résurrection de Lazare

Transcription

résurrection de Lazare
Lazare, viens dehors !
(Jn 11,43)
« Jésus lui dit : « Je suis la Résurrection et la Vie :
celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;
et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais.
CroisCrois-tu cela ? » Jn 11,2511,25-26
Service de la Parole
Année 2010-2011
Diocèse de Lille
Lazare, Marthe et Marie D6/1bis
Pour animer la rencontre
•
Voilà un récit qui va « toucher » profondément puisqu’il met en scène une famille face à
la mort d’un proche. Nous ne pouvons pas ne pas être concernés, puisqu’il s’agit aussi de
notre propre mort. Il faudra donc être vigilant et faire attention aux réactions de chaque
personne, ne rien prendre à la légère et trouver les mots justes d’un point de vue humain et
d’un point de vue de croyant.
•
Il se peut que le sujet de la « communication avec l’au-delà » soit amené par quelqu’un.
C’est un sujet délicat. On peut laisser s’exprimer quelqu’un qui en aurait fait l’expérience,
accueillir ce qu’il dit comme une expérience personnelle autour de laquelle bien des gens
cherchent. Mais assez vite conclure que c’est difficile et qu’il n’en est pas question dans le
Nouveau Testament.
•
Qui est Lazare ? Le frère de Marthe et de Marie de Béthanie. Ce n’est pas celui de la
parabole de Luc 16,19-31. Ne pas confondre un personnage réel et le personnage fictif de
la parabole.
Pour le déroulement de la rencontre :
1) Après avoir feuilleté la 1ère partie de l’évangile pour bien reprendre ses marques en
lecture continue et souligner l’importance du texte Fiche D6/3
2) Le mieux est de relever, séquence par séquence, les personnages, ce qu’on en dit, ce
qu’ils disent, ce qu’ils font. Cela prendra déjà bien du temps. Fiches D6/4 et D6/5
3) L’animateur aura relevé au passage quelles questions travaillent les participants.
Il pourra donc ici orienter vers les autres fiches.
Il y a trois niveaux au sujet de la résurrection des morts :
- ce que l’on croyait à la fin de l’AT
- Les réanimations qu’ a opérées Jésus comme signes du Dieu qui veut la vie.
- Sa propre résurrection qui confirme ce qu’il dit de lui : Je suis la résurrection et la
vie….
4) Ne pas négliger de regarder l’image et de prier avant de se quitter Fiche D6/8
Lazare, Marthe et Marie, Jn 10,40-11,54 D6/2a
Jésus s’en retourna au-delà du Jourdain, à
l’endroit où Jean avait commencé à baptiser, et
il y demeura.
Beaucoup vinrent à lui et ils disaient: "Jean,
certes, n’a opéré aucun signe, mais tout ce qu’il
a dit de cet homme était vrai."
Et là, ils furent nombreux à croire en lui.
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Alors Thomas, celui que l’on appelle Didyme, dit
aux autres disciples: "Allons, nous aussi, et
nous mourrons avec lui."
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Il y avait un homme malade; c’était Lazare de
Béthanie, le village de Marie et de sa soeur
Marthe.
Il s’agit de cette même Marie qui avait oint le
Seigneur d’une huile parfumée et lui avait
essuyé les pieds avec ses cheveux; c’était son
frère Lazare qui était malade.
Les soeurs envoyèrent dire à Jésus: "Seigneur,
celui que tu aimes est malade."
Dès qu’il l’apprit, Jésus dit: "Cette maladie
n’aboutira pas à la mort, elle servira à la gloire
de Dieu: c’est par elle que le Fils de Dieu doit
être glorifié."
Or Jésus aimait Marthe et sa soeur et Lazare.
Cependant, alors qu’il savait Lazare malade, il
demeura deux jours encore à l’endroit où il se
trouvait.
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Après quoi seulement, il dit aux disciples:
"Retournons en Judée."
Les disciples lui dirent: "Rabbi, tout récemment
encore les Juifs cherchaient à te lapider; et tu
veux retourner là-bas?"
Jésus répondit: "N’y a-t-il pas douze heures de
jour? Si quelqu’un marche de jour, il ne
trébuche pas parce qu’il voit la lumière de ce
monde;
mais si quelqu’un marche de nuit, il trébuche
parce que la lumière n’est pas en lui."
Après avoir prononcé ces paroles, il ajouta:
"Notre ami Lazare s’est endormi, mais je vais
aller le réveiller."
Les disciples lui dirent donc: "Seigneur, s’il s’est
endormi, il sera sauvé."
En fait, Jésus avait voulu parler de la mort de
Lazare, alors qu’ils se figuraient, eux, qu’il
parlait de l’assoupissement du sommeil.
Jésus leur dit alors ouvertement: "Lazare est
mort,
et je suis heureux pour vous de n’avoir pas été
là, afin que vous croyiez. Mais allons à lui!"
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A son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau;
il y était depuis quatre jours déjà.
Comme Béthanie est distante de Jérusalem
d’environ quinze stades,
beaucoup de Juifs étaient venus chez Marthe et
Marie pour les consoler au sujet de leur frère.
Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle
alla au-devant de lui, tandis que Marie était
assise dans la maison.
Marthe dit à Jésus: "Seigneur, si tu avais été ici,
mon frère ne serait pas mort.
Mais maintenant encore, je sais que tout ce que
tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera."
Jésus lui dit: "Ton frère ressuscitera."
-"Je sais, répondit-elle, qu’il ressuscitera lors de
la résurrection, au dernier jour."
Jésus lui dit: "Je suis la résurrection et la vie:
celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra;
et quiconque vit et croit en moi ne mourra
jamais. Crois-tu cela?"
-"Oui, Seigneur, répondit-elle, je crois que tu es
le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le
monde."
Là-dessus, elle partit appeler sa soeur Marie et
lui dit tout bas: "Le Maître est là et il t’appelle."
A ces mots, Marie se leva immédiatement et alla
vers lui.
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Jésus, en effet, n’était pas encore entré dans le
village; il se trouvait toujours à l’endroit où
Marthe l’avait rencontré.
Les Juifs étaient avec Marie dans la maison et
ils cherchaient à la consoler. Ils la virent se
lever soudain pour sortir, ils la suivirent: ils se
figuraient qu’elle se rendait au tombeau pour
s’y lamenter.
Lorsque Marie parvint à l’endroit où se trouvait
Jésus, dès qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds
et lui dit: "Seigneur, si tu avais été ici, mon frère
ne serait pas mort."
Lorsqu’il les vit se lamenter, elle et les Juifs qui
l’accompagnaient, Jésus frémit intérieurement
et il se troubla.
Il dit: "Où l’avez-vous déposé?" Ils répondirent:
"Seigneur, viens voir."
Alors Jésus pleura;
et les Juifs disaient: "Voyez comme il l’aimait!"
Lazare, Marthe et Marie, Jn 10,40-11,54 D6/2b
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Mais quelques-uns d’entre eux dirent: "Celui qui
a ouvert les yeux de l’aveugle n’a pas été
capable d’empêcher Lazare de mourir."
Alors, à nouveau, Jésus frémit intérieurement et
il s’en fut au tombeau; c’était une grotte dont
une pierre recouvrait l’entrée.
Jésus dit alors: "Enlevez cette pierre." Marthe, la
soeur du défunt, lui dit: "Seigneur, il doit déjà
sentir… Il y a en effet quatre jours…"
Mais Jésus lui répondit: "Ne t’ai-je pas dit que, si
tu crois, tu verras la gloire de Dieu?"
On ôta donc la pierre. Alors, Jésus leva les yeux
et dit: "Père, je te rends grâce de ce que tu
m’as exaucé.
Certes, je savais bien que tu m’exauces
toujours, mais j’ai parlé à cause de cette foule
qui m’entoure, afin qu’ils croient que tu m’as
envoyé."
Ayant ainsi parlé, il cria d’une voix forte: "Lazare,
sors!"
Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les
mains attachés par des bandes, et le visage
enveloppé d’un linge. Jésus dit aux gens:
"Déliez-le et laissez-le aller!"
Beaucoup de ces Juifs qui étaient venus auprès
de Marie et qui avaient vu ce que Jésus avait
fait, crurent en lui.
Mais d’autres s’en allèrent trouver les Pharisiens
et leur racontèrent ce que Jésus avait fait.
Les grands prêtres et les Pharisiens réunirent
alors un conseil et dirent: "Que faisons-nous?
Cet homme opère beaucoup de signes.
Si nous le laissons continuer ainsi, tous croiront
en lui, les Romains interviendront et ils
détruiront et notre saint Lieu et notre nation."
L’un d’entre eux, Caïphe, qui était Grand Prêtre
en cette année-là, dit: "Vous n’y comprenez
rien
et vous ne percevez même pas que c’est votre
avantage qu’un seul homme meure pour le
peuple et que la nation ne périsse pas tout
entière."
Ce n’est pas de lui-même qu’il prononça ces
paroles, mais, comme il était Grand Prêtre en
cette année-là, il fit cette prophétie qu’il fallait
que Jésus meure pour la nation
et non seulement pour elle, mais pour réunir
dans l’unité les enfants de Dieu qui sont
dispersés.
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C’est ce jour-là donc qu’ils décidèrent de le faire
périr.
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De son côté, Jésus s’abstint désormais d’aller et
de venir ouvertement parmi les Juifs: il se retira
dans la région proche du désert, dans une ville
nommée Ephraïm, où il séjourna avec ses
disciples.
Guide de lecture
Pour la lecture en continu
ère
En feuilletant la 1 partie de l’évangile de Jean (Jn
1,18-12,54), repérer la place occupée par le signe de la
résurrection de Lazare. (revoir la fiche D1/2)
Que peut-on en déduire ?
Lire ce qui est juste avant (Jn 10,40-42) et juste après
(Jn 11,54-57) . Comment cela oriente-t-il notre lecture du
texte ?
Pour approfondir Jn 11,1-53
1- Repérer les séquences (mettre des couleurs) à partir
des changements de lieux et de temps.
Rassembler tout ce qui concerne la dimension
tragique de la mort
2- Dans chaque séquence, voir :
• Les personnages (ce qu’on en dit)
• Ce qu’ils disent
• Ce à quoi ils servent dans le récit (leur
rôle)
3- Relever tout ce qui concerne, Jésus, le personnage
principal
• Comment est-il nommé ?
• Ce qu’il fait
• Ce qu’il dit
4- Quelle est la position de Jésus par rapport à la mort ?
Quelle place Lazare tient-il dans ce texte ? Sur quoi
est centré le récit ? Comment la résurrection de
Lazare est-elle un signe ?
5- En quoi sommes-nous concernés ?
Le dernier des 7 signes… avant la passion Jean D6/3
La résurrection de Lazare est le dernier et le plus grand des « signes » accomplis par le Jésus
johannique… Le quatrième évangéliste a voulu placer ce récit propre à l’évangile de Jean au point
culminant du ministère public. Il occupe ainsi une place centrale dans cet évangile, non seulement
parce qu’il vient au chapitre 11 mais surtout par son contenu :
• C’est le dernier et le plus grand des sept « signes »
• C’est l’ouverture à la passion
Le point culminant du ministère public
Jean a soigneusement organisé la succession des « signes» miraculeux de Jésus pour créer un
crescendo régulier tant au plan du style littéraire que du message théologique.
A- Au plan littéraire, Jean inscrit une
évolution dans la forme et le contenu
de ses récits de «signes» :
•
•
•
Il commence par des récits de
miracles courts et relativement
isolés, qui gardent une couleur
synoptique (le changement de l'eau
en vin à Cana [2, 1-11], la guérison
du fils : l'officier royal [4, 46-54].
Il passe ensuite à des récits de
miracle toujours assez courts, mais
qui commencent à être intégrés dans
des ensembles littéraires plus larges,
dans la mesure où ils sont le point de
départ de longs dialogues et
monologues
théologiques
(la
guérison de l'homme paralysé à la
piscine de Bethzata [5, 1-9], la
multiplication des pains avec la
marche sur la mer [6, 1-15.16-21], la
guérison de l'aveugle de naissance
[9, 1-17] ;
Il arrive enfin au récit de miracle de
Lazare, où le dialogue théologique
ne vient pas après le récit de miracle
mais est tissé à l'intérieur même de
celui-ci. Tout au long du récit de
Lazare, Jésus prononce des minidiscours sur des thèmes typiquement
johanniques : la gloire de Dieu, la
lumière
et
les
ténèbres,
la
résurrection et la vie, son union avec
son Père.
B- Au plan théologique, chacun des signes
antérieurs était, dans une certaine mesure,
porteur du message clairement proclamé par ce
signe final : Jésus est le donneur de vie. […]
Tous ces signes ont en commun un élément sousjacent : dans chacun d'eux, Jésus donne au plan
physique une sorte de vie plus pleine, plus joyeuse
ou plus sûre à des gens dont la vie était d'une
manière ou d'une autre diminuée, écrasée ou
menacée.
Malheureusement,
beaucoup
de
personnages de ces récits ne dépassent jamais le
plan physique ; ils ne « voient» jamais le signe dans
le sens le plus fort du mot voir (cf. Jn 6, 2.14.26).
Pour Jean, la vérité profonde de chaque signe
ne se limite pas à l'avantage physique accordé
au niveau de surface. Jean emploie le mot « signe»
précisément pour souligner le fait que le don d'une
vie humaine plus pleine au plan physique n'est pas
une fin en soi mais seulement un symbole qui
renvoie, au-delà de lui-même, à la plénitude de vie
divine que Jésus propose à la personne croyante :
« Je suis venu pour qu'ils aient la vie et qu’ils
l'aient en abondance» (Jn 10, 10). […] Cette
parole trouve bien sa place dans l'ensemble de la
structure johannique, après la guérison de l'aveugle
de naissance . Face à la mort, le cadeau de la vie
humaine n'est plus simplement symbolisé ou offert
en partie, mais donné directement et à plein sur le
plan physique. Ce don de la vie devient ainsi le
symbole le plus grand et le plus frappant de la
vie divine offerte par Jésus à la personne qui
J.P. Meier, Un certain Jésus, Cerf p. 588-589
croit.
Vers la Passion
Cet épisode peut aussi être vu comme ouverture de la passion, la résurrection de Lazare
formant une inclusion avec celle de Jésus. En effet, certains éléments du vocabulaire employé
pour décrire le tombeau de Lazare et la façon dont il est enseveli, sont repris dans le passage de
la découverte de la tombe vide : La tombe de Lazare est une grotte fermée par une pierre (Jn
11,38) comme celle de Jésus (Jn 20,1). Jésus demande d’enlever la pierre du sépulcre (Jn 11,39)
Marie Madeleine trouve la pierre enlevée (Jn 20,1). À l’appel de Jésus, Lazare sort le visage
entouré d’un suaire (Jn 11, 44) entrant dans le sépulcre vide, Pierre voit le suaire qui avait
recouvert la tête de Jésus (Jn 20,5-6)
De plus, tout de suite après ce récit, Jean mentionne une réunion de ''grands prêtres et
pharisiens'' au cours de laquelle ceux-ci prennent la décision de tuer Jésus (Jn 11, 47-53).
B. Escaffre, Dossiers de la Bible, n°96 p. 11
Les personnages
D6/4
Un récit percutant par son ampleur, son intensité dramatique et le nombre des personnages.
Parce qu’il y est question de la mort, ce récit porte en lui une dimension symbolique forte car chaque
croyant et même chaque être humain peut s’y projeter comme dans un miroir.
Lazare
Marthe
Lorsqu'on considère la figure de Lazare dans le
récit actuel, on en retire l'impression d'un
personnage qui n'existe que par rapport aux
autres personnages du récit.
En quittant le groupe, formé par les soeurs et les
Juifs, et caractérisé par le deuil, Marthe se dissocie
du deuil et se place du côté du Seigneur des vivants.
Face à Jésus, Marthe se place d'entrée dans une
position de croyante, faisant pleinement confiance
à Jésus, aussi bien dans sa confession de la foi juive
en la résurrection que dans la révélation de sa propre
personne comme Vie et résurrection.
« Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort »
(v. 21).« Mais je sais que quoi que tu demandes à
Dieu, Dieu te le donnera » (v. 22)….
Marthe commence par reconnaître la capacité de
Jésus d'intervenir en faveur de Lazare. Puis, en
s'appuyant sur la réponse de Jésus (« ton frère
ressuscitera »), elle marque son adhésion au credo
du
judaïsme
sur
la
résurrection
finale.
Puis quand Jésus, après s'être effacé derrière la foi
juive qu'il partage avec elle, se met lui-même au
coeur de son message, elle bascule de l'univers de
la connaissance dans celui de la foi : « Je crois que
tu es le Christ, le fils de Dieu, celui qui vient dans
le monde. » Ici Marthe dépasse la foi juive, et c'est
en cela qu'elle est chrétienne…
Le récit est explicite sur les diverses
transformations qu'il subit. Il est malade, et c'est
ce qui fait démarrer le récit. Le manque est posé
d'entrée. Par un phénomène de suspense, ce
manque est décrit comme une détresse de plus en
plus extrême et irréversible. Lazare est malade (Jn
11, 1), puis mort (v. 14), enterré depuis quatre
jours (v. 17), enfin déjà en état de décomposition
(v. 39). C'est précisément quand il atteint son point
culminant que le manque est comblé : Lazare est
l'objet d'une restauration de la part de Jésus.
Lazare est donc bien le ressort qui fait partir le
récit.
Et pourtant il n'apparaît jamais comme un actant
responsable et autonome. Il n'a d'existence que
comme l'objet d'une série de prises de paroles,
d'actions ou d'interprétations et de transformations.
Lazare est le révélateur qui dévoile la vérité de
chacun face à la mort. Si Lazare est sans voix et
sans visage (voilé), c'est parce qu'il donne voix et
visage à Jésus qui affronte sa propre mort dans les
larmes et le sang et en triomphe parce qu'il est le
Fils de Dieu venu dans le monde. C'est aussi parce
qu'il permet à tous les autres protagonistes de
prendre la parole face à la mort. A. Marchadour Les
Il est évident que le comportement de Marthe prend
sens par opposition à celui de Marie, mais aussi des
Juifs. Dans la distribution des rôles, Marthe joue le
rôle de la croyante parfaite qui accueille en Jésus
la Résurrection et la Vie. A. Marchadour p.106 et108
personnages dans l’évangile de Jean p.111
Les disciples, les Juifs, les pharisiens
Marie
Les deux soeurs rencontrent le même personnage au même endroit pour s'entretenir d'un sujet
identique. Ce parallélisme permet d'opposer deux
attitudes face à la mort en présence de Jésus.
Marie, de bout en bout, est marquée par une
série de notations funèbres... L'attitude prostrée
de Marie aux pieds de Jésus (v. 32), son dialogue
avec lui, bref et amputé de la confession de foi qui
prolonge et modifie la demande de sa soeur, son
environnement de pleurs (les siens, ceux des Juifs
et ceux de Jésus) : tout cela place la séquence
dans un climat d'autant plus sombre qu'il vient juste
après la séquence lumineuse entre Marthe et
Jésus. … Elle souligne la dimension humaine
de Jésus, alors que Marthe privilégiait son
identité divine. L'ébranlement affectif de Jésus
n'est en rien provoqué par la foi grandiose de
Marthe. Ce sont les pleurs et la tristesse de Marie
qui éveillent en Jésus le trouble et la détresse où il
apparaît en vérité comme un homme.
A. Marchadour p.109
Souvent témoins silencieux de la révélation de
Jésus, les disciples (11,7-16) manifestent une foi
encore hésitante. Ils montrent en actes ce que veut
dire être disciple, se laisser enseigner par le maître
et marcher à sa suite : « Allons, nous aussi, et nous
mourrons avec lui » (11,16). Cette formule exprime la
crainte qui, au second degré, habite les disciples, en
même temps qu'elle définit le vrai chemin du disciple.
La « suivance » de Jésus consiste à emprunter le
chemin de la croix, pour avoir part à la gloire de la
Résurrection.
Pour certains Juifs, la mort de Lazare et l'intervention de Jésus débouchent sur la foi en Jésus ;
pour d'autres, elle entraîne une intervention
malveillante auprès du Sanhédrin (v. 45).
Dans l'histoire de Jésus, la résurrection de Lazare
marque, en effet, un moment clé, à la fois dans la
révélation de son être divin et humain et dans la
réception de cette révélation, positive chez les uns,
négative chez les autres, au point d'être la cause
directe de sa mise à mort : « Grands prêtres et
pharisiens, dès ce jour-là donc, résolurent de le
Guide de lecture du N. T. p.364 sv
tuer » (11,53).
Jésus D6/5
L'évangile en son entier raconte le dévoilement progressif de Jésus face aux hommes.
L'histoire de Lazare arrive au terme de ce processus, septième et dernier signe du
Révélateur cherchant à se faire reconnaître. On comprend que tout le récit soit centré sur
Jésus.
Il est successivement l'interlocuteur de tous les personnages : les disciples, Marthe et Marie et
les juifs. Sa présence, son agir et sa parole obligent chacun de ces personnages à se situer face à
lui, en présence de Lazare entré dans le silence de la mort.
Une présence écrasante
Une fragilité inattendue
De la lecture continue du récit, le lecteur
perçoit la présence écrasante de
Jésus, qui par son savoir et son
interprétation
de
l'événement
dédramatise en grande partie l'intrigue
pourtant pleine de suspense, interprète
les événements à venir (v. 4), les prévoit
avant même qu'ils ne surviennent (v. 11)
et les finalise avant leur déroulement (v.
15). C'est Jésus qui décide aussi du
moment opportun pour son départ vers
Béthanie - départ jugé trop hâtif par ses
disciples (11,8) et trop tardif par les deux
soeurs (11,21.32) -, en même temps qu'il
est aussi celui qui, au milieu des
menaces des Juifs, des interrogations
des disciples et des doutes des deux
femmes, agit avec autorité et assurance.
Il dispose donc du savoir, du vouloir et
du pouvoir. Il sait que Lazare malade va
mourir puis revenir à la vie (v. 12-13).
Enfin il a le pouvoir - et il en donne la
démonstration - de rendre la vie à celui
qui était mort depuis quatre jours.
Pourtant cette seigneurie de Jésus
maîtrisant l'histoire disparaît aux versets 2838. Jésus qui jusque-là était apparu sans
faille, y dévoile, en effet, une fragilité
inattendue : il frémit dans son esprit (v. 33),
se trouble (v. 33), verse des larmes (v. 35).
Ainsi, à l'intérieur de la révélation éclatante
de l'envoyé du Père, une brèche se donne à
voir. Celui qui « se réjouissait de n'avoir pas
été là » (v. 15) laisse apparaître sa douleur
et ses pleurs. Lui qui parlait avec tranquillité
se trouble devant la mort. Cette étrange
coexistence de puissance et de faiblesse a
intrigué plus d'un commentateur et certains,
pour sauver la majesté inébranlable du Fils
de Dieu, sont allés jusqu'à voir dans ces
marques d'humanité un « faire-semblant ». Il
n'en est rien. On pressent que ces deux
faces, l'une lumineuse, et l'autre sombre,
sont essentielles au récit. Elles expriment
la vérité de l'Incarnation : « Nous avons vu la
Gloire du fils dans le Verbe fait chair »
(1,14).
A partir de la foi juive, Jésus franchit un
seuil important. Ce qui était l'attribut
exclusif de Dieu: faire vivre et faire
mourir, Jésus se l'approprie. «Je suis la
Résurrection et la Vie. » … Jésus
révèle sa véritable identité et donc sa
puissance contre les forces de la
mort…Il revendique pour lui un privilège
divin…; en réalité son pouvoir n'a pas sa
source en lui-même et, dans sa prière …
Jésus confirme qu'il rattache son pouvoir
de faire vivre au Père qui l'a envoyé.
… La révélation, telle que Jean la présente
ici, est bien cette présence du révélateur
porteur du projet de Dieu au cœur même
de la souffrance, de la douleur et de la
détresse de la mort. La sombre séquence
entre Jésus et Marie …anticipe l'agonie et la
détresse de Jésus devant la mort. Gloire et
abaissement sont inséparables dans le
destin du Christ…. La grandeur de l'action
de Jésus ne sera reconnaissable que si la
rigueur de la mort physique n'est pas
banalisée.
On peut suivre la révélation de Jésus à travers les titres qui lui sont donnés. Il est «
Seigneur » sous la plume du narrateur (v. 2) ainsi que dans le discours des deux femmes (v.
3), de Marthe (v. 21), de Marie (v. 32), des témoins (v. 34). Il est « Rabbi », Maître, dans la
bouche des disciples (v.8), et « Christ, Fils de Dieu » dans le dialogue avec Marthe (v.27).
d’après A. Marchadour, Lazare, Cerf
La résurrection de Lazare : un signe D6/6
Ce qui est raconté de Lazare et de ses sœurs anticipe sur l’inouï du mystère de la
Résurrection. . Certes Lazare n’est que réanimé. Il devra à nouveau mourir. Mais le
signe que Jésus a fait pour son ami nous révèle qui il est : la Résurrection et la Vie.
Un signe
Une métaphore de l’Incarnation
En rappelant Lazare à la vie,
Jésus donnait un signe…de cette
vie qu’il avait pour mission de
révéler et de communiquer. Mais le
signe n’est pas la réalité. Il en est
seulement l’image, l’apparence
sensible qui porte le regard plus
loin, plus haut. Il est une force
d’éveil qui doit permettre au
désir de grandir, de s’élancer.
(…) La résurrection de Lazare, tout
comme la multiplication des pains,
n’est qu’un signe donné par Jésus
pour dilater le désir de l’homme,
pour ouvrir son cœur à la vie qui
demeure. En soi cette résurrection
n’est qu’un retour à une vie qui
reste mortelle. Elle ne résout rien.
La mort aura quand même le
dernier mot.
Mais en l’accomplissant, Jésus
laissait voir en lui une force de
vie capable de défier la mort.
La vraie vie qu’il veut nous
communiquer est une communion
à la vie éternelle de Dieu, dans sa
mort et sa résurrection.
Cette
communion n’est pas seulement le
fait de l’âme. Elle fait vivre tout
l’homme, corps et âme, en vie
nouvelle dans une participation à
l’homme
parfait,
au
Christ
ressuscité, et donc aussi à son
corps de gloire. Bref, elle est déjà,
par la foi, la vie du Ressuscité en
nous.
On peut relire ce chapitre en y voyant
une métaphore de l'Incarnation. Par
amour pour l'homme malade, Jésus,
envoyé par son Père, à l'heure fixée par
lui, s'aventure au risque de sa propre mort.
Pour que Lazare vive, Jésus doit mourir.
Mais l'accès de Lazare à Jésus passe par
la médiation des deux soeurs. Cela n'est
pas sans évoquer la fonction ministérielle
de l'Église dans l'accueil des nouveaux
baptisés et dans leur accompagnement
vers Dieu, au moment de leur mort. Jésus
apparaît en Gloire face à Marthe et
Lazare, et en détresse face à Marie et aux
Juifs. C'est en récit l'illustration du mystère
de l'Incarnation : Jésus, vrai Dieu et vrai
homme.
Eloi Leclerc . Le Maître du désir. DDB 1998. p.
106
D’après Guide de lecture du Nouveau Testament
p.365/366
Réanimation? Résurrection?
Il y a plusieurs récits dits de
« résurrection» dans la Bible : Le fils de la
veuve de Sarepta 1 R 17,17 sq ; La fille de
Jaïre Mc, 5, 35 sv et Lc, 8,40-56 ; Le fils
de la veuve de Naïn (Lc 7, 11-17) ; Lazare:
Jn10,40-11,54. Il s'agit du retour provisoire
à la vie de personnes qui étaient mortes,
et qui mourront à nouveau. C'est pourquoi
certains préfèrent utiliser le terme de
réanimation.
Jésus Christ, revenu à la vie, n'est pas
mort à nouveau, il est ressuscité. Sa
Résurrection révèle son identité : « Je suis
la Résurrection et la Vie» Jn, 10,25
Lire P. Debergé. Dossiers de la Bible 96. p.22-23
Ce qui est en cause, c'est notre conception de Jésus, de la vie, de la mort....
Un tel texte tranche dans le vif. À la fin du récit, les amis juifs de Marthe et Marie sont divisés : ceux qui
croient, ceux qui refusent le signe. Cette division pourrait bien atteindre tout lecteur, tiraillé entre des
attitudes. Ainsi, comment se situer vis-à-vis de Jésus : « Seigneur », « Maître », « Christ, Fils de
Dieu » il a l’air de tout maïtriser... et pourtant il pleure ! Sa Parole rend la vie mais il ne fait rien sans
prier son Père des cieux. Qui donc est cet homme? Qui donc est ce Dieu?
Gérard Billon , DB n° 96 p. 28-29
Croire devant la mort… croire contre la mort
D6/7
Pour les chrétiens, l'espérance s'enracine dans la foi que la mort n'est pas le dernier mot de
tout, qu'elle est certes un gué redoutable, angoissant, mais qu'elle peut être franchie et qu'elle l'a
été en Jésus-Christ. La résurrection a une portée historique. Si elle concerne bien le destin
historique de Jésus mort en croix, elle a une portée universelle : elle signifie que, dans le présent
même, le mur de la mort qui prend figure de l'indéchiffrable, peut être traversé.
Peut-on vivre sans croire ?
Un Dieu pour des vivants
La réponse est non, cent fois non. Sans
doute l’avez-vous déjà éprouvé : vivre et
croire recouvrent à peu près la même
réalité. Pas de vie sans une démarche de
confiance. Vivre à la lumière de la foi…
croire à l’épreuve de la vie, telle est la
proposition centrale de l’évangile de Jean.
Croire au sens de « faire confiance » à
quelqu’un.
Innombrables
sont
les
circonstances de la vie où la confiance est
sollicitée… pour que la vie puisse se
poursuivre.
A lire l’évangile, on prend la mesure du
chemin sur lequel Jésus engage ceux qui
veulent bien le suivre, à la découverte des
ressources de leur cœur.
Le Dieu d'Israël se présente comme le Dieu des
vivants. La mort n'est pas le lieu de Dieu… Être
mort, c'est être coupé de Dieu. Pour cette raison, les
Israélites ont mis longtemps avant de spéculer sur
une vie après la mort. Pour eux, l'au-delà, c'est la
non-vie.
Des hommes jeunes avaient pris le maquis pour
lutter contre la volonté des Grecs d'imposer le culte
de Zeus à Jérusalem; ils avaient été nombreux à
périr au cours de cette guerre sainte racontée dans
les livres des Maccabées. La question des survivants devenait prégnante : le Seigneur délaisseraitil ceux qui donnent leur vie pour lui ? Ainsi, peu à
peu, est née l’idée d’une vie après la mort. Le
mot le plus fréquent pour en parler a été
"résurrection", mais on trouve également les mots
"élévation" ou encore "exaltation".
Biblia n°35 p.24
Jésus combat la mort
Dieu et la mort
La foi chrétienne repose sur
cette conviction fondamentale :
ce Jésus qui est mort sur une
croix, Dieu l'a ressuscité, il
est vivant ! La contestation de
la mort est ainsi le point de
départ
de
l’aventure
chrétienne… Le Dieu des
vivants de l’Ancienne alliance
se donne à voir dans le combat
de son fils contre la mort et la
souffrance.
Ces convictions de foi ne gomment cependant pas la question:
pourquoi Dieu permet-il la mort violente, la mort injuste de
l'innocent ? Deux épisodes évangéliques vont nous éclairer,
regroupés par St Luc (chap. 13, v. 1-5). On y découvre :
- que pour Jésus la mort n’a rien à voir avec un mal ou un
péché
- que Dieu ne punit pas les hommes selon leurs péchés.
Si Dieu est celui que révèle Jésus dans les évangiles, il est le
Dieu qui souffre avec, qui combat la souffrance, qui détruit
la mort. Jamais la responsabilité d'aucune mort n'est attribuée à
Dieu. Devant la mort qui nous angoisse les Écritures invitent à
l'espérance.
L'espérance s'enracine sur la confiance faite à la Parole de Dieu, transmise par les croyants de tous
les âges. "Lève-toi et marche", c'est l'antithèse de l'homme couché à jamais dans la tombe. Elle
devrait être la parole même des croyants à notre monde actuel. Parole qu'ils entendent d'abord pour
eux-mêmes, mais qu'en écho, ils doivent pouvoir adresser à une société marquée par le doute…
L'espérance constitue le fondement de la foi. Elle tient dans l'affirmation que quelque chose
d'autre est possible, et même certain.
d’après M. Autané, Les Dossiers de la Bible n°96 p. 24-26
Actualisation Prière
D6/8
S'il est vrai que c'est la parole de Jésus qui fait vivre, on comprend que l'aventure de Lazare soit ouverte sur
une lecture universelle. Croire en sa parole, c'est adhérer à un programme dans lequel le tombeau, au lieu
d'être un terme, est une péripétie…. Ainsi de Lazare à Jésus et de Jésus aux croyants, c'est le même enjeu
qui est au cœur de la plongée du Fils de Dieu dans l'aventure humaine, de sa sortie de l'au-delà pour
accomplir le dessein de Dieu : provoquer la foi en lui comme l'envoyé de Dieu c'est-à-dire celui qui
porte aux hommes le don de la vie et pour cela prend le risque de mourir…
Désormais, nous savons, grâce au Fils, que la pierre du tombeau est impuissante devant sa parole, que la
vie est dans l'obéissance et dans l'écoute.
Oui à la mort - Oui à la vie
Je ne me rappelle plus le jour où pour la
première fois j'ai senti que tout n'était pas
irrémédiablement perdu. Est-ce un sourire
d'enfant qui m'a réveillée ou un signe de
tristesse démasqué là où je ne voulais pas
en voir ? Un sens de la responsabilité?
Avais-je enfin épuisé le désespoir?
Peut-être me suis-je simplement prise au jeu
de la vie. La vérité a tant de facettes qu'il
m'est impossible de préciser comment j'ai
repris pied. Un jour, je me suis aperçue que
j'avais cessé de n'être qu'une façade.
J'existais, je respirais.
Je voulais à nouveau agir sur les
événements. Lentement, je me ressaisissais
et je voyais ce qui restait de moi. C'est alors
que j'ai commencé à ne plus subir la
solitude, mais à me laisser apprivoiser par
elle...
Jamais je n'avais regardé la mort avec
autant de désinvolture qu'au temps du
bonheur. Vivre ou mourir m'était alors
presque indifférent. A présent, la mort me
préoccupait. J'y pensais en traversant la rue,
en conduisant une voiture. Un rhume risquait
de se transformer en congestion, un léger
amaigrissement signifiait peut-être une
maladie grave. Je sortais de mon
engourdissement pour entrer dans ce monde
à vif que j'avais redouté et où tout, je ne
savais pour combien de temps, me blessait.
Je me souviens de l'émotion qui m'avait
saisie, Porte de la Villette, à la vue d'un
camion chargé de chevaux qui allaient vers
l'abattoir. Ces condamnés, même ceux-là,
me ramenaient à toi. Un soir, dans l'autobus,
j'étais restée hypnotisée par une petite tête
de mort en ivoire qui se balançait au bout
d'une chaîne d'or ; la fille qui la portait était
jolie, très jeune, les yeux faits et les lèvres
pâles, mon regard arrachait sa chair pour
découvrir son ossature et je voyais deux
têtes de mort auxquelles se substitua celle
qui me hantait (...).
Tu fus mon plus beau lien avec la vie.
Tu es devenu ma connaissance de la mort.
Quand elle viendra, je n'aurai pas
l'impression de te rejoindre, mais celle de
suivre une route familière, déjà connue de
toi.
Anne Philippe. Le temps d'un soupir. Julliard, pp. 96-99)
Iconographie
Suivant une longue
tradition byzantine et
médiévale, Duccio a
condensé en une
seule scène différentes étapes du récit
évangélique.
Une grotte dans la
montagne sert de
tombeau. Deux arbres
au-dessus évoquent
la vie possible dans ce décor rocailleux.
D’un groupe de personnages se détachent
- Jésus, vraiment homme et vraiment Dieu (habits
bleus et rouges) , la main droite tendue vers
Lazare qui vient de sortir du tombeau.
- et un disciple qui imite le geste de Jésus
Tandis que Marthe est debout, Marie, aux pieds de
Jésus l’implore.
Détail réaliste : un personnage se pince le nez
avec son manteau.
Duccio a choisi de focaliser l’attention sur Jésus
attirant Lazare vers la vie.
« Je suis la résurrection et la vie… Celui qui
croit en moi, même s’il meurt, vivra»
Prière
Nous croyons en toi, Jésus de Nazareth, vrai
homme vrai Dieu. Quand la terre n'en finissait pas
de tourner sur sa douleur,
quand l'espérance s'enlisait dans la peur du
lendemain,
tu as pris corps au ventre de Marie,
et tu as vécu en authentique fils de l'humain :
héritier de cette humanité que Dieu avait rêvée tout
autre...
Tu en es mort crucifié, avec deux malfaiteurs
Tu as connu l'abîme de l'angoisse et du désespoir,
Tu as crié l'abandon et le silence de Dieu
Le troisième jour, Celui qui veille t'a levé d'entre les
morts
Il t'a recueilli dans Sa lumière, accueilli en Fils de la
maison
Nous croyons en toi, Jésus de Nazareth,
tu n'as pas souffert pour rien :
tout ce que tu as dit nous brûle encore le cœur ;
quand nous pleurons nos violences et nos
lâchetés,
tu nous invites à prendre place à tes pieds
pour y trouver notre part d'éternité,
celle qui ne nous sera jamais ôtée
Lytta Basset, Traces vives, Labor et Fides, p. 73