Rue Frontenac - Le trafiquant Gilbert Kelly coulé par ses
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Rue Frontenac - Le trafiquant Gilbert Kelly coulé par ses narcotorpilles? Écrit par David Santerre Mardi, 07 décembre 2010 23:20 - Mis à jour Mercredi, 08 décembre 2010 10:37 La Cour du Québec entend une affaire plutôt singulière cette semaine, soit une requête de la Couronne pour confisquer le condo de Gilbert Kelly, un gros trafiquant de drogue sur lequel la police n’est jamais arrivée à mettre la main malgré un mandat d’arrestation datant de 2006. Le nom de Kelly, 66 ans, n’est pas des plus connus. Et pourtant, l’homme et son fidèle acolyte Sarto Berthiaume, qui purge une peine de 12 ans de prison pour les crimes qui sont aussi reprochés à Kelly, étaient de très gros trafiquants impliqués dans toutes les étapes du trafic, de l’importation de coke en provenance d’Amérique latine à la revente à l’once dans la rue. Sans en être membres, ils auraient eu des liens avec les Hells Angels. Les deux hommes ont été visés par un mandat d’arrestation il y a quatre ans jour pour jour, lors des opérations apparentées de la GRC baptisées «Cabernet» et «Cubain». Berthiaume a été arrêté et allait plus tard plaider coupable à des accusations d’importation de 134 et 52 kilos de coke. Mais ce jour-là, Kelly se trouvait en vacances à l’étranger. Apprenant qu’une opération policière le visait au Québec, il a tout simplement décidé de ne pas rentrer au pays. Depuis ce temps, il réussit toujours à échapper à la police, qui ignore où il se trouve. Lui et Berthiaume sont des associés de longue date. En 1996, ils avaient été condamnés à quelques années de prison pour un trafic commun. Ils ont aussitôt repris les affaires à leur sortie de prison. 1/4 Rue Frontenac - Le trafiquant Gilbert Kelly coulé par ses narcotorpilles? Écrit par David Santerre Mardi, 07 décembre 2010 23:20 - Mis à jour Mercredi, 08 décembre 2010 10:37 Narcotorpilles Prolifiques trafiquants, ils avaient mis au point un système des plus ingénieux pour importer de la coke colombienne. Leur méthode, baptisée celle des «narcotorpilles», consistait à charger d’importantes quantités de cocaïne dans des tubes d’acier que des plongeurs, à Maracaibo au Venezuela, soudaient sous la coque de navires transportant du minerai à destination du port de Belledune, dans la baie des Chaleurs au Nouveau-Brunswick. Là, des plongeurs du clan Kelly et Berthiaume devaient récupérer la drogue. Sauf que dans les deux importations pour lesquelles Berthiaume a plaidé coupable, la récupération a échoué. La mer était trop démontée à Belledune le jour prévu de la récupération des 134 kilos. On prévoyait retenter le coup lors de l’escale suivante du cargo à Sept-Îles au Québec, mais le bateau ne s’y était pas rendu en raison d’un conflit de travail à l’Iron Ore. Le bateau était retourné dans son pays, où la drogue avait été saisie. Quant à la cargaison de 52 kilos, les plongeurs qui devaient effectuer la récupération ont tout simplement été interceptés par la GRC avant l’opération. Ce sont donc les policiers qui ont récupéré la drogue. Il semble ici qu’un gangster à la solde de la police ait dénoncé les trafiquants. Sa sœur, prête-nom Peu de temps après les opérations «Cabernet» et «Cubain», la Couronne a obtenu une ordonnance de blocage contre un condo de la rue Raymond-Pelletier à Montréal et son luxueux mobilier, appartenant selon elle à Gilbert Kelly. La sœur de celui-ci, Mireille Kelly, au nom de laquelle le condo a été placé, a vainement contesté cette ordonnance de blocage jusqu’en Cour suprême. La Couronne estime qu’elle ne sert que de prête-nom à son frère pour cette cossue résidence. Voilà donc la cause qu’entend cette semaine au palais de justice de Montréal le juge de la Cour du Québec Salvatore Mascia. La Couronne tente d’obtenir la confiscation définitive de ce condo et son contenu, qu’elle estime acquis avec de l’argent criminellement obtenu. 2/4 Rue Frontenac - Le trafiquant Gilbert Kelly coulé par ses narcotorpilles? Écrit par David Santerre Mardi, 07 décembre 2010 23:20 - Mis à jour Mercredi, 08 décembre 2010 10:37 C’est une chose plutôt rare que de procéder à pareille audition en l’absence du principal intéressé. Un témoin repenti contre Kelly Ce mardi, afin de démontrer au juge que Kelly était bel et bien un gros trafiquant, la Couronne a fait entendre le témoin repenti Pierre Savard-Tremblay. Un témoin dont l’implication dans cette enquête a été décriée par le juge Jean-Pierre Boyer il y a quelques mois. Dans la cause de complices de Kelly et Berthiaume, le juge avait sermonné la GRC car Savard-Tremblay avait été libéré de prison en 2003 après avoir purgé trois ans d’une peine de 15 pour trafic de drogue au profit du clan du célèbre caïd lié au gang de l’ouest, Raymond Desfossés. Il se trouvait donc en libération conditionnelle quand il s’est remis à trafiquer avec Kelly. Quand la GRC l’a su, elle lui a demandé de lui fournir des informations sur le gang en fermant les yeux sur son trafic d’environ 200 kilos en pleine libération conditionnelle! La GRC avait même affirmé aux Services correctionnels du Canada à l’époque que Savard-Tremblay ne contrevenait pas à ses conditions de libération. Une bavure telle que le juge Boyer avait acquitté les complices. Ce même témoin Savard-Tremblay a expliqué ce mardi au juge Mascia qu’en 2003, il agissait à titre d’intermédiaire entre Kelly et un importateur. Kelly lui achetait ainsi entre trois et cinq kilos de coke par mois à environ 36 500 $. Il a aussi expliqué que Gilbert Kelly, malgré l’ampleur de son trafic, coupait lui-même la coke p our la revendre à ses clients, ce qui est plutôt singulier. «M. Kelly trafiquait au kilo, mais aussi à l’once. Je fréquentais M. Kelly trois fois par semaine 3/4 Rue Frontenac - Le trafiquant Gilbert Kelly coulé par ses narcotorpilles? Écrit par David Santerre Mardi, 07 décembre 2010 23:20 - Mis à jour Mercredi, 08 décembre 2010 10:37 et je le voyais préparer ses paquets avec une balance, des sacs à biberons et des ziplocs. C’était sur la rue de la Loire, dans ce qu’il appelait son bunker. C’était plus payant de vendre à l’once. Avec un kilo, tu peux faire 1 000 $ de profit. À l’once, avec un kilo, tu peux faire entre 7 000 et 10 000 $», a-t-il expliqué au juge. Puis, il affirme qu’à la fin de 2003, Kelly a pris la décision d’importer lui-même sa coke. «Je ne suis pas plus fou qu’un autre. J’ai des contacts dans le Sud», aurait-il expliqué à Pierre Savard-Tremblay. La cause se poursuit toute la semaine. 4/4