Dossier pédagogique disponible

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Dossier pédagogique disponible
photo : Thomas Delvaux
Dossier pédagogique
Théâtre des ZYGomars - 1, Rue R. Museu - 5002 Namur (Belgique) – www.zygomars.be
Tel : 00 32 (0)81/22 91 71
Fax : 00 32 (0)81/65 99 74 [email protected]
Direction : Pierre-Jean Lacroix ([email protected])
Avec le soutien de la Communauté Française Wallonie-Bruxelles
1
par le Théâtre des ZYGomars
Ce spectacle s’inscrit dans la continuité du travail du Théâtre des ZYGomars qui, depuis
2001, explorent avec quelques artistes complices différentes formes théâtrales en privilégiant la
rencontre des disciplines : marionnettes, jeu de comédiens, théâtre d’ombres, chant, danse et
création sonore ou musicale. Cette pluridisciplinarité emmène les spectacles de la compagnie au
cœur des enjeux et des questions d’aujourd’hui.
Le Théâtre des ZYGomars, un espace de rencontre et de débat avec les jeunes.
« + vite que tes yeux », un petit bout d’histoire européenne dans une création
artistique con temporaine
« + vite que tes yeux » est une rencontre-fusion entre le break, le théâtre, la vidéo et un DJ.
« + vite que tes yeux » c’est du break debout, au sol et même aux murs, mais aussi du scratching et des
projections qui décuplent le vertige des prouesses ou qui entraînent le break vers des territoires moins
attendus : la lenteur et la poésie, l’émotion et l’humour.
« + vite que tes yeux » c’est aussi l’histoire d’un danseur, ce qui l’a amené au break, ce que sont ses
bonheurs de danseur, mais aussi ses douleurs : quel avenir pour le danseur lorsque son corps ne suivra
plus ses envies, quel avenir pour l’homme quand son corps paiera la virtuosité de ses vingt ans en
arthroses et scoliose ?
« + vite que tes yeux » pose la question universelle de l’excellence : jusqu’où peut-on aller pour réussir
quelque chose dans sa vie ?
« + vite que tes yeux » c’est encore le parcours d’un Albanais du Kosovo, de ses choix et quelques
questions que pose cette immigration de l’Est.
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Pistes pédagogiques
Plutôt qu’un spectacle « thématique » ou « pédagogique », les ZYGomars et Jean-Michel
Frère ont intégré, à travers une forme artistique originale, différentes thématiques qui peuvent
être abordées et approfondies avec les jeunes spectateurs qui ont assisté au spectacle, d’après leur
âge (de 10 à 77 ans). Elles sont présentées en cinq chapitres :
1. La pluridisciplinarité des langages artistiques (page 4)
2. Le breakdance et la course à l’excellence (page 4)
3. Le DJing (page 12)
4. La guerre (page 14)
5. L’immigration (page 18)
3
1. Pluridisciplinarité des langages artistiques
L’originalité de ce spectacle réside dans le mélange entre plusieurs disciplines : le break, le
théâtre (construction d’un récit avec une unité de lieu et de temps), la vidéo et la musique live (un
DJ et une intervention musicale du danseur avec le Saz, instrument traditionnel turc).
En général, les spectacles de break ne contiennent pas ou peu de texte ou de réflexion.
On y voit des performances de danseurs, c’est tout.
Ici, Bashkim, en plus de nous offrir des figures et des solos de danse, nous parle de sa vie,
de son parcours, en tant qu’Albanais, que breaker et les questions qu’il se pose sur son statut, sur
son avenir.
« Est-ce que je le saurai quand il sera temps
de m’arrêter à temps ?
Est-ce que je le saurai avant le public ?
avant que tout le monde se dise :
celui-là il est trop vieux. »
(extrait de « + vite que tes yeux »)
2. Le breakdance
Origines et figures
La culture Hip Hop est née dans le courant des années ’70 dans le South Bronx (NewYork), des quartiers particulièrement défavorisés et violents où les gangs s’affrontent à coups de
battes de base-ball, au couteau, voire au bazooka.
Cette culture naît donc dans la rue et dans ce contexte de violence, avec pour programme
de tourner les énergies négatives des individus en énergies positives, de créer pour s’épanouir.
Quatre disciplines artistiques, quatre moyens d’expression seront « officialisés » par la culture Hip
Hop : le Rap (pour le chant), le DJing ses scratches et ses mixes (pour la musique), les graffitis
(pour l’art plastique) et le breakdance (pour la danse).
Un danseur de break est donc un danseur Hip Hop, puisque son mode d’expression
s’inscrit plus globalement dans le mouvement Hip Hop.
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! Etymologie et définition
Etymologiquement, le mot anglais « breakdance » nous vient de l’univers du jeu vidéo !
En effet, les pionniers du break avaient l’habitude d’imiter les animations lentes et saccadées des
premiers jeux vidéo. Parfois on utilise aussi le terme « smurf » à cause de ces danseurs qui
portaient de longs bonnets et des gants blancs de Schtroumpfs !!! Mais les puristes vous diront
plutôt « B.Boying », pour Boogie down Boy…
Pour en venir à la définition du breakdance, disons qu’il n’en existe pas une mais
plusieurs. Une large serait de dire que le break ressemble à un best of, à une collection d’idées et
de mouvements qui vous attirent personnellement. C’est pour cela qu’on y retrouve des
influences et des styles parfois fort différents : gymnastique, capoeira* 1, kung-fu, yoga, aérobic…
et toutes les danses en général. Ainsi, il n’y a pas de règles dans le break : tout est bon et tout peut
faire un bon mouvement. Vous l’aurez deviné, l’imagination est ici très importante : c’est elle qui
permet de faire la différence entre un bon danseur et un danseur d’exception ! Mais plus encore
que l’imagination, c’est la motivation et la patience qui détermineront si vous deviendrez B.boy*
ou pas. Car avant de maîtriser les mouvements de base, il se passe des années de souffrance et de
sacrifices. C’est là que joue l’importance de la cohésion de groupe pour se soutenir les uns les
autres ; quand on évolue seul, on est vite tenté d’abandonner dès la première difficulté.
De fait, le breakdance est à la portée de tout le monde : filles et garçons, jeunes et moins
jeunes… suffisent la volonté et des entraînements réguliers (il vaut mieux s’entraîner 30 minutes
par jour que 8 heures d’affilée un jour par semaine). Bref, des douleurs et de la sueur mais quel
bonheur quand on parvient à jongler avec les bases pour se lancer dans des enchaînements
interminables ou inventer des jeux de jambes incompréhensibles !!! Bien plus que des mots sur le
papier, c’est une vidéo (et encore !) qu’il faudrait pour illustrer la magie, la puissance et la maîtrise
de soi que dégage l’art du sacré B.Boying !!!
« Mais quand j’ai vu les autres...
ils se blessaient, ils se brûlaient,
et ils continuaient à se lancer dans tous les sens,
je me suis dit :
pourquoi pas moi ?
1
Les mots suivis d’une * sont définis dans le lexique
5
Moi aussi je peux le faire !
Moi aussi je peux prendre des coups et ne pas pleurer !
Moi aussi je peux déchirer grave !
Moi aussi je peux réussir quelque chose dans ma chienne de vie ! »
(extrait du spectacle)
! Technique
Côté technique, il existe deux tendances principales dans le breakdance : le travail debout
et le travail au sol. Parmi les dizaines de styles de danse debout, citons : l’electro-boogie*, le popping*,
les lockings*, les waves*, l’uprock*, etc. Le tout enrichi d’un mélange de pas nés des écoles classiques,
jazz ou autres.
Le travail au sol se divise en deux catégories : les power moves* et le footwork*.
-
Les power moves sont surtout des mouvements empruntés à la gymnastique :
ciseaux (rotation des jambes, appui sur les épaules), le cheval d’arçons (rotation de
jambes, appui sur les mains), le headspin*, le backspin*, etc. Pour celui qui maîtrise
ces bases, on peut imaginer toutes les combinaisons d’enchaînements possibles !
-
L’autre volet du travail au sol est donc le footwork : les jeux de jambes. C’est ici
que le danseur peut donner libre cours à son inspiration et à sa créativité :
démarrer en six-steps* avant de revenir en freeze* pour finalement repartir sur le
dos et remonter en action*… !! On verra ainsi des breakers exploiter
principalement les emprunts à la gymnastique pendant que d’autres joueront plus
sur le feeling des jeux de jambes.
Mais quand on vient à parler du break, on ne peut se contenter des efforts physiques… il
faut également parler du mental, qui a une place d’honneur au royaume du Hip Hop. Car avant
de se lancer dans des positions et des mouvements pour le moins inhabituels, il faut pouvoir les
comprendre, les imaginer en 3D dans sa tête puis finalement se mettre dans la peau d’une de ses
idoles et laisser son corps faire le reste !! Et puis être bien dans sa tête, c’est être bien dans son
corps.
6
! Mode de vie et reconnaissance
Ainsi, le breakdance représente davantage que le simple fait de danser : il représente un
véritable mode de vie, une façon de penser, de s’habiller, d’écouter de la musique… de parcourir
le monde pour rencontrer celles et ceux qui partagent la même passion !
« A cet instant, tu ne cherches plus à comprendre,
tu ne penses plus,
tu te jettes dans le mouvement,
il n’y a plus rien qui compte,
que la sensation du mouvement,
la sensation du mouvement fini,
du mouvement parfait. »
(extrait du spectacle)
Le breakdance n’a jamais été aussi puissant et aussi bien structuré qu’aujourd’hui. On
breake dans le monde entier, du Japon en Afrique du Sud. Longtemps confiné dans l’ombre du
Rap et du DJing, le break prend désormais sa revanche et envahit l’espace médiatique.
On le reconnaît comme une discipline artistique à part entière, un langage novateur et
pertinent (aux débuts du break, l’attitude était totalement condescendante : « c’est des jeunes, ils
sont fous » ou « mieux vaut qu’ils s’occupent à ça, pendant ce temps, ils ne font rien de mal »).
Ses acteurs ont acquis l’expérience et la maturité qui leur faisaient défaut dans les
années’80 et de nombreux groupes sont devenus des compagnies de danse professionnelles qui
enflamment les théâtres du monde entier. D’autres ont été intégrés au sein de compagnies de
danse contemporaines, enrichissant les chorégraphies dans toutes leurs dimensions (la compagnie
Montalvo-Hervieu par exemple)
(d’après un texte de Guillaume Roose, Namur Break Sensation)
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Lexique
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D.J. : Dee Jay, Disc Jockey
-
Old School : la vieille école, le style des débuts…
-
Capoeira : art martial (maquillé en danse) des esclaves brésiliens
-
B.Boy (ou B.Girl) : de B.Boying, à l’origine le nom du danseur de break, s’applique
aujourd’hui à tous ceux qui baignent dans le Hip Hop.
-
Electro-Boogie : casser, électriser son corps, se désarticuler pour imiter les robots boiteux des
vieux films S.F.
-
Popping : comme si le corps entrait en transe ; mouvement de dilatation, d’explosion du
corps (comme du pop-corn !)
-
Locking : rotation des poignets (ouverture-fermeture), pointer des directions
-
Waves : littéralement faire des « vagues » avec son corps…
-
Uprock : utilisé lors des défis ; combat pacifique sans se toucher, en mimant la lutte
-
Power moves : ciseaux, coupoles, turtles, swipes… des mouvements qui déménagent !
-
Footwork : faire des nœuds avec ses jambes tout en sachant les démêler après !
-
Headspin : tourner la tête
-
Six steps : technique de base du footwork qui consiste à faire un demi-tour sur soi-même en
six temps, mains et pieds au sol
-
Freeze : pause, phase arrêtée ; tenir en équilibre dans une certaine position
-
Action : se jeter sur le dos puis remonter sur les pieds par un coup de reins
-
Battle : défi, épreuve seule ou collective pour déterminer le ou les meilleurs danseurs
-
Moonwalk : le pas fétiche de l’ami Michael Jackson (reculer en donnant l’illusion de marcher
sur place)
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Le break « tue »
« Quand tu rentres dans le cercle, c’est pour dire :
Regarde-moi, bouffon,
Ouvre bien tes deux yeux, parce que ça va aller plus vite que tes yeux !
Bashkim est là,
Bashkim va t’en mettre plein les yeux.
Bashkim va te tuer. »
(extrait du spectacle)
Dans la langue des breakers, « tuer », c’est en réalité impressionner quelqu’un par un
enchaînement de pas et de figures spectaculaires. L’autre en reste baba ! Le breaker l’a tué (au
sens figuré) ! Il a réalisé un « massacre ». Rappelons-nous que le break sublime l’affrontement des
gangs et le transforme en affrontement dansé. Sans doute reste-t-il violent, mais cette violence est
symbolique et non physique.
Mais le break tue aussi dans la mesure où c’est une danse éprouvante et violente pour le
corps de celui qui la pratique. Ce point est particulièrement développé dans le spectacle et peut
éveiller la conscience des jeunes. Le public souhaite que le danseur en fasse toujours plus, pour
l’épater, lui donner plus de sensations. Si « + vite que tes yeux » peut éveiller chez certains l’envie de
faire du break, il leur montre également que c’est difficile et qu’il faut s’accrocher pour arriver à
de bons résultats.
Cela va à l’encontre de l’esprit de consommation où l’on obtient aujourd’hui tout ce
qu’on veut facilement.
« Le breaker est un corps.
Pas un être humain avec une cervelle, une personnalité ou des émotions.
Non ! Un corps,
des muscles, des nerfs, du sang et de l’eau.
Tout ce que le public demande au breaker,
C’est toujours plus d’exploits,
plus de performances, plus de risques.
Le breaker est un corps qui fait des choses magnifiques,
mais aussi un putain de corps qui souffre. »
(extrait du spectacle)
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Le dépassement de soi, l’excellence, les dangers de la
course à l’excellence
Bashkim a un objectif : danser. Il veut devenir un bon danseur, il veut que l’on parle de
lui « en bien », acquérir une identité sociale acceptable. Pour y arriver, il doit travailler, se
dépasser, continuer malgré les blessures.
Cette thématique peut s’élargir à tout objectif que l’on veut atteindre. Si l’on veut devenir
bon dans un domaine, il faut travailler, faire des efforts, donner le meilleur de soi-même.
Certains pour réussir acceptent de sacrifier à l’excellence leur corps, leur vie de famille, …
Alors, la course à l’excellence, un bien ou un mal ?
De nombreux parallèles peuvent être réalisés entre le danseur de break et le sportif de
haut niveau. On a pu voir plusieurs footballeurs décéder d’arrêts cardiaques avant 25 ans. Le film
« Million dollar baby » nous montre combien la carrière d’un boxeur peut être courte et combien
les suites peuvent être tragiques.
Comme pour le breaker, on a tendance à pousser les sportifs de haut niveau toujours plus
loin dans leurs performances, sans penser à leur avenir.
« Le boxeur foutu perd bien plus que son corps,
bien plus que sa fierté.
Il se rapproche de la misère dont il est sorti. »
Muhammad ALI
(cité dans le spectacle)
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Illustration
Kim Clijsters prendra sa retraite en février 2008, à 24 ans. Or aujourd’hui, elle se dit déjà
usée physiquement.
« La gran de fatigue des stars du tennis
L’histoire propose parfois de curieuses coïncidences. A Melbourne, théâtre depuis lundi de l’Open
d’Australie de tennis, Kim Clijsters, bien mal en point malgré sa victoire au premier tour, a évoqué le phénomène
d’usure dont était victime son corps d’athlète.
« Mon corps est usé. On joue beaucoup et le tennis est devenu si
explosif, si puissant. Or le corps n’est pas fait pour ça. Avec mes grands
écarts notamment, je mets une trop forte pression sur les articulations
et les disques. Avant, les douleurs passaient après deux jours parce que
j’étais plus jeune. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. »
Une heure plus tard (re)montait sur le court central Martina Hingis, une fille qui arrêta sa carrière il y a
quatre ans. La Suissesse avait alors 22 ans. Victime d’une blessure au pied, la plus jeune n°1 mondiale de
l’histoire cessa toute activité après seulement huit années d’une carrière riche de quarante titres, dont cinq du Grand
Chelem. Epuisée mais aussi lassée de voir des filles plus robustes qu’elle (les sœurs Williams en tête) briser son
tennis de cristal, Hingis avait exprimé le souhait de se retirer pour, dit-elle alors, respirer enfin.
Clijsters a annoncé son retrait de la compétition pour février 2008. Elle aura alors…24 ans et neuf ans
de carrière dans le rétroviseur. Mais au vu de ce qu’elle a déclaré mardi en Australie, il y a lieu de se demander si
sa sortie de sera pas accélérée. Blessée à la hanche, puis au dos, le championne de Bree, guère aidée par son style de
jeu terriblement physique, reste sous la menace d’un forfait qui peut intervenir à tout moment.
Mais si l’on y réfléchit bien, la Limbourgeoise souffre depuis deux ans de blessures à répétition. En juin
2004, elle passa même sur le billard pour réparer un tendon au poignet. Autant de coups d’arrêt qui demandent
beaucoup de sacrifices pour revenir au sommet.
Hingis et Clijsters, deux exemples parmi beaucoup d’autres (une certaine Justine Henin notamment) de
filles victimes des cadences infernales imposées par un circuit de tennis qui refuse toujours de ralentir le rythme
effréné des tournois pour ne perdre aucun denier.
Doit-on pour autant plaindre les stars de la raquette ? Après tout, elles restent libres de leurs faits et
gestes. Et au vu des fortunes qu’elles amassent, ce serait indécent. Simplement, qu’on ne s’étonne pas de voir les
blessures continuer à se multiplier. C’est ce qu’on appelle la rançon de la gloire. »
Paolo Leonardi (Le Soir, Mercredi 18 janvier 2006)
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Le DJ-ing
Le DJ, pour : « disc jockey » (d’où : « DJ-ing » pour la discipline), est à l’origine la
personne qui tient le micro et intervient en direct sur la version instrumentale d'un disque dans
les sound systems de musique reggae.
Aujourd'hui, et dans le sens large, le DJ est celui qui sélectionne et fait passer des disques
sur ses platines (vinyles ou CD, parfois MP3). On trouve ce métier principalement dans les boîtes
de nuit, mais aussi parfois dans certains bars et dans les fêtes de musique techno ou les raves. Il
peut simplement enchaîner les morceaux de musique les uns après les autres en fonction des
envies des auditeurs ou bien modifier ou superposer deux musiques (ou une musique et une
version a capella) et faire preuve de créativité et d’inventivité, voire utiliser des machines ou des
ordinateurs pour refondre entièrement le morceau utilisé. Dans tous les cas, une bonne oreille et
le sens du public sont nécessaires à l'exercice de ce métier.
Le rôle du DJ a pris tellement d'ampleur qu’aujourd’hui, il est reconnu comme un
musicien à part entière, il est passé du simple rôle d’exécutant à celui de créateur.
Dans le Hip Hop, le DJ accompagne en général le MC (Master of Ceremony, le « rappeur »)
en « scratchant », c'est-à -dire en modifiant la vitesse et le sens de lecture des platines vinyles, en
« frottant » le sillon de musique sous le diamant de lecture, afin de déformer et de rythmer les
sons existants ! Cette déformation de sons se couple à l'utilisation sur la table de mixage (élément
central) d'un Fader ou Crossfader. Cet élément permet le passage du son d'une platine à l'autre et
de couper le son d'une des deux platines.
Les pratiques musicales du DJ :
•
Scratch : utilisation d'un Fader Ou Crossfader pour découper le son enregistré sur le
vinyl, de manière à le transformer et à le rendre plus rythmé et/ou incisif.
•
Fondu-enchaîné : la fin d'un morceau de musique est mélangée avec le début du morceau
suivant de manière à assurer une transition progressive.
•
Le mixage : les disques sont synchronisés manuellement à l'aide des réglages de vitesse
des platines et sont mélangés avec diverses variations, portant notamment sur les
égalisations (niveau des fréquences graves, médium et aiguës), ainsi que sur l'utilisation
des Faders et Crossfaders.
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Les disques sont enchaînés de plusieurs façons :
•
soit en scratchant (principalement utilisé en Hip-Hop et en Rap)
•
soit en mélangeant (mixant) progressivement les deux titres : on appelle alors cela un
fondu-enchaîné (fade ou crossfading);
•
soit en mélangeant (mixant) progressivement les deux titres, et en calant le tempo du
premier morceau (en réglant sa vitesse, on parle aussi de pitch), on parle alors de mix dans
le tempo (beatmix).
•
soit en jouant le deuxième titre juste après le premier (un cut) ; en fait, le premier
battement du deuxième titre (premier beat) est joué en même temps que le dernier beat du
premier.
Cependant, certains musiciens se disent également DJ du fait qu'ils utilisent les mêmes
outils, bien que ce ne soit pas dans le but d'enchaîner des morceaux, mais bien d'en créer de
nouveaux à partir d'éléments de plusieurs supports musicaux. Le DJ-ing ne se fait pas toujours en
direct, ni face à un public. Certaines maisons de disques ne publient rien d'autre que les
réalisations en studio de DJ. Il existe aussi un championnat du monde des DJ, qui se rencontrent
dans différents types de catégories.
Le concept du DJ-ing s'applique également à la vidéo. Le « VJ » (visual jockey ou vidéo
jockey) enchaîne et superpose des images fixes et animées qui peuvent être projetées sur écran à
l'occasion de soirées ou de concerts, mais également, sur les chaînes télévisées musicales. Le
terme a d'ailleurs été élargi au simple présentateur d'émissions de telles chaînes du fait qu'il est
censé choisir les clips vidéo qui passent. De la même manière on parle de KJ (KaraJockey) pour
les animateurs de karaoké.
(page réalisée avec l’aide de Wikipédia)
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3. La guerre
Ce spectacle évoque la guerre en ex-Yougoslavie et donne donc l’occasion d’en retracer
l’histoire. Mais il donne plus particulièrement l’occasion de rappeler aux jeunes qu’éviter la guerre
demande une attention de tous les jours, qu’il ne faut pas se dire que ça n’arrive qu’aux autres,
que c’est très loin de chez nous.
Avec la guerre en Ex-Yougoslavie, on a vu que la guerre, il n’y a pas si longtemps que ça,
c’est arrivé près de chez nous.
« Il y a 15 ans, il y a eu la guerre, en Yougoslavie.
Vous étiez encore des bébés, et moi un petit gars de 12 ans,
quand des hommes se tuaient là,
à 1500 km de chez vous.
C’est pas loin, 1500 km !
C’est comme si on allait en vacances en Espagne...
Si on tendait bien l’oreille en Belgique,
on pouvait entendre les bombes et les mitraillettes en Yougoslavie.
Si on voulait… »
(extrait du spectacle)
! La guerre civile en Yougoslavie
Un peu d’histoi re
La « Grande » Yougoslavie, telle que nous l’avons connue au XXème siècle, n’existait que
depuis la fin de la Grande Guerre (1918). Elle a été construite artificiellement, à l’occasion du
démembrement de l’Empire Austro-Hongrois, en rassemblant des pays et peuples aux passés très
différents, aux cultures, langues et religions très différentes.
D’où de nombreux tiraillements jusqu’au moment où cela a vraiment explosé, après la
mort de l’homme fort du régime : le Maréchal Tito.
Le Kosovo est au centre de ces tiraillements, car Serbes et Albanais prétendent tous deux
(se basant l’un et l’autre sur toute une série de faits historiques très anciens) que le Kosovo est le
berceau de leur civilisation, et à ce titre le revendiquent territorialement.
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La gue rre
La plupart des pays qui formaient cette « Grande » Yougoslavie souhaitaient retrouver
leur indépendance. Croates et Bosniaques souhaitaient l’indépendance de la Bosnie. Mais celle-ci
est refusée par les Serbes qui proclament la République serbe dans les territoires sous leur contrôle
militaire.
Le 3 mars 1992, les Serbes de Bosnie provoquent une guerre civile d'une violence
exceptionnelle. Mieux armés, ils mettent en place une politique dite de «purification ethnique»
contre les Bosniaques qu'ils expulsent et assassinent en série. Des milliers de femmes musulmanes
sont violées, tandis que des milliers d’hommes, notamment les jeunes garçons, sont envoyés dans
des camps de concentration.
À l’automne de 1993, les Serbes de Bosnie contrôlent près de 70 % du territoire de la
Bosnie-Herzégovine, tandis que les Croates de Bosnie se mettent à combattre les Bosniaques qui
ont été jusque-là leurs alliés contre les Serbes (en secret, les présidents de la Croatie et de la Serbie
parlaient même de se partager la Bosnie). Puis l’ONU (avec les États-Unis) s’implique activement
dans le conflit et propose cinq plans de paix qui finirent par cautionner le fait accompli, c'est-àdire l'épuration ethnique et les conquêtes militaires des Serbes. Ce n'est qu'à partir de 1995, alors
que ceux-ci commencent à perdre du terrain, que la communauté internationale, sous l'initiative
des États-Unis, effectue des opérations militaires réellement efficaces contre les Serbes afin qu'ils
acceptent un accord de paix, qui sera finalement signé à Dayton (en Ohio) en novembre 1995 : ce
furent les accords de Dayton.
Les accords de Dayton ont eu pour effet d’entériner la partition de la Bosnie en deux
États ethniquement forts au sein d’un État unitaire faible et presque symbolique : la fédé ration
croato-musulmane de Bosnie-Herzégovine et la République Serbe de Bosnie.
15
Cependant, entre 1992 et 1995, plus de deux millions de gens sont devenus des réfugiés et
plus de 200 000 ont disparu ou sont présumées mortes. Plus d’un million de Serbes, de Croates et
de Bosniaques n’ont même pas encore quitté les camps de réfugiés ou les familles qui les avaient
accueillis en 1995.
Aujourd’hui, la Bosnie-Herzégovine est devenue l’un des pays les plus pauvres d’Europe.
La guerre a dévasté une grande partie des terres arables et empêché les agriculteurs de cultiver
leurs terres. La majeure partie des industries se trouvent dans les régions occupées par les Serbes
et près de 80 % de celles-ci ont été détruites. Entre 1992 et 1995, l'économie a été presque
entièrement paralysée et une grande partie des habitants du pays n'ont survécu que grâce à l'aide
internationale. L'inflation et le chômage ont atteint des sommets inimaginables.
! Et le Kosovo ?
Dans leur volonté de créer une « Grande Serbie », les Serbes ont toujours eu des
prétentions sur le Kosovo (voir plus haut).
A partir de 1989, et sous prétexte d’y mettre de l’ordre, les Serbes organisent une
répression terrible à l’encontre des Albanais du Kosovo.
Il faut attendre la nuit du 23 au 24 mars 1999 pour voir l’Organisation du Traité de
l’Atlantique nord (OTAN) déclencher contre la Yougoslavie une offensive aérienne, qui allait
durer soixante-dix-huit jours. Le 10 juin, les forces serbes se retiraient du Kosovo investi par la
force internationale mandatée par les Nations unies, la KFOR.
Si les Albanais du Kosovo voient prendre fin dix ans de répression serbe et si les réfugiés,
chassés pour la plupart après les bombardements, ont pu regagner leurs foyers, plus de 200 000
Serbes et Tziganes du Kosovo ont été, à leur tour, contraints de quitter la province.
Mais en 1999, M. Slobodan Milosevic est toujours au pouvoir à Belgrade et la guerre a
fragilisé la région, aggravé une situation économique déjà déplorable et fait planer la menace de
déstabilisations internes et régionales. A Mitrovica ou au Monténégro, en Serbie du Sud ou au
Sandjak, une explosion peut se produire à tout instant.
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Sept ans après les bombardements de l’OTAN du printemps 1999, le Kosovo représente
toujours le principal foyer de tension des Balkans. Les blocages politiques renvoient à des lectures
divergentes de son histoire : le Kosovo se situe à la croisée des mémoires antagonistes des
Balkans, la mémoire serbe et la mémoire albanaise, bien sûr, mais aussi celles de tous les empires
et de tous les peuples qui s’y sont croisés.
A priori, les positions des uns et des autres sont inconciliables. Les Albanais ne veulent
entendre parler que d’indépendance, une perspective inacceptable pour les Serbes. La place
occupée depuis plus d’un siècle par le Kosovo dans les imaginaires nationaux des deux peuples
est en effet largement surdimensionnée.
Les bombardements de l’OTAN du printemps 1999 avaient officiellement pour but de
faire cesser les exactions de l’armée et de la police serbes, qui répondaient elles-mêmes au
développement de la guérilla albanaise. Les Albanais ont néanmoins perçu l’engagement de
l’Alliance atlantique comme un soutien à leur revendication d’indépendance et ont accueilli les
soldats de l’OTAN comme des « libérateurs » ; ces derniers n’ont rien fait pour empêcher le
« nettoyage ethnique en retour » dont ont été victimes les Serbes et les autres communautés non
albanaises.
Les Nations Unies assurent aujourd’hui au Kosovo une administration intérimaire et S.
Milosevic vient de mourir en prison alors qu’il était accusé de crimes contre l’Humanité.
! L’indépendance du Kosovo ?
Si la communauté internationale devait s’engager vers une reconnaissance de
l’indépendance du Kosovo, un nouvel exode des quelque 100 000 Serbes qui vivent toujours là
serait fort probable.
En favorisant l’émergence d’un Kosovo exclusivement albanais, sans vouloir jusqu’à
présent en reconnaître formellement l’indépendance, la communauté internationale s’est
placée dans un terrible piège, qui risque de se refermer sur toutes les populations du Kosovo
et pourrait même entraîner la région dans une nouvelle spirale de violence.
! Pour aller plus loin…
Voir le film de Danis Tanovic : « No Man’s land »
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4. L’immigration
(Ce chapitre a été réalisé en partenariat avec le Centre d’Action Interculturelle de la Province de Namur.)
« Je m’appelle Bashkim,
Bashkim Topojani.
En albanais, Bashkim, ça veut dire : « ensemble »,
« nous deux », « toi et moi »...
Et Topojani, c’est le nom du village d’où vient ma famille.
Au Kosovo.
Vous connaissez le Kosovo ? »
(extrait du spectacle)
! L’immigration en général
Les pays d’Europe attirent de nombreuses populations très diversifiées du fait de la
mondialisation des échanges, de la persistance des liens coloniaux et de la déstabilisation politique
de nombreuses régions du monde.
Les principales causes des mouvements migratoires sont :
-
politiques
-
économiques, liées aux inégalités sociales
-
démographiques (déséquilibre Nord-Sud)
Les migrations vers l a Belgique
La population de l’actuelle Belgique est métissée depuis ses origines. Fruits des vagues de
peuplements successives, les Belges de souche sont en réalité les métis de ces différentes strates :
Gaulois, Germains, Romains, Francs, Juifs, etc.
Plus récemment et jusqu’en 1920, les migrants étaient en grande majorité des
ressortissants des pays voisins : Hollandais, Français et Allemands.
Entre 1921 et 1939 sont arrivées des populations d’Europe de l’Est (Pologne,
Tchécoslovaquie, Yougoslavie) et d’Italie, affectées au secteur charbonnier en quête de maind’oeuvre.
De 1946 à 1958 a eu lieu ce que l’on a appelé la « Bataille du charbon » afin de favoriser la
reprise économique et la reconstruction du pays. En 1946, le premier accord entre l’Italie et la
Belgique est signé. Sur deux ans, plus de 65000 ouvriers italiens arriveront en Belgique. En 1950,
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suite à la « catastrophe du Bois-du-Cazier », l’Italie remet en cause l’accord de 1946. La Belgique
s’adresse à la Grèce et à l’Espagne pour recruter de nouveaux travailleurs affectés à l’industrie
lourde et à la construction.
De 1962 à 1966 l’essor et la croissance économique obligent l’Etat à s’adresser à des
contrées plus éloignées comme le Maroc et la Turquie.
Durant les années ’70 et ’80 se maintiennent les flux migratoires anciens. On observe
aussi de nouveaux mouvements en provenance d’Amérique, d’Asie et d’Afrique noire.
Au cours des années ’90, les conflits et les guerres dans le monde, notamment en Afrique
et dans le Caucase, les génocides en ex-Yougoslavie et au Rwanda, poussent des milliers de gens à
l’exil.
Qu’il soit subi ou volontaire, le parcours d’immigration n’est jamais anodin. Il pose pour
celui qui arrive, pour celui qui accueille et pour les générations qui les suivent de nombreuses
questions renforcées par l’attitude de la société d’accueil et la recherche d’identité.
! L’immigration albanaise
La population albanophone mondiale est estimée à plus de 8 millions de personnes dont
les ! vivent en Albanie et en ex-Yougoslavie.
Histoire
La communauté albanaise en Belgique a évolué et grandi au fil des années. Sa présence est
liée à plusieurs réalités migratoires très complexes : l’immigration de travailleurs et le mouvement
de réfugiés de guerre.
-
L’immigration de travailleurs peu qualifiés et destinés notamment aux charbonnages, suite
à l’appel de la Belgique, dès la fin de la seconde guerre mondiale, et l’immigration des
familles de ces travailleurs constituent des phénomènes migratoires anciens. Ici, il s’agit
essentiellement de personnes de nationalité yougoslave (10% sont albanophones).
-
Des immigrants ou des réfugiés sont également arrivés directement de l’Albanie dès 1946,
d’abord, suite à l’instauration du régime communiste en Albanie. Ce flux s’est arrêté en
1948 à la fermeture des frontières albanaises, mais une mini communauté albanaise est
présente en Belgique depuis cette époque : les mosquées albanaises de Bruxelles et de
Namur, notamment, en attestent. Ces quelques familles et intellectuels fuyant le régime
communiste albanais qui se sont installés en Belgique après la seconde guerre mondiale,
se sont bien stabilisés dans le pays.
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-
Vers les années ‘70, une première réelle vague d’émigration, surtout économique, par les
Albanais de Kosovo et de Macédoine dura pendant de nombreuses années.
-
Après les années ’90 suit une deuxième vague d’émigration politique, due à la suppression
du statut de région autonome de Kosovo à l’intérieur de la Yougoslavie et la répression
continue des droits fondamentaux des Albanais par les Serbes.
-
Vient enfin la troisième vague massive d’émigration, la plus récente, celle liée à la guerre
au Kosovo en 1999.
Le mouvement des réfugiés occasionné par les guerres yougoslaves a alimenté de manière
extrêmement massive la présence albanophone en Belgique. Cette dernière apparaît avec la Suisse
et l’Allemagne le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés de l’Albanie et du Kosovo.
Les réfugiés Albanais et Kosovars constituent un des groupes les plus importants accueillis en
Belgique. Celle-ci est par ailleurs engagée militairement dans les forces de l’ONU en exYougoslavie.
Au moment de l’embrasement du conflit au Kosovo en 1999, ce ne sont pas moins de
13000 réfugiés qui ont été accueillis par la Belgique, la plupart avec un statut temporaire.
Reconn aissan ce du statut
Le taux de reconnaissance officielle du statut de réfugié est extrêmement bas pour les
personnes venant des Balkans. Selon le rapport 2000 du Centre d’Accueil le « Petit Château », du
1er février 1988 au 31 décembre 2000, seulement 6% des demandes de reconnaissance introduites
par les Albanais et les Kosovars, examinées par l’Office des étrangers ont abouti à une
reconnaissance. En comparaison, 78% des dossiers introduits par des Rwandais, 66% des
dossiers burundais, 39% des demandes afghanes rencontrent l’approbation de l’Office des
étrangers.
Les demandeurs rejetés peuvent introduire des recours. Lorsque ces recours sont épuisés,
ils reçoivent l’ordre de quitter le territoire. Dans certains cas, ce sont les forces de l’ordre qui
contraignent les demandeurs à quitter le pays. L’ordre de quitter le territoire n’est pas toujours
accompagné d’un acte policier. Aussi, une partie des personnes déboutées de leur demande d’asile
versent dans la clandestinité ou changent de pays.
La présence albanophone en Belgique doit correspondre environ à 35000 personnes
ventilées comme suit :
-
des immigrants de longue date et des descendants d’immigrants naturalisés ou non (1550
personnes originaires de l’ex-Yougoslavie, dont principalement le Kosovo)
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-
des réfugiés arrivés après 1987 : 28100 Kosovars, 1575 personnes originaires d’autres
zones de l’ex-Yougoslavie et 7218 Albanais.
Rem : Environ 6000 de ces personnes ont maintenant quitté la Belgique.
On constate que près de 90% de cette population est présente en Belgique comme
demandeur d’asile et 70% est constituée de personnes originaires du Kosovo, 15% d’Albanie. La
question albanophone en Belgique se résume donc principalement aux problématiques touchant
la population réfugiée kosovare.
Intégration
Vu l’histoire des Albanais et la position géographique des territoires albanais dans un
carrefour des civilisations entre l’Orient et l’Occident, leur situation entre la religion musulmane
et la religion chrétienne et orthodoxe, on pourrait dire que ce peuple est marqué par l’esprit de
tolérance et de respect de l’autre. Tout en faisant preuve d’une réelle volonté d’intégration dans la
société belge, la communauté albanaise est très attachée à ses racines, à sa langue, à sa culture et à
ses traditions. La structure familiale est encore organisée de manière clanique, avec de grosses
familles.
On constate que les réfugiés entretiennent peu de relations avec les habitants de leur pays
l’accueil. Bien que dispersés dans une nouvelle géographie, ils établissent assez rapidement des
contacts entre eux, selon les régions d’origine, les familles, etc.
Un des problèmes majeurs rencontrés par la communauté albanaise dans son intégration
est celui d’enfants du cycle primaire qui ne connaissent pas suffisamment la langue française pour
suivre normalement les cours. Cette situation est inhérente à trois facteurs : l’arrivée de leur
famille en milieu d’année scolaire, le manque de classes de cours intensifs de français et le refus
de certains parents de mettre leur enfant à l’école maternelle sous prétexte qu’il risque d’oublier sa
langue maternelle. En outre, certains parents ont beaucoup de mal à suivre la scolarité de leurs
enfants.
Pour une partie des personnes de la première génération, un dilemme reste toujours à
l’esprit : construire son quotidien ici et garder à l’esprit le projet de pouvoir un jour rentrer chez
soi. Tous ces symptômes sont transmis aux autres générations : la peur de perdre son identité, sa
langue, ses coutumes. Une fois les parents partis, toute cette construction peut basculer au
détriment de la santé mentale des jeunes qui n’ont plus de modèle, de point de repère.
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Violen ce chez les jeu nes
Ces migrations de l’est sont assez récentes et liées à des conflits violents dans les pays et
régions d’origine. Il s’agit dès lors d’une population particulière par son histoire nationale et
familiale, mais aussi d’une population mal connue des structures d’accueil et d’insertion des
jeunes dans le pays d’accueil. Plus encore, pour diverses raisons, ces familles sont parfois
installées dans des régions qui comptent traditionnellement peu d’immigrants : elles partagent
dans certains cas un contexte spécifique d’implantation (par exemple à Huy et à Namur). Des
difficultés d’insertion et des comportements qualifiés de violents sont mentionnés ça et là pour
les jeunes immigrés.
« Mon arrivée en Belgique ?
Je connaissais personne.
Mais ça a été très vite,
Tout de suite j’ai fait ma première rencontre…
Monsieur ! Papiers, s’il vous plaît.
La Police, évidemment !
Pas de papiers !
Z’avez quel âge ?
12 ans !
Vous allez où ?
Faire un tour ! à minuit ! à 12 ans ! »
(extrait du spectacle)
Ils viennent d’un pays en proie à des troubles politiques et des conflits armés. La
migration a souvent été vécue dans l’urgence, la précipitation, l’incertitude et l’illégalité. La
plupart ont dû tout quitter dans l’urgence et la précipitation, chassés par la police ou l’armée
serbe. Leurs maisons ont été détruites et ils ont été détroussés de leurs biens, sans parler des
violences physiques qu’ont subies certains membres de leur famille. Certains ont transité par des
camps de réfugiés en Macédoine ou en Albanie avant d’arriver en Belgique.
Si leurs parents ont des références aux régimes préexistants liés au bloc de l’Est, les
jeunes, eux, ont surtout connu les mouvances chaotiques des années ’90, puis le choc des conflits,
des crises économiques et des répressions violentes. Ce sont, pour la plupart, les parents qui ont
pris la décision d’émigrer, craignant pour leur vie et celle de leurs proches. Au manque de
référence sociale s’ajoute alors souvent, pour ces jeunes, un traumatisme dû aux conditions prémigratoires et à celles qui ont prévalu lors de leur fuite. Comment se module leur identité au
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travers de ces histoires qui s’entrechoquent, de ces cultures qui se rencontrent souvent de
manière inégale et violente, de ce stress qui les habite ?
Les jeunes Albanais et Kosovars sont souvent perçus par les intervenants sociaux et
agents municipaux comme « agressifs ». Les jeunes Kosovars sont par ailleurs présentés comme
ayant une « insertion scolaire difficile ».
« Ma deuxième rencontre, c’était avec une certaine... Kallach !
Kallach Nikof. (…)
J’ai traîné avec elle jusqu’à mes 16 ans,
je l’avais rencontrée quand j’avais 12 ans.
Mais là, j’en avais un peu marre...
Partout où on allait, elle laissait des traces.
Et puis, chez moi, on dit :
(en albanais)
Dis-moi avec qui tu es, je te dirai ce que tu es. »
(extrait du spectacle)
La re ligion
« C’est la honte si quelqu’un y te voit !
Un Musulman, ça ne danse pas.»
(extrait du spectacle)
Les Albanais, s’ils se disent musulmans dans leur majorité (70%), pratiquent peu ou ne
fréquentent que rarement une mosquée. Environ une famille albanaise sur trois est de culture
orthodoxe ou catholique. Mère Thérésa, par exemple, était d’origine albanaise.
En 1967, le régime communiste en Albanie a fermé tous les lieux de culte et la pratique de
toutes les religions fut totalement interdite. Ce n’est qu’après les années ’90 que la restauration
des lieux de culte et la pratique des différentes religions ont été rendues à nouveau possibles. On
constate que le sentiment religieux des jeunes d’Albanie est beaucoup moins prononcé que celui
des Kosovars ou des Albanais de Macédoine. Cette différence paraît comme évidente tant dans
les pays d’origine qu’en immigration, dans la tenue vestimentaire des femmes et lors des fêtes
religieuses, notamment au mois du Ramadan. En effet, la pratique des cultes était nettement
moins pourchassée en ex-Yougoslavie, comparativement au cas albanais.
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L’Equipe
Projet et mise en scène : Jean-Michel Frère
Interprétation : Bashkim Topojani et D.J. Gregg
Scénographie : Marcos Vinals Bassols
Construction décor : Robert Gijsemberg
Lumière : Maroussia Buysse et Martin Daix
Vidéo : Xavier Istasse
Régie : Martin Daix et Julie Bekkari / Aide au montage : François Delwiche
Affiche : Jean-Claire Lacroix et Julie Doutrelepont (infographie)
Photos : Thomas Delvaux et Pierre-Jean Lacroix
Réalisation du dossier pédagogique : Stéphanie Gervy
Administration : Véronique Deza
Direction artistique et administrative et éditeur responsable : Pierre-Jean Lacroix
Avec la collaboration du Théâtre de Namur et la complicité de la Compagnie Victor B.
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2004-2005 : « + vite que tes yeux »
« Hiéris »
2003-2004 : reprise d’ « éléfantino »
2002-2003 : « Une Nuit de Février »
« Gepetto »
« éléfantino »
2001-2002 : « Le jour où les moules auront des dents »
A venir :
2005-2006 : projet « Prince E » (titre d’atelier)
« Petites histoires de cœur »
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