Point de vue économique Big Brother is watching you… Little

Transcription

Point de vue économique Big Brother is watching you… Little
Point de vue économique
Big Brother is watching you… Little brother is sucking you up!
Dans un siècle où la « donnée » est le nouvel or noir, le « big data », ou
ensemble des données numériques, est utilisé par les entreprises pour faire
du profit. Un danger pour notre vie privée?
Chief Executive Officer (CEO), Chief Financial Officer (CFO), Chief Operations
Officer (COO), tant d’abréviations connues et utilisées depuis bien longtemps dans le
monde entrepreneurial. Cependant, à l’aube de ce nouveau millénaire, un nouvel
acronyme fait son chemin, le DPO (Data Protection Officer). Un certain nombre
d’experts tendent à dire que la confiance est dorénavant la monnaie du XXIème
siècle et que la « donnée » devient le nouvel or noir de notre société 2.0. Mais à quel
point les entreprises et plus spécifiquement les réseaux sociaux utilisent-ils et
revendent-ils nos données dans notre dos et quels sont concrètement nos moyens
d’actions contre tout ceci ? Vous comprendrez à la lecture de cet article que le « Big
Brother » créé par George Orwell dans son livre « 1984 » n’est plus le seul qui
menace, il y a maintenant son petit frère (little Brother), plus connu sous le nom de
“big data”. Celui-ci ne rate pas une occasion de se moquer de notre vie privée. Le
« big data » ne dort jamais et ne se repose certainement pas le septième jour.
Une récente étude (janvier 2015), publiée par des chercheurs des universités de
Cambridge et de Stanford a conclu que Facebook serait capable de prédire notre
comportement avec plus de précision que notre propre famille, nos amis les plus
proches ou même notre thérapeute. Les données récoltées sont si précises qu’il est
possible de prédire ce qu’une personne s’apprête à faire dans la semaine.
Vous pensez que ça ne vous concerne pas, vous qui ne ne postez quasiment
rien sur les réseaux sociaux ? Détrompez-vous, les données ne proviennent pas
uniquement des discussions des internautes. Le temps de connexion est enregistré,
vos informations personnelles liées à votre profil et le nombre de click effectués sur
telle ou telle publication ne sont désormais plus un secret pour personne. Utilisez en
plus la fonction : « rechercher un individu » et votre compte est bon… Facebook est
dorénavant capable de retracer votre parcours et de prédire ce que vous allez faire.
La publicité n’est certainement pas l’unique source de revenus des réseaux sociaux.
La revente des données récoltées auprès des utilisateurs est loin d’être dérisoire
dans le bilan de ces entreprises. Pour des raisons de confidentialités, les réseaux
sociaux s’abstiennent bien de révéler le montant exact que représentent ces types
d’émoluments. N’est-ce pas ironique? Jamie Bartlett, directeur du centre d’analyse
des réseaux sociaux a publié un article (décembre 2013) dans lequel il faisait état
d’un montant moyen abandonné par chaque individu sur le net en terme de données
d’une valeur de 5’000 livres Sterling par année. Les entreprises sont prêtes à payer
le prix fort à l’obtention de ces données.
Bien que cela ne soit pas encore implanté en Suisse, des projets pilotes sont en
cours de développement. Les supermarchés tels que la Migros ou la Coop seront
dans un futur proche capable de customiser la publicité en fonction de chaque
individu. Les pancartes publicitaires seront remplacées par des écrans numérique qui
adapteront le prix des biens en fonction du profil de chaque client.
D’un point de vue économique, le « big data » surnommé par certains « little
brother », est une source de revenu importante au niveau mondial. Mais quelles sont
les implications réelles pour les citoyens ? Doit-on en avoir peur ? Doit-on au
contraire s’en réjouir car tout sera dorénavant adapté en fonction de nos besoins ?
S’agit-il réellement de nos besoins en fin de compte? Il est malheureusement trop tôt
pour se prononcer. Ce sujet soulève des questions d’ordre moral et éthique à propos
du droit fondamental à la vie privée et à la protection des données. Le débat est
ouvert auprès des gouvernements, et le monde juridique, qui se passionne
évidemment pour cette question, planche également pour tenter de trouver des
solutions (voir à ce sujet le point de vue juridique).
Frédéric Alimi
Bibliographie :
Global Security Mag. (2015). Entre innovation, business et vie privée, comment
exploiter
intelligemment
la
donnée ?
Repéré
à
https://www.globalsecuritymag.fr/Entre-innovation-business-etvie,20150408,52136.html, consulté le 22 Juillet 2015
Les Echos. (2014). Protéger la vie privée, un business d’avenir. Repéré à
http://www.lesechos.fr/25/11/2014/LesEchos/21821-043-ECH_proteger-la-vieprivee–un-business-d-avenir.htm, consulté le 22 Juillet 2015
Daniel Newman. (2015). Big Data: Why Facebook knows us better than our therapist.
Repéré
à
http://www.forbes.com/sites/danielnewman/2015/02/24/big-data-whyfacebook-knows-us-better-than-our-therapist/, consulté le 23 Juillet 2015
Révolte numérique. (2012). L’utilisation des données par les réseaux sociaux.
Repéré à http://www.revoltenumerique.herbesfolles.org/2012/07/21/comment-lesreseaux-sociaux-utilisent-nos-donnees-infographie/ , consulté le 23 Juillet 2015
Jamie Bartlett. (2013). iSPY : How the internet buys and sells your secrets. Repéré à
http://www.spectator.co.uk/features/9093961/little-brothers-are-watching-you/
,
consulté le 23 Juillet 2015