Une indécente indignation

Transcription

Une indécente indignation
la France peut être une chance pour
l’islam comme elle l’ a été pour les
juifs
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Charlie Hebdo, marche du 11 janvier, liberté
d’expression : à l’occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur
intitulé , Islam de France est-il trop tard ?, Elisabeth Lévy répond aux
questions de FigaroVox.
FigaroVox: Le nouveau numéro de Causeur s’intitule Islam de France est-il
trop tard?. Selon vous, tout est foutu?
Elisabeth Lévy: Si je pensais que c’est foutu je serais en train de préparer
ma valise, pas le prochain Causeur!
Ah bon, vous aussi vous allez faire votre alyah?
Oui, à Melbourne ou en Patagonie. Blague à part, j’ai le sentiment, comme
beaucoup de Français, y compris beaucoup de Français de souche récente, qu’il
est minuit moins le quart et que, si nous ne changeons pas de discours et de
politique très vite, il sera effectivement trop tard: le pays, c’est-à-dire
la culture que nous habitons disparaîtra et cèdera la place à un territoire
morcelé dont les habitants ne sauront plus imaginer un avenir commun, faute
d’une histoire volontairement partagée.
Vous y allez fort, chère Elisabeth! Si on vous comprend, et en paraphrasant
Manuel Valls, la France avec les musulmans ne serait plus la France!
Pardon, mais c’est vous qui charriez grave! Je n’ai rien dit de tel! Je crois
au contraire que même les Français les plus à cran sur les questions
identitaires seraient atterrés s’ils se réveillaient demain dans la France
blanche et catholique dont ils sont soupçonnés de rêver. La pluralité des
origines et des croyances de nos concitoyens atteste de la capacité du génie
national à fabriquer des Français avec n’importe qui. Encore faut-il être
d’accord sur les modalités de la coexistence des cultures dont seuls les
ravis de la crèche sans-frontiéristes croient qu’elle est un conte de fées.
Que la France soit une nation «multiethnique», ce n’est pas une question,
qu’elle soit un pays multiculturel, c’est une autre affaire: l’égalité entre
les individus, ne suppose nullement l’égalité des pratiques et des modes de
vie sur notre sol. Autrement dit, n’importe quelle citoyenne française jouit
des mêmes droits que moi, mais ma minijupe a plus de droits que ta burqa. En
conséquence, ce n’est pas «l’islam», et encore moins «les» musulmans, qui
menacent l’identité française, mais notre incapacité à énoncer fermement et
clairement la règle du jeu: qui s’adapte à qui, quels sont les principes et
les règles sur lesquels nous ne transigerons pas, quelles sont les
différences qui nous enrichissent et celles que nous refusons…
je connais pas mal de juifs religieux qui préfèreraient ne pas voir sur
nos murs des dames en petite tenue mais qui ne demandent pas qu’on
interdise la publicité pour la lingerie. En France, on peut être choqué,
agressé, blessé par l’opinion ou les mœurs des autres : c’est ce qu’Alain
Finkielkraut appelle la douleur de la liberté.
Rien que ça! Vous ne croyez pas qu’on en a soupé des séminaires, des débats
et des discussions?
D’abord, si vous êtes satisfait par le débat public, vous n’êtes pas
difficile – j’y reviendrai. Cela dit, je ne parle pas de débat, je parle de
loi et de règles, et aussi de modes de vie. La laïcité, qui impose à tous les
citoyens, croyants en premier lieu, une gymnastique mentale permanente. Il
faut vivre sur deux pieds, accepter que ce que l’on tient pour une vérité
sacrée à la maison soit à l’extérieur un objet de libre examen, donc de
critique, voire de moquerie: je connais pas mal de juifs religieux qui
préfèreraient ne pas voir sur nos murs des dames en petite tenue mais qui ne
réclament pas qu’on interdise la publicité pour la lingerie. En France, on
peut être choqué, agressé, blessé par l’opinion ou les mœurs des autres:
c’est ce qu’Alain Finkielkraut appelle la douleur de la liberté. Il faut vous
y faire, vos concitoyens ont le droit de caricaturer votre prophète. Sinon,
il existe des tas de pays où on ne court aucun risque de tomber sur Charlie
Hebdo… Je ne m’attarde pas sur l’égalité hommes-femmes qui impose de tolérer,
même si c’est douloureux, que sa fille ou sa sœur mène la vie qui lui plaît.
De même, on n’impose pas ses croyances et son mode de vie, même aux membres
de son groupe: on a le droit d’être musulman ou d’origine musulmane et de
manger pendant le ramadan. Enfin, il faut évoquer l’antisémitisme, non pas
parce qu’il concerne les juifs, mais parce qu’il révèle la difficulté de
nombreux musulmans (qui trouvent au minimum qu’ «on en fait trop sur la
Shoah») à «changer de généalogie» pour reprendre l’expression de Malika
Sorel. On en fait peut-être trop et surtout on fait certainement mal: il
reste que l’extermination des juifs est un événement central de l’histoire
européenne. Vous voulez entrer dans la famille, soyez les bienvenus. Mais
alors, cet héritage est aussi le vôtre, ce qui n’a rien à voir avec la
culpabilité.
Mais sur tous ces points, la majorité des musulmans de France est d’accord
avec vous!
La majorité, j’aimerais en être sûre, un très grand nombre c’est indéniable:
ce sont ceux-là que nous devons aider. En attendant, les quelques semaines de
lucidité qui ont suivi les attentats nous ont révélé que l’antisémitisme, le
complotisme et le rejet de la France étaient bien plus répandus que ce que je
croyais moi-même. Certes, l’entre-soi et la progression de la pratique
religieuse – qui se traduit par un certain séparatisme de fait – ne sont pas
l’apanage des musulmans. Cela me désole que beaucoup de jeunes juifs vivent
dans un milieu exclusivement juif. Mais le mélange culturel ne se décrète pas
; le respect de la loi et de la règle commune, si. Or, une certaine
interprétation de l’islam, intolérante et teintée de ressentiment, devenue la
norme dans nos banlieues, a tendance à transformer le séparatisme en
sécession. On n’est pas obligé d’aimer nos valeurs libérales. Mais l’Etat
doit garantir à tous ses citoyens le bénéfice de ces valeurs. Un très grand
nombre de nos concitoyens musulmans savent ce qu’ils y ont gagné, il nous
faut convaincre les autres – ou les obliger à respecter les formes
républicaines, au besoin en adoptant l’excellente idée de Malek Boutih, qui
propose de mettre «les quartiers» sous tutelle de l’Etat afin d’en finir avec
les accommodements déraisonnables concédés par des élus locaux dépassés.
Le jour où l’école sera capable de transmettre à tous ce cadeau qu’est la
culture française ce qui suppose d’enseigner un tout petit peu « à la dure
», en arrêtant de se demander si Balzac n’est pas discriminatoire pour nos
enfants d’immigrés on aura pas mal avancé.
Une partie des élites françaises et des musulmans eux-mêmes n’ont-ils pas été
trop longtemps trop soumis face au communautarisme et à l’islamisme? Dans ce
contexte, le scénario du livre de Houellebecq vous paraît-il crédible?
Je dirais que Houellebecq est au moins plausible et vous renvoie à un
excellent texte de Causeur consacré au duo Plenel/Ramadan. Ce qui est sûr
c’est que, comme Zemmour, il frappe là où ça fait mal: sur notre ventre mou.
L’origine de notre interminable crise identitaire, ce n’est pas l’islam mais
notre incapacité collective à définir ce qui nous rassemble et à le défendre.
Ainsi refuse-t-on avec constance qu’un pays puisse avoir une politique
migratoire conforme à ses intérêts. Nous aimons l’Autre, se récrie-t-on. Qui
oserait dire le contraire? Seulement, quand il arrive que l’Autre, lui, nous
aime moins que ce qu’on voudrait, on fait mieux que le comprendre, on
l’approuve. On l’applaudit. Pourquoi aimerait-on un pays qui, non content
d’avoir commis des crimes effroyables dans le passé, s’acharne à les répéter?
Quelques semaines après des attentats islamistes, de quoi débat la France? Du
mal qu’elle a fait à ses enfants d’immigrés. De ses promesses non tenues. De
ses idées rances. Et bien sûr, de son «islamophobie», au point qu’on finit
par penser que l’islamophobie a tué à Paris. Le président nous a appelés à
être «fiers d’être français». Avec un mot Manuel Valls a clos la séquence:
«apartheid», le mot a été répété avec gourmandise par des journalistes ravis
de tant d’audace. Et le plus consternant est que le Premier ministre l’ait
prononcé pour câliner son aile gauche et faire plaisir aux intéressés. Que
certains membres d’un parti de gouvernement exigent, comme prix de leur
loyauté, que leur chef se livre au dénigrement public de leur pays, ne semble
surprendre personne. Pas plus que le fait que l’on caresse une communauté
dans le sens du poil en lui expliquant qu’elle est faite de sous-citoyens. Oh
oui, je t’ai fait mal…, c’est bon, non? La France a fabriqué Merah, Nemouche
et les autres. La faute à l’apartheid. Vous verrez, certains exigeront
bientôt qu’on organise «Vérité et Réconciliation» pour leur demander pardon
d’avoir si mal accueillis leurs parents.
Dans
Sans
nous
fait
pour
ce dossier, vous vous insurgez contre «le lamento de la relégation».
tomber dans l’idéologie victimaire, ces attentats doivent-il néanmoins
conduire à nous interroger sur notre propre modèle de civilisation? Le
que l’islam soit si attractif pour une partie de la jeunesse, y compris
ceux qui ne sont pas de culture musulmane, ne vous interpelle-t-il pas?
Bien sûr, mais ce n’est pas en leur apprenant l’arabe qu’on va régler le
problème. Le jour où l’école sera capable de transmettre à tous ce cadeau
qu’est la culture française – ce qui suppose d’enseigner un tout petit peu «à
la dure», en arrêtant de se demander si Balzac n’est pas discriminatoire pour
nos enfants d’immigrés – on aura pas mal avancé. Mais le plus important,
c’est d’arrêter d’entretenir la jeunesse, notamment musulmane, dans
l’illusion qu’on lui devait quelque chose qu’on ne lui a pas donné. Rien
n’est plus délétère que ce ressentiment, encouragé et légitimé par le
discours public. Est-il si insupportable d’envisager que les intéressés aient
une part de responsabilité dans ce qui leur arrive? Si beaucoup ont du mal à
trouver leur place dans la société française, est-ce exclusivement à cause du
racisme congénital des Français? Oui, c’est difficile de trouver du boulot et
c’est plus difficile pour la jeunesse immigrée. Comment peut-on oublier les
milliards investis dans la politique de la ville, l’arsenal juridique qui
sanctionne le racisme et les discriminations, les repentances diverses et
variées? Personne n’est colonisé en France. En réalité, les pleureuses
professionnelles et les donneurs de leçons qui adorent se battre la coulpe
sur la poitrine des autres méprisent nos concitoyens musulmans en les
supposant incapables d’intégrer le monde des Lumières. Pour ces humiliés,
disent-ils, l’islam est la dernière source de dignité. C’est aimable pour
tous ceux dont la dignité réside dans leur contribution au bien commun. Cette
condescendance parée de générosité me révolte.
Que l’on combatte le FN, fort bien, mais quand j’entends les mêmes
dénoncer les « intentions funestes de ce parti pour la démocratie » et
traiter de racistes tous ceux qui demandent à l’islam de France de faire
son aggiornamento, je me demande qui est dingue.
Vous affirmez que la France peut être une chance pour l’islam. Mais le pays
des Lumières a-t-il aujourd’hui autre chose à proposer qu’un suicide
collectif? La grande manifestation du 11 janvier qui aurait pu devenir dans
l’imaginaire collectif l’équivalent du sacre de Reims ou de la Fête de la
Fédération a été réduite à un slogan: «Je suis Charlie». Vous-êtes-vous
sentie Charlie?
Tant qu’ «être Charlie» signifiait qu’on était prêt à se battre pour défendre
la possibilité du monde commun et des libertés qui vont avec, sans aucun
doute. Et puis je l’avoue, je me fais facilement avoir par ces moments de
fusion collective sur fond de drapeau tricolore et de Marseillaise. Très
vite, il est devenu clair que cette unanimité ne faisait que masquer de
profonds malentendus. La gauche et les médias sont revenus à leur ritournelle
habituelle: le FN, voilà l’ennemi! Que l’on combatte le FN, fort bien, mais
quand j’entends les mêmes dénoncer les «intentions funestes de ce parti pour
la démocratie» et traiter de racistes tous ceux qui demandent à l’islam de
France de faire son aggiornamento, je me demande qui est dingue. Oui, la
France pourrait être une chance pour l’islam comme elle a été une chance pour
les juifs. Dire cela, ce n’est pas insulter les musulmans, mais simplement
les inviter à réaliser la synthèse entre le public et le privé, le laïque et
le religieux, l’individu et le groupe, que beaucoup d’autres ont faite avant
eux. C’est en leur mentant qu’on les insulte.
Cependant, le plus rigolo, c’est Plenel : d’après lui, rien ne serait
arrivé si on n’avait pas laissé Finkielkraut dire qu’il y a un problème
avec l’islam. En somme, il aurait suffi de ne jamais nommer le problème
pour qu’il n’existe pas. Et on continue à lui parler comme s’il était
raisonnable…
On pouvait penser que le choc des attentats allait déciller certains regards,
que le réel ne pouvait plus être reporté à une date ultérieure, pour
reprendre la formule de Philippe Muray. Un mois plus tard qu’en est-il?
Eh bien justement, il est de nouveau reporté sine die. Et c’est la seule
chose qui pourrait finir par me décourager. Voilà des années que certains
débats sont interdits: en apparence ils ont lieu, mais tout point de vue
contraire à la doxa est d’emblée criminalisé. On vous laisse parler en
agitant la clochette «Attention, salaud!» Du coup, les mots n’ont plus de
sens: par exemple, il est communément admis que la proposition «être contre
l’immigration» (ou pour une réduction drastique des flux migratoires) est
synonyme de «être raciste». C’est totalement stupide d’un point de vue
logique, mais peu importe, le journaliste standard le répètera comme il a
répété que si on était contre le mariage homo on était contre l’égalité.
Cette fois, le journaliste standard a décidé, enchanté de sa trouvaille, que
l’existence d’un apartheid en France était une vérité scientifique et que les
attentats islamistes n’avaient rien à voir avec l’islam. On est en train de
monter d’un cran dans la censure: on n’interdit pas seulement des opinions
mais des réalités déplaisantes. Ainsi Arno Klarsfeld est-il mis en examen
pour avoir dit: «Une partie des jeunes de banlieue est antisémite». Cela
aurait dû au moins nous faire hurler de rire, et j’attends l’audience avec
impatience au cas où la Justice se donnerait le ridicule de statuer sur le
droit d’affirmer que la pluie mouille. Cependant, le plus rigolo, c’est
Plenel: d’après lui, rien ne serait arrivé si on n’avait pas laissé
Finkielkraut dire qu’il y a un problème avec l’islam. En somme, il aurait
suffi de ne jamais nommer le problème pour qu’il n’existe pas. Et on continue
à lui parler comme s’il était raisonnable…
Mais vous ne voudriez pas qu’on autorise l’expression du racisme ou de
l’antisémitisme?
Certes, mais pour autant, je suis atterrée par les condamnations à des peines
fermes pour «apologie du terrorisme». En France, on ne va pas en prison pour
ses idées, même si elles sont atroces. Et je préfèrerais qu’on arrête les
aspirants-terroristes plutôt que les grandes gueules. Que Dieudonné soit
condamné quand il va trop loin (c’est-à-dire souvent…) et surtout qu’on
l’oblige à payer ses amendes). Mais je ne veux pas qu’on l’empêche de parler.
Je veux vivre dans un monde où je peux être heurtée par les propos des
autres. La loi qui pénalise les délits d’opinion doit être appliquée avec
sagesse. Or, je le répète, aujourd’hui, certains nous somment de ne pas voir
ce que nous voyons. Eh bien moi, je ne renoncerai jamais au droit de voir –
ni d’ailleurs à celui de parler et de penser.
© ALEXANDRE DEVECCHIO
– LE FIGARO
Après la victoire de Netanyahu,
quelle relation avec Washington?
Tous les aspects de la relation entre Jérusalem et
Washington seront réévalués par l’administration
américaine, les prochaines semaines seront
critiques
WASHINGTON – Dans les derniers jours avant l’élection, l’administration Obama
se tenait à carreau – aussi bien le Département d’Etat que la Maison Blanche
qui ont à peine réagi aux déclarations de campagne de Netanyahu quant à la
création d’un Etat palestinien.
Ils n’ont également pas répliqué aux accusations à peine voilées d’ingérence
américaine pour tenter de saper la candidature de Netanyahu. Mais mercredi,
ils ont commencé.
Dans un ensemble de messages coordonnés, la Maison Blanche et le Département
d’Etat ont lancé leur première attaque, mettant principalement l’accent sur
les commentaires de Netanyahu qui semblait revenir sur ses déclarations de
2009 en faveur d’une solution à deux Etats.
Les prochaines semaines seront cruciales pour l’avenir à court terme de la
relation, au moins jusqu’en 2017. Il semble que l’administration Obama attend
de voir si la campagne rhétorique de Netanyahu sera soutenue par une
coalition de droite – mais en attendant, elle a peu de réserves à abîmer
cette relation déjà chancelante.
Le matin, après les élections, les relations israélo-américaines sont
devenues plus fragiles que jamais.
Le Département d’Etat a mis quelques idées au clair. L’appel du Secrétaire
d’Etat américain John Kerry pour féliciter Netanyahu était superficiel et
froid. Les deux n’ont pas du tout abordé le sujet de la politique, a déclaré
la porte-parole Jen Psaki.
En fait, le message que Washington veut transmettre est que toutes les choses
autres que les coopérations les plus courantes – la sécurité, les
renseignements, et la coopération militaire – sont ouvertes au débat.
L’administration affirme haut et fort qu’elle considère cette déviation de la
doctrine de la solution à deux Etats comme une violation d’un vieux consensus
international au sujet de la solution ultime pour résoudre le conflit
israélo-palestinien.
Si le Netanyahu post-élections met sa politique en œuvre et continue de nier
un chemin vers un Etat palestinien, Washington signale que les choses vont
mal tourner. Enfin, encore plus que maintenant.
Les responsables de l’administration ont déjà souligné que les États-Unis
réévalueront leur approche en fonction des commentaires de Netanyahu ; ils
ont établi un cadre définitif pour aller de l’avant, faisant allusion à deux
scénarios probables.
Des rumeurs soigneusement disséminées ont circulé autour de Washington
pendant des semaines.
La Maison Blanche et Foggy Bottom [le quartier des ambassades à Washington]
envisagent de présenter un nouveau plan de paix, un plan qui contourne les
négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne visant à
tenter d’imposer une réalité sur le terrain.
Les États-Unis – s’ils veulent se la jouer dur – ont certainement les moyens
à leur disposition pour essayer de forcer Israël à signer un accord, en
utilisant les allocations de défense importantes en guise de carotte ou de
bâton.
Pendant la guerre de l’été dernier à Gaza et immédiatement après, Israël a eu
un avant-goût de ce que cela serait si les transferts de matériel militaire
étaient ralentis – même pas interrompus, simplement ralentis – et la menace
d’un ralentissement de l’aide militaire est un danger palpable.
La nomination de Robert Malley avant les élections en tant que coordinateur
de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et la région du
Golfe est un avant-goût.
Malley a fait l’objet de critiques dans le passé, et a été retiré de l’équipe
de campagne d’Obama en 2008 en raison de ses contacts avec le Hamas. Il est
considéré comme étant un initié de Washington qui est suffisamment à l’aise
pour adopter une approche critique vis-à-vis de la politique israélienne.
La deuxième option – c’est l’option à laquelle l’administration a fait
publiquement allusion à la suite des élections – est une réduction du soutien
américain accordé à Israël au sein de l’Organisation des Nations unies et de
ses institutions affiliées.
Psaki a déclaré que les Etats-Unis n’allaient pas « se précipiter et prendre
de décision au sujet de ce que les États-Unis feraient à l’égard d’une
éventuelle action au Conseil de sécurité des Nations unies, ce qui marque une
déviation considérable par rapport à leurs engagements antérieurs qui étaient
d’imposer leur droit de veto sur toute tentative de déclaration unilatérale
de l’indépendance palestinienne.
Interrogé à plusieurs reprises sur le fait de savoir si les Etats-Unis
allaient maintenir sa politique de veto, Psaki a simplement répondu que « les
récentes déclarations du Premier ministre remettent en question son
engagement envers une solution à deux Etats … mais cela ne signifie pas que
nous avons pris la décision de changer notre position par rapport à l’ONU ».
Cette déclaration en elle-même – un refus de s’engager pour le veto – est en
soi un changement de position.
Mercredi, le New York Times a cité plusieurs responsables de l’administration
qui auraient affirmé que les États-Unis pourraient approuver une résolution
du Conseil de sécurité des Nations unies posant les termes pour la formation
d’un Etat palestinien sur la base des lignes de 1967, avec des échanges de
territoires mutuellement convenus.
Les commentaires de Netanyahu étaient suffisants pour renforcer la voix des
critiques qui suggéraient à Washington qu’il a négocié avec mauvaise foi
pendant tout ce temps.
Plutôt que de simplement mettre l’opposition de Netanyahu à une solution à
deux Etats sur le compte de la rhétorique de campagne, le Département d’Etat
déclare que de toute « évidence la position du Premier ministre a changé ».
Dans le même temps, l’administration est encore en phase d’alerte – elle
attend de voir ce qui se passera.
L’administration a aussi indiqué qu’elle n’avait pas encore discuté des
implications de l’élection israélienne avec l’Autorité palestinienne, ce qui
signifie qu’il y a toujours des options ouvertes et que Washington ne s’est
pas encore engagé à soutenir les initiatives palestiniennes sur la scène
internationale.
Toute mesure prise par Netanyahu qui serait considérée comme étant la
poursuite du tournant idéologique véhiculé par sa rhétorique de campagne
déclenchera probablement la mise en place de mesures par les États-Unis qui
iront au-delà de la mise en garde.
Ce qui n’est pas encore clair c’est ce qui se passera si Netanyahu ne fait
tout simplement rien – si, par exemple, il ne lance pas un projet de
construction à Jérusalem-Est, mais ne montre pas non plus un réel intérêt à
reprendre les pourparlers avec les Palestiniens – combien de temps
l’administration va-t-elle attendre ?
La balle est dans le camp de Netanyahu.
Après des années de tension diplomatique et avoir joué avec les limites de
l’hostilité ouverte avec Obama, la crise est là – prégnante.
Mais avec la formation de la coalition en cours et un accord avec l’Iran à
l’horizon, il reste à voir si le Premier ministre a la possibilité, la
capacité ou le désir de reculer du bord du précipice devant lequel il se
tient.
©
Rebecca Shimoni Stoil
– TIMES OF ISRAEL
Triomphe de Netanyahu : une leçon
pour l’UMP
« Bye bye Bibi » titrait, mardi, Libération en prédisant, sur la foi des
sondages et des commentaires unanimes, une raclée pour BENJAMIN NETANYAHU aux
législatives israéliennes. Pas de chance : c’est un triomphe qu’a remporté
hier soir, à l’issue du scrutin, le chef du gouvernement, au pouvoir depuis
2009. Son parti, le Likoud, a attiré 23,26 % des suffrages contre 18,73%
pour la liste menée par le dirigeant travailliste, ISAAC HERZOG. Alors que
la campagne électorale s’était surtout focalisée, dans un premier temps, sur
les QUESTIONS SOCIALES (cherté de la vie, prix des logements, inégalités),
c’est la QUESTION IDENTITAIRE, posée in extremis par Netanyahu, qui a fait
basculer les pronostics initialement en faveur de la gauche et a mobilisé les
électeurs (71,8% de participation). Ces derniers jours, le leader du Likoud
n’a eu de cesse, en effet, de se présenter en seul garant de la sécurité et
de l’avenir d’Israël, menacé dans son existence et son unité par L’ISLAM
RADICAL ET ANTI-JUIF : un thème qui avait été écarté des premiers débats par
une sorte de conformisme pantouflard, également observable en France par
exemple. C’est au prix d’un refus catégorique de se retirer de Cisjordanie,
de céder un pouce de Jérusalem et de créer un État palestinien aux mains des
islamistes que « Bibi » à eu raison de son concurrent, leader il est vrai
sans relief d’une Union Sioniste aux convictions présumées plus molles.
Quelques jours auparavant, il avait été ovationné au Congrès américain par
le camp républicain, pour son discours mettant en garde contre l’Iran des
mollahs et le lent basculement diplomatique de BARACK H. OBAMA en leur
faveur, dans le dossier du nucléaire.
La DROITE FRANÇAISE serait bien inspirée de comprendre le mécanisme de cette
victoire inattendue. A tous ceux qui, à L’UMP, persistent à penser
confortablement que la CRISE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE emporte tout, la campagne
identitaire de Netanyahu démontre l’inverse. Quand, par exemple, LAURENT
WAUQUIEZ déclare ce mercredi, sur RTL, voulant marquer ses « profondes
différences » avec PATRICK BUISSON sur ses thèmes principaux que sont la
sécurité et l’immigration : « Je considère que les sujets sociaux sont un des
problèmes essentiels de la France aujourd’hui parce qu’on a découragé le
travail et qu’on ne fait plus du social mais de l’assistanat », il sousestime le problème existentiel du « mal vivre ensemble » qui est au cœur des
exaspérations populaires. C’est ce sujet, faut-il le répéter ?, qui fait
monter le FN, dont les solutions économiques et sociales ne sont en revanche
pas sérieuses. L’UMP a évidemment raison quand elle dénonce le « massacre
fiscal » des socialistes, quand elle soutient les médecins ou les retraités
en colère. Mais les solutions à ces crises sont à portée de main. Et elles ne
suffiront pas à guérir la grande dépression qui parcourt la société civile.
Le vague à l’âme collectif exige des politiques qu’ils s’emparent notamment
du sujet de la RÉSISTANCE que la république doit apporter à l’islam radical,
ce nouveau totalitarisme. Sans être, en France, aussi menaçant qu’en Israël,
il mérite une fermeté semblable à celle que lui réserve Netanyahu.
© Ivan Rioufol – Le Figaro
Tunis : 19 morts dans l’attaque du
Musée du Bardo, les deux assaillants
tués
Les forces tunisiennes ont libéré mercredi la totalité des otages au musée du
Bardo à Tunis, où une attaque était en cours. L’opération de sauvetage est
terminée, a indiqué une source officielle. 17 touristes font partie des
victimes.
La Tunisie a connu ce mercredi sa pire attaque terroriste depuis 2002. Deux
ou trois hommes armés ont ouvert le feu à la mi-journée sur des touristes
descendant d’un bus en plein Tunis, avant de les poursuivre dans le musée
Bardo, mitoyen de l’assemblée nationale.
17 touristes étrangers et un Tunisien ont été tués. A l’issue de trois heures
de grande confusion, lors desquels des dizaines d’otages ont été évacués du
bâtiment, les forces antiterroristes tunisiennes ont lancé l’assaut, au cours
duquel deux assaillants et un policier ont été tués.
Dieudonné condamné par la 16ème
Chambre correctionnelle de Paris
La Confédération des Juifs de France et Amis
d’Israël se réjouit de la condamnation (deux
mois de prison avec sursis) de Dieudonné par la
16ème Chambre correctionnelle de Paris
La Confédération des Juifs de France et Amis d’Israël se félicite de la
condamnation de Dieudonné à deux mois de prison avec sursis alors que le
parquet avait réclamé
200
jours-amende à 150 euros à l’encontre du
polémiste.
Cette condamnation est la première à une peine de prison avec sursis, et
nous en félicitons, en espérant que cela encouragera le pseudo-comique à
mettre fin à ses envolées antisémites.
Poursuivi pour apologie d’actes de terrorisme et provocation à la haine
envers les juifs, le polémiste Dieudonné M’Bala M’Bala a été condamné,
mercredi 18 mars, à deux mois de prison avec sursis en raison d’un message
posté sur Facebook après les attentats djihadistes qui avaient fait dix-sept
morts au début de janvier en France.
Le parquet avait demandé deux cents jours-amende à 150 euros à l’encontre du
polémiste, soit 30 000 euros d’amende. Une peine de jour-amende implique que
le condamné voit cette peine transformée en emprisonnement s’il ne s’acquitte
pas de la totalité de l’amende. Il encourait jusqu’à sept ans
d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende, les faits présumés ayant été
commis en ligne.
Le 11 janvier, au soir d’une grande marche citoyenne en hommage aux victimes,
le polémiste avait écrit qu’il se sentait « Charlie Coulibaly », détournant
le slogan « Je suis Charlie », en référence à l’un des trois auteurs des
attaques, Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre clients d’un
magasin juif. Ses propos avaient ensuite été retirés de sa page Facebook…
mais trop tard !
Cette condamnation est la conséquence directe de la nouvelle loi du 13
Novembre 2014 qui a extrait le délit d’apologie du terrorisme de la loi de la
presse du 29 juillet 1881 pour en faire un délit du droit pénal général :
l’article 421-2-5 !
Article 421-2-5
Le fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou de faire
publiquement l’apologie de ces actes est puni de cinq ans d’emprisonnement
et de 75 000 € d’amende.
Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 100 000 €
d’amende lorsque les faits ont été commis en utilisant un service de
communication au public en ligne.
Lorsque les faits sont commis par la voie de la presse écrite ou
audiovisuelle ou de la communication au public en ligne, les dispositions
particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce
qui concerne la détermination des personnes responsables.
Condamné à plusieurs reprises pour des propos jugés antisémites, Dieudonné ne
s’est acquitté d’aucune des amendes (pour 65.000 euros au total) auxquelles
il a été condamné. Il est, de ce fait, visé par une enquête préliminaire du
parquet de Paris pour organisation frauduleuse d’insolvabilité, blanchiment
et abus de biens sociaux.
Cette fois ci, les Juges ont décidé de ne pas se contenter d’une simple
amende et sont allés au delà des réquisitions du parquet qui avait requis 200
jours amende à 150 euros, pour affliger directement une peine avec sursis.
La rapidité de la répression pénale et l’efficacité de la sanction montre à
quel point nous avions raison de réclamer cette modification législative.
Il est urgent de faire de même avec la répression du délit de racisme et
d’antisémitisme.
Nous avons obtenu l’assurance tant de Madame Christiane Taubira, Garde des
Sceaux, ainsi que du Premier Ministre, Monsieur Manuel Valls et du Président
de la République que cette mesure serait proposée lors d’un prochain Conseil
des Ministres.
Cette mesure est impérative pour lutter efficacement contre l’antisémitisme
qui pollue notre société.
Demain, Dieudonné devra faire face à une nouvelle décision de justice que
nous espérons aussi dissuasif que celui d’aujourd’hui !
Richard C. ABITBOL
Président
ISRAËL: L’élection est entre les
mains du président Rivlin
Quelques heures avant les résultats, un
champ vaste de possibilité avec un autre
mandat possible de Netanyahu se profile
A 22h, les chaînes télévisées nous donneront une idée de ce que les électeurs
ont fait en ce jour d’élection grâce à leur estimation.
Comme les électeurs israéliens se comportent rarement selon les prédictions
des sondeurs, tout ce qui est prédit dans cet article ne devrait servir que
de base. Si les votes penchent plus dans un sens ou dans l’autre, cet article
servira de base d’analyse pour expliquer ces tendances.
De tous les éléments de preuve que nous avons pu rassembler – c’est-à-dire,
la moyenne des sondages publiés vendredi dernier, le dernier jour où la
publication des sondages était autorisée – une chose est claire : la course
pour le poste de Premier ministre sera presque certainement assez serrée pour
que la décision revienne au président Reuven Rivlin de déterminer qui aura la
première chance de former une coalition.
Les résultats de la moyenne des cinq derniers sondages se présentent ainsi :
Union sioniste, 25 ; Likud, 22; Liste (arabe) unie, 13 ; Yesh Atid, 12 ;
HaBayit HaYehudi, 11 ; Koulanou, 9 ; Shas, 8 ; Yahadout HaTorah, 6 ; Yisrael
Beitenu, 5; Meretz, 5 ; Yahad, 4.
Voici quelques observations relatives aux calculs de coalition :
1) Lundi, Yahadout HaTorah, a publiquement annoncé qu’il ne soutiendrait pas
la candidature du Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de la présentation
des recommandations. Mardi, le jour de l’élection, Koulanou a annoncé la même
chose. Cela signifie que Netanyahu n’a pas la majorité des 61 sièges
nécessaires pour s’assurer qu’il obtiendra du premier coup la chance de
former une coalition. Il aura le soutien sûr du Likud, de HaByit HaYehudi, du
Shas, d’Yisrael Beitenou et de Yahad, ce qui lui fera un total de seulement
50 sièges.
2) Cela ne signifie pas que le dirigeant de l’Union sioniste Isaac Herzog a
le moindre espoir d’obtenir une majorité de 61 sièges dès le départ. Il ne
peut compter que sur l’Union sioniste, Yesh Atid, au plus sur les deux tiers
de la liste arabe unie. (Il est extrêmement improbable que la faction Balad
de la liste, par exemple, recommande Herzog) et le Meretz, pour un total de
50 sièges.
3) Si l’un des deux camps obtient plus de 11 sièges que ce qui est prédit
dans les sondages – le poste de Premier ministre est à eux.
4) Comme il y a peu de chances que cela arrive, aucun candidat n’aura les 61
recommandations nécessaires pour obtenir le rôle de Premier ministre, et la
décision restera entre les mains du Premier ministre.
Les experts (dont celui-ci) ont proposé plus d’une dizaine de scénarios
possibles sur la manière dont pourrait se dérouler les élections. Même si les
électeurs israéliens sont imprévisibles, la course se jouera entre ces deux
scénarios :
1) Un gouvernement dirigé par Netanyahu
2) Un gouvernement d’unité dirigé conjointement, probablement avec
l’instauration d’une rotation, par Herzog et Netanyahu (ou, s’il démissionne,
un autre dirigeant du Likud comme Gilad Erdan).
Un gouvernement dirigé par Herzog est possible, bien sûr, mais cela ne sera
uniquement possible que si son camp monte suffisamment au créneau pour
pousser Rivlin à lui offrir la première chance – un scénario peu probable –
pour lui permettre de concocter une coalition parlementaire stable. Il est
peu probable que ce sursaut arrive.
Par conséquent :
1) Si les résultats définitifs montrent qu’il n’y a seulement qu’un petit
écart entre le Likud et l’Union sioniste, c’est à dire 22 siège pour le Likud
et 24 pour l’Union sioniste, le Likud est susceptible d’obtenir la première
chance de former une coalition. Une coalition dirigée par le Likud avec les
parties ultra-orthodoxes, HaBayit Hayehudi, Koulanou et Yisrael Beitenou aura
une faible majorité. Le parti d’extrême-droite Yahad ajouterait
potentiellement quatre sièges à cette majorité e le Yesh Atid, qui aura du
mal à s’asseoir à la même table que les ultra-orthodoxes mais qui le fera
peut-être pour éviter de rester assis impuissants dans l’opposition,
garantirait une majorité stable.
2) Si l’Union sioniste devance de manière spectaculaire le Likud – avec par
exemple, 27 sièges, et 21 pour le Likoud, ce qui pourrait être entièrement à
la portée de l’Union sioniste au regard des tendances des sondages de
vendredi – Rivlin a déjà laissé entendre, et c’est ce que Netanyahu craint
depuis des mois, qu’il exhortera les deux dirigeants à former un gouvernement
d’unité nationale avec un premier ministre par rotation.
Une telle coalition serait plus facile à construire mathématiquement – le
Likud, l’Union sioniste, Yesh Atid et Koulanou à eux seuls parviendraient à
obtenir une majorité d’environ 68 sièges.
La majorité sera peut-être mathématique mais elle ne le sera pas
politiquement. Netanyahu acceptera-t-il d’être un Premier ministre en
rotation ? Qui prendra le poste en premier ? Si Netanyahu démissionne, comme
certains dirigeants du Likud le prédisent et espèrent, qui serait son
remplaçant ? (il y aura presque certainement être une primaire organisée à la
hâte pour déterminer le nouveau leader, dont le peloton de tête est composé
d’Erdan et de Gideon Saar qui a récemment pris sa retraite) ? L’éventuel
remplaçant acceptera-t-il une telle rotation ?
Ce deuxième scénario a hanté la campagne de Netanyahu, et l’a conduit a
désespérément chassé sur le territoire de HaBayit HaYehudi mardi, en mettant
en garde les électeurs (apparemment sans preuve réelle) que la participation
arabe était en hausse et que l’Union sioniste était dangereusement en avance.
Il est tout à fait possible que Netanyahu sache quelque chose que nous ne
savons pas. La publication des sondages est interdite dans les derniers jours
avant le jour du scrutin, mais rien n’interdire de les conduire.
Netanyahu sait peut-être qu’il est en train de perdre son électorat, ou peut-
être qu’il sait qu’il se place devant mais voit cette campagne désespérée
comme un moyen d’assurer une plus grande place Likud au parlement et donc un
gouvernement plus stable au lendemain du scrutin.
Si l’Union sioniste connait une poussée soudaine, on peut s’attendre à un
gouvernement d’union, ou même, peut-être, à un gouvernement dirigé par
Herzog. Si Likud récupère son retard, le chemin du Likud pour former un
gouvernement sera une tâche facile.
Trois grands facteurs qui pourraient transformer ces calculs : Meretz,
Yisrael Beitenou et Yahad. Tous les trois obtiendront juste quelques dizaines
de milliers de votes et seront à la limite du seuil électoral de 3,25 %.
S’ils tombent en dessous de ce seuil, il faudra retirer quatre ou cinq sièges
des calculs ci-dessus de leurs camps respectifs.
Si Yahad et Yisrael Beitenu tombent tous les deux en dessous du seuil, Herzog
aura à sa portée une coalition de gauche. Si c’est le Meretz qui tombe en
dessous du seuil, le chemin de Herzog vers une coalition travailliste
disparaîtra devant ses yeux – et, peut-être même, son chemin pour former un
gouvernement d’unité.
© Haviv Rettig Gur – TIMES OF ISRAEL
Alain Finkielkraut, l’euthanasie, le
FN et les départementales
L’esprit de l’escalier en vidéo
La semaine dernière, l’Assemblée nationale a adopté la loi sur la fin de vie
qui autorise le recours à une “sédation profonde et continue” jusqu’au décès
des malades en stade terminal. Alain Finkielkraut moque l’illusion moderne
d’une “mort Club Med, sea sex and sun” débarrassée du tragique de
l’existence.
Commentant la stratégie de diabolisation du Front national orchestrée par le
gouvernement en cette campagne départementale, le philosophe estime que “rien
ne profite davantage que ces méthodes de lutte au Rassemblement bleu Marine”.
Comme Elisabeth Badinter, affligée de voir la laïcité préemptée par le FN,
Finkielkraut se désole du triomphe annoncé du Front national, et ne se
“résigne absolument pas à l’idée d’une ascension irrésistible de Marine Le
Pen parce que ce parti est avant tout démagogique”.
FreshAgroMashov 2015 (Israël) : coup
de projecteur sur « Yuval », la
tomate cerise qui aide à lutter
contre le cancer
Le 17 mars 2015 par Israël Science Info desk
A l’occasion du salon international de l’agriculture FreshAgroMashov qui se
tiendra les 23 et 24 juin 2015 à Tel Aviv (Israël), Israël Science Info donne
un coup de chapeau à la tomate cerise Yuval, cultivée au Moshav Shekef. Cette
tomate, qui a un look unique et une saveur du « passé », contient une forte
concentration en lycopène, trois fois plus qu’une tomate ordinaire.
Le lycopène est un antioxydant aux propriétés préventives contre diverses
maladies. Ce composant chimique naturel donne leur couleur rouge aux fruits
et légumes. C’est l’un des nombreux pigments appelés caroténoïdes. Il y en a
dans les pastèques, les pamplemousses roses, les abricots et les goyaves
roses. On le trouve en quantité particulièrement élevée dans les tomates et
les produits à base de tomates. En Amérique du Nord, 85 % du lycopène
alimentaire provient des jus de tomate. Une tasse (240 ml) de jus de tomate
ordinaire fournit environ 23 mg de lycopène.
On peut prendre du lycopène pour tenter de réduire le risque de maladies
cardiaques, pour lutter contre l’athérosclérose ; contre le cancer de la
prostate, du sein, du poumon, de la vessie, des ovaires, du côlon et du
pancréas. Le lycopène est également utilisé pour traiter le papillomavirus,
cause majeure de cancer de l’utérus. Certaines personnes utilisent aussi le
lycopène contre la cataracte et l’asthme.
La société The Farmer LTD qui appartient
à un groupe d’agriculteurs du Moshav
Shekef, s’est fixé pour objectif de
commercialiser ses tomates en direct aux
meilleurs grossistes et supermarchés
d’Israël. The Farmer LTD exporte aussi
des tomates vers plusieurs endroits en
Europe et en Amérique du Nord. Certains
agriculteurs de The Farmer LTD sont au
Moshav Shekef depuis plusieurs
générations. Ils cultivent les raisins,
les tomates, les tomates cerises et les
poivrons en serre, du céleri d’été de grande qualité et, bien sûr, les
étonnantes et savoureuses tomates cerise Yuval au lycopène, commercialisées
exclusivement par The Farmer LTD. Yuval avait déjà été présentée à AgroMashov
en 2013.
Toutes les récoltes sont cultivées dans les champs du Moshav Shekef entre 300
et 400 mètres de hauteur. La société utilise les services de Yossi Huta pour
commercialiser ses produits en exclusivité. Les tomates « Yuval » sont
proposées aujourd’hui par de nombreux chefs prestigieux dans des restaurants
à travers le pays : Dixie (Haim Cohen), Tapas (Jonathan Roshfeld) et Salon
(Eyal Shani).
Ce que PS et UMP ne veulent pas
comprendre
Une déculottée attend le PS, à en croire les sondages sur les départementales
(premier tour, dimanche). Selon une étude Ifop publiée ce lundi dans Le
Figaro, le parti au pouvoir ne récolterait que 19% des intentions de vote,
contre 29% à l’alliance UMP-UDI et 30% au FN. Pour avoir décrit ici, dès
2013, le CRÉPUSCULE DU SOCIALISME (1), cette mort annoncée d’un mouvement
refermé sur lui-même n’est pas une surprise. Entendre, ce matin sur RTL,
NAJAD VALLAUD-BELKACEM (PS) partir à l’assaut du FN avec un sabre en bois en
disant de lui qu’il est « le parti de la haine » illustre la rigidité
intellectuelle et l’intransigeance idéologique qui s’observent dans cette
gauche incapable de comprendre les RESSORTS IDENTITAIRES DU NÉO-POPULISME. La
« haine », comme le « racisme » ou la « discrimination », sont des
accusations qui n’ont pour objectif que de CULPABILISER LA RENAISSANCE DU
SENTIMENT NATIONAL au cœur de la société civile. Or il est vain de vouloir
lutter contre ce mouvement de fond, qui n’est que la réaction vitale d’un
vieux peuple qui n’entend pas s’effacer. Quand BRUNO LE MAIRE (UMP)
reconnaît, ce jour sur ITélé : « On n’a pas été bons pendant des années et
des années. Oui, on n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire baisser
le chômage, pour réindustrialiser le pays, pour avoir des médecins de
proximité dans les départements (…) », il ne mesure pas davantage l’enjeu
culturel qui sera désormais au cœur des élections. Pour avoir déclaré
dernièrement : « Je me battrai contre ceux de ma famille politique qui disent
que la question identitaire est prioritaire », Le Maire, en dépit de ses
autocritiques bien venues, passe à côté de l’essentiel. Car c’est la question
identitaire qui est devenue prioritaire.
Ceux qui voient poindre le déferlement d’une « vague brune » sur l’Europe ou
crient au « fascisme qui vient », se distribuent des médailles de résistants
d’opérette. D’autant que ceux-là s’aveuglent devant le NAZISLAMISME qui est
une réelle menace pour les démocraties : c’est d’ailleurs leur collaboration
passive avec ce totalitarisme qui est le danger. Rien en revanche n’est plus
honorable pour un peuple, malmené par la mondialisation et l’idéologie
multiculturelle, que de vouloir défendre sa nation, son identité, sa langue,
son mode de vie. Voir dans ce réflexe de la xénophobie revient à désespérer,
voire à radicaliser, un électorat préoccupé par son abandon. Comme l’écrit
PIERRE-ANDRÉ TAGUIEFF dans son dernier essai (2) : « Ce qu’on pourrait
appeler L’INSÉCURISATION IDENTITAIRE constitue le principal facteur du vote
néopopuliste en Europe ». Pour lui, « nous assistons depuis plusieurs
décennies à une revanche du nationalisme. Une revanche susceptible de passer
pour une résurrection en ce que la mort ou la fin prochaine du nationalisme
avait été annoncée par la plupart des experts, des professionnel de la
politique, des intellectuels visibles et des vénérables icônes médiatiques
rendant leurs oracles à la demande ». C’est ce BESOIN D’ENRACINEMENT que le
PS rend délictueux, tandis qu’une partie de l’UMP reste aussi baignée par
l’idéologie du MONDIALISME ANTINATIONALISTE ayant fait du déracinement la
norme. Or, comme le remarque Taguieff : « Une démocratie forte (…) n’est
guère compatible avec une société composée d’individus sans attaches,
hypermobiles, insusceptibles d’imaginer et de vouloir un destin commun ».
Laisser le FN répondre seul à cette demande est lui assurer sa victoire.
C’est aussi ouvrir possiblement la voie à un nationalisme excessif.
(1) LE CRÉPUSCULE DU SOCIALISTE, DE L’AUTEUR, EDITION DE PASSY (2013)
(2) LA REVANCHE DU NATIONALISME, NÉOPOPULISTES ET XÉNOPHOBES À L’ASSAUT DE
L’EUROPE, PUF
Zemmour, Ruquier et ONPC
De 2006 à 2011, Eric Zemmour a fait, avec Eric Naulleau, le succès de
l’émission ONPC animée chaque samedi soir par Laurent Ruquier.
Parce qu’il faut être clair. Ce n’est pas le bavardage profus et narcissique
de ce dernier qui, durant ces cinq années, a maintenu devant l’écran de
télévision des gens qui n’avaient pas l’habitude de la regarder ou de veiller
aussi tard.
Ils attendaient la confrontation de l’invité avec Zemmour et Naulleau et, de
fait, ils n’étaient jamais déçus.
Forts de leur intelligence, de leur culture, de leur complémentarité, voire
de leurs contradictions, ces deux personnalités ont fait briller d’un vif
éclat une émission qui, sans elles, n’aurait été que du vulgaire
divertissement promotionnel.
Elles n’abusaient pas de la complaisance, tout en restant courtoises, et, de
surcroît connaissaient les œuvres – livres, films et musique – sur lesquelles
elles allaient questionner.
La décision de les faire partir a été mal comprise mais, le moment de grande
déception passé, on n’avait pas d’autre choix que de se retirer tristement ou
de comparer en souffrant.
Zemmour et Naulleau ont magnifiquement rebondi. Ils ont ajouté à leur présent
le regret dont ils étaient honorés.
Eric Zemmour a publié un très grand livre: Le suicide français, qui est un
triomphe de l’édition et a suscité un immense et passionnant débat.
Outre ce que cette appréciation révèle d’absurde mais Laurent Ruquier est
homme à s’accrocher au wagon du politiquement et socialement correct -,
elle manifeste surtout le faible caractère de cet histrion autosatisfait
qui, avec une lâcheté indécente et une lucidité d’autant plus assurée
qu’elle est rétrospective, vient « cracher » sur Zemmour, après avoir
bénéficié de son aura intellectuelle si remarquablement complice de celle
de Naulleau sur un autre registre.
Sa première prestation médiatique, en sa qualité d’auteur, a été pour Laurent
Ruquier qui, d’ailleurs, s’en est félicité en jugeant naturelle cette
priorité en raison de la durable collaboration de Zemmour avec ONPC.
Aussi, quelle stupéfaction d’entendre Laurent Ruquier, au cours de la soirée
du 14 mars, «regretter» d’avoir permis à Zemmour d’exprimer ses idées durant
cinq ans et ainsi d’avoir facilité la banalisation de celles-ci avec
lesquelles, apparemment, il s’est découvert en désaccord très tardivement!
Cette contrition, de surcroît, a été formulée devant Aymeric Caron et Léa
Salamé, comble d’inélégance.
Ainsi Laurent Ruquier a eu besoin de huit années pour se rendre compte du
caractère prétendument dangereux et choquant des pensées et des
questionnements de Zemmour.
Outre ce que cette appréciation révèle d’absurde – mais Laurent Ruquier est
homme à s’accrocher au wagon du politiquement et socialement correct -, elle
manifeste surtout le faible caractère de cet histrion autosatisfait qui, avec
une lâcheté indécente et une lucidité d’autant plus assurée qu’elle est
rétrospective, vient «cracher» sur Zemmour, après avoir bénéficié de son aura
intellectuelle si remarquablement complice de celle de Naulleau sur un autre
registre.
Je n’ai jamais aimé Laurent Ruquier, d’abord pour ce motif parfaitement
dérisoire, je l’admets, mais agaçant: sa manière de rire, avant tous les
autres, de ses propres plaisanteries pour imposer ses saillies comme il y a
des décrets d’autorité.
Maintenant je sais que j’avais sans doute l’intuition, le pressentiment de
transgressions plus graves, de petites saletés humaines. A l’égard d’Eric
Zemmour, c’est précisément ce qu’il a accompli et qui a confirmé mon approche
négative.
I Télé a rompu le contrat d’Eric Zemmour parce que celui-ci dominait trop son
contradicteur et devenait maître d’un débat sur lequel cette chaîne voulait
garder la main. Mais cette exclusion, aussi controversée qu’elle a été, n’a
pas été hypocrite. Chaque partie peaufinera ses arguments devant le tribunal
de commerce de Paris.
Laurent Ruquier a privilégié le coup de poignard dans le dos d’un absent, un
acte franchement bas qui a dû beaucoup le faire s’esclaffer!
Je ne crois pas qu’Eric Zemmour sera étonné par cette ruade médiocre.
L’opinion longuement mûrie et enfin proférée d’un Laurent Ruquier sur lui
sera sans doute la moindre de ses préoccupations.
Parce que depuis son départ en 2011, il a sa vengeance avec Eric Naulleau.
Assister, sur Paris Première, aux échanges passionnants, libres et
pluralistes qu’ils animent en face de leurs invités – récemment, en face de
Frank Riester et de François Kalfon: un régal – est la plus subtile des
ripostes.
Laurent Ruquier peut bien honteusement se désolidariser d’un homme qui lui a
apporté beaucoup. Quand il n’a plus rien à craindre et qu’il sera applaudi,
avec sa bienséance sur le tard, par une camarilla médiatique prompte à
détester qui la dépasse ou n’est pas assez du sérail.
Laurent Ruquier, avec ses obséquiosités rigolardes, avait bien besoin d’une
contrepartie: regretter en 2015 la présence de Zemmour de 2006 à 2011!
Depuis quelque temps, il nous claironnait qu’il était de gauche. Son esprit
apparemment n’est pas aussi vif qu’on le prétend: il s’est seulement rendu
compte maintenant que Zemmour ne l’était pas.
ONPC va pouvoir poursuivre son train-train. Personne ne viendra plus troubler
le «Ruquier correct».
© Philippe Bilger – Le Figaro