CRI 9 (2015-2016)
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C.R.I. N° 9 (2015-2016) 3e session de la 10e législature PARLEMENT WALLON SESSION 2015-2016 COMPTE RENDU INTÉGRAL Séance plénière* Mercredi 13 janvier 2016 *Application de l’art. 162 du règlement SOMMAIRE Ouverture de la séance......................................................................................................................................................... 1 Absences motivées................................................................................................................................................................ 1 Ordre du jour - Approbation.................................................................................................................................................1 Communications................................................................................................................................................................... 1 Documents - Prises en considération................................................................................................................................... 3 Documents - Dépôt............................................................................................................................................................... 3 Débat sur les exportations d'armes, en application de lʼarticle 70 du règlement Intervenants : M. le Président, MM. Tzanetatos, Collignon, Mmes Ryckmans, Simonet, MM. Gillot, Puget, Jeholet, Mme Zrihen, M. Fourny, M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon,.................................................4 Reprise de la séance........................................................................................................................................................... 25 Déclarations d'intérêt régional...........................................................................................................................................26 Déclaration d'intérêt régional de Mme Defrang-Firket, sur « le Consumer Electronics Show de Las Vegas » Intervenants : M. le Président, Mme Defrang-Firket.................................................................................................... 26 Déclaration d'intérêt régional de Mme Salvi, sur « le dépôt d'une proposition de résolution sur le Thalys wallon » Intervenants : M. le Président, Mme Salvi....................................................................................................................26 Déclaration d'intérêt régional de Mme Morreale, sur « le maintien du Thalys en Wallonie » Intervenants : M. le Président, Mme Morreale............................................................................................................. 26 Questions urgentes..............................................................................................................................................................27 Question urgente de M. Crucke à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine, sur « l'arrivée des supercamions » ; Question urgente de M. Fourny à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine, sur « l'expérience-pilote en matière d'écocombis » Intervenants : M. le Président, MM. Crucke, Fourny, M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine...................................................................................................................................27 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Question urgente de M. Courard à M. Collin, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région, sur « les exportations agricoles » Intervenants : M. le Président, M. Courard, M. Collin, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région.......................................28 Questions d'actualité.......................................................................................................................................................... 29 Question d'actualité de Mme Zrihen à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique, sur « le remboursement d'aides octroyées à Duferco » ; Question d'actualité de M. Desquesnes à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique, sur « le remboursement par Duferco et NLMK des aides régionales jugées illégales » Intervenants : M. le Président, Mme Zrihen, M. Desquesnes, M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique........................................................................................................................................29 Question d'actualité de M. Onkelinx à M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal, sur « le feu vert de l'Europe au rachat de TNT » Intervenants : M. le Président, M. Onkelinx, M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal....................................................... 31 Question d'actualité de M. Mouyard à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique, sur « l'impact des dernières grèves sur l'économie wallonne » Intervenants : M. le Président, M. Mouyard, M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique............................................................................................................................................................... 32 Question d'actualité de M. Bouchez à M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon, sur « la création d'une task force interfédérale de lutte contre le radicalisme » Intervenants : M. le Président, M. Bouchez, Mme Moucheron, M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon............................................................................................................................................................................34 Question d'actualité de Mme Gonzalez Moyano à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine, sur « la réforme du permis de conduire » Intervenants : M. le Président, Mme Gonzalez Moyano, M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine...................................................................................................................................36 Question d'actualité de M. Collignon à M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon, sur « la participation des Régions aux journées diplomatiques » Intervenants : M. le Président, M. Collignon, M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon, MM. Bouchez, Crucke, Jeholet.....................................................................................................................................37 Question d'actualité de Mme Defrang-Firket à M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie, sur « la société de logements de Grâce-Hollogne » Intervenants : M. le Président, Mme Defrang-Firket, M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie...............................................................................................................................................39 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Question d'actualité de Mme De Bue à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine, sur « la régionalisation des formations scolaires pour la sécurité routière » Intervenants : M. le Président, Mme De Bue, M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine................................................................................................................................................ 40 Question d'actualité de M. Stoffels à M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal, sur « la participation des citoyens à la protection de l'environnement » Intervenants : M. le Président, M. Stoffels, M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal .......................................................42 Question d'actualité de Mme Géradon à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine, sur « la lutte contre les violences féminines » Intervenants : M. le Président, Mme Géradon, M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine................................................................................................................................................ 43 Question d'actualité de M. Jeholet à M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie, sur « la possible acquisition de Lampiris par Nethys » Intervenants : M. le Président, M. Jeholet, M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie........................................................................................................................................................................ 45 Question d'actualité de M. Drèze à M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative, sur « l'audit externe du Selor et ses conséquences au niveau des recrutements réalisés par la Wallonie » Intervenants : M. le Président, M. Drèze, M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative........................................................................................................................................ 46 Proposition de résolution concernant la limitation des allocations d'insertion et ses conséquences pour la Wallonie, déposée par Mme Ryckmans, MM. Hazée, Daele et Henry (Doc. 213 (2014-2015) N° 1 à 3).......................................... 47 Discussion générale Intervenants : M. le Président, M. Lefebvre, Mme Ryckmans, MM. Hazée, Henquet, Collignon, Legasse, Drèze, Mme Tillieux, Ministre de l'Emploi et de la Formation............................................................................................... 47 Pétition pour l'application stricte du principe de précaution en ce qui concerne les effets néfastes de l'utilisation de micro-ondes modulés par impulsions sur la santé de la population (Doc. 355 (2015-2016) N° 1)...................................59 Discussion générale Intervenants : M. le Président, M. Dermagne, Rapporteur, M. Lecerf, Mme Moucheron, M. Henry, M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal............................................................................................................................................................ 59 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Débat sur le suivi de la résolution du 25 mars 2015 visant à intensifier la lutte contre le dumping social en Région wallonne, en application de lʼarticle 70 du règlement Intervenants : M. le Président, M. Puget, M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative, MM. Evrard, Sampaoli, Mmes Ryckmans, Simonet....................................................65 Projets de motion déposés en conclusion de l'interpellation de M. Daele à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine, sur le plan Hôpitaux et ses implications sur la mobilité, par M. Daele (Doc. 366 (2015-2016) N° 1) et par Mmes Salvi et Kapompole (Doc. 367 (2015-2016) N° 1) Vote nominatif..................................................................................................................................................................... 79 Proposition de résolution concernant la limitation des allocations d'insertion et ses conséquences pour la Wallonie (Doc. 213 (2014-2015) N° 1 à 3) Vote nominatif..................................................................................................................................................................... 79 Conclusions de la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des transports sur la pétition pour l'application stricte du principe de précaution en ce qui concerne les effets néfastes de l'utilisation de micro-ondes modulés par impulsions sur la santé de la population, par MM. Henry et Daele (Doc. 355 (2015-2016) N° 1 et 2) Votes nominatifs.................................................................................................................................................................. 79 Liste des intervenants......................................................................................................................................................... 81 Index des matières.............................................................................................................................................................. 82 Abréviations courantes....................................................................................................................................................... 83 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 SÉANCE PLÉNIÈRE Présidence de M. Antoine, Président Le procès-verbal de la dernière séance plénière est déposé sur le bureau. OUVERTURE DE LA SÉANCE - La séance est ouverte à 10 heures 3 minutes. M. le Président. - La séance est ouverte. Chers collègues, Monsieur le Ministre-Président, soyez toutes et tous les bienvenus. Vous l'aurez compris, la séance est ouverte. ABSENCES MOTIVÉES M. le Président. - A demandé d'excuser son absence à la présente séance : – M. Lenzini, pour raisons de santé. ORDRE DU JOUR Approbation M. le Président. Mesdames, Messieurs, conformément à l'article 28.2 du règlement, la Conférence des présidents a procédé à l'élaboration de l'ordre du jour de la présente séance qui vous est soumis conformément à l’article 67.1. Ce document vous a été adressé. J’ai été saisi du dépôt des propositions suivantes : – la proposition de résolution visant à défendre le maintien des services de proximité dans les zones rurales, par MM. Fourny, Desquesnes, Arens et Mme Vandorpe (Doc. 370 (20152016) N° 1) ; – la proposition de résolution visant à rendre facultative la prise en compte des coûts liés au service de collecte des encombrants par les ressourceries dans le calcul du coût-vérité, par MM. Knaepen, Jeholet, Mme Durenne, M. Destrebecq, Mme De Bue et M. Bellot (Doc. 371 (2015-2016) N° 1) ; – la proposition de résolution portant sur les couleurs de l'écharpe d'échevin, par M. Legasse, Mme Lambelin, M. Lefebvre, Mme Morreale, MM. Dupont et Imane (Doc. 372 (2015-2016) N° 1). 1 Je vous propose d’ajouter leur prise en considération à notre ordre du jour. Quelqu'un demande-t-il la parole sur l'ordre du jour ainsi modifié ? Personne ne la sollicitant, l'ordre du jour ainsi modifié est adopté. COMMUNICATIONS M. le Président. - Chers collègues, la Cour des comptes m'a transmis le rapport d'audit de suivi relatif au contrôle de la qualité des travaux d'entretien du réseau routier et autoroutier de la Région wallonne. Il sera envoyé à la Commission des travaux publics, de l'action sociale et de la santé. Les institutions européennes, de leur côté, m’ont transmis une proposition de règlement pouvant faire l’objet d’un avis du Parlement ainsi que trois consultations. Divers documents m’ont été adressés : – le rapport annuel 2014 du fonds Houtman ; – le rapport d'information concernant l'examen des possibilités de créer un régime légal de coparentalité. Ils ont été envoyés aux commissions concernées. Le Gouvernement, de son côté, nous a transmis vingt-cinq arrêtés de reventilation des crédits budgétaires : – les arrêtés ministériels portant transfert de crédits entre les divisions organiques 09, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 32, 33 et 34 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; – les arrêtés ministériels portant nouvelle ventilation des allocations de base des divisions organiques 02, 12, 13, 14, 15, 16, 17, et 18 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; – l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base des programmes 02 et 03 de la division organique 13 du budget général P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 – – – – – – – – – – – – des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base des programmes 02 et 11 de la division organique 14 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base du programme 02 de la division organique 17 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base du programme 02 de la division organique 02 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base des programmes 11, 12, 13, 14 et 15 de la division organique 17 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base du programme 03 de la division organique 18 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base des programmes 03, 12 et 13 de la division organique 15 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base du programme 21 de la division organique 16 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base des programmes 11, 12, 13 et 14 de la division organique 17 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base du programme 23 de la division organique 18 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base des programmes 03, 04, 11 et 12 de la division organique 15 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base du programme 11 de la division organique 13 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base du programme 03 de la division organique 15 du budget général des – – – – – – – – – – dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant nouvelle ventilation des articles de base du programme 12 de la division organique 17 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant transfert de crédits entre les programmes 01, 11 et 12 de la division organique 14 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant transfert de crédits entre les programmes 02 et 12 des divisions organiques 13 et 17 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant transfert de crédits entre les programmes 01 et 07 des divisions organiques 10 et 15 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant transfert de crédits entre les programmes 02 et 10 des divisions organiques 09 et 33 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant transfert de crédits entre les programmes 01, 02, 03, 04, 09, 11, 21 et 31 des divisions organiques 09, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 32 et 34 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant transfert de crédits entre les programmes 01 et 14 de la division organique 17 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant transfert de crédits entre les programmes 02 et 03 de la division organique 13 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant transfert de crédits entre les programmes 01, 02 et 08 des divisions organiques 09, 15 et 34 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015 ; l'arrêté ministériel portant transfert de crédits entre les programmes 03 et 04 de la division organique 15 du budget général des dépenses de la Région wallonne pour l'année budgétaire 2015. Ces arrêtés seront transmis aux membres de la Commission du budget et de la fonction publique. La Cour constitutionnelle m’a fait parvenir trois notifications d’arrêts : P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 2 – – – la notification de l'arrêt n° 178 du rôle 6056 concernant le recours en annulation partielle de la loi du 11 février 2014 portant des mesures diverses visant à améliorer le recouvrement des peines patrimoniales et des frais de justice en matière pénale et de la loi du 11 février 2014 portant des mesures diverses visant à améliorer le recouvrement des peines patrimoniales et des frais de justice en matière pénale, introduit par l’« Orde van Vlaamse balies » et Dominique Matthys ; la notification de l'arrêt n° 179 du rôle 6058 concernant la question préjudicielle relative à l’article 2262bis, § 1er, alinéas 1er et 2, du Code civil, posée par la Cour d’appel de Mons ; la notification de l'arrêt n° 180 du rôle 6087 concernant la question préjudicielle concernant l’article 38, § 3, du décret de la Région wallonne du 12 avril 2001 relatif à l’organisation du marché régional de l’électricité, tel qu’il a été remplacé par l’article 13 du décret du 4 octobre 2007, posée par le Conseil d'État. La liste reprenant les documents, les arrêtés de reventilation des crédits budgétaires et les notifications d’arrêts de la Cour constitutionnelle a été adressée aux membres. Tous les documents cités sont à la disposition des parlementaires qui émettraient le souhait d’en prendre connaissance. DOCUMENTS Prises en considération M. le Président. - L'ordre du jour, chers collègues, en application de l'article 126 du règlement, appelle le Parlement à se prononcer sur la prise en considération des propositions suivantes : – la proposition de résolution déposée par MM. Fourny, Desquesnes, Arens et Mme Vandorpe (Doc. 370 (2015-2016) N° 1) ; – la proposition de résolution déposée par MM. Knaepen, Jeholet, Mme Durenne, M. Destrebecq, Mme De Bue et M. Bellot (Doc. 371 (2015-2016) N° 1) ; – et enfin, la proposition de résolution déposée par M. Legasse, Mme Lambelin, M. Lefebvre, Mme Morreale, MM. Dupont et Imane (Doc. 372 (2015-2016) N° 1). Elles ont été imprimées et distribuées. Quelqu'un demande-t-il la parole sur leur prise en considération ? 3 Personne ne demandant la parole, les propositions sont prises en considération. Pour la discipline de nos travaux, la proposition n° 370 sera envoyée à la Commission de l'agriculture et du tourisme, la proposition n° 371 à la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des transports et la proposition n° 372 à la Commission des pouvoirs locaux, du logement et de l'énergie. DOCUMENTS Dépôt M. le Président. - La liste des projets de décret adressés au Parlement par le Gouvernement et des rapports de commission a été adressée aux membres : – le projet de décret insérant dans le Code wallon de l'Action sociale et de la Santé des dispositions relatives aux centres de coordination des soins et de l'aide à domicile (Doc. 368 (2015-2016) N° 1) ; il a été envoyé à la Commission des travaux publics, de l’action sociale et de la santé, imprimé et distribué ; – le projet de décret modifiant le Livre II du Code de l'Environnement contenant le Code de l'Eau en vue de déclarer les secteurs publics issus du domaine de l'eau comme étant des services d'intérêt économique général (Doc. 369 (2015-2016) N° 1) ; il a été envoyé à la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et des transports, imprimé et distribué ; – le rapport présenté au nom de la Commission des affaires générales et des relations internationales par Mme Zrihen sur la politique de relations internationales de la Région. Présentation de la note de politique internationale de la Région par M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon. Audition de : M. Monceau, Haut-Représentant de WBI à Genève pour les droits fondamentaux, la société de l'information et l'économie numérique ; Mme Delcomminette, Administratrice générale de WBI et de l'AWEx. Il a été imprimé et distribué sous le n° 358 (20152016) N° 1 ; – le rapport présenté au nom de la Commission spéciale relative au renouveau démocratique par Mme Morreale et M. Dermagne sur la démocratie citoyenne et participative en ses aspects généraux et en ses aspects juridiques. Audition de : M. Schoune, Secrétaire général d'InterEnvironnement Wallonie ; M. Derenne, Directeur exécutif de la Fondation pour les générations futures ; P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 M. Pilet, Professeur de sciences politiques à l'Université libre de Bruxelles ; M. Reuchamps, Professeur de sciences politiques à l'Institut de sciences politiques Louvain-Europe (SPOLE) ; M. Tulkens, Professeur en droit constitutionnel aux Facultés universitaires Saint-Louis ; Mme Bourgaux, Professeur à la Faculté de droit de l'Université libre de Bruxelles ; M. Verdussen, Professeur à la Faculté de droit de l'Université catholique de Louvain ; M. Uyttendaele, Professeur à la Faculté de droit de l'Université libre de Bruxelles. Il a été imprimé et distribué sous le n° 365 (2015-2016) N° 1. Son contenu sera reproduit in extenso dans le compte rendu. d'armes au départ de la Région wallonne et de toutes ces circonstances qui s'accrochent à l'actualité. C'est un dossier sensible parce qu'il est sous le feu des projecteurs. Aujourd'hui, tout le monde y va de son appréciation de la situation. C'est surtout un dossier que je qualifie de sensible au regard de son sujet et de la matière exportée. On ne parle pas de nos produits wallons, de la bière, du fromage et j'en passe. On parle d'armes, tous types d'armes, pas seulement les armes de poing. On parle d'explosifs, de matériel informatique, et bien plus encore. C'est un dossier sensible également au niveau éthique de par l'actualité. Nul ne peut dire aujourd'hui que le terrorisme n'a pas frappé à nos portes. On en parlait encore ce matin dans notre Ville de Charleroi, Monsieur le Ministre-Président, puisque certains terroristes y seraient passés. Voilà ce qui clôture les communications de service, qui va nous mettre en jambes pour l'ordre du jour de ce matin, qui – rappelez-vous, appelle le débat. C'est un dossier sensible au niveau de l'éthique eu égard au décret qui est applicable en la matière. Comme je me plais à le répéter, je suis un légaliste et, le décret, ce sont les différentes règles qui doivent s'appliquer en la matière, on ne peut y déroger. DÉBAT SUR LES EXPORTATIONS D'ARMES, EN APPLICATION DE LʼARTICLE 70 DU RÈGLEMENT Enfin, c'est un dossier sensible au niveau éthique de par les pays importateurs de nos armes wallonnes, plus spécifiquement le pays qui est mis en avant, peut-être de manière malheureuse, l'Arabie saoudite. M. le Président. - L’ordre du jour appelle le débat sur les exportations d'armes, en application de lʼarticle 70 du règlement. Nous avons, à la Conférence des présidents – rappelez-vous – convenu du temps de parole suivant : – pour le MR, 20 minutes ; – PS, 15 ; – Ecolo, 8 ; – cdH, 15 ; – PTB-GO !, 5 ; – et indépendant, 3. Bien sûr, c'est une indication du temps de parole, mais si vous pouviez, autant que faire se peut, le respecter, nous pourrions mieux dialoguer. Le ministreprésident disposera de 30 minutes pour réagir à l'ensemble des questions et des suggestions qui lui sont développées. Ont sollicité la prise de parole – je le donne dans l'ordre : M. Tzanetatos qui ouvrira le bal de ces discussions, M. Collignon, Mmes Ryckmans, Simonet, MM. Gillot et Puget. Nous clôturerons par M. Jeholet, Mme Zrihen et M. Fourny. La parole est à M. Tzanetatos. M. Tzanetatos (MR). - Monsieur le MinistrePrésident, c'est un dossier ô combien important que nous avons à traiter ce jour, puisqu'il s'agit des ventes C'est également un dossier sensible parce que, d'un point de vue économique et social, l'exportation d'armes et de tous types d'armes représente un montant important pour notre économie wallonne, mais également pour nos emplois wallons. Enfin, c'est mon président de groupe qui abordera la question, également à la une de certains quotidiens, c'est la question de la privatisation d'une de nos entreprises wallonnes, la FN Herstal pour ne pas la citer. Au niveau éthique, le pays pointé du doigt est l'Arabie saoudite. D'aucuns s'accordent pour souligner son caractère schizophrénique, parce que l'Arabie saoudite est à la fois alliée dans la lutte contre Daesh et participe aux différents bombardements de la coalition, mais elle est également pointée du doigt dans sa collaboration avec Daesh dans sa guerre avec Sunnites et Chiites à l'égard de l'Iran et plus spécifiquement au Yémen. L'Arabie saoudite est un pays qui représente un peu plus de 3,6 milliards d'euros d'exportation pour l'année 2014. On sait que le chiffre est un peu gonflé par le caractère exceptionnel du contrat de CMI qui représente 3,2 milliards d'euros, mais en moyenne, on est à 4,5 millions d'euros par an pour ce pays. On ne doit pas forcément différencier l'économie de l'éthique, les deux vont de pair et les deux doivent aller de pair. La règle en la matière, c'est notre fameux décret P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 4 de 2012. Certains ont qualifié ce décret de trop sévère à l'époque. Peut-être que la position pourrait être revue au regard de l'actualité. On ne connaissait pas cette montée du terrorisme en 2012, aujourd'hui elle est bien présente et personne ne peut dire le contraire. Ces règles présentes dans notre décret, qui est la loi applicable en matière des licences d'exportation, ne font, grosso modo, que retranscrire les différents critères qui font partie de la position commune au niveau de l'Union européenne. C'est au regard de ces différents critères que vous avez la main pour octroyer ou non ces licences d'exportation. On parle de la Wallonie et d'éventuels conflits d'intérêts – ce qui sera abordé par après par M. Jeholet –, mais c'est la Wallonie qui est peut-être ciblée au sens trop large, parce que c'est M. le MinistrePrésident qui a la main en matière des licences d'exportation. On le sait, la procédure prévoit que c'est soit l'administration pour les dossiers dits simples qui donne son accord et c'est un accord après vérification des normes administratives. Pour les dossiers dits sensibles, vous avez un avis de WBI et pour les dossiers dits très sensibles, vous avez une commission d'avis qui vous dresse, au regard de ces mêmes critères vantés dans le décret et des critères européens, la ligne de conduite à suivre en matière de licence d'exportation. Au final, tout vous revient à vous, Monsieur le Ministre-Président, puisque vous êtes le seul maître en la matière. C'est d'ailleurs un peu regrettable, parce que nous avons une Sous-commission armes qui arrive, comme je me plais à le dire, comme les carabiniers d'Offenbach. Pourquoi ? Parce que nous avons, en septembre 2015, analysé le rapport de 2014, plus d'un an et demi après. Nous avons, au cours de chaque année, à analyser des rapports confidentiels qui sont des rapports semestriels. On arrive beaucoup trop tard pour émettre un avis, à tout le moins des critiques. Les dés sont déjà jetés, les décisions sont déjà prises et vu le délai, je peux déjà dire que les contrats sont déjà exécutés. Un dossier éthique, encore, comme je vous le disais, par rapport à ce même pays qu'est l'Arabie saoudite. La position à adopter par rapport à ce pays varie en fonction des groupes politiques, en fonction des sensibilités et même en fonction des ONG qui prennent la parole pour défendre le sujet. M. le Ministre Reynders, je pense, a eu l'expression la plus fiable et la plus judicieuse en la matière. Que vous dit-il ? Il vous dit : « On n'a rien à gagner en rompant les relations diplomatiques avec l'Arabie saoudite ». À partir du moment où un pays, même s'il est critiquable sous certains aspects, est un partenaire, il faut le garder à la table des discussions, parce que se 5 tourner le dos, cela vaut pour les relations diplomatiques, pour l'amitié, dans un couple, se tourner le dos et partir chacun de son côté, cela n'arrange jamais rien et l'on reste avec ses positions braquées. Il faut, au regard de vos critères – que vous devez appliquer – entamer un dialogue concret. Votre décret vous offre les armes pour avoir un dialogue concret et, à tout le moins, les garanties vers les pays importateurs. Quand je dis « vous offre des possibilités et des armes », j'entends notamment le certificat de destination finale. On peut entamer un dialogue serein sur l'utilisation qui sera faite des armes wallonnes en veillant à respecter ce certificat de destination finale, ce qui n'est pas encore utilisé dans votre chef. Voilà, grosso modo, ce que j'avais à vous dire. Ce que je reproche à ce décret de 2012 – parce qu'une de mes questions et j'espère que vous y répondrez, c'est : quelle est votre position par rapport à ce décret de 2012 ? – c'est son manque de transparence et, plus encore, le manque de transparence n'est pas soulevé uniquement par mon parti, il est soulevé par la Cour constitutionnelle qui, en 2013, a émis une décision, qui pointe une violation de la Constitution à l'égard de deux articles : l'article 19 et l'article 21. Les décisions d'octroi de licences d'exportation doivent être rendues publiques. Peu importe le caractère dangereux ou délicat des informations qu'elles contiennent, vous avez encore la possibilité administrative et juridique de pouvoir vous retrancher sur un caractère secret, mais à tout le moins, on doit partir du postulat que ces licences d'exportation doivent être connues, même de votre Sous-commission armes. Deuxième point, les avis qui vous sont rendus par cette Commission d'avis, ce sont des actes administratifs. Or, le décret dit totalement l'inverse et, par conséquent, n'étant pas considérés comme des actes administratifs, ils peuvent être confidentiels. La Cour constitutionnelle vous dit que c'est illégal et que ces avis doivent être communiqués parce qu'il s'agit bien d'un acte administratif. Je vous l'ai dit, c'est un arrêt qui date de 2013, cela va bientôt faire trois ans. Vous auriez pu me dire qu'en 2013, vous n'étiez pas ministre-président, mais étant ministre-président depuis un an et demi, vous avez votre part de responsabilité sur ces trois ans. J'attends donc une position claire par rapport à ce décret. Enfin, je vous dirai, Monsieur le Ministre-Président, bien avoir égard au caractère sensible au niveau de l'économie. Cela représente plusieurs milliards d'euros pour l'économie wallonne, cela représente des milliers d'emplois et il est évident que la Région wallonne doit avoir égard à ces deux critères qui seront également abordés par mon chef de file dans toutes ces prises de décision. Toutefois, la loi est la loi et en tant que bon P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 légaliste que je suis et que je suis certain que vous êtes, vous devez la respecter. M. le Président. - La parole est à M. Collignon. M. Collignon (PS). - Monsieur le Président, Monsieur le Ministre-Président, Monsieur le Viceprésident, Mesdames, Messieurs, chers collègues, c'est évidemment un débat important où effectivement, au cours de la semaine, on a eu différentes positions variées et au sein même des formations politiques. C'est dire si le débat est ouvert. En préambule, je souhaiterais poser deux idées. La première, c'est un débat qui est important, mais un débat qui doit trouver le difficile équilibre entre l'éthique, les intangibles respects des droits de l'homme devant lesquels nous ne pouvons pas reculer et l'importance économique que revêt le dossier. La FN emploie 2 600 personnes, un chiffre d'affaires extrêmement important. On vient encore de donner un dividende de 10 millions d'euros à la Région wallonne avec un chiffre d'affaires consolidé à 678 millions d'euros, avec une perspective de croissance de 23 %. C'est dire tout de même l'enjeu du défi. Je voudrais aussi m'adresser à ceux qui, de l'autre côté – je parle du nord du pays – il n'y a pas en Belgique une vision où, d'un côté, on aurait tout compris, où l'on serait parfaitement éthique, et un petit village reculé au sud où l'éthique n'aurait pas traversé nos esprits. Je pense que ce sont des vues de l'esprit. C'est un débat extrêmement hypocrite que de réserver ce débat uniquement aux ventes d'armes. Les différentes questions que je poserai, je vais les aborder et y apporter peut-être ma sensibilité. Le premier débat qui se pose, c'est de savoir si, en Wallonie, on doit continuer à vendre des armes. C'est la première des questions. Je pense que le débat s'est fait lorsque l'on a discuté le précédent décret, que ce décret est extrêmement restrictif, qu'il est même un des plus restrictifs d'Europe et que, d'autre part, cette législation, si elle doit évoluer, il faut que la musique aille partout en même temps en Europe. Sinon, nous serions les dindons de la farce puisque d'autres pays, d'autres sousrégions continueraient à exporter les armes et cela ne changerait rien au problème. Donc, un, je pense que ce débat doit avoir lieu au niveau européen. Deuxièmement, doit-on continuer à vendre des armes à l'Arabie saoudite ? C'est effectivement la lourde responsabilité que fixe ce décret au ministre-président et donc, dans l'examen, au cas par cas des licences qui lui sont soumises. De ce point de vue, aujourd'hui, la législation a été parfaitement respectée puisque les feux étaient au vert, si je puis m'exprimer ainsi. Par rapport aux différents renseignements donnés par le ministre des Affaires étrangères, l'Arabie saoudite ne figure pas parmi les pays déclarés sur liste rouge. D'autre part, elle fait partie également de la coalition contre Daesh. Quand j'entends les expressions des uns et des autres, on se refuse à s'orienter – je viens encore d'entendre le représentant du MR – vers un embargo commercial. Si j'ai bien entendu les choses, si j'ai bien lu M. Peeters, si j'ai bien retenu les déclarations du ministre des Affaires étrangères, c'est ce que j'en retiens. Dès lors, c'est la question qui se pose par rapport aux informations particulières que le ministre-président aurait. Troisième élément, c'est de se dire : doit-on limiter ce débat aux ventes d'armes ? Ou par le fait de commercer avec des États de ce type, ne soutient-on pas également le régime ? Il n'y a pas que les armes, d'une part, les armes de poing, il y a tous les composants. On sait que c'est au nord du pays que l'on fournit ces composants. Il y a aussi d'autres relations commerciales, lorsque l'on achète du pétrole qui va directement chez Daesh, doit-on continuer à vendre du pétrole ? Lorsque l'Arabie saoudite, Anvers, va investir des montants de l'ordre de 3,7 milliards d'euros, doit-on accepter cet investissement ? Par là, ne soutient-on pas ce type de régime ? Limiter le débat aux ventes d'armes est extrêmement hypocrite, réducteur, et ne préjudicie qu'une seule partie du pays, la nôtre. Il faut faire face à ses responsabilités, mais il faut prendre le problème dans sa globalité. Reste alors la question de savoir s'il faut « privatiser » – je n'aime pas cette expression – vendre des parts de la FN. C'est une question qui peut se poser. Je dois d'abord répondre par une prémisse, c'est de dire que mon parti pense – à titre personnel, je n'ai pas de position dogmatique sur ce sujet – qu'il n'est pas nécessairement du rôle de l'État de se maintenir dans des entreprises. Ceci étant, poser la question, c'est aussi poser la question du moment. Personnellement, je ne connais pas beaucoup d'entreprises qui se mettent sur le marché et sollicitent un repreneur lorsque l'on critique une part de leurs contrats, une part de leurs valeur faciale. Par ailleurs, j'ai rappelé les différents chiffres, l'entreprise se porte bien, elle est en croissance, elle rentre des dividendes à la Région wallonne. À titre personnel, je pense que ce débat vient à un très mauvais moment ; ces types de débat ne se font pas sur la place publique. Faut-il, dans cette optique, vendre une partie des parts et conserver, comme M. Jeholet le suggérait, 25 % des parts pour avoir un peu de contrôle ? À titre personnel, sur le plan de l'argument du fait de dire que la Région wallonne n'ayant plus l'ensemble des parts ne se trouverait plus dans une position contrôleur et contrôlé, je pense que cela ne tient pas à l'examen. Que P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 6 vous ayez 25 % des parts ou 100 % des parts, vous avez toujours un intérêt. Je ne pense pas que de ce point de vue, cette proposition résiste à l'analyse. Faut-il, dès lors, reprendre également l'argument selon lequel, lorsque la puissance publique est investie dans ce type de mission, elle est plus regardante ? C'est une réalité, elle est plus regardante à l'éthique qu'une société privée. Ce qui me fait dire que lorsque l'on voit la balance d'intérêt, l'examen des conditions des délivrances de contrats, c'est au cas par cas, en fonction des informations qui sont fournies par l'État fédéral, en fonction aussi d'une aptitude internationale parce que, je le répète, limiter ce débat aux ventes d'armes est hypocrite. Si vous continuez à commercer avec ce type de pays et que vous limitez uniquement le débat, stricto sensu, aux ventes d'armes de poing, vous n'avez fait qu'une partie du chemin, vous vous êtes donné bonne conscience et vous aurez fait perdre tout un pan économique, un secteur économique important en région liégeoise qui a déjà beaucoup souffert par le passé. C'est en tout cas la position, qu'à titre personnel, je défends. Pour ne pas être trop long et pour laisser un peu de temps à ma collègue, voici les éléments d'analyse du dossier que je souhaitais soumettre à M. le MinistrePrésident en résumant mes questions. S'oriente-t-on vers une révision du décret ? Quelle est son attitude par rapport aux délivrances de licences d'armes par rapport au pays concerné, à savoir l'Arabie saoudite ? Avez-vous des informations particulières quant à un embargo international, relativement à ladite Arabie saoudite ? Quelle est la position relativement à l'actionnariat de la FN Herstal ? Voici mes questions résumées dans cet important débat, merci de votre attention. M. le Président. - La parole est à Mme Ryckmans qui dispose d'environ huit minutes pour le groupe Écolo. Mme Ryckmans (Ecolo). - Monsieur le MinistrePrésident, chers collègues, ce débat revient au Parlement à cause de l'actualité, et c'est surtout cela qui importe aujourd'hui. Il est à la croisée des enjeux éthiques de l'emploi, mais aussi de la sécurité. La situation devient de plus en plus grave dans le Moyen-Orient. Une série d'éléments d'actualité pose aujourd'hui la question des livraisons d'armes wallonnes à l'Arabie saoudite. Ce sont tout d'abord les interventions saoudiennes de répression au Yémen, entamées avec l'opération « tempête décisive » qui a 7 débuté le 26 mars 2015, suite à une demande du Président yéménite Hadi. Ces interventions prennent cadre dans un contexte instable issu du printemps arabe qui a aussi secoué le Yémen. Des milliers de frappes ont été menées sans discrimination, parfois sur des cibles civiles, entraînant des soupçons de crimes de guerre. Elles ont provoqué des centaines de morts et la destruction d'infrastructures civiles comme des centres de soins, des écoles, des usines, des centrales électriques, des ponts et des routes. Ce sont aussi les tensions de plus en plus vives entre l'Arabie saoudite et l'Iran chiite qui rend la région proprement explosive et l'évolution totalement imprévisible, sans qu'aucun scénario ne puisse être exclu, d'autant que ces tensions s'aggravent avec, en toile de fond, l'expansion de l'organisation Daesh et ses multiples influences, Daesh et ses répercussions jusque dans notre pays, sans compter le rôle de certains responsables saoudiens dans le financement du terrorisme international, pour reprendre les termes d'une résolution adoptée par la Chambre il y a quelques mois. Ce sont encore – et ce contexte n'est pas sans lien – les exécutions opérées par Riyad qui se multiplient. L'exécution récente de 47 personnes en une seule journée, dont le chef de religion chiite Nimr Baqr alNimr figure dans la contestation contre les régimes saoudiens, a, du reste, provoqué une nouvelle onde de choc dans le monde. Tous ces éléments sont à même de déstabiliser fortement la région. Or, ce pays reste, étrangement, considéré comme stable par la diplomatie wallonne, alors que tous les signes sont là pour illustrer une évolution indéniable du régime depuis un an, depuis l'accession au trône du roi Salman. Ce pays est considéré par d'aucuns comme un allié dans la lutte contre Daesh alors que ses ressources alimentent un islamisme radical qui est en passe d'embraser le monde. Ce pays dit stable, dit allié, est régulièrement évoqué pour sa négation des droits humains, sa négation des libertés fondamentales telle la liberté d'expression et le cas emblématique de Raif Badawi illustre le raidissement du régime, sa négation du droit des femmes. Ce pays dit stable et allié s'est sinistrement distingué par son intervention militaire dans la répression des forces de position au Yémen et par les exécutions massives d'opposants chiites le 3 janvier dernier. Tout ceci justifie largement que le ministre-président se penche sur la situation, que le Gouvernement wallon réexamine sa position et qu'il agisse, par ailleurs, avec les responsables des autres pays européens pour faire pression sur le régime. Non, Monsieur Magnette, vous ne pouvez pas faire comme si rien ne se passait. Vous ne pouvez pas P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 minimiser les montants des contrats de la FN avec l'Arabie saoudite comme vous avez tenté de le faire, car le débat n'est pas là. Vous ne pouvez pas, surtout, vous tenir à une position que les faits d'actualité vous obligent à réexaminer. concertation européenne ? Selon le ministre fédéral des Affaires étrangères, la dernière concertation belge organisée par les Affaires étrangères a eu lieu en avril 2015. La concertation est-elle prévue ? Sinon, l'avez-vous demandée ? Il est clair aujourd'hui que plusieurs des huit critères de la position commune de l'Union européenne ne sont plus du tout respectés concernant ce pays. Il y a d'abord le critère du respect des droits humains dans le pays de destination finale. Vous aviez vous-même répondu il y a peu que l'Arabie est un pays stable entouré de pays instables et que, à ce titre, il n'y avait pas de raison de suspendre les contrats d'armement, bien que la question du respect des droits humains soit posée. Deuxième volet : le volet européen. Le groupe d'exportation d'armes conventionnelles, le COARM, doit se réunir dans quelques jours, le 20 janvier. Quelle sera votre position lors de ce COARM ? Quelle position la Wallonie va-t-elle défendre à l'égard de ce pays et de l'évolution qu'il connaît ? En son sein d'une part et dans son rapport, on l'a dit, avec ses voisins d'autre part, essentiellement, le Yémen et l'Iran. Cette situation se dégrade manifestement. Nous avons déjà évoqué le cas de Raif Badawi, ce blogueur condamné à la torture comme d'autres prisonniers politiques, prisonniers d'opinion, pour ses propos sur la toile. Nous ne pensons pas que ces exécutions croissantes après des simulacres de procès relèvent des affaires intérieures de l'Arabie saoudite. Il y a ensuite le critère de la préservation de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionale. Il y a enfin le critère du respect par le pays acheteur du droit international, y compris le droit en temps de guerre et le droit humanitaire. Monsieur Magnette, le droit européen et le décret wallon vous imposent de respecter ces critères et l'évolution de la situation devrait amener à un réexamen de la position wallonne d'exportation d'armes à l'Arabie saoudite. Mon interpellation va porter sur trois volets, en nous situant à partir de trois points de vue différents : – le droit ; – l'éthique ; – l'économie. Ces trois points de vue doivent mieux s'aligner afin de gagner en cohérence. C'est cette cohérence accrue entre droits humains et commerce qui va fonder la légitimité des choix de la Wallonie à vendre ou non des armes et surtout à qui. Premier volet : le volet belgo-belge. Les Affaires étrangères vous ont écrit, Monsieur Magnette, pour attirer votre attention sur les relations entre la Belgique et l'Arabie saoudite. La Flandre a refusé une licence d'exportation. Des ministres fédéraux se sont exprimés sur nos relations avec ce pays. N'est-il pas nécessaire de proposer une nouvelle concertation belge ? N'y a-t-il pas urgence de l'organiser ? Vous aviez évoqué l'initiative d'un tour de table concernant l'Arabie saoudite le 12 novembre dernier. Qui était associé à cette réflexion et sur quoi portaitelle ? S'agissait-il d'une concertation fédérale ou d'une Selon le ministre fédéral des Affaires étrangères, répondant à une question de mon collègue, Benoit Hellings, au Fédéral, c'est la Belgique qui a ouvert deux fois au COARM une discussion sur l'Arabie saoudite comme pays de destination. Dans quel sens ? Vous n'avez pas souhaité vous exprimer en commission sur la position des autres États européens, comme, par exemple, sur les positions adoptées par la Suède et par l'Allemagne. En Angleterre également, des voix s'élèvent pour demander au Gouvernement de suspendre les licences. Elles dénoncent le risque clair que l'équipement militaire soit utilisé en violation du droit humanitaire international. Vous avez refusé jusqu'ici de vous exprimer sur ces positions. Pourtant, elles ont dû vous être communiquées. Nous renouvelons nos questions à ce sujet. Comment les différents États européens analysentils l'évolution de la situation ? Ont-ils suspendu l'octroi de licences ? Dans ce cas, qu'en faites-vous ? Votre position peut-elle rester celle du maintien de l'octroi des licences au prétexte qu'elles ne sont pas très élevées ou que d'autres pourraient les livrer ? À quoi bon un cadre juridique commun s'il n'y a pas de stratégie concertée ? Nous vous invitons à être proactif et vous demandons clairement de prendre l'initiative d'une concertation européenne passant par la suspension des livraisons d'armes. Vous le savez et au contraire de ce que vous avez toujours voulu faire croire, si le cadre juridique est européen, son application est nationale. Ce n'est pas l'Europe qui peut décider quoi que ce soit. La décision d'octroi des licences est de responsabilité nationale et, en Belgique donc, régionale. Le troisième volet, c'est le volet wallon. Il y a, d'une part, ce qui concerne la mise en œuvre du décret de 2012. Sur le papier, il s'agit a priori d'un texte très exigeant et c'est heureux. Il reprend exactement les critères du COARM. C'est sous la pression des écologistes qu'il en a été ainsi, malgré l'opposition du MR à l'époque. Nous sommes heureux de constater que les syndicats s'y réfèrent aujourd'hui. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 8 Dans son application, sa mise en œuvre appelle manifestement des interprétations. Là, plusieurs questions se posent. Première question, la signature que vous donnez et que vous donnez seul, Monsieur le Ministre-Président, pour des licences d'exportation, doit se baser exactement sur les mêmes critères que ceux de la position commune. Qu'en pensez-vous ? Les critères sont-ils respectés ? Nous estimons aujourd'hui que non. Monsieur le Ministre-Président, le droit européen et le décret wallon vous imposent de respecter ces critères et doivent vous amener à suspendre ces exportations à destination de l'Arabie saoudite. Deuxième question, le décret n'est pas non plus respecté concernant l'utilisateur final des armes concernées par les licences d'exportation vers le Canada. Vous avez rappelé en décembre que l'utilisateur final des armes est authentifié par les postes diplomatiques belges. Vous ne m'avez pas répondu quand je vous ai interrogé sur la destination finale. On le sait maintenant, il apparaît que l'utilisateur des tourelles de chars CMI, c'est bien l'Arabie saoudite. Quelle utilisation ne risquet-il pas d'en être faite ? Avez-vous eu des échanges avec le ministre canadien des Affaires étrangères concernant les apaisements qu'il aurait reçus de l'Arabie saoudite quant à l'utilisation non problématique des chars qui seront livrés ? Surtout, tant la position commune que le décret wallon imposent d'indiquer le destinataire final dans la licence d'exportation. Ne pas le mentionner est contraire à la réglementation. Comment expliquez-vous cette absence de la mention Arabie saoudite ? M. le Président. - Madame Ryckmans, puis-je vous inviter à conclure ? Mme Ryckmans (Ecolo). - Il me reste deux questions. Je vais conclure par les propositions que nous faisons ; deux questions sur la nécessaire transparence, notamment sur l'utilisateur final. Cela devrait être mentionné dans le rapport public qui est le rapport annuel. Quatrième question, déjà évoquée, c'est l'adoption des deux arrêtés prévus dans le décret, qui se font toujours attendre. L'absence de ces deux arrêtés n'empêche pas d'appliquer le décret, mais ces arrêtés restent à adopter. Nous vous demandons une nouvelle fois de les faire adopter. Pour finir, comment aborder le débat de l'actionnariat de la FN que certains ont joint à ce jeu de l'exportation d'armes ? Il y a de bonnes questions à poser. Il y a certainement matière à progresser ; j'y reviendrai. C'est une autre question qui est posée, celle d'une possible privatisation. Nous voulons d'abord dire que cela ressemble d'une certaine manière à une 9 diversion. Mal à l'aise avec l'Arabie saoudite, certains semblent vouloir parler d'autre chose. Il est clair que ce n'est pas la vocation première de la Wallonie d'être actionnaire d'une entreprise de fabrication d'armes. Chacun sait que, si tel est le cas, c'est pour des raisons historiques, lorsqu'il a fallu pallier les déficiences du secteur privé. Aujourd'hui, dans le monde tel qu'il est, la priorité pour la Wallonie, pour consolider l'emploi, est de réfléchir à la diversification de la FN, la diversification de ses clients et celle de ses produits. Il n'est en effet ni éthiquement responsable, ni économiquement raisonnable pour l'emploi, que cette entreprise soit à ce point dépendante d'un client aussi important. Il s'agit d'orienter davantage, via la SRIW, la politique commerciale de la FN Herstal vers des marchés plus sûrs, vers des États qui respectent les droits humains et dans lesquels les armes ne risquent pas, pour une raison ou une autre, d'être détournées de leur utilisation. Si un investisseur veut racheter le groupe, il faut examiner son projet industriel. M. le Président. - Madame la Députée... Mme Ryckmans (Ecolo). - Dans le contexte actuel de la montée de groupes terroristes, capables de créer des foyers d'insurrections et de violences dans de nombreuses parties du monde, y compris en Belgique, des marchés hasardeux constituent un vrai danger qui pourrait se retourner contre nous. Je termine ma dernière phrase. Il s'agit également d'adapter, le cas échéant, l'offre en fonction de la demande de ces nouveaux clients. Les marchés de la sécurité, cette sécurité qu'il semble bien nécessaire de mettre en place actuellement pour faire face aux menaces terroristes, peuvent être pertinents, dans la mesure où, justement, ils sont encadrés par l'État de droit et définis dans le respect des libertés individuelles. Pour engager cette diversification dans le développement de l'emploi, la direction de FN Herstal doit avoir une vision stratégique. Nous pensons également que l'actionnariat de la Région doit être un point d'appui. Il faudrait qu'elle s'en serve. (Applaudissements) M. le Président. - Désolé, mais je me dois, par équité, de faire respecter le temps de parole proportionnel au nombre d'élus composant les différents groupes de cette assemblée. La parole est à Mme Simonet qui dispose d'environ 15 minutes, mais à partager avec son président de groupe. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Mme Simonet (cdH). - Monsieur le MinistrePrésident, en accord avec mon président de groupe, M. Fourny, nous allons nous partager ces 15 minutes. Il est vrai que j'interviens avec une double casquette qui est celle d'avoir exercé cette compétence extrêmement difficile qui est la vôtre et aussi celle d'être Liégeoise. Je voudrais dire, au nom des Liégeois, qu'ils sont aussi sensibles à l'éthique et qu'ils ne sont pas des brutes épaisses qui n'y comprennent rien. (Applaudissements) Ce préambule étant fait, le débat d'aujourd'hui s'inscrit dans un contexte multiple. Il faut avant tout procéder avec ordre et méthode et avec sérénité. Le contexte est international avec des tensions extrêmement vives au Proche et au Moyen-Orient, dans les pays du Golfe, avec des violations des droits de l'homme – cela vient d'être répété – des exécutions de masse perpétrées par le groupe Daesh dans ces régions du monde qui sont extrêmement sensibles. Il faut être conscient que, dans ce contexte bien plus large, nous sommes amenés à nous poser des questions. Elles sont multiples, notamment concernant l'Arabie saoudite. Poser les questions sur l'Arabie saoudite ouvre aussi le problème de les poser avec d'autres pays. Ce constat n'est pas nouveau et le cdH a souvent été amené à se prononcer sur le sujet des armes dans des contextes difficiles, notamment mon excellente collègue Mme Salvi. Il y a trois thématiques : – l'éthique ; – la dimension économique ; – la question précise de l'Arabie Saoudite. S'il est une question qui occupe de manière transversale tout le débat qui se pose aujourd'hui, c'est celle de l'éthique. L'éthique et le commerce des armes entretiennent des relations complexes et tumultueuses. Produire des armes n'est pas illégal, mais ce n'est pas anodin et nous en sommes conscients. C'est un problème qui revient d'ailleurs régulièrement au sein de notre assemblée. La compétence a été régionalisée en 2003 suite à des problèmes communautaires. À cet égard, je ne pense pas que la Flandre ait des leçons à nous donner ou des conseils. M. Bourgeois oublie de préciser que les troupes saoudiennes disposent de matériel flamand dans les avions de chasse et que la destination finale du matériel de guerre flamand est inconnue dans 60 % à 78 % des cas, nous signale une ONG flamande. Les investissements au port d'Anvers que l'on a rappelés ne semblent pas poser problème à la Flandre. Ici, en Région wallonne, par le décret de 2012, la majorité de l'époque a apporté une réponse que l'on a voulue juste et elle a mis en place un mécanisme de contrôle ferme, mais équilibré. En juin 2012, suite à de longues négociations, on adoptait ainsi ce décret qui allait permettre un meilleur contrôle et des procédures clairement définies en matière de licence d'armes. À nos yeux, ce décret présente un juste équilibre : il préserve l'emploi, il apporte plus de rigueur, de contrôle, de gouvernance. Il faut rappeler que nous disposons, ainsi, d'une des législations les plus complètes et sévères en la matière. La question générale de savoir si les entreprises wallonnes – elles ne sont pas que liégeoises, d'ailleurs – pourraient encore produire et exporter des armes à partir de la Région wallonne et, le cas échéant, selon quelle procédure a fait l'objet de ce débat et me semble avoir été abordée et en partie réglée avec l'entrée en vigueur du décret. Il y a la dimension économique. Au risque de faire preuve d'hypocrisie, on ne peut pas passer sous silence la dimension économique, la dimension sociale. Il y a des travailleurs, des emplois, des familles aussi. Il me semble donc nécessaire d'en parler. En Wallonie, ce sont près de 15 000 personnes qui travaillent directement ou indirectement dans le secteur de l'armement et la Wallonie est le vingtième exportateur mondial d'armes. Vingtième, ce n'est pas mal, après les États-Unis, la Russie, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Suède, la Suisse, la Norvège et d'autres encore. Cette vingtième place qui est importante ne représente, pour la Belgique – pas la seule Wallonie – que 0,3 % de toutes les exportations mondiales, puisque nous ne sommes que vingtième. La Région wallonne représente une partie de ces 0,3 %. Il s'agit d'une partie importante, pour nous, mais il faut avoir ces chiffres en tête, lorsque l'on essaie d'apporter des réponses aux problèmes complexes qui nous sont posés. La question liée à l'actionnariat de la FN, aujourd'hui, un actionnariat public, est une autre thématique qui rebondit et qui revient aussi régulièrement. La privatisation, à mes yeux, ne réglera pas le problème des difficiles exportations d'armes et je crois qu'il ne faut pas penser qu'une entreprise privée sera plus éthique pour gérer cette compétence. J'entends M. le Ministre Marcourt ouvrir une porte, mais ne pas exclure une entrée du privé dans le capital de la FN. Face à cette question, au cdH, nous estimerons toujours crucial de garantir la pérennité de cette entreprise wallonne dont la qualité et le sérieux sont reconnus dans le monde entier. D'ailleurs, la Région wallonne a investi par le passé, pour éviter la perte du know-how, la délocalisation, et garantir des emplois en Région wallonne. Soyons clairs, la vocation de la Région wallonne n'est pas de rester éternellement et sans fin, le seul P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 10 actionnaire de la FN. Des propositions peuvent venir régulièrement. Elles ne sont pas toujours sérieuses. Ce qui est intéressant, ce sont les propositions industrielles et sérieuses. Il nous semble que le ou les éventuels futurs actionnaires devront être capables de consolider et de développer les objectifs d'emplois en Région wallonne et d'apporter un savoir-faire particulier, notamment dans le développement d'activités complémentaires. Sur cette thématique, c'est mon collègue, M. Fourny, qui prendra la parole. La troisième thématique, celle du commerce des armes vers l'Arabie saoudite, doit être portée au niveau européen. Nous représentons un pourcentage de 0,3 % du commerce des armes mondial. Au cdH, nous avons toujours été partisans du respect des obligations internationales, européennes et cela sans naïveté, en rappelant qu'au niveau de ce secteur particulier, il faut mettre en place des règles connues. Il faut une certaine stabilité et en tout cas, une uniformité au niveau européen. Notre réglementation wallonne a cet objectif. Outre l'uniformité au niveau européen, il s'agit également que les directions données par l'Europe – qui se veut être en première ligne dans la défense des droits de l'homme – soient claires et même exemplaires. La Région wallonne, Monsieur le Ministre-Président, peut être un moteur. Nous avons une crédibilité parce que nos entreprises sont reconnues internationalement. Nous pouvons – si nous voulons vraiment que les choses changent sur le terrain et pas uniquement ici en Région wallonne et au détriment de nos entreprises et de nos emplois – porter ce débat au niveau européen. Sinon, nous nous ferons mal à nous-mêmes, ce sera un coup d’épée dans l'eau, mais rien ne changera et la situation sur le terrain, au Moyen-Orient ou dans d'autres régions du monde, restera la même. Voulons-nous cela ? Ou bien voulons-nous vraiment avoir un débat proactif et porter un débat qui n'est pas simple et le faire au niveau européen ? Nous ne sommes pas naïfs. Nous connaissons les enjeux économiques, stratégiques, géopolitiques et financiers liés à l'Arabie saoudite. Elle a un statut, vous l'avez dit, schizophrénique, c'est vrai. En même temps, les États-Unis ont choisi l'Arabie saoudite comme partenaire de la coalition et nous sommes dans cette coalition. C'est évidemment extrêmement sensible. La Belgique est dans cette coalition. Monsieur le Ministre-Président, je voudrais vous entendre sur les actions entreprises ou à entreprendre par la Région wallonne dans le cadre européen. Quelle sera la position de la Région ? Je pense que nous ne devons pas rester en retrait. Nous avons justement cette légitimité et nous pouvons être actifs à ce niveau. 11 Confirmez-vous les chiffres que j'ai cités ? Il y a souvent discussions sur les chiffres, mais pour les éviter, je les ai repris sur le site d'une ONG, le GRIP, je pense. Merci de me dire si vous pouvez confirmer ces chiffres et quelle action la Région wallonne pourrait porter au niveau belge et au niveau européen. En rappelant qu'il faut oser ce débat éthique, le porter au niveau européen si l'on veut qu'il ait une réelle efficacité et c'est sans doute cela que nous voulons. Faire de la politique, c'est essayer que nos actions aient une réelle efficacité et pas qu'elles ne soient que des déclarations. Je vous remercie. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. Gillot. Ensuite, nous aurons M. Puget, comme indépendant et nous reviendrons alors aux trois autres groupes. La parole est à M. Gillot. M. Gillot (PTB-GO !). - Monsieur le Président, meilleurs vœux. Il faut couper l'oxygène à Daesh. D'après un mémo de Mme Clinton publié par WikiLeaks, les donateurs saoudiens constituent et je cite : « La source la plus importante de soutien financier pour les groupes terroristes sunnites dans le monde ». Tout le rapport montre que les salafistes les plus radicaux continuent à recevoir du soutien idéologique et matériel de l'Arabie saoudite. Cela fait d'ailleurs 50 ans que l'Arabie saoudite soutient toutes sortes de fondations privées pour diffuser des idéologies d'extrême droite jusqu'ici en Belgique. Le problème n'est plus seulement que l'Arabie est une dictature féodale qui viole les droits de l'homme comme cela peut être le cas dans d'autres pays, elle soutient en plus des groupuscules terroristes qui commettent des attentats au cœur de l'Europe. Se battre pour un embargo européen des exportations d'armes vers l'Arabie saoudite, cela n'aurait aucun sens de le faire uniquement depuis la Wallonie, tout en préparant activement un plan pour diversifier la production de la Fabrique nationale de Herstal et protéger les travailleurs, voilà qui serait faire preuve de responsabilité. Ce n'est pas aux travailleurs de payer, ni pour les conséquences des enjeux géopolitiques de la lutte contre le terrorisme, ni pour de soi-disant motifs éthiques. Faut-il rappeler qu'aucun travailleur du secteur de l'armement n'a jamais eu son mot à dire sur ce qu'il produit, ni pour qui il le produit ? Le premier partenaire commercial de la FN Herstal, entreprise 100 % publique, est la plaque tournante du P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 terrorisme mondial. La responsabilité en est uniquement politique. Il n'y a aucun embargo mis en place au niveau européen. Les compensations doivent être prévues pour les travailleurs. Fuir ses responsabilités semble parfois être un art que cultive le Gouvernement wallon, comme quand M. Magnette, Ministre-Président, prétend que l'Arabie saoudite serait notre meilleure alliée dans la lutte contre Daesh. Comment mettre cet embargo en place tout en protégeant les travailleurs ? C'est le débat qu'il faut mener et non ce projet de privatisation qui n'est que le début d'autres drames humains, depuis le bassin liégeois jusqu'aux rues de Paris. La FN Herstal est une entreprise qui doit rester publique. Nos valeurs éthiques sont en contradiction avec la fabrication d'armes. Voilà l'argument qui justifierait la privatisation de la FN. Le cdH, le MR, sans oublier le PS, chacun a fait une déclaration dans ce sens. Mettons de côté cette hypocrisie et regardons le fond. du monde politique, du monde patronal lorsque la sidérurgie a été vendue à Usinor, ensuite Arcelor, ensuite ArcelorMittal. Le cadavre de la sidérurgie n'est pas encore froid que, déjà, on veut appliquer à la FN le même traitement. Pour nous, c'est totalement inacceptable et irresponsable. Vous appelez aujourd'hui à la privatisation, parce que l'armement procure des bénéfices. La FN a fait 75 millions d'euros de bénéfices cumulés depuis le début de la crise et ces bénéfices, vous vouliez qu'ils soient privatisés ? Si cet argent et ces bénéfices produits par les travailleurs vous dérangent, investissez-les dans l'entreprise pour diversifier la production. Voilà qui protégerait et développerait l'emploi. Investissons dans ce défi, plutôt que distribuer des dividendes à des actionnaires privés. Que les responsables politiques fassent ce qu'ils demandent au privé de faire : innover et être inventifs. M. le Président. - La parole est à M. Puget qui dispose de trois minutes. Premièrement, un actionnaire privé investit pour faire du profit et rien d'autre. Comment voulez-vous mener un débat sur les exportations d'armes si la rentabilité par arme vendue devient le seul critère de réflexion ? Cela va-t-il nous faire avancer d'un millimètre dans le contrôle démocratique des exportations d'armes ? Bien sûr que non. M. Puget (Indépendant). - Madame et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le débat sur la vente d'armes à des pays étrangers, qui plus est, des pays qui ne satisfont pas pleinement aux exigences en matière de droit de l'homme, est hautement délicat et prend en compte de nombreuses préoccupations. C'est justement parce que la vente d'armes est sensible que la FN Herstal est et doit rester publique. La première d'entre elles est l'emploi et pas n'importe lequel : l'emploi en Wallonie. La Fabrique nationale de Herstal occupe, à l'heure actuelle, 1 500 employés et a un impact sur la vie d'autant de familles. La Wallonie, tout occupée à son redressement, ne peut se permettre – j'utiliserai exceptionnellement une expression chère à certains collègues – de connaître un nouveau bain de sang social. Deuxièmement, privatiser la FN Herstal est le meilleur moyen pour ne jamais obtenir de plan pour diversifier sérieusement la production. Il y a beaucoup à dire sur le plan industriel de la FN dirigée par la Région wallonne. Comment se fait-il que les armes à destination de l'Arabie saoudite occupent une telle place dans les exportations de la FN ? Bel exemple de bonne gestion que de faire dépendre des milliers de travailleurs d'un seul importateur, qui plus est quand cet importateur est la plaque tournante du terrorisme international. Troisièmement, dois-je vous rappeler ce qu'il s'est passé avec la sidérurgie ? Chaque fois qu'il y a eu privatisation, on a vu ce que cela a amené, pertes d'emplois et fermetures à la clé. Jeter les travailleurs entre les mains du privé, c'est tout l'inverse de ce dont nous avons besoin. À ce sujet, je dois dire que j'entends pas mal de choses. On parle de garanties, de promesses en cas de l'entrée du privé dans l'actionnariat de la FN. Je peux vous dire, pour ma part, que des garanties, des promesses, j'en ai plein mes armoires, qu'elles viennent La seconde remarque est le symbole et la charge historique que représente la FN pour notre Région. Les armuriers liégeois sont, depuis plusieurs siècles, réputés dans le monde entier. La création de la Fabrique nationale en 1889, il y a plus d'un siècle, aura permis d'accroître encore cette réputation et des armes parmi les plus réputées, comme Browning ou Berretta, ont été fabriquées entre ses murs. La troisième remarque est plus capitale encore et concerne la vente d'armes et plus particulièrement à l'Arabie saoudite. Ce pays, personne ne l'ignore, est loin d'être un exemple en matière de démocratie ; qui plus est, il a exécuté, en début d'année, 47 personnes pour terrorisme, dont le cheikh chiite Nimr Baqr al-Nimr. Monsieur le Ministre-Président, vous nous avez rassurés en disant que : « La Wallonie est un tout petit vendeur comparé à la France ». Il faut élargir le débat P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 12 dans le cadre d'un contexte international qui a tendance à se tendre ces derniers mois. Un constat s'impose : il ne faudrait pas que nos armes se retournent contre nous. La quatrième remarque est communautaire. M. Geert Bourgeois vient de refuser l'octroi d'une licence d'exportation vers l'Arabie saoudite. Qu'en penser ? Mon point de vue est qu'il faut être prudent, mais qu'il faut accorder une priorité à l'emploi en Wallonie, d'autant plus que, si nous ne vendons pas d'armes, d'autres ne se gêneront pas pour le faire. Je terminerai par Monsieur Magnette. des questions directes, Pensez-vous garantir, Monsieur le MinistrePrésident, que ces armes ne seront destinées qu'aux forces de police et à l'armée, alors qu'un certain flou semble subsister ? Le contexte international aura-t-il des répercussions à moyens, voire à longs termes, sur la livraison et sur la fabrication d'armes en Wallonie ? Enfin, quel avenir voyez-vous pour la Fabrique nationale ? M. le Président. - La parole est à M Jeholet qui dispose du solde du temps du MR, ensuite Mme Zrihen et M. Fourny. M. Jeholet (MR). - Monsieur le Président, Monsieur le Ministre-Président, beaucoup de choses ont été dites. Je voudrais, par rapport à l'éthique et la morale, être très clair : le Mouvement réformateur a une morale, une éthique, y compris quand on parle d'armement. J'attire simplement l'attention. Ne soyons pas plus catholiques que le pape en Wallonie, comme nous l'avons déjà été dans d'autres dossiers. Je prendrai un dossier que je connais bien, c'est l'interdiction du tabac et l'avenir du circuit de Spa-Francorchamps. Je dirai également : attention au chevalier blanc qui lave plus blanc que blanc et qui donne des leçons aux uns et aux autres. Troisième élément, par rapport à la Flandre, nous n'avons pas de leçons à recevoir. Je dis aux responsables politiques flamands, qui s'expriment sur la Wallonie : regardez dans vos assiettes. C'est un message qu'il faut faire passer aujourd'hui. Dans beaucoup de secteurs je le dis, plutôt que de critiquer d'autres niveaux de pouvoirs, regardez ce qu'il se passe dans d'autres régions. La Wallonie doit se prendre en main, la Wallonie a son destin en main et y compris dans un dossier comme celui-là, on n'a absolument aucune leçon a recevoir. seul à signer ces licences d'exportation et je présume que vous mesurez cette responsabilité, que vous le faites en connaissance de cause. Chaque licence que vous signez, c'est une responsabilité et je mesure que toutes les garanties sont prises, mais M. Tzanetatos l'a dit, de façon très claire aujourd'hui. Par rapport à l'équilibre entre l'éthique et l'économique, je l'ai abordé, il est indispensable. Le volet économique est aussi indispensable et nous avons toujours été clairs. Dans le débat sur le décret que vous aviez voté, que votre majorité avait voté avec les écologistes à l'époque, on avait déjà été très clairs par rapport à l'aspect économique. Il est vrai que l'on avait dit « l'éthique, on va très loin ». On va très loin parce qu'à un moment donné il ne faudrait pas, « dans la dimension européenne de ce dossier, que la Wallonie soit perdante dans tous les cas par rapport à ce qu'il se fera dans d'autres régions, y compris les régions du pays, dans d'autres pays voisins ou d'autres continents ». L'aspect économique est primordial à nos yeux. Monsieur Collignon, je vous rassure, il n'a jamais été question de moratoire pour le Mouvement réformateur, que les choses soient claires, il y a peut-être un malentendu dans la lecture ou dans votre perception des choses, mais je veux être rassurant par rapport à cela. M. Tzanetatos a très bien exprimé notre position sur la licence d'exportation. Je souhaiterais en venir à l'avenir d'un fleuron régional, la Fabrique nationale. Ce dossier est important. On l'a dit, l'armement : près de 80 entreprises wallonnes, plus de 15 000 emplois directs et indirects, c'est cela qui doit aussi motiver notre débat aujourd'hui. La question est simple : la FN a été en difficulté, et vous avez dit « un ministre libéral de l'économie, on a investi, on a pris les responsabilités ». Je pense qu'à l'époque, il n'y a pas eu beaucoup de critiques sur le sujet pour venir en aide à cette entreprise importante ou aux nombreux travailleurs représentés. Aujourd'hui, on peut se poser la question. Que ce soit une société d'armements ou pas, une société qui se porte mieux, on n'est plus dans un portage temporaire. Est-ce la vocation, quelle que soit l'entreprise, pour la Région wallonne, de rester actionnaire unique ? Pour nous et on le dit très clairement, la réponse est non. Deuxième élément, est-ce que dans le climat actuel – mais je reviendrai sur le moment opportun, Monsieur Collignon – c'est sain que l'on soit juge et partie de la façon dont sont traitées les licences d'exportation ? On est actionnaire unique à 100 % d'une entreprise et, M. le Ministre-Président signe les licences d'exportation, y compris concernant cette entreprise. Est-ce sain ? On dit : non. Quatrième élément, c'est vrai, Monsieur le MinistrePrésident que vous avez une très lourde responsabilité. Je ne fais pas de procès d'intention, mais vous êtes le 13 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Quand on parle de maintenir un capital régional dans l'entreprise, c'est pour avoir toutes les garanties et j'y reviendrai tout à l'heure. Le moment est-il opportun ? J'ai été surpris, je dois bien vous avouer, ce matin, en lisant qu'il y avait des candidats intéressés à monter à 75 % dans l'actionnariat de la FN, mais manifestement avec un projet, avec un plan d'entreprise, avec un business plan, avec des axes bien définis, avec le développement de nouveaux produits, avec un maintien de l'activité et un renforcement de l'activité locale à Herstal, avec des sujets aussi importants que la paix sociale qui sont abordés dans ce plan, avec une université pour la formation des cadres et des techniciens, avec éventuellement un musée de la FN. Ce n'est pas un investisseur qui vient comme cela proposer ses services à la Région wallonne. Je suis surpris, Monsieur le Ministre-Président, parce que bien avant les débats que nous avons aujourd'hui et la polémique – nous ne voulons pas ce débat polémique, je ne pense pas que l'on doit envisager le débat que nous avons aujourd'hui de façon très sereine dans l'intérêt de la Wallonie – le 14 décembre, il y a plus d'un mois, je vous ai interrogé sur les licences d'exportation et je vous ai posé la question sur l'avenir de la FN. Vous m'avez répondu que ce n'était pas à l'ordre du jour, vous m'avez un peu renvoyé, en disant : « Circulez, passez, il n'y a rien à voir ». Aujourd'hui, je suis un peu surpris que les révélations dans la presse fassent état d'une proposition dans un climat beaucoup moins difficile qu'aujourd'hui au ministre de l'Économie. Monsieur le Ministre-Président, étiez-vous au courant ou pas ? Ce n'est pas très correct de me répondre ce que vous m'avez répondu il y a un mois. Quand on dit que le président de la FN a rencontré les syndicats sur l'offre qui avait été faite, quand on voit dans la presse et les journalistes qui disposent du document et de la proposition qui a été faite, je pense qu'ici, dans ce Parlement, la gouvernance et la transparence impliquent un minimum de débats sur le sujet. Quand on dit que le moment n'est pas opportun, pourquoi, depuis décembre 2014, n'en a-t-on jamais parlé ? Pourquoi, quand on pose une question, on est remballé en disant : « Circulez, il n'y a rien à voir ! Ce n'est pas à l'ordre du jour » ? Que l'on ait ce débat de façon très sereine, de façon prudente, sans précipitation, de façon volontariste, sans surenchère, c'est indispensable, car il y va de l'avenir d'un secteur important, d'une société importante avec toutes les conséquences indirectes que cela peut avoir. Pour le Mouvement réformateur, il y a des conditions sine qua non par rapport à la privatisation. C'est vrai que la privatisation est un mot parfois qui peut paraître un peu doux, mais une ouverture au capital privé dans la FN, est de se dire : « Attention, nous devons avoir des garanties en matière d'emploi, ne pas délocaliser l'emploi. Nous devons avoir des garanties en matière de savoir, de know-how wallon qui est important, liégeois, mais aussi wallon à travers beaucoup d'autres entreprises ». Ce sont des conditions sine qua non que l'on doit avoir. Je rejoins le ministre de l'Économie qui dit : « Ne ferme pas la porte, on peut en discuter ». Par rapport à l'opportunité du moment, je regrette qu'une offre comme celle-là, on n’en ait jamais fait part et même par rapport à des questions posées, que l'on n’en ait jamais discuté. Étiez-vous bien au courant ? Le partenaire de la majorité était-il au courant ? Ou cela s'est-il passé au niveau du ministre de l'Économie, JeanClaude Marcourt ? Ce sont des éléments importants. Je pense ne pas avoir le débat aujourd'hui. C'est clair, on l'a dit, il y a le problème de licence d'exportation, il y a aussi l'avenir d'une grande entreprise d'armement à Liège, mais dire : « Ce n'est pas dans le débat, passons, circulons ! », ce n'est pas une bonne idée. On aurait tort de faire passer ce débat de façon un peu secondaire. Monsieur le Ministre, voilà un certain nombre de questionnements par rapport à l'avenir de la société, et comme je l'ai dit, ainsi que M. Tzanetatos, c'est un débat difficile. Attention – j'ai entendu, y compris à cette tribune ce matin – aux donneurs de leçons et ce n'est pas avec des donneurs de leçons que l'on fera avancer la Wallonie et que l'on défendra l'intérêt économique de la Wallonie. (Applaudissements) M. le Président. - Nous passons à Mme Zrihen qui dispose à son tour du solde d'environ sept minutes. La parole est à Mme Zrihen. Mme Zrihen (PS). - Merci, Monsieur le Président. On y est dans ce débat et lorsque ce débat devient un débat d'actualité, on ne peut être que surpris étant donné que l'engagement que l'on a pris en étant actifs dans cette Commission armes, c'est la vigilance permanente. Très régulièrement, des interpellations et des questions sont faites. Mais il se fait que le contexte et l'actualité aujourd'hui nous amènent à mettre un focus extrêmement particulier et de manière générale sur l'ensemble de cette question. Encore une fois, je maintiens que la vigilance est, sera et doit être de mise en permanence sur ce dossier. Je me permettrai de rappeler que nous avons, dans ce pays, la possibilité de travailler tout le temps en coordination. Si la question se pose aujourd'hui, ici dans ce Parlement, il n'en demeure pas moins qu'elle reste une question extrêmement liée aux dispositifs fédéraux P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 14 puisque, tout récemment, le ministre des Affaires étrangères fédéral a adressé aux autorités régionales un vade-mecum pour rappeler des obligations aux responsabilités en matière d'exportation d'armes. Il s'agit donc d'un point positif. La question qui s'en suit est de savoir de quelle manière ce contact a été pris par le ministre fédéral quant aux relations à entretenir avec l'Arabie saoudite ou d'autres pays du Golfe au vu de la situation actuelle. Nous sommes, aujourd'hui, dans un contexte extrêmement particulier qui fait que l'accélération, à la fois de la lutte contre le terrorisme, de la volonté de faire en sorte que Daesh n'ait plus de moyens financiers pour poursuivre son développement du terrorisme et les dispositions qui ont été prises récemment en Arabie Saoudite, nous amène à réexaminer de manière très précise la qualité de ce partenaire ? Concernant l'Arabie saoudite, avons-nous, au niveau fédéral, un changement très clair de relations, sachant qu'il y a eu, il n'y a pas très longtemps, une visite en Arabie saoudite du Fédéral ? Un revirement récent vous a-t-il été notifié de manière très précise ? La grande question qui va se poser, c'est donc de savoir, concernant les relations, s'il y a une différence entre ce que l'on appellerait les relations de type commercial et les relations de type diplomatique, comme le suggère le ministre des Affaires étrangères qui, lui, sollicite une logique à deux vitesses : une pour le commerce des armes, une autre pour les relations diplomatiques privilégiées et les investissements considérés comme classiques. De manière encore plus précise, le 20 janvier, dans moins d'une semaine, il y a une réunion de la COARM qui est le groupe de travail du Conseil de l'Union européenne sur les exportations d'armes. Ce groupe, qui est prévu pour le 20 janvier, portera sur les exportations d'armes conventionnelles. Le Fédéral y participe. Avezvous eu des informations de l'autorité fédérale à ce sujet quant à la position qui sera adoptée ? Dans un dossier tel que celui-ci, il y va, bien entendu – on l'a dit – de la cohérence, de l'éthique, mais aussi de l'avenir d'une des branches importantes du développement industriel, en Wallonie. Il est important que la cohérence soit à l'œuvre. Il est important aussi que nous parlions tous d'une même voix, indépendamment des lieux dans lesquels nous sommes positionnés. Concernant la réactivation du Comité interfédéral de coordination de lutte contre les transferts d'armes illégaux, une réunion s'est-elle enfin tenue ou est-elle programmée, de manière à ce que nous ne soyons pas seulement, ici, dans des effets de manche, mais bien sûr une opérationnalité qui nous engage tous ? (Applaudissements) 15 M. le Président. - Nous clôturons par M. Fourny, au nom du groupe cdH. La parole est à M. Fourny. M. Fourny (cdH). - Je ne vais pas revenir sur les propos qui ont été tenus par Mme Simonet concernant le volet éthique du dossier et les perspectives à terme. Je pense que tout a été dit pour compte du cdH. Monsieur le Ministre-Président, ma question, ici, ou ce qui m'amène à venir à la tribune vise en fait à évoquer avec vous, tout comme d'aucuns l'ont fait durant leurs interventions, que ce soit au niveau du MR, au niveau du PS, au travers de la parole de M. Collignon qui affirme qu'il n'y a pas de dogmatisme quant à la possibilité de pouvoir ouvrir une participation au capital de l'entreprise. Je souhaitais aborder ce volet avec vous sereinement, au regard de l'évolution de cette entreprise, au fil du temps, dans laquelle le pouvoir public, la puissance publique est intervenue, afin de pouvoir assurer un ancrage de cette entreprise, assurer son développement, de pouvoir aussi maintenir l'emploi qui est le sien et le développement, l'aura de cette entreprise aux quatre coins du monde. On ne peut que s'en féliciter. D'autre part, la Région a investi lourdement en termes de recherche et développement, afin de pouvoir assurer aussi à l'entreprise une forme de diversification de ses produits, de son développement. Il n'y a pas que l'armement qui se développe au niveau de la FN, mais il y a aussi tout le volet civil dont on doit tenir compte et qui compte aussi dans une forme de redéploiement, de déploiement de cette entreprise au travers des quatre coins de notre planète. Ma question porte sur le caractère pérenne de l'intervention du pouvoir public, de la Région wallonne, puisque ab initio, il n'a jamais été envisagé de maintenir la participation des pouvoirs publics de manière totale et continue dans le temps. S'ouvre le débat sur l'opportunité d'ouvrir le capital à la participation privée. Je pense que ce débat doit avoir lieu et qu'il est sain. Il faut que, à un moment donné, on puisse, au travers de la participation du privé, imaginer à terme une possible voie de développement de l'entreprise. Ma question par rapport aux publications faites aujourd'hui, Monsieur le Ministre-Président, est de savoir ce qu'il en est du dossier de 2014 dont on fait état. Différentes offres ont-elles été faites au niveau de la FN ? Sont-elles régulières ? Vient-on de manière régulière frapper à la porte de la FN pour faire état d'une participation dans cette entreprise ? J'aimerais savoir comment on fonctionne, comment c'est traité. Ce dossier a-t-il été traité en concertation avec le comité d'entreprise ? Une information a-t-elle été faite au sein du Gouvernement à ce propos ? Quelles suites ont été réservées à cette offre ? Est-elle toujours P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 valable aujourd'hui ? A-t-elle été reçue ou est-elle recevable ou non ? Il m'apparaît, à la lecture de l'article, sur base des informations communiquées, qu'en l'espèce une proposition émanerait d'un groupe financier. Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure opportunité. Il faut un opérateur industriel qui puisse assurer la pérennisation de l'outil, le maintien de l'emploi, son ancrage. On sait combien le secteur financier est volatile et peut être créateur de risques en termes de développement économique et de maintien d'une entreprise. Le choix qui doit être posé est, me semble-t-il, un choix vers un opérateur industriel plutôt qu'un opérateur de type financier. Je me permets d'insister sur cet élément. Par ailleurs, il faut aussi un projet d'entreprise, un projet économique. C'est une condition qu'il faut pouvoir poser. Y a-t-il ab initio des éléments qui permettent de se demander, lorsqu'une proposition est faite et amenée sur la table, si l'on la prend en considération au regard de ces critères ? J'aimerais vous entendre à ce propos parce que faire entrer le capital privé en partie dans la FN est un signal positif, mais il faut pouvoir le cadrer : opérateur économique, garantie de l'ancrage, garantie du projet industriel, garantie de ce qu'un know-how puisse continuer à être maintenu, surtout développé, qu'il permette la diversification de l'entreprise. Voilà les critères qui devraient être posés ou opposés, afin de pouvoir assurer le développement et le maintien de cette entreprise dans le giron wallon, surtout dans notre Région wallonne. J'aimerais, Monsieur le Ministre-Président, faire le point avec vous sur ces questions. Qu'a-t-il été fait de ce dossier ? Est-il toujours activé ? L'étudie-t-on raisonnablement ? Le ministre Marcourt affirmait encore hier dans la presse qu'il était aussi ouvert à la discussion, ouvert à la participation du privé dans le capital de la FN Herstal. Y a-t-il une véritable volonté de poursuivre sur cette voie ou y a-t-il d'autres dossiers ? Si oui, combien ? Comment sont-ils traités ? De quelle manière ces dossiers sont-ils traités pour pouvoir, à terme et de manière certaine, maintenir cet outil, permettre au capital privé de venir grossir les rangs et permettre la diversification de cette entreprise ? Ce sont des questions de fond qui doivent être abordées sereinement, calmement, mais qui doivent se faire aussi en toute transparence, afin de pouvoir rassurer l'ensemble des intervenants dans ce dossier, plus particulièrement les travailleurs et ceux qui se trouvent derrière. Nous sommes fiers de cette entreprise qui produit des armes de haute qualité, mais qui produit aussi des dividendes qui sont ristournés à la Région wallonne au travers de la période que nous connaissons. Ce n'est pas négligeable. Nous devons aussi, au travers de la perspective à venir, pouvoir opérer des diversifications, un développement de l'entreprise et assurer son caractère pérenne au travers d'une diversification que nous devons soutenir de tous nos vœux. Surtout peutêtre avec la contribution d'un partenaire privé qui, à cette fin, pourrait contribuer à celle-ci. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. le MinistrePrésident Magnette. M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon. - Mesdames et Messieurs les députés, puisque c'est la première fois que j'ai le plaisir de m'exprimer devant vous en cette nouvelle année civile, permettezmoi de vous adresser mes vœux les plus vifs pour cette année 2016, que je vous souhaite à toutes et tous très heureuse et que je nous souhaite, à nous collectivement, très productive. Je voudrais vous dire aussi que je me réjouis de ce débat. Avoir un débat sur cette question importante et sensible pour notre économie et l'avoir dans des termes, à nouveau ce matin, extrêmement modérés et nuancés dans un débat très serein, où il n'y a pas confrontation simple ou simpliste entre majorité et opposition, mais recherche d'une réflexion approfondie et de toutes les nuances qui s'impose dans un dossier qui est extrêmement complexe et qui est une lourde responsabilité. Vous l'avez dit, Monsieur Jeholet. Le secteur de l'armement, en général en Wallonie, est un secteur stratégique et important. M. Puget l'a rappelé, c'est une tradition très ancienne. On fabriquait des armes en Wallonie bien avant la fondation même de l'État belge ; la principauté de Liège jouissait, dans la géopolitique européenne, d'une position très particulière de par son indépendance qui est une des raisons expliquant pourquoi on y produisait de l'armement pour beaucoup d'autres pays européens. La FN a été construite dès 1889 ; c'est une entreprise déjà très ancienne. Ce n'était pas la seule, autour d'elle, il y a tout un tissu – on se focalise beaucoup aujourd'hui sur la FN, mais je vais y revenir – autour de cette entreprise prestigieuse, ce qui a joué un rôle très important dans l'histoire économique, technologique, et également dans l'histoire sociale de notre pays. Il y a tout un tissu d'entreprises plus ou moins grandes, parfois petites, très petites même de PME qui jouent un rôle très important dans notre vie économique. Au total, près de 15 000 emplois directs et indirects sont concentrés dans ce secteur. Agoria nous rappelle que, non seulement ce sont 15 000 emplois, mais ce sont 185 millions d'euros par an investis en recherche et développement ; 320 millions d'achats en Wallonie, donc, un impact indirect sur notre économie très important ; des investissements à hauteur de 165 millions d'euros ; 275 000 heures de formation. La chose est claire : oui, c'est un secteur important dans notre économie. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 16 Qu'il s'agisse d'un secteur important ne veut pas dire que nous prenions les décisions à la légère, bien au contraire. Le débat n'est pas neuf. Mme Simonet l'a rappelé, elle a eu ce lourd privilège d'exercer cette compétence, elle a eu à connaître des moments difficiles dans certains dossiers comme je pourrais peut-être en connaître un jour. Oui, il a été décidé, à un moment donné en Wallonie, de transférer cette compétence au ministre-président, manière d'indiquer que c'était une compétence lourde et qui devait être exercée à un lieu où l'on peut estimer que l'arbitrage est fait avec une certaine hauteur de vue. C'est à cela que l'on s'astreint ; on s'y astreint d'autant mieux que je ne le fais pas dans un désert normatif ou de référence, je le fais en m'appuyant sur des règles à la fois européennes et wallonnes, extrêmement strictes et dans des coordinations intrabelges qui, elles aussi, sont extrêmement intensives. Il y a un double degré de contrôle dans ce secteur. Il y a d'abord des coordinations européennes. C'est le Traité de Maastricht, il y presque 25 ans, qui a institué ce que l'on appelle le COARM, le groupe de travail sur les exportations d'armes conventionnelles qui est un lieu où les États membres de l'Union européenne qui produisent et vendent des armes – pratiquement tous le font – se rencontrent, échangent leurs vues et le lieu où ils s'interrogent sur les différents pays vers lesquels ils exportent, où ils peuvent décider, éventuellement, du refus d'octroi de licence, mais surtout où l'on analyse la situation dans les pays sensibles. cas des armes que nous exportons vers ce type de pays pour mesurer le risque potentiel. Néanmoins, à chaque fois qu'il me semble que la situation géopolitique évolue, je demande à nos partenaires européens de réexaminer la situation. Par définition, c'est un domaine extrêmement évolutif. Ce n'est pas par hasard si les licences ont une durée de vie extrêmement courte. Les licences valent pour 18 mois. Il y a parfois des contrats qui valent pour très longtemps, M. Tzanetatos l'a rappelé. Nous avons un contrat avec formellement le Canada, mais cela n'a jamais été caché à personne, Madame Ryckmans. Tout le monde sait très bien que les tourelles que nous exportons vers le Canada sont réexportées vers l'Arabie saoudite, je l'ai dit à chaque fois que cela m'a été demandé en commission, je ne l'ai jamais caché. Oui, si c'était cela la question, je l'ai déjà dit, mais je le répète, l'utilisateur final en l'occurrence est l'Arabie saoudite. Dans ce forum, le COARM, formellement, c'est le Fédéral qui siège, mais il siège avec représentation des Régions et il arrive que les Régions s'expriment. Même si c'est le Fédéral qui siège au COARM, il y a une concertation préalable et, au préalable, la Région wallonne fait à chaque fois part de ses questions et observations. Dans chacun de ces débats, nous examinons la situation et nous la réexaminons très régulièrement, parce que l'on signe un contrat à un moment donné. Ce contrat a une durée de vie, en l'occurrence de 10 ans, 300 millions d'euros par an à peu près pour une dizaine d'années, mais le contrat ne veut pas dire qu'automatiquement, nous allons exporter pendant 10 ans, Monsieur Tzanetatos. Il faut ensuite, pour ce contrat, resigner des licences qui, elles, n'ont aucune valeur de 18 mois, précisément parce que le monde évolue et que la situation peut changer. On peut signer un contrat à un moment donné, mais se dire, deux ans plus tard, que la situation a radicalement changé, il y a eu un coup d'État, les armes risquent une dispersion et donc, je ne signe plus de licence. Le contrat ne vaut donc que comme un engagement pluriannuel, mais la réalité de l'exportation, c'est la licence. Sur ce dossier spécifique de l'Arabie saoudite auquel je suis attentif depuis un certain temps – j'y étais attentif bien avant que cela ne devienne un dossier médiatique politiquement brûlant – j'ai demandé un premier avis au COARM. C'est ainsi que l'on procède, je demande au Fédéral de solliciter un tour de table au COARM, la dernière fois le 12 novembre, parce que la situation au Yémen nous amenait à nous poser un certain nombre de questions et que nous savons que l'Arabie saoudite est l'un de nos principaux clients. Pour vous donner un exemple des licences que j'ai signées vers l'Arabie saoudite dans le cadre de ces contrats, le montant qui a réellement été exporté jusqu'ici – la dernière que j'ai signée est expirée, il va donc falloir que j'en resigne si une nouvelle demande de licence m'est soumise – et sur celle que j'ai signée, est de 1 500 euros. On est très loin des montants pharaoniques que vous avez cités. Cela montre la différence entre un contrat théorique et la réalité des exportations sur le terrain. J'ai demandé un deuxième avis le 10 décembre et un troisième avis début janvier. Ce sera donc abordé lors de la réunion du 20 janvier. De quoi discute-t-on dans le COARM ? On discute de toute une série de critères. C'est vrai, Madame Ryckmans et c'est vrai que dans ces critères – je vais les reprendre les uns après les autres – il y a notamment les droits de l'homme. Oui, il n'y a pratiquement jamais un pays qui, dans ce que l'on appelle les cas sensibles, réunit les huit critères de manière absolue, mais on fait une évaluation géopolitique. On prend en considération les droits de l'homme, la situation géopolitique générale. C'est vous dire si je ne prends pas la question à la légère, si je mesure, à la lumière des rapports extrêmement bien élaborés. Je voudrais saluer et féliciter le travail de notre Comité d'avis et de WallonieBruxelles International qui font un travail remarquable d'analyse au cas par cas des pays, mais aussi au cas par 17 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Les huit critères sont les suivants : – ce pays respecte-t-il ses engagements internationaux ; – respecte-t-il les droits de l'homme ; – quelle est la situation intérieure dans ce pays, le pays de destination finale, bien entendu ; – quel est son rôle dans la stabilité régionale ; – quel est l'état de la sécurité dans les pays qui sont alliés de ce pays ; – quel est le comportement de ce pays d'une manière générale sur la scène géopolitique et en particulier dans son attitude envers le terrorisme ; – existe-t-il un risque de détournement des achats ; – ce pays a-t-il la capacité technique et économique du pays bénéficiaire ? Il y a des cas que l'on appelle les cas simples. Les pays de l'Union européenne, qui sont de très loin notre première destination d'exportation et certains pays de l'OTAN, les États-Unis, l'Australie, le Canada, sont des pays que l'on considère, quand ils sont le destinataire final, comme des cas simples. On considère qu'ils vont, la plupart du temps – presque tout le temps – répondre de manière positive à ces huit critères. Il y a tous les autres. Ceux que l'on appelle les cas sensibles et c'est là que cela devient plus compliqué. C'est là qu'il faut faire une évaluation et c'est là que la naïveté et les belles intentions, malheureusement, n'ont plus leur rôle. Je voudrais que, comme dans la chanson Imagine de John Lennon, le monde vive en paix, qu'il n'y ait plus de guerre nulle part, que l'on ne fabrique plus d'armes, que l'on diversifie, que l'on fasse autre chose et que la coopération internationale, la fraternité mondiale soient établies. Tout le monde se tiendrait par la main et entonnerait ensemble de belles chansons de paix et de fraternité. Malheureusement, le monde n'est pas comme cela., il est violent. Malheureusement, il y a de la guerre et des formes de guerre de plus en plus complexe, de plus en plus sournoise et c'est par rapport à l'évolution de cette situation géopolitique que nous devons nous déterminer. Pourquoi l'Arabie saoudite est-elle aujourd'hui encore l'un de nos clients ? Parce que l'évaluation qui est faite dans le cadre du COARM dit que ce pays – c'est ce que je vous ai répondu à de nombreuses reprises, Madame Ryckmans – est un pays, malgré tous les reproches que l'on peut lui adresser par ailleurs et je serais le premier à le faire. J'ai, comme vous, des indignations profondes quant à l'état du respect des droits de l'homme dans ce pays. J'ai interpellé le ministre des Affaires étrangères, vous le savez, je vous l'ai répondu en commission, quant à la situation du blogueur saoudien, M. Badawi que vous avez évoqué tout à l'heure. Bien sûr que je suis indigné du nonrespect des droits de l'homme dans ce pays. Bien sûr que moi aussi, je suis révulsé quand je vois les images de massacres que l'on a pu voir à la télévision ces derniers jours. Par ailleurs, que cela nous plaise ou non, ce pays reste malgré tout considéré comme un pays fiable sur le plan géopolitique par tous les Européens et stabilisateur dans cette région. Je pourrais faire comme M. Gillot. Je pourrais tenir deux discours complètement déconnectés l'un de l'autre en même temps. D'un côté – et j'ai trouvé cela admirable –, je pensais que les Flamands avaient atteint les sommets de l'hypocrisie, mais ils ont été franchement franchis ce matin dans nos débats. J'ai entendu M. Gillot dire, comme le porte-parole du PTB-GO !, il y a quelques jours, à la télévision : « Les condamnations très fortes contre l'Arabie Saoudite », mais d'un autre côté, nous dire : « Oui, mais quand même, il faut défendre l'emploi, il faut continuer à vendre ». Monsieur Gillot, de deux choses l'une : ou bien ce pays est un pays odieux et l'on ne veut pas commercer avec lui et surtout ne pas lui vendre d'armes ; alors, on arrête de lui vendre des armes et il y aura, demain, des centaines et des milliers d'emplois perdus en Wallonie ; ou, au contraire, on veut préserver l'emploi en Wallonie. Maintenant, bien sûr que l'on veut diversifier, on veut faire en sorte de préserver ces emplois. Cependant, si l'on veut décider, aujourd'hui, de sanctionner l'Arabie saoudite et de ne plus commercer avec elle, de la mettre au banc géopolitique de nos relations, cela aura des conséquences immédiates sur l'emploi en Wallonie. Vous ne pouvez pas, en même temps, tenir les deux discours, vous ne pouvez pas dire : « Je veux une vie sexuelle, mais je veux rester vierge en même temps ». Il faut un minimum de cohérence. (Applaudissements) Le deuxième lieu de coordination, c'est le lieu wallon. Je vous ai parlé de la coordination européenne, il faut cette cohérence, mais ensuite, nous continuons, en Wallonie, à regarder les dossiers les uns après les autres. Je vous assure que les piles de demandes de licences qui m'arrivent, qui sont examinées par notre administration, par nos services, par mon cabinet, par moi ensuite, prennent un temps très considérable. C'est licence par licence que l'on examine, dossier par dossier, parfois pour des montants infimes et parfois pour des produits ou des technologies qui ne sont que très indirectement liés à l'armement, mais qui font partie de ce que l'on appelle les produits de double usage. C'est un travail extrêmement rigoureux. Nous avons – cela a été rappelé, ici – l'une des législations, peut-être la législation la plus rigoureuse d'Europe. En 2012, vous vous en souvenez, vous siégiez dans ce Parlement, nous avons eu de longs débats suite à des dossiers particuliers. Après ces longs débats, une législation très rigoureuse a été adoptée avec les écologistes ; les libéraux, cela a été redit en Commission. À l'époque, on considérait même que cette législation était trop P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 18 rigoureuse, qu'elle allait trop du côté de l'éthique et pas assez du côté de la défense des intérêts économiques. Je pense, pour ma part, qu'elle a trouvé le bon équilibre. Je rassure M. Tzanetatos : il est évident qu'à partir du moment où il y a un arrêt de la Cour constitutionnelle qui nous dit que les rapports de WBI doivent être transmis dans les rapports et que vous puissiez donc les examiner, ce sera fait. J'ai déjà répondu en ce sens, en commission, en indiquant que le décret arme serait révisé, d'une part parce qu'il y a des textes européens qui ont évolué et que l'on doit donc réviser le décret à la lumière de ces textes ; d'autre part, pour se conformer à l'arrêt de la Cour constitutionnelle. Vous aurez les rapports de WBI et vous pourrez voir que WBI fait vraiment un travail d'une très grande finesse et regarde au cas par cas, pays par pays, type d'armement par type d'armement et me soumet des avis. C'est très bien et, oui, j'ai la lourde responsabilité, car à la fin, c'est mon nom qui apparaît sur le certificat. Si, un jour, certaines de ces armes devaient servir à des fins autres que celles pour lesquelles on les a destinées, d'une certaine manière, j'en porterais – même à titre personnel – la responsabilité. Je me dis, parfois, que j'aimerais qu'un ministre du Gouvernement, peut-être même d'un autre parti de la majorité, cosigne avec moi, de manière que nous partagions cette lourde responsabilité. Je l'assume telle qu'elle est là aujourd'hui et je le fais d'autant plus volontiers que j'ai une totale confiance dans nos services qui font un travail admirable. Je me réjouis que vous receviez bientôt ces rapports et que vous puissiez, à votre tour, vous en rendre compte. S'il y a une chose qui doit être rappelée, quand même, c'est que nous agissons aussi, en Wallonie, dans une transparence absolument remarquable. Reconnaissez-le. Vous êtes quelques-uns présents, ce matin, à être membres de la commission présidée avec brio par M. Tzanetatos. Vous pouvez le dire : nous avons des rapports semestriels qui sont publiés, qui vous donnent très largement l'information sur l'ensemble de nos exportations. Vous avez, en plus, un rapport annuel, nous avons un débat ouvert et nous avons un débat à huit clos. Je dois dire, d'ailleurs – je veux le saluer ici – que, dans ce débat à huit clos, j'ai donné toutes les informations qui m'ont été demandées, pratiquement, sur des licences individuelles dans tel pays, tel type d'arme et il n'y a jamais eu la moindre fuite. C'est assez remarquable. C'est la preuve que les membres de la commission ont conscience qu'eux aussi portent une lourde responsabilité en exerçant ce nécessaire contrôle démocratique sur les exportations qui sont les nôtres. C'est vrai, je l'ai dit, nous sommes un petit vendeur, non pas pour minimiser, mais aussi pour recontextualiser. Mme Simonet a donné les chiffres. La Belgique est le vingtième vendeur mondial. Nous exportons – il faut quand même le rappeler aussi – 60 % vers l'Union européenne. Nous exportons beaucoup plus 19 vers nos pays voisins que vers le reste du monde, donc vers des pays qui sont des pays très sûrs. Nous exportons des armes qui, pour beaucoup, sont des armes civiles qui servent simplement à armer des polices, qui doivent exercer des missions de sécurité générale, mais aussi des armes militaires ou du matériel qui peut avoir une destination militaire. Nous représentons, c'est vrai, très précisément, toute la Belgique : 0,34 % du total des exportations hors de l'Union européenne. Comparé à la France avec ses 6,6 %, l'Allemagne avec ses 7,8 %, ou les États-Unis avec ses 30,4 %, nous sommes, effectivement – ce n'est peut-être pas l'expression – un tout petit vendeur, c'est important de l'avoir à l'esprit. Pourquoi est-ce important de l'avoir à l'esprit ? Parce que quand on veut faire de la géopolitique, avec son poids économique et son poids commercial, il faut savoir ce que l'on est, Monsieur Gillot. Si demain, je vais au COARM, et je dis « attention, si mes partenaires du COARM ne veulent pas, comme moi, réviser la position par rapport à l'Arabie saoudite, demain la Wallonie cessera d'exporter », j'aurai les applaudissements de tous mes partenaires. Le lendemain, ils auront le marché, nous aurons renoncé au marché et c'est la France ou l'Allemagne qui l'aura. Nous aurons perdu des centaines, voire des milliers d'emplois dans notre région, sans que cela ait eu le moindre impact géopolitique. On peut faire et de grandes déclarations de principes et l'on peut s'embraser pour de grandes déclarations de principes, mais il est plus efficace d'essayer de discuter discrètement, mais sérieusement, avec nos partenaires et de les sensibiliser à la situation du Yémen, aux rapports avec l'Iran, aux relations que ces problèmes ont avec la situation d'Al-Qaïda. Je voudrais aussi rappeler quelques-uns des chiffres, Mme Simonet l'a fait très largement, mais j'y reviens, pour montrer qu'il n'y a pas, contrairement à ce qui a été dit parfois, une tendance exponentielle et une explosion tout d'un coup de nos exportations vers ces pays. En 2009, il y avait 26 licences, je parle de l'Arabie saoudite, pour un montant de 339 millions. En 2010, 18 licences, il n'y avait plus que 49 millions. En 2011, 26 licences, on revenait à 253 millions. En 2012, 22 licences et 267 millions. En 2013, il y avait 27 licences, on retombait à 97 millions et en 2014, 49 licences et 396 millions. Oui, le chiffre de 396 millions est important, il est à peu près celui que nous avions il y a cinq ans. Nous verrons très bientôt les chiffres consolidés pour 2015, mais ce n'est pas exponentiel, comme vous le voyez, c'est vraiment, en dents de scie, cela oscille entre 50 millions une année et 400 millions une autre, c'est très oscillatoire, très relatif, il n'y a pas, de ce point de vue, de tendance qui soit absolue. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Je vous ai donné tous les chiffres, les membres de la Commission ici présents peuvent en témoigner, je vous donne non seulement les chiffres bruts, je vous donne même les chiffres des licences de transit puisqu'il y a aussi des armes qui ne font que transiter sur notre territoire pour être finalisées et vendues ailleurs, je vous donne même les licences provisoires et les licences de renouvellement, donc vous avez absolument tous les chiffres et tous les détails. De ce point de vue et pour une fois, je rejoins M. Jeholet, on ne doit pas se laisser faire, se laisser donner la leçon par d'autres et par nos collègues flamands en particulier. Je dois dois dire que je l'ai avalé un peu de travers d'entendre mon collègue Geert Bourgeois, avec qui j'ai des relations très courtoises au quotidien, dire au Parlement flamand : « Moi, si j'étais Paul Magnette, je ne ferais pas ceci, je ne ferais pas cela », et qui, quelques jours plus tard dit : « J'ai refusé une licence ». On se renseigne et qu'y a-t-il dans la licence ? Des gilets pare-balles. C'est sûr que les gilets pare-balles non exportés en Arabie saoudite vont avoir un impact majeur sur la situation géopolitique au Proche-Orient. Tout d'un coup, un geste flamand a eu des conséquences absolues. À côté de cela, la situation flamande, ils n'ont pas un décret aussi rigoureux que le nôtre et ils recourent beaucoup plus que nous à la technique de ce que l'on appelle le double usage, c'est-à-dire qu'ils vendent toute une série de très bonnes et très chères technologies flamandes, des pare brises, des systèmes de mesure, des oscilloscopes, de la photorésine pour les connexions intégrées, des fibres synthétiques, des technologies de cryptologie, tout cela pour des montants sept à huit fois supérieurs à ce que sont les exportations wallonnes. Si j'étais Geert Bourgeois, premièrement, j'adopterais un décret aussi rigoureux que celui de la Wallonie. Deuxièmement, je ferais preuve d'autant de transparence que la Wallonie. Troisièmement, je recourrais beaucoup moins à la technique des doubles usages et j'assumerais la finalité militaire d'un certain nombre de mes exportations. Quatrièmement, si j'étais Geert Bourgeois, je ne ferais pas la leçon aux voisins qui sont plus vertueux que moi-même. J'espère que le message lui sera transmis. (Applaudissements) J'en viens au dernier élément du débat qui, n'a pas grand-chose, n'a même pratiquement rien à voir avec la situation de l'Arabie saoudite, mais qui est un débat important en lui-même, qui est la situation de la FN. Cette entreprise, on l'a dit, plus de centenaire, détenue depuis 1997 par la Région wallonne. Elle était détenue parce qu'un ministre libéral de l'économie, soutenu par son partenaire de l'époque, a décidé de la nationaliser, parce que c'est une entreprise qui était en difficulté, mais qui est stratégique, je l'ai dit, pour les emplois qu'elle fournit directement, mais aussi en ce qu'elle structure tout un réseau d'entreprises de plus petites tailles dans notre région. L'idée était celle d'un portage. On nationalise pour éviter de perdre le contrôle, pour éviter qu'un actionnaire privé extérieur vienne revendre morceau par morceau l'entreprise et fasse disparaître l'emploi. On consolide et puis on verra. On est presque 20 ans plus tard, Monsieur Jeholet, cela fait 20 ans que l'on fait du portage. Ceci étant, il n'y a pas d'objection. Le ministre Marcourt, ministre en charge de l'Économie, l'a dit avec grande clarté. Si demain arrive un investisseur qui a un vrai projet industriel, qui veut maintenir et même étendre l'emploi, on l'examine. Le dossier publié ce matin dans L’Écho date d'il y a presque deux ans, l'ancienne législature. Un groupe d'investisseurs potentiels, de passionnés des armes – les armes, c'est aussi un secteur qui suscite beaucoup de passion, de collectionneurs, de chasseurs, et cetera – anglais, canadiens, américains, quelques autres, qui se sont dit que c'est une très belle entreprise historique qui a produit des Browning, des Beretta et qui voudraient y investir par passion ; des gens qui ont fait fortune voudraient y investir par passion. Ils ont été reçus par le ministre et par son cabinet. Leur offre a été examinée, ils étaient convenus de se revoir ; presque deux ans plus tard, le cabinet n'a eu aucune nouvelle de ces personnes. Raison pour laquelle je dis que ce n'est pas à l'ordre du jour, car, aujourd'hui, il n'y a pas d'offre. Mais le ministre Marcourt a dit très clairement que s'il y a une offre, il est tout à fait prêt à l'examiner. Par rapport à cela – je vais un peu rejoindre M. Gillot avec qui j'ai été un peu sévère tout à l'heure –, je ne crois pas qu'il y ait, par essence, une supériorité de l'actionnaire privé sur l'actionnaire public. Je suis très heureux du raisonnement de M. Tzanetatos, raisonnement très dialectique. Dans un premier temps, il nous dit qu'il faut rester dans l'entreprise ; dans un deuxième temps, son chef de groupe lui dit non, mais il s'est exprimé à titre personnel avec un peu d'imprudence ; dans un troisième temps, il révise un peu, avec beaucoup de sagesse ce matin à la radio et à notre tribune, en disant : « Oui, l'actionnaire public est une garantie dans un secteur sensible et où nous avons de nombreux emplois ». Au-delà du fait d'être une garantie, l'actionnaire public peut aussi être intrinsèquement très innovateur. Il peut aussi être le meilleur porteur de la diversification. Historiquement, la FN n'a jamais arrêté d'essayer de diversifier, elle a produit des voitures, des motos, des trayeuses, des systèmes de réfrigération. Jamais elle ne s'est reposée sur ses lauriers, toujours, elle a su que le secteur de l'armement était un secteur délicat et que tout le secteur d'entreprises a intérêt à se diversifier et ceci, qu'il y ait des actionnaires privés ou des actionnaires publics. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 20 Devant un panel très large, il y a eu une conférence de la SRIW organisée récemment avec la brillante économiste italo-américaine, Mariana Mazzucato, qui a écrit un beau livre intitulé L'État entrepreneur dans lequel elle rappelle que tous ces iPhone et iPad que nous avons tous sur le tableau, ont pu aboutir parce que la quasi-totalité des technologies les composant, depuis l'écran tactile jusqu'au GPS en passant par Internet, ont été financés par des fonds publics, par des innovateurs publics qui ont inventé ces technologies. M. Steve Jobs a juste fait en sorte de les mettre ensemble et a largement bénéficié, lui aussi, de très nombreux subsides publics. Ce que je ne voudrais pas, c'est que l'on pense qu'il y a, d'un côté, un actionnaire public conservateur qui ne sait pas innover et, à côté, de formidables investisseurs privés pleins d'idées. Nous avons, en Wallonie, de formidables actionnaires publics qui ont beaucoup d'idées et qui soutiennent l'innovation ; il faut le dire et le répéter. Deuxième balise, ce dont je ne veux pas dans les opérations de nationalisation, ni ici, ni ailleurs, c'est que l'on répète cette vieille, cette antique loi du capitalisme qui dit : « Socialisation des coûts, privatisation des profits ». Aujourd'hui, nous avons investi dans la FN. Faisons le bilan de ce que nous avons investi dans la FN, le bilan des subsides, de tout ce qui a été apporté ; puis faisons le bilan de ce qu'elle nous rapporte. Oui, elle nous rapporte des dividendes. Monsieur Gillot, ce ne sont pas des dividendes donnés à des actionnaires privés, puisqu'il n'y en a pas en l'occurrence, mais l'année dernière, la FN a contribué à hauteur de 10 millions d'euros au budget wallon ; tant mieux ! Nous avons investi dans cette entreprise, comme dans d'autres, la SONACA, Prayon et quelques autres encore, parce qu'elles étaient en difficulté. Nous les avons modernisées, nous avons maintenu et étendu l'emploi. Aujourd'hui, elles sont rentables, elles rapportent des dividendes à la Wallonie ; cela doit aussi être un des critères à prendre en considération. Pour le reste, je me rallie à l'argumentation de mon collègue vice-président Marcourt qui dit : « Si un investisseur privé arrive – comme cet investisseur dont on parlait ce matin dans un grand journal économique – s'il a un projet industriel, un projet de diversification, s'il peut apporter des liquidités, de nouveaux carnets de commandes, de nouvelles opportunités, s'il peut maintenir et amplifier l'emploi, il n'y a aucune raison de le refuser ». Le Ministre Marcourt, que j'ai eu au téléphone encore ce matin, me l'a dit et confirmé : bien sûr, chaque fois que nous recevons une offre – parfois, certaines sont un peu fantaisistes, parfois, c'est une page et demie et l'on ne sait pas très bien – pour ne pas passer à côté, ils sont reçus et leur offre est examinée. Ceci restera l'attitude de ce Gouvernement. 21 Voilà, Mesdames et Messieurs, chers collègues, il me reste quelques minutes, mais je voudrais simplement conclure en disant que, dans ce dossier, c'est un équilibre difficile entre trois piliers : l'économie bien sûr, l'éthique évidemment, mais aussi la géopolitique. Nous faisons, à notre modeste mesure, de la géopolitique directement par l'entreprise par l'État fédéral et par l'entreprise de l'Union européenne à laquelle nous appartenons. Nous devons balancer ces trois intérêts. C'est un exercice très difficile. C'est beaucoup plus simple, c'est toujours plus simple de dire : « J'ai une position simple : je ne vends plus rien et tant pis pour l'emploi » ; ou de dire : « Tant pis pour l'éthique, moi, je ne veux que des emplois ». C'est toujours plus compliqué au contraire de trouver ce subtil équilibre. Je pense que, depuis quelques années, en particulier depuis 2012, je le dis d'autant plus à l'aise que je n'étais pas ici, je n'étais pas parmi vous, nous avons, vous avez, en Wallonie, trouver ce juste équilibre, où nous avons les règles les plus transparentes possible. Je viens de le répéter, nous nous mettrons en conformité avec l'arrêt de la Cour constitutionnelle sur le dernier élément qui a été évoqué. Ces règles pourraient en inspirer beaucoup d'autres. Elles sont exemple de transparence. Nous n'avons non seulement pas à en rougir, mais nous devons en plus les défendre. C'est un peu un mal wallon. Nous avons les règles les plus fortes en matière de décumul, mais on a un débat sur le cumul. Nous avons les règles les plus fortes en matière de limitation et de transparence des rémunérations, mais il y a un débat. Nous avons les règles les plus fortes ici aussi en matière de transparence des exportations, mais il y a un débat alors que, dans d'autres régions ou d'autres pays, ce débat n'a pas lieu. Soyons fiers de nos règles et continuons de les appliquer. Pour le reste, poursuivons cette double cohérence qui est la nôtre, cohérence européenne – je l'ai dit – dans le cadre du COARM, de l'Union européenne, continuons de dialoguer avec nos partenaires, continuons d'essayer de convaincre avec honnêteté. J'ai entendu des expressions allemandes, des expressions publiques suédoises, des expressions publiques britanniques, mais je peux vous dire que ni l'Allemagne – Madame Simonet, vous m'avez posé la question – ni la Suède, ni le Royaume-Uni n'ont, à ce jour, suspendu leurs licences. Il y a un débat. Il y a expression publique, mais ensuite c'est business as usual. Le seul pays qui, à notre connaissance, en a suspendu, c'est la Suisse qui, comme vous le savez, n'est pas membre de l'Union européenne. Deuxième cohérence, c'est la cohérence belge. Au sein du Parlement fédéral, nous avons des grands débats de politique étrangère. Lorsqu'il y a eu un débat sur la lutte contre le terrorisme et sur la lutte contre Daesh, une résolution a été votée, les deux formations politiques qui sont dans la majorité wallonne et dans P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 l'opposition fédérale ont voté avec la majorité fédérale en disant : « Oui, il faut lutter contre Daesh ». L'Arabie saoudite est aussi dans cette coalition dirigée par les États-Unis. Ce n'est pas notre amie. Nous n'aimons pas du tout la politique de l'Arabie saoudite. Nous n'aimons pas du tout les violations et les dénonçons, des droits de l'homme, et cetera, mais dans le combat contre Daesh, pouvons-nous priver d'un pays comme celui-là, de sa force économique, de sa force militaire et de son rôle stabilisateur ? C'est difficile. C'est toujours plus facile d'avoir les mains propres, mais on ne change pas le monde comme l'avait très bien montré Jean-Paul Sartre dans un livre resté célèbre, sans, de temps en temps, accepter que si l'on veut poursuivre son idéal, il faut parfois s'entacher un tout petit peu les mains. Nous le faisons, mais nous le faisons sans jamais perdre de vue notre boussole géopolitique et nos intérêts éthiques. La seule chose que je nous souhaite, c'est que nous parvenions à le faire encore et à le faire longuement. Je vous remercie de votre attention. (Applaudissements) M. le Président. - Après la réponse du Gouvernement, nous donnons bien sûr la réplique à l'assemblée, singulièrement à M. Tzanetatos pour six minutes. La parole est à M. Tzanetatos. M. Tzanetatos (MR). - Je n'ai pas de réplique particulière, Monsieur le Président. Le discours a été clair en ce qui me concerne et par rapport aux questions que j'ai posées. M. le Président. - La parole est à M. Collignon. M. Collignon (PS). - Une petite réplique, Monsieur le Président. Tout d'abord, je me plais à souligner la sérénité des débats dans un tel contexte qui est compliqué, à savoir, M. le Ministre-Président l'a rappelé, trouver cet équilibre entre éthique, droits de l'homme et l'importance du secteur économique. Deux, pour faire un peu d'histoire, c'est que M. le Ministre-Président a cru sur parole l'excellent chef de groupe MR, mais en 1997, c'est un gouvernement PScdH et c'est un ministre – c'est le Gouvernement Collignon, pour être franc – qui a mis en place le rachat de la FN. Je sais que les libéraux ont d'excellents ministres de l'Économie, mais à l'époque, le ministreprésident était aussi ministre de l'Économie, c'est simplement pour les comptes-rendus et la vérité de l'histoire. Troisièmement, j'ai cru retenir des débats qu'aucune formation politique, hormis Ecolo, ne souhaitait que l'on débatte à nouveau d'une refonte du décret. Je pense qu'un consensus se dégage, à ce niveau. On a parfois évoqué des positions schizophréniques. M. le Ministre-Président a mis en avant celle du PTBGO ! Je dois aussi relever celle de M. Bourgeois, mais il est tout de même extrêmement étonnant qu'un ministre N-VA soit souvent jaloux des régionalisations, des compétences que l'on exerce ou que l'État fédéral exercerait à l'encontre des régionalisations et, à ce jour, se mêler de compétences qui sont parfaitement régionalisées. C'est peut-être un défaut qu'ont certains Flamands que de vouloir donner la leçon dans certaines thématiques. La Wallonie n'a pas à rougir de son éthique. Comme je l'ai dit en entame : il n'y a pas une partie du pays qui est parfaitement éthique et un autre territoire qui est sous-développé et dans le cadre duquel l'éthique n'aurait pas parcouru. Je voudrais également souligner qu'il me semble que la Wallonie aurait tout à perdre en allant plus vite que la musique. M. Jeholet a exprimé là une position à laquelle on peut recourir. Ensuite, sur la thématique des ventes des parts, le discours du ministre-président me convient quant aux balises qui ont été fixées, mais pas de position dogmatique. Je répète quand même que le momentum me semble particulier. Ce n'est pas quand votre commerce est mis en difficulté, est épinglé, que l'on songe à le vendre. Il est parfois étonnant que l'on attende souvent de la puissance publique de jouer au pompier de service quand une entreprise va mal et que, quand l'entreprise fonctionne, on se dise qu'il faut privatiser pour que le privé puisse faire des bénéfices, en ayant aussi à l'esprit que c'est aussi une garantie par rapport à ce commerce particulier. M. le Président. - La parole est à Mme Ryckmans. Mme Ryckmans (Ecolo). - Monsieur le MinistrePrésident, vous avez répondu à certaines de nos questions. Vous avez, par exemple, annoncé que nous aurons le rapport WBI ; ce qui est demandé par la Cour constitutionnelle. Vous avez dit publiquement la destination des tourelles de chars. Comme vous l'avez dit, nous étions tenus à ce devoir de réserve et l'information n'était pas publique. Maintenant, elle l'est, c'est confirmé. Il est important que cette destination finale des armes soit transparente et publique. Vous avez raison de dire que le décret est solide. Ce que nous demandons, c'est qu'il soit appliqué. Nous demandons l'application du décret et de tout le décret. À notre sens, quand trois des huit critères qui sont à respecter pour la vente d'armement ne sont plus réunis aujourd'hui, il faut suspendre les livraisons d'armes à l'Arabie saoudite qui viole les droits humains, qui met à mal la paix, la sécurité et la stabilité régionale, qui viole P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 22 le droit international, y compris le droit en temps de guerre, le droit humanitaire, en bombardant sans discernement les civils. Devant les faits actuels, Monsieur Magnette, il faut revoir votre position. Ce que nous demandons, ce n'est certainement pas de revoir le décret, Monsieur Collignon. Ce que nous demandons, c'est que, au contraire, il soit approfondi et que les deux arrêtés d'application dont nous demandons l'adoption soient effectivement adoptés. C'est ici que vous ne nous avez pas répondu. Vous nous avez répondu qu'il y avait eu des échanges au sein du COARM avec les autres pays. Vous avez la possibilité, Monsieur le Ministre-Président, de poser cette question et d'amener votre position au sein du COARM. S'il y a des débats et des discussions dans les trois pays – vous avez cité l'Allemagne et la Suède, mais il y a aussi la Grande-Bretagne –, vous avez la responsabilité de mettre cette question à l'agenda et de mettre la décision d'une suspension, éventuellement, sur la table. Dire qu'il ne sert à rien de ne pas vendre d'armes à un pays, sous prétexte que d'autres le feraient, c'est un argument que l'on entend régulièrement qui ne tient pas compte des règles qui ont été fixées aux niveaux mondial, européen et régional. Si vous avez la possibilité de mettre cette question sur la table, nous pensons que vous devez le faire. Bien sûr, nous sommes préoccupés par l'emploi. C'est pour cela que nous parlons de diversification, c'est pour cela que nous parlons du rôle important de l'actionnariat régional qui est, à notre sens, un point d'appui pour diversifier... M. le Président. - Je vous invite à conclure, Madame. Mme Ryckmans (Ecolo). - ... pour diversifier pas seulement ses produits, cela a été évoqué par les uns et les autres, mais aussi ses clients. C'est là qu'il y a une responsabilité à être moins dépendant d'un seul client qui est éthiquement problématique. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à Mme Simonet. Mme Simonet (cdH). - Monsieur le MinistrePrésident, merci pour votre exposé qui a abordé l'ensemble des questions de la difficulté de cette thématique. Vous avez rappelé les procédures internes en Région wallonne, le travail qui est fait par notre administration, qui est de qualité et qui est difficile lui aussi. Les procédures au COARM, là, j'ai entendu avec plaisir qu'à trois reprises, en l'espace de quelques mois, vous aviez remis cette thématique au niveau européen, à l'endroit où le débat, d'ailleurs, doit avoir lieu. 23 Nous avons le décret de 2012 qui est un décret solide, qui est un des décrets qui traduit les directives européennes et qui va au-delà. Nous l'avons voulu ainsi après de longs débats au sein de cette assemblée. J'aime votre proposition quand vous dites « Nous l'avons, assumons-le et surtout défendons-le pour que d'autres, demain, se dotent d'outils semblables, aussi exigeants » et qu'au COARM j'ai pris bonne note que vous alliez – et vous l'aviez déjà fait à trois reprises, je vous en félicite – que vous ne manquerez pas de le refaire lors des réunions qui se dérouleront... J'ai noté aussi que s'il y a des questionnements en Allemagne, au Royaume-Uni, aucune suspension de licence n'avait été actée au sein du COARM qui est l'endroit où justement on échange par rapport à des décisions qui sont prises, c'est important. Par rapport à l'ouverture éventuelle du capital, je vous entends, j'ai noté que vous aviez dit que ce n'était pas à l'ordre du jour. Non pas que ce n'était pas possible, mais que ce n'était pas à l'ordre du jour. L’offre dont on parle dans la presse de ce matin remonte à 2014 et j'entends que les personnes ont été reçues au cabinet du ministre de l'Économie. Ce n'est pas parce qu'il y a une offre, un papier, le papier se laisse écrire. À Liège, pardon de terminer comme cela, nous avons encore un goût amer avec des larmes, pour ne pas dire des larmes et du sang, de ce qui s'est passé dans d'autres entreprises où nous espérions – je pense à Cockerill en son temps – qu'avec Arcelor les temps seraient meilleurs et qu'avec Mittal, ils seraient porteurs d'espoir. Je vous remercie et vous invite à porter ce débat au niveau européen. (Applaudissement) M. le Président. - La parole est à M. Gillot. M. Gillot (PTB-GO !). - Je pense que M. Magnette n'a pas vraiment bien écouté ce que j'ai dit, parce que quand j'ai parlé d'embargo, il devrait avoir lieu au moins au niveau européen. J'ai dit dans mon discours que cela n'avait aucun sens de le faire uniquement au niveau wallon. Là, il n'y a pas d'hypocrisie à avoir, c'est exactement ce que j'ai dit. J'ai dit que par ailleurs, si cela devait aboutir, il faudrait des compensations aussi pour les travailleurs. On en a trouvé pour d'autres secteurs. Je ne vois pas bien où il y a une contradiction. J'ai dit aussi qu'il fallait que les responsables politiques prennent leurs responsabilités en pensant à la diversification de la production dans l'entreprise. Là non plus je ne vois pas où il y a une quelconque forme d'hypocrisie. Je vais terminer sur les considérations de vie sexuelle que vous avez eues.... P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 (Réaction d'un intervenant) Non, non, mais directement, parce que j'ai quand même un peu l'expérience aussi, mais je dois me rendre compte... M. le Président. - Monsieur Gillot, ce n'était pas un fait personnel, rassurez-vous.... (Rires) M. Gillot (PTB-GO !). - Non, non, je m'en doute. Je peux vous dire qu'il est tout à fait possible de rester vierge et d'avoir par ailleurs une vie sexuelle, parfois pauvre d'ailleurs. En laissant entrer un capital privé dans une entreprise comme la FN, c'est un peu ce qui arriverait en ne devenant plus qu'un voyeur. Merci, Monsieur le Ministre-Président. Pas mal, hein ? M. le Président. - On a compris que M. Gillot s'autoévaluait, manifestement. (Réaction de M. Puget) Si M. Puget a d'autres confidences, on l'écoute. M. Puget (Indépendant). - Je pense que j'en ai déjà fait pas mal ces 15 derniers jours. Je remercie M. Magnette pour sa synthèse complète. Au moins, tout le monde a été informé en un éclairage clair sur la situation. Le message envoyé vers les travailleurs de la FN ou une garantie à l'emploi a rassuré tout le monde. Tout le monde va pouvoir rentrer chez soi aujourd'hui un peu soulagé. Je me réjouis que le débat ne soit pas trop teinté par l'émotionnel et que presque tout le monde s'entende pour conserver un des outils industriels dont la grande majorité des Wallons est fière. M. le Président. - La parole est à M. Jeholet. M. Jeholet (MR). - Monsieur le Président, Monsieur le Ministre-Président, je dirais en boutade, pour commencer, quand j'entends le discours de M. Magnette, il y a un virage à 180 degrés avec les discours antimilitaristes socialistes d'il y a quelques années. C'est une évolution, car dans votre discours, il y a deux aspects. J'ai dit cette évolution du côté – c'est vrai qu'on le voit dans d'autres pays, le côté va t'en guerre du président Hollande, et cetera – il y a une évolution du Parti socialiste. Quand on parle de la FN, on retrouve le côté doctrinaire et dogmatique du ministre-président. Deuxième remarque, Monsieur le MinistrePrésident, vous avez parlé des avis COARM, vous parlez du mois de novembre, le premier avis que vous avez demandé, le 12 novembre 2015. Cela veut-il dire qu'auparavant, puisque vous êtes ministre-président depuis un peu plus longtemps, il n'y a pas eu nécessité, que vous n'avez pas jugé utile de demander d'avis au COARM ? Nous aurons l'occasion d'en rediscuter parce que vous n'avez peut-être pas jugé opportun de demander d'autres avis. Troisième remarque, quand vous parlez de tout petits vendeurs, je vous avoue que la formule me paraît maladroite, car on pourrait parler de petits voleurs, de petits braqueurs, en attendant, il faut être prudent dans la formule. Ce que je veux dire et être très clair par rapport au groupe MR, c'est que cela n'enlève en rien l'obligation d'envisager chaque dossier, chaque licence avec tout le sérieux et toute la vigilance nécessaires et sans la moindre légèreté. Il y a le décret – j'ai compris qu'il n'y a pas une volonté de remettre le décret en question – et il y a les critères du décret qui doivent être respectés. Il faut juger chaque licence individuellement et avec beaucoup de vigilance. Par rapport à la Commission armes, je partage le jugement de valeur que vous portez sur le président, mais ce serait un peu trop facile de lui transférer la responsabilité, ainsi qu'aux membres de la commission. C'est vous qui signez les licences d'exportation. Un contrôle se fait parfaitement a posteriori. C'est bien essayé, mais vous portez la responsabilité de la signature des licences d'exportation. Quatrième remarque, on est d'accord sur les déclarations faites en Flandre, on n'a pas de leçons à recevoir. Évitons de donner également des leçons à la Flandre si l'on ne veut pas qu'elle nous donne des leçons. On est suffisamment grands pour prendre notre destin en main dans beaucoup de dossiers, je le rappelle très souvent. Par rapport à la privatisation – je termine par là – d'abord, que les choses soient très claires, on peut essayer, mais au niveau du Mouvement réformateur, la position est unique et très claire par rapport à la privatisation. Je préfère parler d'actionnariat privé. Loin de moi l'idée, à nouveau dogmatique, de dire ce que demain le privé fera, il le fera mieux qu'aujourd'hui le public. Par rapport au projet qui existe, il y a un projet de diversification, un projet de maintien d'une activité locale importante. Il y a une volonté de concertation puisque, manifestement, le président de la FN a rencontré les syndicats pour exposer le projet. Attention d'aborder ce sujet avec des réserves – les réserves que j'ai citées tout à l'heure par rapport à l'activité, à l'emploi, au savoir-faire wallon –, car là, j'ai l'impression qu'il y a une divergence de vues au sein de votre formation politique. Quand j'entends M. Collignon qui est interrogé et qui dit : « Non, pas question, ce n'est pas à l'ordre du jour ». Quand vous m'avez répondu en commission, il y a un mois, je n'ai pas ressenti l'ouverture du ministre de l'Économie aujourd'hui. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 24 Quand on parle de ce projet et que l'on dit : « Il y aura peut-être, à un moment donné, un projet en bourse d'ici deux ou trois ans ». Le ministre de l'Économie est ouvert à cela. Dans d'autres dossiers – M. Crucke l'a interrogé par rapport à d'autres dossiers –, il y a un côté doctrinaire, un blocage que je ressens quand même un peu chez vous. Alors, Monsieur Collignon, permettezmoi, votre réaction un peu épidermique et puérile, de venir dire : « La Région wallonne va se retirer de Brussels Airlines ». Vous êtes contredit d'ailleurs par le SRIW, mais si l'on veut de la sérénité dans le débat, évitons aussi ce type de réaction. On aura l'occasion d'en reparler, Monsieur le Ministre-Président, mais je pense qu'il faut vraiment avoir ce débat sans frein et sans tabou. Pour terminer, quand M. Collignon dit : « Ce n'est pas le moment, parce que l'on a l'impression d'être dans une problématique commerciale, ou une entreprise qui va mal ». Non, c'est de notre responsabilité à faire passer le message qu'il n'y a pas de souci. Si notre responsabilité et l'expression politique est contraire, évidemment, cela met à mal, non seulement l'entreprise, qu'elle soit demain davantage privée que publique aujourd'hui. On doit avoir un message clair par rapport au secteur de l'armement, que ce soit la FN ou d'autres entreprises wallonnes, par rapport à l'activité et par rapport au travail. M. le Président. - Monsieur Jeholet... M. Jeholet (MR). - Je termine, Monsieur le Président. C'est un message clair aussi et c'est de notre responsabilité politique. Je dois bien vous avouer, Monsieur le MinistrePrésident, que sur la privatisation ou la montée en puissance d'un actionnariat privé, alors qu'il y a des projets, minimum un projet concret existe, il a été présenté. Je regrette une certaine frilosité de votre part par rapport à celle du ministre de l'Économie qui, malheureusement, n'était pas présent aujourd'hui. J'aurais souhaité pouvoir aussi avoir sa position et en discuter avec lui, mais nous aurons l'occasion d'en redébattre vu l'importance du sujet. Je vous remercie. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à Mme Zrihen. Mme Zrihen (PS). - Très brièvement, Monsieur le Président, simplement pour dire qu'effectivement, on peut, comme on dit chez nous, « touiller » toute la machine tant que l'on veut, la question qui se pose est immédiate. Il y a un COARM le 20 janvier et pour bonne information, ce COARM se réunit mensuellement et permet à chaque fois d'adapter les décisions qui sont prises. Je pense que le Fédéral aura aussi une responsabilité par rapport à la position qu'il prendra ce jour-là. Je prendrai aussi la responsabilité de poser les questions ad hoc au bon moment pour savoir 25 quelles sont les cohérences que nous avons pu développer dans ce dossier sans faire un touillage pareil. Merci. M. le Président. - Pour le groupe socialiste, M. Collignon se sentait, si j'ai bien compris par mimique interposée, interpellé par les propos de M. Jeholet. Souhaitez-vous intervenir pour rectifier certains éléments ou pas ? M. Collignon (PS). - Je souhaite intervenir très brièvement, parce que je pense que le débat est serein et que ce n'est pas le lieu de la polémique. Je veux simplement dire deux choses. La première est que j'ai dit, à l'entame, il y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, qu'il n'y a pas d'opposition dogmatique et, qu'à titre, personnel, je ne sentais pas le momentum, pour résumer ma pensée. Deux, je ne comprends pas – là aussi, c'est une position personnelle, j'ai encore le droit d'émettre des idées – que ce qui vaut comme raisonnement pour vendre des parts pour la FN ne vaille pas pour la SN Bruxelles dans le cadre duquel seule la Wallonie est intervenue. La Flandre n'est pas intervenue et où il n'y a pas d'emploi wallon et où, à mon avis, il n'y a pas intérêt à garder ces parts. Je ne vois pas quelle barrière intellectuelle vous avez à ne pas vendre des parts dans un autre dossier. C'est simplement... (Réaction de M. Jeholet) Je ne sais si j'ai des humeurs, mais je n'en ai pas souvent. Je ne sais pas si vous en avez. M. le Président. - La parole est à M. Fourny. M. Fourny (cdH). - Je m'en référerai à ce qui a été dit et très bien dit par Mme Simonet. M. le Président. - Fort bien. Chers collègues, nous nous retrouverons à 14 heures pour les déclarations et les questions. Ensuite, nous aurons la clôture d'une démarche citoyenne à travers une pétition et la résolution sur le dumping social. Tout cela nous amènera aux votes à partir de 17 heures. Bon appétit à chacune et chacun. La séance est suspendue jusqu'à 14 heures. - La séance est suspendue à 12 heures 9 minutes. REPRISE DE LA SÉANCE - La séance est reprise à 14 heures 4 minutes. M. le Président. - La séance est reprise. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 DÉCLARATIONS D'INTÉRÊT RÉGIONAL M. le Président. - Conformément à l'article 69 du règlement, les déclarations d'intérêt régional ont lieu en ce début de séance de l'après-midi. DÉCLARATION D'INTÉRÊT RÉGIONAL DE MME DEFRANG-FIRKET, SUR « LE CONSUMER ELECTRONICS SHOW DE LAS VEGAS » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la déclaration d'intérêt régional de Mme Defrang-Firket, sur « Consumer Electronics Show de Las Vegas ». La parole est à Mme Defrang-Firket. Mme Defrang-Firket (MR). - Monsieur le Président, Messieurs les ministres, chers collègues, je voudrais simplement lancer un cocorico wallon, un cocorico liégeois même, pour saluer et féliciter la présence de l'entreprise liégeoise Fleye, qui est compétente en matière de drones et qui est présente sur le salon CES, Consumer Electronics Show, à Las Vegas. Ce n'est pas rien. C'est un salon de grande envergure dans le domaine des technologies de l'information avec 153 pays représentés, 3 600 exposants et 170 visiteurs. C'est une grande fierté pour la Wallonie. Cette entreprise a bénéficié de l'aide de l'AWEx, certes, mais il y a encore beaucoup de choses à faire sur le terrain pour soutenir les entreprises de ce secteur. J'espère que la dynamique, lancée par la résolution que nous avons déposée au Parlement wallon, les soutiendra au mieux et permettra le développement le plus fort possible de ce secteur en vue de créer un maximum d'emplois et de participer ainsi au développement économique de notre région. Je vous remercie. (Applaudissements) DÉCLARATION D'INTÉRÊT RÉGIONAL DE MME SALVI, SUR « LE DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE RÉSOLUTION SUR LE THALYS WALLON » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la déclaration d'intérêt régional de Mme Salvi, sur « le dépôt en urgence d'une résolution de résolution sur le Thalys wallon ». La parole est à Mme Salvi. Mme Salvi (cdH). - Je vous remercie, Monsieur le Président. Chers collègues, souvenez-vous, il y a quelques mois, nous avons eu un excellent débat au sein de cette assemblée, relatif au Thalys wallon et à ce Thalys qui avait disparu de la dorsale wallonne. À l'époque, nos collègues réformateurs nous affirmaient, la bouche en cœur, que l'on ne devait surtout pas s'inquiéter. C’était uniquement une suspension technique de la dorsale et cette dorsale et ce Thalys allaient pouvoir réintégrer les différentes grandes villes wallonnes. Aujourd'hui, malheureusement, on doit bien constater que les masques sont tombés puisque les travaux qui indiquaient la suspension sont bel et bien terminés ou, en tout cas, en phase de l'être. Malheureusement, pas une seule ligne dans la ligne budgétaire au niveau du Gouvernement fédéral n'est prévue afin de lancer un marché de service de qualité par rapport à la réintroduction de ce Thalys. C'est tout à fait inacceptable. Dans ce cadre, je redépose avec mon groupe une proposition de résolution visant à la réouverture de cet axe et de ce Thalys wallon. Cette proposition de résolution est ouverte à l'ensemble des cosignatures, on a déjà eu quelques signes positifs. J'espère, chers collègues, très sincèrement, que je pourrai compter avec mon groupe sur l'ensemble des parlementaires francophones des groupes démocratiques afin de soutenir cette proposition. Aujourd'hui, j'estime que l'on est complètement sourd au niveau du Gouvernement fédéral. On l'a revendiqué à de nombreuses reprises. Cette proposition sera déposée et j'invite chacun et chacune à nous suivre et à soutenir le Thalys. Je vous remercie. (Applaudissements) DÉCLARATION D'INTÉRÊT RÉGIONAL DE MME MORREALE, SUR « LE MAINTIEN DU THALYS EN WALLONIE » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la déclaration d'intérêt régional de Mme Morreale, sur « le maintien du Thalys en Wallonie ». La parole est à Mme Morreale. Mme Morreale (PS). - Monsieur le Président, chers collègues, Mesdames et Messieurs les ministres, ma déclaration d'intérêt régional pour le groupe PS va dans le même sens, en tout cas sur le même dossier. Il est vrai que les nuages s'amoncellent sur le dossier de la dorsale wallonne du Thalys puisque au printemps dernier, la ministre fédérale des transports avait annoncé la fermeture provisoire, le temps de pouvoir équiper de nouveaux dispositifs de sécurité, les voies. Les travaux sont faits, mais le Thalys ne roule toujours pas. Via des motions et via des résolutions, la Wallonie a déjà soutenu une réouverture au sein de ce Parlement. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 26 Malgré les annonces du Fédéral, les actes ne suivent pas et cela nuit aux intérêts des Wallons et de notre région. Raison pour laquelle nous demandons au Gouvernement wallon de se ressaisir à nouveau du dossier. Concrètement, comment faire ? En portant le dossier au Comité de concertation en demandant pourquoi, au budget 2016 du Fédéral, il n'y pas de budget prévu pour la relance de Thalys wallon, de ce TGV intérieur. Clairement, cela va poser des soucis, à la fois pour les Namurois, pour les Carolos, pour les Montois, comme pour les Liégeois. (Applaudissements) M. le Président. - Voilà qui clôture le point à l'ordre du jour que constituaient les déclarations d'intérêt régional. QUESTIONS URGENTES M. le Président. - Conformément à l'article 68 du règlement, les questions urgentes ont lieu en ce début de séance de l'après-midi. QUESTION URGENTE DE M. CRUCKE À M. PRÉVOT, MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS, DE LA SANTÉ, DE L'ACTION SOCIALE ET DU PATRIMOINE, SUR « L'ARRIVÉE DES SUPERCAMIONS » QUESTION URGENTE DE M. FOURNY À M. PRÉVOT, MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS, DE LA SANTÉ, DE L'ACTION SOCIALE ET DU PATRIMOINE, SUR « L'EXPÉRIENCE-PILOTE EN MATIÈRE D'ÉCOCOMBIS » M. le Président. - Nous avons deux questions portant sur le même sujet ; le ministre va le découvrir en séance. Si je me permets de les regrouper, c'est parce que le greffe et votre serviteur ont connaissance de l'objet ; ce qui n'est pas le cas du Gouvernement. L’ordre du jour appelle les questions urgentes à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine : – de M. Crucke, sur « l'arrivée des supercamions » ; – de M. Fourny, sur « l'expérience-pilote en matière d'écocombis ». La parole est M. Crucke pour poser sa question. M. Crucke (MR). - Monsieur le Président, avec M. Fourny, je prends le Gouvernement par surprise, je trouve cela très agréable. 27 Monsieur le Président, il y a longtemps que nous parlons ensemble, depuis que vous êtes ministre en tout cas, de ce que l'on appelle les supercamions, les Super Trucks – et pas les super Crucke, cela peut exister aussi – qui devraient être une solution à la fois environnementale, écologique, économique et une lutte contre un sujet qui vient tout à l'heure, le dumping social. Vous étiez d'accord sur le fond, je dois le reconnaître. En Flandre, cela existe, deux lignes fonctionnent aujourd'hui. Aux Pays-Bas, on a légiféré depuis longtemps. Chez nous, je lis ce matin que vous avez déposé un avant-projet de décret pour faire des projets pilotes. À ce train, on ne va pas aller très vite pour ces Super Trucks. Y a-t-il besoin d'un cadre décrétal pour faire des projets pilotes ? Ne pouvait-on pas, dans une logique qui me semble plus simple, faire des projets pilotes et en fonction de cela, avoir un décret qui débatte du cadre ? Vous savez qu'il y a des demandes sur le terrain. Je vous ai relié une demande bien précise entre Leuze et Mouscron. Aujourd'hui, les travaux entre Leuze et Mouscron font que, même avec un Super Truck, on ne va pas avancer très vite, car cela fait plus d'un an et demi que l'on est en travaux et, paraît-il, il y en a encore pour un an et demi. Mais il n'y a pas que le sousrégionalisme, il y a aussi des demandes d'entreprises qui se disent, si demain, on veut être plus efficaces, on a besoin de cette possibilité. Ne pourrait-on pas changer cette logique ? M. le Président. - Vous l'aurez compris, cette foisci, ce n'est plus une surprise, M. Fourny pour le groupe cdH sur le même thème. La parole est à M. Fourny pour poser sa question. M. Fourny (cdH). - Monsieur le Ministre, pour compléter la question posée, quand on voit l'état de nos routes, il est clair qu'il faut faire des expériences pilotes et qu'un encadrement décrétal s'impose à ce propos. Il faut que l'on puisse au moins contrôler, valider les portions de route sur lesquelles on va rouler. Monsieur le Ministre, ma question est la suivante. Quelles sont les opérations pilotes qui seront lancées ? Quelles seront les durées pour lesquelles ces opérations pilotes seront lancées ? Les routes qui seront fréquentées seront-elles des routes qui contiennent des gabarits suffisants pour accueillir ces écocombis ? Se pose la problématique de savoir s'il n'y aura pas des incidents sur les chaussées, leur état au travers duquel des investissements lourds ont été faits pour l'instant pour les remettre en état. Ce sont les questions qui sont posées maintenant. Dans les faits, quand aura-t-on une perspective claire de mise en route de ce système et de cette expérience pilote, afin d'annoncer la chose aux entreprises, P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 d'envisager la durée de cette expérience pilote et de savoir qui et comment l'évaluation sera faite à ce propos dans les prochains mois ? M. le Président. - La parole est à M. le Ministre Prévot. M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine. - Messieurs les députés, merci pour ce questionnement sur les Super Trucks, les écocombis comme on les appelle également. Effectivement, je suis en train de mettre la dernière touche à la rédaction d'un avant-projet de décret que je soumettrai à mes collègues du Gouvernement d'ici la fin de ce mois. L'objectif étant, à travers cette démarche, d'offrir un cadre qui soit déjà robuste, en vue de pérenniser les actions une fois passée la phase d'expérience pilote, pour peu que l'évaluation et les enseignements que nous pouvons en tirer se révèlent positifs. C'est vrai qu'en Flandre, aux Pays-Bas, déjà où cela se développe depuis une dizaine d'années, nous avons accumulé du retard en Wallonie avec le développement de ce type de supercamions qui, contrairement à ce que peut être le premier ressenti du citoyen, ne sont pas de nature à accroître les accidents, à causer davantage de problèmes de sécurité, à dégrader davantage le réseau routier. Si je puis l'affirmer, c'est parce que l'évaluation qui a été faite, notamment aux Pays-Bas avec 10 années de recul et d'expérience, me permet de l'énoncer. Deuxième considération, la volonté de pouvoir boucler l'ensemble de la démarche et le lancement des appels à projets d'ici l'été. Voilà pour ce qui concerne la dimension de calendrier, Monsieur Fourny, mais il est certain que l'avant-projet de décret – qui se transformera grâce à votre soutien en décret – n'aura pas vocation à tout régler au dernier carat ; des arrêtés ministériels devront être pris. M. le Président. - La parole est à M. Crucke. M. Crucke (MR). - Je remercie M. le Ministre. J'apprécie toujours quand un ministre fait son acte de contrition en reconnaissant le retard de la Wallonie sur le sujet. Je ne lui demande donc pas de faire une pénitence supplémentaire. Je n'ai toujours pas compris la logique. Pourquoi ne pas commencer par des projets pilotes et ensuite un décret ? Est-ce à ce point logique que c'est devenu illogique pour le Gouvernement ? Ce raisonnement simple, non pas simpliste, mais réaliste, n'est-il pas applicable parce qu'il est trop efficace pour les entreprises ? M. le Président. - La parole est à M. Fourny. M. Fourny (cdH). - Je remercie le ministre pour l'agenda annoncé et les expériences pilotes qui devront tenir compte des voies choisies. Il faut une base décrétale sérieuse pour pouvoir mettre en œuvre cette expérience pilote, puisqu'elle implique et induit l'application du Code de la route, dont nous sommes maintenant les responsables, Monsieur Crucke, au travers de la sixième réforme de l'État. Par ailleurs, je vous confirme bien, Monsieur le Ministre, que j'ai terminé mon travail de rapportage – ou la rédaction de mon rapport – concernant les transports exceptionnels. Cette initiative, combinée avec l'initiative des écocombis, permettra à la Wallonie de développer son transport exceptionnel, mais également, à l'avenir, le développement des écocombis, bon pour les entreprises, Monsieur Crucke. QUESTION URGENTE DE M. COURARD À M. COLLIN, MINISTRE DE L'AGRICULTURE, DE LA NATURE, DE LA RURALITÉ, DU TOURISME ET DES INFRASTRUCTURES SPORTIVES, DÉLÉGUÉ À LA REPRÉSENTATION À LA GRANDE RÉGION, SUR « LES EXPORTATIONS AGRICOLES » Il faudra choisir judicieusement les voies qui seront prises en considération, puisque l'objectif est d'éviter aussi de faire une concurrence inappropriée, par exemple à la voie d'eau. Choisir des tracés le long de nos fleuves ne serait pas pertinent par rapport à l'enjeu qui est surtout davantage intrabelge que transfrontalier puisque tous les autres pays n'ont pas nécessairement encore ouvert leur possibilité à cet égard. Pensons à la France, par exemple. M. le Président. - L'ordre du jour appelle la question urgente de M. Courard à M. Collin, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région, sur « les exportations agricoles ». Je terminerai en disant que de nouveaux enseignements et des perspectives additionnelles pourront être tirés incessamment sous peu du rapport que j'avais sollicité auprès de M. le Député Fourny et qu'il semble souhaiter me remettre d'ici peu en matière de transport exceptionnel en Wallonie. Je ne doute pas que nous en tirerons les enseignements pour aussi permettre le développement de ces projets pilotes d'écocombis. M. Courard (PS). - Monsieur le Ministre, je lisais dans un journal : « Notre agriculture doit gagner des parts de marché en exportant ses produits ». C'est votre déclaration d'aujourd'hui. Vous avez indiqué que le circuit court, c'était bien, mais que ce n'était pas suffisant, qu'il fallait gagner des parts de marché, qu'il fallait exporter plus concernant notre agriculture wallonne. La parole est à M. Courard pour poser sa question. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 28 Ma question est simple. La crise date déjà de l'affaire de l'embargo russe de 2014. Qu'avez-vous fait depuis 2014 à ce propos ? Que faites-vous aujourd'hui et que ferez-vous demain ? Quel est votre plan pour rencontrer votre souhait, celui d'exporter plus pour nos agriculteurs wallons ? M. le Président. - La parole est à M. le Ministre Collin. M. Collin, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région. - Monsieur le Député, je suis un fanatique des circuits courts et vous savez que l'on y travaille. Lorsque l'on produit 141 % de viande par rapport à notre consommation et à peu près 149 % du lait par rapport à la consommation belge, on doit aussi exporter. Des efforts sont faits par l'AWEx. Demain, j'ai encore une réunion avec l'APAQ-W, l'organisme flamand, le VLAM, pour aider l'AWEx dans des campagnes extérieures de promotion, avec la Confédération belge laitière. Nous aspirons à ce que des efforts menés au niveau fédéral puissent se concrétiser pour lever certaines barrières sanitaires. Je voudrais aussi en profiter pour dire qu'il n'est pas question de réduire seuls notre production. Il faut une régulation au niveau européen. Je vous cite, ainsi, pour information, que les Pays-Bas, par exemple, à eux seuls, ont augmenté leur production de 6 % en production laitière sur l'année 2015. Cela veut dire que nous devons davantage travailler nos produits, les valoriser davantage et gagner – ce que nous sommes en train de faire sur certains pays et continents – de nouvelles parts de marchés. C'est indispensable pour maintenir la survie de nos exploitations agricoles. M. le Président. - La parole est à M. Courard. M. Courard (PS). - Rapidement. Comme je l'ai indiqué, je suis d'accord sur le constat et sur cette volonté d'exporter. Maintenant, faut-il encore mettre en œuvre une politique qui le permette ! Vous avez donné quelques indications. Je voudrais peut-être rappeler que le continent africain est un continent qui évolue et qui aura des besoins qui sont importants, vu la croissance de la population. La problématique du lait en poudre est certainement une chose à laquelle il faut réfléchir pour essayer de trouver de nouveaux débouchés et de nouveaux marchés, demain. M. le Président. - Merci, Monsieur le Député. Voilà qui clôture le deuxième point de l'ordre du jour, après les déclarations d'intérêt régional et les questions urgentes. 29 QUESTIONS D'ACTUALITÉ M. le Président. - Conformément à l'article 68 du règlement, les questions d'actualité ont lieu en ce début de séance de l'après-midi. QUESTION D'ACTUALITÉ DE MME ZRIHEN À M. MARCOURT, MINISTRE DE L'ÉCONOMIE, DE L'INDUSTRIE, DE L'INNOVATION ET DU NUMÉRIQUE, SUR « LE REMBOURSEMENT D'AIDES OCTROYÉES À DUFERCO » QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. DESQUESNES À M. MARCOURT, MINISTRE DE L'ÉCONOMIE, DE L'INDUSTRIE, DE L'INNOVATION ET DU NUMÉRIQUE, SUR « LE REMBOURSEMENT PAR DUFERCO ET NLMK DES AIDES RÉGIONALES JUGÉES ILLÉGALES ». M. le Président. - L'ordre du jour appelle les questions d'actualité à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique : – de Mme Zrihen, sur « le remboursement d'aides octroyées à Duferco » ; – de M. Desquesnes, sur « le remboursement par Duferco et NLMK des aides régionales jugées illégales ». La parole est à Mme Zrihen pour poser sa question. Mme Zrihen (PS). - Monsieur le Ministre, permettez-moi de vous interpeller sur ce que l'Union européenne appelle comme les aides inégales et illégales au niveau du secteur industriel. En effet, 240 millions d'euros ont été versés au secteur industriel, en l'occurrence à Duferco, pour la région de Clabecq, La Louvière et Marcinelle, lorsque la situation a été extrêmement difficile pour ces entreprises et qu'il fallait vraiment accorder un soutien de manière à leur permettre de poursuivre leurs activités. Cette aide est considérée comme illégale. Quoi qu'il en soit, elle a permis de maintenir 3 000 personnes à l'emploi plus 10 000 personnes en sous-traitance ; ce qui n'est quand même pas une mince affaire. Entre-temps, il faut savoir que l'Union européenne a développé le Fonds européen d'aide à la mondialisation, fonds qui permet, lorsqu'un secteur se retrouve en difficulté extrême, de venir en apport pour permettre une reconversion. En effet, la mondialisation amène à la fois des disparitions d'entreprises dans un secteur, mais en même temps, un certain nombre de délocalisations. Des aides bien précises ont été mises en place. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Lorsque l'Union européenne qualifie maintenant ces aides comme étant illégales, alors que le FEM date de 2006, application en 2007 et révision en 2013, cela nous apporte un certain nombre de questions : – véritablement, une interpellation a-t-elle été faite ? – de quelle manière la Région wallonne a-t-elle été concernée ? – d'autres entreprises risquent-elles d'être concernées ? – ne serait-il pas bon de rappeler peut-être l'Union européenne à un petit peu plus d'orthodoxie et sûrement plus de responsabilités dans les décisions qui sont prises ? Je vous remercie. M. le Président. - La parole est à M. Desquesnes pour poser sa question. M. Desquesnes (cdH). - Monsieur le Ministre, on a pu lire dans la presse de ce week-end que l'Union européenne, la Commission européenne réclamerait 240 millions d'euros d'aides trop versées pour l'entreprise Duferco et sur l'ensemble de ses sites. Ma première question est de savoir si vous confirmez cette information. Des contacts que vous avez avec vos services, avec la SOGEPA, cette information se confirme-t-elle ? D'une autre information que nous avons de La Libre – puisque c'est elle qui a sorti l'information –, c'est qu'une partie de ces montants aurait été versée à des filiales de Duferco n'opérant pas dans notre Région. Confirmez-vous cette information ? Troisième sous-question, Monsieur le Ministre, puisque pendant la période où Duferco a bénéficié de ces aides, il y a eu une alliance avec la société NLMK, société avec laquelle la Wallonie est liée pour le redéploiement de plusieurs sites industriels, dont celui de La Louvière. Je voulais savoir s'il y a un risque de mise en cause des accords qui ont été passés entre la Wallonie et la société NLMK. M. le Président. - La parole est à M. le Ministre Marcourt. M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique. - Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, il est difficile de réagir à quelque chose qui n'a pas été confirmé par la Commission européenne. Quelle est la situation depuis plusieurs années ? Sans qu'il y ait d'ailleurs eu de plainte d'un quelconque opérateur industriel, la Commission a ouvert une instruction à l'égard des mécanismes d'intervention de la Région, en l'occurrence la FSIH, à l'égard de Duferco. Cette instruction est en cours. Depuis plusieurs mois, nous savons que les services de la Commission ont terminé leur enquête, mais, à ce jour, nous n'avons pas reçu d'information concrète sur la décision de la Commission. Il m'est difficile de vous préciser les éléments sollicités si ce n'est de dire que, comme l'a dit Mme Zrihen, les interventions de la Région l'ont été dans le cadre d'une intervention normale d'un acteur de marché, respectant ainsi d'ailleurs toutes les conditions. J'attends avec beaucoup d'intérêt la décision de la Commission de manière à voir quelle réaction nous aurons le jour où nous pourrons la critiquer. En l'état, rien n'est décidé. Manifestement, le règne de la rumeur va bon train et il y a plusieurs semaines d'ailleurs qu'elle va bon train. Je suis étonné du montant dans la mesure où je n'en comprends pas tous les ressorts, mais, à cet égard, j'attends avec impatience – même si une décision contraire à celle que l'on attend serait la bienvenue – d'avoir les documents officiels de manière à pouvoir réagir et d'ailleurs de manière aussi à permettre aux différents opérateurs dans ce dossier de réagir. Dans la dernière question de M. Desquesnes, dans les accords entre Duferco et NLMK, les choses sont claires pour les deux acteurs et il n'y a donc pas lieu d'inquiéter les travailleurs de NLMK à ce jour. Voilà ce que je pouvais répondre en l'état. M. le Président. - La parole est Mme Zrihen. Mme Zrihen (PS). - L'information est très importante. Il s'agit, premièrement, de rumeurs puisqu'il n'y a pas de côté officiel en la matière. Deuxième point qui me paraît très important, c'est : j'aurais vraiment l'impression que l'on essaie en quelque sorte de continuer à déstabiliser à la fois un secteur, en particulier l'économie, de manière à ce que l'on puisse ne pas trouver de manière très claire un certain nombre de réponses qui nous permettraient d'affirmer encore une fois, sur le plan européen, un travail de qualité tel qu'il se fait actuellement. Je me permets aussi de dire que nous sommes dans un travail d'attention tout à fait particulière à la réindustrialisation en Europe. On demanderait peut-être à l'Europe un peu plus de cohérence. M. le Président. - La parole est à M. Desquesnes. M. Desquesnes (cdH). - Je remercie M. le Ministre pour la réponse qu'il a fournie et je reconnais évidemment la prudence qui est la sienne dans ses propos par rapport à des éléments sur lesquels, jusqu'à présent, il n'y a pas de confirmation. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 30 Je note toutefois que le ministre confirme qu'il y avait bien une enquête, une instruction ouverte auprès des services de la Commission européenne. J'aurais aimé savoir plus précisément – c'est une sous-question, Monsieur le Président, Monsieur le Ministre – si l'on connaît la période sur laquelle porte l'enquête menée par la Commission européenne en ce qui concerne les aides d'État. M. le Président. - La parole est à M. le Ministre Marcourt. M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique. - Je n'en connais pas le détail, mais je sais que c'est depuis l'arrivée de Duferco sur notre territoire que l'instruction a été ouverte. Nous verrons maintenant quelle est la période qui est considérée par la Commission européenne, mais il faudra avoir la décision pour le savoir. M. le Président. - La parole est à M. Desquesnes. M. Desquesnes (cdH). - Je remercie M. le Ministre pour les éléments de précision, même si ce n'est pas une information nouvelle, mais on sait ce que l'on sait. Ce qui est important, c'est que les services de M. le Ministre restent très attentifs concernant les impacts et les répercussions possibles sur les entreprises concernées, à savoir Duferco et NLMK. QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. ONKELINX À M. DI ANTONIO, MINISTRE DE L'ENVIRONNEMENT, DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, DE LA MOBILITÉ ET DES TRANSPORTS, DES AÉROPORTS ET DU BIENÊTRE ANIMAL, SUR « LE FEU VERT DE L'EUROPE AU RACHAT DE TNT » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la question d'actualité de M. Onkelinx à M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal, sur « le feu vert de l'Europe au rachat de TNT ». La parole est à M. Onkelinx pour poser sa question. M. Onkelinx (PS). - Monsieur le Ministre, en préambule, je vais mettre en exergue les chiffres qui viennent de tomber concernant l'activité de nos deux fleurons, de nos deux aéroports publics concernant leurs activités, entre autres. Pour Charleroi qui a la palme de la ponctualité, deuxième aéroport mondial en termes de ponctualité pour les aéroports de moins de 10 millions de passagers ; avec aussi une augmentation de 8 % du nombre de passagers par rapport à 2014, félicitation à l'aéroport de Charleroi. 31 L'aéroport de Liège avec une augmentation de 10 % supplémentaire en termes de frets qui en fait le premier aéroport de Belgique. Excusez du peu, comme on dit à RTL le matin, voilà pour le préambule. (Rires) J'en viens au cœur de ma question après ces félicitations. J'en profite pour féliciter les managements des deux aéroports. Ma question concerne l'aéroport de Liège et la décision de la Communauté européenne d'autoriser le rachat de TNT Express par FedEx pour un montant de 4,4 milliards d'euros, c'est énorme. Cette autorisation est importante, car, premièrement, il n'y a pas d'entrave à la concurrence et, deuxièmement, cela peut peut-être amener des complémentarités. Monsieur le Ministre, que va pouvoir changer cette autorisation pour l'aéroport de Liège sachant que, en corollaire, TNT Airways pourrait être racheté par CNB ? Voilà les avancées. Quelles seront les conséquences pour l'aéroport de Liège ? M. le Président. - Vous concluez ? M. Onkelinx (PS). - Question subsidiaire, Monsieur le Ministre, la presse fait état d'une future nouvelle présidence à l'aéroport de Liège. Monsieur le Ministre, si vous avez une information, mais si elle est confidentielle, vous nous le dites maintenant, cela restera entre nous ; je vous garantis que personne d'autre ne le saura. Voilà, Monsieur le Ministre, l'essentiel de mes questions. M. le Président. - Monsieur Onkelinx, en votre qualité de vice-président de l'assemblée, vous avez bénéficié d'une indulgence de votre collègue du Bureau. Mais sur l'objet de la question d'actualité, une seule était recevable, c'était le rachat de TNT. Si vous voulez bien revenir dans 15 jours sur la présidence de l'aéroport, tout sera parfait. La parole est à M. le Ministre Di Antonio. M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. Monsieur le Député, je partage votre analyse sur les bons résultats récemment communiqués concernant nos deux aéroports. Mi-2015, la Commission avait instruit le dossier du rachat de TNT par FedEx. Cette instruction vient de se terminer avec un avis positif datant du 8 janvier. L'aventure n'est pas terminée concernant ce rachat, puisqu'il y a encore au moins six mois de démarche, car d'autres pays ou continents doivent aussi remettre un avis du même type. Le Brésil et la Chine doivent valider la procédure en ce qui les concerne. Cet achat ne concerne pas la partie TNT Airways qui doit trouver un autre partenaire ou être rachetée par P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 d'autres personnes. Il y a aussi là un certain nombre de rumeurs, en tout cas des négociations en cours pour une reprise de cette activité TNT Airways. Qu'est-ce que cela va changer pour Liège ? Dans un premier temps, en 2016, nous n'avons pas prévu d'impact au niveau du budget et du résultat des aéroports puisqu'il n'y a pas de modification prévue. FedEx prévoit que, dans un premier temps, premièrement, cela ne pourrait se concrétiser que miannée 2016. Deuxièmement, il n'y a pas de modification rapide à attendre. Par contre, ce que l'on espère, c'est que dans le cadre de l'organisation de FedEx au niveau de cette partie de l'Europe, Liège pourrait être un atout, un centre plus important qu'il ne l'est aujourd'hui. C'est le sens d'une série de négociations. Des investissements nécessaires ont déjà d'ailleurs été évoqués pour pouvoir, le cas échéant, répondre à cette demande de FedEx et de développer plus encore les activités à Liège. Il s'agira d'être attractif dans la répartition des lieux d'activités effectives de FedEx. Les atouts de Lièges sont ses terrains disponibles et aussi le H24. Ce sont deux atouts qui sont vraiment importants pour FedEx et pour le développement de l'activité. M. le Président. - La parole est à M. Onkelinx. M. Onkelinx (PS). - Je voudrais remercier M. le Ministre pour la qualité de sa réponse. C'est au moins un minimum d'urbanité que je peux avoir. J'ai une petite sous-question : UPS n'aurait pas dit son dernier mot d'après ce que j'ai pu lire de la presse. Y aurait-il encore une menace qu'UPS revienne dans le coup ? Là, Monsieur le Ministre, cela serait plutôt menaçant qu'une bonne nouvelle, me semble-t-il, la question subsidiaire étant celle-là. M. le Président. - Conformément au règlement, je redonne la parole au ministre des Aéroports. La parole est à M. Di Antonio. M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. - Je n'ai pas d'information dans ce sens. L'accord entre FedEx et TNT semble solide aujourd'hui. Ce qu'il faut, c'est une validation par les États – on vient de l'avoir par la Commission, on attend le Brésil et la Chine –, mais je ne suis pas dans le secret de ces négociations entre des sociétés cotées en bourse. M. le Président. - La parole est à M. Onkelinx. M. Onkelinx (PS). - Merci beaucoup. QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. MOUYARD À M. MARCOURT, MINISTRE DE L'ÉCONOMIE, DE L'INDUSTRIE, DE L'INNOVATION ET DU NUMÉRIQUE, SUR « L'IMPACT DES DERNIÈRES GRÈVES SUR L'ÉCONOMIE WALLONNE » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la question d'actualité de M. Mouyard à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique, sur « l'impact des dernières grèves sur l'économie wallonne ». La parole est à M. Mouyard pour poser sa question. M. Mouyard (MR). - Monsieur le Ministre, le 6 et 7 janvier dernier, le rail belge était en grève, je dirais même plus, le rail wallon, puisque c'était à l'initiative de deux organisations syndicales wallonne qu'il était en grève. Forcément, ce type de grève a un impact important sur l'économie belge, en général et donc, sur l'économie wallonne en particulier. On peut aisément le comprendre, puisque s'il y a une augmentation de trafic, cela provoque plus d'embouteillages, il y a du retard dans les transports de marchandises, des travailleurs qui ne savent pas rejoindre leur travail sont en retard ou tout simplement des baisses de productions. Tous ces éléments sont constitutifs de manques à gagner pour l'économie wallonne. La FEB a d'ailleurs fait l'exercice de chiffrer ce manque à gagner. Elle l'a fait au niveau de la Belgique et l'on parle, par jour de grève, de 40 millions d'euros. L'Union wallonne des entreprises a également essayé de faire l'exercice pour la Wallonie et parle d'une dizaine de millions d'euros de manques à gagner pour l'économie wallonne et ceci par jour de grève, sans parler, Monsieur le Ministre, de l'image déplorable que nous pouvons avoir vis-à-vis de l'étranger en termes de confiance commerciale, ce n'est évidemment pas le top. Dans ce cas, il y a en plus des circonstances aggravantes, voire carrément de la folie pure. On a beaucoup, par exemple, parlé des étudiants qui étaient en session d'examens, mais que dire des commerçants qui travaillent et qui ont leur boutique, par exemple, dans les gares ou à proximité des gares et qui étaient en tout début des soldes ? Ces deux journées perdues de travail ne seront jamais récupérables. Monsieur le Ministre, j'aimerais savoir si vous confirmez les chiffres de la FEB et de l'UWE. Comptez-vous prendre des actions, vis-à-vis de l'étranger, pour essayer de redorer l'image de la Wallonie ? Pourriez-vous envisager que dans pareil cas, selon certaines modalités, la Wallonie apporte son soutien aux P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 32 commerçants ou petites PME qui sont dans l'impossibilité de travailler pendant ces jours de grèves ? (Applaudissements) M. le Président. - La réponse revient au Gouvernement en la personne de son ministre de l'Économie. La parole est à M. Marcourt. M. Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique. - Monsieur le Député, je pense que nous pouvons plus nous inquiéter du service public de la SNCB à l'horizon 2019 que des deux jours de grève qui viennent de se passer et que, si le Gouvernement fédéral persévère dans sa volonté de réduire les dotations à cette entreprise, c'est la sécurité sur le rail, la qualité du service public qui sont en danger. Deuxièmement, je ne sais pas confirmer les chiffres, parce que – vous avez abordé les soldes – c'est à la fin des soldes que nous verrons quel est l'impact. Cependant, je dirais qu'aujourd'hui, nous savons que la clémence météo a eu un impact bien plus important sur le chiffre d'affaires des commerçants que les deux jours que vous avez cités. Troisièmement, ce qui me paraît important, c'est de maintenir un climat social. C'est la volonté du plan Marshall dans la réforme des aides à l'emploi. C'est la volonté de ma collègue, Mme la Ministre Tillieux : avoir associé les interlocuteurs sociaux, depuis le début, pour aboutir avec eux à un accord. Il y a une vraie volonté, au niveau du Gouvernement, d'associer les interlocuteurs sociaux dans les différents éléments pour obtenir cet élément de climat social positif. Je regrette qu'il y ait, à plusieurs reprises – on le voit encore à l'égard de la sécurité sociale – des provocations extrêmement fortes pour obtenir des réactions épidermiques de certains. Cette provocation endémique qui vient d'une ville importante du nord du pays est un élément très déstabilisant et qui occasionne des tensions, à l'intérieur de ce pays, qui mériteraient de ne pas être créées. Je plaide pour un meilleur climat social, mais ce climat social, on l'entretient tous les jours par le respect et le dialogue avec l'ensemble des parties. Je pense qu'il serait utile de pouvoir chiffrer le manque à gagner pour la Wallonie de ce type d'action de grève. J'imagine que si la FEB et l'UWE sortent ces chiffres, c'est qu'ils ont fait des études circonstanciées à cet égard. En début de soldes, si votre magasin n'est pas ouvert, si vous ne savez pas vendre votre marchandise, généralement, vous ne le récupérez jamais. Monsieur le Ministre, je vais vous relayer un témoignage qui m'a été fait. C'est un commerçant qui est installé au sein de la gare de Namur. C'est un établissement HORECA et il a fait le compte de son manque à gagner sur 2015 par rapport aux différentes actions de grève. Il l'estime à 15 000 euros sur l'année. Je pense qu'il va devoir vendre beaucoup de sandwiches ou de spaghettis bolognaise pour essayer de récupérer ce montant. J'ai une dernière question, puisque vous n'y avez pas répondu. M. le Président. - Monsieur Mouyard, concluez. M. Mouyard (MR). - C'est de savoir, en termes de réputation – parce que la réputation de la Wallonie par rapport à ses actions de grève vis-à-vis de l'étranger est écornée depuis quelques années – si vous comptez prendre des actions spécifiques pour essayer de redorer notre image à ce sujet. M. le Président. - Monsieur l'Économie, voulez-vous réagir ? Ministre de (Rires) Monsieur le Député, vous avez la réplique ultime. M. Mouyard (MR). - J'ai la réplique ultime. Le fait que M. le Ministre ne veuille pas apporter d'éléments complémentaires à mes questions, j'imagine qu'en sa qualité de ministre de l'Économie wallonne, il est tout à fait d'accord avec ce type de procédures qui sont quasi devenues des grèves sauvages, qu'il les approuve et il donne, ce faisant, un signal plus que déplorable. Il n'est absolument pas dans son rôle de ministre de l'Économie wallonne. (Applaudissements) (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. Mouyard. M. Mouyard (MR). - Merci, Monsieur le Ministre, pour cette réponse. Je vous ai interrogé sur des compétences wallonnes, vous m'avez répondu sur des compétences fédérales et, par rapport aux quelques questions que je vous ai posées, malheureusement, je n'ai pas eu beaucoup de réponses. 33 le P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. BOUCHEZ À M. MAGNETTE, MINISTRE-PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT WALLON, SUR « LA CRÉATION D'UNE TASK FORCE INTERFÉDÉRALE DE LUTTE CONTRE LE RADICALISME » M. le Président. - Vous avez raison. Vous êtes un exemple à ne pas suivre en certaines circonstances. M. le Président. - L'ordre du jour appelle la question d'actualité de M. Bouchez à M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon, sur « la création d'une task force interfédérale de lutte contre le radicalisme ». M. Bouchez (MR). - Je l'assume, Monsieur le Président. La parole est à M. Bouchez pour poser sa question. M. Bouchez (MR). - Monsieur le MinistrePrésident, je profite de l'occasion pour présenter mes vœux aux collègues que je n'aurais pas encore vus, ainsi qu'à l'ensemble du Gouvernement et au ministreprésident à qui ma question s'adresse. Suite aux déclarations de Mme Milquet, qui n'est pas ministre dans votre Gouvernement, mais avec qui normalement vous devez avoir quelques contacts, qui a appelé le 11 janvier dernier à créer une task force interfédérale de lutte contre le radicalisme – je cite – « pour justement ne pas que chaque niveau de pouvoir agisse dans son coin ». Pas de chance, elle a dû être inattentive puisque cela existe déjà depuis un an. C'est toujours bien de proposer quelque chose qui existe déjà, comme cela on est sûr que cela va se réaliser. C'est plus prudent en tout cas. Je voulais vous entendre par rapport au travail justement de cette task force puisque vous-même, ministre-président wallon, au même titre que le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, vous en êtes membre. Monsieur le Ministre-Président, tout d'abord, pouvez-vous nous faire part de votre réaction par rapport à l'appel de Mme Milquet ? Je vois que cela s'agite sur les bancs du cdH, à leur place, je serais mal à l'aise aussi. (Réaction de Mme Salvi) La question... Madame Salvi, voulez-vous la poser à ma place peut-être ? Je vous en prie. Mme Moucheron (cdH). - C'est simplement que l'on a eu un excellent débat en commission. M. Bouchez (MR). - Mme Moucheron présidente du Parlement maintenant. Tout va bien. M. le Président. - Monsieur consommez votre temps de parole. Bouchez, est vous M. Bouchez (MR). - Monsieur le Président, c'est peut-être vous qui devez les faire taire, non ? Quand j'agis de la même manière, vous coupez mon micro. J'aimerais bien que vous ayez le même comportement à l'égard de tous les députés. M. Bouchez (MR). - Je l'assume. M. le Président. - Vous avez la parole. (Réaction de M. Crucke) M. le Président. - Monsieur Crucke... M. Bouchez (MR). - Même M. Crucke dit que je n'ai rien fait. Vous vous rendez compte ? M. le Président. - Même quand M. Bouchez n'a pas besoin de vous, vous intervenez. (Réaction de M. Crucke) Ce n'est pas très grave. Laissez parler M. Bouchez. Il a pleinement la parole et il lui reste – on va être indulgent – 50 secondes, donc plus que le compteur. M. Bouchez (MR). - Merci, Monsieur le Président. Monsieur le Ministre-Président, tout d'abord, votre réaction par rapport à cette déclaration. Avez-vous été surpris ? Quelle est votre position ? Plus fondamentalement, quel a été le rôle de cette task force dans l'établissement du Plan wallon de lutte contre le radicalisme ? Je suppose que, dans le cadre des positions que vous avez arrêtées, vous avez dû consulter et concerter avec les autres niveaux de pouvoir. Surtout, c'est l'occasion peut-être pour vous de faire un premier bilan, ou en tout cas de nous donner un agenda sur l'avancement des travaux par rapport à ce Plan wallon de lutte contre le radicalisme. Je pointerai un point en particulier qui était le soutien au bourgmestre concernant le contrôle des lieux de culte, puisque l'on sait que cela a été une difficulté soulevée. Pourriez-vous nous indiquer l'état d'avancement de ce travail ? Les débats que nous avons eus sont relativement récents, mais il y a urgence et donc l'action doit être extrêmement rapide. Je vous remercie. (Applaudissements) M. le Président. - La parole revient au ministreprésident. Je vous invite à rejoindre le lutrin pour la réponse à M. Bouchez, ce dernier ayant encore la possibilité de poser une question supplémentaire, si besoin. La parole est à M. le Ministre-Président Magnette. M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon. - Monsieur le Député, en effet, j'ai lu comme P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 34 vous que Mme Milquet appelait à la mise en place d'une task force. Formellement, il n'y a pas de task force, mais il y a une plateforme, ce qui ne change pas substantiellement les choses, puisque le 28 janvier 2015, à l'issue des événements de Charlie Hebdo, j'avais effectivement pris l'initiative de demander à mes collègues des autres entités fédérées et du Fédéral de mettre en place une telle plateforme d'échange d'informations. Elle s'est bien réunie. Elle a commencé à se réunir dès le mois de mars 2015. Elle s'est réunie six fois. Elle se réunit encore dans quelques jours. C'est un lieu d'échange régulier. Elle ne joue pas de rôle dans la définition du Plan de lutte contre le radicalisme que la Wallonie a mis en place. Simplement, nous avons mis notre plan en faisant l'inventaire de ce que sont toutes nos compétences et en nous disant : « Où avons-nous des leviers pour agir ? ». Ensuite, nous en parlons avec les autres niveaux de pouvoir. Dans cette task force, comme d'ailleurs dans les rencontres informelles que nous pouvons avoir, nous en avons eu une à l'issue des derniers comités de concertation entre ministres-présidents et avec le Premier ministre, nous regardons les points d'interférence potentielle ou de collaboration potentielle entre les différents niveaux de pouvoir. Il y a beaucoup de choses où chacun mène son action dans son domaine. A été évoquée, par exemple, la question des bracelets électroniques qui ne concerne pas directement la Région wallonne, mais qui est une mesure prise par le Fédéral, en tout cas annoncée par le Fédéral, contestée par d'autres au Fédéral et qui pose un certain nombre de questions dans les communautés. C'est un des éléments de débat. Pour ce qui est de la Région, j'ai évoqué trois thèmes principaux. Premièrement, la mise en place d'une helpline, un numéro de téléphone unique auquel tous les citoyens de ce pays pourraient s'adresser quand ils se posent des questions sur le radicalisme. Nous continuons à travailler, en attendant, on avance, entre Wallonie, Cocof et Fédération Wallonie-Bruxelles pour la mettre en place. Deuxièmement, la question de l'information des pouvoirs locaux ; ceux-ci se sentent souvent démunis. Ils sont à la fois dépendants du Fédéral, puisque le ministre de l'Intérieur est le ministre en charge des questions de sécurité et de police, mais aussi de la Région qui est leur pouvoir de tutelle. Il y a là une coordination un peu meilleure que nous pouvons mener. Troisièmement, la question des lieux de culte, puisque la reconnaissance des cultes et des ministres du Culte est une compétence fédérale. La reconnaissance 35 des lieux de culte est une compétence régionale. Si nous voulons mettre bon ordre dans ces lieux de culte sans poser de jugement de valeur, ni de soupçon a priori – mais on sait que certains lieux pourraient être mieux organisés et rendus plus transparents – cela doit se faire en collaboration entre les parquets, les institutions policières et les autorités locales. Il faut que la Région et le Fédéral se parlent. Voilà le type de sujet que nous évoquons au sein de cette task force. Nous pouvons le faire savoir à Mme Milquet qui est une personnalité politique de grand talent, puisqu'elle arrive à faire parler d'elle, même quand elle n'est pas là. Nous parlons ici de Mme Milquet, mais nous parlons surtout des actions concrètes que nous prenons à l'échelle de la Région. M. le Président. - La parole est à M. Bouchez. M. Bouchez (MR). - Merci, Monsieur le MinistrePrésident, d'avoir recadré les choses et d'avoir précisé que cela existait déjà. C'est vrai que, entre task force et plateforme, on ne va pas travailler là-dessus. Une autre remarque : le bourgmestre d'Anvers est président du premier parti de la majorité ; il est donc normal qu'il puisse, de temps à autre, s'exprimer également, comme le président du PS le fait sur la politique wallonne ou de la Fédération WallonieBruxelles. Vous avez parlé des bracelets électroniques contestés par certains. On a pu comprendre certaines choses parfois. C'est un jeu qui n'est pas utile. Par contre, Monsieur le Ministre-Président, vous n'avez pas répondu sur le soutien aux bourgmestres par rapport aux lieux de culte. Vous avez évoqué la mesure de manière générale. Dans cette plateforme – pour l'appeler de son nom correct – avez-vous déjà pu avancer avec le ministre de l'Intérieur au niveau fédéral pour venir en aide aux bourgmestres et leur apporter un soutien rapide ? Ce n'est pas nécessairement le seul problème, loin de là, mais cela peut aussi être un des endroits où l'on a certaines difficultés. On l'a vu dans plusieurs communes de Wallonie. Pourriez-vous nous faire part de l'avancement, soit lors de la réunion du 23 décembre, dernière en date, soit ce qui est prévu dans le cadre de la prochaine réunion dans quelques jours ? M. le Président. - La parole est à M. le MinistrePrésident Magnette. M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon. - Le 23 décembre 2015, nous avons abordé le principe en disant : pour que les bourgmestres puissent faire leur travail de cadastrer l'ensemble de ces lieux de culte et de voir lesquels doivent être éventuellement régularisés, il nous faudra un certain nombre d'informations qui sont dans les mains, soit du pouvoir judiciaire, soit de la sûreté, soit de la police, donc, des ministres de la Justice et de l'Intérieur. Nous souhaitons P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 que, lors des prochaines réunions, ces échanges d'informations soient menés à bien. M. le Président. - La parole est à M. Bouchez. M. Bouchez (MR). - Merci, Monsieur le MinistrePrésident, pour les compléments de réponse. J'espère que nous pourrons avoir un suivi continu et surtout l'urgence d'épauler les ministres par le biais de circulaires pour, sur le plan des compétences wallonnes, en plus des compétences fédérales, leur venir en soutien dans le cadre de ces questions. Les bourgmestres sont souvent en première ligne par rapport à ces difficultés et font face à nombreux questionnements de la part de la population, sans toujours pouvoir agir correctement par manque de connaissance de toute une série d'informations. QUESTION D'ACTUALITÉ DE MME GONZALEZ MOYANO À M. PRÉVOT, MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS, DE LA SANTÉ, DE L'ACTION SOCIALE ET DU PATRIMOINE, SUR « LA RÉFORME DU PERMIS DE CONDUIRE » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la question d'actualité de Mme Gonzalez Moyano à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine, sur « la réforme du permis de conduire ». La parole est à Mme Gonzalez Moyano pour poser sa question. Mme Gonzalez Moyano (PS). - Monsieur le Ministre, désormais, on ne pourra plus réussir son permis de conduire théorique en ayant 47 sur 50, et ce, en ayant commis une infraction grave. Jusqu'en 2004, les infractions graves étaient listées dans le Code de la route ;elles ont ensuite disparu du Code de la route, ainsi que du permis de conduire. À travers cette réforme, pouvez-vous nous en dire plus ? Quelles infractions seront considérées comme infractions graves ? Par exemple, est-il possible d'ajouter de nouvelles épreuves aux examens du permis de conduire tel que la Flandre le préconise ? Parallèlement à cela, il semblerait que vous planchiez sur d'autres réformes. Est-ce le cas ? Si oui, pouvez-vous nous en donner la teneur ? Un autre objectif étant de réduire de moitié le nombre de morts sur nos routes, ma question est de savoir si cette réforme sera opérationnelle d'ici l'automne et si vous parviendrez à cet objectif qui est de réduire le nombre de tués sur nos routes d'ici 2020. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. le Ministre Prévot. M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine. - Merci, Madame la Députée, pour votre question. Pour commencer par répondre par la fin de votre intervention, je pense, avec force et conviction, que la Wallonie pourra atteindre l'objectif qu'elle s'est fixé de réduction de 50 % du nombre de décès sur ses routes d'ici 2020. Reconnaissons que ces trois dernières années, nous avons eu le plaisir de constater statistiquement une diminution d'année en année du nombre de décès, comparativement même à d'autres régions du pays. Ce ne sera malheureusement pas la tendance de 2015, semble-t-il. Cela n'est pas propre à la Wallonie, on trouve cette tendance ailleurs également en Europe et cela doit nous amener – en guise de piqûre de rappel – à être d'autant plus vigilants et déterminés à atteindre cet objectif de réduction des décès sur nos routes. La réforme du permis de conduire devra pouvoir, à sa manière, y contribuer. Nous disposons, à la faveur de la sixième réforme de l'État, de cette compétence, désormais, dans l'escarcelle régionale. Sachez, Madame la Députée, qu'un protocole de collaboration a déjà pu être signé par mes soins l'an dernier, avec Mme Debaets pour la Région bruxelloise et M. Weyts pour la Région flamande, de manière à ce que, même si la compétence est désormais dans les mains des Régions, il y ait un travail de collaboration qui soit réalisé afin de converger au maximum dans l'esprit des réformes qui devraient être mises en œuvre de part et d'autre des frontières linguistiques. Il est vrai que parmi les pistes qui sont explorées, la réintégration de la faute grave et de la non-obtention du permis théorique pour faute grave fait partie des éléments qui pourraient être réintégrés. Il n'y a pas de raison de considérer que l'on est apte à circuler sur la route si, par exemple, on n'a pas compris qu'il ne fallait pas franchir un feu rouge. Jusqu'à présent, vous pouviez faire cette erreur au permis théorique et moyennant la réussite d'autres questions, avoir votre sésame pour demain, vous retrouver derrière un volant. Cela ne me semble pas cohérent. Au demeurant, la manière dont la formation s'est organisée depuis quelque 10, 15, 20 ans, n'est plus nécessairement la même que les défis auxquels nous faisons face aujourd'hui. Pour terminer, Monsieur le Président, j'en donnerai une illustration. Ce sont les nouvelles technologies qui, désormais, sont présentes dans les habitacles, avec les questions liées au bon usage des caméras de recul, aux GPS, avec également des enjeux liés à la conduite plus défensive, à l'auto-évaluation. Bref, il y a toute une série d'éléments notamment liés au contexte technologique de l'époque qui nécessiteront d'être pris en considération dans cette réforme du permis de conduire qui a comme P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 36 seule et unique ambition de renforcer toujours et encore la sécurité pour les Wallons et les Wallonnes sur nos routes. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à Mme Gonzalez Moyano. Mme Gonzalez Moyano (PS). - Je remercie M. le Ministre pour ces précisions. Je pense qu'il est essentiel d'adopter toutes ces nouvelles mesures si l'on veut réduire le nombre de morts sur nos routes d'autant que, vous me le précisiez récemment, c'est le comportement des conducteurs qui, dans 90 % des cas, est responsable de tous ces accidents. Il faut des mesures fortes pour éviter ces morts. QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. COLLIGNON À M. MAGNETTE, MINISTRE-PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT WALLON, SUR « LA PARTICIPATION DES RÉGIONS AUX JOURNÉES DIPLOMATIQUES » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la question d'actualité de M. Collignon à M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon, sur « la participation des Régions aux journées diplomatiques ». La parole est à M. Collignon pour poser sa question. M. Collignon (PS). - Monsieur le MinistrePrésident, fin janvier auront lieu les fameuses journées diplomatiques, ce moment où l'on rappelle les diplomates à Bruxelles pour s'entretenir avec les autorités. Ceci dit, on l'a appris, le problème était classiquement de ce type-là et puis, petite surprise, on découvre que lesdits diplomates devront aller faire un petit détour par l'hôtel de ville d'Anvers pour converser avec le Bourgmestre d'Anvers qui n'est malheureusement autre que le Président de la N-VA. J'ai lu la presse et interrogé le ministre des Affaires étrangères. Il répond qu'il a reçu une sollicitation de la Ville d'Anvers et qu'il n'aurait pas reçu d'autre sollicitation. Se pose donc déjà la question de sa responsabilité politique d'accepter une telle invitation. C'est de sa responsabilité politique. Ceci étant, j'apprends également que, dans le premier programme, la Wallonie était absente et que seul figurait le MinistrePrésident Geert Bourgeois dans les différents entretiens. Quand on sait que notre pays est petit et qu'il vit d'exportations, je ne peux m'empêcher de penser que l'État fédéral favorise à nouveau une Région par rapport à une autre et ne nous met pas dans les conditions favorables pour pouvoir s'épanouir, pour pouvoir 37 prendre son sort en mains, comme le dit souvent mon collègue chef de groupe du banc MR. M. le Président. - La parole est M. le MinistrePrésident Magnette. M. Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon. - Monsieur le Député, j'ai envie de vous répondre par un profond soupir de lassitude et de désolation. Cette année 2016 vient de commencer. Nous sommes tous pleins de bonnes résolutions. Je me suis dit très sincèrement : « Nous allons pouvoir commencer cette année après quelques conflits, quelques frictions, sur de nouvelles bases, dans un respect mutuel, avec un Gouvernement fédéral qui va enfin respecter toutes les Régions et toutes les entités de ce pays ». Hélas, nous commençons exactement sur la tonalité inverse. Je vais simplement rappeler les faits et je vais transmettre au Président du Parlement les documents que vous pourrez tous consulter pour que les choses soient parfaitement claires et pour que la vérité que je vous donne ici soit parfaitement étayée. L'année dernière déjà, j'avais demandé au SPF Affaires étrangères si, étant donné la sixième réforme de l'État, on ne pouvait pas prévoir, dans le cadre des journées diplomatiques, un moment où les ministresprésidents – tous les ministres-présidents – puissent s'exprimer devant les diplomates. C'est important, ils représentent notre pays aux quatre coins du monde et ils doivent savoir ce qui se fait dans les Régions. Il m'avait été expliqué que cela n'était pas possible. J'ai recroisé le Président du SPF Affaires intérieures, M. Achten, lors d'une mission d'État en Pologne, je lui ai reposé la question et il me dit : « Cela devrait être possible, écrivez-moi ». Je lui ai écrit en date du 9 octobre en lui reposant la question. Je lui demande 45 minutes. Les journées diplomatiques, c'est sept jours complets, le programme officiel et je demande 45 minutes. Je me serais contenté de 30, juste pour expliquer ce que fait la Wallonie, son plan Marshall, ses pôles de compétitivité, ses grands secteurs de pointe. Je constate que beaucoup de diplomates ne savent pas que nous sommes un pays phare, une Région phare en matière de biotechnologie, en matière aérospatiale et autres. On me répond, en date du 3 novembre et puis du 4 novembre : « Désolé, ce n'est pas possible, le programme ne le permet pas, il est trop chargé ». Vous comprenez que, quand je découvre que dans le programme officiel – j'ai ici le document qui le prouve – il est prévu, il était prévu, en date du 29 janvier – c'est en néerlandais – 13 heures 30 : Vertrek naar Antwerpen per bus ; 14 heures 30 : Ontvang op het stadhuis van Antwerpen ; 17 heures 30 : terugkeer naar Brussel per bus. Retour 18 heures 30. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 On trouve donc cinq heures pour mener une excursion à Anvers, mais on ne trouve pas 45 minutes pour permettre au ministre-président wallon – et à tous les autres – d'expliquer les priorités de leur Région. Vous comprenez que cela me choque. J'ai vraiment le sentiment, ici, d'un deux poids, deux mesures. M. Reynders est un homme politique habile. Entretemps, il a dit : « Non, tout cela n'est pas dans le programme officiel, c'est une activité officieuse, je n'ai pas reçu de demande ». Je peux vous démontrer que j'ai fait la demande en temps utile, au mois d'octobre. Il me dit, maintenant : « M. Magnette n'a qu'à me téléphoner ». Cependant, je suis la voie officielle, j'écris à l'administration, je pose la question à l'administration et quand je découvre que tout le monde n'est pas traité de la même manière en fonction des demandes, vous comprenez que je suis véritablement indigné. La solution qui a été trouvée a été in extremis de retirer la visite à Anvers du programme officiel, en disant que cela fait partie du programme officieux. Tout le monde peut mener des activités officieuses. Bien sûr, la Wallonie, tous les ans, tient une cérémonie de vœux à laquelle nous invitons des diplomates. Des dizaines de diplomates viennent le soir à l'Espace Wallonie à Bruxelles pour des raisons pratiques, c'est plus simple et nous y exposons – nous faisons cela d'ailleurs avec la Fédération Wallonie-Bruxelles – les priorités de la Wallonie et de la Fédération. Cependant, pourquoi l'une est officielle et l'autre est officieuse ? En 2010, il y a déjà eu une visite du Port d'Anvers dans le cadre des journées diplomatiques, mais il y avait eu, de la même manière, une visite à IBA à Louvain-la-Neuve. Il y avait un véritable équilibre. Ici, une seule des deux Régions a été servie. On nous dit, aujourd'hui, que ce n'est plus un problème, que c'est devenu une visite officieuse. . Je pense que cela reste néanmoins un problème. D'abord, parce que l'inégalité de traitement est flagrante, ensuite, je vais le dire très franchement, le bourgmestre d'Anvers est aussi président du premier parti de la coalition. Nous sommes à quelques semaines du mouvement diplomatique, je voudrais bien voir le diplomate qui va oser ne pas aller rendre hommage au président de la NV-A à quelques jours du mouvement diplomatique. Il y a là quelque chose qui, politiquement, est véritablement problématique. Je le regrette très profondément. Je crains que pour cette année, malheureusement, le mal soit fait et quand je vois le programme, qu’il ne soit plus possible de le corriger. Je continuerai d'appeler, sereinement et de manière constructive, à ce que le Gouvernement fédéral traite de la même manière, avec le même respect, les différentes régions et à ce que l'année prochaine, en vertu de la sixième réforme de l'État, on trouve sur sept jours, deux ou trois heures pour que les régions puissent exprimer leur priorité et mieux informer nos diplomates qui doivent représenter l'ensemble de notre pays. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. Collignon. M. Collignon (PS). - Merci, Monsieur le Président. J'ai écouté avec attention et je note le volontarisme du ministre-président, mais en énonçant la question, je me disais : « C'est presque l'évidence, c'est réellement affligeant ». Je pense que, je le dis à l'adresse des bancs MR, ce n'est pas pleurnicher. Demander à être traité avec équité, ce n'est pas pleurnicher. Faire en sorte que le Gouvernement fédéral représente toutes les parties du pays, c'est de votre responsabilité. Je l'ai déjà dit à plusieurs reprises. C'est beau de critiquer, de dire du mal de la Wallonie, mais servez la Wallonie. M. Reynders, par l'acte politique qu'il vient de poser... (Réactions dans l'assemblée) ... homme que je considère quand même comme lettré... M. le Président. - S'il vous plaît, on écoute M. Collignon. M. Collignon (PS). - Il vient de poser un acte qui constitue un vrai geste politique de déséquilibre vis-àvis de la Wallonie, un geste de déloyauté. Je pense sincèrement – j'entendais souvent les mauvaises langues, vous savez ce qui circule sur Internet, le « 16 , rue de la Loi » ne se trouve plus au 16 , rue de la Loi, c'est à l'hôtel de ville d'Anvers –, je dirais que malheureusement, c'est encore plus grave. On retourne dans des temps féodaux, où le vassal Reynders rend visite à son suzerain, M. De Wever... (Réactions dans l'assemblée) M. le Président. - M. Bouchez. M. Bouchez (MR). - Respectez la Belgique, Monsieur Collignon et son ministre des Affaires étrangères. (Réactions dans l'assemblée) M. Collignon (PS). - Quand il aura du respect pour la Wallonie et qu'il traitera les choses équitablement, au lieu de servir la soupe à la NV-A. M. le Président. - M. Bouchez, votre micro est coupé. M. Collignon (PS). - Parlons un peu du Thalys... P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 38 M. le Président. - M. Bouchez, votre micro est coupé. (Réactions dans l'assemblée) M. le Président. - Non, non, non, M. Bouchez, vous ne vous appelez pas M. Collignon, vous ne vous appelez pas Didier Reynders, donc vous n'avez pas droit à des faits personnels. M. Collignon (PS). - Il ne travaille plus chez Reynders, il n'y a pas de problème. M. le Président. - On en revient au règlement. Un petit instant, s'il vous plaît. Conformément au règlement, la parole revient au Gouvernement, s'il le souhaite. Monsieur le Ministre-Président ? (Réaction de M. le Ministre-Président Magnette) Fort bien. Le règlement, c'est le règlement. La parole est à M. Collignon, et puis je reviendrai chez vous. M. Collignon (PS). - J'ai dit ce que j'avais à dire, je sais bien que je ne convaincrai pas, que l'on est sur la défensive et que les chiens de garde se sont mis en route. Il n'y a pas de problème. M. le Président. - Monsieur Jeholet, vous souhaitez prendre la parole à quel titre ? Monsieur Crucke, vous ne vous appelez pas M. Jeholet. M. Crucke (MR). - Je parlais à M. Collignon, je ne vous parlais pas. M. Jeholet (MR). - Très calmement et très sereinement, parce que je vois qu'il y a beaucoup d'émois sur le sujet. Simplement, vous faites tout le temps rappel au règlement. Tout à l'heure, dans un débat important, j'ai dépassé à peine mon temps de parole de 20 secondes que vous me rappeliez à l'ordre. Ici, j'aimerais bien qu'il n'y ait pas deux poids, deux mesures non plus quand le Gouvernement répond et que vous puissiez aussi, de temps à autre, rappeler le Gouvernement par rapport au temps de parole. C'est tout à fait une question d'équité. (Applaudissements) M. le Président. - J'essaie d'être équitable malgré le brouhaha. Tout à l'heure, M. Bouchez a eu 30 secondes supplémentaires, comme je m'y étais engagé, bien audelà de l'interruption dont il avait été la victime. Dont acte, si vous le voulez bien, Monsieur Jeholet. QUESTION D'ACTUALITÉ DE MME DEFRANGFIRKET À M. FURLAN, MINISTRE DES POUVOIRS LOCAUX, DE LA VILLE, DU LOGEMENT ET DE L'ÉNERGIE, SUR « LA SOCIÉTÉ DE LOGEMENTS DE GRÂCEHOLLOGNE » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la question d'actualité de Mme Defrang-Firket à M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie, sur « la société de logements de Grâce-Hollogne ». La parole est à Mme Defrang-Firket pour poser sa question. Mme Defrang-Firket (MR). - Monsieur le Ministre, depuis 2014, la société de logements de Grâce-Hollogne connaît de graves difficultés. C'est une société qui gère 2 000 logements sociaux, ce n'est pas rien. Ce n'est pas tant la situation financière de la société qui pose problème, on parle surtout de tensions au sein du personnel, de problèmes avec la direction, de rivalités entre personnes. Un directeur qui s'en va, qui met du temps à être remplacé, qui est remplacé par une personne qui laisse tomber tant l'ampleur de la tâche est importante et qui laisse la société dans le désarroi le plus complet. J'ai quelques questions à ce sujet. Confirmez-vous cette situation délicate ? Avez-vous d'autres explications à nous donner que celles que j'ai présentées ? La Société wallonne du logement a demandé l'envoi d'un commissaire spécial au Gouvernement. Est-il maintenant désigné ? Quand sera-t-il opérationnel ? Quand l'équipe en place a-t-elle été informée de l'envoi de ce commissaire ? Quelles seront sa mission ainsi que sa durée ? Quels seront ses pouvoirs ? Pourquoi avoir attendu deux ans avant de réagir, avant de prendre des mesures ? Quand on connaît les besoins en logements de la Wallonie, c'est important de mettre de l'ordre plus rapidement et de ne pas attendre que la situation dégénère de manière trop développée et en arrive à de gros dégâts. M. le Président. - La parole est à M. Furlan pour la réponse. Attention, pas de document, sauf si c'est pour les produire comme tout à l'heure. (Réaction de M. le Ministre Furlan) On va immédiatement les faire distribuer selon le vœu du ministre-président. La parole est à M. le Ministre Furlan. M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie. - Madame la 39 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Députée, quels sont les éléments de réponse que je puis vous apporter sur ce sujet ? Je confirme vos propos, bien que certains doivent encore être mis au conditionnel, car un certain nombre d'instructions sont en cours, mais effectivement, une direction absente pendant longtemps. Un processus de recrutement a duré pas moins d'un an, s'est concrétisé par la désignation d'une nouvelle directrice gérante en mai 2015 qui a, elle-même, jeté le gant il y a quelques semaines. Parallèlement, manifestement, il y a des problèmes dans les marchés publics à ce point tel qu'il y aurait une instruction menée par la police judiciaire de Liège. On m'annonce aussi des problèmes dans le suivi du parc immobilier. Face à cette situation, la SWL a commencé un suivi rapproché en août 2015. Le rapport final devrait m'être transmis en mars 2016. Le Conseil d'administration de la SWL m'a sollicité fin décembre 2015 pour que je désigne un commissaire spécial auprès de cette société. Cela sera fait lors du Gouvernement du 21 janvier 2016. Avec quels pouvoirs et quelle durée ? Je propose la désignation d'un an et qu'il puisse, comme c'est le rôle d'un commissaire spécial, se substituer aux organes de gestion de ladite société. M. le Président. - La parole est à M. DefrangFirket. Mme Defrang-Firket (MR). - Je voudrais remercier M. le Ministre pour ses réponses, mais je regrette une réaction fortement tardive pour remédier à cette situation. Les tensions au sein du personnel ont atteint leur sommet en été 2014. La directrice a quitté la société depuis août 2015. Nous sommes en janvier 2016, donc, ce sont des réactions assez tardives. Il faut aussi écouter le personnel, s'il a des choses à dire, il doit être entendu. S'il y a des abus dans le chef de certains, il faut mettre de l'ordre. S'il y a des plaintes, car apparemment il y a des plaintes de harcèlement, elles doivent être traitées, au moins une réponse doit y être apportée. C'est une question de respect à l'égard du personnel. Ce n'est pas bon de laisser une telle ambiance de travail. Cette situation entraîne aussi une centaine de logements vides, ce n'est pas rien quand on connaît l'importance des demandes. Il y est urgent de remettre de l'ordre pour ramener le calme et la sérénité au sein de cette société. M. le Président. - La parole est à M. le Ministre Furlan. M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie. - Madame la Députée, j'ai dit que je confirmais vos propos, mais la tutelle sur les sociétés de logements de services publics a été confiée à un OIP de type B qui n'est pas géré, n'est pas sous la tutelle directe du ministre comme une administration, comme le sont les pouvoirs locaux, par exemple, mais sous la tutelle d'un conseil d'administration qui, pour rappel, est pluraliste, et que, au niveau du Gouvernement, on ne pouvait pas réagir plus vite : demande d'un commissaire spécial en décembre 2015, désignation de ce commissaire spécial proposé au Gouvernement le 21 janvier 2016. M. le Président. - La parole est à Mme DefrangFirket. Mme Defrang-Firket (MR). - Je prends bonne note, mais de manière générale, je trouve que quand il y a des dysfonctionnements, cela nécessite, à quelques niveaux que ce soit, des réactions plus rapides. Je vous remercie. QUESTION D'ACTUALITÉ DE MME DE BUE À M. PRÉVOT, MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS, DE LA SANTÉ, DE L'ACTION SOCIALE ET DU PATRIMOINE, SUR « LA RÉGIONALISATION DES FORMATIONS SCOLAIRES POUR LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la question d'actualité de Mme De Bue à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine, sur « la régionalisation des formations scolaires pour la sécurité routière ». La parole est à Mme De Bue pour poser sa question. Mme De Bue (MR). - Monsieur le Ministre, il y a plus de 30 ans, les agents de police fédéraux, une équipe de 30 personnes, assuraient la formation à la sécurité routière et initiaient nos jeunes élèves aux principes de sécurité routière et aux bases du Code de la route. Récemment, il y a, d'une part, la décision du ministre de l'Intérieur fédéral d'affecter ces policiers à d'autres tâches, compte tenu sans doute du contexte de sécurité auquel nous devons faire face. D'autre part, depuis la sixième réforme de l'État, la sécurité routière – on l'a rappelé dans une question précédente – est devenue en partie, une compétence régionale, en tout cas le volet prévention est tout à fait du ressort des Régions. Ces formations seront maintenant assurées par des fonctionnaires wallons qui devront se former à cette matière et s'adapter à l'évolution du Code de la route et une période de transition semble est prévue. Mes questions, Monsieur le Ministre, sont les suivantes. Comment la Région wallonne s'est-elle préparée à cette nouvelle compétence de formation à la sécurité routière dans les écoles ? Est-ce du ressort, par exemple, de l'AWSR ? Quels personnel et budget y P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 40 seront-il affectés ? Pouvez-vous nous en dire plus sur la période de transition ? (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. le Ministre Prévot. M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine. - Madame la Députée, merci pour votre question. D'abord, un élément sur la forme et ensuite, sur le fond du dossier. Sur la forme, je regrette d'avoir appris cette décision de supprimer la dispense d'éducation à la sécurité routière au sein des écoles, par voie de presse. Je trouve qu'il y a des modalités de communication entre les ministres qui sont peut-être plus opportunes et un simple courrier n'aurait pas été du luxe en la circonstance. Ouvrir sa gazette et découvrir que le Fédéral a décidé de retirer la prise n'est probablement pas la manière la plus élégante de permettre une bonne transition. Sur le fond, je peux comprendre qu'en cette période, a fortiori, dès lors que la compétence est régionalisée, bien qu'il n'ait jamais été question jusqu'à présent de remettre en cause la dispense de ces cours au sein des établissements par les agents qui composent la cellule d'éducation et de prévention – et qui fait d'ailleurs un très bon travail – sur le fond, je peux comprendre que l'on ait besoin de mobiliser les forces de l'ordre à des missions beaucoup plus stratégiques dans le climat que nous connaissons aujourd'hui. Ce n'est pas tant la décision que je regrette que l'absence de concertation sur la prise de cette décision. La Wallonie n'a pas formé de brigades de fonctionnaires particuliers pour pouvoir, demain, dispenser ces cours à la place des policiers, mais il nous faudra à travers la période de transition qui va s'ouvrir – j'ose espérer qu'il y aura quand même de la place pour la concertation – déterminer les modalités de dispense de ces formations pour nos têtes blondes, nos écoliers, du primaire comme du secondaire. Ce ne sera plus la police qui le fera demain, cela pourra être des agents de la fonction publique comme d'ailleurs – cela me semblera peut-être plus pertinent, efficace et surtout rapide à mettre en œuvre – les acteurs du secteur associatif, puisqu'il y a un grand nombre d'ASBL qui, tout au long de l'année, font déjà, y compris en milieu scolaire, un travail de prévention en matière de sécurité. J'ajoute, puisque c'est partie intégrante à la déclaration de politique communautaire, que je travaille avec la Fédération Wallonie-Bruxelles et singulièrement, ma collègue, Mme Milquet, Ministre de l'Enseignement, pour pouvoir aussi intégrer dans le continuum pédagogique, ces enjeux de la sensibilisation et de la prévention à la sécurité routière, puisque les enseignants peuvent aussi demain jouer une part intéressante dans cet apprentissage clé auprès des 41 différents écoliers, auprès de notre jeunesse, puisque ce sont eux-mêmes des usagers faibles, donc les premiers à l'égard desquels nous avons un impératif de formation. Si le Fédéral ne l'assume plus via la police, la Région – probablement via le financement désormais possible du Fonds régional de la sécurité routière – prendra ses responsabilités. J'espère, simplement, qu'il y aura un temps relativement cohérent permettant de mettre en œuvre cette transition, puisque désormais nous y sommes invités, à défaut de l'avoir été cordialement, nous tenterons de l'être efficacement. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à Mme De Bue. Mme De Bue (MR). - Merci, Monsieur le Ministre, pour votre réponse. Vous l'avez d'ailleurs vous-même dit tout à l'heure dans la réponse à une autre question, les chiffres de la Sécurité routière ne sont pas bons, pour la Région wallonne. Il y a plus de 20 % de tués en plus sur les neuf premiers mois de 2015. Il y a donc vraiment une urgence. Je pense que, plutôt que de regretter, voire de pleurnicher comme d'autres ministres de votre Gouvernement le font à l'égard du Fédéral, prenez votre téléphone, prenez les devants et organisez vous-même cette période de transition, comme d'ailleurs la Flandre ne s'est pas privée de le faire en la matière. Ce n'est un secret pour personne, depuis plus d'un an et demi, que des pans entiers de compétences fédérales, particulièrement la Sécurité routière, sont régionalisées. Il fallait mieux vous y préparer. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. le Ministre Prévot. M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine. Mme De Bue m'a déjà habitué à avoir à chaque fois un culot monstre dans ses questions d'actualité. Elle reste sur la même lignée. Je voudrais quand même rappeler une chose. J'ose croire que, du côté du MR, il est encore possible qu'en Wallonie, on puisse émettre une opinion sans qu'à chaque fois cela soit traduit comme étant « cessez de pleurnicher ». Je constate que c'est par voie de presse... Vous m'invitez à prendre mon téléphone. Rappelez qu'au MR, il y a aussi un téléphone qui existe. Le même ministre aurait donc pu me contacter préalablement, plutôt que de m'informer de la chose par voie de presse. J'aurai l'occasion de voir Mme Galant ultérieurement. Je lui rappellerai l'usage de cet outil. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 J'ai pensé, dans mon intervention, avoir été assez serein, en regrettant la forme, sans remettre en cause le fond. Je regrette que vous ayez visiblement omis d'évoquer cette question-là. La transition doit s'organiser. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas que vous ayez envie de me distribuer des bons ou des mauvais points. Ce n'est pas l'École des fans, cette enceinte. Ce qui m'intéresse, c'est de pouvoir, demain, travailler sur le fond, en regardant comment, avec les enseignants, avec le secteur associatif, il va être possible que nos écoliers, les enfants puissent, demain, avoir des informations utiles en matière de sécurité routière, lorsqu'ils traversent une route, lorsqu'ils prennent un vélo. Pour moi, c'est l'essentiel, c'est le plus important. Je n'avais pas imaginé que j'allais froisser votre susceptibilité en regrettant simplement de l'avoir appris par voie de presse. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à Mme De Bue. Mme De Bue (MR). - Vous ne m'avez aucunement froissée, Monsieur le Ministre. Il en faut plus que cela, rassurez-vous. Le ministre de l'Intérieur, ce n'est pas Mme Galant, c'est M. Jambon, mais soit. J'insiste vraiment pour que, dans cette assemblée, on ait plus des débats de fond que des débats de forme. (Applaudissements) permis d'environnement visant à réduire le taux de toxicité des émissions émises par une entreprise située sur le zoning de Kaiserbaracke. Finalement, cela a été fait par l'intermédiaire d'un dialogue avec la fonctionnaire technique, par l'intermédiaire d'un dialogue avec l'entreprise, ainsi qu'avec le comité des riverains. Finalement, par voie de recours, c'est vous qui avez adopté un arrêté ministériel imposant une série de conditions dont, par exemple, l'arrêt des activités temporaire jusqu'à ce que l'entreprise se soit mise en conformité si jamais un dépassement du taux de toxicité important – à savoir 10 fois le seuil de toxicité – ou de façon répétée – à savoir 5 fois le seuil de toxicité, doit être constaté. Les constats ont été faits, mais rien qu'en réaction les riverains qui habitent à une centaine de mètres de l'entreprise sont, comme avant, exposés à la problématique. Les riverains se prononcent maintenant par voie publique dans la presse parce qu'ils ont l'impression d'être pris dans un piège. Ils ont essayé de participer de façon constructive à l'élaboration d'un nouveau permis d'environnement, mais lorsqu'ils doivent constater que les effets inscrits dans le permis d'environnement ne sont pas suivis d'actes concrets, ils se posent la question que je vais vous poser maintenant. L'arrêté que vous avez pris modifiant le permis d'environnement et imposant à l'entreprise un nouveau permis d'environnement a-t-il été respecté par vousmême ? (Applaudissements) QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. STOFFELS À M. DI ANTONIO, MINISTRE DE L'ENVIRONNEMENT, DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, DE LA MOBILITÉ ET DES TRANSPORTS, DES AÉROPORTS ET DU BIENÊTRE ANIMAL, SUR « LA PARTICIPATION DES CITOYENS À LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la question d'actualité de M. Stoffels à M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal, sur « la participation des citoyens à la protection de l'environnement ». La parole est à M. Stoffels pour poser sa question. M. Stoffels (PS). - Monsieur le Ministre, quand il faut discuter d'un dépassement important du taux de dioxine, qui est une substance assez dangereuse pour l'environnement et pour la santé, sachez que je serai intraitable et pas prêt à faire un compromis. Confrontée à la réalité de terrain, la Commune d'Amblève à laquelle je participe a dû modifier un M. le Président. - La parole est à M. le Ministre Di Antonio. M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. Monsieur le Député, cette question que vous me posez correspond à la question que vous me posez demain après-midi en commission. M. Stoffels (PS). - Pas du tout. M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. - Je n'avais pas le même intitulé sur la question puisqu'il s'agissait pour moi de vous répondre sur la participation des citoyens en matière d'environnement. Qu'en est-il en matière d'environnement ? Nous avons la Convention d'Arrhus de 1998 qui est devenue une directive. Sur base de cela, un décret wallon organise la participation des citoyens à l'information du public. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 42 Concernant l'arrêté dont vous parlez, nous aurons l'occasion de vous donner tous les chiffres demain. Dans l'état actuel des contrôles opérés par la Région, cet arrêté est respecté. S'il ne l'est pas, il l'est sur des choses qui peuvent être constatées de visu sur place, puisqu'il semblerait qu'un certain nombre d'intrants ne correspondent pas à ce qui est autorisé par le permis. Auquel cas la police communale peut le constater et le bourgmestre peut faire cesser l'exploitation, peut l'arrêter sur simple décision constatant le non-respect de certains éléments du permis. Concernant les émissions et les dernières mesures disponibles, oui, l'arrêté est respecté. À propos du fonctionnement de l'entreprise, les contrôles régionaux n'ont rien démontré d'anormal. Si des contrôles communaux montrent le contraire, j'invite le bourgmestre, les autorités locales, à faire le nécessaire et à fermer rapidement cette entreprise. M. le Président. - La parole est à M. Stoffels. M. Stoffels (PS). - Vu que le ministre est parvenu à totalement détourner la situation dans le sens que les contrôles doivent être faits par la DPC, donc un service du SPW et que les contrôles ont manifesté un dépassement de 16 fois le taux de toxicité pendant la période de septembre et de 18 fois le taux de toxicité jusque début octobre 2015, je vous demande si c'est un détail qui justifie la non-réaction dans le chef du ministre compétent pour l'environnement. M. le Président. - La parole est à M. le Ministre Di Antonio. M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. - Il y a un arrêté de septembre qui fixe les nouvelles normes, qui laisse deux mois à l'entreprise pour se mettre en ordre. Durant ce laps de deux mois, il y a effectivement eu des mesures qui ont montré des dépassements. Depuis lors, une fois les deux mois de mise en ordre nécessaire, il n'y a plus de dépassement constaté. Monsieur Stoffels, je ne vais pas vous inventer des chiffres pour vous faire plaisir. Il n'y a pas de dépassement mesuré. Nous continuons à faire des mesures. S'il y a des dépassements, je n'ai aucune accointance particulière avec cette entreprise, s'il y a nécessité à la fermer, on la fermera. Je répète ce qui est important : vous venez souvent avec des témoignages de gens qui voient des choses anormales sur le terrain, on peut aussi constater au niveau local et l'on peut aussi le faire fermer au niveau local. Un bourgmestre a tout à fait ce pouvoir. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. Stoffels. 43 M. Stoffels (PS). - Sauf que, pour que le bourgmestre puisse le faire, il faut qu'il soit en mesure de le faire, dans la mesure où il dispose des informations qui sont sorties d'une série d'analyses de l'ISSeP par exemple, analyses suite à des études commandées par le Gouvernement. Lorsque je me suis approché de votre chef de cabinet pour dire que je dispose d'un certain nombre d'analyses, il me répond : « Comment êtes-vous en mesure de les avoir ? Vous n'êtes pas disposé à les avoir ». Je regrette ce genre d'attitude qui soumet à une rude épreuve la confiance d'un parlementaire. (Rumeurs) M. le Président. - Voilà qui clôture très provisoirement l'incident. Nul doute qu'il aura d'autres développements. Pour la correction du règlement, on peut toujours aborder une question d'actualité en lien avec une question orale qui n'a pas encore été développée ; ce qui est le cas de M. Stoffels puisqu'elle le sera seulement..... (Réaction de M. Stoffels) Je ne sais pas, je ne sais pas le prédire. En tout état de cause, vous pouvez toujours développer une question d'actualité sur une question orale qui n'a pas été développée au moment des questions d'actualité ; donc, pas de difficulté. QUESTION D'ACTUALITÉ DE MME GÉRADON À M. PRÉVOT, MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS, DE LA SANTÉ, DE L'ACTION SOCIALE ET DU PATRIMOINE, SUR « LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FÉMININES » M. le Président. - L'ordre du jour question d'actualité de Mme Géradon à Ministre des Travaux publics, de la Santé, sociale et du Patrimoine, sur « la lutte violences féminines ». appelle la M. Prévot, de l'Action contre les La parole est à Mme Géradon pour poser sa question. Mme Géradon (PS). - Monsieur le Ministre, comme moi, vous avez pu le lire ou très certainement l'entendre, le secrétaire d'État à l'Immigration a décidé d'organiser un cours à destination des migrants ; cours qui a pour but de savoir comment se conduire avec les femmes. Si de prime abord, certains de nos concitoyens peuvent penser que c'est chouette d'apprendre aux migrants ce que sont les droits des femmes, quand on analyse cela de manière un peu plus pointue, il y a de quoi être un peu écœuré. Dans les faits, l'objectif en P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 destinant ce cours aux seuls migrants, c'est juste de stigmatiser une population, de créer la peur, et non pas de protéger les femmes. Quand on connaît les faits, c'est particulièrement écœurant. Les faits sont les suivants – car c'est de cela dont on parle – en 2014, 55 % des femmes se disaient avoir déjà été, dans leur vie, au moins une fois victime de harcèlement sexuel. La police fédérale enregistrait plus de 2 800 viols en 2014, un peu plus de 8 viols par jour déclarés, et pas moins de 180 viols collectifs. Ce sont les faits. Il y a de quoi être écœuré quand on voit la prise de position du secrétaire d'État à l'Immigration. Oui, ce qui s'est passé à Cologne est honteux ; c'est une ignominie sans nom, ce sont des criminels et il faut avoir une juste répression. Qu'un des plus hauts représentants de l'État belge utilise les violences faites aux femmes pour justifier une mesure qui a pour seul but de stigmatiser une population et d'entretenir la peur, je trouve cela odieux. Cela mérite, Monsieur le Ministre, une réponse et une réponse forte du ministre de l'Égalité des chances. Monsieur le Ministre, les violences faites aux femmes existaient avant les migrants, continuent d'exister ; utiliser leur violence, c'est juste indigne d'un politique. J'ai deux questions concrètes qui demandent des réponses fortes et concrètes. Que fait la Wallonie en matière de discours haineux ? Il y a le Plan intrafrancophone de lutte contre les violences sexistes, qu'en est-il de sa mise en œuvre ? M. le Président. - La parole est à M. le Ministre Prévot. M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine. - Madame la Députée, pour avoir un peu de compassion, je suis heureux à la place de M. Francken que vous ne soyez pas parlementaire fédérale. Pour répondre sur le fond, les violences faites aux femmes, quelles qu'en soient la forme, qu'il s'agisse de violences psychologiques, de propos sexistes, de discriminations, qu'il s'agisse d'atteinte à l'intégrité physique et certainement les viols, sont totalement inadmissibles. Cela doit être dit et cela doit être dit à tous et pas uniquement à certains publics cibles. Le comportement respectueux, conforme à la loi, puisqu'il existe déjà un arsenal en la matière, doit s'imposer à tous et pas uniquement à un certain public cible. Madame la Députée, à travers les compétences exercées par la Région, en bonne intelligence avec les autres niveaux de pouvoir, un Plan intrafrancophone de lutte contre les violences sexistes et intrafamiliales – car cela se passe encore trop régulièrement au sein des familles – a été mis sur pied, validé à l'été dernier. Le comité de pilotage a été mis sur pied fin 2015. Il y a encore une réunion, demain, qui est prévue en la matière. Nous avons un arsenal de 176 mesures qui sont identifiées pour lutter contre l'ensemble de ces actes, que ce soit à travers les mots ou à travers les gestes. Je n'ai pas l'occasion, en si peu de temps, de faire l'énumération de l'ensemble de l'arsenal mis en œuvre, notamment à l'initiative de la Région wallonne, mais c'est tout sauf un élément qui est négligé dans le volontarisme de ce Gouvernement. J'ajoute, puisque la question m'a été posée, que nous veillerons aussi – c'est une réalité qui doit s'imposer à eux – à ce que, dans le cadre des heures de citoyenneté qui seront dispensées à l'égard des personnes étrangères ou d'origine étrangère qui sont primo arrivants – vous le savez, le Gouvernement a décidé de rendre obligatoire non seulement l'apprentissage du français et un cursus d'insertion socioprofessionnelle, mais aussi des cours de citoyenneté – à rappeler à toutes ces personnes étrangères ou d'origine étrangère, les principes essentiels, les droits et les devoirs, mais aussi les principes d'égalité, de non-discrimination, de nonmutilation génitale, de respect de la femme, de respect de chacun des sexes, de respect aussi de la diversité et de la manière d'assumer sa sexualité. C'est un élément qui sera partie prenante de ce socle de valeurs qu'il sera bon de rappeler en dehors de l'action qui est menée au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans les démarches Evras, éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle au sein de notre enseignement. Soyez-en sûre, Madame la Députée, une détermination wallonne qui est intacte en la matière et qui vise tous les publics, tous les Wallons, toutes les Wallonnes et pas seulement certains, en fonction de leur origine. M. le Président. - La parole est à Mme Géradon. Mme Géradon (PS). - Merci, Monsieur le Ministre, pour vos déclarations et votre détermination. Je pense que cela a de quoi rassurer les Wallonnes. Je voulais vous remercier sur ce point, mais je tenais aussi à dire que si certains tentent d'utiliser les violences faites aux femmes, d'autres essaient d'y apporter certaines réponses. Je tenais ici à souligner le travail qui est mené pour le moment – et qui n'est pas encore sorti – de mes deux collègues, Mmes Morreale et Bonni, qui mènent actuellement une enquête sur le harcèlement fait auprès du public féminin. Je pense que ce sera important et que les réactions, par rapport à cette étude, pourront apporter pas mal d'eau au moulin pour ce débat. Je tenais donc vraiment à les féliciter et à les encourager dans ce domaine et surtout de la discrétion dont elles peuvent faire preuve en cette matière. (Applaudissements) P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 44 QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. JEHOLET À M. FURLAN, MINISTRE DES POUVOIRS LOCAUX, DE LA VILLE, DU LOGEMENT ET DE L'ÉNERGIE, SUR « LA POSSIBLE ACQUISITION DE LAMPIRIS PAR NETHYS » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la question d'actualité de M. Jeholet à M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie, sur « la possible acquisition de Lampiris par Nethys ». La parole est à M. Jeholet pour poser sa question. M. Jeholet (MR). - Monsieur le Ministre, nous avons eu vent d'un intérêt de Nethys pour le groupe Lampiris, acteur indépendant dans le secteur énergétique en Belgique. Ce n'est pas un secret que Lampiris réfléchit à la stratégie du groupe et que, parmi les éléments, la vente est possible. Nethys n'est évidemment pas le seul sur l'opération ; d'autres groupes français et hollandais notamment, sont aussi intéressés. Que Nethys soit intéressée pose malgré tout un certain problème ou peut en tout cas poser certaines difficultés régulatoires par rapport à l'esprit de la législation, suite à la libéralisation du secteur de l'énergie. Ma question est donc la suivante, Monsieur le Ministre de l'Énergie. Êtes-vous au courant des intentions de Nethys ? M. le Ministre de l'Économie a fait part, lui, qu'il était au courant. C'est peut-être parce que c'est un ministre liégeois, mais vous êtes ministre de l'Énergie, c'est évidemment essentiel dans ce dossier quand on sait que Nethys, aujourd'hui, est un GRD, gestionnaire de réseau. Il peut donc y avoir là un questionnement. Quand on sait aussi, sur le plan du paysage énergétique plus global, qu'il y a une évolution et de voir quelle évolution, demain, du paysage énergétique, quand on sait aussi que Nethys a des participations dans EDF, Luminus, se pose aussi cette question, puisque l'on sait que la maison mère EDF est intéressée par rapport au rachat de Lampiris. Voilà des questionnements, Monsieur le Ministre, que vous devez avoir. Je souhaiterais certaines réponses en tant que ministre de l'Énergie par rapport à ce volet, à l'évolution du paysage énergétique, demain, en Wallonie. M. le Président. - M. Jeholet aura remarqué que le temps ne lui avait pas été compté. La parole est à M. le Ministre Furlan. Député, merci de cette question. Convenons qu'il y a beaucoup de conditionnel, que vous anticipez et que vous avez sans doute raison de le faire, puisqu'il y a potentiellement une stratégie de Lampiris, vendeur, éventuellement vendeur de son entreprise et, potentiellement, un acte de candidature de rachat de la part de Nethys. Je suis au courant oui, comme vous, par la presse et de manière non officielle. Je n'ai pas à l'être, à ce stade, dans la mesure où il n'y a pas de décision prise par Nethys. Ceci étant, premièrement, on peut se réjouir, tout en restant très prudent, que si, à un moment, le fournisseur Lampiris choisissait cette voie qu'est la vente, que ce soit un opérateur wallon qui puisse procéder demain au rachat et ne pas, de nouveau, être soumis à l'influence des groupes étrangers. Ceci étant, il y a un décret très clair sur l'électricité, sur la libéralisation, qui découle lui-même d'une directive européenne. Très clairement, il ne peut y avoir de collusion d'une quelconque forme que ce soit entre un gestionnaire de réseau de distribution et un fournisseur d'électricité. Lorsque ce dossier me sera soumis, s'il l'est un jour, il est dans mes obligations de mon métier, de mon boulot, de m'assurer de cette séparation très nette qui est, non pas de stricte interprétation, mais qui n'est pas interprétable, en l'état. Je serai donc vigilant à ce dossier, s'il doit me parvenir, tout comme, je le suppose, le régulateur indépendant, la CWaPE, le sera également. M. le Président. - La parole est à M. Jeholet. M. Jeholet (MR). - Par rapport à l'intérêt d'un opérateur wallon, je suis d'accord, mais vous savez aussi que c'est un opérateur wallon qui s'intéresse à de plus en plus de choses. On pourrait parler des télécommunications, de l'activité du câble, de la presse, avec des intentions et des rachats, y compris à l'étranger, les aéroports, je l'ai dit, le gestionnaire de réseau. Je suis un peu surpris, Monsieur le Ministre, que vous n'anticipiez pas un peu les choses en demandant une étude ou que vous puissiez, aujourd'hui, me donner certaines garanties pour, justement, éviter cette confusion des genres. Ma question est la suivante : aucune étude n'a été entreprise par vos soins ? Répondez-moi. Vous n'avez eu de contact ni avec Nethys ni avec Lampiris sur une éventuelle opération ? M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie. - La réponse est « non » aux deux questions. M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie. - Monsieur le 45 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 M. Jeholet (MR). - Quand le ministre de votre Gouvernement, le ministre de l'Économie dit qu'il est bien au courant du dossier, vous trouvez normal, légitime, cohérent, qu'il ne vous en ait pas fait part ? M. le Président. - Je rappelle que le règlement permet un double échange, on l'a déjà eu. Monsieur Jeholet, j'imagine donc qu'il s'agit d'une conclusion, dans votre chef, d'un regret, d'un dépit, mais qui n'appelle plus de réaction du Gouvernement, puisque par deux fois, le ministre de l'Énergie s'est exprimé. QUESTION D'ACTUALITÉ DE M. DRÈZE À M. LACROIX, MINISTRE DU BUDGET, DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE LA SIMPLIFICATION ADMINISTRATIVE, SUR « L'AUDIT EXTERNE DU SELOR ET SES CONSÉQUENCES AU NIVEAU DES RECRUTEMENTS RÉALISÉS PAR LA WALLONIE » M. le Président. - L'ordre du jour appelle la question d'actualité de M. Drèze à M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative, sur « l'audit externe du Selor et ses conséquences au niveau des recrutements réalisés par la Wallonie ». La parole est à M. Drèze pour poser sa question. M. Drèze (cdH). - Monsieur le Ministre, je vous interroge dans le cadre de votre compétence « Fonction publique ». Vous connaissez, comme moi, le nom de M. Marc Van Hemelrijck qui a été, pendant 13 ans, le patron du Selor et qui a du prendre sa pension anticipée de trois ans, fin décembre 2015, suite à la polémique suscitée par le recrutement de sa propre fille au Selor, qui a fait l'objet d'un rapport du médiateur fédéral, mettant en cause son intégrité. Non seulement, parce que les procédures n'auraient pas été respectées, mais aussi parce que sa fille aurait été promue aussi de manière irrégulière. Je mets bien sûr tout cela au conditionnel, mais cela amenait le ministre de la Fonction publique fédéral à commander cet audit externe, auprès de la société de consultance KPMG, pour vérifier l'objectivité des procédures au sein du Selor. Si l'on en parle aujourd'hui, c'est parce que Selor est non seulement un partenaire de premier plan au niveau fédéral, mais aussi au niveau des entités fédérées. Je voulais à cette occasion vous interroger, Monsieur le Ministre, sur les collaborations que nous avons en Région Wallonne avec le Selor. Dans quels cas est-il associé aux recrutements et aux promotions ? Avez-vous eu vent, au niveau wallon, de difficultés d'objectivité dans le cadre de certaines procédures organisées par le Selor ? Le climat de confiance, qui est en quelque sorte mis en question au niveau fédéral, est-il aussi au niveau la Région wallonne ? La convention qui nous lie avec le Selor est-elle régulièrement évaluée ? Est-elle parfois adaptée ? Allez-vous, dans le cadre de votre note de politique général où vous appelez à une accélération et une amélioration des procédures de recrutement, revoir, le cas échéant, votre collaboration avec le Selor ? M. le Président. - Merci, Monsieur le Député. La parole est à M. le Ministre Lacroix. M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative. Monsieur le Député, vous posez une question de fond qui permet de faire le point sur une situation assez paradoxale, puisque le ministre de la Fonction publique fédéral a commandité un audit sur le Selor, suite à un événement malheureux, présupposé et que vous avez rappelé. Je voudrais d'abord rappeler qu'un audit, c'est toujours un outil qui peut être nécessaire pour toute une série de facteurs, qu'il y ait soupçons de délit ou de favoritisme ou non. Je ne voudrais donc pas remettre en cause les audits, c'est une manière d'améliorer tous les processus. Concernant la Région wallonne plus particulièrement et les sélections, il est trop tôt pour se prononcer puisque l'audit est en cours ; nous pourrons le faire une fois que nous aurons les résultats. Concernant les sélections de fonctionnaires statutaires, à travers les examens Selor, pour les sélections passées, il n'y a pas d'incidence avérée, en tout cas, aujourd'hui. Pour les sélections en cours, nous ne sommes pas concernés par le Selor parce qu'il n'y a pas de sélections en cours. Par contre, pour les sélections futures, il y a trois sélections de niveaux C qui doivent avoir lieu. Nous allons donc être particulièrement attentifs à l'évolution du dossier d'audit externe. Cela étant dit, je voulais déjà corriger le protocole de collaboration que nous avons avec le Selor, parce que nous avions quelques critiques sur la lenteur avec laquelle le Selor procède pour le recrutement des fonctionnaires statutaires de la Wallonie. Je vais donc attendre les résultats de l'audit pour encore davantage, le cas échéant, renforcer les demandes de la Région wallonne en matière de collaboration avec le Selor. Vous P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 46 pouvez compter sur ma vigilance et sur celle du Gouvernement en l'occurrence. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. Drèze. M. Drèze (cdH). - Je remercie M. le Ministre pour sa réponse fort complète. Je suis heureux d'entendre que pour le passé, la Région n'a pas à se plaindre des collaborations sur l'objectivité en tout cas, sur la lenteur peut-être, et que cet audit sera l'occasion, peut-être, d'appuyer les demandes de la Région wallonne pour que les collaborations avec le Selor soient plus efficaces et plus pertinentes à l'avenir. M. le Président. - Voilà, très chers collègues, Messieurs les ministres, qui clôture la séance de questions d'actualité qui était le troisième point de l'ordre du jour. La parole est à Mme Ryckmans. Mme Ryckmans (Ecolo). - Merci, Monsieur le Président. Chers collègues, en mai dernier, 17 800 personnes se sont trouvées exclues des allocations d'insertion, ce qui était un chiffre très élevé dont on n'a pas encore pris la mesure. Ce chiffre dramatique est la conséquence de deux mesures prises au Fédéral. Deux décisions de limitation des allocations d'insertion prises fin 2013 et fin 2014 qui ont toutes deux des conséquences importantes. La décision prise fin 2011 par le Gouvernement Di Rupo, celle du cœur qui saigne, de limiter à trois ans les allocations d'insertion, a commencé à produire ses effets dévastateurs au 1er janvier 2015, il y a un an. Nous en revenons, si vous le voulez bien, à l'examen des différents projets de textes. Viennent s'y ajouter les décisions prises fin décembre 2014 par le Gouvernement Michel, d'obliger les jeunes sans diplôme de l'enseignement secondaire supérieur à attendre 21 ans pour avoir accès à une allocation d'insertion et celle de descendre à 25 ans au lieu de 30 ans, l'âge maximal pour une première demande d'allocations viennent donc s'y ajouter. PROPOSITION DE RÉSOLUTION CONCERNANT LA LIMITATION DES ALLOCATIONS D'INSERTION ET SES CONSÉQUENCES POUR LA WALLONIE, DÉPOSÉE PAR MME RYCKMANS, MM. HAZÉE, DAELE ET HENRY (DOC. 213 (2014-2015) N° 1 À 3) On estimait entre 8 000 et 14 000 le nombre de jeunes concernés rien qu'en 2015. En outre, ces chiffres ne rendent pas compte de tous ceux qui indirectement en subissent également les conséquences, comme les enfants ou les conjoints et cohabitants. Si certains allocataires peuvent bénéficier du revenu d'intégration, d'autres n'ont droit à rien. M. le Président. - L’ordre du jour appelle l’examen de la proposition de résolution concernant la limitation des allocations d'insertion et ses conséquences pour la Wallonie, déposée par Mme Ryckmans, MM. Hazée, Daele et Henry (Doc. 213 (2014-2015) N° 1 à 3). Les premiers dépendent désormais de l'aide des CPAS, déjà noyés sous les demandes et en difficulté budgétaire et humaine pour les gérer. Les seconds dépendent de l'aide de leurs proches pour la survie. Derrière ces chiffres, c'est autant de visages de famille, de situation personnelle difficile, de femmes qui ont travaillé à temps partiel, de jeunes qui n'ont pas obtenu un contrat suffisamment long à la sortie de leurs études ou de leurs formations. Discussion générale M. le Président. - Je vous propose de prendre comme base de la discussion générale le texte adopté par la Commission de l'emploi et de la formation. Un rapport (Doc. 213 (2014-2015) N° 3) a été déposé par M. Lefebvre. Je déclare la discussion générale ouverte et cède la parole à M. Lefebvre. M. Lefebvre (PS). - Mes collègues vont y revenir, donc je me réfère à mon rapport écrit, Monsieur le Président. M. le Président. - J'ai trois inscrits dans la discussion générale. Mme Ryckmans, comme auteure de la proposition de résolution, M. Henquet, M. Legasse et M. Drèze. 47 Ces chiffres n'intègrent pas non plus les personnes mal informées qui n'ont pas nécessairement exercé leurs droits et qui ont disparu des statistiques. Cette situation s'avère dramatique pour une part croissante de la population. La perte d'un emploi entraîne tout d'abord la perte d'un revenu et mène à une possible impasse financière. La difficulté de payer un logement ou ses déplacements, d'avoir accès aux soins médicaux, on retarde les soins, les interventions chez le dentiste, on postpose les interventions, mais aussi d'accéder à la culture. La perte d'un emploi a aussi des impacts psychologiques. Nous considérons le travail comme un facteur d'intégration sociale. Nous lui accordons une valeur parfois excessive ou, en tout cas, qu'il serait utile P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 de questionner, mais y avoir accès est important et c'est un droit. L'emploi est important, au point que les personnes qui en sont privées pour des tas de motifs différents peuvent se sentir progressivement reléguées à la marche de la société et se retrouver en situation d'exclusion sociale. Si certains parviennent à tenir le cap, d'autres sombrent dans le stress, l'anxiété et la dépression. La perte de l'allocation d'insertion pour ceux qui sont déjà privés d'un emploi devient alors une double peine. Les conséquences sociales, économiques et budgétaires de cette politique d'exclusion sont catastrophiques, non seulement pour les chômeuses et les chômeurs, mais aussi pour leurs proches et également pour les communes et les CPAS. Les appels à revenir sur ces mesures ont été nombreux de la part des syndicats, d'associations et d'élus. La limitation dans le temps des allocations d'insertion n'a pas été décidée dans un contexte anodin. La crise économique qui a fait suite à la crise financière de 2008 a entraîné un grand nombre de pertes d'emplois. Le taux de chômage très élevé qui touche la Wallonie s'inscrit dans un processus bien plus long de mise sous tension de l'emploi en Europe, qui s'illustre de facto par une pénurie structurelle d'emplois par rapport à l'offre de travail. Les chiffres du marché de l'emploi sont sans appel. D'après Eurostat, il y avait en Belgique en 2014, 460 000 demandeurs d'emploi indemnisés et seulement 83 000 postes vacants. Le réseau Stop article 63 § 2 de son côté, a estimé à 976 000 le nombre réel de personnes sans emploi en Belgique, en y ajoutant les bénéficiaires du revenu d'intégration sociale et les exclus. Pour la Wallonie, ce chiffre s'élève, selon l'ONEM, à 247 834 personnes. Selon la FGTB, il faut y ajouter 13 600 Wallons exclus des allocations d'insertion et également les chômeurs sanctionnés ou exclus suite au renforcement du contrôle de la disponibilité. Face à ces réalités, la responsabilité de tout gouvernement est de mener des politiques créatrices d'emplois de qualité et de mieux répartir le travail disponible et les ressources. Ce n'est certainement pas de rendre les personnes demandeuses d'emploi individuellement responsables de leur situation. Cette mesure d'exclusion ne créera aucun emploi, mais, par contre, le risque est grand de voir s'aggraver l'état de pauvreté des jeunes qui n'ont pas pu travailler suffisamment longtemps jusque-là et des travailleuses et travailleurs sans emploi de longue durée. Cette politique d'exclusion crée des brèches dans les mécanismes de protection sociale, fondés sur les principes d'assurance, de solidarité, d'émancipation et de cohésion sociale de notre système de sécurité sociale. Enfin, la pertinence économique et budgétaire de ces mesures est profondément mise en question. Les exclusions du droit aux allocations d'insertion entraînent inévitablement d'autres coûts : dépenses supplémentaires pour les communes et CPAS déjà sous pression, manque à gagner pour l'État fédéral avec la baisse du pouvoir d'achat, baisse du soutien à l'économie et à la création d'emplois, coûts à long terme avec la dégradation de la santé, avec le décrochage scolaire, avec les problèmes de logement. On le voit, audelà d'être injuste socialement, ces mesures sont inefficaces économiquement. En Wallonie, en mai, je le rappelle, il y avait déjà 17 800 personnes qui se sont trouvées exclues des allocations d'insertion, parmi elles, deux tiers de femmes. Il faut y ajouter les jeunes, exclus suite aux mesures du Gouvernement Michel, avec à nouveau une forte proportion d'entre eux en Wallonie et à Bruxelles. Ces jeunes se retrouvent dès lors hors formation et hors emploi, certains n'y ayant même jamais eu accès, ces jeunes que l'on désigne par le terme NEET, ni étudiant, ni employé ni en formation. Une telle mesure intervient dans une Région largement touchée par la précarité : 20 % des Wallons vivent sous le seuil de risque de pauvreté ; un enfant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté ou subit la privation en Wallonie. C'est pourquoi nous avons voulu qu'un véritable débat puisse se tenir sur ces graves questions au sein de notre assemblée. Nous avons demandé à procéder à une série d'auditions particulièrement intéressantes et complémentaires. Elles ont eu lieu en avril et mai derniers, réunissant trois commissions de notre Parlement : la Commission en charge de l'emploi et de la formation, la Commission en charge des affaires sociales et celle en charge des pouvoirs locaux. Après ces auditions, Ecolo a déposé une proposition de résolution à l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre. Nous l'avons mise en débat en commission et avons obtenu le soutien tant de la ministre que de la majorité. Moyennement amendement, c'est dont un texte Ecolo, PS et cdH qui vous est présenté aujourd'hui. Nous nous en réjouissons. Ce texte s'adresse tant au Gouvernement fédéral qu'au Gouvernement wallon. En tant qu'autorité de tutelle des CPAS et du FOREm, particulièrement attentive à l'équilibre budgétaire et à la préservation de la capacité des pouvoirs locaux à remplir leurs missions, la Région wallonne ne peut dès lors plus rester sans réagir. La résolution a été amendée sur divers points pour aboutir à celle que nous voterons aujourd'hui. Je remercie les collègues qui s'y sont impliqués. Que dit-elle donc cette résolution ? P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 48 Au Fédéral, la résolution demande au Gouvernement wallon d'enjoindre le Gouvernement fédéral de supprimer purement et simplement les mesures, je les rappelle : – la limitation des allocations d'insertion dans le temps ; – la baisse de la limite d'âge de 30 à 25 ans pour une première demande ; – et la condition d'avoir un diplôme de l'enseignement secondaire supérieur pour pouvoir demander une allocation avant 21 ans. La résolution demande de supprimer ces mesures ou à tout le moins de les aménager et de les assouplir – à la demande du PS, cet amendement – pour les personnes qui sont investies dans une démarche concrète d'insertion professionnelle, afin de tenir compte des efforts déployés par ces demandeurs d'emploi et des difficultés avérées du marché de l'emploi. La résolution demande également d'exprimer son opposition à de nouvelles mesures d'exclusion des allocations d'insertion ou de chômage qui seraient prises par le Fédéral ; de plaider de façon générale pour des mesures de soutien à l'économie, à la création d'emplois et à la cohésion sociale plutôt que des politiques d'exclusion ; à titre subsidiaire, de rappeler au Gouvernement fédéral ses engagements en matière de transfert des moyens compensatoires des mesures qu'il prend à l'égard des pouvoirs locaux concernés. Ces mesures ont été déclinées également au niveau wallon, puisque le cdH souhaitait ne pas interpeller uniquement au Fédéral. Au Gouvernement wallon, il est demandé la mise en œuvre, le plus rapidement possible, du contrat d'insertion prévue dans la Déclaration de politique régionale et d'intensifier également les dispositifs régionaux de formation et de mise à l'emploi pour les publics les plus défavorisés ou les plus éloignés de l'emploi. Enfin, la résolution vise à rappeler au Gouvernement fédéral ses engagements en matière de transfert des moyens compensatoires des mesures qu'il prend à l'égard des pouvoirs locaux. Le MR, à cette occasion, a signalé que des chiffres allaient être collectés pour connaître les besoins exacts des CPAS, par exemple. Pour Ecolo, il faudrait que ceux-ci soient refinancés par la Wallonie, à hauteur de 10 millions d'euros, pour faire face aux besoins et aux attentes des femmes et des hommes qui y ont recours. C’est certainement un débat qui n'est pas terminé dans ce Parlement. Ce qu'il faut bien garder en vue, ce sont les réalités concrètes des personnes touchées par ces mesures d'exclusion, ces jeunes femmes et hommes, qui cherchent un emploi, une formation qui leur permettent une réelle insertion sociale. 49 Au MR, je suggère encore une fois de voter cette résolution, qui reconnaît tout simplement le caractère injuste de ces mesures, qui renforcent les inégalités entre les jeunes qui ont accès à la formation ou qui ont recours à d'autres filets de sécurité, surtout familiaux, et ceux qui n'y ont pas accès. Nous vivons dans une société qui se dualise davantage chaque jour. J'en veux pour simple illustration cette information récente. Il y a quelques jours, le 9 janvier, on notait que, en seulement neufs jours de ce début d'année, le salaire moyen des patrons du Bel 20 avait atteint le salaire annuel d'un Belge médian. On peut dire que les mesures prises par le Gouvernement Di Rupo, fin 2013, ont ouvert grand la porte à celles du Gouvernement MR-N-VA, qui a fait passer des décisions encore plus injustes et surtout extrêmement élitistes et qui risquent bien de s'avérer contre-productives en termes de bien-être et de cohésion sociale. (Applaudissements) M. le Président. - Comme l'ordre du jour avait été établi, M. Henquet va intervenir, même si en principe c'est l'alternance. Mais ici Mme Ryckmans étant l'auteure de la proposition, il est normal qu'elle intervienne en premier et qu'ensuite le principal groupe d'opposition intervienne. Interviendront ensuite M. Legasse puis M. Drèze. M. Hazée (Ecolo). - Je pense que cela générerait une alternance par rapport au point de vue qui vient d'être développé. M. le Président. - On ne sait pas, il faut écouter ce que M. Henquet va dire, on peut être surpris. La parole est à M. Henquet. M. Henquet (MR). - J'avais prévu de commencer en disant : Monsieur le Président, Madame la Ministre, chers collègues, mais je vois que la ministre n'est pas là. Ce que je trouve à tout le moins relativement inélégant par rapport à la proposition qui a été faite par le groupe Ecolo. C'est un sujet délicat et important s'il en est, puisque l'on parle d'emploi, ou plutôt d'absence d'emploi, et que ce sujet est considéré par tous les gouvernements comme étant la priorité majeure, la priorité numéro 1. Nous en avons longuement débattu en commission. Je voudrais, avec l'avantage du recul que nous avons aujourd'hui, repréciser la position du MR, mais aussi et surtout prolonger la réflexion. Dois-je vous dire d'emblée que je m'étonne vraiment de cette proposition de résolution et des amendements qui y sont associés, désolé Madame Ryckmans ? Pour m'en expliquer, je me propose d'abord de remettre la problématique générale dans son contexte – vous l'avez fait en partie, je ne vais pas redire les choses – ensuite, P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 de m'attarder aux impacts spécifiques liés au CPAS. Je poursuivrai en relevant les contradictions dans le chef des trois signataires et je terminerai par quelques propositions de solution cette fois-ci, non pas de résolution. Faut-il rappeler que la résolution qui nous est présentée remet en question l'accord qui a été conclu sur la limitation des allocations d'insertion et qui a été voté sous le Gouvernement précédent : Di Rupo. Ce Gouvernement était composé des partis francophones suivants : à ma gauche le PS, c'est logique, bien qu'une partie du PS soit à ma droite, dans le fond à gauche le cdH, toujours logique, et au milieu à droite le MR. Les mesures qui viennent d'être énoncées vont avoir un impact catastrophique sur les CPAS, nous dit-on. À ce sujet, on entend tout et son contraire. La FGTB parle de 90 000 personnes exclues au 1er janvier 2015 et qui vont se tourner forcément vers les CPAS. Le SPP Intégration sociale en dénombrait moins de 9 000 en juin 2015. Bataille de chiffres, manifestement. Quoi qu'il en soit, les auteurs de la résolution nous disent que le Fédéral n'a pas transféré à due concurrence le surcoût des mesures prises. Je crois que je dois vous contredire et peut-être vous décevoir en vous rappelant, ou en vous apprenant d'abord, que des concertations régulières ont eu lieu avec les trois fédérations des CPAS pour pouvoir discuter justement des difficultés rencontrées sur le terrain. Il n'y a donc pas d'opposition entre la position du ministre Borsus et les fédérations de CPAS. Pourquoi tentez-vous d'en créer ? En vous rappelant ou en vous apprenant, ensuite, que dès 2012, toutes les mesures qui impactaient directement les CPAS – que ce soit la dégressivité, le renforcement du contrôle de la disponibilité, la prolongation des stages d'attente – ont été compensées totalement par le Fédéral via la dernière loi-programme, à hauteur de 8 millions d'euros. Plus fort encore, en vous rappelant ou en vous apprenant que lors du contrôle budgétaire du printemps 2015, une adaptation a eu lieu : des montants de 86 millions d'euros dont 27 millions spécifiquement pour les CPAS. Et comme si cela ne suffisait pas, en vous apprenant, peut-être, que pour 2016, il sera demandé à chaque CPAS de fournir un décompte détaillé des revenus d'intégration supplémentaires accordés en 2015 : le nombre, la durée, la catégorie. De manière à ce que le Fédéral puisse compenser, en étant le plus juste possible par rapport à la situation précise de chaque CPAS. Et enfin, permettez-moi également de vous rappeler ou de vous apprendre qu'en fin de législature précédente, Mme la Secrétaire d'État Maggie De Block avait relevé, pour la première fois depuis 2002, le taux de remboursement du RIS de 5 %. Par contre, vous ne le mentionniez pas, peut-être par oubli, je suppose, que le Fonds régional cette fois – non plus fédéral, mais bien régional – spécial de l'aide sociale, lui, est en diminution constante. Au vu de ce que je viens de dire, il est mensonger de prétendre que le Fédéral n'assume pas l'accompagnement complet des CPAS dans le cadre de la fin des allocations d'insertion. Il me semble donc que votre information est partielle et partiale. J'en viens maintenant aux contradictions des différents signataires. D'abord, l'auteur de la résolution : Ecolo. C'est vrai qu'Ecolo n'était pas dans l'ancien Gouvernement, on peut donc comprendre leur opposition, sans y voir nécessairement une contradiction. Mais tout de même, Madame Ryckmans, comment interpréter vos propos relatés à la page 7 de la discussion du 27 octobre où, d'une part, vous reconnaissez que vous ne disposez pas des chiffres concrets et, d'autre part, vous nous dites que ce n'est pas assez ? Comment pouvez-vous dire que ce n'est pas assez, ou trop, ou suffisant, si vous n'avez pas les chiffres concrets ? Encore vous nous dites que le Fédéral ne compense que partiellement, mais comment pouvez-vous le dire, puisque vous dites que l'on n'a pas les chiffres concrets ? Je peux aussi, sur cette base-là, vous rétorquer, sur la base d'une impression générale, qu'à Fernelmont, il n'y a pas de problème, que le CPAS, de Gesves, d'Andenne, de La Bruyère, de Thuin, même de Liège, n'ont pas de problème, nous dira un membre du cdH ? Vous l'aurez compris, ce qui est dérangeant dans votre argumentation, c'est de baser toute la pertinence de celle-ci sur une approximation : « je ne dispose pas de chiffres concrets » – ce qui fait dire ce que l'on veut aux chiffres – et d'élever en généralités quelques particularités, méthode qui selon moi rend votre raisonnement complètement caduque. Deuxième signataire, le cdH. Et là, j'ai envie de dire d'emblée, merci à M. Drèze. M. Drèze estime, au nom du cdH, lors de notre commission du 27 octobre, que la résolution en question est rédigée à mauvais escient. Puisque les quatre points que comporte votre résolution s'adressent chaque fois au Fédéral, ce qui n'est pas le but d'une résolution déposée par un parlement régional. « Quand on éprouve », dira-t-il, « des difficultés avec la politique du Gouvernement fédéral, l'enceinte à investir, c'est bien sûr le Parlement fédéral ». Et il poursuit, je le cite : « Tourner en rond entre parlementaires régionaux dans ce dossier peut être P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 50 sympathique », c'est vrai, « mais ce n'est peut-être pas le meilleur endroit pour le faire ». Autrement dit, Madame Ryckmans, gentiment, ce n'est pas ici que vous devez nous parler de cela. Il évoque alors votre deuxième demande qui vise de nouvelles mesures que le Fédéral pourrait prendre. Il lui paraît un peu particulier, et je pense qu'il a raison, dans le cadre d'une résolution, d'inviter le Gouvernement à exprimer son opposition à des mesures qui n'ont pas encore été prises par le Fédéral et qui ne le seront peutêtre jamais. Autrement dit, Madame Ryckmans, gentiment, votre proposition relève de l'affabulation. Enfin, il rappelle, en réponse à votre point quatre, que le Fédéral a augmenté à plusieurs reprises, les transferts – c'est lui qui le dit – ce que vous semblez ignorer. Mme la Ministre De Block a augmenté, je l'ai dit tantôt, de 8 millions d'euros, ensuite de 30 millions d'euros, avant que M. le Ministre Borsus ne fasse pareil à concurrence de 27 millions d'euros. Et M. Drèze de conclure : « Tant que l'on ne fait pas la démonstration que ces moyens complémentaires ne sont pas suffisants, je pense qu'il vaut mieux s'abstenir de considérations dans ce domaine. Pour ma part, dans la commune où je réside, Liège, qui est le plus gros CPAS du pays, je constate que ces moyens apparaissent comme suffisants ». Autrement dit, Madame Ryckmans, gentiment, votre proposition passe complètement à côté de l'objectif visé en méconnaissant la réalité de terrain. Là, nous étions le 27 octobre. Et de confirmer – je reviens sur M. Drèze – sa position en commission du 15 décembre, où il nous redit que le but premier d'une résolution est de s'adresser à son propre Gouvernement. Chers collègues, vous me direz que le cdH ne va pas voter cette résolution. Eh bien si ! Car ils ont exigé de mettre un cinquième point. Que dit ce cinquième point ? Il demande au Gouvernement wallon, cette fois – ouf ! c'est le bon interlocuteur, c'est le bon niveau de pouvoir que l'on interpelle – de mettre en œuvre le plus rapidement possible le contrat d'insertion prévu dans la DPR et d'intensifier également les dispositifs régionaux de formation et de mise à l'emploi. Très beau travail d'opposition, Monsieur Drèze. J'en conviens, car vous pointez du doigt ce qui ne va pas au niveau du Gouvernement wallon et que nous avions pointé également, à savoir que presque deux ans après avoir énoncé la DPR, le contrat d'insertion, tant vanté durant la campagne, n'est toujours pas en place. De plus, vous reconnaissez que les dispositifs régionaux de mise à l'emploi et de formation sont insuffisants, puisque vous dites qu'il faut les intensifier. Vous avez raison, je le pense également. 51 Bref, chers collègues, vous apprécierez la cohérence du cdH. Il nous dit que quatre propositions sur cinq de cette résolution s'adressent à un mauvais interlocuteur, et une sur cinq, la dernière, pointe les manquements du Gouvernement dans lequel il se trouve, mais ils vont quand même la voter. Je pourrais vous dire à mon tour, gentiment, Monsieur Drèze, que vous et le cdH êtes les rois de la contradiction dans ce dossier. M. Legasse, pour le PS, s'il n'est pas opposé au contenu de la proposition, s'il estime que les mesures d'exclusion doivent être compensées à 100 %, mais tout en précisant également que les chiffres restent à discuter et à affiner, il faut, selon lui, passer par le Comité de concertation si l'on a des revendications à formuler. Par rapport au Fédéral, la résolution n'est pas la voie correcte à suivre dans ce cas. Donc, on ne la vote pas, me direz-vous. Non, dans un premier temps, avoue le PS. Oui, par la suite parce que l'on rajoute un amendement qui flattera les efforts réalisés par le Gouvernement wallon en faveur de l'emploi, et ce faisant, cela atténuera également les propos du commissaire Drèze. Écoutez comme c'est bien écrit : « Considérant que, dans le contexte économique actuel » – difficile, sousentendu, on place les garde-fous – « même en ayant déployé tous les efforts et toute la détermination possible, et malgré l'offre diversifiée des services d'accompagnement, d'insertion et de formation, les bénéficiaires d'allocation, et cetera ». Ouf ! Le Gouvernement travaille tout de même, allez, on peut voter maintenant. Enfin, je rappelle au PS que c'est la ministre socialiste flamande, Monica De Coninck, qui est à la base de cette mesure dans le Gouvernement Di Rupo. Mais c'est vrai que j'ai entendu en commission que le PS et le sp.a, ce n'était pas du tout les mêmes partis. Outre l'analyse des propos des uns et des autres, j'en viens à l'essentiel. Que faire par rapport à cette problématique ? Que faire pour diminuer le nombre de personnes émargeant au CPAS et qui dépendent des allocations de chômage dont les allocations d'insertion ? Certains d'entre vous l'ont dit – Mme Ryckmans l'a souligné à juste titre –, il faut agir à la base des mécanismes d'exclusion et stopper le cercle vicieux, manque ou perte d'emplois, chômage, CPAS, précarité, pauvreté. Pour y parvenir, il faut mettre en place une réelle et efficace politique de l'emploi que je voudrais analyser rapidement à travers les institutions où nous sommes représentés, le Fédéral – puisque l'on en parle souvent – la Région wallonne et la Communauté française. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 À travers votre résolution, vous avez demandé au Gouvernement wallon de demander au Gouvernement fédéral de prendre des mesures pour soutenir l'économie – je vous cite – et de créer des emplois. C'est votre demande numéro 3. C'est gentil d'y penser. Dois-je rappeler le courageux saut d'index, même s'il fut décrié à différents moments ? Soyons honnêtes, le saut d'index qui a sérieusement arrangé les budgets, que ce soit à la Communauté française ou à la Région wallonne ! Dois-je rappeler la diminution des charges qui pèsent sur le travail à travers une diminution des cotisations sociales de 33 % à 25 % ? Dois-je rappeler les 25 millions d'euros qui seront dégagés pour inciter les femmes et les jeunes à créer leur entreprise ? Surtout, dois-je rappeler l'exonération à vie des cotisations sociales patronales pour le premier emploi et la réduction de ces mêmes cotisations sociales patronales, non plus du deuxième au cinquième emploi, mais bien du deuxième au sixième engagé ? Les deux dernières mesures énoncées devraient créer 65 000 nouveaux emplois ; ce n'est pas Laurent Henquet qui le dit, ce n'est pas le MR qui le dit... (Réaction d'un intervenant) ... c'est la Banque nationale et le Bureau fédéral du Plan. Tout cela en un an et quelques mois, puisque le Gouvernement fédéral a été constitué en octobre 2014, soit trois mois après les gouvernements régionaux. En un an, donc, on a eu le temps d'observer, d'analyser la situation, de l'étudier, de concerter, de planifier et de réaliser. On est presque occupé à évaluer. M. le Premier Ministre a dit : « Job, job, job » ; on l'a dit, on le fait. Venons-en à la Région wallonne. J'ai entendu dernièrement en écho... M. le Président. - Monsieur Henquet, vous devez parler moins vite parce que votre groupe n'a même pas eu l'occasion de vous applaudir. Je vous dis cela, je ne dis rien. (Applaudissements) M. Henquet (MR). - C'est parce qu'ils connaissent le texte que je suis occupé à énoncer. M. le Président. - Mais ils n'étaient pas en phase. M. Henquet (MR). - J'en viens à la Région wallonne. J'ai entendu dernièrement en écho au « Job, job, job » quelqu'un qui disait : « Emploi, emploi, emploi ». Les chiffres du FOREm, c'est vrai, vont dans ce sens et montrent qu'il y a une légère embellie. J'en suis très heureux, évidemment, car c'est par la création d'emplois que l'on évitera le basculement tantôt énoncé. Plus en avant, à propos d'emploi justement, où en est-on dans la fameuse réforme des aides à l'emploi ? On n'en sait rien. Quelles mesures pour aider notre tissu économique des PME, des TPME dont parle tant notre ministre-président, à croître et ainsi à booster l'emploi ? On n'en sait toujours rien. Où en est-on dans le développement du fameux pacte pour l'emploi ? On n'en sait toujours rien. Enfin, si, on sait que les partenaires sociaux ont fini de négocier depuis juin 2015, on sait qu'ils sont d'accord à 95 %, il ne reste plus au Gouvernement qu'à décider. Mais qu'attend-il, ce Gouvernement ? Il vous faut plus de six mois pour savoir si vous allez agir sur les cotisations sociales patronales ou sur l'activation de l'allocation ? Il vous faut plus de six mois pour définir si l'on est jeune jusque 25 ans, 26 ans ou 30 ans ? J'entends que rien ne sera décidé avant le 1er janvier 2017. Même le partenaire de majorité s'en inquiète – je l'ai dit tout à l'heure – au point qu'il doive demander au Gouvernement wallon de mettre en œuvre le plus rapidement possible le contrat d'insertion prévu dans la DPR. C'est dire si les actions déjà réalisées sont chétives. À propos des jeunes, qu'en est-il du contrat d'insertion ? Pour rappel, la DPR dit clairement en ses pages 14 et 15 que : « Le Gouvernement s'engage à offrir une première vraie expérience professionnelle à chaque jeune, dans les 18 mois après la sortie de l'école et s'il présente des difficultés à s'insérer sur le marché du travail ». Fort bien, mais voici deux remarques à ce niveau. Comment allez-vous articuler le contrat d'insertion avec le programme européen Garantie jeunesse qui, lui, prescrit aux Régions de proposer aux moins de 25 ans, dans les quatre mois et non plus dans les 18 mois – bonjour, Madame la Ministre, mais je ne vais pas tout recommencer – alors que le programme européen Garantie jeunesse prévoit dans les quatre mois ? Y aurat-il une fusion entre les deux programmes ? Vont-ils se confondre ? Ma deuxième question est : pourquoi attendre le 1er janvier 2017 pour que cette mesure entre en vigueur ? Cela veut dire pratiquement 2,5 ans après le prononcé de la DPR, alors que l'on sait que la mise à l'emploi des jeunes est une mesure déclinée comme urgente par tout le monde. On n'a pas de réponse à cette question. La DPR stipule aussi que le contrat d'insertion prendra appui sur le dispositif PTP. Je m'en étonne et je vous le déconseille, car une étude récente du CESW montre que parmi toutes les mesures d'activation, le P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 52 PTP est le dispositif le moins efficace en termes de mise à l'emploi durable, mais vous faites comme vous voulez. sait qu'il n'a pas travaillé et qu'il a obtenu 30 % ? Non, bien sûr ! Enfin – et Mme Ryckmans l'a évoqué également – comment ne pas s'étonner des deux chiffres suivants : en novembre 2015, il y a plus de 400 000 chômeurs complets indemnisés pour 83 000 postes vacants. Et de se poser légitimement la question : qu'attend donc la Wallonie, pour les postes vacants qui la concerne, d'enfin faire en sorte qu'ils soient pourvus ? On le sait, il n'y a pas d'emploi pour tout le monde, mais alors, qu'au moins, on occupe les postes déclarés sans titulaire, ce sera déjà cela de pris. Je pourrais citer d'autres exemples similaires en fin de deuxième ou en fin de cinquième et qui démontrent que le système éducatif en Communauté française promeut lui-même un nivellement par le bas, parce qu'il n'insiste pas suffisamment sur l'importance du travail, de l'effort et de l'endurance. On a parlé du contrat d'insertion pour les jeunes et de Garantie jeunesse, vous ne m'en voudrez pas si je termine en vous parlant d'éducation. Nous savons tous qu'il y a un lien direct entre la qualité de l'enseignement et la prospérité économique d'une région ou d'un pays. Il y a un lien direct entre la qualité de la formation et le taux de chômage dans cette même région. Ce que Boileau énonçait déjà il y a 300 ans, dans ses vers célèbres de l'art poétique : « Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse et le repolissez ». Si cette maxime a résisté à l'épreuve du temps, c'est qu’elle doit trouver sa légitimité dans la pertinence de son propos. C'est pour cela, sans doute – et M. Crucke tombe à point nommé – qu'il serait bien que le ou Mme la Ministre de l'Éducation siège dans cet hémicycle, mais il s'agit là d'un autre débat. Fort bien, mais il y en écoles des mesures imposées par le politique qui sont pour moi délétères. Ainsi, quel message délivre-t-on à nos jeunes ? Cela vous ennuie ce que je dis ? Non. C'est très agréable de parler à un dos, vous n'arrêtez pas de caqueter. M. Collignon (PS). - Ne créez pas inutilement la polémique. M. Henquet (MR). - Allez de l'autre côté si cela ne vous intéresse pas... M. Collignon (PS). - Ne créez pas inutilement la polémique. Ne me lancez pas, parce que le ramassis de sottises... M. Henquet (MR). - Allez de l'autre côté si cela ne vous intéresse pas. Je vais vous donner quelques conseils. M. le Président. - Monsieur Henquet, on va reprendre cela plus sérieusement. Poursuivez. La parole est à M. Henquet. M. Henquet (MR). - Je disais qu'il y a, en écoles, des mesures imposées par le politique qui sont, pour moi, délétères. Ainsi, quel message délivre-t-on à nos jeunes, lorsque par exemple, on les fait passer automatiquement de première en deuxième, qu'ils aient obtenu 30 % ou 70 % ? Est-ce éducatif et pédagogique que de faire croire à un jeune qu'il a réussi, alors qu'il 53 (Réaction d'un intervenant) Pas du tout ! Vous allez forcément y arriver. Et à cette jeunesse qui est occupée à se construire, à structurer sa personnalité, à forger son tempérament et sa force de caractère du futur adulte, vous verrez que là est le lien. Il faut leur enseigner que lorsqu'une difficulté se présente dans la vie, qu'elle soit scolaire, familiale, professionnelle, sentimentale, de santé ou autre – et nous en avons tous rencontré dans nos vies personnelles – si on laisse tomber les bras, on ne résoudra pas cette difficulté. Si, par contre, on se retrousse les manches, au moins, on aura tenté de la surpasser. C'est cela qui forme le caractère, qui développe la volonté. Mutatis mutandis, c'est un peu la même chose, lorsque l'on se retrouve devant une difficulté, lorsque l'on est adulte, telle que le non-emploi qui perdure ou la perte d'un emploi. Trouvera-t-on l'énergie de se battre ? Sera-t-on résigné ? Même s'il n'y a pas d'emploi pour tous, la réaction par rapport à ce problème dépendra de la formation que l'on aura reçue dans sa jeunesse. Elle dépendra des compétences que l'on aura acquises au cours de son cursus, des exigences que le système éducatif et parental aura mises en place. Si l'on compare avec le nord du pays, pourquoi avons-nous un taux de chômage – même si cela va un peu mieux – de 12-13 %, alors que les Flamands n'en ont que cinq ou six pour cent ? Pourquoi avons-nous cette image d'assistés qui nous colle à la peau systématiquement ? La réponse n'est évidemment pas singulière. Bien sûr, on n'a pas anticipé suffisamment le déclin de notre tissu industriel, mais pour avoir donné cours de français à des néerlandophones, je peux vous assurer que la mentalité y est autre par rapport au travail, à l'effort, à l'endurance et à la ténacité. Pourquoi, dès lors, ne pas s'en inspirer et demander à ceux qui sont aux commandes de la Fédération Wallonie-Bruxelles – c'est-à-dire vous – que l'on revalorise en remettant au goût du jour un enseignement qui exige, qui booste, qui décoiffe ? Bref, qui forme, cadre et encadre et qui ferait P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 sans doute en sorte que d'assistés, nos petits Wallons deviennent de grands entreprenants ? Ne vous méprenez pas. Les parents qui élèvent leurs enfants de façon plus stricte et rigoureuse ne les aiment pas moins pour autant que ceux qui sont plus laxistes. De la même façon, un système éducatif qui exige de ses élèves, tout en les encadrant, ne les respecte pas moins – que du contraire – qu'un système qui les laisse faire, mais on arrive à un autre résultat. De la même façon, Monsieur Collignon, un gouvernement qui se montre exigeant et parfois même dur n'en est pas moins attentif ni préoccupé par l'avenir de chacun de ses concitoyens, qu'un gouvernement qui a tendance à laisser faire, à ne pas anticiper et, finalement, à ne pas décider. On l'aura compris : la problématique de l'emploi ou du non-emploi, la problématique des allocations d'insertion, la problématique des revenus d'intégrations, ce sont des sujets complexes et délicats, parce qu'ils touchent aux personnes. La solution pour les résoudre ne viendra pas d'une seule mesure aussi exceptionnelle soit-elle, mais bien d'une conjonction de petites décisions pertinentes que chacun se doit de prendre à son niveau de pouvoir. Je vous invite toutes et tous à être le plus proactif en la matière, afin de faire correspondre la définition de la politique à ce que nous tentons de faire : être au service du citoyen. En fonction de tous les arguments que je viens de développer, vous comprendrez aisément que nous voterons contre cette proposition de résolution. (Applaudissements) M. le Président. - Merci, Monsieur Henquet. Je rappelle que cette résolution porte sur la limitation des allocations d'insertion, pour que nous puissions bien baliser l'étendue de nos interventions mutuelles et réciproques. C'est à M. Legasse, en principe, Monsieur Drèze, mon cœur vous donnerait la priorité, mais la raison et le règlement m'appellent à donner la parole à un autre brabançon wallon. La parole est à M. Legasse. M. Legasse (PS). - Monsieur le Président, j'avais le sentiment, à l'instant, d'entendre le rapporteur. J'ai cru un instant que le rapporteur n'avait pas fait de rapport, mais manifestement quelqu'un d'autre s'en est chargé, bien que ce ne soit pas très fidèle. C'était plutôt un commentateur qu'un rapporteur que j'ai entendu. Effectivement, quand l'on n'a pas grand-chose à dire sur le sujet... (Réaction de M. Crucke) Quand l'on n'a pas grand-chose à dire sur le sujet, l'on se permet de commenter les positions des autres. M. le Président. - Monsieur Crucke ! M. Legasse (PS). - Je vais laisser M. Crucke faire son show et puis l'on reprendra. M. le Président. - Non, on a bien noté que vous êtes en séance, notez-le et l'on poursuit. M. Legasse (PS). - Merci, Monsieur le Président. Sans doute, M. Henquet avait le sentiment de s'adresser à une assemblée libérale, mais dois-je rappeler que l'initiative, après 541 jours de négociations difficiles, n'est pas venue des socialistes, mais bien des libéraux flamands quant à ces dispositions sous le précédent Gouvernement ? C'est trop facile de réduire ce Gouvernement à son Premier ministre. C'est bien 541 jours qu'il a fallu pour le former ; et les conditions des uns et des autres étaient du niveau que l'on sait. (Réaction d'un intervenant) Je vais me permettre de continuer, Monsieur le Président. M. le Président. - Je vous en prie. M. Legasse (PS). - Merci M. le Président. - Je vais surveiller deux personnes plus particulièrement. M. Legasse (PS). - J'ai néanmoins retenu dans l'intervention de mon prédécesseur que la pauvreté forgeait le caractère pour le MR. Très sincèrement, je ne partage pas cet avis parce que pour moi, le caractère se forge bien... (Réaction d'un intervenant) M. Legasse (PS). - Je continue Monsieur le Président ? M. le Président. - Je vais en surveiller trois, maintenant. (Rires) M. Legasse (PS). - Merci, Monsieur le Président. La question des allocations d'insertion est un sujet éminemment sensible, on l'a compris, tant son impact social, sociétal même, est important. Les auditions auxquelles nous avons assisté, trois commissions conjointes ; les commissions ont donc entendu de nombreuses auditions en avril et en mai dernier et tous les intervenants l'ont amplement souligné, dont le président du CPAS de Liège qui n'était autre, à l'époque, que le président de la fédération des CPAS. Certes, et je ne discuterai pas des chiffres et des compensations chiffrées, mais passé le côté vexatoire de tendre la main aux CPAS plutôt que d'être dans une structure d'allocations de revenus de remplacement ou d'insertion – en tout état de cause, l'impact en termes de P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 54 parcours personnel et professionnel reste largement négatif et vexatoire – c'est, soulignons-le, ceci qui met à mal les politiques de mise à l'emploi du ressort régional et nous ne pouvons que le regretter. Si les mesures décidées, en 2011, dans un contexte politique fédéral difficile, ont un impact réel sur les jeunes demandeurs d'emploi, les mesures complémentaires décidées, depuis lors, par un autre Gouvernement fédéral, présidé par quelqu'un d'autre me semble-t-il, faut-il le souligner, ont démultiplié les situations difficiles, les ont accrues considérablement. Le Parti socialiste soutient une révision des dispositions de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 pour supprimer la limitation automatique des allocations d'insertion pour les bénéficiaires qui prouvent une recherche active d'emploi. C'est la démarche entreprise par le biais d'une proposition de loi déposée à la Chambre par mon parti. La politique d'activation, que l'on aime ou que l'on n’aime pas, doit encourager les demandeurs d'emploi à sortir du chômage et à tout mettre en œuvre pour se former adéquatement et à s'intégrer au mieux dans le cadre des programmes d'accompagnement individualisé mis en place par le FOREm. À cet égard, il importe pour notre Région de mettre tout en œuvre pour une politique de mise à l'emploi du plus grand nombre, sur ce point nous sommes d'accord. Nous soutenons également la suppression des mesures décidées par le Fédéral qui pénalisent les jeunes, les plus vulnérables, en ne leur proposant pas d'alternatives. On sait qu'il y a à peine 80 000 emplois disponibles, aujourd'hui, pour quelque 450 000 chômeurs. Nous encourageons donc le Gouvernement wallon à poursuivre son combat au sein du Comité de concertation et des comités ministériels concernés en ce qui concerne la question de l'impact sur les allocations des décisions prises par le Fédéral en décembre 2014, afin d'éviter un nouveau transfert de charges vers les Régions et, particulièrement, dans des compétences transférées. En matière de transfert de charges, j'aimerais également ajouter que, si les CPAS ont peut-être reçu des montants compensatoires, la charge de travail, elle, est importante et la charge salariale qui en découle ne l'est pas moins. En substance, outre les drames sociaux que l'accumulation des mesures décidées au Fédéral, ces derniers mois, vont engendrer – alors qu'il se dit social parfois, les mesures incohérentes et renforçant la dualisation de la société – ce sont également les pouvoirs publics wallons, il est vrai – les communes, les CPAS, le Gouvernement wallon – qui sont impactés négativement. 55 Sans réelle totale compensation du Fédéral, il est vrai, nous ne sommes peut-être pas encore en mesure de le chiffrer précisément. Il importe, en effet, que la mesure fédérale soit totalement neutre et compensée à 100 % par le Fédéral, ce qui n'est, semble-t-il, pas encore le cas. Sur ce point, nous reviendrons, j'imagine, dans quelques mois encore. Enfin, il convient de souligner que la résolution adoptée en commission – outre les regrets et les souhaits émis ci-avant – encourage également notre Gouvernement à poursuivre sa politique d'insertion et d'intégration du plus grand nombre par une intensification des dispositifs régionaux de formation et de mise à l'emploi. Le Gouvernement qui était d'ailleurs représenté tout à l'heure, Monsieur Henquet, par deux personnes et Mme la Ministre nous a rejoints maintenant. Nous espérons, par ailleurs, que le Gouvernement fédéral, lui, entendra les appels à un revirement de sa politique, mettant à mal la cohésion sociale et sociétale, sans discernement. Bien au contraire, il existe une alternative pour ceux qui s'engagent dans une recherche active d'emploi, que le Gouvernement fédéral l'entende. La pénalisation de ceux-ci par des mesures vexatoires ne peut engendrer que découragement et lassitude, ce qui, dans le contexte actuel, pénalisera l'ensemble de la société. Cette résolution devenue commune, comme l'a souligné ma collègue, portée par trois des quatre groupes du Parlement wallon, un fait suffisamment rare pour le souligner, est de la plus haute importance. Il faut dire que le sujet est lui-même de la plus haute importance. On parle ici de la limitation à trois ans par le Gouvernement fédéral des allocations d'insertion, à la condition de détenir un diplôme de l'enseignement secondaire supérieur pour avoir droit à ces dites allocations avant 21 ans et de la limite à 25 ans pour une première demande d'allocation. Je fais le lien avec la pauvreté qui forge le caractère pour le MR. La résolution demande au Gouvernement fédéral au minimum d'apporter les aménagements raisonnables, il est vrai, pour assouplir les mesures prises pour les demandeurs d'emploi qui se sont investis dans un processus d'activation et d'insertion socioprofessionnelle, parce que ceux-là se sont investis et sont néanmoins pénalisés. Vous le savez, j'ai évoqué les chiffres tout à l'heure, 80 000 emplois pour 450 000 chômeurs. Le Gouvernement wallon doit exprimer son opposition aux nouvelles mesures éventuelles d'exclusion des allocations d'insertion ou de chômage qui seraient encore prises par le Gouvernement fédéral. Nous plaiderons pour des mesures de soutien à l'économie, à la création d'emplois, à la cohésion sociale, plutôt que pour des politiques d'exclusion, des politiques vexatoires, comme demandé aux prépensionnés qui doivent se réinscrire et redevenir P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 des demandeurs d'emploi et chercher des emplois, comme demandé aux chômeurs qui ont un enfant ou un parent atteint de maladie grave et qui néanmoins doivent se réinscrire et doivent être demandeurs d'emploi et donc sont aussi ainsi écarté du processus d'allocation. Enfin, j'en terminerai simplement en disant que si la réponse du MR est de dire : « Il suffit de tendre la main, les CPAS ont été refinancés », celle-là ne me convainc pas et ne me suffit vraiment pas. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. Drèze. M. Drèze (cdH). - Je voudrais d'abord remercier Ecolo d'avoir pris les premiers la plume et d'avoir fait cet effort de rédiger une résolution – c'est un travail conséquent – et aussi d'avoir accepté que le PS et le cdH s'associent à la démarche, moyennant un texte un tout petit peu remanié, de manière à faire le parfait consensus. Je voulais saluer ce consensus entier, quoi que certains en disent. Je suis très heureux que Mme Tillieux nous ait rejoints et très heureux que M. Lacroix reste, parce que, si évidemment la ministre de l'Emploi est le bras armé de la politique, le grand argentier est évidemment utile. J'y reviendrai quand des moyens supplémentaires sont, le cas échéant, sollicités. M. Henquet a fait une partie du rapporteur, il a fait aussi une intervention construite. Ce n'est pas pour cela que je suis d'accord avec ce qu'il dit, même quand il me cite. Deux petits correctifs. D'abord, concernant Liège, c'est vrai que, ici comme à Liège, quand on se plaint d'un manque éventuel de compensation financière du Fédéral, je demande que l'on sorte les chiffres pour prouver l'assertion. Étant maintenant, je dois bien reconnaître que personne n'a produit des chiffres extrêmement convaincants entre les compensations apportées et les surcoûts liés à la modification en termes d'octroi d'allocations d'insertion. Ceci dit, le problème majeur n'est pas là, Monsieur Henquet. Le problème majeur, c'est qu'à Liège, comme ailleurs, en particulier dans les grandes villes, mais pas seulement, les difficultés sociales sont plus importantes. Des personnes qui, avant, étaient sur des rails en termes de revenus et en termes de recherche d'emploi et de potentiel de trouver du travail, sont déstabilisées. Ce qui fait le plus mal – toutes les personnes entendues lors des auditions l'ont évoqué de manière convergente – ce sont les jeunes qui ont quitté l'ONEM et qui n'arrivent pas au CPAS, qui se sont perdus dans la nature et que nous ne pouvons plus accompagner d'une manière ou d'une autre. C'est un dégât social d'autant plus important que l'autorité publique n'est plus à même de les accompagner puisqu'ils ont, en quelque sorte, disparu des radars. M. Henquet met aussi en épingle une soi-disant contradiction entre la ministre et moi. Je vous dirais simplement que, par rapport à toutes les décisions qui ont été prises par Mme la Ministre Tillieux au nom du Gouvernement, il n'y a pas une feuille de papier de cigarette entre les décisions prises et mes convictions les plus profondes. C'est vrai qu'il y a une impatience pour les décisions encore à prendre. Les décisions prises le sont par exemple en matière d'emploi APE, de titresservices, de centre d'insertion socioprofessionnelle, de formation en alternance, de structures d'aide à l'autocréation d'emploi. Toutes ces décisions, je suis pleinement heureux de la manière dont elles ont été prises. Pour le reste, il y a une impatience que nous partageons tous, je l'ai déjà dit, la ministre également. Un calendrier a reporté certaines mesures à 2017, je le regrette personnellement, mais c'est le chef de l'accord de majorité, duquel Mme Tillieux a hérité d'une feuille de route. Il n'empêche, je plaide pour cela et j'espère que cela pourra se faire, que pour certaines mesures et en particulier pour les jeunes on puisse accélérer un peu le tempo. Je prends l'exemple – ce n'est pas la première fois – du contrat d'insertion. Il a effectivement été l'objet, j'en suis heureux, de débats importants pendant la campagne électorale, suite notamment au combat qu'a mené la FGTB, non pas pour dénoncer 90 000 jeunes exclus, comme vous l'avez évoqué, début 2015, mais 50 000, qui se sont avérés moins par après. Le chiffre annoncé par la FGTB à l'époque – je pense que ma mémoire ne me fait pas défaut – c'est 50 000 et pas 90 000. Nous sommes d'accord que ce contrat d'insertion est très important, il est dans la DPR et il doit venir le plus rapidement possible. Je prends note que la Région de Bruxelles-Capitale a décidé de le mettre en vigueur à la mi-2016. Il y a peutêtre moyen de revoir un agenda plus serré de la mise en œuvre en Région wallonne. Personne dans la majorité ne souhaitait que les choses se passent en 2015, pourquoi ? Il fallait attendre les décisions du Fédéral, maintenant nous les connaissons ; il faut s'articuler avec ces décisions. Il faut aussi, nous le faisons davantage, j'en suis aussi heureux que le Fédéral, s'accorder avec les partenaires sociaux. Nous sommes maintenant en janvier, à l'heure où les partenaires sociaux remettent leur copie. Je suis convaincu que nous l'aurons dans les tout prochains jours, que nous pourrons l'examiner, que ce soit formellement ou informellement, et avoir notre avis sur les décisions à prendre au cours de cette année 2016. Au niveau des mesures fédérales, nous y avons, tout comme le PS, participé en partie sous le Gouvernement Di Rupo. Que ce soit à la demande des libéraux P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 56 flamands ou pas, peu m'importe, nous avons été d'accord de les prendre. Je ne reviens pas là-dessus. Nous avons obtenu, en tant que cdH, enfin du Gouvernement Di Rupo un correctif pour les travailleurs à temps partiel qui étaient victimes des mesures alors qu'ils travaillaient. Nous avions demandé aussi, mais nous ne l'avions pas obtenu, un correctif pour les personnes qui sont actives en intérim. Par contre, nous sommes très tristes du renforcement qui a été pris sous le Gouvernement actuel. Je ne ferai pas de polémique ici. On en a encore parlé en commission hier avec la ministre au niveau des allocations familiales majorées. Il n'y a pas que des inconvénients sur le plan des allocations d'insertion et l'iniquité de certaines décisions qui ont été prises, mais aussi des effets collatéraux dommageables pour les enfants des personnes concernées, notamment à travers les allocations familiales majorées. Raison pour laquelle nous souscrivons au cdH pleinement aux premiers éléments de la résolution, qui demande à la Région de continuer à mener le combat vis-à-vis du Fédéral. Cela étant, nous avons pu constater au cours des derniers mois que, sans la résolution, la Région a été au combat. On l'a vu encore hier avec la ministre dans le débat sur les allocations familiales majorées qui ont fait l'objet de discussions, malheureusement non convergentes à ce stade en comité de concertation. Mais cela ne mange pas de pain de soutenir le Gouvernement dans cette démarche vis-à-vis du Fédéral, notamment en comité de concertation. Nous sommes heureux – et vous l'avez relevé Monsieur Henquet et d'autres – d'avoir obtenu satisfaction quant à notre demande d'ajouter une résolution concernant la Région wallonne. C'est d'autant plus fondé, je l'ai dit à l'époque, que le jour où Mme Ryckmans a développé sa proposition, le matin même chez M. Prévot, M. le Ministre a dû rejeter deux résolutions venant de la majorité, parce qu'elle ne s'adressait qu'au Fédéral. Cela n'a pas de sens de ne s'adresser qu'au Fédéral, le principal étant de s'adresser au Gouvernement. Je suis donc heureux que le parti socialiste et Ecolo nous aient rejoints sur le fait d'être un encouragement et un aiguillon, cela peut aller de pair. On peut très bien titiller tout en encourageant ; ce n'est pas contradictoire et antinomique. Nous plaidons effectivement pour qu'en Région wallonne, en matière d'insertion socioprofessionnelle, en matière de formation en alternance, en matière, pourquoi pas, de parcours d'intégration, la problématique peut y être jointe le cas échéant, on aille plus vite et plus fort et c'est bien là notre demande. (Applaudissements) M. le Président. - Y a-t-il un souhait de réaction du Gouvernement ? Madame la Ministre de l'Emploi ? 57 Puis-je peut-être demander à M. Crucke de venir nous rejoindre ? La parole est à Mme la Ministre Tillieux. Mme Tillieux, Ministre de l'Emploi et de la Formation. - Bien volontiers, Monsieur le Président. Je suis heureuse d'intervenir, puisque ce débat est important. Je m'étais présentée, à l'entame de la séance, et malheureusement j'ai appris que le point était reporté après les débats. In fine, on m'a fait savoir que non, c'était avant le deuxième débat. Vous comprendrez les raisons pour lesquelles je suis arrivée en courant lorsque le point a été mis à l'ordre du jour. Mais je pense qu'il faudra clairement préciser sur votre ordre du jour comment les travaux se passent au niveau de notre Parlement, pour que l'on puisse s'organiser. Cela dit, Mesdames, Messieurs les députés, à plusieurs reprises au cours de ces derniers mois, la Commission de l'emploi et de la formation du Parlement de Wallonie a pu débattre largement de l'impact en Wallonie des modifications introduites par le Gouvernement fédéral en matière d'accès aux allocations d'insertion. Que ce soit, souvenez-vous, lors des séances conjointes où les principaux acteurs du dossier, dont le FOREm, la fédération des CPAS, les partenaires sociaux, une série de représentants du secteur associatif, ont pu être auditionnés. Ou encore, lors de l'examen en commission de cette proposition de résolution, j'ai rappelé toute la dynamique qui avait été mise en œuvre et toutes les actions déployées depuis un an par le FOREm, par ses partenaires de l'insertion socioprofessionnelle, pour soutenir les publics qui ont perdu le bénéfice des allocations d'insertion. Malgré cette dynamique qui a été initiée, nous pouvons aujourd'hui constater qu'au-delà de la précarisation de ces publics concernés, les dispositions n'ont vraiment pas démontré l'effet escompté sur le retour à l'emploi des personnes concernées. Dès lors, comme les auteurs de la résolution, je soutiens la démarche de solliciter le Gouvernement fédéral pour revoir la législation relative aux allocations d'insertion. La Wallonie, bien sûr, ne restera pas les bras croisés pour autant ; je compte bien multiplier les démarches qui permettront de redonner des perspectives d'avenir professionnel aux demandeurs d'emploi en général, et en particulier aux plus jeunes. Pour ce qui concerne la politique d'enseignement, je suppose que les députés qui siègent aussi en Fédération Wallonie-Bruxelles auront toutes l'opportunité d'interpeller la ministre en charge de l'enseignement, là où il se doit. Mais ici, au niveau wallon, nous avons promis de mettre en œuvre le contrat d'insertion. Il fait, bien sûr, l'objet d'une attention toute particulière. Il est P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 au centre de la concertation que je mène aujourd'hui avec les partenaires sociaux dans le cadre du pacte pour l'emploi et la formation. Les balises de ce contrat d'insertion devraient pouvoir faire l'objet d'un accord dans les prochaines semaines et ensuite, d'une traduction en texte juridique qui sera soumis à votre parlement dans le courant de l'année 2016 pour être opérationnel dès 2017. Dans l'intervalle, tous les dispositifs qui permettent de soutenir l'emploi des jeunes ont pu être reconduits à l'identique pour 2016, par exemple les emplois jeunes dans le secteur non marchand, qui viennent justement de faire l'objet d'une décision du Gouvernement pour leur poursuite au long de cette année. Quant à la proposition de résolution présentée ce jour, je m'engage à m'en faire le relais auprès de mes collègues du Gouvernement wallon. De façon générale, je continuerai à plaider pour des mesures de soutien à l'économie, pour des mesures de création d'emplois et pour des mesures qui concernent la cohésion sociale. missions auxquelles ils doivent répondre avec la problématique faiblesse de moyens comme ceux-là ? Il est contraire à la vérité de dire que les CPAS ont des moyens suffisants de fonctionner et de remplir leurs missions. Il faut les refinancer outre d'ailleurs les transferts compensatoires du Fédéral. Vous nous avez bassinés – je m'excuse du terme – de promesses électorales. J'attends de voir les 65 000 emplois annoncés. Ce que l'on observe, ce sont les derniers chiffres dont je dispose, c'est à mi-année, au mois de mai : 17 800 personnes exclues, donc en six mois. Combien seront-ils à la fin de l'année ? On attend les deniers chiffres dès qu'ils pourront être clôturés. Ce que j'ai entendu, je vous le dis, c'est une véritable injure qui est faite aux personnes vivant dans la précarité à cause de leur exclusion de ce droit aux allocations d'insertion. (Applaudissement) (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à Mme Ryckmans. M. le Président. - La parole est à M. Henquet. Mme Ryckmans (Ecolo). - Monsieur Henquet, j'avais un petit espoir que le social, parfois présent chez certains de vos collègues du MR, refasse surface, mais je dois bien déchanter. Vous nous présentez l'archétype de l'individualisme libéral. Je ne vous savais pas à ce point adepte du « marche ou crève ». Je pense vous avoir vu lors des auditions des acteurs, des associations, des syndicats, des CPAS, mais soit vous dormiez, soit vous avez des problèmes d'ouïe, car vous ne semblez pas les avoir entendus. Ou bien vous ne les avez pas écoutés. M. Henquet (MR). - Monsieur le Président, on ne va pas continuer le débat formel, vous relevez les contradictions, je relève les contradictions chez vous. Ceci dit, vous dites quand même des choses qui sont énormes quand vous me dites à moi que je ne suis pas social, je le suis bien plus que vous qui... (Réactions dans l'assemblée) ... je ne sais pas quelle est votre fonction, mais quand on émane de l'enseignement, on est dans le secteur non marchand, donc le social, je pense que je connais et je ne vais pas détailler les éléments qui font que, mais vous êtes dans la caricature... (Applaudissements) (Réaction de M. Henquet) Monsieur Henquet, vous ne nous parlez ici, dans votre intervention, que de la situation des CPAS et pas des exclusions. Vous ignorez ces personnes qui ne font pas recours aux CPAS et M. Drèze les a évoqués, ces personnes qui ont disparu du radar, qui ne sont pas dans les CPAS et qui sont, semble-t-il, d'après les informations que nous avons, la majorité de ceux qui ont été exclus. ... la plus primaire, mais enfin, ce n'est pas bien grave. Votre analyse est partielle, partiale et même dans la présentation de votre rapport, il y a des extraits du rapport que vous extrayez en jouant au professeur, vous extrayez les morceaux qui vous conviennent. Page 7, effectivement, je n'avais pas les chiffres précis des allégations de Mme Nicaise. Page 9, je les ai, j'ai un document de la Fédération des CPAS qui montre qu'en dix ans, les CPAS ont perdu 25 % de leur personnel. Comment peuvent-ils assurer l'ensemble de leurs Je pense, comme je l'ai dit dans ma conclusion, que chacun doit regarder – c'est vrai que l'on l'a dit tout à l'heure, on taxe toujours, on parle toujours du Fédéral quand on est à la Région, on regarde toujours dans l'assiette du voisin – les compétences qui sont les siennes et avec les moyens qui sont les siens, essayer de regarder ce qu'il peut faire pour essayer de résorber ce chômage et donc faire en sorte que l'on ne bascule pas justement du chômage vers les CPAS, vers la précarité, Pour revenir sur le fond, c'est vrai, j'ai essayé de le démontrer en partant dans le sens inverse, si l'on parle de la problématique des allocations d'insertion, on doit parler forcément du chômage, donc on doit parler des problèmes d'emploi. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 58 vers la pauvreté. C'est pour cela que j'ai interpellé la ministre et que j'ai dit : « Vous mettez beaucoup de temps, on va arriver à des mesures, le contrat d'insertion, la garantie jeunesse qui sont fondamentales », tout le monde parle de l'importance de l'emploi des jeunes, on nous dit que cela va être mis en place en 2017, on a voté la DPR à la mi-juin 2014, deux ans et demi. Après, je me dis que c'est quand même énorme que le Gouvernement wallon soit moins un gouvernement du verbe, qu'il soit un peu plus un gouvernement de l'action, même si je sais que vous négociez et que vous parlez beaucoup avec les partenaires sociaux. Mais je pense qu'à un moment donné, il faut dire stop et il faut prendre ses décisions. C'est ce que je vous demandais de faire tout à l'heure. PÉTITION POUR L'APPLICATION STRICTE DU PRINCIPE DE PRÉCAUTION EN CE QUI CONCERNE LES EFFETS NÉFASTES DE L'UTILISATION DE MICRO-ONDES MODULÉS PAR IMPULSIONS SUR LA SANTÉ DE LA POPULATION (DOC. 355 (2015-2016) N° 1) M. le Président. - L’ordre du jour appelle, en application de l'article 127.8 du règlement, l’examen du rapport sur la pétition pour l'application stricte du principe de précaution en ce qui concerne les effets néfastes de l'utilisation de micro-ondes modulés par impulsions sur la santé de la population (Doc. 355 (2015-2016) N° 1). M. le Président. - La parole est à M. Legasse. M. Legasse (PS). - Je comprends mieux maintenant pourquoi certains d'entre nous n'ont pas voulu participer au groupe de travail qui aurait pu être plus productif et plus consensuel et peut-être plus constructif. Le MR n'a pas voulu s'associer au groupe de travail, maintenant, je comprends pourquoi. Tout à l'heure, je disais que j'avais compris que la pauvreté forgeait le caractère pour le MR, j'ai peut-être été un peu caricatural, mais je souscris à ce qui vient d'être dit. Le caractère social n'est pas très prégnant dans les propos tenus. J'entendais même M. Jeholet dire : « On va s'occuper de vous », lorsque Mme Ryckmans intervenait. Je trouvais cela un peu déplacé. Je pense qu'il y a des gens dont il faut s'occuper, mais ce n'est pas Mme Ryckmans, ce sont tous ces gens qui sont dans la pauvreté, c'est elle qui forge le caractère. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. Drèze. M. Drèze (cdH). - Je ne ferai pas de commentaire supplémentaire, car le propos n'est pas de savoir qui est plus social que qui, mais ce que deviennent tous ces jeunes qui sont en difficulté pour l'instant. (Applaudissements) M. le Président. - Plus personne ne demandant la parole dans la discussion générale, je la déclare close et vous propose de voter ultérieurement sur l'ensemble de la proposition de résolution. 59 Discussion générale M. le Président. - Je vous propose de prendre comme base de la discussion générale les conclusions adoptées par la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des transports. Je déclare la discussion générale ouverte et cède la parole à M. Dermagne, Rapporteur. M. Dermagne, Rapporteur. - Monsieur le Président, Madame et Messieurs les ministres, chers collègues, comme je m'y étais engagé auprès des membres de la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des transports, s'agissant d'une première application, notre nouveau règlement, avec l'examen de cette pétition et qui plus est, c'est la première fois que je prends la parole sous votre présidence, M. le premier Vice-président, c'est avec plaisir que je vais me livrer à la lecture du rapport oral, synthèse du rapport écrit. Chers collègues, votre commission s'est réunie en séance publique le lundi 28 septembre, les jeudis 15 et 29 octobre et les lundis 16 et 30 novembre 2015, ainsi que le jeudi 3 décembre 2015 en séance publique, afin d'examiner ce qui restera une première dans nos annales parlementaires, la pétition pour l'application stricte du principe de précaution en ce qui concerne les effets néfastes de l'utilisation de micro-ondes modulés par impulsions sur la santé de la population. Afin de mieux cerner les motivations des pétitionnaires et d'avoir une vue d'ensemble de la problématique, nous avons procédé à une série d'auditions. Ainsi, ont été successivement entendus : – Mme Duchâteau, initiatrice et primo signataire de la pétition ; – M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité, des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal ; – M. Pirard, responsable de la cellule « champs magnétiques » de la Direction des risques P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 – – chroniques de l'Institut scientifique de service public en Région wallonne, l'ISSeP ; M. Poty, expert dans le domaine des technologies de télécommunication de l'Agence du numérique ; M. Vanderstraeten, Docteur en médecine, expert du Conseil supérieur de la santé. Dans cette présentation orale, je ne reviendrai ni sur nos nombreuses discussions méthodologiques pour l'organisation de nos travaux relativement à cette première, ni sur les prises de position des uns et des autres sur le fond des choses. À la lecture du rapport écrit, vous aurez pu constater que nos échanges ont été denses. Il est heureux de constater que la commission ait pu, de manière unanime, adopter une série de recommandations au Gouvernement. Ainsi, nous avons pu conclure nos travaux en demandant au Gouvernement de : – premièrement, continuer à appliquer, en matière de rayonnement électromagnétique, le principe de précaution chaque fois qu'il est appelé à statuer sur une demande de permis ; – deuxièmement, de poursuivre la stratégie de contrôle des antennes relais du réseau de téléphonie ; – troisièmement, de travailler en collaboration avec la Cellule permanente environnementsanté afin de sensibiliser le public, en particulier les personnes potentiellement plus vulnérables dans le cadre des expositions de longue durée au rayonnement électromagnétique, notamment ceux émis par les GSM, et ce, en vue de prévenir les risques sanitaires suite à une utilisation abusive ou mauvaise de ces appareils ; – quatrièmement, d'instaurer au sein de l'ISSeP une veille scientifique destinée à suivre l'évolution des publications sur le sujet ; – cinquièmement, de continuer à appliquer le décret de la Région wallonne du 3 avril 2009 relatif à la protection contre les éventuels effets nocifs et nuisances provoquées par les rayonnements non ionisants générés par des antennes émettrices stationnaires, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de mesures spécifiques pour des zones plus sensibles comme les écoles, les crèches, les hôpitaux et les maisons de repos ; – sixièmement, d'établir un rapport circonstancier relatif à la norme d'émission de trois volts par mètre contenu dans le décret du 3 avril 2009 précité en vue d'analyser son acceptabilité quant à l'impact sur la santé et l'environnement et d'évaluer les pistes pour une adaptation de cette norme en fonction de l'évolution des technologies. Ce rapport sera déposé au Parlement de Wallonie au plus tard le 30 novembre 2016 ; – septièmement et enfin, de réaliser un inventaire des services chargés d'étudier les problèmes rencontrés par les personnes se disant électrosensibles et d'interroger le Conseil supérieur de la santé à ce sujet. Je vous remercie pour votre bonne attention. M. le Président. - Merci, Monsieur Dermagne, pour ce rapport. (Applaudissements) La parole est à M. Lecerf. M. Lecerf (MR). - Messieurs les ministres, chers collègues, je remercie M. Dermagne qui a fait un rapport succinct et relativement précis. Je vais essayer de ne pas faire de redites avec ce qu'il a exposé. En synthèse, nous retiendrons que les signataires exigent des responsables politiques quatre choses : – un abaissement de la norme d'émission des antennes à un seuil de 0,6 volt par mètre ; – la non-autorisation d'un quatrième rapporteur mobile en Belgique ; – la non-autorisation du développement de la 4G ; – l'application plus stricte du principe de précaution en matière de source de rayonnement. Notre groupe MR émet trois commentaires. Le premier concerne la recevabilité de cette pétition. Le Parlement s'est déclaré partiellement compétent au sujet des quatre demandes formulées et, en effet, les points deux et trois relèvent de la compétence du Fédéral. La recevabilité de la pétition a donc été très partielle. Le point 1 est bien de compétence régionale et le point 4 est partiellement régional, vu que les normes de produits, émissions des GSM par exemple, sont de compétence fédérale. La deuxième remarque concerne la norme d'émission wallonne. La thématique des rayonnements des antennes relais – ou antennes GSM si vous préférez – est embrassée par le décret du 3 avril 2009. Ce décret fut partiellement amendé par le décret-programme du 22 juillet 2010. En synthèse, la norme d'émission wallonne et dictée par ledit décret est de 3 volts par mètre. Cette règle wallonne faisait suite à une ancienne loi fédérale préconisant un seuil de 20 volts par mètre. La présente pétition demande de réduire le seuil wallon à 0,6 volt par mètre. Le décret du 3 avril 2009 détermine le seuil d'émission à trois volts par mètre non cumulés. La précédente DPR de juillet 2009 avait annoncé une P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 60 réforme structurelle des normes d'émission des antennes. Il était prévu un alignement sur les normes de la Région bruxelloise où la norme est plus sévère – elle est de 3 volts par mètre cumulés. Enfin, la précédente DPR de l'Olivier préconisait un objectif d'un seuil de 0,6 volt par mètre ; la même que celle exigée par la présente pétition. On peut donc légitimement se poser la question suivante : pourquoi l'objectif prévu dans la DPR 20092014 n'a-t-il pas été mis en œuvre ? Quels ont été les obstacles à cette mesure annoncée, mais pas réalisée ? Ni le premier objectif de s'aligner sur la norme plus sévère de la Région bruxelloise ni le second objectif d'arriver à 0,6 volt par mètre ne furent atteints entre 2009 et 2014. La saga de déploiement de la 4G à Bruxelles a d'ailleurs porté un coup dans l'aile à la norme bruxelloise. Dans cette saga, la démonstration fut faite qu'une réglementation sans doute trop contraignante pouvait poser un problème majeur pour le déploiement de certaines technologies. Dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de la précédente DPR, le Parlement a lancé, en 2010 et 2011, une série d'auditions des acteurs compétents en matière d'environnement, de télécom et de santé. Globalement, peu de choses sont sorties de ces séances d'audition. Le texte du décret n'a pas été revu, suite à ces séances. On peut même dire que les auditions lancées sur base de la présente pétition ont conclu au même constat. Depuis juillet 2014, peu d'annonces gouvernementales ont été faites sur le sujet. Le 4 mai 2015, M. le ministre Di Antonio a annoncé qu'il ne toucherait pas aux normes, ni à la baisse ni à la hausse. La DPR de juillet 2014 ne dit pas grand-chose à cet égard, tout juste précise-t-on l'objectif suivant : « Défendre un accès suffisant aux réseaux de télécommunication pour les citoyens et les entreprises des zones rurales, notamment en développant un dialogue proactif avec les opérateurs de téléphonie mobile et de connexion à haut débit ». Notre troisième remarque porte sur les enjeux liés au développement de la technologie sans fil. Sur le fond, les enjeux liés au développement de la technologie sans fil se heurtent aux enjeux sanitaires et environnementaux. Les autorités publiques doivent faire l'arbitrage entre ces deux composantes. Sans doute que le décret du 3 avril 2009 est perfectible. Néanmoins, par comparaison avec les législations des pays membres de l'Union européenne, il doit être constaté que notre législation fait partie des plus sévères en cette matière. Nous ne sommes donc pas face à un encadrement laxiste. Par contre, il semble 61 opportun de se pencher sur la bonne exécution de la réglementation wallonne sur le terrain. C'est un des points majeurs des conclusions de nos travaux. Pour être précis, nous avons une question à adresser au Gouvernement. Où en est le Gouvernement quant à l'exécution du décret du 3 avril 2009 ? Sauf erreur de notre part, le décret mandate le Gouvernement à établir des périmètres spécifiques autour des lieux sensibles : écoles, crèches, maisons de repos. Cette disposition d'habilitation du décret a-t-elle été mise en œuvre ? Il semblerait que non. En conclusion, nous retenons trois éléments. La pétition déposée est tout de même très orientée idéologiquement. Comme parlementaires, notre position doit être prudente sur le sujet, car les enjeux sanitaires se heurtent aux enjeux économiques. À certains égards, certaines exigences vont trop loin. Par exemple, interdire le déploiement de la 4G en Wallonie, est-ce raisonnable ? Est-ce même souhaitable ? Le récent rapport du Conseil wallon du Numérique préconise le contraire en pointant les atouts de sa généralisation. Deuxième conclusion : la responsabilité est d'abord gouvernementale. Il y a lieu de s'assurer que le Gouvernement met tout en œuvre pour, d'une part, éviter que la législation ne soit pas respectée sur le terrain et, d'autre part, que la santé de la population et l'environnement de la Wallonie soient correctement protégés avec des mesures proportionnées et correctement calibrées. La présente pétition a sans doute le mérite de poser à nouveau la question suivante. Notre norme de trois volts par mètre est-elle opportune et est-elle correctement calibrée par rapport aux enjeux sanitaires et aux enjeux économiques ? Ce débat est très politique, dans la mesure où le seuil adopté engendrera inévitablement des retombées économiques, territoriales, environnementales, sanitaires, sur le déploiement des technologies de communication. Troisième et dernière conclusion : la bonne gouvernance doit être prônée en la matière en lieu et place d'une surenchère normative basée sur la peur des gens. M. le Président. - La parole est à Mme Moucheron. Mme Moucheron (cdH). - Chers collègues, cela fait maintenant plusieurs mois que, suite à la proposition du président de notre assemblée, une place encore plus large est accordée à la réflexion des citoyens sur des sujets qui les concernent par rapport aux travaux parlementaires. Signe de renouveau démocratique, le droit de pétition, qui était déjà inscrit dans la constitution, permet ainsi à nos citoyens de faire entendre leur voix et P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 d'attirer l'attention, notre attention, celle des autorités publiques, sur leur préoccupation. C'est donc dans ce cadre tout à fait particulier de réforme du règlement que, pour la première fois, notre Parlement a pu prendre connaissance d'une pétition, datée d'avril dernier, à propos du principe de précaution autour de l'utilisation de micro-ondes. Effectivement, ce sujet nous concerne toutes et tous, puisque chacun d'entre nous est exposé au rayonnement électromagnétique, notamment ceux émis par les GSM. Il est essentiel d'éviter tout risque sanitaire qui serait lié à ces expositions, pour nos enfants comme pour nous-mêmes. Dans les zones les plus sensibles, comme les écoles, les crèches, qui ont été évoquées par mon collègue, où grandissent nos plus jeunes, pour les personnes les plus vulnérables, l'on doit continuer à appliquer le principe de précaution, ainsi qu'un contrôle, a posteriori, qui permette de démontrer que la santé tout comme l'environnement sont préservés. L'électrosensibilité a fait et continue de faire l'objet de nombre débats. Effectivement, l'on ne manquera pas de continuer à y apporter une attention toute particulière. Il n'en reste pas moins vrai que, dans tout ce débat, il faut bien dissocier celui sur la nocivité des ondes émises par les antennes et celui sur la nocivité de l'usage du téléphone mobile, les risques sanitaires n'étant pas comparables. Lors de l'analyse de la pétition, l'on a souvent mélangé les uns et les autres, ce qui a compliqué aussi un peu le travail, notre travail en l'occurrence. Ce sujet concernant pour partie, j'y reviendrai, la Commission de l'environnement, j'ai pu, en tant que membre effective et avec mes collègues, participer, ces dernières semaines, aux auditions, notamment de la primo-signataire, Mme Duchâteau, de plusieurs experts qui ont été cités par mon collègue, M. Dermagne, dans le domaine de la technologie, de la santé, ainsi que de vous-même, Monsieur le Ministre. Tout ce travail d'audition a été enrichissant. Je tenais à profiter de la tribune pour saluer et remercier l'ensemble des personnes qui ont pris part à nos travaux. Ce n'était pas, par ailleurs, la première fois que l'on traitait le sujet. Comme je le dis, il faut toujours avoir une attention vigilante en ce qui concerne cette thématique particulière. Je voulais profiter aussi de l'occasion pour remercier les services pour leur travail de synthèse – c'était un travail nouveau et supplémentaire au travail quotidien qui leur incombe – pour la qualité du travail et du rapport dont vous pouvez prendre tous connaissance. Je voulais remercie M. Dermagne pour son rapport et pour l'exactitude des recommandations que nous faisons au Gouvernement et auxquelles je me rallie, ici. Cela fait en effet depuis plusieurs années, depuis le décret 2009, que la Région s'est dotée de normes strictes, afin d'encadrer l'implantation et l'exploitation des antennes, mais aussi en termes de contrôle d'application du principe de précaution ou de publication d'un cadastre. Ce décret doit effectivement et encore continuer à être appliqué, notamment en ce qui concerne – cela a aussi été évoqué par mon collègue précédent – des mesures spécifiques pour les zones sensibles, comme les écoles, les crèches, les hôpitaux ou les maisons de repos. Aussi, on l'a largement évoqué, un travail de sensibilisation du public doit être fait et accentué, notamment sur la prévention des risques sanitaires, suite à une utilisation abusive ou sans oreillette, par exemple, de différents appareils qui émettent des ondes. Chers collègues, aujourd'hui, je me réjouis d'intervenir, au nom de mon groupe, sur cette procédure inédite qui est permise, à présent, par le nouveau règlement de notre assemblée. Mais tout en saluant les points positifs en termes de procédure que nous découvrons tous, aujourd'hui, je me permets, ici à la tribune, de faire quelques petites remarques par rapport à une évaluation et une évolution du système par la suite, notamment dans un premier temps sur les délais. C'est vrai que cette pétition date d'avril. Dans le règlement, il faut formellement que la commission se positionne dans le mois. Je pense que si l'on veut faire un travail de qualité et répondre, de manière la plus correcte possible aux citoyens qui font l'effort de déposer une pétition, il faudrait peut-être revoir les délais arrêtés dans le règlement. C'est une première chose. La deuxième, je pense que cela a aussi été évoqué par mes collègues, c'est peut-être de limiter le champs des revendications aux compétences de la Région. On peut débattre des compétences du Fédéral, mais dans les faits cela ne changera pas grand-chose, puisque l'on ne pourra pas faire formuler de recommandation. C'est peut-être aussi un ajout ou une modification que l'on pourrait faire sur ce règlement. Aussi, l'on pourrait être plus précis, au niveau de l'attente de ces recommandations et de quelle finalité on leur demande pour être sûr du chemin que l'on doit prendre pour aboutir à quelque chose de concret. On peut se réunir et se réunir, mais si dans les faits cela n'aboutit pas à un texte qui change les choses, cela n'a pas beaucoup d'intérêt. Dans la modification du règlement, cela peut être évoqué, à tout le moins analysé. Pour conclure, on sait qu'il s'agit d'un exercice inédit qui demande à être amélioré, mais qui a le mérite d'être une possibilité pour le citoyen de déposer des revendications et de pouvoir faire entendre sa voix encore plus s'il en est besoin. J'espère cependant que les P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 62 recommandations que nous formulons aujourd'hui, sur lesquelles nous allons nous positionner, rencontrent les attentes des pétitionnaires qui ont déposé ce texte il y a quelques mois. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. Henry. M. Henry (Ecolo). - Messieurs les ministres, ce débat est une première, la mise en œuvre de la possibilité offerte désormais aux citoyens par notre Parlement d'introduire une pétition sur un sujet ou sur un autre. Pour une première, ce n'est pas une petite, puisque le sujet qui a ainsi été introduit par cette voie est un sujet qui préoccupe de nombreux citoyens, c'est un véritable problème de société, au cœur de notre vie quotidienne et a été porté par une pétition de plus de 14 000 personnes. Cela a donc été une entrée par la grande porte de cette nouvelle méthode. Les personnes auditionnées porteuses de la pétition ont produit dans la commission un témoignage particulièrement poignant et interpellant. Puis il y a eu d'autres auditions, comme cela a pu être bien expliqué par notre collègue rapporteur. Le sujet est récurrent, il a été évoqué à de nombreuses reprises dans ce Parlement ces dernières années. Il a été l'occasion de multiples débats, mais il n'en reste pas moins particulièrement d'actualité, parce qu'il évolue aussi. Il y a des évolutions technologiques et des usages multiples – on le voit d'ailleurs au sein même de cette assemblée – qui font qu'à la fois nous sommes, comme la plupart des citoyens dans la population, de plus en plus utilisateurs d'appareils technologiques qui utilisent des ondes et en de plus en plus grandes quantités. Nous sommes aussi plongés dans un environnement dans lequel se déplacent ces ondes émises par l'ensemble de ces appareils qui nous entourent. Contrairement à la première partie de mon affirmation, ce n'est plus un choix puisque l'espace public est de plus en plus confronté à cette présence d'ondes de plus en plus nombreuses et même l'espace privé très souvent. Puisque si les murs freinent les déplacements de ces ondes, elles ne les empêchent pas complètement, notamment lorsqu'il y a en ville de nombreuses habitations proches les unes des autres, on voit sur les différents appareils la présence de ces ondes. De ce point de vue, la situation qui a été relatée en commission des personnes dites électrosensibles, particulièrement affectées par ces ondes et personnellement en difficulté, en mal-être par rapport à cet environnement, est préoccupante. Ces personnes vivent une situation difficile et reçoivent assez peu de soutien de la part des pouvoirs publics, puisque l'on part du principe que chacun a la liberté d'utiliser tels et tels appareils, évidemment dans le respect des normes légales. En fait, tout le monde se retrouve dans un 63 environnement où tout le monde les utilise, on n'a donc pas vraiment le choix d'être dans cet environnement. Dès lors, je considère que le sujet de cette pétition était particulièrement important, que les débats ont été instructifs et les auditions également. Les conclusions proposées à notre assemblée sont décevantes. Pour répondre à la question de Mme Moucheron, je ne pense pas, à lire la pétition initiale, que l'on puisse espérer que les auteurs soient contents du résultat. Ils sont certainement contents qu'il y ait eu un débat et que certains points aient été adoptés par la commission, mais on est très loin de ce qui était mis sur la table par cette pétition. D'abord sur la question de la norme, puisqu'il n'y a pas d'engagement, de direction à aller vers une réduction à l'avenir de cette norme, voire même on peut interpréter le texte, avec le risque d'une augmentation de la norme pour permettre à ce que l'usage massif des technologies ne soit pas mis en difficulté par cette norme. Donc il n'y a pas du tout de conclusion claire dans ce sens. Je le disais également, nous sommes particulièrement déçus par rapport à la non-prise en compte des personnes électrosensibles. C'est un phénomène de société relativement récent qui est devenu de plus en plus prégnant de par la présence, je le disais, de cet environnement dans lequel nous sommes. C'est la raison pour laquelle, Monsieur le Président, nous avons redéposé un amendement à notre séance d'aujourd'hui qui vise à prendre en compte ces personnes. Sans proposer des mesures radicales, en proposant simplement qu'il existe des espaces dans l'espace public. J'avais cité, par exemple, dans la discussion de la commission, les trains qui sont des espaces où les ondes ont particulièrement des difficultés à être émises en raison de l'environnement métallique du train et du déplacement de celui-ci et où en même temps, la plupart des voyageurs utilisent des appareils technologiques qui émettent des ondes. On peut donc considérer que dans un train, il y a un environnement électromagnétique particulièrement élevé et il n'y a pas de possibilité de s'en préserver, puisqu'il n'y a pas de wagons, par exemple, où ne seraient pas présentes ces ondes. C'est un exemple parmi d'autres, mais il y a beaucoup d'autres exemples que l'on peut prendre, on peut parler de campus virtuels, on peut parler de villes dans lesquelles on prévoit l'accès aux ondes un peu partout. On doit en même temps que de permettre l'utilisation des nouvelles technologies et de les rendre facilement accessibles, se préoccuper de cette situation, de préserver aussi des espaces, d'avoir une norme satisfaisante pour la santé, mais aussi de préserver des espaces où cette norme est beaucoup plus basse et où l'environnement est d'autant plus préservé. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 C'est un problème nouveau et il aurait été souhaitable qu'il ait été mieux pris en compte. Il n'est pas nouveau, mais je veux dire qu'il a pris de plus en plus de place ces dernières années et il va certainement encore en prendre les prochaines années et cela aurait été utile que ce soit repris dans ces conclusions. Voilà, Monsieur le Président, chers collègues, une expérience positive, et peut-être avec des leçons à tirer sur la méthodologie, puisque c'était une première, comme d'ailleurs le président de la commission, notre collègue M. Stoffels l'a rappelé à de nombreuses reprises au fil de la discussion et de l'organisation du travail, une expérience positive et un sujet très important. Mais pour ce qui nous concerne, des conclusions relativement décevantes. (Applaudissements) M. le Président. - Merci à M. Crucke, notre premier Vice-président, d'avoir assumé la charge de la présidence de séance. Je vous indique, par rapport aux différentes interventions que nous avons prévu, dans les toutes prochaines semaines qu'il y ait une évaluation du règlement et nul doute que sur ce sujet, comme d'autres, nous tenterons de trouver, dans un consensus, des sources d'amélioration de notre fonctionnement et de meilleure écoute de nos concitoyens. Monsieur le Ministre, souhaitez-vous intervenir ? Oui. La parole est à M. le Ministre Di Antonio. M. Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal. - Ce sera bref, Monsieur le Président. Mesdames et Messieurs les députés, je pense que c'est l'aboutissement d'un exercice parlementaire nouveau et cette évaluation est nécessaire pour se donner peut-être un peu plus de délais. Cela a été un peu inconfortable, à un moment donné, de ne pouvoir traiter les choses tout à fait correctement. Considérant la complexité du sujet, nous pouvons nous réjouir du délai dans lequel on a quand même pu mener à bien ce travail. Le rapport et les conclusions de la commission ont été présentés et le travail a été fait correctement. Je ne peux que souscrire aux demandes formulées à l'attention du Gouvernement. Celles-ci apparaissent en accord et en cohérence avec les auditions et les débats ayant eu lieu ces derniers mois. Je veillerai attentivement à ce que ces demandes soient satisfaites dans les temps impartis, avec le soutien du ministre de la Santé, pour ce qui relève de ses compétences. Je voudrais encore insister sur le fait qu'il faut à tout prix dissocier deux débats. Mme Moucheron a bien insisté là-dessus, à savoir celui de la nocivité des ondes émises par les antennes et celui de la nocivité de l'usage du téléphone mobile, car les risques sanitaires ne sont pas comparables. C'est assez paradoxal d'entendre les gens souvent parler de la nocivité des antennes, mais qui sont de grands consommateurs de GSM et parfois pendant de longues durées sans aucune précaution. D'après les avis que l'on a pu avoir, les consultations que l'on a pu prendre, c'est vraiment là que se trouve pourtant le plus grand danger en termes de santé. Les auditions effectuées dans le cadre de la pétition ont permis de rappeler que la législation en vigueur en matière d'antennes émettrices avec son arsenal d'avis, de rapports, de contrôles, de permis, de cadastres et autres mesures de protection, fait déjà jouer le principe de précaution et assure un niveau de protection des riverains supérieur à celui de nos voisins et largement sous les normes de l'OMS. Nous sommes donc tout à fait couverts en termes de principe de précaution. Il n'y a pas de raison et donc pas de volonté de notre part de revoir les normes. L'équilibre souhaité entre le danger pour la santé et les besoins de notre économie est aujourd'hui atteint, je ne compte donc pas toucher aux normes actuelles. Monsieur Henry, je le répète ici, il n'y a pas de décision et pas de volonté d'augmenter la norme. Pas de diminution non plus, ce que l'on a aujourd'hui montre suffisamment de précautions et permet de fonctionner avec un nombre d'antennes qui reste raisonnable, puisque si l'on diminue la norme, il faudra multiplier le nombre d'antennes ; l'on n'aura pas gagné grand-chose. Je suppose d'ailleurs que le décret d'avril 2009 vous convient, puisque vous n'avez pas jugé utile de le modifier entre 2009 et 2014. J'en ferai de même. Par contre, en ce qui concerne ce décret du 3 avril 2009 prévoyait la mise en œuvre de mesures spécifiques pour des zones plus sensibles, comme les écoles, crèches, hôpitaux et maisons de repos. Je m'attacherai, comme le demande la commission dans ses conclusions, à mettre cette partie en œuvre, puisque cela n'a pas encore été fait. M. le Président. - Y a-t-il une réaction parmi les parlementaires ? Non. Voilà qui clôture ce débat qui était une première ouverture du Parlement à nos concitoyens. D'ailleurs, puis-je vous indiquer que nous sommes le seul Parlement qui a vu une pétition débattre en séance plénière. Même s'il existe des formules par voie écrite dans d'autres parlements, jamais la pétition P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 64 n'avait été portée à un débat et à une conclusion en séance plénière. J'attire l'attention de la plénière que le fait que MM. Henry et Daele ont déposé un amendement portant sur les conclusions de la commission de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et du Transport (Doc. 355 (2015-2016) N° 2). Il a été déposé sur le portail des parlementaires. Nous voterons ultérieurement sur l'amendement et les conclusions. DÉBAT SUR LE SUIVI DE LA RÉSOLUTION DU 25 MARS 2015 VISANT À INTENSIFIER LA LUTTE CONTRE LE DUMPING SOCIAL EN RÉGION WALLONNE, EN APPLICATION DE LʼARTICLE 70 DU RÈGLEMENT M. le Président. - L’ordre du jour appelle le débat sur le suivi de la résolution du 25 mars 2015 visant à intensifier la lutte contre le dumping social en Région wallonne, en application de lʼarticle 70 du règlement. Nous avions convenu, rappelez-vous chers collègues, avec l'aide des chefs de groupe, que ce débat commencerait par une intervention de M. le Ministre Lacroix, par une prise de parole introductive et puis, nous aurions une intervention de M. Evrard pour dix minutes, de M. Sampaoli pour sept minutes, de Mme Ryckmans pour quatre minutes et de Mme Simonet pour sept minutes. Voilà pour respecter la configuration du débat tel qu'elle avait été imaginée à la Conférence des présidents. Monsieur Puget, vous voulez vous joindre ? M. Puget (Indépendant). - Je m'étais inscrit, Monsieur le Président. M. le Président. - Considérez que c'est fait. Vous interviendrez juste après Mme Simonet. La parole est à M. le Ministre Lacroix. formation en alternance. Et quand on voit que celles-ci se retrouvent aujourd'hui sans emploi, c'est un non-sens, c'est une gabegie, une énorme perte en matière d'investissements dans le capital humain et un ressenti d'inégalité sans limites. Le constat est unanimement partagé, tant par les responsables d'entreprises que par les organisations syndicales. La lutte contre le dumping social doit donc être une priorité en Wallonie. De plus en plus d'acteurs wallons se sont mobilisés pour lutter contre les phénomènes du dumping social. Je ne peux que me réjouir de l'initiative prise par la Ville de Herstal, suivie par Liège, Mons, notamment, qui a approuvé une charte destinée à lutter contre le dumping social à travers ses marchés publics. Rapidement, des chartes similaires ont été adoptées par d'autres communes et je ne leur souhaite que du bien. Je citerai également la Confédération de la construction de Wallonie qui a mis en ligne une boîte à outils en la matière, à l'attention des entreprises, des maîtres d'ouvrage et des architectes. Le Gouvernement s'est aussi mobilisé sur le sujet, comme je vais le décrire dans quelques instants. Je tiens d'abord à rappeler que lutter efficacement contre le dumping social nécessite de travailler à chaque niveau de pouvoir, européen, fédéral, régional et local, mais surtout de travailler de manière coordonnée entre les différents niveaux de pouvoir. La résolution adoptée par le Parlement va d'ailleurs dans ce sens, en demandant au Gouvernement de mener une série d'actions en Wallonie, mais aussi dans ses relations avec les autorités fédérales et avec l'Union européenne. Cela nécessite aussi de sensibiliser et responsabiliser tous les acteurs concernés par cette problématique, les entreprises, les pouvoirs adjudicateurs, les travailleurs et aussi les citoyens. En tant que Ministre de la Fonction publique, les actions que je mène en vue de lutter contre le dumping social portent essentiellement sur les marchés publics. Sur ce sujet, les principales actions entreprises au cours des derniers mois ont été les suivantes. M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative. Monsieur le Président, le dumping social est un véritable problème qui affecte plusieurs secteurs en Wallonie, en particulier celui de la construction, du transport, du nettoyage ou encore du gardiennage. Il crée une concurrence tout à fait déloyale, des inégalités entre les travailleurs eux-mêmes et génère des pertes d'emplois tout à fait inacceptables. Avec mes collègues, les ministres Furlan, Marcourt et Tillieux, nous avons envoyé début janvier un courrier à tous les pouvoirs adjudicateurs, spécifiquement les pouvoirs adjudicateurs communaux, avec des exemples de contenu de charte antidumping à adopter par leur conseil communal. Ce courrier découle de l'initiative de chartes proposées déjà par quelques communes, dont j'ai parlé tout à l'heure, qui suggèrent des mesures concrètes à l'échelle communale, visant à lutter efficacement contre le dumping social. Rien que dans le secteur de la construction, nous déplorons une perte de plus de 15 000 emplois en trois ans. Le dumping social en est, pour moi, une des principales causes. C'est d'autant plus grave que ces personnes sont formées chez nous, par nos écoles, par la Cette initiative était tout à fait pertinente et pouvait sans nul doute inspirer d'autres pouvoirs adjudicateurs et certainement les pouvoirs locaux. Nous avons pris l'initiative de ce courrier pour encourager les pouvoirs adjudicateurs publics à adopter une démarche similaire. 65 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Dans ce cadre, j'ai aussi demandé à la plateforme marchés publics durables d'élaborer des extraits des cahiers des charges qui permettent de lutter directement ou indirectement contre le dumping social dans les marchés de construction, sur la base, notamment, de tous les outils déjà produits. Je présenterai ces ateliers et ces travaux lors d'un atelier pendant le Salon des mandataires en février de cette année. J'ai décidé d'amplifier l'insertion de clauses sociales dans les marchés publics de travaux en proposant un plan d'action au Gouvernement wallon. Ce plan d'action « clauses sociales » a été approuvé par le Gouvernement wallon le 22 octobre 2015. Il est porté par quatre ministres régionaux : – le ministre de la Fonction publique, coordinateur du projet, donc votre serviteur ; – le ministre de l'Énergie, du Logement et des Pouvoirs locaux ; – le ministre de l'Économie et la ministre de l'Emploi et de la Formation. À ce sujet, un courrier sera prochainement envoyé à tous les pouvoirs adjudicateurs de la Région wallonne. Ce courrier sera accompagné d'un guide pratique intitulé Les Clauses sociales dans les marchés de travauxbâtiments : des outils au service des pouvoirs adjudicateurs, des auteurs de projets et des entreprises. Les outils conçus pour ces clauses sociales ont été développés en partenariat avec les représentants du secteur de la construction, de l'économie sociale, des architectes et des pouvoirs adjudicateurs. Ils vont plus loin que la plupart des travaux menés dans les autres Régions ou au Fédéral, car d'une part, l'accent a été mis sur des conditions strictes d'encadrement des stagiaires et, d'autre part, des pénalités dissuasives ont été prévues, puisqu'elles se montent à 5 % du montant du marché. L'expérience wallonne intéresse même d'autres États membres de l'Union européenne, puisque l'administration suédoise a récemment exprimé le souhait de rencontrer la Wallonie pour lui faire part de son expérience sur les clauses sociales. Toujours au sujet des clauses sociales, s'il est actuellement prévu que ces clauses doivent obligatoirement être insérées dans les marchés de travaux supérieurs à 1,5 million d'euros, j'ai l'intention d'abaisser prochainement ce seuil à 1 million d'euros. À l'initiative de mon collègue, M. le Ministre Prévot, inquiet lui aussi des problèmes soulevés par les voiristes et les acteurs de la construction dans le cadre des travaux publics qui ressortent de son département, le Gouvernement a pu disposer d'une analyse juridique permettant de déterminer des balises à prévoir pour faciliter l'accès à nos PME et améliorer les processus liés aux marchés publics. Les mesures proposées répondent à une demande de simplification des démarches pour les entreprises et les pouvoirs adjudicateurs, notamment en renforçant leur dialogue ; ce qui permet de mieux connaître la commande publique et, par conséquent, de limiter le phénomène de dumping social. En matière de relations avec le Fédéral au sujet de l'inspection sociale, je confirme mon souhait de mettre en place une collaboration fructueuse afin de renforcer la lutte contre toutes les formes de fraudes sociales. Il est prochainement prévu l'adoption d'un accord avec le Service d'information et de recherche sociale, ce que, en langage de technocrate, on appelle le SIRS. Un travail coordonné entre notre administration wallonne, le SIRS et tous les services d'inspection sociale existants au sein des divers SPF fédéraux apportera, j'en suis persuadé, une réponse pertinente à ce fléau qui ne peut entacher plus longuement nos marchés publics. Il m'importe toutefois que la Wallonie ne signe pas un accord vide de sens. Je veux éviter l'action symbolique sans impact positif, tant pour la Wallonie que pour le Fédéral. Dans cette optique, le projet d'accord a fait l'objet d'une analyse par le secrétariat général du SPW en vue de mesurer l'impact en termes d'organisations et de plus-values. Si la transmission des informations sera de nature à simplifier les interventions des inspecteurs sociaux fédéraux, elle devra, en outre, permettre à la Wallonie de bénéficier des résultats de ces contrôles et d'éviter de devoir en réaliser par elle-même de manière parfois redondante. Enfin, j'en termine avec la question de la transposition en droit interne de la nouvelle directive européenne sur la passation des marchés publics. Même si la coordination relève de la compétence du Fédéral, il est évident que les représentants wallons à la Commission fédérale des marchés publics ont œuvré et continuent de plaider pour la défense des intérêts strictement wallons en la matière et certainement pour ce qui relève du dumping social. Nous avons saisi le Comité de concertation pour faire valoir les points de vue de la Wallonie. Il était en effet indispensable que le Gouvernement fédéral puisse tenir compte de la grande interdépendance des pouvoirs publics régionaux et locaux dans l'application de la nouvelle réglementation. Les Gouvernements wallon, bruxellois et la Fédération Wallonie-Bruxelles ont, à cette occasion, fait toute une série de propositions utiles à la lutte contre le dumping social. Parmi celles qui me viennent en tête, je citerai le caractère obligatoire du respect du droit du travail et des conventions collectives par les soumissionnaires. Le non-respect de ces obligations par le soumissionnaire devrait entraîner automatiquement : P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 66 – – – – son exclusion ; l'interdiction de recourir au regroupement économique de plusieurs entreprises dans le but de sous-traiter à des tiers un travail qui est normalement exécuté par des travailleurs mis en chômage économique ; rendre obligatoire la présentation du document unique de marchés publics pour toutes les entreprises qui exécutent un marché tant en cas de groupement qu'en cas de sous-traitance, le document unique de marchés publics étant une déclaration de l'entreprise sur la satisfaction aux conditions imposées ; l'exigence de produire les documents A1 et les déclarations Dimona en cas de recours à de la main-d'œuvre détachée, afin de toujours vérifier le respect des obligations en matière de droit social. Nous attendons maintenant les réactions du Fédéral à ces propositions. En tout état de cause, la nouvelle directive sur le marché public met fortement l'accent sur l'offre économique la plus avantageuse à privilégier dès lors par rapport à l'adjudication. Suivre cette approche devrait contribuer à limiter les offres présentant des prix anormalement bas. Sortons de ces adjudications décidées uniquement en fonction du prix le plus bas. J'appelle à un sursaut de tous. Chacun a ses responsabilités en la matière. Je suis bien conscient des difficultés financières de certains pouvoirs adjudicateurs, mais sachez qu'il s'agit parfois d'un mauvais calcul au regard des pertes d'emploi potentielles. Je vous invite à relayer le message. Pour ma part, lorsque cette directive aura été transposée, je verrai avec l'administration quelles démarches d'accompagnement des pouvoirs adjudicateurs mettre en place pour les soutenir dans le passage de l'adjudication à l'appel d'offres. Comment déterminer des critères d'attribution ? Comment comparer les offres pour identifier les prix anormalement bas, analyser les justifications produites par les sous-missionnaires et motiver les décisions éventuelles d'exclusion ? Vous n'ignorez pas que derrière un prix anormal se cache souvent une concurrence déloyale sur le coût de la main-d'œuvre, ce qui est inacceptable sur le plan social, mais également contraire au principe fondamental de concurrence qui sous-tend la matière des marchés publics. Je ne peux que saluer l'arrêt récent pris par la Cour de justice de l'Union européenne quant au respect du salaire minimum. Il s'agit pour moi de la fin d'une injustice. Je prendrai les mesures nécessaires pour que cela soit bien le cas pour tous nos marchés, en ce compris en cas de détachement des travailleurs étrangers. 67 N'oublions pas que la lutte contre le dumping social vise également à améliorer les conditions de travail de la main-d'œuvre étrangère qui n'est pas toujours en mesure de réclamer un salaire décent pour le travail accompli. Il m'a été rapporté, par exemple, que des inspecteurs sociaux ont rencontré des travailleurs étrangers qui leur ont avoué qu'ils devaient reverser à leur employeur, dans leur pays d'origine, une partie de leur salaire. Vous voyez jusqu'où les pratiques infâmes de certains peuvent aller en matière de spoliation de la classe ouvrière et des travailleurs plus largement. Rappelons aussi l'obligation de fournir un logement et une nourriture convenables à ces travailleurs qui ne peuvent rentrer journellement chez eux. Au-delà de l'aspect marché public, il est dans mes intentions d'analyser la possibilité de conditionner toute forme d'aide au public et au privé au respect de cette exigence. Je souhaite étudier, en concertation avec les représentants des entreprises et des syndicats, la faisabilité d'un label « entreprise sans dumping social », car ce label, je suis persuadé que la majeure partie, si pas toutes les entreprises wallonnes, pourront l'obtenir. J'ai rencontré comme d'autres de mes collègues ici présents – sur tous les bancs d'ailleurs – des patrons d'entreprise qui continuent à faire en sorte de payer honorablement leurs travailleurs, de payer conformément au droit social leurs travailleurs, car c'est non seulement une obligation pour eux, mais c'est une envie morale qu'ils ont. Il s'agit bien d'entreprises wallonnes qui font vivre des familles et pour lesquelles nous devons travailler de concert de manière à les aider dans un paysage de concurrence particulièrement difficile aujourd'hui et où des entreprises étrangères ne manifestent pas le même sens du devoir social. À côté de ces principales actions, d'autres auxquelles il est fait référence dans la résolution du Parlement sont en cours et peuvent directement et indirectement contribuer à lutter contre le dumping social. Il s'agit en particulier des travaux visant à faciliter l'insertion de clauses environnementales dans les marchés publics, un help desk des formations, des ateliers, la production de cahiers de charges types, sont autant d'actions menées par l'administration depuis quelques années et qui participent à la lutte contre le dumping social et à la diminution de l'impact de la commande publique sur l'environnement. Une priorité consistera également à mieux encadrer la chaîne des sous-traitants en imposant l'agréation comme règle générale à toute la chaîne de soustraitance. Il est dans mes intentions de prévoir l'obligation de déclarer au moment de la remise des offres, la liste des sous-traitants qui vont exécuter le marché et d'apporter toutes les garanties que ces soustraitants respectent les mêmes obligations que le sousmissionnaire. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Cette disposition permet au pouvoir adjudicateur de vérifier d'emblée, d'une part, que le ou les sous-traitants proposent et disposent bien d'une agréation et, d'autre part, de responsabiliser l'adjudicataire quant au contrôle des clauses d'exclusion éventuelles qui pourraient être invoquées à charge de ce sous-traitant. Nous plaidons également pour la limitation de la sous-traitance verticale à deux niveaux maximum. Je trouve anormal que l'on attribue un marché à une entreprise et que l'on ne soit pas informé de qui exécute au bout de la chaîne. J'ai également l'intention de mettre en place un Observatoire des marchés publics, dans l'objectif de mieux connaître la commande publique, d'obtenir une vision plus globale de cette commande, en Wallonie, et de mieux cerner ses impacts économiques, mais aussi environnementaux et sociaux. Enfin, je voudrais conclure sur ces quelques mots. Il faudrait être sourd pour ne pas entendre les appels à l'aide des différents secteurs qui souffrent du dumping social et celui de la construction, en particulier. Je parle tant de nos entreprises wallonnes que des travailleurs et de leurs familles qui se retrouvent, malgré eux, sur le bord de la route. Il faudrait être absolument et complètement aveugle pour ne pas déjà voir les effets désastreux que le dumping social engendre chez nous, mais aussi chez nos voisins européens. Le dumping social n'est pas uniquement lié à des problèmes de législation des marchés publics. Il est aussi accentué par certaines pratiques. Il est important d'en être conscient en tant qu'hommes politiques, femmes politiques, et de parvenir à responsabiliser l'ensemble des acteurs, tant pour l'ouvrier qui se voit privé de son emploi, que pour le patron de PME qui se voit privé de certains marchés, mettant en péril l'équilibre de son entreprise, que pour l'économie wallonne qui doit, aujourd'hui, faire face et faire de la lutte contre le dumping un des leviers de son redéploiement économique. Il est plus que temps de stopper l'hémorragie, car le dumping social est l'affaire de tous. Il nous concerne tous de près ou de loin. (Applaudissements) M. le Président. - Merci, Monsieur le Ministre, pour ce rapport introductif. La parole est à M. Evrard. M. Evrard (MR). - Chers collègues, je dois bien avouer qu'il y a quelques semaines, quelques mois, quand nous avons abordé la problématique, plusieurs de mes collègues étaient assez dubitatifs sur la position d'abstention que j'avais défendue sur le texte qui nous était présenté. Normal, finalement, sur un sujet aussi sensible et complexe, vous l'avez rappelé, Monsieur le Ministre, que celui du dumping social. Il est clair que tout mandataire politique qui se respecte se doit de dénoncer haut et fort cette problématique. À l'époque, si nous étions d'accord sur le principe, nous l'étions nettement moins sur la méthode qui avait été utilisée et qui, à nos yeux, ne visait juste qu'à donner l'illusion que l'on prenait la problématique à bras le corps. Si j'avais pu, in illo tempore, rassurer mes collègues sur notre position, la situation d'aujourd'hui ne fait que renforcer et confirmer notre position sur la question. En effet, le texte qui a été voté par la majorité – je crois qu'il est bon de le rappeler – prévoyait une mise au point dans les six mois de son adoption ; ce qui justifie sans doute, aujourd'hui, un débat que l'on conduit un peu à la hâte sur un sujet – vous l'avez rappelé – fondamental pour notre économie. Pourtant, depuis les quelques mois qui se sont écoulés, pas mal de choses ont malgré tout évolué, dans un contexte difficile. Au niveau européen, même si la législation est souvent qualifiée de floue, de difficile à mettre en œuvre, notamment à travers l'échange d'informations entre les pays, on a pu, notamment, voir quelques évolutions de la directive détachement, on a pu aussi prendre connaissance du plan qui est mis actuellement en œuvre par la Commissaire européenne, Marianne Thyssen, à travers son paquet « Mobilité des travailleurs », avec un principe « à salaire égal, travail égal ». On a pu aussi, lorsque l'on observe les événements qui se sont produits dans nos pays voisins, notamment en Rhénanie-Palatinat – ce n'est pas très loin de chez nous – observer un jugement de la Cour de justice qui date du 17 novembre 2015 et qui a donné raison à la Ville de Landau qui, à travers un jugement, permet au pouvoir adjudicateur d'imposer des règles. Notamment en obligeant les soumissionnaires et leurs sous-traitants à s'engager par une déclaration écrite jointe à leur offre, et à verser un salaire minimal prédéterminé au personnel appelé à exécuter les prestations. Cet exemple pour montrer que des pistes de réflexion existent et que l'on doit, à tout le moins, s'en inspirer. Je parlais de la Rhénanie-Palatinat et de l'Europe, on pourrait aussi évoquer, et le mérite qui revient à M. Sampaoli qui, à travers nos compétences, au niveau de la Grande Région, a organisé un débat intéressant qui a aussi délivré toute une série d'informations, notamment la possibilité chez nos voisins, pour les pouvoirs adjudicateurs, d'appliquer des sanctions financières en cas d'infraction à la loi. On a pu aussi entendre des témoignages intéressants qui, dans des petites villes notamment, voyaient l'arrivée massive de travailleurs indépendants. L'exemple qui nous était conté évoquait 700 travailleurs indépendants P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 68 qui s'étaient inscrits sur une année. Il est évident que les pouvoirs publics faisaient preuve de laxisme par rapport à ces déclarations qui étaient erronées. Au niveau du Fédéral, toute une série de mesures ont été mises en œuvre, les unes plus rapidement que les autres. Un plan de 40 mesures pour une concurrence loyale a été mis en place, notamment par différents ministres, dont Bart Tommelein. Vous évoquiez le secteur de la construction, ce plan vise à mettre en œuvre des mesures concrètes, notamment à travers le renforcement des services d'inspection qui bénéficieront, désormais, de moyens supplémentaires, et aussi par l'échange de données à travers ce que l'on appelle communément « le data matching ». Une mesure mérite d'être mise en œuvre, vous avez évoqué la nécessité des synergies entre différents niveaux de pouvoir. On relèvera également la mise en place d'un service de référence centralisé, pour faire en sorte que chaque signalement de dumping social parvienne au bon service et soit mieux suivi. J'évoquais l'Europe, la Grande Région et le niveau fédéral. Et la Wallonie dans tout cela ? Aujourd'hui, en Wallonie, vous conviendrez que la manière dont le débat est arrivé, ici dans l'enceinte, est pour le moins singulière, puisque, en mars dernier, ce sont simplement deux, trois députés, qui ont été rejoints ensuite par certains de leurs collègues, qui ont exhorté le Gouvernement et rappelé à l'ordre les ministres pour les inviter à prendre des dispositions urgentes en matière de dumping social. Il y a des mesures que vous avez évoquées, classiques, que l'on connaît depuis pas mal de temps, notamment à travers les cahiers des charges, de privilégier l'offre économiquement la plus intéressante, notamment qui intègre les clauses environnementales et sociales, a contrario d'une offre qui est la moins chère. On peut partager ces directions et ces initiatives, écarter les offres anormalement basses, voire même la possibilité d'exclure dans certains types d'abus avérés. C'est là que l'on se différencie de votre analyse, qu'en est-il du contrôle de la mise en œuvre de tous ces cahiers des charges et de toutes ces dispositions ? Qu'en est-il de l'arbitrage et de la capacité des pouvoirs publics à juger si telle ou telle entreprise est plus ou moins « dumping fair-play » ou non de ce qui va se passer en aval de l'attribution du marché public ? J'entends votre proposition, qui est nouvelle, d'établir un label pour essayer de mieux répertorier les entreprises. Finalement, tout ce qui se passe, après l'attribution du marché, est pour le moins nébuleux. Il y a un gros travail à faire ; je ne vais pas rappeler ce que j'avais dit, il y a quelques mois, sur une forme d'hypocrisie parfois des pouvoirs publics, notamment l'obligation pour les entrepreneurs de faire face, à certains moments, à une grosse charge de travail, parce 69 qu'il y a une pression en matière de timing et de réalisation des travaux. On pourrait aussi évoquer, Monsieur le Ministre, et je pourrais vous citer des exemples où finalement ce dispositif permet une plus grande latitude d'appréciation, notamment dans la désignation de l'entreprise qui pourra réaliser les travaux avec certaines dérives qui, elles aussi, sont tout aussi condamnables. Effectivement, le Gouvernement, aujourd'hui, vient avec une circulaire qui a été envoyée par quelques ministres à l'attention des dirigeants provinciaux, communaux, au niveau des CPAS et des intercommunales. Cette circulaire contient finalement des considérations, des lignes directrices, des clauses types d'exigence possibles que les pouvoirs locaux peuvent intégrer dans leur charte ou dans leur cahier des charges. Finalement, Monsieur le Ministre, tout cela est très bien, mais il n'y a rien de neuf sous le soleil. Rappelezvous, il y a deux ans, en 2014 déjà, votre collègue le Ministre Furlan envoyait le même type de circulaire à l'attention des pouvoirs publics et notamment y intégrait toutes ces clauses environnementales et éthiques avec finalement une volonté de pouvoir le faire en deux phases : une phase d'expérimentation et puis une deuxième phase plus généralisée. Dans la position qui est la vôtre, Monsieur le Ministre, on ne peut que regretter que vous souhaitiez finalement « refiler la patate chaude » aux pouvoirs locaux dans une matière qui est aussi transversale. Nous pensons au contraire que la Région a plus de responsabilités à prendre en la matière. C'est vrai, votre collègue, le Ministre Furlan, nous dit : « Allez-y, foncez, je me porte garant », mais là aussi, on peut en tout cas s'interroger sur la manière dont légalement il va pouvoir mettre en œuvre tout ce dispositif. Vous nous annoncez des plans pour la fin du mois de janvier 2016. Là aussi, on a envoyé des circulaires il y a deux mois et puis maintenant on annonce un nouveau travail pour la fin janvier. Acceptez, Monsieur le Ministre, que l'on trouve tout cela pour le moins non coordonné, voire même cacophonique. Finalement, dans ce dossier, et c'est là que l'on peut le regretter aussi, il n'y a finalement que le ministreprésident que l'on n'a pas entendu sur la matière, puisque chaque ministre – et on l'a entendu dans vos propos – y va un petit peu de ses idées dans une matière qui nécessite finalement la plus grande coordination, la plus grande cohérence et notamment la plus grande synchronisation avec l'ensemble des niveaux de pouvoirs, qu'ils soient européen, fédéral, voire même avec des synergies de nos pays voisins. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 La majorité des députés et de votre groupe politique, notamment, a demandé clairement et de manière urgente la mise en place de plusieurs mesures, l'engagement d'un plan antidumping, l'évaluation de l'impact de la précédente circulaire de M. le Ministre Furlan. Aujourd'hui, on ne voit toujours rien venir. Et puis, finalement, la conclusion d'un partenariat entre le SPW et le service d'information et de recherche sociale. On peut vraiment, Monsieur le Ministre, s'interroger pour savoir où l'on en est à ce jour. Il est clair que si la prévention et tout le travail que vous avez évoqué et qui doit être réalisé en amont de l'adjudication est fondamental, il est tout aussi important de prévoir et d'étudier, en tout cas, des règles claires en aval des marchés publics. Sans doute, c'est une démarche qui est beaucoup plus complexe à mettre en œuvre, puisqu'il s'agit là d'éviter les abus et les dérives que permet aujourd'hui la mise en œuvre de ces cahiers des charges avec notamment des conséquences graves. J'entends bien, il faut exclure, il faut condamner, il faut pénaliser, mais il est clair que sans un dispositif clair, il est difficile d'être convaincants en la matière. Exclure une entreprise, pour combien de temps, de quelle manière, en fonction de quel degré de gravité des faits, tous des éléments qui méritent, en tout cas, plus qu'un débat de quelques minutes. Nous avons en tout cas le sentiment que depuis quelques mois, c'est près d'une année qui a été perdue en la matière dans un thème qui est pourtant fondamental pour notre économie, vous l'avez rappelé. Une thématique comme celle-là – et l'on a eu des débats certes qui ont eu aussi toute leur importance, mais qui ont duré parfois des heures et des heures et qui étaient notamment alimentés par toute une série d'auditions. On ne peut, au niveau de notre groupe, que regretter qu'il n'y ait pas eu de débat intercommission parce que, effectivement, la matière concerne les compétences de plusieurs ministres. Monsieur le Ministre, je vous dirai que l'on est extrêmement sensible à la problématique. On est déçu de la prise de responsabilité du Gouvernement en la matière sur un sujet aussi important. Je crois qu'il est intéressant de dire, et c'est normal, que l'on veut privilégier l'emploi et que c'est une priorité, mais il faut aussi, notamment en matière de dumping social, assumer beaucoup mieux vos responsabilités, notamment pour tout le travail en aval des cahiers des charges. l'importance du débat. Mais puis-je quand même inviter les uns et les autres à plus ou moins s'en tenir au temps de parole ? Nous donnons la parole à M. Sampaoli qui, comme l'a rappelé l'orateur précédent, fut à la base de cette démarche. La parole est à M. Sampaoli. M. Sampaoli (PS). - Monsieur le Président, je voudrais tout d'abord remercier M. Evrard pour la correction dont il a fait preuve en rappelant que ce dossier avait été porté au niveau du CPI, de la Commission affaires sociales et aussi la Commission de l'économie. Le dumping social est un dossier qui nous concerne tous et qui est un fléau pour les travailleurs, mais aussi pour les PME, les TPE et les pouvoirs publics. Premièrement, le dumping social fait baisser les recettes de la sécurité sociale, l'entreprise d'envoi payant ses cotisations sociales, quand elle les paie, dans son pays d'origine, diminuant ainsi la possibilité de rencontrer les besoins de chacun. Le dumping social crée du chômage ; on connaît des jeunes qui sont écartés de leur poste de travail alors qu'ils ont un CDI au profit de travailleurs détachés. Le dumping social a également pour conséquence une baisse des recettes de l'IPP et des recettes communales. Le dumping social, aussi, prive les travailleurs de revenus légitimes et entraîne une baisse de la consommation générale. En plus, le dumping social traite les personnes mises au travail de manière scandaleuse, que ce soit en termes de rémunérations, de conditions de travail ou encore de logement. Il est à l'opposé même de la notion de solidarité, la notion de société, à l'opposé tout simplement d'une société civilisée respectueuse des droits humains. Nous ne devons pas fermer les yeux ; chaque opportunité de le combattre doit être saisie et l'on peut le faire de deux manières. Monsieur le Ministre, vous savez, aujourd'hui, mon groupe, on n'a pas la majorité ici en Région wallonne, on a des idées et l'on reste, en tout cas, ouverts à pouvoir avec vous, construire une réglementation et poursuivre des objectifs que nous souhaitons tous. Premièrement, en faisant appliquer correctement la directive européenne de détachement et deuxièmement, en transposant le plus rapidement possible la directive marchés publics de 2 014, qui permet au pouvoir adjudicateur d'aller plus loin et de contraindre les entreprises à faire ce qu'elles doivent faire, c'est-à-dire protéger aussi leurs travailleurs. M. le Président. - Vous aurez constaté que nous avons débordé les temps de parole, donc pas de souci vu Là, je me tourne vers le MR et puis, j'en viendrai à la Région. Je demanderai au MR de faire pression au P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 70 niveau du Gouvernement fédéral pour que la directive marchés publics soit transposée le plus rapidement possible, et qu'elle ne le soit pas a minima, qu'elle le soit dans une politique volontariste et que l'on aille plus loin ou aussi loin, en tous les cas, que la directive européenne relative aux marchés publics le permet. Ceci pour vous dire que, aussi au niveau de la directive détachement, nous devons aller de l'avant et faire en sorte que celle-ci soit respectée. C'est pourquoi le groupe PS, les parlementaires PS ont déposé une résolution demandant au Gouvernement wallon de faire appliquer strictement la directive détachement à son administration, mais également de transmettre ces informations aux pouvoirs locaux, de telle sorte que nous puissions aller de l'avant dans ce dossier. Cette résolution, ce n'est pas du réchauffé, ce n'est pas un catalogue de bonnes intentions, non, c'est vraiment faire appliquer strictement la directive détachement. Comment faire : – que les appels d'offres et les procédures négociées avec pondération soient privilégiés comme mode de passation pour valoriser d'autres critères que le prix ; – que le respect des notions de la durée d'occupation des travailleurs détachés soit effectif, c'est-à-dire maximum 24 mois, qu'il ne puisse être remplacé ; – qu'il y ait une relation directe dans l'entreprise d'envoi et chaque travailleur détaché ; – que l'on vérifie que l'entreprise exerce bien des activités substantielles de la majorité de ses activités sur le territoire où elle est établie ; – que les travailleurs détachés exercent une activité semblable à celle exercée dans l'état d'envoi ; – que l'adjudicataire puisse fournir l'attestation 1, la preuve que les cotisations sociales sont payées dans le pays d'envoi et le formulaire de la LIMOSA, information à la Belgique du détachement du travailleur, pour chaque travailleur ; – ensuite, que l'on fasse respecter dans les cahiers des charges les conventions collectives de travail qui ont été déterminées par Arrêté royal. Elles ont une valeur de contrainte et nous devons les imposer dans les marchés publics, régionaux et aussi autant que faire se peut, inciter les communes à le suivre. Pour cela, il faudra former les agents communaux, parce que dans certaines petites communes, il n'est pas possible de faire respecter cette directive des marchés publics sans formation des agents. J'invite donc la Région wallonne, Monsieur le Ministre, à s'occuper de la formation des agents communaux. dispose d'une personne qui possède un diplôme technique et qui est capable de transmettre l'information aux travailleurs détachés, c'est-à-dire, un interprète. Il y va non seulement d'une question de qualité de travail, mais surtout d'une question de sécurité, comme l'esprit d'un coordinateur sécurité sur les chantiers. Comment un travailleur étranger ne parlant pas ou peu la langue du pays fait-il pour comprendre le plan de sécurité d'un chantier déjà souvent complexe pour un travailleur belge ? Comment fait-il pour se coordonner avec les autres corps de métier sur le site ? C'est impossible, or tout manque de coordination est un danger d'accident potentiel. Mais l'important aussi, c'est la liste des sous-traitants et que l'adjudicataire s'engage pour lui et pour ses soustraitants. Il faudra aussi être attentif, et vous l'avez dit, aux prix anormalement bas et ce qui peut se cacher derrière. Ensuite, pour répondre à M. Evrard, il n'y a pas de lutte sans sanctions. Alors, la résolution préconise une pénalité spéciale en cas de manquement, l'établissement d'un PV de carence et d'un cadastre de toutes les entreprises ne respectant pas les dispositions énumérées dans la résolution. Cela permettrait de les exclure des prochains marchés publics pour une période de trois ans, la première fois, de cinq ans la seconde fois. Ces dispositions, comme je l'ai dit, pourraient être transmises aux pouvoirs locaux, en formant de manière adéquate les agents communaux. Il est important, pour nous, de modifier les pratiques en matière de marchés publics, c'est-à-dire là où nous pouvons agir. Cela implique la collaboration de tous, du pouvoir fédéral, régional, mais également des pouvoirs locaux. La proposition de résolution n'est ici qu’esquissée et je suis prêt à en développer les atours et les effets lorsqu'elle sera à l'ordre du jour. J'espère très sincèrement que l'ensemble des partis présents autour de la table adhéreront à notre proposition. Agissons, cumulons les forces avec les entreprises, les syndicats, avec les pouvoirs publics et les citoyens et tous, nous en sortirons gagnants. (Applaudissements) M. le Président. - Merci, Monsieur Sampaoli, à la fois pour avoir provoqué le débat, et pour avoir parfaitement respecté le temps de parole. Mme Ryckmans dispose d'environ quatre minutes. La parole est à Mme Ryckmans. Enfin, il est impératif que sur les chantiers où sont présents des personnes ou des travailleurs étrangers, l'on 71 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Mme Ryckmans (Ecolo). - Chers collègues, Monsieur le Ministre, dans ce débat, nous disposons d'un formidable levier. La jurisprudence récente de la Cour de justice européenne permettant que des soumissionnaires et leurs sous-traitants s'engagent par écrit, lors de la soumission, à donner un salaire minimum à tous travailleurs est en effet très intéressante. que la tutelle régionale s'engage à couvrir les autorités locales qui prendraient la décision de ne pas attribuer un marché selon le seul critère de prix. Très bien, sauf que la circulaire adressée aux pouvoirs locaux reste assez minimaliste. Dans le choix de ses contraintes d'attribution, le pouvoir accorde autant que possible une attention particulière au respect des critères environnements sociaux et éthiques. Elle montre que l'on peut tout à fait exiger l'application d'un salaire minimum et le respect de barèmes nationaux dans un marché public. Par ailleurs, on ne voit pas comment elle s'articule avec les propositions de M. le Ministre Lacroix. Cette charte locale paraît bien constituer une avancée en la matière, mais pour ce faire, il faudra encore intensifier les efforts de formation, on l'a dit. Il faut appliquer cette possibilité dans les marchés wallons. Au niveau wallon nous saluons quelques avancées du Gouvernement. Le travail avait d'ailleurs été amorcé dans le cadre de l'alliance emploi-environnement et de la plateforme « achats durables ». Néanmoins, les choses peuvent et doivent encore être amplifiées. Actuellement, trop peu d'administrations utilisent pleinement le potentiel des clauses sociales dans les marchés publics. Le Gouvernement wallon, en présentant son plan d'action fin octobre, annonce vouloir accroître l'insertion et l'exécution de clause sociale dans les marchés publics de travaux. C'est évident, c'est surtout leur pleine exécution qui apportera un réel changement de pratique. En intégrant des clauses sociales dans leurs marchés publics, les pouvoirs adjudicateurs renforcent leur responsabilité sociétale et contribuent à la lutte contre le chômage en Wallonie, à la formation et à l'insertion socioprofessionnelle de jeunes, de publics défavorisés ou fragilisés, ainsi qu'à l'intégration de personnes handicapées. Plus largement, ils luttent également contre la traite et l'exploitation des êtres humains. Les bénéficiaires de la clause sociale pourront profiter d'une formation et/ou d'une expérience professionnelle sur chantiers favorisant leur insertion et intégration socioprofessionnelle. Les entreprises du secteur de la construction quant à elles trouvent dans les clauses sociales une réponse aux difficultés de recrutement auxquelles elles sont parfois confrontées. À la mi-décembre 2015, M. le Ministre Furlan a également transmis aux communes une circulaire leur recommandant de se doter d'une charte locale en matière de lutte contre le dumping social, à faire signer et respecter par les soumissionnaires et reprenant, on l'a dit, des points de références à y faire figurer, et des clauses types. Par cet instrument, il est en effet possible d'encourager les communes à prendre conscience de l’importance du choix des soumissionnaires au-delà du simple critère de prix. Le ministre a d'ailleurs précisé Parallèlement, ne serait-il pas pertinent de fixer des objectifs à atteindre ? Autant un pourcentage de marchés contenant ce type de clause, cela a été fait au niveau bruxellois via une ordonnance. Tous les cinq ans, des objectifs sont fixés, révisés après évaluation, uniquement à la hausse. Un certain pourcentage en termes de valeurs de marchés publics concernés doit obligatoirement contenir des clauses sociales, mais également environnementales. Si les objectifs ne sont pas rencontrés, des sanctions financières sont appliquées. Enfin, il faut aussi lutter contre le dumping social, contrôler le respect des législations et sanctionner les entreprises en grave défaut notamment par rapport aux législations sociales. Pour terminer, je reviens quelques instants sur les questions de clauses environnementales, car les deux aspects sont en fait liés et complémentaires. En effet, si l'on impose l'usage de matériaux en circuits courts, on peut également lutter contre le dumping social et favoriser les PME wallonnes via nos marchés publics. Le dumping environnemental est également un dumping social indirect, car il crée une concurrence déloyale et détruit des emplois chez nous en raison des prix inférieurs pratiqués ailleurs sur base de normes moins protectrices. La nouvelle directive européenne permet d'intégrer tous les éléments constitutifs d'un produit dans le calcul d'une offre et pas uniquement le prix facial, mais aussi les coûts cachés, environnementaux, sociaux, du cycle de vie. Il est nécessaire de tous les prendre compte afin de lutter contre la concurrence déloyale issue du dumping social. Nous pourrions faire d'autres propositions, mais je rappellerai bien sûr que les marchés publics ne constituent pas un outil pour lutter contre le dumping social ou environnemental et qu'il faut surtout agir à la source pour, par exemple, améliorer la directive détachement ou pour empêcher la conclusion d'un accord transatlantique inspiré aux mêmes idéologies. On gagnerait, en outre, une plus grande cohérence de certains entre les différents niveaux de pouvoirs. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 72 M. le Président. - La parole est à Mme Simonet pour environ sept minutes et c'est M. Puget qui aura l'honneur de clôturer la liste des interventions parlementaires. Si M. le Ministre souhaite réagir bien sûr, ce sera alors à lui de revenir à la tribune avant que les parlementaires ne nous livrent leurs répliques de circonstances. La parole est à Mme Simonet. Mme Simonet (cdH). - Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers collègues, les chiffres, on les a déjà cités, 17 000 emplois perdus entre fin 2011 et mars 2015 dans le seul secteur de la construction ; il n'y a pas que ce secteur qui est concerné, si l'on y ajoute les transports, depuis 2012, ce sont 6 000 emplois de plus perdus. Ces chiffres font réfléchir et sont extrêmement interpellants. Je pèse mes mots, nous sommes face à un réel drame humain et encore plus un drame social. Quelle image l'Europe nous envoie-t-elle de ses projets ? Ce constat n'est pas neuf, c'est ainsi qu'en mars 2015, nous avons décidé au cdH – oui, Monsieur Evrard, nous étions deux ou trois députés, mais il en faut toujours pour commencer et si l'on était pas nombreux, on a été fort heureusement rejoints par des collègues – de déposer une proposition de résolution visant à intensifier la lutte contre le dumping social ; nous avons été rejoints par des collègues d'autres groupes et nous avons abouti à un texte pertinent, fort, porteur de revendications, sollicitant un plan antidumping social coordonné avec tous les secteurs. On avait redonné une date de rendez-vous au Gouvernement pour que celui-ci prenne à bras-le-corps le dossier. Je constate que les choses ont bougé et ont avancé en quelques mois. L'appel au Gouvernement wallon a bien été entendu. Hier, précisément, j'interrogeais M. le Ministre Prévot sur l'un des premiers pas qui avaient été posés en matière de réflexion sur le dumping social ; le ministre avait commandé une étude au cabinet d'avocat Durviaux sur les pistes à envisager. C'est une démarche qui a tout son sens, car cela permet de dynamiser les choses, d'y voir plus clair. Nous l'avons évoqué, avant moi d'autres l'ont dit, la matière est plus que complexe. Le fléau du dumping social touche différents secteurs, différents niveaux de pouvoir et, en même temps, a trait à plusieurs législations qui sont, elles-mêmes, compliquées. Il est évident que notre action, ici, est limitée aux compétences propres de la Région, que beaucoup de compétences incombent à d'autres niveaux de pouvoir – vous l'avez évoqué, Monsieur le Ministre – singulièrement, et c'est normal, encore au niveau du Fédéral. 73 Mais ici, nous sommes convaincus que la marge de manœuvre est réelle. Cela nous importe que nous agissions là où nous pouvons le faire sans tarder et que nous sollicitions les autres niveaux de pouvoir pour qu'ils avancent aussi là où ils sont compétents. Le Conseil économique et social de Wallonie le rappelait en 2014 : on peut, à chaque niveau de pouvoir, améliorer la situation. C'est bien notre objectif et c'est celui du Gouvernement. Voici différentes mesures qui nous ont été annoncées et présentées tout à l'heure par le ministre. Nous avons l'espoir que, sur base des études commanditées par les uns, des travaux et des avancées de chacun des ministres, l'on puisse avoir un focus de ciblage pour être les plus efficaces. Le gros morceau, comme on l'a entendu dans la présentation, c'est vrai, ce sont les marchés publics. Singulièrement, avec la question que l'accès à PME, des PME dont le tissu est très important, qui emploient souvent une main-d'œuvre locale et qui font travailler celle-ci. Les marchés publics sont importants, car en Wallonie, on entend parfois dire ceci, la réalité est parfois celle-là, on perd des marchés si l'on garde sa main d'œuvre wallonne ; c'est un comble et c'est inacceptable. Un Code européen de bonnes pratiques facilitant l'accès des PME aux marchés publics a été publié par la Commission et identifie différentes mesures dont certaines sont, dans notre pays, de compétences régionales, entre autres. Le code avance, comme bonnes pratiques, la mise sur pied d'un centre d'informations pour les PME sur les marchés publics, la mise en place de formations orientations destinées à aider les PME dans la rédaction d'offres ou encore, des incitants poussant les opérateurs à se regrouper. Aujourd'hui, on le voit – j'en félicite le ministre et au travers de celui-ci, tout le Gouvernement –, de telles mesures font partie des projets lancés : – mise en place d'un centre de compétences wallon où se retrouveraient les experts en marché public ; – mise en place d'un guichet unique ; – diminution des charges administratives sur les PME pour que celles-ci puissent plus facilement participer aux marchés. À côté de cela, on sait aussi que l'on avance largement. On en a parlé sur l'inclusion des clauses sociales dans les marchés de travaux publics avec un plan d'action – vous l'avez dit, Monsieur le Ministre – visant à les amplifier, approuvé en octobre dernier, et un budget – si je ne me trompe – de 30 000 euros pour lancer l'Observatoire des marchés publics, qui servira à recueillir les données statistiques sur les marchés publics et à soutenir la mise en œuvre d'une politique d'achat durable, nous nous en félicitons. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Bref, des mesures qui viennent et qui vont dans le bon sens. Bien entendu, nous sommes aussi attentifs aux échéances et aux états d'avancement de ces mesures, parce que, nous le savons, il y a urgence. J'ai une question. En 2011, on avait adopté un dispositif de facilitateur de clauses sociales. Ces facilitateurs ont une mission d'information, de conseil. Seront-ils maintenus ? Apparemment, on a renouvelé la convention. Au-delà des clauses sociales et des clauses éthiques et environnementales, un recours à ces clauses fait aussi partie de nos demandes. Vous souhaitez, vous l'avez dit, les amplifier. Nous avons réclamé également que soit imposée l'agrégation comme règle générale à toute la chaîne des sous-traitants – c'est important, dans le cadre des marchés publics. Votre intention est également, lors de la remise des offres, de l'imposer aux soumissionnaires. Des mesures concrètes sont sur la table. Nous voyons que la matière est éclatée, comme on l'a dit à plusieurs reprises. Monsieur le Ministre, il est important qu'il y ait également des réunions conjointes avec le Fédéral. M. Evrard vous faisait état de l'arrêt de la Cour de justice et de la Ville de Landau. J'interrogeais M. le ministre Prévot. Sur base de son étude, cette fameuse étude dont je parlais, justement, en Belgique, nous avons la possibilité, c'est une loi de 1991... Le problème, ce n'est pas que nous avons la possibilité, c'est même obligatoire de les imposer, mais c'est que le contrôle au niveau fédéral ne suit pas. Ce contrôle, nous demandons vraiment que le Fédéral le mette en place, que l'on puisse en être informé, parce que cela évite de devoir être doublement attentif. Dans le cadre du plan antidumping du secrétaire d'État, de Tommelein, il reconnaît que c'est vraiment un des points qui pose problème : nous avons des outils et le contrôle n'existe pas. Quant à des partenariats avec le SPW, le service d'information de recherche sociale, j'entends aussi que les contacts sont en cours avec le Fédéral. Le ConstruBadge nous semble également un outil vraiment important et puis l'Europe qui se mobilise. On sait bien que la source du dumping social se trouve aussi sur la non-application des règles et le non-suivi de ces règles, mais aussi sur la directive « détachement » et qu'il y a des abus. Transposer le plus rapidement la nouvelle directive 2014 pour éviter les prix anormalement bas, c'est un élément important. Autre élément important, sur le dumping, la Belgique est l'un des trois pays qui emploient le plus de travailleurs détachés au sein de l'Union européenne à côté de l'Allemagne et de la France. Le Conseil parlementaire interrégional a récemment émis des recommandations en ce qui concerne la Grande Région, avec des pistes : création d'une agence européenne d'inspection sociale, concertation entre États membres pour pouvoir vérifier les fameux formulaires A1, mise en place d'une banque Carrefour. Là aussi il y a beaucoup à faire. Les récents propos de Mme la Commissaire Thyssen : « À travail égal, salaire égal sur un même lieu de travail ». C'est évidemment une phrase qui sonne bien à nos oreilles, mais c'est un travail de longue haleine. Récemment, aux vœux du Conseil économique et social de la Région wallonne, elle a rappelé que son paquet « mobilité des travailleurs » était plus que jamais sur sa table et à l'ordre du jour de l'Europe, même si cela prenait du temps. L'objectif est de mettre en avant les priorités pour soutenir et faciliter une mobilité équitable des travailleurs. Pour ce faire, l'objectif sera de réviser les règles pour pouvoir coordonner nos systèmes de sécurité sociale. Mme Thyssen s'est dite volontaire. Quand elle dit que nous devons adapter notre modèle et non le détruire, je pense que nous ne pouvons qu'acquiescer à cette vision. Pour conclure, nous savons qu'il n'y a pas un mois qui passe sans que l'on n'entende, ci et là, une entreprise en difficulté, des travailleurs mis au chômage, licenciés. Notre travail doit être constamment remis sur la table. Je vous remercie, Monsieur le Ministre. Je remercie vos collègues. Il va falloir garder le rythme. Il va falloir continuer. Il va falloir se concerter avec le Fédéral. Merci de nous dire comment vous pensez pouvoir agir dans les prochaines semaines en ce sens. (Applaudissements) M. le Président. - La parole est à M. Puget. M. Puget (Indépendant). - Monsieur le Ministre, le dumping social est assurément une des plaies du monde en construction. Il détruit des dizaines de milliers d'emplois dans les pays à haute protection sociale, comme le nôtre, et tire les standards sociaux, éthiques et environnementaux vers le bas. Il met en concurrence des travailleurs qui ne demandent, finalement, rien de mieux que de travailler à un salaire décent. La lutte contre le dumping social est donc essentielle et profitable, non seulement pour les pays de l'ouest, car le travail à bas coût exercé par des entreprises étrangères pousse les salaires à la baisse, mais aussi pour les pays de l'est qui souffrent de voir partir leurs jeunes pousses. Nous ne nous opposerons pas à la libre circulation des travailleurs au sein d'une Europe, elle aussi en construction, mais il faut urgemment mettre en place un certain nombre de balises. Si nous ne le faisons pas, nous risquons d'alimenter la méfiance entre les peuples, P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 74 au lieu de construire un monde pacifié. Dès lors, que faire ? Nous devons lutter, tout d'abord, contre les fraudes et, parmi celles-ci, celles occasionnées par les sociétés dites « boîtes aux lettres », les faux détachés, les sociétés-écrans, les faux indépendants. Tous ceux qui se jouent des droits doivent être punis. Nous devons favoriser les entreprises belges et certainement wallonnes. C'est le secteur de la construction qui souffre le plus du dumping, puisqu'il risque de perdre 20 000 emplois dans notre pays d'ici 2018 – selon la Confédération belge de la construction. Cependant, la construction n'est pas le seul secteur visé, puisque l'HORECA, les transports, ou encore le secteur du nettoyage sont dans une situation identique. Je sais que le Gouvernement est attentif aux revendications des différents secteurs concernés, mais il faudra continuer à agir en concertation avec les professionnels. Nous devons porter notre attention sur les marchés publics. Dans sa circulaire du 28 novembre 2013 relative à la mise en place d'une politique d'achat durable pour les pouvoirs adjudicateurs régionaux wallons, le Gouvernement wallon insiste sur la notion « d'achat durable, qui répond à des enjeux non seulement économiques, mais également environnementaux, sociaux et éthiques, ainsi qu'au rôle d'exemplarité attendu de l'administration ». Je suis satisfait de voir que le Gouvernement se préoccupe de la position de nos PME, mais je remarque que les résultats ne sont pas au rendez-vous. Il faut donc, dès aujourd'hui, aller plus loin que le catalogue de bonnes intentions, être proactif, agir efficacement avec les autres niveaux de pouvoir, car la lutte ne s'arrête pas aux frontières de la Région, encourager les efforts faits par le Fédéral et, surtout, je le répète, avoir à l'esprit la situation de nos entreprises wallonnes. La matière est évidemment très complexe, mais chaque idée vaut la peine d'être étudiée. Nous finirons bien par trouver la solution, j'en suis convaincu. M. le Président. - Nous revenons vers le ministre pour une réponse et une réaction, puis les éventuelles répliques de circonstance. La parole est à M. le Ministre Lacroix. M. Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative. - Je voudrais tout d'abord remercier les différents intervenants. Hormis quelques nuances à la fois plus faibles, mais également plus fortes qui m'ont quelque part surpris de M. Evrard, il n'en reste pas moins vrai qu'il semble y avoir une belle unanimité sur le sujet, ici, au Parlement. C'est assez rare que pour le souligner. 75 Je voudrais remercier M. Puget qui a conclu la discussion en apportant des éléments de soutien à la résolution qui avait été présentée par la majorité de ce Parlement et également par les actions qu'entreprend le Gouvernement wallon. Effectivement, Monsieur Evrard, je suis d'accord avec vous, consacrer un seul débat thématique à cette problématique n'est pas suffisant, je suis bien d'accord. La thématique est complexe, elle prend du temps, doit être approfondie. Il faut veiller à ce que des effets pervers pour les pouvoirs adjudicateurs, mais également pour les entreprises, dans le cadre d'une lutte efficace contre le dumping social, n'apparaissent pas. Il faut donc prendre suffisamment de temps que pour porter les mesures nécessaires en synergie avec les autres niveaux de pouvoir. À travers les travaux des différents ministres, les différentes commissions seront amenées, à travers des dispositifs réglementaires et légaux, à se positionner et à avoir un travail de fond qui ira encore plus loin que ce qui a été réalisé aujourd'hui. Je voudrais quand même rappeler, Monsieur Evrard, que contrairement à ce que vous dites, les Gouvernements wallons ont travaillé, depuis déjà plusieurs années, sur le dumping social. Et j'en veux pour preuve que, sous le Gouvernement précédent, déjà en 2012, une série de mesures ont été prises et puis renforcées en 2014, à nouveau en 2015. J'ai toute la ligne du temps ici que je peux vous remettre. En tout cas, chacun a travaillé et même, à travers le plan Marshall, mon collègue M. Marcourt s'est aussi saisi du dumping social, notamment en ce qui concerne l'accès au marché public des PME. Il n'y a pas cacophonie au niveau du Gouvernement. J'ai été chargé par le Gouvernement d'être le coordonnateur du plan Antidumping. C'est une décision de fin octobre 2015. Donc il ne faut pas jeter l'opprobre sur le ministre-président, je suis chargé par le Gouvernement de coordonner l'ensemble des actions et chaque ministre a présenté un premier tir, une première salve d'actions qu'il pouvait mener très concrètement. Une des actions concrètes à laquelle s'est intéressée également Mme Simonet, ce sont les facilitateurs sociaux. Effectivement, nous avons renouvelé le dispositif des facilitateurs sociaux, qui sont actuellement 12, et nous avons conclu, contrairement à ce qui s'était fait précédemment, à une convention pluriannuelle. Ces gens sont établis pour quatre ans, ce qui est une avancée significative. Ces facilitateurs ont pour rôle, notamment d'informer, d'améliorer cette information, de former également les pouvoirs adjudicateurs, car nous savons tous – et sans remettre, comme vous l'avez dit, Monsieur Evrard, « la patate chaude » sur les pouvoirs locaux – qu'à côté de nous, les pouvoirs locaux sont un levier de commandes publiques important, que la P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Confédération de la construction, d'ailleurs, souhaite qu'on l'alimente davantage. Donc le rôle du Gouvernement est, à travers ces facilitateurs sociaux, de mettre en œuvre un réseau qui aidera les communes à pouvoir lancer davantage de marchés publics avec des clauses sociales, des clauses environnementales, des clauses éthiques, et ne plus avoir recours, aussi systématiquement que par le passé, au système de l'adjudication et donc de faire vraiment un travail beaucoup plus fin. Vous savez comme moi que c'est compliqué. Par rapport à l'intervention de Mme Ryckmans qui disait : « Ne faudrait-il pas un pourcentage à l'instar de ce qui se passe à Bruxelles ? », je suis un peu plus nuancé, en tout cas un peu plus réservé. Car si Bruxelles dispose – sauf peut-être une ou deux communes – de villes très importantes de plusieurs dizaines de milliers d'habitants, avec des services de juristes bien fournis, il n'en reste pas moins vrai que nos communes wallonnes sont parfois de très petite taille et que donc pour ne pas devoir faire face à des recours, ne pas devoir commencer à analyser de manière pointue, peut-être que l'on recourt un peu trop facilement à l'adjudication. Notre rôle est d'aider, d'accompagner les communes pour que progressivement l'on arrive à un recours à d'autres formules de marchés publics. Mais aller déjà vers un pourcentage, je crois que c'est un peu prématuré. Je reviens sur les interventions de M. Evrard. Nous avons renforcé la coopération avec le CIRS et il y aura davantage de contrôles. L'évaluation de la circulaire du ministre Furlan a été faite et nous avons pu voir qu'il y a une évaluation du nombre de marchés avec clauses sociales. J'y reviendrai tout à l'heure. Enfin, nous travaillons sur l'Observatoire des marchés publics. la création de Je voudrais encore revenir sur certaines interventions qui ont été faites. Excusez-moi, dans le quart d'heure qui m'est dévolu, de ne pas être exhaustif. Donc j'en retiendrai les plus prioritaires. J'ai parlé de ce plan Antidumping amorcé sous le Gouvernement précédent, dès décembre 2012, et qui a été encore renforcé par le Gouvernement actuel. En ce qui concerne les facilitateurs, j'y ai répondu et ce qui est intéressant de dire, c'est qu'aujourd'hui, grâce aux facilitateurs, actuellement 48 marchés intégrant les clauses sociales ont été attribués, 11 marchés intégrant une clause sociale sont actuellement publiés et devraient être attribués sous peu et enfin, 73 marchés sont en cours de rédaction avec le soutien des facilitateurs pour insérer des clauses sociales. Nous avons prévu d'évaluer l'impact des clauses sociales dans les marchés et d'en étudier de nouvelles. Donc, le travail n'est pas fini en la matière. Je rejoins M. le Député Sampaoli sur la connaissance de la langue par les travailleurs. Il s'agit essentiellement d'une condition de sécurité et de communication. Avec la collaboration de la Confédération de la construction, je vais travailler à analyser l'insertion de clauses linguistiques dans les marchés, donc ajouter aux clauses environnementales, sociales et éthiques, des clauses linguistiques dans le respect du droit actuel. Je voudrais également reprendre un des éléments d'intervention de Mme Simonet, puisque je lui ai expliqué, en ce qui concernait les facilitateurs, je n'y reviendrai donc pas. En ce qui concerne les contrôles, elle a tout à fait raison, nous plaidons pour un renforcement grâce au protocole de collaboration avec les services d'inspection fédéraux. Ce dossier est à l'étude actuellement au sein du secrétariat général. Vous avez raison de dire qu'il faut éviter les contrôles redondants. Puisque nous devons travailler en synergie avec le Fédéral, autant aboutir à un bon accord de collaboration avec eux sur ce sujet, ce qui permettra à nos inspecteurs de travailler sur d'autres domaines. Je terminerai en vous disant que, sur ce point précis, la discussion avec le Fédéral se passe bien et je remercie le Gouvernement fédéral et en particulier le Secrétaire d'État, Bart Tommelein, pour le plan en 40 points qu'il a fait prendre par le Gouvernement fédéral. Je reconnais quand le Gouvernement fédéral travaille bien. Sur ce point, je crois qu'entre le Gouvernement fédéral, le Gouvernement wallon et maintenant sans doute les pouvoirs locaux, il y a moyen de travailler dans l'intérêt des travailleurs, dans l'intérêt des entreprises. Sur ce dossier, nous devons vraiment faire front. Il me reste maintenant à obtenir du Gouvernement fédéral – et je l'ai dit dans mon exposé introductif, dans la transposition de la directive marchés publics, c'est de fournir les éléments de persuasion suffisants – qu'il intègre les propositions de transposition qui vont plus loin que les propositions initiales, développées par le Gouvernement fédéral. Nous voulons aller plus loin. J'ai décrit les interventions que nous souhaitions précédemment. Je crois qu'avec persuasion et la volonté de travailler ensemble et une belle synergie, nous pourrions accoucher d'une belle réforme en la matière. M. le Président. - Pour d'ultimes répliques, la parole est à M. Evrard. M. Evrard (MR). - Merci, Monsieur le Ministre, pour vos éléments. Je relève quelques points où notre avis diffère quand le premier, on n'est pas d'accord et je le rappelle, sur la démarche particulière de cette P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 76 résolution. Je crois que le Gouvernement devait dès le départ, dès sa prise de fonction, prendre le problème à bras-le-corps, se concerter et organiser une réflexion en profondeur à ce niveau-là. Vous nous dites – et cela peut paraître logique de prime abord – que nous devons prendre le temps de la réflexion, c'est un domaine complexe, transversal. Je vous dirai que je ne partage pas non plus cette analyse. Dans un monde économique qui bouge à la vitesse V V prime et qui évolue tous les jours, c'est une problématique où il y a urgence. Je l'ai dit dans mon propos, on a vraiment le sentiment que l'on a pu perdre pas mal de temps à ce niveau-là. Vous me dites : « On a pris des mesures déjà depuis 2012, et cetera ». On n'a pas eu réelle connaissance de l'évaluation à ce niveau-là. Et si ces mesures avaient été réellement efficaces et concrètes, cela se saurait puisque l'on voit que le phénomène, malheureusement, au fil du temps, ne fait qu'augmenter. Je le répète, notre démarche est aussi de vous faire prendre conscience qu'il est plus qu'urgent et nécessaire de travailler en aval des marchés publics, c'est-à-dire au moment où la mise en œuvre du projet est en cours, notamment à travers les contrôles, de manière à faire en sorte qu'une entreprise qui a pu acquérir un avantage concurrentiel en bénéficiant de pratiques de dumpings puisse être, lors d'un marché suivant, rétrogradée. J'entends bien dire, on va exclure pendant trois ans une entreprise. Va-t-on solutionner le problème de cette manière ? Vous savez que dans le domaine, tout n'est pas noir, tout n'est pas blanc. Il y a ce que l'on qualifie d'un dumping légal à côté d'un dumping totalement illégal. Il est clair que dans les cas où les entreprises trichent et construisent des structures pures et dures de manière à frauder, pas de problème pour qu'on les exclue. Mais dans la réalité actuelle des marchés publics et dans le monde de l'entreprise, vous savez que les entreprises, parfois, trichent un peu, abusent quelque part de certains types plus ou moins forts. Il faut et c'est cela que j'explique, en aval des marchés publics, pouvoir avoir des mécanismes qui permettent de juger et de quantifier l'abus, de manière à pouvoir sanctionner plus ou moins lourdement les entreprises. Il est clair qu'exclure une entreprise qui a commis un manquement sur le plan environnemental... s'il vous plaît ? (Réaction d'un intervenant) Non, pas du tout. Il faut comprendre la réalité de terrain, Monsieur le Ministre. Il suffit d'aller voir une fois que les marchés sont attribués, ce n'est certainement pas un bourgmestre ou un échevin qui va pouvoir juger si l'entreprise honore. Je suis d'accord que dans le cahier des charges.. Vous savez, toutes les entreprises.. Quand une entreprise a 10 marchés, qu'elle doit honorer dans 77 un temps « x » et qu'elle en récupère un 11e ou un 12e, elle est obligée de sous-traiter. Les conditions qu'elle a remises, notamment, dans une commune, dans une province, elle n'est pas toujours sûre de pouvoir les honorer quelques mois après. C'est un problème, donc il faut, en aval de tous ces dispositifs, aussi réfléchir à la manière dont on peut cadrer toute cette problématique. C'est, en tout cas, vers cette voie que je voulais attirer votre attention. Effectivement, en synergie avec différents niveaux de pouvoir, mais je le répète, concrètement, ne s'attarder, ne se focaliser que sur la question des cahiers des charges, je ne suis pas certain que cela changera et que cela changera fondamentalement la manière dont nous pourrons lutter contre le dumping. Cela y contribue, mais ce n'est pas suffisant. Le Gouvernement, il est urgent qu'il prenne réellement le problème à bras le corps et mette en œuvre des mesures, les éprouve de manière à pouvoir circonscrire au mieux le phénomène. M. le Président. - La parole est à M. Sampaoli pour environ deux minutes. M. Sampaoli (PS). - Je ne peux pas partager l'avis de M. Evrard par rapport à sa prise de position. Les entreprises qui sont pénalisées aujourd'hui, ce sont les PME. Ce sont des entreprises qui, parfois, ont 60, 70 personnes qui travaillent pour elles et qui ne sont plus en capacité de lever un marché, parce que les entreprises – on va parler franchement – de classe 8, de classe 7 font jouer le phénomène de la sous-traitance, le dumping et passent d'une entreprise à une autre pour essayer d'avoir toujours le moindre prix et le meilleur prix auprès de leurs sous-traitants. On peut canaliser les choses au niveau du cahier des charges, on peut faire un contrôle. Je dis quand même qu'au niveau social, le contrôle est organisé par le Fédéral et au-delà de la directive détachement, il y a la transposition de la loi sur le marché public. Cela, le Gouvernement wallon et ce Parlement ne peuvent rien y faire. C'est une compétence fédérale et exclusivement fédérale. Si vraiment comme vous le dites maintenant, Monsieur Evrard, vous voulez que l'on aille de l'avant dans ce dossier, il faut intervenir auprès des membres du Gouvernement fédéral pour qu'ils transposent rapidement et d'une manière contraignante la directive marché public. M. le Président. - La parole est à Mme Ryckmans pour environ une minute. Mme Ryckmans (Ecolo). - Monsieur le Ministre, vous avez jugé notre proposition un peu prématurée. Je regrette cette prise de position, parce qu'elle contraste avec votre annonce d'avancer, dans la mesure où cette proposition est liée à un pourcentage des marchés publics qui sont octroyés. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Peu importe la grandeur de la commune ou du pouvoir adjudicateur concerné, c'est bien un travail fait à son niveau pour progresser vers davantage de marchés publics qui comprennent ces clauses sociales, mais également environnementales. Cela fonctionne, c'est la fixation du pourcentage qui est à adapter pour faire un chemin, mais il me semble qu'il faut avoir cet horizon ; un horizon plus large que celui que vous avez présenté. Il y aurait d'autres propositions à faire, je l'ai dit, je pense que nous devons aussi renforcer la concertation avec les interlocuteurs sociaux, la représentation des travailleurs étrangers, par exemple, par les syndicats. Au niveau européen, travailler aussi à encourager une convergence de salaires européens pour avoir un salaire minimum équivalent à 60 % du salaire médian dans chaque pays. Cela éviterait les problèmes qui viennent à la base de ce dumping social, mettre fin aux entreprises « boîtes aux lettres » en exigeant une preuve de réelle activité dans le pays où la société est installée et finalement renforcer la sécurité sociale pour tous. M. le Président. - La parole est à Mme Simonet. Mme Simonet (cdH). - J'ai noté que les concertations avec le Fédéral se déroulaient dans un contexte constructif. C'est important, puisque en matière de contrôle, c'est une des conditions. Il ne suffit pas d'avoir de bonnes législations, encore faut-il qu'elles soient bien appliquées et c'est là que le bât blesse. En ce qui concerne les chartes et la rédaction des clauses types sociales environnementales qui sont autorisées, sont-elles disponibles sur Internet ? Vous avez annoncé que certaines qui étaient déjà disponibles avaient été adressées aux communes, mais que de nouvelles améliorations technicojuridiques étaient en cours de rédaction. Ces clauses qui ne concernent pas que les pouvoirs locaux et qui peuvent être utiles de manière générale sont-elles disponibles sur Internet pour tous ? Enfin, il serait peut-être intéressant d'avoir un échéancier avec les dates et nos objectifs, mais nos objectifs de manière croisée, puisque l'on y intégrerait les objectifs de l'Europe, peut-être à plus long terme, les objectifs du Fédéral, la transposition de la fameuse directive, et de savoir comment, dans un échéancier, bien sûr qui est une ligne directrice, on pourrait travailler. Je ne partage pas l'avis de M. Evrard, il faut responsabiliser les acteurs, il faut des labels de qualité, il faut leur donner des outils parce qu'il y en a beaucoup qui sont prêts à être responsabilisés, mais il faut pouvoir aussi exclure, rétrograder ou attribuer des cotations négatives. Il faut peut-être le faire avec une certaine souplesse dans les marchés publics. Parce que les marchés publics c'est beaucoup d'argent, ce sont beaucoup de moyens. Pour les entreprises, c'est un secteur qui compte également. M. le Président. - Monsieur Puget, vous allez avoir l'honneur de clôturer ce débat. La parole est à M. Puget. M. Puget (Indépendant). - Je remercie M. le Ministre pour ses réponses et pour son éclairage. Évidemment dans tout ceci, je pense, il faut faire... (Réactions dans l'assemblée) M. le Président. - Monsieur Puget, plus rien ? Parce que je vois des gestes, mais... M. Puget (Indépendant). - Non, mais j'essaie de parler. Puis-je demander à la technique de mettre le micro un peu plus fort, ce serait sympathique. Je reprends parce que M. le ministre n'a pas entendu et quand je le remercie c'est important. Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour vos réponses. (Applaudissements) Mais n'oublions pas non plus que l'on a déjà une directive. Une nouvelle directive, de nouvelles normes, donc nos entreprises, et parce que l'on a parlé de PME tout à l'heure – mais une PME c'est moins de 50 travailleurs, en tout cas d'après la législation européenne – doivent s'adapter déjà à cette nouvelle directive, on va encore remettre une charte en plus, on va encore mettre des choses supplémentaires. Si l'on veut intéresser nos entreprises wallonnes, nos PME et les petites structures à s'intéresser aux marchés publics, puisque maintenant on va leur offrir l'accès plus facilement, il ne faut pas non plus que cela devienne une charge administrative insurmontable. Il ne faut pas oublier non plus que, dans les marchés publics, on a aussi du matériel ou des choses comme cela. Je pense aux garages, au matériel agricole, et cetera, ils ne sont pas équipés et il n'y a pas quinze personnes qui travaillent derrière un bureau pour remplir des dossiers et accéder à ces marchés publics. Il faut donc être aussi vigilant à ne pas ramener encore de l'administratif, des normes et des règles en plus. M. le Président. - Nous allons permettre à nos collègues de nous rejoindre pendant que la sonnette les avertit de l'imminence des votes. M. le Greffier bat le rappel. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 78 PROJETS DE MOTION DÉPOSÉS EN CONCLUSION DE L'INTERPELLATION DE M. DAELE À M. PRÉVOT, MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS, DE LA SANTÉ, DE L'ACTION SOCIALE ET DU PATRIMOINE, SUR LE PLAN HÔPITAUX ET SES IMPLICATIONS SUR LA MOBILITÉ, PAR M. DAELE (DOC. 366 (2015-2016) N° 1) ET PAR MMES SALVI ET KAPOMPOLE (DOC. 367 (2015-2016) N° 1) Vote nominatif M. le Président. - Nous allons voter sur les projets de motion déposés en conclusion de l'interpellation de M. Daele à M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine, sur le plan Hôpitaux et ses implications sur la mobilité. La première motion motivée de M. Daele a été imprimée et distribuée sous le document n° 366 (20152016) N° 1. La seconde motion pure et simple de Mmes Salvi et Kapompole a été imprimée et distribuée sous le document n° 367 (2015-2016) N° 1. Conformément aux dispositions de l’article 134.3 du règlement, priorité est donnée au vote sur la motion pure et simple déposée par Mmes Salvi et Kapompole. - Il est procédé au vote nominatif. 70 membres prennent part au vote. 40 membres répondent oui. 30 membres répondent non. - Ont répondu oui : Mmes et MM. Antoine, Arens, Bonni, Collignon, Courard, Denis, Dermagne, Desquesnes, Devillers, Drèze, Dufrane, Dupont, Fourny, Gahouchi, Géradon, Gonzalez Moyano, Imane, Kapompole, Lambelin, Leal Lopez, Lefebvre, Legasse, Martin, Moinnet, Morreale, Mottard, Moucheron, Onkelinx, Pécriaux, Poulin, Prévot, Salvi, Sampaoli, Schyns, Simonet, Trotta, Vandorpe, Vienne, Waroux, Zrihen. - Ont répondu non : Mmes et MM. Baltus-Möres, Bellot, Bouchez, Brogniez, Daele, De Bue, Defrang-Firket, Destrebecq, Dister, Dock, Dodrimont, Durenne, Evrard, Gillot, Hazée, Henquet, Henry, Jeholet, Knaepen, Lecerf, Lecomte, Maroy, Mouyard, Nicaise, Potigny, Puget, Ryckmans, Tzanetatos, Wahl, Warnier. En conséquence, le projet de motion est adopté. Il en sera donné connaissance au Gouvernement. PROPOSITION DE RÉSOLUTION CONCERNANT LA LIMITATION DES ALLOCATIONS D'INSERTION ET SES CONSÉQUENCES POUR LA WALLONIE (DOC. 213 (2014-2015) N° 1 À 3) Vote nominatif M. le Président. - Nous allons voter sur l'ensemble de la proposition de résolution concernant la limitation des allocations d'insertion et ses conséquences pour la Wallonie (Doc. 213 (2014-2015) N° 1 à 3). - Il est procédé au vote nominatif. 70 membres prennent part au vote. 46 membres répondent oui. 23 membres répondent non. 1 membre s'abstient. - Ont répondu oui : Mmes et MM. Antoine, Arens, Bonni, Collignon, Courard, Daele, Denis, Dermagne, Desquesnes, Devillers, Drèze, Dufrane, Dupont, Fourny, Gahouchi, Géradon, Gillot, Gonzalez Moyano, Hazée, Henry, Imane, Kapompole, Lambelin, Leal Lopez, Lefebvre, Legasse, Martin, Moinnet, Morreale, Mottard, Moucheron, Onkelinx, Pécriaux, Poulin, Prévot, Ryckmans, Salvi, Sampaoli, Schyns, Simonet, Trotta, Vandorpe, Vienne, Warnier, Waroux, Zrihen. - Ont répondu non : Mmes et MM. Baltus-Möres, Bellot, Bouchez, Brogniez, De Bue, Defrang-Firket, Destrebecq, Dister, Dock, Dodrimont, Durenne, Evrard, Henquet, Jeholet, Knaepen, Lecerf, Lecomte, Maroy, Mouyard, Nicaise, Potigny, Tzanetatos, Wahl. - S'est abstenu : M. Puget, En conséquence, la proposition de résolution est adoptée. Il en sera donné connaissance au Gouvernement. CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DE L'ENVIRONNEMENT, DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET DES TRANSPORTS SUR LA PÉTITION POUR L'APPLICATION STRICTE DU PRINCIPE DE PRÉCAUTION EN CE QUI CONCERNE LES EFFETS NÉFASTES DE L'UTILISATION DE MICRO-ONDES MODULÉS PAR IMPULSIONS SUR LA SANTÉ DE LA POPULATION, PAR MM. HENRY ET DAELE (DOC. 355 (2015-2016) N° 1 ET 2) Votes nominatifs M. le Président. - Nous allons voter sur l'amendement portant sur les conclusions de la 79 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des transports sur la pétition pour l'application stricte du principe de précaution en ce qui concerne les effets néfastes de l'utilisation de microondes modulés par impulsions sur la santé de la population, par MM. Henry et Daele. (Doc. 355 (20152016) N° 2). - Il est procédé au vote nominatif. 70 membres prennent part au vote. 6 membres répondent oui. 64 membres répondent non. - Ont répondu oui : Mme et MM. Daele, Ryckmans, Warnier, Gillot, Hazée, Henry, - Ont répondu non : Mmes et MM. Antoine, Arens, Baltus-Möres, Bellot, Bonni, Bouchez, Brogniez, Collignon, Courard, De Bue, Defrang-Firket, Denis, Dermagne, Desquesnes, Destrebecq, Devillers, Dister, Dock, Dodrimont, Drèze, Dufrane, Dupont, Durenne, Evrard, Fourny, Gahouchi, Géradon, Gonzalez Moyano, Henquet, Imane, Jeholet, Kapompole, Knaepen, Lambelin, Leal Lopez, Lecerf, Lecomte, Lefebvre, Legasse, Maroy, Martin, Moinnet, Morreale, Mottard, Moucheron, Mouyard, Nicaise, Onkelinx, Pécriaux, Potigny, Poulin, Prévot, Puget, Salvi, Sampaoli, Schyns, Simonet, Trotta, Tzanetatos, Vandorpe, Vienne, Wahl, Waroux, Zrihen. En conséquence, l'amendement est rejeté. Nous votons alors sur les conclusions de la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des transports sur la pétition pour l'application stricte du principe de précaution en ce qui concerne les effets néfastes de l'utilisation de microondes modulés par impulsions sur la santé de la population (Doc. 355 (2015-2016) N° 1 et 2). - Il est procédé au vote nominatif. 70 membres prennent part au vote. 66 membres répondent oui. 4 membres s'abstiennent. - Ont répondu oui : Mmes et MM. Antoine, Arens, Baltus-Möres, Bellot, Bonni, Bouchez, Brogniez, Collignon, Courard, De Bue, Defrang-Firket, Denis, Dermagne, Desquesnes, Destrebecq, Devillers, Dister, Dock, Dodrimont, Drèze, Dufrane, Dupont, Durenne, Evrard, Fourny, Gahouchi, Géradon, Gillot, Gonzalez Moyano, Henquet, Imane, Jeholet, Kapompole, Knaepen, Lambelin, Leal Lopez, Lecerf, Lecomte, Lefebvre, Legasse, Maroy, Martin, Moinnet, Morreale, Mottard, Moucheron, Mouyard, Nicaise, Onkelinx, Pécriaux, Potigny, Poulin, Prévot, Puget, Salvi, Sampaoli, Schyns, Simonet, Trotta, Tzanetatos, Vandorpe, Vienne, Wahl, Warnier, Waroux, Zrihen. - Se sont abstenus : Mme et MM. Daele, Hazée, Henry, Ryckmans. En conséquence, les conclusions de la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des transports sont adoptées. Il en sera donné connaissance au Gouvernement. La séance est levée. Le Parlement ultérieure. s'ajourne jusqu'à convocation - La séance est levée à 18 heures 43 minutes. P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 80 LISTE DES INTERVENANTS M. André Antoine, Président M. Georges-Louis Bouchez, MR M. Christophe Collignon, PS M. René Collin, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Infrastructures sportives, délégué à la Représentation à la Grande Région M. Philippe Courard, PS M. Jean-Luc Crucke, MR Mme Valérie De Bue, MR Mme Virginie Defrang-Firket, MR M. Pierre-Yves Dermagne, PS M. François Desquesnes, cdH M. Carlo Di Antonio, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire, de la Mobilité et des Transports, des Aéroports et du Bien-être animal M. Benoît Drèze, cdH M. Yves Evrard, MR M. Dimitri Fourny, cdH M. Paul Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et de l'Énergie Mme Déborah Géradon, PS M. Frédéric Gillot, PTB-GO ! Mme Virginie Gonzalez Moyano, PS M. Stéphane Hazée, Ecolo M. Laurent Henquet, MR M. Philippe Henry, Ecolo M. Pierre-Yves Jeholet, MR M. Christophe Lacroix, Ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative M. Patrick Lecerf, MR M. Bruno Lefebvre, PS M. Dimitri Legasse, PS M. Paul Magnette, Ministre-Président du Gouvernement wallon M. Jean-Claude Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique Mme Christie Morreale, PS Mme Savine Moucheron, cdH M. Gilles Mouyard, MR M. Alain Onkelinx, PS M. Maxime Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine M. André-Pierre Puget, Indépendant Mme Hélène Ryckmans, Ecolo Mme Véronique Salvi, cdH M. Vincent Sampaoli, PS Mme Marie-Dominique Simonet, cdH M. Edmund Stoffels, PS Mme Éliane Tillieux, Ministre de l'Emploi et de la Formation M. Nicolas Tzanetatos, MR Mme Olga Zrihen, PS 81 P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 INDEX DES MATIÈRES – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – Aides régionales octroyées à Duferco Aides régionales octroyées à NLMK Allocations d'insertion Arrêté ministériel de reventilation des crédits budgétaires Centres de coordination des soins et de l'aide à domicile Conseil économique et social de la Wallonie Coparentalité Couleurs de l'écharpe d'échevin Cour constitutionnelle Cour des comptes Coût de la collecte des encombrants par les ressourceries Déclarations d'intérêt régional Démocratie citoyenne et participative Dorsale wallonne du Thalys Écocombis Effets néfastes de l'utilisation de micro-ondes modulés par impulsions sur la santé de la population Exportations agricoles Exportations d'armes Fonds Houtman Impact des grèves sur l'économie wallonne Institutions européennes Lampiris Liste des projets de décret adressés au Parlement par le Gouvernement Liste des rapports de commission Lutte contre le dumping social Lutte contre le radicalisme Lutte contre les violences féminines Maintien des services de proximité dans les zones rurales Participation des Régions aux journées diplomatiques Plan Hôpitaux Politique de relations internationales de la Région Présente de l'entreprise Fly au salon Consumer Electronics Show (CES) au Texas Protection de l'environnement Question urgentes Rachat de TNT Rapports de commission Réforme du permis de conduire Secteurs publics issus du domaine de l'eau Selor Sécurité routière Société de logements de Grâce-Hollogne Supercamions (supertrucks) P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016 82 ABRÉVIATIONS COURANTES APAQ-W AWEx AWSR CES CESW CMI COARM Cocof CPAS CPI DPC DPR EDF Evras FEB FedEx FEM FGTB FOREm GPS GRD GRIP GSM HORECA IPP ISSeP NEET OIP ONEM ONG ONOIP OTAN Selor SIRS SNCB SOGEPA SONACA SPP SPW SRIW SWL TGV TNT TPME UPS UWE WBI 83 Agence wallonne pour la promotion d'une agriculture de qualité Agence wallonne à l'Exportation et aux Investissements étrangers Agence wallonne pour la Sécurité routière Consumer Electronics Show Conseil économique et social de Wallonie Groupe Cockerill Maintenance et Ingénierie Informal Council Working Group on Arms Control (Exportations d'armes conventionnelles) Commission communautaire française centre(s) public(s) d'action sociale Conseil Parlementaire Interrégional Département de la Police et des Contrôles Déclaration de politique régionale Électricité de France Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle à l'école Fédération des Entreprises de Belgique entreprise et compagnie aérienne spécialisée dans le transport international de fret Fédération européenne des métallurgistes Fédération Générale du Travail de Belgique Office wallon de la Formation professionnelle et de l'Emploi Global Positioning System Gestionnaires des réseaux de distribution Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité Global System for Mobile sigle du secteur de l'Hôtellerie, de la Restauration et des Cafés impôt des personnes physiques Institut scientifique de service public en Région wallonne Not in Education, Employment or Training (Ni étudiant, ni employé, ni stagiaire) organismes d'intérêt public Office national de l'emploi organisation non gouvernementale organismes d'intérêt public Organisation du Traité de l'Atlantique Nord Bureau de sélection de l'administration fédérale Service d'information et de recherche sociale Société nationale des Chemins de fer belges Société Wallonne de Gestion et de Participations S.A. Société nationale de construction aérospatiale services publics de programmation Service public de Wallonie Société régionale d'Investissement de Wallonie Société wallonne du Logement Train à Grande Vitesse Thomas Nationwide Transports Très petites et moyennes entreprises United Parcel Service Inc. Union Wallonne des Entreprises Wallonie-Bruxelles International P.W.- C.R.I. N° 9 (2015-2016) - Mercredi 13 janvier 2016