Songadina Nº 17 - Conservation International
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Songadina Nº 17 - Conservation International
Bulletin trimestriel Songadina N° 17 - AVRIL-JUIN 2013 Ed itor i a l Nous entendons souvent les décideurs politiques, les médias et même le grand public s’interroger sur les impacts réels des sommes considérables investies dans la conservation de la biodiversité, depuis plus de vingt ans. De nombreux indicateurs ont été mis en place pour mesurer précisément ces impacts. Mais l’indicateur le plus important et le plus significatif semble bien être l’évolution du taux de déforestation d’une période à l’autre, reflété par la carte de couverture forestière. La dernière version de la carte qui couvre la période 2005-2010 a été présentée au mois de juin. Elle confirme que le taux de déforestation ne cesse de diminuer depuis que les actions de conservation ont démarré en 2000. Plus encore, ce taux est pratiquement nul dans les parcs nationaux gérés par Madagascar National Parks. Autre événement important, dont il est rendu compte dans le présent numéro : la tenue à Washington au mois d’avril 2013 de différentes réunions relatives au partenariat WAVES (Wealth Accounting and the Valuation of Ecosystem Services) dont Madagascar est un partenaire actif. Ce qui apparait à l’issu de ces rencontres et des activités de WAVES à Madagascar, c’est que conservation et développement durable doivent être associé. La question de l’eau occupe évidemment une place dominante, tant il est vrai que l’apport en eau potable ou non est une condition essentielle du bien être humain et du développement durable. On en trouvera l’illustration frappante dans différents articles du présent numéro. Léon Rajaobelina Vice-Président Régional Conservation International Madagascar PROGRAMME NODE VERS UNE NOUVELLE APPROCHE Après quarante mois de mise en œuvre, la phase de consolidation du Programme Node financé par CEPF est clôturée. Le programme continue en abordant une nouvelle approche. Plus de 6120 ménages ont bénéficié du programme et 399 mini-projets ont été mis en œuvre aux bénéfices de 236 organisations communautaires ! Les petits projets ont contribué à améliorer les conditions de vie des communautés isolées et vulnérables dans 5 nouvelles aires protégées de Madagascar, à savoir Daraina-Loky-Manambato, Menabe, complexe Mahavavy-Kinkony, Corridor forestier Ankeniheny-Zahamena et Nosivolo. Pour assurer la durabilité des activités de production que ces communautés ont choisies, les ONG partenaires de mise en œuvre du programme ont apporté leur appui technique. Selon une évaluation indépendante, la majorité des ménages enquêtés a constaté une amélioration de leurs moyens d’existence. Sécurité alimentaire, santé et revenus ménagers sont parmi les résultats les plus significatifs de ce programme financé par CEPF depuis août 2009. Vers une convention communautaire de gestion Les résultats du programme sont éloquents ! Seulement, ses impacts par rapport à la lutte contre la déforestation ne sont pas encore perceptibles. Pour ce faire, le Programme adopte progressivement une nouvelle approche combinant étroitement conservation et bien-être humain. Dorénavant, les cibles premières du programme seront les unités locales de gestion (VOI). Celles ayant réalisé des actions de conservation (patrouilles et suivi écologique) et jouant un rôle très important dans le modèle de gestion de ces Nouvelles Aires Protégées seront favorisées. Cette nouvelle approche, appelée « convention communautaire de gestion » aura pour spécificité de renforcer l’engagement des communautés, de règlementer leur participation à la cogestion au niveau local, en réalisant des activités de conservation. En échange, ces communautés bénéficieront des « incitations » socio-économiques qui amélioreront leurs conditions de vie. La concrétisation des objectifs de conservation définis auparavant sera une condition pour l’obtention de ces soutiens. Par ailleurs, le profil des ONG partenaires relais du Programme sera révisé. On portera une attention particulière sur l’aspect marketing et commercialisation des produits issus de ces petits projets communautaires. Cette mutation amènera le Programme à confirmer davantage sa pertinence ! SCIENCE & DÉCOUVERTES La conservation des tortues marines est un sujet crucial pour la région de l’Océan Indien Occidental. En effet, la région allant de la Somalie à l’Afrique du Sud est une importante zone de reproduction et d’alimentation pour cinq des sept espèces de tortues marines existant dans les mers du globe : la tortue verte Chelonia mydas, la tortue imbriquée Eretmochelys imbricata, la tortue olivâtre Lepidochelys olivacea, la tortue caouanne Caretta caretta et la tortue luth Dermochelys coriacea. La côte nord-est de Madagascar, une zone d’alimentation Alors qu’elles jouent un rôle prépondérant dans le maintien de l’équilibre de l’écosystème marin, les tortues marines sont aujourd’hui considérées comme fortement en danger. A ce titre, elles sont inscrites à l’Annexe I de la convention CITES et sont sur la liste rouge de l’UICN. Comme la plupart des reptiles marins, les tortues marines sont soumises à une importante contrainte biologique. Alors qu’elles se nourrissent exclusivement en mer, elles ne peuvent assurer leur reproduction (ponte) qu’à terre, sur le sable des plages. Cette contrainte, combinée à une certaine régularité de leur période de ponte et de migration, en font des espèces privilégiées pour la chasse et le braconnage. Dans la région de l’Océan Indien Occidental, la plupart des zones de reproduction sont identifiées : Mohéli, Mayotte, les Seychelles, les iles du Nord-Ouest de Madagascar et les iles Eparses. Ce qui n’est pas le cas des aires d’alimentation. La côte Nord-Est de Madagascar, en particulier, la zone allant de la Baie d’Ambodivahibe à Vohémar, présente toutes les caractéristiques d’une importante zone de nourrissage des tortues marines, notamment des tortues vertes (Chelonia mydas). Ce territoire présente divers assemblages d’habitats d’algues et d’herbiers de phanérogames marines, allant des lits d’herbiers dispersés aux prairies qui s’étendent sur plusieurs kilomètres. On y rencontre aussi une diversite élevée de macro-algues épiphytes ainsi qu’une diversité d’invertébrés benthiques (concombre de mer et oursins). Pour le cas d’Ambodivahibe, sept des dix espèces d’herbiers trouvés le long de la côte nord-est de Madagascar y sont présents avec une forte densité des pousses : Thalassodendron ciliatum, Thalassia hemprichii, Syringodium isoetifolium, Cymodocea serrulata, Halophila ovalis et Halophila stipulacea, Zostera capensis selon les explorations de Dicarlo G. et M. Tombolahy en 2011. Baie d’Ambodivahibe, une priorité régionale Des études récentes sur la dynamique migratoire des tortues marines nidifiant dans les Îles Eparses (Ifremer, 2012) ont confirmé cette potentialité d’aire d’alimentation des tortues marines. Ces études ont révélées que la région Nord-Est de Madagascar, dont la région de la Baie d’Ambodivahibe, est une importante zone de migration des tortues vertes (Chelonia mydas) nidifiant dans deux des iles Eparses : Tromelin et les iles Glorieuses. Ces nouvelles données font de la conservation de la baie d’Ambodivahibe une priorité régionale. En effet, selon Bourjea et son équipe en 2011, parmi les trois iles Eparses, sites de ponte de tortues marines, Tromelin présente une diminution annuelle de 1,6 % des traces de ponte alors que les Glorieuses et Europa présentent une croissance annuelle respective de 3,5 % et 2 %. Ainsi, la mise en place d’une Aire Marine Protégée dans la Baie d’Ambodivahibe est fondamentale pour la conservation des tortues marines qui y migrent et contribuera éventuellement à une augmentation de la croissance annuelle des traces de ponte dans l’ile Tromelin. une priorité pour la conservation des tortues marines 2 Songadina n° 17 - Avril-Juin 2013 Photo : Iñaki Relanzón / www.photosfera.com AMBODIVAHIBE FAUNE & FLORE SOMMAIRE 1 Programme Node : vers une nouvelle approche par Soloson Ramanahadray 2 Ambodivahibe : une priorité pour la conservation des tortues marines par Ando Rabearisoa DAHALOKELY TOKANA 3 recueillis par Hajasoa Raoeliarivelo Un fossile de dinosaure découvert Dahalokely tokana aurait vécu il y a 90 millions d’années. Ce « bandit solitaire » comme on l’a baptisé, était un dinosaure bipède, du groupe des abélisauridés, selon Futura sciences. C’était un carnivore de taille modeste par rapport à ses congénères, mesurant entre 2,75 m et 4,3 m. Les restes fossiles de ce dinosaure (une cervicale, six dorsales et des morceaux de côtes) furent découverts en 2007 et en 2010 au nord de l’île de Madagascar. La découverte fut annoncée par le Musée de Paléontologie de Claremont, en Californie le 18 avril 2013. C’est la première découverte d’espèce depuis 10 ans. Cet animal aurait eu des descendants après la séparation de Madagascar et l’Inde, entre 100 millions d’années et 88 millions d’années avant notre ère. Les chercheurs espèrent retrouver d’autres restes pour reconstituer un squelette plus complet. (Source : the Independent) Dahalokely tokana : Un fossile de dinosaure découvert Rhodolaena macrocarpa : ses fleurs collectées pour la première fois par Chris Birkinshaw, Jeannie Raharimampionona 4 Projet Ranon’Ala : forages et adductions d’eau sous protection des usagers par Mamy Ramparany Carte de couverture forestière : la version 2010 est sortie ! par Andriambolantsoa Rasolohery CEPF : pour un nouvel investissement au nom du capital naturel par Michèle Andrianarisata 5 Zapping 6 L’ORTALMA promeut l’écotourisme communautaire par Norotiana Mananjean Association Haona Soa : « Ala Lovainjafy », ou une forêt saine pour les générations futures Ses fleurs collectées pour la première fois par Gerald Randriambololona Le GT-CC : une plateforme pour mieux apprécier les questions sur le changement climatique RHODOLAENA MACROCARPA Le genre Rhodolaena de la famille endémique Sarcolaenaceae serait la plus belle plante malgache selon l’illustre botaniste David Mabberley ! Le genre possède 7 espèces d’arbres dont les feuilles larges sont de couleur vert claire et les fleurs pendantes de couleur pourpre ou violet, se répartissant dans les forêts humides. L’espèce Rhodolaena macrocarpa croît seulement sur la montagne de MakirovanaTsihomanaomby, à 30 km au Nord de Sambava. Jusqu’à récemment, la plante a été connue uniquement par ses fruits malgré les nombreuses recherches effectuées par les botanistes dans cette forêt. On n’a jamais pu voir ses fleurs. En février 2013, une équipe de botanistes du Missouri Botanical Garden (MBG) a eu la chance de trouver l’arbre en pleine floraison ! Mabberley a raison, c’est une très belle fleur, la photo le prouve. Il paraît qu’elle est très rare et que la forêt où elle se trouve est menacée par une exploitation irrationnelle des bois et par l’agriculture itinérante. La forêt de Makirovana-Tsihomanaomby est parmi les dix sites promus et gérés par MBG en tant que Nouvelle Aire Protégée. par Michèle Andrianarisata 7 Leona M. & Harry B. Helmsley Charitable Trust apprécie les efforts déployés à Madagascar par Michèle Andrianarisata 8 Le paysage marin du nord du Canal de Mozambique par Ando Rabearisoa « Madagascar », un film documentaire singulier par Hajasoa Raoeliarivelo Songadina n° 17 - Avril-Juin 2013 3 ACTIVITÉS Au début des activités, on s’était attelé à sensibiliser les communautés sur les liens entre la protection de la forêt et l’approvisionnement en eau et la santé de la population. Suite à une adaptation des objectifs du projet, on focalisait nos efforts sur la protection des périmètres immédiats des 200 forages et 2 adductions d’eau potable établis. PROJET RANON’ALA : forages et adductions d’eau sous protection des usagers CI figure parmi les 7 membres du consortium du Projet Ranon’Ala financé par USAID, depuis la fin 2010. Le Projet a prit fin au mois de juin 2013. De la connaissance au changement de comportement Une nouvelle stratégie et plan de communication pour le changement de comportement ont été produits cette année avec les acteurs locaux, guidant les activités à mettre en œuvre. Selon nos enquêtes, au moins 85 % des communautés ayant des infrastructures ont reçu ces messages sur l’importance de la protection autour de ces infrastructures, pour assurer la qualité et la quantité des eaux. Le prochain défi est que nos bénéficiaires puissent remonter dans l’échelle du changement de comportement ! CI a travaillé en étroite collaboration avec Madagascar National Parks et Missouri Botanical Garden, dans 10 communes autour des 4 aires protégées suivantes : Mananara Nord (district Mananara Nord), Pointe à Larée (Manompana), Réserve Spéciale d’Ambatovaky (Soanierana Ivongo) et Réserve Spéciale Marotandrano (Mandritsara). Pour cette dernière mise à jour, les experts locaux issus de différents ONG travaillant dans le domaine de l’environnement ont mis en valeur leur savoir-faire. L’ONE (Office National pour l’Environnement) est le chef de file et CI a apporté les appuis techniques nécessaires. CARTE DE COUVERTURE FORESTIÈRE : la version 2010 est sortie ! La déforestation est responsable de 30 % des émissions de CO2 ! Tous les pays tentent de lutter contre le fléau. Pour mesurer le taux de déforestation, l’outil reconnu pertinent permet de connaitre la surface déboisée et l’endroit où se produit cette déforestation. Parmi ces outils, on note la carte de couverture forestière. Madagascar possède actuellement l’historique le plus complet du changement de couverture forestière pour les années 1990, 2000, 2005 et, plus récemment, celle de 2010. 4 Songadina n° 17 - Avril-Juin 2013 Des résultats encourageants Même si les chiffres ne sont pas encore définitifs, les analyses montrent clairement une diminution du taux de déforestation à Madagascar durant la période 2005-2010. En effet, le taux de forêt perdue à l’échelle nationale est passé de 0,5 % soit 50.000 ha par an entre 2000-2005 à 0,3 % soit 30.000 ha par an entre 2005-2010. Un taux qui met en évidence l’efficacité des efforts déployés pour réduire la déforestation à Madagascar. Les exploitations illicites durant la crise ne sont pas encore tenues en compte. Un atelier a eu lieu au mois de juin pour partager et communiquer les résultats de l’analyse aux parties prenantes et aux décideurs à Madagascar. CEPF : pour un nouvel investissement au nom du capital naturel Le CEPF ou le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques, rassemble des leaders mondiaux : l’Agence Française de la Fondation Mac Arthur, CI, le Gouvernement Japonais et la Banque Mondiale. C’est un partenaire innovant prêt à réinvestir à Madagascar et dans les Iles de l’Océan Indien. Ceci afin de préserver le capital naturel dans ce Hotspot. Les bénéficiaires de ses subventions étant des organisations non-gouvernementales et le secteur privé. Le profil des écosystèmes est à développer Le hotspot de Madagascar et des Iles de l’Océan Indien a été sélectionné de nouveau par le Conseil des donateurs du CEPF en septembre 2012 comme une région pouvant bénéficier d’un investissement. Une étude aussi complète et participative que possible, rassemblant les données biologiques, sociales et économiques, identifiant les menaces et les interventions existantes est menée, précédant l’investissement sur terrain. Le but étant de développer un outil dit Profil des écosystèmes - un outil stratégique pour la conservation de la biodiversité dans la région. Des groupes de consultants ont été recrutés pour développer les grands chapitres de ce document pour l’ensemble du Hotspot afin qu’il soit présenté au mois de décembre 2013. Notons que CEPF a commencé à investir dans le Hotspot de Madagascar et les Iles de l’Océan Indien en 2001, avec une phase d’investissement de cinq ans. L’intervention fut concentrée exclusivement sur l’île de Madagascar. ZAPPING Furcifer campani : reprise de son commerce au niveau international Après 17 années de suspension, l’exportation d’une espèce de caméléon malgache classée dans l’Annexe II de la Convention internationale CITES, a été de nouveau autorisée. Furcifer campani, facile à reconnaître par la présence des deux lignes longitudinales claires au niveau des flancs, peut dorénavant être exportée avec un quota de 250 spécimens par an. Ce nombre a été établit d’après les recherches réalisées par Madagasikara Voakajy depuis 2008, dans le massif de l’Ankaratra. La collecte devra être effectuée uniquement dans la région de Vakinankaratra et en dehors des Aires protégées et de la Station Forestière. Le prélèvement dans le Parc National d’Andringitra où l’espèce est aussi localisée, est par contre strictement interdit. Une procédure a été créée pour que les gains de la collecte aillent aux populations locales. Le Plan de Gestion Environnementale et de Sauvegarde Sociale du CAZ présenté au public L’Aire Protégée du Corridor Ankeniheny-Zahamena (AP CAZ) de 369 000 ha a obtenu son statut de protection temporaire le 30 décembre 2005. Le plan de gestion environnementale et de sauvegarde sociale (PGESS) de cette AP a été élaboré suivant les standards de la Banque Mondiale et du cadre fonctionnel de procédures de sauvegarde de Madagascar. Ce plan qui évalue les impacts de la création de cette aire protégée au niveau des communautés locales, a reçu la validation de la Banque Mondiale. En vue de sa mise en œuvre, sa publication est une étape cruciale. Aussi, pour son lancement, une conférence de presse s’est tenue le 16 mai 2013 au centre de presse à Antsakaviro. Cette séance fut suivie d’une série d’ateliers : à Ambatondrazaka (28 mai), à Toamasina (06 juin), à Moramanga (18 juin) et à Brickaville (28 juin). Journée de la Terre : CI invité par l’ambassade des Etats Unis d’Amérique L’Ambassade des U.S.A. a célébré la journée de la Terre, en plantant des arbres rares et endémiques dans son enceinte à Andranomena. La cérémonie s’est déroulée en présence de ses partenaires tels CI, la Fondation Tany Meva et la Fondation pour la Biodiversité (FAPBM). Trois espèces rares de palmiers ont été plantées. Tahina spectabilis, Dypsis robusta et Beccariophoenix alfredii. Les jeunes plants ont été fournis par l’ONG SAF/FJKM. En outre, CI fut l’invité spécial de l’Ambassade des USA au Centre de Presse d’Antsakaviro, Antananarivo, pour présenter à la presse « Le visage du changement climatique : ses effets sur l’homme et l’environnement ». Ce fut une occasion pour partager avec les journalistes l’importance du capital naturel et plus particulièrement le rôle des forêts, dans la lutte contre le changement climatique à travers la REDD. Journée Mondiale de l’Eau : la coopération dans le domaine de l’eau mise en exergue 2013 est l’annee internationale pour la coopération dans le domaine de l’eau. En partant de ce thème, la Journée Mondiale de l’Eau a été célébrée avec le slogan « Andraikitra ifampizarana, rano ho an’ny rehetra, fampandrosoana maharitra ». CI a participé activement à cette célébration en érigeant un stand au parvis de l’Hôtel de Ville d’Antananarivo le 22 mai dernier. Une occasion pour mettre en exergue l’importance de la protection de l’amont d’un bassin versant et pour démontrer en particulier le projet « Eau » avec Disney Worldwide Conservation Fund que CI mène avec les communautés dans le corridor Ambositra-Vondrozo. Eau et biodiversité, pour célébrer la journée mondiale de la biodiversité C’est par des spots radiophoniques et télévisuels et des films que le Ministère de l’Environnement et des Forêts et ses partenaires ont célébré la journée mondiale de la biodiversité cette année. Le focus étant « eau et biodiversité ». CI a présenté la richesse de la rivière de Nosivolo, dans le magazine mensuel « Natiora et Bien-être » de Les Nouvelles et du Journal de Madagascar du 22 mai, à cette occasion. JME : CI à Soalala et à Antoetra Le 5 juin dernier, l’équipe de CI Madagascar a participé à la célébration de la Journée Mondiale de l’Environnement. A Antoetra, dans la Région d’Amoron’i Mania, la journée a été marquée par la remise officielle du contrat de transfert de gestion du site de Soamasaka par la Direction Régionale de l’Environnement et des Forêts au profit de l’Association AMSM. Ce site abrite Sahona Mena, Mantella cowani, une des espèces d’amphibien la plus menacée du monde. Du côté du District de Soalala, défilé, conférence débat, exposition ont été organisés à cette occasion. En marge de cette célébration, l’ONE a programmé une consultation publique, dans le cadre d’un projet d’exploitation pétrolière off shore dans la région. CI y a participé activement et a mis en exergue la nécessité absolue de maintenir en son état naturel l’environnement en général. Rappelons qu’en 1997, l’Etat malgache a créé le Parc National de Baie de Baly, le seul site au monde qui abrite à l’état naturel la tortue à soc Angonoky ou Astrochelys yniphora. L’installation d’une industrie chinoise d’exploitation de fer qui envisage la construction d’un port à proximité ou à l’intérieur même de la limite de ce Parc est un des grands soucis actuel. La création d’une voie d’acheminement des produits issus de l’exploitation va surement piétiner l’habitat fragile de l’Angonoky. Réunions WAVES à Washington Trois réunions successives consacrées au partenariat WAVES se sont tenues à Washington au cours du mois d’avril 2013. La première, technique, a vu la participation de 100 experts qui ont partagé leurs expériences dans la mise en œuvre du processus. Cette réunion a été suivie par celle du Comité de Pilotage International de WAVES, tandis que le 18 avril, 35 ministres se sont réunis pour confirmer leur engagement en faveur de l’intégration du Capital Naturel dans les stratégies de développement, dont WAVES est une composante essentielle. Madagascar a été représenté à ces réunions par Léon Rajaobelina, Co-président du Comité National de Pilotage du WAVES. Aux voisinages d’Ambondrombe : Itaolana, un site écotouristique facilement visité La montagne sacrée d’Ambondrombe a toujours gardé ses mythes dans les esprits des Malgaches autour de ses sommets voilés de nuages et de brouillards. Sa forêt présente aussi une forte biodiversité avec particulièrement des lémuriens et des orchidées. Itaolana, un peu plus au Sud, est plus accessible à l’observation des mêmes espèces faunistiques et floristiques, de moyenne et basse altitude. La VOI « Itaolana Mijoro » s’est engagée à préserver cette richesse, tout en la dévoilant grâce à un nouveau circuit écotouristique. L’association « Fizahantanin’Ambohimahamasina » a exprimé sa volonté de soutenir cette initiative à travers un encadrement technique et commercial, lors de l’Atelier de Formation et de la Planification de la gestion de l’Ecotourisme Communautaire du COFAV. REPC, un programme de certification est développé CI, à travers le programme « Réseau des Educateurs et Professionnels de la Conservation » et avec le concours de plusieurs partenaires, a développé un programme de certification pour les gestionnaires des aires protégées. Ceci entre dans le cadre d’appui au Système des Aires Protégées de Madagascar. Son objectif est de promouvoir la professionnalisation dans la gestion de ces sites. CI a déjà appuyé auparavant le Ministère de l’Environnement et des Forêts dans le développement de ce standard de compétences. Quid de la gestion des revenus carbone dans CAZ ? Avec l’appui de la Banque Mondiale, une étude définissant les mécanismes de partage de revenus carbone a été menée dans le Corridor AnkenihenyZahamena. Une première restitution de cette étude a été organisée le 17 mai 2013 à l’hôtel Panorama. Diverses options de gestion de ces éventuels revenus carbone, incluant les avantages et inconvénients pour chaque option, y ont été proposées. De même, différentes recommandations sur les approches au bénéfice des communautés locales actuellement mises en œuvre par CI dans ce corridor ont été observées. Hymne à la nature : CI a présenté « Parole photographique » Dans le cadre de la célébration de la fête nationale, la chorale Orimbato, Ambatonakanga a organisé un évènement intitulé : « Hymne à la nature » durant laquelle elle a invité CI et d’autres partenaires œuvrant pour l’environnement à faire une exposition axée sur la nature au Carlton le 23 juin. CI a réédité l’exposition « Parole photographique » pour illustrer le thème. Un hymne a été composé et chanté à cette occasion. Songadina n° 17 - Avril-Juin 2013 5 NOS PARTENAIRES L’Office Régionale de Tourisme d’Alaotra Mangoro promeut l’écotourisme communautaire L’ORTALMA, cette agence de promotion du Tourisme affiliée à l’Office National du Tourisme de Madagascar, recherche de nouvelles perspectives pour faire connaitre les produits touristiques de la Région Alaotra Mangoro. C’est ainsi que cet organisme s’est engagé à la promotion des sites communautaires d’Iaroka, d’Anevoka et de Maromizaha, dès la planification du Projet de Développement de l’Ecotourisme Communautaire, lancée par CI sous le Fonds additionnel du PE3 (FAPEIII). Pour 2013, l’ORTALMA a fait une campagne d’information de ces destinations potentielles, lors du Salon ITM (Salon International du Tourisme - Madagascar) au Carlton du 30 mai au 2 juin. Cette campagne sera poursuivie par un voyage de promotion professionnel vers la fin du mois de septembre 2013. La conquête du marché international sera entreprise lors la Foire International de Colmart en novembre 2013. La création d’un site web et la production de brochures spécifiques renforceront ces initiatives de promotion. Association Haona soa : « Ala Lovainjafy », ou une forêt saine pour les futures générations Depuis 2010, Haona Soa a mis en œuvre le projet NODE « Ala Lovainjafy » dans sept communes riveraines du Corridor forestier Ambositra-Vondrozo : Sendrisoa, Miarinarivo, Vinanitelo, Ambohimahamasina, Andranomiditra, Sahambavy et Alatsinainy Ialamarina. L’ORTALMA vise également le tourisme de proximité. Son Directeur Exécutif, Rachel Ravahinimbola et son équipe collaborent avec les VOI pour l’amélioration des produits existants, en faveur de ce nouveau segment. capitale de changer leur mode de vie. Ces VOI ont pris goût à ces nouvelles activités et tiennent à les péréniser. En plus d’un niveau de vie amélioré, elles peuvent léguer à leur progéniture des forêts préservées ! Notons que Haona Soa fut créée en octobre 2000. Elle regroupe en son sein une dizaine de techniciens multidisciplinaires et de haut niveau. Si son siège est dans la Région Haute Matsiatra, elle intervient dans toute l’Ile. Elle contribue au développement durable et équitable de Madagascar. Ceci intègre les actions de développement, la gouvernance communautaire, la conservation de l’environnement, la protection de la biodiversité unique de Madagascar. Il s’agit de microprojets initiés par 12 VOI, des alternatives aux pratiques destructrices des forêts. Ce sont des activités génératrices de revenus : vannerie, pisciculture, riziculture, plantation de ravintsara, cultures maraîchères, élevage de poulet, écotourisme… Si ces communautés dépendaient des ressources naturelles pour vivre, il était d’une importance LE GT-CC, UNE PLATE-FORME POUR MIEUX APPRÉCIER LES QUESTIONS SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE Le Groupe Thématique Changement Climatique (GT-CC) émane du Cercle de Concertation des Partenaires techniques et financiers Secteur Environnement. C’est une plate-forme d’échange, de réflexion, de mises à niveau d’informations proposant des actions relatives au Changement Climatique. Etabli au début de l’année 2009, c’est-à-dire au début de la crise politique actuelle, ce groupe tend actuellement à devenir une forme de « force de proposition ». Notons qu’il est constitué par l’Administration, les organisations rattachées à l’Administration, la Société Civile, les partenaires techniques et financiers, les institutions de recherche et de formation et les secteurs privés. Il se subdivise en sous-groupes thématiques : Adaptation, Atténuation/Energie et REDD. Les objectifs du Groupe sont la mise en cohérence des initiatives d’adaptation et d’atténuation à Madagascar et la mise en valeur du savoir-faire des parties prenantes pour assurer une meilleure efficacité des efforts. 6 Songadina n° 17 - Avril-Juin 2013 IN FOCUS Leona M. & Harry B. HELMSLEY CHARITABLE TRUST apprécie les efforts déployés à Madagascar Une délégation de Leona M. & Harry B. Helmsley Charitable Trust a visité Madagascar du 7 au 24 mai. C’est un partenaire qui a soutenu différents projets de conservation mis en œuvre par plusieurs organisations à Madagascar. Le but du voyage étant de visiter presque tous les projets financés par le Fonds depuis le deuxième semestre de 2012. Du sud au nord Apres la rencontre avec tous les partenaires et les bénéficiaires du Fonds à l’hotel Carlton, le groupe a sillonné le pays pour apprécier les différents projets mis en œuvre par ses partenaires. Il a visité la forêt des Mikea, dans le sud-ouest, avec la Fondation Tany Meva, l’Aire Marine Protégée d’Andavadoaka ou intervient Blue Ventures, la Mangrove de Morondava, un projet du WWF. De même pour le projet marin de WCS à Mananara et Maroantsetra, sur la côte Est, l’Aire Protégée d’Analalava gérée par MBG et soutenue par la Fondation pour la Biodiversité, ainsi que Saha Forêt PA avec Fanamby. La parole aux communautés Comme CI est aussi un des partenaires de ce Trust, le groupe a visité deux de ses sites : la partie sud du Corridor Ankeniheny-Zahamena (CAZ) et Ambodivahibe. Dans le premier site, les projets de conservation et de subsistance mis en œuvre en partenariat avec ANAE et les communautés furent le sujet de cette visite. Tandis qu’à Ambodivahibe, ce sont les activités concernant la Gestion locale des réserves marines qui ont intéressé cette délégation. Des rencontres et des discussions directes avec les communautés (chefs des villages, présidents des associations de pêcheurs et des VOI, des femmes) ainsi que des visites sur terrain des différents projets leur ont permis de faire plus ample connaissance sur les bénéficiaires de leurs appuis, les réalisations faites mais aussi les soucis et défis auxquels doivent faire face ces villageois pour atteindre les objectifs de conservation et une amélioration de leur bien-être. Divers supports de communications (fact-sheets, cartes, court métrage, etc.) ont été confectionnés pour faciliter la compréhension de ces projets. Des nouvelles acquisitions Profitant de ce passage à Ambodivahibe, CI, dirigé par son Vice-Président Régional, Léon Rajaobelina, a saisi l’occasion pour poser la première pierre de la nouvelle maison commune (Tranompokonolona) à Ambavarano. Elle a aussi remis officiellement un nouveau bateau motorisé à l’association locale pour la surveillance et les patrouilles de la réserve marine. Trois villages sur quatre ont reçu des bateaux semblables. Toutes ces nouvelles acquisitions sont financées par CI/ICBG. Les communautés ont exprimé leur joie et enthousiasme lors du passage de cette délégation et les visiteurs furent satisfaits de rencontrer leurs partenaires sur terrain ! Ainsi, dans le CAZ, deux questions ont surtout intéressées ces visiteurs : la lutte contre les activités illégales dans le corridor et le fonctionnement du processus judiciaire puis les difficultés rencontrées pour la commercialisation des produits excédentaires, en raison des mauvais états des routes. A Ambodivahibe, l’équipe a rencontré les villageois d’Ivovona. Les difficultés rencontrées par les pêcheurs pour écouler les poulpes, vu l’augmentation spectaculaire des produits après les établissements des réserves marines, mais aussi du manque de puissance de l’électricité pour la mise en place d’une chaîne de froid ont été débattus avec les pêcheurs. Cette rencontre fut aussi une occasion pour les femmes d’exprimer leurs souhaits d’avoir accès à l’eau potable et d’améliorer leurs revenus par des activités artisanales. A Ambavarano, des échanges avec les bénéficiaires des projets ont permis à la délégation de savoir que dans ce village, l’eau potable est primordiale. Songadina n° 17 - Avril-Juin 2013 7 EN SAVOIR PLUS LE PAYSAGE MARIN DU NORD DU CANAL DE MOZAMBIQUE à promouvoir une gouvernance durable d’un paysage marin et côtier unique afin de sauvegarder son capital naturel exceptionnel tout en renforçant l’économie des pays riverains et les moyens de subsistance des populations. Plus concrètement, il s’agit d’appuyer la mise en place d’un réseau d’Aires Marines Protégées structuré et dynamique, d’effectuer une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux dans les stratégies de développement pour une gestion intégrée et durable des ressources. Rédactrice en chef Hajasoa Raoeliarivelo Comité de rédaction Le nord du Canal du Mozambique est une région particulièrement riche en biodiversité marine. Il figure parmi les sites potentiels au Patrimoine Mondial identifiés par l’UNESCO. Cette région comprend la France (à travers ses Départements, régions et territoires d’outre mer : Mayotte et les Iles Glorieuses), les Comores,les Seychelles, la Tanzanie, Madagascar, et le Mozambique. Outre les importantes pressions économiques (pêche thonière, gisements gaziers et pétroliers potentiels, transport maritime, développement touristique), cette partie septentrionale N° 17 - AVRIL-JUIN 2013 BULLETIN TRIMESTRIEL Léon Rajaobelina Sahondra Rajoelina Michèle Andrianarisata du Canal du Mozambique fait également face à des pressions croissantes telles que le changement climatique, la destruction massive des habitats, la pollution. Depuis 2013, CI, avec plusieurs partenaires membres du Western Indian Ocean Consortium, appelle à la création d’une aire de conservation et de gestion transfrontalière dans cette partie du globe. Cette initiative vise Haingo Nirina Rajaofara Bruno Rajaspera Luciano Andriamaro Photographes Soloson Ramanahadray Johnson Rakotoniaina Inaki Relanzon Chris Birkinshaw Mamy Ramparany Johnson Rakotoniaina Hajasoa Raoeliarivelo Si vous connaissez… Le nom de cette espèce (scientifique ou vernaculaire), vous pourrez etre parmi les 10 gagnants du DVD « Madagascar » offert exclusivement par CI. Envoyez vos réponses à [email protected] en mentionnant « réponse au jeu Songadina 17 ». Et félicitons Bernard RANDRIAMAHATANTSOA qui fut tiré au sort parmi ceux ayant trouvé la bonne réponse : Boophis pyrrhus. Il reçoit une montre bracelet CASIO. 8 Songadina n° 17 - Avril-Juin 2013 A LA LOUPE : « Madagascar », un film documentaire singulier Norotiana Mananjean Il serait difficile pour un Malgache de découvrir les richesses en biodiversité dans les différents coins de l’ile ! « Madagascar », un film animalier de la BBC diffusé sous la langue de Shakespeare et la langue de Molière, traduit actuellement en langue malgache, nous emmène à mieux connaitre notre faune et flore unique dans différents écosystèmes, du nord au sud de l’Ile. Même le monde minuscule des insectes qui aurait échappé aux yeux des simples touristes, est scruté par les caméras des professionnels de la BBC. Grâce à ce film, des comportements de végétaux et d’animaux endémiques de l’Ile sont révélés pour la première fois ! Les études scientifiques deviennent à la portée du grand public par le narrateur avec son accent malgacho-anglais particulier donnant encore plus de charme ! Sterling Zumbrunn On peut vivre aussi les épreuves et défis que l’équipe de tournage a dû surmonter ! Grâce au grants octroyé par CI à Durrell pour la traduction de ce film, au partenariat avec WCS, MBP et WWF, ce film est disponible pour les Malgaches. « Madagascar », un DVD en trois épisodes : Nosy mahagaga, Tontolo manirery, Tany maina sy vovoka, un film passionnant, à voir absolument ! Christian Randrianantoandro Alain Andriamamonjisoa Keith Ellenbogen Maquette : Carambole - 22 207 40 Songadina est une publication de Conservation International Rue Vittori François, Villa Hajanirina, lot II W 27D Ankorahotra Antananarivo Madagascar e-mail : [email protected] [email protected] www.conservation.org