SEIN : CES MALADIES BENIGNES QUI FONT CRAINDRE LE PIRE

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SEIN : CES MALADIES BENIGNES QUI FONT CRAINDRE LE PIRE
SEIN : CES MALADIES BENIGNES
QUI FONT CRAINDRE LE PIRE
Kystes, mastoses, microcalcifications… Prononcés par un gynécologue,
ces mots donnent des sueurs froides. Souvent sans raison : toutes les
pathologies du sein ne sont pas gravissimes. Tour d’horizon à l’usage
de celles qui s’angoissent.
«Lorsque je constate une anomalie au sein en auscultant une patiente, je
prends des précautions infinies pour le lui annoncer. Trop souvent, pour un
simple froncement de sourcil ou une parole imprudente, j’ai vu des visages
pâlir et des jambes trembler alors qu’il n’y avait strictement rien d’inquiétant !»
Un sourire éclaire le visage de Bernard Grosjean, gynécologue à Marseille,
lorsqu’il enchaîne : «De nombreuses femmes redoutent le cancer du sein.
Dans un sens, c’est positif si cela les amènent à se surveiller. Mais il existe
bien d’autres pathologies qui, fort heureusement, sont nettement moins
néfastes.»
Parmi les plus fréquentes figurent les kystes. «Il s’agit de minuscules poches
plus ou moins remplies de liquide, explique le Dr. Grosjean. Quasi invisibles,
leur présence est normale. Sous l’influence hormonale, ces poches peuvent
se remplir et grossir. C’est alors que les femmes les découvrent et s’affolent.»
Kystes et nodules à surveiller
S’ils mesurent moins d’un centimètre de diamètre, le plus souvent, les kystes
ne nécessitent aucun traitement. «S’ils sont très volumineux, sous tension, il
est possible de les vider par ponction. Mais cela se révèle rarement
nécessaire, précise Bernard Grosjean. Quant aux kystes cancéreux, ils sont
exceptionnels.»
L’adénofibrome du sein n’est pas beaucoup plus préoccupante. A l’inverse du
kyste - rempli de liquide -, il s’agit d’un nodule solide qui apparaît sous
l’influence des hormones, généralement chez les adolescentes et les femmes
jeunes. Neuf fois sur dix, il s’agit d’une pathologie bénigne et indolore.
«En fonction de la taille, une échographie mammaire peut être nécessaire
pour s’assurer qu’il n’y a aucun risque, observe le Dr. Grosjean. On peut
aussi être amené à opérer si le nodule grossit ou s’il apparaît après 35 ans.»
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Et la fameuse mastose ? Ce terme passablement flou est utilisé lorsque les
seins ont une texture granuleuse, associant de petits kystes à des zones
fibreuses. Une mastose révèle une hypersensibilité aux cycles hormonaux,
qui rend la surveillance des seins délicate. En elle-même, cependant, cette
pathologie est tout à fait bénigne.
Comment interpréter la douleur ?
Inquiétées par ces manifestations palpables mais indolores, les patientes sont
carrément affolées lorsqu’elles ressentent une douleur à la poitrine. «Or,
affirme Bernard Grosjean, ce symptôme n’est pas angoissant pour un
gynécologue. Si le cancer du sein s’annonçait ainsi, ce serait
malheureusement trop beau !»
Certains syndromes douloureux peuvent n’être qu’une irradiation, une
répercussion d’une autre douleur de nature osseuse ou cardiaque. Si l’origine
mammaire est avérée - ce que seul un spécialiste peut confirmer - et que la
gêne au quotidien est importante, un traitement devra être prescrit.
D’une autre nature, les microcalcifications -des dépôts calcaires
microscopiques révélés par une mammographie- doivent systématiquement
alerter les patientes. Classées selon leur aspect, elles peuvent être sans
danger ou vraiment inquiétantes, dans la mesure où elles peuvent révéler un
cancer.
«Très schématiquement, plus elles sont visibles à l’œil nu, moins elles sont
dangereuses, indique le Dr. Grosjean. Mais il ne faut pas jouer aux dés avec
sa santé : un contrôle poussé est absolument obligatoire. Si le diagnostic est
rassurant, il suffit de surveiller l’évolution de ces dépôts.»
Ecoulements suspects
Dernier cas d’inquiétude et non des moindres : les écoulements par le
mamelon qui surviennent en dehors de toute période d’allaitement. Ils
peuvent être laiteux, transparent, rouge, jaunâtre ou purulent. Poussée
d’adrénaline garantie !
«Dans les douze mois qui suivent un allaitement, il est assez courant de
découvrir un peu de lait si on appuie sur les bouts des seins, souligne
Bernard Grosjean. Cela n’a rien d’anormal. Certains médicaments, en
particulier les antidépresseurs, peuvent aussi stimuler la fabrication de lait,
qui dépend de la synthèse d’une hormone.»
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Une cause infectieuse peut également être à l’origine du phénomène. Pas
question donc de prendre ce problème à la légère. «Pour être fixé, il est
parfois nécessaire de pratiquer une IRM ou un scanner, remarque le Dr.
Grosjean. L’annonce de ces examens ne doit pas inquiéter les patientes.»
L’immense majorité des formes de ces pathologies se traite aujourd’hui de
façon satisfaisante et relativement peu traumatisante. Mais rappelons une
évidence : un médecin est seul capable d’interpréter les symptômes. Sans
craindre forcément le pire, mais sans banaliser, mieux vaut toujours s’en
remettre à son jugement.
Cédric Portal
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