Le Zénith, salle écologique

LE BIEN PUBLIC
DIJON
Jeudi 8
août 2013
05
ARCHITECTURE. Ce haut lieu de la culture dijonnaise cache des solutions techniques vertes.
Le Zénith, salle écologique
Tous les jours dans nos pa­
ges, en partenariat avec le
CAUE (1), découvrez un mo­
nument contemporain de
Dijon. Aujourd’hui, le
Zénith.
I
nauguré en 2005, le
Zénith de Dijon ne se limite pas à une simple
salle de spectacle, il revendique avant tout une démarche écologique.
Impossible de le rater. Le
Zénith apparaît au loin
comme un signal, un point
de repère visible depuis la
r o c a d e . Av e c s o n é c r a n
haut de 43 m, qui s’illumine
dans la nuit, difficile de passer à côté de cette salle de
spectacle monumentale.
Mais s avez-vous qu’une
cheminée se cache dans cet
écran ?
Si le Zénith reste une référence en matière de culture
pour tous les Dijonnais,
très peu semblent savoir
que derrière la silhouette
de béton et d’acier se cache
de véritables recherches
écologiques.
Les architectes Philippe
Chaix et Jean-Paul Morel,
bien connus pour les différents Zénith qu’ils ont
construits (voir encadré),
ont voulu f avoriser une
architecture verte et des
technologies peu coûteuses
en énergie. Aussi, trois
solutions se sont rapidement dégagées : la valorisation des espaces verts, la
ventilation naturelle par
cheminée et le rafraîchissement grâce à des puits
canadiens.
La cheminée
permet de ventiler
naturellement
pour éviter
les fortes chaleurs.
Dès l’extérieur, les spectateurs remarquent l’abondance des arbres qui encerclent le Zénith. De part et
d’autre du auvent de 20 m
de long qui invite à entrer,
des pelouses apportent aussi leur pointe de verdure.
La salle de spectacle se retrouve donc au cœur d’un
cocon de végétation puis-
1 Depuis la rocade,
le Zénith se dessine
au cœur d’un espace
vert.
2 Des rangées
d’arbres limitent
l’entrée de la salle
de spectacle.
Photos CAUE 21
et Sophie­Caroline Dété
que le parc de la Toisond’Or se trouve juste derrière. La première mission
des architectes est ainsi
concrétisée.
Qui a déjà soupçonné
qu’une cheminée se dissim u l a i t d e r r i è r e l ’é c r a n
géant qui éclaire et guide
les spectateurs les soirs de
show ? Afin de garantir une
bonne acoustique dans la
salle, celle-ci et bien sûre totalement close pendant les
concerts, par exemple. Il
fallait donc trouver le
moyen d’aérer cet espace
de 9 000 places afin d’assurer un certain confort aux
spectateurs. Philippe Chaix
et Jean-Paul Morel ont
donc l’idée d’une haute
cheminée qui permettrait
une ventilation naturelle
pour éviter la chaleur suffocante, notamment lors de
concerts de rock agités. Pas
question pour autant de dénaturer la forme linéaire de
la maquette par une cheminée. Quelle meilleure solution alors que de la camoufler derrière un écran géant.
Même les habitués n’y
voient que du feu. Jessica,
21 ans, a assisté aux
concerts de ZZ Top, Indochine, Muse et même Henri
Dès. La jeune femme émet
pourtant quelques réserves : « Dans la fosse, il fait
très chaud mais c’est plutôt
normal vu que nous sommes tous collés. J’ai déjà remarqué des brises d’air fraîches mais pas assez
puissantes à mon goût.
J’imagine qu’il fait plus frais
dans les gradins ».
Sous les pas des spectateurs qui font la queue devant l’entrée se cachent
aussi deux canalisations, de
100 m de long chacune.
Larges de 2 m et enfouies à
5 m sous terre, celles-ci servent d’échangeurs, aussi appelés puits canadiens. Les
tuyaux remontent à la surface pour prendre l’air exté-
rieur, qui sera rafraîchi sous
la terre avant d’être soufflé
à l’intérieur de la salle.
ÉLÉONORE FRIESS
(1) CAUE : Conseil
d’architecture, d’urbanisme
et de l’environnement.
Unmytheestné
En 1981, le ministère de la Culture décide de lancer le pro­
gramme des Zénith en France pour favoriser la création de sal­
le de spectacles de grande envergure. Celles­ci devaient
compter au moins 3 000 places. En plus de cette contrainte de
taille, les salles devaient être modulables pour pouvoir ac­
cueillir différents types d’événements. Ainsi, un Zénith doit
proposer une programmation musicale mais aussi rester
ouvert aux entreprises et aux événements sportifs. Le premier
à être construit sera celui de la Villette, à Paris, en 1984. Les ar­
chitectes à l’origine de cette grande première sont Philippe
Chaix et Jean­Paul Morel. Les deux hommes construiront aus­
si les Zénith de Montpellier, Nantes et Orléans. La première
pierre de celui de Dijon sera posée le 26 septembre 2005.