RELATIONS SEIGNEURS ET PAYSANS

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RELATIONS SEIGNEURS ET PAYSANS
LES RELATIONS ENTRE SEIGNEURS ET PAYSANS
(M. Papillon, GPRC)
A la fin de ce travail, vous répondrez par une phrase à la question suivante : Quelle relation y a-t-il entre les
seigneurs et les paysans ?
1 - L’ORGANISATION D’UNE SEIGNEURIE
« La réserve comprend la maison seigneuriale avec ses dépendances ; onze bonniers* de prairie, deux cents
bonniers de terre arable et cinquante bonniers de terres incultes. Il y a en outre vingt-quatre manses, chaque
manse ayant une superficie de douze bonniers. Les onze serfs qui vivent dans des manses doivent trois jours de
travail par semaine sur le domaine (réserve) ; il y a avec eux douze femmes serves qui doivent filer douze
mesures de lin. Les autres tenanciers sont libres. Ils doivent travailler deux jours par semaine sur la réserve et
leurs treize femmes ont à filer six mesures et demies de lin ».
D’après le Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Bertin (Pas de Calais) (XIIème siècle)
* un bonnier vaut environ un hectare.
La Seigneurie, terre du seigneur, est constituée de deux parties principales mises en cultures. Lesquelles ?
(Soulignez-les en vert dans le texte)
Par qui le domaine propre au seigneur est-il mis en valeur ? ………………………………………………………..
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Quelles sont les deux catégories de paysans ? (Soulignez-les en bleu dans le texte)
La part de travail hebdomadaire que chaque catégorie de paysans doit consacrer à la mise en valeur de cette
terre est-elle équivalente ? Pour qui est-elle plus importante ?
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Les paysans ont-ils le droit de ne pas effectuer ce travail ? Justifiez votre réponse en soulignant le verbe qui le
montre en rouge.
Qui sont les personnages représentés sur cette miniature ? ………………………………………………………….
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Que font les paysans ? …………………………………………………………………………………………………….
Que font les autres ? Que tient le personnage debout près des paysans ? Pourquoi ?......................................
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UN STATUT PARTICULIER : LE SERVAGE
« Ceux qui sont nés de mère serves sont serfs. Certains aussi se vendent. Quand quelqu’un tombe en état de
pauvreté, il implore son seigneur et lui dit : « Vous me donnerez tant, et je deviendrai votre serf. »
D’après Philippe de Beaumanoir, coutume de Beauvaisis, XIIIème siècle.
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Comment devient-on serf ?
« Stéphane, fils d’Alembert, et ses frères vendirent aux moines de Saint-Cyprien de Poitiers des hommes qu’ils
avaient achetés. C’étaient Jean et son frère Bertrand, qui étaient fils de Constantin et d’Audeburge sa femme. Ils
les vendirent avec tous leurs enfants et descendants. Pour cela, ils reçurent 15 sous ».
D’après le Cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers, vers 1030
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Comment peut-on disposer des serfs ?
« Certains serfs se sont rebellés contre l’église et les moines de Saint-Arnoul. Forts de leur grand nombre et
d’une agitation de peuple, ils soutenaient qu’ils ne donneraient absolument plus les taxes à payer pour prendre
des épouses et lors des héritages. Ils affirmaient qu’ils prendraient des épouses libres sans aucune considération
pour le monastère et qu’ils donneraient leurs filles libres à des hommes d’ailleurs. Ainsi, ils se soustrayaient au
droit et à la servitude du monastère ».
D’après le Polyptique de l’Abbé Irminon, XIIème siècle
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Pourquoi les serfs s’opposent-ils aux moines ? Que refusent-ils de payer ?
2 – DE MULTIPLES DEVOIRS
« A la Saint-Jean (le 24 juin), les paysans de Verson doivent faucher l’herbe des prés du seigneur et porter le
foin au manoir. Après, ils doivent curer le canal.
En août, ils doivent moissonner les blés du seigneur et les porter à sa grange. Ils doivent le champart(1) sur
leurs terres. Ils le chargent sur leur charrette et ils le portent à la grange du seigneur.
Après vient le début septembre où ils paient le porcage : le vilain (2) gardera deux pourceau sur trois.
Et après vient la Saint-Denis (9 octobre), où les vilains sont tout étonnés qu’il leur faille payer le cens (4).
Après, ils doivent encore la corvée : quand ils auront labouré la terre du seigneur, ils iront chercher le blé dans
son grenier et ils devront le semer.
A Noël, ils doivent des poules.
A Pâques, ils doivent de nouveau la corvée. (…) ».
D’après La Complainte des vilains de Verson, XIIIème siècle.
(1) : Champart : une part de la récolte due au seigneur en échange de sa tenure.
(2) : Vilain : nom donné au paysan libre
(3) : Cens : taxe fixe versée par le paysan en échange de sa tenure.
Classez en trois catégories ce que les paysans doivent au seigneur :
Pourquoi les paysans doivent-ils verser ces redevances ? …………………………………………………………
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« Nos paysans de Villeneuve-Saint-George et de Valenton
* doivent moudre à notre moulin et nous donner le dixième
des grains moulus ; tous les hommes de Villeneuve doivent
cuire à nos fours et payer le fournage ; quiconque tient des
terres plantées en vigne doit conduire sa vendange à notre
cour pour le mettre à notre pressoir, et livrer le tiers de tout
ce qui a été pressuré ».
D’après un accord conclu entre le seigneur de l’Abbaye de
Saint-Germain-des-Prés et ses paysans (1249)
* Au sud-ouest de Paris.
Quels sont les trois instruments du seigneur ? Quelles
taxes les paysans doivent-ils verser pour leur
utilisation ?
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3 – LES POUVOIRS DU SEIGNEUR
Le seigneur n’est pas seulement un grand propriétaire foncier. Il s’est aussi emparé de pouvoir appartenant jadis
au roi. Il est aussi celui qui commande, juge et assure la sécurité de la population dans la seigneurie.
Un exemple : la justice du seigneur .
Situation pédagogique possible : le récit du professeur.
La justice d’un seigneur, Robert de Normandie – d’après Dudon de Saint-Quentin – De moribus et actis
primorum Normanniae ducum. XIème siècle
Robert fit proclamer dans toute la terre sous sa domination l’interdiction de se livrer au vol ou au brigandage. Il
interdit par ailleurs de rapporter à la maison les parties en fer des charrues ; il fallait au contraire les laisser au
champ.
Un paysan libre du village de Lonpaon laissa aux champs ses instruments de labour, et, à l’approche de midi,
revint chez lui pour manger. Son épouse se mit à lui reprocher aigrement d’avoir abandonné ses outils de
labeur ; après l’avoir longuement et durement accablé, elle sui servit à manger. Puis, pour l’effrayer et qu’il
n’abandonne plus ses outils, elle courut au champ, s’empara des courroies, du joug, du soc et du coutre, les
dissimula à la vue de son mari, et rentra chez elle comme si elle venait d’ailleurs. Le mari, repu, regagne son
champ, n’y trouve plus ses instruments de labour, retourne chez lui affligé et raconte la chose à son épouse.
Celle-ci s’emporte contre lui : « Bon à rien, va voir le duc Robert et réclame-lui ta charrue ! » Le paysan courut
aussitôt à Robert et lui raconte le vol de ses instruments ; celui-ci, aussitôt, appelle un prévôt : « Donne cinq
sous à ce paysan et va au plus vite au village pour t’enquérir par l’épreuve du feu de l’auteur du vol. » Le
domestique fit examiner par le feu tous les habitants du village, ne trouva pas le coupable et rendit compte au
duc. Le duc fit alors appeler le laboureur et lui demanda à qui il avait dit que ses instruments étaient restés au
champ : « A ma femme », répondit le paysan. On appela celle-ci, elle vint, et le duc lui demanda : « Qu’as-tu
fait du soc et du coutre de ton mari ? » Elle nia les avoir eus, puis longuement battue de verges, confessa le vol
à tous. « Savais-tu que c’était ta femme qui avait volé ? » demanda alors Robert au mari ; « je le savais »,dit-il.
« Alors tu mourras pour deux bons motifs, reprit Robert ; d’abord parce que tu es le chef de ta femme, et que tu
devais la châtier, ensuite parce que tu lui as prêté ton aide au lieu de la dénoncer » . Sur le champ, il les fit tous
deux pendre et mourir d’une fin cruelle.
Questions de compréhension :
Qu’est-ce que le seigneur interdit ?
Quels moyens utilise-t-il pour mener son
enquête ?
Quelles sont les peines infligées aux
coupables ?
Quels sont donc les pouvoirs du seigneur ?
L’exposition au pilori (enluminure, manuscrit latin du XIIIe siècle)
Pour punir un crime ou un délit, les seigneurs font payer des amendes
ou infligent des peines corporelles. Ici, le coupable est « exposé » au pilori,
têtes et mains entravées pendant un temps variable selon l’importance de la faute.
Ces pouvoirs permettent au seigneur de justifier la levée d’autres taxes en travail (ex curer les fossés, garde,…)
en argent (taille, péages ….)