos actionnaires. Question: Bonsoir M. Partouche . Votre expérience du jeu par Internet, bien qu'encore assez courte, vous laisse-t-elle penser que ce domaine a de l'avenir ? Réponse de Patrick Partouche : OUI! Question : Bonsoir Monsieur Partouche et bravo pour votre parcours. Je suis le dialogue. Vous parlez de négociations exclusives avec Cinven et Permira. Ce sont des négociations pour une vente du groupe ? Une entrée partielle ? Pouvez-vous être plus clair ? Réponse de Patrick Partouche : Malheureusement la seule déclaration que nous pouvons faire aujourd'hui a déjà été, à maintes reprises, publiée, à savoir que des discussions existent et que cellesci pourraient donner lieu à une offre faite aux minoritaires en fonction des conditions d'entrée des fonds chez Partouche. Question : Monsieur Partouche bonjour, il semblerait que le groupe GAON ait vendu deux fois le fond du casino du NOGA. Où en est votre contentieux avec ce groupe, et avez vous récupéré les 45MF que vous aviez versé ? Réponse de Patrick Partouche : Cette procédure est pendante devant le tribunal, je ne peux malheureusement la commenter pour l'instant. Nous n'avons pas récupéré nos 45 millions de francs. Question : Bonjour Monsieur, Votre groupe est aujourd'hui "relativement" endetté, pensez-vous pouvoir surmonter les échéances à venir et à défaut être obligé de réduire la voilure en vendant des casinos. Merci de votre réponse. Réponse de Patrick Partouche : Nous sommes une société de services et réalisons près de 700 millions d'euros de produit brut des jeux. Le gearing est de 97%, ce qui est loin d'être lourd pour un groupe qui génère nos volumes de cash. La dette a été refinancée avec un apport de 100 millions d'euros de sa holding la Financière Partouche. Pas de souci, cela se traduit je pense par le titre suite à notre dernière publication. Nous ne réduirons pas la voilure, bien au contraire avec Didot Bottin, si cela va au bout, ce sera la grand voile que nous hisserons. Question : bonjour, messieurs je suis joueur de casino traditionnel, je me demande pour les jeux en ligne comment pouvez-vous garantir (malgré le principe du jeu à somme négative), que les jeux soient aléatoires sur une mise? Merci si possible de me confirmer le % de redistribution des mises ? Est-ce le même qu’en traditionnel ? Ps: bravo pour votre combat (amical) avec le groupe Barrière ! Question : les jeux on-line existent déjà mais la sécurité de ces sites reste douteuse. En développant les jeux on-line en toute sécurité ne risque-t-on pas de faire baisser l'activité des casinos avec toutes les régressions sociales que cela pourrait entraîner pour vos employés? Réponse de Patrick Partouche : Je vous rappelle qu'une machine à sous est un ordinateur doté d'une partie mécanique. L'unité centrale que nous appelons la CPU n'est rien d'autre qu'un algorithme, ni plus compliqué ni plus simple que celui que nous trouvons derrière les jeux en ligne. Le pourcentage étant bien évidemment à la discrétion de l'opérateur du site sur casino-partouche.com, les taux étaient similaires à ceux pratiqués dans nos casinos. En ce qui concerne la sécurité et la transparence des sites actuellement disponibles, il y a à boire et à manger. Donc méfiance. Une législation réglerait ces problèmes, c'est sur quoi je me bats. © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 52 Animateur : Les trois dernières questions. Question : Le risque de la disparition des machines existe en cas de décision politique, qu'en pensezvous? Merci Réponse de Patrick Partouche : En ce qui concerne la politique, tout est possible. Néanmoins, nous sommes en France, un pays de droit stable qui ne pourrait se priver, je pense, d'un milliard d'euros dans ses caisses en direct, même pour plaire à son ministre de tutelle. Sans oublier l'impact des casinos dans les communes. Scénario catastrophe que personne dans les jeux n'imagine, soyons sérieux. Question : Comment voyez vous l'arrivée du 3ème casino de Cannes ? Réponse de Patrick Partouche : C'est une filiale de Groupe Partouche. M. Brun, directeur général du nouveau casino, s'est engagé publiquement à faire des bénéfices, nous attendons les dividendes. En ce qui concerne la compétition, nous en avons plus l'habitude, et nous l'avons montré depuis 30 ans, que nos autres concurrents. Les affaires continuent. Question : Le groupe Partouche est-il intéressé par des développements à l'international et si oui l'est-il dans le sud est asiatique? Réponse de Patrick Partouche : Nous avons 7 casinos à l'international, peut-être un huitième en Suisse, des projets en Tunisie, en Egypte, pour le moment nous avons suffisamment de pain sur la planche en Europe continentale et au Maghreb pour se pencher en Asie du Sud Est. Par contre, nous ne fermons aucune porte de croissance externe. Animateur : Merci à tous. Rendez-vous jeudi pour un nouveau dialogue en direct. Réponse de Patrick Partouche : C'est trop court, désolé pour toutes les questions auxquelles je n'ai pas répondu. Partouche.com vous fournira, j'espère, des réponses qui vous satisferont. Merci à Boursorama et à vous. A bientôt dans nos casinos ». © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE 53 Annexe 3. Données sur quelques casinos en France et leurs activités Les RG publient annuellement les données sur les activités de chaque casino. En voici quelques extraits. Classement des 20 premiers casinos français en PBJ (M €) Casino Enghien Charbonnières Divonne Nice Ruhl Aix en Provence Deauville Cannes croisette Amnéville Forges les eaux Lyon Cassis St Amand les Eaux Bordeaux Annemasse Antibes Evian Trouville Montrond les Bains La Grande Motte Menton PBJ 2003 PBJ 2002 117,1 70,6 66,6 63,8 62,1 57,7 55,8 54 50,9 40,7 40,7 38 37,9 37,3 36,9 34,9 34,9 31,3 30,4 29,9 81,5 65,5 71,1 64,1 55,6 65,9 56,2 51,9 53,9 40,6 39,5 37,7 16,1 39,1 35 41,6 36,4 31,9 30,1 28,5 © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE PBJ MAS 2003 Théorique Réel 63 72,8 57,6 67,3 44 55,2 46,2 56,1 46,8 57,6 39,9 47 44,2 51,7 43,8 51,8 41,5 47,9 28,3 38,3 27,4 35,9 29,7 36,1 29,9 36 29,5 35,8 28,9 35,6 27,2 32,1 27,3 32,2 25,8 31 23,2 29,3 22,4 27,3 54 Classement des 20 derniers casinos français en PBJ (en M€) Casino Mimizan Font Romeu Chaudes-Aigues La Bourboule Carnac Salies de Béarn Amélie les Bains Soulac sur Mer Le Mont Doré Bagnères de Luchon Cauterets Vernet-les-Bains Bagnols les Bains St Gervais Barbazan Eaux-Bonnes Hauteville Lompnés Bourbon-Lancy Collioure Luz-St-Sauveur PBJ 2003 PBJ 2002 2,6 2,5 2,5 2,4 2,3 2,3 2,2 2,2 2 1,9 1,2 1,1 1 0,9 0,7 0,4 0,1 0,1 0,1 0,1 2,7 2,3 2,4 2,2 0,1 2,1 2,3 2,1 2 2 1,4 1,1 1,1 0,1 0,1 0,3 - © CCMP 2004 –Analyse du secteur des Casinos – Benoît DEMIL Licence d'utilisation accordée à : GROUPE ESC LILLE PBJ MAS 2003 Théorique Réel 2,1 2,5 1,5 2,1 2,2 2,4 2,1 2,4 1,7 2,1 1,9 2,3 1,8 2,2 1,9 2,1 1,8 1,9 1,4 1,8 1 1,1 0,9 1,1 0,8 1 0,7 0,9 0,5 0,7 0,4 0,4 - 55