Ciné-patrimoine-Trains étroitement suveillés
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Ciné-patrimoine-Trains étroitement suveillés
1er avril > 28 avril 2015 CLAP Monsieur Klein de Joseph Losey, 1976 POITOU CHARENTES ASSOCIATION RÉGIONALE DES CINÉMAS D’ART ET D’ESSAI Les Petites fugues de Yves Yersin, 1979 Châtellerault, les 400 Coups.................................................... Jeudi 12 mars 20 h 30 Chauvigny, le Rex*................................................................ Dimanche 22 mars 20 h Chef-Boutonne, Ciné-Chef..................................................... Dimanche 8 mars 17 h 30 Civray, Ciné-Malice*...................................................................... Lundi 23 mars 18 h Gençay, le Cinéma*................................................................. Lundi 30 mars 20 h 30 Marennes, l’Estran................................................................... Lundi 16 mars 18 h 30 Melle, le Méliès............................... Jeudi 19 mars 20 h 30, dimanche 22 mars 17 h 30 Montmorillon, le Majestic...................................................... Samedi 14 mars 20 h 30 Saint-Jean d’Angély, l’Eden...................................................... Mercredi 11 mars 18 h Saint-Pierre d’Oléron, Eldorado................................. Du mercredi 18 au mardi 24 mars Saint-Savinien, le Florida........................................................ Dimanche 29 mars 17 h *présentation du film par Fred Abrachkoff Coordination régionale - Cécile perraud Tél. : 05 49 01 62 76 - http:/www.clappoitoucharentes.fr Tr ains étr oit e Trains étroitement surveillés, Jiri Menzel, 1967 Du 8 au 30 mars 2015 8 mars 30 mars 2015 Imprimerie Italic 79 certifiée Imprim’Vert • Melle • 05 49 29 03 88 6 mai > 2 juin 2015 m t n e l l i é e s v r su Rendez-vous avec le cinéma patrimoine Trains étroitement surveillés (Ostre Sledovane Vlaky) TCHE / comédie dramatique / 1967 / 1h32 Réalisation : Jiri Menzel / Directeur de la photographie : Jaromir Sofr / Compositeur : Jiri Sust Scénario : Jiri Menzel et Bohumil Hrabal d’après son roman éponyme paru en 1964 avec Vaclav Neckar (Milos), Josef Somr (Hubika), Vlastimil Brodsky (Zednicek), Vladimir Valenta (Max), Jitka Bendova (Masa), Jiri Zelenhorska (Zdenka) ... Fin de la Seconde Guerre mondiale en Tchécoslovaquie. Milos Hrma vient d’être promu adjoint au chef de station d’une petite gare de Bohême. C’est un jeune fonctionnaire zélé et sympathique, mais il a un gros problème personnel : il doute de sa virilité. Son premier rendez-vous avec sa collègue Masa est un fiasco. Désespéré, Milos fait une tentative de suicide. Le psychiatre qui le prend en charge met un nom sur son problème : “aejaculatio praecox”. Un soir, une belle voyageuse, Victoria, doit passer la nuit dans la gare dans l’attente d’une correspondance... OSCAR du Meilleur Film Etranger 1968 Filmographie Jiri Menzel - Réalisateur Les Petites perles au fond de l’eau (1966), Un été capricieux (1967), Crime au night-club (1968), Alouette, le fil à la patte (1969), Une Blonde émoustillante (1980), Mon cher petit village (1985), Moi qui ai servi le roi d’Angleterre (2006)... Deux ans avant le Printemps de Prague, Jirí Menzel réalise Trains étroitement surveillés. Franc et libre, le réalisateur entre de plainpied dans la Nouvelle Vague tchécoslovaque. Il y sera entouré de futurs grands noms comme Milos Forman ou Ivan Passer. Alors que leur créativité est en ébullition, les chars soviétiques ne vont pas tarder à envahir Prague. Dotée d’une incroyable liberté de ton, Trains étroitement surveillés est une chronique initiatique, celle du passage à l’âge adulte de Milos. Jirí Menzel refuse toute fioriture dans sa mise en scène, tout effet superflu dans ses plans, afin d’ancrer son film dans la réalité. Époque, personnages, évènements, tout est crédible malgré le burlesque de certaines situations. Dans cette œuvre cocasse, Menzel s’attaque à la question de la virginité masculine, avec humour et sensibilité. Truculent, mais jamais grossier, le film oscille entre drôlerie et mélancolie. Chaque scène est amenée aux limites de l’absurde, mais avec justesse, le cinéaste s’arrêtant juste avant le point de rupture. “Le plus remarquable peut-être, dans Trains étroitement surveillés, c’est le mélange réussi de deux extrêmes : le comique et le tragique.” Jacques Chevallier, La Revue du cinéma, avril 1968 Dans quel autre titre trouve-t-on une scène aussi délicieusement potache que celle du tamponnage de la fesse d’une conquête par un sigle de gare allemand ? Pour Menzel, faire un cinéma populaire, signifie d’abord le faire à l’intention du peuple, en bannissant toute condescendance, fût-elle bien-pensante. Jiri Menzel : “Le directeur de la production tchécoslovaque me convoqua et me fit part de ses craintes de voir les travailleurs mal réagir à certaines scènes. Il me demanda de couper la scène des tampons. Heureusement, j’eus alors assez d’esprit pour réagir assez promptement. Je lui dis que nous avions prévu une avant-première pour les employés de la gare où nous avons tourné le film, et je lui proposais donc de tester les réactions des travailleurs. Si la scène en question faisait scandale, nous la couperions. Il va de soi que, lorsque, au cours de la discussion qui suivit la projection dans le cinéma plein à craquer, je demandai s’il fallait couper la scène, la réaction du public fut sans équivoque. Tous en choeur répondirent non. Ainsi, les fesses de Jitka purent rester dans le film.” Unanimement acclamé par la presse, Trains étroitement surveillés est auréolé de succès : élu parmi les dix meilleurs films de l’année 1967 par le New York Times, il figure depuis dans la prestigieuse liste des 100 meilleurs films de tous les temps établie par le magazine Time ! Bohumil Hrabal, auteur encore immensément populaire en République Tchèque, est, avec Kundera pour la frange plus intellectuelle de ses cinéastes, le maître à penser de la Nouvelle Vague tchèque. Les Petites perles au fond de l’eau (1966), film à sketchs manifeste de la bande, est une adaptation de ses nouvelles. Hrabal est un humaniste anticonformiste, qui après un diplôme de juriste fera volontairement le choix de partir travailler en usine. Il est l’écrivain qui donnera une voix à la campagne tchèque, à ses poètes qui s’ignorent, originaux et solitaires. Jiri Menzel : “Hrabal est extrêmement positif, c’est un humaniste, ce sont probablement les deux seules choses qu’il faut respecter lorsque l’on adapte ses œuvres. Hrabal est persuadé que n’importe quel être humain, aussi isolé, perdu ou banni soit-il, recèle au plus profond de son âme une partie de Dieu, cette “petite perle au fond de l’eau”, visible seulement pour celui qui sait écouter et observer attentivement, sans conformisme ni extrait du dossier rédigé par Jean-Gavril Sluka pour dvdclassik.com préjugé.” Les cinématographies d’Europe Centrale et de l’Est à leur éveil dans les années 60 tiennent lieu de rappel d’une exigence de produire un cinéma ambitieux à l’intention des masses travailleuses qui n’avait rien d’une démagogie. Des cinéastes de cette mouvance, Menzel a incarné cette visée avec la plus grande évidence, cela, non pas par un talent supérieur (des films que nous lui connaissons, aucun n’est aussi élégamment exécuté que Trains étroitement surveillés), mais parcequ’il ne se posait pour ainsi dire même pas la question. Faire un cinéma avec le peuple, parlant du peuple, à l’intention de celui-ci... quand par “peuple” Menzel entendait plus simplement les gens qu’un grand terme avec éventuelle majuscule.