FR_ARTMEDIAAGENCY_COM_À Drawing Now, l`art engagé

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FR_ARTMEDIAAGENCY_COM_À Drawing Now, l`art engagé
Date : 24/03/2015
Heure : 16:59:13
Journaliste : AMA
fr.artmediaagency.com
Pays : France
Dynamisme : 10
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À Drawing Now, l’art engagé
L’esprit du 11 janvier souffle aussi sur Drawing Now, où le directeur artistique de la foire, Philippe Piguet, a
organisé une exposition sobrement intitulée « Le dessin engagé ». Le commissaire s’explique : « Comme
peut-on s’appeler Drawing Now, et passer à côté de cette tendance forte du dessin apparue depuis les
malheureux attentats contre Charlie Hebdo ? Le crayon est devenu en quelques semaines un véritable
emblème de la liberté. »
S’ils sont récemment devenus des symboles de liberté pour le grand public, le crayon et le dessin ne
s’inscrivent pas moins dans une longue tradition de l’engagement politique. Sur quelques mètres seulement,
Philippe Piguet est parvenu à créer son anthologie du dessin contemporain engagé. Tous les formats, toutes
les époques, toutes les approches s’y mêlent, prouvant l’étendue et la vitalité de la pratique.
Ainsi les aquarelles bien connues de Erró, chantre de la figuration narrative, côtoient les dessins réalisés par
Yann Toma, artiste résidant à l’ONU en tant qu’observateur, et « croqueur » — tantôt partisan, tantôt ironique
— des politiques qui se pressent pour discourir aux Nations Unies. Un dessin d’Ernest Pignon-Ernest, à la
facture classique revendiquée, et une photographie de la sérigraphie qui en découle, tel qu’il l’a collée dans
la rue — série des « Cabines téléphoniques » — entre en écho avec les dessins de presse de Tomi Ungerer
qui exprime avec la simplicité de ses illustrations enfantines son dégout pour la guerre du Vietnam.
Citons également un accrochage de Barthélémy Toguo : des cartes postales que l’artiste a laissées à
des accointances dans divers théâtres de la violence mondiale — principalement en Afrique, au Nigeria
notamment — en leur demandant de lui renvoyer avec un mot. Un petit échange verbal et postal que l’artiste
a ensuite illustré dans son atelier, avec ses aquarelles si significatives. On peut ainsi lire sur l’une des cartes
« My dream is for Nigeria to change », accompagné d’une aquarelle de Barthélémy Toguo dévoilant une
main tendue. Vers quoi ?
L’esprit du 11 janvier donc, mais pas tant d’illustrateurs et de dessins de presse. Comme le souligne Philippe
Piguet : « Cette exposition n’est pas une exposition Charlie Hebdo, mais un événement consacré au dessin
contemporain. Les artistes plasticiens, eux aussi, sont engagés. » Et de s’appuyer sur un verbatim de
Picasso : « [L’artiste] est un être politique, constamment en éveil devant les déchirants, ardents ou doux
événements du monde, se façonnant de toute pièce à son image. »
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DESSIN2 242227398
Date : 25/03/2015
Heure : 11:26:17
fr.artmediaagency.com
Pays : France
Dynamisme : 12
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Drawing Now : Trois questions à Dominique Agostini
Dominique Agostini est collectionneur d’art contemporain, membre de l’ADIAF. AMA l’a croisé dans à
Drawing Now.
Comment trouvez-vous cette nouvelle édition de Drawing Now ?
Je viens depuis la première édition, qui se trouvait dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement. Je
pense que, cette année, Drawing Now signe une très belle édition, de bonne qualité et de bonne tenue.
En fait, j’ai trouvé cette édition assez homogène. Aucune galerie ne se situe en dessous du niveau général
de la foire, comme cela peut parfois arriver dans ces événements. Une très belle homogénéité, qui mêle
des artistes historiques à de jeunes artistes émergents passionnants, comme Lionel Sabatte (galerie C) ou
Maude Maris (galerie Isabelle Gounod).
Quel rapport avez-vous au dessin ? En quoi trouvez-vous ce médium spécial ?
À l’origine, je suis collectionneur d’art contemporain et de photographie, mais je m’oriente de plus en plus
vers le dessin.
Ce sont des œuvres uniques, et à une heure où tant d’oeuvres se reproduisent, c’est agréable. Surtout, on
retrouve la main de l’artiste, ce qui est touchant.
Plus personnellement, j’aime les petits formats J’apprécie la capacité qu’ont certains artistes à raconter
beaucoup de choses, dans un espace réduit. Une certaine condensation de la narration en fait. À cet égard,
j’ai vu un dessin de Jérôme Zonder (galerie Eva Hober) absolument magnifique. Cet artiste sait mêler les
grands formats et les petits formats avec brio.
Vous avez prévu d’acheter des travaux sur le salon ?
J’ai déjà acheté.
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DESSIN2 242291259
Date : 25/03/2015
Heure : 16:58:15
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Pays : France
Dynamisme : 12
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Abdelkader Benchamma, lauréat du prix Drawing Now
L’artiste Abdelkader Benchamma est lauréat de la cinquième édition du prix Drawing Now. Il a été désigné
par le comité de sélection de la foire réuni par Philippe Piguet — comprenant Colette Barbier, directrice de la
fondation Ricard, Aude Cartier, directrice du centre d’art contemporain La Maison des Arts de Malakoff, Elsy
Lahner, curatrice du musée Albertina de Vienne, Marc Donnadieu, conservateur au Lam de Lille, Sébastien
Peyret, collectionneur, et Andreas Schalhorn, conservateur au Kupferstichkabinett de Berlin—, accompagné
de Jean Papahn, représentant de SOFERIM, le principal mécène du prix, et Brett Littman, directeur du
Drawing Center de New York.
Le prix récompense un artiste de moins de 50 ans, présenté en focus sur le stand des galeries prenant part à
Drawing Now — un focus devant représenter 30 % du stand d’une galerie. Abdelkader Benchamma recevra
une dotation de 5.000 €, ainsi qu’un espace d’exposition lors de la prochaine édition de Drawing Now.
Si la galerie représentant Abdelkader Benchamma, FL Gallery, était présente pour la première fois sur le
salon, c’est déjà la troisième fois que les œuvres de l’artiste y sont présentées — par l’intermédiaire de la
galerie du jour-Agnès b (Paris) et de la galerie ADN (Barcelone).
Cathryn Boch, lauréate de la quatrième édition du prix, en 2014, présente jusqu’au 28 mars ses œuvres à
l’Observatoire du BHV (Marais, Paris).
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DESSIN2 242330075
Date : 25/03/2015
Heure : 23:21:34
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Pays : France
Dynamisme : 12
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Interview avec Abdelkader Benchamma, lauréat du Prix Drawing
Now 2015
Qu’est ce que cela vous fait d’avoir reçu le Prix Drawing Now 2015 ?
Je suis très ému et très content. J’ai eu la chance de pouvoir participer plusieurs fois à cette foire, quatre fois,
environ une année sur deux. J’ai donc pu voir comment elle a évolué et je me suis beaucoup rapproché de
certaines personnes qui travaillent ici, notamment Philippe Piguet, le directeur artistique de Drawing Now.
C’est encourageant de recevoir cette reconnaissance de la part du comité de sélection et je m’en réjouis.
Pourquoi avez-vous choisi le dessin en tant que médium ?
Je fais principalement des dessins, c’est vrai. Je trouve cela bien d’avoir une contrainte, de se poser une
limite. Cette contrainte peut justement créer un espace de liberté, car on se trouve obligé de trouver une
solution. L’essence du dessin s’inscrit dans la simplicité, et c’est cela qui me plaît. Les couleurs, je les trouve
parfois un peu trop artificielles, et donc moins intéressantes. Je pars souvent du dessin mais ce dernier peut
se nourrir et créer des liens avec d’autres médiums, tels que le récit, la sculpture ou encore l’installation. Le
dessin m’offre un espace de liberté dans lequel je peux choisir un sujet et le pousser vers un autre médium.
À partir des traits noirs et du papier blanc je peux créer un langage, explorer un nouveau vocabulaire.
Quels sont les matériaux que vous utilisez ?
Le papier, c’est l’essentiel.
Quel est votre processus de travail ?
Je travaille de façon très organique. Je dessine directement sur papier, sans faire trop d’esquisses. Je
réalise mes œuvres par groupes. Pendant des semaines je peux m’occuper d’un seul dessin sans toucher
à aucune autre pièce. Et puis il y a d’autres périodes où je monte tout en même temps, mes sculptures,
gravures, marbres…
Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos œuvres ?
J’étudie avant tout le flux, la transformation, toute matière dynamique. Mais j’explore également l’opposition
entre cette idée du mouvement et l’aspect solide, congelé. C’est cette dialectique qui m’intéresse. Dans
mes travaux je veux aussi tenter de capturer un moment : l’instant qui suggère un « avant » et un « après ».
Est-ce que vous avez été inspiré par d’autres artistes ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je travaille surtout seul et j’essaie de garder une distance par rapport aux autres artistes. Par contre, mes
sources d’inspiration sont multiples : des lectures de récits littéraires ou sur internet, des images scientifiques
et astrophysiques et des schémas. Ces sources nourrissent mes images. Pour mes marbres, par exemple,
je me suis inspiré de la Sainte-Sophie à Istanbul.
Quels sont vos projets pour le futur proche ?
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DESSIN2 242364120
Date : 25/03/2015
Heure : 23:21:34
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Pays : France
Dynamisme : 12
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En ce qui concerne mon travail, j’ai envie de continuer de creuser cet espace entre le vide et le rempli. Je
vais aussi faire un dessin mural, ce samedi, au Drawing Center de New York, qui va occuper encore plus
d’espace et qui sera visible pendant un an. Je vais être également présent à de nombreuses foires à venir,
telles que Art Brussels, Art New York et Art Dubaï.
Pouvez-vous comparer ces foires avec Drawing Now ?
Il est difficile de les comparer avec Drawing Now car ce dernier regroupe un seul médium… Il est vrai que
la foire Drawing Now représente et soutient davantage les artistes émergents, ce qui est une bonne chose.
Cette année, Drawing Now propose énormément de choses, même un peu trop à mon goût.
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DESSIN2 242364120
Date : 26/03/2015
Heure : 23:17:47
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Pays : France
Dynamisme : 13
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Amener l’art russe au public européen : une interview avec
Ekatherina Iragui
La Galerie Iragui a ouvert un espace à Moscou en 2008, après avoir commencé dans le Marais à Paris.
Son but est de promouvoir la diffusion de l’art russe et les artistes contemporains russes établis sur la scène
internationale. AMA a parlé à la directrice Ekatherina Iragui à Drawing Now 2015 des différences entre la
France et la Russie, du marché de l’art russe et de ce qui différencie le dessin russe des autres pays.
Est-ce votre première année sur Drawing Now ?
C’est notre deuxième fois. On est d’abord venu une fois quand la foire avait lieu au Carrousel du Louvre, où
nous avons partagé un stand avec une galerie parisienne. Nous attirons beaucoup l’attention cette année,
ce qui est très bien.
Est-ce que l’atmosphère de cette édition est différente ?
Oui, je dirais que c’est beaucoup plus professionnel. C’est d’un autre niveau cette année.
Notez-vous des différences entre tenir une galerie à Paris et tenir une galerie en Russie ?
En France, j’avais juste un espace d’exposition, pas vraiment une galerie, dans lequel j’organisais quatre
événements par an. Puis j’ai ouvert ma galerie à Moscou et il y a une incroyable différence entre les deux.
En Russie, tout est nouveau. Les artistes russes ne sont pas représentés assez à l’international et c’est
notre but d’y remédier. Nous voulons que les gens prennent conscience de l’intérêt de la scène artistique
contemporaine russe, qui reste peu connue en Europe.
Qu’est-ce qui fait la spécificité du dessin russe selon vous ?
À l’heure actuelle nous montrons les dessins d’artistes conceptuels russes, desquels beaucoup sont des
auteurs et des philosophes. Cela signifie que leur travail se rapporte souvent à la littérature et à la culture
russes plutôt qu’à de pure représentations visuelles. Cela rend leur travail plus complexe.
Vous pourriez nous en dire un peu sur le marché de l’art russe ?
La Russie a beaucoup de collectionneurs riches mais parce que cela reste relativement nouveau, ils
cherchent encore des moyens de confirmer cette richesse. Peu d’entre eux ont connaissance de la scène
artistique nationale, ce qui montre que l’attitude générale en Russie est différente. Le gouvernement ne
soutient pas l’art contemporain, ce qui en fait une initiative purement privée. Ce n’est pas aussi développé
qu’en Europe. Néanmoins, la mentalité de la société russe est en train d’évoluer.
Pensez-vous que le marché de l’art russe a souffert des mauvaises relations entre la Russie et
l’Occident dernièrement ?
C’est difficile à dire. J’ai vécu en France pendant longtemps et bien que j’habite actuellement à Moscou,
c’est une ville internationale. Il y a beaucoup d’expatriés là-bas, qui forment une grande partie de nos
collectionneurs. Ils veulent vraiment en apprendre plus sur le mode de vie et la culture russes à travers l’art,
alors ils soutiennent notre galerie. En Russie, un intérêt grandissant pour l’art contemporain se développe
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DESSIN2 242458115
Date : 26/03/2015
Heure : 23:17:47
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Pays : France
Dynamisme : 13
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mais reste rare. Les Russes aiment l’art en général mais c’est différent avec l’art contemporain émergent. La
hiérarchie sur la scène artistique russe est encore très rigide. Les musées les plus importants, conservateurs
et critiques ne sont pas encore très clairs à propos de cela. Vous ne pouvez pas comparer Moscou à une ville
européenne et la regarder avec les mêmes exigences. C’est une grande ville mais la mentalité est différente.
Comment l’art russe est-il reçu dans un pays comme la France ?
La Russie et la France partage beaucoup de points communs. Il y a beaucoup de Russes en France et, à
Paris, vous pouvez nettement voir l’influence russe. La Pont Alexandre III, par exemple, est nommé d’après
le tsar russe éponyme. Chaque arrondissement a son église orthodoxe. Il y a un respect mutuel des deux
pays. Les gens connaissent bien la littérature et la culture russe et sont aussi très curieux de savoir l’état
de la Russie actuel, ce qui nous aide.
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DESSIN2 242458115
Date : 26/03/2015
Heure : 23:17:47
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Pays : France
Dynamisme : 13
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Le dessin dans l’Art Brut : une interview avec la Andrew Edlin
Gallery
La Andrew Edlin Gallery, basée à New York, est spécialisée dans l’Art Brut et les travaux d’artistes
autodidactes. La galerie est largement reconnue comme la première à montrer les œuvres du Suisse Hans
Krüsi en Amérique du Nord et a le monopole sur la représentation de Henry Darger. Ils veulent également
représenter l’artiste Marcel Storr, dont le travail a été découvert juste avant sa mort en 1976. Il est connu
pour ses fantastiques dessins d’églises et de cathédrales réalisés au crayon et colorés à l’encre après,
créés tout au long de sa vie modelée par ses nombreux troubles psychiatriques. AMA a parlé à la directrice
de la galerie Rebecca Hoffman sur Drawing Now 2015, au Carreau du Temple à Paris, pour discuter de la
façon dont elle voit la foire jusqu’à présent et les œuvres exposées.
Est-ce votre première fois sur Drawing Now?
En fait non. Nous étions là l’an dernier et avant cela, il y a quatre ans, avant que le Carreau du Temple
ne soit rénové.
Vous avez remarqué des changements à propos de cette édition ?
Cette édition a l’air d’avoir une perspective plus globale. Le centre de dessin de New York (qui a contribué
à la programmation vidéo) est particulièrement présent cette année.
Pouvez-vous nous en dire plus à propos de votre galerie ?
La Andrew Edlin Gallery a été fondée à New York en 2001 et nous nous sommes concentrés sur l’Art brut
dés le début puis nous sommes élargis à d’autres œuvres contemporaines. Nous possédons et dirigeons
également la Outsider Art Fair à Paris et à New York. Dans notre stand nous montrons actuellement le
travail de trois artistes différents. Premièrement, il y a des œuvres de Marcel Storr, originaire de Paris, qui
était balayeur au Bois de Boulogne. Il a produit seulement 63 dessins dans sa vie, comme il imaginait que
la ville serait bientôt anéantie par une attaque nucléaire et que le président des États-Unis l’appellerait pour
utiliser ses dessins pour reconstruire Paris. Nous allons aussi montrer les travaux de Dwight Mackintosh
qui a travaillé les 20 dernières années avec le Creative Growth Art Centre à Oakland, en California, le plus
vieux centre d’Art therapy d’Amérique. Il a toujours maintenu avec ténacité sa pratique du dessin et nous
avons des exemples merveilleux des ses travaux ici. Notre troisième artiste ici est une femme de Grenoble
qui a passé la majeure partie de sa vie en Suisse et qui vit maintenant en Espagne. Son nom est Gene
Mann et ses œuvres sont très influencées par l’esprit de Dubuffet ainsi que par les peintures rupestres et
d’autres façons de suivre l’histoire à travers l’art.
Comme la galerie qui se spécialise dans l’Art Brut, voyez-vous un lien fort entre le dessin et l’Art
Brut ?
Je pense que le dessin est le médium le plus évident et naturel pour les artistes autodidactes. C’est
facilement accessible et ouvre ses créateurs à des possibilités infinies.
Ainsi, voyez-vous le dessin comme un médium plus démocratique, plus accessible aux autres ?
Tous droits réservés à l'éditeur
DESSIN2 242469509
Date : 26/03/2015
Heure : 23:17:47
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Pays : France
Dynamisme : 13
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Le dessin dans l’Art Brut : une interview avec la Andrew Edlin
Gallery
La Andrew Edlin Gallery, basée à New York, est spécialisée dans l’Art Brut et les travaux d’artistes
autodidactes. La galerie est largement reconnue comme la première à montrer les œuvres du Suisse Hans
Krüsi en Amérique du Nord et a le monopole sur la représentation de Henry Darger. Ils veulent également
représenter l’artiste Marcel Storr, dont le travail a été découvert juste avant sa mort en 1976. Il est connu
pour ses fantastiques dessins d’églises et de cathédrales réalisés au crayon et colorés à l’encre après,
créés tout au long de sa vie modelée par ses nombreux troubles psychiatriques. AMA a parlé à la directrice
de la galerie Rebecca Hoffman sur Drawing Now 2015, au Carreau du Temple à Paris, pour discuter de la
façon dont elle voit la foire jusqu’à présent et les œuvres exposées.
Est-ce votre première fois sur Drawing Now?
En fait non. Nous étions là l’an dernier et avant cela, il y a quatre ans, avant que le Carreau du Temple
ne soit rénové.
Vous avez remarqué des changements à propos de cette édition ?
Cette édition a l’air d’avoir une perspective plus globale. Le centre de dessin de New York (qui a contribué
à la programmation vidéo) est particulièrement présent cette année.
Pouvez-vous nous en dire plus à propos de votre galerie ?
La Andrew Edlin Gallery a été fondée à New York en 2001 et nous nous sommes concentrés sur l’Art brut
dés le début puis nous sommes élargis à d’autres œuvres contemporaines. Nous possédons et dirigeons
également la Outsider Art Fair à Paris et à New York. Dans notre stand nous montrons actuellement le
travail de trois artistes différents. Premièrement, il y a des œuvres de Marcel Storr, originaire de Paris, qui
était balayeur au Bois de Boulogne. Il a produit seulement 63 dessins dans sa vie, comme il imaginait que
la ville serait bientôt anéantie par une attaque nucléaire et que le président des États-Unis l’appellerait pour
utiliser ses dessins pour reconstruire Paris. Nous allons aussi montrer les travaux de Dwight Mackintosh
qui a travaillé les 20 dernières années avec le Creative Growth Art Centre à Oakland, en California, le plus
vieux centre d’Art therapy d’Amérique. Il a toujours maintenu avec ténacité sa pratique du dessin et nous
avons des exemples merveilleux des ses travaux ici. Notre troisième artiste ici est une femme de Grenoble
qui a passé la majeure partie de sa vie en Suisse et qui vit maintenant en Espagne. Son nom est Gene
Mann et ses œuvres sont très influencées par l’esprit de Dubuffet ainsi que par les peintures rupestres et
d’autres façons de suivre l’histoire à travers l’art.
Comme la galerie qui se spécialise dans l’Art Brut, voyez-vous un lien fort entre le dessin et l’Art
Brut ?
Je pense que le dessin est le médium le plus évident et naturel pour les artistes autodidactes. C’est
facilement accessible et ouvre ses créateurs à des possibilités infinies.
Ainsi, voyez-vous le dessin comme un médium plus démocratique, plus accessible aux autres ?
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DESSIN2 242469509
Date : 26/03/2015
Heure : 23:17:47
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Pays : France
Dynamisme : 13
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Le dessin dans l’Art Brut : une interview avec la Andrew Edlin
Gallery
La Andrew Edlin Gallery, basée à New York, est spécialisée dans l’Art Brut et les travaux d’artistes
autodidactes. La galerie est largement reconnue comme la première à montrer les œuvres du Suisse Hans
Krüsi en Amérique du Nord et a le monopole sur la représentation de Henry Darger. Ils veulent également
représenter l’artiste Marcel Storr, dont le travail a été découvert juste avant sa mort en 1976. Il est connu
pour ses fantastiques dessins d’églises et de cathédrales réalisés au crayon et colorés à l’encre après,
créés tout au long de sa vie modelée par ses nombreux troubles psychiatriques. AMA a parlé à la directrice
de la galerie Rebecca Hoffman sur Drawing Now 2015, au Carreau du Temple à Paris, pour discuter de la
façon dont elle voit la foire jusqu’à présent et les œuvres exposées.
Est-ce votre première fois sur Drawing Now?
En fait non. Nous étions là l’an dernier et avant cela, il y a quatre ans, avant que le Carreau du Temple
ne soit rénové.
Vous avez remarqué des changements à propos de cette édition ?
Cette édition a l’air d’avoir une perspective plus globale. Le centre de dessin de New York (qui a contribué
à la programmation vidéo) est particulièrement présent cette année.
Pouvez-vous nous en dire plus à propos de votre galerie ?
La Andrew Edlin Gallery a été fondée à New York en 2001 et nous nous sommes concentrés sur l’Art brut
dés le début puis nous sommes élargis à d’autres œuvres contemporaines. Nous possédons et dirigeons
également la Outsider Art Fair à Paris et à New York. Dans notre stand nous montrons actuellement le
travail de trois artistes différents. Premièrement, il y a des œuvres de Marcel Storr, originaire de Paris, qui
était balayeur au Bois de Boulogne. Il a produit seulement 63 dessins dans sa vie, comme il imaginait que
la ville serait bientôt anéantie par une attaque nucléaire et que le président des États-Unis l’appellerait pour
utiliser ses dessins pour reconstruire Paris. Nous allons aussi montrer les travaux de Dwight Mackintosh
qui a travaillé les 20 dernières années avec le Creative Growth Art Centre à Oakland, en California, le plus
vieux centre d’Art therapy d’Amérique. Il a toujours maintenu avec ténacité sa pratique du dessin et nous
avons des exemples merveilleux des ses travaux ici. Notre troisième artiste ici est une femme de Grenoble
qui a passé la majeure partie de sa vie en Suisse et qui vit maintenant en Espagne. Son nom est Gene
Mann et ses œuvres sont très influencées par l’esprit de Dubuffet ainsi que par les peintures rupestres et
d’autres façons de suivre l’histoire à travers l’art.
Comme la galerie qui se spécialise dans l’Art Brut, voyez-vous un lien fort entre le dessin et l’Art
Brut ?
Je pense que le dessin est le médium le plus évident et naturel pour les artistes autodidactes. C’est
facilement accessible et ouvre ses créateurs à des possibilités infinies.
Ainsi, voyez-vous le dessin comme un médium plus démocratique, plus accessible aux autres ?
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Date : 26/03/2015
Heure : 23:17:47
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Oui, je pense.
La foire a-t-elle bien commencé pour vous ?
Oui, elle a bien commencé. On a encore trois jours, cela nous laisse du temps !
Tags : Andrew Edlin Gallery, art brut, Drawing Now, États-Unis, France, interview, live, New York, Paris
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DESSIN2 242469509
Date : 26/03/2015
Heure : 23:17:47
Journaliste : AMA
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Table ronde : « Comment faire vivre une collection de dessins ? »
sur Drawing Now
Le jeudi 26 mars à 18 heures s’est tenue sur Drawing Now une table ronde intitulée « Comment faire
vivre une collection de dessins ? » animée par Guy Boyer, directeur de la rédaction de Connaissance des
Arts, avec Véronique Souben, directrice du FRAC Hautes-Normandie, Gilles Fuchs, président de l’ADIAF
(Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français), Benjamin Peronnet, directeur international du
Département du dessin ancien et du XIXe siècle chez Christie’s et Aurélie Deplus, responsable du mécénat
artistique à la Société Générale. L’événement fait salle comble. La table ronde aborde les quatre étapes par
lesquelles passe une collection : la constitution, la conservation, la présentation et la transmission.
La constitution
D’après Benjamin Peronnet, l’un des problèmes dans le cas du dessin ancien est la raréfaction de l’offre qui
rend difficile la constitution d’une grande collection consacrée à un domaine, comme une période ou une
école. Cette tâche est pourtant celle des FRAC, dont les collections ont à peine 30 ans, comme le rappelle
Véronique Souben. Elle explique orienter les acquisitions de son institution, avec ses quatre collègues du
comité de sélection, vers les œuvres qui puissent compléter des catégories déjà amorcées.
Gilles Fuchs quant à lui, collectionneur, affirme ne pas craindre de diversifier sa collection. Mais il est très
attaché au support papier car plus fragile, plus sensible et plus intime. Puis à l’exception de quelques
artistes, le dessin est bien plus accessible que la peinture ou la sculpture. C’est une bonne introduction
pour un collectionneur débutant. Gilles Fuchs, comme Véronique Souben et Aurélie Deplus, admet acheter
principalement aux galeries, qui souvent connaissent bien les goûts et les besoins de leurs clients. À la
Société Générale, la collection a été commencée il y a 20 ans pour décorer les nouveaux locaux de La
Défense et un pôle de conservation, de dynamisation et d’acquisition des collections – le budget annuel
d’acquisition est de 300 000 € – a été mis en place en 2003. Des activités de médiation culturelle sont
fréquentes.
La conservation
La conservation est variable selon l’institution ou l’établissement. Les FRAC n’ont pas les moyens des
musées et Véronique Souben préfère diffuser les œuvres un maximum, dans l’intérêt de l’artiste, tout en
prenant des précautions. En principe, après une exposition, un dessin ancien doit reposer trois ans. Gilles
Fuchs se contente de les conserver dans des classeurs et de les consulter de temps en temps. Le dessin
doit être protéger de la lumière. Beaucoup d’entre eux sont dans des états déplorables et la cote diminue en
fonction de cela en général, sauf pour les puristes, explique Benjamin Peronnet. La restauration au bain est
bien pour les œuvres aux graphites et au fusain mais on perd souvent en intensité. À la Société Générale,
deux personnes s’occupent de la restauration de cette collection encore très jeune.
La présentation
Aurélie Deplus explique que le but de la collection de la Société Générale est avant tout l’exposition dans
les bureaux et pour le public. Les œuvres tournent et celles que l’on n’expose pas peuvent être prêtées aux
musées. La collection se fait aussi connaître sur Internet. C’est également le cas des FRAC selon Véronique
Souben : les éditeurs sont frileux pour ce qui est d’éditer des catalogues de collection. Internet reste une
des meilleures options. Mais cela représente un travail lourd car il faut obtenir tous les droits d’auteurs.
Tous droits réservés à l'éditeur
DESSIN2 242468319
Date : 26/03/2015
Heure : 23:17:47
Journaliste : AMA
fr.artmediaagency.com
Pays : France
Dynamisme : 13
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La transmission
Gilles Fuchs n’a pas spécialement envie de créer une fondation : ses enfants doivent pouvoir décider du
destin de sa collection. À l’inverse, Aurélie Deplus affirme que la Société Générale ne vend et ne veut
rien vendre de sa collection. C’est plutôt l’inverse : elle veut l’accroître. Cela rappelle l’inaliénabilité des
œuvres dans le public, que Véronique Souben défend vivement. Même vendre des œuvres mineures pour
en acquérir de plus intéressantes peut constituer une menace pour l’histoire de l’art. Il est important de tout
garder pour empêcher des œuvres mineures de disparaître. Comment Benjamin Peronnet peut-il faire son
travail alors ? Il évoque la règle des trois D : divorce, décès et dettes. Il y a souvent l’angoisse des héritiers
qui ne savent pas comment conserver une importante collection et décide de la vendre, une liberté que
Gilles Fuchs veut laisser à ses enfants. Il est bon de savoir que 90 % des dessins anciens selon Benjamin
Peronnet se vendent à moins de 10.000 €, mais que les 10 % restant atteignent souvent de très hauts
montants, de l’ordre du million.
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DESSIN2 242468319
Date : 27/03/2015
Heure : 16:55:57
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Dynamisme : 13
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L’art de la violence : une interview avec Alain Declercq
Philippe Piguet, le directeur artistique de la foire parisienne annuelle dédiée au dessin, Drawing Now,
mais aussi un critique d'art et commissaire d'expositions indépendant, a interviewé l’artiste Alain Declercq,
le vendredi 27 mars 2015 au Carreau du Temple, où se déroule l’événement jusqu’au 29 mars. AMA a
assisté à cette intéressante discussion qui portait sur la carrière et la pratique de l’artiste. Le journaliste
a d’abord présenté l’artiste au public : Alain Declerq est né dans l’Allier en 1969 et a étudié à l’École
Nationale Supérieure des arts décoratifs, il s’est diplômé en photo et vidéo et a fini ses études par une
année aux Beaux-arts de Nantes.
Sais-tu qu’il y a une phrase qui est employée pour te décrire, selon laquelle « Alain Declercq est une
menace. Il n'aime rien tant que s'en prendre aux représentations de l'ordre public, aux emblèmes de
pouvoir, mettre en déroute le système » ?
J’ai été plus menacé que menaçant. Enfin, peut-être menaçant pour la police, car je m’intéresse beaucoup
aux secrets d’État, aux crimes terroristes, etc. Je vais vous raconter la petite histoire. Je tourne des vidéos
régulièrement et en 2005 j’ai fait un film qui s’appelle Mike, dont les premières images sont un cartel de textes
qui explique que je ne suis pas le réalisateur, mais le diffuseur. Le personnage, Mike, existe, mais, surtout, il
me fournit les informations qui fondent mon travail.
C’est un personnage trouble qui se sert de sa caméra comme d’un carnet de bord. Il voyage beaucoup
dans une espèce d’errance, en filmant des choses qui lui échappent et moi, je propose au public de m’aider
à comprendre ces images. Alors que je n’avais rien diffusé du film, un jour au petit matin, je fais l’objet
d’une perquisition de la brigade antiterroriste qui m’accuse d’un certain nombre de faits. Je construisais une
fiction, mais ils étaient eux-mêmes dans la fiction. À ce moment-là j’ai réalisé que c’était la police qui avait
fouillé mes affaires quelque temps auparavant, que j’étais sur écoute téléphonique depuis des mois, voire
des années. Ils étaient assez virulents et sûrs de leur fait.
Malgré toutes les informations connues autour de moi et de mon travail, ils me prenaient pour un terroriste
dangereux. C’est vrai que je m’intéresse à tout cela : si une bombe éclate quelque part, je vais m’y rendre
pour faire une enquête et nourrir une réflexion. Mais pour eux, c’était un faisceau de réflexion suffisamment
fort. Mais bon, c’est de bonne guerre. Là où c’est plus problématique, c’est que le jour où ils sont venus
perquisitionner, je logeais un ami journaliste. La presse était donc là. Et au moment où ce dernier se faisait
interroger, il s’est fait fracturer son appartement violemment quand sa femme et son bébé étaient sortis.
Son matériel professionnel a été volé, comprenant ordinateur, appareil photo, etc. Avec son rédacteur-enchef, ils ont appelé le ministère de l’Intérieur pour exprimer leur révolte. Et cet ami, quinze jours après, a
reçu un coup de téléphone d’un revendeur de matériel informatique en Algérie, qui, ému par son bébé, a
voulu lui rendre son bien. Donc je pense qu’il s’agissait en réalité des services de police secrets.
D’où vient cet intérêt pour l’enquête ?
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Date : 27/03/2015
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Il n’y a aucun événement dans ma vie qui ait enclenché ce processus, mais la politique et le rapport à l’ordre
a toujours été dans ma famille : mon grand-père s’est échappé trois fois de prison pendant la guerre avant
d’être envoyé en camps de concentration, par exemple. C’est une des raisons. Mais je suis plasticien, pas
journaliste. J’ai longtemps voulu être reporter photo, pendant plusieurs années je me suis engagé dans cette
voie-là. Mais j’ai eu beaucoup de doutes par rapport à la manière de le faire, j’avais une vision poétique de
la photographie, et il y a eu une rupture à un moment donné. J’avais un désir d’enquête, mais pas forcément
de qualité précise pour rechercher la vérité. Donc j’ai essayé une nouvelle piste, celle de la confusion :
amener de la confusion dans le débat peut être quelque chose de productif. C’est assez délicat à mener,
il n’y a qu’à voir mes démêlés avec la police ! Mais je ne fais que de la fiction de manière picturale. Je
m’intéresse plus à la façon dont se structure une opinion, un point de vue, une vérité : comment un point
de vue officiel peut être annoncé ? Une rumeur se mettre en place ? Quelle en est la structure ?
L’enquête est-elle rapidement devenue un vecteur de ton travail ?
Mon travail est surtout issu des Beaux-arts de Nantes. C’était une année incroyable, marquée par
l’omniprésence d’étudiants riches en expériences artistiques. J’ai beaucoup appris et travaillé, notamment
en m’engageant dans une voie politique et sociale. J’étais très inspiré par Douglas Gordon et Marina
Abramovic, qui m’ont nourri d’une vision héroïque de l’artiste. Mais cette vision m’intéressait comme
spectateur, pas comme artiste parce que j’avais un engagement plus physique. La première pièce que j’ai
faite était un photomontage, en 1996. Elle constitue un autoportrait à deux mains gauches, c’est vraiment
une image manifeste de l’anti-héros et c’est la position que j’affirmais.
L’une de tes séries, Les manifestes, en appelle au dessin. Comment ce médium trouve-t-il sa place
dans ton travail ?
Difficilement. Je le regrette, car je suis capable d’assumer mon travail, qui est très éclaté, mais le dessin
demeure pour moi un problème. Je n’ai fait qu’une exposition de dessin. Pourtant, je le pratique depuis
toujours et je peux l’assumer quand il est contextuel. Les tout premiers dessins que j’ai faits résultaient
d’enquêtes. Par exemple, j’en ai réalisé un à Séoul quand les services secrets se vidaient. J’avais été invité
pour réagir au contexte de ce bâtiment et pendant un mois j’ai pu me balader, totalement seul, dans ce
lieu déserté. J’y ai produit le portrait de Chun Doo-hwan en petits bâtons, la technique artistique que j’ai
développé.
Cette technique de petits bâtons, quel en est le sens ?
Je l’ai initié en CM2 quand je m’ennuyais à l’école et je faisais des petits bâtons dans la marge de mes
cahiers. J’ai commencé à représenter des formes avec ces petits bâtons – vous savez, les mêmes traits que
les prisonniers font quand ils comptent les jours, quand ils en ont tracé quatre, ils les barrent d’un cinquième
trait – et c’est devenu une technique de dessin. À travers les petits bâtons, je dessine en comptant les
jours. Mais je ne fais pas que cela : je réalise également des portraits sur bois pour lesquels je dessine à
la carabine, c’est-à-dire en impact de balle. J’utilise une technique de travail qui vient amener une forme
de violence à l’image à laquelle on fait face.
Comment a été reçue cette prestation à Séoul ?
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Date : 27/03/2015
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Mon travail est toujours comme cela : soit, les gens y adhèrent, c’est une technique pour faire comprendre
que ce type était un enfoiré, soit on est contre. La population elle-même est dans cette ambiguïté, face à
cette figure. Une partie le déteste et l’autre partie voit en ce dictateur un homme fort qui a su diriger le pays.
J’hérite de cette vision.
Les manifestes sont aussi des phrases. Comment raccordes-tu ce type de travail à l’ensemble de
ta démarche et pourquoi avoir choisi le dessin ?
J’ai aussi une série photo qui s’appelle Les manifestes, car je fais un constat photographique qui vient
ensuite nourrir mon travail. La série de dessin, ou d’écriture, qui porte le même nom, est constituée
de slogans des services de renseignement. Il y a par exemple : « Mon travail est tellement secret que je
ne sais pas ce que je fais .» J’adore cette citation, en plus d’être pleine de sens, elle est emplie d’humour.
C’est une façon de mettre en place des phrases plastiquement.
Que peux-tu nous dire de la série Meeting place, uniquement constituée de dessins faits sur des
pages de livre ?
Cette série correspond à la période où j’étais en résidence à New York. J’y suis allé pour préparer un film,
donc Meeting place était le préambule à une vidéo. Il y avait quelques personnes que je voulais rencontrer,
car elles avaient à faire avec les crimes d’État, le terrorisme, etc. Mais je ne savais pas comment les aborder
donc j’ai eu l’idée de lancer des invitations picturales. Chaque livre portait un seul dessin présentant les
détails de l’invitation, constituant un plan de rendez-vous. Le travail plastique, par sa singularité, se détachait
de tout ce qui pouvait être journalistique et policier. Bien sûr, j’ai perdu des livre dans le processus, en
lançant des invitations qui ne sont jamais revenues. Mais cela m’a permis de rencontrer certaines de ces
personnes. Par contre, le film ne s’est jamais réalisé. J’étais à fond dans ma période confusion, à tel point
que je me suis perdu moi-même. Je trouvais que tout ce que j’avais réalisé était moins intéressant que
l’imaginaire que ces gens fournissaient.
Que peux-tu nous dire sur ta série Shooter design, qui est, elle, plus industrielle ?
La société Pereta, aux États-Unis, publie un livre intitulé Shooter’s Bible tous les ans, qui répertorie toutes
les armes. J’ai pris le bouquin de 2009 et je l’ai recopié page par page. C’était simplement dans le cadre
d’un exercice. J’ai besoin de dessiner et de savoir que j’ai quelque chose à faire quand je n’ai rien à faire.
J’ai cru que tu allais dire « quelque chose à vendre ».
Je n’ai jamais vendu un seul dessin. Ah si, Twin Fingers, de 2001. Mais c’est de ma faute si je n’en vends
pas : je ne les expose pas, les gens ne peuvent pas être au courant. C’est un cercle vicieux : je n’expose
pas, donc je ne vends pas. Je ne vends pas, donc je n’ose pas les exposer.
N’est-ce pas en raison du fait que l’image que tu as de ton travail ne passe pas par le dessin ?
Si, absolument. Comme je fais de tout – du son, de la vidéo, etc – je n’ai pas de signature identifiable.
En même temps, je suis comme ça aussi. Le travail à la carabine est assez emblématique de ma pratique
et d’ailleurs je l’estime proche du dessin. C’est un processus de concentration, il faut viser et tenir sur la
longueur. J’ai pas mal vendu de ces pièces en tirs. J’ai même eu des commandes. C’est quelque chose
qui m’a angoissé, je ne voulais pas faire ça pendant quinze ans. Donc j’ai fait quatorze pièces et j’ai arrêté.
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Date : 27/03/2015
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Je ne peux donc pas me plaindre de ne pas être identifiable techniquement. Le dessin fait partie de ce
processus : je ne veux pas être catégorisé dessinateur, donc je n’en montre pas.
Actuellement tu travailles sur un projet particulier ?
J’ai la chance de beaucoup exposer, mais ce qui m’excite le plus en ce moment c’est la résidence en Corée
qui est programmée pour moi cet été pour une durée d’un mois (c’est la troisième fois là-bas), dans le cadre
d’une exposition qui a lieu à cet endroit. J’ai beaucoup fouillé autour de la DMZ, j’adore cet endroit, et là
j’ai une maison sur cette délimitation précisément. C’est censé être une zone démilitarisée, mais il y a des
militaires partout. C’est extrêmement excitant pour moi. Dans ces zones très tendues et violentes, il y a
parfois des familles qui viennent visiter ou même des fêtes foraines, comme à la frontière entre l’Inde et
le Pakistan. Chacun leur tour, lors d’une cérémonie, des représentants de ces deux pays se défient dans
une parade de chaque côté de la frontière.
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Date : 27/03/2015
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Le dessin et l’âme : une interview avec la galerie Martin Kudlek
Pour son stand à l’édition de 2015 de Drawing Now, la galerie Martin Kudlek, basée à Cologne, en
Allemagne, présente une sélection variée de travaux sur papier, allant des œuvres baroques hautes en
couleur d’Alexander Gorlizki, qui constituaient le point central de l’exposition, à des pièces plus minimalistes
d’artistes tel que Thomas Böing. La galerie a discuté avec AMA à propos du dessin, de son stand et de
la foire de cette année.
Est-ce la première fois que vous participez à Drawing Now ?
Non, c’est la huitième fois !
Qu’est-ce qui vous attire chez Drawing Now, pour vous faire revenir chaque année ?
La raison principale c’est que c’est véritablement la seule foire consacrée au papier. Le papier est le point
central de notre galerie. Nous montrons beaucoup de sculptures et d’œuvres sur papier. Ce que j’aime à
propos du dessin et des travaux sur papier c’est leur caractère direct. Ils semblent avoir plus d’âme que
les autres médias.
Certaines de vos œuvres ici présentent ne rentrent pas dans le moule du dessin traditionnel. Selon
vous, qu’est-ce qui définit une pièce en tant que « dessin », à la différence de la peinture par
exemple ?
C’est une question assez délicate, en réalité, puisque ces œuvres, par exemple, sont en fait des peintures
sur papier. Les Américains ont tendance à considérer que tout ce qui est fait sur papier, à l’exception de la
photographie bien sûr, appartient au dessin. En revanche, certains puristes ne considéreraient seulement le
crayon sur le papier comme dessin. Mais une foire telle que celle-ci doit élargir sa définition de cet art. Ces
travaux d’Alexander Gorlizki sont réalisés en utilisant de la peinture, mais l’artiste s’est servi d’un pinceau
si fin qu’il y a une ligne qui forme la base de ses dessins.
Comment trouvez-vous la foire cette année, comparée aux autres années ?
Cette année la foire se déroule bien ; c’est mieux chaque année. C’est probablement parce que la foire gagne
en reconnaissance et j’ai aussi l’impression que certaines nouvelles galeries, qui n’étaient pas présentes
avant, commencent à venir.
Avez-vous rencontré du succès à Drawing Now, cette année ?
Oui. Le premier jour a été braillant et le second a commencé doucement puis est monté en puissance
pendant deux heures environ et ensuite ça s’est un peu ralenti. Mais c’était suffisant d’avoir un très bon jour
pour les ventes. Hier c’était mou et aujourd’hui j’attends quelques collectionneurs allemands.
Attirez-vous un groupe de collectionneurs international ?
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Date : 27/03/2015
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Parmi les œuvres qu’on a vendues ici hier, certaines vont aller à Londres, plusieurs resteront à Paris, un
groupe de travaux ira en Belgique et un autre en Allemagne. Donc je dirais que nous avons une base de
clients relativement internationale. Mais le point central ici est français, avec beaucoup de Parisiens qui
viennent et acheter là. Ils ne me contactent pas nécessairement à la galerie, mais ils reviennent chaque
année.
Est-ce que les foires artistiques représentent une part importante de votre chiffre d’affaires ?
C’est une des manières de connaitre de nouveaux clients. Il y a des moments où les foires nous tapent sur
le système, mais je trouve que cette foire est relativement facile et calme. Je dois penser à ce que je veux
montrer, mais je peux transporter les œuvres moi-même.
Et enfin, pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’artiste que vous avez choisi de représenter
cette année ?
Alexander Gorlizki est un artiste anglais qui vit à New York et possède un studio à Jaipur. Ce que j’aime
à propos de son travail c’est qu’il utilise une ancienne technique miniature, vieille de 600 ans, et pourtant
sa production est très contemporaine, conceptuellement. L’iconographie est orientale et occidentale, donc
son travail est constitué de contradictions variées, entre l’Est et l’Ouest, ainsi que l’ancien et le nouveau,
ce qui rend un très beau résultat dans ses images.
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Date : 28/03/2015
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La nécessité intérieure : un entretien avec Nazanin Pouyandeh à
Drawing Now
À l’occasion de la neuvième édition de Drawing Now, mettant à l’honneur le dessin contemporain, Philippe
Piguet, directeur artistique de la foire, accueille Nazanin Pouyandeh. Cette artiste d’origine iranienne, vit et
travaille à Paris, où elle est représentée par la galerie Sator. Retour sur cette conversation passionnée et
passionnante, qui s’est tenue samedi 28 mars 2015.
Dans une atmosphère détendue, Nazanin Pouyandeh prend place face à Philippe Piguet, qui d’emblée
laisse parler sa curiosité à propos de la vie des artistes : « Vie et œuvre sont intimement mêlés. » Et de citer
Giorgio Vasari, artiste du XVIe siècle, qu’il présente comme le tout premier critique d’art, tout en rappelant
que ce protagoniste s’intéressait énormément à la vie des artistes. C’est ainsi que Nazanin Pouyandeh,
livre peu à peu son histoire. Une histoire marquante.
Née en 1981 à Téhéran, en pleine guerre, l’artiste a grandi avec des parents athées et militants de gauche.
Son père avait fait des études de droit et de sociologie avant de devenir un traducteur engagé, maîtrisant
le français et mu par l’idée de transmettre le savoir. C’est à lui que l’on doit les traductions notamment du
manifeste des droits de l’homme, d’écrits féministes ou traitant de l’égalité des sexes, inexistants à l’époque
en Iran. Perçu comme un intellectuel dangereux, par le régime en place, il meurt assassiné par les services
secrets iraniens, à l’âge de 44 ans. Un an après, à tout juste 18 ans, Nazanin Pouyandeh quitte, seule, son
Iran natal et s’installe en France sous l’œil bienveillant du gouvernement français qui lui offre un visa et une
bourse afin d’apprendre le français. Bourse qui sera prolongée suite à son admission à l’École nationale
supérieure des Beaux-Arts de Paris, dont elle sortira diplômée en 2005.
L’artiste détaille ensuite son parcours artistique. Évoquant son entrée aux Beaux-Arts : « Je ne savais pas
peindre ou du moins, comme une jeune fille de 18 ans, sans technique. J’ai donc présenté des collages au
concours d’entrée. » Intrigué par ces collages, Philippe Piguet l’incite à faire la lumière sur sa démarche. «
Je venais d’un monde fermé, où l’accès à l’image était fermé alors qu’en France, des images, il y en avait
partout. J’ai eu envie de m’approprier ces choses nouvelles que je découvrais. L’ « inconnu » occupe une
place importante dans mon travail. »
Sur le poids de son passé et le fait que ses professeurs aux Beaux-Arts l’incitaient fortement à exprimer
ce thème dans ses œuvres : « Je me suis dit que ce serait trop facile si mon travail traitait de militantisme
engagé, de mon histoire. » L’artiste a alors fait un double choix risqué, encouragée par Pat Andrea, dont
elle fréquentait l’atelier : « J’avais envie de prendre un risque et de ne pas rester sur mon histoire. J’avais
également envie de peindre. » Et Philippe Piguet de citer Kandinsky qui décrivait le besoin de peindre
comme une « nécessité intérieure ».
Vient ensuite le sujet de la sensibilisation à l’histoire de l’art de l’artiste. « Vous êtes arrivée à 18 ans, que
connaissiez-vous de l’Histoire de l’art ? » demande Philippe Piguet. Nazanin Pouyandeh se rappelle alors
les livres d’art que son père achetait en contrebande. La censure sur les thématiques liées à la sexualité
était telle, qu’un trait de marqueur noir couvrait, généralement, les parties intimes des personnages dans
les livres. « Ma mère avait toujours du dissolvant pour les enlever, se souvient-elle, j’ai tout découvert du
monde des images en arrivant en France. » Du monde des images iranien, l’artiste garde quand même le
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Date : 28/03/2015
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souvenir inconscient des peintures de propagande : « C’était les images que je maîtrisais le plus. Que je
le veuille ou non, l’Iran est là » souligne-t-elle.
Qu’en est-il de l’utilisation du papier ? « Question de rapidité. Le dessin et la peinture sont différents car on
a moins de respect pour le papier. Si on rate, ce n’est pas grave, on peut jeter. Le papier offre donc une
plus grande liberté et rapidité. La procédure de la peinture est plus compliquée. » La conversation tourne
ensuite autour de ses portraits, dans lesquels l’artiste intègre des personnages. « Je pars de documents
photographiques, décrit-elle, puis arrivent les autres éléments comme un puzzle qui se fait au fur et à
mesure. C’est très libre car je ne sais pas où cela va me mener. L’imaginaire passe par des décors. […]
Je me sers du réel comme outil d’illusion picturale. » « C’est épuisant de regarder le travail de Nazanin
Pouyandeh ! » s’exclame Philippe Piguet, à propos de la richesse de son œuvre.
Le directeur artistique revient ensuite sur la première exposition de Nazanin Pouyandeh qui a eu lieu en Iran,
il y a cinq ans, et pour laquelle il avait préparé un texte d’accompagnement. « Vous n’avez pas exactement
montré toute l’étendue de l’iconographie de votre travail. Est-ce une forme d’auto-censure ? » Et l’artiste de
répondre : « Je n’y étais pas personnellement, j’ai juste envoyé mes toiles. Je me suis dit, on ne vit qu’une
fois et j’aimerais exposer au moins une fois dans mon pays natal. J’ai pensé à ma mission, à tout ce que
j’avais appris en France et au peuple que j’ai quitté. La culture iranienne est fermée, de fait, l’art iranien
emprunte la forme métaphorique pour s’exprimer. »
Enfin, « Pourquoi peindre ? » soulève Philippe Piguet. « Parce que je ne peux pas faire autrement. Si un
jour je ne vais pas à l’atelier, j’ai l’impression de trahir quelque chose » conclut Nazanin Pouyandeh…
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Date : 28/03/2015
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Une Américaine à Paris : rencontre avec la Gallery Joe à Drawing
Now
La Gallery Joe est originaire de Philadelphie, aux États-Unis, et est spécialisée dans le dessin contemporain
sur papier, réalisé par des artistes émergents et en milieu de carrière. C’est au stand B6 de l’édition 2015
de Drawing Now — qui se tient jusqu’au dimanche 29 mars, au Carreau du Temple — que le visiteur peut
découvrir l’univers de Rebecca Kerlin, la directrice de la galerie. Art Media Agency s’est entretenu avec
cette Américaine à Paris…
Comment se déroule la foire pour vous ?
C’est merveilleux, la foire est très fréquentée. Nous travaillons encore et nous avons rencontré de bons
prospects donc nous saurons très vite si la foire est un succès financier. Dans tous les cas, je suis très
satisfaite de l’événement.
Est-ce votre première fois à Drawing Now?
C’est la deuxième fois à Drawing Now. La dernière fois, j’étais située en bas des escaliers, dans la section
« Émergence ». Le rez-de-chaussée est plus fréquenté donc plus de personnes s’intéressent à mon stand.
L’atmosphère est différente ici.
Pourquoi avoir fait un si long chemin depuis les États-Unis ?
C’est une foire consacrée au dessin ! Ma galerie ne présente que des dessins et des travaux originaux sur
papier. Je suis également une des seules galeries américaines à m’y intéresser. J’ai été très enthousiasmée
quand j’ai appris qu’une foire état entièrement consacrée au dessin.
Comment en êtes-vous venue à défendre le dessin ?
Je pense que cela date de mon enfance. Mon père était architecte et je passais beaucoup de temps à
contempler ses dessins.En grandissant, j’ai développé une préférence pour des dessins techniques. J’ai
décidé d’ouvrir ma galerie à 40 ans et cela fait maintenant 23 ans ! J’ai mis du temps à comprendre les
rouages des affaires mais je suis bien établie maintenant.
Pensez-vous que votre participation à la foire va modifier votre clientèle ? La rendre plus
internationale ?
Oui, c’est cette exposition que je recherche. Je cherche à présenter mes artistes à un public plus large.
Je sais qu’un nombre important de collectionneurs passionnés de dessin sont européens et qu’ils ne vont
pas souvent aux États-Unis. C’est donc une grande opportunité pour moi que de pouvoir leur présenter
mon travail à Paris.
Comment sélectionnez-vous vos artistes ?
Le processus de sélection est long. Soit je les rencontre, soit je les connais déjà ou bien une de mes proches
connaissances me les recommande. La relation se développe avec le temps. Rien ne se fait du jour au
lendemain.
Pourriez-vous nous dire un mot sur l’artiste que vous présentez actuellement sur votre stand, Nicole
Phungrasamee Fein…
Nicole Phungrasamee Fein vit et travaille à San Francisco. Elle est née en Californie et je travaille avec elle
depuis la fin de ses études universitaires. Elle a 40 ans, nous nous connaissons donc depuis un moment et
j’ai vu son travail évoluer. Nicole a toujours travaillé d’une manière simple, avec de très simples pinceaux
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Date : 28/03/2015
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à aquarelle. Sa pratique a mûri avec le temps, elle est devenue plus nuancée, et aujourd’hui, elle a une
maîtrise technique parfaite. J’ai décidé de la présenter car j’ai senti qu’elle était prête à assumer la notoriété
que la foire allait lui apporter. Elle est venue avec moi et fera elle-même une présentation de son œuvre
sur le stand. Nicole a également commencé à travailler sur un nouvel ensemble d’œuvres, utilisant des
cercles, c’est relativement récent puisqu’elle le fait depuis à peu près un an. Son travail plaît bien et nous
avons distribué au moins une centaine de flyers aux personnes intéressées. Quand le public réalise qu’il
s’agit d’aquarelle, il est très impressionné. Cela va au-delà des compétences techniques, la profondeur des
œuvres vous emporte très loin…
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Date : 29/03/2015
Heure : 23:18:19
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Un collectionneur à mi-temps : une interview avec Guillaume
Proust |
Guillaume Proust est un collectionneur français de 45 ans. Il est expert comptable et possède sa propre
entreprise, qui est très connue dans la capitale. AMA a fait sa connaissance lors de la foire Art Paris Art
Fair et a tenté de comprendre ce qui intéresse le jeune businessman dans l’art, ainsi que la façon dont il
a commencé son travail de collectionneur.
Comment êtes-vous devenu collectionneur ? Votre famille était-elle intéressée par l’art ?
Mon père aimait l’art. Il possédait quelques pièces, telle qu’une de Dalí et une de Bonnefoi. Il était lui-même
une sorte d’artiste, puisqu’il peignait et sculptait de temps en temps. J’ai donc toujours eu l’habitude de voir
de l’art partout, même si ce n’était pas un sujet dont nous discutions beaucoup.
La première fois que je suis allé dans un musée, c’était à Boston au musée des beaux-arts, à l’occasion
d’un voyage scolaire. Je devais avoir seize ans. Ce fut la première fois que l’art me frappa réellement. Je me
rappelle avoir acheté un poster d’un tableau de Sargent, qui illustre un orchestre au Cirque d’Hiver. J’étais
stupéfait par la façon dont le peintre y avait mis en valeur le blanc. La deuxième fois où l’art m’a vraiment
frappé de cette manière, c’était lors de ma visite du musée de Picasso deux ans plus tard.
Donc, ce poster de Sargent a constitué la première pièce de votre collection ?
On peut dire cela, oui. Il représente la graine de ma collection. Plus tard, j’ai également acheté quelques
statuettes au Sénégal. Je m’intéressais à l’art africain. Les masques, les lances, les statues, ce genre de
choses. J’ai commencé une collection sérieuse à l’âge de 18 ans. J’avais un nouveau travail qui était assez
bien payé : j’étais le directeur financier d’une société d’édition et j’avais assez d’argent pour pouvoir acheter
des œuvres d’art dans les galeries ou les foires. J’allais beaucoup à Honfleur. J’y ai acheté quelques
tableaux, qui étaient peints avec un couteau, de la même manière que mon père avait l’habitude de peindre.
Depuis lors, j’ai commencé à me rendre à plus de galeries et foires. Néanmoins, je collectionne pour le
plaisir uniquement, jamais pour spéculer ou investir.
Avez-vous tendance à acheter de l’art français ou international ?
J’achète beaucoup d’œuvres d’artistes français. J’essaie surtout de soutenir les jeunes artistes français.
Avez-vous recours à des conseillers artistiques ?
Non. Mais je connais Marty De Montereau, qui me conseille souvent et je profite également des conseils
de Christophe Claude, le directeur des beaux-arts. J’écoute aussi les artistes quand ils parlent de leur travail,
cela aide.
Quelle est votre façon de procéder quand vous achetez une œuvre d’art ?
Je n’achète pas sur un coup de tête. Si ce n’est pas trop cher, je peux être tenté de faire l’achat en quelques
minutes. Mais si c’est cher, je réfléchis beaucoup avant d’en faire l’acquisition.
Donc vous ne ressentez jamais le besoin urgent d’acquérir une pièce quelqu’en soit le prix ?
Parfois, cela ressemble à une addiction. Mais je suis un collectionneur raisonnable.
Vous négociez avant d’acheter ? Du moins, essayez-vous ?
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Date : 29/03/2015
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Jamais. Je n’en ai pas l’habitude et je pense que ce serait parfois déplacé. Je sais combien cela coûte à
une jeune galerie de survivre et que les jeunes artistes n’ont pas beaucoup d’argent, donc si j’ai les moyens
de m’offrir un objet d’art, il n’y a pas de raison de négocier selon moi.
Quand avez-vous acheté une œuvre pour la dernière fois ?
C’était à la FIAC, en octobre. Il s’agit d’une pièce de Raphael Denis. C’est une œuvre forte, très éloquente,
rattachée aux objets d’art des Juifs qui ont été pillés pendant la Seconde Guerre mondiale. L’artiste est
actuellement exposé pour la première fois à Art Paris.
Quel genre de production artistique aimez-vous ?
Aucune en particulier. Elle doit simplement être puissante. J’aime les pièces qui racontent des histoires.
Quel est votre événement artistique favori à Paris ?
Les foires telles que la FIAC et Drawing Now.
Combien d’œuvres d’art se trouvent dans votre collection ?
Environ 70. Je possède un peu de tous les médiums : sculptures, peintures, marbres, bronzes, aciers,
pastels …
Voyez-vous un thème commun dans votre collection ?
Peut-être, oui. Les matériaux doivent être présents, visibles.
Peut-on dire que votre collection est une sorte d’autoportrait ?
Je ne sais pas. Je ne pense pas, mais d’une certaine façon peut-être, car ces pièces résultent de mes choix.
Elles représentent mes valeurs.
Vous parlez de vos valeurs : quelles sont-elles pour vous en tant que collectionneur ?
Collectionner est un acte civique ! Collectionner de l’art signifie avoir conscience de ce qui se passe dans
le monde, des messages politiques des œuvres d’art. La plupart des artistes sont engagés, c’est-à-dire
impliqués dans la société ou la politique, d’une façon ou d’une autre.
Est-ce la première fois que vous participez à Art Paris ?
Non, je viens chaque année et je visite souvent plusieurs fois la même édition. Je trouve cette foire plus
accueillante que la FIAC parce que les galeries sont plus abordables.
Que pensez-vous des artistes singapouriens ?
Ils ne sont pas si faciles à identifier. Peut-être que les signes à la foire auraient dû être plus visibles, surtout
qu’il y a beaucoup de monde. Cependant, ce fut effectivement très intéressant de découvrir plus d’artistes
asiatiques, pas seulement de Singapour, mais aussi de Corée, du Viêtnam et de Chine, par exemple.
Y a-t-il des artistes dont vous avez particulièrement aimé les œuvres ?
Absolument ! J’ai adoré les travaux de Lionel Sabatté, Nathalie Brevet, Hugues Rochette et Sylvie Bonnot,
parmi les artistes français. En ce qui concerne les artistes asiatiques, j’ai aimé les œuvres de Gwon Osang,
Zhong Biao et Chuang Che. J’ai également été impressionné par les productions de Carolein Suit, des
Pays-Bas.
Avez-vous fait l’acquisition de certaines œuvres d’art ?
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Oui, j’ai acheté une sculpture de Sylvie Bonnot. J’aurais également aimé acheter un tableau de Lionel
Sabatté, mais toutes ses pièces ont déjà été vendues. Donc je vais devoir attendre jusqu’à ce qu’une de
ces œuvres arrive sur le marché !
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Une histoire de famille : un entretien avec Youri Vincy, directeur
de la Galerie Lara Vincy
Paris
La Galerie Lara Vincy, située à Saint-Germain-des-Prés à Paris et qui représente artistes émergents et
établis, se dépeint elle-même comme une galerie expérimentale. Son crédo : faire la lumière sur les artistes
qui sortent des sentiers battus. Parmi ces artistes, on compte BEN, le Français bien connu pour ses textes
emblématiques et Pascal Le Coq dont le projet actuel, OXO, se matérialise sous forme d’une fantastique
encyclopédie. Cette entreprise familiale a été fondée par Lara Vincy, puis reprise par sa fille Liliane Vincy et
Youri Vincy a, quant à lui, rejoint la galerie en 2000. Art Media Agency est parti à la rencontre de Youri Vincy,
pendant Drawing Now 2015, l’occasion de faire le point à l’approche du 60e anniversaire de la galerie.
La galerie célèbre son 60e anniversaire cet année. Qu’avez-vous prévu de particulier ?
Dans notre galerie, nous allons présenter une série de travaux emblématiques, qui ne seront pas à vendre
mais qui reflètent l’esprit des œuvres que nous défendons depuis 60 ans. Dans le même temps, nous allons
poursuivre nos activités commerciales dans un autre espace. En 1976, un an avant l’ouverture du Centre
Pompidou à Paris, l’artiste Raymond Hains a découvert que le propriétaire du café qui nous faisait face
s’appelait Pidoux. Dans son exposition personnelle « L’art à Vinci », il a fait un jeu de mots entre ce nom et
le mot « pont », parlant de « Pont Pidoux » qui sonne comme « Pompidou ». Il a également joué avec le nom
de la galerie le transformant en « Vinci » au lieu de Vincy. Nous allons réellement créer ce pont imaginaire
grâce à un laser, les 13 et 14 mai de cette année, entre la galerie et le café, tout en exposant des œuvres
clés de l’exposition de Raymond Hains pour une seconde fois.
Votre crédo est de défendre des artistes qui sortent des sentiers battus…
Nous nous intéressons plus à l’art qu’au marché de l’art. Nous ne cherchons pas juste des artistes qui
atteignent des prix importants. Nous sommes donc une des dernières galeries expérimentales à Paris. Je
m’intéresse à la création, au processus de création, bien plus qu’aux aspects financiers.
Je pense que choisir des artistes est une question de sensibilité. J’ai besoin que l’œuvre provoque une
réponse émotionnelle forte en moi pour avoir envie de représenter l’artiste. Je peux citer Léa le Bricomte,
par exemple, que j’ai découverte avant la fin de ses études et dont j’ai organisé la première exposition
personnelle à Paris. Son travail m’a immédiatement saisi, c’était comme si je n’avais pas le choix. J’en ai
parlé à ma mère, qui m’a dit d’attendre mais c’était intenable. Heureusement, cela a très bien fonctionné et
depuis, elle a fait une résidence à Calais et eu de nombreuses expositions dans des musées. Actuellement,
elle attache des caméras à des oiseaux et les utilise comme des drones afin de découvrir des sites
inaccessibles autrement. J’aime la manière dont elle utilise ces oiseaux comme des drones naturels et
paisibles.
Comment ménagez-vous artistes émergents et artistes reconnus dans votre galerie ?
Je ne pense pas que ce soit un problème de mélanger artistes émergents et reconnus. Je ne choisis pas
les artistes car ils sont connus mais pour leur travail.
Vous avez rejoint la galerie en 2000, quelles sont vos principales contributions ?
Je travaille avec ma mère depuis 2000, c’est une galerie familiale. J’ai commencé à travailler avec elle quand
Internet a décollé, afin d’assurer notre présence en ligne. J’ai créé le site Internet et développé d’autres
aides technologiques pour la galerie. Sinon, j’ai grandi dans l’art, c’était naturel pour moi de travailler à la
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galerie. Dans les années 1990, j’étais moi-même artiste puis j’ai monté une entreprise de transport d’œuvres
d’art pour les musées et les galeries, activité qui a duré deux ans. J’ai également travaillé dans des musées,
j’ai donc pu découvrir différents aspects du monde de l’art.
Quand avez-vous commencé à travailler avec BEN ?
Ma mère a commencé à travailler avec BEN, en collectionnant ses pièces dès 1972. Elle a présenté ses
œuvres à la première FIAC ainsi qu’en 1982 et 1983. Alors qu’il était présent dans treize galeries, il a
également choisi la notre. À l’extérieur de notre galerie, il a écrit ses premiers mots en couleur.
Enfin, que pensez-vous de Drawing Now ?
Cela s’est bien passée. Je suis la foire depuis ses débuts et nous avions déjà participé à la troisième édition.
Nous avons également participé à l’édition qui a eu lieu au Carrousel du Louvre. C’est une bonne foire qui
a beaucoup de choses à offrir. Je suis vraiment heureux de pouvoir y participer.
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Une table ronde pour le « Dessin engagé » à Drawing Now
Le samedi 28 mars Drawing Now consacrait une table ronde intitulée « L’engagement en art et le
dessin : jusqu’où les collectionneurs, galeristes et institutionnels peuvent-ils aller et quels risques encourentils ? ». Le débat était animé par Fabien Simode, rédacteur en chef du magazine L'OEil, avec Martine
Mauvieux, conservatrice responsable des collections des dessins de presse à la Bibliothèque nationale de
France, Catherine Millet, directrice de la rédaction d'art press, Marion Papillon, vice-présidente du Comité
des Galeries d'Art, Marc Donnadieu, conservateur en charge de l'art contemporain au LaM (Lille Métropole,
Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut) et Estelle Francès, collectionneuse et co-fondatrice
de la Fondation Francès.
Fabien Simode ouvre la table ronde en évoquant le triste événement du 7 janvier dernier, ce qui suscite une
vive émotion parmi les invités et le public. Le modérateur énumère ensuite l’ensemble des restrictions et la
multitude d’affaires qui touche dernièrement le monde de l’art : du Piss Christ détruit à la récente démission
du directeur du Macba, en passant par l’agression de Paul McCarthy. « Faut-il tout montrer, dessiner ?
Qu’en est-il de l’autocensure ? », Fabien Simode donne le ton.
La provocation
Le modérateur s’adresse, tout d’abord, à Catherine Millet : « Les artistes sont-ils plus provocateurs
aujourd’hui qu’hier ? » La directrice de la rédaction de répondre : « À chaud, je dirais que le public est plus
puritain qu’auparavant. Je trouve, au contraire, qu’il y a moins de provocation car par rapport aux années
1970, l’art contemporain imprègne bien plus la société. » Fabien Simode rebondit : « Mais alors quel champ
d’expression choque le plus ? » « L’enfance, regardez l’affaire “ Présumés innocents ”. Il suffit d’exposer
des figures d’enfants pour susciter des réactions très vives. […] Je pense qu’il y a une prise de conscience
que ce que l’on croyait acquis, comme la tolérance, ne l’est pas. Le travail pour la liberté d’expression n’est
pas réglé. […] Ensuite, il faut distinguer les publics. L’attaque de “ Présumés innocents ” est le fait d’un petit
groupe très déterminé. Ces groupes sont d’autant plus actifs que la société est plus libérale. Je comprends
les conservateurs de musées qui n’ont pas envie de se retrouver avec dix ans de procès. »
Un impact sur les institutions
Fabien Simode se tourne alors vers Marc Donnadieu : « L’affaire “ Présumés innocents ” a-t-elle induit
un changement ? ». Le conservateur de répondre : « Tant que l’affaire n’était pas conclue, planait une
incertitude donc une certaine autocensure. Chacun d’entre nous se donne ses propres règles […] tout ce
que la loi ne condamne pas, on a le droit de le montrer. La différence, c’est qu’avant le gouvernement disait
oui ou non. Aujourd’hui, chaque personne peut faire un procès. » Catherine Millet en profite pour préciser :
« C’est dangereux car la censure d’État diminue mais quand l’initiative vient de la société civile, est-ce une
évolution vers la démocratie ? Je ne sais pas. » Marc Donnadieu complète alors : « Je pense que la société
a un regard différent quand il s’agit de vidéos ou de photographies, qui ont un réalisme plus immédiat. […]
Pour qu’il y ait médiation, il faut passer la porte de l’institution. J’ai le souvenir d’un cas de parent d’élève
qui avait fait annuler la visite d’une exposition car cette personne avait vu sur Internet un nu de dos, une
reproduction d’œuvre ! »
Bienvenue en enfer
Fabien Simode interroge ensuite Martine Mauvieux : « La commission d’acquisition de la BnF garde-t-elle
en tête le risque d’intégrer une œuvre ? » Sans aucun doute, la conservatrice répond : « Non. Le rôle de
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la BnF est de garder une trace de tout ce qui se produit tout le temps, quelque soit l’imagerie. Ceci-dit,
il existe bien une section qu’on appelle “ l’Enfer ”… En 2007-2008, la BnF a organisé une exposition sur
l’Enfer, sur ces pièces qui sont d’ordinaire cachées dans des armoires à clé et présentées uniquement sur
rendez-vous avec autorisation spéciale. »
Et en privé ?
« Quand vous décidez de commencer une collection, quelles sont les questions que vous vous posez ?
Surtout quand vous choisissez des images fortes… » demande Fabien Simode à Estelle Francès qui
commente : « Quand nous avons commencé, il n’y avait pas de thème. C’était avant tout des œuvres qui
nous plaisaient et, en effet, des fois certaines œuvres étaient de la provocation. C’est aussi un choix pour
lutter contre l’indifférence. […] Si nous aimons une œuvre, nous allons l’accompagner. Par exemple, nous
avons exposé Piss Christ, et l’œuvre a été appréciée car nous avons raconté une histoire qui permettait de
la découvrir sous un autre angle. Aujourd’hui les institutions sont plus frileuses sur les œuvres mais nous
avons la chance, en tant que fondation privée, de ne pas avoir à nous censurer. »
Quid de la liberté d’expression
« Les artistes sont toujours influencés par l’actualité mais ils réfléchissent sur un temps plus long »
commente Marion Papillon. Et Marc Donnadieu de rebondir : « Je pense que toute œuvre est engagée ».
Catherine Millet reprend alors la parole : « Je pense qu’il faut être pragmatique et prendre des décisions
en fonction du contexte très concret. Il ne faut pas toujours être dans la provocation. Une chose qui m’a
frappée après les attentats du 7 janvier, c’est la notion de responsabilité. Les dessinateurs savaient qu’ils
étaient menacés et néanmoins, ils ont continué à provoquer. Ont-ils eu raison de maintenir cette position ?
Avant, j’aurais dit oui, il ne faut pas se soumettre. Après, on a appris que des Chrétiens en faisaient les
frais au Moyen-Orient. Je pense qu’il faut distinguer éthique de conviction et éthique de responsabilité pour
citer Max Weber. Peut-être que certaines choses sont à ne pas faire et qu’il faut accepter l’autocensure. La
liberté d’expression a actuellement atteint ses limites. » « Notre rôle est de parler aux enfants et de trouver
une solution pour transmettre » conclut Marion Papillon.
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