A découvrir - Festival International du Film de Marrakech

Transcription

A découvrir - Festival International du Film de Marrakech
LE JOURNAL
DU FESTIVAL
INTERNATIONAL
DU FILM DE
MARRAKECH
N°06
9 décembre 2015
MAGISTRAL
Zoom
L’invité(e) du jour
Un café avec
Agenda
REGARDER UN FILM SANS LE
VOIR
FARIDA BELYAZID
PARK CHAN-WOOK
CE QU'IL NE FAUT PAS RATER
PAGE 02
PAGE 03
PAGE 04
PAGE 02
Le mot du jour
Leçons
de cinéma
Depuis qu’un "train entrait en
gare de la Ciotat", le cinéma,
7e art, n’aura cessé de nous
en apprendre sur lui. Au fond,
qu’est ce que le cinéma,
sinon la manifestation même
du roman total. Il y a de la
littérature, de la poésie, de la
danse, de la musique, de la
sculpture, de la photographie
dans un vrai film. Ainsi les
réalisateurs sont-ils ces artistes
de l’un et du multiple. Les
masterclass, ces leçons de
cinéma donnés par d’immenses
artistes du 7e art, sont toujours
ces moments exceptionnels
où le mystère se fait connaître
un peu. Secrets de fabrique,
révélations inattendues,
technique, partage: chaque
masterclass est un événement !
Pour sa 15e édition le Festival
International du Film de
Marrakech offre à un public
de passionnés la possibilité
d’écouter Fatih Akin, Abbas
Kariostami, Park Chan-wook.
Trois grands réalisateurs,
trois univers, trois leçons
magistrales. Si le cinéma est
un langage universel, c’est
précisément sa diversité qui le
démontre. Aujourd’hui encore se
vérifie cette idée : Qu’une leçon
de cinéma contient à la fois tout
le 7e art et tout son avenir. Seul
le Festival de Marrakech offre la
possibilité de le découvrir.
Rejoignez-nous sur
PAGE 01
Zoom
Regarder un film
sans le voir
Depuis 2008, le Festival de
Marrakech présente des films en
audiodescription, afin que les
malvoyants et les non-voyants
puissent eux aussi participer
à la fête du cinéma. Comment
regarde-t-on un film sans le
voir ? A l’aide d’un texte en
voix-off, qui décrit les éléments
visuels de l'œuvre. La voix de
la description est placée entre
les dialogues ou les éléments
sonores importants afin de ne
pas nuire à l'œuvre originale.
Et cette année, près de 250
festivaliers malvoyants, venus de
tout le Maroc et pris en charge
par la Fondation, ont 7 films à
découvrir, et non des moindres :
La cité des enfants perdus du
membre du jury Jean-Pierre
Jeunet, La dernière tentation
du Christ avec Willem Dafoe,
etc. Six films internationaux
narrés en français, et un film
marocain narré en arabe,
L’Orchestre des aveugles, en
sélection officielle en 2014 et
adapté en audiodescription par
la Fondation du Festival. Une
belle initiative, qui donne lieu
cette année à une charmante
coincidence : le procédé
d’audiodescription est en effet né
aux Etats-Unis et s’est développé
grâce à l’enthousiasme d’un
universitaire, un certain Auguste
Coppola. Oui, il s’agit du frère
du célèbre réalisateur et actuel
président du jury. Et le premier
film en audiodescription présenté
en 1988 à des non-voyants
était Tucker, de… Francis Ford
Coppola.
PAGE 02
L’invité(e) du jour
Farida Belyazid
La pionnière
Elle est une des réalisatrices et scénaristes
à s’être battue pour que le cinéma marocain
soit reconnu… au Maroc. Portrait.
Farida Belyazid nous accueille
avec un sourire chaleureux. Si
elle a été choisie par le Festival
pour remettre l’hommage au
cinéma canadien à Atom Egoyan,
la réalisatrice n’est pas du genre
à s’étendre sur les films qu’elle
a réalisé ou sur lesquels elle a
travaillé.
Elle n’use que de peu de mots
pour décrire sa filmographie et
sa longue carrière (36 ans), et
n’apprécie pas particulièrement
d’être singularisée comme l’une
des deux premières femmes –
cinéastes, à la fin des années
70 au Maroc. Elle explique en
effet qu’à l’époque, tous les
réalisateurs, qu’ils soient hommes
et femmes, partageaient les
mêmes obstacles à trouver un
marché ou une niche pour leur
cinéma.
“Il était difficile de faire des
films au Maroc, point. Cela ne
changeait rien si vous étiez un
homme ou une femme“ expliquet-elle. La cinéaste ne veut donc
pas que sa contribution au
cinéma soit déterminée par le
genre. Farida Belyazid ajoute
que ce qu’elle a fait, c‘est lutter,
avec ses collèques masculins,
pour amener les institutions
culturelles étatiques à reconnaître
leur contribution à la culture
marocaine. “C’est comme si nous
travaillions en secret, se souvientelle. Nos films ne récoltaient
aucune attention, n’étaient même
pas projetés dans les cinémas”.
Née à Tanger, Farida
Belyazid a étudié le cinéma
à l'École Supérieure d'Études
Cinématographiques (ESEC) à
Paris. Elle entame sa carrière au
Maroc comme productrice sur le
tournage Une brèche dans le mur,
de Jilali Ferhati in 1979. Deux ans
plus tard, l’équipe se reforme pour
Poupées de roseaux.
Amateure de littérature et
d’écriture, la réalisatrice
a collaboré avec plusieurs
publications françaises et
espagnoles, comme Kantara,
Autrement, Le Libéral et El Mundo.
En 1988, elle réalise son premier
ils ont dit...
“C’est excitant ! Je découvre, je m’éclate et je me suis
fait plein d’amis…Tout en me permettant de vivre
ma passion pour la photo, le Festival de Marrakech
m’offre de belles vacances”
ADNAN HAKOUN, PROFESSEUR ET PHOTOGRAPHE.
long métrage, Une Porte sur le
Soleil, et en 1992, elle fait parler
d’elle en écrivant le scénario de la
comédie A la recherche du mari
de ma femme. Le film qui traite
par l’humour des sujets de société
comme le mariage, le divorce
et la polygamie, est aujourd’hui
considéré comme un classique des
années 90.
Sa sensibilité envers les problèmes
qu’affrontent les Marocaines et
un désir d’expérimenter la mènent
en 1999 à adapter une fable orale
en une comédie intelligente, Ruse
de femmes. Son succès lance
une tendance et bien d’autres
réalisateurs, en particulier à la
télévision, basent leurs films sur
des récits de tradition orale.
Mais Farida Belyazid, quant à elle,
n’a pas voulu se faire enfermer
dans un genre. “Adapter un autre
conte ne m’intéressait pas. Je
voulais faire quelque chose de
différent”. Elle continue alors a
expérimenter à travers le cinéma
(Juanita de Tanger et Frontieras)
la télévision (El Boukma et Nia
Taghleb) et le documentaire
(Nayda).
Le jury a vu
Un café avec...
BABAI
Park chan-wook
Visar Morina avec Val Maloku & Astrit Kabashi -h44- Allemagne,
Kosovo, Macédoine & France 1er film
“Je suis prêt
à réaliser un
film marocain”
Un des plus grands réalisateurs au monde,
le Sud-coréen Park Chan-wook nous parle
de son cinéma et de ses pensées sur la
peur et la violence.
L’influence d’Alfred Hitchcock est apparente dans nombre de
vos films...
Il est vrai que j’ai décidé de devenir réalisateur après avoir vu les films
de Hitchcock. Et le scénario de mon dernier film en anglais, Stoker, est
certes très hitchcockien. Cependant, je n’en suis pas l’auteur. Je retiens
que Hitchcock avait le génie de ne pas se répéter. Au lieu se conformer
à des schémas préétablis, il en inventait. Mais il n’est pas le seul à
m’avoir influencé. D'ailleurs, les réalisateurs ne sont pas les seuls à
m’influencer.
Vous excellez dans l’art de décrire la violence. Au point qu’elle
devient belle. Quel est votre secret?
Mon intention n’est pas de rendre la violence belle. Cela a plutôt à voir
avec un sentiment que je tente de faire passer. J’essaie à chaque fois
d’être original dans ma manière de la représenter.
Le sentiment dont vous parlez, c’est bien la peur?
Absolument! On retrouve ce sentiment de peur dans l’audience, mais
aussi chez ceux qui reçoivent cette violence, jusqu'a ceux qui l'infligent.
Par exemple, dans Lady Vengeance, c’est la peur de ces gens ordinaires
que je décris. Ils veulent venger la mort de leurs enfants mais ne savent
pas s’ils arriveront à poignarder le criminel qui les a tués. Ils ont la
trouille.
Au Kosovo, dans les années 1990, avant que la guerre n’éclate.
Nori, âgé de dix ans, et Gezim, son père, vendent des cigarettes
pour gagner leur vie. Sans aucun contact avec la mère de Nori
et préférant tourner de façon radicale le dos au passé, Gezim
s’apprête à fuir le pays seul, sans son fils, qui tente par tous les
moyens de le retenir. À la suite d’un accident, Nori est conduit à
l’hôpital. Quand il en sort, il réalise que son père est parti pour
de bon... En colère et obstinécomme seul un enfant peut l’être,
Nori part sur les routes à la recherche de Gezim, bien déterminé
à confronter son père à la décision qu’il a prise de l’abandonner.
Stoker est votre premier film américain. Qu’est ce qui
explique une telle expérience?
Je n’ai pas réalisé ce film parce qu’il était américain. Généralement,
j’écris et réalise mes propres films. Mais j’aime recevoir des scripts
écrits par d’autres. Ecrire mes propres textes peut être exténuant. Et
il se trouve que le plus grand nombre de scénarios que je reçois vient
des Etats-Unis. Je ne suis d’ailleurs pas contre recevoir des textes
du Maroc. S’il y en a un qui me plaît, je suis prêt à réaliser un film
marocain.
Certains de vos films sont contestés. A-t-on besoin dr
controverses pour être un bon artiste?
Nullement. Il existe bien des manières de devenir un bon artiste.
Mais traiter le côté obscur de la nature humaine, explorer des
profondeurs dans lesquelles nul ne s’était aventuré, c’est franchir
des lignes rouges. Ce qui peut mener à certaines controverses.
Le cinéma sud-coréen brille de mille feux sur la scène
internationale. A quoi cela est-il dû?
Cela s'explique par les nombreuses et douloureuses expériences que
nous avons traversé en peu de temps au 20e siècle : l’annexion par
le Japon, la lutte pour l’indépendance, la division du pays en deux
Corées, la dictature militaire en Corée du Sud, la démocratisation,
l’industrialisation…tout cela a créé des hauts et des bas
émotionnels, et nourri une dynamique dramaturgique sociale.
VIRGIN MOUNTAIN
Dagur Kari avec Gunnar Jónsson & Ilmur Kristjansdottir - Islande,
Danemark - 1h34
C’est l’histoire d’un géant timide, ou comment Fúsi, colosse
maladroit, englué dans un quotidien morose, va bouleverser sa
vie, par amour...
Un film sur la différence.
Le festival et vous
“C’est ma première expérience
professionnelle dans un festival
international. Malgré la
pression, j’ai vite trouvé mon
équilibre, grâce notamment à
l’aide de personnes que je viens de rencontrer.
Etre aussi proche des stars marocaines et
internationales, c’est valorisant”.
BOUCHRA AYADA, PHOTOGRAPHE.
PAGE 03
De A à Z
One art, different talents
Insolites
Armurier
Membre de l’équipe de tournage,
technicien qui travaille en
coordination avec l’accessoiriste,
le réalisateur, les acteurs, le
responsible des cascades et le
scripte. L’armurier est responsable
de toutes les armes utilisées
comme accessoires sur le tournage
: armes à feu, couteaux, épées,
arcs, etc.
Responsable
effets spéciaux
Il crée des effets spéciaux pour les
tournages. Il a généralement en
charge une équipe de techniciens
chargés des effets spéciaux sur le
plateau, qui permettent de filmer
des explosions, des poursuites et
accidents de voiture, tremblements
de terre, coups de feu, chutes
de neige ou de pluie, création
de monstres, etc. Pour cela, ils
utilisent des moyens “manuels”
: matériel pyrotechnique,
maquillage, accessoires, modèles
réduits, plateaux spéciaux,
machines. Les effets créés en
post-production sont appelés
“visuels”. Depuis quelques
années, les effets spéciaux “réels”
sont de plus en plus abandonnés
au profit d’images synthétiques
générées par ordinateur (CGI).
XXXX
Clotilde Deflandre
Un temps d'avance
Un casque sur l'oreille gauche pour
capter tout ce qui se joue sur le
plateau, la droite est "libre" mais
aux aguets du car régie. Clotilde
Deflandre est la garante du bon
déroulement des cérémonies pour la
télévision, la mémoire immédiate du
direct.
Agenda du jour
COUP DE CŒUR
Eva doesn't sleep de Pablo
Agüero
PAGE 04
Elle est en communication avec
tous les techniciens de l'image et du
son. "Je leur raconte le conducteur
pour anticiper ce qui va se passer
sur scène dans la seconde suivante,
pour que tout le monde soit en place
avec un temps d'avance et à l'image
au bon moment. On travaille en flux
coups d’état et guerres
civiles, le corps d’Evita
devient l’enjeu des forces
qui s’affrontent pendant
plus de vingt-cinq ans. 17h,
salle des Ministres, Palais
des Congrès.
tendu, on ne peut rien arrêter !".
Ici tout se passe très vite, alors que
sur un plateau de cinéma on ne
tourne pas en continuité et on gère au
maximum 2 caméras, là il peut y en
avoir jusqu'à 20. Il faut anticiper les
vagues d’images. Alors Clotilde surfe
avec les techniciens.
Elle a 2 chronomètres en permanence
autour du cou, qu'elle lance dès le
début de l'émission pour avoir un
chrono total, elle minute tout. Fin du
direct, top antenne, coupez !
TAPIS ROUGE
Truman, Cesc Gay
Abbas Kiarostami
Ne manquez pas le coup de
cœur du jour Eva doesn't
sleep de Pablo Agüero.
Retour en 1952 : à 33ans,
Eva Peron vient de mourir
et représente la figure
politique la plus aimée et la
plus haïe de son pays. Entre
Abbas Kiarostami partage
sa vision du cinéma dans
une Masterclass. Une
occasion à ne pas rater de
discuter avec le réalisateur
iranien des célèbres Le goût
de la cerise et Like someone
in love. 17h30, Salle des
Ambassadeurs, Palais des
Congrès.
Quand Mélita Toscan
du Plantier, qui avait
presque terminé de
remonter le tapis rouge
du Palais des Congrès
lundi soir, a vu Noureddine
Lakhmari arriver, elle est revenue
le saluer. Et le réalisateur marocain
(Casanegra, Zero) a joué le jeu, lui plantant un bisou
“de cinéma” sur la joue. Un peu clown, Noureddine
Lakhmari a fait mine de ne pas vouloir lâcher la
directrice du Festival, sous les rires du public.
Congrès.
DÉCOUVERTE
HOMMAGE
Park Chan-wook
J.S.A. : Joint Security Area, Park
Chan-wook
MASTERCLASS
Graphiste
Il est responsable du design des
éléments visuels tels que les
pancartes, les posters, les affiches,
logos, créés expressément pour
un film. Il crée souvent plusieurs
versions d’un design, le chef
décorateur choisissant celui qu’il
préfère. Sur certaines productions,
il peut aussi participer, sous la
direction de l’accessoiriste, à la
création de petits objets imprimés
utilisés dans le décor ou dans le
film : flyers, reçus, documents
officiels, etc.,
Un long
bisou
L'équipe et le réalisateur
de Truman défile sur le
tapis rouge du Festival de
Marrakech ce mercredi soir.
Malheureusement, l'un des
acteurs du film n'a pu se
déplacer, et c'est celui qui
incarne le rôle titre: le chien
Truman. 18h45, Palais des
C’est au tour du réalisateur
sud-coréen Park Chan-wook
de faire vibrer la place
Jamâa El Fna. Il présente
son film J.S.A. : Joint Security
Area. Le thriller raconte
l’histoire de 2 militaires
coréens assassinés sur
un pont à la frontière de la
Corée du Nord et la Corée
du Sud. Une enquête est
ouverte par un agent suisse
pour découvrir la vérité
derrière ce drame. 18h
place Jamaâ El Fna.
2004 et le Prix du jury en
2009 à Cannes. 19h30,
Salle des Ambassadeurs,
Palais des Congrès.
RATTRAPAGE
Cinéma Colisée
Le Festival du Film de
Marrakech rend hommage
au grandissime Park Chanwook. Avec des films culte
comme Old Boy et Thirst, le
réalisateur sud-coréen est
un habitué des festivals.
Ces deux films ont ainsi
remporté le Grand Prix en
À l’affiche au cinéma
Colisée, les trois films
présenté en compétion
mardi: Neon Bull de Gabriel
Mascaro à 11h, Toll Bar
de Zhassulan Poshanov
à 14h et Very Big Shot de
Mir-Jean Bou Chaaya à 16h.
Retrouvez aussi Remember
d’Atom Egoyan à 18h30.
Et le coup de cœur La Isla
d’Ahmed Boulane à 20h30