Le rapprochement entre Alcatel et Finmeccanica sur le pas de tir !

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Le rapprochement entre Alcatel et Finmeccanica sur le pas de tir !
Le rapprochement entre Alcatel et
Finmeccanica sur le pas de tir !
La Présidente d'Alcatel Space, Pascale Sourisse, a informé le C.C.E. que le projet de fusion annoncé il y a déjà plusieurs mois,
était sur le point d'aboutir, suite à la signature d’un MOU le jeudi 17 juin Nous vous livrons ici nos premières constatations, dans
l'attente de plus amples informations, que nous obtiendrons lors de la procédure de consultation du C.C.E., le 30 juin prochain.
Quel est ce projet ? : Création de 2 sociétés jumelles, ayant chacune des filiales nationales dans chacun des pays (France,
Italie et peut-être en Espagne et en Belgique) :
ALCATEL-ALENIA SPACE
SERVCO
(67% ALCATEL, 33% FINMECCANICA)
Salariés (fin
7200 personnes, en tenant compte des restructurations
2004)
en cours chez Alenia
Chiffre d'Affaires
1800 MEuros
2004
Centres de
Cannes, Toulouse, Nanterre, Valence,
compétences
Anvers, Charleroi,
Madrid,
L’Aquila, Milan, Rome, Turin
Activités
Organisation
• Systèmes/ Satellites
• Plateformes / Charges utiles
• Instruments/équipements
• Lanceurs et véhicules spatiaux
• Modules orbitaux
• Segments sols
5 BU transnationales :
• Telecom, responsabilité France
• Infrastructure et Transport, responsabilité Italie
• Navigation, responsabilité Italie
• Sciences et Observation Optique, responsabilité
France
• Radar & Systèmes d’Observation, responsabilité
Italie
et 4 à 5 IU transverses :
• Sol
• Assemblage, Intégration et Tests
• Mécanique / Thermique
• Electronique (1 ou 2 IU)
(33% ALCATEL, 67% FINMECCANICA)
1400 personnes
350 Meuros
Kourou, Toulouse,
Darmstadt,
Fucino, Rome
•
•
•
•
•
Opérations de centre
Stations de contrôle de satellite
Service de réseaux
Opérations et management réseaux
Fourniture et revente de capacité satellite
4 BU :
• Opérations de Satellites
• Service à valeur ajoutée
• Réseaux
• Programmes
Même si la Présidente s'est voulue rassurante sur les conséquences sociales de ces fusions, "peu d'impact sur l'emploi couvert
par l'augmentation des charges", nous ne sommes pas dupes sur la volonté qu'ont les dirigeants d'Alcatel et Finmeccanica
lorsqu'ils parlent de rationalisation et de synergies. C'est bien suppressions d'emplois, de compétences et de sites que nous
comprenons !
Afin d’examiner dans le détail ce projet de fusion, de pouvoir avoir accès aux éléments de la data room (évaluations financières
et industrielles du projets ), d'avoir une vision claire de la situation réelle des parties en présence, le C.C.E. a nommé un
cabinet d’expert, pour mieux défendre les intérêts de tous les salariés, de l'ouvrier à l'ingénieur.
Les axes de mission comporteront plusieurs volets :
♦
Social, qui est pour nous le plus important : état des lieux de l'emploi sur tous les sites en lien avec la fourniture le plus
rapidement possible du plan de charge prévisionnel associé.
♦
Industriel : organisation industrielle, répartition des filières technologiques et de la R&D, analyse des redondances,
spécialisation des sites, etc.
♦
Stratégique : avantages et inconvénients du projet en terme de positionnement stratégique, possibilité d’un
rapprochement plus large des activités spatiales européennes,
♦
Juridique et financier : schémas juridique et financier, nature et valorisation des apports, etc.
Les
conclusions
de
ce
rapport
vous
seront
largement
commentées
dans
les
semaines
à
venir.
Le deuxième point de l'ordre du jour concernait un projet de réorganisation d'Alcatel Space :
♦
♦
♦
♦
♦
Le
Injection dans les BU et IU des fonctions commerciales correspondantes, tout en gardant en central les fonctions Stratégie,
Marketing et Business Development,
Création de la fonction Executive Vice President Opérations (Patrick Fournié) auquel seraient rattachées les IU "équipements
bord" (Michel Fiat), "AIT" (Jean-Pierre Henry) et "Sol" (Marc François), la direction des Achats et la direction des Systèmes
Informatiques,
Création d'une direction "intégration Alcatel-Alenia" (Henri-Paul Brochet, assisté de Jacques Joseph),
Création d'un comité exécutif, composé de neuf membres, qui sera l'organisme de décisions d'Alcatel Space, le CODIR
n'étant plus qu'une instance d'information,
Création d'un comité Défense et Sécurité qui aura pour mission de coordonner les actions de développement.
C.C.E. est consulté sur ce projet et devra rendre son avis le 30 juin.
Commentaires FO :
Pour Force Ouvrière, une entente entre deux industriels n’a jamais été favorable aux salariés. Dans tous les cas de figure
connus, il y a eu des spécialisations de site qui les ont fragilisés, entraînant à terme la fermeture des plus vulnérables ou des
plus exposés, avec les conséquences que l’on connaît sur l’emploi industriel dans notre pays.
Le choix de produire là ou l’on peut obtenir le plus possible de R&D, grâce au retour institutionnel, choix clairement affiché
dans l’exposé de notre Présidente, nous laisse à penser qu’il faut que nous soyons vigilants.
Quant à la restructuration d'Alcatel Space, nous prenons acte du sang neuf placé à la tête à la tête de l’IU équipements bord.
Nous allons voir également à l’œuvre l’une des personnes qui critiquait le plus les industriels. C’est au pied du mur que l’on
verra le maçon…
Nous sommes à l’aube d’un grand chambardement européen dans le domaine spatial. La naissance d’Alcatel-Alenia Space est
le premier coup d’une partie de billard à plusieurs bandes. Il ne faut pas se tromper de cible même si elle est alléchante pour
Alcatel. Cette fusion a un but, vous le connaissez tous, c’est celui du profit, du toujours plus. Dans cette affaire, les salariés, tous
les salariés ne doivent pas être les dindons de la farce. C’est grâce à eux si la société est ce qu’elle est aujourd’hui et Force
Ouvrière sera avec les salariés d’Alcatel Space pour les accompagner dans ce tournant, avec la conviction qui nous anime, de
manière à construire un nouvel édifice, respectueux de ses salariés.
Déclaration des élus et représentante syndicale FO
au C.C.E. du 18 juin 2004
La négociation entre ALCATEL et FINMECCANICA est arrivée à son terme. La direction générale d'Alcatel Space a annoncé, ce
jour, aux représentants du personnel réunis en C.C.E. extraordinaire, la signature d’un Memorandum Of Understanding
(accord de principe) entre Alcatel et Finmeccanica dans l'optique de fusionner les activités satellitaires au sein de Alcatel Alenia
Space (Alcatel majoritaire à 67 %) et les activités Opérations et Services au sein de SERVCO (Alcatel minoritaire à 33 %). Si
tout se passe comme la direction le prévoit, le rapprochement entre les 2 entités serait effectif pour la fin de l'année 2004.
Forte des expériences du passé, Force Ouvrière réaffirme qu’elle n’est pas demandeuse de cette fusion. Par
contre, notre organisation demande, d’ores et déjà, à la direction de prévoir des passerelles pour les salariés de la filiale
française de SERVCO, afin que ceux-ci puissent, s’ils le désirent ou en cas de problèmes, rejoindre l’activité satellitaire SATCO
ou bien le CNES ou encore ARIANESPACE.
FO s'inquiète de ce recentrage des activités spatiales européennes et de la volonté des directions lorsqu'elles parlent
de rationalisation. Dans leurs esprits, ce terme signifie trop souvent "spécialisations, suppressions d'effectifs et fermetures de
sites".
Force Ouvrière demande instamment la nomination d’un expert de manière à analyser précisément les business
plans des deux sociétés nouvellement créées ainsi que tous les scénarii qui découlent de cet accord en terme de spécialisation
de sites, avenir de la R & D et des emplois.
Force Ouvrière s'interroge également sur les intentions d'Alcatel de rester à terme dans SERVCO, qui aura
certainement besoin d'investissements financiers importants.
De plus, afin d’avoir la vision de la stratégie spatiale globale d’Alcatel et Finmeccanica, FO exige que les représentants du
personnel soient représentés dans les entités juridiques et les sociétés qui seront créées.
Cette fusion, qui s’inscrit dans une stratégie de consolidation de l’industrie spatiale européenne, ne peut être envisagée que
dans l’optique d’un développement des synergies industrielles de chaque entité, dans le respect des
compétences et des spécificités de tous les sites, afin de préserver et développer l’emploi.
Avec ou sans restructuration, sous peine de disparition de l’industrie spatiale européenne, il est indispensable que les
gouvernements nationaux et les instances européennes s’engagent à concrétiser leurs promesses à travers un
démarrage rapide des grands programmes civils, tels que Galileo, pour la navigation, Agora, pour réduire la fracture
numérique et des programmes militaires, de manière à contrer la prédominance de l’industrie américaine, par ailleurs
considérablement subventionnée.
Nanterre le 18 juin 2004