Le Courrier de Saint

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Le Courrier de Saint
Édition du 03 septembre 2008
Cours d'éthique et culture religieuse
Mgr Lapierre donne sa bénédiction
Marie-Pier Gagnon Nadeau
La rentrée scolaire 2008 marque l'entrée en scène du nouveau cours d'éthique et culture religieuse qui guidera
désormais les élèves à travers les nombreuses croyances et traditions qui forment le nouveau visage du
Québec. Si le changement de cap a suscité quelques protestations, il pourrait bien avoir d'heureuses
conséquences dans les églises si l'on se fit à Mgr François Lapierre, évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe.
Sur les quelque 11 500 élèves de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSH), 16 enfants représentant huit
familles ont fait l'objet de demande d'exemption au cours d'éthique et de culture religieuse. Elles ont toutes été refusées.
« Il faut comprendre que ce nouveau cours fait maintenant partie du cursus scolaire, au même titre que ceux de français
ou de mathématique », a fait remarquer la conseillère en communications de la CSSH, Chantal Gagnon.
Face à ce renouveau dans le milieu de l'éducation, l'évêque du diocèse admet qu'un changement majeur s'imposait. « Le
cours de religion en place n'arrivait plus à intéresser les élèves et à atteindre les objectifs », fait remarquer Mgr Lapierre.
Sage et ouvert, il entrevoit même les retombées positives de la laïcisation des écoles publiques pour son Église. « partir
de maintenant, nous allons devoir nous impliquer davantage dans l'éducation de la foi, tout comme les familles et la
communauté. Nous avons trop longtemps laissé cette tâche uniquement aux écoles. Pourtant, les valeurs et les traditions
sont le reflet d'un ensemble, d'un tout. »
Déjà, les paroisses offrent davantage de cours d'initiation à la foi et de cheminement religieux pour les gens de tous
âges. « De plus en plus, les parents s'inscrivent aux cours et y assistent avec leurs enfants. C'est un cheminement
familial. Et n'oublions pas que tous ceux qui s'inscrivent en catéchèse dans les paroisses sont véritablement intéressés à
vivre un cheminement religieux. Ils ont une volonté bien présente. »
Afin de se familiariser avec le nouveau programme, Mgr Lapierre a assisté aux formations offertes aux enseignants. Ce
qu'il y a vu l'a rassuré. « Il ne s'agit pas d'un cours magistral qui compare les religions. Ce n'est pas un menu qui sera
étalé devant les jeunes enfants. Ils n'auront pas à choisir entre les bouddhistes, les musulmans, les catholiques ou les
extra-terrestres. »
Si l'évêque est prêt à laisser la chance au nouveau cours de faire ses preuves, il conserve néanmoins un regard critique.
« Ce n'est pas seulement une question d'éducation à la foi, c'est aussi tout un héritage culturel qu'il ne faut pas perdre.
Récemment, on m'a raconté qu'un jeune homme rencontré dans la rue ne savait pas ce qu'était une cathédrale. Bien sûr,
on peut aller au Ciel même si on ne sait pas ce qu'est une cathédrale, mais il y a un aspect historique à saisir, sans quoi
on ne sera plus en mesure de se comprendre. Il faut pouvoir expliquer ce que l'on voit et ce que l'on vit. »
Le défi à relever sera maintenant de rester soi-même tout en accueillant des gens de différentes croyances. « Nous
serons en mesure d'évaluer, dans les années à venir si le défi aura été relevé, pas seulement par les églises, mais aussi
par les familles et les communautés. Au cours des 40 dernières années, la société s'est transformée et la situation exige
qu'on apprenne à mieux se respecter les uns les autres. Espérons que ce cours permettra d'améliorer le dialogue entre
les religions afin que tous vivent dans la paix et l'harmonie. »
L'évêque du diocèse promet toutefois de demeurer vigilant quant au nouveau cours. « Un jour, au siècle prochain, les
historiens se pencheront sur ce moment précis et ils seront en mesure de dire si les évêques ont manqué le bateau ou si,
au contraire, ils auront su tirer avantage de ce tournant dans l'éducation. »

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