CRI 9 (2015-2016)

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CRI 9 (2015-2016)
C.R.I. N° 9 (2015-2016)
3e session de la 10e législature
PARLEMENT WALLON
SESSION 2015-2016
COMPTE RENDU
INTÉGRAL
Séance plénière*
Mercredi 13 janvier 2016
*Application de l’art. 162 du règlement
SOMMAIRE
Ouverture de la séance......................................................................................................................................................... 1
Absences motivées................................................................................................................................................................ 1
Ordre du jour - Approbation.................................................................................................................................................1
Communications................................................................................................................................................................... 1
Documents - Prises en considération................................................................................................................................... 3
Documents - Dépôt............................................................................................................................................................... 3
Débat sur les exportations d'armes, en application de lʼarticle 70 du règlement
Intervenants : M. le Président, MM. Tzanetatos, Collignon, Mmes Ryckmans, Simonet, MM. Gillot, Puget, Jeholet,
Mme Zrihen, M. Fourny, M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon,.................................................4
Reprise de la séance........................................................................................................................................................... 25
Déclarations d'intérêt régional...........................................................................................................................................26
Déclaration d'intérêt régional de Mme Defrang-Firket, sur « le Consumer Electronics Show de Las Vegas »
Intervenants : M. le Président, Mme Defrang-Firket.................................................................................................... 26
Déclaration d'intérêt régional de Mme Salvi, sur « le dépôt d'une proposition de résolution sur le Thalys wallon »
Intervenants : M. le Président, Mme Salvi....................................................................................................................26
Déclaration d'intérêt régional de Mme Morreale, sur « le maintien du Thalys en Wallonie »
Intervenants : M. le Président, Mme Morreale............................................................................................................. 26
Questions urgentes..............................................................................................................................................................27
Question urgente de M. Crucke à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du
Patrimoine, sur « l'arrivée des supercamions » ;
Question urgente de M. Fourny à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du
Patrimoine, sur « l'expérience-pilote en matière d'écocombis »
Intervenants : M. le Président, MM. Crucke, Fourny, M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de
l'Action sociale et du Patrimoine...................................................................................................................................27
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Question urgente de M. Courard à M. Collin, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des
Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région, sur « les exportations agricoles »
Intervenants : M. le Président, M. Courard, M. Collin, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du
Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région.......................................28
Questions d'actualité.......................................................................................................................................................... 29
Question d'actualité de Mme Zrihen à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du
Numérique, sur « le remboursement d'aides octroyées à Duferco » ;
Question d'actualité de M. Desquesnes à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du
Numérique, sur « le remboursement par Duferco et NLMK des aides régionales jugées illégales »
Intervenants : M. le Président, Mme Zrihen, M. Desquesnes, M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de
l'Innovation et du Numérique........................................................................................................................................29
Question d'actualité de M. Onkelinx à M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de
la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal, sur « le feu vert de l'Europe au rachat de TNT »
Intervenants : M. le Président, M. Onkelinx, M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du
territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal....................................................... 31
Question d'actualité de M. Mouyard à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du
Numérique, sur « l'impact des dernières grèves sur l'économie wallonne »
Intervenants : M. le Président, M. Mouyard, M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et
du Numérique............................................................................................................................................................... 32
Question d'actualité de M. Bouchez à M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon, sur « la création
d'une task force interfédérale de lutte contre le radicalisme »
Intervenants : M. le Président, M. Bouchez, Mme Moucheron, M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement
wallon............................................................................................................................................................................34
Question d'actualité de Mme Gonzalez Moyano à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action
sociale et du Patrimoine, sur « la réforme du permis de conduire »
Intervenants : M. le Président, Mme Gonzalez Moyano, M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de
l'Action sociale et du Patrimoine...................................................................................................................................36
Question d'actualité de M. Collignon à M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon, sur « la
participation des Régions aux journées diplomatiques »
Intervenants : M. le Président, M. Collignon, M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon,
MM. Bouchez, Crucke, Jeholet.....................................................................................................................................37
Question d'actualité de Mme Defrang-Firket à M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de
l'Énergie, sur « la société de logements de Grâce-Hollogne »
Intervenants : M. le Président, Mme Defrang-Firket, M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du
Logement et de l'Énergie...............................................................................................................................................39
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Question d'actualité de Mme De Bue à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du
Patrimoine, sur « la régionalisation des formations scolaires pour la sécurité routière »
Intervenants : M. le Président, Mme De Bue, M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action
sociale et du Patrimoine................................................................................................................................................ 40
Question d'actualité de M. Stoffels à M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la
Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal, sur « la participation des citoyens à la protection de
l'environnement »
Intervenants : M. le Président, M. Stoffels, M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du
territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal .......................................................42
Question d'actualité de Mme Géradon à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du
Patrimoine, sur « la lutte contre les violences féminines »
Intervenants : M. le Président, Mme Géradon, M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action
sociale et du Patrimoine................................................................................................................................................ 43
Question d'actualité de M. Jeholet à M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie,
sur « la possible acquisition de Lampiris par Nethys »
Intervenants : M. le Président, M. Jeholet, M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de
l'Énergie........................................................................................................................................................................ 45
Question d'actualité de M. Drèze à M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification
administrative, sur « l'audit externe du Selor et ses conséquences au niveau des recrutements réalisés par la Wallonie »
Intervenants : M. le Président, M. Drèze, M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la
Simplification administrative........................................................................................................................................ 46
Proposition de résolution concernant la limitation des allocations d'insertion et ses conséquences pour la Wallonie,
déposée par Mme Ryckmans, MM. Hazée, Daele et Henry (Doc. 213 (2014-2015) N° 1 à 3).......................................... 47
Discussion générale
Intervenants : M. le Président, M. Lefebvre, Mme Ryckmans, MM. Hazée, Henquet, Collignon, Legasse, Drèze,
Mme Tillieux, Ministre de l'Emploi et de la Formation............................................................................................... 47
Pétition pour l'application stricte du principe de précaution en ce qui concerne les effets néfastes de l'utilisation de
micro-ondes modulés par impulsions sur la santé de la population (Doc. 355 (2015-2016) N° 1)...................................59
Discussion générale
Intervenants : M. le Président, M. Dermagne, Rapporteur, M. Lecerf, Mme Moucheron, M. Henry, M. Di Antonio,
Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du
Bien-être animal............................................................................................................................................................ 59
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Débat sur le suivi de la résolution du 25 mars 2015 visant à intensifier la lutte contre le dumping social en Région
wallonne, en application de lʼarticle 70 du règlement
Intervenants : M. le Président, M. Puget, M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la
Simplification administrative, MM. Evrard, Sampaoli, Mmes Ryckmans, Simonet....................................................65
Projets de motion déposés en conclusion de l'interpellation de M. Daele à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de
la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine, sur le plan Hôpitaux et ses implications sur la mobilité, par M. Daele
(Doc. 366 (2015-2016) N° 1) et par Mmes Salvi et Kapompole (Doc. 367 (2015-2016) N° 1)
Vote nominatif..................................................................................................................................................................... 79
Proposition de résolution concernant la limitation des allocations d'insertion et ses conséquences pour la Wallonie
(Doc. 213 (2014-2015) N° 1 à 3)
Vote nominatif..................................................................................................................................................................... 79
Conclusions de la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des transports sur la pétition pour
l'application stricte du principe de précaution en ce qui concerne les effets néfastes de l'utilisation de micro-ondes
modulés par impulsions sur la santé de la population, par MM. Henry et Daele (Doc. 355 (2015-2016) N° 1 et 2)
Votes nominatifs.................................................................................................................................................................. 79
Liste des intervenants......................................................................................................................................................... 81
Index des matières.............................................................................................................................................................. 82
Abréviations courantes....................................................................................................................................................... 83
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
SÉANCE PLÉNIÈRE
Présidence de M. Antoine, Président
Le procès-verbal de la dernière séance plénière est déposé sur le bureau.
OUVERTURE DE LA SÉANCE
- La séance est ouverte à 10 heures 3 minutes.
M. le Président. - La séance est ouverte.
Chers collègues, Monsieur le Ministre-Président,
soyez toutes et tous les bienvenus. Vous l'aurez compris,
la séance est ouverte.
ABSENCES MOTIVÉES
M. le Président. - A demandé d'excuser son absence
à la présente séance :
– M. Lenzini, pour raisons de santé.
ORDRE DU JOUR
Approbation
M. le Président.
Mesdames,
Messieurs,
conformément à l'article 28.2 du règlement, la
Conférence des présidents a procédé à l'élaboration de
l'ordre du jour de la présente séance qui vous est soumis
conformément à l’article 67.1.
Ce document vous a été adressé.
J’ai été saisi du dépôt des propositions suivantes :
– la proposition de résolution visant à défendre le
maintien des services de proximité dans les
zones rurales, par MM. Fourny, Desquesnes,
Arens et Mme Vandorpe (Doc. 370 (20152016) N° 1) ;
– la proposition de résolution visant à rendre
facultative la prise en compte des coûts liés au
service de collecte des encombrants par les
ressourceries dans le calcul du coût-vérité, par
MM. Knaepen,
Jeholet,
Mme Durenne,
M. Destrebecq, Mme De Bue et M. Bellot
(Doc. 371 (2015-2016) N° 1) ;
– la proposition de résolution portant sur les
couleurs de l'écharpe d'échevin, par
M. Legasse, Mme Lambelin, M. Lefebvre,
Mme Morreale, MM. Dupont et Imane
(Doc. 372 (2015-2016) N° 1).
1
Je vous propose d’ajouter leur prise en considération
à notre ordre du jour.
Quelqu'un demande-t-il la parole sur l'ordre du jour
ainsi modifié ?
Personne ne la sollicitant, l'ordre du jour ainsi
modifié est adopté.
COMMUNICATIONS
M. le Président. - Chers collègues, la Cour des
comptes m'a transmis le rapport d'audit de suivi relatif
au contrôle de la qualité des travaux d'entretien du
réseau routier et autoroutier de la Région wallonne. Il
sera envoyé à la Commission des travaux publics, de
l'action sociale et de la santé.
Les institutions européennes, de leur côté, m’ont
transmis une proposition de règlement pouvant faire
l’objet d’un avis du Parlement ainsi que trois
consultations.
Divers documents m’ont été adressés :
– le rapport annuel 2014 du fonds Houtman ;
– le rapport d'information concernant l'examen
des possibilités de créer un régime légal de
coparentalité.
Ils ont été envoyés aux commissions concernées.
Le Gouvernement, de son côté, nous a transmis
vingt-cinq arrêtés de reventilation des crédits
budgétaires :
– les arrêtés ministériels portant transfert de
crédits entre les divisions organiques 09, 10,
11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 32, 33 et 34
du budget général des dépenses de la Région
wallonne pour l'année budgétaire 2015 ;
– les arrêtés ministériels portant nouvelle
ventilation des allocations de base des
divisions organiques 02, 12, 13, 14, 15, 16, 17,
et 18 du budget général des dépenses de la
Région
wallonne
pour
l'année
budgétaire 2015 ;
– l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base des programmes 02 et 03
de la division organique 13 du budget général
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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des dépenses de la Région wallonne pour
l'année budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base des programmes 02 et 11
de la division organique 14 du budget général
des dépenses de la Région wallonne pour
l'année budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base du programme 02 de la
division organique 17 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base du programme 02 de la
division organique 02 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base des programmes 11, 12, 13,
14 et 15 de la division organique 17 du budget
général des dépenses de la Région wallonne
pour l'année budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base du programme 03 de la
division organique 18 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base des programmes 03, 12 et
13 de la division organique 15 du budget
général des dépenses de la Région wallonne
pour l'année budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base du programme 21 de la
division organique 16 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base des programmes 11, 12, 13
et 14 de la division organique 17 du budget
général des dépenses de la Région wallonne
pour l'année budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base du programme 23 de la
division organique 18 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base des programmes 03, 04, 11
et 12 de la division organique 15 du budget
général des dépenses de la Région wallonne
pour l'année budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base du programme 11 de la
division organique 13 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base du programme 03 de la
division organique 15 du budget général des
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dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation
des articles de base du programme 12 de la
division organique 17 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant transfert de crédits
entre les programmes 01, 11 et 12 de la
division organique 14 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant transfert de crédits
entre les programmes 02 et 12 des divisions
organiques 13 et 17 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant transfert de crédits
entre les programmes 01 et 07 des divisions
organiques 10 et 15 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant transfert de crédits
entre les programmes 02 et 10 des divisions
organiques 09 et 33 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant transfert de crédits
entre les programmes 01, 02, 03, 04, 09, 11, 21
et 31 des divisions organiques 09, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 32 et 34 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant transfert de crédits
entre les programmes 01 et 14 de la division
organique 17 du budget général des dépenses
de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant transfert de crédits
entre les programmes 02 et 03 de la division
organique 13 du budget général des dépenses
de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant transfert de crédits
entre les programmes 01, 02 et 08 des divisions
organiques 09, 15 et 34 du budget général des
dépenses de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015 ;
l'arrêté ministériel portant transfert de crédits
entre les programmes 03 et 04 de la division
organique 15 du budget général des dépenses
de la Région wallonne pour l'année
budgétaire 2015.
Ces arrêtés seront transmis aux membres de la
Commission du budget et de la fonction publique.
La Cour constitutionnelle m’a fait parvenir trois
notifications d’arrêts :
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
2
–
–
–
la notification de l'arrêt n° 178 du rôle 6056
concernant le recours en annulation partielle de
la loi du 11 février 2014 portant des mesures
diverses visant à améliorer le recouvrement des
peines patrimoniales et des frais de justice en
matière pénale et de la loi du 11 février 2014
portant des mesures diverses visant à améliorer
le recouvrement des peines patrimoniales et
des frais de justice en matière pénale, introduit
par l’« Orde van Vlaamse balies » et
Dominique Matthys ;
la notification de l'arrêt n° 179 du rôle 6058
concernant la question préjudicielle relative à
l’article 2262bis, § 1er, alinéas 1er et 2, du
Code civil, posée par la Cour d’appel de
Mons ;
la notification de l'arrêt n° 180 du rôle 6087
concernant la question préjudicielle concernant
l’article 38, § 3, du décret de la Région
wallonne
du
12 avril 2001
relatif
à
l’organisation du marché régional de
l’électricité, tel qu’il a été remplacé par
l’article 13 du décret du 4 octobre 2007, posée
par le Conseil d'État.
La liste reprenant les documents, les arrêtés de
reventilation des crédits budgétaires et les notifications
d’arrêts de la Cour constitutionnelle a été adressée aux
membres.
Tous les documents cités sont à la disposition des
parlementaires qui émettraient le souhait d’en prendre
connaissance.
DOCUMENTS
Prises en considération
M. le Président. - L'ordre du jour, chers collègues,
en application de l'article 126 du règlement, appelle le
Parlement à se prononcer sur la prise en considération
des propositions suivantes :
– la proposition de résolution déposée par
MM. Fourny,
Desquesnes,
Arens
et
Mme Vandorpe (Doc. 370 (2015-2016) N° 1) ;
– la proposition de résolution déposée par
MM. Knaepen,
Jeholet,
Mme Durenne,
M. Destrebecq, Mme De Bue et M. Bellot
(Doc. 371 (2015-2016) N° 1) ;
– et enfin, la proposition de résolution déposée
par M. Legasse, Mme Lambelin, M. Lefebvre,
Mme Morreale, MM. Dupont et Imane
(Doc. 372 (2015-2016) N° 1).
Elles ont été imprimées et distribuées.
Quelqu'un demande-t-il la parole sur leur prise en
considération ?
3
Personne ne demandant la parole, les propositions
sont prises en considération. Pour la discipline de nos
travaux, la proposition n° 370 sera envoyée à la
Commission de l'agriculture et du tourisme, la
proposition n° 371 à la Commission de l'environnement,
de l'aménagement du territoire et des transports et la
proposition n° 372 à la Commission des pouvoirs
locaux, du logement et de l'énergie.
DOCUMENTS
Dépôt
M. le Président. - La liste des projets de décret
adressés au Parlement par le Gouvernement et des
rapports de commission a été adressée aux membres :
– le projet de décret insérant dans le Code wallon
de l'Action sociale et de la Santé des
dispositions relatives aux centres de
coordination des soins et de l'aide à domicile
(Doc. 368 (2015-2016) N° 1) ; il a été envoyé à
la Commission des travaux publics, de l’action
sociale et de la santé, imprimé et distribué ;
– le projet de décret modifiant le Livre II du
Code de l'Environnement contenant le Code de
l'Eau en vue de déclarer les secteurs publics
issus du domaine de l'eau comme étant des
services
d'intérêt
économique
général
(Doc. 369 (2015-2016) N° 1) ; il a été envoyé à
la Commission de l’environnement, de
l’aménagement du territoire et des transports,
imprimé et distribué ;
– le rapport présenté au nom de la Commission
des affaires générales et des relations
internationales par Mme Zrihen sur la politique
de relations internationales de la Région.
Présentation de la note de politique
internationale de la Région par M. Magnette,
Ministre-Président du Gouvernement wallon.
Audition de :
M. Monceau, Haut-Représentant de WBI à
Genève pour les droits fondamentaux, la
société de l'information et l'économie
numérique ;
Mme Delcomminette,
Administratrice
générale de WBI et de l'AWEx. Il a été
imprimé et distribué sous le n° 358 (20152016) N° 1 ;
– le rapport présenté au nom de la Commission
spéciale relative au renouveau démocratique
par Mme Morreale et M. Dermagne sur la
démocratie citoyenne et participative en ses
aspects généraux et en ses aspects juridiques.
Audition de :
M. Schoune, Secrétaire général d'InterEnvironnement Wallonie ;
M. Derenne, Directeur exécutif de la
Fondation pour les générations futures ;
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
M. Pilet, Professeur de sciences politiques à
l'Université libre de Bruxelles ;
M. Reuchamps, Professeur de sciences
politiques à l'Institut de sciences politiques
Louvain-Europe (SPOLE) ;
M. Tulkens,
Professeur
en
droit
constitutionnel aux Facultés universitaires
Saint-Louis ;
Mme Bourgaux, Professeur à la Faculté de
droit de l'Université libre de Bruxelles ;
M. Verdussen, Professeur à la Faculté de
droit de l'Université catholique de Louvain ;
M. Uyttendaele, Professeur à la Faculté de
droit de l'Université libre de Bruxelles.
Il a été imprimé et distribué sous le n° 365
(2015-2016) N° 1.
Son contenu sera reproduit in extenso dans le
compte rendu.
d'armes au départ de la Région wallonne et de toutes ces
circonstances qui s'accrochent à l'actualité.
C'est un dossier sensible parce qu'il est sous le feu
des projecteurs. Aujourd'hui, tout le monde y va de son
appréciation de la situation. C'est surtout un dossier que
je qualifie de sensible au regard de son sujet et de la
matière exportée. On ne parle pas de nos produits
wallons, de la bière, du fromage et j'en passe. On parle
d'armes, tous types d'armes, pas seulement les armes de
poing. On parle d'explosifs, de matériel informatique, et
bien plus encore.
C'est un dossier sensible également au niveau
éthique de par l'actualité. Nul ne peut dire aujourd'hui
que le terrorisme n'a pas frappé à nos portes. On en
parlait encore ce matin dans notre Ville de Charleroi,
Monsieur le Ministre-Président, puisque certains
terroristes y seraient passés.
Voilà ce qui clôture les communications de service,
qui va nous mettre en jambes pour l'ordre du jour de ce
matin, qui – rappelez-vous, appelle le débat.
C'est un dossier sensible au niveau de l'éthique eu
égard au décret qui est applicable en la matière. Comme
je me plais à le répéter, je suis un légaliste et, le décret,
ce sont les différentes règles qui doivent s'appliquer en
la matière, on ne peut y déroger.
DÉBAT SUR LES EXPORTATIONS D'ARMES, EN
APPLICATION DE LʼARTICLE 70 DU
RÈGLEMENT
Enfin, c'est un dossier sensible au niveau éthique de
par les pays importateurs de nos armes wallonnes, plus
spécifiquement le pays qui est mis en avant, peut-être de
manière malheureuse, l'Arabie saoudite.
M. le Président. - L’ordre du jour appelle le débat
sur les exportations d'armes, en application de
lʼarticle 70 du règlement.
Nous avons, à la Conférence des présidents –
rappelez-vous – convenu du temps de parole suivant :
– pour le MR, 20 minutes ;
– PS, 15 ;
– Ecolo, 8 ;
– cdH, 15 ;
– PTB-GO !, 5 ;
– et indépendant, 3.
Bien sûr, c'est une indication du temps de parole,
mais si vous pouviez, autant que faire se peut, le
respecter, nous pourrions mieux dialoguer. Le ministreprésident disposera de 30 minutes pour réagir à
l'ensemble des questions et des suggestions qui lui sont
développées.
Ont sollicité la prise de parole – je le donne dans
l'ordre : M. Tzanetatos qui ouvrira le bal de ces
discussions, M. Collignon, Mmes Ryckmans, Simonet,
MM. Gillot et Puget. Nous clôturerons par M. Jeholet,
Mme Zrihen et M. Fourny.
La parole est à M. Tzanetatos.
M. Tzanetatos (MR). - Monsieur le MinistrePrésident, c'est un dossier ô combien important que
nous avons à traiter ce jour, puisqu'il s'agit des ventes
C'est également un dossier sensible parce que, d'un
point de vue économique et social, l'exportation d'armes
et de tous types d'armes représente un montant
important pour notre économie wallonne, mais
également pour nos emplois wallons.
Enfin, c'est mon président de groupe qui abordera la
question, également à la une de certains quotidiens, c'est
la question de la privatisation d'une de nos entreprises
wallonnes, la FN Herstal pour ne pas la citer.
Au niveau éthique, le pays pointé du doigt est
l'Arabie saoudite. D'aucuns s'accordent pour souligner
son caractère schizophrénique, parce que l'Arabie
saoudite est à la fois alliée dans la lutte contre Daesh et
participe aux différents bombardements de la coalition,
mais elle est également pointée du doigt dans sa
collaboration avec Daesh dans sa guerre avec Sunnites
et Chiites à l'égard de l'Iran et plus spécifiquement au
Yémen.
L'Arabie saoudite est un pays qui représente un peu
plus de 3,6 milliards d'euros d'exportation pour
l'année 2014. On sait que le chiffre est un peu gonflé par
le caractère exceptionnel du contrat de CMI qui
représente 3,2 milliards d'euros, mais en moyenne, on
est à 4,5 millions d'euros par an pour ce pays.
On ne doit pas forcément différencier l'économie de
l'éthique, les deux vont de pair et les deux doivent aller
de pair. La règle en la matière, c'est notre fameux décret
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de 2012. Certains ont qualifié ce décret de trop sévère à
l'époque. Peut-être que la position pourrait être revue au
regard de l'actualité. On ne connaissait pas cette montée
du terrorisme en 2012, aujourd'hui elle est bien présente
et personne ne peut dire le contraire.
Ces règles présentes dans notre décret, qui est la loi
applicable en matière des licences d'exportation, ne font,
grosso modo, que retranscrire les différents critères qui
font partie de la position commune au niveau de l'Union
européenne.
C'est au regard de ces différents critères que vous
avez la main pour octroyer ou non ces licences
d'exportation. On parle de la Wallonie et d'éventuels
conflits d'intérêts – ce qui sera abordé par après par
M. Jeholet –, mais c'est la Wallonie qui est peut-être
ciblée au sens trop large, parce que c'est M. le MinistrePrésident qui a la main en matière des licences
d'exportation.
On le sait, la procédure prévoit que c'est soit
l'administration pour les dossiers dits simples qui donne
son accord et c'est un accord après vérification des
normes administratives. Pour les dossiers dits sensibles,
vous avez un avis de WBI et pour les dossiers dits très
sensibles, vous avez une commission d'avis qui vous
dresse, au regard de ces mêmes critères vantés dans le
décret et des critères européens, la ligne de conduite à
suivre en matière de licence d'exportation.
Au final, tout vous revient à vous, Monsieur le
Ministre-Président, puisque vous êtes le seul maître en
la matière. C'est d'ailleurs un peu regrettable, parce que
nous avons une Sous-commission armes qui arrive,
comme je me plais à le dire, comme les carabiniers
d'Offenbach. Pourquoi ? Parce que nous avons, en
septembre 2015, analysé le rapport de 2014, plus d'un
an et demi après. Nous avons, au cours de chaque
année, à analyser des rapports confidentiels qui sont des
rapports semestriels.
On arrive beaucoup trop tard pour émettre un avis, à
tout le moins des critiques. Les dés sont déjà jetés, les
décisions sont déjà prises et vu le délai, je peux déjà dire
que les contrats sont déjà exécutés.
Un dossier éthique, encore, comme je vous le disais,
par rapport à ce même pays qu'est l'Arabie saoudite. La
position à adopter par rapport à ce pays varie en
fonction des groupes politiques, en fonction des
sensibilités et même en fonction des ONG qui prennent
la parole pour défendre le sujet.
M. le Ministre Reynders, je pense, a eu l'expression
la plus fiable et la plus judicieuse en la matière. Que
vous dit-il ? Il vous dit : « On n'a rien à gagner en
rompant les relations diplomatiques avec l'Arabie
saoudite ». À partir du moment où un pays, même s'il
est critiquable sous certains aspects, est un partenaire, il
faut le garder à la table des discussions, parce que se
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tourner le dos, cela vaut pour les relations
diplomatiques, pour l'amitié, dans un couple, se tourner
le dos et partir chacun de son côté, cela n'arrange jamais
rien et l'on reste avec ses positions braquées.
Il faut, au regard de vos critères – que vous devez
appliquer – entamer un dialogue concret. Votre décret
vous offre les armes pour avoir un dialogue concret et, à
tout le moins, les garanties vers les pays importateurs.
Quand je dis « vous offre des possibilités et des armes »,
j'entends notamment le certificat de destination finale.
On peut entamer un dialogue serein sur l'utilisation qui
sera faite des armes wallonnes en veillant à respecter ce
certificat de destination finale, ce qui n'est pas encore
utilisé dans votre chef.
Voilà, grosso modo, ce que j'avais à vous dire.
Ce que je reproche à ce décret de 2012 – parce
qu'une de mes questions et j'espère que vous y
répondrez, c'est : quelle est votre position par rapport à
ce décret de 2012 ? – c'est son manque de transparence
et, plus encore, le manque de transparence n'est pas
soulevé uniquement par mon parti, il est soulevé par la
Cour constitutionnelle qui, en 2013, a émis une
décision, qui pointe une violation de la Constitution à
l'égard de deux articles : l'article 19 et l'article 21.
Les décisions d'octroi de licences d'exportation
doivent être rendues publiques. Peu importe le caractère
dangereux ou délicat des informations qu'elles
contiennent, vous avez encore la possibilité
administrative et juridique de pouvoir vous retrancher
sur un caractère secret, mais à tout le moins, on doit
partir du postulat que ces licences d'exportation doivent
être connues, même de votre Sous-commission armes.
Deuxième point, les avis qui vous sont rendus par
cette Commission d'avis, ce sont des actes
administratifs. Or, le décret dit totalement l'inverse et,
par conséquent, n'étant pas considérés comme des actes
administratifs, ils peuvent être confidentiels. La Cour
constitutionnelle vous dit que c'est illégal et que ces avis
doivent être communiqués parce qu'il s'agit bien d'un
acte administratif.
Je vous l'ai dit, c'est un arrêt qui date de 2013, cela
va bientôt faire trois ans. Vous auriez pu me dire qu'en
2013, vous n'étiez pas ministre-président, mais étant
ministre-président depuis un an et demi, vous avez votre
part de responsabilité sur ces trois ans. J'attends donc
une position claire par rapport à ce décret.
Enfin, je vous dirai, Monsieur le Ministre-Président,
bien avoir égard au caractère sensible au niveau de
l'économie. Cela représente plusieurs milliards d'euros
pour l'économie wallonne, cela représente des milliers
d'emplois et il est évident que la Région wallonne doit
avoir égard à ces deux critères qui seront également
abordés par mon chef de file dans toutes ces prises de
décision. Toutefois, la loi est la loi et en tant que bon
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légaliste que je suis et que je suis certain que vous êtes,
vous devez la respecter.
M. le Président. - La parole est à M. Collignon.
M. Collignon (PS). - Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre-Président, Monsieur le Viceprésident, Mesdames, Messieurs, chers collègues, c'est
évidemment un débat important où effectivement, au
cours de la semaine, on a eu différentes positions
variées et au sein même des formations politiques. C'est
dire si le débat est ouvert.
En préambule, je souhaiterais poser deux idées.
La première, c'est un débat qui est important, mais
un débat qui doit trouver le difficile équilibre entre
l'éthique, les intangibles respects des droits de l'homme
devant lesquels nous ne pouvons pas reculer et
l'importance économique que revêt le dossier.
La FN emploie 2 600 personnes, un chiffre d'affaires
extrêmement important. On vient encore de donner un
dividende de 10 millions d'euros à la Région wallonne
avec un chiffre d'affaires consolidé à 678 millions
d'euros, avec une perspective de croissance de 23 %.
C'est dire tout de même l'enjeu du défi.
Je voudrais aussi m'adresser à ceux qui, de l'autre
côté – je parle du nord du pays – il n'y a pas en Belgique
une vision où, d'un côté, on aurait tout compris, où l'on
serait parfaitement éthique, et un petit village reculé au
sud où l'éthique n'aurait pas traversé nos esprits. Je
pense que ce sont des vues de l'esprit. C'est un débat
extrêmement hypocrite que de réserver ce débat
uniquement aux ventes d'armes.
Les différentes questions que je poserai, je vais les
aborder et y apporter peut-être ma sensibilité.
Le premier débat qui se pose, c'est de savoir si, en
Wallonie, on doit continuer à vendre des armes. C'est la
première des questions. Je pense que le débat s'est fait
lorsque l'on a discuté le précédent décret, que ce décret
est extrêmement restrictif, qu'il est même un des plus
restrictifs d'Europe et que, d'autre part, cette législation,
si elle doit évoluer, il faut que la musique aille partout
en même temps en Europe. Sinon, nous serions les
dindons de la farce puisque d'autres pays, d'autres sousrégions continueraient à exporter les armes et cela ne
changerait rien au problème. Donc, un, je pense que ce
débat doit avoir lieu au niveau européen.
Deuxièmement, doit-on continuer à vendre des
armes à l'Arabie saoudite ? C'est effectivement la lourde
responsabilité que fixe ce décret au ministre-président et
donc, dans l'examen, au cas par cas des licences qui lui
sont soumises.
De ce point de vue, aujourd'hui, la législation a été
parfaitement respectée puisque les feux étaient au vert,
si je puis m'exprimer ainsi. Par rapport aux différents
renseignements donnés par le ministre des Affaires
étrangères, l'Arabie saoudite ne figure pas parmi les
pays déclarés sur liste rouge. D'autre part, elle fait partie
également de la coalition contre Daesh. Quand j'entends
les expressions des uns et des autres, on se refuse à
s'orienter – je viens encore d'entendre le représentant du
MR – vers un embargo commercial.
Si j'ai bien entendu les choses, si j'ai bien lu
M. Peeters, si j'ai bien retenu les déclarations du
ministre des Affaires étrangères, c'est ce que j'en retiens.
Dès lors, c'est la question qui se pose par rapport aux
informations particulières que le ministre-président
aurait.
Troisième élément, c'est de se dire : doit-on limiter
ce débat aux ventes d'armes ? Ou par le fait de
commercer avec des États de ce type, ne soutient-on pas
également le régime ? Il n'y a pas que les armes, d'une
part, les armes de poing, il y a tous les composants. On
sait que c'est au nord du pays que l'on fournit ces
composants. Il y a aussi d'autres relations commerciales,
lorsque l'on achète du pétrole qui va directement chez
Daesh, doit-on continuer à vendre du pétrole ?
Lorsque l'Arabie saoudite, Anvers, va investir des
montants de l'ordre de 3,7 milliards d'euros, doit-on
accepter cet investissement ? Par là, ne soutient-on pas
ce type de régime ? Limiter le débat aux ventes d'armes
est extrêmement hypocrite, réducteur, et ne préjudicie
qu'une seule partie du pays, la nôtre. Il faut faire face à
ses responsabilités, mais il faut prendre le problème
dans sa globalité.
Reste alors la question de savoir s'il faut
« privatiser » – je n'aime pas cette expression – vendre
des parts de la FN. C'est une question qui peut se poser.
Je dois d'abord répondre par une prémisse, c'est de dire
que mon parti pense – à titre personnel, je n'ai pas de
position dogmatique sur ce sujet – qu'il n'est pas
nécessairement du rôle de l'État de se maintenir dans
des entreprises.
Ceci étant, poser la question, c'est aussi poser la
question du moment. Personnellement, je ne connais pas
beaucoup d'entreprises qui se mettent sur le marché et
sollicitent un repreneur lorsque l'on critique une part de
leurs contrats, une part de leurs valeur faciale. Par
ailleurs, j'ai rappelé les différents chiffres, l'entreprise se
porte bien, elle est en croissance, elle rentre des
dividendes à la Région wallonne. À titre personnel, je
pense que ce débat vient à un très mauvais moment ; ces
types de débat ne se font pas sur la place publique.
Faut-il, dans cette optique, vendre une partie des
parts et conserver, comme M. Jeholet le suggérait, 25 %
des parts pour avoir un peu de contrôle ? À titre
personnel, sur le plan de l'argument du fait de dire que
la Région wallonne n'ayant plus l'ensemble des parts ne
se trouverait plus dans une position contrôleur et
contrôlé, je pense que cela ne tient pas à l'examen. Que
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vous ayez 25 % des parts ou 100 % des parts, vous avez
toujours un intérêt. Je ne pense pas que de ce point de
vue, cette proposition résiste à l'analyse.
Faut-il, dès lors, reprendre également l'argument
selon lequel, lorsque la puissance publique est investie
dans ce type de mission, elle est plus regardante ? C'est
une réalité, elle est plus regardante à l'éthique qu'une
société privée.
Ce qui me fait dire que lorsque l'on voit la balance
d'intérêt, l'examen des conditions des délivrances de
contrats, c'est au cas par cas, en fonction des
informations qui sont fournies par l'État fédéral, en
fonction aussi d'une aptitude internationale parce que, je
le répète, limiter ce débat aux ventes d'armes est
hypocrite. Si vous continuez à commercer avec ce type
de pays et que vous limitez uniquement le débat, stricto
sensu, aux ventes d'armes de poing, vous n'avez fait
qu'une partie du chemin, vous vous êtes donné bonne
conscience et vous aurez fait perdre tout un pan
économique, un secteur économique important en
région liégeoise qui a déjà beaucoup souffert par le
passé. C'est en tout cas la position, qu'à titre personnel,
je défends.
Pour ne pas être trop long et pour laisser un peu de
temps à ma collègue, voici les éléments d'analyse du
dossier que je souhaitais soumettre à M. le MinistrePrésident en résumant mes questions. S'oriente-t-on vers
une révision du décret ?
Quelle est son attitude par rapport aux délivrances
de licences d'armes par rapport au pays concerné, à
savoir l'Arabie saoudite ?
Avez-vous des informations particulières quant à un
embargo international, relativement à ladite Arabie
saoudite ?
Quelle est la position relativement à l'actionnariat de
la FN Herstal ?
Voici mes questions résumées dans cet important
débat, merci de votre attention.
M. le Président. - La parole est à Mme Ryckmans
qui dispose d'environ huit minutes pour le groupe Écolo.
Mme Ryckmans (Ecolo). - Monsieur le MinistrePrésident, chers collègues, ce débat revient au
Parlement à cause de l'actualité, et c'est surtout cela qui
importe aujourd'hui. Il est à la croisée des enjeux
éthiques de l'emploi, mais aussi de la sécurité.
La situation devient de plus en plus grave dans le
Moyen-Orient. Une série d'éléments d'actualité pose
aujourd'hui la question des livraisons d'armes wallonnes
à l'Arabie saoudite. Ce sont tout d'abord les
interventions saoudiennes de répression au Yémen,
entamées avec l'opération « tempête décisive » qui a
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débuté le 26 mars 2015, suite à une demande du
Président yéménite Hadi.
Ces interventions prennent cadre dans un contexte
instable issu du printemps arabe qui a aussi secoué le
Yémen. Des milliers de frappes ont été menées sans
discrimination, parfois sur des cibles civiles, entraînant
des soupçons de crimes de guerre. Elles ont provoqué
des centaines de morts et la destruction d'infrastructures
civiles comme des centres de soins, des écoles, des
usines, des centrales électriques, des ponts et des routes.
Ce sont aussi les tensions de plus en plus vives entre
l'Arabie saoudite et l'Iran chiite qui rend la région
proprement explosive et l'évolution totalement
imprévisible, sans qu'aucun scénario ne puisse être
exclu, d'autant que ces tensions s'aggravent avec, en
toile de fond, l'expansion de l'organisation Daesh et ses
multiples influences, Daesh et ses répercussions jusque
dans notre pays, sans compter le rôle de certains
responsables saoudiens dans le financement du
terrorisme international, pour reprendre les termes d'une
résolution adoptée par la Chambre il y a quelques mois.
Ce sont encore – et ce contexte n'est pas sans lien –
les exécutions opérées par Riyad qui se multiplient.
L'exécution récente de 47 personnes en une seule
journée, dont le chef de religion chiite Nimr Baqr alNimr figure dans la contestation contre les régimes
saoudiens, a, du reste, provoqué une nouvelle onde de
choc dans le monde.
Tous ces éléments sont à même de déstabiliser
fortement la région. Or, ce pays reste, étrangement,
considéré comme stable par la diplomatie wallonne,
alors que tous les signes sont là pour illustrer une
évolution indéniable du régime depuis un an, depuis
l'accession au trône du roi Salman.
Ce pays est considéré par d'aucuns comme un allié
dans la lutte contre Daesh alors que ses ressources
alimentent un islamisme radical qui est en passe
d'embraser le monde. Ce pays dit stable, dit allié, est
régulièrement évoqué pour sa négation des droits
humains, sa négation des libertés fondamentales telle la
liberté d'expression et le cas emblématique de Raif
Badawi illustre le raidissement du régime, sa négation
du droit des femmes.
Ce pays dit stable et allié s'est sinistrement distingué
par son intervention militaire dans la répression des
forces de position au Yémen et par les exécutions
massives d'opposants chiites le 3 janvier dernier.
Tout ceci justifie largement que le ministre-président
se penche sur la situation, que le Gouvernement wallon
réexamine sa position et qu'il agisse, par ailleurs, avec
les responsables des autres pays européens pour faire
pression sur le régime.
Non, Monsieur Magnette, vous ne pouvez pas faire
comme si rien ne se passait. Vous ne pouvez pas
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minimiser les montants des contrats de la FN avec
l'Arabie saoudite comme vous avez tenté de le faire, car
le débat n'est pas là. Vous ne pouvez pas, surtout, vous
tenir à une position que les faits d'actualité vous
obligent à réexaminer.
concertation européenne ? Selon le ministre fédéral des
Affaires étrangères, la dernière concertation belge
organisée par les Affaires étrangères a eu lieu en
avril 2015. La concertation est-elle prévue ? Sinon,
l'avez-vous demandée ?
Il est clair aujourd'hui que plusieurs des huit critères
de la position commune de l'Union européenne ne sont
plus du tout respectés concernant ce pays. Il y a d'abord
le critère du respect des droits humains dans le pays de
destination finale. Vous aviez vous-même répondu il y a
peu que l'Arabie est un pays stable entouré de pays
instables et que, à ce titre, il n'y avait pas de raison de
suspendre les contrats d'armement, bien que la question
du respect des droits humains soit posée.
Deuxième volet : le volet européen. Le groupe
d'exportation d'armes conventionnelles, le COARM,
doit se réunir dans quelques jours, le 20 janvier. Quelle
sera votre position lors de ce COARM ? Quelle position
la Wallonie va-t-elle défendre à l'égard de ce pays et de
l'évolution qu'il connaît ? En son sein d'une part et dans
son rapport, on l'a dit, avec ses voisins d'autre part,
essentiellement, le Yémen et l'Iran.
Cette situation se dégrade manifestement. Nous
avons déjà évoqué le cas de Raif Badawi, ce blogueur
condamné à la torture comme d'autres prisonniers
politiques, prisonniers d'opinion, pour ses propos sur la
toile. Nous ne pensons pas que ces exécutions
croissantes après des simulacres de procès relèvent des
affaires intérieures de l'Arabie saoudite.
Il y a ensuite le critère de la préservation de la paix,
de la sécurité et de la stabilité régionale. Il y a enfin le
critère du respect par le pays acheteur du droit
international, y compris le droit en temps de guerre et le
droit humanitaire.
Monsieur Magnette, le droit européen et le décret
wallon vous imposent de respecter ces critères et
l'évolution de la situation devrait amener à un réexamen
de la position wallonne d'exportation d'armes à l'Arabie
saoudite.
Mon interpellation va porter sur trois volets, en nous
situant à partir de trois points de vue différents :
– le droit ;
– l'éthique ;
– l'économie.
Ces trois points de vue doivent mieux s'aligner afin
de gagner en cohérence. C'est cette cohérence accrue
entre droits humains et commerce qui va fonder la
légitimité des choix de la Wallonie à vendre ou non des
armes et surtout à qui.
Premier volet : le volet belgo-belge. Les Affaires
étrangères vous ont écrit, Monsieur Magnette, pour
attirer votre attention sur les relations entre la Belgique
et l'Arabie saoudite. La Flandre a refusé une licence
d'exportation. Des ministres fédéraux se sont exprimés
sur nos relations avec ce pays. N'est-il pas nécessaire de
proposer une nouvelle concertation belge ? N'y a-t-il pas
urgence de l'organiser ?
Vous aviez évoqué l'initiative d'un tour de table
concernant l'Arabie saoudite le 12 novembre dernier.
Qui était associé à cette réflexion et sur quoi portaitelle ? S'agissait-il d'une concertation fédérale ou d'une
Selon le ministre fédéral des Affaires étrangères,
répondant à une question de mon collègue, Benoit
Hellings, au Fédéral, c'est la Belgique qui a ouvert deux
fois au COARM une discussion sur l'Arabie saoudite
comme pays de destination. Dans quel sens ? Vous
n'avez pas souhaité vous exprimer en commission sur la
position des autres États européens, comme, par
exemple, sur les positions adoptées par la Suède et par
l'Allemagne.
En Angleterre également, des voix s'élèvent pour
demander au Gouvernement de suspendre les licences.
Elles dénoncent le risque clair que l'équipement
militaire soit utilisé en violation du droit humanitaire
international.
Vous avez refusé jusqu'ici de vous exprimer sur ces
positions. Pourtant, elles ont dû vous être
communiquées. Nous renouvelons nos questions à ce
sujet. Comment les différents États européens analysentils l'évolution de la situation ? Ont-ils suspendu l'octroi
de licences ? Dans ce cas, qu'en faites-vous ? Votre
position peut-elle rester celle du maintien de l'octroi des
licences au prétexte qu'elles ne sont pas très élevées ou
que d'autres pourraient les livrer ? À quoi bon un cadre
juridique commun s'il n'y a pas de stratégie concertée ?
Nous vous invitons à être proactif et vous
demandons clairement de prendre l'initiative d'une
concertation européenne passant par la suspension des
livraisons d'armes. Vous le savez et au contraire de ce
que vous avez toujours voulu faire croire, si le cadre
juridique est européen, son application est nationale. Ce
n'est pas l'Europe qui peut décider quoi que ce soit.
La décision d'octroi des licences est de
responsabilité nationale et, en Belgique donc, régionale.
Le troisième volet, c'est le volet wallon.
Il y a, d'une part, ce qui concerne la mise en œuvre
du décret de 2012. Sur le papier, il s'agit a priori d'un
texte très exigeant et c'est heureux. Il reprend
exactement les critères du COARM. C'est sous la
pression des écologistes qu'il en a été ainsi, malgré
l'opposition du MR à l'époque. Nous sommes heureux
de constater que les syndicats s'y réfèrent aujourd'hui.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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Dans son application, sa mise en œuvre appelle
manifestement des interprétations. Là, plusieurs
questions se posent.
Première question, la signature que vous donnez et
que vous donnez seul, Monsieur le Ministre-Président,
pour des licences d'exportation, doit se baser exactement
sur les mêmes critères que ceux de la position
commune. Qu'en pensez-vous ? Les critères sont-ils
respectés ? Nous estimons aujourd'hui que non.
Monsieur le Ministre-Président, le droit européen et
le décret wallon vous imposent de respecter ces critères
et doivent vous amener à suspendre ces exportations à
destination de l'Arabie saoudite.
Deuxième question, le décret n'est pas non plus
respecté concernant l'utilisateur final des armes
concernées par les licences d'exportation vers le Canada.
Vous avez rappelé en décembre que l'utilisateur final des
armes est authentifié par les postes diplomatiques
belges. Vous ne m'avez pas répondu quand je vous ai
interrogé sur la destination finale. On le sait maintenant,
il apparaît que l'utilisateur des tourelles de chars CMI,
c'est bien l'Arabie saoudite. Quelle utilisation ne risquet-il pas d'en être faite ? Avez-vous eu des échanges avec
le ministre canadien des Affaires étrangères concernant
les apaisements qu'il aurait reçus de l'Arabie saoudite
quant à l'utilisation non problématique des chars qui
seront livrés ?
Surtout, tant la position commune que le décret
wallon imposent d'indiquer le destinataire final dans la
licence d'exportation. Ne pas le mentionner est contraire
à la réglementation. Comment expliquez-vous cette
absence de la mention Arabie saoudite ?
M. le Président. - Madame Ryckmans, puis-je vous
inviter à conclure ?
Mme Ryckmans (Ecolo). - Il me reste deux
questions. Je vais conclure par les propositions que nous
faisons ; deux questions sur la nécessaire transparence,
notamment sur l'utilisateur final. Cela devrait être
mentionné dans le rapport public qui est le rapport
annuel.
Quatrième question, déjà évoquée, c'est l'adoption
des deux arrêtés prévus dans le décret, qui se font
toujours attendre. L'absence de ces deux arrêtés
n'empêche pas d'appliquer le décret, mais ces arrêtés
restent à adopter. Nous vous demandons une nouvelle
fois de les faire adopter.
Pour finir, comment aborder le débat de
l'actionnariat de la FN que certains ont joint à ce jeu de
l'exportation d'armes ? Il y a de bonnes questions à
poser. Il y a certainement matière à progresser ; j'y
reviendrai. C'est une autre question qui est posée, celle
d'une possible privatisation. Nous voulons d'abord dire
que cela ressemble d'une certaine manière à une
9
diversion. Mal à l'aise avec l'Arabie saoudite, certains
semblent vouloir parler d'autre chose.
Il est clair que ce n'est pas la vocation première de la
Wallonie d'être actionnaire d'une entreprise de
fabrication d'armes. Chacun sait que, si tel est le cas,
c'est pour des raisons historiques, lorsqu'il a fallu pallier
les déficiences du secteur privé. Aujourd'hui, dans le
monde tel qu'il est, la priorité pour la Wallonie, pour
consolider l'emploi, est de réfléchir à la diversification
de la FN, la diversification de ses clients et celle de ses
produits. Il n'est en effet ni éthiquement responsable, ni
économiquement raisonnable pour l'emploi, que cette
entreprise soit à ce point dépendante d'un client aussi
important.
Il s'agit d'orienter davantage, via la SRIW, la
politique commerciale de la FN Herstal vers des
marchés plus sûrs, vers des États qui respectent les
droits humains et dans lesquels les armes ne risquent
pas, pour une raison ou une autre, d'être détournées de
leur utilisation. Si un investisseur veut racheter le
groupe, il faut examiner son projet industriel.
M. le Président. - Madame la Députée...
Mme Ryckmans (Ecolo). - Dans le contexte actuel
de la montée de groupes terroristes, capables de créer
des foyers d'insurrections et de violences dans de
nombreuses parties du monde, y compris en Belgique,
des marchés hasardeux constituent un vrai danger qui
pourrait se retourner contre nous.
Je termine ma dernière phrase.
Il s'agit également d'adapter, le cas échéant, l'offre
en fonction de la demande de ces nouveaux clients. Les
marchés de la sécurité, cette sécurité qu'il semble bien
nécessaire de mettre en place actuellement pour faire
face aux menaces terroristes, peuvent être pertinents,
dans la mesure où, justement, ils sont encadrés par l'État
de droit et définis dans le respect des libertés
individuelles.
Pour engager cette diversification dans le
développement de l'emploi, la direction de FN Herstal
doit avoir une vision stratégique. Nous pensons
également que l'actionnariat de la Région doit être un
point d'appui. Il faudrait qu'elle s'en serve.
(Applaudissements)
M. le Président. - Désolé, mais je me dois, par
équité, de faire respecter le temps de parole
proportionnel au nombre d'élus composant les différents
groupes de cette assemblée.
La parole est à Mme Simonet qui dispose d'environ
15 minutes, mais à partager avec son président de
groupe.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Mme Simonet (cdH). - Monsieur le MinistrePrésident, en accord avec mon président de groupe,
M. Fourny, nous allons nous partager ces 15 minutes. Il
est vrai que j'interviens avec une double casquette qui
est celle d'avoir exercé cette compétence extrêmement
difficile qui est la vôtre et aussi celle d'être Liégeoise. Je
voudrais dire, au nom des Liégeois, qu'ils sont aussi
sensibles à l'éthique et qu'ils ne sont pas des brutes
épaisses qui n'y comprennent rien.
(Applaudissements)
Ce préambule étant fait, le débat d'aujourd'hui
s'inscrit dans un contexte multiple. Il faut avant tout
procéder avec ordre et méthode et avec sérénité. Le
contexte est international avec des tensions
extrêmement vives au Proche et au Moyen-Orient, dans
les pays du Golfe, avec des violations des droits de
l'homme – cela vient d'être répété – des exécutions de
masse perpétrées par le groupe Daesh dans ces régions
du monde qui sont extrêmement sensibles.
Il faut être conscient que, dans ce contexte bien plus
large, nous sommes amenés à nous poser des questions.
Elles sont multiples, notamment concernant l'Arabie
saoudite. Poser les questions sur l'Arabie saoudite ouvre
aussi le problème de les poser avec d'autres pays.
Ce constat n'est pas nouveau et le cdH a souvent été
amené à se prononcer sur le sujet des armes dans des
contextes difficiles, notamment mon excellente collègue
Mme Salvi.
Il y a trois thématiques :
– l'éthique ;
– la dimension économique ;
– la question précise de l'Arabie Saoudite.
S'il est une question qui occupe de manière
transversale tout le débat qui se pose aujourd'hui, c'est
celle de l'éthique. L'éthique et le commerce des armes
entretiennent des relations complexes et tumultueuses.
Produire des armes n'est pas illégal, mais ce n'est pas
anodin et nous en sommes conscients. C'est un
problème qui revient d'ailleurs régulièrement au sein de
notre assemblée.
La compétence a été régionalisée en 2003 suite à des
problèmes communautaires. À cet égard, je ne pense pas
que la Flandre ait des leçons à nous donner ou des
conseils. M. Bourgeois oublie de préciser que les
troupes saoudiennes disposent de matériel flamand dans
les avions de chasse et que la destination finale du
matériel de guerre flamand est inconnue dans 60 % à
78 % des cas, nous signale une ONG flamande. Les
investissements au port d'Anvers que l'on a rappelés ne
semblent pas poser problème à la Flandre.
Ici, en Région wallonne, par le décret de 2012, la
majorité de l'époque a apporté une réponse que l'on a
voulue juste et elle a mis en place un mécanisme de
contrôle ferme, mais équilibré. En juin 2012, suite à de
longues négociations, on adoptait ainsi ce décret qui
allait permettre un meilleur contrôle et des procédures
clairement définies en matière de licence d'armes. À nos
yeux, ce décret présente un juste équilibre : il préserve
l'emploi, il apporte plus de rigueur, de contrôle, de
gouvernance. Il faut rappeler que nous disposons, ainsi,
d'une des législations les plus complètes et sévères en la
matière.
La question générale de savoir si les entreprises
wallonnes – elles ne sont pas que liégeoises, d'ailleurs –
pourraient encore produire et exporter des armes à partir
de la Région wallonne et, le cas échéant, selon quelle
procédure a fait l'objet de ce débat et me semble avoir
été abordée et en partie réglée avec l'entrée en vigueur
du décret.
Il y a la dimension économique. Au risque de faire
preuve d'hypocrisie, on ne peut pas passer sous silence
la dimension économique, la dimension sociale. Il y a
des travailleurs, des emplois, des familles aussi. Il me
semble donc nécessaire d'en parler.
En Wallonie, ce sont près de 15 000 personnes qui
travaillent directement ou indirectement dans le secteur
de l'armement et la Wallonie est le vingtième
exportateur mondial d'armes. Vingtième, ce n'est pas
mal, après les États-Unis, la Russie, l'Allemagne, la
France, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Italie, les
Pays-Bas, la Suède, la Suisse, la Norvège et d'autres
encore. Cette vingtième place qui est importante ne
représente, pour la Belgique – pas la seule Wallonie –
que 0,3 % de toutes les exportations mondiales, puisque
nous ne sommes que vingtième. La Région wallonne
représente une partie de ces 0,3 %. Il s'agit d'une partie
importante, pour nous, mais il faut avoir ces chiffres en
tête, lorsque l'on essaie d'apporter des réponses aux
problèmes complexes qui nous sont posés.
La question liée à l'actionnariat de la FN,
aujourd'hui, un actionnariat public, est une autre
thématique qui rebondit et qui revient aussi
régulièrement. La privatisation, à mes yeux, ne réglera
pas le problème des difficiles exportations d'armes et je
crois qu'il ne faut pas penser qu'une entreprise privée
sera plus éthique pour gérer cette compétence.
J'entends M. le Ministre Marcourt ouvrir une porte,
mais ne pas exclure une entrée du privé dans le capital
de la FN. Face à cette question, au cdH, nous estimerons
toujours crucial de garantir la pérennité de cette
entreprise wallonne dont la qualité et le sérieux sont
reconnus dans le monde entier.
D'ailleurs, la Région wallonne a investi par le passé,
pour éviter la perte du know-how, la délocalisation, et
garantir des emplois en Région wallonne.
Soyons clairs, la vocation de la Région wallonne
n'est pas de rester éternellement et sans fin, le seul
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actionnaire de la FN. Des propositions peuvent venir
régulièrement. Elles ne sont pas toujours sérieuses. Ce
qui est intéressant, ce sont les propositions industrielles
et sérieuses. Il nous semble que le ou les éventuels
futurs actionnaires devront être capables de consolider
et de développer les objectifs d'emplois en Région
wallonne et d'apporter un savoir-faire particulier,
notamment dans le développement d'activités
complémentaires.
Sur cette thématique, c'est mon collègue, M. Fourny,
qui prendra la parole.
La troisième thématique, celle du commerce des
armes vers l'Arabie saoudite, doit être portée au niveau
européen.
Nous représentons un pourcentage de 0,3 % du
commerce des armes mondial. Au cdH, nous avons
toujours été partisans du respect des obligations
internationales, européennes et cela sans naïveté, en
rappelant qu'au niveau de ce secteur particulier, il faut
mettre en place des règles connues. Il faut une certaine
stabilité et en tout cas, une uniformité au niveau
européen. Notre réglementation wallonne a cet objectif.
Outre l'uniformité au niveau européen, il s'agit
également que les directions données par l'Europe – qui
se veut être en première ligne dans la défense des droits
de l'homme – soient claires et même exemplaires. La
Région wallonne, Monsieur le Ministre-Président, peut
être un moteur. Nous avons une crédibilité parce que
nos entreprises sont reconnues internationalement. Nous
pouvons – si nous voulons vraiment que les choses
changent sur le terrain et pas uniquement ici en Région
wallonne et au détriment de nos entreprises et de nos
emplois – porter ce débat au niveau européen. Sinon,
nous nous ferons mal à nous-mêmes, ce sera un coup
d’épée dans l'eau, mais rien ne changera et la situation
sur le terrain, au Moyen-Orient ou dans d'autres régions
du monde, restera la même.
Voulons-nous cela ? Ou bien voulons-nous vraiment
avoir un débat proactif et porter un débat qui n'est pas
simple et le faire au niveau européen ?
Nous ne sommes pas naïfs. Nous connaissons les
enjeux économiques, stratégiques, géopolitiques et
financiers liés à l'Arabie saoudite. Elle a un statut, vous
l'avez dit, schizophrénique, c'est vrai. En même temps,
les États-Unis ont choisi l'Arabie saoudite comme
partenaire de la coalition et nous sommes dans cette
coalition. C'est évidemment extrêmement sensible. La
Belgique est dans cette coalition.
Monsieur le Ministre-Président, je voudrais vous
entendre sur les actions entreprises ou à entreprendre
par la Région wallonne dans le cadre européen. Quelle
sera la position de la Région ? Je pense que nous ne
devons pas rester en retrait. Nous avons justement cette
légitimité et nous pouvons être actifs à ce niveau.
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Confirmez-vous les chiffres que j'ai cités ? Il y a
souvent discussions sur les chiffres, mais pour les éviter,
je les ai repris sur le site d'une ONG, le GRIP, je pense.
Merci de me dire si vous pouvez confirmer ces chiffres
et quelle action la Région wallonne pourrait porter au
niveau belge et au niveau européen. En rappelant qu'il
faut oser ce débat éthique, le porter au niveau européen
si l'on veut qu'il ait une réelle efficacité et c'est sans
doute cela que nous voulons. Faire de la politique, c'est
essayer que nos actions aient une réelle efficacité et pas
qu'elles ne soient que des déclarations.
Je vous remercie.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. Gillot. Ensuite,
nous aurons M. Puget, comme indépendant et nous
reviendrons alors aux trois autres groupes.
La parole est à M. Gillot.
M. Gillot (PTB-GO !). - Monsieur le Président,
meilleurs vœux.
Il faut couper l'oxygène à Daesh. D'après un mémo
de Mme Clinton publié par WikiLeaks, les donateurs
saoudiens constituent et je cite : « La source la plus
importante de soutien financier pour les groupes
terroristes sunnites dans le monde ». Tout le rapport
montre que les salafistes les plus radicaux continuent à
recevoir du soutien idéologique et matériel de l'Arabie
saoudite.
Cela fait d'ailleurs 50 ans que l'Arabie saoudite
soutient toutes sortes de fondations privées pour diffuser
des idéologies d'extrême droite jusqu'ici en Belgique.
Le problème n'est plus seulement que l'Arabie est
une dictature féodale qui viole les droits de l'homme
comme cela peut être le cas dans d'autres pays, elle
soutient en plus des groupuscules terroristes qui
commettent des attentats au cœur de l'Europe.
Se battre pour un embargo européen des
exportations d'armes vers l'Arabie saoudite, cela n'aurait
aucun sens de le faire uniquement depuis la Wallonie,
tout en préparant activement un plan pour diversifier la
production de la Fabrique nationale de Herstal et
protéger les travailleurs, voilà qui serait faire preuve de
responsabilité.
Ce n'est pas aux travailleurs de payer, ni pour les
conséquences des enjeux géopolitiques de la lutte contre
le terrorisme, ni pour de soi-disant motifs éthiques.
Faut-il rappeler qu'aucun travailleur du secteur de
l'armement n'a jamais eu son mot à dire sur ce qu'il
produit, ni pour qui il le produit ?
Le premier partenaire commercial de la FN Herstal,
entreprise 100 % publique, est la plaque tournante du
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terrorisme mondial. La responsabilité en est uniquement
politique. Il n'y a aucun embargo mis en place au niveau
européen. Les compensations doivent être prévues pour
les travailleurs.
Fuir ses responsabilités semble parfois être un art
que cultive le Gouvernement wallon, comme quand
M. Magnette, Ministre-Président, prétend que l'Arabie
saoudite serait notre meilleure alliée dans la lutte contre
Daesh.
Comment mettre cet embargo en place tout en
protégeant les travailleurs ? C'est le débat qu'il faut
mener et non ce projet de privatisation qui n'est que le
début d'autres drames humains, depuis le bassin liégeois
jusqu'aux rues de Paris.
La FN Herstal est une entreprise qui doit rester
publique. Nos valeurs éthiques sont en contradiction
avec la fabrication d'armes. Voilà l'argument qui
justifierait la privatisation de la FN.
Le cdH, le MR, sans oublier le PS, chacun a fait une
déclaration dans ce sens. Mettons de côté cette
hypocrisie et regardons le fond.
du monde politique, du monde patronal lorsque la
sidérurgie a été vendue à Usinor, ensuite Arcelor,
ensuite ArcelorMittal.
Le cadavre de la sidérurgie n'est pas encore froid
que, déjà, on veut appliquer à la FN le même traitement.
Pour nous, c'est totalement inacceptable et
irresponsable.
Vous appelez aujourd'hui à la privatisation, parce
que l'armement procure des bénéfices. La FN a fait
75 millions d'euros de bénéfices cumulés depuis le
début de la crise et ces bénéfices, vous vouliez qu'ils
soient privatisés ? Si cet argent et ces bénéfices produits
par les travailleurs vous dérangent, investissez-les dans
l'entreprise pour diversifier la production. Voilà qui
protégerait et développerait l'emploi.
Investissons dans ce défi, plutôt que distribuer des
dividendes à des actionnaires privés. Que les
responsables politiques fassent ce qu'ils demandent au
privé de faire : innover et être inventifs.
M. le Président. - La parole est à M. Puget qui
dispose de trois minutes.
Premièrement, un actionnaire privé investit pour
faire du profit et rien d'autre. Comment voulez-vous
mener un débat sur les exportations d'armes si la
rentabilité par arme vendue devient le seul critère de
réflexion ? Cela va-t-il nous faire avancer d'un
millimètre dans le contrôle démocratique des
exportations d'armes ? Bien sûr que non.
M. Puget (Indépendant). - Madame et Messieurs les
ministres, Mesdames et Messieurs les députés, chers
collègues, le débat sur la vente d'armes à des pays
étrangers, qui plus est, des pays qui ne satisfont pas
pleinement aux exigences en matière de droit de
l'homme, est hautement délicat et prend en compte de
nombreuses préoccupations.
C'est justement parce que la vente d'armes est
sensible que la FN Herstal est et doit rester publique.
La première d'entre elles est l'emploi et pas
n'importe lequel : l'emploi en Wallonie. La Fabrique
nationale de Herstal occupe, à l'heure actuelle,
1 500 employés et a un impact sur la vie d'autant de
familles. La Wallonie, tout occupée à son redressement,
ne peut se permettre – j'utiliserai exceptionnellement
une expression chère à certains collègues – de connaître
un nouveau bain de sang social.
Deuxièmement, privatiser la FN Herstal est le
meilleur moyen pour ne jamais obtenir de plan pour
diversifier sérieusement la production. Il y a beaucoup à
dire sur le plan industriel de la FN dirigée par la Région
wallonne. Comment se fait-il que les armes à
destination de l'Arabie saoudite occupent une telle place
dans les exportations de la FN ?
Bel exemple de bonne gestion que de faire dépendre
des milliers de travailleurs d'un seul importateur, qui
plus est quand cet importateur est la plaque tournante du
terrorisme international.
Troisièmement, dois-je vous rappeler ce qu'il s'est
passé avec la sidérurgie ? Chaque fois qu'il y a eu
privatisation, on a vu ce que cela a amené, pertes
d'emplois et fermetures à la clé. Jeter les travailleurs
entre les mains du privé, c'est tout l'inverse de ce dont
nous avons besoin.
À ce sujet, je dois dire que j'entends pas mal de
choses. On parle de garanties, de promesses en cas de
l'entrée du privé dans l'actionnariat de la FN. Je peux
vous dire, pour ma part, que des garanties, des
promesses, j'en ai plein mes armoires, qu'elles viennent
La seconde remarque est le symbole et la charge
historique que représente la FN pour notre Région. Les
armuriers liégeois sont, depuis plusieurs siècles, réputés
dans le monde entier. La création de la Fabrique
nationale en 1889, il y a plus d'un siècle, aura permis
d'accroître encore cette réputation et des armes parmi les
plus réputées, comme Browning ou Berretta, ont été
fabriquées entre ses murs.
La troisième remarque est plus capitale encore et
concerne la vente d'armes et plus particulièrement à
l'Arabie saoudite. Ce pays, personne ne l'ignore, est loin
d'être un exemple en matière de démocratie ; qui plus
est, il a exécuté, en début d'année, 47 personnes pour
terrorisme, dont le cheikh chiite Nimr Baqr al-Nimr.
Monsieur le Ministre-Président, vous nous avez
rassurés en disant que : « La Wallonie est un tout petit
vendeur comparé à la France ». Il faut élargir le débat
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dans le cadre d'un contexte international qui a tendance
à se tendre ces derniers mois. Un constat s'impose : il ne
faudrait pas que nos armes se retournent contre nous.
La quatrième remarque est communautaire.
M. Geert Bourgeois vient de refuser l'octroi d'une
licence d'exportation vers l'Arabie saoudite. Qu'en
penser ?
Mon point de vue est qu'il faut être prudent, mais
qu'il faut accorder une priorité à l'emploi en Wallonie,
d'autant plus que, si nous ne vendons pas d'armes,
d'autres ne se gêneront pas pour le faire.
Je terminerai par
Monsieur Magnette.
des
questions
directes,
Pensez-vous garantir, Monsieur le MinistrePrésident, que ces armes ne seront destinées qu'aux
forces de police et à l'armée, alors qu'un certain flou
semble subsister ? Le contexte international aura-t-il des
répercussions à moyens, voire à longs termes, sur la
livraison et sur la fabrication d'armes en Wallonie ?
Enfin, quel avenir voyez-vous pour la Fabrique
nationale ?
M. le Président. - La parole est à M Jeholet qui
dispose du solde du temps du MR, ensuite Mme Zrihen
et M. Fourny.
M. Jeholet (MR). - Monsieur le Président, Monsieur
le Ministre-Président, beaucoup de choses ont été dites.
Je voudrais, par rapport à l'éthique et la morale, être très
clair : le Mouvement réformateur a une morale, une
éthique, y compris quand on parle d'armement.
J'attire simplement l'attention. Ne soyons pas plus
catholiques que le pape en Wallonie, comme nous
l'avons déjà été dans d'autres dossiers. Je prendrai un
dossier que je connais bien, c'est l'interdiction du tabac
et l'avenir du circuit de Spa-Francorchamps. Je dirai
également : attention au chevalier blanc qui lave plus
blanc que blanc et qui donne des leçons aux uns et aux
autres.
Troisième élément, par rapport à la Flandre, nous
n'avons pas de leçons à recevoir. Je dis aux responsables
politiques flamands, qui s'expriment sur la Wallonie :
regardez dans vos assiettes. C'est un message qu'il faut
faire passer aujourd'hui.
Dans beaucoup de secteurs je le dis, plutôt que de
critiquer d'autres niveaux de pouvoirs, regardez ce qu'il
se passe dans d'autres régions. La Wallonie doit se
prendre en main, la Wallonie a son destin en main et y
compris dans un dossier comme celui-là, on n'a
absolument aucune leçon a recevoir.
seul à signer ces licences d'exportation et je présume
que vous mesurez cette responsabilité, que vous le faites
en connaissance de cause. Chaque licence que vous
signez, c'est une responsabilité et je mesure que toutes
les garanties sont prises, mais M. Tzanetatos l'a dit, de
façon très claire aujourd'hui.
Par rapport à l'équilibre entre l'éthique et
l'économique, je l'ai abordé, il est indispensable. Le
volet économique est aussi indispensable et nous avons
toujours été clairs. Dans le débat sur le décret que vous
aviez voté, que votre majorité avait voté avec les
écologistes à l'époque, on avait déjà été très clairs par
rapport à l'aspect économique. Il est vrai que l'on avait
dit « l'éthique, on va très loin ». On va très loin parce
qu'à un moment donné il ne faudrait pas, « dans la
dimension européenne de ce dossier, que la Wallonie
soit perdante dans tous les cas par rapport à ce qu'il se
fera dans d'autres régions, y compris les régions du
pays, dans d'autres pays voisins ou d'autres continents ».
L'aspect économique est primordial à nos yeux.
Monsieur Collignon, je vous rassure, il n'a jamais été
question de moratoire pour le Mouvement réformateur,
que les choses soient claires, il y a peut-être un
malentendu dans la lecture ou dans votre perception des
choses, mais je veux être rassurant par rapport à cela.
M. Tzanetatos a très bien exprimé notre position sur
la licence d'exportation. Je souhaiterais en venir à
l'avenir d'un fleuron régional, la Fabrique nationale. Ce
dossier est important. On l'a dit, l'armement : près de
80 entreprises wallonnes, plus de 15 000 emplois directs
et indirects, c'est cela qui doit aussi motiver notre débat
aujourd'hui.
La question est simple : la FN a été en difficulté, et
vous avez dit « un ministre libéral de l'économie, on a
investi, on a pris les responsabilités ». Je pense qu'à
l'époque, il n'y a pas eu beaucoup de critiques sur le
sujet pour venir en aide à cette entreprise importante ou
aux nombreux travailleurs représentés.
Aujourd'hui, on peut se poser la question. Que ce
soit une société d'armements ou pas, une société qui se
porte mieux, on n'est plus dans un portage temporaire.
Est-ce la vocation, quelle que soit l'entreprise, pour la
Région wallonne, de rester actionnaire unique ? Pour
nous et on le dit très clairement, la réponse est non.
Deuxième élément, est-ce que dans le climat actuel
– mais je reviendrai sur le moment opportun, Monsieur
Collignon – c'est sain que l'on soit juge et partie de la
façon dont sont traitées les licences d'exportation ? On
est actionnaire unique à 100 % d'une entreprise et,
M. le Ministre-Président
signe
les
licences
d'exportation, y compris concernant cette entreprise.
Est-ce sain ? On dit : non.
Quatrième élément, c'est vrai, Monsieur le MinistrePrésident que vous avez une très lourde responsabilité.
Je ne fais pas de procès d'intention, mais vous êtes le
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Quand on parle de maintenir un capital régional dans
l'entreprise, c'est pour avoir toutes les garanties et j'y
reviendrai tout à l'heure.
Le moment est-il opportun ? J'ai été surpris, je dois
bien vous avouer, ce matin, en lisant qu'il y avait des
candidats intéressés à monter à 75 % dans l'actionnariat
de la FN, mais manifestement avec un projet, avec un
plan d'entreprise, avec un business plan, avec des axes
bien définis, avec le développement de nouveaux
produits, avec un maintien de l'activité et un
renforcement de l'activité locale à Herstal, avec des
sujets aussi importants que la paix sociale qui sont
abordés dans ce plan, avec une université pour la
formation des cadres et des techniciens, avec
éventuellement un musée de la FN. Ce n'est pas un
investisseur qui vient comme cela proposer ses services
à la Région wallonne.
Je suis surpris, Monsieur le Ministre-Président,
parce que bien avant les débats que nous avons
aujourd'hui et la polémique – nous ne voulons pas ce
débat polémique, je ne pense pas que l'on doit envisager
le débat que nous avons aujourd'hui de façon très
sereine dans l'intérêt de la Wallonie – le 14 décembre, il
y a plus d'un mois, je vous ai interrogé sur les licences
d'exportation et je vous ai posé la question sur l'avenir
de la FN. Vous m'avez répondu que ce n'était pas à
l'ordre du jour, vous m'avez un peu renvoyé, en disant :
« Circulez, passez, il n'y a rien à voir ».
Aujourd'hui, je suis un peu surpris que les
révélations dans la presse fassent état d'une proposition
dans un climat beaucoup moins difficile qu'aujourd'hui
au ministre de l'Économie.
Monsieur le Ministre-Président, étiez-vous au
courant ou pas ? Ce n'est pas très correct de me
répondre ce que vous m'avez répondu il y a un mois.
Quand on dit que le président de la FN a rencontré les
syndicats sur l'offre qui avait été faite, quand on voit
dans la presse et les journalistes qui disposent du
document et de la proposition qui a été faite, je pense
qu'ici, dans ce Parlement, la gouvernance et la
transparence impliquent un minimum de débats sur le
sujet.
Quand on dit que le moment n'est pas opportun,
pourquoi, depuis décembre 2014, n'en a-t-on jamais
parlé ? Pourquoi, quand on pose une question, on est
remballé en disant : « Circulez, il n'y a rien à voir ! Ce
n'est pas à l'ordre du jour » ?
Que l'on ait ce débat de façon très sereine, de façon
prudente, sans précipitation, de façon volontariste, sans
surenchère, c'est indispensable, car il y va de l'avenir
d'un secteur important, d'une société importante avec
toutes les conséquences indirectes que cela peut avoir.
Pour le Mouvement réformateur, il y a des conditions
sine qua non par rapport à la privatisation.
C'est vrai que la privatisation est un mot parfois qui
peut paraître un peu doux, mais une ouverture au capital
privé dans la FN, est de se dire : « Attention, nous
devons avoir des garanties en matière d'emploi, ne pas
délocaliser l'emploi. Nous devons avoir des garanties en
matière de savoir, de know-how wallon qui est
important, liégeois, mais aussi wallon à travers
beaucoup d'autres entreprises ». Ce sont des conditions
sine qua non que l'on doit avoir. Je rejoins le ministre de
l'Économie qui dit : « Ne ferme pas la porte, on peut en
discuter ».
Par rapport à l'opportunité du moment, je regrette
qu'une offre comme celle-là, on n’en ait jamais fait part
et même par rapport à des questions posées, que l'on
n’en ait jamais discuté. Étiez-vous bien au courant ? Le
partenaire de la majorité était-il au courant ? Ou cela
s'est-il passé au niveau du ministre de l'Économie, JeanClaude Marcourt ? Ce sont des éléments importants.
Je pense ne pas avoir le débat aujourd'hui. C'est
clair, on l'a dit, il y a le problème de licence
d'exportation, il y a aussi l'avenir d'une grande
entreprise d'armement à Liège, mais dire : « Ce n'est pas
dans le débat, passons, circulons ! », ce n'est pas une
bonne idée. On aurait tort de faire passer ce débat de
façon un peu secondaire.
Monsieur le Ministre, voilà un certain nombre de
questionnements par rapport à l'avenir de la société, et
comme je l'ai dit, ainsi que M. Tzanetatos, c'est un débat
difficile. Attention – j'ai entendu, y compris à cette
tribune ce matin – aux donneurs de leçons et ce n'est pas
avec des donneurs de leçons que l'on fera avancer la
Wallonie et que l'on défendra l'intérêt économique de la
Wallonie.
(Applaudissements)
M. le Président. - Nous passons à Mme Zrihen qui
dispose à son tour du solde d'environ sept minutes.
La parole est à Mme Zrihen.
Mme Zrihen (PS). - Merci, Monsieur le Président.
On y est dans ce débat et lorsque ce débat devient un
débat d'actualité, on ne peut être que surpris étant donné
que l'engagement que l'on a pris en étant actifs dans
cette Commission armes, c'est la vigilance permanente.
Très régulièrement, des interpellations et des questions
sont faites. Mais il se fait que le contexte et l'actualité
aujourd'hui nous amènent à mettre un focus
extrêmement particulier et de manière générale sur
l'ensemble de cette question. Encore une fois, je
maintiens que la vigilance est, sera et doit être de mise
en permanence sur ce dossier.
Je me permettrai de rappeler que nous avons, dans
ce pays, la possibilité de travailler tout le temps en
coordination. Si la question se pose aujourd'hui, ici dans
ce Parlement, il n'en demeure pas moins qu'elle reste
une question extrêmement liée aux dispositifs fédéraux
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puisque, tout récemment, le ministre des Affaires
étrangères fédéral a adressé aux autorités régionales un
vade-mecum pour rappeler des obligations aux
responsabilités en matière d'exportation d'armes. Il s'agit
donc d'un point positif.
La question qui s'en suit est de savoir de quelle
manière ce contact a été pris par le ministre fédéral
quant aux relations à entretenir avec l'Arabie saoudite
ou d'autres pays du Golfe au vu de la situation actuelle.
Nous sommes, aujourd'hui, dans un contexte
extrêmement particulier qui fait que l'accélération, à la
fois de la lutte contre le terrorisme, de la volonté de
faire en sorte que Daesh n'ait plus de moyens financiers
pour poursuivre son développement du terrorisme et les
dispositions qui ont été prises récemment en Arabie
Saoudite, nous amène à réexaminer de manière très
précise la qualité de ce partenaire ? Concernant l'Arabie
saoudite, avons-nous, au niveau fédéral, un changement
très clair de relations, sachant qu'il y a eu, il n'y a pas
très longtemps, une visite en Arabie saoudite du
Fédéral ? Un revirement récent vous a-t-il été notifié de
manière très précise ?
La grande question qui va se poser, c'est donc de
savoir, concernant les relations, s'il y a une différence
entre ce que l'on appellerait les relations de type
commercial et les relations de type diplomatique,
comme le suggère le ministre des Affaires étrangères
qui, lui, sollicite une logique à deux vitesses : une pour
le commerce des armes, une autre pour les relations
diplomatiques privilégiées et les investissements
considérés comme classiques.
De manière encore plus précise, le 20 janvier, dans
moins d'une semaine, il y a une réunion de la COARM
qui est le groupe de travail du Conseil de l'Union
européenne sur les exportations d'armes. Ce groupe, qui
est prévu pour le 20 janvier, portera sur les exportations
d'armes conventionnelles. Le Fédéral y participe. Avezvous eu des informations de l'autorité fédérale à ce sujet
quant à la position qui sera adoptée ?
Dans un dossier tel que celui-ci, il y va, bien entendu
– on l'a dit – de la cohérence, de l'éthique, mais aussi de
l'avenir d'une des branches importantes du
développement industriel, en Wallonie. Il est important
que la cohérence soit à l'œuvre. Il est important aussi
que nous parlions tous d'une même voix,
indépendamment des lieux dans lesquels nous sommes
positionnés.
Concernant la réactivation du Comité interfédéral de
coordination de lutte contre les transferts d'armes
illégaux, une réunion s'est-elle enfin tenue ou est-elle
programmée, de manière à ce que nous ne soyons pas
seulement, ici, dans des effets de manche, mais bien sûr
une opérationnalité qui nous engage tous ?
(Applaudissements)
15
M. le Président. - Nous clôturons par M. Fourny, au
nom du groupe cdH.
La parole est à M. Fourny.
M. Fourny (cdH). - Je ne vais pas revenir sur les
propos qui ont été tenus par Mme Simonet concernant le
volet éthique du dossier et les perspectives à terme. Je
pense que tout a été dit pour compte du cdH.
Monsieur le Ministre-Président, ma question, ici, ou
ce qui m'amène à venir à la tribune vise en fait à
évoquer avec vous, tout comme d'aucuns l'ont fait
durant leurs interventions, que ce soit au niveau du MR,
au niveau du PS, au travers de la parole de M. Collignon
qui affirme qu'il n'y a pas de dogmatisme quant à la
possibilité de pouvoir ouvrir une participation au capital
de l'entreprise. Je souhaitais aborder ce volet avec vous
sereinement, au regard de l'évolution de cette entreprise,
au fil du temps, dans laquelle le pouvoir public, la
puissance publique est intervenue, afin de pouvoir
assurer un ancrage de cette entreprise, assurer son
développement, de pouvoir aussi maintenir l'emploi qui
est le sien et le développement, l'aura de cette entreprise
aux quatre coins du monde. On ne peut que s'en féliciter.
D'autre part, la Région a investi lourdement en
termes de recherche et développement, afin de pouvoir
assurer aussi à l'entreprise une forme de diversification
de ses produits, de son développement. Il n'y a pas que
l'armement qui se développe au niveau de la FN, mais il
y a aussi tout le volet civil dont on doit tenir compte et
qui compte aussi dans une forme de redéploiement, de
déploiement de cette entreprise au travers des quatre
coins de notre planète.
Ma question porte sur le caractère pérenne de
l'intervention du pouvoir public, de la Région wallonne,
puisque ab initio, il n'a jamais été envisagé de maintenir
la participation des pouvoirs publics de manière totale et
continue dans le temps. S'ouvre le débat sur
l'opportunité d'ouvrir le capital à la participation privée.
Je pense que ce débat doit avoir lieu et qu'il est sain. Il
faut que, à un moment donné, on puisse, au travers de la
participation du privé, imaginer à terme une possible
voie de développement de l'entreprise.
Ma question par rapport aux publications faites
aujourd'hui, Monsieur le Ministre-Président, est de
savoir ce qu'il en est du dossier de 2014 dont on fait
état. Différentes offres ont-elles été faites au niveau de
la FN ? Sont-elles régulières ? Vient-on de manière
régulière frapper à la porte de la FN pour faire état d'une
participation dans cette entreprise ?
J'aimerais savoir comment on fonctionne, comment
c'est traité. Ce dossier a-t-il été traité en concertation
avec le comité d'entreprise ? Une information a-t-elle
été faite au sein du Gouvernement à ce propos ? Quelles
suites ont été réservées à cette offre ? Est-elle toujours
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
valable aujourd'hui ? A-t-elle été reçue ou est-elle
recevable ou non ?
Il m'apparaît, à la lecture de l'article, sur base des
informations communiquées, qu'en l'espèce une
proposition émanerait d'un groupe financier. Je ne suis
pas sûr que ce soit la meilleure opportunité. Il faut un
opérateur industriel qui puisse assurer la pérennisation
de l'outil, le maintien de l'emploi, son ancrage. On sait
combien le secteur financier est volatile et peut être
créateur de risques en termes de développement
économique et de maintien d'une entreprise. Le choix
qui doit être posé est, me semble-t-il, un choix vers un
opérateur industriel plutôt qu'un opérateur de type
financier. Je me permets d'insister sur cet élément.
Par ailleurs, il faut aussi un projet d'entreprise, un
projet économique. C'est une condition qu'il faut
pouvoir poser. Y a-t-il ab initio des éléments qui
permettent de se demander, lorsqu'une proposition est
faite et amenée sur la table, si l'on la prend en
considération au regard de ces critères ? J'aimerais vous
entendre à ce propos parce que faire entrer le capital
privé en partie dans la FN est un signal positif, mais il
faut pouvoir le cadrer : opérateur économique, garantie
de l'ancrage, garantie du projet industriel, garantie de ce
qu'un know-how puisse continuer à être maintenu,
surtout développé, qu'il permette la diversification de
l'entreprise. Voilà les critères qui devraient être posés ou
opposés, afin de pouvoir assurer le développement et le
maintien de cette entreprise dans le giron wallon,
surtout dans notre Région wallonne.
J'aimerais, Monsieur le Ministre-Président, faire le
point avec vous sur ces questions. Qu'a-t-il été fait de ce
dossier ? Est-il toujours activé ? L'étudie-t-on
raisonnablement ? Le ministre Marcourt affirmait
encore hier dans la presse qu'il était aussi ouvert à la
discussion, ouvert à la participation du privé dans le
capital de la FN Herstal. Y a-t-il une véritable volonté
de poursuivre sur cette voie ou y a-t-il d'autres
dossiers ? Si oui, combien ? Comment sont-ils traités ?
De quelle manière ces dossiers sont-ils traités pour
pouvoir, à terme et de manière certaine, maintenir cet
outil, permettre au capital privé de venir grossir les
rangs et permettre la diversification de cette entreprise ?
Ce sont des questions de fond qui doivent être
abordées sereinement, calmement, mais qui doivent se
faire aussi en toute transparence, afin de pouvoir
rassurer l'ensemble des intervenants dans ce dossier,
plus particulièrement les travailleurs et ceux qui se
trouvent derrière.
Nous sommes fiers de cette entreprise qui produit
des armes de haute qualité, mais qui produit aussi des
dividendes qui sont ristournés à la Région wallonne au
travers de la période que nous connaissons. Ce n'est pas
négligeable. Nous devons aussi, au travers de la
perspective à venir, pouvoir opérer des diversifications,
un développement de l'entreprise et assurer son
caractère pérenne au travers d'une diversification que
nous devons soutenir de tous nos vœux. Surtout peutêtre avec la contribution d'un partenaire privé qui, à
cette fin, pourrait contribuer à celle-ci.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. le MinistrePrésident Magnette.
M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement
wallon. - Mesdames et Messieurs les députés, puisque
c'est la première fois que j'ai le plaisir de m'exprimer
devant vous en cette nouvelle année civile, permettezmoi de vous adresser mes vœux les plus vifs pour cette
année 2016, que je vous souhaite à toutes et tous très
heureuse et que je nous souhaite, à nous collectivement,
très productive.
Je voudrais vous dire aussi que je me réjouis de ce
débat. Avoir un débat sur cette question importante et
sensible pour notre économie et l'avoir dans des termes,
à nouveau ce matin, extrêmement modérés et nuancés
dans un débat très serein, où il n'y a pas confrontation
simple ou simpliste entre majorité et opposition, mais
recherche d'une réflexion approfondie et de toutes les
nuances qui s'impose dans un dossier qui est
extrêmement complexe et qui est une lourde
responsabilité. Vous l'avez dit, Monsieur Jeholet.
Le secteur de l'armement, en général en Wallonie,
est un secteur stratégique et important. M. Puget l'a
rappelé, c'est une tradition très ancienne. On fabriquait
des armes en Wallonie bien avant la fondation même de
l'État belge ; la principauté de Liège jouissait, dans la
géopolitique européenne, d'une position très particulière
de par son indépendance qui est une des raisons
expliquant pourquoi on y produisait de l'armement pour
beaucoup d'autres pays européens. La FN a été
construite dès 1889 ; c'est une entreprise déjà très
ancienne. Ce n'était pas la seule, autour d'elle, il y a tout
un tissu – on se focalise beaucoup aujourd'hui sur la FN,
mais je vais y revenir – autour de cette entreprise
prestigieuse, ce qui a joué un rôle très important dans
l'histoire économique, technologique, et également dans
l'histoire sociale de notre pays. Il y a tout un tissu
d'entreprises plus ou moins grandes, parfois petites, très
petites même de PME qui jouent un rôle très important
dans notre vie économique.
Au total, près de 15 000 emplois directs et indirects
sont concentrés dans ce secteur.
Agoria nous rappelle que, non seulement ce sont
15 000 emplois, mais ce sont 185 millions d'euros par
an investis en recherche et développement ;
320 millions d'achats en Wallonie, donc, un impact
indirect sur notre économie très important ; des
investissements à hauteur de 165 millions d'euros ;
275 000 heures de formation. La chose est claire : oui,
c'est un secteur important dans notre économie.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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Qu'il s'agisse d'un secteur important ne veut pas dire
que nous prenions les décisions à la légère, bien au
contraire. Le débat n'est pas neuf. Mme Simonet l'a
rappelé, elle a eu ce lourd privilège d'exercer cette
compétence, elle a eu à connaître des moments difficiles
dans certains dossiers comme je pourrais peut-être en
connaître un jour. Oui, il a été décidé, à un moment
donné en Wallonie, de transférer cette compétence au
ministre-président, manière d'indiquer que c'était une
compétence lourde et qui devait être exercée à un lieu
où l'on peut estimer que l'arbitrage est fait avec une
certaine hauteur de vue. C'est à cela que l'on s'astreint ;
on s'y astreint d'autant mieux que je ne le fais pas dans
un désert normatif ou de référence, je le fais en
m'appuyant sur des règles à la fois européennes et
wallonnes, extrêmement strictes et dans des
coordinations intrabelges qui, elles aussi, sont
extrêmement intensives.
Il y a un double degré de contrôle dans ce secteur. Il
y a d'abord des coordinations européennes. C'est le
Traité de Maastricht, il y presque 25 ans, qui a institué
ce que l'on appelle le COARM, le groupe de travail sur
les exportations d'armes conventionnelles qui est un lieu
où les États membres de l'Union européenne qui
produisent et vendent des armes – pratiquement tous le
font – se rencontrent, échangent leurs vues et le lieu où
ils s'interrogent sur les différents pays vers lesquels ils
exportent, où ils peuvent décider, éventuellement, du
refus d'octroi de licence, mais surtout où l'on analyse la
situation dans les pays sensibles.
cas des armes que nous exportons vers ce type de pays
pour mesurer le risque potentiel. Néanmoins, à chaque
fois qu'il me semble que la situation géopolitique
évolue, je demande à nos partenaires européens de
réexaminer la situation.
Par définition, c'est un domaine extrêmement
évolutif. Ce n'est pas par hasard si les licences ont une
durée de vie extrêmement courte. Les licences valent
pour 18 mois.
Il y a parfois des contrats qui valent pour très
longtemps, M. Tzanetatos l'a rappelé. Nous avons un
contrat avec formellement le Canada, mais cela n'a
jamais été caché à personne, Madame Ryckmans. Tout
le monde sait très bien que les tourelles que nous
exportons vers le Canada sont réexportées vers l'Arabie
saoudite, je l'ai dit à chaque fois que cela m'a été
demandé en commission, je ne l'ai jamais caché. Oui, si
c'était cela la question, je l'ai déjà dit, mais je le répète,
l'utilisateur final en l'occurrence est l'Arabie saoudite.
Dans ce forum, le COARM, formellement, c'est le
Fédéral qui siège, mais il siège avec représentation des
Régions et il arrive que les Régions s'expriment. Même
si c'est le Fédéral qui siège au COARM, il y a une
concertation préalable et, au préalable, la Région
wallonne fait à chaque fois part de ses questions et
observations.
Dans chacun de ces débats, nous examinons la
situation et nous la réexaminons très régulièrement,
parce que l'on signe un contrat à un moment donné. Ce
contrat a une durée de vie, en l'occurrence de 10 ans,
300 millions d'euros par an à peu près pour une dizaine
d'années, mais le contrat ne veut pas dire
qu'automatiquement, nous allons exporter pendant
10 ans, Monsieur Tzanetatos. Il faut ensuite, pour ce
contrat, resigner des licences qui, elles, n'ont aucune
valeur de 18 mois, précisément parce que le monde
évolue et que la situation peut changer. On peut signer
un contrat à un moment donné, mais se dire, deux ans
plus tard, que la situation a radicalement changé, il y a
eu un coup d'État, les armes risquent une dispersion et
donc, je ne signe plus de licence. Le contrat ne vaut
donc que comme un engagement pluriannuel, mais la
réalité de l'exportation, c'est la licence.
Sur ce dossier spécifique de l'Arabie saoudite auquel
je suis attentif depuis un certain temps – j'y étais attentif
bien avant que cela ne devienne un dossier médiatique
politiquement brûlant – j'ai demandé un premier avis au
COARM. C'est ainsi que l'on procède, je demande au
Fédéral de solliciter un tour de table au COARM, la
dernière fois le 12 novembre, parce que la situation au
Yémen nous amenait à nous poser un certain nombre de
questions et que nous savons que l'Arabie saoudite est
l'un de nos principaux clients.
Pour vous donner un exemple des licences que j'ai
signées vers l'Arabie saoudite dans le cadre de ces
contrats, le montant qui a réellement été exporté
jusqu'ici – la dernière que j'ai signée est expirée, il va
donc falloir que j'en resigne si une nouvelle demande de
licence m'est soumise – et sur celle que j'ai signée, est
de 1 500 euros. On est très loin des montants
pharaoniques que vous avez cités. Cela montre la
différence entre un contrat théorique et la réalité des
exportations sur le terrain.
J'ai demandé un deuxième avis le 10 décembre et un
troisième avis début janvier. Ce sera donc abordé lors de
la réunion du 20 janvier.
De quoi discute-t-on dans le COARM ? On discute
de toute une série de critères. C'est vrai, Madame
Ryckmans et c'est vrai que dans ces critères – je vais les
reprendre les uns après les autres – il y a notamment les
droits de l'homme. Oui, il n'y a pratiquement jamais un
pays qui, dans ce que l'on appelle les cas sensibles,
réunit les huit critères de manière absolue, mais on fait
une évaluation géopolitique. On prend en considération
les droits de l'homme, la situation géopolitique générale.
C'est vous dire si je ne prends pas la question à la
légère, si je mesure, à la lumière des rapports
extrêmement bien élaborés. Je voudrais saluer et
féliciter le travail de notre Comité d'avis et de WallonieBruxelles International qui font un travail remarquable
d'analyse au cas par cas des pays, mais aussi au cas par
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P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Les huit critères sont les suivants :
– ce pays respecte-t-il ses engagements
internationaux ;
– respecte-t-il les droits de l'homme ;
– quelle est la situation intérieure dans ce pays, le
pays de destination finale, bien entendu ;
– quel est son rôle dans la stabilité régionale ;
– quel est l'état de la sécurité dans les pays qui
sont alliés de ce pays ;
– quel est le comportement de ce pays d'une
manière générale sur la scène géopolitique et
en particulier dans son attitude envers le
terrorisme ;
– existe-t-il un risque de détournement des
achats ;
– ce pays a-t-il la capacité technique et
économique du pays bénéficiaire ?
Il y a des cas que l'on appelle les cas simples. Les
pays de l'Union européenne, qui sont de très loin notre
première destination d'exportation et certains pays de
l'OTAN, les États-Unis, l'Australie, le Canada, sont des
pays que l'on considère, quand ils sont le destinataire
final, comme des cas simples. On considère qu'ils vont,
la plupart du temps – presque tout le temps – répondre
de manière positive à ces huit critères.
Il y a tous les autres. Ceux que l'on appelle les cas
sensibles et c'est là que cela devient plus compliqué.
C'est là qu'il faut faire une évaluation et c'est là que la
naïveté et les belles intentions, malheureusement, n'ont
plus leur rôle.
Je voudrais que, comme dans la chanson Imagine de
John Lennon, le monde vive en paix, qu'il n'y ait plus de
guerre nulle part, que l'on ne fabrique plus d'armes, que
l'on diversifie, que l'on fasse autre chose et que la
coopération internationale, la fraternité mondiale soient
établies. Tout le monde se tiendrait par la main et
entonnerait ensemble de belles chansons de paix et de
fraternité. Malheureusement, le monde n'est pas comme
cela., il est violent. Malheureusement, il y a de la guerre
et des formes de guerre de plus en plus complexe, de
plus en plus sournoise et c'est par rapport à l'évolution
de cette situation géopolitique que nous devons nous
déterminer.
Pourquoi l'Arabie saoudite est-elle aujourd'hui
encore l'un de nos clients ? Parce que l'évaluation qui
est faite dans le cadre du COARM dit que ce pays –
c'est ce que je vous ai répondu à de nombreuses
reprises, Madame Ryckmans – est un pays, malgré tous
les reproches que l'on peut lui adresser par ailleurs et je
serais le premier à le faire. J'ai, comme vous, des
indignations profondes quant à l'état du respect des
droits de l'homme dans ce pays. J'ai interpellé le
ministre des Affaires étrangères, vous le savez, je vous
l'ai répondu en commission, quant à la situation du
blogueur saoudien, M. Badawi que vous avez évoqué
tout à l'heure. Bien sûr que je suis indigné du nonrespect des droits de l'homme dans ce pays. Bien sûr
que moi aussi, je suis révulsé quand je vois les images
de massacres que l'on a pu voir à la télévision ces
derniers jours. Par ailleurs, que cela nous plaise ou non,
ce pays reste malgré tout considéré comme un pays
fiable sur le plan géopolitique par tous les Européens et
stabilisateur dans cette région.
Je pourrais faire comme M. Gillot. Je pourrais tenir
deux discours complètement déconnectés l'un de l'autre
en même temps. D'un côté – et j'ai trouvé cela admirable
–, je pensais que les Flamands avaient atteint les
sommets de l'hypocrisie, mais ils ont été franchement
franchis ce matin dans nos débats. J'ai entendu M. Gillot
dire, comme le porte-parole du PTB-GO !, il y a
quelques jours, à la télévision : « Les condamnations
très fortes contre l'Arabie Saoudite », mais d'un autre
côté, nous dire : « Oui, mais quand même, il faut
défendre l'emploi, il faut continuer à vendre ». Monsieur
Gillot, de deux choses l'une : ou bien ce pays est un
pays odieux et l'on ne veut pas commercer avec lui et
surtout ne pas lui vendre d'armes ; alors, on arrête de lui
vendre des armes et il y aura, demain, des centaines et
des milliers d'emplois perdus en Wallonie ; ou, au
contraire, on veut préserver l'emploi en Wallonie.
Maintenant, bien sûr que l'on veut diversifier, on
veut faire en sorte de préserver ces emplois. Cependant,
si l'on veut décider, aujourd'hui, de sanctionner l'Arabie
saoudite et de ne plus commercer avec elle, de la mettre
au banc géopolitique de nos relations, cela aura des
conséquences immédiates sur l'emploi en Wallonie.
Vous ne pouvez pas, en même temps, tenir les deux
discours, vous ne pouvez pas dire : « Je veux une vie
sexuelle, mais je veux rester vierge en même temps ». Il
faut un minimum de cohérence.
(Applaudissements)
Le deuxième lieu de coordination, c'est le lieu
wallon. Je vous ai parlé de la coordination européenne,
il faut cette cohérence, mais ensuite, nous continuons,
en Wallonie, à regarder les dossiers les uns après les
autres. Je vous assure que les piles de demandes de
licences qui m'arrivent, qui sont examinées par notre
administration, par nos services, par mon cabinet, par
moi ensuite, prennent un temps très considérable. C'est
licence par licence que l'on examine, dossier par dossier,
parfois pour des montants infimes et parfois pour des
produits ou des technologies qui ne sont que très
indirectement liés à l'armement, mais qui font partie de
ce que l'on appelle les produits de double usage.
C'est un travail extrêmement rigoureux. Nous avons
– cela a été rappelé, ici – l'une des législations, peut-être
la législation la plus rigoureuse d'Europe. En 2012, vous
vous en souvenez, vous siégiez dans ce Parlement, nous
avons eu de longs débats suite à des dossiers
particuliers. Après ces longs débats, une législation très
rigoureuse a été adoptée avec les écologistes ; les
libéraux, cela a été redit en Commission. À l'époque, on
considérait même que cette législation était trop
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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rigoureuse, qu'elle allait trop du côté de l'éthique et pas
assez du côté de la défense des intérêts économiques. Je
pense, pour ma part, qu'elle a trouvé le bon équilibre.
Je rassure M. Tzanetatos : il est évident qu'à partir
du moment où il y a un arrêt de la Cour
constitutionnelle qui nous dit que les rapports de WBI
doivent être transmis dans les rapports et que vous
puissiez donc les examiner, ce sera fait. J'ai déjà
répondu en ce sens, en commission, en indiquant que le
décret arme serait révisé, d'une part parce qu'il y a des
textes européens qui ont évolué et que l'on doit donc
réviser le décret à la lumière de ces textes ; d'autre part,
pour se conformer à l'arrêt de la Cour constitutionnelle.
Vous aurez les rapports de WBI et vous pourrez voir que
WBI fait vraiment un travail d'une très grande finesse et
regarde au cas par cas, pays par pays, type d'armement
par type d'armement et me soumet des avis.
C'est très bien et, oui, j'ai la lourde responsabilité,
car à la fin, c'est mon nom qui apparaît sur le certificat.
Si, un jour, certaines de ces armes devaient servir à des
fins autres que celles pour lesquelles on les a destinées,
d'une certaine manière, j'en porterais – même à titre
personnel – la responsabilité. Je me dis, parfois, que
j'aimerais qu'un ministre du Gouvernement, peut-être
même d'un autre parti de la majorité, cosigne avec moi,
de manière que nous partagions cette lourde
responsabilité. Je l'assume telle qu'elle est là aujourd'hui
et je le fais d'autant plus volontiers que j'ai une totale
confiance dans nos services qui font un travail
admirable. Je me réjouis que vous receviez bientôt ces
rapports et que vous puissiez, à votre tour, vous en
rendre compte.
S'il y a une chose qui doit être rappelée, quand
même, c'est que nous agissons aussi, en Wallonie, dans
une
transparence
absolument
remarquable.
Reconnaissez-le. Vous êtes quelques-uns présents, ce
matin, à être membres de la commission présidée avec
brio par M. Tzanetatos. Vous pouvez le dire : nous
avons des rapports semestriels qui sont publiés, qui vous
donnent très largement l'information sur l'ensemble de
nos exportations. Vous avez, en plus, un rapport annuel,
nous avons un débat ouvert et nous avons un débat à
huit clos. Je dois dire, d'ailleurs – je veux le saluer ici –
que, dans ce débat à huit clos, j'ai donné toutes les
informations qui m'ont été demandées, pratiquement,
sur des licences individuelles dans tel pays, tel type
d'arme et il n'y a jamais eu la moindre fuite. C'est assez
remarquable. C'est la preuve que les membres de la
commission ont conscience qu'eux aussi portent une
lourde responsabilité en exerçant ce nécessaire contrôle
démocratique sur les exportations qui sont les nôtres.
C'est vrai, je l'ai dit, nous sommes un petit vendeur,
non pas pour minimiser, mais aussi pour
recontextualiser. Mme Simonet a donné les chiffres. La
Belgique est le vingtième vendeur mondial. Nous
exportons – il faut quand même le rappeler aussi – 60 %
vers l'Union européenne. Nous exportons beaucoup plus
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vers nos pays voisins que vers le reste du monde, donc
vers des pays qui sont des pays très sûrs. Nous
exportons des armes qui, pour beaucoup, sont des armes
civiles qui servent simplement à armer des polices, qui
doivent exercer des missions de sécurité générale, mais
aussi des armes militaires ou du matériel qui peut avoir
une destination militaire.
Nous représentons, c'est vrai, très précisément, toute
la Belgique : 0,34 % du total des exportations hors de
l'Union européenne. Comparé à la France avec ses
6,6 %, l'Allemagne avec ses 7,8 %, ou les États-Unis
avec ses 30,4 %, nous sommes, effectivement – ce n'est
peut-être pas l'expression – un tout petit vendeur, c'est
important de l'avoir à l'esprit.
Pourquoi est-ce important de l'avoir à l'esprit ? Parce
que quand on veut faire de la géopolitique, avec son
poids économique et son poids commercial, il faut
savoir ce que l'on est, Monsieur Gillot. Si demain, je
vais au COARM, et je dis « attention, si mes partenaires
du COARM ne veulent pas, comme moi, réviser la
position par rapport à l'Arabie saoudite, demain la
Wallonie
cessera
d'exporter »,
j'aurai
les
applaudissements de tous mes partenaires. Le
lendemain, ils auront le marché, nous aurons renoncé au
marché et c'est la France ou l'Allemagne qui l'aura.
Nous aurons perdu des centaines, voire des milliers
d'emplois dans notre région, sans que cela ait eu le
moindre impact géopolitique.
On peut faire et de grandes déclarations de principes
et l'on peut s'embraser pour de grandes déclarations de
principes, mais il est plus efficace d'essayer de discuter
discrètement, mais sérieusement, avec nos partenaires et
de les sensibiliser à la situation du Yémen, aux rapports
avec l'Iran, aux relations que ces problèmes ont avec la
situation d'Al-Qaïda.
Je voudrais aussi rappeler quelques-uns des chiffres,
Mme Simonet l'a fait très largement, mais j'y reviens,
pour montrer qu'il n'y a pas, contrairement à ce qui a été
dit parfois, une tendance exponentielle et une explosion
tout d'un coup de nos exportations vers ces pays.
En 2009, il y avait 26 licences, je parle de l'Arabie
saoudite, pour un montant de 339 millions. En 2010,
18 licences, il n'y avait plus que 49 millions. En 2011,
26 licences, on revenait à 253 millions. En 2012,
22 licences et 267 millions. En 2013, il y avait
27 licences, on retombait à 97 millions et en 2014,
49 licences et 396 millions.
Oui, le chiffre de 396 millions est important, il est à
peu près celui que nous avions il y a cinq ans. Nous
verrons très bientôt les chiffres consolidés pour 2015,
mais ce n'est pas exponentiel, comme vous le voyez,
c'est vraiment, en dents de scie, cela oscille entre
50 millions une année et 400 millions une autre, c'est
très oscillatoire, très relatif, il n'y a pas, de ce point de
vue, de tendance qui soit absolue.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Je vous ai donné tous les chiffres, les membres de la
Commission ici présents peuvent en témoigner, je vous
donne non seulement les chiffres bruts, je vous donne
même les chiffres des licences de transit puisqu'il y a
aussi des armes qui ne font que transiter sur notre
territoire pour être finalisées et vendues ailleurs, je vous
donne même les licences provisoires et les licences de
renouvellement, donc vous avez absolument tous les
chiffres et tous les détails.
De ce point de vue et pour une fois, je rejoins
M. Jeholet, on ne doit pas se laisser faire, se laisser
donner la leçon par d'autres et par nos collègues
flamands en particulier. Je dois dois dire que je l'ai avalé
un peu de travers d'entendre mon collègue Geert
Bourgeois, avec qui j'ai des relations très courtoises au
quotidien, dire au Parlement flamand : « Moi, si j'étais
Paul Magnette, je ne ferais pas ceci, je ne ferais pas
cela », et qui, quelques jours plus tard dit : « J'ai refusé
une licence ». On se renseigne et qu'y a-t-il dans la
licence ? Des gilets pare-balles. C'est sûr que les gilets
pare-balles non exportés en Arabie saoudite vont avoir
un impact majeur sur la situation géopolitique au
Proche-Orient. Tout d'un coup, un geste flamand a eu
des conséquences absolues.
À côté de cela, la situation flamande, ils n'ont pas un
décret aussi rigoureux que le nôtre et ils recourent
beaucoup plus que nous à la technique de ce que l'on
appelle le double usage, c'est-à-dire qu'ils vendent toute
une série de très bonnes et très chères technologies
flamandes, des pare brises, des systèmes de mesure, des
oscilloscopes, de la photorésine pour les connexions
intégrées, des fibres synthétiques, des technologies de
cryptologie, tout cela pour des montants sept à huit fois
supérieurs à ce que sont les exportations wallonnes.
Si j'étais Geert Bourgeois, premièrement,
j'adopterais un décret aussi rigoureux que celui de la
Wallonie. Deuxièmement, je ferais preuve d'autant de
transparence que la Wallonie. Troisièmement, je
recourrais beaucoup moins à la technique des doubles
usages et j'assumerais la finalité militaire d'un certain
nombre de mes exportations. Quatrièmement, si j'étais
Geert Bourgeois, je ne ferais pas la leçon aux voisins
qui sont plus vertueux que moi-même. J'espère que le
message lui sera transmis.
(Applaudissements)
J'en viens au dernier élément du débat qui, n'a pas
grand-chose, n'a même pratiquement rien à voir avec la
situation de l'Arabie saoudite, mais qui est un débat
important en lui-même, qui est la situation de la FN.
Cette entreprise, on l'a dit, plus de centenaire, détenue
depuis 1997 par la Région wallonne. Elle était détenue
parce qu'un ministre libéral de l'économie, soutenu par
son partenaire de l'époque, a décidé de la nationaliser,
parce que c'est une entreprise qui était en difficulté,
mais qui est stratégique, je l'ai dit, pour les emplois
qu'elle fournit directement, mais aussi en ce qu'elle
structure tout un réseau d'entreprises de plus petites
tailles dans notre région.
L'idée était celle d'un portage. On nationalise pour
éviter de perdre le contrôle, pour éviter qu'un
actionnaire privé extérieur vienne revendre morceau par
morceau l'entreprise et fasse disparaître l'emploi. On
consolide et puis on verra. On est presque 20 ans plus
tard, Monsieur Jeholet, cela fait 20 ans que l'on fait du
portage.
Ceci étant, il n'y a pas d'objection. Le ministre
Marcourt, ministre en charge de l'Économie, l'a dit avec
grande clarté. Si demain arrive un investisseur qui a un
vrai projet industriel, qui veut maintenir et même
étendre l'emploi, on l'examine.
Le dossier publié ce matin dans L’Écho date d'il y a
presque deux ans, l'ancienne législature. Un groupe
d'investisseurs potentiels, de passionnés des armes – les
armes, c'est aussi un secteur qui suscite beaucoup de
passion, de collectionneurs, de chasseurs, et cetera –
anglais, canadiens, américains, quelques autres, qui se
sont dit que c'est une très belle entreprise historique qui
a produit des Browning, des Beretta et qui voudraient y
investir par passion ; des gens qui ont fait fortune
voudraient y investir par passion. Ils ont été reçus par le
ministre et par son cabinet. Leur offre a été examinée,
ils étaient convenus de se revoir ; presque deux ans plus
tard, le cabinet n'a eu aucune nouvelle de ces personnes.
Raison pour laquelle je dis que ce n'est pas à l'ordre du
jour, car, aujourd'hui, il n'y a pas d'offre. Mais le
ministre Marcourt a dit très clairement que s'il y a une
offre, il est tout à fait prêt à l'examiner.
Par rapport à cela – je vais un peu rejoindre
M. Gillot avec qui j'ai été un peu sévère tout à l'heure –,
je ne crois pas qu'il y ait, par essence, une supériorité de
l'actionnaire privé sur l'actionnaire public. Je suis très
heureux
du
raisonnement
de
M. Tzanetatos,
raisonnement très dialectique. Dans un premier temps, il
nous dit qu'il faut rester dans l'entreprise ; dans un
deuxième temps, son chef de groupe lui dit non, mais il
s'est exprimé à titre personnel avec un peu
d'imprudence ; dans un troisième temps, il révise un
peu, avec beaucoup de sagesse ce matin à la radio et à
notre tribune, en disant : « Oui, l'actionnaire public est
une garantie dans un secteur sensible et où nous avons
de nombreux emplois ».
Au-delà du fait d'être une garantie, l'actionnaire
public peut aussi être intrinsèquement très innovateur. Il
peut aussi être le meilleur porteur de la diversification.
Historiquement, la FN n'a jamais arrêté d'essayer de
diversifier, elle a produit des voitures, des motos, des
trayeuses, des systèmes de réfrigération. Jamais elle ne
s'est reposée sur ses lauriers, toujours, elle a su que le
secteur de l'armement était un secteur délicat et que tout
le secteur d'entreprises a intérêt à se diversifier et ceci,
qu'il y ait des actionnaires privés ou des actionnaires
publics.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
20
Devant un panel très large, il y a eu une conférence
de la SRIW organisée récemment avec la brillante
économiste italo-américaine, Mariana Mazzucato, qui a
écrit un beau livre intitulé L'État entrepreneur dans
lequel elle rappelle que tous ces iPhone et iPad que nous
avons tous sur le tableau, ont pu aboutir parce que la
quasi-totalité des technologies les composant, depuis
l'écran tactile jusqu'au GPS en passant par Internet, ont
été financés par des fonds publics, par des innovateurs
publics qui ont inventé ces technologies. M. Steve Jobs
a juste fait en sorte de les mettre ensemble et a
largement bénéficié, lui aussi, de très nombreux
subsides publics.
Ce que je ne voudrais pas, c'est que l'on pense qu'il y
a, d'un côté, un actionnaire public conservateur qui ne
sait pas innover et, à côté, de formidables investisseurs
privés pleins d'idées. Nous avons, en Wallonie, de
formidables actionnaires publics qui ont beaucoup
d'idées et qui soutiennent l'innovation ; il faut le dire et
le répéter.
Deuxième balise, ce dont je ne veux pas dans les
opérations de nationalisation, ni ici, ni ailleurs, c'est que
l'on répète cette vieille, cette antique loi du capitalisme
qui dit : « Socialisation des coûts, privatisation des
profits ». Aujourd'hui, nous avons investi dans la FN.
Faisons le bilan de ce que nous avons investi dans la
FN, le bilan des subsides, de tout ce qui a été apporté ;
puis faisons le bilan de ce qu'elle nous rapporte. Oui,
elle nous rapporte des dividendes. Monsieur Gillot, ce
ne sont pas des dividendes donnés à des actionnaires
privés, puisqu'il n'y en a pas en l'occurrence, mais
l'année dernière, la FN a contribué à hauteur de
10 millions d'euros au budget wallon ; tant mieux !
Nous avons investi dans cette entreprise, comme
dans d'autres, la SONACA, Prayon et quelques autres
encore, parce qu'elles étaient en difficulté. Nous les
avons modernisées, nous avons maintenu et étendu
l'emploi. Aujourd'hui, elles sont rentables, elles
rapportent des dividendes à la Wallonie ; cela doit aussi
être un des critères à prendre en considération.
Pour le reste, je me rallie à l'argumentation de mon
collègue vice-président Marcourt qui dit : « Si un
investisseur privé arrive – comme cet investisseur dont
on parlait ce matin dans un grand journal économique –
s'il a un projet industriel, un projet de diversification, s'il
peut apporter des liquidités, de nouveaux carnets de
commandes, de nouvelles opportunités, s'il peut
maintenir et amplifier l'emploi, il n'y a aucune raison de
le refuser ».
Le Ministre Marcourt, que j'ai eu au téléphone
encore ce matin, me l'a dit et confirmé : bien sûr, chaque
fois que nous recevons une offre – parfois, certaines
sont un peu fantaisistes, parfois, c'est une page et demie
et l'on ne sait pas très bien – pour ne pas passer à côté,
ils sont reçus et leur offre est examinée. Ceci restera
l'attitude de ce Gouvernement.
21
Voilà, Mesdames et Messieurs, chers collègues, il
me reste quelques minutes, mais je voudrais simplement
conclure en disant que, dans ce dossier, c'est un
équilibre difficile entre trois piliers : l'économie bien
sûr, l'éthique évidemment, mais aussi la géopolitique.
Nous faisons, à notre modeste mesure, de la
géopolitique directement par l'entreprise par l'État
fédéral et par l'entreprise de l'Union européenne à
laquelle nous appartenons. Nous devons balancer ces
trois intérêts. C'est un exercice très difficile. C'est
beaucoup plus simple, c'est toujours plus simple de
dire : « J'ai une position simple : je ne vends plus rien et
tant pis pour l'emploi » ; ou de dire : « Tant pis pour
l'éthique, moi, je ne veux que des emplois ».
C'est toujours plus compliqué au contraire de trouver
ce subtil équilibre. Je pense que, depuis quelques
années, en particulier depuis 2012, je le dis d'autant plus
à l'aise que je n'étais pas ici, je n'étais pas parmi vous,
nous avons, vous avez, en Wallonie, trouver ce juste
équilibre, où nous avons les règles les plus transparentes
possible. Je viens de le répéter, nous nous mettrons en
conformité avec l'arrêt de la Cour constitutionnelle sur
le dernier élément qui a été évoqué. Ces règles
pourraient en inspirer beaucoup d'autres. Elles sont
exemple de transparence. Nous n'avons non seulement
pas à en rougir, mais nous devons en plus les défendre.
C'est un peu un mal wallon. Nous avons les règles les
plus fortes en matière de décumul, mais on a un débat
sur le cumul. Nous avons les règles les plus fortes en
matière de limitation et de transparence des
rémunérations, mais il y a un débat. Nous avons les
règles les plus fortes ici aussi en matière de transparence
des exportations, mais il y a un débat alors que, dans
d'autres régions ou d'autres pays, ce débat n'a pas lieu.
Soyons fiers de nos règles et continuons de les
appliquer.
Pour le reste, poursuivons cette double cohérence
qui est la nôtre, cohérence européenne – je l'ai dit – dans
le cadre du COARM, de l'Union européenne,
continuons de dialoguer avec nos partenaires,
continuons d'essayer de convaincre avec honnêteté. J'ai
entendu des expressions allemandes, des expressions
publiques suédoises, des expressions publiques
britanniques, mais je peux vous dire que ni l'Allemagne
– Madame Simonet, vous m'avez posé la question – ni
la Suède, ni le Royaume-Uni n'ont, à ce jour, suspendu
leurs licences. Il y a un débat. Il y a expression
publique, mais ensuite c'est business as usual. Le seul
pays qui, à notre connaissance, en a suspendu, c'est la
Suisse qui, comme vous le savez, n'est pas membre de
l'Union européenne.
Deuxième cohérence, c'est la cohérence belge. Au
sein du Parlement fédéral, nous avons des grands débats
de politique étrangère. Lorsqu'il y a eu un débat sur la
lutte contre le terrorisme et sur la lutte contre Daesh,
une résolution a été votée, les deux formations
politiques qui sont dans la majorité wallonne et dans
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
l'opposition fédérale ont voté avec la majorité fédérale
en disant : « Oui, il faut lutter contre Daesh ».
L'Arabie saoudite est aussi dans cette coalition
dirigée par les États-Unis. Ce n'est pas notre amie. Nous
n'aimons pas du tout la politique de l'Arabie saoudite.
Nous n'aimons pas du tout les violations et les
dénonçons, des droits de l'homme, et cetera, mais dans
le combat contre Daesh, pouvons-nous priver d'un pays
comme celui-là, de sa force économique, de sa force
militaire et de son rôle stabilisateur ?
C'est difficile. C'est toujours plus facile d'avoir les
mains propres, mais on ne change pas le monde comme
l'avait très bien montré Jean-Paul Sartre dans un livre
resté célèbre, sans, de temps en temps, accepter que si
l'on veut poursuivre son idéal, il faut parfois s'entacher
un tout petit peu les mains. Nous le faisons, mais nous
le faisons sans jamais perdre de vue notre boussole
géopolitique et nos intérêts éthiques. La seule chose que
je nous souhaite, c'est que nous parvenions à le faire
encore et à le faire longuement.
Je vous remercie de votre attention.
(Applaudissements)
M. le Président. - Après la réponse du
Gouvernement, nous donnons bien sûr la réplique à
l'assemblée, singulièrement à M. Tzanetatos pour six
minutes.
La parole est à M. Tzanetatos.
M. Tzanetatos (MR). - Je n'ai pas de réplique
particulière, Monsieur le Président.
Le discours a été clair en ce qui me concerne et par
rapport aux questions que j'ai posées.
M. le Président. - La parole est à M. Collignon.
M. Collignon (PS). - Une petite réplique, Monsieur
le Président.
Tout d'abord, je me plais à souligner la sérénité des
débats dans un tel contexte qui est compliqué, à savoir,
M. le Ministre-Président l'a rappelé, trouver cet
équilibre entre éthique, droits de l'homme et
l'importance du secteur économique.
Deux, pour faire un peu d'histoire, c'est que M. le
Ministre-Président a cru sur parole l'excellent chef de
groupe MR, mais en 1997, c'est un gouvernement PScdH et c'est un ministre – c'est le Gouvernement
Collignon, pour être franc – qui a mis en place le rachat
de la FN. Je sais que les libéraux ont d'excellents
ministres de l'Économie, mais à l'époque, le ministreprésident était aussi ministre de l'Économie, c'est
simplement pour les comptes-rendus et la vérité de
l'histoire.
Troisièmement, j'ai cru retenir des débats qu'aucune
formation politique, hormis Ecolo, ne souhaitait que l'on
débatte à nouveau d'une refonte du décret. Je pense
qu'un consensus se dégage, à ce niveau.
On a parfois évoqué des positions schizophréniques.
M. le Ministre-Président a mis en avant celle du PTBGO ! Je dois aussi relever celle de M. Bourgeois, mais il
est tout de même extrêmement étonnant qu'un ministre
N-VA soit souvent jaloux des régionalisations, des
compétences que l'on exerce ou que l'État fédéral
exercerait à l'encontre des régionalisations et, à ce jour,
se mêler de compétences qui sont parfaitement
régionalisées. C'est peut-être un défaut qu'ont certains
Flamands que de vouloir donner la leçon dans certaines
thématiques. La Wallonie n'a pas à rougir de son
éthique. Comme je l'ai dit en entame : il n'y a pas une
partie du pays qui est parfaitement éthique et un autre
territoire qui est sous-développé et dans le cadre duquel
l'éthique n'aurait pas parcouru.
Je voudrais également souligner qu'il me semble que
la Wallonie aurait tout à perdre en allant plus vite que la
musique. M. Jeholet a exprimé là une position à laquelle
on peut recourir.
Ensuite, sur la thématique des ventes des parts, le
discours du ministre-président me convient quant aux
balises qui ont été fixées, mais pas de position
dogmatique. Je répète quand même que le momentum
me semble particulier. Ce n'est pas quand votre
commerce est mis en difficulté, est épinglé, que l'on
songe à le vendre. Il est parfois étonnant que l'on
attende souvent de la puissance publique de jouer au
pompier de service quand une entreprise va mal et que,
quand l'entreprise fonctionne, on se dise qu'il faut
privatiser pour que le privé puisse faire des bénéfices,
en ayant aussi à l'esprit que c'est aussi une garantie par
rapport à ce commerce particulier.
M. le Président. - La parole est à Mme Ryckmans.
Mme Ryckmans (Ecolo). - Monsieur le MinistrePrésident, vous avez répondu à certaines de nos
questions. Vous avez, par exemple, annoncé que nous
aurons le rapport WBI ; ce qui est demandé par la Cour
constitutionnelle. Vous avez dit publiquement la
destination des tourelles de chars. Comme vous l'avez
dit, nous étions tenus à ce devoir de réserve et
l'information n'était pas publique. Maintenant, elle l'est,
c'est confirmé. Il est important que cette destination
finale des armes soit transparente et publique.
Vous avez raison de dire que le décret est solide. Ce
que nous demandons, c'est qu'il soit appliqué. Nous
demandons l'application du décret et de tout le décret. À
notre sens, quand trois des huit critères qui sont à
respecter pour la vente d'armement ne sont plus réunis
aujourd'hui, il faut suspendre les livraisons d'armes à
l'Arabie saoudite qui viole les droits humains, qui met à
mal la paix, la sécurité et la stabilité régionale, qui viole
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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le droit international, y compris le droit en temps de
guerre, le droit humanitaire, en bombardant sans
discernement les civils.
Devant les faits actuels, Monsieur Magnette, il faut
revoir votre position. Ce que nous demandons, ce n'est
certainement pas de revoir le décret, Monsieur
Collignon. Ce que nous demandons, c'est que, au
contraire, il soit approfondi et que les deux arrêtés
d'application dont nous demandons l'adoption soient
effectivement adoptés.
C'est ici que vous ne nous avez pas répondu. Vous
nous avez répondu qu'il y avait eu des échanges au sein
du COARM avec les autres pays. Vous avez la
possibilité, Monsieur le Ministre-Président, de poser
cette question et d'amener votre position au sein du
COARM. S'il y a des débats et des discussions dans les
trois pays – vous avez cité l'Allemagne et la Suède, mais
il y a aussi la Grande-Bretagne –, vous avez la
responsabilité de mettre cette question à l'agenda et de
mettre la décision d'une suspension, éventuellement, sur
la table.
Dire qu'il ne sert à rien de ne pas vendre d'armes à
un pays, sous prétexte que d'autres le feraient, c'est un
argument que l'on entend régulièrement qui ne tient pas
compte des règles qui ont été fixées aux niveaux
mondial, européen et régional. Si vous avez la
possibilité de mettre cette question sur la table, nous
pensons que vous devez le faire.
Bien sûr, nous sommes préoccupés par l'emploi.
C'est pour cela que nous parlons de diversification, c'est
pour cela que nous parlons du rôle important de
l'actionnariat régional qui est, à notre sens, un point
d'appui pour diversifier...
M. le Président. - Je vous invite à conclure,
Madame.
Mme Ryckmans (Ecolo). - ... pour diversifier pas
seulement ses produits, cela a été évoqué par les uns et
les autres, mais aussi ses clients. C'est là qu'il y a une
responsabilité à être moins dépendant d'un seul client
qui est éthiquement problématique.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à Mme Simonet.
Mme Simonet (cdH). - Monsieur le MinistrePrésident, merci pour votre exposé qui a abordé
l'ensemble des questions de la difficulté de cette
thématique. Vous avez rappelé les procédures internes
en Région wallonne, le travail qui est fait par notre
administration, qui est de qualité et qui est difficile lui
aussi. Les procédures au COARM, là, j'ai entendu avec
plaisir qu'à trois reprises, en l'espace de quelques mois,
vous aviez remis cette thématique au niveau européen, à
l'endroit où le débat, d'ailleurs, doit avoir lieu.
23
Nous avons le décret de 2012 qui est un décret
solide, qui est un des décrets qui traduit les directives
européennes et qui va au-delà. Nous l'avons voulu ainsi
après de longs débats au sein de cette assemblée. J'aime
votre proposition quand vous dites « Nous l'avons,
assumons-le et surtout défendons-le pour que d'autres,
demain, se dotent d'outils semblables, aussi exigeants »
et qu'au COARM j'ai pris bonne note que vous alliez –
et vous l'aviez déjà fait à trois reprises, je vous en
félicite – que vous ne manquerez pas de le refaire lors
des réunions qui se dérouleront...
J'ai noté aussi que s'il y a des questionnements en
Allemagne, au Royaume-Uni, aucune suspension de
licence n'avait été actée au sein du COARM qui est
l'endroit où justement on échange par rapport à des
décisions qui sont prises, c'est important.
Par rapport à l'ouverture éventuelle du capital, je
vous entends, j'ai noté que vous aviez dit que ce n'était
pas à l'ordre du jour. Non pas que ce n'était pas possible,
mais que ce n'était pas à l'ordre du jour. L’offre dont on
parle dans la presse de ce matin remonte à 2014 et
j'entends que les personnes ont été reçues au cabinet du
ministre de l'Économie. Ce n'est pas parce qu'il y a une
offre, un papier, le papier se laisse écrire. À Liège,
pardon de terminer comme cela, nous avons encore un
goût amer avec des larmes, pour ne pas dire des larmes
et du sang, de ce qui s'est passé dans d'autres entreprises
où nous espérions – je pense à Cockerill en son temps –
qu'avec Arcelor les temps seraient meilleurs et qu'avec
Mittal, ils seraient porteurs d'espoir.
Je vous remercie et vous invite à porter ce débat au
niveau européen.
(Applaudissement)
M. le Président. - La parole est à M. Gillot.
M. Gillot (PTB-GO !). - Je pense que M. Magnette
n'a pas vraiment bien écouté ce que j'ai dit, parce que
quand j'ai parlé d'embargo, il devrait avoir lieu au moins
au niveau européen. J'ai dit dans mon discours que cela
n'avait aucun sens de le faire uniquement au niveau
wallon. Là, il n'y a pas d'hypocrisie à avoir, c'est
exactement ce que j'ai dit.
J'ai dit que par ailleurs, si cela devait aboutir, il
faudrait des compensations aussi pour les travailleurs.
On en a trouvé pour d'autres secteurs. Je ne vois pas
bien où il y a une contradiction.
J'ai dit aussi qu'il fallait que les responsables
politiques prennent leurs responsabilités en pensant à la
diversification de la production dans l'entreprise. Là non
plus je ne vois pas où il y a une quelconque forme
d'hypocrisie.
Je vais terminer sur les considérations de vie
sexuelle que vous avez eues....
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
(Réaction d'un intervenant)
Non, non, mais directement, parce que j'ai quand
même un peu l'expérience aussi, mais je dois me rendre
compte...
M. le Président. - Monsieur Gillot, ce n'était pas un
fait personnel, rassurez-vous....
(Rires)
M. Gillot (PTB-GO !). - Non, non, je m'en doute. Je
peux vous dire qu'il est tout à fait possible de rester
vierge et d'avoir par ailleurs une vie sexuelle, parfois
pauvre d'ailleurs. En laissant entrer un capital privé dans
une entreprise comme la FN, c'est un peu ce qui
arriverait en ne devenant plus qu'un voyeur.
Merci, Monsieur le Ministre-Président. Pas mal,
hein ?
M. le Président. - On a compris que M. Gillot
s'autoévaluait, manifestement.
(Réaction de M. Puget)
Si M. Puget a d'autres confidences, on l'écoute.
M. Puget (Indépendant). - Je pense que j'en ai déjà
fait pas mal ces 15 derniers jours.
Je remercie M. Magnette pour sa synthèse complète.
Au moins, tout le monde a été informé en un éclairage
clair sur la situation. Le message envoyé vers les
travailleurs de la FN ou une garantie à l'emploi a rassuré
tout le monde. Tout le monde va pouvoir rentrer chez
soi aujourd'hui un peu soulagé.
Je me réjouis que le débat ne soit pas trop teinté par
l'émotionnel et que presque tout le monde s'entende
pour conserver un des outils industriels dont la grande
majorité des Wallons est fière.
M. le Président. - La parole est à M. Jeholet.
M. Jeholet (MR). - Monsieur le Président, Monsieur
le Ministre-Président, je dirais en boutade, pour
commencer, quand j'entends le discours de
M. Magnette, il y a un virage à 180 degrés avec les
discours antimilitaristes socialistes d'il y a quelques
années. C'est une évolution, car dans votre discours, il y
a deux aspects. J'ai dit cette évolution du côté – c'est
vrai qu'on le voit dans d'autres pays, le côté va t'en
guerre du président Hollande, et cetera – il y a une
évolution du Parti socialiste. Quand on parle de la FN,
on retrouve le côté doctrinaire et dogmatique du
ministre-président.
Deuxième remarque, Monsieur le MinistrePrésident, vous avez parlé des avis COARM, vous
parlez du mois de novembre, le premier avis que vous
avez demandé, le 12 novembre 2015. Cela veut-il dire
qu'auparavant, puisque vous êtes ministre-président
depuis un peu plus longtemps, il n'y a pas eu nécessité,
que vous n'avez pas jugé utile de demander d'avis au
COARM ? Nous aurons l'occasion d'en rediscuter parce
que vous n'avez peut-être pas jugé opportun de
demander d'autres avis.
Troisième remarque, quand vous parlez de tout
petits vendeurs, je vous avoue que la formule me paraît
maladroite, car on pourrait parler de petits voleurs, de
petits braqueurs, en attendant, il faut être prudent dans
la formule. Ce que je veux dire et être très clair par
rapport au groupe MR, c'est que cela n'enlève en rien
l'obligation d'envisager chaque dossier, chaque licence
avec tout le sérieux et toute la vigilance nécessaires et
sans la moindre légèreté. Il y a le décret – j'ai compris
qu'il n'y a pas une volonté de remettre le décret en
question – et il y a les critères du décret qui doivent être
respectés. Il faut juger chaque licence individuellement
et avec beaucoup de vigilance.
Par rapport à la Commission armes, je partage le
jugement de valeur que vous portez sur le président,
mais ce serait un peu trop facile de lui transférer la
responsabilité, ainsi qu'aux membres de la commission.
C'est vous qui signez les licences d'exportation. Un
contrôle se fait parfaitement a posteriori. C'est bien
essayé, mais vous portez la responsabilité de la
signature des licences d'exportation.
Quatrième remarque, on est d'accord sur les
déclarations faites en Flandre, on n'a pas de leçons à
recevoir. Évitons de donner également des leçons à la
Flandre si l'on ne veut pas qu'elle nous donne des
leçons. On est suffisamment grands pour prendre notre
destin en main dans beaucoup de dossiers, je le rappelle
très souvent.
Par rapport à la privatisation – je termine par là –
d'abord, que les choses soient très claires, on peut
essayer, mais au niveau du Mouvement réformateur, la
position est unique et très claire par rapport à la
privatisation. Je préfère parler d'actionnariat privé. Loin
de moi l'idée, à nouveau dogmatique, de dire ce que
demain le privé fera, il le fera mieux qu'aujourd'hui le
public. Par rapport au projet qui existe, il y a un projet
de diversification, un projet de maintien d'une activité
locale importante. Il y a une volonté de concertation
puisque, manifestement, le président de la FN a
rencontré les syndicats pour exposer le projet.
Attention d'aborder ce sujet avec des réserves – les
réserves que j'ai citées tout à l'heure par rapport à
l'activité, à l'emploi, au savoir-faire wallon –, car là, j'ai
l'impression qu'il y a une divergence de vues au sein de
votre formation politique. Quand j'entends M. Collignon
qui est interrogé et qui dit : « Non, pas question, ce n'est
pas à l'ordre du jour ». Quand vous m'avez répondu en
commission, il y a un mois, je n'ai pas ressenti
l'ouverture du ministre de l'Économie aujourd'hui.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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Quand on parle de ce projet et que l'on dit : « Il y
aura peut-être, à un moment donné, un projet en bourse
d'ici deux ou trois ans ». Le ministre de l'Économie est
ouvert à cela. Dans d'autres dossiers – M. Crucke l'a
interrogé par rapport à d'autres dossiers –, il y a un côté
doctrinaire, un blocage que je ressens quand même un
peu chez vous. Alors, Monsieur Collignon, permettezmoi, votre réaction un peu épidermique et puérile, de
venir dire : « La Région wallonne va se retirer de
Brussels Airlines ». Vous êtes contredit d'ailleurs par le
SRIW, mais si l'on veut de la sérénité dans le débat,
évitons aussi ce type de réaction. On aura l'occasion
d'en reparler, Monsieur le Ministre-Président, mais je
pense qu'il faut vraiment avoir ce débat sans frein et
sans tabou.
Pour terminer, quand M. Collignon dit : « Ce n'est
pas le moment, parce que l'on a l'impression d'être dans
une problématique commerciale, ou une entreprise qui
va mal ». Non, c'est de notre responsabilité à faire
passer le message qu'il n'y a pas de souci. Si notre
responsabilité et l'expression politique est contraire,
évidemment, cela met à mal, non seulement l'entreprise,
qu'elle soit demain davantage privée que publique
aujourd'hui. On doit avoir un message clair par rapport
au secteur de l'armement, que ce soit la FN ou d'autres
entreprises wallonnes, par rapport à l'activité et par
rapport au travail.
M. le Président. - Monsieur Jeholet...
M. Jeholet (MR). - Je termine, Monsieur le
Président. C'est un message clair aussi et c'est de notre
responsabilité politique.
Je dois bien vous avouer, Monsieur le MinistrePrésident, que sur la privatisation ou la montée en
puissance d'un actionnariat privé, alors qu'il y a des
projets, minimum un projet concret existe, il a été
présenté. Je regrette une certaine frilosité de votre part
par rapport à celle du ministre de l'Économie qui,
malheureusement, n'était pas présent aujourd'hui.
J'aurais souhaité pouvoir aussi avoir sa position et en
discuter avec lui, mais nous aurons l'occasion d'en
redébattre vu l'importance du sujet. Je vous remercie.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à Mme Zrihen.
Mme Zrihen (PS). - Très brièvement, Monsieur le
Président, simplement pour dire qu'effectivement, on
peut, comme on dit chez nous, « touiller » toute la
machine tant que l'on veut, la question qui se pose est
immédiate. Il y a un COARM le 20 janvier et pour
bonne
information,
ce
COARM
se
réunit
mensuellement et permet à chaque fois d'adapter les
décisions qui sont prises. Je pense que le Fédéral aura
aussi une responsabilité par rapport à la position qu'il
prendra ce jour-là. Je prendrai aussi la responsabilité de
poser les questions ad hoc au bon moment pour savoir
25
quelles sont les cohérences que nous avons pu
développer dans ce dossier sans faire un touillage pareil.
Merci.
M. le Président. - Pour le groupe socialiste,
M. Collignon se sentait, si j'ai bien compris par
mimique interposée, interpellé par les propos de
M. Jeholet. Souhaitez-vous intervenir pour rectifier
certains éléments ou pas ?
M. Collignon (PS). - Je souhaite intervenir très
brièvement, parce que je pense que le débat est serein et
que ce n'est pas le lieu de la polémique. Je veux
simplement dire deux choses. La première est que j'ai
dit, à l'entame, il y a pire sourd que celui qui ne veut pas
entendre, qu'il n'y a pas d'opposition dogmatique et, qu'à
titre, personnel, je ne sentais pas le momentum, pour
résumer ma pensée.
Deux, je ne comprends pas – là aussi, c'est une
position personnelle, j'ai encore le droit d'émettre des
idées – que ce qui vaut comme raisonnement pour
vendre des parts pour la FN ne vaille pas pour la
SN Bruxelles dans le cadre duquel seule la Wallonie est
intervenue. La Flandre n'est pas intervenue et où il n'y a
pas d'emploi wallon et où, à mon avis, il n'y a pas intérêt
à garder ces parts. Je ne vois pas quelle barrière
intellectuelle vous avez à ne pas vendre des parts dans
un autre dossier. C'est simplement...
(Réaction de M. Jeholet)
Je ne sais si j'ai des humeurs, mais je n'en ai pas
souvent. Je ne sais pas si vous en avez.
M. le Président. - La parole est à M. Fourny.
M. Fourny (cdH). - Je m'en référerai à ce qui a été
dit et très bien dit par Mme Simonet.
M. le Président. - Fort bien.
Chers collègues, nous nous retrouverons à 14 heures
pour les déclarations et les questions. Ensuite, nous
aurons la clôture d'une démarche citoyenne à travers une
pétition et la résolution sur le dumping social. Tout cela
nous amènera aux votes à partir de 17 heures. Bon
appétit à chacune et chacun.
La séance est suspendue jusqu'à 14 heures.
- La séance est suspendue à 12 heures 9 minutes.
REPRISE DE LA SÉANCE
- La séance est reprise à 14 heures 4 minutes.
M. le Président. - La séance est reprise.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
DÉCLARATIONS D'INTÉRÊT RÉGIONAL
M. le Président. - Conformément à l'article 69 du
règlement, les déclarations d'intérêt régional ont lieu en
ce début de séance de l'après-midi.
DÉCLARATION D'INTÉRÊT RÉGIONAL DE
MME DEFRANG-FIRKET, SUR « LE
CONSUMER ELECTRONICS SHOW DE LAS
VEGAS »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
déclaration d'intérêt régional de Mme Defrang-Firket,
sur « Consumer Electronics Show de Las Vegas ».
La parole est à Mme Defrang-Firket.
Mme Defrang-Firket (MR). - Monsieur le
Président, Messieurs les ministres, chers collègues, je
voudrais simplement lancer un cocorico wallon, un
cocorico liégeois même, pour saluer et féliciter la
présence de l'entreprise liégeoise Fleye, qui est
compétente en matière de drones et qui est présente sur
le salon CES, Consumer Electronics Show, à Las Vegas.
Ce n'est pas rien.
C'est un salon de grande envergure dans le domaine
des technologies de l'information avec 153 pays
représentés, 3 600 exposants et 170 visiteurs. C'est une
grande fierté pour la Wallonie. Cette entreprise a
bénéficié de l'aide de l'AWEx, certes, mais il y a encore
beaucoup de choses à faire sur le terrain pour soutenir
les entreprises de ce secteur. J'espère que la dynamique,
lancée par la résolution que nous avons déposée au
Parlement wallon, les soutiendra au mieux et permettra
le développement le plus fort possible de ce secteur en
vue de créer un maximum d'emplois et de participer
ainsi au développement économique de notre région. Je
vous remercie.
(Applaudissements)
DÉCLARATION D'INTÉRÊT RÉGIONAL DE
MME SALVI, SUR « LE DÉPÔT D'UNE
PROPOSITION DE RÉSOLUTION SUR LE
THALYS WALLON »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
déclaration d'intérêt régional de Mme Salvi, sur « le
dépôt en urgence d'une résolution de résolution sur le
Thalys wallon ».
La parole est à Mme Salvi.
Mme Salvi (cdH). - Je vous remercie, Monsieur le
Président. Chers collègues, souvenez-vous, il y a
quelques mois, nous avons eu un excellent débat au sein
de cette assemblée, relatif au Thalys wallon et à ce
Thalys qui avait disparu de la dorsale wallonne.
À l'époque, nos collègues réformateurs nous
affirmaient, la bouche en cœur, que l'on ne devait
surtout pas s'inquiéter. C’était uniquement une
suspension technique de la dorsale et cette dorsale et ce
Thalys allaient pouvoir réintégrer les différentes grandes
villes wallonnes.
Aujourd'hui, malheureusement, on doit bien
constater que les masques sont tombés puisque les
travaux qui indiquaient la suspension sont bel et bien
terminés ou, en tout cas, en phase de l'être.
Malheureusement, pas une seule ligne dans la ligne
budgétaire au niveau du Gouvernement fédéral n'est
prévue afin de lancer un marché de service de qualité
par rapport à la réintroduction de ce Thalys.
C'est tout à fait inacceptable. Dans ce cadre, je
redépose avec mon groupe une proposition de résolution
visant à la réouverture de cet axe et de ce Thalys wallon.
Cette proposition de résolution est ouverte à l'ensemble
des cosignatures, on a déjà eu quelques signes positifs.
J'espère, chers collègues, très sincèrement, que je
pourrai compter avec mon groupe sur l'ensemble des
parlementaires francophones des groupes démocratiques
afin de soutenir cette proposition. Aujourd'hui, j'estime
que l'on est complètement sourd au niveau du
Gouvernement fédéral. On l'a revendiqué à de
nombreuses reprises. Cette proposition sera déposée et
j'invite chacun et chacune à nous suivre et à soutenir le
Thalys. Je vous remercie.
(Applaudissements)
DÉCLARATION D'INTÉRÊT RÉGIONAL DE
MME MORREALE, SUR « LE MAINTIEN DU
THALYS EN WALLONIE »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
déclaration d'intérêt régional de Mme Morreale, sur « le
maintien du Thalys en Wallonie ».
La parole est à Mme Morreale.
Mme Morreale (PS). - Monsieur le Président, chers
collègues, Mesdames et Messieurs les ministres, ma
déclaration d'intérêt régional pour le groupe PS va dans
le même sens, en tout cas sur le même dossier. Il est vrai
que les nuages s'amoncellent sur le dossier de la dorsale
wallonne du Thalys puisque au printemps dernier, la
ministre fédérale des transports avait annoncé la
fermeture provisoire, le temps de pouvoir équiper de
nouveaux dispositifs de sécurité, les voies. Les travaux
sont faits, mais le Thalys ne roule toujours pas.
Via des motions et via des résolutions, la Wallonie a
déjà soutenu une réouverture au sein de ce Parlement.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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Malgré les annonces du Fédéral, les actes ne suivent pas
et cela nuit aux intérêts des Wallons et de notre région.
Raison pour laquelle nous demandons au Gouvernement
wallon de se ressaisir à nouveau du dossier.
Concrètement, comment faire ? En portant le dossier au
Comité de concertation en demandant pourquoi, au
budget 2016 du Fédéral, il n'y pas de budget prévu pour
la relance de Thalys wallon, de ce TGV intérieur.
Clairement, cela va poser des soucis, à la fois pour les
Namurois, pour les Carolos, pour les Montois, comme
pour les Liégeois.
(Applaudissements)
M. le Président. - Voilà qui clôture le point à l'ordre
du jour que constituaient les déclarations d'intérêt
régional.
QUESTIONS URGENTES
M. le Président. - Conformément à l'article 68 du
règlement, les questions urgentes ont lieu en ce début de
séance de l'après-midi.
QUESTION URGENTE DE M. CRUCKE À
M. PRÉVOT, MINISTRE DES TRAVAUX
PUBLICS, DE LA SANTÉ, DE L'ACTION
SOCIALE ET DU PATRIMOINE, SUR
« L'ARRIVÉE DES SUPERCAMIONS »
QUESTION URGENTE DE M. FOURNY À
M. PRÉVOT, MINISTRE DES TRAVAUX
PUBLICS, DE LA SANTÉ, DE L'ACTION
SOCIALE ET DU PATRIMOINE, SUR
« L'EXPÉRIENCE-PILOTE EN MATIÈRE
D'ÉCOCOMBIS »
M. le Président. - Nous avons deux questions
portant sur le même sujet ; le ministre va le découvrir en
séance. Si je me permets de les regrouper, c'est parce
que le greffe et votre serviteur ont connaissance de
l'objet ; ce qui n'est pas le cas du Gouvernement.
L’ordre du jour appelle les questions urgentes à
M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de
l'Action sociale et du Patrimoine :
– de
M. Crucke,
sur
« l'arrivée
des
supercamions » ;
– de M. Fourny, sur « l'expérience-pilote en
matière d'écocombis ».
La parole est M. Crucke pour poser sa question.
M. Crucke (MR). - Monsieur le Président, avec
M. Fourny, je prends le Gouvernement par surprise, je
trouve cela très agréable.
27
Monsieur le Président, il y a longtemps que nous
parlons ensemble, depuis que vous êtes ministre en tout
cas, de ce que l'on appelle les supercamions, les Super
Trucks – et pas les super Crucke, cela peut exister aussi
– qui devraient être une solution à la fois
environnementale, écologique, économique et une lutte
contre un sujet qui vient tout à l'heure, le dumping
social. Vous étiez d'accord sur le fond, je dois le
reconnaître.
En Flandre, cela existe, deux lignes fonctionnent
aujourd'hui. Aux Pays-Bas, on a légiféré depuis
longtemps. Chez nous, je lis ce matin que vous avez
déposé un avant-projet de décret pour faire des projets
pilotes. À ce train, on ne va pas aller très vite pour ces
Super Trucks. Y a-t-il besoin d'un cadre décrétal pour
faire des projets pilotes ? Ne pouvait-on pas, dans une
logique qui me semble plus simple, faire des projets
pilotes et en fonction de cela, avoir un décret qui débatte
du cadre ?
Vous savez qu'il y a des demandes sur le terrain. Je
vous ai relié une demande bien précise entre Leuze et
Mouscron. Aujourd'hui, les travaux entre Leuze et
Mouscron font que, même avec un Super Truck, on ne
va pas avancer très vite, car cela fait plus d'un an et
demi que l'on est en travaux et, paraît-il, il y en a encore
pour un an et demi. Mais il n'y a pas que le sousrégionalisme, il y a aussi des demandes d'entreprises qui
se disent, si demain, on veut être plus efficaces, on a
besoin de cette possibilité. Ne pourrait-on pas changer
cette logique ?
M. le Président. - Vous l'aurez compris, cette foisci, ce n'est plus une surprise, M. Fourny pour le groupe
cdH sur le même thème.
La parole est à M. Fourny pour poser sa question.
M. Fourny (cdH). - Monsieur le Ministre, pour
compléter la question posée, quand on voit l'état de nos
routes, il est clair qu'il faut faire des expériences pilotes
et qu'un encadrement décrétal s'impose à ce propos. Il
faut que l'on puisse au moins contrôler, valider les
portions de route sur lesquelles on va rouler.
Monsieur le Ministre, ma question est la suivante.
Quelles sont les opérations pilotes qui seront lancées ?
Quelles seront les durées pour lesquelles ces opérations
pilotes seront lancées ? Les routes qui seront
fréquentées seront-elles des routes qui contiennent des
gabarits suffisants pour accueillir ces écocombis ? Se
pose la problématique de savoir s'il n'y aura pas des
incidents sur les chaussées, leur état au travers duquel
des investissements lourds ont été faits pour l'instant
pour les remettre en état.
Ce sont les questions qui sont posées maintenant.
Dans les faits, quand aura-t-on une perspective claire
de mise en route de ce système et de cette expérience
pilote, afin d'annoncer la chose aux entreprises,
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
d'envisager la durée de cette expérience pilote et de
savoir qui et comment l'évaluation sera faite à ce propos
dans les prochains mois ?
M. le Président. - La parole est à M. le Ministre
Prévot.
M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la
Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine. - Messieurs
les députés, merci pour ce questionnement sur les Super
Trucks, les écocombis comme on les appelle également.
Effectivement, je suis en train de mettre la dernière
touche à la rédaction d'un avant-projet de décret que je
soumettrai à mes collègues du Gouvernement d'ici la fin
de ce mois. L'objectif étant, à travers cette démarche,
d'offrir un cadre qui soit déjà robuste, en vue de
pérenniser les actions une fois passée la phase
d'expérience pilote, pour peu que l'évaluation et les
enseignements que nous pouvons en tirer se révèlent
positifs.
C'est vrai qu'en Flandre, aux Pays-Bas, déjà où cela
se développe depuis une dizaine d'années, nous avons
accumulé du retard en Wallonie avec le développement
de ce type de supercamions qui, contrairement à ce que
peut être le premier ressenti du citoyen, ne sont pas de
nature à accroître les accidents, à causer davantage de
problèmes de sécurité, à dégrader davantage le réseau
routier. Si je puis l'affirmer, c'est parce que l'évaluation
qui a été faite, notamment aux Pays-Bas avec 10 années
de recul et d'expérience, me permet de l'énoncer.
Deuxième considération, la volonté de pouvoir
boucler l'ensemble de la démarche et le lancement des
appels à projets d'ici l'été. Voilà pour ce qui concerne la
dimension de calendrier, Monsieur Fourny, mais il est
certain que l'avant-projet de décret – qui se transformera
grâce à votre soutien en décret – n'aura pas vocation à
tout régler au dernier carat ; des arrêtés ministériels
devront être pris.
M. le Président. - La parole est à M. Crucke.
M. Crucke (MR). - Je remercie M. le Ministre.
J'apprécie toujours quand un ministre fait son acte de
contrition en reconnaissant le retard de la Wallonie sur
le sujet. Je ne lui demande donc pas de faire une
pénitence supplémentaire. Je n'ai toujours pas compris
la logique. Pourquoi ne pas commencer par des projets
pilotes et ensuite un décret ? Est-ce à ce point logique
que c'est devenu illogique pour le Gouvernement ? Ce
raisonnement simple, non pas simpliste, mais réaliste,
n'est-il pas applicable parce qu'il est trop efficace pour
les entreprises ?
M. le Président. - La parole est à M. Fourny.
M. Fourny (cdH). - Je remercie le ministre pour
l'agenda annoncé et les expériences pilotes qui devront
tenir compte des voies choisies. Il faut une base
décrétale sérieuse pour pouvoir mettre en œuvre cette
expérience pilote, puisqu'elle implique et induit
l'application du Code de la route, dont nous sommes
maintenant les responsables, Monsieur Crucke, au
travers de la sixième réforme de l'État.
Par ailleurs, je vous confirme bien, Monsieur le
Ministre, que j'ai terminé mon travail de rapportage – ou
la rédaction de mon rapport – concernant les transports
exceptionnels. Cette initiative, combinée avec l'initiative
des écocombis, permettra à la Wallonie de développer
son transport exceptionnel, mais également, à l'avenir, le
développement des écocombis, bon pour les entreprises,
Monsieur Crucke.
QUESTION URGENTE DE M. COURARD À
M. COLLIN, MINISTRE DE L'AGRICULTURE,
DE LA NATURE, DE LA RURALITÉ, DU
TOURISME ET DES INFRASTRUCTURES
SPORTIVES, DÉLÉGUÉ À LA
REPRÉSENTATION À LA GRANDE RÉGION,
SUR « LES EXPORTATIONS AGRICOLES »
Il faudra choisir judicieusement les voies qui seront
prises en considération, puisque l'objectif est d'éviter
aussi de faire une concurrence inappropriée, par
exemple à la voie d'eau. Choisir des tracés le long de
nos fleuves ne serait pas pertinent par rapport à l'enjeu
qui est surtout davantage intrabelge que transfrontalier
puisque tous les autres pays n'ont pas nécessairement
encore ouvert leur possibilité à cet égard. Pensons à la
France, par exemple.
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
question urgente de M. Courard à M. Collin, Ministre de
l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme
et des Infrastructures sportives, délégué à la
Représentation à la Grande Région, sur « les
exportations agricoles ».
Je terminerai en disant que de nouveaux
enseignements et des perspectives additionnelles
pourront être tirés incessamment sous peu du rapport
que j'avais sollicité auprès de M. le Député Fourny et
qu'il semble souhaiter me remettre d'ici peu en matière
de transport exceptionnel en Wallonie. Je ne doute pas
que nous en tirerons les enseignements pour aussi
permettre le développement de ces projets pilotes
d'écocombis.
M. Courard (PS). - Monsieur le Ministre, je lisais
dans un journal : « Notre agriculture doit gagner des
parts de marché en exportant ses produits ». C'est votre
déclaration d'aujourd'hui. Vous avez indiqué que le
circuit court, c'était bien, mais que ce n'était pas
suffisant, qu'il fallait gagner des parts de marché, qu'il
fallait exporter plus concernant notre agriculture
wallonne.
La parole est à M. Courard pour poser sa question.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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Ma question est simple. La crise date déjà de
l'affaire de l'embargo russe de 2014. Qu'avez-vous fait
depuis 2014 à ce propos ? Que faites-vous aujourd'hui et
que ferez-vous demain ? Quel est votre plan pour
rencontrer votre souhait, celui d'exporter plus pour nos
agriculteurs wallons ?
M. le Président. - La parole est à M. le Ministre
Collin.
M. Collin, Ministre de l'Agriculture, de la Nature,
de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures
sportives, délégué à la Représentation à la Grande
Région. - Monsieur le Député, je suis un fanatique des
circuits courts et vous savez que l'on y travaille.
Lorsque l'on produit 141 % de viande par rapport à
notre consommation et à peu près 149 % du lait par
rapport à la consommation belge, on doit aussi exporter.
Des efforts sont faits par l'AWEx. Demain, j'ai
encore une réunion avec l'APAQ-W, l'organisme
flamand, le VLAM, pour aider l'AWEx dans des
campagnes extérieures de promotion, avec la
Confédération belge laitière.
Nous aspirons à ce que des efforts menés au niveau
fédéral puissent se concrétiser pour lever certaines
barrières sanitaires.
Je voudrais aussi en profiter pour dire qu'il n'est pas
question de réduire seuls notre production. Il faut une
régulation au niveau européen. Je vous cite, ainsi, pour
information, que les Pays-Bas, par exemple, à eux seuls,
ont augmenté leur production de 6 % en production
laitière sur l'année 2015.
Cela veut dire que nous devons davantage travailler
nos produits, les valoriser davantage et gagner – ce que
nous sommes en train de faire sur certains pays et
continents – de nouvelles parts de marchés. C'est
indispensable pour maintenir la survie de nos
exploitations agricoles.
M. le Président. - La parole est à M. Courard.
M. Courard (PS). - Rapidement. Comme je l'ai
indiqué, je suis d'accord sur le constat et sur cette
volonté d'exporter. Maintenant, faut-il encore mettre en
œuvre une politique qui le permette ! Vous avez donné
quelques indications. Je voudrais peut-être rappeler que
le continent africain est un continent qui évolue et qui
aura des besoins qui sont importants, vu la croissance de
la population. La problématique du lait en poudre est
certainement une chose à laquelle il faut réfléchir pour
essayer de trouver de nouveaux débouchés et de
nouveaux marchés, demain.
M. le Président. - Merci, Monsieur le Député. Voilà
qui clôture le deuxième point de l'ordre du jour, après
les déclarations d'intérêt régional et les questions
urgentes.
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QUESTIONS D'ACTUALITÉ
M. le Président. - Conformément à l'article 68 du
règlement, les questions d'actualité ont lieu en ce début
de séance de l'après-midi.
QUESTION D'ACTUALITÉ DE MME ZRIHEN À
M. MARCOURT, MINISTRE DE L'ÉCONOMIE,
DE L'INDUSTRIE, DE L'INNOVATION ET DU
NUMÉRIQUE, SUR « LE REMBOURSEMENT
D'AIDES OCTROYÉES À DUFERCO »
QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. DESQUESNES
À M. MARCOURT, MINISTRE DE L'ÉCONOMIE,
DE L'INDUSTRIE, DE L'INNOVATION ET DU
NUMÉRIQUE, SUR « LE REMBOURSEMENT
PAR DUFERCO ET NLMK DES AIDES
RÉGIONALES JUGÉES ILLÉGALES ».
M. le Président. - L'ordre du jour appelle les
questions d'actualité à M. Marcourt, Ministre de
l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du
Numérique :
– de Mme Zrihen, sur « le remboursement
d'aides octroyées à Duferco » ;
– de M. Desquesnes, sur « le remboursement par
Duferco et NLMK des aides régionales jugées
illégales ».
La parole est à Mme Zrihen pour poser sa question.
Mme Zrihen (PS). - Monsieur le Ministre,
permettez-moi de vous interpeller sur ce que l'Union
européenne appelle comme les aides inégales et
illégales au niveau du secteur industriel.
En effet, 240 millions d'euros ont été versés au
secteur industriel, en l'occurrence à Duferco, pour la
région de Clabecq, La Louvière et Marcinelle, lorsque la
situation a été extrêmement difficile pour ces entreprises
et qu'il fallait vraiment accorder un soutien de manière à
leur permettre de poursuivre leurs activités.
Cette aide est considérée comme illégale. Quoi qu'il
en soit, elle a permis de maintenir 3 000 personnes à
l'emploi plus 10 000 personnes en sous-traitance ; ce qui
n'est quand même pas une mince affaire.
Entre-temps, il faut savoir que l'Union européenne a
développé le Fonds européen d'aide à la mondialisation,
fonds qui permet, lorsqu'un secteur se retrouve en
difficulté extrême, de venir en apport pour permettre
une reconversion. En effet, la mondialisation amène à la
fois des disparitions d'entreprises dans un secteur, mais
en même temps, un certain nombre de délocalisations.
Des aides bien précises ont été mises en place.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Lorsque l'Union européenne qualifie maintenant ces
aides comme étant illégales, alors que le FEM date de
2006, application en 2007 et révision en 2013, cela nous
apporte un certain nombre de questions :
– véritablement, une interpellation a-t-elle été
faite ?
– de quelle manière la Région wallonne a-t-elle
été concernée ?
– d'autres entreprises risquent-elles d'être
concernées ?
– ne serait-il pas bon de rappeler peut-être
l'Union européenne à un petit peu plus
d'orthodoxie
et
sûrement
plus
de
responsabilités dans les décisions qui sont
prises ?
Je vous remercie.
M. le Président. - La parole est à M. Desquesnes
pour poser sa question.
M. Desquesnes (cdH). - Monsieur le Ministre, on a
pu lire dans la presse de ce week-end que l'Union
européenne, la Commission européenne réclamerait
240 millions d'euros d'aides trop versées pour
l'entreprise Duferco et sur l'ensemble de ses sites.
Ma première question est de savoir si vous
confirmez cette information. Des contacts que vous avez
avec vos services, avec la SOGEPA, cette information
se confirme-t-elle ?
D'une autre information que nous avons de La Libre
– puisque c'est elle qui a sorti l'information –, c'est
qu'une partie de ces montants aurait été versée à des
filiales de Duferco n'opérant pas dans notre Région.
Confirmez-vous cette information ?
Troisième sous-question, Monsieur le Ministre,
puisque pendant la période où Duferco a bénéficié de
ces aides, il y a eu une alliance avec la société NLMK,
société avec laquelle la Wallonie est liée pour le
redéploiement de plusieurs sites industriels, dont celui
de La Louvière. Je voulais savoir s'il y a un risque de
mise en cause des accords qui ont été passés entre la
Wallonie et la société NLMK.
M. le Président. - La parole est à M. le Ministre
Marcourt.
M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de
l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique. - Monsieur
le Président, Mesdames et Messieurs les députés, il est
difficile de réagir à quelque chose qui n'a pas été
confirmé par la Commission européenne.
Quelle est la situation depuis plusieurs années ? Sans
qu'il y ait d'ailleurs eu de plainte d'un quelconque
opérateur industriel, la Commission a ouvert une
instruction à l'égard des mécanismes d'intervention de la
Région, en l'occurrence la FSIH, à l'égard de Duferco.
Cette instruction est en cours. Depuis plusieurs
mois, nous savons que les services de la Commission
ont terminé leur enquête, mais, à ce jour, nous n'avons
pas reçu d'information concrète sur la décision de la
Commission.
Il m'est difficile de vous préciser les éléments
sollicités si ce n'est de dire que, comme l'a dit
Mme Zrihen, les interventions de la Région l'ont été
dans le cadre d'une intervention normale d'un acteur de
marché, respectant ainsi d'ailleurs toutes les conditions.
J'attends avec beaucoup d'intérêt la décision de la
Commission de manière à voir quelle réaction nous
aurons le jour où nous pourrons la critiquer. En l'état,
rien n'est décidé. Manifestement, le règne de la rumeur
va bon train et il y a plusieurs semaines d'ailleurs qu'elle
va bon train.
Je suis étonné du montant dans la mesure où je n'en
comprends pas tous les ressorts, mais, à cet égard,
j'attends avec impatience – même si une décision
contraire à celle que l'on attend serait la bienvenue –
d'avoir les documents officiels de manière à pouvoir
réagir et d'ailleurs de manière aussi à permettre aux
différents opérateurs dans ce dossier de réagir.
Dans la dernière question de M. Desquesnes, dans
les accords entre Duferco et NLMK, les choses sont
claires pour les deux acteurs et il n'y a donc pas lieu
d'inquiéter les travailleurs de NLMK à ce jour.
Voilà ce que je pouvais répondre en l'état.
M. le Président. - La parole est Mme Zrihen.
Mme Zrihen (PS). - L'information est très
importante. Il s'agit, premièrement, de rumeurs puisqu'il
n'y a pas de côté officiel en la matière. Deuxième point
qui me paraît très important, c'est : j'aurais vraiment
l'impression que l'on essaie en quelque sorte de
continuer à déstabiliser à la fois un secteur, en
particulier l'économie, de manière à ce que l'on puisse
ne pas trouver de manière très claire un certain nombre
de réponses qui nous permettraient d'affirmer encore
une fois, sur le plan européen, un travail de qualité tel
qu'il se fait actuellement.
Je me permets aussi de dire que nous sommes dans
un travail d'attention tout à fait particulière à la
réindustrialisation en Europe. On demanderait peut-être
à l'Europe un peu plus de cohérence.
M. le Président. - La parole est à M. Desquesnes.
M. Desquesnes (cdH). - Je remercie M. le Ministre
pour la réponse qu'il a fournie et je reconnais
évidemment la prudence qui est la sienne dans ses
propos par rapport à des éléments sur lesquels, jusqu'à
présent, il n'y a pas de confirmation.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
30
Je note toutefois que le ministre confirme qu'il y
avait bien une enquête, une instruction ouverte auprès
des services de la Commission européenne.
J'aurais aimé savoir plus précisément – c'est une
sous-question, Monsieur le Président, Monsieur le
Ministre – si l'on connaît la période sur laquelle porte
l'enquête menée par la Commission européenne en ce
qui concerne les aides d'État.
M. le Président. - La parole est à M. le Ministre
Marcourt.
M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de
l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique. - Je n'en
connais pas le détail, mais je sais que c'est depuis
l'arrivée de Duferco sur notre territoire que l'instruction
a été ouverte. Nous verrons maintenant quelle est la
période qui est considérée par la Commission
européenne, mais il faudra avoir la décision pour le
savoir.
M. le Président. - La parole est à M. Desquesnes.
M. Desquesnes (cdH). - Je remercie M. le Ministre
pour les éléments de précision, même si ce n'est pas une
information nouvelle, mais on sait ce que l'on sait. Ce
qui est important, c'est que les services de M. le
Ministre restent très attentifs concernant les impacts et
les répercussions possibles sur les entreprises
concernées, à savoir Duferco et NLMK.
QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. ONKELINX À
M. DI ANTONIO, MINISTRE DE
L'ENVIRONNEMENT, DE L'AMÉNAGEMENT
DU TERRITOIRE, DE LA MOBILITÉ ET DES
TRANSPORTS, DES AÉROPORTS ET DU BIENÊTRE ANIMAL, SUR « LE FEU VERT DE
L'EUROPE AU RACHAT DE TNT »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
question d'actualité de M. Onkelinx à M. Di Antonio,
Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du
territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports
et du Bien-être animal, sur « le feu vert de l'Europe au
rachat de TNT ».
La parole est à M. Onkelinx pour poser sa question.
M. Onkelinx (PS). - Monsieur le Ministre, en
préambule, je vais mettre en exergue les chiffres qui
viennent de tomber concernant l'activité de nos deux
fleurons, de nos deux aéroports publics concernant leurs
activités, entre autres. Pour Charleroi qui a la palme de
la ponctualité, deuxième aéroport mondial en termes de
ponctualité pour les aéroports de moins de 10 millions
de passagers ; avec aussi une augmentation de 8 % du
nombre de passagers par rapport à 2014, félicitation à
l'aéroport de Charleroi.
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L'aéroport de Liège avec une augmentation de 10 %
supplémentaire en termes de frets qui en fait le premier
aéroport de Belgique. Excusez du peu, comme on dit à
RTL le matin, voilà pour le préambule.
(Rires)
J'en viens au cœur de ma question après ces
félicitations. J'en profite pour féliciter les managements
des deux aéroports. Ma question concerne l'aéroport de
Liège et la décision de la Communauté européenne
d'autoriser le rachat de TNT Express par FedEx pour un
montant de 4,4 milliards d'euros, c'est énorme. Cette
autorisation est importante, car, premièrement, il n'y a
pas d'entrave à la concurrence et, deuxièmement, cela
peut peut-être amener des complémentarités.
Monsieur le Ministre, que va pouvoir changer cette
autorisation pour l'aéroport de Liège sachant que, en
corollaire, TNT Airways pourrait être racheté par
CNB ? Voilà les avancées. Quelles seront les
conséquences pour l'aéroport de Liège ?
M. le Président. - Vous concluez ?
M. Onkelinx (PS). - Question subsidiaire, Monsieur
le Ministre, la presse fait état d'une future nouvelle
présidence à l'aéroport de Liège. Monsieur le Ministre,
si vous avez une information, mais si elle est
confidentielle, vous nous le dites maintenant, cela
restera entre nous ; je vous garantis que personne d'autre
ne le saura. Voilà, Monsieur le Ministre, l'essentiel de
mes questions.
M. le Président. - Monsieur Onkelinx, en votre
qualité de vice-président de l'assemblée, vous avez
bénéficié d'une indulgence de votre collègue du Bureau.
Mais sur l'objet de la question d'actualité, une seule était
recevable, c'était le rachat de TNT. Si vous voulez bien
revenir dans 15 jours sur la présidence de l'aéroport, tout
sera parfait.
La parole est à M. le Ministre Di Antonio.
M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de
l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des
Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. Monsieur le Député, je partage votre analyse sur les
bons résultats récemment communiqués concernant nos
deux aéroports.
Mi-2015, la Commission avait instruit le dossier du
rachat de TNT par FedEx. Cette instruction vient de se
terminer avec un avis positif datant du 8 janvier.
L'aventure n'est pas terminée concernant ce rachat,
puisqu'il y a encore au moins six mois de démarche, car
d'autres pays ou continents doivent aussi remettre un
avis du même type. Le Brésil et la Chine doivent valider
la procédure en ce qui les concerne.
Cet achat ne concerne pas la partie TNT Airways qui
doit trouver un autre partenaire ou être rachetée par
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
d'autres personnes. Il y a aussi là un certain nombre de
rumeurs, en tout cas des négociations en cours pour une
reprise de cette activité TNT Airways.
Qu'est-ce que cela va changer pour Liège ? Dans un
premier temps, en 2016, nous n'avons pas prévu
d'impact au niveau du budget et du résultat des
aéroports puisqu'il n'y a pas de modification prévue.
FedEx prévoit que, dans un premier temps,
premièrement, cela ne pourrait se concrétiser que miannée 2016. Deuxièmement, il n'y a pas de modification
rapide à attendre. Par contre, ce que l'on espère, c'est
que dans le cadre de l'organisation de FedEx au niveau
de cette partie de l'Europe, Liège pourrait être un atout,
un centre plus important qu'il ne l'est aujourd'hui. C'est
le sens d'une série de négociations. Des investissements
nécessaires ont déjà d'ailleurs été évoqués pour pouvoir,
le cas échéant, répondre à cette demande de FedEx et de
développer plus encore les activités à Liège.
Il s'agira d'être attractif dans la répartition des lieux
d'activités effectives de FedEx. Les atouts de Lièges
sont ses terrains disponibles et aussi le H24. Ce sont
deux atouts qui sont vraiment importants pour FedEx et
pour le développement de l'activité.
M. le Président. - La parole est à M. Onkelinx.
M. Onkelinx (PS). - Je voudrais remercier M. le
Ministre pour la qualité de sa réponse. C'est au moins un
minimum d'urbanité que je peux avoir. J'ai une petite
sous-question : UPS n'aurait pas dit son dernier mot
d'après ce que j'ai pu lire de la presse. Y aurait-il encore
une menace qu'UPS revienne dans le coup ? Là,
Monsieur le Ministre, cela serait plutôt menaçant qu'une
bonne nouvelle, me semble-t-il, la question subsidiaire
étant celle-là.
M. le Président. - Conformément au règlement, je
redonne la parole au ministre des Aéroports.
La parole est à M. Di Antonio.
M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de
l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des
Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. - Je
n'ai pas d'information dans ce sens. L'accord entre
FedEx et TNT semble solide aujourd'hui. Ce qu'il faut,
c'est une validation par les États – on vient de l'avoir par
la Commission, on attend le Brésil et la Chine –, mais je
ne suis pas dans le secret de ces négociations entre des
sociétés cotées en bourse.
M. le Président. - La parole est à M. Onkelinx.
M. Onkelinx (PS). - Merci beaucoup.
QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. MOUYARD À
M. MARCOURT, MINISTRE DE L'ÉCONOMIE,
DE L'INDUSTRIE, DE L'INNOVATION ET DU
NUMÉRIQUE, SUR « L'IMPACT DES
DERNIÈRES GRÈVES SUR L'ÉCONOMIE
WALLONNE »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
question d'actualité de M. Mouyard à M. Marcourt,
Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et
du Numérique, sur « l'impact des dernières grèves sur
l'économie wallonne ».
La parole est à M. Mouyard pour poser sa question.
M. Mouyard (MR). - Monsieur le Ministre, le 6 et
7 janvier dernier, le rail belge était en grève, je dirais
même plus, le rail wallon, puisque c'était à l'initiative de
deux organisations syndicales wallonne qu'il était en
grève. Forcément, ce type de grève a un impact
important sur l'économie belge, en général et donc, sur
l'économie wallonne en particulier.
On peut aisément le comprendre, puisque s'il y a une
augmentation de trafic, cela provoque plus
d'embouteillages, il y a du retard dans les transports de
marchandises, des travailleurs qui ne savent pas
rejoindre leur travail sont en retard ou tout simplement
des baisses de productions. Tous ces éléments sont
constitutifs de manques à gagner pour l'économie
wallonne.
La FEB a d'ailleurs fait l'exercice de chiffrer ce
manque à gagner. Elle l'a fait au niveau de la Belgique
et l'on parle, par jour de grève, de 40 millions d'euros.
L'Union wallonne des entreprises a également essayé de
faire l'exercice pour la Wallonie et parle d'une dizaine de
millions d'euros de manques à gagner pour l'économie
wallonne et ceci par jour de grève, sans parler, Monsieur
le Ministre, de l'image déplorable que nous pouvons
avoir vis-à-vis de l'étranger en termes de confiance
commerciale, ce n'est évidemment pas le top.
Dans ce cas, il y a en plus des circonstances
aggravantes, voire carrément de la folie pure. On a
beaucoup, par exemple, parlé des étudiants qui étaient
en session d'examens, mais que dire des commerçants
qui travaillent et qui ont leur boutique, par exemple,
dans les gares ou à proximité des gares et qui étaient en
tout début des soldes ? Ces deux journées perdues de
travail ne seront jamais récupérables.
Monsieur le Ministre, j'aimerais savoir si vous
confirmez les chiffres de la FEB et de l'UWE.
Comptez-vous prendre des actions, vis-à-vis de
l'étranger, pour essayer de redorer l'image de la
Wallonie ?
Pourriez-vous envisager que dans pareil cas, selon
certaines modalités, la Wallonie apporte son soutien aux
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commerçants ou petites PME qui sont dans
l'impossibilité de travailler pendant ces jours de grèves ?
(Applaudissements)
M. le Président. - La réponse revient au
Gouvernement en la personne de son ministre de
l'Économie.
La parole est à M. Marcourt.
M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de
l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique. - Monsieur
le Député, je pense que nous pouvons plus nous
inquiéter du service public de la SNCB à l'horizon 2019
que des deux jours de grève qui viennent de se passer et
que, si le Gouvernement fédéral persévère dans sa
volonté de réduire les dotations à cette entreprise, c'est
la sécurité sur le rail, la qualité du service public qui
sont en danger.
Deuxièmement, je ne sais pas confirmer les chiffres,
parce que – vous avez abordé les soldes – c'est à la fin
des soldes que nous verrons quel est l'impact.
Cependant, je dirais qu'aujourd'hui, nous savons que la
clémence météo a eu un impact bien plus important sur
le chiffre d'affaires des commerçants que les deux jours
que vous avez cités.
Troisièmement, ce qui me paraît important, c'est de
maintenir un climat social. C'est la volonté du
plan Marshall dans la réforme des aides à l'emploi. C'est
la volonté de ma collègue, Mme la Ministre Tillieux :
avoir associé les interlocuteurs sociaux, depuis le début,
pour aboutir avec eux à un accord. Il y a une vraie
volonté, au niveau du Gouvernement, d'associer les
interlocuteurs sociaux dans les différents éléments pour
obtenir cet élément de climat social positif.
Je regrette qu'il y ait, à plusieurs reprises – on le voit
encore à l'égard de la sécurité sociale – des provocations
extrêmement fortes pour obtenir des réactions
épidermiques de certains. Cette provocation endémique
qui vient d'une ville importante du nord du pays est un
élément très déstabilisant et qui occasionne des tensions,
à l'intérieur de ce pays, qui mériteraient de ne pas être
créées.
Je plaide pour un meilleur climat social, mais ce
climat social, on l'entretient tous les jours par le respect
et le dialogue avec l'ensemble des parties.
Je pense qu'il serait utile de pouvoir chiffrer le
manque à gagner pour la Wallonie de ce type d'action de
grève. J'imagine que si la FEB et l'UWE sortent ces
chiffres, c'est qu'ils ont fait des études circonstanciées à
cet égard.
En début de soldes, si votre magasin n'est pas
ouvert, si vous ne savez pas vendre votre marchandise,
généralement, vous ne le récupérez jamais.
Monsieur le Ministre, je vais vous relayer un
témoignage qui m'a été fait. C'est un commerçant qui est
installé au sein de la gare de Namur. C'est un
établissement HORECA et il a fait le compte de son
manque à gagner sur 2015 par rapport aux différentes
actions de grève. Il l'estime à 15 000 euros sur l'année.
Je pense qu'il va devoir vendre beaucoup de sandwiches
ou de spaghettis bolognaise pour essayer de récupérer ce
montant.
J'ai une dernière question, puisque vous n'y avez pas
répondu.
M. le Président. - Monsieur Mouyard, concluez.
M. Mouyard (MR). - C'est de savoir, en termes de
réputation – parce que la réputation de la Wallonie par
rapport à ses actions de grève vis-à-vis de l'étranger est
écornée depuis quelques années – si vous comptez
prendre des actions spécifiques pour essayer de redorer
notre image à ce sujet.
M. le Président. - Monsieur
l'Économie, voulez-vous réagir ?
Ministre
de
(Rires)
Monsieur le Député, vous avez la réplique ultime.
M. Mouyard (MR). - J'ai la réplique ultime.
Le fait que M. le Ministre ne veuille pas apporter
d'éléments complémentaires à mes questions, j'imagine
qu'en sa qualité de ministre de l'Économie wallonne, il
est tout à fait d'accord avec ce type de procédures qui
sont quasi devenues des grèves sauvages, qu'il les
approuve et il donne, ce faisant, un signal plus que
déplorable. Il n'est absolument pas dans son rôle de
ministre de l'Économie wallonne.
(Applaudissements)
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. Mouyard.
M. Mouyard (MR). - Merci, Monsieur le Ministre,
pour cette réponse. Je vous ai interrogé sur des
compétences wallonnes, vous m'avez répondu sur des
compétences fédérales et, par rapport aux quelques
questions que je vous ai posées, malheureusement, je
n'ai pas eu beaucoup de réponses.
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le
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. BOUCHEZ À
M. MAGNETTE, MINISTRE-PRÉSIDENT DU
GOUVERNEMENT WALLON, SUR « LA
CRÉATION D'UNE TASK FORCE
INTERFÉDÉRALE DE LUTTE CONTRE LE
RADICALISME »
M. le Président. - Vous avez raison. Vous êtes un
exemple à ne pas suivre en certaines circonstances.
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
question d'actualité de M. Bouchez à M. Magnette,
Ministre-Président du Gouvernement wallon, sur « la
création d'une task force interfédérale de lutte contre le
radicalisme ».
M. Bouchez (MR). - Je l'assume, Monsieur le
Président.
La parole est à M. Bouchez pour poser sa question.
M. Bouchez (MR). - Monsieur le MinistrePrésident, je profite de l'occasion pour présenter mes
vœux aux collègues que je n'aurais pas encore vus, ainsi
qu'à l'ensemble du Gouvernement et au ministreprésident à qui ma question s'adresse. Suite aux
déclarations de Mme Milquet, qui n'est pas ministre
dans votre Gouvernement, mais avec qui normalement
vous devez avoir quelques contacts, qui a appelé le
11 janvier dernier à créer une task force interfédérale de
lutte contre le radicalisme – je cite – « pour justement
ne pas que chaque niveau de pouvoir agisse dans son
coin ».
Pas de chance, elle a dû être inattentive puisque cela
existe déjà depuis un an. C'est toujours bien de proposer
quelque chose qui existe déjà, comme cela on est sûr
que cela va se réaliser. C'est plus prudent en tout cas.
Je voulais vous entendre par rapport au travail
justement de cette task force puisque vous-même,
ministre-président wallon, au même titre que le
ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles,
vous en êtes membre. Monsieur le Ministre-Président,
tout d'abord, pouvez-vous nous faire part de votre
réaction par rapport à l'appel de Mme Milquet ? Je vois
que cela s'agite sur les bancs du cdH, à leur place, je
serais mal à l'aise aussi.
(Réaction de Mme Salvi)
La question... Madame Salvi, voulez-vous la poser à
ma place peut-être ? Je vous en prie.
Mme Moucheron (cdH). - C'est simplement que
l'on a eu un excellent débat en commission.
M. Bouchez (MR). - Mme Moucheron
présidente du Parlement maintenant. Tout va bien.
M. le Président. - Monsieur
consommez votre temps de parole.
Bouchez,
est
vous
M. Bouchez (MR). - Monsieur le Président, c'est
peut-être vous qui devez les faire taire, non ? Quand
j'agis de la même manière, vous coupez mon micro.
J'aimerais bien que vous ayez le même comportement à
l'égard de tous les députés.
M. Bouchez (MR). - Je l'assume.
M. le Président. - Vous avez la parole.
(Réaction de M. Crucke)
M. le Président. - Monsieur Crucke...
M. Bouchez (MR). - Même M. Crucke dit que je
n'ai rien fait. Vous vous rendez compte ?
M. le Président. - Même quand M. Bouchez n'a pas
besoin de vous, vous intervenez.
(Réaction de M. Crucke)
Ce n'est pas très grave. Laissez parler M. Bouchez. Il
a pleinement la parole et il lui reste – on va être
indulgent – 50 secondes, donc plus que le compteur.
M. Bouchez (MR). - Merci, Monsieur le Président.
Monsieur le Ministre-Président, tout d'abord, votre
réaction par rapport à cette déclaration. Avez-vous été
surpris ?
Quelle
est
votre
position ?
Plus
fondamentalement, quel a été le rôle de cette task force
dans l'établissement du Plan wallon de lutte contre le
radicalisme ? Je suppose que, dans le cadre des
positions que vous avez arrêtées, vous avez dû consulter
et concerter avec les autres niveaux de pouvoir. Surtout,
c'est l'occasion peut-être pour vous de faire un premier
bilan, ou en tout cas de nous donner un agenda sur
l'avancement des travaux par rapport à ce Plan wallon
de lutte contre le radicalisme. Je pointerai un point en
particulier qui était le soutien au bourgmestre
concernant le contrôle des lieux de culte, puisque l'on
sait que cela a été une difficulté soulevée. Pourriez-vous
nous indiquer l'état d'avancement de ce travail ? Les
débats que nous avons eus sont relativement récents,
mais il y a urgence et donc l'action doit être
extrêmement rapide.
Je vous remercie.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole revient au ministreprésident. Je vous invite à rejoindre le lutrin pour la
réponse à M. Bouchez, ce dernier ayant encore la
possibilité de poser une question supplémentaire, si
besoin.
La parole est à M. le Ministre-Président Magnette.
M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement
wallon. - Monsieur le Député, en effet, j'ai lu comme
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vous que Mme Milquet appelait à la mise en place d'une
task force.
Formellement, il n'y a pas de task force, mais il y a
une plateforme, ce qui ne change pas substantiellement
les choses, puisque le 28 janvier 2015, à l'issue des
événements de Charlie Hebdo, j'avais effectivement pris
l'initiative de demander à mes collègues des autres
entités fédérées et du Fédéral de mettre en place une
telle plateforme d'échange d'informations. Elle s'est bien
réunie. Elle a commencé à se réunir dès le mois de
mars 2015. Elle s'est réunie six fois. Elle se réunit
encore dans quelques jours. C'est un lieu d'échange
régulier.
Elle ne joue pas de rôle dans la définition du Plan de
lutte contre le radicalisme que la Wallonie a mis en
place. Simplement, nous avons mis notre plan en faisant
l'inventaire de ce que sont toutes nos compétences et en
nous disant : « Où avons-nous des leviers pour agir ? ».
Ensuite, nous en parlons avec les autres niveaux de
pouvoir.
Dans cette task force, comme d'ailleurs dans les
rencontres informelles que nous pouvons avoir, nous en
avons eu une à l'issue des derniers comités de
concertation entre ministres-présidents et avec le
Premier ministre, nous regardons les points
d'interférence potentielle ou de collaboration potentielle
entre les différents niveaux de pouvoir. Il y a beaucoup
de choses où chacun mène son action dans son domaine.
A été évoquée, par exemple, la question des bracelets
électroniques qui ne concerne pas directement la Région
wallonne, mais qui est une mesure prise par le Fédéral,
en tout cas annoncée par le Fédéral, contestée par
d'autres au Fédéral et qui pose un certain nombre de
questions dans les communautés. C'est un des éléments
de débat.
Pour ce qui est de la Région, j'ai évoqué trois thèmes
principaux.
Premièrement, la mise en place d'une helpline, un
numéro de téléphone unique auquel tous les citoyens de
ce pays pourraient s'adresser quand ils se posent des
questions sur le radicalisme. Nous continuons à
travailler, en attendant, on avance, entre Wallonie,
Cocof et Fédération Wallonie-Bruxelles pour la mettre
en place.
Deuxièmement, la question de l'information des
pouvoirs locaux ; ceux-ci se sentent souvent démunis.
Ils sont à la fois dépendants du Fédéral, puisque le
ministre de l'Intérieur est le ministre en charge des
questions de sécurité et de police, mais aussi de la
Région qui est leur pouvoir de tutelle. Il y a là une
coordination un peu meilleure que nous pouvons mener.
Troisièmement, la question des lieux de culte,
puisque la reconnaissance des cultes et des ministres du
Culte est une compétence fédérale. La reconnaissance
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des lieux de culte est une compétence régionale. Si nous
voulons mettre bon ordre dans ces lieux de culte sans
poser de jugement de valeur, ni de soupçon a priori –
mais on sait que certains lieux pourraient être mieux
organisés et rendus plus transparents – cela doit se faire
en collaboration entre les parquets, les institutions
policières et les autorités locales. Il faut que la Région et
le Fédéral se parlent.
Voilà le type de sujet que nous évoquons au sein de
cette task force. Nous pouvons le faire savoir à
Mme Milquet qui est une personnalité politique de
grand talent, puisqu'elle arrive à faire parler d'elle,
même quand elle n'est pas là. Nous parlons ici de
Mme Milquet, mais nous parlons surtout des actions
concrètes que nous prenons à l'échelle de la Région.
M. le Président. - La parole est à M. Bouchez.
M. Bouchez (MR). - Merci, Monsieur le MinistrePrésident, d'avoir recadré les choses et d'avoir précisé
que cela existait déjà. C'est vrai que, entre task force et
plateforme, on ne va pas travailler là-dessus.
Une autre remarque : le bourgmestre d'Anvers est
président du premier parti de la majorité ; il est donc
normal qu'il puisse, de temps à autre, s'exprimer
également, comme le président du PS le fait sur la
politique wallonne ou de la Fédération WallonieBruxelles.
Vous avez parlé des bracelets électroniques contestés
par certains. On a pu comprendre certaines choses
parfois. C'est un jeu qui n'est pas utile.
Par contre, Monsieur le Ministre-Président, vous
n'avez pas répondu sur le soutien aux bourgmestres par
rapport aux lieux de culte. Vous avez évoqué la mesure
de manière générale. Dans cette plateforme – pour
l'appeler de son nom correct – avez-vous déjà pu
avancer avec le ministre de l'Intérieur au niveau fédéral
pour venir en aide aux bourgmestres et leur apporter un
soutien rapide ? Ce n'est pas nécessairement le seul
problème, loin de là, mais cela peut aussi être un des
endroits où l'on a certaines difficultés. On l'a vu dans
plusieurs communes de Wallonie. Pourriez-vous nous
faire part de l'avancement, soit lors de la réunion du
23 décembre, dernière en date, soit ce qui est prévu dans
le cadre de la prochaine réunion dans quelques jours ?
M. le Président. - La parole est à M. le MinistrePrésident Magnette.
M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement
wallon. - Le 23 décembre 2015, nous avons abordé le
principe en disant : pour que les bourgmestres puissent
faire leur travail de cadastrer l'ensemble de ces lieux de
culte et de voir lesquels doivent être éventuellement
régularisés, il nous faudra un certain nombre
d'informations qui sont dans les mains, soit du pouvoir
judiciaire, soit de la sûreté, soit de la police, donc, des
ministres de la Justice et de l'Intérieur. Nous souhaitons
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
que, lors des prochaines réunions, ces échanges
d'informations soient menés à bien.
M. le Président. - La parole est à M. Bouchez.
M. Bouchez (MR). - Merci, Monsieur le MinistrePrésident, pour les compléments de réponse. J'espère
que nous pourrons avoir un suivi continu et surtout
l'urgence d'épauler les ministres par le biais de
circulaires pour, sur le plan des compétences wallonnes,
en plus des compétences fédérales, leur venir en soutien
dans le cadre de ces questions. Les bourgmestres sont
souvent en première ligne par rapport à ces difficultés et
font face à nombreux questionnements de la part de la
population, sans toujours pouvoir agir correctement par
manque de connaissance de toute une série
d'informations.
QUESTION D'ACTUALITÉ DE
MME GONZALEZ MOYANO À M. PRÉVOT,
MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS, DE LA
SANTÉ, DE L'ACTION SOCIALE ET DU
PATRIMOINE, SUR « LA RÉFORME DU PERMIS
DE CONDUIRE »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
question d'actualité de Mme Gonzalez Moyano à
M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de
l'Action sociale et du Patrimoine, sur « la réforme du
permis de conduire ».
La parole est à Mme Gonzalez Moyano pour poser
sa question.
Mme Gonzalez Moyano (PS). - Monsieur le
Ministre, désormais, on ne pourra plus réussir son
permis de conduire théorique en ayant 47 sur 50, et ce,
en ayant commis une infraction grave. Jusqu'en 2004,
les infractions graves étaient listées dans le Code de la
route ;elles ont ensuite disparu du Code de la route,
ainsi que du permis de conduire.
À travers cette réforme, pouvez-vous nous en dire
plus ? Quelles infractions seront considérées comme
infractions graves ? Par exemple, est-il possible
d'ajouter de nouvelles épreuves aux examens du permis
de conduire tel que la Flandre le préconise ?
Parallèlement à cela, il semblerait que vous
planchiez sur d'autres réformes. Est-ce le cas ? Si oui,
pouvez-vous nous en donner la teneur ?
Un autre objectif étant de réduire de moitié le
nombre de morts sur nos routes, ma question est de
savoir si cette réforme sera opérationnelle d'ici
l'automne et si vous parviendrez à cet objectif qui est de
réduire le nombre de tués sur nos routes d'ici 2020.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. le Ministre
Prévot.
M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la
Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine. - Merci,
Madame la Députée, pour votre question.
Pour commencer par répondre par la fin de votre
intervention, je pense, avec force et conviction, que la
Wallonie pourra atteindre l'objectif qu'elle s'est fixé de
réduction de 50 % du nombre de décès sur ses routes
d'ici 2020. Reconnaissons que ces trois dernières
années, nous avons eu le plaisir de constater
statistiquement une diminution d'année en année du
nombre de décès, comparativement même à d'autres
régions du pays. Ce ne sera malheureusement pas la
tendance de 2015, semble-t-il. Cela n'est pas propre à la
Wallonie, on trouve cette tendance ailleurs également en
Europe et cela doit nous amener – en guise de piqûre de
rappel – à être d'autant plus vigilants et déterminés à
atteindre cet objectif de réduction des décès sur nos
routes.
La réforme du permis de conduire devra pouvoir, à
sa manière, y contribuer. Nous disposons, à la faveur de
la sixième réforme de l'État, de cette compétence,
désormais, dans l'escarcelle régionale. Sachez, Madame
la Députée, qu'un protocole de collaboration a déjà pu
être signé par mes soins l'an dernier, avec Mme Debaets
pour la Région bruxelloise et M. Weyts pour la Région
flamande, de manière à ce que, même si la compétence
est désormais dans les mains des Régions, il y ait un
travail de collaboration qui soit réalisé afin de converger
au maximum dans l'esprit des réformes qui devraient
être mises en œuvre de part et d'autre des frontières
linguistiques.
Il est vrai que parmi les pistes qui sont explorées, la
réintégration de la faute grave et de la non-obtention du
permis théorique pour faute grave fait partie des
éléments qui pourraient être réintégrés. Il n'y a pas de
raison de considérer que l'on est apte à circuler sur la
route si, par exemple, on n'a pas compris qu'il ne fallait
pas franchir un feu rouge. Jusqu'à présent, vous pouviez
faire cette erreur au permis théorique et moyennant la
réussite d'autres questions, avoir votre sésame pour
demain, vous retrouver derrière un volant. Cela ne me
semble pas cohérent. Au demeurant, la manière dont la
formation s'est organisée depuis quelque 10, 15, 20 ans,
n'est plus nécessairement la même que les défis
auxquels nous faisons face aujourd'hui.
Pour terminer, Monsieur le Président, j'en donnerai
une illustration. Ce sont les nouvelles technologies qui,
désormais, sont présentes dans les habitacles, avec les
questions liées au bon usage des caméras de recul, aux
GPS, avec également des enjeux liés à la conduite plus
défensive, à l'auto-évaluation. Bref, il y a toute une série
d'éléments notamment liés au contexte technologique de
l'époque qui nécessiteront d'être pris en considération
dans cette réforme du permis de conduire qui a comme
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seule et unique ambition de renforcer toujours et encore
la sécurité pour les Wallons et les Wallonnes sur nos
routes.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à Mme Gonzalez
Moyano.
Mme Gonzalez Moyano (PS). - Je remercie M. le
Ministre pour ces précisions. Je pense qu'il est essentiel
d'adopter toutes ces nouvelles mesures si l'on veut
réduire le nombre de morts sur nos routes d'autant que,
vous me le précisiez récemment, c'est le comportement
des conducteurs qui, dans 90 % des cas, est responsable
de tous ces accidents.
Il faut des mesures fortes pour éviter ces morts.
QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. COLLIGNON
À M. MAGNETTE, MINISTRE-PRÉSIDENT DU
GOUVERNEMENT WALLON, SUR « LA
PARTICIPATION DES RÉGIONS AUX
JOURNÉES DIPLOMATIQUES »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
question d'actualité de M. Collignon à M. Magnette,
Ministre-Président du Gouvernement wallon, sur « la
participation des Régions aux journées diplomatiques ».
La parole est à M. Collignon pour poser sa question.
M. Collignon (PS). - Monsieur le MinistrePrésident, fin janvier auront lieu les fameuses journées
diplomatiques, ce moment où l'on rappelle les
diplomates à Bruxelles pour s'entretenir avec les
autorités.
Ceci dit, on l'a appris, le problème était
classiquement de ce type-là et puis, petite surprise, on
découvre que lesdits diplomates devront aller faire un
petit détour par l'hôtel de ville d'Anvers pour converser
avec
le
Bourgmestre
d'Anvers
qui
n'est
malheureusement autre que le Président de la N-VA.
J'ai lu la presse et interrogé le ministre des Affaires
étrangères. Il répond qu'il a reçu une sollicitation de la
Ville d'Anvers et qu'il n'aurait pas reçu d'autre
sollicitation. Se pose donc déjà la question de sa
responsabilité politique d'accepter une telle invitation.
C'est de sa responsabilité politique. Ceci étant,
j'apprends également que, dans le premier programme,
la Wallonie était absente et que seul figurait le MinistrePrésident Geert Bourgeois dans les différents entretiens.
Quand on sait que notre pays est petit et qu'il vit
d'exportations, je ne peux m'empêcher de penser que
l'État fédéral favorise à nouveau une Région par rapport
à une autre et ne nous met pas dans les conditions
favorables pour pouvoir s'épanouir, pour pouvoir
37
prendre son sort en mains, comme le dit souvent mon
collègue chef de groupe du banc MR.
M. le Président. - La parole est M. le MinistrePrésident Magnette.
M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement
wallon. - Monsieur le Député, j'ai envie de vous
répondre par un profond soupir de lassitude et de
désolation.
Cette année 2016 vient de commencer. Nous
sommes tous pleins de bonnes résolutions. Je me suis dit
très sincèrement : « Nous allons pouvoir commencer
cette année après quelques conflits, quelques frictions,
sur de nouvelles bases, dans un respect mutuel, avec un
Gouvernement fédéral qui va enfin respecter toutes les
Régions et toutes les entités de ce pays ». Hélas, nous
commençons exactement sur la tonalité inverse.
Je vais simplement rappeler les faits et je vais
transmettre au Président du Parlement les documents
que vous pourrez tous consulter pour que les choses
soient parfaitement claires et pour que la vérité que je
vous donne ici soit parfaitement étayée.
L'année dernière déjà, j'avais demandé au SPF
Affaires étrangères si, étant donné la sixième réforme de
l'État, on ne pouvait pas prévoir, dans le cadre des
journées diplomatiques, un moment où les ministresprésidents – tous les ministres-présidents – puissent
s'exprimer devant les diplomates. C'est important, ils
représentent notre pays aux quatre coins du monde et ils
doivent savoir ce qui se fait dans les Régions. Il m'avait
été expliqué que cela n'était pas possible.
J'ai recroisé le Président du SPF Affaires intérieures,
M. Achten, lors d'une mission d'État en Pologne, je lui
ai reposé la question et il me dit : « Cela devrait être
possible, écrivez-moi ». Je lui ai écrit en date du
9 octobre en lui reposant la question. Je lui demande
45 minutes. Les journées diplomatiques, c'est sept jours
complets, le programme officiel et je demande
45 minutes. Je me serais contenté de 30, juste pour
expliquer ce que fait la Wallonie, son plan Marshall, ses
pôles de compétitivité, ses grands secteurs de pointe. Je
constate que beaucoup de diplomates ne savent pas que
nous sommes un pays phare, une Région phare en
matière de biotechnologie, en matière aérospatiale et
autres. On me répond, en date du 3 novembre et puis du
4 novembre : « Désolé, ce n'est pas possible, le
programme ne le permet pas, il est trop chargé ».
Vous comprenez que, quand je découvre que dans le
programme officiel – j'ai ici le document qui le prouve –
il est prévu, il était prévu, en date du 29 janvier – c'est
en néerlandais – 13 heures 30 : Vertrek naar Antwerpen
per bus ; 14 heures 30 : Ontvang op het stadhuis van
Antwerpen ; 17 heures 30 : terugkeer naar Brussel per
bus. Retour 18 heures 30.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
On trouve donc cinq heures pour mener une
excursion à Anvers, mais on ne trouve pas 45 minutes
pour permettre au ministre-président wallon – et à tous
les autres – d'expliquer les priorités de leur Région.
Vous comprenez que cela me choque. J'ai vraiment
le sentiment, ici, d'un deux poids, deux mesures.
M. Reynders est un homme politique habile. Entretemps, il a dit : « Non, tout cela n'est pas dans le
programme officiel, c'est une activité officieuse, je n'ai
pas reçu de demande ». Je peux vous démontrer que j'ai
fait la demande en temps utile, au mois d'octobre. Il me
dit, maintenant : « M. Magnette n'a qu'à me
téléphoner ». Cependant, je suis la voie officielle, j'écris
à l'administration, je pose la question à l'administration
et quand je découvre que tout le monde n'est pas traité
de la même manière en fonction des demandes, vous
comprenez que je suis véritablement indigné.
La solution qui a été trouvée a été in extremis de
retirer la visite à Anvers du programme officiel, en
disant que cela fait partie du programme officieux. Tout
le monde peut mener des activités officieuses. Bien sûr,
la Wallonie, tous les ans, tient une cérémonie de vœux à
laquelle nous invitons des diplomates. Des dizaines de
diplomates viennent le soir à l'Espace Wallonie à
Bruxelles pour des raisons pratiques, c'est plus simple et
nous y exposons – nous faisons cela d'ailleurs avec la
Fédération Wallonie-Bruxelles – les priorités de la
Wallonie et de la Fédération.
Cependant, pourquoi l'une est officielle et l'autre est
officieuse ? En 2010, il y a déjà eu une visite du Port
d'Anvers dans le cadre des journées diplomatiques, mais
il y avait eu, de la même manière, une visite à IBA à
Louvain-la-Neuve. Il y avait un véritable équilibre.
Ici, une seule des deux Régions a été servie.
On nous dit, aujourd'hui, que ce n'est plus un
problème, que c'est devenu une visite officieuse.
. Je pense que cela reste néanmoins un problème.
D'abord, parce que l'inégalité de traitement est flagrante,
ensuite, je vais le dire très franchement, le bourgmestre
d'Anvers est aussi président du premier parti de la
coalition. Nous sommes à quelques semaines du
mouvement diplomatique, je voudrais bien voir le
diplomate qui va oser ne pas aller rendre hommage au
président de la NV-A à quelques jours du mouvement
diplomatique.
Il y a là quelque chose qui, politiquement, est
véritablement problématique. Je le regrette très
profondément. Je crains que pour cette année,
malheureusement, le mal soit fait et quand je vois le
programme, qu’il ne soit plus possible de le corriger. Je
continuerai d'appeler, sereinement et de manière
constructive, à ce que le Gouvernement fédéral traite de
la même manière, avec le même respect, les différentes
régions et à ce que l'année prochaine, en vertu de la
sixième réforme de l'État, on trouve sur sept jours, deux
ou trois heures pour que les régions puissent exprimer
leur priorité et mieux informer nos diplomates qui
doivent représenter l'ensemble de notre pays.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. Collignon.
M. Collignon (PS). - Merci, Monsieur le Président.
J'ai écouté avec attention et je note le volontarisme du
ministre-président, mais en énonçant la question, je me
disais : « C'est presque l'évidence, c'est réellement
affligeant ». Je pense que, je le dis à l'adresse des bancs
MR, ce n'est pas pleurnicher. Demander à être traité
avec équité, ce n'est pas pleurnicher. Faire en sorte que
le Gouvernement fédéral représente toutes les parties du
pays, c'est de votre responsabilité. Je l'ai déjà dit à
plusieurs reprises. C'est beau de critiquer, de dire du mal
de la Wallonie, mais servez la Wallonie.
M. Reynders, par l'acte politique qu'il vient de
poser...
(Réactions dans l'assemblée)
... homme que je considère quand même comme
lettré...
M. le Président. - S'il vous plaît, on écoute
M. Collignon.
M. Collignon (PS). - Il vient de poser un acte qui
constitue un vrai geste politique de déséquilibre vis-àvis de la Wallonie, un geste de déloyauté. Je pense
sincèrement – j'entendais souvent les mauvaises
langues, vous savez ce qui circule sur Internet, le « 16 ,
rue de la Loi » ne se trouve plus au 16 , rue de la Loi,
c'est à l'hôtel de ville d'Anvers –, je dirais que
malheureusement, c'est encore plus grave. On retourne
dans des temps féodaux, où le vassal Reynders rend
visite à son suzerain, M. De Wever...
(Réactions dans l'assemblée)
M. le Président. - M. Bouchez.
M. Bouchez (MR). - Respectez la Belgique,
Monsieur Collignon et son ministre des Affaires
étrangères.
(Réactions dans l'assemblée)
M. Collignon (PS). - Quand il aura du respect pour
la Wallonie et qu'il traitera les choses équitablement, au
lieu de servir la soupe à la NV-A.
M. le Président. - M. Bouchez, votre micro est
coupé.
M. Collignon (PS). - Parlons un peu du Thalys...
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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M. le Président. - M. Bouchez, votre micro est
coupé.
(Réactions dans l'assemblée)
M. le Président. - Non, non, non, M. Bouchez, vous
ne vous appelez pas M. Collignon, vous ne vous appelez
pas Didier Reynders, donc vous n'avez pas droit à des
faits personnels.
M. Collignon (PS). - Il ne travaille plus chez
Reynders, il n'y a pas de problème.
M. le Président. - On en revient au règlement. Un
petit instant, s'il vous plaît. Conformément au
règlement, la parole revient au Gouvernement, s'il le
souhaite. Monsieur le Ministre-Président ?
(Réaction de M. le Ministre-Président Magnette)
Fort bien.
Le règlement, c'est le règlement. La parole est à
M. Collignon, et puis je reviendrai chez vous.
M. Collignon (PS). - J'ai dit ce que j'avais à dire, je
sais bien que je ne convaincrai pas, que l'on est sur la
défensive et que les chiens de garde se sont mis en
route. Il n'y a pas de problème.
M. le Président. - Monsieur Jeholet, vous souhaitez
prendre la parole à quel titre ? Monsieur Crucke, vous
ne vous appelez pas M. Jeholet.
M. Crucke (MR). - Je parlais à M. Collignon, je ne
vous parlais pas.
M. Jeholet (MR). - Très calmement et très
sereinement, parce que je vois qu'il y a beaucoup
d'émois sur le sujet. Simplement, vous faites tout le
temps rappel au règlement. Tout à l'heure, dans un débat
important, j'ai dépassé à peine mon temps de parole de
20 secondes que vous me rappeliez à l'ordre. Ici,
j'aimerais bien qu'il n'y ait pas deux poids, deux mesures
non plus quand le Gouvernement répond et que vous
puissiez aussi, de temps à autre, rappeler le
Gouvernement par rapport au temps de parole. C'est tout
à fait une question d'équité.
(Applaudissements)
M. le Président. - J'essaie d'être équitable malgré le
brouhaha. Tout à l'heure, M. Bouchez a eu 30 secondes
supplémentaires, comme je m'y étais engagé, bien audelà de l'interruption dont il avait été la victime. Dont
acte, si vous le voulez bien, Monsieur Jeholet.
QUESTION D'ACTUALITÉ DE MME DEFRANGFIRKET À M. FURLAN, MINISTRE DES
POUVOIRS LOCAUX, DE LA VILLE, DU
LOGEMENT ET DE L'ÉNERGIE, SUR « LA
SOCIÉTÉ DE LOGEMENTS DE GRÂCEHOLLOGNE »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
question d'actualité de Mme Defrang-Firket à
M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du
Logement et de l'Énergie, sur « la société de logements
de Grâce-Hollogne ».
La parole est à Mme Defrang-Firket pour poser sa
question.
Mme Defrang-Firket (MR). - Monsieur le Ministre,
depuis 2014, la société de logements de Grâce-Hollogne
connaît de graves difficultés. C'est une société qui gère
2 000 logements sociaux, ce n'est pas rien. Ce n'est pas
tant la situation financière de la société qui pose
problème, on parle surtout de tensions au sein du
personnel, de problèmes avec la direction, de rivalités
entre personnes. Un directeur qui s'en va, qui met du
temps à être remplacé, qui est remplacé par une
personne qui laisse tomber tant l'ampleur de la tâche est
importante et qui laisse la société dans le désarroi le
plus complet.
J'ai quelques questions à ce sujet.
Confirmez-vous cette situation délicate ? Avez-vous
d'autres explications à nous donner que celles que j'ai
présentées ?
La Société wallonne du logement a demandé l'envoi
d'un commissaire spécial au Gouvernement. Est-il
maintenant désigné ? Quand sera-t-il opérationnel ?
Quand l'équipe en place a-t-elle été informée de l'envoi
de ce commissaire ? Quelles seront sa mission ainsi que
sa durée ? Quels seront ses pouvoirs ?
Pourquoi avoir attendu deux ans avant de réagir,
avant de prendre des mesures ? Quand on connaît les
besoins en logements de la Wallonie, c'est important de
mettre de l'ordre plus rapidement et de ne pas attendre
que la situation dégénère de manière trop développée et
en arrive à de gros dégâts.
M. le Président. - La parole est à M. Furlan pour la
réponse. Attention, pas de document, sauf si c'est pour
les produire comme tout à l'heure.
(Réaction de M. le Ministre Furlan)
On va immédiatement les faire distribuer selon le
vœu du ministre-président.
La parole est à M. le Ministre Furlan.
M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la
Ville, du Logement et de l'Énergie. - Madame la
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P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Députée, quels sont les éléments de réponse que je puis
vous apporter sur ce sujet ?
Je confirme vos propos, bien que certains doivent
encore être mis au conditionnel, car un certain nombre
d'instructions sont en cours, mais effectivement, une
direction absente pendant longtemps. Un processus de
recrutement a duré pas moins d'un an, s'est concrétisé
par la désignation d'une nouvelle directrice gérante en
mai 2015 qui a, elle-même, jeté le gant il y a quelques
semaines.
Parallèlement, manifestement, il y a des problèmes
dans les marchés publics à ce point tel qu'il y aurait une
instruction menée par la police judiciaire de Liège. On
m'annonce aussi des problèmes dans le suivi du parc
immobilier.
Face à cette situation, la SWL a commencé un suivi
rapproché en août 2015. Le rapport final devrait m'être
transmis en mars 2016. Le Conseil d'administration de
la SWL m'a sollicité fin décembre 2015 pour que je
désigne un commissaire spécial auprès de cette société.
Cela sera fait lors du Gouvernement du 21 janvier 2016.
Avec quels pouvoirs et quelle durée ? Je propose la
désignation d'un an et qu'il puisse, comme c'est le rôle
d'un commissaire spécial, se substituer aux organes de
gestion de ladite société.
M. le Président. - La parole est à M. DefrangFirket.
Mme Defrang-Firket (MR). - Je voudrais remercier
M. le Ministre pour ses réponses, mais je regrette une
réaction fortement tardive pour remédier à cette
situation.
Les tensions au sein du personnel ont atteint leur
sommet en été 2014. La directrice a quitté la société
depuis août 2015. Nous sommes en janvier 2016, donc,
ce sont des réactions assez tardives. Il faut aussi écouter
le personnel, s'il a des choses à dire, il doit être entendu.
S'il y a des abus dans le chef de certains, il faut mettre
de l'ordre. S'il y a des plaintes, car apparemment il y a
des plaintes de harcèlement, elles doivent être traitées,
au moins une réponse doit y être apportée. C'est une
question de respect à l'égard du personnel. Ce n'est pas
bon de laisser une telle ambiance de travail.
Cette situation entraîne aussi une centaine de
logements vides, ce n'est pas rien quand on connaît
l'importance des demandes. Il y est urgent de remettre
de l'ordre pour ramener le calme et la sérénité au sein de
cette société.
M. le Président. - La parole est à M. le Ministre
Furlan.
M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la
Ville, du Logement et de l'Énergie. - Madame la
Députée, j'ai dit que je confirmais vos propos, mais la
tutelle sur les sociétés de logements de services publics
a été confiée à un OIP de type B qui n'est pas géré, n'est
pas sous la tutelle directe du ministre comme une
administration, comme le sont les pouvoirs locaux, par
exemple, mais sous la tutelle d'un conseil
d'administration qui, pour rappel, est pluraliste, et que,
au niveau du Gouvernement, on ne pouvait pas réagir
plus vite : demande d'un commissaire spécial en
décembre 2015, désignation de ce commissaire spécial
proposé au Gouvernement le 21 janvier 2016.
M. le Président. - La parole est à Mme DefrangFirket.
Mme Defrang-Firket (MR). - Je prends bonne note,
mais de manière générale, je trouve que quand il y a des
dysfonctionnements, cela nécessite, à quelques niveaux
que ce soit, des réactions plus rapides. Je vous remercie.
QUESTION D'ACTUALITÉ DE MME DE BUE À
M. PRÉVOT, MINISTRE DES TRAVAUX
PUBLICS, DE LA SANTÉ, DE L'ACTION
SOCIALE ET DU PATRIMOINE, SUR « LA
RÉGIONALISATION DES FORMATIONS
SCOLAIRES POUR LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
question d'actualité de Mme De Bue à M. Prévot,
Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action
sociale et du Patrimoine, sur « la régionalisation des
formations scolaires pour la sécurité routière ».
La parole est à Mme De Bue pour poser sa question.
Mme De Bue (MR). - Monsieur le Ministre, il y a
plus de 30 ans, les agents de police fédéraux, une équipe
de 30 personnes, assuraient la formation à la sécurité
routière et initiaient nos jeunes élèves aux principes de
sécurité routière et aux bases du Code de la route.
Récemment, il y a, d'une part, la décision du
ministre de l'Intérieur fédéral d'affecter ces policiers à
d'autres tâches, compte tenu sans doute du contexte de
sécurité auquel nous devons faire face. D'autre part,
depuis la sixième réforme de l'État, la sécurité routière –
on l'a rappelé dans une question précédente – est
devenue en partie, une compétence régionale, en tout
cas le volet prévention est tout à fait du ressort des
Régions.
Ces formations seront maintenant assurées par des
fonctionnaires wallons qui devront se former à cette
matière et s'adapter à l'évolution du Code de la route et
une période de transition semble est prévue.
Mes questions, Monsieur le Ministre, sont les
suivantes. Comment la Région wallonne s'est-elle
préparée à cette nouvelle compétence de formation à la
sécurité routière dans les écoles ? Est-ce du ressort, par
exemple, de l'AWSR ? Quels personnel et budget y
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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seront-il affectés ? Pouvez-vous nous en dire plus sur la
période de transition ?
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. le Ministre
Prévot.
M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la
Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine. - Madame la
Députée, merci pour votre question. D'abord, un
élément sur la forme et ensuite, sur le fond du dossier.
Sur la forme, je regrette d'avoir appris cette décision
de supprimer la dispense d'éducation à la sécurité
routière au sein des écoles, par voie de presse. Je trouve
qu'il y a des modalités de communication entre les
ministres qui sont peut-être plus opportunes et un simple
courrier n'aurait pas été du luxe en la circonstance.
Ouvrir sa gazette et découvrir que le Fédéral a décidé de
retirer la prise n'est probablement pas la manière la plus
élégante de permettre une bonne transition.
Sur le fond, je peux comprendre qu'en cette période,
a fortiori, dès lors que la compétence est régionalisée,
bien qu'il n'ait jamais été question jusqu'à présent de
remettre en cause la dispense de ces cours au sein des
établissements par les agents qui composent la cellule
d'éducation et de prévention – et qui fait d'ailleurs un
très bon travail – sur le fond, je peux comprendre que
l'on ait besoin de mobiliser les forces de l'ordre à des
missions beaucoup plus stratégiques dans le climat que
nous connaissons aujourd'hui.
Ce n'est pas tant la décision que je regrette que
l'absence de concertation sur la prise de cette décision.
La Wallonie n'a pas formé de brigades de fonctionnaires
particuliers pour pouvoir, demain, dispenser ces cours à
la place des policiers, mais il nous faudra à travers la
période de transition qui va s'ouvrir – j'ose espérer qu'il
y aura quand même de la place pour la concertation –
déterminer les modalités de dispense de ces formations
pour nos têtes blondes, nos écoliers, du primaire comme
du secondaire. Ce ne sera plus la police qui le fera
demain, cela pourra être des agents de la fonction
publique comme d'ailleurs – cela me semblera peut-être
plus pertinent, efficace et surtout rapide à mettre en
œuvre – les acteurs du secteur associatif, puisqu'il y a un
grand nombre d'ASBL qui, tout au long de l'année, font
déjà, y compris en milieu scolaire, un travail de
prévention en matière de sécurité.
J'ajoute, puisque c'est partie intégrante à la
déclaration de politique communautaire, que je travaille
avec
la
Fédération
Wallonie-Bruxelles
et
singulièrement, ma collègue, Mme Milquet, Ministre de
l'Enseignement, pour pouvoir aussi intégrer dans le
continuum pédagogique, ces enjeux de la sensibilisation
et de la prévention à la sécurité routière, puisque les
enseignants peuvent aussi demain jouer une part
intéressante dans cet apprentissage clé auprès des
41
différents écoliers, auprès de notre jeunesse, puisque ce
sont eux-mêmes des usagers faibles, donc les premiers à
l'égard desquels nous avons un impératif de formation.
Si le Fédéral ne l'assume plus via la police, la Région –
probablement via le financement désormais possible du
Fonds régional de la sécurité routière – prendra ses
responsabilités.
J'espère, simplement, qu'il y aura un temps
relativement cohérent permettant de mettre en œuvre
cette transition, puisque désormais nous y sommes
invités, à défaut de l'avoir été cordialement, nous
tenterons de l'être efficacement.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à Mme De Bue.
Mme De Bue (MR). - Merci, Monsieur le Ministre,
pour votre réponse.
Vous l'avez d'ailleurs vous-même dit tout à l'heure
dans la réponse à une autre question, les chiffres de la
Sécurité routière ne sont pas bons, pour la Région
wallonne. Il y a plus de 20 % de tués en plus sur les
neuf premiers mois de 2015. Il y a donc vraiment une
urgence.
Je pense que, plutôt que de regretter, voire de
pleurnicher comme d'autres ministres de votre
Gouvernement le font à l'égard du Fédéral, prenez votre
téléphone, prenez les devants et organisez vous-même
cette période de transition, comme d'ailleurs la Flandre
ne s'est pas privée de le faire en la matière. Ce n'est un
secret pour personne, depuis plus d'un an et demi, que
des pans entiers de compétences fédérales,
particulièrement la Sécurité routière, sont régionalisées.
Il fallait mieux vous y préparer.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. le Ministre
Prévot.
M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la
Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine. Mme De Bue m'a déjà habitué à avoir à chaque fois un
culot monstre dans ses questions d'actualité. Elle reste
sur la même lignée.
Je voudrais quand même rappeler une chose. J'ose
croire que, du côté du MR, il est encore possible qu'en
Wallonie, on puisse émettre une opinion sans qu'à
chaque fois cela soit traduit comme étant « cessez de
pleurnicher ». Je constate que c'est par voie de presse...
Vous m'invitez à prendre mon téléphone. Rappelez qu'au
MR, il y a aussi un téléphone qui existe. Le même
ministre aurait donc pu me contacter préalablement,
plutôt que de m'informer de la chose par voie de presse.
J'aurai l'occasion de voir Mme Galant ultérieurement. Je
lui rappellerai l'usage de cet outil.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
J'ai pensé, dans mon intervention, avoir été assez
serein, en regrettant la forme, sans remettre en cause le
fond. Je regrette que vous ayez visiblement omis
d'évoquer cette question-là. La transition doit
s'organiser. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas que vous
ayez envie de me distribuer des bons ou des mauvais
points. Ce n'est pas l'École des fans, cette enceinte. Ce
qui m'intéresse, c'est de pouvoir, demain, travailler sur
le fond, en regardant comment, avec les enseignants,
avec le secteur associatif, il va être possible que nos
écoliers, les enfants puissent, demain, avoir des
informations utiles en matière de sécurité routière,
lorsqu'ils traversent une route, lorsqu'ils prennent un
vélo. Pour moi, c'est l'essentiel, c'est le plus important.
Je n'avais pas imaginé que j'allais froisser votre
susceptibilité en regrettant simplement de l'avoir appris
par voie de presse.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à Mme De Bue.
Mme De Bue (MR). - Vous ne m'avez aucunement
froissée, Monsieur le Ministre. Il en faut plus que cela,
rassurez-vous.
Le ministre de l'Intérieur, ce n'est pas Mme Galant,
c'est M. Jambon, mais soit.
J'insiste vraiment pour que, dans cette assemblée, on
ait plus des débats de fond que des débats de forme.
(Applaudissements)
permis d'environnement visant à réduire le taux de
toxicité des émissions émises par une entreprise située
sur le zoning de Kaiserbaracke.
Finalement, cela a été fait par l'intermédiaire d'un
dialogue avec la fonctionnaire technique, par
l'intermédiaire d'un dialogue avec l'entreprise, ainsi
qu'avec le comité des riverains. Finalement, par voie de
recours, c'est vous qui avez adopté un arrêté ministériel
imposant une série de conditions dont, par exemple,
l'arrêt des activités temporaire jusqu'à ce que l'entreprise
se soit mise en conformité si jamais un dépassement du
taux de toxicité important – à savoir 10 fois le seuil de
toxicité – ou de façon répétée – à savoir 5 fois le seuil
de toxicité, doit être constaté.
Les constats ont été faits, mais rien qu'en réaction les
riverains qui habitent à une centaine de mètres de
l'entreprise sont, comme avant, exposés à la
problématique. Les riverains se prononcent maintenant
par voie publique dans la presse parce qu'ils ont
l'impression d'être pris dans un piège. Ils ont essayé de
participer de façon constructive à l'élaboration d'un
nouveau permis d'environnement, mais lorsqu'ils
doivent constater que les effets inscrits dans le permis
d'environnement ne sont pas suivis d'actes concrets, ils
se posent la question que je vais vous poser maintenant.
L'arrêté que vous avez pris modifiant le permis
d'environnement et imposant à l'entreprise un nouveau
permis d'environnement a-t-il été respecté par vousmême ?
(Applaudissements)
QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. STOFFELS À
M. DI ANTONIO, MINISTRE DE
L'ENVIRONNEMENT, DE L'AMÉNAGEMENT
DU TERRITOIRE, DE LA MOBILITÉ ET DES
TRANSPORTS, DES AÉROPORTS ET DU BIENÊTRE ANIMAL, SUR « LA PARTICIPATION DES
CITOYENS À LA PROTECTION DE
L'ENVIRONNEMENT »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
question d'actualité de M. Stoffels à M. Di Antonio,
Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du
territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports
et du Bien-être animal, sur « la participation des
citoyens à la protection de l'environnement ».
La parole est à M. Stoffels pour poser sa question.
M. Stoffels (PS). - Monsieur le Ministre, quand il
faut discuter d'un dépassement important du taux de
dioxine, qui est une substance assez dangereuse pour
l'environnement et pour la santé, sachez que je serai
intraitable et pas prêt à faire un compromis.
Confrontée à la réalité de terrain, la Commune
d'Amblève à laquelle je participe a dû modifier un
M. le Président. - La parole est à M. le Ministre
Di Antonio.
M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de
l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des
Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. Monsieur le Député, cette question que vous me posez
correspond à la question que vous me posez demain
après-midi en commission.
M. Stoffels (PS). - Pas du tout.
M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de
l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des
Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. - Je
n'avais pas le même intitulé sur la question puisqu'il
s'agissait pour moi de vous répondre sur la participation
des citoyens en matière d'environnement.
Qu'en est-il en matière d'environnement ? Nous
avons la Convention d'Arrhus de 1998 qui est devenue
une directive. Sur base de cela, un décret wallon
organise la participation des citoyens à l'information du
public.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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Concernant l'arrêté dont vous parlez, nous aurons
l'occasion de vous donner tous les chiffres demain.
Dans l'état actuel des contrôles opérés par la Région,
cet arrêté est respecté. S'il ne l'est pas, il l'est sur des
choses qui peuvent être constatées de visu sur place,
puisqu'il semblerait qu'un certain nombre d'intrants ne
correspondent pas à ce qui est autorisé par le permis.
Auquel cas la police communale peut le constater et le
bourgmestre peut faire cesser l'exploitation, peut
l'arrêter sur simple décision constatant le non-respect de
certains éléments du permis.
Concernant les émissions et les dernières mesures
disponibles, oui, l'arrêté est respecté. À propos du
fonctionnement de l'entreprise, les contrôles régionaux
n'ont rien démontré d'anormal. Si des contrôles
communaux montrent le contraire, j'invite le
bourgmestre, les autorités locales, à faire le nécessaire et
à fermer rapidement cette entreprise.
M. le Président. - La parole est à M. Stoffels.
M. Stoffels (PS). - Vu que le ministre est parvenu à
totalement détourner la situation dans le sens que les
contrôles doivent être faits par la DPC, donc un service
du SPW et que les contrôles ont manifesté un
dépassement de 16 fois le taux de toxicité pendant la
période de septembre et de 18 fois le taux de toxicité
jusque début octobre 2015, je vous demande si c'est un
détail qui justifie la non-réaction dans le chef du
ministre compétent pour l'environnement.
M. le Président. - La parole est à M. le Ministre
Di Antonio.
M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de
l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des
Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. - Il y a
un arrêté de septembre qui fixe les nouvelles normes,
qui laisse deux mois à l'entreprise pour se mettre en
ordre. Durant ce laps de deux mois, il y a effectivement
eu des mesures qui ont montré des dépassements.
Depuis lors, une fois les deux mois de mise en ordre
nécessaire, il n'y a plus de dépassement constaté.
Monsieur Stoffels, je ne vais pas vous inventer des
chiffres pour vous faire plaisir. Il n'y a pas de
dépassement mesuré. Nous continuons à faire des
mesures. S'il y a des dépassements, je n'ai aucune
accointance particulière avec cette entreprise, s'il y a
nécessité à la fermer, on la fermera.
Je répète ce qui est important : vous venez souvent
avec des témoignages de gens qui voient des choses
anormales sur le terrain, on peut aussi constater au
niveau local et l'on peut aussi le faire fermer au niveau
local. Un bourgmestre a tout à fait ce pouvoir.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. Stoffels.
43
M. Stoffels (PS). - Sauf que, pour que le
bourgmestre puisse le faire, il faut qu'il soit en mesure
de le faire, dans la mesure où il dispose des
informations qui sont sorties d'une série d'analyses de
l'ISSeP par exemple, analyses suite à des études
commandées par le Gouvernement. Lorsque je me suis
approché de votre chef de cabinet pour dire que je
dispose d'un certain nombre d'analyses, il me répond :
« Comment êtes-vous en mesure de les avoir ? Vous
n'êtes pas disposé à les avoir ». Je regrette ce genre
d'attitude qui soumet à une rude épreuve la confiance
d'un parlementaire.
(Rumeurs)
M. le Président. - Voilà qui clôture très
provisoirement l'incident. Nul doute qu'il aura d'autres
développements.
Pour la correction du règlement, on peut toujours
aborder une question d'actualité en lien avec une
question orale qui n'a pas encore été développée ; ce qui
est le cas de M. Stoffels puisqu'elle le sera seulement.....
(Réaction de M. Stoffels)
Je ne sais pas, je ne sais pas le prédire. En tout état
de cause, vous pouvez toujours développer une question
d'actualité sur une question orale qui n'a pas été
développée au moment des questions d'actualité ; donc,
pas de difficulté.
QUESTION D'ACTUALITÉ DE MME GÉRADON
À M. PRÉVOT, MINISTRE DES TRAVAUX
PUBLICS, DE LA SANTÉ, DE L'ACTION
SOCIALE ET DU PATRIMOINE, SUR « LA
LUTTE CONTRE LES VIOLENCES
FÉMININES »
M. le Président. - L'ordre du jour
question d'actualité de Mme Géradon à
Ministre des Travaux publics, de la Santé,
sociale et du Patrimoine, sur « la lutte
violences féminines ».
appelle la
M. Prévot,
de l'Action
contre les
La parole est à Mme Géradon pour poser sa
question.
Mme Géradon (PS). - Monsieur le Ministre,
comme moi, vous avez pu le lire ou très certainement
l'entendre, le secrétaire d'État à l'Immigration a décidé
d'organiser un cours à destination des migrants ; cours
qui a pour but de savoir comment se conduire avec les
femmes.
Si de prime abord, certains de nos concitoyens
peuvent penser que c'est chouette d'apprendre aux
migrants ce que sont les droits des femmes, quand on
analyse cela de manière un peu plus pointue, il y a de
quoi être un peu écœuré. Dans les faits, l'objectif en
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
destinant ce cours aux seuls migrants, c'est juste de
stigmatiser une population, de créer la peur, et non pas
de protéger les femmes. Quand on connaît les faits, c'est
particulièrement écœurant.
Les faits sont les suivants – car c'est de cela dont on
parle – en 2014, 55 % des femmes se disaient avoir déjà
été, dans leur vie, au moins une fois victime de
harcèlement sexuel. La police fédérale enregistrait plus
de 2 800 viols en 2014, un peu plus de 8 viols par jour
déclarés, et pas moins de 180 viols collectifs. Ce sont
les faits. Il y a de quoi être écœuré quand on voit la prise
de position du secrétaire d'État à l'Immigration.
Oui, ce qui s'est passé à Cologne est honteux ; c'est
une ignominie sans nom, ce sont des criminels et il faut
avoir une juste répression. Qu'un des plus hauts
représentants de l'État belge utilise les violences faites
aux femmes pour justifier une mesure qui a pour seul
but de stigmatiser une population et d'entretenir la peur,
je trouve cela odieux. Cela mérite, Monsieur le
Ministre, une réponse et une réponse forte du ministre
de l'Égalité des chances.
Monsieur le Ministre, les violences faites aux
femmes existaient avant les migrants, continuent
d'exister ; utiliser leur violence, c'est juste indigne d'un
politique. J'ai deux questions concrètes qui demandent
des réponses fortes et concrètes.
Que fait la Wallonie en matière de discours
haineux ? Il y a le Plan intrafrancophone de lutte contre
les violences sexistes, qu'en est-il de sa mise en œuvre ?
M. le Président. - La parole est à M. le Ministre
Prévot.
M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la
Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine. - Madame la
Députée, pour avoir un peu de compassion, je suis
heureux à la place de M. Francken que vous ne soyez
pas parlementaire fédérale. Pour répondre sur le fond,
les violences faites aux femmes, quelles qu'en soient la
forme, qu'il s'agisse de violences psychologiques, de
propos sexistes, de discriminations, qu'il s'agisse
d'atteinte à l'intégrité physique et certainement les viols,
sont totalement inadmissibles. Cela doit être dit et cela
doit être dit à tous et pas uniquement à certains publics
cibles.
Le comportement respectueux, conforme à la loi,
puisqu'il existe déjà un arsenal en la matière, doit
s'imposer à tous et pas uniquement à un certain public
cible.
Madame la Députée, à travers les compétences
exercées par la Région, en bonne intelligence avec les
autres niveaux de pouvoir, un Plan intrafrancophone de
lutte contre les violences sexistes et intrafamiliales – car
cela se passe encore trop régulièrement au sein des
familles – a été mis sur pied, validé à l'été dernier. Le
comité de pilotage a été mis sur pied fin 2015. Il y a
encore une réunion, demain, qui est prévue en la
matière.
Nous avons un arsenal de 176 mesures qui sont
identifiées pour lutter contre l'ensemble de ces actes,
que ce soit à travers les mots ou à travers les gestes.
Je n'ai pas l'occasion, en si peu de temps, de faire
l'énumération de l'ensemble de l'arsenal mis en œuvre,
notamment à l'initiative de la Région wallonne, mais
c'est tout sauf un élément qui est négligé dans le
volontarisme de ce Gouvernement.
J'ajoute, puisque la question m'a été posée, que nous
veillerons aussi – c'est une réalité qui doit s'imposer à
eux – à ce que, dans le cadre des heures de citoyenneté
qui seront dispensées à l'égard des personnes étrangères
ou d'origine étrangère qui sont primo arrivants – vous le
savez, le Gouvernement a décidé de rendre obligatoire
non seulement l'apprentissage du français et un cursus
d'insertion socioprofessionnelle, mais aussi des cours de
citoyenneté – à rappeler à toutes ces personnes
étrangères ou d'origine étrangère, les principes
essentiels, les droits et les devoirs, mais aussi les
principes d'égalité, de non-discrimination, de nonmutilation génitale, de respect de la femme, de respect
de chacun des sexes, de respect aussi de la diversité et
de la manière d'assumer sa sexualité. C'est un élément
qui sera partie prenante de ce socle de valeurs qu'il sera
bon de rappeler en dehors de l'action qui est menée au
sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans les
démarches Evras, éducation à la vie relationnelle,
affective et sexuelle au sein de notre enseignement.
Soyez-en sûre, Madame la Députée, une
détermination wallonne qui est intacte en la matière et
qui vise tous les publics, tous les Wallons, toutes les
Wallonnes et pas seulement certains, en fonction de leur
origine.
M. le Président. - La parole est à Mme Géradon.
Mme Géradon (PS). - Merci, Monsieur le Ministre,
pour vos déclarations et votre détermination. Je pense
que cela a de quoi rassurer les Wallonnes. Je voulais
vous remercier sur ce point, mais je tenais aussi à dire
que si certains tentent d'utiliser les violences faites aux
femmes, d'autres essaient d'y apporter certaines
réponses.
Je tenais ici à souligner le travail qui est mené pour
le moment – et qui n'est pas encore sorti – de mes deux
collègues, Mmes Morreale et Bonni, qui mènent
actuellement une enquête sur le harcèlement fait auprès
du public féminin. Je pense que ce sera important et que
les réactions, par rapport à cette étude, pourront apporter
pas mal d'eau au moulin pour ce débat. Je tenais donc
vraiment à les féliciter et à les encourager dans ce
domaine et surtout de la discrétion dont elles peuvent
faire preuve en cette matière.
(Applaudissements)
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. JEHOLET À
M. FURLAN, MINISTRE DES POUVOIRS
LOCAUX, DE LA VILLE, DU LOGEMENT ET DE
L'ÉNERGIE, SUR « LA POSSIBLE ACQUISITION
DE LAMPIRIS PAR NETHYS »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
question d'actualité de M. Jeholet à M. Furlan, Ministre
des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de
l'Énergie, sur « la possible acquisition de Lampiris par
Nethys ».
La parole est à M. Jeholet pour poser sa question.
M. Jeholet (MR). - Monsieur le Ministre, nous
avons eu vent d'un intérêt de Nethys pour le groupe
Lampiris, acteur indépendant dans le secteur
énergétique en Belgique.
Ce n'est pas un secret que Lampiris réfléchit à la
stratégie du groupe et que, parmi les éléments, la vente
est possible. Nethys n'est évidemment pas le seul sur
l'opération ; d'autres groupes français et hollandais
notamment, sont aussi intéressés.
Que Nethys soit intéressée pose malgré tout un
certain problème ou peut en tout cas poser certaines
difficultés régulatoires par rapport à l'esprit de la
législation, suite à la libéralisation du secteur de
l'énergie.
Ma question est donc la suivante, Monsieur le
Ministre de l'Énergie. Êtes-vous au courant des
intentions de Nethys ? M. le Ministre de l'Économie a
fait part, lui, qu'il était au courant. C'est peut-être parce
que c'est un ministre liégeois, mais vous êtes ministre de
l'Énergie, c'est évidemment essentiel dans ce dossier
quand on sait que Nethys, aujourd'hui, est un GRD,
gestionnaire de réseau. Il peut donc y avoir là un
questionnement.
Quand on sait aussi, sur le plan du paysage
énergétique plus global, qu'il y a une évolution et de
voir quelle évolution, demain, du paysage énergétique,
quand on sait aussi que Nethys a des participations dans
EDF, Luminus, se pose aussi cette question, puisque l'on
sait que la maison mère EDF est intéressée par rapport
au rachat de Lampiris.
Voilà des questionnements, Monsieur le Ministre,
que vous devez avoir. Je souhaiterais certaines réponses
en tant que ministre de l'Énergie par rapport à ce volet, à
l'évolution du paysage énergétique, demain, en
Wallonie.
M. le Président. - M. Jeholet aura remarqué que le
temps ne lui avait pas été compté.
La parole est à M. le Ministre Furlan.
Député, merci de cette question. Convenons qu'il y a
beaucoup de conditionnel, que vous anticipez et que
vous avez sans doute raison de le faire, puisqu'il y a
potentiellement une stratégie de Lampiris, vendeur,
éventuellement vendeur de son entreprise et,
potentiellement, un acte de candidature de rachat de la
part de Nethys.
Je suis au courant oui, comme vous, par la presse et
de manière non officielle. Je n'ai pas à l'être, à ce stade,
dans la mesure où il n'y a pas de décision prise par
Nethys.
Ceci étant, premièrement, on peut se réjouir, tout en
restant très prudent, que si, à un moment, le fournisseur
Lampiris choisissait cette voie qu'est la vente, que ce
soit un opérateur wallon qui puisse procéder demain au
rachat et ne pas, de nouveau, être soumis à l'influence
des groupes étrangers.
Ceci étant, il y a un décret très clair sur l'électricité,
sur la libéralisation, qui découle lui-même d'une
directive européenne. Très clairement, il ne peut y avoir
de collusion d'une quelconque forme que ce soit entre
un gestionnaire de réseau de distribution et un
fournisseur d'électricité. Lorsque ce dossier me sera
soumis, s'il l'est un jour, il est dans mes obligations de
mon métier, de mon boulot, de m'assurer de cette
séparation très nette qui est, non pas de stricte
interprétation, mais qui n'est pas interprétable, en l'état.
Je serai donc vigilant à ce dossier, s'il doit me
parvenir, tout comme, je le suppose, le régulateur
indépendant, la CWaPE, le sera également.
M. le Président. - La parole est à M. Jeholet.
M. Jeholet (MR). - Par rapport à l'intérêt d'un
opérateur wallon, je suis d'accord, mais vous savez aussi
que c'est un opérateur wallon qui s'intéresse à de plus en
plus
de
choses.
On
pourrait
parler
des
télécommunications, de l'activité du câble, de la presse,
avec des intentions et des rachats, y compris à l'étranger,
les aéroports, je l'ai dit, le gestionnaire de réseau. Je suis
un peu surpris, Monsieur le Ministre, que vous
n'anticipiez pas un peu les choses en demandant une
étude ou que vous puissiez, aujourd'hui, me donner
certaines garanties pour, justement, éviter cette
confusion des genres.
Ma question est la suivante : aucune étude n'a été
entreprise par vos soins ? Répondez-moi. Vous n'avez eu
de contact ni avec Nethys ni avec Lampiris sur une
éventuelle opération ?
M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la
Ville, du Logement et de l'Énergie. - La réponse est
« non » aux deux questions.
M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la
Ville, du Logement et de l'Énergie. - Monsieur le
45
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
M. Jeholet (MR). - Quand le ministre de votre
Gouvernement, le ministre de l'Économie dit qu'il est
bien au courant du dossier, vous trouvez normal,
légitime, cohérent, qu'il ne vous en ait pas fait part ?
M. le Président. - Je rappelle que le règlement
permet un double échange, on l'a déjà eu.
Monsieur Jeholet, j'imagine donc qu'il s'agit d'une
conclusion, dans votre chef, d'un regret, d'un dépit, mais
qui n'appelle plus de réaction du Gouvernement,
puisque par deux fois, le ministre de l'Énergie s'est
exprimé.
QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. DRÈZE À
M. LACROIX, MINISTRE DU BUDGET, DE LA
FONCTION PUBLIQUE ET DE LA
SIMPLIFICATION ADMINISTRATIVE, SUR
« L'AUDIT EXTERNE DU SELOR ET SES
CONSÉQUENCES AU NIVEAU DES
RECRUTEMENTS RÉALISÉS PAR LA
WALLONIE »
M. le Président. - L'ordre du jour appelle la
question d'actualité de M. Drèze à M. Lacroix, Ministre
du Budget, de la Fonction publique et de la
Simplification administrative, sur « l'audit externe du
Selor et ses conséquences au niveau des recrutements
réalisés par la Wallonie ».
La parole est à M. Drèze pour poser sa question.
M. Drèze (cdH). - Monsieur le Ministre, je vous
interroge dans le cadre de votre compétence « Fonction
publique ». Vous connaissez, comme moi, le nom de
M. Marc Van Hemelrijck qui a été, pendant 13 ans, le
patron du Selor et qui a du prendre sa pension anticipée
de trois ans, fin décembre 2015, suite à la polémique
suscitée par le recrutement de sa propre fille au Selor,
qui a fait l'objet d'un rapport du médiateur fédéral,
mettant en cause son intégrité. Non seulement, parce
que les procédures n'auraient pas été respectées, mais
aussi parce que sa fille aurait été promue aussi de
manière irrégulière. Je mets bien sûr tout cela au
conditionnel, mais cela amenait le ministre de la
Fonction publique fédéral à commander cet audit
externe, auprès de la société de consultance KPMG,
pour vérifier l'objectivité des procédures au sein du
Selor.
Si l'on en parle aujourd'hui, c'est parce que Selor est
non seulement un partenaire de premier plan au niveau
fédéral, mais aussi au niveau des entités fédérées. Je
voulais à cette occasion vous interroger, Monsieur le
Ministre, sur les collaborations que nous avons en
Région Wallonne avec le Selor.
Dans quels cas est-il associé aux recrutements et aux
promotions ?
Avez-vous eu vent, au niveau wallon, de difficultés
d'objectivité dans le cadre de certaines procédures
organisées par le Selor ?
Le climat de confiance, qui est en quelque sorte mis
en question au niveau fédéral, est-il aussi au niveau la
Région wallonne ?
La convention qui nous lie avec le Selor est-elle
régulièrement évaluée ? Est-elle parfois adaptée ?
Allez-vous, dans le cadre de votre note de politique
général où vous appelez à une accélération et une
amélioration des procédures de recrutement, revoir, le
cas échéant, votre collaboration avec le Selor ?
M. le Président. - Merci, Monsieur le Député.
La parole est à M. le Ministre Lacroix.
M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction
publique et de la Simplification administrative. Monsieur le Député, vous posez une question de fond
qui permet de faire le point sur une situation assez
paradoxale, puisque le ministre de la Fonction publique
fédéral a commandité un audit sur le Selor, suite à un
événement malheureux, présupposé et que vous avez
rappelé.
Je voudrais d'abord rappeler qu'un audit, c'est
toujours un outil qui peut être nécessaire pour toute une
série de facteurs, qu'il y ait soupçons de délit ou de
favoritisme ou non. Je ne voudrais donc pas remettre en
cause les audits, c'est une manière d'améliorer tous les
processus.
Concernant
la
Région
wallonne
plus
particulièrement et les sélections, il est trop tôt pour se
prononcer puisque l'audit est en cours ; nous pourrons le
faire une fois que nous aurons les résultats.
Concernant les sélections de fonctionnaires
statutaires, à travers les examens Selor, pour les
sélections passées, il n'y a pas d'incidence avérée, en
tout cas, aujourd'hui. Pour les sélections en cours, nous
ne sommes pas concernés par le Selor parce qu'il n'y a
pas de sélections en cours.
Par contre, pour les sélections futures, il y a trois
sélections de niveaux C qui doivent avoir lieu. Nous
allons donc être particulièrement attentifs à l'évolution
du dossier d'audit externe.
Cela étant dit, je voulais déjà corriger le protocole de
collaboration que nous avons avec le Selor, parce que
nous avions quelques critiques sur la lenteur avec
laquelle le Selor procède pour le recrutement des
fonctionnaires statutaires de la Wallonie. Je vais donc
attendre les résultats de l'audit pour encore davantage, le
cas échéant, renforcer les demandes de la Région
wallonne en matière de collaboration avec le Selor. Vous
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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pouvez compter sur ma vigilance et sur celle du
Gouvernement en l'occurrence.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. Drèze.
M. Drèze (cdH). - Je remercie M. le Ministre pour
sa réponse fort complète. Je suis heureux d'entendre que
pour le passé, la Région n'a pas à se plaindre des
collaborations sur l'objectivité en tout cas, sur la lenteur
peut-être, et que cet audit sera l'occasion, peut-être,
d'appuyer les demandes de la Région wallonne pour que
les collaborations avec le Selor soient plus efficaces et
plus pertinentes à l'avenir.
M. le Président. - Voilà, très chers collègues,
Messieurs les ministres, qui clôture la séance de
questions d'actualité qui était le troisième point de
l'ordre du jour.
La parole est à Mme Ryckmans.
Mme Ryckmans (Ecolo). - Merci, Monsieur le
Président. Chers collègues, en mai dernier,
17 800 personnes se sont trouvées exclues des
allocations d'insertion, ce qui était un chiffre très élevé
dont on n'a pas encore pris la mesure. Ce chiffre
dramatique est la conséquence de deux mesures prises
au Fédéral.
Deux décisions de limitation des allocations
d'insertion prises fin 2013 et fin 2014 qui ont toutes
deux des conséquences importantes. La décision prise
fin 2011 par le Gouvernement Di Rupo, celle du cœur
qui saigne, de limiter à trois ans les allocations
d'insertion, a commencé à produire ses effets
dévastateurs au 1er janvier 2015, il y a un an.
Nous en revenons, si vous le voulez bien, à l'examen
des différents projets de textes.
Viennent s'y ajouter les décisions prises fin
décembre 2014 par le Gouvernement Michel, d'obliger
les jeunes sans diplôme de l'enseignement secondaire
supérieur à attendre 21 ans pour avoir accès à une
allocation d'insertion et celle de descendre à 25 ans au
lieu de 30 ans, l'âge maximal pour une première
demande d'allocations viennent donc s'y ajouter.
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
CONCERNANT LA LIMITATION DES
ALLOCATIONS D'INSERTION ET SES
CONSÉQUENCES POUR LA WALLONIE,
DÉPOSÉE PAR MME RYCKMANS, MM. HAZÉE,
DAELE ET HENRY
(DOC. 213 (2014-2015) N° 1 À 3)
On estimait entre 8 000 et 14 000 le nombre de
jeunes concernés rien qu'en 2015. En outre, ces chiffres
ne rendent pas compte de tous ceux qui indirectement
en subissent également les conséquences, comme les
enfants ou les conjoints et cohabitants. Si certains
allocataires peuvent bénéficier du revenu d'intégration,
d'autres n'ont droit à rien.
M. le Président. - L’ordre du jour appelle l’examen
de la proposition de résolution concernant la limitation
des allocations d'insertion et ses conséquences pour la
Wallonie, déposée par Mme Ryckmans, MM. Hazée,
Daele et Henry (Doc. 213 (2014-2015) N° 1 à 3).
Les premiers dépendent désormais de l'aide des
CPAS, déjà noyés sous les demandes et en difficulté
budgétaire et humaine pour les gérer. Les seconds
dépendent de l'aide de leurs proches pour la survie.
Derrière ces chiffres, c'est autant de visages de famille,
de situation personnelle difficile, de femmes qui ont
travaillé à temps partiel, de jeunes qui n'ont pas obtenu
un contrat suffisamment long à la sortie de leurs études
ou de leurs formations.
Discussion générale
M. le Président. - Je vous propose de prendre
comme base de la discussion générale le texte adopté
par la Commission de l'emploi et de la formation.
Un rapport (Doc. 213 (2014-2015) N° 3) a été
déposé par M. Lefebvre.
Je déclare la discussion générale ouverte et cède la
parole à M. Lefebvre.
M. Lefebvre (PS). - Mes collègues vont y revenir,
donc je me réfère à mon rapport écrit, Monsieur le
Président.
M. le Président. - J'ai trois inscrits dans la
discussion générale. Mme Ryckmans, comme auteure de
la proposition de résolution, M. Henquet, M. Legasse et
M. Drèze.
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Ces chiffres n'intègrent pas non plus les personnes
mal informées qui n'ont pas nécessairement exercé leurs
droits et qui ont disparu des statistiques. Cette situation
s'avère dramatique pour une part croissante de la
population. La perte d'un emploi entraîne tout d'abord la
perte d'un revenu et mène à une possible impasse
financière. La difficulté de payer un logement ou ses
déplacements, d'avoir accès aux soins médicaux, on
retarde les soins, les interventions chez le dentiste, on
postpose les interventions, mais aussi d'accéder à la
culture.
La perte d'un emploi a aussi des impacts
psychologiques. Nous considérons le travail comme un
facteur d'intégration sociale. Nous lui accordons une
valeur parfois excessive ou, en tout cas, qu'il serait utile
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
de questionner, mais y avoir accès est important et c'est
un droit.
L'emploi est important, au point que les personnes
qui en sont privées pour des tas de motifs différents
peuvent se sentir progressivement reléguées à la marche
de la société et se retrouver en situation d'exclusion
sociale. Si certains parviennent à tenir le cap, d'autres
sombrent dans le stress, l'anxiété et la dépression.
La perte de l'allocation d'insertion pour ceux qui
sont déjà privés d'un emploi devient alors une double
peine. Les conséquences sociales, économiques et
budgétaires de cette politique d'exclusion sont
catastrophiques, non seulement pour les chômeuses et
les chômeurs, mais aussi pour leurs proches et
également pour les communes et les CPAS.
Les appels à revenir sur ces mesures ont été
nombreux de la part des syndicats, d'associations et
d'élus. La limitation dans le temps des allocations
d'insertion n'a pas été décidée dans un contexte anodin.
La crise économique qui a fait suite à la crise financière
de 2008 a entraîné un grand nombre de pertes d'emplois.
Le taux de chômage très élevé qui touche la Wallonie
s'inscrit dans un processus bien plus long de mise sous
tension de l'emploi en Europe, qui s'illustre de facto par
une pénurie structurelle d'emplois par rapport à l'offre
de travail.
Les chiffres du marché de l'emploi sont sans appel.
D'après Eurostat, il y avait en Belgique en 2014,
460 000 demandeurs d'emploi indemnisés et seulement
83 000 postes vacants. Le réseau Stop article 63 § 2 de
son côté, a estimé à 976 000 le nombre réel de
personnes sans emploi en Belgique, en y ajoutant les
bénéficiaires du revenu d'intégration sociale et les
exclus.
Pour la Wallonie, ce chiffre s'élève, selon l'ONEM, à
247 834 personnes. Selon la FGTB, il faut y ajouter
13 600 Wallons exclus des allocations d'insertion et
également les chômeurs sanctionnés ou exclus suite au
renforcement du contrôle de la disponibilité.
Face à ces réalités, la responsabilité de tout
gouvernement est de mener des politiques créatrices
d'emplois de qualité et de mieux répartir le travail
disponible et les ressources. Ce n'est certainement pas
de rendre les personnes demandeuses d'emploi
individuellement responsables de leur situation.
Cette mesure d'exclusion ne créera aucun emploi,
mais, par contre, le risque est grand de voir s'aggraver
l'état de pauvreté des jeunes qui n'ont pas pu travailler
suffisamment longtemps jusque-là et des travailleuses et
travailleurs sans emploi de longue durée. Cette politique
d'exclusion crée des brèches dans les mécanismes de
protection sociale, fondés sur les principes d'assurance,
de solidarité, d'émancipation et de cohésion sociale de
notre système de sécurité sociale.
Enfin, la pertinence économique et budgétaire de ces
mesures est profondément mise en question. Les
exclusions du droit aux allocations d'insertion entraînent
inévitablement
d'autres
coûts :
dépenses
supplémentaires pour les communes et CPAS déjà sous
pression, manque à gagner pour l'État fédéral avec la
baisse du pouvoir d'achat, baisse du soutien à
l'économie et à la création d'emplois, coûts à long terme
avec la dégradation de la santé, avec le décrochage
scolaire, avec les problèmes de logement. On le voit, audelà d'être injuste socialement, ces mesures sont
inefficaces économiquement.
En Wallonie, en mai, je le rappelle, il y avait déjà
17 800 personnes qui se sont trouvées exclues des
allocations d'insertion, parmi elles, deux tiers de
femmes. Il faut y ajouter les jeunes, exclus suite aux
mesures du Gouvernement Michel, avec à nouveau une
forte proportion d'entre eux en Wallonie et à Bruxelles.
Ces jeunes se retrouvent dès lors hors formation et hors
emploi, certains n'y ayant même jamais eu accès, ces
jeunes que l'on désigne par le terme NEET, ni étudiant,
ni employé ni en formation.
Une telle mesure intervient dans une Région
largement touchée par la précarité : 20 % des Wallons
vivent sous le seuil de risque de pauvreté ; un enfant sur
quatre vit sous le seuil de pauvreté ou subit la privation
en Wallonie.
C'est pourquoi nous avons voulu qu'un véritable
débat puisse se tenir sur ces graves questions au sein de
notre assemblée. Nous avons demandé à procéder à une
série d'auditions particulièrement intéressantes et
complémentaires. Elles ont eu lieu en avril et mai
derniers, réunissant trois commissions de notre
Parlement : la Commission en charge de l'emploi et de
la formation, la Commission en charge des affaires
sociales et celle en charge des pouvoirs locaux.
Après ces auditions, Ecolo a déposé une proposition
de résolution à l'occasion de la Journée mondiale du
refus de la misère, le 17 octobre. Nous l'avons mise en
débat en commission et avons obtenu le soutien tant de
la ministre que de la majorité.
Moyennement amendement, c'est dont un texte
Ecolo, PS et cdH qui vous est présenté aujourd'hui.
Nous nous en réjouissons. Ce texte s'adresse tant au
Gouvernement fédéral qu'au Gouvernement wallon.
En tant qu'autorité de tutelle des CPAS et du
FOREm, particulièrement attentive à l'équilibre
budgétaire et à la préservation de la capacité des
pouvoirs locaux à remplir leurs missions, la Région
wallonne ne peut dès lors plus rester sans réagir.
La résolution a été amendée sur divers points pour
aboutir à celle que nous voterons aujourd'hui. Je
remercie les collègues qui s'y sont impliqués.
Que dit-elle donc cette résolution ?
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
48
Au Fédéral, la résolution demande au Gouvernement
wallon d'enjoindre le Gouvernement fédéral de
supprimer purement et simplement les mesures, je les
rappelle :
– la limitation des allocations d'insertion dans le
temps ;
– la baisse de la limite d'âge de 30 à 25 ans pour
une première demande ;
– et la condition d'avoir un diplôme de
l'enseignement secondaire supérieur pour
pouvoir demander une allocation avant 21 ans.
La résolution demande de supprimer ces mesures ou
à tout le moins de les aménager et de les assouplir – à la
demande du PS, cet amendement – pour les personnes
qui sont investies dans une démarche concrète
d'insertion professionnelle, afin de tenir compte des
efforts déployés par ces demandeurs d'emploi et des
difficultés avérées du marché de l'emploi.
La résolution demande également d'exprimer son
opposition à de nouvelles mesures d'exclusion des
allocations d'insertion ou de chômage qui seraient prises
par le Fédéral ; de plaider de façon générale pour des
mesures de soutien à l'économie, à la création d'emplois
et à la cohésion sociale plutôt que des politiques
d'exclusion ; à titre subsidiaire, de rappeler au
Gouvernement fédéral ses engagements en matière de
transfert des moyens compensatoires des mesures qu'il
prend à l'égard des pouvoirs locaux concernés. Ces
mesures ont été déclinées également au niveau wallon,
puisque le cdH souhaitait ne pas interpeller uniquement
au Fédéral.
Au Gouvernement wallon, il est demandé la mise en
œuvre, le plus rapidement possible, du contrat
d'insertion prévue dans la Déclaration de politique
régionale et d'intensifier également les dispositifs
régionaux de formation et de mise à l'emploi pour les
publics les plus défavorisés ou les plus éloignés de
l'emploi.
Enfin, la résolution vise à rappeler au Gouvernement
fédéral ses engagements en matière de transfert des
moyens compensatoires des mesures qu'il prend à
l'égard des pouvoirs locaux. Le MR, à cette occasion, a
signalé que des chiffres allaient être collectés pour
connaître les besoins exacts des CPAS, par exemple.
Pour Ecolo, il faudrait que ceux-ci soient refinancés par
la Wallonie, à hauteur de 10 millions d'euros, pour faire
face aux besoins et aux attentes des femmes et des
hommes qui y ont recours. C’est certainement un débat
qui n'est pas terminé dans ce Parlement.
Ce qu'il faut bien garder en vue, ce sont les réalités
concrètes des personnes touchées par ces mesures
d'exclusion, ces jeunes femmes et hommes, qui
cherchent un emploi, une formation qui leur permettent
une réelle insertion sociale.
49
Au MR, je suggère encore une fois de voter cette
résolution, qui reconnaît tout simplement le caractère
injuste de ces mesures, qui renforcent les inégalités
entre les jeunes qui ont accès à la formation ou qui ont
recours à d'autres filets de sécurité, surtout familiaux, et
ceux qui n'y ont pas accès. Nous vivons dans une
société qui se dualise davantage chaque jour. J'en veux
pour simple illustration cette information récente. Il y a
quelques jours, le 9 janvier, on notait que, en seulement
neufs jours de ce début d'année, le salaire moyen des
patrons du Bel 20 avait atteint le salaire annuel d'un
Belge médian.
On peut dire que les mesures prises par le
Gouvernement Di Rupo, fin 2013, ont ouvert grand la
porte à celles du Gouvernement MR-N-VA, qui a fait
passer des décisions encore plus injustes et surtout
extrêmement élitistes et qui risquent bien de s'avérer
contre-productives en termes de bien-être et de cohésion
sociale.
(Applaudissements)
M. le Président. - Comme l'ordre du jour avait été
établi, M. Henquet va intervenir, même si en principe
c'est l'alternance. Mais ici Mme Ryckmans étant
l'auteure de la proposition, il est normal qu'elle
intervienne en premier et qu'ensuite le principal groupe
d'opposition intervienne. Interviendront ensuite
M. Legasse puis M. Drèze.
M. Hazée (Ecolo). - Je pense que cela générerait
une alternance par rapport au point de vue qui vient
d'être développé.
M. le Président. - On ne sait pas, il faut écouter ce
que M. Henquet va dire, on peut être surpris.
La parole est à M. Henquet.
M. Henquet (MR). - J'avais prévu de commencer en
disant : Monsieur le Président, Madame la Ministre,
chers collègues, mais je vois que la ministre n'est pas là.
Ce que je trouve à tout le moins relativement inélégant
par rapport à la proposition qui a été faite par le groupe
Ecolo.
C'est un sujet délicat et important s'il en est, puisque
l'on parle d'emploi, ou plutôt d'absence d'emploi, et que
ce sujet est considéré par tous les gouvernements
comme étant la priorité majeure, la priorité numéro 1.
Nous en avons longuement débattu en commission. Je
voudrais, avec l'avantage du recul que nous avons
aujourd'hui, repréciser la position du MR, mais aussi et
surtout prolonger la réflexion.
Dois-je vous dire d'emblée que je m'étonne vraiment
de cette proposition de résolution et des amendements
qui y sont associés, désolé Madame Ryckmans ? Pour
m'en expliquer, je me propose d'abord de remettre la
problématique générale dans son contexte – vous l'avez
fait en partie, je ne vais pas redire les choses – ensuite,
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
de m'attarder aux impacts spécifiques liés au CPAS. Je
poursuivrai en relevant les contradictions dans le chef
des trois signataires et je terminerai par quelques
propositions de solution cette fois-ci, non pas de
résolution.
Faut-il rappeler que la résolution qui nous est
présentée remet en question l'accord qui a été conclu sur
la limitation des allocations d'insertion et qui a été voté
sous le Gouvernement précédent : Di Rupo. Ce
Gouvernement était composé des partis francophones
suivants : à ma gauche le PS, c'est logique, bien qu'une
partie du PS soit à ma droite, dans le fond à gauche le
cdH, toujours logique, et au milieu à droite le MR.
Les mesures qui viennent d'être énoncées vont avoir
un impact catastrophique sur les CPAS, nous dit-on. À
ce sujet, on entend tout et son contraire. La FGTB parle
de 90 000 personnes exclues au 1er janvier 2015 et qui
vont se tourner forcément vers les CPAS. Le SPP
Intégration sociale en dénombrait moins de 9 000 en
juin 2015. Bataille de chiffres, manifestement. Quoi
qu'il en soit, les auteurs de la résolution nous disent que
le Fédéral n'a pas transféré à due concurrence le surcoût
des mesures prises.
Je crois que je dois vous contredire et peut-être vous
décevoir en vous rappelant, ou en vous apprenant
d'abord, que des concertations régulières ont eu lieu
avec les trois fédérations des CPAS pour pouvoir
discuter justement des difficultés rencontrées sur le
terrain.
Il n'y a donc pas d'opposition entre la position du
ministre Borsus et les fédérations de CPAS. Pourquoi
tentez-vous d'en créer ?
En vous rappelant ou en vous apprenant, ensuite,
que dès 2012, toutes les mesures qui impactaient
directement les CPAS – que ce soit la dégressivité, le
renforcement du contrôle de la disponibilité, la
prolongation des stages d'attente – ont été compensées
totalement par le Fédéral via la dernière loi-programme,
à hauteur de 8 millions d'euros.
Plus fort encore, en vous rappelant ou en vous
apprenant que lors du contrôle budgétaire du
printemps 2015, une adaptation a eu lieu : des montants
de 86 millions d'euros dont 27 millions spécifiquement
pour les CPAS.
Et comme si cela ne suffisait pas, en vous apprenant,
peut-être, que pour 2016, il sera demandé à chaque
CPAS de fournir un décompte détaillé des revenus
d'intégration supplémentaires accordés en 2015 : le
nombre, la durée, la catégorie. De manière à ce que le
Fédéral puisse compenser, en étant le plus juste possible
par rapport à la situation précise de chaque CPAS.
Et enfin, permettez-moi également de vous rappeler
ou de vous apprendre qu'en fin de législature
précédente, Mme la Secrétaire d'État Maggie De Block
avait relevé, pour la première fois depuis 2002, le taux
de remboursement du RIS de 5 %.
Par contre, vous ne le mentionniez pas, peut-être par
oubli, je suppose, que le Fonds régional cette fois – non
plus fédéral, mais bien régional – spécial de l'aide
sociale, lui, est en diminution constante.
Au vu de ce que je viens de dire, il est mensonger de
prétendre
que
le
Fédéral
n'assume
pas
l'accompagnement complet des CPAS dans le cadre de
la fin des allocations d'insertion.
Il me semble donc que votre information est partielle
et partiale.
J'en viens maintenant aux contradictions des
différents signataires. D'abord, l'auteur de la résolution :
Ecolo. C'est vrai qu'Ecolo n'était pas dans l'ancien
Gouvernement, on peut donc comprendre leur
opposition, sans y voir nécessairement une
contradiction.
Mais tout de même, Madame Ryckmans, comment
interpréter vos propos relatés à la page 7 de la
discussion du 27 octobre où, d'une part, vous
reconnaissez que vous ne disposez pas des chiffres
concrets et, d'autre part, vous nous dites que ce n'est pas
assez ? Comment pouvez-vous dire que ce n'est pas
assez, ou trop, ou suffisant, si vous n'avez pas les
chiffres concrets ? Encore vous nous dites que le
Fédéral ne compense que partiellement, mais comment
pouvez-vous le dire, puisque vous dites que l'on n'a pas
les chiffres concrets ? Je peux aussi, sur cette base-là,
vous rétorquer, sur la base d'une impression générale,
qu'à Fernelmont, il n'y a pas de problème, que le CPAS,
de Gesves, d'Andenne, de La Bruyère, de Thuin, même
de Liège, n'ont pas de problème, nous dira un membre
du cdH ?
Vous l'aurez compris, ce qui est dérangeant dans
votre argumentation, c'est de baser toute la pertinence
de celle-ci sur une approximation : « je ne dispose pas
de chiffres concrets » – ce qui fait dire ce que l'on veut
aux chiffres – et d'élever en généralités quelques
particularités, méthode qui selon moi rend votre
raisonnement complètement caduque.
Deuxième signataire, le cdH. Et là, j'ai envie de dire
d'emblée, merci à M. Drèze. M. Drèze estime, au nom
du cdH, lors de notre commission du 27 octobre, que la
résolution en question est rédigée à mauvais escient.
Puisque les quatre points que comporte votre résolution
s'adressent chaque fois au Fédéral, ce qui n'est pas le but
d'une résolution déposée par un parlement régional.
« Quand on éprouve », dira-t-il, « des difficultés
avec la politique du Gouvernement fédéral, l'enceinte à
investir, c'est bien sûr le Parlement fédéral ».
Et il poursuit, je le cite : « Tourner en rond entre
parlementaires régionaux dans ce dossier peut être
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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sympathique », c'est vrai, « mais ce n'est peut-être pas le
meilleur endroit pour le faire ».
Autrement dit, Madame Ryckmans, gentiment, ce
n'est pas ici que vous devez nous parler de cela.
Il évoque alors votre deuxième demande qui vise de
nouvelles mesures que le Fédéral pourrait prendre. Il lui
paraît un peu particulier, et je pense qu'il a raison, dans
le cadre d'une résolution, d'inviter le Gouvernement à
exprimer son opposition à des mesures qui n'ont pas
encore été prises par le Fédéral et qui ne le seront peutêtre jamais.
Autrement dit, Madame Ryckmans, gentiment, votre
proposition relève de l'affabulation.
Enfin, il rappelle, en réponse à votre point quatre,
que le Fédéral a augmenté à plusieurs reprises, les
transferts – c'est lui qui le dit – ce que vous semblez
ignorer. Mme la Ministre De Block a augmenté, je l'ai
dit tantôt, de 8 millions d'euros, ensuite de 30 millions
d'euros, avant que M. le Ministre Borsus ne fasse pareil
à concurrence de 27 millions d'euros.
Et M. Drèze de conclure : « Tant que l'on ne fait pas
la démonstration que ces moyens complémentaires ne
sont pas suffisants, je pense qu'il vaut mieux s'abstenir
de considérations dans ce domaine. Pour ma part, dans
la commune où je réside, Liège, qui est le plus gros
CPAS du pays, je constate que ces moyens apparaissent
comme suffisants ».
Autrement dit, Madame Ryckmans, gentiment, votre
proposition passe complètement à côté de l'objectif visé
en méconnaissant la réalité de terrain.
Là, nous étions le 27 octobre. Et de confirmer – je
reviens sur M. Drèze – sa position en commission du
15 décembre, où il nous redit que le but premier d'une
résolution est de s'adresser à son propre Gouvernement.
Chers collègues, vous me direz que le cdH ne va pas
voter cette résolution. Eh bien si ! Car ils ont exigé de
mettre un cinquième point. Que dit ce cinquième point ?
Il demande au Gouvernement wallon, cette fois – ouf !
c'est le bon interlocuteur, c'est le bon niveau de pouvoir
que l'on interpelle – de mettre en œuvre le plus
rapidement possible le contrat d'insertion prévu dans la
DPR et d'intensifier également les dispositifs régionaux
de formation et de mise à l'emploi.
Très beau travail d'opposition, Monsieur Drèze. J'en
conviens, car vous pointez du doigt ce qui ne va pas au
niveau du Gouvernement wallon et que nous avions
pointé également, à savoir que presque deux ans après
avoir énoncé la DPR, le contrat d'insertion, tant vanté
durant la campagne, n'est toujours pas en place. De plus,
vous reconnaissez que les dispositifs régionaux de mise
à l'emploi et de formation sont insuffisants, puisque
vous dites qu'il faut les intensifier. Vous avez raison, je
le pense également.
51
Bref, chers collègues, vous apprécierez la cohérence
du cdH. Il nous dit que quatre propositions sur cinq de
cette résolution s'adressent à un mauvais interlocuteur,
et une sur cinq, la dernière, pointe les manquements du
Gouvernement dans lequel il se trouve, mais ils vont
quand même la voter.
Je pourrais vous dire à mon tour, gentiment,
Monsieur Drèze, que vous et le cdH êtes les rois de la
contradiction dans ce dossier.
M. Legasse, pour le PS, s'il n'est pas opposé au
contenu de la proposition, s'il estime que les mesures
d'exclusion doivent être compensées à 100 %, mais tout
en précisant également que les chiffres restent à discuter
et à affiner, il faut, selon lui, passer par le Comité de
concertation si l'on a des revendications à formuler.
Par rapport au Fédéral, la résolution n'est pas la voie
correcte à suivre dans ce cas. Donc, on ne la vote pas,
me direz-vous. Non, dans un premier temps, avoue le
PS. Oui, par la suite parce que l'on rajoute un
amendement qui flattera les efforts réalisés par le
Gouvernement wallon en faveur de l'emploi, et ce
faisant, cela atténuera également les propos du
commissaire Drèze.
Écoutez comme c'est bien écrit : « Considérant que,
dans le contexte économique actuel » – difficile, sousentendu, on place les garde-fous – « même en ayant
déployé tous les efforts et toute la détermination
possible, et malgré l'offre diversifiée des services
d'accompagnement, d'insertion et de formation, les
bénéficiaires d'allocation, et cetera ». Ouf ! Le
Gouvernement travaille tout de même, allez, on peut
voter maintenant.
Enfin, je rappelle au PS que c'est la ministre
socialiste flamande, Monica De Coninck, qui est à la
base de cette mesure dans le Gouvernement Di Rupo.
Mais c'est vrai que j'ai entendu en commission que le PS
et le sp.a, ce n'était pas du tout les mêmes partis.
Outre l'analyse des propos des uns et des autres, j'en
viens à l'essentiel. Que faire par rapport à cette
problématique ? Que faire pour diminuer le nombre de
personnes émargeant au CPAS et qui dépendent des
allocations de chômage dont les allocations d'insertion ?
Certains d'entre vous l'ont dit – Mme Ryckmans l'a
souligné à juste titre –, il faut agir à la base des
mécanismes d'exclusion et stopper le cercle vicieux,
manque ou perte d'emplois, chômage, CPAS, précarité,
pauvreté.
Pour y parvenir, il faut mettre en place une réelle et
efficace politique de l'emploi que je voudrais analyser
rapidement à travers les institutions où nous sommes
représentés, le Fédéral – puisque l'on en parle souvent –
la Région wallonne et la Communauté française.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
À travers votre résolution, vous avez demandé au
Gouvernement wallon de demander au Gouvernement
fédéral de prendre des mesures pour soutenir l'économie
– je vous cite – et de créer des emplois. C'est votre
demande numéro 3. C'est gentil d'y penser. Dois-je
rappeler le courageux saut d'index, même s'il fut décrié
à différents moments ? Soyons honnêtes, le saut d'index
qui a sérieusement arrangé les budgets, que ce soit à la
Communauté française ou à la Région wallonne !
Dois-je rappeler la diminution des charges qui
pèsent sur le travail à travers une diminution des
cotisations sociales de 33 % à 25 % ?
Dois-je rappeler les 25 millions d'euros qui seront
dégagés pour inciter les femmes et les jeunes à créer
leur entreprise ?
Surtout, dois-je rappeler l'exonération à vie des
cotisations sociales patronales pour le premier emploi et
la réduction de ces mêmes cotisations sociales
patronales, non plus du deuxième au cinquième emploi,
mais bien du deuxième au sixième engagé ?
Les deux dernières mesures énoncées devraient créer
65 000 nouveaux emplois ; ce n'est pas Laurent Henquet
qui le dit, ce n'est pas le MR qui le dit...
(Réaction d'un intervenant)
... c'est la Banque nationale et le Bureau fédéral du
Plan.
Tout cela en un an et quelques mois, puisque le
Gouvernement fédéral a été constitué en octobre 2014,
soit trois mois après les gouvernements régionaux.
En un an, donc, on a eu le temps d'observer,
d'analyser la situation, de l'étudier, de concerter, de
planifier et de réaliser. On est presque occupé à évaluer.
M. le Premier Ministre a dit : « Job, job, job » ; on l'a
dit, on le fait.
Venons-en à la Région wallonne. J'ai entendu
dernièrement en écho...
M. le Président. - Monsieur Henquet, vous devez
parler moins vite parce que votre groupe n'a même pas
eu l'occasion de vous applaudir. Je vous dis cela, je ne
dis rien.
(Applaudissements)
M. Henquet (MR). - C'est parce qu'ils connaissent
le texte que je suis occupé à énoncer.
M. le Président. - Mais ils n'étaient pas en phase.
M. Henquet (MR). - J'en viens à la Région
wallonne. J'ai entendu dernièrement en écho au « Job,
job, job » quelqu'un qui disait : « Emploi, emploi,
emploi ». Les chiffres du FOREm, c'est vrai, vont dans
ce sens et montrent qu'il y a une légère embellie. J'en
suis très heureux, évidemment, car c'est par la création
d'emplois que l'on évitera le basculement tantôt énoncé.
Plus en avant, à propos d'emploi justement, où en
est-on dans la fameuse réforme des aides à l'emploi ?
On n'en sait rien. Quelles mesures pour aider notre tissu
économique des PME, des TPME dont parle tant notre
ministre-président, à croître et ainsi à booster l'emploi ?
On n'en sait toujours rien. Où en est-on dans le
développement du fameux pacte pour l'emploi ? On n'en
sait toujours rien. Enfin, si, on sait que les partenaires
sociaux ont fini de négocier depuis juin 2015, on sait
qu'ils sont d'accord à 95 %, il ne reste plus au
Gouvernement qu'à décider. Mais qu'attend-il, ce
Gouvernement ?
Il vous faut plus de six mois pour savoir si vous
allez agir sur les cotisations sociales patronales ou sur
l'activation de l'allocation ? Il vous faut plus de six mois
pour définir si l'on est jeune jusque 25 ans, 26 ans ou
30 ans ? J'entends que rien ne sera décidé avant le
1er janvier 2017. Même le partenaire de majorité s'en
inquiète – je l'ai dit tout à l'heure – au point qu'il doive
demander au Gouvernement wallon de mettre en œuvre
le plus rapidement possible le contrat d'insertion prévu
dans la DPR. C'est dire si les actions déjà réalisées sont
chétives.
À propos des jeunes, qu'en est-il du contrat
d'insertion ? Pour rappel, la DPR dit clairement en ses
pages 14 et 15 que : « Le Gouvernement s'engage à
offrir une première vraie expérience professionnelle à
chaque jeune, dans les 18 mois après la sortie de l'école
et s'il présente des difficultés à s'insérer sur le marché du
travail ».
Fort bien, mais voici deux remarques à ce niveau.
Comment allez-vous articuler le contrat d'insertion avec
le programme européen Garantie jeunesse qui, lui,
prescrit aux Régions de proposer aux moins de 25 ans,
dans les quatre mois et non plus dans les 18 mois –
bonjour, Madame la Ministre, mais je ne vais pas tout
recommencer – alors que le programme européen
Garantie jeunesse prévoit dans les quatre mois ? Y aurat-il une fusion entre les deux programmes ? Vont-ils se
confondre ?
Ma deuxième question est : pourquoi attendre le
1er janvier 2017 pour que cette mesure entre en
vigueur ? Cela veut dire pratiquement 2,5 ans après le
prononcé de la DPR, alors que l'on sait que la mise à
l'emploi des jeunes est une mesure déclinée comme
urgente par tout le monde. On n'a pas de réponse à cette
question.
La DPR stipule aussi que le contrat d'insertion
prendra appui sur le dispositif PTP. Je m'en étonne et je
vous le déconseille, car une étude récente du CESW
montre que parmi toutes les mesures d'activation, le
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
52
PTP est le dispositif le moins efficace en termes de mise
à l'emploi durable, mais vous faites comme vous voulez.
sait qu'il n'a pas travaillé et qu'il a obtenu 30 % ? Non,
bien sûr !
Enfin – et Mme Ryckmans l'a évoqué également –
comment ne pas s'étonner des deux chiffres suivants : en
novembre 2015, il y a plus de 400 000 chômeurs
complets indemnisés pour 83 000 postes vacants. Et de
se poser légitimement la question : qu'attend donc la
Wallonie, pour les postes vacants qui la concerne,
d'enfin faire en sorte qu'ils soient pourvus ? On le sait, il
n'y a pas d'emploi pour tout le monde, mais alors, qu'au
moins, on occupe les postes déclarés sans titulaire, ce
sera déjà cela de pris.
Je pourrais citer d'autres exemples similaires en fin
de deuxième ou en fin de cinquième et qui démontrent
que le système éducatif en Communauté française
promeut lui-même un nivellement par le bas, parce qu'il
n'insiste pas suffisamment sur l'importance du travail, de
l'effort et de l'endurance.
On a parlé du contrat d'insertion pour les jeunes et
de Garantie jeunesse, vous ne m'en voudrez pas si je
termine en vous parlant d'éducation. Nous savons tous
qu'il y a un lien direct entre la qualité de l'enseignement
et la prospérité économique d'une région ou d'un pays. Il
y a un lien direct entre la qualité de la formation et le
taux de chômage dans cette même région.
Ce que Boileau énonçait déjà il y a 300 ans, dans ses
vers célèbres de l'art poétique : « Vingt fois sur le
métier, remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse et
le repolissez ». Si cette maxime a résisté à l'épreuve du
temps, c'est qu’elle doit trouver sa légitimité dans la
pertinence de son propos.
C'est pour cela, sans doute – et M. Crucke tombe à
point nommé – qu'il serait bien que le ou
Mme la Ministre de l'Éducation siège dans cet
hémicycle, mais il s'agit là d'un autre débat.
Fort bien, mais il y en écoles des mesures imposées
par le politique qui sont pour moi délétères. Ainsi, quel
message délivre-t-on à nos jeunes ?
Cela vous ennuie ce que je dis ? Non. C'est très
agréable de parler à un dos, vous n'arrêtez pas de
caqueter.
M. Collignon (PS). - Ne créez pas inutilement la
polémique.
M. Henquet (MR). - Allez de l'autre côté si cela ne
vous intéresse pas...
M. Collignon (PS). - Ne créez pas inutilement la
polémique. Ne me lancez pas, parce que le ramassis de
sottises...
M. Henquet (MR). - Allez de l'autre côté si cela ne
vous intéresse pas. Je vais vous donner quelques
conseils.
M. le Président. - Monsieur Henquet, on va
reprendre cela plus sérieusement. Poursuivez.
La parole est à M. Henquet.
M. Henquet (MR). - Je disais qu'il y a, en écoles,
des mesures imposées par le politique qui sont, pour
moi, délétères. Ainsi, quel message délivre-t-on à nos
jeunes, lorsque par exemple, on les fait passer
automatiquement de première en deuxième, qu'ils aient
obtenu 30 % ou 70 % ? Est-ce éducatif et pédagogique
que de faire croire à un jeune qu'il a réussi, alors qu'il
53
(Réaction d'un intervenant)
Pas du tout ! Vous allez forcément y arriver.
Et à cette jeunesse qui est occupée à se construire, à
structurer sa personnalité, à forger son tempérament et
sa force de caractère du futur adulte, vous verrez que là
est le lien. Il faut leur enseigner que lorsqu'une difficulté
se présente dans la vie, qu'elle soit scolaire, familiale,
professionnelle, sentimentale, de santé ou autre – et
nous en avons tous rencontré dans nos vies personnelles
– si on laisse tomber les bras, on ne résoudra pas cette
difficulté. Si, par contre, on se retrousse les manches, au
moins, on aura tenté de la surpasser. C'est cela qui forme
le caractère, qui développe la volonté.
Mutatis mutandis, c'est un peu la même chose,
lorsque l'on se retrouve devant une difficulté, lorsque
l'on est adulte, telle que le non-emploi qui perdure ou la
perte d'un emploi. Trouvera-t-on l'énergie de se battre ?
Sera-t-on résigné ? Même s'il n'y a pas d'emploi pour
tous, la réaction par rapport à ce problème dépendra de
la formation que l'on aura reçue dans sa jeunesse. Elle
dépendra des compétences que l'on aura acquises au
cours de son cursus, des exigences que le système
éducatif et parental aura mises en place.
Si l'on compare avec le nord du pays, pourquoi
avons-nous un taux de chômage – même si cela va un
peu mieux – de 12-13 %, alors que les Flamands n'en
ont que cinq ou six pour cent ? Pourquoi avons-nous
cette image d'assistés qui nous colle à la peau
systématiquement ? La réponse n'est évidemment pas
singulière. Bien sûr, on n'a pas anticipé suffisamment le
déclin de notre tissu industriel, mais pour avoir donné
cours de français à des néerlandophones, je peux vous
assurer que la mentalité y est autre par rapport au
travail, à l'effort, à l'endurance et à la ténacité. Pourquoi,
dès lors, ne pas s'en inspirer et demander à ceux qui sont
aux commandes de la Fédération Wallonie-Bruxelles –
c'est-à-dire vous – que l'on revalorise en remettant au
goût du jour un enseignement qui exige, qui booste, qui
décoiffe ? Bref, qui forme, cadre et encadre et qui ferait
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
sans doute en sorte que d'assistés, nos petits Wallons
deviennent de grands entreprenants ?
Ne vous méprenez pas. Les parents qui élèvent leurs
enfants de façon plus stricte et rigoureuse ne les aiment
pas moins pour autant que ceux qui sont plus laxistes.
De la même façon, un système éducatif qui exige de ses
élèves, tout en les encadrant, ne les respecte pas moins –
que du contraire – qu'un système qui les laisse faire,
mais on arrive à un autre résultat. De la même façon,
Monsieur Collignon, un gouvernement qui se montre
exigeant et parfois même dur n'en est pas moins attentif
ni préoccupé par l'avenir de chacun de ses concitoyens,
qu'un gouvernement qui a tendance à laisser faire, à ne
pas anticiper et, finalement, à ne pas décider.
On l'aura compris : la problématique de l'emploi ou
du non-emploi, la problématique des allocations
d'insertion, la problématique des revenus d'intégrations,
ce sont des sujets complexes et délicats, parce qu'ils
touchent aux personnes. La solution pour les résoudre
ne viendra pas d'une seule mesure aussi exceptionnelle
soit-elle, mais bien d'une conjonction de petites
décisions pertinentes que chacun se doit de prendre à
son niveau de pouvoir.
Je vous invite toutes et tous à être le plus proactif en
la matière, afin de faire correspondre la définition de la
politique à ce que nous tentons de faire : être au service
du citoyen. En fonction de tous les arguments que je
viens de développer, vous comprendrez aisément que
nous voterons contre cette proposition de résolution.
(Applaudissements)
M. le Président. - Merci, Monsieur Henquet. Je
rappelle que cette résolution porte sur la limitation des
allocations d'insertion, pour que nous puissions bien
baliser l'étendue de nos interventions mutuelles et
réciproques.
C'est à M. Legasse, en principe, Monsieur Drèze,
mon cœur vous donnerait la priorité, mais la raison et le
règlement m'appellent à donner la parole à un autre
brabançon wallon.
La parole est à M. Legasse.
M. Legasse (PS). - Monsieur le Président, j'avais le
sentiment, à l'instant, d'entendre le rapporteur. J'ai cru
un instant que le rapporteur n'avait pas fait de rapport,
mais manifestement quelqu'un d'autre s'en est chargé,
bien que ce ne soit pas très fidèle. C'était plutôt un
commentateur qu'un rapporteur que j'ai entendu.
Effectivement, quand l'on n'a pas grand-chose à dire sur
le sujet...
(Réaction de M. Crucke)
Quand l'on n'a pas grand-chose à dire sur le sujet,
l'on se permet de commenter les positions des autres.
M. le Président. - Monsieur Crucke !
M. Legasse (PS). - Je vais laisser M. Crucke faire
son show et puis l'on reprendra.
M. le Président. - Non, on a bien noté que vous êtes
en séance, notez-le et l'on poursuit.
M. Legasse (PS). - Merci, Monsieur le Président.
Sans doute, M. Henquet avait le sentiment de s'adresser
à une assemblée libérale, mais dois-je rappeler que
l'initiative, après 541 jours de négociations difficiles,
n'est pas venue des socialistes, mais bien des libéraux
flamands quant à ces dispositions sous le précédent
Gouvernement ? C'est trop facile de réduire ce
Gouvernement à son Premier ministre. C'est bien
541 jours qu'il a fallu pour le former ; et les conditions
des uns et des autres étaient du niveau que l'on sait.
(Réaction d'un intervenant)
Je vais me permettre de continuer, Monsieur le
Président.
M. le Président. - Je vous en prie.
M. Legasse (PS). - Merci
M. le Président. - Je vais surveiller deux personnes
plus particulièrement.
M. Legasse (PS). - J'ai néanmoins retenu dans
l'intervention de mon prédécesseur que la pauvreté
forgeait le caractère pour le MR. Très sincèrement, je ne
partage pas cet avis parce que pour moi, le caractère se
forge bien...
(Réaction d'un intervenant)
M. Legasse (PS). - Je continue Monsieur le
Président ?
M. le Président. - Je vais en surveiller trois,
maintenant.
(Rires)
M. Legasse (PS). - Merci, Monsieur le Président. La
question des allocations d'insertion est un sujet
éminemment sensible, on l'a compris, tant son impact
social, sociétal même, est important. Les auditions
auxquelles nous avons assisté, trois commissions
conjointes ; les commissions ont donc entendu de
nombreuses auditions en avril et en mai dernier et tous
les intervenants l'ont amplement souligné, dont le
président du CPAS de Liège qui n'était autre, à l'époque,
que le président de la fédération des CPAS.
Certes, et je ne discuterai pas des chiffres et des
compensations chiffrées, mais passé le côté vexatoire de
tendre la main aux CPAS plutôt que d'être dans une
structure d'allocations de revenus de remplacement ou
d'insertion – en tout état de cause, l'impact en termes de
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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parcours personnel et professionnel reste largement
négatif et vexatoire – c'est, soulignons-le, ceci qui met à
mal les politiques de mise à l'emploi du ressort régional
et nous ne pouvons que le regretter.
Si les mesures décidées, en 2011, dans un contexte
politique fédéral difficile, ont un impact réel sur les
jeunes
demandeurs
d'emploi,
les
mesures
complémentaires décidées, depuis lors, par un autre
Gouvernement fédéral, présidé par quelqu'un d'autre me
semble-t-il, faut-il le souligner, ont démultiplié les
situations difficiles, les ont accrues considérablement.
Le Parti socialiste soutient une révision des
dispositions de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 pour
supprimer la limitation automatique des allocations
d'insertion pour les bénéficiaires qui prouvent une
recherche active d'emploi. C'est la démarche entreprise
par le biais d'une proposition de loi déposée à la
Chambre par mon parti.
La politique d'activation, que l'on aime ou que l'on
n’aime pas, doit encourager les demandeurs d'emploi à
sortir du chômage et à tout mettre en œuvre pour se
former adéquatement et à s'intégrer au mieux dans le
cadre des programmes d'accompagnement individualisé
mis en place par le FOREm. À cet égard, il importe
pour notre Région de mettre tout en œuvre pour une
politique de mise à l'emploi du plus grand nombre, sur
ce point nous sommes d'accord.
Nous soutenons également la suppression des
mesures décidées par le Fédéral qui pénalisent les
jeunes, les plus vulnérables, en ne leur proposant pas
d'alternatives. On sait qu'il y a à peine 80 000 emplois
disponibles,
aujourd'hui,
pour
quelque
450 000 chômeurs.
Nous encourageons donc le Gouvernement wallon à
poursuivre son combat au sein du Comité de
concertation et des comités ministériels concernés en ce
qui concerne la question de l'impact sur les allocations
des décisions prises par le Fédéral en décembre 2014,
afin d'éviter un nouveau transfert de charges vers les
Régions et, particulièrement, dans des compétences
transférées.
En matière de transfert de charges, j'aimerais
également ajouter que, si les CPAS ont peut-être reçu
des montants compensatoires, la charge de travail, elle,
est importante et la charge salariale qui en découle ne
l'est pas moins.
En substance, outre les drames sociaux que
l'accumulation des mesures décidées au Fédéral, ces
derniers mois, vont engendrer – alors qu'il se dit social
parfois, les mesures incohérentes et renforçant la
dualisation de la société – ce sont également les
pouvoirs publics wallons, il est vrai – les communes, les
CPAS, le Gouvernement wallon – qui sont impactés
négativement.
55
Sans réelle totale compensation du Fédéral, il est
vrai, nous ne sommes peut-être pas encore en mesure de
le chiffrer précisément. Il importe, en effet, que la
mesure fédérale soit totalement neutre et compensée à
100 % par le Fédéral, ce qui n'est, semble-t-il, pas
encore le cas. Sur ce point, nous reviendrons, j'imagine,
dans quelques mois encore.
Enfin, il convient de souligner que la résolution
adoptée en commission – outre les regrets et les souhaits
émis ci-avant – encourage également notre
Gouvernement à poursuivre sa politique d'insertion et
d'intégration du plus grand nombre par une
intensification des dispositifs régionaux de formation et
de mise à l'emploi. Le Gouvernement qui était d'ailleurs
représenté tout à l'heure, Monsieur Henquet, par deux
personnes et Mme la Ministre nous a rejoints
maintenant.
Nous espérons, par ailleurs, que le Gouvernement
fédéral, lui, entendra les appels à un revirement de sa
politique, mettant à mal la cohésion sociale et sociétale,
sans discernement. Bien au contraire, il existe une
alternative pour ceux qui s'engagent dans une recherche
active d'emploi, que le Gouvernement fédéral l'entende.
La pénalisation de ceux-ci par des mesures vexatoires
ne peut engendrer que découragement et lassitude, ce
qui, dans le contexte actuel, pénalisera l'ensemble de la
société.
Cette résolution devenue commune, comme l'a
souligné ma collègue, portée par trois des quatre
groupes du Parlement wallon, un fait suffisamment rare
pour le souligner, est de la plus haute importance. Il faut
dire que le sujet est lui-même de la plus haute
importance.
On parle ici de la limitation à trois ans par le
Gouvernement fédéral des allocations d'insertion, à la
condition de détenir un diplôme de l'enseignement
secondaire supérieur pour avoir droit à ces dites
allocations avant 21 ans et de la limite à 25 ans pour une
première demande d'allocation. Je fais le lien avec la
pauvreté qui forge le caractère pour le MR. La
résolution demande au Gouvernement fédéral au
minimum d'apporter les aménagements raisonnables, il
est vrai, pour assouplir les mesures prises pour les
demandeurs d'emploi qui se sont investis dans un
processus
d'activation
et
d'insertion
socioprofessionnelle, parce que ceux-là se sont investis
et sont néanmoins pénalisés. Vous le savez, j'ai évoqué
les chiffres tout à l'heure, 80 000 emplois pour
450 000 chômeurs. Le Gouvernement wallon doit
exprimer son opposition aux nouvelles mesures
éventuelles d'exclusion des allocations d'insertion ou de
chômage qui seraient encore prises par le
Gouvernement fédéral. Nous plaiderons pour des
mesures de soutien à l'économie, à la création d'emplois,
à la cohésion sociale, plutôt que pour des politiques
d'exclusion, des politiques vexatoires, comme demandé
aux prépensionnés qui doivent se réinscrire et redevenir
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
des demandeurs d'emploi et chercher des emplois,
comme demandé aux chômeurs qui ont un enfant ou un
parent atteint de maladie grave et qui néanmoins doivent
se réinscrire et doivent être demandeurs d'emploi et
donc sont aussi ainsi écarté du processus d'allocation.
Enfin, j'en terminerai simplement en disant que si la
réponse du MR est de dire : « Il suffit de tendre la main,
les CPAS ont été refinancés », celle-là ne me convainc
pas et ne me suffit vraiment pas.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. Drèze.
M. Drèze (cdH). - Je voudrais d'abord remercier
Ecolo d'avoir pris les premiers la plume et d'avoir fait
cet effort de rédiger une résolution – c'est un travail
conséquent – et aussi d'avoir accepté que le PS et le cdH
s'associent à la démarche, moyennant un texte un tout
petit peu remanié, de manière à faire le parfait
consensus. Je voulais saluer ce consensus entier, quoi
que certains en disent.
Je suis très heureux que Mme Tillieux nous ait
rejoints et très heureux que M. Lacroix reste, parce que,
si évidemment la ministre de l'Emploi est le bras armé
de la politique, le grand argentier est évidemment utile.
J'y reviendrai quand des moyens supplémentaires sont,
le cas échéant, sollicités.
M. Henquet a fait une partie du rapporteur, il a fait
aussi une intervention construite. Ce n'est pas pour cela
que je suis d'accord avec ce qu'il dit, même quand il me
cite.
Deux petits correctifs.
D'abord, concernant Liège, c'est vrai que, ici comme
à Liège, quand on se plaint d'un manque éventuel de
compensation financière du Fédéral, je demande que
l'on sorte les chiffres pour prouver l'assertion. Étant
maintenant, je dois bien reconnaître que personne n'a
produit des chiffres extrêmement convaincants entre les
compensations apportées et les surcoûts liés à la
modification en termes d'octroi d'allocations d'insertion.
Ceci dit, le problème majeur n'est pas là, Monsieur
Henquet. Le problème majeur, c'est qu'à Liège, comme
ailleurs, en particulier dans les grandes villes, mais pas
seulement, les difficultés sociales sont plus importantes.
Des personnes qui, avant, étaient sur des rails en
termes de revenus et en termes de recherche d'emploi et
de potentiel de trouver du travail, sont déstabilisées. Ce
qui fait le plus mal – toutes les personnes entendues lors
des auditions l'ont évoqué de manière convergente – ce
sont les jeunes qui ont quitté l'ONEM et qui n'arrivent
pas au CPAS, qui se sont perdus dans la nature et que
nous ne pouvons plus accompagner d'une manière ou
d'une autre. C'est un dégât social d'autant plus important
que l'autorité publique n'est plus à même de les
accompagner puisqu'ils ont, en quelque sorte, disparu
des radars.
M. Henquet met aussi en épingle une soi-disant
contradiction entre la ministre et moi. Je vous dirais
simplement que, par rapport à toutes les décisions qui
ont été prises par Mme la Ministre Tillieux au nom du
Gouvernement, il n'y a pas une feuille de papier de
cigarette entre les décisions prises et mes convictions les
plus profondes. C'est vrai qu'il y a une impatience pour
les décisions encore à prendre. Les décisions prises le
sont par exemple en matière d'emploi APE, de titresservices, de centre d'insertion socioprofessionnelle, de
formation en alternance, de structures d'aide à
l'autocréation d'emploi. Toutes ces décisions, je suis
pleinement heureux de la manière dont elles ont été
prises.
Pour le reste, il y a une impatience que nous
partageons tous, je l'ai déjà dit, la ministre également.
Un calendrier a reporté certaines mesures à 2017, je le
regrette personnellement, mais c'est le chef de l'accord
de majorité, duquel Mme Tillieux a hérité d'une feuille
de route. Il n'empêche, je plaide pour cela et j'espère que
cela pourra se faire, que pour certaines mesures et en
particulier pour les jeunes on puisse accélérer un peu le
tempo. Je prends l'exemple – ce n'est pas la première
fois – du contrat d'insertion. Il a effectivement été
l'objet, j'en suis heureux, de débats importants pendant
la campagne électorale, suite notamment au combat qu'a
mené la FGTB, non pas pour dénoncer 90 000 jeunes
exclus, comme vous l'avez évoqué, début 2015, mais
50 000, qui se sont avérés moins par après. Le chiffre
annoncé par la FGTB à l'époque – je pense que ma
mémoire ne me fait pas défaut – c'est 50 000 et pas
90 000. Nous sommes d'accord que ce contrat
d'insertion est très important, il est dans la DPR et il doit
venir le plus rapidement possible.
Je prends note que la Région de Bruxelles-Capitale a
décidé de le mettre en vigueur à la mi-2016. Il y a peutêtre moyen de revoir un agenda plus serré de la mise en
œuvre en Région wallonne.
Personne dans la majorité ne souhaitait que les
choses se passent en 2015, pourquoi ? Il fallait attendre
les décisions du Fédéral, maintenant nous les
connaissons ; il faut s'articuler avec ces décisions. Il faut
aussi, nous le faisons davantage, j'en suis aussi heureux
que le Fédéral, s'accorder avec les partenaires sociaux.
Nous sommes maintenant en janvier, à l'heure où les
partenaires sociaux remettent leur copie. Je suis
convaincu que nous l'aurons dans les tout prochains
jours, que nous pourrons l'examiner, que ce soit
formellement ou informellement, et avoir notre avis sur
les décisions à prendre au cours de cette année 2016.
Au niveau des mesures fédérales, nous y avons, tout
comme le PS, participé en partie sous le Gouvernement
Di Rupo. Que ce soit à la demande des libéraux
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flamands ou pas, peu m'importe, nous avons été
d'accord de les prendre. Je ne reviens pas là-dessus.
Nous avons obtenu, en tant que cdH, enfin du
Gouvernement Di Rupo un correctif pour les
travailleurs à temps partiel qui étaient victimes des
mesures alors qu'ils travaillaient. Nous avions demandé
aussi, mais nous ne l'avions pas obtenu, un correctif
pour les personnes qui sont actives en intérim.
Par contre, nous sommes très tristes du renforcement
qui a été pris sous le Gouvernement actuel. Je ne ferai
pas de polémique ici. On en a encore parlé en
commission hier avec la ministre au niveau des
allocations familiales majorées. Il n'y a pas que des
inconvénients sur le plan des allocations d'insertion et
l'iniquité de certaines décisions qui ont été prises, mais
aussi des effets collatéraux dommageables pour les
enfants des personnes concernées, notamment à travers
les allocations familiales majorées. Raison pour laquelle
nous souscrivons au cdH pleinement aux premiers
éléments de la résolution, qui demande à la Région de
continuer à mener le combat vis-à-vis du Fédéral.
Cela étant, nous avons pu constater au cours des
derniers mois que, sans la résolution, la Région a été au
combat. On l'a vu encore hier avec la ministre dans le
débat sur les allocations familiales majorées qui ont fait
l'objet de discussions, malheureusement non
convergentes à ce stade en comité de concertation. Mais
cela ne mange pas de pain de soutenir le Gouvernement
dans cette démarche vis-à-vis du Fédéral, notamment en
comité de concertation.
Nous sommes heureux – et vous l'avez relevé
Monsieur Henquet et d'autres – d'avoir obtenu
satisfaction quant à notre demande d'ajouter une
résolution concernant la Région wallonne. C'est d'autant
plus fondé, je l'ai dit à l'époque, que le jour où
Mme Ryckmans a développé sa proposition, le matin
même chez M. Prévot, M. le Ministre a dû rejeter deux
résolutions venant de la majorité, parce qu'elle ne
s'adressait qu'au Fédéral. Cela n'a pas de sens de ne
s'adresser qu'au Fédéral, le principal étant de s'adresser
au Gouvernement. Je suis donc heureux que le parti
socialiste et Ecolo nous aient rejoints sur le fait d'être un
encouragement et un aiguillon, cela peut aller de pair.
On peut très bien titiller tout en encourageant ; ce
n'est pas contradictoire et antinomique. Nous plaidons
effectivement pour qu'en Région wallonne, en matière
d'insertion socioprofessionnelle, en matière de
formation en alternance, en matière, pourquoi pas, de
parcours d'intégration, la problématique peut y être
jointe le cas échéant, on aille plus vite et plus fort et
c'est bien là notre demande.
(Applaudissements)
M. le Président. - Y a-t-il un souhait de réaction du
Gouvernement ? Madame la Ministre de l'Emploi ?
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Puis-je peut-être demander à M. Crucke de venir
nous rejoindre ?
La parole est à Mme la Ministre Tillieux.
Mme Tillieux, Ministre de l'Emploi et de la
Formation. - Bien volontiers, Monsieur le Président. Je
suis heureuse d'intervenir, puisque ce débat est
important.
Je m'étais présentée, à l'entame de la séance, et
malheureusement j'ai appris que le point était reporté
après les débats. In fine, on m'a fait savoir que non,
c'était avant le deuxième débat. Vous comprendrez les
raisons pour lesquelles je suis arrivée en courant lorsque
le point a été mis à l'ordre du jour. Mais je pense qu'il
faudra clairement préciser sur votre ordre du jour
comment les travaux se passent au niveau de notre
Parlement, pour que l'on puisse s'organiser.
Cela dit, Mesdames, Messieurs les députés, à
plusieurs reprises au cours de ces derniers mois, la
Commission de l'emploi et de la formation du Parlement
de Wallonie a pu débattre largement de l'impact en
Wallonie des modifications introduites par le
Gouvernement fédéral en matière d'accès aux
allocations d'insertion. Que ce soit, souvenez-vous, lors
des séances conjointes où les principaux acteurs du
dossier, dont le FOREm, la fédération des CPAS, les
partenaires sociaux, une série de représentants du
secteur associatif, ont pu être auditionnés. Ou encore,
lors de l'examen en commission de cette proposition de
résolution, j'ai rappelé toute la dynamique qui avait été
mise en œuvre et toutes les actions déployées depuis un
an par le FOREm, par ses partenaires de l'insertion
socioprofessionnelle, pour soutenir les publics qui ont
perdu le bénéfice des allocations d'insertion.
Malgré cette dynamique qui a été initiée, nous
pouvons aujourd'hui constater qu'au-delà de la
précarisation de ces publics concernés, les dispositions
n'ont vraiment pas démontré l'effet escompté sur le
retour à l'emploi des personnes concernées.
Dès lors, comme les auteurs de la résolution, je
soutiens la démarche de solliciter le Gouvernement
fédéral pour revoir la législation relative aux allocations
d'insertion.
La Wallonie, bien sûr, ne restera pas les bras croisés
pour autant ; je compte bien multiplier les démarches
qui permettront de redonner des perspectives d'avenir
professionnel aux demandeurs d'emploi en général, et en
particulier aux plus jeunes.
Pour ce qui concerne la politique d'enseignement, je
suppose que les députés qui siègent aussi en Fédération
Wallonie-Bruxelles
auront
toutes
l'opportunité
d'interpeller la ministre en charge de l'enseignement, là
où il se doit. Mais ici, au niveau wallon, nous avons
promis de mettre en œuvre le contrat d'insertion. Il fait,
bien sûr, l'objet d'une attention toute particulière. Il est
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
au centre de la concertation que je mène aujourd'hui
avec les partenaires sociaux dans le cadre du pacte pour
l'emploi et la formation. Les balises de ce contrat
d'insertion devraient pouvoir faire l'objet d'un accord
dans les prochaines semaines et ensuite, d'une traduction
en texte juridique qui sera soumis à votre parlement
dans le courant de l'année 2016 pour être opérationnel
dès 2017.
Dans l'intervalle, tous les dispositifs qui permettent
de soutenir l'emploi des jeunes ont pu être reconduits à
l'identique pour 2016, par exemple les emplois jeunes
dans le secteur non marchand, qui viennent justement de
faire l'objet d'une décision du Gouvernement pour leur
poursuite au long de cette année.
Quant à la proposition de résolution présentée ce
jour, je m'engage à m'en faire le relais auprès de mes
collègues du Gouvernement wallon. De façon générale,
je continuerai à plaider pour des mesures de soutien à
l'économie, pour des mesures de création d'emplois et
pour des mesures qui concernent la cohésion sociale.
missions auxquelles ils doivent répondre avec la
problématique faiblesse de moyens comme ceux-là ?
Il est contraire à la vérité de dire que les CPAS ont
des moyens suffisants de fonctionner et de remplir leurs
missions. Il faut les refinancer outre d'ailleurs les
transferts compensatoires du Fédéral.
Vous nous avez bassinés – je m'excuse du terme – de
promesses électorales. J'attends de voir les 65 000
emplois annoncés.
Ce que l'on observe, ce sont les derniers chiffres
dont je dispose, c'est à mi-année, au mois de mai :
17 800 personnes exclues, donc en six mois. Combien
seront-ils à la fin de l'année ? On attend les deniers
chiffres dès qu'ils pourront être clôturés.
Ce que j'ai entendu, je vous le dis, c'est une véritable
injure qui est faite aux personnes vivant dans la
précarité à cause de leur exclusion de ce droit aux
allocations d'insertion.
(Applaudissement)
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à Mme Ryckmans.
M. le Président. - La parole est à M. Henquet.
Mme Ryckmans (Ecolo). - Monsieur Henquet,
j'avais un petit espoir que le social, parfois présent chez
certains de vos collègues du MR, refasse surface, mais
je dois bien déchanter.
Vous nous présentez l'archétype de l'individualisme
libéral. Je ne vous savais pas à ce point adepte du
« marche ou crève ».
Je pense vous avoir vu lors des auditions des acteurs,
des associations, des syndicats, des CPAS, mais soit
vous dormiez, soit vous avez des problèmes d'ouïe, car
vous ne semblez pas les avoir entendus. Ou bien vous
ne les avez pas écoutés.
M. Henquet (MR). - Monsieur le Président, on ne
va pas continuer le débat formel, vous relevez les
contradictions, je relève les contradictions chez vous.
Ceci dit, vous dites quand même des choses qui sont
énormes quand vous me dites à moi que je ne suis pas
social, je le suis bien plus que vous qui...
(Réactions dans l'assemblée)
... je ne sais pas quelle est votre fonction, mais
quand on émane de l'enseignement, on est dans le
secteur non marchand, donc le social, je pense que je
connais et je ne vais pas détailler les éléments qui font
que, mais vous êtes dans la caricature...
(Applaudissements)
(Réaction de M. Henquet)
Monsieur Henquet, vous ne nous parlez ici, dans
votre intervention, que de la situation des CPAS et pas
des exclusions. Vous ignorez ces personnes qui ne font
pas recours aux CPAS et M. Drèze les a évoqués, ces
personnes qui ont disparu du radar, qui ne sont pas dans
les CPAS et qui sont, semble-t-il, d'après les
informations que nous avons, la majorité de ceux qui
ont été exclus.
... la plus primaire, mais enfin, ce n'est pas bien
grave.
Votre analyse est partielle, partiale et même dans la
présentation de votre rapport, il y a des extraits du
rapport que vous extrayez en jouant au professeur, vous
extrayez les morceaux qui vous conviennent. Page 7,
effectivement, je n'avais pas les chiffres précis des
allégations de Mme Nicaise. Page 9, je les ai, j'ai un
document de la Fédération des CPAS qui montre qu'en
dix ans, les CPAS ont perdu 25 % de leur personnel.
Comment peuvent-ils assurer l'ensemble de leurs
Je pense, comme je l'ai dit dans ma conclusion, que
chacun doit regarder – c'est vrai que l'on l'a dit tout à
l'heure, on taxe toujours, on parle toujours du Fédéral
quand on est à la Région, on regarde toujours dans
l'assiette du voisin – les compétences qui sont les
siennes et avec les moyens qui sont les siens, essayer de
regarder ce qu'il peut faire pour essayer de résorber ce
chômage et donc faire en sorte que l'on ne bascule pas
justement du chômage vers les CPAS, vers la précarité,
Pour revenir sur le fond, c'est vrai, j'ai essayé de le
démontrer en partant dans le sens inverse, si l'on parle
de la problématique des allocations d'insertion, on doit
parler forcément du chômage, donc on doit parler des
problèmes d'emploi.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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vers la pauvreté. C'est pour cela que j'ai interpellé la
ministre et que j'ai dit : « Vous mettez beaucoup de
temps, on va arriver à des mesures, le contrat
d'insertion,
la
garantie
jeunesse
qui
sont
fondamentales », tout le monde parle de l'importance de
l'emploi des jeunes, on nous dit que cela va être mis en
place en 2017, on a voté la DPR à la mi-juin 2014, deux
ans et demi. Après, je me dis que c'est quand même
énorme que le Gouvernement wallon soit moins un
gouvernement du verbe, qu'il soit un peu plus un
gouvernement de l'action, même si je sais que vous
négociez et que vous parlez beaucoup avec les
partenaires sociaux. Mais je pense qu'à un moment
donné, il faut dire stop et il faut prendre ses décisions.
C'est ce que je vous demandais de faire tout à l'heure.
PÉTITION POUR L'APPLICATION STRICTE DU
PRINCIPE DE PRÉCAUTION EN CE QUI
CONCERNE LES EFFETS NÉFASTES DE
L'UTILISATION DE MICRO-ONDES MODULÉS
PAR IMPULSIONS SUR LA SANTÉ DE LA
POPULATION
(DOC. 355 (2015-2016) N° 1)
M. le Président. - L’ordre du jour appelle, en
application de l'article 127.8 du règlement, l’examen du
rapport sur la pétition pour l'application stricte du
principe de précaution en ce qui concerne les effets
néfastes de l'utilisation de micro-ondes modulés par
impulsions sur la santé de la population (Doc. 355
(2015-2016) N° 1).
M. le Président. - La parole est à M. Legasse.
M. Legasse (PS). - Je comprends mieux maintenant
pourquoi certains d'entre nous n'ont pas voulu participer
au groupe de travail qui aurait pu être plus productif et
plus consensuel et peut-être plus constructif. Le MR n'a
pas voulu s'associer au groupe de travail, maintenant, je
comprends pourquoi.
Tout à l'heure, je disais que j'avais compris que la
pauvreté forgeait le caractère pour le MR, j'ai peut-être
été un peu caricatural, mais je souscris à ce qui vient
d'être dit. Le caractère social n'est pas très prégnant dans
les propos tenus. J'entendais même M. Jeholet dire :
« On va s'occuper de vous », lorsque Mme Ryckmans
intervenait. Je trouvais cela un peu déplacé.
Je pense qu'il y a des gens dont il faut s'occuper,
mais ce n'est pas Mme Ryckmans, ce sont tous ces gens
qui sont dans la pauvreté, c'est elle qui forge le
caractère.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. Drèze.
M. Drèze (cdH). - Je ne ferai pas de commentaire
supplémentaire, car le propos n'est pas de savoir qui est
plus social que qui, mais ce que deviennent tous ces
jeunes qui sont en difficulté pour l'instant.
(Applaudissements)
M. le Président. - Plus personne ne demandant la
parole dans la discussion générale, je la déclare close et
vous propose de voter ultérieurement sur l'ensemble de
la proposition de résolution.
59
Discussion générale
M. le Président. - Je vous propose de prendre
comme base de la discussion générale les conclusions
adoptées par la Commission de l'environnement, de
l'aménagement du territoire et des transports.
Je déclare la discussion générale ouverte et cède la
parole à M. Dermagne, Rapporteur.
M. Dermagne, Rapporteur. - Monsieur le Président,
Madame et Messieurs les ministres, chers collègues,
comme je m'y étais engagé auprès des membres de la
Commission de l'environnement, de l'aménagement du
territoire et des transports, s'agissant d'une première
application, notre nouveau règlement, avec l'examen de
cette pétition et qui plus est, c'est la première fois que je
prends la parole sous votre présidence, M. le premier
Vice-président, c'est avec plaisir que je vais me livrer à
la lecture du rapport oral, synthèse du rapport écrit.
Chers collègues, votre commission s'est réunie en
séance publique le lundi 28 septembre, les jeudis 15 et
29 octobre et les lundis 16 et 30 novembre 2015, ainsi
que le jeudi 3 décembre 2015 en séance publique, afin
d'examiner ce qui restera une première dans nos annales
parlementaires, la pétition pour l'application stricte du
principe de précaution en ce qui concerne les effets
néfastes de l'utilisation de micro-ondes modulés par
impulsions sur la santé de la population.
Afin de mieux cerner les motivations des
pétitionnaires et d'avoir une vue d'ensemble de la
problématique, nous avons procédé à une série
d'auditions. Ainsi, ont été successivement entendus :
– Mme Duchâteau, initiatrice et primo signataire
de la pétition ;
– M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement,
de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité,
des Transports, des Aéroports et du Bien-être
animal ;
– M. Pirard, responsable de la cellule « champs
magnétiques » de la Direction des risques
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
–
–
chroniques de l'Institut scientifique de service
public en Région wallonne, l'ISSeP ;
M. Poty, expert dans le domaine des
technologies de télécommunication de
l'Agence du numérique ;
M. Vanderstraeten, Docteur en médecine,
expert du Conseil supérieur de la santé.
Dans cette présentation orale, je ne reviendrai ni sur
nos nombreuses discussions méthodologiques pour
l'organisation de nos travaux relativement à cette
première, ni sur les prises de position des uns et des
autres sur le fond des choses.
À la lecture du rapport écrit, vous aurez pu constater
que nos échanges ont été denses. Il est heureux de
constater que la commission ait pu, de manière
unanime, adopter une série de recommandations au
Gouvernement.
Ainsi, nous avons pu conclure nos travaux en
demandant au Gouvernement de :
– premièrement, continuer à appliquer, en
matière de rayonnement électromagnétique, le
principe de précaution chaque fois qu'il est
appelé à statuer sur une demande de permis ;
– deuxièmement, de poursuivre la stratégie de
contrôle des antennes relais du réseau de
téléphonie ;
– troisièmement, de travailler en collaboration
avec la Cellule permanente environnementsanté afin de sensibiliser le public, en
particulier les personnes potentiellement plus
vulnérables dans le cadre des expositions de
longue
durée
au
rayonnement
électromagnétique, notamment ceux émis par
les GSM, et ce, en vue de prévenir les risques
sanitaires suite à une utilisation abusive ou
mauvaise de ces appareils ;
– quatrièmement, d'instaurer au sein de l'ISSeP
une veille scientifique destinée à suivre
l'évolution des publications sur le sujet ;
– cinquièmement, de continuer à appliquer le
décret de la Région wallonne du 3 avril 2009
relatif à la protection contre les éventuels effets
nocifs et nuisances provoquées par les
rayonnements non ionisants générés par des
antennes émettrices stationnaires, notamment
en ce qui concerne la mise en œuvre de
mesures spécifiques pour des zones plus
sensibles comme les écoles, les crèches, les
hôpitaux et les maisons de repos ;
– sixièmement,
d'établir
un
rapport
circonstancier relatif à la norme d'émission de
trois volts par mètre contenu dans le décret du
3 avril 2009 précité en vue d'analyser son
acceptabilité quant à l'impact sur la santé et
l'environnement et d'évaluer les pistes pour une
adaptation de cette norme en fonction de
l'évolution des technologies. Ce rapport sera
déposé au Parlement de Wallonie au plus tard
le 30 novembre 2016 ;
– septièmement et enfin, de réaliser un inventaire
des services chargés d'étudier les problèmes
rencontrés par les personnes se disant
électrosensibles et d'interroger le Conseil
supérieur de la santé à ce sujet.
Je vous remercie pour votre bonne attention.
M. le Président. - Merci, Monsieur Dermagne, pour
ce rapport.
(Applaudissements)
La parole est à M. Lecerf.
M. Lecerf (MR). - Messieurs les ministres, chers
collègues, je remercie M. Dermagne qui a fait un
rapport succinct et relativement précis. Je vais essayer
de ne pas faire de redites avec ce qu'il a exposé.
En synthèse, nous retiendrons que les signataires
exigent des responsables politiques quatre choses :
– un abaissement de la norme d'émission des
antennes à un seuil de 0,6 volt par mètre ;
– la non-autorisation d'un quatrième rapporteur
mobile en Belgique ;
– la non-autorisation du développement de la
4G ;
– l'application plus stricte du principe de
précaution en matière de source de
rayonnement.
Notre groupe MR émet trois commentaires. Le
premier concerne la recevabilité de cette pétition. Le
Parlement s'est déclaré partiellement compétent au sujet
des quatre demandes formulées et, en effet, les points
deux et trois relèvent de la compétence du Fédéral. La
recevabilité de la pétition a donc été très partielle. Le
point 1 est bien de compétence régionale et le point 4
est partiellement régional, vu que les normes de
produits, émissions des GSM par exemple, sont de
compétence fédérale.
La deuxième remarque concerne la norme
d'émission wallonne. La thématique des rayonnements
des antennes relais – ou antennes GSM si vous préférez
– est embrassée par le décret du 3 avril 2009. Ce décret
fut partiellement amendé par le décret-programme du
22 juillet 2010.
En synthèse, la norme d'émission wallonne et dictée
par ledit décret est de 3 volts par mètre. Cette règle
wallonne faisait suite à une ancienne loi fédérale
préconisant un seuil de 20 volts par mètre. La présente
pétition demande de réduire le seuil wallon à 0,6 volt
par mètre.
Le décret du 3 avril 2009 détermine le seuil
d'émission à trois volts par mètre non cumulés. La
précédente DPR de juillet 2009 avait annoncé une
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
60
réforme structurelle des normes d'émission des
antennes. Il était prévu un alignement sur les normes de
la Région bruxelloise où la norme est plus sévère – elle
est de 3 volts par mètre cumulés.
Enfin, la précédente DPR de l'Olivier préconisait un
objectif d'un seuil de 0,6 volt par mètre ; la même que
celle exigée par la présente pétition.
On peut donc légitimement se poser la question
suivante : pourquoi l'objectif prévu dans la DPR 20092014 n'a-t-il pas été mis en œuvre ?
Quels ont été les obstacles à cette mesure annoncée,
mais pas réalisée ?
Ni le premier objectif de s'aligner sur la norme plus
sévère de la Région bruxelloise ni le second objectif
d'arriver à 0,6 volt par mètre ne furent atteints entre
2009 et 2014. La saga de déploiement de la 4G à
Bruxelles a d'ailleurs porté un coup dans l'aile à la
norme bruxelloise. Dans cette saga, la démonstration fut
faite qu'une réglementation sans doute trop
contraignante pouvait poser un problème majeur pour le
déploiement de certaines technologies.
Dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de la
précédente DPR, le Parlement a lancé, en 2010 et 2011,
une série d'auditions des acteurs compétents en matière
d'environnement, de télécom et de santé.
Globalement, peu de choses sont sorties de ces
séances d'audition. Le texte du décret n'a pas été revu,
suite à ces séances. On peut même dire que les auditions
lancées sur base de la présente pétition ont conclu au
même constat.
Depuis
juillet 2014,
peu
d'annonces
gouvernementales ont été faites sur le sujet. Le
4 mai 2015, M. le ministre Di Antonio a annoncé qu'il
ne toucherait pas aux normes, ni à la baisse ni à la
hausse. La DPR de juillet 2014 ne dit pas grand-chose à
cet égard, tout juste précise-t-on l'objectif suivant :
« Défendre un accès suffisant aux réseaux de
télécommunication pour les citoyens et les entreprises
des zones rurales, notamment en développant un
dialogue proactif avec les opérateurs de téléphonie
mobile et de connexion à haut débit ».
Notre troisième remarque porte sur les enjeux liés au
développement de la technologie sans fil. Sur le fond,
les enjeux liés au développement de la technologie sans
fil
se
heurtent
aux
enjeux
sanitaires
et
environnementaux. Les autorités publiques doivent faire
l'arbitrage entre ces deux composantes.
Sans doute que le décret du 3 avril 2009 est
perfectible. Néanmoins, par comparaison avec les
législations des pays membres de l'Union européenne, il
doit être constaté que notre législation fait partie des
plus sévères en cette matière. Nous ne sommes donc pas
face à un encadrement laxiste. Par contre, il semble
61
opportun de se pencher sur la bonne exécution de la
réglementation wallonne sur le terrain. C'est un des
points majeurs des conclusions de nos travaux.
Pour être précis, nous avons une question à adresser
au Gouvernement. Où en est le Gouvernement quant à
l'exécution du décret du 3 avril 2009 ? Sauf erreur de
notre part, le décret mandate le Gouvernement à établir
des périmètres spécifiques autour des lieux sensibles :
écoles, crèches, maisons de repos. Cette disposition
d'habilitation du décret a-t-elle été mise en œuvre ? Il
semblerait que non.
En conclusion, nous retenons trois éléments.
La pétition déposée est tout de même très orientée
idéologiquement. Comme parlementaires, notre position
doit être prudente sur le sujet, car les enjeux sanitaires
se heurtent aux enjeux économiques. À certains égards,
certaines exigences vont trop loin. Par exemple,
interdire le déploiement de la 4G en Wallonie, est-ce
raisonnable ? Est-ce même souhaitable ? Le récent
rapport du Conseil wallon du Numérique préconise le
contraire en pointant les atouts de sa généralisation.
Deuxième conclusion : la responsabilité est d'abord
gouvernementale. Il y a lieu de s'assurer que le
Gouvernement met tout en œuvre pour, d'une part,
éviter que la législation ne soit pas respectée sur le
terrain et, d'autre part, que la santé de la population et
l'environnement de la Wallonie soient correctement
protégés avec des mesures proportionnées et
correctement calibrées.
La présente pétition a sans doute le mérite de poser à
nouveau la question suivante. Notre norme de trois volts
par mètre est-elle opportune et est-elle correctement
calibrée par rapport aux enjeux sanitaires et aux enjeux
économiques ? Ce débat est très politique, dans la
mesure où le seuil adopté engendrera inévitablement des
retombées
économiques,
territoriales,
environnementales, sanitaires, sur le déploiement des
technologies de communication.
Troisième et dernière conclusion : la bonne
gouvernance doit être prônée en la matière en lieu et
place d'une surenchère normative basée sur la peur des
gens.
M. le Président. - La parole est à Mme Moucheron.
Mme Moucheron (cdH). - Chers collègues, cela fait
maintenant plusieurs mois que, suite à la proposition du
président de notre assemblée, une place encore plus
large est accordée à la réflexion des citoyens sur des
sujets qui les concernent par rapport aux travaux
parlementaires.
Signe de renouveau démocratique, le droit de
pétition, qui était déjà inscrit dans la constitution,
permet ainsi à nos citoyens de faire entendre leur voix et
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
d'attirer l'attention, notre attention, celle des autorités
publiques, sur leur préoccupation.
C'est donc dans ce cadre tout à fait particulier de
réforme du règlement que, pour la première fois, notre
Parlement a pu prendre connaissance d'une pétition,
datée d'avril dernier, à propos du principe de précaution
autour de l'utilisation de micro-ondes. Effectivement, ce
sujet nous concerne toutes et tous, puisque chacun
d'entre
nous
est
exposé
au
rayonnement
électromagnétique, notamment ceux émis par les GSM.
Il est essentiel d'éviter tout risque sanitaire qui serait
lié à ces expositions, pour nos enfants comme pour
nous-mêmes.
Dans les zones les plus sensibles, comme les écoles,
les crèches, qui ont été évoquées par mon collègue, où
grandissent nos plus jeunes, pour les personnes les plus
vulnérables, l'on doit continuer à appliquer le principe
de précaution, ainsi qu'un contrôle, a posteriori, qui
permette de démontrer que la santé tout comme
l'environnement sont préservés.
L'électrosensibilité a fait et continue de faire l'objet
de nombre débats. Effectivement, l'on ne manquera pas
de continuer à y apporter une attention toute
particulière. Il n'en reste pas moins vrai que, dans tout
ce débat, il faut bien dissocier celui sur la nocivité des
ondes émises par les antennes et celui sur la nocivité de
l'usage du téléphone mobile, les risques sanitaires
n'étant pas comparables. Lors de l'analyse de la pétition,
l'on a souvent mélangé les uns et les autres, ce qui a
compliqué aussi un peu le travail, notre travail en
l'occurrence.
Ce sujet concernant pour partie, j'y reviendrai, la
Commission de l'environnement, j'ai pu, en tant que
membre effective et avec mes collègues, participer, ces
dernières semaines, aux auditions, notamment de la
primo-signataire, Mme Duchâteau, de plusieurs experts
qui ont été cités par mon collègue, M. Dermagne, dans
le domaine de la technologie, de la santé, ainsi que de
vous-même, Monsieur le Ministre. Tout ce travail
d'audition a été enrichissant. Je tenais à profiter de la
tribune pour saluer et remercier l'ensemble des
personnes qui ont pris part à nos travaux. Ce n'était pas,
par ailleurs, la première fois que l'on traitait le sujet.
Comme je le dis, il faut toujours avoir une attention
vigilante en ce qui concerne cette thématique
particulière.
Je voulais profiter aussi de l'occasion pour remercier
les services pour leur travail de synthèse – c'était un
travail nouveau et supplémentaire au travail quotidien
qui leur incombe – pour la qualité du travail et du
rapport dont vous pouvez prendre tous connaissance. Je
voulais remercie M. Dermagne pour son rapport et pour
l'exactitude des recommandations que nous faisons au
Gouvernement et auxquelles je me rallie, ici.
Cela fait en effet depuis plusieurs années, depuis le
décret 2009, que la Région s'est dotée de normes
strictes, afin d'encadrer l'implantation et l'exploitation
des antennes, mais aussi en termes de contrôle
d'application du principe de précaution ou de
publication d'un cadastre. Ce décret doit effectivement
et encore continuer à être appliqué, notamment en ce qui
concerne – cela a aussi été évoqué par mon collègue
précédent – des mesures spécifiques pour les zones
sensibles, comme les écoles, les crèches, les hôpitaux ou
les maisons de repos. Aussi, on l'a largement évoqué, un
travail de sensibilisation du public doit être fait et
accentué, notamment sur la prévention des risques
sanitaires, suite à une utilisation abusive ou sans
oreillette, par exemple, de différents appareils qui
émettent des ondes.
Chers collègues, aujourd'hui, je me réjouis
d'intervenir, au nom de mon groupe, sur cette procédure
inédite qui est permise, à présent, par le nouveau
règlement de notre assemblée. Mais tout en saluant les
points positifs en termes de procédure que nous
découvrons tous, aujourd'hui, je me permets, ici à la
tribune, de faire quelques petites remarques par rapport
à une évaluation et une évolution du système par la
suite, notamment dans un premier temps sur les délais.
C'est vrai que cette pétition date d'avril. Dans le
règlement, il faut formellement que la commission se
positionne dans le mois. Je pense que si l'on veut faire
un travail de qualité et répondre, de manière la plus
correcte possible aux citoyens qui font l'effort de
déposer une pétition, il faudrait peut-être revoir les
délais arrêtés dans le règlement. C'est une première
chose.
La deuxième, je pense que cela a aussi été évoqué
par mes collègues, c'est peut-être de limiter le champs
des revendications aux compétences de la Région. On
peut débattre des compétences du Fédéral, mais dans les
faits cela ne changera pas grand-chose, puisque l'on ne
pourra pas faire formuler de recommandation. C'est
peut-être aussi un ajout ou une modification que l'on
pourrait faire sur ce règlement.
Aussi, l'on pourrait être plus précis, au niveau de
l'attente de ces recommandations et de quelle finalité on
leur demande pour être sûr du chemin que l'on doit
prendre pour aboutir à quelque chose de concret.
On peut se réunir et se réunir, mais si dans les faits
cela n'aboutit pas à un texte qui change les choses, cela
n'a pas beaucoup d'intérêt. Dans la modification du
règlement, cela peut être évoqué, à tout le moins
analysé.
Pour conclure, on sait qu'il s'agit d'un exercice inédit
qui demande à être amélioré, mais qui a le mérite d'être
une possibilité pour le citoyen de déposer des
revendications et de pouvoir faire entendre sa voix
encore plus s'il en est besoin. J'espère cependant que les
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
62
recommandations que nous formulons aujourd'hui, sur
lesquelles nous allons nous positionner, rencontrent les
attentes des pétitionnaires qui ont déposé ce texte il y a
quelques mois.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. Henry.
M. Henry (Ecolo). - Messieurs les ministres, ce
débat est une première, la mise en œuvre de la
possibilité offerte désormais aux citoyens par notre
Parlement d'introduire une pétition sur un sujet ou sur
un autre. Pour une première, ce n'est pas une petite,
puisque le sujet qui a ainsi été introduit par cette voie
est un sujet qui préoccupe de nombreux citoyens, c'est
un véritable problème de société, au cœur de notre vie
quotidienne et a été porté par une pétition de plus de
14 000 personnes. Cela a donc été une entrée par la
grande porte de cette nouvelle méthode.
Les personnes auditionnées porteuses de la pétition
ont produit dans la commission un témoignage
particulièrement poignant et interpellant. Puis il y a eu
d'autres auditions, comme cela a pu être bien expliqué
par notre collègue rapporteur. Le sujet est récurrent, il a
été évoqué à de nombreuses reprises dans ce Parlement
ces dernières années. Il a été l'occasion de multiples
débats, mais il n'en reste pas moins particulièrement
d'actualité, parce qu'il évolue aussi. Il y a des évolutions
technologiques et des usages multiples – on le voit
d'ailleurs au sein même de cette assemblée – qui font
qu'à la fois nous sommes, comme la plupart des citoyens
dans la population, de plus en plus utilisateurs
d'appareils technologiques qui utilisent des ondes et en
de plus en plus grandes quantités.
Nous sommes aussi plongés dans un environnement
dans lequel se déplacent ces ondes émises par
l'ensemble de ces appareils qui nous entourent.
Contrairement à la première partie de mon affirmation,
ce n'est plus un choix puisque l'espace public est de plus
en plus confronté à cette présence d'ondes de plus en
plus nombreuses et même l'espace privé très souvent.
Puisque si les murs freinent les déplacements de ces
ondes, elles ne les empêchent pas complètement,
notamment lorsqu'il y a en ville de nombreuses
habitations proches les unes des autres, on voit sur les
différents appareils la présence de ces ondes.
De ce point de vue, la situation qui a été relatée en
commission des personnes dites électrosensibles,
particulièrement affectées par ces ondes et
personnellement en difficulté, en mal-être par rapport à
cet environnement, est préoccupante. Ces personnes
vivent une situation difficile et reçoivent assez peu de
soutien de la part des pouvoirs publics, puisque l'on part
du principe que chacun a la liberté d'utiliser tels et tels
appareils, évidemment dans le respect des normes
légales. En fait, tout le monde se retrouve dans un
63
environnement où tout le monde les utilise, on n'a donc
pas vraiment le choix d'être dans cet environnement.
Dès lors, je considère que le sujet de cette pétition
était particulièrement important, que les débats ont été
instructifs et les auditions également. Les conclusions
proposées à notre assemblée sont décevantes. Pour
répondre à la question de Mme Moucheron, je ne pense
pas, à lire la pétition initiale, que l'on puisse espérer que
les auteurs soient contents du résultat. Ils sont
certainement contents qu'il y ait eu un débat et que
certains points aient été adoptés par la commission,
mais on est très loin de ce qui était mis sur la table par
cette pétition.
D'abord sur la question de la norme, puisqu'il n'y a
pas d'engagement, de direction à aller vers une
réduction à l'avenir de cette norme, voire même on peut
interpréter le texte, avec le risque d'une augmentation de
la norme pour permettre à ce que l'usage massif des
technologies ne soit pas mis en difficulté par cette
norme. Donc il n'y a pas du tout de conclusion claire
dans ce sens.
Je
le
disais
également,
nous
sommes
particulièrement déçus par rapport à la non-prise en
compte des personnes électrosensibles. C'est un
phénomène de société relativement récent qui est
devenu de plus en plus prégnant de par la présence, je le
disais, de cet environnement dans lequel nous sommes.
C'est la raison pour laquelle, Monsieur le Président,
nous avons redéposé un amendement à notre séance
d'aujourd'hui qui vise à prendre en compte ces
personnes. Sans proposer des mesures radicales, en
proposant simplement qu'il existe des espaces dans
l'espace public. J'avais cité, par exemple, dans la
discussion de la commission, les trains qui sont des
espaces où les ondes ont particulièrement des difficultés
à être émises en raison de l'environnement métallique du
train et du déplacement de celui-ci et où en même
temps, la plupart des voyageurs utilisent des appareils
technologiques qui émettent des ondes. On peut donc
considérer que dans un train, il y a un environnement
électromagnétique particulièrement élevé et il n'y a pas
de possibilité de s'en préserver, puisqu'il n'y a pas de
wagons, par exemple, où ne seraient pas présentes ces
ondes.
C'est un exemple parmi d'autres, mais il y a
beaucoup d'autres exemples que l'on peut prendre, on
peut parler de campus virtuels, on peut parler de villes
dans lesquelles on prévoit l'accès aux ondes un peu
partout. On doit en même temps que de permettre
l'utilisation des nouvelles technologies et de les rendre
facilement accessibles, se préoccuper de cette situation,
de préserver aussi des espaces, d'avoir une norme
satisfaisante pour la santé, mais aussi de préserver des
espaces où cette norme est beaucoup plus basse et où
l'environnement est d'autant plus préservé.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
C'est un problème nouveau et il aurait été
souhaitable qu'il ait été mieux pris en compte. Il n'est
pas nouveau, mais je veux dire qu'il a pris de plus en
plus de place ces dernières années et il va certainement
encore en prendre les prochaines années et cela aurait
été utile que ce soit repris dans ces conclusions.
Voilà, Monsieur le Président, chers collègues, une
expérience positive, et peut-être avec des leçons à tirer
sur la méthodologie, puisque c'était une première,
comme d'ailleurs le président de la commission, notre
collègue M. Stoffels l'a rappelé à de nombreuses
reprises au fil de la discussion et de l'organisation du
travail, une expérience positive et un sujet très
important. Mais pour ce qui nous concerne, des
conclusions relativement décevantes.
(Applaudissements)
M. le Président. - Merci à M. Crucke, notre premier
Vice-président, d'avoir assumé la charge de la
présidence de séance.
Je vous indique, par rapport aux différentes
interventions que nous avons prévu, dans les toutes
prochaines semaines qu'il y ait une évaluation du
règlement et nul doute que sur ce sujet, comme d'autres,
nous tenterons de trouver, dans un consensus, des
sources d'amélioration de notre fonctionnement et de
meilleure écoute de nos concitoyens.
Monsieur le Ministre, souhaitez-vous intervenir ?
Oui.
La parole est à M. le Ministre Di Antonio.
M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de
l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des
Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. - Ce
sera bref, Monsieur le Président.
Mesdames et Messieurs les députés, je pense que
c'est l'aboutissement d'un exercice parlementaire
nouveau et cette évaluation est nécessaire pour se
donner peut-être un peu plus de délais. Cela a été un peu
inconfortable, à un moment donné, de ne pouvoir traiter
les choses tout à fait correctement.
Considérant la complexité du sujet, nous pouvons
nous réjouir du délai dans lequel on a quand même pu
mener à bien ce travail. Le rapport et les conclusions de
la commission ont été présentés et le travail a été fait
correctement.
Je ne peux que souscrire aux demandes formulées à
l'attention du Gouvernement. Celles-ci apparaissent en
accord et en cohérence avec les auditions et les débats
ayant eu lieu ces derniers mois.
Je veillerai attentivement à ce que ces demandes
soient satisfaites dans les temps impartis, avec le soutien
du ministre de la Santé, pour ce qui relève de ses
compétences.
Je voudrais encore insister sur le fait qu'il faut à tout
prix dissocier deux débats. Mme Moucheron a bien
insisté là-dessus, à savoir celui de la nocivité des ondes
émises par les antennes et celui de la nocivité de l'usage
du téléphone mobile, car les risques sanitaires ne sont
pas comparables. C'est assez paradoxal d'entendre les
gens souvent parler de la nocivité des antennes, mais qui
sont de grands consommateurs de GSM et parfois
pendant de longues durées sans aucune précaution.
D'après les avis que l'on a pu avoir, les consultations
que l'on a pu prendre, c'est vraiment là que se trouve
pourtant le plus grand danger en termes de santé.
Les auditions effectuées dans le cadre de la pétition
ont permis de rappeler que la législation en vigueur en
matière d'antennes émettrices avec son arsenal d'avis, de
rapports, de contrôles, de permis, de cadastres et autres
mesures de protection, fait déjà jouer le principe de
précaution et assure un niveau de protection des
riverains supérieur à celui de nos voisins et largement
sous les normes de l'OMS. Nous sommes donc tout à
fait couverts en termes de principe de précaution. Il n'y
a pas de raison et donc pas de volonté de notre part de
revoir les normes.
L'équilibre souhaité entre le danger pour la santé et
les besoins de notre économie est aujourd'hui atteint, je
ne compte donc pas toucher aux normes actuelles.
Monsieur Henry, je le répète ici, il n'y a pas de décision
et pas de volonté d'augmenter la norme.
Pas de diminution non plus, ce que l'on a aujourd'hui
montre suffisamment de précautions et permet de
fonctionner avec un nombre d'antennes qui reste
raisonnable, puisque si l'on diminue la norme, il faudra
multiplier le nombre d'antennes ; l'on n'aura pas gagné
grand-chose.
Je suppose d'ailleurs que le décret d'avril 2009 vous
convient, puisque vous n'avez pas jugé utile de le
modifier entre 2009 et 2014. J'en ferai de même.
Par contre, en ce qui concerne ce décret du
3 avril 2009 prévoyait la mise en œuvre de mesures
spécifiques pour des zones plus sensibles, comme les
écoles, crèches, hôpitaux et maisons de repos. Je
m'attacherai, comme le demande la commission dans
ses conclusions, à mettre cette partie en œuvre, puisque
cela n'a pas encore été fait.
M. le Président. - Y a-t-il une réaction parmi les
parlementaires ? Non. Voilà qui clôture ce débat qui
était une première ouverture du Parlement à nos
concitoyens. D'ailleurs, puis-je vous indiquer que nous
sommes le seul Parlement qui a vu une pétition débattre
en séance plénière. Même s'il existe des formules par
voie écrite dans d'autres parlements, jamais la pétition
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n'avait été portée à un débat et à une conclusion en
séance plénière.
J'attire l'attention de la plénière que le fait que
MM. Henry et Daele ont déposé un amendement portant
sur les conclusions de la commission de
l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et du
Transport (Doc. 355 (2015-2016) N° 2). Il a été déposé
sur le portail des parlementaires.
Nous voterons ultérieurement sur l'amendement et
les conclusions.
DÉBAT SUR LE SUIVI DE LA RÉSOLUTION DU
25 MARS 2015 VISANT À INTENSIFIER LA
LUTTE CONTRE LE DUMPING SOCIAL EN
RÉGION WALLONNE, EN APPLICATION DE
LʼARTICLE 70 DU RÈGLEMENT
M. le Président. - L’ordre du jour appelle le débat
sur le suivi de la résolution du 25 mars 2015 visant à
intensifier la lutte contre le dumping social en Région
wallonne, en application de lʼarticle 70 du règlement.
Nous avions convenu, rappelez-vous chers
collègues, avec l'aide des chefs de groupe, que ce débat
commencerait par une intervention de M. le Ministre
Lacroix, par une prise de parole introductive et puis,
nous aurions une intervention de M. Evrard pour dix
minutes, de M. Sampaoli pour sept minutes, de
Mme Ryckmans pour quatre minutes et de
Mme Simonet pour sept minutes. Voilà pour respecter la
configuration du débat tel qu'elle avait été imaginée à la
Conférence des présidents.
Monsieur Puget, vous voulez vous joindre ?
M. Puget (Indépendant). - Je m'étais inscrit,
Monsieur le Président.
M. le Président. - Considérez que c'est fait. Vous
interviendrez juste après Mme Simonet.
La parole est à M. le Ministre Lacroix.
formation en alternance. Et quand on voit que celles-ci
se retrouvent aujourd'hui sans emploi, c'est un non-sens,
c'est une gabegie, une énorme perte en matière
d'investissements dans le capital humain et un ressenti
d'inégalité sans limites.
Le constat est unanimement partagé, tant par les
responsables d'entreprises que par les organisations
syndicales. La lutte contre le dumping social doit donc
être une priorité en Wallonie. De plus en plus d'acteurs
wallons se sont mobilisés pour lutter contre les
phénomènes du dumping social. Je ne peux que me
réjouir de l'initiative prise par la Ville de Herstal, suivie
par Liège, Mons, notamment, qui a approuvé une charte
destinée à lutter contre le dumping social à travers ses
marchés publics. Rapidement, des chartes similaires ont
été adoptées par d'autres communes et je ne leur
souhaite que du bien.
Je citerai également la Confédération de la
construction de Wallonie qui a mis en ligne une boîte à
outils en la matière, à l'attention des entreprises, des
maîtres d'ouvrage et des architectes. Le Gouvernement
s'est aussi mobilisé sur le sujet, comme je vais le décrire
dans quelques instants. Je tiens d'abord à rappeler que
lutter efficacement contre le dumping social nécessite de
travailler à chaque niveau de pouvoir, européen, fédéral,
régional et local, mais surtout de travailler de manière
coordonnée entre les différents niveaux de pouvoir. La
résolution adoptée par le Parlement va d'ailleurs dans ce
sens, en demandant au Gouvernement de mener une
série d'actions en Wallonie, mais aussi dans ses relations
avec les autorités fédérales et avec l'Union européenne.
Cela nécessite aussi de sensibiliser et responsabiliser
tous les acteurs concernés par cette problématique, les
entreprises, les pouvoirs adjudicateurs, les travailleurs et
aussi les citoyens.
En tant que Ministre de la Fonction publique, les
actions que je mène en vue de lutter contre le dumping
social portent essentiellement sur les marchés publics.
Sur ce sujet, les principales actions entreprises au cours
des derniers mois ont été les suivantes.
M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction
publique et de la Simplification administrative. Monsieur le Président, le dumping social est un
véritable problème qui affecte plusieurs secteurs en
Wallonie, en particulier celui de la construction, du
transport, du nettoyage ou encore du gardiennage. Il
crée une concurrence tout à fait déloyale, des inégalités
entre les travailleurs eux-mêmes et génère des pertes
d'emplois tout à fait inacceptables.
Avec mes collègues, les ministres Furlan, Marcourt
et Tillieux, nous avons envoyé début janvier un courrier
à tous les pouvoirs adjudicateurs, spécifiquement les
pouvoirs adjudicateurs communaux, avec des exemples
de contenu de charte antidumping à adopter par leur
conseil communal. Ce courrier découle de l'initiative de
chartes proposées déjà par quelques communes, dont j'ai
parlé tout à l'heure, qui suggèrent des mesures concrètes
à l'échelle communale, visant à lutter efficacement
contre le dumping social.
Rien que dans le secteur de la construction, nous
déplorons une perte de plus de 15 000 emplois en trois
ans. Le dumping social en est, pour moi, une des
principales causes. C'est d'autant plus grave que ces
personnes sont formées chez nous, par nos écoles, par la
Cette initiative était tout à fait pertinente et pouvait
sans nul doute inspirer d'autres pouvoirs adjudicateurs et
certainement les pouvoirs locaux. Nous avons pris
l'initiative de ce courrier pour encourager les pouvoirs
adjudicateurs publics à adopter une démarche similaire.
65
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Dans ce cadre, j'ai aussi demandé à la plateforme
marchés publics durables d'élaborer des extraits des
cahiers des charges qui permettent de lutter directement
ou indirectement contre le dumping social dans les
marchés de construction, sur la base, notamment, de
tous les outils déjà produits. Je présenterai ces ateliers et
ces travaux lors d'un atelier pendant le Salon des
mandataires en février de cette année.
J'ai décidé d'amplifier l'insertion de clauses sociales
dans les marchés publics de travaux en proposant un
plan d'action au Gouvernement wallon. Ce plan d'action
« clauses sociales » a été approuvé par le Gouvernement
wallon le 22 octobre 2015. Il est porté par quatre
ministres régionaux :
– le ministre de la Fonction publique,
coordinateur du projet, donc votre serviteur ;
– le ministre de l'Énergie, du Logement et des
Pouvoirs locaux ;
– le ministre de l'Économie et la ministre de
l'Emploi et de la Formation.
À ce sujet, un courrier sera prochainement envoyé à
tous les pouvoirs adjudicateurs de la Région wallonne.
Ce courrier sera accompagné d'un guide pratique intitulé
Les Clauses sociales dans les marchés de travauxbâtiments : des outils au service des pouvoirs
adjudicateurs, des auteurs de projets et des entreprises.
Les outils conçus pour ces clauses sociales ont été
développés en partenariat avec les représentants du
secteur de la construction, de l'économie sociale, des
architectes et des pouvoirs adjudicateurs. Ils vont plus
loin que la plupart des travaux menés dans les autres
Régions ou au Fédéral, car d'une part, l'accent a été mis
sur des conditions strictes d'encadrement des stagiaires
et, d'autre part, des pénalités dissuasives ont été prévues,
puisqu'elles se montent à 5 % du montant du marché.
L'expérience wallonne intéresse même d'autres États
membres
de
l'Union
européenne,
puisque
l'administration suédoise a récemment exprimé le
souhait de rencontrer la Wallonie pour lui faire part de
son expérience sur les clauses sociales. Toujours au
sujet des clauses sociales, s'il est actuellement prévu que
ces clauses doivent obligatoirement être insérées dans
les marchés de travaux supérieurs à 1,5 million d'euros,
j'ai l'intention d'abaisser prochainement ce seuil à
1 million d'euros.
À l'initiative de mon collègue, M. le Ministre Prévot,
inquiet lui aussi des problèmes soulevés par les voiristes
et les acteurs de la construction dans le cadre des
travaux publics qui ressortent de son département, le
Gouvernement a pu disposer d'une analyse juridique
permettant de déterminer des balises à prévoir pour
faciliter l'accès à nos PME et améliorer les processus
liés aux marchés publics.
Les mesures proposées répondent à une demande de
simplification des démarches pour les entreprises et les
pouvoirs adjudicateurs, notamment en renforçant leur
dialogue ; ce qui permet de mieux connaître la
commande publique et, par conséquent, de limiter le
phénomène de dumping social.
En matière de relations avec le Fédéral au sujet de
l'inspection sociale, je confirme mon souhait de mettre
en place une collaboration fructueuse afin de renforcer
la lutte contre toutes les formes de fraudes sociales. Il
est prochainement prévu l'adoption d'un accord avec le
Service d'information et de recherche sociale, ce que, en
langage de technocrate, on appelle le SIRS.
Un travail coordonné entre notre administration
wallonne, le SIRS et tous les services d'inspection
sociale existants au sein des divers SPF fédéraux
apportera, j'en suis persuadé, une réponse pertinente à ce
fléau qui ne peut entacher plus longuement nos marchés
publics.
Il m'importe toutefois que la Wallonie ne signe pas
un accord vide de sens. Je veux éviter l'action
symbolique sans impact positif, tant pour la Wallonie
que pour le Fédéral. Dans cette optique, le projet
d'accord a fait l'objet d'une analyse par le secrétariat
général du SPW en vue de mesurer l'impact en termes
d'organisations et de plus-values.
Si la transmission des informations sera de nature à
simplifier les interventions des inspecteurs sociaux
fédéraux, elle devra, en outre, permettre à la Wallonie de
bénéficier des résultats de ces contrôles et d'éviter de
devoir en réaliser par elle-même de manière parfois
redondante.
Enfin, j'en termine avec la question de la
transposition en droit interne de la nouvelle directive
européenne sur la passation des marchés publics. Même
si la coordination relève de la compétence du Fédéral, il
est évident que les représentants wallons à la
Commission fédérale des marchés publics ont œuvré et
continuent de plaider pour la défense des intérêts
strictement wallons en la matière et certainement pour
ce qui relève du dumping social.
Nous avons saisi le Comité de concertation pour
faire valoir les points de vue de la Wallonie. Il était en
effet indispensable que le Gouvernement fédéral puisse
tenir compte de la grande interdépendance des pouvoirs
publics régionaux et locaux dans l'application de la
nouvelle réglementation.
Les Gouvernements wallon, bruxellois et la
Fédération Wallonie-Bruxelles ont, à cette occasion, fait
toute une série de propositions utiles à la lutte contre le
dumping social. Parmi celles qui me viennent en tête, je
citerai le caractère obligatoire du respect du droit du
travail et des conventions collectives par les
soumissionnaires.
Le non-respect de ces obligations par le
soumissionnaire devrait entraîner automatiquement :
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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–
–
–
–
son exclusion ;
l'interdiction de recourir au regroupement
économique de plusieurs entreprises dans le
but de sous-traiter à des tiers un travail qui est
normalement exécuté par des travailleurs mis
en chômage économique ;
rendre obligatoire la présentation du document
unique de marchés publics pour toutes les
entreprises qui exécutent un marché tant en cas
de groupement qu'en cas de sous-traitance, le
document unique de marchés publics étant une
déclaration de l'entreprise sur la satisfaction
aux conditions imposées ;
l'exigence de produire les documents A1 et les
déclarations Dimona en cas de recours à de la
main-d'œuvre détachée, afin de toujours
vérifier le respect des obligations en matière de
droit social.
Nous attendons maintenant les réactions du Fédéral à
ces propositions.
En tout état de cause, la nouvelle directive sur le
marché public met fortement l'accent sur l'offre
économique la plus avantageuse à privilégier dès lors
par rapport à l'adjudication. Suivre cette approche
devrait contribuer à limiter les offres présentant des prix
anormalement bas.
Sortons de ces adjudications décidées uniquement en
fonction du prix le plus bas. J'appelle à un sursaut de
tous. Chacun a ses responsabilités en la matière. Je suis
bien conscient des difficultés financières de certains
pouvoirs adjudicateurs, mais sachez qu'il s'agit parfois
d'un mauvais calcul au regard des pertes d'emploi
potentielles. Je vous invite à relayer le message.
Pour ma part, lorsque cette directive aura été
transposée, je verrai avec l'administration quelles
démarches
d'accompagnement
des
pouvoirs
adjudicateurs mettre en place pour les soutenir dans le
passage de l'adjudication à l'appel d'offres. Comment
déterminer des critères d'attribution ? Comment
comparer les offres pour identifier les prix
anormalement bas, analyser les justifications produites
par les sous-missionnaires et motiver les décisions
éventuelles d'exclusion ?
Vous n'ignorez pas que derrière un prix anormal se
cache souvent une concurrence déloyale sur le coût de
la main-d'œuvre, ce qui est inacceptable sur le plan
social, mais également contraire au principe
fondamental de concurrence qui sous-tend la matière
des marchés publics. Je ne peux que saluer l'arrêt récent
pris par la Cour de justice de l'Union européenne quant
au respect du salaire minimum. Il s'agit pour moi de la
fin d'une injustice.
Je prendrai les mesures nécessaires pour que cela
soit bien le cas pour tous nos marchés, en ce compris en
cas de détachement des travailleurs étrangers.
67
N'oublions pas que la lutte contre le dumping social vise
également à améliorer les conditions de travail de la
main-d'œuvre étrangère qui n'est pas toujours en mesure
de réclamer un salaire décent pour le travail accompli.
Il m'a été rapporté, par exemple, que des inspecteurs
sociaux ont rencontré des travailleurs étrangers qui leur
ont avoué qu'ils devaient reverser à leur employeur,
dans leur pays d'origine, une partie de leur salaire. Vous
voyez jusqu'où les pratiques infâmes de certains peuvent
aller en matière de spoliation de la classe ouvrière et des
travailleurs plus largement.
Rappelons aussi l'obligation de fournir un logement
et une nourriture convenables à ces travailleurs qui ne
peuvent rentrer journellement chez eux.
Au-delà de l'aspect marché public, il est dans mes
intentions d'analyser la possibilité de conditionner toute
forme d'aide au public et au privé au respect de cette
exigence. Je souhaite étudier, en concertation avec les
représentants des entreprises et des syndicats, la
faisabilité d'un label « entreprise sans dumping social »,
car ce label, je suis persuadé que la majeure partie, si
pas toutes les entreprises wallonnes, pourront l'obtenir.
J'ai rencontré comme d'autres de mes collègues ici
présents – sur tous les bancs d'ailleurs – des patrons
d'entreprise qui continuent à faire en sorte de payer
honorablement
leurs
travailleurs,
de
payer
conformément au droit social leurs travailleurs, car c'est
non seulement une obligation pour eux, mais c'est une
envie morale qu'ils ont. Il s'agit bien d'entreprises
wallonnes qui font vivre des familles et pour lesquelles
nous devons travailler de concert de manière à les aider
dans un paysage de concurrence particulièrement
difficile aujourd'hui et où des entreprises étrangères ne
manifestent pas le même sens du devoir social.
À côté de ces principales actions, d'autres auxquelles
il est fait référence dans la résolution du Parlement sont
en cours et peuvent directement et indirectement
contribuer à lutter contre le dumping social. Il s'agit en
particulier des travaux visant à faciliter l'insertion de
clauses environnementales dans les marchés publics, un
help desk des formations, des ateliers, la production de
cahiers de charges types, sont autant d'actions menées
par l'administration depuis quelques années et qui
participent à la lutte contre le dumping social et à la
diminution de l'impact de la commande publique sur
l'environnement.
Une priorité consistera également à mieux encadrer
la chaîne des sous-traitants en imposant l'agréation
comme règle générale à toute la chaîne de soustraitance. Il est dans mes intentions de prévoir
l'obligation de déclarer au moment de la remise des
offres, la liste des sous-traitants qui vont exécuter le
marché et d'apporter toutes les garanties que ces soustraitants respectent les mêmes obligations que le sousmissionnaire.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Cette disposition permet au pouvoir adjudicateur de
vérifier d'emblée, d'une part, que le ou les sous-traitants
proposent et disposent bien d'une agréation et, d'autre
part, de responsabiliser l'adjudicataire quant au contrôle
des clauses d'exclusion éventuelles qui pourraient être
invoquées à charge de ce sous-traitant.
Nous plaidons également pour la limitation de la
sous-traitance verticale à deux niveaux maximum. Je
trouve anormal que l'on attribue un marché à une
entreprise et que l'on ne soit pas informé de qui exécute
au bout de la chaîne.
J'ai également l'intention de mettre en place un
Observatoire des marchés publics, dans l'objectif de
mieux connaître la commande publique, d'obtenir une
vision plus globale de cette commande, en Wallonie, et
de mieux cerner ses impacts économiques, mais aussi
environnementaux et sociaux.
Enfin, je voudrais conclure sur ces quelques mots.
Il faudrait être sourd pour ne pas entendre les appels
à l'aide des différents secteurs qui souffrent du dumping
social et celui de la construction, en particulier. Je parle
tant de nos entreprises wallonnes que des travailleurs et
de leurs familles qui se retrouvent, malgré eux, sur le
bord de la route. Il faudrait être absolument et
complètement aveugle pour ne pas déjà voir les effets
désastreux que le dumping social engendre chez nous,
mais aussi chez nos voisins européens.
Le dumping social n'est pas uniquement lié à des
problèmes de législation des marchés publics. Il est
aussi accentué par certaines pratiques. Il est important
d'en être conscient en tant qu'hommes politiques,
femmes politiques, et de parvenir à responsabiliser
l'ensemble des acteurs, tant pour l'ouvrier qui se voit
privé de son emploi, que pour le patron de PME qui se
voit privé de certains marchés, mettant en péril
l'équilibre de son entreprise, que pour l'économie
wallonne qui doit, aujourd'hui, faire face et faire de la
lutte contre le dumping un des leviers de son
redéploiement économique. Il est plus que temps de
stopper l'hémorragie, car le dumping social est l'affaire
de tous. Il nous concerne tous de près ou de loin.
(Applaudissements)
M. le Président. - Merci, Monsieur le Ministre, pour
ce rapport introductif.
La parole est à M. Evrard.
M. Evrard (MR). - Chers collègues, je dois bien
avouer qu'il y a quelques semaines, quelques mois,
quand nous avons abordé la problématique, plusieurs de
mes collègues étaient assez dubitatifs sur la position
d'abstention que j'avais défendue sur le texte qui nous
était présenté. Normal, finalement, sur un sujet aussi
sensible et complexe, vous l'avez rappelé, Monsieur le
Ministre, que celui du dumping social. Il est clair que
tout mandataire politique qui se respecte se doit de
dénoncer haut et fort cette problématique.
À l'époque, si nous étions d'accord sur le principe,
nous l'étions nettement moins sur la méthode qui avait
été utilisée et qui, à nos yeux, ne visait juste qu'à donner
l'illusion que l'on prenait la problématique à bras le
corps.
Si j'avais pu, in illo tempore, rassurer mes collègues
sur notre position, la situation d'aujourd'hui ne fait que
renforcer et confirmer notre position sur la question. En
effet, le texte qui a été voté par la majorité – je crois
qu'il est bon de le rappeler – prévoyait une mise au point
dans les six mois de son adoption ; ce qui justifie sans
doute, aujourd'hui, un débat que l'on conduit un peu à la
hâte sur un sujet – vous l'avez rappelé – fondamental
pour notre économie.
Pourtant, depuis les quelques mois qui se sont
écoulés, pas mal de choses ont malgré tout évolué, dans
un contexte difficile.
Au niveau européen, même si la législation est
souvent qualifiée de floue, de difficile à mettre en
œuvre, notamment à travers l'échange d'informations
entre les pays, on a pu, notamment, voir quelques
évolutions de la directive détachement, on a pu aussi
prendre connaissance du plan qui est mis actuellement
en œuvre par la Commissaire européenne, Marianne
Thyssen, à travers son paquet « Mobilité des
travailleurs », avec un principe « à salaire égal, travail
égal ».
On a pu aussi, lorsque l'on observe les événements
qui se sont produits dans nos pays voisins, notamment
en Rhénanie-Palatinat – ce n'est pas très loin de chez
nous – observer un jugement de la Cour de justice qui
date du 17 novembre 2015 et qui a donné raison à la
Ville de Landau qui, à travers un jugement, permet au
pouvoir adjudicateur d'imposer des règles. Notamment
en obligeant les soumissionnaires et leurs sous-traitants
à s'engager par une déclaration écrite jointe à leur offre,
et à verser un salaire minimal prédéterminé au personnel
appelé à exécuter les prestations. Cet exemple pour
montrer que des pistes de réflexion existent et que l'on
doit, à tout le moins, s'en inspirer.
Je parlais de la Rhénanie-Palatinat et de l'Europe, on
pourrait aussi évoquer, et le mérite qui revient à
M. Sampaoli qui, à travers nos compétences, au niveau
de la Grande Région, a organisé un débat intéressant qui
a aussi délivré toute une série d'informations,
notamment la possibilité chez nos voisins, pour les
pouvoirs adjudicateurs, d'appliquer des sanctions
financières en cas d'infraction à la loi.
On a pu aussi entendre des témoignages intéressants
qui, dans des petites villes notamment, voyaient l'arrivée
massive de travailleurs indépendants. L'exemple qui
nous était conté évoquait 700 travailleurs indépendants
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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qui s'étaient inscrits sur une année. Il est évident que les
pouvoirs publics faisaient preuve de laxisme par rapport
à ces déclarations qui étaient erronées.
Au niveau du Fédéral, toute une série de mesures ont
été mises en œuvre, les unes plus rapidement que les
autres. Un plan de 40 mesures pour une concurrence
loyale a été mis en place, notamment par différents
ministres, dont Bart Tommelein. Vous évoquiez le
secteur de la construction, ce plan vise à mettre en
œuvre des mesures concrètes, notamment à travers le
renforcement
des
services
d'inspection
qui
bénéficieront, désormais, de moyens supplémentaires, et
aussi par l'échange de données à travers ce que l'on
appelle communément « le data matching ».
Une mesure mérite d'être mise en œuvre, vous avez
évoqué la nécessité des synergies entre différents
niveaux de pouvoir. On relèvera également la mise en
place d'un service de référence centralisé, pour faire en
sorte que chaque signalement de dumping social
parvienne au bon service et soit mieux suivi.
J'évoquais l'Europe, la Grande Région et le niveau
fédéral. Et la Wallonie dans tout cela ? Aujourd'hui, en
Wallonie, vous conviendrez que la manière dont le débat
est arrivé, ici dans l'enceinte, est pour le moins
singulière, puisque, en mars dernier, ce sont simplement
deux, trois députés, qui ont été rejoints ensuite par
certains de leurs collègues, qui ont exhorté le
Gouvernement et rappelé à l'ordre les ministres pour les
inviter à prendre des dispositions urgentes en matière de
dumping social.
Il y a des mesures que vous avez évoquées,
classiques, que l'on connaît depuis pas mal de temps,
notamment à travers les cahiers des charges, de
privilégier l'offre économiquement la plus intéressante,
notamment qui intègre les clauses environnementales et
sociales, a contrario d'une offre qui est la moins chère.
On peut partager ces directions et ces initiatives, écarter
les offres anormalement basses, voire même la
possibilité d'exclure dans certains types d'abus avérés.
C'est là que l'on se différencie de votre analyse,
qu'en est-il du contrôle de la mise en œuvre de tous ces
cahiers des charges et de toutes ces dispositions ? Qu'en
est-il de l'arbitrage et de la capacité des pouvoirs publics
à juger si telle ou telle entreprise est plus ou moins
« dumping fair-play » ou non de ce qui va se passer en
aval de l'attribution du marché public ?
J'entends votre proposition, qui est nouvelle,
d'établir un label pour essayer de mieux répertorier les
entreprises. Finalement, tout ce qui se passe, après
l'attribution du marché, est pour le moins nébuleux. Il y
a un gros travail à faire ; je ne vais pas rappeler ce que
j'avais dit, il y a quelques mois, sur une forme
d'hypocrisie parfois des pouvoirs publics, notamment
l'obligation pour les entrepreneurs de faire face, à
certains moments, à une grosse charge de travail, parce
69
qu'il y a une pression en matière de timing et de
réalisation des travaux.
On pourrait aussi évoquer, Monsieur le Ministre, et
je pourrais vous citer des exemples où finalement ce
dispositif permet une plus grande latitude
d'appréciation, notamment dans la désignation de
l'entreprise qui pourra réaliser les travaux avec certaines
dérives qui, elles aussi, sont tout aussi condamnables.
Effectivement, le Gouvernement, aujourd'hui, vient
avec une circulaire qui a été envoyée par quelques
ministres à l'attention des dirigeants provinciaux,
communaux, au niveau des CPAS et des
intercommunales. Cette circulaire contient finalement
des considérations, des lignes directrices, des clauses
types d'exigence possibles que les pouvoirs locaux
peuvent intégrer dans leur charte ou dans leur cahier des
charges.
Finalement, Monsieur le Ministre, tout cela est très
bien, mais il n'y a rien de neuf sous le soleil. Rappelezvous, il y a deux ans, en 2014 déjà, votre collègue le
Ministre Furlan envoyait le même type de circulaire à
l'attention des pouvoirs publics et notamment y intégrait
toutes ces clauses environnementales et éthiques avec
finalement une volonté de pouvoir le faire en deux
phases : une phase d'expérimentation et puis une
deuxième phase plus généralisée.
Dans la position qui est la vôtre, Monsieur le
Ministre, on ne peut que regretter que vous souhaitiez
finalement « refiler la patate chaude » aux pouvoirs
locaux dans une matière qui est aussi transversale. Nous
pensons au contraire que la Région a plus de
responsabilités à prendre en la matière.
C'est vrai, votre collègue, le Ministre Furlan, nous
dit : « Allez-y, foncez, je me porte garant », mais là
aussi, on peut en tout cas s'interroger sur la manière
dont légalement il va pouvoir mettre en œuvre tout ce
dispositif.
Vous nous annoncez des plans pour la fin du mois de
janvier 2016. Là aussi, on a envoyé des circulaires il y a
deux mois et puis maintenant on annonce un nouveau
travail pour la fin janvier. Acceptez, Monsieur le
Ministre, que l'on trouve tout cela pour le moins non
coordonné, voire même cacophonique.
Finalement, dans ce dossier, et c'est là que l'on peut
le regretter aussi, il n'y a finalement que le ministreprésident que l'on n'a pas entendu sur la matière,
puisque chaque ministre – et on l'a entendu dans vos
propos – y va un petit peu de ses idées dans une matière
qui nécessite finalement la plus grande coordination, la
plus grande cohérence et notamment la plus grande
synchronisation avec l'ensemble des niveaux de
pouvoirs, qu'ils soient européen, fédéral, voire même
avec des synergies de nos pays voisins.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
La majorité des députés et de votre groupe politique,
notamment, a demandé clairement et de manière urgente
la mise en place de plusieurs mesures, l'engagement
d'un plan antidumping, l'évaluation de l'impact de la
précédente circulaire de M. le Ministre Furlan.
Aujourd'hui, on ne voit toujours rien venir. Et puis,
finalement, la conclusion d'un partenariat entre le SPW
et le service d'information et de recherche sociale. On
peut vraiment, Monsieur le Ministre, s'interroger pour
savoir où l'on en est à ce jour.
Il est clair que si la prévention et tout le travail que
vous avez évoqué et qui doit être réalisé en amont de
l'adjudication est fondamental, il est tout aussi important
de prévoir et d'étudier, en tout cas, des règles claires en
aval des marchés publics. Sans doute, c'est une
démarche qui est beaucoup plus complexe à mettre en
œuvre, puisqu'il s'agit là d'éviter les abus et les dérives
que permet aujourd'hui la mise en œuvre de ces cahiers
des charges avec notamment des conséquences graves.
J'entends bien, il faut exclure, il faut condamner, il faut
pénaliser, mais il est clair que sans un dispositif clair, il
est difficile d'être convaincants en la matière. Exclure
une entreprise, pour combien de temps, de quelle
manière, en fonction de quel degré de gravité des faits,
tous des éléments qui méritent, en tout cas, plus qu'un
débat de quelques minutes.
Nous avons en tout cas le sentiment que depuis
quelques mois, c'est près d'une année qui a été perdue en
la matière dans un thème qui est pourtant fondamental
pour notre économie, vous l'avez rappelé.
Une thématique comme celle-là – et l'on a eu des
débats certes qui ont eu aussi toute leur importance,
mais qui ont duré parfois des heures et des heures et qui
étaient notamment alimentés par toute une série
d'auditions. On ne peut, au niveau de notre groupe, que
regretter qu'il n'y ait pas eu de débat intercommission
parce que, effectivement, la matière concerne les
compétences de plusieurs ministres.
Monsieur le Ministre, je vous dirai que l'on est
extrêmement sensible à la problématique. On est déçu
de la prise de responsabilité du Gouvernement en la
matière sur un sujet aussi important. Je crois qu'il est
intéressant de dire, et c'est normal, que l'on veut
privilégier l'emploi et que c'est une priorité, mais il faut
aussi, notamment en matière de dumping social,
assumer beaucoup mieux vos responsabilités,
notamment pour tout le travail en aval des cahiers des
charges.
l'importance du débat. Mais puis-je quand même inviter
les uns et les autres à plus ou moins s'en tenir au temps
de parole ?
Nous donnons la parole à M. Sampaoli qui, comme
l'a rappelé l'orateur précédent, fut à la base de cette
démarche.
La parole est à M. Sampaoli.
M. Sampaoli (PS). - Monsieur le Président, je
voudrais tout d'abord remercier M. Evrard pour la
correction dont il a fait preuve en rappelant que ce
dossier avait été porté au niveau du CPI, de la
Commission affaires sociales et aussi la Commission de
l'économie.
Le dumping social est un dossier qui nous concerne
tous et qui est un fléau pour les travailleurs, mais aussi
pour les PME, les TPE et les pouvoirs publics.
Premièrement, le dumping social fait baisser les
recettes de la sécurité sociale, l'entreprise d'envoi payant
ses cotisations sociales, quand elle les paie, dans son
pays d'origine, diminuant ainsi la possibilité de
rencontrer les besoins de chacun.
Le dumping social crée du chômage ; on connaît des
jeunes qui sont écartés de leur poste de travail alors
qu'ils ont un CDI au profit de travailleurs détachés.
Le dumping social a également pour conséquence
une baisse des recettes de l'IPP et des recettes
communales.
Le dumping social, aussi, prive les travailleurs de
revenus légitimes et entraîne une baisse de la
consommation générale.
En plus, le dumping social traite les personnes mises
au travail de manière scandaleuse, que ce soit en termes
de rémunérations, de conditions de travail ou encore de
logement.
Il est à l'opposé même de la notion de solidarité, la
notion de société, à l'opposé tout simplement d'une
société civilisée respectueuse des droits humains.
Nous ne devons pas fermer les yeux ; chaque
opportunité de le combattre doit être saisie et l'on peut le
faire de deux manières.
Monsieur le Ministre, vous savez, aujourd'hui, mon
groupe, on n'a pas la majorité ici en Région wallonne,
on a des idées et l'on reste, en tout cas, ouverts à pouvoir
avec vous, construire une réglementation et poursuivre
des objectifs que nous souhaitons tous.
Premièrement, en faisant appliquer correctement la
directive européenne de détachement et deuxièmement,
en transposant le plus rapidement possible la directive
marchés publics de 2 014, qui permet au pouvoir
adjudicateur d'aller plus loin et de contraindre les
entreprises à faire ce qu'elles doivent faire, c'est-à-dire
protéger aussi leurs travailleurs.
M. le Président. - Vous aurez constaté que nous
avons débordé les temps de parole, donc pas de souci vu
Là, je me tourne vers le MR et puis, j'en viendrai à la
Région. Je demanderai au MR de faire pression au
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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niveau du Gouvernement fédéral pour que la directive
marchés publics soit transposée le plus rapidement
possible, et qu'elle ne le soit pas a minima, qu'elle le soit
dans une politique volontariste et que l'on aille plus loin
ou aussi loin, en tous les cas, que la directive
européenne relative aux marchés publics le permet. Ceci
pour vous dire que, aussi au niveau de la directive
détachement, nous devons aller de l'avant et faire en
sorte que celle-ci soit respectée.
C'est pourquoi le groupe PS, les parlementaires PS
ont déposé une résolution demandant au Gouvernement
wallon de faire appliquer strictement la directive
détachement à son administration, mais également de
transmettre ces informations aux pouvoirs locaux, de
telle sorte que nous puissions aller de l'avant dans ce
dossier.
Cette résolution, ce n'est pas du réchauffé, ce n'est
pas un catalogue de bonnes intentions, non, c'est
vraiment faire appliquer strictement la directive
détachement. Comment faire :
– que les appels d'offres et les procédures
négociées avec pondération soient privilégiés
comme mode de passation pour valoriser
d'autres critères que le prix ;
– que le respect des notions de la durée
d'occupation des travailleurs détachés soit
effectif, c'est-à-dire maximum 24 mois, qu'il ne
puisse être remplacé ;
– qu'il y ait une relation directe dans l'entreprise
d'envoi et chaque travailleur détaché ;
– que l'on vérifie que l'entreprise exerce bien des
activités substantielles de la majorité de ses
activités sur le territoire où elle est établie ;
– que les travailleurs détachés exercent une
activité semblable à celle exercée dans l'état
d'envoi ;
– que l'adjudicataire puisse fournir l'attestation 1,
la preuve que les cotisations sociales sont
payées dans le pays d'envoi et le formulaire de
la LIMOSA, information à la Belgique du
détachement du travailleur, pour chaque
travailleur ;
– ensuite, que l'on fasse respecter dans les
cahiers des charges les conventions collectives
de travail qui ont été déterminées par Arrêté
royal. Elles ont une valeur de contrainte et nous
devons les imposer dans les marchés publics,
régionaux et aussi autant que faire se peut,
inciter les communes à le suivre.
Pour cela, il faudra former les agents communaux,
parce que dans certaines petites communes, il n'est pas
possible de faire respecter cette directive des marchés
publics sans formation des agents. J'invite donc la
Région wallonne, Monsieur le Ministre, à s'occuper de
la formation des agents communaux.
dispose d'une personne qui possède un diplôme
technique et qui est capable de transmettre l'information
aux travailleurs détachés, c'est-à-dire, un interprète. Il y
va non seulement d'une question de qualité de travail,
mais surtout d'une question de sécurité, comme l'esprit
d'un coordinateur sécurité sur les chantiers. Comment
un travailleur étranger ne parlant pas ou peu la langue
du pays fait-il pour comprendre le plan de sécurité d'un
chantier déjà souvent complexe pour un travailleur
belge ?
Comment fait-il pour se coordonner avec les autres
corps de métier sur le site ? C'est impossible, or tout
manque de coordination est un danger d'accident
potentiel.
Mais l'important aussi, c'est la liste des sous-traitants
et que l'adjudicataire s'engage pour lui et pour ses soustraitants. Il faudra aussi être attentif, et vous l'avez dit,
aux prix anormalement bas et ce qui peut se cacher
derrière.
Ensuite, pour répondre à M. Evrard, il n'y a pas de
lutte sans sanctions. Alors, la résolution préconise une
pénalité spéciale en cas de manquement, l'établissement
d'un PV de carence et d'un cadastre de toutes les
entreprises ne respectant pas les dispositions énumérées
dans la résolution. Cela permettrait de les exclure des
prochains marchés publics pour une période de trois
ans, la première fois, de cinq ans la seconde fois.
Ces dispositions, comme je l'ai dit, pourraient être
transmises aux pouvoirs locaux, en formant de manière
adéquate les agents communaux.
Il est important, pour nous, de modifier les pratiques
en matière de marchés publics, c'est-à-dire là où nous
pouvons agir. Cela implique la collaboration de tous, du
pouvoir fédéral, régional, mais également des pouvoirs
locaux.
La proposition de résolution n'est ici qu’esquissée et
je suis prêt à en développer les atours et les effets
lorsqu'elle sera à l'ordre du jour. J'espère très
sincèrement que l'ensemble des partis présents autour de
la table adhéreront à notre proposition.
Agissons, cumulons les forces avec les entreprises,
les syndicats, avec les pouvoirs publics et les citoyens et
tous, nous en sortirons gagnants.
(Applaudissements)
M. le Président. - Merci, Monsieur Sampaoli, à la
fois pour avoir provoqué le débat, et pour avoir
parfaitement respecté le temps de parole.
Mme Ryckmans dispose d'environ quatre minutes.
La parole est à Mme Ryckmans.
Enfin, il est impératif que sur les chantiers où sont
présents des personnes ou des travailleurs étrangers, l'on
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P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Mme Ryckmans (Ecolo). - Chers collègues,
Monsieur le Ministre, dans ce débat, nous disposons
d'un formidable levier. La jurisprudence récente de la
Cour de justice européenne permettant que des
soumissionnaires et leurs sous-traitants s'engagent par
écrit, lors de la soumission, à donner un salaire
minimum à tous travailleurs est en effet très
intéressante.
que la tutelle régionale s'engage à couvrir les autorités
locales qui prendraient la décision de ne pas attribuer un
marché selon le seul critère de prix. Très bien, sauf que
la circulaire adressée aux pouvoirs locaux reste assez
minimaliste. Dans le choix de ses contraintes
d'attribution, le pouvoir accorde autant que possible une
attention particulière au respect des critères
environnements sociaux et éthiques.
Elle montre que l'on peut tout à fait exiger
l'application d'un salaire minimum et le respect de
barèmes nationaux dans un marché public.
Par ailleurs, on ne voit pas comment elle s'articule
avec les propositions de M. le Ministre Lacroix. Cette
charte locale paraît bien constituer une avancée en la
matière, mais pour ce faire, il faudra encore intensifier
les efforts de formation, on l'a dit.
Il faut appliquer cette possibilité dans les marchés
wallons.
Au niveau wallon nous saluons quelques avancées
du Gouvernement. Le travail avait d'ailleurs été amorcé
dans le cadre de l'alliance emploi-environnement et de
la plateforme « achats durables ». Néanmoins, les
choses peuvent et doivent encore être amplifiées.
Actuellement, trop peu d'administrations utilisent
pleinement le potentiel des clauses sociales dans les
marchés publics. Le Gouvernement wallon, en
présentant son plan d'action fin octobre, annonce vouloir
accroître l'insertion et l'exécution de clause sociale dans
les marchés publics de travaux. C'est évident, c'est
surtout leur pleine exécution qui apportera un réel
changement de pratique.
En intégrant des clauses sociales dans leurs marchés
publics, les pouvoirs adjudicateurs renforcent leur
responsabilité sociétale et contribuent à la lutte contre le
chômage en Wallonie, à la formation et à l'insertion
socioprofessionnelle de jeunes, de publics défavorisés
ou fragilisés, ainsi qu'à l'intégration de personnes
handicapées.
Plus largement, ils luttent également contre la traite
et l'exploitation des êtres humains. Les bénéficiaires de
la clause sociale pourront profiter d'une formation et/ou
d'une expérience professionnelle sur chantiers favorisant
leur insertion et intégration socioprofessionnelle.
Les entreprises du secteur de la construction quant à
elles trouvent dans les clauses sociales une réponse aux
difficultés de recrutement auxquelles elles sont parfois
confrontées.
À la mi-décembre 2015, M. le Ministre Furlan a
également transmis aux communes une circulaire leur
recommandant de se doter d'une charte locale en matière
de lutte contre le dumping social, à faire signer et
respecter par les soumissionnaires et reprenant, on l'a
dit, des points de références à y faire figurer, et des
clauses types.
Par cet instrument, il est en effet possible
d'encourager les communes à prendre conscience de
l’importance du choix des soumissionnaires au-delà du
simple critère de prix. Le ministre a d'ailleurs précisé
Parallèlement, ne serait-il pas pertinent de fixer des
objectifs à atteindre ? Autant un pourcentage de marchés
contenant ce type de clause, cela a été fait au niveau
bruxellois via une ordonnance. Tous les cinq ans, des
objectifs sont fixés, révisés après évaluation,
uniquement à la hausse. Un certain pourcentage en
termes de valeurs de marchés publics concernés doit
obligatoirement contenir des clauses sociales, mais
également environnementales. Si les objectifs ne sont
pas rencontrés, des sanctions financières sont
appliquées.
Enfin, il faut aussi lutter contre le dumping social,
contrôler le respect des législations et sanctionner les
entreprises en grave défaut notamment par rapport aux
législations sociales.
Pour terminer, je reviens quelques instants sur les
questions de clauses environnementales, car les deux
aspects sont en fait liés et complémentaires. En effet, si
l'on impose l'usage de matériaux en circuits courts, on
peut également lutter contre le dumping social et
favoriser les PME wallonnes via nos marchés publics.
Le dumping environnemental est également un dumping
social indirect, car il crée une concurrence déloyale et
détruit des emplois chez nous en raison des prix
inférieurs pratiqués ailleurs sur base de normes moins
protectrices.
La nouvelle directive européenne permet d'intégrer
tous les éléments constitutifs d'un produit dans le calcul
d'une offre et pas uniquement le prix facial, mais aussi
les coûts cachés, environnementaux, sociaux, du cycle
de vie. Il est nécessaire de tous les prendre compte afin
de lutter contre la concurrence déloyale issue du
dumping social.
Nous pourrions faire d'autres propositions, mais je
rappellerai bien sûr que les marchés publics ne
constituent pas un outil pour lutter contre le dumping
social ou environnemental et qu'il faut surtout agir à la
source pour, par exemple, améliorer la directive
détachement ou pour empêcher la conclusion d'un
accord transatlantique inspiré aux mêmes idéologies. On
gagnerait, en outre, une plus grande cohérence de
certains entre les différents niveaux de pouvoirs.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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M. le Président. - La parole est à Mme Simonet
pour environ sept minutes et c'est M. Puget qui aura
l'honneur de clôturer la liste des interventions
parlementaires. Si M. le Ministre souhaite réagir bien
sûr, ce sera alors à lui de revenir à la tribune avant que
les parlementaires ne nous livrent leurs répliques de
circonstances.
La parole est à Mme Simonet.
Mme Simonet (cdH). - Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre, chers collègues, les chiffres, on
les a déjà cités, 17 000 emplois perdus entre fin 2011 et
mars 2015 dans le seul secteur de la construction ; il n'y
a pas que ce secteur qui est concerné, si l'on y ajoute les
transports, depuis 2012, ce sont 6 000 emplois de plus
perdus.
Ces chiffres font réfléchir et sont extrêmement
interpellants. Je pèse mes mots, nous sommes face à un
réel drame humain et encore plus un drame social.
Quelle image l'Europe nous envoie-t-elle de ses
projets ?
Ce constat n'est pas neuf, c'est ainsi qu'en
mars 2015, nous avons décidé au cdH – oui,
Monsieur Evrard, nous étions deux ou trois députés,
mais il en faut toujours pour commencer et si l'on était
pas nombreux, on a été fort heureusement rejoints par
des collègues – de déposer une proposition de résolution
visant à intensifier la lutte contre le dumping social ;
nous avons été rejoints par des collègues d'autres
groupes et nous avons abouti à un texte pertinent, fort,
porteur de revendications, sollicitant un plan
antidumping social coordonné avec tous les secteurs.
On avait redonné une date de rendez-vous au
Gouvernement pour que celui-ci prenne à bras-le-corps
le dossier. Je constate que les choses ont bougé et ont
avancé en quelques mois. L'appel au Gouvernement
wallon a bien été entendu. Hier, précisément,
j'interrogeais M. le Ministre Prévot sur l'un des premiers
pas qui avaient été posés en matière de réflexion sur le
dumping social ; le ministre avait commandé une étude
au cabinet d'avocat Durviaux sur les pistes à envisager.
C'est une démarche qui a tout son sens, car cela
permet de dynamiser les choses, d'y voir plus clair.
Nous l'avons évoqué, avant moi d'autres l'ont dit, la
matière est plus que complexe. Le fléau du dumping
social touche différents secteurs, différents niveaux de
pouvoir et, en même temps, a trait à plusieurs
législations qui sont, elles-mêmes, compliquées.
Il est évident que notre action, ici, est limitée aux
compétences propres de la Région, que beaucoup de
compétences incombent à d'autres niveaux de pouvoir –
vous l'avez évoqué, Monsieur le Ministre –
singulièrement, et c'est normal, encore au niveau du
Fédéral.
73
Mais ici, nous sommes convaincus que la marge de
manœuvre est réelle. Cela nous importe que nous
agissions là où nous pouvons le faire sans tarder et que
nous sollicitions les autres niveaux de pouvoir pour
qu'ils avancent aussi là où ils sont compétents.
Le Conseil économique et social de Wallonie le
rappelait en 2014 : on peut, à chaque niveau de pouvoir,
améliorer la situation. C'est bien notre objectif et c'est
celui du Gouvernement. Voici différentes mesures qui
nous ont été annoncées et présentées tout à l'heure par le
ministre. Nous avons l'espoir que, sur base des études
commanditées par les uns, des travaux et des avancées
de chacun des ministres, l'on puisse avoir un focus de
ciblage pour être les plus efficaces.
Le gros morceau, comme on l'a entendu dans la
présentation, c'est vrai, ce sont les marchés publics.
Singulièrement, avec la question que l'accès à PME, des
PME dont le tissu est très important, qui emploient
souvent une main-d'œuvre locale et qui font travailler
celle-ci. Les marchés publics sont importants, car en
Wallonie, on entend parfois dire ceci, la réalité est
parfois celle-là, on perd des marchés si l'on garde sa
main d'œuvre wallonne ; c'est un comble et c'est
inacceptable.
Un Code européen de bonnes pratiques facilitant
l'accès des PME aux marchés publics a été publié par la
Commission et identifie différentes mesures dont
certaines sont, dans notre pays, de compétences
régionales, entre autres. Le code avance, comme bonnes
pratiques, la mise sur pied d'un centre d'informations
pour les PME sur les marchés publics, la mise en place
de formations orientations destinées à aider les PME
dans la rédaction d'offres ou encore, des incitants
poussant les opérateurs à se regrouper.
Aujourd'hui, on le voit – j'en félicite le ministre et au
travers de celui-ci, tout le Gouvernement –, de telles
mesures font partie des projets lancés :
– mise en place d'un centre de compétences
wallon où se retrouveraient les experts en
marché public ;
– mise en place d'un guichet unique ;
– diminution des charges administratives sur les
PME pour que celles-ci puissent plus
facilement participer aux marchés.
À côté de cela, on sait aussi que l'on avance
largement. On en a parlé sur l'inclusion des clauses
sociales dans les marchés de travaux publics avec un
plan d'action – vous l'avez dit, Monsieur le Ministre –
visant à les amplifier, approuvé en octobre dernier, et un
budget – si je ne me trompe – de 30 000 euros pour
lancer l'Observatoire des marchés publics, qui servira à
recueillir les données statistiques sur les marchés
publics et à soutenir la mise en œuvre d'une politique
d'achat durable, nous nous en félicitons.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Bref, des mesures qui viennent et qui vont dans le
bon sens. Bien entendu, nous sommes aussi attentifs aux
échéances et aux états d'avancement de ces mesures,
parce que, nous le savons, il y a urgence.
J'ai une question. En 2011, on avait adopté un
dispositif de facilitateur de clauses sociales. Ces
facilitateurs ont une mission d'information, de conseil.
Seront-ils maintenus ? Apparemment, on a renouvelé la
convention.
Au-delà des clauses sociales et des clauses éthiques
et environnementales, un recours à ces clauses fait aussi
partie de nos demandes. Vous souhaitez, vous l'avez dit,
les amplifier. Nous avons réclamé également que soit
imposée l'agrégation comme règle générale à toute la
chaîne des sous-traitants – c'est important, dans le cadre
des marchés publics. Votre intention est également, lors
de la remise des offres, de l'imposer aux
soumissionnaires. Des mesures concrètes sont sur la
table. Nous voyons que la matière est éclatée, comme
on l'a dit à plusieurs reprises. Monsieur le Ministre, il
est important qu'il y ait également des réunions
conjointes avec le Fédéral. M. Evrard vous faisait état
de l'arrêt de la Cour de justice et de la Ville de Landau.
J'interrogeais M. le ministre Prévot. Sur base de son
étude, cette fameuse étude dont je parlais, justement, en
Belgique, nous avons la possibilité, c'est une loi de
1991...
Le problème, ce n'est pas que nous avons la
possibilité, c'est même obligatoire de les imposer, mais
c'est que le contrôle au niveau fédéral ne suit pas. Ce
contrôle, nous demandons vraiment que le Fédéral le
mette en place, que l'on puisse en être informé, parce
que cela évite de devoir être doublement attentif. Dans
le cadre du plan antidumping du secrétaire d'État, de
Tommelein, il reconnaît que c'est vraiment un des points
qui pose problème : nous avons des outils et le contrôle
n'existe pas.
Quant à des partenariats avec le SPW, le service
d'information de recherche sociale, j'entends aussi que
les contacts sont en cours avec le Fédéral. Le
ConstruBadge nous semble également un outil vraiment
important et puis l'Europe qui se mobilise. On sait bien
que la source du dumping social se trouve aussi sur la
non-application des règles et le non-suivi de ces règles,
mais aussi sur la directive « détachement » et qu'il y a
des abus. Transposer le plus rapidement la nouvelle
directive 2014 pour éviter les prix anormalement bas,
c'est un élément important. Autre élément important, sur
le dumping, la Belgique est l'un des trois pays qui
emploient le plus de travailleurs détachés au sein de
l'Union européenne à côté de l'Allemagne et de la
France. Le Conseil parlementaire interrégional a
récemment émis des recommandations en ce qui
concerne la Grande Région, avec des pistes : création
d'une agence européenne d'inspection sociale,
concertation entre États membres pour pouvoir vérifier
les fameux formulaires A1, mise en place d'une banque
Carrefour. Là aussi il y a beaucoup à faire.
Les récents propos de Mme la Commissaire
Thyssen : « À travail égal, salaire égal sur un même lieu
de travail ». C'est évidemment une phrase qui sonne
bien à nos oreilles, mais c'est un travail de longue
haleine.
Récemment, aux vœux du Conseil économique et
social de la Région wallonne, elle a rappelé que son
paquet « mobilité des travailleurs » était plus que jamais
sur sa table et à l'ordre du jour de l'Europe, même si cela
prenait du temps.
L'objectif est de mettre en avant les priorités pour
soutenir et faciliter une mobilité équitable des
travailleurs. Pour ce faire, l'objectif sera de réviser les
règles pour pouvoir coordonner nos systèmes de
sécurité sociale.
Mme Thyssen s'est dite volontaire. Quand elle dit
que nous devons adapter notre modèle et non le détruire,
je pense que nous ne pouvons qu'acquiescer à cette
vision.
Pour conclure, nous savons qu'il n'y a pas un mois
qui passe sans que l'on n'entende, ci et là, une entreprise
en difficulté, des travailleurs mis au chômage, licenciés.
Notre travail doit être constamment remis sur la table.
Je vous remercie, Monsieur le Ministre. Je remercie
vos collègues. Il va falloir garder le rythme. Il va falloir
continuer. Il va falloir se concerter avec le Fédéral.
Merci de nous dire comment vous pensez pouvoir agir
dans les prochaines semaines en ce sens.
(Applaudissements)
M. le Président. - La parole est à M. Puget.
M. Puget (Indépendant). - Monsieur le Ministre, le
dumping social est assurément une des plaies du monde
en construction. Il détruit des dizaines de milliers
d'emplois dans les pays à haute protection sociale,
comme le nôtre, et tire les standards sociaux, éthiques et
environnementaux vers le bas. Il met en concurrence
des travailleurs qui ne demandent, finalement, rien de
mieux que de travailler à un salaire décent.
La lutte contre le dumping social est donc essentielle
et profitable, non seulement pour les pays de l'ouest, car
le travail à bas coût exercé par des entreprises
étrangères pousse les salaires à la baisse, mais aussi
pour les pays de l'est qui souffrent de voir partir leurs
jeunes pousses.
Nous ne nous opposerons pas à la libre circulation
des travailleurs au sein d'une Europe, elle aussi en
construction, mais il faut urgemment mettre en place un
certain nombre de balises. Si nous ne le faisons pas,
nous risquons d'alimenter la méfiance entre les peuples,
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
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au lieu de construire un monde pacifié. Dès lors, que
faire ?
Nous devons lutter, tout d'abord, contre les fraudes
et, parmi celles-ci, celles occasionnées par les sociétés
dites « boîtes aux lettres », les faux détachés, les
sociétés-écrans, les faux indépendants. Tous ceux qui se
jouent des droits doivent être punis.
Nous devons favoriser les entreprises belges et
certainement wallonnes. C'est le secteur de la
construction qui souffre le plus du dumping, puisqu'il
risque de perdre 20 000 emplois dans notre pays d'ici
2018 – selon la Confédération belge de la construction.
Cependant, la construction n'est pas le seul secteur visé,
puisque l'HORECA, les transports, ou encore le secteur
du nettoyage sont dans une situation identique. Je sais
que le Gouvernement est attentif aux revendications des
différents secteurs concernés, mais il faudra continuer à
agir en concertation avec les professionnels.
Nous devons porter notre attention sur les marchés
publics. Dans sa circulaire du 28 novembre 2013
relative à la mise en place d'une politique d'achat
durable pour les pouvoirs adjudicateurs régionaux
wallons, le Gouvernement wallon insiste sur la notion
« d'achat durable, qui répond à des enjeux non
seulement
économiques,
mais
également
environnementaux, sociaux et éthiques, ainsi qu'au rôle
d'exemplarité attendu de l'administration ». Je suis
satisfait de voir que le Gouvernement se préoccupe de la
position de nos PME, mais je remarque que les résultats
ne sont pas au rendez-vous.
Il faut donc, dès aujourd'hui, aller plus loin que le
catalogue de bonnes intentions, être proactif, agir
efficacement avec les autres niveaux de pouvoir, car la
lutte ne s'arrête pas aux frontières de la Région,
encourager les efforts faits par le Fédéral et, surtout, je
le répète, avoir à l'esprit la situation de nos entreprises
wallonnes.
La matière est évidemment très complexe, mais
chaque idée vaut la peine d'être étudiée. Nous finirons
bien par trouver la solution, j'en suis convaincu.
M. le Président. - Nous revenons vers le ministre
pour une réponse et une réaction, puis les éventuelles
répliques de circonstance.
La parole est à M. le Ministre Lacroix.
M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction
publique et de la Simplification administrative. - Je
voudrais tout d'abord remercier les différents
intervenants. Hormis quelques nuances à la fois plus
faibles, mais également plus fortes qui m'ont quelque
part surpris de M. Evrard, il n'en reste pas moins vrai
qu'il semble y avoir une belle unanimité sur le sujet, ici,
au Parlement. C'est assez rare que pour le souligner.
75
Je voudrais remercier M. Puget qui a conclu la
discussion en apportant des éléments de soutien à la
résolution qui avait été présentée par la majorité de ce
Parlement et également par les actions qu'entreprend le
Gouvernement wallon.
Effectivement, Monsieur Evrard, je suis d'accord
avec vous, consacrer un seul débat thématique à cette
problématique n'est pas suffisant, je suis bien d'accord.
La thématique est complexe, elle prend du temps,
doit être approfondie. Il faut veiller à ce que des effets
pervers pour les pouvoirs adjudicateurs, mais également
pour les entreprises, dans le cadre d'une lutte efficace
contre le dumping social, n'apparaissent pas.
Il faut donc prendre suffisamment de temps que pour
porter les mesures nécessaires en synergie avec les
autres niveaux de pouvoir. À travers les travaux des
différents ministres, les différentes commissions seront
amenées, à travers des dispositifs réglementaires et
légaux, à se positionner et à avoir un travail de fond qui
ira encore plus loin que ce qui a été réalisé aujourd'hui.
Je voudrais quand même rappeler, Monsieur Evrard,
que contrairement à ce que vous dites, les
Gouvernements wallons ont travaillé, depuis déjà
plusieurs années, sur le dumping social. Et j'en veux
pour preuve que, sous le Gouvernement précédent, déjà
en 2012, une série de mesures ont été prises et puis
renforcées en 2014, à nouveau en 2015. J'ai toute la
ligne du temps ici que je peux vous remettre.
En tout cas, chacun a travaillé et même, à travers le
plan Marshall, mon collègue M. Marcourt s'est aussi
saisi du dumping social, notamment en ce qui concerne
l'accès au marché public des PME.
Il n'y a pas cacophonie au niveau du Gouvernement.
J'ai été chargé par le Gouvernement d'être le
coordonnateur du plan Antidumping. C'est une décision
de fin octobre 2015. Donc il ne faut pas jeter l'opprobre
sur le ministre-président, je suis chargé par le
Gouvernement de coordonner l'ensemble des actions et
chaque ministre a présenté un premier tir, une première
salve d'actions qu'il pouvait mener très concrètement.
Une des actions concrètes à laquelle s'est intéressée
également Mme Simonet, ce sont les facilitateurs
sociaux. Effectivement, nous avons renouvelé le
dispositif des facilitateurs sociaux, qui sont actuellement
12, et nous avons conclu, contrairement à ce qui s'était
fait précédemment, à une convention pluriannuelle. Ces
gens sont établis pour quatre ans, ce qui est une avancée
significative. Ces facilitateurs ont pour rôle, notamment
d'informer, d'améliorer cette information, de former
également les pouvoirs adjudicateurs, car nous savons
tous – et sans remettre, comme vous l'avez dit,
Monsieur Evrard, « la patate chaude » sur les pouvoirs
locaux – qu'à côté de nous, les pouvoirs locaux sont un
levier de commandes publiques important, que la
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Confédération de la construction, d'ailleurs, souhaite
qu'on l'alimente davantage.
Donc le rôle du Gouvernement est, à travers ces
facilitateurs sociaux, de mettre en œuvre un réseau qui
aidera les communes à pouvoir lancer davantage de
marchés publics avec des clauses sociales, des clauses
environnementales, des clauses éthiques, et ne plus
avoir recours, aussi systématiquement que par le passé,
au système de l'adjudication et donc de faire vraiment
un travail beaucoup plus fin.
Vous savez comme moi que c'est compliqué. Par
rapport à l'intervention de Mme Ryckmans qui disait :
« Ne faudrait-il pas un pourcentage à l'instar de ce qui
se passe à Bruxelles ? », je suis un peu plus nuancé, en
tout cas un peu plus réservé. Car si Bruxelles dispose –
sauf peut-être une ou deux communes – de villes très
importantes de plusieurs dizaines de milliers d'habitants,
avec des services de juristes bien fournis, il n'en reste
pas moins vrai que nos communes wallonnes sont
parfois de très petite taille et que donc pour ne pas
devoir faire face à des recours, ne pas devoir
commencer à analyser de manière pointue, peut-être que
l'on recourt un peu trop facilement à l'adjudication.
Notre rôle est d'aider, d'accompagner les communes
pour que progressivement l'on arrive à un recours à
d'autres formules de marchés publics.
Mais aller déjà vers un pourcentage, je crois que
c'est un peu prématuré.
Je reviens sur les interventions de M. Evrard. Nous
avons renforcé la coopération avec le CIRS et il y aura
davantage de contrôles. L'évaluation de la circulaire du
ministre Furlan a été faite et nous avons pu voir qu'il y a
une évaluation du nombre de marchés avec clauses
sociales. J'y reviendrai tout à l'heure.
Enfin, nous travaillons sur
l'Observatoire des marchés publics.
la
création
de
Je voudrais encore revenir sur certaines
interventions qui ont été faites. Excusez-moi, dans le
quart d'heure qui m'est dévolu, de ne pas être exhaustif.
Donc j'en retiendrai les plus prioritaires. J'ai parlé de ce
plan Antidumping amorcé sous le Gouvernement
précédent, dès décembre 2012, et qui a été encore
renforcé par le Gouvernement actuel.
En ce qui concerne les facilitateurs, j'y ai répondu et
ce qui est intéressant de dire, c'est qu'aujourd'hui, grâce
aux facilitateurs, actuellement 48 marchés intégrant les
clauses sociales ont été attribués, 11 marchés intégrant
une clause sociale sont actuellement publiés et devraient
être attribués sous peu et enfin, 73 marchés sont en
cours de rédaction avec le soutien des facilitateurs pour
insérer des clauses sociales. Nous avons prévu d'évaluer
l'impact des clauses sociales dans les marchés et d'en
étudier de nouvelles. Donc, le travail n'est pas fini en la
matière.
Je rejoins M. le Député Sampaoli sur la
connaissance de la langue par les travailleurs. Il s'agit
essentiellement d'une condition de sécurité et de
communication. Avec la collaboration de la
Confédération de la construction, je vais travailler à
analyser l'insertion de clauses linguistiques dans les
marchés, donc ajouter aux clauses environnementales,
sociales et éthiques, des clauses linguistiques dans le
respect du droit actuel.
Je voudrais également reprendre un des éléments
d'intervention de Mme Simonet, puisque je lui ai
expliqué, en ce qui concernait les facilitateurs, je n'y
reviendrai donc pas.
En ce qui concerne les contrôles, elle a tout à fait
raison, nous plaidons pour un renforcement grâce au
protocole de collaboration avec les services d'inspection
fédéraux. Ce dossier est à l'étude actuellement au sein
du secrétariat général.
Vous avez raison de dire qu'il faut éviter les
contrôles redondants. Puisque nous devons travailler en
synergie avec le Fédéral, autant aboutir à un bon accord
de collaboration avec eux sur ce sujet, ce qui permettra
à nos inspecteurs de travailler sur d'autres domaines.
Je terminerai en vous disant que, sur ce point précis,
la discussion avec le Fédéral se passe bien et je remercie
le Gouvernement fédéral et en particulier le Secrétaire
d'État, Bart Tommelein, pour le plan en 40 points qu'il a
fait prendre par le Gouvernement fédéral.
Je reconnais quand le Gouvernement fédéral
travaille bien. Sur ce point, je crois qu'entre le
Gouvernement fédéral, le Gouvernement wallon et
maintenant sans doute les pouvoirs locaux, il y a moyen
de travailler dans l'intérêt des travailleurs, dans l'intérêt
des entreprises. Sur ce dossier, nous devons vraiment
faire front.
Il me reste maintenant à obtenir du Gouvernement
fédéral – et je l'ai dit dans mon exposé introductif, dans
la transposition de la directive marchés publics, c'est de
fournir les éléments de persuasion suffisants – qu'il
intègre les propositions de transposition qui vont plus
loin que les propositions initiales, développées par le
Gouvernement fédéral.
Nous voulons aller plus loin. J'ai décrit les
interventions que nous souhaitions précédemment. Je
crois qu'avec persuasion et la volonté de travailler
ensemble et une belle synergie, nous pourrions
accoucher d'une belle réforme en la matière.
M. le Président. - Pour d'ultimes répliques, la parole
est à M. Evrard.
M. Evrard (MR). - Merci, Monsieur le Ministre,
pour vos éléments. Je relève quelques points où notre
avis diffère quand le premier, on n'est pas d'accord et je
le rappelle, sur la démarche particulière de cette
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
76
résolution. Je crois que le Gouvernement devait dès le
départ, dès sa prise de fonction, prendre le problème à
bras-le-corps, se concerter et organiser une réflexion en
profondeur à ce niveau-là.
Vous nous dites – et cela peut paraître logique de
prime abord – que nous devons prendre le temps de la
réflexion, c'est un domaine complexe, transversal. Je
vous dirai que je ne partage pas non plus cette analyse.
Dans un monde économique qui bouge à la vitesse
V V prime et qui évolue tous les jours, c'est une
problématique où il y a urgence. Je l'ai dit dans mon
propos, on a vraiment le sentiment que l'on a pu perdre
pas mal de temps à ce niveau-là.
Vous me dites : « On a pris des mesures déjà depuis
2012, et cetera ». On n'a pas eu réelle connaissance de
l'évaluation à ce niveau-là. Et si ces mesures avaient été
réellement efficaces et concrètes, cela se saurait puisque
l'on voit que le phénomène, malheureusement, au fil du
temps, ne fait qu'augmenter.
Je le répète, notre démarche est aussi de vous faire
prendre conscience qu'il est plus qu'urgent et nécessaire
de travailler en aval des marchés publics, c'est-à-dire au
moment où la mise en œuvre du projet est en cours,
notamment à travers les contrôles, de manière à faire en
sorte qu'une entreprise qui a pu acquérir un avantage
concurrentiel en bénéficiant de pratiques de dumpings
puisse être, lors d'un marché suivant, rétrogradée.
J'entends bien dire, on va exclure pendant trois ans
une entreprise. Va-t-on solutionner le problème de cette
manière ? Vous savez que dans le domaine, tout n'est
pas noir, tout n'est pas blanc. Il y a ce que l'on qualifie
d'un dumping légal à côté d'un dumping totalement
illégal. Il est clair que dans les cas où les entreprises
trichent et construisent des structures pures et dures de
manière à frauder, pas de problème pour qu'on les
exclue. Mais dans la réalité actuelle des marchés publics
et dans le monde de l'entreprise, vous savez que les
entreprises, parfois, trichent un peu, abusent quelque
part de certains types plus ou moins forts.
Il faut et c'est cela que j'explique, en aval des
marchés publics, pouvoir avoir des mécanismes qui
permettent de juger et de quantifier l'abus, de manière à
pouvoir sanctionner plus ou moins lourdement les
entreprises. Il est clair qu'exclure une entreprise qui a
commis un manquement sur le plan environnemental...
s'il vous plaît ?
(Réaction d'un intervenant)
Non, pas du tout. Il faut comprendre la réalité de
terrain, Monsieur le Ministre. Il suffit d'aller voir une
fois que les marchés sont attribués, ce n'est certainement
pas un bourgmestre ou un échevin qui va pouvoir juger
si l'entreprise honore. Je suis d'accord que dans le cahier
des charges.. Vous savez, toutes les entreprises.. Quand
une entreprise a 10 marchés, qu'elle doit honorer dans
77
un temps « x » et qu'elle en récupère un 11e ou un 12e,
elle est obligée de sous-traiter. Les conditions qu'elle a
remises, notamment, dans une commune, dans une
province, elle n'est pas toujours sûre de pouvoir les
honorer quelques mois après. C'est un problème, donc il
faut, en aval de tous ces dispositifs, aussi réfléchir à la
manière dont on peut cadrer toute cette problématique.
C'est, en tout cas, vers cette voie que je voulais
attirer votre attention. Effectivement, en synergie avec
différents niveaux de pouvoir, mais je le répète,
concrètement, ne s'attarder, ne se focaliser que sur la
question des cahiers des charges, je ne suis pas certain
que cela changera et que cela changera
fondamentalement la manière dont nous pourrons lutter
contre le dumping. Cela y contribue, mais ce n'est pas
suffisant. Le Gouvernement, il est urgent qu'il prenne
réellement le problème à bras le corps et mette en œuvre
des mesures, les éprouve de manière à pouvoir
circonscrire au mieux le phénomène.
M. le Président. - La parole est à M. Sampaoli pour
environ deux minutes.
M. Sampaoli (PS). - Je ne peux pas partager l'avis
de M. Evrard par rapport à sa prise de position. Les
entreprises qui sont pénalisées aujourd'hui, ce sont les
PME. Ce sont des entreprises qui, parfois, ont 60,
70 personnes qui travaillent pour elles et qui ne sont
plus en capacité de lever un marché, parce que les
entreprises – on va parler franchement – de classe 8, de
classe 7 font jouer le phénomène de la sous-traitance, le
dumping et passent d'une entreprise à une autre pour
essayer d'avoir toujours le moindre prix et le meilleur
prix auprès de leurs sous-traitants.
On peut canaliser les choses au niveau du cahier des
charges, on peut faire un contrôle. Je dis quand même
qu'au niveau social, le contrôle est organisé par le
Fédéral et au-delà de la directive détachement, il y a la
transposition de la loi sur le marché public. Cela, le
Gouvernement wallon et ce Parlement ne peuvent rien y
faire. C'est une compétence fédérale et exclusivement
fédérale. Si vraiment comme vous le dites maintenant,
Monsieur Evrard, vous voulez que l'on aille de l'avant
dans ce dossier, il faut intervenir auprès des membres du
Gouvernement fédéral pour qu'ils transposent
rapidement et d'une manière contraignante la directive
marché public.
M. le Président. - La parole est à Mme Ryckmans
pour environ une minute.
Mme Ryckmans (Ecolo). - Monsieur le Ministre,
vous avez jugé notre proposition un peu prématurée. Je
regrette cette prise de position, parce qu'elle contraste
avec votre annonce d'avancer, dans la mesure où cette
proposition est liée à un pourcentage des marchés
publics qui sont octroyés.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Peu importe la grandeur de la commune ou du
pouvoir adjudicateur concerné, c'est bien un travail fait
à son niveau pour progresser vers davantage de marchés
publics qui comprennent ces clauses sociales, mais
également environnementales. Cela fonctionne, c'est la
fixation du pourcentage qui est à adapter pour faire un
chemin, mais il me semble qu'il faut avoir cet horizon ;
un horizon plus large que celui que vous avez présenté.
Il y aurait d'autres propositions à faire, je l'ai dit, je
pense que nous devons aussi renforcer la concertation
avec les interlocuteurs sociaux, la représentation des
travailleurs étrangers, par exemple, par les syndicats. Au
niveau européen, travailler aussi à encourager une
convergence de salaires européens pour avoir un salaire
minimum équivalent à 60 % du salaire médian dans
chaque pays. Cela éviterait les problèmes qui viennent à
la base de ce dumping social, mettre fin aux entreprises
« boîtes aux lettres » en exigeant une preuve de réelle
activité dans le pays où la société est installée et
finalement renforcer la sécurité sociale pour tous.
M. le Président. - La parole est à Mme Simonet.
Mme Simonet (cdH). - J'ai noté que les
concertations avec le Fédéral se déroulaient dans un
contexte constructif. C'est important, puisque en matière
de contrôle, c'est une des conditions. Il ne suffit pas
d'avoir de bonnes législations, encore faut-il qu'elles
soient bien appliquées et c'est là que le bât blesse.
En ce qui concerne les chartes et la rédaction des
clauses types sociales environnementales qui sont
autorisées, sont-elles disponibles sur Internet ? Vous
avez annoncé que certaines qui étaient déjà disponibles
avaient été adressées aux communes, mais que de
nouvelles améliorations technicojuridiques étaient en
cours de rédaction. Ces clauses qui ne concernent pas
que les pouvoirs locaux et qui peuvent être utiles de
manière générale sont-elles disponibles sur Internet pour
tous ?
Enfin, il serait peut-être intéressant d'avoir un
échéancier avec les dates et nos objectifs, mais nos
objectifs de manière croisée, puisque l'on y intégrerait
les objectifs de l'Europe, peut-être à plus long terme, les
objectifs du Fédéral, la transposition de la fameuse
directive, et de savoir comment, dans un échéancier,
bien sûr qui est une ligne directrice, on pourrait
travailler.
Je ne partage pas l'avis de M. Evrard, il faut
responsabiliser les acteurs, il faut des labels de qualité,
il faut leur donner des outils parce qu'il y en a beaucoup
qui sont prêts à être responsabilisés, mais il faut pouvoir
aussi exclure, rétrograder ou attribuer des cotations
négatives. Il faut peut-être le faire avec une certaine
souplesse dans les marchés publics. Parce que les
marchés publics c'est beaucoup d'argent, ce sont
beaucoup de moyens. Pour les entreprises, c'est un
secteur qui compte également.
M. le Président. - Monsieur Puget, vous allez avoir
l'honneur de clôturer ce débat.
La parole est à M. Puget.
M. Puget (Indépendant). - Je remercie M. le
Ministre pour ses réponses et pour son éclairage.
Évidemment dans tout ceci, je pense, il faut faire...
(Réactions dans l'assemblée)
M. le Président. - Monsieur Puget, plus rien ? Parce
que je vois des gestes, mais...
M. Puget (Indépendant). - Non, mais j'essaie de
parler. Puis-je demander à la technique de mettre le
micro un peu plus fort, ce serait sympathique.
Je reprends parce que M. le ministre n'a pas entendu
et quand je le remercie c'est important. Je vous
remercie, Monsieur le Ministre, pour vos réponses.
(Applaudissements)
Mais n'oublions pas non plus que l'on a déjà une
directive. Une nouvelle directive, de nouvelles normes,
donc nos entreprises, et parce que l'on a parlé de PME
tout à l'heure – mais une PME c'est moins de
50 travailleurs, en tout cas d'après la législation
européenne – doivent s'adapter déjà à cette nouvelle
directive, on va encore remettre une charte en plus, on
va encore mettre des choses supplémentaires. Si l'on
veut intéresser nos entreprises wallonnes, nos PME et
les petites structures à s'intéresser aux marchés publics,
puisque maintenant on va leur offrir l'accès plus
facilement, il ne faut pas non plus que cela devienne une
charge administrative insurmontable. Il ne faut pas
oublier non plus que, dans les marchés publics, on a
aussi du matériel ou des choses comme cela. Je pense
aux garages, au matériel agricole, et cetera, ils ne sont
pas équipés et il n'y a pas quinze personnes qui
travaillent derrière un bureau pour remplir des dossiers
et accéder à ces marchés publics.
Il faut donc être aussi vigilant à ne pas ramener
encore de l'administratif, des normes et des règles en
plus.
M. le Président. - Nous allons permettre à nos
collègues de nous rejoindre pendant que la sonnette les
avertit de l'imminence des votes. M. le Greffier bat le
rappel.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
78
PROJETS DE MOTION DÉPOSÉS EN
CONCLUSION DE L'INTERPELLATION DE
M. DAELE À M. PRÉVOT, MINISTRE DES
TRAVAUX PUBLICS, DE LA SANTÉ, DE
L'ACTION SOCIALE ET DU PATRIMOINE, SUR
LE PLAN HÔPITAUX ET SES IMPLICATIONS
SUR LA MOBILITÉ, PAR M. DAELE
(DOC. 366 (2015-2016) N° 1)
ET PAR MMES SALVI ET KAPOMPOLE
(DOC. 367 (2015-2016) N° 1)
Vote nominatif
M. le Président. - Nous allons voter sur les projets
de motion déposés en conclusion de l'interpellation de
M. Daele à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de
la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine, sur le plan
Hôpitaux et ses implications sur la mobilité.
La première motion motivée de M. Daele a été
imprimée et distribuée sous le document n° 366 (20152016) N° 1.
La seconde motion pure et simple de Mmes Salvi et
Kapompole a été imprimée et distribuée sous le
document n° 367 (2015-2016) N° 1.
Conformément aux dispositions de l’article 134.3 du
règlement, priorité est donnée au vote sur la motion pure
et simple déposée par Mmes Salvi et Kapompole.
- Il est procédé au vote nominatif.
70 membres prennent part au vote.
40 membres répondent oui.
30 membres répondent non.
- Ont répondu oui :
Mmes et MM. Antoine, Arens, Bonni, Collignon,
Courard, Denis, Dermagne, Desquesnes, Devillers,
Drèze, Dufrane, Dupont, Fourny, Gahouchi, Géradon,
Gonzalez Moyano, Imane, Kapompole, Lambelin,
Leal Lopez, Lefebvre, Legasse, Martin, Moinnet,
Morreale, Mottard, Moucheron, Onkelinx, Pécriaux,
Poulin, Prévot, Salvi, Sampaoli, Schyns, Simonet,
Trotta, Vandorpe, Vienne, Waroux, Zrihen.
- Ont répondu non :
Mmes et MM. Baltus-Möres, Bellot, Bouchez,
Brogniez, Daele, De Bue, Defrang-Firket, Destrebecq,
Dister, Dock, Dodrimont, Durenne, Evrard, Gillot,
Hazée, Henquet, Henry, Jeholet, Knaepen, Lecerf,
Lecomte, Maroy, Mouyard, Nicaise, Potigny, Puget,
Ryckmans, Tzanetatos, Wahl, Warnier.
En conséquence, le projet de motion est adopté. Il en
sera donné connaissance au Gouvernement.
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
CONCERNANT LA LIMITATION DES
ALLOCATIONS D'INSERTION ET SES
CONSÉQUENCES POUR LA WALLONIE
(DOC. 213 (2014-2015) N° 1 À 3)
Vote nominatif
M. le Président. - Nous allons voter sur l'ensemble
de la proposition de résolution concernant la limitation
des allocations d'insertion et ses conséquences pour la
Wallonie (Doc. 213 (2014-2015) N° 1 à 3).
- Il est procédé au vote nominatif.
70 membres prennent part au vote.
46 membres répondent oui.
23 membres répondent non.
1 membre s'abstient.
- Ont répondu oui :
Mmes et MM. Antoine, Arens, Bonni, Collignon,
Courard, Daele, Denis, Dermagne, Desquesnes,
Devillers, Drèze, Dufrane, Dupont, Fourny, Gahouchi,
Géradon, Gillot, Gonzalez Moyano, Hazée, Henry,
Imane, Kapompole, Lambelin, Leal Lopez, Lefebvre,
Legasse, Martin, Moinnet, Morreale, Mottard,
Moucheron, Onkelinx, Pécriaux, Poulin, Prévot,
Ryckmans, Salvi, Sampaoli, Schyns, Simonet, Trotta,
Vandorpe, Vienne, Warnier, Waroux, Zrihen.
- Ont répondu non :
Mmes et MM. Baltus-Möres, Bellot, Bouchez,
Brogniez, De Bue, Defrang-Firket, Destrebecq, Dister,
Dock, Dodrimont, Durenne, Evrard, Henquet, Jeholet,
Knaepen, Lecerf, Lecomte, Maroy, Mouyard, Nicaise,
Potigny, Tzanetatos, Wahl.
- S'est abstenu :
M. Puget,
En conséquence, la proposition de résolution est
adoptée. Il en sera donné connaissance au
Gouvernement.
CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DE
L'ENVIRONNEMENT, DE L'AMÉNAGEMENT
DU TERRITOIRE ET DES TRANSPORTS SUR LA
PÉTITION POUR L'APPLICATION STRICTE DU
PRINCIPE DE PRÉCAUTION EN CE QUI
CONCERNE LES EFFETS NÉFASTES DE
L'UTILISATION DE MICRO-ONDES MODULÉS
PAR IMPULSIONS SUR LA SANTÉ DE LA
POPULATION, PAR MM. HENRY ET DAELE
(DOC. 355 (2015-2016) N° 1 ET 2)
Votes nominatifs
M. le Président. - Nous allons voter sur
l'amendement portant sur les conclusions de la
79
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
Commission de l'environnement, de l'aménagement du
territoire et des transports sur la pétition pour
l'application stricte du principe de précaution en ce qui
concerne les effets néfastes de l'utilisation de microondes modulés par impulsions sur la santé de la
population, par MM. Henry et Daele. (Doc. 355 (20152016) N° 2).
- Il est procédé au vote nominatif.
70 membres prennent part au vote.
6 membres répondent oui.
64 membres répondent non.
- Ont répondu oui :
Mme et MM. Daele,
Ryckmans, Warnier,
Gillot,
Hazée,
Henry,
- Ont répondu non :
Mmes et MM. Antoine, Arens, Baltus-Möres, Bellot,
Bonni, Bouchez, Brogniez, Collignon, Courard, De Bue,
Defrang-Firket, Denis, Dermagne, Desquesnes,
Destrebecq, Devillers, Dister, Dock, Dodrimont, Drèze,
Dufrane, Dupont, Durenne, Evrard, Fourny, Gahouchi,
Géradon, Gonzalez Moyano, Henquet, Imane, Jeholet,
Kapompole, Knaepen, Lambelin, Leal Lopez, Lecerf,
Lecomte, Lefebvre, Legasse, Maroy, Martin, Moinnet,
Morreale, Mottard, Moucheron, Mouyard, Nicaise,
Onkelinx, Pécriaux, Potigny, Poulin, Prévot, Puget,
Salvi, Sampaoli, Schyns, Simonet, Trotta, Tzanetatos,
Vandorpe, Vienne, Wahl, Waroux, Zrihen.
En conséquence, l'amendement est rejeté.
Nous votons alors sur les conclusions de la
Commission de l'environnement, de l'aménagement du
territoire et des transports sur la pétition pour
l'application stricte du principe de précaution en ce qui
concerne les effets néfastes de l'utilisation de microondes modulés par impulsions sur la santé de la
population (Doc. 355 (2015-2016) N° 1 et 2).
- Il est procédé au vote nominatif.
70 membres prennent part au vote.
66 membres répondent oui.
4 membres s'abstiennent.
- Ont répondu oui :
Mmes et MM. Antoine, Arens, Baltus-Möres, Bellot,
Bonni, Bouchez, Brogniez, Collignon, Courard, De Bue,
Defrang-Firket, Denis, Dermagne, Desquesnes,
Destrebecq, Devillers, Dister, Dock, Dodrimont, Drèze,
Dufrane, Dupont, Durenne, Evrard, Fourny, Gahouchi,
Géradon, Gillot, Gonzalez Moyano, Henquet, Imane,
Jeholet, Kapompole, Knaepen, Lambelin, Leal Lopez,
Lecerf, Lecomte, Lefebvre, Legasse, Maroy, Martin,
Moinnet, Morreale, Mottard, Moucheron, Mouyard,
Nicaise, Onkelinx, Pécriaux, Potigny, Poulin, Prévot,
Puget, Salvi, Sampaoli, Schyns, Simonet, Trotta,
Tzanetatos, Vandorpe, Vienne, Wahl, Warnier, Waroux,
Zrihen.
- Se sont abstenus :
Mme et MM. Daele, Hazée, Henry, Ryckmans.
En conséquence, les conclusions de la Commission
de l'environnement, de l'aménagement du territoire et
des transports sont adoptées. Il en sera donné
connaissance au Gouvernement.
La séance est levée.
Le Parlement
ultérieure.
s'ajourne
jusqu'à
convocation
- La séance est levée à 18 heures 43 minutes.
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
80
LISTE DES INTERVENANTS
M. André Antoine, Président
M. Georges-Louis Bouchez, MR
M. Christophe Collignon, PS
M. René Collin, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives,
délégué à la Représentation à la Grande Région
M. Philippe Courard, PS
M. Jean-Luc Crucke, MR
Mme Valérie De Bue, MR
Mme Virginie Defrang-Firket, MR
M. Pierre-Yves Dermagne, PS
M. François Desquesnes, cdH
M. Carlo Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des
Transports, des Aéroports et du Bien-être animal
M. Benoît Drèze, cdH
M. Yves Evrard, MR
M. Dimitri Fourny, cdH
M. Paul Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie
Mme Déborah Géradon, PS
M. Frédéric Gillot, PTB-GO !
Mme Virginie Gonzalez Moyano, PS
M. Stéphane Hazée, Ecolo
M. Laurent Henquet, MR
M. Philippe Henry, Ecolo
M. Pierre-Yves Jeholet, MR
M. Christophe Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
M. Patrick Lecerf, MR
M. Bruno Lefebvre, PS
M. Dimitri Legasse, PS
M. Paul Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon
M. Jean-Claude Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique
Mme Christie Morreale, PS
Mme Savine Moucheron, cdH
M. Gilles Mouyard, MR
M. Alain Onkelinx, PS
M. Maxime Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine
M. André-Pierre Puget, Indépendant
Mme Hélène Ryckmans, Ecolo
Mme Véronique Salvi, cdH
M. Vincent Sampaoli, PS
Mme Marie-Dominique Simonet, cdH
M. Edmund Stoffels, PS
Mme Éliane Tillieux, Ministre de l'Emploi et de la Formation
M. Nicolas Tzanetatos, MR
Mme Olga Zrihen, PS
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P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
INDEX DES MATIÈRES
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Aides régionales octroyées à Duferco
Aides régionales octroyées à NLMK
Allocations d'insertion
Arrêté ministériel de reventilation des crédits budgétaires
Centres de coordination des soins et de l'aide à domicile
Conseil économique et social de la Wallonie
Coparentalité
Couleurs de l'écharpe d'échevin
Cour constitutionnelle
Cour des comptes
Coût de la collecte des encombrants par les ressourceries
Déclarations d'intérêt régional
Démocratie citoyenne et participative
Dorsale wallonne du Thalys
Écocombis
Effets néfastes de l'utilisation de micro-ondes modulés par impulsions sur la santé de la population
Exportations agricoles
Exportations d'armes
Fonds Houtman
Impact des grèves sur l'économie wallonne
Institutions européennes
Lampiris
Liste des projets de décret adressés au Parlement par le Gouvernement
Liste des rapports de commission
Lutte contre le dumping social
Lutte contre le radicalisme
Lutte contre les violences féminines
Maintien des services de proximité dans les zones rurales
Participation des Régions aux journées diplomatiques
Plan Hôpitaux
Politique de relations internationales de la Région
Présente de l'entreprise Fly au salon Consumer Electronics Show (CES) au Texas
Protection de l'environnement
Question urgentes
Rachat de TNT
Rapports de commission
Réforme du permis de conduire
Secteurs publics issus du domaine de l'eau
Selor
Sécurité routière
Société de logements de Grâce-Hollogne
Supercamions (supertrucks)
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016
82
ABRÉVIATIONS COURANTES
APAQ-W
AWEx
AWSR
CES
CESW
CMI
COARM
Cocof
CPAS
CPI
DPC
DPR
EDF
Evras
FEB
FedEx
FEM
FGTB
FOREm
GPS
GRD
GRIP
GSM
HORECA
IPP
ISSeP
NEET
OIP
ONEM
ONG
ONOIP
OTAN
Selor
SIRS
SNCB
SOGEPA
SONACA
SPP
SPW
SRIW
SWL
TGV
TNT
TPME
UPS
UWE
WBI
83
Agence wallonne pour la promotion d'une agriculture de qualité
Agence wallonne à l'Exportation et aux Investissements étrangers
Agence wallonne pour la Sécurité routière
Consumer Electronics Show
Conseil économique et social de Wallonie
Groupe Cockerill Maintenance et Ingénierie
Informal Council Working Group on Arms Control (Exportations d'armes conventionnelles)
Commission communautaire française
centre(s) public(s) d'action sociale
Conseil Parlementaire Interrégional
Département de la Police et des Contrôles
Déclaration de politique régionale
Électricité de France
Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle à l'école
Fédération des Entreprises de Belgique
entreprise et compagnie aérienne spécialisée dans le transport international de fret
Fédération européenne des métallurgistes
Fédération Générale du Travail de Belgique
Office wallon de la Formation professionnelle et de l'Emploi
Global Positioning System
Gestionnaires des réseaux de distribution
Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité
Global System for Mobile
sigle du secteur de l'Hôtellerie, de la Restauration et des Cafés
impôt des personnes physiques
Institut scientifique de service public en Région wallonne
Not in Education, Employment or Training (Ni étudiant, ni employé, ni stagiaire)
organismes d'intérêt public
Office national de l'emploi
organisation non gouvernementale
organismes d'intérêt public
Organisation du Traité de l'Atlantique Nord
Bureau de sélection de l'administration fédérale
Service d'information et de recherche sociale
Société nationale des Chemins de fer belges
Société Wallonne de Gestion et de Participations S.A.
Société nationale de construction aérospatiale
services publics de programmation
Service public de Wallonie
Société régionale d'Investissement de Wallonie
Société wallonne du Logement
Train à Grande Vitesse
Thomas Nationwide Transports
Très petites et moyennes entreprises
United Parcel Service Inc.
Union Wallonne des Entreprises
Wallonie-Bruxelles International
P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016