Une indécente indignation
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Une indécente indignation
la France peut être une chance pour l’islam comme elle l’ a été pour les juifs FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Charlie Hebdo, marche du 11 janvier, liberté d’expression : à l’occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur intitulé , Islam de France est-il trop tard ?, Elisabeth Lévy répond aux questions de FigaroVox. FigaroVox: Le nouveau numéro de Causeur s’intitule Islam de France est-il trop tard?. Selon vous, tout est foutu? Elisabeth Lévy: Si je pensais que c’est foutu je serais en train de préparer ma valise, pas le prochain Causeur! Ah bon, vous aussi vous allez faire votre alyah? Oui, à Melbourne ou en Patagonie. Blague à part, j’ai le sentiment, comme beaucoup de Français, y compris beaucoup de Français de souche récente, qu’il est minuit moins le quart et que, si nous ne changeons pas de discours et de politique très vite, il sera effectivement trop tard: le pays, c’est-à-dire la culture que nous habitons disparaîtra et cèdera la place à un territoire morcelé dont les habitants ne sauront plus imaginer un avenir commun, faute d’une histoire volontairement partagée. Vous y allez fort, chère Elisabeth! Si on vous comprend, et en paraphrasant Manuel Valls, la France avec les musulmans ne serait plus la France! Pardon, mais c’est vous qui charriez grave! Je n’ai rien dit de tel! Je crois au contraire que même les Français les plus à cran sur les questions identitaires seraient atterrés s’ils se réveillaient demain dans la France blanche et catholique dont ils sont soupçonnés de rêver. La pluralité des origines et des croyances de nos concitoyens atteste de la capacité du génie national à fabriquer des Français avec n’importe qui. Encore faut-il être d’accord sur les modalités de la coexistence des cultures dont seuls les ravis de la crèche sans-frontiéristes croient qu’elle est un conte de fées. Que la France soit une nation «multiethnique», ce n’est pas une question, qu’elle soit un pays multiculturel, c’est une autre affaire: l’égalité entre les individus, ne suppose nullement l’égalité des pratiques et des modes de vie sur notre sol. Autrement dit, n’importe quelle citoyenne française jouit des mêmes droits que moi, mais ma minijupe a plus de droits que ta burqa. En conséquence, ce n’est pas «l’islam», et encore moins «les» musulmans, qui menacent l’identité française, mais notre incapacité à énoncer fermement et clairement la règle du jeu: qui s’adapte à qui, quels sont les principes et les règles sur lesquels nous ne transigerons pas, quelles sont les différences qui nous enrichissent et celles que nous refusons… je connais pas mal de juifs religieux qui préfèreraient ne pas voir sur nos murs des dames en petite tenue mais qui ne demandent pas qu’on interdise la publicité pour la lingerie. En France, on peut être choqué, agressé, blessé par l’opinion ou les mœurs des autres : c’est ce qu’Alain Finkielkraut appelle la douleur de la liberté. Rien que ça! Vous ne croyez pas qu’on en a soupé des séminaires, des débats et des discussions? D’abord, si vous êtes satisfait par le débat public, vous n’êtes pas difficile – j’y reviendrai. Cela dit, je ne parle pas de débat, je parle de loi et de règles, et aussi de modes de vie. La laïcité, qui impose à tous les citoyens, croyants en premier lieu, une gymnastique mentale permanente. Il faut vivre sur deux pieds, accepter que ce que l’on tient pour une vérité sacrée à la maison soit à l’extérieur un objet de libre examen, donc de critique, voire de moquerie: je connais pas mal de juifs religieux qui préfèreraient ne pas voir sur nos murs des dames en petite tenue mais qui ne réclament pas qu’on interdise la publicité pour la lingerie. En France, on peut être choqué, agressé, blessé par l’opinion ou les mœurs des autres: c’est ce qu’Alain Finkielkraut appelle la douleur de la liberté. Il faut vous y faire, vos concitoyens ont le droit de caricaturer votre prophète. Sinon, il existe des tas de pays où on ne court aucun risque de tomber sur Charlie Hebdo… Je ne m’attarde pas sur l’égalité hommes-femmes qui impose de tolérer, même si c’est douloureux, que sa fille ou sa sœur mène la vie qui lui plaît. De même, on n’impose pas ses croyances et son mode de vie, même aux membres de son groupe: on a le droit d’être musulman ou d’origine musulmane et de manger pendant le ramadan. Enfin, il faut évoquer l’antisémitisme, non pas parce qu’il concerne les juifs, mais parce qu’il révèle la difficulté de nombreux musulmans (qui trouvent au minimum qu’ «on en fait trop sur la Shoah») à «changer de généalogie» pour reprendre l’expression de Malika Sorel. On en fait peut-être trop et surtout on fait certainement mal: il reste que l’extermination des juifs est un événement central de l’histoire européenne. Vous voulez entrer dans la famille, soyez les bienvenus. Mais alors, cet héritage est aussi le vôtre, ce qui n’a rien à voir avec la culpabilité. Mais sur tous ces points, la majorité des musulmans de France est d’accord avec vous! La majorité, j’aimerais en être sûre, un très grand nombre c’est indéniable: ce sont ceux-là que nous devons aider. En attendant, les quelques semaines de lucidité qui ont suivi les attentats nous ont révélé que l’antisémitisme, le complotisme et le rejet de la France étaient bien plus répandus que ce que je croyais moi-même. Certes, l’entre-soi et la progression de la pratique religieuse – qui se traduit par un certain séparatisme de fait – ne sont pas l’apanage des musulmans. Cela me désole que beaucoup de jeunes juifs vivent dans un milieu exclusivement juif. Mais le mélange culturel ne se décrète pas ; le respect de la loi et de la règle commune, si. Or, une certaine interprétation de l’islam, intolérante et teintée de ressentiment, devenue la norme dans nos banlieues, a tendance à transformer le séparatisme en sécession. On n’est pas obligé d’aimer nos valeurs libérales. Mais l’Etat doit garantir à tous ses citoyens le bénéfice de ces valeurs. Un très grand nombre de nos concitoyens musulmans savent ce qu’ils y ont gagné, il nous faut convaincre les autres – ou les obliger à respecter les formes républicaines, au besoin en adoptant l’excellente idée de Malek Boutih, qui propose de mettre «les quartiers» sous tutelle de l’Etat afin d’en finir avec les accommodements déraisonnables concédés par des élus locaux dépassés. Le jour où l’école sera capable de transmettre à tous ce cadeau qu’est la culture française ce qui suppose d’enseigner un tout petit peu « à la dure », en arrêtant de se demander si Balzac n’est pas discriminatoire pour nos enfants d’immigrés on aura pas mal avancé. Une partie des élites françaises et des musulmans eux-mêmes n’ont-ils pas été trop longtemps trop soumis face au communautarisme et à l’islamisme? Dans ce contexte, le scénario du livre de Houellebecq vous paraît-il crédible? Je dirais que Houellebecq est au moins plausible et vous renvoie à un excellent texte de Causeur consacré au duo Plenel/Ramadan. Ce qui est sûr c’est que, comme Zemmour, il frappe là où ça fait mal: sur notre ventre mou. L’origine de notre interminable crise identitaire, ce n’est pas l’islam mais notre incapacité collective à définir ce qui nous rassemble et à le défendre. Ainsi refuse-t-on avec constance qu’un pays puisse avoir une politique migratoire conforme à ses intérêts. Nous aimons l’Autre, se récrie-t-on. Qui oserait dire le contraire? Seulement, quand il arrive que l’Autre, lui, nous aime moins que ce qu’on voudrait, on fait mieux que le comprendre, on l’approuve. On l’applaudit. Pourquoi aimerait-on un pays qui, non content d’avoir commis des crimes effroyables dans le passé, s’acharne à les répéter? Quelques semaines après des attentats islamistes, de quoi débat la France? Du mal qu’elle a fait à ses enfants d’immigrés. De ses promesses non tenues. De ses idées rances. Et bien sûr, de son «islamophobie», au point qu’on finit par penser que l’islamophobie a tué à Paris. Le président nous a appelés à être «fiers d’être français». Avec un mot Manuel Valls a clos la séquence: «apartheid», le mot a été répété avec gourmandise par des journalistes ravis de tant d’audace. Et le plus consternant est que le Premier ministre l’ait prononcé pour câliner son aile gauche et faire plaisir aux intéressés. Que certains membres d’un parti de gouvernement exigent, comme prix de leur loyauté, que leur chef se livre au dénigrement public de leur pays, ne semble surprendre personne. Pas plus que le fait que l’on caresse une communauté dans le sens du poil en lui expliquant qu’elle est faite de sous-citoyens. Oh oui, je t’ai fait mal…, c’est bon, non? La France a fabriqué Merah, Nemouche et les autres. La faute à l’apartheid. Vous verrez, certains exigeront bientôt qu’on organise «Vérité et Réconciliation» pour leur demander pardon d’avoir si mal accueillis leurs parents. Dans Sans nous fait pour ce dossier, vous vous insurgez contre «le lamento de la relégation». tomber dans l’idéologie victimaire, ces attentats doivent-il néanmoins conduire à nous interroger sur notre propre modèle de civilisation? Le que l’islam soit si attractif pour une partie de la jeunesse, y compris ceux qui ne sont pas de culture musulmane, ne vous interpelle-t-il pas? Bien sûr, mais ce n’est pas en leur apprenant l’arabe qu’on va régler le problème. Le jour où l’école sera capable de transmettre à tous ce cadeau qu’est la culture française – ce qui suppose d’enseigner un tout petit peu «à la dure», en arrêtant de se demander si Balzac n’est pas discriminatoire pour nos enfants d’immigrés – on aura pas mal avancé. Mais le plus important, c’est d’arrêter d’entretenir la jeunesse, notamment musulmane, dans l’illusion qu’on lui devait quelque chose qu’on ne lui a pas donné. Rien n’est plus délétère que ce ressentiment, encouragé et légitimé par le discours public. Est-il si insupportable d’envisager que les intéressés aient une part de responsabilité dans ce qui leur arrive? Si beaucoup ont du mal à trouver leur place dans la société française, est-ce exclusivement à cause du racisme congénital des Français? Oui, c’est difficile de trouver du boulot et c’est plus difficile pour la jeunesse immigrée. Comment peut-on oublier les milliards investis dans la politique de la ville, l’arsenal juridique qui sanctionne le racisme et les discriminations, les repentances diverses et variées? Personne n’est colonisé en France. En réalité, les pleureuses professionnelles et les donneurs de leçons qui adorent se battre la coulpe sur la poitrine des autres méprisent nos concitoyens musulmans en les supposant incapables d’intégrer le monde des Lumières. Pour ces humiliés, disent-ils, l’islam est la dernière source de dignité. C’est aimable pour tous ceux dont la dignité réside dans leur contribution au bien commun. Cette condescendance parée de générosité me révolte. Que l’on combatte le FN, fort bien, mais quand j’entends les mêmes dénoncer les « intentions funestes de ce parti pour la démocratie » et traiter de racistes tous ceux qui demandent à l’islam de France de faire son aggiornamento, je me demande qui est dingue. Vous affirmez que la France peut être une chance pour l’islam. Mais le pays des Lumières a-t-il aujourd’hui autre chose à proposer qu’un suicide collectif? La grande manifestation du 11 janvier qui aurait pu devenir dans l’imaginaire collectif l’équivalent du sacre de Reims ou de la Fête de la Fédération a été réduite à un slogan: «Je suis Charlie». Vous-êtes-vous sentie Charlie? Tant qu’ «être Charlie» signifiait qu’on était prêt à se battre pour défendre la possibilité du monde commun et des libertés qui vont avec, sans aucun doute. Et puis je l’avoue, je me fais facilement avoir par ces moments de fusion collective sur fond de drapeau tricolore et de Marseillaise. Très vite, il est devenu clair que cette unanimité ne faisait que masquer de profonds malentendus. La gauche et les médias sont revenus à leur ritournelle habituelle: le FN, voilà l’ennemi! Que l’on combatte le FN, fort bien, mais quand j’entends les mêmes dénoncer les «intentions funestes de ce parti pour la démocratie» et traiter de racistes tous ceux qui demandent à l’islam de France de faire son aggiornamento, je me demande qui est dingue. Oui, la France pourrait être une chance pour l’islam comme elle a été une chance pour les juifs. Dire cela, ce n’est pas insulter les musulmans, mais simplement les inviter à réaliser la synthèse entre le public et le privé, le laïque et le religieux, l’individu et le groupe, que beaucoup d’autres ont faite avant eux. C’est en leur mentant qu’on les insulte. Cependant, le plus rigolo, c’est Plenel : d’après lui, rien ne serait arrivé si on n’avait pas laissé Finkielkraut dire qu’il y a un problème avec l’islam. En somme, il aurait suffi de ne jamais nommer le problème pour qu’il n’existe pas. Et on continue à lui parler comme s’il était raisonnable… On pouvait penser que le choc des attentats allait déciller certains regards, que le réel ne pouvait plus être reporté à une date ultérieure, pour reprendre la formule de Philippe Muray. Un mois plus tard qu’en est-il? Eh bien justement, il est de nouveau reporté sine die. Et c’est la seule chose qui pourrait finir par me décourager. Voilà des années que certains débats sont interdits: en apparence ils ont lieu, mais tout point de vue contraire à la doxa est d’emblée criminalisé. On vous laisse parler en agitant la clochette «Attention, salaud!» Du coup, les mots n’ont plus de sens: par exemple, il est communément admis que la proposition «être contre l’immigration» (ou pour une réduction drastique des flux migratoires) est synonyme de «être raciste». C’est totalement stupide d’un point de vue logique, mais peu importe, le journaliste standard le répètera comme il a répété que si on était contre le mariage homo on était contre l’égalité. Cette fois, le journaliste standard a décidé, enchanté de sa trouvaille, que l’existence d’un apartheid en France était une vérité scientifique et que les attentats islamistes n’avaient rien à voir avec l’islam. On est en train de monter d’un cran dans la censure: on n’interdit pas seulement des opinions mais des réalités déplaisantes. Ainsi Arno Klarsfeld est-il mis en examen pour avoir dit: «Une partie des jeunes de banlieue est antisémite». Cela aurait dû au moins nous faire hurler de rire, et j’attends l’audience avec impatience au cas où la Justice se donnerait le ridicule de statuer sur le droit d’affirmer que la pluie mouille. Cependant, le plus rigolo, c’est Plenel: d’après lui, rien ne serait arrivé si on n’avait pas laissé Finkielkraut dire qu’il y a un problème avec l’islam. En somme, il aurait suffi de ne jamais nommer le problème pour qu’il n’existe pas. Et on continue à lui parler comme s’il était raisonnable… Mais vous ne voudriez pas qu’on autorise l’expression du racisme ou de l’antisémitisme? Certes, mais pour autant, je suis atterrée par les condamnations à des peines fermes pour «apologie du terrorisme». En France, on ne va pas en prison pour ses idées, même si elles sont atroces. Et je préfèrerais qu’on arrête les aspirants-terroristes plutôt que les grandes gueules. Que Dieudonné soit condamné quand il va trop loin (c’est-à-dire souvent…) et surtout qu’on l’oblige à payer ses amendes). Mais je ne veux pas qu’on l’empêche de parler. Je veux vivre dans un monde où je peux être heurtée par les propos des autres. La loi qui pénalise les délits d’opinion doit être appliquée avec sagesse. Or, je le répète, aujourd’hui, certains nous somment de ne pas voir ce que nous voyons. Eh bien moi, je ne renoncerai jamais au droit de voir – ni d’ailleurs à celui de parler et de penser. © ALEXANDRE DEVECCHIO – LE FIGARO Après la victoire de Netanyahu, quelle relation avec Washington? Tous les aspects de la relation entre Jérusalem et Washington seront réévalués par l’administration américaine, les prochaines semaines seront critiques WASHINGTON – Dans les derniers jours avant l’élection, l’administration Obama se tenait à carreau – aussi bien le Département d’Etat que la Maison Blanche qui ont à peine réagi aux déclarations de campagne de Netanyahu quant à la création d’un Etat palestinien. Ils n’ont également pas répliqué aux accusations à peine voilées d’ingérence américaine pour tenter de saper la candidature de Netanyahu. Mais mercredi, ils ont commencé. Dans un ensemble de messages coordonnés, la Maison Blanche et le Département d’Etat ont lancé leur première attaque, mettant principalement l’accent sur les commentaires de Netanyahu qui semblait revenir sur ses déclarations de 2009 en faveur d’une solution à deux Etats. Les prochaines semaines seront cruciales pour l’avenir à court terme de la relation, au moins jusqu’en 2017. Il semble que l’administration Obama attend de voir si la campagne rhétorique de Netanyahu sera soutenue par une coalition de droite – mais en attendant, elle a peu de réserves à abîmer cette relation déjà chancelante. Le matin, après les élections, les relations israélo-américaines sont devenues plus fragiles que jamais. Le Département d’Etat a mis quelques idées au clair. L’appel du Secrétaire d’Etat américain John Kerry pour féliciter Netanyahu était superficiel et froid. Les deux n’ont pas du tout abordé le sujet de la politique, a déclaré la porte-parole Jen Psaki. En fait, le message que Washington veut transmettre est que toutes les choses autres que les coopérations les plus courantes – la sécurité, les renseignements, et la coopération militaire – sont ouvertes au débat. L’administration affirme haut et fort qu’elle considère cette déviation de la doctrine de la solution à deux Etats comme une violation d’un vieux consensus international au sujet de la solution ultime pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Si le Netanyahu post-élections met sa politique en œuvre et continue de nier un chemin vers un Etat palestinien, Washington signale que les choses vont mal tourner. Enfin, encore plus que maintenant. Les responsables de l’administration ont déjà souligné que les États-Unis réévalueront leur approche en fonction des commentaires de Netanyahu ; ils ont établi un cadre définitif pour aller de l’avant, faisant allusion à deux scénarios probables. Des rumeurs soigneusement disséminées ont circulé autour de Washington pendant des semaines. La Maison Blanche et Foggy Bottom [le quartier des ambassades à Washington] envisagent de présenter un nouveau plan de paix, un plan qui contourne les négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne visant à tenter d’imposer une réalité sur le terrain. Les États-Unis – s’ils veulent se la jouer dur – ont certainement les moyens à leur disposition pour essayer de forcer Israël à signer un accord, en utilisant les allocations de défense importantes en guise de carotte ou de bâton. Pendant la guerre de l’été dernier à Gaza et immédiatement après, Israël a eu un avant-goût de ce que cela serait si les transferts de matériel militaire étaient ralentis – même pas interrompus, simplement ralentis – et la menace d’un ralentissement de l’aide militaire est un danger palpable. La nomination de Robert Malley avant les élections en tant que coordinateur de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et la région du Golfe est un avant-goût. Malley a fait l’objet de critiques dans le passé, et a été retiré de l’équipe de campagne d’Obama en 2008 en raison de ses contacts avec le Hamas. Il est considéré comme étant un initié de Washington qui est suffisamment à l’aise pour adopter une approche critique vis-à-vis de la politique israélienne. La deuxième option – c’est l’option à laquelle l’administration a fait publiquement allusion à la suite des élections – est une réduction du soutien américain accordé à Israël au sein de l’Organisation des Nations unies et de ses institutions affiliées. Psaki a déclaré que les Etats-Unis n’allaient pas « se précipiter et prendre de décision au sujet de ce que les États-Unis feraient à l’égard d’une éventuelle action au Conseil de sécurité des Nations unies, ce qui marque une déviation considérable par rapport à leurs engagements antérieurs qui étaient d’imposer leur droit de veto sur toute tentative de déclaration unilatérale de l’indépendance palestinienne. Interrogé à plusieurs reprises sur le fait de savoir si les Etats-Unis allaient maintenir sa politique de veto, Psaki a simplement répondu que « les récentes déclarations du Premier ministre remettent en question son engagement envers une solution à deux Etats … mais cela ne signifie pas que nous avons pris la décision de changer notre position par rapport à l’ONU ». Cette déclaration en elle-même – un refus de s’engager pour le veto – est en soi un changement de position. Mercredi, le New York Times a cité plusieurs responsables de l’administration qui auraient affirmé que les États-Unis pourraient approuver une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies posant les termes pour la formation d’un Etat palestinien sur la base des lignes de 1967, avec des échanges de territoires mutuellement convenus. Les commentaires de Netanyahu étaient suffisants pour renforcer la voix des critiques qui suggéraient à Washington qu’il a négocié avec mauvaise foi pendant tout ce temps. Plutôt que de simplement mettre l’opposition de Netanyahu à une solution à deux Etats sur le compte de la rhétorique de campagne, le Département d’Etat déclare que de toute « évidence la position du Premier ministre a changé ». Dans le même temps, l’administration est encore en phase d’alerte – elle attend de voir ce qui se passera. L’administration a aussi indiqué qu’elle n’avait pas encore discuté des implications de l’élection israélienne avec l’Autorité palestinienne, ce qui signifie qu’il y a toujours des options ouvertes et que Washington ne s’est pas encore engagé à soutenir les initiatives palestiniennes sur la scène internationale. Toute mesure prise par Netanyahu qui serait considérée comme étant la poursuite du tournant idéologique véhiculé par sa rhétorique de campagne déclenchera probablement la mise en place de mesures par les États-Unis qui iront au-delà de la mise en garde. Ce qui n’est pas encore clair c’est ce qui se passera si Netanyahu ne fait tout simplement rien – si, par exemple, il ne lance pas un projet de construction à Jérusalem-Est, mais ne montre pas non plus un réel intérêt à reprendre les pourparlers avec les Palestiniens – combien de temps l’administration va-t-elle attendre ? La balle est dans le camp de Netanyahu. Après des années de tension diplomatique et avoir joué avec les limites de l’hostilité ouverte avec Obama, la crise est là – prégnante. Mais avec la formation de la coalition en cours et un accord avec l’Iran à l’horizon, il reste à voir si le Premier ministre a la possibilité, la capacité ou le désir de reculer du bord du précipice devant lequel il se tient. © Rebecca Shimoni Stoil – TIMES OF ISRAEL Triomphe de Netanyahu : une leçon pour l’UMP « Bye bye Bibi » titrait, mardi, Libération en prédisant, sur la foi des sondages et des commentaires unanimes, une raclée pour BENJAMIN NETANYAHU aux législatives israéliennes. Pas de chance : c’est un triomphe qu’a remporté hier soir, à l’issue du scrutin, le chef du gouvernement, au pouvoir depuis 2009. Son parti, le Likoud, a attiré 23,26 % des suffrages contre 18,73% pour la liste menée par le dirigeant travailliste, ISAAC HERZOG. Alors que la campagne électorale s’était surtout focalisée, dans un premier temps, sur les QUESTIONS SOCIALES (cherté de la vie, prix des logements, inégalités), c’est la QUESTION IDENTITAIRE, posée in extremis par Netanyahu, qui a fait basculer les pronostics initialement en faveur de la gauche et a mobilisé les électeurs (71,8% de participation). Ces derniers jours, le leader du Likoud n’a eu de cesse, en effet, de se présenter en seul garant de la sécurité et de l’avenir d’Israël, menacé dans son existence et son unité par L’ISLAM RADICAL ET ANTI-JUIF : un thème qui avait été écarté des premiers débats par une sorte de conformisme pantouflard, également observable en France par exemple. C’est au prix d’un refus catégorique de se retirer de Cisjordanie, de céder un pouce de Jérusalem et de créer un État palestinien aux mains des islamistes que « Bibi » à eu raison de son concurrent, leader il est vrai sans relief d’une Union Sioniste aux convictions présumées plus molles. Quelques jours auparavant, il avait été ovationné au Congrès américain par le camp républicain, pour son discours mettant en garde contre l’Iran des mollahs et le lent basculement diplomatique de BARACK H. OBAMA en leur faveur, dans le dossier du nucléaire. La DROITE FRANÇAISE serait bien inspirée de comprendre le mécanisme de cette victoire inattendue. A tous ceux qui, à L’UMP, persistent à penser confortablement que la CRISE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE emporte tout, la campagne identitaire de Netanyahu démontre l’inverse. Quand, par exemple, LAURENT WAUQUIEZ déclare ce mercredi, sur RTL, voulant marquer ses « profondes différences » avec PATRICK BUISSON sur ses thèmes principaux que sont la sécurité et l’immigration : « Je considère que les sujets sociaux sont un des problèmes essentiels de la France aujourd’hui parce qu’on a découragé le travail et qu’on ne fait plus du social mais de l’assistanat », il sousestime le problème existentiel du « mal vivre ensemble » qui est au cœur des exaspérations populaires. C’est ce sujet, faut-il le répéter ?, qui fait monter le FN, dont les solutions économiques et sociales ne sont en revanche pas sérieuses. L’UMP a évidemment raison quand elle dénonce le « massacre fiscal » des socialistes, quand elle soutient les médecins ou les retraités en colère. Mais les solutions à ces crises sont à portée de main. Et elles ne suffiront pas à guérir la grande dépression qui parcourt la société civile. Le vague à l’âme collectif exige des politiques qu’ils s’emparent notamment du sujet de la RÉSISTANCE que la république doit apporter à l’islam radical, ce nouveau totalitarisme. Sans être, en France, aussi menaçant qu’en Israël, il mérite une fermeté semblable à celle que lui réserve Netanyahu. © Ivan Rioufol – Le Figaro Tunis : 19 morts dans l’attaque du Musée du Bardo, les deux assaillants tués Les forces tunisiennes ont libéré mercredi la totalité des otages au musée du Bardo à Tunis, où une attaque était en cours. L’opération de sauvetage est terminée, a indiqué une source officielle. 17 touristes font partie des victimes. La Tunisie a connu ce mercredi sa pire attaque terroriste depuis 2002. Deux ou trois hommes armés ont ouvert le feu à la mi-journée sur des touristes descendant d’un bus en plein Tunis, avant de les poursuivre dans le musée Bardo, mitoyen de l’assemblée nationale. 17 touristes étrangers et un Tunisien ont été tués. A l’issue de trois heures de grande confusion, lors desquels des dizaines d’otages ont été évacués du bâtiment, les forces antiterroristes tunisiennes ont lancé l’assaut, au cours duquel deux assaillants et un policier ont été tués. Dieudonné condamné par la 16ème Chambre correctionnelle de Paris La Confédération des Juifs de France et Amis d’Israël se réjouit de la condamnation (deux mois de prison avec sursis) de Dieudonné par la 16ème Chambre correctionnelle de Paris La Confédération des Juifs de France et Amis d’Israël se félicite de la condamnation de Dieudonné à deux mois de prison avec sursis alors que le parquet avait réclamé 200 jours-amende à 150 euros à l’encontre du polémiste. Cette condamnation est la première à une peine de prison avec sursis, et nous en félicitons, en espérant que cela encouragera le pseudo-comique à mettre fin à ses envolées antisémites. Poursuivi pour apologie d’actes de terrorisme et provocation à la haine envers les juifs, le polémiste Dieudonné M’Bala M’Bala a été condamné, mercredi 18 mars, à deux mois de prison avec sursis en raison d’un message posté sur Facebook après les attentats djihadistes qui avaient fait dix-sept morts au début de janvier en France. Le parquet avait demandé deux cents jours-amende à 150 euros à l’encontre du polémiste, soit 30 000 euros d’amende. Une peine de jour-amende implique que le condamné voit cette peine transformée en emprisonnement s’il ne s’acquitte pas de la totalité de l’amende. Il encourait jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende, les faits présumés ayant été commis en ligne. Le 11 janvier, au soir d’une grande marche citoyenne en hommage aux victimes, le polémiste avait écrit qu’il se sentait « Charlie Coulibaly », détournant le slogan « Je suis Charlie », en référence à l’un des trois auteurs des attaques, Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre clients d’un magasin juif. Ses propos avaient ensuite été retirés de sa page Facebook… mais trop tard ! Cette condamnation est la conséquence directe de la nouvelle loi du 13 Novembre 2014 qui a extrait le délit d’apologie du terrorisme de la loi de la presse du 29 juillet 1881 pour en faire un délit du droit pénal général : l’article 421-2-5 ! Article 421-2-5 Le fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou de faire publiquement l’apologie de ces actes est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende. Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 100 000 € d’amende lorsque les faits ont été commis en utilisant un service de communication au public en ligne. Lorsque les faits sont commis par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle ou de la communication au public en ligne, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables. Condamné à plusieurs reprises pour des propos jugés antisémites, Dieudonné ne s’est acquitté d’aucune des amendes (pour 65.000 euros au total) auxquelles il a été condamné. Il est, de ce fait, visé par une enquête préliminaire du parquet de Paris pour organisation frauduleuse d’insolvabilité, blanchiment et abus de biens sociaux. Cette fois ci, les Juges ont décidé de ne pas se contenter d’une simple amende et sont allés au delà des réquisitions du parquet qui avait requis 200 jours amende à 150 euros, pour affliger directement une peine avec sursis. La rapidité de la répression pénale et l’efficacité de la sanction montre à quel point nous avions raison de réclamer cette modification législative. Il est urgent de faire de même avec la répression du délit de racisme et d’antisémitisme. Nous avons obtenu l’assurance tant de Madame Christiane Taubira, Garde des Sceaux, ainsi que du Premier Ministre, Monsieur Manuel Valls et du Président de la République que cette mesure serait proposée lors d’un prochain Conseil des Ministres. Cette mesure est impérative pour lutter efficacement contre l’antisémitisme qui pollue notre société. Demain, Dieudonné devra faire face à une nouvelle décision de justice que nous espérons aussi dissuasif que celui d’aujourd’hui ! Richard C. ABITBOL Président ISRAËL: L’élection est entre les mains du président Rivlin Quelques heures avant les résultats, un champ vaste de possibilité avec un autre mandat possible de Netanyahu se profile A 22h, les chaînes télévisées nous donneront une idée de ce que les électeurs ont fait en ce jour d’élection grâce à leur estimation. Comme les électeurs israéliens se comportent rarement selon les prédictions des sondeurs, tout ce qui est prédit dans cet article ne devrait servir que de base. Si les votes penchent plus dans un sens ou dans l’autre, cet article servira de base d’analyse pour expliquer ces tendances. De tous les éléments de preuve que nous avons pu rassembler – c’est-à-dire, la moyenne des sondages publiés vendredi dernier, le dernier jour où la publication des sondages était autorisée – une chose est claire : la course pour le poste de Premier ministre sera presque certainement assez serrée pour que la décision revienne au président Reuven Rivlin de déterminer qui aura la première chance de former une coalition. Les résultats de la moyenne des cinq derniers sondages se présentent ainsi : Union sioniste, 25 ; Likud, 22; Liste (arabe) unie, 13 ; Yesh Atid, 12 ; HaBayit HaYehudi, 11 ; Koulanou, 9 ; Shas, 8 ; Yahadout HaTorah, 6 ; Yisrael Beitenu, 5; Meretz, 5 ; Yahad, 4. Voici quelques observations relatives aux calculs de coalition : 1) Lundi, Yahadout HaTorah, a publiquement annoncé qu’il ne soutiendrait pas la candidature du Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de la présentation des recommandations. Mardi, le jour de l’élection, Koulanou a annoncé la même chose. Cela signifie que Netanyahu n’a pas la majorité des 61 sièges nécessaires pour s’assurer qu’il obtiendra du premier coup la chance de former une coalition. Il aura le soutien sûr du Likud, de HaByit HaYehudi, du Shas, d’Yisrael Beitenou et de Yahad, ce qui lui fera un total de seulement 50 sièges. 2) Cela ne signifie pas que le dirigeant de l’Union sioniste Isaac Herzog a le moindre espoir d’obtenir une majorité de 61 sièges dès le départ. Il ne peut compter que sur l’Union sioniste, Yesh Atid, au plus sur les deux tiers de la liste arabe unie. (Il est extrêmement improbable que la faction Balad de la liste, par exemple, recommande Herzog) et le Meretz, pour un total de 50 sièges. 3) Si l’un des deux camps obtient plus de 11 sièges que ce qui est prédit dans les sondages – le poste de Premier ministre est à eux. 4) Comme il y a peu de chances que cela arrive, aucun candidat n’aura les 61 recommandations nécessaires pour obtenir le rôle de Premier ministre, et la décision restera entre les mains du Premier ministre. Les experts (dont celui-ci) ont proposé plus d’une dizaine de scénarios possibles sur la manière dont pourrait se dérouler les élections. Même si les électeurs israéliens sont imprévisibles, la course se jouera entre ces deux scénarios : 1) Un gouvernement dirigé par Netanyahu 2) Un gouvernement d’unité dirigé conjointement, probablement avec l’instauration d’une rotation, par Herzog et Netanyahu (ou, s’il démissionne, un autre dirigeant du Likud comme Gilad Erdan). Un gouvernement dirigé par Herzog est possible, bien sûr, mais cela ne sera uniquement possible que si son camp monte suffisamment au créneau pour pousser Rivlin à lui offrir la première chance – un scénario peu probable – pour lui permettre de concocter une coalition parlementaire stable. Il est peu probable que ce sursaut arrive. Par conséquent : 1) Si les résultats définitifs montrent qu’il n’y a seulement qu’un petit écart entre le Likud et l’Union sioniste, c’est à dire 22 siège pour le Likud et 24 pour l’Union sioniste, le Likud est susceptible d’obtenir la première chance de former une coalition. Une coalition dirigée par le Likud avec les parties ultra-orthodoxes, HaBayit Hayehudi, Koulanou et Yisrael Beitenou aura une faible majorité. Le parti d’extrême-droite Yahad ajouterait potentiellement quatre sièges à cette majorité e le Yesh Atid, qui aura du mal à s’asseoir à la même table que les ultra-orthodoxes mais qui le fera peut-être pour éviter de rester assis impuissants dans l’opposition, garantirait une majorité stable. 2) Si l’Union sioniste devance de manière spectaculaire le Likud – avec par exemple, 27 sièges, et 21 pour le Likoud, ce qui pourrait être entièrement à la portée de l’Union sioniste au regard des tendances des sondages de vendredi – Rivlin a déjà laissé entendre, et c’est ce que Netanyahu craint depuis des mois, qu’il exhortera les deux dirigeants à former un gouvernement d’unité nationale avec un premier ministre par rotation. Une telle coalition serait plus facile à construire mathématiquement – le Likud, l’Union sioniste, Yesh Atid et Koulanou à eux seuls parviendraient à obtenir une majorité d’environ 68 sièges. La majorité sera peut-être mathématique mais elle ne le sera pas politiquement. Netanyahu acceptera-t-il d’être un Premier ministre en rotation ? Qui prendra le poste en premier ? Si Netanyahu démissionne, comme certains dirigeants du Likud le prédisent et espèrent, qui serait son remplaçant ? (il y aura presque certainement être une primaire organisée à la hâte pour déterminer le nouveau leader, dont le peloton de tête est composé d’Erdan et de Gideon Saar qui a récemment pris sa retraite) ? L’éventuel remplaçant acceptera-t-il une telle rotation ? Ce deuxième scénario a hanté la campagne de Netanyahu, et l’a conduit a désespérément chassé sur le territoire de HaBayit HaYehudi mardi, en mettant en garde les électeurs (apparemment sans preuve réelle) que la participation arabe était en hausse et que l’Union sioniste était dangereusement en avance. Il est tout à fait possible que Netanyahu sache quelque chose que nous ne savons pas. La publication des sondages est interdite dans les derniers jours avant le jour du scrutin, mais rien n’interdire de les conduire. Netanyahu sait peut-être qu’il est en train de perdre son électorat, ou peut- être qu’il sait qu’il se place devant mais voit cette campagne désespérée comme un moyen d’assurer une plus grande place Likud au parlement et donc un gouvernement plus stable au lendemain du scrutin. Si l’Union sioniste connait une poussée soudaine, on peut s’attendre à un gouvernement d’union, ou même, peut-être, à un gouvernement dirigé par Herzog. Si Likud récupère son retard, le chemin du Likud pour former un gouvernement sera une tâche facile. Trois grands facteurs qui pourraient transformer ces calculs : Meretz, Yisrael Beitenou et Yahad. Tous les trois obtiendront juste quelques dizaines de milliers de votes et seront à la limite du seuil électoral de 3,25 %. S’ils tombent en dessous de ce seuil, il faudra retirer quatre ou cinq sièges des calculs ci-dessus de leurs camps respectifs. Si Yahad et Yisrael Beitenu tombent tous les deux en dessous du seuil, Herzog aura à sa portée une coalition de gauche. Si c’est le Meretz qui tombe en dessous du seuil, le chemin de Herzog vers une coalition travailliste disparaîtra devant ses yeux – et, peut-être même, son chemin pour former un gouvernement d’unité. © Haviv Rettig Gur – TIMES OF ISRAEL Alain Finkielkraut, l’euthanasie, le FN et les départementales L’esprit de l’escalier en vidéo La semaine dernière, l’Assemblée nationale a adopté la loi sur la fin de vie qui autorise le recours à une “sédation profonde et continue” jusqu’au décès des malades en stade terminal. Alain Finkielkraut moque l’illusion moderne d’une “mort Club Med, sea sex and sun” débarrassée du tragique de l’existence. Commentant la stratégie de diabolisation du Front national orchestrée par le gouvernement en cette campagne départementale, le philosophe estime que “rien ne profite davantage que ces méthodes de lutte au Rassemblement bleu Marine”. Comme Elisabeth Badinter, affligée de voir la laïcité préemptée par le FN, Finkielkraut se désole du triomphe annoncé du Front national, et ne se “résigne absolument pas à l’idée d’une ascension irrésistible de Marine Le Pen parce que ce parti est avant tout démagogique”. FreshAgroMashov 2015 (Israël) : coup de projecteur sur « Yuval », la tomate cerise qui aide à lutter contre le cancer Le 17 mars 2015 par Israël Science Info desk A l’occasion du salon international de l’agriculture FreshAgroMashov qui se tiendra les 23 et 24 juin 2015 à Tel Aviv (Israël), Israël Science Info donne un coup de chapeau à la tomate cerise Yuval, cultivée au Moshav Shekef. Cette tomate, qui a un look unique et une saveur du « passé », contient une forte concentration en lycopène, trois fois plus qu’une tomate ordinaire. Le lycopène est un antioxydant aux propriétés préventives contre diverses maladies. Ce composant chimique naturel donne leur couleur rouge aux fruits et légumes. C’est l’un des nombreux pigments appelés caroténoïdes. Il y en a dans les pastèques, les pamplemousses roses, les abricots et les goyaves roses. On le trouve en quantité particulièrement élevée dans les tomates et les produits à base de tomates. En Amérique du Nord, 85 % du lycopène alimentaire provient des jus de tomate. Une tasse (240 ml) de jus de tomate ordinaire fournit environ 23 mg de lycopène. On peut prendre du lycopène pour tenter de réduire le risque de maladies cardiaques, pour lutter contre l’athérosclérose ; contre le cancer de la prostate, du sein, du poumon, de la vessie, des ovaires, du côlon et du pancréas. Le lycopène est également utilisé pour traiter le papillomavirus, cause majeure de cancer de l’utérus. Certaines personnes utilisent aussi le lycopène contre la cataracte et l’asthme. La société The Farmer LTD qui appartient à un groupe d’agriculteurs du Moshav Shekef, s’est fixé pour objectif de commercialiser ses tomates en direct aux meilleurs grossistes et supermarchés d’Israël. The Farmer LTD exporte aussi des tomates vers plusieurs endroits en Europe et en Amérique du Nord. Certains agriculteurs de The Farmer LTD sont au Moshav Shekef depuis plusieurs générations. Ils cultivent les raisins, les tomates, les tomates cerises et les poivrons en serre, du céleri d’été de grande qualité et, bien sûr, les étonnantes et savoureuses tomates cerise Yuval au lycopène, commercialisées exclusivement par The Farmer LTD. Yuval avait déjà été présentée à AgroMashov en 2013. Toutes les récoltes sont cultivées dans les champs du Moshav Shekef entre 300 et 400 mètres de hauteur. La société utilise les services de Yossi Huta pour commercialiser ses produits en exclusivité. Les tomates « Yuval » sont proposées aujourd’hui par de nombreux chefs prestigieux dans des restaurants à travers le pays : Dixie (Haim Cohen), Tapas (Jonathan Roshfeld) et Salon (Eyal Shani). Ce que PS et UMP ne veulent pas comprendre Une déculottée attend le PS, à en croire les sondages sur les départementales (premier tour, dimanche). Selon une étude Ifop publiée ce lundi dans Le Figaro, le parti au pouvoir ne récolterait que 19% des intentions de vote, contre 29% à l’alliance UMP-UDI et 30% au FN. Pour avoir décrit ici, dès 2013, le CRÉPUSCULE DU SOCIALISME (1), cette mort annoncée d’un mouvement refermé sur lui-même n’est pas une surprise. Entendre, ce matin sur RTL, NAJAD VALLAUD-BELKACEM (PS) partir à l’assaut du FN avec un sabre en bois en disant de lui qu’il est « le parti de la haine » illustre la rigidité intellectuelle et l’intransigeance idéologique qui s’observent dans cette gauche incapable de comprendre les RESSORTS IDENTITAIRES DU NÉO-POPULISME. La « haine », comme le « racisme » ou la « discrimination », sont des accusations qui n’ont pour objectif que de CULPABILISER LA RENAISSANCE DU SENTIMENT NATIONAL au cœur de la société civile. Or il est vain de vouloir lutter contre ce mouvement de fond, qui n’est que la réaction vitale d’un vieux peuple qui n’entend pas s’effacer. Quand BRUNO LE MAIRE (UMP) reconnaît, ce jour sur ITélé : « On n’a pas été bons pendant des années et des années. Oui, on n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire baisser le chômage, pour réindustrialiser le pays, pour avoir des médecins de proximité dans les départements (…) », il ne mesure pas davantage l’enjeu culturel qui sera désormais au cœur des élections. Pour avoir déclaré dernièrement : « Je me battrai contre ceux de ma famille politique qui disent que la question identitaire est prioritaire », Le Maire, en dépit de ses autocritiques bien venues, passe à côté de l’essentiel. Car c’est la question identitaire qui est devenue prioritaire. Ceux qui voient poindre le déferlement d’une « vague brune » sur l’Europe ou crient au « fascisme qui vient », se distribuent des médailles de résistants d’opérette. D’autant que ceux-là s’aveuglent devant le NAZISLAMISME qui est une réelle menace pour les démocraties : c’est d’ailleurs leur collaboration passive avec ce totalitarisme qui est le danger. Rien en revanche n’est plus honorable pour un peuple, malmené par la mondialisation et l’idéologie multiculturelle, que de vouloir défendre sa nation, son identité, sa langue, son mode de vie. Voir dans ce réflexe de la xénophobie revient à désespérer, voire à radicaliser, un électorat préoccupé par son abandon. Comme l’écrit PIERRE-ANDRÉ TAGUIEFF dans son dernier essai (2) : « Ce qu’on pourrait appeler L’INSÉCURISATION IDENTITAIRE constitue le principal facteur du vote néopopuliste en Europe ». Pour lui, « nous assistons depuis plusieurs décennies à une revanche du nationalisme. Une revanche susceptible de passer pour une résurrection en ce que la mort ou la fin prochaine du nationalisme avait été annoncée par la plupart des experts, des professionnel de la politique, des intellectuels visibles et des vénérables icônes médiatiques rendant leurs oracles à la demande ». C’est ce BESOIN D’ENRACINEMENT que le PS rend délictueux, tandis qu’une partie de l’UMP reste aussi baignée par l’idéologie du MONDIALISME ANTINATIONALISTE ayant fait du déracinement la norme. Or, comme le remarque Taguieff : « Une démocratie forte (…) n’est guère compatible avec une société composée d’individus sans attaches, hypermobiles, insusceptibles d’imaginer et de vouloir un destin commun ». Laisser le FN répondre seul à cette demande est lui assurer sa victoire. C’est aussi ouvrir possiblement la voie à un nationalisme excessif. (1) LE CRÉPUSCULE DU SOCIALISTE, DE L’AUTEUR, EDITION DE PASSY (2013) (2) LA REVANCHE DU NATIONALISME, NÉOPOPULISTES ET XÉNOPHOBES À L’ASSAUT DE L’EUROPE, PUF Zemmour, Ruquier et ONPC De 2006 à 2011, Eric Zemmour a fait, avec Eric Naulleau, le succès de l’émission ONPC animée chaque samedi soir par Laurent Ruquier. Parce qu’il faut être clair. Ce n’est pas le bavardage profus et narcissique de ce dernier qui, durant ces cinq années, a maintenu devant l’écran de télévision des gens qui n’avaient pas l’habitude de la regarder ou de veiller aussi tard. Ils attendaient la confrontation de l’invité avec Zemmour et Naulleau et, de fait, ils n’étaient jamais déçus. Forts de leur intelligence, de leur culture, de leur complémentarité, voire de leurs contradictions, ces deux personnalités ont fait briller d’un vif éclat une émission qui, sans elles, n’aurait été que du vulgaire divertissement promotionnel. Elles n’abusaient pas de la complaisance, tout en restant courtoises, et, de surcroît connaissaient les œuvres – livres, films et musique – sur lesquelles elles allaient questionner. La décision de les faire partir a été mal comprise mais, le moment de grande déception passé, on n’avait pas d’autre choix que de se retirer tristement ou de comparer en souffrant. Zemmour et Naulleau ont magnifiquement rebondi. Ils ont ajouté à leur présent le regret dont ils étaient honorés. Eric Zemmour a publié un très grand livre: Le suicide français, qui est un triomphe de l’édition et a suscité un immense et passionnant débat. Outre ce que cette appréciation révèle d’absurde mais Laurent Ruquier est homme à s’accrocher au wagon du politiquement et socialement correct -, elle manifeste surtout le faible caractère de cet histrion autosatisfait qui, avec une lâcheté indécente et une lucidité d’autant plus assurée qu’elle est rétrospective, vient « cracher » sur Zemmour, après avoir bénéficié de son aura intellectuelle si remarquablement complice de celle de Naulleau sur un autre registre. Sa première prestation médiatique, en sa qualité d’auteur, a été pour Laurent Ruquier qui, d’ailleurs, s’en est félicité en jugeant naturelle cette priorité en raison de la durable collaboration de Zemmour avec ONPC. Aussi, quelle stupéfaction d’entendre Laurent Ruquier, au cours de la soirée du 14 mars, «regretter» d’avoir permis à Zemmour d’exprimer ses idées durant cinq ans et ainsi d’avoir facilité la banalisation de celles-ci avec lesquelles, apparemment, il s’est découvert en désaccord très tardivement! Cette contrition, de surcroît, a été formulée devant Aymeric Caron et Léa Salamé, comble d’inélégance. Ainsi Laurent Ruquier a eu besoin de huit années pour se rendre compte du caractère prétendument dangereux et choquant des pensées et des questionnements de Zemmour. Outre ce que cette appréciation révèle d’absurde – mais Laurent Ruquier est homme à s’accrocher au wagon du politiquement et socialement correct -, elle manifeste surtout le faible caractère de cet histrion autosatisfait qui, avec une lâcheté indécente et une lucidité d’autant plus assurée qu’elle est rétrospective, vient «cracher» sur Zemmour, après avoir bénéficié de son aura intellectuelle si remarquablement complice de celle de Naulleau sur un autre registre. Je n’ai jamais aimé Laurent Ruquier, d’abord pour ce motif parfaitement dérisoire, je l’admets, mais agaçant: sa manière de rire, avant tous les autres, de ses propres plaisanteries pour imposer ses saillies comme il y a des décrets d’autorité. Maintenant je sais que j’avais sans doute l’intuition, le pressentiment de transgressions plus graves, de petites saletés humaines. A l’égard d’Eric Zemmour, c’est précisément ce qu’il a accompli et qui a confirmé mon approche négative. I Télé a rompu le contrat d’Eric Zemmour parce que celui-ci dominait trop son contradicteur et devenait maître d’un débat sur lequel cette chaîne voulait garder la main. Mais cette exclusion, aussi controversée qu’elle a été, n’a pas été hypocrite. Chaque partie peaufinera ses arguments devant le tribunal de commerce de Paris. Laurent Ruquier a privilégié le coup de poignard dans le dos d’un absent, un acte franchement bas qui a dû beaucoup le faire s’esclaffer! Je ne crois pas qu’Eric Zemmour sera étonné par cette ruade médiocre. L’opinion longuement mûrie et enfin proférée d’un Laurent Ruquier sur lui sera sans doute la moindre de ses préoccupations. Parce que depuis son départ en 2011, il a sa vengeance avec Eric Naulleau. Assister, sur Paris Première, aux échanges passionnants, libres et pluralistes qu’ils animent en face de leurs invités – récemment, en face de Frank Riester et de François Kalfon: un régal – est la plus subtile des ripostes. Laurent Ruquier peut bien honteusement se désolidariser d’un homme qui lui a apporté beaucoup. Quand il n’a plus rien à craindre et qu’il sera applaudi, avec sa bienséance sur le tard, par une camarilla médiatique prompte à détester qui la dépasse ou n’est pas assez du sérail. Laurent Ruquier, avec ses obséquiosités rigolardes, avait bien besoin d’une contrepartie: regretter en 2015 la présence de Zemmour de 2006 à 2011! Depuis quelque temps, il nous claironnait qu’il était de gauche. Son esprit apparemment n’est pas aussi vif qu’on le prétend: il s’est seulement rendu compte maintenant que Zemmour ne l’était pas. ONPC va pouvoir poursuivre son train-train. Personne ne viendra plus troubler le «Ruquier correct». © Philippe Bilger – Le Figaro