Le soin prend un sens de plus en plus médical à

Transcription

Le soin prend un sens de plus en plus médical à
SOIN
SOIN
n.m. Trad. Angl. Nursing care. Domaine Sciences infirmières–médicales.
Voir aussi : SANTÉ, INTERVENTION THÉRAPEUTIQUE, RELATION SOIGNANTSOIGNÉ
Le soin prend un sens de plus en plus médical à partir du XVIIe
siècle. Il est défini par M. Pruvost85 comme « la diligence qu’on
apporte à faire réussir une chose, à la garder et à la conserver, à
la perfectionner ». Le soin comporte plusieurs acceptations. Selon
le Dictionnaire Littré, plusieurs sens révèlent la notion d’apporter
quelque chose à quelqu’un comme « une application de l'esprit à
une chose, à faire quelque chose, de veiller et faire en sorte que…
Le Prendre soin, avoir soin de quelqu'un, signifie aussi pourvoir à son
salut, à ses besoins, à ses nécessités, à sa fortune… Populairement,
avoir soin se rapporte à se bien nourrir ». Enfin, le soin relève ici
du devoir, de la charge de quelqu’un, d’y veiller, de s’en inquiéter,
de s’en préoccuper. Dans le Dictionnaire illustré des termes de
médecine86 le soin est un acte destiné à maintenir ou rétablir la
santé. Les auteurs distinguent deux types de soins :
• Soin direct : soin effectué sur la personne même du malade
(charge de travail en soins infirmiers).
• Soin indirect : travail effectué à distance du malade et
contribuant aux soins qui lui sont dispensés (charge de travail
en soins infirmiers).
Pour aller plus loin : BENAROYO, Lazare et MARIN, Claire. À quel soin se
fier ? Conversation avec Winnicott. Paris : PUF. 2015.
DÉMARCHE DE SOINS
Selon Ida Orlando87, spécialisée en santé mentale, qui fut à
l’origine de ce terme, « l’objectif des soins infirmiers est de
fournir l’aide qu’un patient requiert pour que ses besoins soient
satisfaits. L’infirmière atteint son objectif en engageant une
démarche qui détermine le besoin immédiat du patient et l’aide à
répondre à ce besoin directement ou indirectement. Elle y répond
directement si le patient est incapable de satisfaire son propre
besoin ; indirectement quand elle l’aide à obtenir les services
d’une personne, d’une institution, ou à partir de ressources grâce
auxquelles son besoin pourra être satisfait… Afin de développer et
préserver le caractère professionnel de son travail, l’infirmière doit
savoir – et être capable de –vérifier la façon dont ses actions et
379
SOIN
réactions aident ou ne parviennent pas à aider le patient, ou savoir
– et être capable de - confirmer que le patient n’a pas besoin de
son aide à un moment donné88 ». Pour Marie-Thérèse Bal-Craquin89,
la démarche de soins comporte huit étapes :
• Percevoir le problème, la situation ou le projet.
• Recueillir des données pertinentes et significatives de
l'exercice professionnel en cause.
• Analyser les données en établissant des liens de sens entre les
éléments recueillis.
• Identifier le problème (les caractéristiques de la situation ou
du projet) relevant de l'exercice du professionnel. C'est l'étape
du diagnostic
• Anticiper l'inverse du problème. C’est l’étape des objectifs ou
résultats escomptés.
• Définir les actions susceptibles de conduire à la résolution
du problème. Là prend place la démarche éducative en tant
qu’action.
• Mesurer et évaluer les résultats obtenus après l'action.
• Réajuster ou re-décider.
Pour aller plus loin : BELAL, Fatima. Le plan de soins guide. La revue de
l'infirmière. Vol. 58, n°148, 03/2009. pp. 29-31.
EXPRESSIONS DU SOIN
Dans l’ouvrage La pensée infirmière90 « le soin centré sur la relation
avec des personnes dépasse les frontières des pays, des cultures et
des contextes. Dans la perspective unitaire-transformationnelle, la
relation infirmière-personne/famille/communauté/population peut
être décrite ainsi : La santé représente l’intention de la relation :
avec la maladie, elle est une manifestation du processus de la vie.
Le caring signifie la nature de la relation : intentionnelle, attentive
à la dynamique, observant le pattern, ouverte à l’infini et invitant
à la créativité. La conscience constitue le pattern informationnel
de la relation englobant l’information sensorielle et physiologique
aussi bien qu’intellectuelle et émotive. La réciprocité91 désigne la
façon selon laquelle la relation se déroule : en étant complètement
présent et en invitant l’autre à participer et à choisir. Le patterning
représente la configuration évolutive de la relation : l’engagement
qui permet de devenir un avec l’autre et de se centrer sur ce qui
est significatif pour l’autre.
380
SOIN
La signification représente l’importance de la relation : le point de
départ d’un soin qui ne peut être prédertéminé ».
Pour aller plus loin : HONORÉ, Bernard. L’esprit du soin. La dimension
spirituelle des pratiques soignantes. Paris : Seli Arslan. 2011.
PARCOURS DE SOIN
Pour la Haute Autorité de la santé92, « l’amélioration de la qualité de
la prise en charge clinique et thérapeutique et de l’accompagnement
des malades atteints de maladies chroniques passe d’abord par de
bonnes pratiques professionnelles, mais doit également s’appuyer
sur la promotion de parcours de soins qui comprennent, pour le
patient, le juste enchaînement et au bon moment de ces différentes
compétences professionnelles liées directement ou indirectement
aux soins : consultations, actes techniques ou biologiques,
traitements médicamenteux et non médicamenteux, prise en
charge des épisodes aigus (décompensation, exacerbation),autres
prises en charge (médico-sociales notamment, mais aussi sociales)…
La démarche consiste à développer une meilleure coordination des
interventions professionnelles, fondées sur de bonnes pratiques, lors
des phases aiguës de la maladie comme lors de l’accompagnement
global du patient sur le long terme. Cette notion de parcours de
soins permet ainsi de s’appuyer sur les bonnes pratiques de chaque
professionnel mais aussi de développer les actions d’anticipation,
de coordination et d’échanges d’informations entre tous les acteurs
impliqués. Sachant que la nécessité d’une telle coordination de
qualité augmente avec le nombre des professionnels concernés qui
varie selon la complexité de la situation et la poly-pathologie. La
démarche permet au final une meilleure intégration des différentes
dimensions de la qualité des soins : pertinence, sécurité, efficacité
clinique mais aussi accessibilité, continuité et « point de vue du
patient ». Pour Thérèse Psiuk93, « le parcours de soins est une
trajectoire composée d’étapes variant, d’une part, selon le lieu
d’habitation et l’histoire médicale du patient, et d’autre part, selon
les médecins et les établissements hospitaliers et extra-hospitaliers,
acteurs de la prise en charge ». Ce parcours s’inscrit dans le
processus global du chemin clinique « le chemin clinique décrit,
pour une pathologie donnée, les éléments du processus de prise en
charge en suivant le parcours du patient. Cette méthode planifie,
rationalise et standardise la prise en charge pluridisciplinaire de
patients présentant un problème de santé comparable. Elle repose
381
SOIN
sur la description d’une prise en charge optimale et efficiente à
partir des recommandations professionnelles94 ».
Pour aller plus loin : MARIN, Claire. La maladie, catastrophe intime.
Paris : PUF. 2014.
PRENDRE SOIN
Pour Michel Nadot95, prendre soin relève d’une activité
tridimensionnelle, « il faut, en effet prendre soin de l'humainà tous
les âges de la vie ; prendre soin de la vie du groupe, car l'action
soignante s'opère au sein d'une communauté, et prendre soin de la
vie du domaine, (c’est-à-dire de l'environnement du soin) notamment
avec ses aspects socio-économiques, logistiques et domestiques ».
Pour Walter Hesbeen96 « Prendre soin, c'est aussi être attentif à la
famille, à l'entourage de la personne malade… Pour la simple raison
que le comportement de la famille ou de l'entourage influe sur le
cheminement de la personne malade. Mais aussi parce que ce n'est
pas possible de laisser sans une parole ces personnes en souffrance
et désemparées, face à ce qui leur arrive… ».
Pour aller plus loin : MARIN, Claire et ZACCAI-REYNERS, Nathalie.
Souffrance et douleur. Autour de paul Ricoeur. Paris : PUF. 2013.
SOINS (RÉSUMÉ DE)  VOIR SYNTHÈSE
SITUATIONS DE SOINS
Voir aussi : INTERVENTIONS, AUTO-FORMATION, OBJECTIFS, ÉVALUATION,
QUALITÉ DU SOIN
La situation de soin est une situation professionnelle apprenante
où le praticien réflexif met en œuvre un raisonnement clinique
permettant de placer la singularité de l'individu au centre de
la démarche de soin. Cette analyse comprend l’ensemble des
dimensions de la personne soignée : économiques, sociales,
médicales, psychologiques, législatives, éthiques, afin de mesurer
la capacité du soignant à adopter une juste relation de soin
formalisée et au soigné de s'interroger sur ses propres ressources
pour devenir acteur de son parcours de soin. Pour Martha Rogers97,
il est important d’appréhender les situations de soins à partir
d’une approche bio-socio-culturelle en insistant sur le fait « que
la connaissance des différentes caractéristiques de la vie est
indispensable pour comprendre les réactions humaines ». Pour
382
SOIN
Virginia Hendersen, il est également important d’affirmer le
caractère pluri dimensionnel des soins qui doivent « comprendre
le physique, le mental et l’émotionnel ». Les situations de soins
peuvent être analysées par les étudiants infirmiers, avec, entre
autres, des outils rogeriens et les attitudes caractéristiques de la
relation d’aide.
Pour aller plus loin : BARRIER, Philippe. Le patient autonome. PARIS :
PUF. 2014.
SOINS À DOMICILE
Une classification (Home Health Care Classification = HHCC)
des soins à domicile des diagnostics et des interventions a été
développée depuis 1990 par Virginia Saba98, à l'Université de
Georgetown. Son but est de mettre en œuvre une méthode
d'évaluation et de classification des patients, afin de déterminer
les besoins requis et les résultats espérés dans un environnement
de soins à domicile. Cette classification comprend deux volets : les
diagnostics ou problèmes infirmiers et les interventions infirmières.
Les diagnostics sont repris de la NANDA. Les interventions sont
définies, groupées et associées aux activités de soins. Les résultats
escomptés sont eux définis en utilisant des « modificateurs »
d'un état de santé du patient : amélioré, stabilisé ou détérioré.
Le modèle, qui comprend vingt composantes, est basé sur une
appréciation clinique. Son développement initial empirique est
validé « sur le terrain ». L'outil final permet la mesure, l'analyse et
l'évaluation des soins à domicile.
Les composantes de soins selon V. Saba :
-- Activité,
Élimination
intestinale,
Cardio-vasculaire,
Cognition, Adaptation, Volume liquidien, Comportement
de santé, Médication, Métabolisme, Nutrition, Régulation
physiologique, Respiration, Rôle/relation, Sécurité, Soins
autonomes, Perception de soi, Sensoriel, Intégrité de la
peau, Perfusion tissulaire, Élimination urinaire.
Pour aller plus loin : Observatoire National de la Fin de Vie. (ONFV).
Fin de vie des personnes âgées. Sept parcours ordinaires pour mieux
comprendre les enjeux de la fin de vie en France [rapport en ligne]. Paris :
ONFV, 2015. Disponible à cette adresse : https://sites.google.com/site/
observatoirenationalfindevie/publications/rapport/rapport-2013
383
SOIN
SOINS AMBULATOIRES
(Syn. Soins de ville)
Selon l’INSEE99, Il s’agit de soins effectués en cabinet de ville, en
dispensaires, dans des centres de soins ou lors de consultations
externes d'établissements hospitaliers publics ou privés. Ils se
composent des soins dispensés au titre de l'activité libérale par les
médecins, les dentistes et les auxiliaires médicaux (les infirmiers,
les kinésithérapeutes, les orthophonistes, les orthoptistes), des
actes d'analyse effectués en laboratoire et des soins dispensés en
cures thermales.
Pour aller plus loin : PFISTER, Valérie et al., Les permanences d'accès
aux soins de santé : permettre aux personnes vulnérables de se soigner »,
Informations sociales [en ligne]. 2014, n°182. pp. 100-107. Disponible
à cette adresse : www.cairn.info/revue-informations-sociales-2014-2page-100.htm
SOINS ÉDUCATIFS ET PRÉVENTIFS
Voir aussi : ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE, PRÉVENTION
L'éducation pour la santé a été définie par l'Organisation Mondiale
de la Santé (36e assemblée mondiale de la santé, 1983) comme
« Tout ensemble d'activités d'information et d'éducation qui incitent
les gens à vouloir être en bonne santé, à savoir comment y parvenir,
à faire ce qu'ils peuvent individuellement et collectivement pour
conserver la santé, à recourir à une aide en cas de besoin ». De
façon plus précise, l’OMS100 indique que « l'éducation pour la santé
est la composante des soins de santé qui vise à encourager l'adoption
de comportements favorables à la santé […]. Par l'éducation pour la
santé, on aide les gens à élucider leur propre comportement et à
voir comment celui-ci influence leur état de santé. On les encourage
à faire leurs propres choix pour une vie plus saine. On ne les force
pas à changer […]. L'éducation pour la santé ne remplit pleinement
sa fonction que si elle encourage les gens à participer et à choisir
eux-mêmes. Ainsi, ce n'est pas faire de l'éducation pour la santé que
dire simplement d'adopter un comportement favorable à la santé
». Ce type d’éducation a pour finalité de contribuer à informer, à
accompagner les individus à acquérir des compétences et des moyens
qui leur permettront de participer à la promotion de leur santé, leur
qualité de vie, ainsi qu’à participer à leur propre guérison.
Pour aller plus loin : DABRION, Marlyne. Soins éducatifs et préventifs :
pratiquer pour apprendre. Paris : De Boeck-Estem. 2012.
384
SOIN
SOINS INFIRMIERS
D’après le Conseil International des infirmières101 (CII), « On entend
par soins infirmiers les soins prodigués, de manière autonome ou
en collaboration, aux individus de tous âges, aux familles, aux
groupes et aux communautés – malades ou bien-portants – quel
que soit le cadre. Les soins infirmiers englobent la promotion de
la santé, la prévention de la maladie, ainsi que les soins dispensés
aux personnes malades, handicapées et mourantes. Parmi les rôles
essentiels relevant du personnel infirmier citons encore la défense,
la promotion d'un environnement sain, la recherche, la participation
à l'élaboration de la politique de santé et à la gestion des systèmes
de santé et des patients, ainsi que l'éducation ». Pour D.E. Orem102,
c’est une « forme d’aide procurée par des infirmiers aux personnes
qui en ont légitimement besoin. La capacité complexe d’agir est
exercée par les infirmières quand les besoins d’assistance sont
déterminés auprès de personnes présentant différents types
de déficit d’auto soin, dans le cadre du diagnostic infirmier ».
Relevant des sciences infirmières et selon la terminologie des soins
infirmiers103, cette discipline vise à « offrir à une personne et, ou
à une collectivité un ensemble de prestations qui concourent à
répondre à leurs besoins de santé ». Les soins infirmiers ont pour
objet de :
-- protéger, maintenir, restaurer, promouvoir la santé ou
l’autonomie des fonctions vitales des personnes ;
-- soulager la souffrance ou d’assister les personnes dans les
derniers instants de leur vie ;
-- appliquer les prescriptions médicales ;
-- participer à la surveillance clinique des malades et des
thérapeutiques mises en œuvre ;
-- favoriser le maintien, l’insertion ou la réinsertion des
personnes dans leur cadre de vie habituel ou nouveau.
Pour Hildegarde Peplau104, il est important de se poser cette
question avant tout, pour définir les soins infirmiers : Que
représentent les soins infirmiers ? Pour tenter d’y répondre, elle
met en perspective la relation structuraliste « signifiant et signifié ».
Le signifiant est « ce que la culture pense ou perçoit comme
étant les soins infirmiers, les pensées de l’individu quand il utilise
l’expression comme un symbole. Par exemple : Un malade pense
que les infirmières doivent lui donner un bain ». Le signifié étant,
ici, les « Objets concrets, actions, comportements ou rôles associés
385
SOIN
au symbole de l’expression. Par exemple : une infirmière qui donne
un bain au patient ».
Pour Virginia Henderson105,« l’infirmière est temporairement la
conscience de l’inconscient, le désir de vivre de celui qui pense
au suicide, la jambe de l’amputé, les yeux de celui qui vient de
perdre la vue, le moyen de locomotion du nourrisson, le savoir et
la confiance de la jeune mère, l’interprète de ceux qui sont trop
faibles pour s’exprimer, et ainsi de suite ».
Pour aller plus loin : PHANEUF, Margot. Prendre soin [en ligne]. Canada.
MàJ 2015. Disponible à l’adresse : http://www.prendresoin.org
SOINS INTÉGRÉS
Selon l’ouvrage La nature des soins infirmiers106, ces soins visent
« à appréhender l’ensemble de ce qui est nécessaire au malade
en s’efforçant d’associer les différentes composantes physiques et
psychosociales des soins »
SOINS INTENSIFS
Selon le Dictionnaire de l’Académie de médecine107, « Soins qui, par
opposition aux soins classiques ne nécessitant en permanence ni
surveillance ni utilisation de dispositifs médicaux spéciaux, exigent
un personnel nombreux, spécialisé (médecins et infirmières) et
permanent sur place de jour et de nuit pour assurer les soins de
réanimation et faire face à toute complication inopinée, notamment
l’arrêt cardiaque ».
Pour aller plus loin : MINO, Jean-Christophe. Soins intensifs. Paris : PUF :
2012.
SOINS INVISIBLES
Voir aussi : LIMITES DE LA RELATION SOIGNANT-SOIGNÉ
D’une manière générale, et comme le souligne Régine Delplanque108,
« en 1995, l’Organisation des nations unies (ONU) estimait à
11 000 milliards de dollars la valeur annuelle du travail invisible
et non rémunéré des femmes à travers la planète. Le travail non
rémunéré est donc qualifié d’invisible et considéré sans valeur. De
nombreuses associations revendiquent la reconnaissance et, de
fait, la rémunération, en particulier de l’activité domestique le
plus souvent dévolue aux femmes ». La reconnaissance de l’action
invisible d’un travail réalisé dans une pratique quotidienne est une
386
SOIN
notion émergeante. En soins infirmiers, cette notion s’exprime
par un lent travail de recherche. Pour Sylvie Warnet109, « Florence
Nightingale fut la première à faire émerger un concept de soins
infirmiers (Notes on nursing, 1860), de nombreux autres courants
de pensée ont vu le jour depuis. La théorie de Virginia Henderson,
développée dans son livre Principes fondamentaux des soins
infirmiers, est sans doute celle qui imprègne le plus l’enseignement
et la pratique des soins infirmiers en France. Se questionnant sur
la construction d’une relation interpersonnelle de croissance et sur
les effets produits par tous ces soins invisibles sur la santé des
patients, des théoriciennes américaines, dont Jean Watson, puis
francophones ont développé, dans les années 1970, une conception
théorique et clinique avec la perspective infirmière du care ».
D’après Marie-Claude Daydé110, les soins invisibles se repèrent dans
le cadre de la relation d ‘aide, qui n’est pas ici « l'apanage d'une
profession car elle s'inscrit fréquemment dans l'interdisciplinarité.
Pour les infirmières, cet acte de soins repose sur un cadre législatif
depuis 1978 et réglementaire depuis 1984. Afin de décrire et de
faire reconnaître cette « part invisible » des soins infirmiers, il est
nécessaire de prendre appui sur les concepts fondamentaux de la
discipline infirmière, ainsi que sur la démarche clinique et éthique.
[…] Bien qu'inscrite dans les textes depuis plus de vingt ans, la
relation d'aide constitue une part invisible de l'activité infirmière.
Selon la philosophe Christiane Vollaire, « la question de l'aide a
souvent été reléguée à une position subalterne, comme si penser
la dimension émotionnelle du rapport de soin n'était pas une
authentique forme de rationalité111 »
Pour aller plus loin : COLLECTIF. Féminin invisible : la question du soin
(dossier). Pratiques : Les cahiers de la médecine utopique. N°52, janvier
2011. pp. 12-75.
SOINS PALLIATIFS
Voir aussi : DEUIL, FIN DE VIE
Pour la Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs112
(SFAP), « les soins palliatifs sont des soins actifs dans une approche
globale de la personne en phase évoluée ou terminale d’une
maladie potentiellement mortelle. Prendre en compte et viser à
soulager les douleurs physiques et la souffrance psychologique,
morale et spirituelle devient primordial. Les soins palliatifs et
l’accompagnement considèrent le malade comme un vivant et la
mort comme un processus normal. Ils ne hâtent ni ne retardent
387
SOIN
le décès. Leur but est de préserver la meilleure qualité de vie
possible jusqu’à la mort ». Selon le Ministère de la santé113, ces
soins s’inscrivent « dans une approche globale et individualisée. Ils
ont pour objectifs de :
-- prévenir et soulager la douleur et les autres symptômes,
prendre en compte les besoins psychologiques, sociaux
et spirituels, dans le respect de la dignité de la personne
soignée ;
-- limiter la survenue de complications, en développant les
prescriptions personnalisées anticipées ;
-- limiter les ruptures de prises en charge en veillant à la bonne
coordination entre les différents acteurs du soin.
Pour aller plus loin : Organisation Mondiale de la santé (OMS), Définition
des soins palliatifs. [Pdf]. Genève : OMS. 2002. MàJ 2015. Disponible :
http://www.sfap.org/pdf/I-A3-pdf.pdf
SOINS PALLIATIFS-PÉDIATRIQUES
Voir aussi : ATTACHEMENT, SÉPARATION
Selon le Réseau francophone de soins palliatifs pédiatriques114,
« Les soins palliatifs pédiatriques sont des soins actifs et complets,
englobant les dimensions physiques, psychologiques, sociales et
spirituelles. Le but des soins palliatifs est d’aider à maintenir la
meilleure qualité de vie possible à l’enfant et d’offrir du soutien à
sa famille ; cela inclut le soulagement des symptômes de l’enfant,
des services de répit pour la famille et des soins jusqu’au moment
du décès et durant la période de deuil. Le suivi de deuil fait partie
des soins palliatifs, quelle que soit la cause du décès, ce qui inclut
les traumatismes et les pertes dans la période périnatale ».
Pour aller plus loin : BISIAUX, Frédérique. Soin maternel. Paris : PUF.
2013.
SOINS RELATIONNELS
Pour Pascale Gérardin115, « tout soin est relationnel, alors que
la réciproque ne se vérifie pas. Tout soin sous-tend un mode
relationnel, puisqu’il s’inscrit dans une relation entre un soignant,
pourvoyeur du soin, et un soigné, qui le reçoit. Il ne s’agit pas
d’une valeur ajoutée. Tous les soins, qu’ils soient médicaux,
chirurgicaux ou psychiques, ont comme dénominateur commun
un support relationnel. Il serait alors plus judicieux de parler de
388
SOIN
“relation de soin”, laquelle est initiée dans une rencontre qui
n’est ni fortuite ni optionnelle, mais provoquée par un trouble qui
appelle un soin » (Sirven R, 1999). La relation de soin s’engage
donc à partir d’une demande plutôt explicite soit de réparation
somatique ou organique, soit de soulagement d’aide pour ce qui
est du psychique. Et c’est peut-être la question de la demande qui
permet de distinguer la relation de soin du soin relationnel. Si la
première suppose une demande explicite de la part du patient,
le soin relationnel paraît plus à l’initiative du soignant. En fait,
le terme de soin relationnel est issu des soins infirmiers qui le
définissent ainsi : « Interventions verbales ou non verbales visant
à établir une communication en vue d’apporter aide et soutien
psychologique à une personne ou à un groupe » (Guide de service
de soins infirmiers, 1986). Pour Françoise Bourgeois116, les soins
relationnels « représentent un support thérapeutique, car le soin
se réalise “dans et par la relation”. La maladie psychiatrique est
en partie une pathologie de la relation. Elle altère les fonctions
psychiques de la personne et déforme son rapport à la réalité. Elle
induit un mode de relation à l’autre souvent inadapté ou défaillant.
Elle engendre une perte d’autonomie importante, l’adoption de
comportements socialement inadaptés, voire dangereux ». Selon
Pascale Gérardin117, « le soin relationnel est à défendre dans une
prise en charge globale comme le stipule le décret N°2004-802 du
29 juillet 2004. C’est une manière de réintroduire de l’humain et il
se situe en contrepoids de l’essor du (soin) technique. Cela étant,
la crainte est que le patient devienne objet de soin, dans le sens
où c’est le soignant qui déterminera ce qui est bon pour ce dernier
et qui dispensera le soin relationnel avec l’écueil de conduites de
maîtrise sur l’autre. Le soin relationnel devrait être à l’initiative
du soigné s’il le demande de manière explicite ou implicite ». En
d’autres termes, tout comme la technique qui risque de mettre
de côté la personne âgée en la réduisant à un objet d’analyse et
d’observation sur lequel on travaille, le soin relationnel risque aussi
d’induire cette même mise à distance. Dans la mesure où celui-ci
est à l’initiative du soignant, les conduites excessives tendant à un
“tout relationnel”, voire à un “trop” relationnel, sont à dénoncer.
Le soin relationnel, inhérent à une prise en charge soignante
globale, n’a de valeur que s’il est considéré au travers de ces trois
dimensions qui spécifient le soin gériatrique :
-- étayer, soutenir le sentiment d’existence de la personne ;
-- donner un sens au quotidien ;
-- prendre en compte la singularité de chacun.
389
SOIN
Cette considération est à situer dans un jeu de réciprocité. En
modifiant notre regard sur la personne, nous lui ouvrons un
espace d’existence et ce faisant, nous lui donnons la place d’un
interlocuteur à part entière. C’est une dignité qui s’affirme là parce
qu’elle est permise et possible…
En pédiatrie, pour Fabienne Pillet118, le bébé aurait, dès sa
naissance, une perception de son propre corps: il n’est pas
dans un état de confusion et de non-différenciation. Ce “soi”
corporel lui permet de faire l’expérience de son pouvoir sur le
monde environnant, de faire émerger le lien parent-enfant par
le regard qu’on lui apporte et cela participe à la construction de
la conscience du soi. Cette recherche ramène au premier plan la
question de la relation à autrui, de la reconnaissance en tant que
sujet et du partage relationnel dans le soin. Ici119, le maternage
se différencie du soin. Le premier nourrit l’enfant de regards, de
caresses et de paroles empathiques. Le second est une action de
protection de l’enfant, qui peut être préventive ou curative. Le soin
peut être réalisé avec maternage mais de manière réfléchie pour
réaliser un objectif pratique comme nourrir, endormir ou soulager.
La différenciation de ces deux notions permet aux soignants de se
placer avec justesse pour accompagner, partager ou transmettre
leur expérience, au cœur de la liaison triangulaire enfant-parentssoignant.
Cit. « La relation de soin, singulière dans son instantanéité, peut être
définie comme un pacte de soins. Ce pacte est basé sur la présence, la
confiance et la conscience comme une alliance scellée entre deux sujets
et orientée vers un ennemi commun : la maladie120 ».
Pour aller plus loin : HALPERN, Catherine. Prendre soin des autres.
Sciences humaines. N°177, décembre 2006. p. 34.
SOINS TECHNIQUES
Voir aussi : ACTIVITÉS INFIRMIÈRES INTERVENTION INFIRMIÈRE, SANTÉ
MENTALE
Les soins techniques (ou actes) font partie de la nature relationnelle
des soins infirmiers. En 1933, Effie J. Taylor121, infirmière spécialisée
en santé mentale (1874-1970) évoque ainsi « l'adaptation de la
thérapeutique prescrite et du traitement préventif aux besoins
physiques et psychiques spécifiques de la personne… Le sens
profond des soins infirmiers ne peut être connu qu'à travers les
idéaux, l'amour, la sympathie, le savoir et la culture exprimés par
390
SOIN
la pratique de méthodes et de relations propres à l'art de soigner ».
La gestion et la continuité des soins, la surveillance des personnes
soignées font appel aux compétences organisationnelles mais
aussi aux aspects purement techniques, légiférés pays par pays122,
faisant partie intégrante des systèmes de santé pour rendre les
soins infirmiers visibles et leur enregistrement dans le dossier de
soins informatisé. Ainsi, des nomenclatures (prestations) d’actes
infirmiers classifient l’art de soigner. Par exemple, un arrêté royal
Belge123 fixe une liste (texte modifié 2002). Il mentionne, entre
autres, la « préparation et administration d'une dose d'entretien
médicamenteuse par le biais d'un cathéter épidural, intrathécal,
intraventriculaire, dans le plexus, placé par le médecin, dans le
but de réaliser une analgésie de longue durée chez le patient ».
Les infirmières développent actuellement leurs classifications de
diagnostics infirmiers, d’interventions et de résultats. Ce sont des
propositions révisées et enrichies régulièrement124, acceptées pour
des essais cliniques
Le Conseil International des Infirmières a édité un bulletin en
2010 : la dernière version d'une classification internationale liée
à la pratique des soins infirmiers ou « International Classification
of Nursing Practice125 ». Il existe d’autres classifications, ayant
pour vocation de standardiser les soins techniques, comme la
classification internationale de l’OMS126 qui reprend l’homme et son
environnement (Fonctions organiques et structures anatomiques),
activités, participation et facteurs environnementaux). Elle est
très vaste. Elle reprend entre autres : la maladie, le handicap, mais
aussi le bien-être.
Pour aller plus loin : MASSOL, Jacques et DRUOT, Jeannine (sous la dir)
et al. Clinique, recherche et soins infirmiers, Vol. 1. Rueil-Malmaison :
Lammarre. 2011.
SOINS TRANSCULTURELS – TRANSCULTURALITÉ
Voir aussi : ACCULTURATION, INTERCULTURALITÉ, MINORITÉ CULTURELLE
Madeleine Leininger127 définit les soins infirmiers transculturels
comme étant « une étude comparative des cultures pour
comprendre les similitudes (universalité culturelle) et les différences
(culturellement spécifiques) parmi les groupes d'humains. Le
but des soins infirmiers transculturels est de prodiguer des soins
culturellement adaptés, ou des soins adaptés aux modes de vie et
aux convictions de la personne. Les modes de vies et les convictions
sont générés par les individus eux-mêmes plutôt que par des
391
SOLIDARITÉ
critères prédéterminés ». Madeleine Leininger128 (École du caring)
a formulé trois principes de soins infirmiers visant la cohérence
culturelle, c’est-à-dire en accord avec la culture des personnes, et
favorisant le maintien de la santé et son recouvrement :
• La conversation ou le maintien des soins culturels, c’est-à-dire
d’activités d’assistance et de facilitations basées sur la culture
de la personne et qui maintiennent sa santé et son style de vie
à un niveau adéquat.
• L’adaptation ou la négociation de soins culturels, c’est-à-dire
d’activités d’assistance et de facilitation adaptées, négociées
ou ajustées à la santé et au style de vie de la personne.
• Le remodelage ou la reconstruction de soins culturels, c’està-dire d’activités qui présentent à la personne une nouvelle
signification des habitudes de vie de manière à ce qu’elle
apporte les changements nécessaires.
Pour aller plus loin : WORMS, Frédéric. Soin et politique. Paris : PUF
2012.
SOLIDARITÉ
n.f. Trad. Angl. Solidarity. Domaine Sciences humaines.
Voir aussi : AIDANT-E, BÉNÉFICIAIRE, EXCLUSION, SOLLICITUDE, SYSTÈME
DE SOINS
Jean-François Dortier129 souligne qu’Émile Durkheim oppose deux
types de sociétés selon les sources du lien social, « les sociétés
traditionnelles sont soudées par une solidarité sociale de type
mécanique ». Il n’y a pas de division du travail, donc, les individus
sont identiques et interchangeables. Ils éprouvent les mêmes
sentiments.
C’est la croyance collective (religieuse, morale ou sentiment
d’appartenir à une même communauté) qui assure la cohésion
sociale. Dans les sociétés qui s’industrialisent, la division du travail
conduit à une diversification fonctionnelle. Les fondements de la
morale mécanique se dissolvent : la tradition, la religion et les
croyances collectives communes se désagrègent. La division du
travail, assurant une interdépendance entre professions, est un
premier élément garantissant la solidarité sociale, elle est alors
dite organique, car elle repose sur l’interdépendance des fonctions
comme dans un organisme vivant. Chaque élément, chaque organe,
assure une fonction spécialisée. Pour E. Durkheim, cette solidarité
392