La Comédie-Française hors les murs

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La Comédie-Française hors les murs
La Comédie-Française hors les murs :
un théâtre éphémère en bois réutilisable inséré dans la Galerie d’Orléans.
Dossier technique / Janvier 2011
Jardins du
Palais Royal
Conseil
Constitutionnel
Comédie Française
salle Richelieu
Gale
rie d
’Orlé
ans
Cour
d’Honneur
Conseil d’Etat
Musée du Louvre
rue
de
Riv
oli
La Salle Richelieu du Palais Royal, lieu de spectacle principal et
historique de la Comédie-Française, va faire l’objet de travaux de
rénovation et de mises aux normes techniques. Ces travaux doivent
durer dix-huit mois, pendant lesquels le « Théâtre-Français » hors les
murs devra maintenir son fonctionnement, ses représentations et son
image.
Un projet innovant de théâtre éphémère en bois, installé dans le
péristyle de la Cour d’Orléans, conçu pour être démonté et réutilisé,
offrira à la « Maison de Molière », en plein centre de Paris, un caractère
d’exemplarité dans sa démarche environnementale et créative.
L’utilisation du seul matériau bois permettra de conjuguer une écriture
architecturale simple et efficace, une mise en œuvre extrêmement
rapide grâce à sa préfabrication, des qualités d’ambiances et de
confort thermique et acoustique, un lien avec l’histoire du lieu et le
respect de l’image de cette institution culturelle qu’est la ComédieFrançaise.
Une démarche éco-responsable
Le bois, un matériau écologique et économique
Un fonctionnement inchangé grâce à une implantation de
proximité
Une interprétation contemporaine d’installations éphémères
historiques
Un projet exemplaire
Le Palais Royal aujourd’hui > la Cour d’Honneur et les colonnes de Buren, la Galerie d’Orléans, les jardins
Le projet de théâtre éphémère en bois : un bâtiment modulable dans ses foncionnalités, enchâssé entre la double rangée de portiques de la Galerie d’Orléans
Une démarche éco-responsable
Le projet va s’installer naturellement à l’intérieur du péristyle sans
toucher la double rangée de colonnes. Sa forme est simple, un grand
parallélépipède rectangle de 26 m x 65 m pouvant accueillir 700
places en gradins.
Rappelons que la Comédie-Française a un fonctionnement tout à fait
particulier et un rythme soutenu qui nécessite une machine très bien
rodée. Trois décors se succèdent chaque jour de l’année. Quatre cent
personnes y travaillent et accueillent plus de huit cent spectateurs.
Pour maintenir des qualités identiques de production et de confort,
l’équipe de Maîtrise d’œuvre et de Maîtrise d’ouvrage s’est rapidement
orientée vers un projet utilisant majoritairement le bois. Dans une
démarche éco-responsable encore peu répandue, elle a imaginé,
dès le départ, ce théâtre réutilisable.
Chaque pièce fait partie d’un système constructif facilement assemblé,
démontable, et mis en conditionnement. Il peut s’ajuster facilement à
d’autres scènes : augmenter l’espace scénique ou, au contraire vider
le bâtiment de sa scénographie actuelle. Scène et gradins peuvent
indifféremment être modifiés avec la facilité qu’offre l’indépendance de
tous les éléments.
De même, la taille du bâtiment sera modulable en fonction des
besoins.
Ce projet pourra dans l’avenir servir d’autres cas de rénovations
lourdes de théâtres français. Il existe déjà certaines pistes de
réutilisations.
La Galerie d’Orléans aujourd’hui
Au centre, deux bassins accueillent les sculptures de Pol Bury qui seront
déposées. Le bassin située à l’ouest sera recouvert par le plancher bois
du nouveau théâtre. Celui de l’est sera couvert de bois, visible sous les
gradins non accessibles au public.
Le projet
Le théâtre éphémère en bois vient s’insérer dans l’espace vide, sans appui
sur les éléments bâtis existants. Quatre panneaux de bois forment autour
des colonnes existantes une protection jusqu’à une hauteur de 3,6 m.
Le bois, un matériau écologique et économique
Choisir de réaliser un projet en bois, c’est respecter les mesures
incitatives du décret du 15 mars 2010 (N° 2010-273, relatif à l’utilisation
du bois dans certaines constructions) et contribuer à la réduction de
l’effet de serre avec un matériau peu consommateur d’énergie grise.
La construction en bois permet des délais très rapides grâce à une
large préfabrication. Dans ce cas remarquable, quatre mois sont
prévus pour la construction du théâtre éphémère pour une ouverture
en septembre. Elle garantit un chantier « propre », peu consommateur
d’eau, peu bruyant et produisant moins de déchets, atout majeur pour
une intervention dans un site historique en plein centre de Paris.
Le bois apporte une qualité d’ambiance intérieure chaleureuse
complétée par des qualités acoustiques et thermiques indispensables
à un lieu de spectacle. Ce confort initial entraine une économie
d’énergie de fonctionnement importante. L’adjonction de nombreux
éléments nécessaires au chauffage ou au rafraîchissement de l’air,
par exemple, très coûteux à l’achat et en fonctionnement sera inutile.
Tout est intégré dès la conception du projet.
La qualité phonique est obtenue par la superposition de deux parois
lourdes KLH séparées par de la laine minérale, le confort thermique
par une sur-isolation des parois et en toiture (20 à 30 cm). Rappelons
que résoudre le problème des nuisances acoustiques est primordial
pour les acteurs et les spectateurs, tout autant que pour les occupants
du Palais Royal (Conseil Constitutionnel, Conseil d’Etat, Ministère de
la Culture et Communication) et les visiteurs de ce site historique.
La structure a la simplicité de l’essence même d’un système
constructif : un plancher couvre le sol côté scène, parois et poteaux
installés derrière les colonnes créent la structure bois, sur laquelle
s’appuient la charpente et une toiture à deux pans, recouverte par
une légère membrane. Pour des raisons d’économie, les éléments
sont les plus grands possibles (3mx10m) et il n’y a pas de matière en
trop. Ainsi, la charpente et les gradins sont visibles. Les réseaux sont
intégrés dans l’épaisseur des parois.
Les essences préconisées sont le mélèze et l’épicéa. La provenance
des bois sera justifiée par la production d’un label garantissant que les
bois proviennent d’exploitations durablement gérées (Label FSC ou
PEFC). A priori, les panneaux seront préfabriqués en Autriche avec
du bois autrichien.
Le bois est un matériau économique. Le surcoût de ce projet
par rapport à la location d’une structure tente tendue sur poteaux
aluminium n’excède pas 10%. Compte tenu des avantages qu’il
propose que nous venons de citer, c’est un projet financièrement
soutenable.
Une trame de 24 panneaux axée sur les travées des caves. Une scène de
capacité équivalente à celle de la salle Richelieu : 700 places assises en gradins, dont 15 PMR.
Un fonctionnement inchangé grâce à une implantation de
proximité
L’opportunité incroyable de la proximité de cette emprise avec la Salle
Richelieu est sans doute la clé de voute de la réussite du projet. Il
existe sous la Cour d’Orléans et sous la Cour du Palais Royal, des
sous-sols accessibles depuis la Comédie-Française. Un escalier
permettra un accès des comédiens et techniciens directement sur la
scène. Ceux-ci conservent leurs loges et locaux actuels, bénéficiant
également de petites loges en lien direct avec la scène.
Cette implantation de proximité du théâtre éphémère encourage une
durabilité sociale et humaine en maintenant cette équipe nombreuse
sur son lieu de travail habituel avec tous les avantages que cela
suppose.
Elle permettra des sérieuses économies en coûts de fonctionnement.
En plus du maintient des équipes dans les locaux, elle assurera
l’alimentation de tous les réseaux fluides par la Comédie-Française.
Pour des questions d’économie, il n’y a pas de matière en trop. Ainsi les
gradins et la charpente restent visibles. La structure est simple, parfaitement
lisible. Les éléments sont préfabriqués en atelier, livrés sur la place Colette,
acheminés jusqu’au chantier par chariots.
D’un point de vue scénographique, les décors seront acheminés
directement sur la scène par camions, sur une voie carrossable
existante à l’ouest de la Cour d’Orléans. Ils seront stockés sur l’arrièrescène car il n’y aura ni cintres ni sous-sols. Ils sont prévus depuis très
longtemps, pour cette programmation de dix-huit mois, compatibles
pour la Salle Richelieu et le théâtre éphémère.
Les conditions d’implantation de la scène sont identiques à celles de
la Salle Richelieu et le théâtre en bois respecte la même logique et le
même rythme de spectacles. Les paramètres sont conservés et la
surface au sol plus large procure encore plus de confort. La structure
bois offre une modularité et une capacité de surcharge des grills et
de la scène que nécessite l’éclairage qu’une structure plus nomade
n’aurait pas permis.
Le fonctionnement de la Salle éphémère est simple. L’entrée et la
sortie des spectateurs se fait par une porte unique, à l’est. Elle ouvre
directement sur les vestiaires et le foyer. Deux allées longeant les
péristyles desservent les gradins par les côtés. Les comédiens et les
équipes techniques arrivent de la Comédie-Française par les soussols.
L’accès des comédiens et des équipes techniques se fera par les sous-sols,
tandis que les spectateurs entreront par une porte unique, à l’est et deux
allées longeant les colonnades. Les décors seront stockés pendant 18 mois
sur l’arrière-scène.
Une interprétation contemporaine d’installations éphémères
historiques
Pendant un demi-siècle, de 1783 à 1830, la Cour d’Orléans a été
occupée par des Galeries de Bois érigées de manière temporaire,
au départ, pour accueillir des activités nombreuses, commerçantes
et festives. Ce lieu devint assez vite le plus célèbre, le plus central et
le plus animé de Paris.
Quatre rangées de boutiques étaient desservies par deux allées
couvertes d’un toit surhaussé de fenêtres en imposte qui donnaient du
jour aux galeries. Le lieu avait été surnommé «Camp des Tartares».
Plus tard, sur la partie ouest fut ménagé un court passage bordé de
boutiques dont la toiture était vitrée, la Galerie Vitrée.
Le Palais de Bois d’Auguste Perret
Aujourd’hui, comme un clin d’oeil à l’histoire, le projet de théâtre
éphémère en bois pourrait être vu comme une interprétation
contemporaine possible. Dans cette optique, il est important de ne
pas oublier que ce lieu a déjà été l’objet d’une forte fréquentation et
d’une occupation spontanée et de retrouver un lien à son histoire.
La construction de bâtiments provisoires en bois dans Paris a connu
d’autres réalisations comme le Palais de bois de la Société du Salon
des tuileries par Auguste Perret en 1924. Ce projet remarquable
de simplicité et d’efficacité, réalisé en peu de temps, idéal pour sa
vocation de galerie d’exposition sert de référence et d’inspiration à la
construction du théâtre.
Un projet exemplaire
Fiche Technique
Ce projet rassemble tous les points de vue contemporains de confort
et d’écologie. Il a réuni une équipe de concepteurs et un maître
d’ouvrage qui, par échanges et retours d’expériences ont formé un
cercle vertueux pour imaginer un projet innovant.
- Maître d’ouvrage : Comédie-Française
- Maîtrise d’œuvre (Mandataire) : Alain-Charles Perrot, Architecte
en Chef des Monuments Historiques de la Ville de Paris. Florent
Richard, architecte chef d’agence et associé.
- Scénographe : Michel Fayet, Changement A Vue.
- BET structure bois : Jacques Anglade structure Bois
Concevoir un bâtiment en bois, écologique et économique, provisoire
mais confortable, capable d’être utiliser pour d’autres scènes et d’autres
endroits, c’est donner une véritable réponse environnementale à la
question posée.
«Soutenable» financièrement en coût d’investissement et en coût
de fonctionnement, il valide aussi le point de vue social de la charte
écologique.
Enfin, en plein centre de Paris, entre les colonnes de Buren de la
Cour d’Honneur et les jardins du Palais Royal, le théâtre éphémère
de bois sera visible de tous. Il pour vocation de devenir un exemple.
Le choix de «faire du beau» s’impose comme une évidence pour de
l’éphémère, pour des gens, pour une institution.
- Acoustique Architecture : J.B PLE
- BET Fluide : MS Consulting
- BET Electricité : Astell
- Dossier technique : Anne Rolland et Stéphanie Sonnette
- © images : Agence Alain-Charles Perrot architecte
- Calendrier : 4 mois, de Mai à Septembre 2011