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Révolutionner le financement de l’agriculture Après la conférence Fin4Ag Compte-rendu spécial Sommaire: ■ Retour sur la conférence ■ Interview de Michael Hailu ■ Interview de Lamon Rutten ■ Financement par récépissé d’entrepôt ■ Bourses de matières premières ■ Financement agricole et marchés des capitaux ■ Gestion des collatéraux ■ CoDF et le café kényan ■ Afreximbank et le financement du cacao Se nourrir•Pouvoir prospérer• Déjà s’adapter•Être compétitif• Être en mesure de changer Découvrez comment en cliquant sur www.cta.int/savoir-cest Table des matières 2 Introduction Vue d’ensemble du compte rendu de la conférence Fin4Ag 2014 à Nairobi, qui a mis le financement agricole à l’honneur 7 Démonstration du rôle unique du CTA TXF s’est entretenu avec Michael Hailu, directeur du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), sur le rôle unique de l’organisation. 9 Évolution de l’environnement TXF interroge Lamon Rutten, responsable des politiques, des marchés et des TIC au CTA, sur sa vision de l’évolution de l’environnement du financement agricole. 12 Parvenir à l’échelle adéquate pour le financement par récépissé d’entrepôt Jonathan Bell Editor-in-chief [email protected] Helen Castell Special report writer [email protected] Hesham Zakai Content manager [email protected] Dan Sheriff Managing director [email protected] Réaliser des économies d’échelle grâce au financement par récépissé d’entrepôt: un message dit et répété à la conférence Fin4Ag de Nairobi. 15 Évaluation du financement par récépissé d’entrepôt dans neuf pays: perspectives d’avenir Nouveau rapport sur le développement du financement par récépissé d’entrepôt lancé lors de la conférence Fin4Ag. Il examine le mécanisme de financement dans neuf marchés africains. 18 Développer les places d’échange de produits en toute intégrité Lors d’une séance palpitante et animée, quatre spécialistes éminents ont débattu des progrès des places africaines d’échange de produits. 24 En image – Fin4Ag de Nairobi Dominik Kloiber Commercial director [email protected] Max Carter Product development director [email protected] James Petras Chief technology officer [email protected] Katy Rose Head of marketing [email protected] Mailing address: TXF Canterbury Court Kennington Park 1-3 Brixton Road London SW9 6DE. Tel: +44 (0) 20 3735 5180 Registered office: TXF Limited 7-10 Chandos Street London W1G 9DQ. Registered in England & Wales. Registered No: 08421624 © TXF Limited 2014 Copying without permission of the publisher is prohibited. Quelques photos de la conférence Fin4Ag de Nairobi. 28 Évaluation d’une proposition panafricaine Examen de la discussion sur le concept d’une entreprise panafricaine de gestion des garanties 32 Explorer les nouvelles frontières du financement agricole L’agriculture puise dans des sources de financement alternatives, du financement participatif à l’affacturage. 34 Rôle essentiel d’Afreximbank dans les projets agricoles d’ajout de valeur Le président d’Afreximbank, Jean-Louis Ekra, explique la nécessité de renforcer la transformation des produits agricoles en Afrique. 36 Utiliser les outils des marchés des capitaux pour financer l’agriculture Analyse des enseignements que le secteur agricole africain peut tirer de l’engagement des marchés des capitaux au Brésil. 38 Les agriculteurs cherchent à améliorer leurs relations avec les banques Les organisations d’agriculteurs s’engagent à renforcer leur gouvernance et à développer de meilleures compétences en gestion. 41 Des horizons plus larges pour les cultivateurs de café kenyans Kyanzavi: comment organisation et échelle aident les producteurs de café à attirer – et à rembourser – les financements. 45 Encourager le développement du commerce agricole en Éthiopie Bert-Jan Ottens consultant en chef de ProFound, aux Pays-Bas, explore le financement de l’apiculture en Éthiopie. www.txfnews.com/special/Fin4Ag 1 Compte rendu post-conférence Fin4Ag Le financement agricole au centre des préoccupations La conférence Fin4Ag organisée à Nairobi (Kenya) du 14 au 18 juillet 2014 est l’événement le plus important et le plus étendu qui soit consacré spécifiquement au financement de l’agriculture, non seulement dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), mais également dans les autres régions. L’événement a été un triomphe pour les délégués, les participants et les organisateurs. Il a permis de mettre en lumière de nombreuses questions, réponses, idées et plans visant à faire progresser le financement des chaînes de valeur agricoles. 2 La conférence Fin4Ag, organisée à Nairobi d’élargir l’accès au financement agricole. cette année, était l’événement le plus important et étendu jamais consacré au fi- Ouverture du débat: journée de nancement agricole. La portée de cet briefing continental événement unique, conçu et organisé par Lors de la journée préliminaire de briefing le Centre technique de coopération agri- continental, principalement focalisée sur cole et rurale (CTA), basé aux Pays-Bas, en les agriculteurs, Lamon Rutten, respons- collaboration avec l’Association africaine able des politiques, des marchés et des TIC de crédit rural et agricole (AFRACA), était au CTA et principal organisateur de la vraiment programme conférence, a déclaré: “L’agriculture prévoyait une journée préliminaire con- ambitieuse. Le africaine a besoin de financements, main- sacrée à un briefing continental, une tenant! Les banques d’Afrique disposent journée “Plug and Play”, suivie par trois de fonds abondants. Cependant, elles ne journées principales de conférence, et se considèrent pas l’agriculture comme un clôturait par une journée consacrée aux secteur rentable. De nombreux facteurs visites de sites agricoles. L’événement, or- subjectifs entrent en ligne compte, notam- ganisé à la Kenya School of Monetary ment les risques associés au financement Studies (KSMS), a réuni plus de 800 partici- agricole. Les banques et les agriculteurs pants de plus de 80 pays. doivent se pencher sur la question. Il a rassemblé des gens d’horizons dif- Il a ajouté: “C’est là que le finance- férents afin de partager une nouvelle vi- ment des chaînes de valeur agricoles sion organisée autour de trois idées lors des entre en jeu, car il fait le lien entre les trois principales journées de la con- agriculteurs et les marchés importants. férence: des outils novateurs pour le fi- Cela garantit un marché pour les produits. nancement valeur Les chaînes de valeur sont l’avenir. La des chaînes de agricoles, un nouveau cadre juridique et portée du financement des chaînes de réglementaire pour le financement des valeur est motivée par la portée de la chaînes de valeur agricoles et les ques- chaîne elle-même. tions transversales du financement des Les gens disent que l’Afrique nourrit la chaînes de valeur agricoles. La con- planète, mais l’Afrique doit avant tout férence a été un succès retentissant. Elle a nourrir ses propres villes au lieu d’importer jeté les bases d’une pensée progressiste des produits comme c’est le cas actuelle- au niveau des concepts et des proposi- ment. Le marché de produits d’exporta- tions afin de développer plus avant une tion tels que le café, le cacao, le coton, compréhension des exigences et des né- etc. atteint environ $12 milliards par an, cessités à tous les niveaux, et ce en vue mais le marché alimentaire est bien plus www.txfnews.com/special/Fin4Ag Introduction important. ment varier en fonction des pays du De plus en plus, les consommateurs monde. Au Kenya, par exemple, on peut à sont en quête de traçabilité. Cela implique présent acheter des sacs de graines avec de nombreuses questions, notamment une étiquette portant un numéro qui peut concernant l’utilisation du travail des en- être composé sur le téléphone portable fants et de produits chimiques, les préoc- pour activer une assurance sur les cultures. cupations qualité, Si les graines ne germent pas, l’agriculteur l’entreposage sûr, etc. Et les produits liés concernant la peut avoir un nouveau sac. Ces modèles aux chaînes de valeur de manière organ- existent à présent. Introduisez-les dans isée attireront davantage. votre pays! Une chaîne de valeur n’est pas une Bien sûr, cela soulève de nombreuses chaîne d’approvisionnement. Il s’agit questions. Mais, qui dit questions, dit égale- d’une les ment réponses. Ne baissez pas les bras ! Il acheteurs et les agriculteurs. Au sein de relation mutuelle entre faut envisager l’agriculture comme une cette relation, les gens doivent pouvoir entreprise. compter les uns sur les autres. Les agricul- changer, mais les agriculteurs aussi. Sou- Les banquiers devraient teurs doivent comprendre la différence vent, les banquiers n’envisagent l’agricul- entre l’approvisionnement et l’apparte- ture que comme une crise potentielle. nance à la chaîne de valeur. Au niveau de Nous devons y remédier ! Vous avez du l’approvisionnement, un agriculteur peut pain sur la planche.” finir par ne pas honorer l’accord. C’est ce que l’on appelle la vente en fonction de La journée “Plug and Play” l’offre. Mais cela entrave le financement À la suite de la journée de briefing conti- des intrants. nental et comme préparation à la con- Durant cette conférence, nous par- férence principale, la journée “Plug and lerons de nombreux modèles de chaîne Play” a attiré plus de 250 participants. La de valeur différents, qui peuvent égale- journée a débuté par une session intro- www.txfnews.com/special/Fin4Ag 3 Compte rendu post-conférence Fin4Ag ductive, lors de laquelle Saleh Gashua, se- L’un des principaux objectifs de Zoona Hailu, directeur du CTA, et le professeur Ki- est d’aider les petites entreprises en fa- nandu Murangu, directeur général de la vorisant des paiements faciles, rapides et KSMS, ont accueilli les participants. sûrs sur les marchés émergents. Depuis La journée “Plug and Play” visait à 2009, Zoona a transformé presque un mil- présenter une série de technologies de lion de coupons pour des clients très l’information et de la communication (TIC) divers, notamment le Programme alimen- et de plateformes mobiles mises au point taire mondial, les gouvernements du en vue de soutenir l’accès au finance- Malawi et de Zambie et l’Organisation ment agricole. Le programme de la pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). journée consistait en cinq sessions paral- Par exemple, un programme pilote au lèles composées de 17 présentations cha- Malawi utilise les eVouchers pour un pro- cune. Au total, 18 plateformes numériques gramme de subvention d’intrants agri- ont été présentées lors de la journée “Plug coles. Il concerne 60,000 agriculteurs et and Play”. leur permet d’acheter des semences hy- Ainsi, la plateforme Zoona eVouchers transforme le financement des petits 4 tiques agricoles. crétaire général de l’AFRACA, Michael brides auprès de négociants locaux. La journée “Plug and Play” s’est con- agriculteurs. Elle opère actuellement en clue sur trois sessions de discussions et de Zambie, au Malawi, au Mozambique et au conclusions organisées par le CTA. L’une Zimbabwe afin de permettre aux agences de ces sessions portait sur les enseigne- gouvernementales et à d’autres organisa- ments de l’utilisation des TIC par les ban- tions d’effectuer des paiements collectifs ques kenyanes. Le succès du pays en à des fins spécifiques autrement qu’en ar- matière de paiements numériques est une gent liquide. Il s’agit notamment de sub- source de fierté nationale, mais peut-il être ventions de reproduit dans d’autres pays ACP? Une subventions agricoles et de divers inci- autre session a posé la question suivante: tants, par exemple pour améliorer les pra- “TIC – Où résident les meilleures opportu- www.txfnews.com/special/Fin4Ag au développement, Introduction nités de financement?” La troisième ses- ropéenne et de la Commission de l’Union sion avait pour thème: “Comment intégrer africaine, des gouverneurs du Comté de stratégiquement les nouvelles technolo- Nairobi et de la Banque centrale du gies de financement dans la proposition Kenya, ainsi que de personnages éminents de valeur d’une banque?” de certains organes partenaires chargés de la conférence a participé à la céré- Un meilleur accès au crédit est essentiel L’un des messages clés de la conférence monie d’ouverture étendue. Dans une intervention, le ministre nigérian de l’Agriculture et du Développe- est qu’un meilleur accès au crédit est fon- ment rural, Akinwumi Ayodeli Adesina, a af- damental si l’on souhaite révolutionner le firmé: “Le financement de l’agriculture est secteur agricole. l’une de mes grandes passions.” Il a ajouté Plantant le décor de la partie princi- qu’au lieu d’être importatrice nette de pale de la conférence, Lamon Rutten a nourriture, l’Afrique pourrait être exporta- expliqué que les agriculteurs étaient prêts trice nette, mais que l’irrigation limitée, les à se considérer comme des hommes d’af- infrastructures médiocres, la valeur ajoutée faires plutôt que comme de simples pro- insuffisante, les pertes post-récoltes impor- ducteurs de subsistance. “Nous espérons tantes et, surtout, le manque d’accès au que cette conférence servira de cataly- crédit empêchaient les agriculteurs de seur et rassemblera les gens pour faire réaliser pleinement leur potentiel. bouger les choses”, a-t-il affirmé, ajoutant Le ministre a souligné qu’au cours des que bien que de nombreux pays africains dernières années, le système nigérian de connaissent une croissance rapide, le partage des risques basé sur les incitants secteur agricole est en retard sur le reste pour l’emprunt agricole (NIRSAL) avait de l’économie en dépit de son impor- dépensé $350 millions et levé $3.5 milliards tance. auprès des banques en soutien aux Un public éminent composé de min- chaînes de valeur agricoles. En 2011, istres, de représentants de l’Union eu- lorsqu’il est devenu ministre de l’Agricul- www.txfnews.com/special/Fin4Ag 5 Compte rendu post-conférence Fin4Ag ture, la proportion de prêts à l’agriculture Il a également souligné que les gou- D’ici la fin de cette année, ce chiffre sera vernements devaient créer un environ- passé à 7.5%, a-t-il fait remarquer. nement propice à une collaboration plus Dans son discours de bienvenue, le di- étroite entre les institutions financières et le recteur du CTA, Michael Hailu, a souligné secteur agricole. Il a affirmé: “Nous devons que la conférence avait attiré des intérêts apprendre des pays qui sont parvenus à très divers des secteurs financier et agri- surmonter les obstacles afin de libérer des cole. Il convient particulièrement de fonds sur les chaînes de valeur agricoles.” souligner le nombre de représentants de Il a insisté sur le succès de la Tanzanie avec banques centrales qui commencent à les systèmes de récépissé d’entrepôt et du jouer le rôle de catalyseurs de l’emprunt système nigérian de partage des risques agricole dans d’autres régions du monde. basé sur les incitants pour l’emprunt agri- Il a affirmé: “Beaucoup d’autres con- cole. férences et forums se sont penchés sur la Le directeur du CTA, M. Hailu, a suggéré question du crédit des agriculteurs. Mais je qu’une mesure du succès de la con- vous garantis que cette conférence sera férence était le fait que la grande majorité différente des autres. Au lieu de nous api- des participants étaient restés jusqu’à la toyer sur les problèmes – ce qui est facile – fin. Il a ajouté: “Il est dommage que nous , nous nous concentrerons sur ce qui peut devions répéter que les petits agriculteurs être fait et présenterons des études de cas doivent être considérés comme des entre- et des exemples fructueux.” preneurs, mais il le faut.” La conférence a officiellement été ou- Et, réaffirmant le thème central de la verte par Son Excellence William Ruto, mise en place d’une meilleure com- vice-président du Kenya. préhension entre les agriculteurs et les Les principales séances de la con- bailleurs de fonds, il a déclaré: “Nous de- férence et la mise en lumière des exem- vons créer des ponts entre les deux ples fructueux ont commencé l’après-midi secteurs et je crois que cette conférence du premier jour principal, avec une série a montré que cela était possible.” Il a de séances consacrées aux trois princi- également souligné que bon nombre de paux thèmes de la conférence. Des rap- sessions avaient fait avancer le débat en ports sur certaines de ces séances dépassant les entraves pour parvenir à organisées durant les trois principales une série de nouvelles idées positives qu’il journées sont disponibles sur le sous-site TXF fallait à présent poursuivre et explorer plus News de Fin4Ag, sur le site principal Fin4Ag, avant. ainsi que dans le présent rapport de l’après-conférence. 6 vers l’environnement entrepreneurial. atteignait à peine 0.7% des prêts totaux. La conférence a été formellement clôturée par Son Excellence Felix Koskei, min- En clôturant l’événement, Millison Narh, istre kenyan de l’Agriculture, de l’Élevage président de l’AFRACA et gouverneur ad- et de la Pêche, qui a déclaré: “Les pays ne joint de la Banque du Ghana, a décrit cer- réduisent pas leur dépendance à l’agri- tains éléments principaux à retenir qui ont culture en sortant de celle-ci, mais en émergé de la conférence. Il a insisté sur le améliorant leurs compétences.” Et ce rôle important à présent joué par les ban- n’est possible que si les agriculteurs ont un ques centrales en termes de financement meilleur accès à un crédit abordable. La du secteur agricole. Il a également sug- conférence Fin4Ag a selon lui aidé à iden- géré qu’il fallait urgemment aider les or- tifier de nombreuses nouvelles voies de ganisations d’agriculteurs à développer création de relations étroites entre les leurs capacités et à s’orienter davantage agriculteurs et les bailleurs de fonds. ■ www.txfnews.com/special/Fin4Ag Interview de Michael Hailu Avec Fin4Ag, le CTA démontre superbement le rôle unique qu’il joue TXF s’est entretenu avec Michael Hailu, directeur du Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA), sur le rôle unique de l’organisation créée il y a 30 ans aujourd’hui. TXF: Cette année, le CTA fêtera et la mise en œuvre de politiques son 30e anniversaire. Quel regard favorables à l’agriculture ; pro- défis similaires dans leurs secteurs portez-vous sur le développement mouvoir le développement de la agricole et piscicole. de l’agence jusqu’à présent et chaîne de valeur, y compris son fi- Ce qui a fonctionné dans une dans quelle direction souhaitez- nancement ; renforcer les capac- région peut être copié dans une vous amener le CTA ? ités TIC autre. Par exemple, le CTA aide les Michael Hailu (MH): Au fil des ans, (technologies de l’information et pays du Pacifique à développer le CTA s’est constitué un réseau de la communication) et de ges- l’agrotourisme en appliquant les solide dans le secteur agricole tion des connaissances. Nous ac- enseignements accumulés dans dans les pays d’Afrique des cordons également une attention les Caraïbes, qui possèdent une Caraïbes et du Pacifique (ACP). particulière à l’aide à la jeunesse bonne expérience dans ce do- Ce réseau nous place dans une et aux femmes dans l’agriculture. maine. L’Afrique peut offrir de bonne position pour faciliter le di- Je pense que le rôle unique du bons enseignements en matière alogue et le partage d’expéri- CTA est reconnu et apprécié par de paiements mobiles et d’autres ences entre les grands groupes nos partenaires et les parties services basés sur les TIC que peu- d’agriculteurs, les dirigeants poli- prenantes, dont font partie l’Union vent adopter les Caraïbes et le tiques, les chercheurs, les vulgar- européenne et le groupe ACP. Pacifique. Le CTA y contribue en isateurs, les organisations en matière de de ces régions sont confrontées à des faisant la connexion entre ces trois jeunes et de femmes et le secteur TXF: Le CTA concentre son atten- privé. De telles actions contribuent tion sur les marchés de l’Afrique, à supprimer les barrières et à per- des Caraïbes et du Pacifique TXF: La conférence Fin4Ag 2014 à mettre aux différents régions. acteurs (ACP). À quel point est-il impor- Nairobi se base sur le succès de d’apprendre les uns des autres. Le tant d’œuvrer sur l’ensemble du l’édition précédente à Kigali. En CTA a également été, et continue spectre ACP ? tant que directeur, quel est votre à être, un fournisseur majeur d’in- MH: Le CTA est la seule institution sentiment concernant le pro- formation sur l’agriculture pour un internationale qui gramme de la conférence de grand nombre de personnes dans délibérément à les pays ACP. cherche connecter cette année ? l’Afrique, les Caraïbes et le Paci- MH: Je dois dire que Fin4Ag 2014 fique afin que ces régions puissent a transformation majeure en raison apprendre les unes des autres plusieurs égards. de la définition d’un nouveau dans les efforts qu’elles déploient D’abord, l’événement a attiré Depuis 2011, le CTA a subi une dépassé mes attentes à plan stratégique qui a recentré le en vue de réformer leur secteur des participants de haut niveau travail de l’organisation sur trois pri- agricole. Bien qu’elles soient très au sein des gouvernements et du orités: soutenir le développement éloignées secteur privé. géographiquement, www.txfnews.com/special/Fin4Ag 7 Compte-rendu post-conférence Fin4Ag Deuxièmement, il a rassemblé certain nombre de messages im- des acteurs du secteur financier et portants qui ont été soulignés lors du secteur agricole – une révolu- de la conférence. tion en soi, comme l’a noté le min- Tout d’abord, plusieurs mod- istre nigérian de l’Agriculture dans èles de financements qui fonc- son allocution. tionnent ont été présentés à la débats conférence. Nous voulons contin- menés au fil de la semaine se sont Troisièmement, les uer à fournir une plateforme qui concentrés sur les solutions et les permettra à un plus grand nom- possibilités plutôt que sur les prob- bre de personnes de connaître lèmes, comme ont tendance à le ces modèles afin qu’ils puissent faire de nombreuses conférences être appliqués à plus grande de ce type. Enfin, j’étais ravi de voir de nombreuses personnes s’adresser échelle. Michael Hailu, directeur du Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA) à moi pour souligner que la con- l’ai dit précédemment, nous avons constaté que la réunion du férence leur avait été utile. Un par- une croissance inclusive dans les secteur financier et du secteur ticipant m’a dit qu’il avait signé pays ACP et qu’il est essentiel que agricole constituait une énorme quatre contrats durant la semaine le secteur financier s’engage opportunité. Nous ferons de notre et un autre a remarqué que ce pleinement dans cette transforma- mieux pour soutenir ces interac- qu’il avait appris à la conférence tion afin de faire de l’agriculture un tions à différents niveaux – au valait une année de cours à l’uni- domaine moderne et rentable. Par niveau de la politique et du fonds versité. exemple, nous sommes heureux de roulement, et au niveau du fi- de voir le sérieux avec lequel les nancement des investissements. TXF: Quels sont les principaux gouverneurs de banques cen- Troisièmement, le domaine du messages que le CTA a transmis trales présentes à la conférence développement des capacités – durant cette conférence majeure considéraient l’aide à l’agriculture c’est-à-dire le renforcement du et comment pensez-vous que ces dans leurs pays respectifs. savoir-faire des agriculteurs en cueilli(e)s ? TXF: Pour l’avenir, prévoyez-vous en agriculture – a été identifié MH: Pour le CTA, le principal mes- de nouvelles initiatives ou des comme une priorité. Nous soutien- sage est que la transformation de changements dans le fonction- drons toutes les initiatives des- l’agriculture de subsistance est nement du centre ? tinées à combler les lacunes dans cruciale si l’on souhaite parvenir à MH: Nous voulons travailler sur un ce domaine. ■ messages/initiatives ont été ac- 8 Deuxièmement, et comme je gestion financière et des financiers Le CTA est la seule institution internationale qui cherche délibérément à connecter l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique afin que ces régions puissent apprendre les unes des autres dans les efforts qu’elles déploient en vue de réformer leur secteur agricole. Bien qu’elles soient très éloignées géographiquement, ces régions sont confrontées à des défis similaires dans leurs secteurs agricole et piscicole. www.txfnews.com/special/Fin4Ag Interview de Lamon Rutten Changer le paysage afin de saisir les opportunités en matière de financement agricole TXF s’est entretenu avec Lamon Rutten, chef du programme Politique, marchés et TIC au Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA), sur sa vision d’un nouveau paysage du financement agricole dans l’ensemble des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). TXF: Vu le grave manque de capi- coup plus intéressantes que celles cole au sein des pays ACP ces taux auquel sont confrontés de des cultures d’exportation tradi- dernières années? nombreux producteurs dans les tionnelles sur lesquelles la plupart LR: Il y a quelques initiatives intéres- pays d’Afrique, des Caraïbes et du des banquiers se sont concentrés santes en cours, bien que nous Pacifique (ACP), n’est-il pas crucial jusqu’à présent. soyons toujours en train d’en tirer d’intensifier les relations entre les les les enseignements et d’essayer de d’une agriculteurs et les financiers, en les interpréter afin de pouvoir les part, les sociétés de logistique, les particulier par le biais de chaînes développer à plus grande échelle. prestataires de services financiers de valeur bien organisées, permet Des systèmes de garantie des et les institutions financières d’autre de s’attaquer à ce problème de prêts agricoles sont à nouveau part? Et quelle est l’ampleur du défi manière globale: cela aide les fin- testés et de nouveaux moyens que constitue la formation? anciers à mieux comprendre les sont mis en œuvre pour déter- Lamon Rutten: Pour la société dans opportunités et les contraintes de miner si le rapport création de son ensemble, il est indispensable l’agriculture, cela leur permet de valeur/coût est intéressant. Le fi- de réduire le manque de finance- financer l’ensemble de la chaîne nancement par récépissé d’entre- ment, à la fois pour garantir l’ap- – de la ferme à l’assiette – et cela pôt – et notamment la gestion des provisionnement réduit les risques à la fois pour les collatéraux – est en train d’être agriculteurs et les financiers. analysé scrupuleusement. Nous agriculteurs/producteurs en denrées alimentaires des populations ur- Établir des liens entre baines en croissance rapide à un Les prestataires de services lo- tentons également de nous atta- prix abordable et pour sortir les gistiques de différents types de- quer aux assurances contre les populations rurales des pièges de vront restructurer ces chaînes de risques climatiques. Les financiers la pauvreté. Ce manque de fi- valeur et il faudrait être plus atten- commencent à utiliser les tech- nancement existe pour une raison: tif au renforcement de ces “ inté- nologies de l’information et des la perception, chez les prestataires grateurs de chaînes “. Le défi de communications de services financiers, qu’ils ne l’éducation est crucial, mais avant développer de nouveaux mod- peuvent pas financer les agricul- que l’on puisse s’y attaquer, nous èles d’octroi de financements teurs/producteurs devons affronter le défi de la per- agricoles, pas uniquement pour profitable et à risque acceptable ception qui fait que de nombreux automatiser les modèles existants – que ce soit directement ou indi- financiers pensent toujours qu’il ne (par exemple, pour permettre aux de manière (TIC) pour rectement. Entre autres choses, ils vaut pas la peine de s’intéresser investisseurs d’octroyer des remises sont souvent mal informés des op- aux opportunités liées au finance- sur facture aux agriculteurs qui ap- portunités que présentent les fil- ment de l’agriculture. provisionnent la chaîne de valeur ières courtes (nationales ou nationale). En outre, certains pays internationales) – les agriculteurs TXF: Quelles étaient les initiatives commencent à mettre sur pied qui approvisionnent les villes –, alors marquantes que vous avez ob- des registres de collatéraux cen- que ces opportunités sont beau- servées dans le financement agri- tralisés. Pour conclure, quelques ini- www.txfnews.com/special/Fin4Ag 9 Compte-rendu post-conférence Fin4Ag tiatives sont en cours afin de met- tionaux, mais qui peuvent être ré- tre au point des modèles de pliquées par des relations con- bourse des matières premières vi- tractuelles ables, qui incluent tous des sys- d’environnements plus étroits, par tèmes de récépissé d’entrepôt. exemple dans les limites d’un sys- dans le cadre tème de bourses de matières preTXF: Concernant l’Afrique en par- mières ou peut-être même d’un ticulier, quels sont les principaux système électronique d’enreg- défis/obstacles qui freinent l’évo- istrement des collatéraux. lution du monde de la finance? Et quels sont les facteurs qui pour- TXF: Le système de récépissé raient réellement faire la différence? LR: Les d’ailleurs financements, comme les opportunités en matière de commercialisation de d’entrepôt reste très lacunaire en Lamon Rutten, Chef du programme Politiques, marchés et technologies de l’information et de la communication (TIC) au Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) produits agricoles, sont souvent lim- 10 Afrique subsaharienne. Pourquoi, et que peut-on faire pour améliorer la situation dans certains pays? LR: Ces dernières décennies, des ités par une série de facteurs – TXF: Vous avez beaucoup parlé investissements massifs ont été piètre qualité de l’infrastructure et des “titres de produits agricoles” – consentis de la logistique, politiques publiques (CPR, comme on les appelle au d’entreposage handicapantes, mauvaises disposi- Brésil et en Amérique latine). pays, mais les entrepôts sont vus tions contractuelles, etc. Pensez-vous que cet instrument comme des sites de stockage dans l’infrastructure de nombreux Plusieurs actions seront profita- financier devrait être intégré dans plutôt bles pour des groupes spécifiques, le financement de l’agriculture en prestataires de services logis- par exemple la mise en place de Afrique? tiques, et encore moins comme meilleurs services de gestion des LR: Le financement bancaire de des instruments de financement collatéraux, la reproduction de l’agriculture en Afrique présente post-récolte. modèles de financement de la d’importantes lacunes: il est tout Des banques ont utilisé les en- chaîne de valeur qui se sont simplement insuffisant, en partic- trepôts pour garantir des em- avérés efficaces ailleurs, ou un ulier pour les échéances plus prunts, usage approprié des nombreuses longues, parce que les banques principe, dans le cadre d’opéra- nouvelles opportunités offertes par n’ont pas beaucoup investi dans tions uniques, pour une période les TIC, et ces avantages vont la compréhension de l’agriculture. limitée et pour un seul client. De s’additionner avec le temps. Mais Les banques dans leur ensemble tels arrangements négociés au pour réaliser des progrès rapides n’ont pas développé d’instru- coup par coup sont chers. Nous et globaux, une action concertée ments appropriés pour les prêts devons développer des modèles sur différents fronts est nécessaire, agricoles et elles ajoutent des qui permettent aux financiers de ce qui exige à son tour une primes de risque excessivement recourir systématiquement aux volonté authentique de travailler élevées, ce qui, avec les frais ad- systèmes de récépissé d’entrepôt, dans des partenariats public- ministratifs élevés, engendre des et ce à un coût beaucoup moins privé. Cela s’est avéré difficile taux d’intérêt prohibitifs. élevé. que mais comme des uniquement, en dans la pratique, et en matière de La concurrence des marchés Les donateurs et les gouverne- financement de l’agriculture, la des capitaux peut être utile sur ments peuvent contribuer à ré- meilleure approche pourrait être tous les fronts. Les CPR sont un in- duire les frais (et les risques) de concentrer les efforts sur des strument possible. Ils requièrent juridiques couloirs commerciaux spécifiques des conditions qui seront difficiles l’adoption à fort potentiel, et destinés à des à mettre en place à court et à récépissés électroniques sera utile matières premières spécifiques. moyen terme aux niveaux na- ; et de nouveaux modèles d’af- www.txfnews.com/special/Fin4Ag et réglementaires de systèmes ; de Interview de Lamon Rutten faires (comme l’approche indi- diversifier les risques. La manière la par les CPR et les prises en pension enne de la gestion des col- plus aisée d’atteindre cet objectif, de titres. latéraux) devraient faire baisser les à mon sens, consiste à ce qu’un En Afrique, les obstacles aux frais de gestion des collatéraux. certain nombre de financiers bourses sont désormais largement désireux d’étendre leur présence liés aux politiques et aux pratiques dans le secteur agricole investis- publiques et beaucoup moins aux sûre et de qualité constitue un élé- sent conjointement dans une so- difficultés technologiques ou à un ment essentiel de l’amélioration ciété de gestion des collatéraux manque d’opportunités d’affaires. de la chaîne de valeur au sein du qui opérerait d’abord sur mandats Il y a tant d’initiatives en cours que financement l’agriculture. de ces investisseurs avant de les obstacles publics sont voués à Quelle est votre opinion concer- commencer à proposer ses serv- être surmontés au cours des an- nant le développement potentiel ices à d’autres financiers. nées à venir. TXF: Une gestion des collatéraux de d’une société panafricaine de Les marges potentielles sur les gestion des collatéraux? Est-ce prêts agricoles sont très élevées et TXF: Quelle est votre vision du futur faisable? Est-ce nécessaire? vu démo- du financement de l’agriculture LR: Par le passé, et même actuelle- graphiques, les opportunités vont en Afrique et dans la région ACP ment dans certaines les tendances régions se multiplier. Ainsi, il peut être très en général? Pensez-vous que comme l’Amérique latine et la rentable de développer des mé- Fin4Ag 2015 inclura de nouveaux Turquie, les banques ont pris l’habi- canismes solides d’octrois de prêts aspects et de nouveaux acteurs? tude de mettre sur pied des filiales agricoles et la gestion des col- LR: Un nombre croissant de finan- de gestion des collatéraux afin latéraux/le support aux crédits est, ciers à tous les niveaux (instituts de d’étendre leur système déposi- à mon sens, l’une des opportunités microfinancement, banques com- taire, ce qui leur permet d’ac- les plus aisées à exploiter. merciales, investisseurs) vont pren- cepter une large gamme de dre conscience des opportunités matières premières à plusieurs en- TXF: Les bourses de matières pre- et rechercheront des instruments droits comme collatéraux d’em- mières s’avèrent très utiles pour de crédit et des modèles d’octroi prunts. Pourquoi ce système ne fournir aux producteurs agricoles un fiables. Les échanges d’expéri- fonctionne-t-il pas en Afrique, alors prix équitable et cohérent pour leurs ences, comme Fin4Ag à Nairobi, qu’il pourrait être une bonne produits. Quelle est l’importance du entraîneront stratégie de du développement et de la diffusion flèche de la courbe d’apprentis- marché par banques des bourses de matières premières sage. pénétration les africaines? dans le contexte africain? une montée en J’espère que les gouverne- En tout cas, une nouvelle ap- LR: Elle est très grande. Dans les ments et les banques centrales proche de la gestion des col- marchés émergents (et cela inclut sont désormais plus conscients de latéraux les les États-Unis au XIXe siècle), les leurs responsabilités dans la mise sociétés internationales de ges- est nécessaire: bourses de matières premières ont en place d’un environnement tion des collatéraux actives en toujours revêtu une importance adéquat pour le financement de Afrique sont de moins en moins cruciale, non seulement en ap- l’agriculture et que les débats sur nombreuses et les sociétés locales portant une transparence des la meilleure manière de procéder ne sont pas suffisamment solides prix, mais aussi par leur capacité à vont se multiplier. J’espère égale- pour rassurer les banques. Pour réduire les obstacles aux transac- ment que nous verrons une partic- une société de gestion des col- tions sur de longues distances, à ipation plus large des intégrateurs latéraux, il est crucial d’atteindre améliorer les normes et pratiques de rapidement une masse critique commerciales et à améliorer les prestataires de services et de lo- afin de pouvoir répartir les frais normes d’entreposage. Et ce sans gistique – qui aideront les finan- fixes sur un grand nombre de parler de leur rôle d’intermédiaire ciers à concevoir et à mettre en transactions et – encore plus im- entre les investisseurs et les acteurs œuvre des systèmes de finance- portant – d’être à même de bien du secteur agricole, par exemple ment de l’agriculture. ■ la chaîne de valeur – www.txfnews.com/special/Fin4Ag 11 Compte-rendu post-conférence Fin4Ag Parvenir à l’échelle adéquate pour le financement par récépissé d’entrepôt Réaliser des économies d’échelle grâce au financement par récépissé d’entrepôt: un message dit et répété à la conférence Fin4Ag de Nairobi. 12 Un des principaux défis du finance- téger les financiers”, c’est ce qu’ont af- ment par récépissé d’entrepôt est qu’il firmé les orateurs et les représentants lors doit atteindre une certaine échelle avant de la conférence Fin4Ag. que les avantages perçus par les agricul- Les services d’un gestionnaire de col- teurs et négociants justifient le coût élevé latéraux peuvent coûter entre $1,000 et associé à l’entreposage et à la gestion $10,000 par mois, remarque Richard des collatéraux. Wangwe, directeur pour l’Afrique de l’Est “Pour réduire les coûts et atteindre une de l’Africa Enterprise Challenge Fund. Un masse critique, les banques doivent s’im- tel coût est souvent prohibitif – en partic- pliquer davantage avec les gestionnaires ulier pour les agriculteurs qui stockent des de collatéraux, jouer un rôle plus proactif céréales pour de longues périodes afin dans l’évaluation des risques sur le terrain d’obtenir un prix plus élevé plus tard – et et accroître leurs investissements dans des cela ralentit la croissance du secteur. outils de gestion des risques et des solu- “Un agriculteur qui garde ses céréales tions comme le paiement mobile. Les pendant trois mois alors que les coûts agriculteurs doivent se regrouper pour dé- d’entreposage sont plus élevés que ce gager des économies d’échelle et les qu’il obtiendra à la vente ne renouvellera banques centrales doivent contrôler les pas l’expérience la saison suivante”, ex- taux d’intérêt élevés qui prévalent en plique-t-il. Afrique et reconnaître les récépissés d’en- De plus, le financement par récépissé trepôt afin que les régulateurs puissent d’entrepôt n’est pas toujours utilisé de la développer un cadre légal afin de pro- manière la plus efficace qui soit. Contraire- Il est plus aisé de couvrir le coût d’un système d’entreposage si les produits entrent et sortent régulièrement que s’ils sont stockés sur une longue période dans l’attente d’une hausse des prix. www.txfnews.com/special/Fin4Ag Session consacrée au financement par récépissé d’entrepôt ment à ce que l’on croit souvent, le sys- “Nous devons innover et développer tème est plus approprié pour des céréales des outils de gestion des risques pour que commercialisées sur un marché liquide et cela fonctionne”, explique-t-il. qui peuvent être vendues rapidement que En Tanzanie, la CRDB Bank a réussi à pour des céréales pour lesquelles il n’y a faire baisser les taux d’intérêt sur ces fi- pas toujours d’acheteur immédiat, ex- nancements par récépissé d’entrepôt à plique Richard Wangwe. Il est plus facile 4% à peine, a expliqué Bohay Nicomed, re- de couvrir le coût d’un système d’entre- sponsable senior, agribusiness & syndica- posage si les produits entrent et sortent tions. régulièrement que s’ils sont stockés sur une Elle y est parvenue en les emballant longue période dans l’attente d’une dans des solutions de financement de la hausse des prix, affirme-t-il. chaîne de valeur plus larges dans Le coût d’un gestionnaire de col- lesquelles elle utilise des lettres de crédit latéraux peut être dissuasif pour les agricul- pour financer l’achat des intrants par les teurs et réduire à néant les gains réalisés agriculteurs auprès de fournisseurs en Eu- sur l’utilisation des services, reconnaît rope. Ces fournisseurs offrent six mois de Abdou Matieyedou Konlambique, respon- crédit à des taux très bas, ce qui permet à sable du programme d’accès au marché la CRDB d’”importer” l’environnement eu- à l’AGRA. ropéen de taux bas en Afrique, a-t-il pour- www.txfnews.com/special/Fin4Ag 13 Compte-rendu post-conférence Fin4Ag million dans le cadre de son projet pilote, finançant jusqu’à 65% de la valeur des produits stockés. Jusqu’à présent, tous les prêts octroyés ont été remboursés et la banque évaluera le projet en août en vue d’une possible extension. Selon Gideon E Onumah, une relation plus étroite entre les banques et les gestionnaires de collatéraux pourrait également contribuer à réduire les risques – et donc les coûts – du financement par récépissé d’entrepôt. En dépit de son fort potentiel, l’industrie africaine de la gestion des collatéraux a plutôt tendance à se contracter, expliquet-il. Les sociétés d’inspection sortent du secteur ou limitent leur activité à un comptage basique des stocks et à des contrôles qualité au lieu de fournir un service à 360° qui préserve activement les produits suivi. L’arrivée de solutions de paiement stockés contre les éléments, le vol et la électronique pour les agriculteurs a égale- fraude, déplore-t-il. ment contribué à réduire les frais bancaires. Les agriculteurs ont aussi un rôle à cultés à obtenir des assurances profession- jouer. Pour être techniquement viable, l’en- nelles, et lorsqu’ils y parviennent, les coûts treposage se fonde sur les volumes et les sont prohibitifs. organisations agricoles doivent par con- Le manque de rigueur des banques séquent renforcer la capacité de re- lorsqu’il s’agit de contrôler si les gestion- groupement et de commercialisation naires de collatéraux font correctement collective, explique Gideon E Onumah, leur travail est cependant un problème économiste agricole et spécialiste de la fi- plus important. Alors que la plupart des nance rurale à l’Université de Greenwich, banques appliquent la devise “Connaissez Royaume-Uni. votre client”, nous disons: “Ne vous con- Les gouvernements et les banques tentez pas d’analyser l’emprunteur. Après centrales ont la responsabilité de gérer la avoir étudié votre client, voyez le déposi- politique fiscale afin de réduire le coût du taire”, explique Gideon E Onumah. financement pour les institutions finan- Enfin, il est indispensable de mettre au Il point des systèmes réglementaires qui per- représente la Chase Bank du Kenya, qui a mettent une supervision appropriée des récemment lancé un projet pilote de fi- gestionnaires de collatéraux. Toutefois, en nancement par récépissé d’entrepôt. Ils attendant, les banques doivent elles- doivent également restreindre leurs inter- mêmes assumer une plus grande part de ventions – comme fixer artificiellement le responsabilité pour cela, poursuit-il. “Le prix de certaines céréales – qui rendent in- manque de législation spécifique sur les efficace ce système de financement. entrepôts ne devrait pas retarder le cières, 14 Une partie du problème tient au fait que les nouveaux arrivants ont des diffi- affirme Samuel Ndonga. La Chase Bank a déjà prêté environ $1 www.txfnews.com/special/Fin4Ag développement de ce système.” ■ Accent sur le rapport sur le financement par récépissé d’entrepôt Évaluation du financement par récépissé d’entrepôt dans neuf pays: perspectives d’avenir Une nouvelle étude sur les récépissés d’en- Deux institutions de microfinancement trepôt et la gestion des garanties a été (IMF) phares, refinancées par les banques, dévoilée lors de la conférence Fin4Ag à se sont “développées autour du produit Nairobi. dès le départ”, ce qui a permis leur adop- Le rapport de 200 pages détaille les ex- tion “totale”, a affirmé Jonathan Coulter, périences de neuf pays en examinant les directeur de J. Coulter Consulting, à l’oc- apprentissages et en mettant en avant les casion de la table ronde de lancement perspectives d’avenir potentielles dans médiatique organisée pendant la con- l’un des domaines les plus prometteurs du férence Fin4Ag. Le système a eu des réper- financement de l’agriculture. cussions positives sur les moyens de Le rapport intermédiaire, intitulé: “Étude sur des systèmes adaptés d’entreposage et de gestion des garanties afin subsistance des agriculteurs et a également aidé à stabiliser les prix. Madagascar a aussi démontré com- de promouvoir l’accès au financement à ment l’entreposage communautaire pou- travers le financement par récépissé d’en- vait trepôt (et d’autres formes de financement l’entreposage privé, les IMF passant déjà à basé sur les actifs) en faveur des petits l’entreposage collectif afin de faire baisser agriculteurs en Afrique subsaharienne et à les coûts de suivi, a-t-il ajouté. constituer un tremplin pour Madagascar”, a été commandité par le Ceci suppose cependant des diffi- Centre technique de coopération agri- cultés. Citons notamment des comporte- cole et rurale (CTA), basé aux Pays-Bas, et ments risqués, tels que le financement des l’Association africaine de crédit rural et cultures à un ratio prêt-valeur de 100%. agricole (AFRACA). Il s‘agit d’une collabo- Selon lui, le régulateur national doit non ration avec le cabinet d’avocats Sullivan seulement se focaliser sur la réglementation & Worcester et J Coulter Consulting. des IMF, mais le produit et l’assistance tech- Le rapport se concentre sur le Burkina nique doivent également être renforcés. Faso, le Cameroun, le Ghana, le Niger, le En général, un autre obstacle se Sénégal, l’Ouganda, le Mozambique, la présente au sein des entrepôts publics: les Côte d’Ivoire et Madagascar. sites dont les capacités sont inférieures à Le système d’entreposage de la communauté de Madagascar, dans le cadre Un nouveau rapport sur le développement du financement par récépissé d’entrepôt a été lancé lors de la conférence Fin4Ag. Il examine le mécanisme de financement dans neuf marchés africains. 1,500 tonnes peuvent ne pas être viables d’un point de vue économique. duquel les agriculteurs entreposent des Le rapport se penche également sur produits sous leur propre nom dans des in- les structures juridiques encourageant ou frastructures d’entreposage détenues par entravant le financement des entrepôts des donateurs ou des communautés, est dans les neuf pays et propose des l’un des succès soulignés dans le rapport. solutions. www.txfnews.com/special/Fin4Ag 15 Compte rendu post-conférence Fin4Ag “Dans toute juridiction, le cadre légal, ou son absence, aura un impact profond aux prêteurs, a-t-il ajouté. sur le financement par récépissé d’entre- La question est toutefois de savoir à pôt”, qu’il s’agisse des petits exploitants, quel moment la législation sur le finance- des gestionnaires de garanties, des IMF ou ment par récépissé d’entrepôt, qui devait des banques, a souligné M. Fowler-Holmes, à l’origine être votée par le parlement en associé chez Sullivan & Worcester. avril 2014, sera adoptée. Cinq pays du rapport font partie de ce Le rapport formule également des que l’on appelle le groupe OHADA, qui recommandations pouvant encourager le dispose d’un cadre juridique commun. “Il financement par récépissé d’entrepôt est incroyablement difficile de développer dans de nombreux pays concernés. une législation sur les entrepôts pouvant Selon Geoffrey Wynne, directeur chez s’appliquer à l’ensemble de ces pays” et Sullivan & Worcester, cela implique l’octroi cela implique que “les réglementations en de licences aux entrepôts, aux opérateurs place sont très limitées pour certains des d’entrepôts et aux gestionnaires de principaux participants de la chaîne d’en- garanties afin de renforcer la confiance treposage”, a expliqué M. Fowler-Holmes. dans le système. Les pays sont également Parmi ceux-ci, c’est peut-être la Côte 16 aux produits apportant un certain confort encouragés à créer des récépissés d’en- d’Ivoire qui a fait le plus de progrès dans trepôt négociables, une évolution qui per- la création d’un quasi-système soutenant mettrait d’assurer la sécurité des biens et le financement de l’entreposage. Il existe le transfert des titres. par exemple une loi imposant aux gestion- Les pays devraient abolir les droits de naires de garanties d’être habilités par le timbre et limiter ou supprimer les frais d’in- gouvernement et assurés contre le vol, les scription afin d’encourager cette dernière, incendies et les dégâts. Il existe également a-t-il ajouté. Ils devraient également intro- des réglementations spéciales pour les duire le droit légal d’assurer la sécurité par gestionnaires les vente privée et de créer des registres élec- secteurs du café, du cacao, du coton et troniques de garanties accessibles au pub- du cajou, ainsi que des normes spécifiques lic, affirme le rapport. ■ www.txfnews.com/special/Fin4Ag de garanties dans Comment relancer l’agriculture familiale ? Découvrez les 4 pistes proposées par les experts du CTA En savoir plus sur www.cta.int/iyff Compte rendu post-conférence Fin4Ag Développer les places d’échange de produits en toute intégrité Lors d’une séance palpitante et animée, quatre spécialistes éminents ont débattu des progrès des places africaines d’échange de produits. qu’une place d’échange de matières Participants premières pouvait prospérer même dans Lamon Rutten, responsable des un pays doté d’infrastructures médiocres politiques, des marchés et des TIC au et d’un secteur des matières premières Centre technique de coopération sous-développé. Au même moment, l’Agri- agricole et rurale (CTA), aux Pays-Bas. cultural Commodity exchange (ACE) du Adam Gross, conseiller en même si le soutien n’était pas aussi massif. Malawi atteignait des volumes soutenus investissements et en marchés Si l’on recense les initiatives de places financiers, Conseil d’affaires du NEPAD, d’échange africaines, 28 pays sont ou ont Afrique du Sud été concernés, notamment à travers de nombreuses initiatives nationales et Kristian Schach-Møller, président- quelques projets sous-régionaux et ré- directeur général, Bourse des produits gionaux bien financés. de base agricoles pour l’Afrique (ACE), Malawi Beaucoup pensent que les places d’échange ont le potentiel de faire évoluer le paysage du financement des Rod Gravelet-Blondin, conseiller senior, produits en Afrique. Toutefois, le dévelop- East Africa Exchange (EAX), Rwanda pement de telles places d’échange dépend largement de l’introduction et de Les premières places d’échange de l’utilisation étendue d’un système viable matières premières “modernes” en Afrique de récépissés d’entrepôt. ont été créées en Zambie et au Zim- Et comme l’a déclaré Lamon Rutten, re- babwe en 1994, puis en Afrique du Sud en sponsable des politiques, des marchés et 1995. Alors que les deux premières ont dis- des TIC au Centre technique de coopéra- paru, la South African Futures Exchange tion agricole et rurale (CTA) en début de (SAFEX), une réponse au retrait du gou- séance, le lien entre les récépissés d’entre- vernement du commerce agricole, est de- pôt et les places d’échange de produits est venue l’une des plus grandes places clair et il s’agit d’un processus permettant d’échange africaines. aux agriculteurs d’obtenir des taux plus in- Un peu plus d’une décennie plus tard, 18 téressants au sein d’un système plus sûr. l’Ethiopian Commodity Exchange (ECX), Adam Gross, conseiller en investisse- aujourd’hui deuxième place d’échange ments et en marchés financiers de la de produits d’Afrique, était créée en 2008. NEPAD Business Foundation, en Afrique du Contrairement aux initiatives précédentes, Sud, a souligné les aspects fondamentaux l’ECX est un projet gouvernemental large- des places d’échange de produits. Il a af- ment soutenu par les pouvoirs publics et firmé: “Un système de récépissés d’entre- les bailleurs de fonds. Elle a démontré pôt fructueux tire profit d’une place www.txfnews.com/special/Fin4Ag Accent sur les places d’échange de produits d’échange de produits. Tout d’abord, la place d’échange est nécessaire à l’évaluation des cultures. Une place d’échange de produits permet à une banque d’identifier clairement la valeur de la garantie grâce à laquelle elles financent leurs récépissés d’entrepôt. Cela limite ainsi les risques négatifs en termes de ratios prêt/valeur. Ensuite, en cas de défaut de paiement, la banque peut saisir et liquider la garantie. Une place d’échange de produits liquide améliore l’efficacité de ce processus et encourage donc les banques à prêter dès le départ. Troisièmement, une place d’échange de produits à terme permet d’atténuer le risque de prix en couvrant la position. En Afrique du Sud, parce que de nombreux agriculteurs fixent un prix à l’avance, les ratios prêt/valeur peuvent atteindre jusqu’à 100%. d’entrepôt”, a-t-il expliqué. “Nous voulons vraiment atteindre les petits agriculteurs et promouvoir les con- Quatrièmement, la compensation et la trats à terme sans qu’ils y perdent à cause résolution sont très importantes et tout de spéculations sur les prix. Nous voulons aussi essentielles au processus. Un cycle de également nous assurer que les agricul- résolution bien organisé assure une exécu- teurs obtiennent leurs récépissés d’entre- tion en temps et en heure des transactions pôt plus tôt dans la saison, ce qui les sans s’encombrer des conflits relatifs à la aiderait à améliorer leur trésorerie. qualité et à la quantité ni des retards de paiement. L’an dernier, nous avons échangé 60,000 tonnes et notre entreposage certi- Tous ces éléments sont importants pour fié est actuellement de 155,000 tonnes. À les banques, car ils permettent la résolu- ce jour, nous avons financé cette année tion de l’aspect physique en temps oppor- $12 millions de cultures.” tun et selon le montant convenu. Ce Et au Malawi, a-t-il précisé: “La de- système fonctionne en Amérique latine, en mande de récépissés d’entrepôt émane Asie, en Europe de l’Est et en Afrique du en grande partie du Programme alimen- Sud, mais le processus n’est pas encore taire mondial (PAM), qui achète bon nom- convenablement mis en place en Afrique bre de récépissés.” subsaharienne. C’est un point essentiel pour faire avancer l’Afrique.” Rod Gravelet-Blondin, conseiller senior de l’East Africa Exchange (EAX), au Kristian Schach-Møller, président-di- Rwanda, a également joué un rôle central recteur général de la Bourse des produits dans la création de la place d’échange de base agricoles pour l’Afrique (ACE), au sud-africaine de produits agricoles SAFEX. Malawi, a présenté aux délégués le Il a expliqué son action et celle d’autres développement de l’ACE au Malawi. personnes dans le cadre des opérations “La place d’échange de produits ACE de l’EAX. au Malawi s’appuie sur trois piliers: l’infor- “Nous nous efforçons d’instaurer des mation sur les marchés, la facilitation du places d’échange de produits durables. commerce et le système de récépissés En effet, nous assurons totalement la ges- www.txfnews.com/special/Fin4Ag 19 Compte rendu post-conférence Fin4Ag tion des garanties au sein de cette place crée une place d’échange devrait immé- d’échange de produits. Nous intégrons diatement opter pour un système de des technologies de pointe et garantissons récépissés électroniques. La traçabilité est la résolution pour les utilisateurs de la totale pour les audits et les fraudes sont place d’échange”, ajoute-t-il. ainsi limitées. Avec SAFEX par exemple, ce “Un seul mot d’ordre pour le succès système est hébergé par Pricewaterhouse- d’une place d’échange de produits: l’in- Coopers, (PwC). Cela renforce également tégrité. À défaut, la place d’échange n’a la sécurité.” aucun résultat. Par ailleurs, la gestion des garanties est Le concept des échanges multiples un élément essentiel. En faisant le lien entre Relayant la discussion aux délégués, le un service et un système de gestion des modérateur de la séance, M. Rutten, a garanties sûr et reconnu et une place souligné: “Cette séance était consacrée d’échange, le vendeur sait ce qu’il vend. au commerce en toute confiance. Il faut Une place d’échange n’est en effet ja- développer l’intégrité afin que les gens mais qu’un paiement sûr pour des produits puissent échanger des produits en toute sûrs. Et je suis persuadé que les places confiance. Nous souhaitons voir la création d’échange de produits peuvent apporter “d’îles d’excellence”.” énormément à notre continent. Dans le public, Elenwor Ihua, directrice Nous commençons par le commerce générale de Nerfund à Abuja, au Nigéria, au comptant, mais nous ne sommes pas a demandé: “Peut-on avoir des places confrontés aux risques de prix. Les produits d’échange multiples dans n’importe quel dérivés permettent largement de gérer pays ?” ces risques de prix. Nous devons donc développer les places d’échange avec répondu: “Je pense que si les réglementa- intégrité.” tions sont adaptées, les places d’échange Rod Gravelet-Blondin a ajouté: “Par le passé, les récépissés d’entrepôt n’étaient multiples sont saines. Cela devrait être gratuit pour tous. La dynamique des que des mécanismes de livraison. Aujour- échanges doit être la même. L’ACE est un d’hui, soutenus par une gestion solide des programme financé par les donateurs. garanties, ils donnent accès au finance- Cela nous donne donc un avantage pour ment. Le document de récépissé d’entre- la mise à disposition de ces services dans pôt est précieux et doit être conservé dans les un coffre. L’entrepôt conserve un exem- d’échange ne pourront pas avoir une telle plaire, tout comme le déposant. L’original portée. Mais au Malawi, où je travaille, un est échangé. Nous devons dépasser cela. groupe d’agriculteurs disposant d’un ou C’est pourquoi nous avons mis au point le deux acres ont obtenu des bénéfices de processus de récépissés électroniques. $30,000 grâce aux récépissés d’entrepôt.” À l’heure actuelle, toute personne qui 20 Kristian Schach-Møller, de l’ACE, a zones rurales. Toutes les places Rod Gravelet-Blondin a également fait En Afrique, il est ridicule que le gouvernement veuille gérer une place d’échange. Elle doit être compétitive. Cela bénéficie à toutes les parties en présence. www.txfnews.com/special/Fin4Ag Accent sur les places d’échange de produits profiter le public de ses nombreuses an- en Afrique du Sud, avant de créer une nées d’expérience: “Oui, des places place d’échange. d’échange multiples dans n’importe quel Les contrats au comptant peuvent pays, bien sûr. On peut les subdiviser en fonctionner avec n’importe quel produit. zones géographiques ou en zones de pro- Pour les produits dérivés, au contraire, les duction, comme c’est le cas en Chine par possibilités sont beaucoup plus limitées. exemple. Le facteur de survie essentiel est: Plus la confiance est présente dans l’en- la place d’échange ajoute-t-elle de la treprise de gestion des garanties, mieux valeur ? Est-elle intègre ? c’est. Le seul réel écueil dont il faut se méfier est que la propagation de La banque court-elle un risque ? En cas places de chute des prix, nous permettons à la d’échange multiples dans n’importe quel banque de liquider le produit. À l’avenir, pays n’a pas d’impact sur la liquidité. Dans nous le modèle que nous avons mis au point, les africaine de développement s’inscrive places d’échange loueront les entrepôts. dans un fonds de garantie pouvant être Au Nigéria, de nombreux entrepôts sont mis en place afin de permettre à une souhaiterions que la Banque disponibles. Mais ce qu’il faut réellement, banque commerciale de prêter un mon- c’est une gestion des places d’échange. tant plus important au producteur de En Afrique du Sud, la SAFEX n’est prob- manière plus sûre.” ablement pas parvenue à atteindre les Lamon Rutten, qui jouit d’une expéri- petits agriculteurs. Comment y remédier ? ence de longue date en matière d’étab- Une solution pourrait être de collaborer lissement de place d’échange de produits avec les coopératives et les agrégateurs. grâce à ses réalisations en Inde, a fait re- Nous (l’EAX) collaborons actuellement marquer: “En Inde, nous avons créé une avec un gestionnaire de garanties de Col- place d’échange qui a facilité plus de lateral Management International (CMI), $8.6 milliards ces dernières années. Dans www.txfnews.com/special/Fin4Ag 21 Compte rendu post-conférence Fin4Ag ce contexte, le gestionnaire de garanties l’ensemble des parties impliquées. travaille pour la banque. En Afrique, il est Soulignant quelques activités dans ridicule que le gouvernement veuille gérer lesquelles l’ACE est impliquée, Kristian une place d’échange. Elle doit être com- Schach-Møller a précisé: “L’ACE s’est ef- pétitive. Cela bénéficie à toutes les parties forcée de tâter le terrain pour faire affaire en présence. en Zambie, mais la réticence à s’impliquer Aux États-Unis par exemple, lorsque les places d’échange de produits ont été y est généralisée. L’EAX explore le même terrain. mises en place, elles se sont multipliées L’ACE essaie de développer des jusqu’à atteindre le nombre de 40. Il n’y en couloirs commerciaux régionaux, notam- a plus que quatre. La consolidation a lieu ment avec Harare au Zimbabwe pour la naturellement.” farine de soja. Pour l’instant, il existe un Adam Gross envisage également les problème majeur de liquidité au Zim- avantages d’un système de places babwe. Mais l’achat de la farine de soja d’échange potentiellement via un système de récépissés d’entrepôt élargi au niveau régional. Il a affirmé: multiples, peut permettre de contourner certains de “Cette évolution peut en effet être en- ces problèmes de liquidité. Et une place couragée, car elle débouche sur une ex- d’échange de produits peut encourager périmentation bénéfique en donnant au la formation de ces couloirs commerciaux marché des choix intéressants sur les régionaux. Le tout est de les faciliter. meilleures options. La concurrence a Nous cherchons à créer des couloirs ré- également tendance à rendre les places gionaux. Nous attendons que ces couloirs d’échange plus sensibles à leurs utilisa- se forment naturellement en Zambie, au teurs. Il faut également comparer les Mozambique et en Tanzanie. Les places places d’échange nationales et ré- d’échange régionales sont la voie à suivre. gionales. Au final, si les entrepreneurs veu- Les places d’échange électroniques peu- lent d’échange vent vraiment faciliter les choses. De plus, régionale, je pense en effet qu’ils doivent établir une place elles contribueront à la sécurité alimen- avoir la liberté de se lancer, à condition de taire globale. Les places d’échange sont se plier aux réglementations en vigueur.” vraiment des solutions pertinentes.” La Zambie sous les projecteurs avoir l’impression que le gouvernement Une déléguée du public a déclaré L’un des délégués a posé une question sur zambien n’était pas favorable aux places la création d’une place d’échange de d’échange de produits parce qu’il estime produits en Zambie. Cette question est qu’elles bénéficient aux agriculteurs com- particulièrement pertinente. En effet, il y a merciaux au détriment des intérêts des pe- quelques années, une place d’échange a tits agriculteurs. été mise en place avant de s’effondrer Face à cet argument, Adam Gross, du parce qu’elle ne fonctionnait pas pour NEPAD a expliqué: “En Zambie, dans l’un Un seul mot est essentiel au succès d’une place d’échange de produits: l’intégrité. À défaut, la place d’échange ne donne aucun résultat. 22 www.txfnews.com/special/Fin4Ag Accent sur les places d’échange de produits des premiers modèles de place d’échange de produits, il semblait que les négociants étaient aux commandes. Mais la valeur provient en effet en grande partie des agriculteurs commerciaux et des grands négociants. Ils sont essentiels à la liquidité, à l’efficacité et à la durabilité commerciale de la place d’échange. Cependant, une place d’échange doit avoir pour objectif d’ajouter de la valeur et, au final, de bénéficier à l’ensemble des parties prenantes aux deux extrémités de la transaction. Et en Zambie, il s’agit des petits agriculteurs. Les places d’échange doivent donc également avoir une vocation d’inclusion et de transparence.” Lamon Rutten, du CTA, a ajouté: “Les places d’échange ne peuvent pas profiter uniquement aux vendeurs. Elles doivent également avantager les acheteurs. L’Éthiopie, le Malawi et l’EAX en sont des exemples fructueux.” Dans une ultime question sur l’utilisation de l’assurance, Rod Gravelet-Blondin a réaffirmé l’importance de l’utilisation d’un gestionnaire de garanties expérimenté et instruit. Il a affirmé: “L’agriculture suppose ment d’infrastructures d’entrepôts ruraux des risques. L’assurance n’est qu’une op- pour le secteur privé et d’élargir ainsi sig- tion ou un outil pouvant être utilisé. L’EAX nificativement le système de récépissés utilise un gestionnaire de garanties très d’entrepôt. Je me réjouis que l’ACE ne bien organisé pour ses activités.” dépende plus du financement des parte- Kristian Schach-Møller a en outre naires de développement.” révélé un détail intéressant: l’ACE est en Et Adam Gross d’ajouter: “À mes yeux, pourparlers avec l’ATI (African Trade Insur- les gouvernements doivent mettre en ance) pour le développement d’une obli- place un cadre de licence et de régle- gation d’entreposage pour le Malawi. mentation et doivent laisser tout entrepreneur qui se conforme aux exigences de Message final licence mettre en place des places En guise de clôture de la séance, le mod- d’échange de produits sans entraves, au érateur, Lamon Rutten, a demandé aux lieu de s’appuyer sur une espèce d’ap- trois participants de s’exprimer brièvement proche de présélection des sélectionnés. sur l’avenir du développement des places Le d’échange de produits en Afrique. préférences en matière de modèle entre- Kristian Schach-Møller, de l’ACE, a affirmé: “Je voudrais que des gestionnaires marché doit décider de ses preneurial.” Quand à Rod Gravelet-Blondin, de l’EAX, de fonds mettent en place le concept de il a conclu: “Je suis entièrement d’accord fonds d’investissement dans l’entreposage avec cette optique. Comme l’a déclaré agricole (ASIF) afin de faciliter l’établisse- Mandela: ‘Libérez mon peuple!’” ■ www.txfnews.com/special/Fin4Ag 23 Compte-rendu post-conférence Fin4Ag En image – Fin4Ag de Nairobi Quelques photos de la conférence Fin4Ag de Nairobi. Pour d’autres photos, surfez sur: https://www.flickr.com/photos/126512539@N03/ 24 www.txfnews.com/special/Fin4Ag Photos Fin4Ag 2014 Nairobi 25 www.txfnews.com/special/Fin4Ag Compte-rendu post-conférence Fin4Ag 26 www.txfnews.com/special/Fin4Ag Photos Fin4Ag 2014 Nairobi 27 www.txfnews.com/special/Fin4Ag Compte rendu post-conférence Fin4Ag Évaluation d’une proposition panafricaine La gestion des garanties est un élément essentiel du processus de financement des récépissés d’entrepôt et de l’extension des places d’échange de produits. Étroitement associé à cette approche, le concept d’une entreprise panafricaine de gestion des garanties a de nombreux partisans. La séance sur le thème “les tenants et les d’investisseurs multiples et variés afin de aboutissants d’un système de finance- garantir une présence et une autorité à ment d’entreposage travers le continent. On estime qu’une telle fructueux”, organisée à l’issue du deux- présence pourrait fournir des services de ième jour du programme principal de la gestion des garanties à des producteurs conférence Fin4Ag de Nairobi, se présen- agricoles beaucoup plus divers que ceux tait sous la forme d’une présentation et qui utilisent de tels services à l’heure d’une discussion en panel. L’attention de actuelle. par récépissés celui-ci était principalement focalisée sur S’exprimant sur le potentiel d’une en- le rôle important joué par les gestionnaires treprise panafricaine, Alex Kwayu, di- de garanties au sein du processus de recteur récépissés d’entrepôt pour les produits Company, une entreprise basée à Dar es- agricoles et le développement d’entre- Salaam, en Tanzanie, a affirmé que les in- prises de gestion des garanties à travers vestisseurs d’une telle entreprise pourraient l’Afrique. provenir d’une série d’institutions, telles CGS Collateral Control Depuis quelque temps on voit se pré- que les banques commerciales – en tant ciser l’idée d’une entreprise panafricaine qu’utilisateurs naturels du service –, des or- de gestion des garanties, fruit de l’alliance ganisations de développement, des ban- La gestion des garanties en bref fonds de roulement. Le bailleur de fonds engage alors une partie tierce, appelée gestionnaire de garantie, pour prendre le accordent contrôle physique des stocks dans les généralement des crédits contre la mise locaux de l’emprunteur. Le gestionnaire en garantie d’immobilisations, la majorité de garantie enlève le contrôle effectif des des acteurs de la chaîne de valeur des stocks à l’emprunteur. Il garantit la matières premières, comme la plupart des présence permanente de marchandises petites entreprises, manquent de fonds de et est responsable envers la banque si, en Alors 28 de que les banques roulement. La gestion des garanties peut cas de défaut de remboursement, celle- débloquer des actifs ci découvre que les matières premières particulier des stocks circulants, en matières ne sont plus présentes. La gestion des premières, comme garantie valable pour garanties s’est avérée être un outil les efficace en matière de financement dans financiers, ce de qui améliorera grandement l’accès au financement du www.txfnews.com/special/Fin4Ag le monde entier. ■ Accent sur la gestion des garanties Alex Kwayu, directeur de CGS Collateral Control Company ques d’investissement, des banques de mi- garanties les plus importants en Amérique crofinancement, des organisations de latine et en Turquie sont détenus par des sécurité sociale et même des négociants banques. Faisons de même !” et des investisseurs en capital-risque. Lors de la discussion qui a suivi, Abdou Alex Kwayu a expliqué que la mise en Konlambigue, responsable du programme place d’une telle entreprise nécessitait la d’accès au marché de l’Alliance pour une création d’un comité directeur afin de révolution verte en Afrique (AGRA), basée mener à bien le plan. Il a suggéré que le à Accra, au Ghana, a fait remarquer que comité: conçoive la structure de l’organi- dans la plupart des pays, il n’existe aucune sation ; négocie avec des investisseurs po- réglementation pour les gestionnaires de tentiels garanties et que toute mise en place né- ; enregistre l’entreprise ; recommande les membres du conseil ; cessiterait recommande une équipe de direction au chargé de superviser les opérations. Il a conseil ; et supervise l’exécution des pre- également commenté que ce n’est qu’à mières transactions afin de garantir une travers la mise en place d’un système de transition fluide vers l’équipe de gestion. gestionnaires de garanties correctement un organe réglementaire Approfondissant le sujet des investis- réglementé que la qualité des produits seurs, il a souligné: “Le concept de ban- s’améliorerait de manière efficace et ques investissant dans une entreprise de soutenue. gestion des garanties n’est pas neuf. En Répondant à une question du public, Tanzanie, je connais une banque qui in- un délégué a commenté qu’une associa- vestit dans la gestion des garanties.” tion panafricaine de gestion des garanties En conclusion de sa présentation sur les perspectives d’une entreprise serait une institution mieux adaptée qu’une entreprise. panafricaine de gestion des garanties, Également en réponse aux questions Alex Kwayu a affirmé: “La gestion des du public, Jonathan Coulter, de J Coulter garanties est une plateforme de fourniture Consulting, a affirmé: “Concernant la mise fiable pour une place d’échange de pro- en place d’une entreprise panafricaine, la duits. Aujourd’hui, les gestionnaires de concurrence d’entreprises sud-africaines www.txfnews.com/special/Fin4Ag 29 Compte rendu post-conférence Fin4Ag Rod Gravelet-Blondin, conseiller senior, East Africa Exchange 30 fait déjà rage.” Et de poursuivre: “En ternationale (SFI), a cité l’exemple de la général, les gestionnaires de garanties ne Chine. Selon lui, dans ce pays: “Le gou- garantissent pas la qualité et ont ten- vernement chinois est en train de créer dance à se focaliser sur la quantité. Et au une entreprise de gestion des garanties sein des systèmes publics d’entreposage, dans le secteur de l’acier.” Il a également l’expertise est déjà importante.” mentionné que la SFI soutenait ce projet. Le modérateur de la session, Rod Grav- Poursuivant sur sa lancée, il a cité deux elet-Blondin, conseiller senior de l’East exemples de banques ayant tenté de Africa exchange (EAX), a mentionné qu’il mettre elles-mêmes en place des entre- connaissait au moins une entreprise prises de gestion de garanties. Dans le pre- africaine de gestion des garanties qui as- mier cas, il a expliqué que l’ABSA avait surerait un niveau de 100 % de qualité, à cherché à mettre en place un système savoir un niveau égal de qualité des pro- d’entrepôts de terrain pour les pays duits à la suite de l’entreposage. Par con- d’Afrique australe, avant de faire machine tre, il est impossible d’améliorer la qualité arrière à cause de divers problèmes. De des produits entreposés. plus, a-t-il déclaré, Citi a également mis en Également au sein du panel, Nicholas place une entreprise fiduciaire de gestion Budd, ancien partenaire de White & Case des garanties. Mais ce projet, quoique bien à Paris et à présent consultant à temps défini, a également échoué dans la pra- partiel au sein de la Société financière in- tique. Nicholas Budd a affirmé: “Dans les Les opportunités commerciales entre les pays africains sont nombreuses. Nous devons donc soutenir une véritable initiative panafricaine de gestion des garanties. www.txfnews.com/special/Fin4Ag Accent sur la gestion des garanties Jonathan Coulter, consultant, J Coulter Consulting (gauche) faits, aucune des autres banques ne nement commercial sain. Nous devons voulait faire affaire avec cette entreprise donc encourager les participants à com- à cause du secret bancaire.” mercer. Plus les échanges sont nombreux, Nicholas Budd a également insisté sur la plus le système devient viable. En nécessité d’instaurer des réglementations Ouganda par exemple, les coopératives gouvernementales, soulignant que si l’effet qui ont entreposé leurs cultures et ont at- de levier excédait un certain point par rap- tendu que les prix augmentent sont tout port à la mise en place et aux activités de simplement tombées en faillite. Le système gestion des garanties, cela contreviendrait fonctionne lorsque le commerce est à la législation sur la concurrence. régulier. Mais il est nécessaire que tous ad- Abdou Konlambigue a fait remarquer hèrent aux normes.” que la question majeure de la confiance Et faisant directement référence au se posait dans tous les systèmes mis en concept d’entreprise panafricaine, il a re- place. Concernant de marqué: “C’est une opportunité. Les op- récépissés d’entrepôt, il a affirmé: “Il faut portunités commerciales entre les pays savoir que le négociant acceptera le africains sont nombreuses. Nous devons récépissé (d’entrepôt). Il faut avoir confi- donc soutenir une véritable initiative ance dans le système.” panafricaine de gestion des garanties.” les systèmes Dans le cas de la mise en place d’une Clôturant la séance, Rod Gravelet- véritable gestion des garanties, la plupart Blondin a conclu: “Il s’agit d’un sujet de des observateurs du commerce agricole discussion fascinant et la gestion des africain s’accordent sur le fait que le garanties est dans l’ensemble une ques- niveau global des échanges aug- menterait de manière significative. Richard tion hautement importante. Aujourd’hui, nous n’avons fait qu’effleurer le sujet. Wangwe, directeur pour l’Afrique de l’Est Le CTA doit organiser une conférence de l’Africa Enterprise Challenge Fund exclusivement consacrée au financement (AECF), basé à Nairobi, a commenté: “Le des entrepôts et à la gestion des concept de système de récépissés d’en- garanties. Mais le facteur sous-jacent de- trepôt fonctionne mieux dans un environ- vrait être la transparence.” ■ www.txfnews.com/special/Fin4Ag 31 Compte-rendu post-conférence Fin4Ag Explorer les nouvelles frontières du financement agricole L’agriculture puise dans des sources de financement alternatives, du financement participatif à l’affacturage. Face aux défis récurrents qu’elle rencontre fonds par des groupes de la commu- pour obtenir des financements auprès des nauté. Des responsables locaux se portent banques, l’agriculture s’aventure hors des garants pour les prêts tandis que les sentiers battus. Tandis que les agriculteurs agriculteurs reçoivent une aide technique puisent à de nouvelles sources de finance- d’autres agriculteurs de leur voisinage ment telles que le financement partici- pour assurer l’aboutissement du projet lié patif, les fonds spécialisés se proposent au prêt. d’investir dans le secteur, et des outils Lors de cette même session, le comme l’affacturage sont repensés pour représentant les besoins de l’agriculture. l’Afrique anglophone, David Kitusa, a ex- régional de Kiva pour pliqué que la plateforme de financement Le financement participatif renforce participatif de son organisation avait déjà l’attrait des agriculteurs aux yeux des permis d’accorder 700,000 prêts d’une banques valeur totale de $590 millions dans plus de On a pu apprendre au cours d’une session 77 pays. du 3e jour de la conférence Fin4Ag à Selon lui, le financement participatif Nairobi que le financement participatif “autonomise ceux qui se trouvent à la (crowdfunding), mode de financement à base de la pyramide” en aidant les parti- la diffusion grandissante, permettait aux culiers et les organisations à accorder des agriculteurs d’investir dans des machines prêts sans intérêts aux agriculteurs. ou des intrants indispensables à leur activ- 32 ité, mais pouvait aussi les aider à prouver Les agriculteurs des Caraïbes ouvrent leur solvabilité pour, au final, accéder au fi- la voie à l’affacturage nancement bancaire. Les Caraïbes sont à la pointe d’une initia- En février de cette année, le CTA a tive destinée à stimuler les rentrées des lancé un projet de financement partici- agriculteurs en appliquant au domaine de patif qui, jusqu’à présent, a permis à 60 l'agriculture des produits traditionnels de fi- agriculteurs de se financer grâce à des nancement du commerce, tels que l'af- liens avec le leader du marché, Kiva. facturage. Ken Lohento, coordonnateur du pro- Par cette technique de financement, gramme ICT4D du CTA, a expliqué aux les producteurs de biens et prestataires de délégués présents à la conférence que “le services vendent leurs ‘créances’ (fac- financement est un des facteurs clés dont tures) à des entreprises d'affacturage con- les agriculteurs ont besoin pour passer de tre de l'argent en espèce, à un prix la subsistance au commerce”. légèrement inférieur à leur valeur nomi- Le programme compense le risque de nale. Pour les agriculteurs, l’avantage est non-remboursement en faisant passer les qu’ils peuvent directement réinvestir l’ar- www.txfnews.com/special/Fin4Ag Gros plan sur le financement alternatif gent en intrants pour de nouvelles cultures La crise financière engendre des fonds sans devoir attendre un paiement, tout en d’investissement agricoles d’un genre se protégeant du risque qu’un acheteur nouveau ne veuille ou ne puisse pas payer. Lors d’une autre session, les délégués ont Lors d’une session de la conférence appris que l’Afrique était concernée au Fin4Ag, Jethro Greene, coordinateur en premier chef par le boom des nouveaux chef du Caribbean Farmers Network fonds d’investissement agricoles de ces dix (CaFAN), a expliqué que sans affacturage, dernières années. les agriculteurs attendent parfois entre six Selon Calvin Miller, responsable senior et huit semaines pour être payés pour leur et chef du groupe Agro-industrie et fi- production. nancement de l’Organisation des Nations Le CaFAN travaille en faveur d’une unies pour l’alimentation et l’agriculture meilleure intégration des différents sys- (FAO), 40% de ces nouveaux fonds se con- tèmes financiers des îles caribéennes afin centrent sur l’Afrique. de soutenir une plus grande adoption de l'affacturage. Cette croissance démontre que des rendements intéressants, des mécanismes Selon Greene, les agriculteurs des plus développés pour le partage des risques Caraïbes pourraient déjà adopter l’affac- et le soutien des gouvernements et des turage puisqu’ils génèrent 100 millions de agences de développement peuvent con- dollars en vendant leurs produits à des tribuer à vaincre l’impression que l'agricul- acheteurs organisés. ture africaine est un secteur à haut risque. FactorPlus, entreprise d’affacturage, re- En contraignant les investisseurs à aller marque également que l’environnement chercher la rentabilité ailleurs, la crise fi- caribéen devient plus propice à l'affac- nancière turage à présent que davantage d'a- développement de nouveaux fonds d'in- griculteurs connaissent le produit. vestissement agricoles. mondiale a contribué au Niko Kluyver, directeur général de Fac- En même temps, des fonds spécialisés torPlus, déclare que les défis sont encore tels qu’Incofin Investment Management et bien présents mais que son organisation a Root Capital s’intéressent de plus près à l’ambition de les relever : l’‘investissement à impact’, qui vise à pro- “Nous devons proposer un produit d'af- mouvoir l’inclusion financière et à soutenir facturage pan-caribéen, disponibles sur les agriculteurs par le biais de l’assistance toutes les îles afin de réaliser des volumes technique et de formations en compé- et de diversifier les acheteurs”. tences de gestion. ■ www.txfnews.com/special/Fin4Ag 33 Compte rendu post-conférence Fin4Ag Rôle essentiel d’Afreximbank dans les projets agricoles d’ajout de valeur Le président de l’Afreximbank, JeanLouis Ekra, explique la nécessité de renforcer la transformation des produits agricoles en Afrique. “Ces dix prochaines années, l’Afrique aura capacités de production et de transfor- besoin de $21 milliards afin de combler les mation du cacao de ces pays d’ici 2020. lacunes du financement agricole”, a fait Pour ce faire, nous avons commencé à remarquer Jean-Louis Ekra, président de financer des producteurs et des exporta- l’African Export-Import Bank (Afreximbank) teurs autochtones afin qu’ils ajoutent de la lors d’une séance consacrée aux bonnes valeur au cacao – à travers la production pratiques du financement des chaînes de de beurre et de gâteau de cacao. valeur agricoles, organisée le premier jour Jusqu’à présent, nous avons pu financer de la conférence Fin4Ag de Nairobi. S’adressant à un public de près de 400 délégués, le président d’Afreximbank a fait Le président de l’Afreximbank a égale- référence à la nécessité de renforcer le fi- ment mentionné que le KfW allemand nancement des infrastructures, des sys- avait engagé 100 millions USD pour tèmes d’autres soutenir la création d’AFRICOIN, et ce à infrastructures. Parallèlement, il a insisté sur travers un instrument de financement à l’importance d’une plus grande transfor- multiples facettes. d’irrigation et mation des produits agricoles en Afrique Jean-Louis Ekra a ajouté: “Notre objec- au profit du développement économique tif n’est pas simplement de nous limiter au à travers l’Afrique subsaharienne. cacao, mais de développer et de repro- Il a affirmé: “Il y a 21 ans, nous avons duire cet objectif dans d’autres projets, en commencé le financement de l’entre- particulier le caoutchouc et l’huile de posage de produits agricoles, principale- palme. Nous avons commencé avec ment le cacao, le café et le coton. Olam au Gabon, où nous avons investi plus Cependant, nous avons compris que les de $100 millions dans un projet d’huile de pays ne généreraient pas suffisamment de palme, qui appliquera le cycle de produc- valeur ajoutée. C’est pourquoi nous avons tion de l’huile de palme au beurre et à lancé l’Africa Cocoa Initiative (AFRICOIN)* d’autres produits.” afin d’aider les pays producteurs à transformer davantage le produit.” 34 les producteurs en Côte d’Ivoire, au Nigéria et au Ghana.” En ce qui concerne AFRICOIN, en 2013 la banque a fourni une structure de fi- Il a ajouté: “La Côte d’Ivoire, le Ghana, nancement par crédit sur créances à dou- le Nigéria et le Cameroun représentent ble tranche de $17.5 millions en faveur de presque 80% de la production mondiale FTN Cocoa Processing Nigeria (FTNCP). Les de cacao. L’idée consiste à transformer les bénéfices de la première tranche sont util- www.txfnews.com/special/Fin4Ag L’Afreximbank à l’honneur isés pour refinancer les obligations de créances existantes de FTNCP dues à United Bank of Africa ($6.875 millions) et Union Bank of Nigeria ($1.2 million). Les bénéfices de $9.425 millions du deuxième mécanisme seront utilisés pour financer l’achat de fèves de cacao et d’autres intrants pour la transformation des fèves de cacao en beurre et en gâteau de cacao pour l’exportation. Bien que FTNCP ait à l’origine sollicité un financement du fonds de roulement tel que spécifié dans la deuxième tranche, la banque, après avoir évalué les besoins de l’entreprise, a réalisé que celle-ci avait besoin de plus qu’un fonds de roulement pour pouvoir pleinement utiliser ses capacités actuelles. La banque a donc proposé la facilité à terme afin de mettre en lumière sa Jean-Louis Ekra, Président, African Export-Import Bank détermination à soutenir les entités sur la crédit sur créances de préexportation à la chaîne de valeur agricole qui promeuvent Société Amer et Frères Cacao; un prêt à la diversification des exportations. terme de financement de crédit sur Le soutien apporté par la banque a créances d’exportation de $13 millions en permis à l’entreprise de pleinement utiliser faveur de la Société d’usinage et de con- ses capacités infrastructurelles, de ren- ditionnement du Sud-Ouest; et une facilité forcer sa productivité et la quantité de de crédit sur créances de préexportation produits finis et de garantir des partenari- de $13 millions en faveur de Choco Ivoire. ats plus profitables avec des acheteurs Les divers programmes d’assistance majeurs de produits transformés issus du proposés par la banque aux entreprises cacao. De plus, le soutien de la banque a de transformation des exportations de- permis à l’entreprise de créer environ 380 vraient créer davantage d’emplois directs emplois (130 directs et 250 indirects). et indirects et contribuer à l’amélioration La contribution de l’entreprise aux capacités de bénéfices issus d’échanges étrangers du Nigéria a également été ren- des bénéfices sur les échanges étrangers en Côte d’Ivoire. *Afreximbank a lancé AFRICOIN en forcée pour atteindre environ $40 millions 2012 et la banque a considérablement par an. Ceci vient s’ajouter à d’autres con- élargi ses activités en 2013. AFRICOIN a vo- tributions se présentant sous la forme d’un cation: (i) à faciliter la croissance de la pro- développement socioéconomique dans le ductivité sur les exploitations africaines de cadre de la responsabilité sociale de l’en- cacao; (ii) à promouvoir et à financer le treprise envers sa communauté locale et renforcement de la transformation des d’un programme de formation pour les cul- fèves de cacao en matières premières in- tivateurs locaux de cacao, notamment. dustrielles (liqueur de cacao, poudre de De plus, en 2013, la banque a soutenu cacao et beurre de cacao) afin d’ali- d’autres entreprises sur la chaîne de valeur menter les manufactures africaines, eu- du cacao en Côte d’Ivoire dans le cadre ropéennes, nord-américaines et asiatiques; d’AFRICOIN. Le soutien comprenait une fa- et (iii) à promouvoir la consommation de cilité de financement de $45.5 millions de cacao dans les pays d’origine. ■ www.txfnews.com/special/Fin4Ag 35 Compte-rendu post-conférence Fin4Ag Utiliser les outils des marchés des capitaux pour le financement de l’agriculture TXF analyse les enseignements que le secteur agricole africain peut tirer de l’engagement des marchés des capitaux au Brésil. Vu le montant qu’exige le financement de fournisseur d’intrants qui accepte de ven- l’agriculture en Afrique, le financement dre à crédit. bancaire seul – du moins dans le climat Les CPR électroniques se sont égale- actuel – ne suffit pas. Il n’en allait pas ment développés ces dernières années, autrement au Brésil au début des années ce qui a rationalisé le processus. 1990, un constat qui a favorisé le recours Les CPR ont permis à des agriculteurs aux marchés des capitaux dans la sphère jusqu’à présent exclus du système finan- des matières premières agricoles dans ce cier de contracter des crédits, puisqu’ils pays. peuvent obtenir des financements en Le secteur a fait appel aux marchés échange de ces titres. Les CPR ne sont pas des capitaux par le biais de “titres de pro- conçus pour l’agriculture de subsistance, duits agricoles” (“Cedula de Produto à plus petite échelle. Rural” ou CPR), des obligations qui ne peu- “Les CPR sont émis par des agriculteurs vent être émises que par des agriculteurs, de taille moyenne, c’est-à-dire qui possè- des coopératives et des associations ru- dent au moins 100 têtes de bétail ou pro- rales qui s’engagent à fournir une quantité duisent au moins 50 tonnes de céréales. donnée de céréales ou de bétail en Ces instruments sont destinés aux marchés échange d’un financement. Les CPR sont émergents”, a commenté Lamon Rutten, garantis soit par la future production de Chef du programme Politiques, marchés et céréales, soit par le cheptel de l’éleveur. communication (TIC) au Centre technique 1) Les CPR physiques, par lesquels un de coopération agricole et rurale (CTA) agriculteur s’engage à livrer une quantité lors de la conférence Fin4Ag à Nairobi. donnée de sa production à un endroit La porte n’est cependant pas totale- convenu et à un moment convenu en ment fermée aux petits producteurs. Ils échange d’un financement. Ce finance- peuvent toujours utiliser les marchés des ment pour capitaux pour financer des transactions acheter de l’équipement ou recruter de en regroupant leur production par le biais la main-d’œuvre supplémentaire afin de de coopératives. est généralement utilisé maximiser le rendement des cultures. 36 technologies de l’information et de la Il existe deux types de CPR: Selon Lamon Rutten, les agriculteurs qui 2) Les CPR financiers qui peuvent être souhaitent profiter des avantages d’un émis par des banques à d’autres four- CPR devraient être encouragés à attein- nisseurs de crédit qui ont déjà convenu de dre la taille requise plutôt qu’espérer financer l’agriculteur – par exemple un qu’une solution soit développée sur www.txfnews.com/special/Fin4Ag Zoom sur les outils des marchés des capitaux mesure pour eux. Les CPR exigent également une inté- “Il est nécessaire d’avoir une certaine gration étroite des agriculteurs dans la taille et les agriculteurs doivent l’atteindre chaîne de valeur agricole, ce qui néces- pour accéder aux CPR. Tenter de con- site un effort de la part de toutes les parties cevoir un tel programme pour de plus pe- prenantes. Dans le cadre de cet effort, il tites exploitations n’a guère de sens: il est également nécessaire de mettre au serait trop cher pour les agriculteurs de point des registres électroniques de CPR et subsistance et il ne fonctionnerait pas de de renforcer l’engagement des agences la même manière”, a-t-il ajouté. afin d’aider à superviser le système. Il a également remarqué qu’il était Les titres brésiliens ont été affinés et in- possible pour un groupe d’agriculteurs de cluent désormais de nouvelles possibilités créer une entité à vocation spéciale pour les agriculteurs et les financiers, (“special purpose vehicle” ou SPV) et comme le CDCA, un titre plus sophistiqué d’ainsi regrouper leurs activités pour ven- qui garantit un paiement en espèces et dre des certificats sur les marchés des cap- est garanti par certaines créances. itaux. Bien entendu, les certificats sont Comme au Brésil, les fonds d’investisse- également négociables sur les bourses de ment, les fonds de pension, les compag- matières premières. nies d’assurances et d’autres acteurs sur le Les CPR ont remporté un énorme suc- marché des capitaux peuvent assurément cès au Brésil, avec plus de 600 000 titres en- jouer un rôle important sur les marchés registrés l’an dernier. Cette réussite se agricoles africains. Pour que ce soit possi- fonde sur quelques principes clés. ble, il est indispensable d’adopter les Tout d’abord, les CPR possèdent un principes sur lesquels repose le succès des statut légal solide et leurs modalités sont CPR au Brésil: un cadre légal solide, des applicables par arbitrage hors tribunaux. agriculteurs orientés vers le marché et un C’est un aspect crucial pour obtenir la registre centralisé. confiance des bailleurs de fonds, car les tri- Le succès du programme au Brésil et la bunaux judiciaires ne sont pas toujours ef- manière dont il a dopé l’agro-industrie ficaces et sont parfois sujets à des brésilienne, y compris pour des matières influences externes, en particulier dans premières de base comme le café, le certaines économies émergentes. coton et le cacao, ont incité l’IFC à Selon les dispositions fixées pour les CPR Lamon Rutten, Chef du programme Politiques, marchés et technologies de l’information et de la communication (TIC) au Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) étudier la possibilité de mettre en œuvre brésiliens, un vendeur ne peut pas recourir un système similaire dans d’autres pays où à la force majeure pour justifier un défaut elle opère. de paiement. De plus, l’acheteur a la pri- Si l’Afrique suit ce chemin, elle dis- orité sur les autres créanciers en cas de posera d’un modèle solide qui durera de défaut. nombreuses années. ■ 37 www.txfnews.com/special/Fin4Ag Compte-rendu post-conférence Fin4Ag Les agriculteurs cherchent à améliorer leurs relations avec les banques Les organisations d’agriculteurs s’engagent à renforcer leur gouvernance et à développer de meilleures compétences en gestion. Un des débats les plus vifs qui ont été menés lors de la conférence Fin4Ag à continental africain, juste avant l’ouverture Nairobi était centré sur les responsabilités de la conférence Fin4Ag. des agriculteurs dans l’amélioration du fi- En agissant de manière collective, les nancement de l’agriculture. Bien que les petits producteurs pourront négocier de banques aient fait l’objet de nombreuses meilleures conditions avec des acheteurs critiques pour leur manque de com- et des financiers privés, a reconnu David préhension du secteur, les groupes d’a- Ruchiu, directeur pour l’Afrique de Farm griculteurs se sont également engagés à Concern International. contribuer à combler cette lacune en Une relation solide avec le secteur améliorant leur comptabilité et leurs com- privé est cruciale pour l’avenir des agricul- pétences en gestion. teurs, qui doivent apprendre à se passer Financiers et agriculteurs s’accordent des aides publiques et des prêts subven- à dire qu’il est plus facile de financer les tionnés, affirme Lamon Rutten, Chef du agriculteurs lorsqu’ils sont organisés dans programme Politiques, marchés et tech- des collectifs et des associations de nologies de l’information et de la commu- grande taille. nication (TIC) au Centre technique de Les petits producteurs doivent re- 38 tural Unions (SACAU), lors du 2e Briefing coopération agricole et rurale (CTA). grouper leurs ressources afin d’être “suff- Pour obtenir les meilleures conditions isamment grands pour être bancables”, possible des banques commerciales, les avait lancé Theo de Jager, président de la agriculteurs doivent réfléchir en termes Southern African Confederation of Agricul- économiques et analyser la manière dont Si les banques ont la responsabilité de comprendre les besoins des agriculteurs, ces derniers doivent également établir des plans d’affaires et prendre des mesures pour identifier et réduire les risques avant de s’adresser à elles pour des financements. www.txfnews.com/special/Fin4Ag Zoom sur les agriculteurs et les banques les autres secteurs se financent, a expliqué Esther Muiruri, directrice générale de l’agro-industrie à Equity Bank (Kenya), aux représentants le deuxième jour de la conférence Fin4Ag. Si les banques ont la responsabilité de comprendre les besoins des agriculteurs – Equity Bank, par exemple, emploie des diplômés en agronomie –, les agriculteurs doivent également préparer des plans d’affaires et prendre des mesures afin d’identifier et de réduire les risques avant de s’adresser à elles pour des financements. Pour ce faire, les agriculteurs doivent avant tout améliorer leur comptabilité. Garder des enregistrements détaillés des entrées et des sorties de fonds, ainsi que de l’usage des intrants et de la production permet aux agriculteurs de créer une image de risque de crédit face à laquelle les banques seront plus enclines à accorder des prêts, a expliqué Fred Kiteng’e, responsable crédit pour l’Afrique de l’Est et du Sud chez Root Capital, lors de la session finale le troisième jour. La pratique aide les agriculteurs à mieux maîtriser leurs activités et à améliorer leurs profits. Le troisième jour, les agriculteurs se sont ainsi engagés à améliorer la gouvernance des organisations agricoles – qui demeure un obstacle majeur pour certains agriculteurs qui tentent d’obtenir un financement. Un représentant de la Centenery Bank (Ouganda) a appelé à une grande sévérité contre les dirigeants d’organisations agricoles suspectés de corruption ou la plupart des banques, des représentants de mauvaise gestion. Ses commentaires des organismes publics et des agences de ont recueilli une large approbation chez développement ont admis avoir la respon- les agriculteurs et les financiers. sabilité de fournir davantage d’assistance Remarquant qu’il avait touché un technique, pas uniquement en termes de point névralgique, Theo de Jager a re- gouvernance et de compétence en ges- connu le problème, mais déclaré que les tion, mais également en matière de tech- organisations agricoles avaient besoin nologie et d’agronomie – cela constitue d’avoir accès à de meilleures formations leur partie du marché. et que cela constituait un aspect dans Comme l’a résumé Theo de Jager, se lequel les agences de développement réappropriant une citation de Confucius: pourraient investir. “Ne leur donnez pas du poisson – ap- À l’occasion de la conférence Fin4Ag, prenez-leur à pêcher.” ■ www.txfnews.com/special/Fin4Ag 39 Se nourrir•Pouvoir prospérer• Déjà s’adapter•Être compétitif• Être en mesure de changer Découvrez comment en cliquant sur www.cta.int/savoir-cest Le cas du café Kyanzavi Les producteurs de café kenyans cherchent à élargir leurs horizons La coopérative agricole Kyanzavi au ducteurs individuels. Elle prévoit de pro- Kenya est un exemple de la manière dont duire 350 à 400 tonnes de café l’an le regroupement d’activités dans une so- prochain, et ce à partir de 450,000 plants ciété commerciale peut aider les produc- d’arabica qui s’élèvent en belles rangées teurs sur 800 acres de terres. individuels à améliorer leur rendement, à attirer des financements et à les rembourser. C’est également une des plantations les mieux organisées du pays. Durant une Elle est aussi emblématique des défis et visite de Kyanzavi dans le cadre de la con- des opportunités auxquelles fait face l’agri- férence Fin4Ag, TXF s’est entretenue avec culture africaine. Une pompe électrique, James Murrithi Kieu, directeur général de par exemple, permettrait à la plantation Sasini (pour le café), au sujet des étapes de Kyanzavi d’installer un nouveau sys- de la production de café. tème d’irrigation qui pourrait doubler sa Après la récolte, les grains de café sont production – mais elle a besoin d’investisse- introduits dans une dépulpeuse. Celle-ci ments supplémentaires pour en acquérir sépare les grains de leur peau, qui est re- une, affirme son président James Muema. cyclée sous forme de fertilisant. Les grains Kyanzavi: a model of how organisation and scale help coffee producers attract – and repay – finance. sont alors plongés dans des cuves de ferUn modèle d’organisation mentation pendant six à douze heures afin Déjà la plus grande plantation de café du de réduire leur teneur en sucre, puis net- Kenya en termes de production, Kyanzavi toyés dans des canaux de lavage. Une est le fruit de l’union d’environ 1,800 pro- nuit de trempage élimine les impuretés. Les Le gouvernement se prépare à présent à retirer son aide financière au CoDF, afin d’uniformiser les règles du jeu pour les banques commerciales intéressées par l’agriculture. www.txfnews.com/special/Fin4Ag 41 Compte-rendu post-conférence Fin4Ag grains sont ensuite répartis sur des tables velopment Fund (CoDF) kenyan a com- de séchage afin de réduire le taux de moi- mencé à financer Kyanzavi en 2011 avec sissures de 60-65% à environ 10% et de un prêt de Ksh20 millions ($228,000). Ce diminuer considérablement les niveaux de prêt a été entièrement remboursé, de toxines. Ils sont ensuite moulus et préparés même que tous les financements suivants. pour la vente à la criée à la bourse du Les prêts du CoDF à Kyanzavi sont ver- café de Nairobi ou – de préférence – sés en plusieurs tranches, conformément vendu directement à des acheteurs privés au calendrier du café. Afin de réduire les à un prix plus élevé. risques et dans les cas où cela est possible, La plantation est gérée par un conseil les fonds sont directement versés aux four- d’administration et verse à ses travailleurs nisseurs de la plantation. Généralement, un salaire supérieur au salaire minimum une première tranche est déboursée en établi par le gouvernement kenyan. octobre ou en novembre pour couvrir le coût de la préparation des terres, les in- 42 Emprunteurs de première qualité trants initiaux et les salaires des travailleurs Kyanzavi démontre également comment temporaires. Une seconde tranche permet l’agriculture peut être un investissement à d’acheter les pesticides. Une troisième relativement faible risque pour les ban- tranche est versée au moment de la ré- ques, à condition d’être organisée et pra- colte, lorsque le prêt est remboursé par un tiquée agent de commercialisation autorisé par à une échelle suffisamment importante. Selon le responsable de la mobilisation des ressources, John Amimo, le Coffee De- www.txfnews.com/special/Fin4Ag le gouvernement qui achète le café à Kyanzavi et les revend à une salle de ventes locale ou à l’exportation. Le cas du café Kyanzavi Le financement de Kyanzavi est facilité ques commerciales intéressées par l’agri- par le fait que les 19 parcelles de la plan- culture. Cependant, étant donné que le tation sont assorties de titres de propriété. CoDF a constitué une base de données in- Généralement, le fonds prend deux ou égalée sur les profils de risque des produc- trois de ces titres en garantie. Il serait beau- teurs de café et les historiques de coup plus difficile de financer une remboursement, il devrait être en mesure coopérative de café si les producteurs im- de garder des taux bas pour les emprun- pliqués n’avaient pas de titre de propriété teurs de qualité. sur la terre qu’ils cultivent, reconnaît John Amimo. Le financement du gouvernement provient de prêteurs commerciaux. Baisse des prêts improductifs Le fonds n’a pas toujours eu la vie facile, 20% de son portefeuille total étant Parrainé par l’État, le CoDF a été créé actuellement improductif. Une grande en 2006 avec pour mission d’aider les pro- partie de ces créances douteuses a ducteurs de café à accéder à des crédits cependant été créée au cours des deux abordables et durables afin d’améliorer la premières années d’existence du fonds, qualité et le volume de leur production et précise John Amimo. Le taux de défaut sur de stabiliser leurs revenus. les nouveaux crédits a baissé significative- À sa création, le gouvernement lui a al- ment à mesure que son expérience de loué un capital de lancement pour lui per- secteur et sa capacité à évaluer le risque mettre de prêter à des taux d’intérêt des emprunteurs potentiels progressaient, subventionnés de 5% à 10%. Si l’intention poursuit-il. était “honorable” et que le fonds a aidé Le fonds prévoit également d’être ca- un grand nombre d’emprunteurs, cette pable de recouvrer environ 15% à 20% de option a aussi signifié que le CoDF a ces créances douteuses sur les deux évincé des prêteurs privés incapables de prochaines années étant donné que le re- proposer des taux concurrentiels, recon- trait du secteur décidé par la Cooperative naît John Amimo. Bank of Kenya signifie que les emprunteurs Le gouvernement se prépare à présent devront revenir vers le CoDF et rembourser à retirer son aide financière au CoDF, afin les emprunts improductifs avant d’obtenir d’uniformiser les règles du jeu pour les ban- de nouveaux crédits. ■ www.txfnews.com/special/Fin4Ag 43 Compte-rendu post-conférence Fin4Ag Le service mobile M-Kahawa augmente le volume de la production de café 44 L’utilisation accrue des téléphones mobiles et la confiance croissante dans les plateformes de transactions mobiles ont fourni de nouvelles opportunités aux producteurs. Afin de mieux exploiter les opportunités offertes par l’argent mobile, le Coffee Development Fund (CoDF), en partenariat avec la société de télécommunications Safaricom, a lancé un service de transactions mobiles baptisé M-Kahawa (“M” pour mobile et le mot “Kahawa”, qui désigne le café en swahili) et visant l’industrie du café. Le service, destiné à améliorer significativement les délais d’octrois de crédits, a été expérimenté dans plusieurs sociétés productrices de café et les premiers résultats sont encourageants. Un paiement d’avance sur des cerises à un producteur individuel, par exemple, peut être réalisé dans les 48 heures qui suivent la demande. Le service est particulièrement utile pour les petits producteurs qui ont des problèmes de trésorerie après la récolte de leurs céréales. Une des solutions à cela étant de vendre le café à des intermédiaires à des prix bradés – pratique connue sous le nom de “cherry hawking” (vente à la sauvette de cerises). “Cette pratique entraînait de lourdes pertes pour ces producteurs, les intermédiaires étant les principaux bénéficiaires de leurs efforts”, explique Richard Belio Kipsang, administrateur et PDG du CoDF. “C’est pourquoi le fonds a proposé un mécanisme basé sur les TIC qui prend la forme du service MKahawa.” “M-Kahawa représente un important moyen de soulager nos producteurs. Les paiements sont rapides, nos agriculteurs ont maintenant le sentiment de contrôler leurs finances et leur production”, explique Joseph Koskei, président de Kamiwa, une des sociétés www.txfnews.com/special/Fin4Ag impliquées dans le projet pilote MKahawa. M-Kahawa a été conçu pour fonctionner avec la plateforme M-Pesa, ce qui signifie que les agriculteurs n’ont pas besoin d’utiliser différents codes secrets pour accéder à leurs fonds. Le faible coût du service constitue un de ses principaux avantages. Les producteurs du café peuvent à présent héberger leur application de prêts dans leurs sociétés respectives et accéder à leurs fonds à partir de leur téléphone. Cela réduit considérablement les frais de voyage jusqu’aux anciens points de paiement. “Malgré le succès rapide de l’argent mobile dans différents secteurs économiques, l’agriculture doit toujours maximiser le potentiel de cette option. Je suis convaincu que M-Kahawa améliorera les connaissances en matière de financement agricole”, affirme Mburu Gatukui, M-Pesa directeur du développement commercial chez Safaricom. Durant la phase expérimentale, quelque 1,000 abonnés se sont enregistrés et un total de 4 millions Ksh a été déboursé sous la forme de microcrédits. “Notre but est de faire de M-Kahawa un service mobile d’information et d’opérations bancaires à part entière pour les producteurs de café. L’argent mobile peut être un énorme incitant pour la production de café par sa capacité à améliorer la trésorerie des producteurs”, souligne John Amimo, responsable de la mobilisation des ressources au CoDF. Le CoDF fournit ses services à 400 coopératives caféières et plus de 700 plantations de café. Le fonds affirme que son entrée en service en 2006 a changé la vie de plus de 67,000 producteurs. Étude de cas: Apiculture en Éthiopie Encourager le développement du commerce agricole en Éthiopie Bert-Jan Ottens, consultant en chef de ProFound aux Pays-Bas, explore le financement de l’apiculture en Éthiopie. En 2012, ProFound, en collaboration avec éthiopien étaient la Norvège, le Royaume- le Conseil éthiopien de l’apiculture, SNV Uni et l’Allemagne. Le Moyen-Orient et le Éthiopie et Enclude (anciennement Trio- marché intérieur sont particulièrement in- dos-Facet), a lancé le programme de téressants pour le miel éthiopien. développement de l’apiculture ASPIRE. Cependant, en dépit de sa pratique ASPIRE a pour vocation d’accroître les ancestrale, l’apiculture éthiopienne n’a revenus des activités apicoles dans les pas encore pleinement réalisé son poten- zones rurales d’Éthiopie et d’augmenter tiel. Les connaissances et compétences les volumes d’exportation des produits de des agriculteurs du pays dans la produc- l’apiculture, notamment le miel et d’autres tion de miel et l’extraction de la cire produits à valeur ajoutée tels que la cire d’abeille demeurent relativement tradi- d’abeille, le propolis, le pollen, la gelée tionnelles et inefficaces. Le pays produit royale et le venin d’abeille. 40,000 tonnes de miel et 400 tonnes de L’apiculture est une activité extra-agri- cire d’abeille par an mais pourrait en pro- cole traditionnelle pratiquée par environ duire jusqu’à 500,000 et 50,000 tonnes re- 1,4 million de ménages ruraux en Éthiopie, spectivement qui en retirent un tiers de leurs revenus to- Cependant, afin de parvenir à de telles sur la même durée. taux. Le pays est le 10e producteur de miel quantités, il convient de renforcer et de au monde et le 4e producteur de cire développer les chaînes de valeur exis- d’abeille. tantes. Pour atteindre de tels objectifs, ASPIRE Le secteur apicole en Éthiopie utilise l’approche de chaîne de valeur. À l’heure actuelle, l’UE n’importe que 0.1% Celle-ci envisage l’ensemble de la chaîne de son miel d’Éthiopie. Cependant, la de- des acteurs qui ajoutent de la valeur à un mande de miel éthiopien est en crois- produit, du fournisseur de matières pre- sance constante à la faveur de l’intérêt mières à l’utilisateur final, compte tenu de grandissant pour les sources alternatives leur interdépendance. Le principal objectif de miel de bonne qualité. En 2012, les prin- du modèle de chaîne de valeur est cipaux importateurs européens de miel d’obtenir une valeur maximale à un coût www.txfnews.com/special/Fin4Ag 45 Compte-rendu post-conférence Fin4Ag Schéma 1: Approche de chaîne de valeur d’ASPIRE de valeur, une étude du marché doit être réalisée afin d’en évaluer les besoins et les exigences et de déterminer les interventions nécessaires sur la chaîne de valeur. À l’origine, ProFound a effectué une analyse du marché européen du miel, disséminée à l’ensemble des parties prenantes concernées du programme, notamment les entreprises, les organisations du secteur et les partenaires du programme. Cette analyse a confirmé le potentiel du marché européen pour le miel éthiopien, mais a également démontré que la conformité aux exigences de ce marché nécessite un renforcement considérable des capacités humaines, technologiques et financières minimal. Le schéma 1 à la page suivante renseigne sur l’approche de chaîne de des entreprises. De plus, ProFound a mené à bien une valeur ASPIRE afin: analyse du marché éthiopien pour ces ● Que les apiculteurs s’organisent mieux produits. Cette recherche a montré que le ● De faciliter l’accès aux services de marché local propose également de développement d’entreprises nombreuses opportunités et que les exi- ● De garantir l’accès au capital gences y sont moins strictes qu’en Europe, ● De garantir l’accès aux marchés ce qui le rend accessible à des transfor- ● De développer les capacités des or- mateurs disposant de capacités entrepre- ganisations du secteur neuriales moyennes. ● De développer les connaissances sur la chaîne de valeur du miel Audits d’entreprise Les activités et les interventions de Pro- Afin de déterminer les capacités des trans- Found se focalisent sur les transformateurs, formateurs éthiopiens, ces entreprises car ce sont eux qui peuvent davantage doivent être auditées. Ces audits concer- influencer les autres acteurs sur le maillon nent leurs chaînes d’approvisionnement, éthiopien de la chaîne de valeur. Comme leur fonctionnement, les caractéristiques l’illustre le schéma ci-dessus, les transforma- des produits, la promotion des ventes et la teurs sont au centre de la chaîne de structure et les exigences de financement. valeur. Ils sont en effet essentiels aux apicul- Depuis son lancement, ASPIRE a audité 17 teurs, aux fournisseurs d’intrants et aux transformateurs. consommateurs sur le marché local ou à l’étranger. Étape 2: Analyse des lacunes L’approche de ProFound vise à faciliter ProFound a analysé les informations dé- l’accès au marché de ces transforma- coulant des audits afin de déterminer les teurs/exportateurs en suivant les quatre lacunes entre les capacités à la disposition étapes ci-dessous: des entreprises concernées et celles nécessaires afin d’accéder effectivement 46 Étape 1: Analyse du marché et audits aux marchés cibles identifiés. Ces informa- d’entreprise tions, confidentielles, révèlent de manière Analyse du marché générale des lacunes liées aux aspects En vertu de notre approche de la chaîne suivants: www.txfnews.com/special/Fin4Ag Étude de cas: Apiculture en Éthiopie ● Internes: Schéma 2: Approche en 4 étapes de ProFound pour faciliter l’accès – Connaissance du marché au marché – Mission et stratégie de l’entreprise – Contrôle de la qualité – Conditionnement pour l’exportation – Supports/documentation de promotion incomplets ● – Communication écrite – Fonds de roulement Externes: – Falsification – Prix élevés pour le miel brut Étape 3: Stratégies de marketing Les stratégies de marketing permettent prises de conclure des accords de fourni- aux transformateurs d’avoir un accès plus ture de produits avec des acheteurs. L’ex- efficient et efficace aux marchés cibles périence a permis aux deux autres de identifiés pour leurs produits. De plus, les développer leur entreprise et d’identifier transformateurs doivent développer un leurs lacunes en matière de capacités. plan d’action afin de combler leurs la- L’un des problèmes majeurs des trans- cunes en matière de capacités et de met- formateurs éthiopiens concerne les prix tre en œuvre leur stratégie de marketing. pratiqués. Les prix du miel éthiopien sont ProFound soutient les entreprises dans la élevés par rapport à ceux du marché formulation de cette stratégie. Une fois mondial, en partie à cause du niveau des celle-ci finalisée, les entreprises peuvent prix sur le marché intérieur. Les transforma- passer à la quatrième étape: la participa- teurs éthiopiens doivent absolument ren- tion à des foires commerciales et le rap- forcer la disponibilité de produits apicoles prochement d’entreprises de qualité à des prix plus bas. Pour ce faire, les apiculteurs doivent non seulement être Étape 4: Rapprochement et promotion formés, mais également avoir un meilleur Le rapprochement poursuit un double ob- accès aux intrants à des prix abordables. jectif: L’achat de ces matières premières dépen- ● dant largement de l’accès au finance- ● Familiariser les participants avec les acheteurs de produits apicoles et leur ment, ASPIRE met également l’accent sur éthique professionnelle. le financement des chaînes de valeur. Explorer les opportunités de rap- L’économie éthiopienne est grandement entravée par la question du crédit. prochement Les transformateurs, les intermédiaires sur En février 2014, la première activité de foire la chaîne de valeur (négociants, récol- commerciale une teurs, etc.) et en particulier les petits ex- tournée de rapprochement de quatre ploitants/apiculteurs, n'ont qu'un accès jours en Allemagne. ProFound a organisé limité aux services financiers, notamment des entretiens avec neuf acheteurs poten- au crédit. Les banques favorisent l’in- tiels et a établi une liste d’acheteurs po- vestissement dans d’autres industries con- tentiels auxquels rendre visite. Cette sidérées comme moins risquées et les IMF tournée a permis à deux des quatre entre- ne financent pas les groupes d’apicul- a été organisée: www.txfnews.com/special/Fin4Ag 47 Compte-rendu post-conférence Fin4Ag teurs, selon elles trop risqués. ASPIRE fournit pas les connaissances et les liens avec le donc un financement à travers la chaîne marché. Allier transformateurs et apicul- de valeur, de petits crédits aux apiculteurs teurs permet de résoudre ces deux ques- à un système de garantie afin d’obtenir tions. Les transformateurs prennent en effet des financements auprès des banques. en charge la formation et créent un lien di- Divers modèles de financement per- rect avec les marchés pour les apiculteurs. mettent aux apiculteurs d’obtenir des De plus, les transformateurs sont bien infor- crédits: via les transformateurs de miel, via més des compétences de leurs sous-trai- des coopératives ou des syndicats de tants et fourniront donc des technologies coopératives et via les IMF. Le financement adaptées. de départ d’un apiculteur peut atteindre Cependant, notons que le rôle des 5,000 ETB ($253) et comprend les ruches, transformateurs dans la fourniture de les vêtements de protection et les outils. crédit aux apiculteurs les expose bien ASPIRE a choisi de principalement fi- évidemment à un risque de défaut de ces nancer les apiculteurs par le truchement derniers, par exemple en cas de défail- des transformateurs. En vertu de ce mod- lance technique ou de vente parallèle. èle, les transformateurs obtiennent des C’est pourquoi seuls les apiculteurs dis- prêts auprès des banques pour l'achat des posant de produits intéressants et d’inci- intrants nécessaires aux apiculteurs. Les tants transformateurs de miel mettent en place transformateurs. Afin que ce modèle soit des groupes de sous-traitants apicoles ou efficace, le capital social doit être élevé des accords d'approvisionnement à long au sein de l’entreprise, notamment en ce terme de même type afin d'apporter un qui concerne la confiance entre les soutien aux apiculteurs, notamment au apiculteurs et les transformateurs. sont associés aux niveau de la formation. Les transformateurs Le manque de fonds de roulement est fournissent des kits de démarrage à leurs une autre lacune profonde identifiée par sous-traitants, dont le coût est remboursé ProFound dans le chef des transforma- via la fourniture future de miel. Une fois le teurs. Ceux-ci ont besoin de fonds de prêt remboursé, les apiculteurs et les trans- roulement entre le moment du paiement formateurs poursuivent leur collaboration. des matières premières aux apiculteurs et Cependant, les transformateurs sont celui de leurs acheteurs respectifs. Un con- limités en termes d’accès au financement teneur exporté peut coûter jusqu’à 40,000 car les banques considèrent cette procé- € ($53,800) pour quelques mois. Les entre- dure comme trop risquée. ASPIRE a donc prises qui peuvent solliciter un prêt pour créé un fonds de garantie afin d’obtenir des fonds de roulement doivent se doter ce fonds d’un plan d’activités solide incluant une type de financement. Le représente €800,000 ($1.07 million) et as- stratégie de marketing. Cela permet aux sure une couverture de 50%. Ainsi, si les banques d’évaluer les risques liés aux prêts transformateurs sont incapables de rem- aux entreprises et incite ces dernières à bourser, le fonds de garantie paiera 50% élaborer une bonne stratégie. de la valeur perdue à la banque. Cepen- À mesure que le secteur gagnera en dant, on prévoit qu’avec le temps et la organisation et en rentabilité, les opportu- maturation du secteur, la nécessité d’une nités telle assistance ira en diminuant. également. Les banques et les IMF peu- ASPIRE estime que le financement des 48 importants apiculteurs via les transformateurs peut de financement augmenteront vent être activement informées de ce financement agricole novateur en rendre la chaîne de valeur durable et impliquant les institutions financières dans solide. Bien souvent, les apiculteurs n’ont ce modèle de développement. ■ www.txfnews.com/special/Fin4Ag Comment relancer l’agriculture familiale ? 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