Contribution au développement de l`Économie Bleue
Transcription
Contribution au développement de l`Économie Bleue
Contribution au développement de l’Économie Bleue Document réalisé par la Martinique Yachting Association (en synergie avec ses partenaires) à partir d'un état de la question, portant sur les aspects économiques, législatifs, politiques, industriels, locaux, humains, nationaux et internationaux relatifs à l'activité de la plaisance dans les caraïbes et ses divers prolongements règlementaires. AVANT PROPOS L’activité des navires de plaisance dans l’arc Caraïbe est une activité touristique à très forte valeur ajoutée. Dans le cadre de la concurrence acharnée que se livrent les îles pour les attirer, tous ces navires sont considérés depuis plus d’une vingtaine d’années comme des territoires d’exportation : - Il convient de reconnaître et d’admettre que ces navires sont totalement libres de leurs destinations. Dès lors il est clair qu’ils sont naturellement attirés par celles d’entre elles qui sont dotées d’une fiscalité avantageuse. - Toutes les îles concurrentes appliquent la détaxe à la plaisance dès l’arrivée et jusqu’au départ des bateaux afin de les encourager à rester le plus longtemps possible sur place sachant pertinemment que leurs séjours ne manquent jamais d’apporter des bénéfices économiques (et donc d’emploi) collatéraux ainsi que des taxes considérables. - En effet, il s’agit de navires de plaisance de passage en grande majorité battant pavillon étranger à ces territoires. - La plupart des îles de l’arc Caribéen sont des États Indépendants ; géographiquement elles ne sont pas en Europe et elles disposent de législations qui sont bien évidemment différentes de celles de l’Europe. - La limite des eaux territoriales de la Martinique est à 12 milles nautiques et de part la proximité des îles voisines, un navire quittant la Martinique se trouve quasiment immédiatement soit dans les eaux internationales soit dans les eaux de l’ile suivante. - Toutes les îles concurrentes bénéficient de salaires, de charges et de taux de fiscalité qui sont bien inférieurs à ceux pratiqués en Martinique, ce qui réduit la compétitivité de nos entreprises. - Nos entreprises reconnaissent que les infrastructures et les services publics dont dispose la Martinique sont exceptionnels dans cette région et sont porteurs d’une valeur ajoutée qui compensent en partie ces différences. Cependant pour vendre ces atouts à leur valeur réelle, encore faut-il que ces navires décident de venir faire escale du fait d’un accueil fiscal et administratif en conformité avec celui de nos îles concurrentes. Le contexte est par conséquent très différent de celui de la Côte-d’Azur dont l’attrait est mondialement reconnu. De surcroit, contrairement à la Martinique, elle n’est pas soumise à la concurrence de destinations en détaxe proches de ses eaux. Dans le but de permettre le développement de la plaisance en Martinique, il est dès lors impératif d’adapter la législation en vigueur. Le décideur doit prendre en considération que : - - La durée des exonérations accordées ne doit pas être limitée car c’est un problème structurel permanent. Il convient de mettre en place une stratégie fiscale et administrative comprenant des exonérations ou des autorisations : Page 1 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 o o o o o - d’octroi de mer ; de TVA sur tous produits et services ; de taxe sur les carburants ; d’allègement de charges, taxes et impôts aux entreprises ; des visas valables (exemple Schengen) pour visiter la France métropolitaine considérés valables pour visiter la Martinique. L’équité de traitement doit être respectée entre les entreprises sur place et celles de passage sur notre territoire. Dans un objectif d’efficacité tant pour l’Économie que pour l’Emploi, notre proposition consiste en deux étapes : 1. L’arrêt immédiat de la fuite des navires par 3 exonérations et une autorisation relativement aisées à mettre en œuvre par le Décideur ; 2. Un programme de soutien à long terme au développement de l’industrie par une zone franche adaptée à la plaisance. TRAVAUX ACCOMPLIS EN VUE DE L’ÉLABORATION DU PROJET A. Depuis 2013 plusieurs courriers ont été adressés notamment au Ministre de l’Économie et au Président du Conseil Régional en vue de les avertir de la situation qui se dégradait du fait des évolutions défavorables de la législation française et notamment depuis la directive imposant la TVA sur tous charters (BOI-TVA-CHAMP-30-30-30-10-20130625). Des extraits de la dernière lettre en date du 7 avril, 2015 : « Objet : Impossibilité « de fait » de proposer notre technicité et notre savoir-faire professionnel français aux navires étrangers de passage, eu égard à « la fermeture fiscale » de notre frontière ; Conséquences économiques graves dans les DOM entourés d’îles pratiquant ordinairement le hors taxes. Les délais particulièrement longs mis dans le traitement de notre dossier et les réponses qui nous ont été transmises nous confirment que nos arguments ont eu un impact faible. Leur clairevoyance s’est pourtant vérifiée dans les faits vu que l’industrie de la plaisance dans sa quasi-totalité a réagi comme nous l’avions prédit, en désertant progressivement les DOM dans les Caraïbes (cf. Annexe N° 1. Témoignages). Cette conséquence immédiate et mesurable est tout à fait dommageable tant pour le secteur concerné que pour l’économie générale du Département. En effet, la non prise en compte des enjeux économiques réels de la plaisance dans les DOM, et la persistance à vouloir collecter à tout prix une taxe de valeur ajoutée, a entraîné la désertion des navires et la perte corrélative de toutes les taxes générées par les dépenses journalières des navires sur place. Il est assez aisé d’en déduire les conséquences immédiates sur l’activité et l’emploi au sein de nos entreprises et à terme le blocage de toutes les perspectives d’évolution de ce secteur. Page 2 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 Comme signalé dans le témoignage de McMaster Yachts, cette taxe (qui par le pro rata temporis peut tout de même être réduite jusqu’à 0,04% de la valeur du charter) exige une démarche administrative conséquente pour pouvoir la payer à savoir : 1. Trouver une société française qui assumerait la responsabilité fiscale pour le yacht, ce qui induit des frais importants ; 2. Obtenir un numéro de TVA Intracommunautaire, ce qui prend au minimum 4 semaines ; 3. Et pour le représentant fiscal, procéder à la déclaration administrative de cette taxe ce qui de nouveau induit des frais. De plus, cette démarche administrative lourde et contraignante doit être regardée à la lumière du fonctionnement réel de l’industrie : 1. Une décision de partir en charter peut être prise seulement une semaine avant le départ et aucune autre île dans les Caraïbes n’exige une telle complexité ! 2. Les Caraïbes attirent de nombreux yachts des États-Unis qui ne fréquentent pas la Méditerranée et qui sont donc étrangers aux spécificités européennes. Fait aggravant, en 2014, l'industrie n'ayant pas compris ou ayant intégré tardivement que l'application de cette directive impactait les DOM, tous les départs en charter, à l’exception d’un seul yacht, ont eu lieu en ignorance totale de son application dans les DOM. Le témoignage de Select Yachts confirme cette situation avec 8 de leurs partenaires interrogés qui vont tous annuler leur publicité pour démarrer des DOM. Pourtant de véritables efforts sont conduits en 2015 pour doter ce secteur d’éléments structurants de qualité, capables de répondre aux besoins identifiés. Ainsi, l’Europe, l’État, le Conseil Régional, la Mairie et des capitaux privés investissent 18M€ pour la mise aux normes de notre carénage afin de le doter à terme de deux darses (de 80T par l’agrandissement de celle existante et d’une nouvelle de 440T pour une longueur de navire allant jusqu’à 50m). Cet investissement exceptionnel (qui a été déjà précédé en 2010 par un dragage de la zone d’approche de 4M€), vise non seulement notre marché de bateaux martiniquais mais aussi le marché de yachting international et professionnel qu’hélas l’application de la TVA sur charter dans les DOM a réussit à faire fuir de nos îles ! Quel paradoxe ! À la lecture du tableau ci-joint, (cf. Annexe N° 2), vous observerez que : - La station de pilotage a vu chuter le nombre de navires de > 50m, de 12 unités par an en moyenne à un seul navire cette année ; - Aucun Moteur Yacht n’a démarré son charter à la Martinique alors qu’il y a eu jusqu’à 15 départs de charter par an ; - L’aéroport témoigne une réduction des mouvements des avions non-commerciaux internationaux de 29% ; - L’approvisionnement sur place par ces navires a été réduit par un facteur de 3…. Cette énumération serait incomplète si on n’y ajoutait pas toutes les autres recettes (taxis, restauration, prestataires de services, activités sportives et touristiques…) selon l’effet multiplicateur dont les statistiques économiques font état partout dans le monde où ces navires font escale. Les professionnels de la Guadeloupe confirment ces résultats catastrophiques. Le point d’orgue de ce tableau sinistré est la perte de notre image de fiabilité et de stabilité que nous avons consolidée durant ces 7 dernières années dans notre industrie avec savoir-faire et passion. Page 3 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 À la vue de ces faits catastrophiques et pour sauver notre secteur et nos activités, nous avons procédé à une recherche exhaustive des textes (cf. Annexe N° 3) qui vous permettrait de réaliser une mise en œuvre simple et rapide de nos demandes. En effet, cette compilation législative nous révèle que l’État français peut appliquer l’article 349 du TFUE comme il l’a déjà fait pour établir par exemple le taux de la TVA à 8,5% pour la Martinique et à 0% pour la Guyane, cette dernière étant considérée comme une terre « d’exportation ». L’application de cet article au bénéfice de nos territoires permettrait d’exclure les DOM de l’application de la directive du 15/7/2013. Cette même activité de yachting dans l’arc Caraïbe représente une « manne » qui s’évalue à : - 12,5% du PIB de St. Martin ; - 3 fois la valeur économique de l’activité de croisière à la Grenade tout comme à Antigua et qui accélère chez nos voisins la construction d’infrastructures attractives : - une nouvelle marina à St. Kitts (qui s’est ouverte cette saison pour accueillir ces yachts) ; - une étude déjà très avancée portant sur le site de Vieux Fort à Ste Lucie visant une troisième marina avec un investisseur déjà impliqué. Notre demande se résume donc à, l’application du droit à exporter hors taxes pour la plaisance, ce qui constitue un principe de liberté d’entreprendre reconnu dans tous les pays à la recherche d’un solde positif de leur balance commerciale. Il se trouve que les DOM sont dans une zone de plaisance et de tourisme et que ce principe d’export s’applique ici tout autant qu’en Europe pour l’exportation hors Union Européenne de tous produits ou services consommés hors U.E. Selon le même principe, nous demandons également le droit d’exporter, sous contrôle de la douane naturellement, le carburant à ces navires de plaisance selon la législation acceptée sur place pour d’autres types de navires à condition qu’ils quittent le territoire dans les 24 heures. Nous produisons un carburant d’excellente qualité en Martinique. L’île voisine de Sainte-Lucie espère en tirer avantage en important notre carburant pour que leurs distributeurs puissent l’exporter aux navires que nous refusons de servir chez nous. Un comble !........ Les textes existent pour que nos entreprises soient en mesure de se battre à « armes frontalières égales » avec nos concurrents, nous permettant en outre de vendre les avantages d’être « la France » dans les Caraïbes. Ces avantages sont nombreux et reposent notamment sur : - Un service de Douane et de Gendarmerie parfaitement intégré et opérationnel garantissant un niveau de sécurité pour les personnes inégalé dans les Caraïbes dans un état de droit exempt de « pot de vin » et de passe droit ; - La meilleure offre de service pour la santé dans la région avec notre CHU ; - Un aéroport H24 ; - Un centre Caribéen pour les secours aux personnes, recherches en Mer, prévention de la piraterie ; - Une économie de 400.000 personnes soutenant une activité industrielle avec des offres aisément adaptables aux besoins des yachts internationaux. Ces avantages ont tout pour séduire et fidéliser la clientèle de la plaisance de passage au lieu de la négliger et de la livrer à la concurrence des systèmes sociaux moins coûteux des îles concurrentes. (cf. Annexe N° 5 document ci-joint de l’auditeur KPMG afin que vous puissiez en mesurer le défi)….. » Page 4 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 B. En parallèle un travail important auprès des autorités compétentes a été réalisé depuis 2013 en vue de clarifier et le cas échéant rendre opérationnelles les législations existantes en vue de permettre le développement de cette activité. Ces travaux ont culminé au cours des Ateliers de la Mer organisés par l’Association Contact-Entreprises. 1. Perfectionnement Actif. La douane interrégionale a clarifié en mars 2015 la procédure dite de Perfectionnement Actif, autorisant les travaux en hors taxes pour tous navires en Admission Temporaire dans l’espace du marché économique unique de la Martinique et de la Guadeloupe, (à condition que ces bateaux n’appartiennent pas aux résidents de ces îles et bien entendu sous contrôle douanier) et sans nécessité d’une caution en fonction de la valeur du navire (cf. Annexe N° 4). Cette interprétation procède du principe de réalité qui nous entoure et conforte parfaitement notre demande suscitée. 2. Exportation de notre savoir-faire aux navires de plaisance sur un registre de commerce en admission temporaire. Clarification en juin 2015 par la douane du fait qu’il n'y a aucune déclaration d'exportation à faire pour toutes pièces ou pour tous travaux manuels effectués et vendus en Hors Taxe au navire de plaisance avec un registre de commerce. Voir : http://bofip.impots.gouv.fr/bofip/231-PGP.html#231PGP_1._Navires_de_commerce_affe_36. Cependant, le secteur de la plaisance privée demeure la part du marché la plus importante. Il convient donc de légiférer pour que ce principe d’exportation de notre savoir-faire en Hors TVA sans déclaration douanière soit aussi rapidement que possible étendu à la plaisance privée en Admission Temporaire, afin d'être au même niveau de taxation à la frontière que nos îles concurrentes pour l’ensemble du marché. 3. Exonération de la TVA : Clarification du champ d’application de l’article 349 du TFUE auprès de la Commission de Bruxelles. Par courriel du 28 avril 2015, le Commissaire de l’Économie a informé du suivant : Les DOM ne font pas partie du territoire de l‘Union européenne (UE) en ce qui concerne la TVA, en application de l'article 6 de la directive TVA 2006/112/CE du 28 novembre 2006. La législation de l’UE harmonisée en matière de TVA n'est donc pas applicable dans les DOM, et les autorités nationales ou locales ont pleine compétence pour taxer le chiffre d'affaires des entreprises, sous réserve de respecter les principes généraux des Traités, et en particulier l'absence de mesures discriminatoires entre les produits et services locaux et les produits et services provenant d'autres endroits de l'Union européenne. Les autorités françaises n'ont donc aucune autorisation à obtenir de la Commission pour appliquer la TVA dans les DOM, dans la mesure où elle s'appliquerait dans les mêmes conditions à tout produit et service provenant de l'Union européenne. Une telle autorisation est nécessaire seulement quand il existe un traitement différent pour les produits et services locaux, ce qui constitue une dérogation aux dispositions des Traités relatives à la libre circulation. En effet, l'article 349 du Traité sur le Fonctionnement de l'Union européenne envisage la possibilité de fixer les conditions de l'application des Traités aux régions ultrapériphériques de l'UE, en raison de l'existence des handicaps permanents qui ont une incidence sur la situation économique et sociale de ces régions. Dans ce cas-ci, l'article 349 n'est cependant pas approprié car Page 5 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 l'application de la TVA dans les DOM n'est pas exigée par la directive TVA. Ce n'est donc pas une mesure qui est fondée sur les Traités, mais une mesure nationale française. La France a donc toute latitude pour légiférer sur les exonérations demandées dans cet avant-projet de loi. (cf. Annexe N° 6). 4. Autorisation pour que les visas (exemple Schengen) valables pour visiter la France Métropolitaine soient également valables pour visiter les DOM. Des extraits de la dernière lettre en date du 18 mars 2014 au Ministre de l’Intérieur : En effet, lors de la visite du Président Sarkozy en janvier 2011, l’objectif de faire sauter cette barrière, incompréhensible pour le reste du monde, était clairement affiché. Cependant une fois le décret (du 28/07/2011) promulgué, l’objectif fut amendé du fait qu’une ambassade d’un pays de la sphère Schengen n’aurait pas l’autorité légale pour donner le droit de visiter un territoire français hors l’espace Schengen ! Le solde de cette singulière situation est que les personnes se trouvant dans ce cas de figure, une fois à Orly ou Roissy, découvrent que, pourtant détenteurs d’un visa valable pour la France, ils ne peuvent embarquer à bord d’un avion à destination des DOM. Cette situation ubuesque leur étant présentée tout de go et sous la forme caricaturale suivante : « Madame, Monsieur, soit vous pouvez rester en France et visiter la Tour Eiffel, les châteaux de la Loire, l’Aiguille du Midi, Le Mont St Michel, les parcs nationaux, le Musée du Louvre, la Côte d’Azur, St Tropez, voire à certaines périodes de l’année le Palais de l’Elysée…, soit vous retournez dans votre pays d’origine pour vous faire délivrer un nouveau visa DOM (DFA). Et si vous ne pouvez vous permettre cette démarche supplémentaire et inutilement onéreuse, et que vous souhaitiez tout de même prendre des vacances au soleil, il vous reste la possibilité de prendre un avion à destination d’une autre île dans les Caraïbes qui vous accueillera à bras ouverts !.. » ! Est-ce avec un tel message qu’on compte « Bâtir un Paradis Touristique » dans les caraïbes françaises ? Vous pouvez aisément imaginer ce qu’en pensent les hommes d’affaires habitués à voyager à longueur d’année en Europe tout comme d’ailleurs n’importe quel touriste qui parcours le monde ? Sans compter qu’il est de plus en plus admis que les îles françaises doivent viser un tourisme plutôt haut de gamme tenant compte de leurs spécificités structurelles favorables (sécurité, santé, aménagements sportifs, infrastructures culturelles..). Le marketing d’une destination touristique est d’autant plus facilité que les messages communiqués sont simples sans pour autant confiner au simplisme ! Tourisme rime avec horizon de liberté, plaisir, contacts et convivialité, pour autant que cette activité s’exerce en toute transparence et que les règles de droit ne sont pas transgressées. De la sorte, il demeure en l’espèce une incompréhension du fait qu’un visa valable pour visiter la France n’autorise pas la visite d’un département français !!!! Imaginons que cette bizarrerie soit du jour au lendemain étendue à la Corse… Nul ne doute qu’un processus de validation soit nécessaire. Mais pourquoi maintenir cette double peine dès lors qu’il s’agit de l’accessibilité de nos îles françaises ? Étonnant, non ?! D’ailleurs, pour les arrivées dans les DOM par voie maritime, ce réalisme est parfaitement accepté par les services de la Préfecture. Au demeurant, les services de l’immigration sont Page 6 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 autorisés à faciliter les procédures pour permettre à ces visiteurs (en règle par ailleurs) à se faire plaisir dans nos îles et à consommer au bénéfice évident de notre économie et de notre marché de l’emploi. Pourquoi donc faire deux poids et deux mesures avec les lignes aériennes en provenance d’Europe avec un visa valable pour l’espace européen ? Les DOM ne font-ils donc pas partie à part entière du territoire national ? Incompréhensible ! 5. Le compte-rendu des Ateliers de la Mer du 22 au 23 avril 2015 organisées par l’Association Contact-Entreprises. « Et si la Mer créait des emplois en Martinique ? ». Tel était le thème central des Ateliers de la Mer qui se sont tenus les 22 et 23 avril 2015 au Port de Plaisance de la ville du Marin. Organisés par Contact-Entreprises, en partenariat avec Martinique Développement, ces ateliers avaient pour but de prolonger les travaux du Livre Bleu édité en 2014, en faisant de la mer un axe majeur du développement économique de la Martinique. En amont du Salon Maritime et des Industries nautiques de la Martinique (le SMILE), la manifestation a réuni une cinquantaine d’intervenants experts autour de 8 tables rondes, chacune traitant un sujet spécifique lié à la mer. Elles étaient animées par Agnès MONLOUIS-FELICITE de l’agence Mots d’ici. Plus de 300 personnes ont pu assister sur place aux échanges, ainsi que de nombreux internautes puisque les débats étaient filmés et diffusés en direct sur Internet. Ainsi, pendant deux journées intenses, ont été abordés les thèmes suivants : le traitement des épaves, l’énergie marine, la plongée, les loisirs nautiques, le yachting, la pêche et l’aquaculture, Saint-Pierre, et les équipements portuaires. Cette opération d’ampleur a été rendue possible grâce au soutien de l’Etat, du Conseil Régional, de la Ville du Marin, du Port du Marin, de l’association MYA, de la CCIM, mais aussi de Carenantilles, de la BRED, du Groupe SEEN, de la CMA CGM, de l’EGC Martinique, sans oublier les partenaires militants de Contact-Entreprises que sont Abadie, Tuernal Vatran Traduction, Ardent, Infodom, et Antilles Bureaux. Parmi les constats nouveaux ou rappelés : La Martinique est en forte concurrence avec son environnement régional ; La Martinique a des handicaps en matière de compétitivité : normes, réglementation, fiscalité, coût du travail… ; La Martinique dispose d’atouts importants par rapport aux îles voisines : des sites naturels de qualité (un littoral préservé, des baies exceptionnelles, la Montagne Pelée…), des infrastructures modernes, une ville historique de renommée mondiale – Saint Pierre… ; La Martinique manque d’équipements nautiques et portuaires pour satisfaire les besoins de la plaisance (déficit important d’anneaux, ports et ports à sec…) ; Les martiniquais ne sont pas suffisamment « tournés vers la mer » ; Il reste un travail important à faire pour ouvrir d’avantage les populations à la mer. Cette sensibilisation doit se faire dès l’enfance, pour permettre à chacun de mieux connaître son environnement et Page 7 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 mieux le protéger. Savoir nager, savoir naviguer, savoir pêcher… et petit à petit pratiquer des métiers de la mer. Suite à ces constats, plusieurs objectifs se sont imposés : Rendre les métiers de la mer plus attractifs et compétitifs ; Adapter la réglementation française et européenne aux réalités caribéennes ; Adapter la fiscalité liée aux activités nautiques notamment en « osant le taxe-free » pour capter la clientèle aspirée par les îles voisines ; Assouplir les règles pour permettre un rattrapage en matière d’équipements, notamment en nombre d’anneaux et en infrastructures portuaires. Trois grands axes de mobilisation ont émergé, notamment pour les élus : Militer collectivement pour prolonger et renforcer le dispositif de Zone Franche d’Activité en l’élargissant aux métiers du nautisme et à ses dérivés, et plus largement à tout le périmètre de « l’économie bleue » que les Services de l’Etat sont en train de cerner en Martinique ; Engager la réflexion sur la détaxe des activités nautiques et notamment sur les charters ; Renforcer les dispositifs de formation et s’appuyer d’avantage sur l’apprentissage. En effet, les Ateliers de la Mer ont remporté un franc succès comme le lecteur peut le constater en visionnant la synthèse (30 minutes) dont les conclusions (proposées par le Sénateur et Maire du Marin, Rodolphe Désiré, ainsi que le Président de Contact-Entreprises, Emmanuel de Reynal) en sont un témoignage éloquent. Voir le lien : http://www.contact-entreprises.com/le-compte-rendu-des-ateliers-de-la-mermartinique-2015/. Monsieur Serge Letchimy, Président du Conseil Régional, a évoqué ces conclusions auprès du Président François Hollande lors de sa visite à la Martinique le 8 mai dernier. Ils ont convenu d’évoquer fin septembre les propositions qui restent à détailler par le Conseil Régional. À cet effet M. Letchimy a créé un comité de réflexion d'hommes d'affaires, reconnus sur place, (Présidents de la Chambre de Commerce, du MEDEF, de la CGPME, de l’AMPI et de ContactEntreprises …) afin de préparer ces propositions. C’est ainsi que la première réunion a eu lieu le 17 juin dernier. PROPOSITIONS AUX DÉCIDEURS Étape 1 : L’arrêt immédiat de la fuite des navires par 3 exonérations et une autorisation relativement aisées à mettre en œuvre par le Décideur à savoir : Page 8 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 1. Exonération de la TVA dans les DOM aux contrats de location et d'affrètement à des fins de voyages d'agrément sur tous les navires de la plaisance. Modifier le BOI-TVA-CHAMP-30-30-30-10-20150512 comme suit (extrait avec l’insertion du texte proposé) : « 2. Cas particulier des locations et affrètements à des fins d'agrément 180 L'exonération ne s'applique pas aux opérations de location et d'affrètement qui consistent, contre rémunération, à mettre un navire avec ou sans équipage, à la disposition de personnes à des fins de voyages d'agrément, y compris lorsque ce voyage se déroule en haute mer, et qui n'affectent pas elles-mêmes le navire à une activité rémunérée (CJUE, aff. n° C-116/10, Bacino Charter Company SA du 22 décembre 2010). Ces prestations de location et d'affrètement effectuées pour les besoins de voyages d'agrément sont donc soumises à la TVA selon les règles du droit commun déterminées pour les besoins des navires de plaisance à usage privé. Remarque : Les opérations effectuées par des intermédiaires qui s'entremettent entre l'exploitant du navire d'une part, et la personne qui l'utilise à des fins d'agrément sans affecter le navire à une activité rémunérée d'autre part, sont également soumises à la TVA dans les mêmes conditions. Ces dispositions s'appliquent aux contrats de location et d'affrètement à des fins de voyages d'agrément conclus à compter du 15 juillet 2013. Les DOM ne font pas partie du territoire de l‘Union européenne (UE) en ce qui concerne la TVA, en application de l'article 6 de la directive TVA 2006/112/CE du 28 novembre 2006. La législation de l’UE harmonisée en matière de TVA n'est donc pas applicable dans les DOM. Par voie de conséquence dans les DOM, l’exonération de la TVA s’applique aux contrats de location et d'affrètement à des fins de voyages d'agrément sur tous les navires de la plaisance. » 2. Carburant au « Prix Hors Taxes Plaisance » pour tous les navires de plaisance en Admission Temporaire en Martinique. Cette proposition est en ligne avec des pratiques des Gouvernements de nos îles concurrentes. Cette exonération de toutes les taxes à l’exception de l’octroi de mer est sous l’entière responsabilité du Conseil Régional de la Martinique. Les objectifs sont multiples : 1. Attirer un nouveau marché de navires du fait que nous devenons compétitifs par une offre en hors taxes par rapport au reste de l'arc caribéen ; Page 9 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 1.1. La cible étant tout navire de plaisance bénéficiant du régime douanier d'admission temporaire ; 1.2. Nous ciblons précisément la plaisance en Admission temporaire de façon à leur permettre de visiter jusqu'à 18 mois toutes nos côtes afin de permettre toute initiative par des communes de la Martinique de les motiver à venir leur rendre visite ; 1.3 Ces livraisons seront autorisées moyennant « un octroi de 4,5% du prix HT de sortie de raffinerie du carburant ». Le produit serait ainsi appelé « Prix Hors Taxes Plaisance » pour des raisons évidentes sur le plan commercial. 1.4 S’agissant donc d’un nouveau marché, nous augmenterons les revenus du Conseil Régional. 1.5 La distribution de ce carburant au « Prix Hors Taxes Plaisance » pourrait être réalisée soit par les moyens habituels des distributeurs à la pompe (le réseau de distribution étant distinct du réseau de distribution du produit actuel en Hors Toutes Taxes), soit via les camions citernes directement aux réservoirs des navires assistés par des tuyaux amovibles ou fixes. 1.6 Tout ceci demeurant sous le contrôle de la douane par le biais de textes douaniers existants et parfaitement explicites permettant le Conseil Régional d’aisément identifier l'impact moteur sur l'économie de cette délibération dans le temps ; 3. Exonération de l’Octroi de Mer sur les navires destinés à une exploitation professionnelle de navires de plaisance. L’octroi de mer concerne les navires au moment de l’importation en Martinique. Son taux est aujourd’hui de 7% auquel il faut ajouter 2,5% de Droit additionnel à l’Octroi de mer, soit une taxe totale de 9,5%. Cette taxation est à la discrétion du Conseil Régional qui en détermine les taux et les objets de l’application. La Douane est alors mandatée par la Région pour en organiser la perception. Si cette taxation est légitime pour tous résidents Martiniquais, elle est une barrière sérieuse pour les navires importés dans le but d’une exploitation touristique. Elle a fluctué au cours des années entre l’exonération totale et 20%. Aujourd’hui, nous vivons même une situation fort paradoxale, puisque les taux ne sont pas les mêmes entre Martinique (9,5%) et Guadeloupe (4,5%) sur ces navires, et que nombre de sociétés importent leurs navires par la Guadeloupe où le taux d’octroi de mer est plus bas, pour travailler ensuite en Martinique, l’espace « Perben » permettant à une marchandise dédouanée dans une des deux îles d’être en règle dans l’île sœur. Même la Douane tient ce discours aux entreprises. L’exonération de l’octroi de mer aurait plusieurs avantages : 1) Nous avons de nombreuses demandes pour baser des bateaux dans les DOM. Mais quand on annonce aux propriétaires qu’il lui faudra payer 9,5% ou même 4,5% du prix du bateau Page 10 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 en plus pour pouvoir le mettre en gestion en Martinique, ces derniers préfèrent rester en Méditerranée, ou vont sur Saint Martin où il n’y a pas d’octroi de mer. 2) Aujourd’hui, la défiscalisation sur les navires de charter ou de location est de plus en plus difficile, et surtout, elle allonge le temps d’exploitation à 7 ans. Or, les professionnels savent pertinemment que s’ils ne peuvent renouveler leur parc de bateaux tous les 5 ans ou plus rapidement, c’est comme si on demandait à un loueur de voiture de louer des Renault 5 quand on est à la CLIO 3 ! La seule façon de conserver un parc attractif pour les clients va donc amener les professionnels à ne plus utiliser les aides fiscales à l’investissement, beaucoup trop contraignantes. Deux solutions se présente à eux, soit quitter les DOM pour d’autres îles, soit se tourner vers de l’auto financement et/ou de la gestion locative, et là, l’octroi de mer se pose en barrière, car c’est une taxe non récupérable qu’il faut environ 18 mois d’exploitation pour financer ! Or personne ne souhaite faire travailler son bateau pendant 18 mois juste pour payer une taxe régionale. Du coup, nombre de sociétés de charter ou de location envisagent sérieusement leur déplacement sur les îles environnantes. 3) Enfin, les bateaux qui souhaitent venir faire juste quelques mois de saison au départ de notre île se voient également redevables de l’octroi de mer même si il leur est possible de s’en acquitter prorata temporis. Là encore, pourquoi venir travailler en Martinique pour payer une taxe alors que les iles environnantes vous accueillent à bras ouvert pour y exercer, même quelques mois seulement, votre activité. Non seulement cette taxe d’octroi de mer est discriminatoire en regard de nos îles voisines mais elle est un vrai frein à l’exploitation de bateaux à usage professionnel. Il faudrait à défaut d’une exonération totale, qui serait la bienvenue, au moins aligner son taux sur notre île sœur de la Guadeloupe de façon à récupérer une partie de la flotte dédouanée en Guadeloupe. Cette mesure est absolument essentielle si on veut conserver l’activité des professionnels du charter et de la location de bateau en Martinique. Ce sont quelques 200 emplois directs qui sont en jeux et le fonds de commerce des fournisseurs que ces sociétés de charter et de location font travailler toute l’année. Cependant, il faudrait trouver une solution dans la délibération permettant aux navires battant pavillon étranger (hors de l’espace Perben) destinés à une exploitation professionnelle de pouvoir être exonérés de cette taxe afin de les encourager de venir s’installer à la Martinique. Ceci permettrait à la Martinique de récolter les bénéfices économiques, de l’emploi et des taxes collatérales du fait de l’activité qu’ils génèrent telle les taxes de l’aéroport, la demande pour des taxis, des entretiens et réparations, de l’approvisionnement, etcétéra et aussi de promouvoir la Martinique dans le nautisme international. À défaut de les accueillir de cette façon, ils continueront de s’installer ailleurs dans l’arc caribéen. 4. Autorisation pour que des visas valables (exemple Schengen) pour visiter la France métropolitaine deviennent également valables pour visiter la Martinique. Cette décision est entièrement sous la responsabilité de la France et n’exige nulle autorisation de la part de la Commission Européenne. Page 11 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 Elle permettrait aux DOM de rendre visible le fait qu'enclaves françaises dans les Caraïbes elles n'en sont pas moins françaises à part entière. De ce fait elles pourraient dès lors accueillir au même titre et selon les même procédures administratives et règlementaires les visiteurs de la métropole. Il est à noter qu'en outre cette extension d'accessibilité aux DOM ne couterait rien à la France. Ceci serait un argument fort dans les réseaux de vente tant pour des séjours dans les hôtels que sur les navires de la plaisance car dès lors de tels visiteurs (avec un visa Schengen valable) pourraient démarrer et ou terminer leurs séjours à la Martinique en passant par les aéroports de Paris ou tout autre aéroport de l'espace Schengen sans la formalité d'obtention d'un visa DOM, obligeant à des délais et des coûts supplémentaires significatifs au regard d'autre destinations dans le reste de l'arc Caribéen. Dès lors la France rendrait tout aussi aisée une visite aux DOM que dans l'une quelconque des îles avoisinantes. Étape 2 : Il convient de mettre en place une stratégie fiscale et administrative via une Zone Franche. L’objectif est de créer un environnement fiscal, social et administratif qui intègre la réalité de la concurrence aux alentours permettant aux sociétés d’avoir la perspective de continuer à exercer leur activité au départ de la Martinique et d’avoir les perspectives de développement en Martinique. Cette croissance (en lieu de la stagnation voir décroissance actuelle) est absolument nécessaire pour qu’elles continuent à contribuer au développement de l’emploi, à la croissance de l’économie, et aux frais de l’infrastructure et des services publics qui demeurent unique dans la région. Cette mise en place de Zone Franche permettrait de consolider les quatre demandes de l’Étape I, de généraliser leurs principes à l’ensemble des activités de la plaisance, et de pérenniser ainsi le développement de la filière nautique en Martinique. Vu le retard de la compétitivité de la Martinique par rapport aux îles concurrentes, l’urgence de la mise en place de solutions s’impose. La rapidité d’exécution des modifications des législations suggérait de s’appuyer sur la législation existante avec des décisions précises : A. Achats en Hors Taxes dans nos boutiques pour capter à la fois la clientèle de la croisière et de la plaisance (en France métropolitaine ceci existe pour tous les visiteurs). B. Étendre la possibilité de vendre notre savoir-faire en Hors TVA à la plaisance privée en Admission Temporaire en lieu que seulement la plaisance de commerce afin d’attirer cette part du marché (la plus importante) de venir faire escale sur le long de nos côtes. C. Adapter la loi de la Zone Franche Active : i. La prolonger de 15 ans. ii. Intégrer le nautisme et toutes ses filières. Page 12 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015 iii. Inclure les associations du nautisme et des sociétés de formation afin de sensibiliser, ouvrir d’avantage les populations à la mer, et de les préparer pour les métiers de l’Économie bleue. iv. Intégrer la stratégie du programme européen ODYSSEA « Croissance Bleue 2014-2020 » mettant en valeur des Villes-Ports et leurs arrières pays : l’Écotourisme par des voies bleues de découvertes patrimoniales et de loisirs nautiques. v. Intégrer toute autre activité selon les recommandations du Comité de Réflexion auprès du Président du Conseil Régional. ******************************************************************************** ANNEXE I Témoignages de l’Industrie. ANNEXE II Statistiques des Yachts de 2011 à 2015. ANNEXE III Études de textes de loi. ANNEXE IV Perfectionnement Actif – Clarification de la procédure par la Douane Interrégionale. ANNEXE V Extrait de l’étude de KPMG de la comparaison des coûts salariaux entre la Martinique et d’autres îles touristique de la Caraïbe. ANNEXE VI Courriel des services du Commissaire de l’Économie de l’Union Européenne. Page 13 sur 13 Révision 4.3 – 20/07/2015