Le Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam, un établissement qui a

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Le Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam, un établissement qui a
Le Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam,
un établissement qui a su se transformer pour
s'adapter à un environnement toujours plus
complexe, et ce, depuis 1948 !
Couverture d'un recueil de cinq récits proposés par les élèves de CM2 du Lycée
franco-éthiopien Guebre Mariam, encadrés par Nicolas DELEAU (professeur de
Lettres modernes) et Frédéric LOUARD (professeur des écoles), janvier 2009.
Éléments proposés par les enseignants d'Histoire et de Géographie du Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam, dans l'ordre
alphabétique : Pascal BELLIER, Karine BORR, Guillaume CAOUISSIN, Tessema CHAMISSO, Stéphanie LAGARD, Chloé
MEHEUST. Merci à François MORAND, professeur de Lettres modernes, pour sa relecture et ses remarques pertinentes !
Addis Abeba, octobre 2013.
Pourquoi créer un nouveau Lycée,
le Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam,
en 1947 à Addis Abeba ?
Ménélik II et Haïlé Sélassié I (régent de 1917 à 1930, et Empereur de 1930 à 1974) voulaient développer un système éducatif
moderne, pour, entre autres, former des élites capables de faire face aux ambitions coloniales des puissances occidentales dans la
Corne de l'Afrique.
En effet, les écoles traditionnelles, chrétiennes dans leur grande majorité, qui ne proposaient que des études bibliques,
poétiques, philosophiques, musicales... étaient incapables de fournir à l'Éthiopie les cadres dont elle avait besoin. De plus, les écoles
créées par les missionnaires protestants et catholiques, à la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle, scolarisaient des milliers
d'élèves (2 000 en 1935), mais remettaient en cause l'unité du pays en enseignant dans des langues autres que l'amharique, alors plus
ou moins « langue officielle », et fragilisaient l'unité religieuse supposée du pays en convertissant massivement les populations.
Des écoles modernes, et laïques, furent donc créées pour répondre aux nouveaux défis (inauguration de l'école Ménélik II en
1908 : enseignement de langues étrangères, dont le français, des mathématiques, des sciences...). Malgré tout, elles accueillaient
moins de 8 000 élèves en 1935 en Éthiopie (pour une population de 12 000 000 d'habitants), et furent, de surcroit, plus ou moins
démantelées par les Italiens durant l'occupation (1936-1941).
L'école Tafari Makonnen en 1925 (gérée de 1945 à 1972 par
des Jésuites canadiens), aujourd'hui « Entoto Technical and
Vocational Education and Training school », située au Nord
de l'ambassade d'Égypte, à l'Est de l'église « Medhane Alem ».
Photographie : Fasil Giorghis et Denis Gérard, Addis Abeba,
1886-1941. La ville et son patrimoine architectural, Shama
Books, Addis Abeba, Éthiopie, 2007, page 269 (collection
André Evalet).
Après la guerre, il fallait donc reconstruire le système éducatif, et, nouvel élément, contrebalancer l'influence massive des
Britanniques libérateurs du pays aux côtés des Patriotes éthiopiens.
Dans un souci d'indépendance politique et d'équilibre entre puissances, le choix d'une école française semblait alors évident
pour l'Empereur, lui même francophone, d'autant que le français était jusqu'en 1935 la langue de la modernité et de la diplomatie en
Éthiopie, et que des Français avaient participé à la modernisation du pays (chemin de fer, imprimerie, système postal...).
Le choix d'une école gérée par la Mission laïque française s'imposa également, car des élites avaient déjà été formées dans
les années 1920 au Lycée égyptien d'Alexandrie, école gérée par la Mission laïque française, et que l'Empereur n'oubliait pas que
Edouard Herriot, président de cette même Mission laïque de 1930 à 1957, l'avait soutenu publiquement en 1935 face aux Italiens.
Le Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam fut donc créé en 1947, ouvert aux élèves en mars 1948, et inauguré en 1952, le
temps d'aménager l'espace de plus de 4 hectares alloué par l'Empereur.
« Le gouvernement éthiopien emploie la langue française officiellement dans ses relations diplomatiques avec les légations [les
ambassades] et les particuliers. (...) Dans les écoles gouvernementales et privées, la langue française se trouve au premier rang.
(...) En résumé, la langue française fait figure d'instrument d'expression internationale en Éthiopie où elle est considérée comme la
langue officielle à côté de l'amharique. »
Adrien Zervos, L'Empire d'Éthiopie. Le miroir de l'Éthiopie moderne, 1906-1935, Alexandrie, 1936.
Sources :
Alain Verhaagen, « Les structures d'enseignement dans l'histoire de l'Éthiopie » (11 pages), dans Civilisations numéro 41, Mélanges
Pierre Salmon II, 1993.
Lucio Filippini, « The role of the Missions (protestants and catholics) in the 20th Century Ethiopia (1920-1975) », in Proceeding of
the XIV° international conference of Ethiopian Studies, volume 1 (page 609), novembre 2000, Addis Abeba.
Théodore M. Vestal, « Education », dans Encyclopaedia Aethiopica (volume 2, page 234), Harrassowitz Verlag, Wiesbaden,
Allemagne, 2005.
L'âge d'or du Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam ?
Le Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam, fait dès les premières années de son existence figure de « géant » à Addis
Abeba : environ 1 100 élèves étaient inscrits en 1955, alors que 23 000 écoliers fréquentaient les écoles d'Addis Abeba en 1955-1956.
Autrement dit, alors qu'en Éthiopie il y avait, en 1952, 60 000 « étudiants » dans 400 écoles primaires et 11 écoles
secondaires, le Lycée scolarisait à lui seul, au début des années 1950, 1 élève de l'Empire sur 60, et 1 sur 20 à l'échelle d'Addis
Abeba !
Le premier bâtiment du Lycée Guebre Mariam
(photographie de 1956), était une école tenue par une
mission états-unienne, « Regina Elena ». Photographie,
« Mission Laïque Française ».
Photographie de 1963 d'élèves de l'école catholique
« Nazareth school », ouverte en 1954 à Addis Abeba :
un public international !
http://india.indymedia.org/en/2004/04/209340.shtml
L'Éthiopie, seul pays africain à ne pas avoir été colonisé, malgré l'intermède de l'occupation italienne de 1936 à 1941, avec le
Liberia dominé par des capitaux états-uniens, se veut un exemple pour les pays africains, encore colonisés ou nouvellement
indépendants. Addis Abeba est alors considérée par beaucoup comme la « capitale » de l'Afrique, situation confirmée par l'installation
de la Commission Économique pour l'Afrique en 1958 et de l'Organisation pour l'Unité Africaine en 1963.
Mais en 1961, lors de la conférence de l'UNESCO sur le développement de l'éducation en Afrique qui se déroule à Addis
Abeba, le système éducatif en Éthiopie apparaît comme nettement sous-développé : seulement 3,8 % des 5-14 ans et 0,5 % des 15-19
ans étaient scolarisés en 1958-1959 ! Seul le Niger, pour les 5-14 ans a des résultats encore plus mauvais (3,3 %), alors qu'un pays
comme le Sénégal scolarise 23,8 % des 5-14 ans.
La réaction sera à la hauteur de l'humiliation : alors qu'en 1960-1961, il existait 26 écoles secondaires en Éthiopie, dont 12 à
Addis Abeba, 10 ans plus tard, en 1971, 1 300 écoles primaires et secondaires scolarisent 600 000 « étudiants » grâce à 13 000
professeurs.
Malgré tout, en 1974, 9 Éthiopiens sur 10 sont illettrés, 12 % seulement des élèves en âge d'être scolarisés le sont au niveau
primaire (3 196 écoles pour 957 300 élèves), et seulement 1 million d'élèves au total sont inscrits dans les écoles gouvernementales.
A la veille de la révolution, le Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam scolarise toujours, bon an mal an, 2 000 élèves, ce qui
représente désormais 1 élève sur 500 à l'échelle du pays (contre 1 sur 60 une vingtaine d'années auparavant).
« (...) En 1971 (...), Addis Abeba comptait 27 écoles, dont treize d'État, sept dirigées par des missions catholiques, et sept
établissements dits privés dont un allemand, un anglais, deux américains et deux français : le lycée franco-éthiopien Guebre
Mariam avec ses deux mille élèves et l'Alliance française (...). »
Gontran de Juniac, Le dernier Roi des Rois, L'Harmattan, 1994 (Plon, 1979), pages 330 et 331.
Sources : Rapport final de la conférence des États africains sur le développement de l'éducation en Afrique (UNESCO, Addis Abeba,
1961). Jean Penisson, « Le Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam, héritier d'une longue tradition d'enseignement français en
Éthiopie », dans L'Éthiopie d'aujourd'hui numéro 9, revue mensuelle en langue française publiée par le Ministère de l'Information,
Addis Abeba, février 1963.
Une réelle volonté de renforcer la pratique de la langue française en Éthiopie
dans les années 1960.
En Éthiopie, le coup d'État raté de décembre 1960, permit, entre autres, le retour au poste de Premier ministre d'un
francophone, Aklilou Hapte Wold (Premier ministre de 1961 à 1974), secondé dans les années 1960 par Mamo Tadesse (Viceministre d'État auprès du Premier ministre de 1958 à 1966, puis Ministre de la Justice, des Finances...) : tous les deux avaient étudié
en Égypte, au lycée de la Mission Laïque Française d'Alexandrie pour le premier, chez les Jésuites du Caire pour le second, avant de
poursuivre leurs études à Paris.
Cependant, les autorités françaises font un constat : la langue française, malgré la présence du Lycée Guebre Mariam,
l'existence de cette élite éthiopienne francophone, le soutien de l'Empereur, la présence de coopérants français en Éthiopie
(archéologie, médecine animale, justice...)... n'arrive pas à s'imposer face à l'anglais.
Ce Lycée, créé pour former les élites dont le pays a un criant besoin, ne remplit qu'imparfaitement son rôle : seuls 9
bacheliers éthiopiens ont reçu des bourses françaises en 1962 pour poursuivre leurs études en France, en médecine et en science, alors
que les États-Unis offrent à eux seuls, chaque année, plus de bourses aux jeunes Éthiopiens que toutes les autres nations réunies.
En 1966, les deux gouvernements s'engagent donc à « favoriser, dans toute la mesure du possible, l'enseignement de la
langue, de la littérature et de la civilisation de l'autre pays » (Convention culturelle signée à Addis Abeba le 27 août 1966).
Le Lycée Guebre Mariam devient alors un acteur essentiel de cette coopération culturelle puisqu'il doit participer à la
formation pédagogique des maîtres Éthiopiens de français, donner un enseignement accéléré de la langue française à des étudiants
ayant déjà fait des études secondaires en d'autres langues...
Inauguration de l'école normale en 1973, en présence de
l'Empereur Haïlé Sélassié I, du Président de la République
française, Georges Pompidou, et de M. Bolliet, directeur de
l'école normale. Mélanges pour le cinquantenaire, Mission
Laïque Française, Addis Abeba, 1997.
« (...) Assurément, ce que nous retirons est très au-dessous
de ce que nous donnons. Mais le fait seul qu'il existe une
contre-partie ne nous paraît pas négligeable et il est bien
évident que nous serions peu portés à fournir beaucoup à
ceux qui ne nous fournissent rien. Pourtant, l'importance
que revêt la Coopération tient moins aux chiffres et aux
compte immédiats qu'aux avantages d'ordre général qu'elle
peut assurer dans l'avenir à nous-mêmes et à nos
partenaires (...). »
Charles de Gaulle, Président de la République française,
Paris, 31 janvier 1964.
« Lorsque M. Pompidou devait en janvier 1973, venir en
voyage officiel, il put constater les effets des accords conclu
sept ans plus tôt sur le développement de l'étude du français :
le français était matière obligatoire dans 28 établissements
secondaires, où 70 professeurs français enseignaient leur
langue à 27 000 Éthiopiens ; l'école normale supérieure
formait 120 professeurs éthiopiens de français sous la
direction de 6 professeurs français ; le lycée français comptait
1 920 élèves, dont 1 339 Éthiopiens et 41 professeurs
français ; à l'Alliance française d'Addis Abeba, d'Asmara et
de Dire Daoua, 4 professeurs français donnaient des leçons à
plusieurs centaines d'élèves ; deux établissements privés
étaient subventionnés par le gouvernement français ; 5
professeurs enseignaient à l'Université, d'autres étaient
affectés aux écoles militaires de la Marine, à l'Académie
militaire de Harrar, à la base aérienne de Debre Zeit ; une
centaine d'étudiants éthiopiens faisaient leurs études en
France ; la radio diffusait en français ; deux périodiques de
langue française paraissaient à Addis Abeba (un quotidien,
l'Addis Abeba, et un mensuel, les Nouvelles touristiques
d'Éthiopie) ; enfin une partie importante des recherches
archéologiques étaient confiées à une mission française. »
Gontran de Juniac, Le dernier Roi des Rois, l'Éthiopie de Haïlé
Sélassié, Plon 1979, L'Harmattan 1994. Page 294.
Source : Jean Penisson, professeur au Lycée Guebre Mariam, Le
Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam, héritier d'une longue
tradition d'enseignement français en Éthiopie, l'Éthiopie
d'aujourd'hui (revue mensuelle en langue française publiée par le
Ministère de l'Information à Addis Abeba), numéro 9, février
1963.
Le Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam
au cœur de la tourmente.
Pour le nouveau pouvoir issu de la révolution de 1974, marxiste léniniste, et bientôt soutenu par les pays du Bloc
communiste, le Lycée Guebre Mariam est au cœur des préoccupations.
En effet, que penser d'un établissement qui scolarise des élèves éthiopiens (70 % du public scolaire, cas unique en Éthiopie
pour un établissement scolaire international) en français, langue désormais impérialiste ? Comment un pouvoir dictatorial peut-il alors
tolérer que ces mêmes élèves éthiopiens « échappent » à l'enseignement officiel, et découvrent dans notre établissement des valeurs
niées par le régime comme la liberté, la tolérance, l'égalité... ?
Quel regard porter sur un établissement considéré comme une pépinière de mouvements contestataires, puisque des étudiants
éthiopiens francophones, comme Haïlé Fida, créèrent en France des partis politiques d'extrême gauche, tel le MEISON, qui bientôt
allaient s'opposer au nouveau pouvoir ?
En plus de ces oppositions, notre établissement devra, déjà, faire face à de réels problèmes financiers puisque certains parents
utiliseront le discours révolutionnaire « égalitaire » pour imposer un blocage des frais de scolarité, au nom de l'accès de tous à
l'éducation, donc au Lycée !
La Zamatcha de 1974 (photographie Sophie Mekuria), et une classe de topographes au Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam,
Mélanges pour le cinquantenaire, Mission Laïque Française, Addis Abeba, 1997.
Certains élèves du Lycée, comme ceux des autres écoles,
durent participer à la Zamatcha (campagne d'alphabétisation des
populations rurales). Tous durent suivre des cours d'idéologie
marxiste à la place de l'enseignement de l'amharique, et durent
assister, sur le terrain de sport, à des « programmes de dénonciations
des anti-révolutionnaires ». Nombreux furent arrêtés, emprisonnés...
et certains disparurent dans la tourmente.
Malgré tout, l'établissement va survivre, et s'adapter : des
classes de topographes et de dessinateurs accueillent à partir de 1977
les « étudiants » qui reviennent de la Zamatcha ; l'internat de jeunes
filles ouvert en 1961 ferme pour réaménager les locaux, et ainsi
faire face à l'afflux d'élèves ; la filière qui permettait à des élèves
d'obtenir un diplôme de secrétaire est supprimée, pour des raisons
financières...
La statue de Lénine devant le « Africa Hall » en 1984.
En 1991, le Lycée, amputé d'un bâtiment (le bâtiment d'origine, avec tout l'équipement, fut confisqué par le pouvoir en 1980,
et abrite aujourd'hui la « Black lion school »), ruiné par le blocage des frais de scolarité... doit se reconstruire.
Mais il a pu se maintenir, et a continué à offrir un enseignement de qualité. Pour preuve, il faut se souvenir que Mengistu
Haïlé Mariam y envoya son fils, tout comme de nombreux dignitaires du régime qui imposèrent en 1981 l'inscription d'enfants
anglophones au Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam... les leurs !
Un nouveau « paysage » scolaire à Addis Abeba.
Le Lycée Guebre Mariam a toujours été en concurrence avec d'autres écoles à Addis Abeba : écoles gouvernementales
comme l'école « Medhane Alem » (1931), écoles catholiques comme « Saint Joseph school » (1959), écoles protestantes comme
« Akaki Adventist school » (1943), écoles internationales comme « Sandford international school » installée sur son terrain depuis
1949...
Mais, depuis quelques années, de nombreuses écoles privées ouvrent leurs portes. Majoritairement, elles préparent les élèves
à réussir les examens éthiopiens, et certaines proposent également à ces derniers des diplômes internationaux, comme le
« International General Certificate of Secondary Education » (IGCSE) de l'Université de Cambridge. L'offre scolaire ne cesse donc
de s'étoffer, d'autant qu'en parallèle les autorités éthiopiennes scolarisent toujours plus d'enfants : plus de 15 millions d'élèves du
Primaire et du Secondaire en 2009-2010 en Éthiopie, encadrés par plus de 300 000 enseignants.
Chaque école doit donc convaincre les parents qu'elle est la meilleure : il existe désormais un « marché » de l'éducation à
Addis Abeba. Pour se distinguer, il faut salarier des professeurs étrangers, investir dans le matériel informatique, construire des
infrastructures sportives, acheter des livres... Des frais de scolarité élevés sont donc demandés aux parents. Pour ces derniers, c'est un
gage de qualité puisque selon eux meilleur sera le service !
« British International school » (http://www.bisaddis.com/) ; « Nejashi ethio-turkish international school », salle de musique (Netis
African Union Branch, 240 élèves des grades 1 à 8) ; « Bingham Academy », (http://binghamacademy.net/).
Ces images, présentées sur les sites officiels, mettent en avant des éléments positifs, pour emporter l'adhésion des parents :
nombreuses nationalités dont un Occidental au premier plan, harmonie, importance des activités extra-scolaires ; équipement
moderne et abondant, ordre et discipline, faibles effectifs ; vaste espace agréable, direction occidentale...
Pour exemple, la « British international school of Addis Abeba »,
fondée en 2005, demande aux parents de 25 000 à 45 000 birrs par an, selon les
grades, par enfant, et 4 000 dollars par an pour le « curriculum international »
(« The university preparatory section »). La direction de l'école met en avant la
qualité des équipements, le faible nombre d'élèves par professeur (24 élèves par
classe au maximum) et l'existence de professeurs étrangers : « Expatriate
teachers are considered to be team leaders, sharing their curriculum
knowledge and expertise with locally employed staff », selon le site de l'école
(12 Britanniques sur 70 enseignants, pour un peu plus de 500 élèves).
Les écoles plus anciennes, pour survivre, doivent elles aussi s'adapter :
« Bingham academy », fondée en 1946, accueille un peu plus de 300 élèves
encadrés par une cinquantaine d'enseignants, en grande majorité étrangers (dont
la moitié États-Uniens). Pour une année de scolarité, il est demandé aux
parents de 4 à 6 000 dollars états-uniens par enfant selon les grades.
« Addis Ababa Confucius Institute », pour
apprendre le chinois, inauguré en 2010.
L'existence de ces écoles, dont les tarifs sont souvent beaucoup plus élevés que ceux demandés par le Lycée franco-éthiopien
Guebre Mariam, est certainement à mettre en relation avec la nette augmentation du niveau de vie des populations, au moins à Addis
Abeba.
Selon un article de Asmeret Hailesilasse, du journal Fortune du 22 septembre 2013, 200 000 ménages ont des revenus
supérieurs à 500 dollars par mois, soit un ménage sur quatre ou trois à l'échelle de la capitale. Toujours selon l'auteur de l'article, qui
s'appuie sur les résultats d'une enquête menée par une société, Sagaci Research, auprès de 1 000 foyers en mai et juin 2013 (un
sondage donc, suivi d'une extrapolation), 20 000 foyers ont même des revenus supérieurs à 1 000 dollars par mois.
Quels sont donc les atouts du Lycée franco-éthiopien Guebre
Mariam dans ce nouvel environnement scolaire ?
De nombreux parents non francophones choisissent d'inscrire leurs enfants dans notre école suite à un simple raisonnement
comptable : en effet, notre école reste une des moins chères des écoles internationales, sinon la moins chère. Si on observe les tarifs
appliqués par deux écoles internationales anglo-saxonnes, nous sommes très « compétitifs » (puisqu'il y a désormais un marché de
l'éducation, parlons de « compétitivité »...) : un parent éthiopien devra payer de 25 000 à 50 000 birrs, et un parent non Éthiopien de
6 000 à 14 000 dollars, pour une année de scolarité à « Sandford International School », l'école britannique, et plus de 20 000 dollars
pour une année à « International Community School », l'école états-unienne.
Ce qui peut paraître un atout pour notre établissement, nous pénalise, étrangement, auprès de certains parents qui sont
convaincus que la relative faiblesse des frais de scolarité sous-entend un enseignement médiocre (voir la lutte que se livrent entre elles
les écoles privées).
Pour certains, le choix n'est pas financier, mais culturel. Des parents éthiopiens francophones restent attachés à la langue
française et à la culture qui y est liée, et choisissent donc notre école. Ces familles, même si elles sont aujourd'hui peu nombreuses (fin
de l'aventure du chemin de fer, au moins d'Addis Abeba à Dire Dawa, par exemple), existent toujours malgré tout, surtout à travers les
anciens élèves du Lycée désormais parents, ou ceux qui ont étudié en France.
Plus que les tarifs et la culture française,
ce sont les spécificités de notre enseignement qui
doivent être mises en avant, ainsi que la véritable
mixité qui existe au sein du Lycée Guebre
Mariam.
Choisir d'inscrire son enfant au Lycée
Guebre Mariam va au-delà du simple fait de lui
proposer des cours en français. Un élève du Lycée
est capable de construire des raisonnements
logiques,
d'argumenter,
de
hiérarchiser
l'information,
d'analyser
n'importe
quel
document... Il est ouvert sur le monde, a le goût de
l'effort, apprend à travailler de façon autonome et
est confronté à des valeurs universelles comme la
liberté, l'égalité....
Que l'élève poursuive ses études dans un pays francophone ou non, il sera capable de faire face à n'importe quelle situation (voir la
facilité avec laquelle nos élèves abordent les premières années d'université aux États-Unis).
Le fait que notre école soit laïque, est un autre atout pour certains. Tous sont accueillis, à égalité, y compris les plus pauvres
grâce aux bourses attribuées par l'établissement, ce qui assure un véritable brassage religieux et social (« Bingham Academy »
accueille en priorité les élèves d'écoles confessionnelles). C'est une bonne confrontation au monde actuel et un réel apprentissage de la
tolérance et du respect de l'autre dans sa différence.
Enfin, nos élèves maîtrisent au moins trois langues, dont deux internationales, le français et l'anglais, ce qui permet à ces
derniers de saisir des opportunités dans le monde entier, et plus particulièrement en Afrique, continent sur lequel ces deux langues
sont vecteurs de communication. Alors que certains s'inquiètent de la disparition de l'amharique dans les écoles privées de la capitale,
puisque l'enseignement s'effectue en anglais dès la première année de scolarisation de l'enfant, et n'hésitent pas à parler de culture en
danger (voir à ce propos les articles parus dans Fortune, 03 mai 2009, et dans Capital, 08 juillet 2013), le Lycée, à cet égard, se
conforme aux objectifs de la Mission laïque française en proposant « Trois langues, deux cultures ». Une langue ne chasse pas l'autre,
une culture ne s'impose pas.
Les atouts de notre établissement sont donc nombreux. Depuis sa création, le Lycée franco-éthiopien Guebre Mariam a su
faire preuve d'une remarquable capacité d'adaptation, l'avenir nous dira si il saura faire face aux nouveaux défis !
L'enseignement de l'histoire et de la géographie en France et aux États-Unis :
accumuler des connaissances ou former un citoyen ?
Le Scholastic Aptitude Tests (S.A.T.) est demandé à tout candidat postulant
pour un programme d’études aux États-Unis et au Canada en première année
aux Universités. Cet examen / concours est divisé en deux parties :
1) le S.A.T. Reasoning Test (ancien S.A.T. 1), lui même divisé en trois
sections majeures : l'analyse de texte (70 minutes) ; la rédaction (60
minutes) ; les mathématiques (70 minutes) ;
2) le S.A.T. Subjects Tests (ancien S.A.T. 2) qui permet d'évaluer les
connaissances du candidat dans chaque discipline. Pour exemple, le test
d'histoire comprend 95 questions à choix multiples à réaliser en 60
minutes.
En France, un élève qui se présente au
Baccalauréat
en classe de Terminale E.S.
(Économique et Social), par exemple, en histoire
et géographie (240 minutes, ou 4 heures, pour
réaliser deux épreuves), doit :
1) rédiger une composition ;
2) mener une étude critique d'un ou de deux
document (s), ou réaliser un schéma (ou un
croquis) de géographie.
En France comme aux États-Unis, les élèves doivent donc posséder des connaissances solides et maîtriser correctement la
langue, même si dans l'examen états-unien il n'y pas de rédaction pour les épreuves d'histoire et de géographie (juste des propositions
de réponses à sélectionner, mais l'élève doit être rapide, de 30 à 40 secondes par question, et doit développer des stratégies puisque
chaque mauvaise réponse est sanctionnée : il faut donc évaluer ses chances à chaque moment). Ainsi, aux États-Unis, il s'agit avant
tout d'accumuler des connaissances, souvent rapidement oubliées.
En France ces deux disciplines participent clairement à la formation du futur citoyen. En effet, l'élève doit :
développer un esprit critique, pour ne pas être manipulé et se construire en toute indépendance ;
comprendre le monde dans lequel il vit, pour mieux saisir les enjeux et défis avant de participer à une prise
de décision ;
être capable d'analyser des documents divers, de distinguer l'essentiel du superflu et de hiérarchiser les
informations, pour s'informer correctement, et décrypter en toute objectivité les grandes questions qui se posent ;
construire un raisonnement logique, et argumenter, pour débattre ;
prendre le temps de la réflexion, pour pouvoir agir en toute conscience...
Au final, les élèves des deux systèmes sont confrontés à ces deux disciplines, oui, mais les objectifs sont totalement différents, et
cela est valable plus généralement entre le système scolaire anglo-saxon et le système scolaire français.
Choisir une école française, ce n'est pas seulement un choix linguistique, c'est permettre à son enfant de devenir un citoyen actif !

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