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Free
Révolutionner
le financement
de l’agriculture
Après la conférence Fin4Ag
Compte-rendu spécial
Sommaire:
■ Retour sur la conférence
■ Interview de Michael Hailu
■ Interview de Lamon Rutten
■ Financement par récépissé
d’entrepôt
■ Bourses de matières premières
■ Financement agricole et marchés
des capitaux
■ Gestion des collatéraux
■ CoDF et le café kényan
■ Afreximbank et le financement
du cacao
Se nourrir•Pouvoir prospérer•
Déjà s’adapter•Être compétitif•
Être en mesure de changer
Découvrez comment
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Table des matières
2
Introduction
Vue d’ensemble du compte rendu de la conférence Fin4Ag 2014 à Nairobi, qui a
mis le financement agricole à l’honneur
7
Démonstration du rôle unique du CTA
TXF s’est entretenu avec Michael Hailu, directeur du Centre technique de
coopération agricole et rurale (CTA), sur le rôle unique de l’organisation.
9
Évolution de l’environnement
TXF interroge Lamon Rutten, responsable des politiques, des marchés et des TIC au
CTA, sur sa vision de l’évolution de l’environnement du financement agricole.
12 Parvenir à l’échelle adéquate pour le financement par récépissé
d’entrepôt
Jonathan Bell
Editor-in-chief
[email protected]
Helen Castell
Special report writer
[email protected]
Hesham Zakai
Content manager
[email protected]
Dan Sheriff
Managing director
[email protected]
Réaliser des économies d’échelle grâce au financement par récépissé d’entrepôt:
un message dit et répété à la conférence Fin4Ag de Nairobi.
15 Évaluation du financement par récépissé d’entrepôt dans neuf
pays: perspectives d’avenir
Nouveau rapport sur le développement du financement par récépissé d’entrepôt
lancé lors de la conférence Fin4Ag. Il examine le mécanisme de financement dans
neuf marchés africains.
18 Développer les places d’échange de produits en toute intégrité
Lors d’une séance palpitante et animée, quatre spécialistes éminents ont débattu
des progrès des places africaines d’échange de produits.
24 En image – Fin4Ag de Nairobi
Dominik Kloiber
Commercial director
[email protected]
Max Carter
Product development director
[email protected]
James Petras
Chief technology officer
[email protected]
Katy Rose
Head of marketing
[email protected]
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TXF
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publisher is prohibited.
Quelques photos de la conférence Fin4Ag de Nairobi.
28 Évaluation d’une proposition panafricaine
Examen de la discussion sur le concept d’une entreprise panafricaine de gestion
des garanties
32 Explorer les nouvelles frontières du financement agricole
L’agriculture puise dans des sources de financement alternatives, du financement
participatif à l’affacturage.
34 Rôle essentiel d’Afreximbank dans les projets agricoles d’ajout de
valeur
Le président d’Afreximbank, Jean-Louis Ekra, explique la nécessité de renforcer la
transformation des produits agricoles en Afrique.
36 Utiliser les outils des marchés des capitaux pour financer
l’agriculture
Analyse des enseignements que le secteur agricole africain peut tirer de
l’engagement des marchés des capitaux au Brésil.
38 Les agriculteurs cherchent à améliorer leurs relations avec les
banques
Les organisations d’agriculteurs s’engagent à renforcer leur gouvernance et à
développer de meilleures compétences en gestion.
41 Des horizons plus larges pour les cultivateurs de café kenyans
Kyanzavi: comment organisation et échelle aident les producteurs de café à attirer
– et à rembourser – les financements.
45 Encourager le développement du commerce agricole en Éthiopie
Bert-Jan Ottens consultant en chef de ProFound, aux Pays-Bas, explore le
financement de l’apiculture en Éthiopie.
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
1
Compte rendu post-conférence Fin4Ag
Le financement
agricole au centre
des préoccupations
La conférence
Fin4Ag organisée à
Nairobi (Kenya) du
14 au 18 juillet 2014
est l’événement le
plus important et le
plus étendu qui soit
consacré
spécifiquement au
financement de
l’agriculture, non
seulement dans les
pays d’Afrique, des
Caraïbes et du
Pacifique (ACP),
mais également
dans les autres
régions.
L’événement a été
un triomphe pour les
délégués, les
participants et les
organisateurs. Il a
permis de mettre en
lumière de
nombreuses
questions, réponses,
idées et plans visant
à faire progresser le
financement des
chaînes de valeur
agricoles.
2
La conférence Fin4Ag, organisée à Nairobi
d’élargir l’accès au financement agricole.
cette année, était l’événement le plus important et étendu jamais consacré au fi-
Ouverture du débat: journée de
nancement agricole. La portée de cet
briefing continental
événement unique, conçu et organisé par
Lors de la journée préliminaire de briefing
le Centre technique de coopération agri-
continental, principalement focalisée sur
cole et rurale (CTA), basé aux Pays-Bas, en
les agriculteurs, Lamon Rutten, respons-
collaboration avec l’Association africaine
able des politiques, des marchés et des TIC
de crédit rural et agricole (AFRACA), était
au CTA et principal organisateur de la
vraiment
programme
conférence, a déclaré: “L’agriculture
prévoyait une journée préliminaire con-
ambitieuse. Le
africaine a besoin de financements, main-
sacrée à un briefing continental, une
tenant! Les banques d’Afrique disposent
journée “Plug and Play”, suivie par trois
de fonds abondants. Cependant, elles ne
journées principales de conférence, et se
considèrent pas l’agriculture comme un
clôturait par une journée consacrée aux
secteur rentable. De nombreux facteurs
visites de sites agricoles. L’événement, or-
subjectifs entrent en ligne compte, notam-
ganisé à la Kenya School of Monetary
ment les risques associés au financement
Studies (KSMS), a réuni plus de 800 partici-
agricole. Les banques et les agriculteurs
pants de plus de 80 pays.
doivent se pencher sur la question.
Il a rassemblé des gens d’horizons dif-
Il a ajouté: “C’est là que le finance-
férents afin de partager une nouvelle vi-
ment des chaînes de valeur agricoles
sion organisée autour de trois idées lors des
entre en jeu, car il fait le lien entre les
trois principales journées de la con-
agriculteurs et les marchés importants.
férence: des outils novateurs pour le fi-
Cela garantit un marché pour les produits.
nancement
valeur
Les chaînes de valeur sont l’avenir. La
des
chaînes
de
agricoles, un nouveau cadre juridique et
portée du financement des chaînes de
réglementaire pour le financement des
valeur est motivée par la portée de la
chaînes de valeur agricoles et les ques-
chaîne elle-même.
tions transversales du financement des
Les gens disent que l’Afrique nourrit la
chaînes de valeur agricoles. La con-
planète, mais l’Afrique doit avant tout
férence a été un succès retentissant. Elle a
nourrir ses propres villes au lieu d’importer
jeté les bases d’une pensée progressiste
des produits comme c’est le cas actuelle-
au niveau des concepts et des proposi-
ment. Le marché de produits d’exporta-
tions afin de développer plus avant une
tion tels que le café, le cacao, le coton,
compréhension des exigences et des né-
etc. atteint environ $12 milliards par an,
cessités à tous les niveaux, et ce en vue
mais le marché alimentaire est bien plus
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Introduction
important.
ment varier en fonction des pays du
De plus en plus, les consommateurs
monde. Au Kenya, par exemple, on peut à
sont en quête de traçabilité. Cela implique
présent acheter des sacs de graines avec
de nombreuses questions, notamment
une étiquette portant un numéro qui peut
concernant l’utilisation du travail des en-
être composé sur le téléphone portable
fants et de produits chimiques, les préoc-
pour activer une assurance sur les cultures.
cupations
qualité,
Si les graines ne germent pas, l’agriculteur
l’entreposage sûr, etc. Et les produits liés
concernant
la
peut avoir un nouveau sac. Ces modèles
aux chaînes de valeur de manière organ-
existent à présent. Introduisez-les dans
isée attireront davantage.
votre pays!
Une chaîne de valeur n’est pas une
Bien sûr, cela soulève de nombreuses
chaîne d’approvisionnement. Il s’agit
questions. Mais, qui dit questions, dit égale-
d’une
les
ment réponses. Ne baissez pas les bras ! Il
acheteurs et les agriculteurs. Au sein de
relation
mutuelle
entre
faut envisager l’agriculture comme une
cette relation, les gens doivent pouvoir
entreprise.
compter les uns sur les autres. Les agricul-
changer, mais les agriculteurs aussi. Sou-
Les
banquiers
devraient
teurs doivent comprendre la différence
vent, les banquiers n’envisagent l’agricul-
entre l’approvisionnement et l’apparte-
ture que comme une crise potentielle.
nance à la chaîne de valeur. Au niveau de
Nous devons y remédier ! Vous avez du
l’approvisionnement, un agriculteur peut
pain sur la planche.”
finir par ne pas honorer l’accord. C’est ce
que l’on appelle la vente en fonction de
La journée “Plug and Play”
l’offre. Mais cela entrave le financement
À la suite de la journée de briefing conti-
des intrants.
nental et comme préparation à la con-
Durant cette conférence, nous par-
férence principale, la journée “Plug and
lerons de nombreux modèles de chaîne
Play” a attiré plus de 250 participants. La
de valeur différents, qui peuvent égale-
journée a débuté par une session intro-
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3
Compte rendu post-conférence Fin4Ag
ductive, lors de laquelle Saleh Gashua, se-
L’un des principaux objectifs de Zoona
Hailu, directeur du CTA, et le professeur Ki-
est d’aider les petites entreprises en fa-
nandu Murangu, directeur général de la
vorisant des paiements faciles, rapides et
KSMS, ont accueilli les participants.
sûrs sur les marchés émergents. Depuis
La journée “Plug and Play” visait à
2009, Zoona a transformé presque un mil-
présenter une série de technologies de
lion de coupons pour des clients très
l’information et de la communication (TIC)
divers, notamment le Programme alimen-
et de plateformes mobiles mises au point
taire mondial, les gouvernements du
en vue de soutenir l’accès au finance-
Malawi et de Zambie et l’Organisation
ment agricole. Le programme de la
pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
journée consistait en cinq sessions paral-
Par exemple, un programme pilote au
lèles composées de 17 présentations cha-
Malawi utilise les eVouchers pour un pro-
cune. Au total, 18 plateformes numériques
gramme de subvention d’intrants agri-
ont été présentées lors de la journée “Plug
coles. Il concerne 60,000 agriculteurs et
and Play”.
leur permet d’acheter des semences hy-
Ainsi, la plateforme Zoona eVouchers
transforme le financement des petits
4
tiques agricoles.
crétaire général de l’AFRACA, Michael
brides auprès de négociants locaux.
La journée “Plug and Play” s’est con-
agriculteurs. Elle opère actuellement en
clue sur trois sessions de discussions et de
Zambie, au Malawi, au Mozambique et au
conclusions organisées par le CTA. L’une
Zimbabwe afin de permettre aux agences
de ces sessions portait sur les enseigne-
gouvernementales et à d’autres organisa-
ments de l’utilisation des TIC par les ban-
tions d’effectuer des paiements collectifs
ques kenyanes. Le succès du pays en
à des fins spécifiques autrement qu’en ar-
matière de paiements numériques est une
gent liquide. Il s’agit notamment de sub-
source de fierté nationale, mais peut-il être
ventions
de
reproduit dans d’autres pays ACP? Une
subventions agricoles et de divers inci-
autre session a posé la question suivante:
tants, par exemple pour améliorer les pra-
“TIC – Où résident les meilleures opportu-
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au
développement,
Introduction
nités de financement?” La troisième ses-
ropéenne et de la Commission de l’Union
sion avait pour thème: “Comment intégrer
africaine, des gouverneurs du Comté de
stratégiquement les nouvelles technolo-
Nairobi et de la Banque centrale du
gies de financement dans la proposition
Kenya, ainsi que de personnages éminents
de valeur d’une banque?”
de certains organes partenaires chargés
de la conférence a participé à la céré-
Un meilleur accès au crédit est
essentiel
L’un des messages clés de la conférence
monie d’ouverture étendue.
Dans une intervention, le ministre
nigérian de l’Agriculture et du Développe-
est qu’un meilleur accès au crédit est fon-
ment rural, Akinwumi Ayodeli Adesina, a af-
damental si l’on souhaite révolutionner le
firmé: “Le financement de l’agriculture est
secteur agricole.
l’une de mes grandes passions.” Il a ajouté
Plantant le décor de la partie princi-
qu’au lieu d’être importatrice nette de
pale de la conférence, Lamon Rutten a
nourriture, l’Afrique pourrait être exporta-
expliqué que les agriculteurs étaient prêts
trice nette, mais que l’irrigation limitée, les
à se considérer comme des hommes d’af-
infrastructures médiocres, la valeur ajoutée
faires plutôt que comme de simples pro-
insuffisante, les pertes post-récoltes impor-
ducteurs de subsistance. “Nous espérons
tantes et, surtout, le manque d’accès au
que cette conférence servira de cataly-
crédit empêchaient les agriculteurs de
seur et rassemblera les gens pour faire
réaliser pleinement leur potentiel.
bouger les choses”, a-t-il affirmé, ajoutant
Le ministre a souligné qu’au cours des
que bien que de nombreux pays africains
dernières années, le système nigérian de
connaissent une croissance rapide, le
partage des risques basé sur les incitants
secteur agricole est en retard sur le reste
pour l’emprunt agricole (NIRSAL) avait
de l’économie en dépit de son impor-
dépensé $350 millions et levé $3.5 milliards
tance.
auprès des banques en soutien aux
Un public éminent composé de min-
chaînes de valeur agricoles. En 2011,
istres, de représentants de l’Union eu-
lorsqu’il est devenu ministre de l’Agricul-
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5
Compte rendu post-conférence Fin4Ag
ture, la proportion de prêts à l’agriculture
Il a également souligné que les gou-
D’ici la fin de cette année, ce chiffre sera
vernements devaient créer un environ-
passé à 7.5%, a-t-il fait remarquer.
nement propice à une collaboration plus
Dans son discours de bienvenue, le di-
étroite entre les institutions financières et le
recteur du CTA, Michael Hailu, a souligné
secteur agricole. Il a affirmé: “Nous devons
que la conférence avait attiré des intérêts
apprendre des pays qui sont parvenus à
très divers des secteurs financier et agri-
surmonter les obstacles afin de libérer des
cole. Il convient particulièrement de
fonds sur les chaînes de valeur agricoles.”
souligner le nombre de représentants de
Il a insisté sur le succès de la Tanzanie avec
banques centrales qui commencent à
les systèmes de récépissé d’entrepôt et du
jouer le rôle de catalyseurs de l’emprunt
système nigérian de partage des risques
agricole dans d’autres régions du monde.
basé sur les incitants pour l’emprunt agri-
Il a affirmé: “Beaucoup d’autres con-
cole.
férences et forums se sont penchés sur la
Le directeur du CTA, M. Hailu, a suggéré
question du crédit des agriculteurs. Mais je
qu’une mesure du succès de la con-
vous garantis que cette conférence sera
férence était le fait que la grande majorité
différente des autres. Au lieu de nous api-
des participants étaient restés jusqu’à la
toyer sur les problèmes – ce qui est facile –
fin. Il a ajouté: “Il est dommage que nous
, nous nous concentrerons sur ce qui peut
devions répéter que les petits agriculteurs
être fait et présenterons des études de cas
doivent être considérés comme des entre-
et des exemples fructueux.”
preneurs, mais il le faut.”
La conférence a officiellement été ou-
Et, réaffirmant le thème central de la
verte par Son Excellence William Ruto,
mise en place d’une meilleure com-
vice-président du Kenya.
préhension entre les agriculteurs et les
Les principales séances de la con-
bailleurs de fonds, il a déclaré: “Nous de-
férence et la mise en lumière des exem-
vons créer des ponts entre les deux
ples fructueux ont commencé l’après-midi
secteurs et je crois que cette conférence
du premier jour principal, avec une série
a montré que cela était possible.” Il a
de séances consacrées aux trois princi-
également souligné que bon nombre de
paux thèmes de la conférence. Des rap-
sessions avaient fait avancer le débat en
ports sur certaines de ces séances
dépassant les entraves pour parvenir à
organisées durant les trois principales
une série de nouvelles idées positives qu’il
journées sont disponibles sur le sous-site TXF
fallait à présent poursuivre et explorer plus
News de Fin4Ag, sur le site principal Fin4Ag,
avant.
ainsi que dans le présent rapport de
l’après-conférence.
6
vers l’environnement entrepreneurial.
atteignait à peine 0.7% des prêts totaux.
La conférence a été formellement clôturée par Son Excellence Felix Koskei, min-
En clôturant l’événement, Millison Narh,
istre kenyan de l’Agriculture, de l’Élevage
président de l’AFRACA et gouverneur ad-
et de la Pêche, qui a déclaré: “Les pays ne
joint de la Banque du Ghana, a décrit cer-
réduisent pas leur dépendance à l’agri-
tains éléments principaux à retenir qui ont
culture en sortant de celle-ci, mais en
émergé de la conférence. Il a insisté sur le
améliorant leurs compétences.” Et ce
rôle important à présent joué par les ban-
n’est possible que si les agriculteurs ont un
ques centrales en termes de financement
meilleur accès à un crédit abordable. La
du secteur agricole. Il a également sug-
conférence Fin4Ag a selon lui aidé à iden-
géré qu’il fallait urgemment aider les or-
tifier de nombreuses nouvelles voies de
ganisations d’agriculteurs à développer
création de relations étroites entre les
leurs capacités et à s’orienter davantage
agriculteurs et les bailleurs de fonds. ■
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Interview de Michael Hailu
Avec Fin4Ag, le CTA
démontre superbement
le rôle unique qu’il joue
TXF s’est entretenu avec Michael Hailu, directeur du Centre Technique de Coopération Agricole
et Rurale (CTA), sur le rôle unique de l’organisation créée il y a 30 ans aujourd’hui.
TXF: Cette année, le CTA fêtera
et la mise en œuvre de politiques
son 30e anniversaire. Quel regard
favorables à l’agriculture ; pro-
défis similaires dans leurs secteurs
portez-vous sur le développement
mouvoir le développement de la
agricole et piscicole.
de l’agence jusqu’à présent et
chaîne de valeur, y compris son fi-
Ce qui a fonctionné dans une
dans quelle direction souhaitez-
nancement ; renforcer les capac-
région peut être copié dans une
vous amener le CTA ?
ités
TIC
autre. Par exemple, le CTA aide les
Michael Hailu (MH): Au fil des ans,
(technologies de l’information et
pays du Pacifique à développer
le CTA s’est constitué un réseau
de la communication) et de ges-
l’agrotourisme en appliquant les
solide dans le secteur agricole
tion des connaissances. Nous ac-
enseignements accumulés dans
dans les pays d’Afrique des
cordons également une attention
les Caraïbes, qui possèdent une
Caraïbes et du Pacifique (ACP).
particulière à l’aide à la jeunesse
bonne expérience dans ce do-
Ce réseau nous place dans une
et aux femmes dans l’agriculture.
maine. L’Afrique peut offrir de
bonne position pour faciliter le di-
Je pense que le rôle unique du
bons enseignements en matière
alogue et le partage d’expéri-
CTA est reconnu et apprécié par
de paiements mobiles et d’autres
ences entre les grands groupes
nos partenaires et les parties
services basés sur les TIC que peu-
d’agriculteurs, les dirigeants poli-
prenantes, dont font partie l’Union
vent adopter les Caraïbes et le
tiques, les chercheurs, les vulgar-
européenne et le groupe ACP.
Pacifique. Le CTA y contribue en
isateurs,
les
organisations
en
matière
de
de
ces régions sont confrontées à des
faisant la connexion entre ces trois
jeunes et de femmes et le secteur
TXF: Le CTA concentre son atten-
privé. De telles actions contribuent
tion sur les marchés de l’Afrique,
à supprimer les barrières et à per-
des Caraïbes et du Pacifique
TXF: La conférence Fin4Ag 2014 à
mettre
aux
différents
régions.
acteurs
(ACP). À quel point est-il impor-
Nairobi se base sur le succès de
d’apprendre les uns des autres. Le
tant d’œuvrer sur l’ensemble du
l’édition précédente à Kigali. En
CTA a également été, et continue
spectre ACP ?
tant que directeur, quel est votre
à être, un fournisseur majeur d’in-
MH: Le CTA est la seule institution
sentiment concernant le pro-
formation sur l’agriculture pour un
internationale
qui
gramme de la conférence de
grand nombre de personnes dans
délibérément
à
les pays ACP.
cherche
connecter
cette année ?
l’Afrique, les Caraïbes et le Paci-
MH: Je dois dire que Fin4Ag 2014
fique afin que ces régions puissent
a
transformation majeure en raison
apprendre les unes des autres
plusieurs égards.
de la définition d’un nouveau
dans les efforts qu’elles déploient
D’abord, l’événement a attiré
Depuis 2011, le CTA a subi une
dépassé
mes
attentes
à
plan stratégique qui a recentré le
en vue de réformer leur secteur
des participants de haut niveau
travail de l’organisation sur trois pri-
agricole. Bien qu’elles soient très
au sein des gouvernements et du
orités: soutenir le développement
éloignées
secteur privé.
géographiquement,
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
7
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
Deuxièmement, il a rassemblé
certain nombre de messages im-
des acteurs du secteur financier et
portants qui ont été soulignés lors
du secteur agricole – une révolu-
de la conférence.
tion en soi, comme l’a noté le min-
Tout d’abord, plusieurs mod-
istre nigérian de l’Agriculture dans
èles de financements qui fonc-
son allocution.
tionnent ont été présentés à la
débats
conférence. Nous voulons contin-
menés au fil de la semaine se sont
Troisièmement,
les
uer à fournir une plateforme qui
concentrés sur les solutions et les
permettra à un plus grand nom-
possibilités plutôt que sur les prob-
bre de personnes de connaître
lèmes, comme ont tendance à le
ces modèles afin qu’ils puissent
faire de nombreuses conférences
être appliqués à plus grande
de ce type.
Enfin, j’étais ravi de voir de
nombreuses personnes s’adresser
échelle.
Michael Hailu, directeur du Centre
Technique de Coopération Agricole
et Rurale (CTA)
à moi pour souligner que la con-
l’ai
dit
précédemment, nous
avons constaté que la réunion du
férence leur avait été utile. Un par-
une croissance inclusive dans les
secteur financier et du secteur
ticipant m’a dit qu’il avait signé
pays ACP et qu’il est essentiel que
agricole constituait une énorme
quatre contrats durant la semaine
le secteur financier s’engage
opportunité. Nous ferons de notre
et un autre a remarqué que ce
pleinement dans cette transforma-
mieux pour soutenir ces interac-
qu’il avait appris à la conférence
tion afin de faire de l’agriculture un
tions à différents niveaux – au
valait une année de cours à l’uni-
domaine moderne et rentable. Par
niveau de la politique et du fonds
versité.
exemple, nous sommes heureux
de roulement, et au niveau du fi-
de voir le sérieux avec lequel les
nancement des investissements.
TXF: Quels sont les principaux
gouverneurs de banques cen-
Troisièmement, le domaine du
messages que le CTA a transmis
trales présentes à la conférence
développement des capacités –
durant cette conférence majeure
considéraient l’aide à l’agriculture
c’est-à-dire le renforcement du
et comment pensez-vous que ces
dans leurs pays respectifs.
savoir-faire des agriculteurs en
cueilli(e)s ?
TXF: Pour l’avenir, prévoyez-vous
en agriculture – a été identifié
MH: Pour le CTA, le principal mes-
de nouvelles initiatives ou des
comme une priorité. Nous soutien-
sage est que la transformation de
changements dans le fonction-
drons toutes les initiatives des-
l’agriculture de subsistance est
nement du centre ?
tinées à combler les lacunes dans
cruciale si l’on souhaite parvenir à
MH: Nous voulons travailler sur un
ce domaine. ■
messages/initiatives ont été ac-
8
Deuxièmement, et comme je
gestion financière et des financiers
Le CTA est la seule institution internationale qui cherche
délibérément à connecter l’Afrique, les Caraïbes et le
Pacifique afin que ces régions puissent apprendre les
unes des autres dans les efforts qu’elles déploient en
vue de réformer leur secteur agricole. Bien qu’elles
soient très éloignées géographiquement, ces régions
sont confrontées à des défis similaires dans leurs
secteurs agricole et piscicole.
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Interview de Lamon Rutten
Changer le paysage afin de
saisir les opportunités en matière
de financement agricole
TXF s’est entretenu avec Lamon Rutten, chef du programme Politique, marchés et TIC au Centre
Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA), sur sa vision d’un nouveau paysage du
financement agricole dans l’ensemble des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).
TXF: Vu le grave manque de capi-
coup plus intéressantes que celles
cole au sein des pays ACP ces
taux auquel sont confrontés de
des cultures d’exportation tradi-
dernières années?
nombreux producteurs dans les
tionnelles sur lesquelles la plupart
LR: Il y a quelques initiatives intéres-
pays d’Afrique, des Caraïbes et du
des banquiers se sont concentrés
santes en cours, bien que nous
Pacifique (ACP), n’est-il pas crucial
jusqu’à présent.
soyons toujours en train d’en tirer
d’intensifier les relations entre les
les
les enseignements et d’essayer de
d’une
agriculteurs et les financiers, en
les interpréter afin de pouvoir les
part, les sociétés de logistique, les
particulier par le biais de chaînes
développer à plus grande échelle.
prestataires de services financiers
de valeur bien organisées, permet
Des systèmes de garantie des
et les institutions financières d’autre
de s’attaquer à ce problème de
prêts agricoles sont à nouveau
part? Et quelle est l’ampleur du défi
manière globale: cela aide les fin-
testés et de nouveaux moyens
que constitue la formation?
anciers à mieux comprendre les
sont mis en œuvre pour déter-
Lamon Rutten: Pour la société dans
opportunités et les contraintes de
miner si le rapport création de
son ensemble, il est indispensable
l’agriculture, cela leur permet de
valeur/coût est intéressant. Le fi-
de réduire le manque de finance-
financer l’ensemble de la chaîne
nancement par récépissé d’entre-
ment, à la fois pour garantir l’ap-
– de la ferme à l’assiette – et cela
pôt – et notamment la gestion des
provisionnement
réduit les risques à la fois pour les
collatéraux – est en train d’être
agriculteurs et les financiers.
analysé scrupuleusement. Nous
agriculteurs/producteurs
en
denrées
alimentaires des populations ur-
Établir
des
liens
entre
baines en croissance rapide à un
Les prestataires de services lo-
tentons également de nous atta-
prix abordable et pour sortir les
gistiques de différents types de-
quer aux assurances contre les
populations rurales des pièges de
vront restructurer ces chaînes de
risques climatiques. Les financiers
la pauvreté. Ce manque de fi-
valeur et il faudrait être plus atten-
commencent à utiliser les tech-
nancement existe pour une raison:
tif au renforcement de ces “ inté-
nologies de l’information et des
la perception, chez les prestataires
grateurs de chaînes “. Le défi de
communications
de services financiers, qu’ils ne
l’éducation est crucial, mais avant
développer de nouveaux mod-
peuvent pas financer les agricul-
que l’on puisse s’y attaquer, nous
èles d’octroi de financements
teurs/producteurs
devons affronter le défi de la per-
agricoles, pas uniquement pour
profitable et à risque acceptable
ception qui fait que de nombreux
automatiser les modèles existants
– que ce soit directement ou indi-
financiers pensent toujours qu’il ne
(par exemple, pour permettre aux
de
manière
(TIC)
pour
rectement. Entre autres choses, ils
vaut pas la peine de s’intéresser
investisseurs d’octroyer des remises
sont souvent mal informés des op-
aux opportunités liées au finance-
sur facture aux agriculteurs qui ap-
portunités que présentent les fil-
ment de l’agriculture.
provisionnent la chaîne de valeur
ières
courtes
(nationales
ou
nationale). En outre, certains pays
internationales) – les agriculteurs
TXF: Quelles étaient les initiatives
commencent à mettre sur pied
qui approvisionnent les villes –, alors
marquantes que vous avez ob-
des registres de collatéraux cen-
que ces opportunités sont beau-
servées dans le financement agri-
tralisés. Pour conclure, quelques ini-
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
9
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
tiatives sont en cours afin de met-
tionaux, mais qui peuvent être ré-
tre au point des modèles de
pliquées par des relations con-
bourse des matières premières vi-
tractuelles
ables, qui incluent tous des sys-
d’environnements plus étroits, par
tèmes de récépissé d’entrepôt.
exemple dans les limites d’un sys-
dans
le
cadre
tème de bourses de matières preTXF: Concernant l’Afrique en par-
mières ou peut-être même d’un
ticulier, quels sont les principaux
système électronique d’enreg-
défis/obstacles qui freinent l’évo-
istrement des collatéraux.
lution du monde de la finance? Et
quels sont les facteurs qui pour-
TXF: Le système de récépissé
raient réellement faire la différence?
LR:
Les
d’ailleurs
financements, comme
les
opportunités
en
matière de commercialisation de
d’entrepôt reste très lacunaire en
Lamon Rutten, Chef du programme
Politiques, marchés et technologies
de l’information et de la
communication (TIC) au Centre
technique de coopération agricole
et rurale (CTA)
produits agricoles, sont souvent lim-
10
Afrique subsaharienne. Pourquoi,
et
que
peut-on
faire
pour
améliorer la situation dans certains pays?
LR: Ces dernières décennies, des
ités par une série de facteurs –
TXF: Vous avez beaucoup parlé
investissements massifs ont été
piètre qualité de l’infrastructure et
des “titres de produits agricoles” –
consentis
de la logistique, politiques publiques
(CPR, comme on les appelle au
d’entreposage
handicapantes, mauvaises disposi-
Brésil et en Amérique latine).
pays, mais les entrepôts sont vus
tions contractuelles, etc.
Pensez-vous que cet instrument
comme des sites de stockage
dans
l’infrastructure
de
nombreux
Plusieurs actions seront profita-
financier devrait être intégré dans
plutôt
bles pour des groupes spécifiques,
le financement de l’agriculture en
prestataires de services logis-
par exemple la mise en place de
Afrique?
tiques, et encore moins comme
meilleurs services de gestion des
LR: Le financement bancaire de
des instruments de financement
collatéraux, la reproduction de
l’agriculture en Afrique présente
post-récolte.
modèles de financement de la
d’importantes lacunes: il est tout
Des banques ont utilisé les en-
chaîne de valeur qui se sont
simplement insuffisant, en partic-
trepôts pour garantir des em-
avérés efficaces ailleurs, ou un
ulier pour les échéances plus
prunts,
usage approprié des nombreuses
longues, parce que les banques
principe, dans le cadre d’opéra-
nouvelles opportunités offertes par
n’ont pas beaucoup investi dans
tions uniques, pour une période
les TIC, et ces avantages vont
la compréhension de l’agriculture.
limitée et pour un seul client. De
s’additionner avec le temps. Mais
Les banques dans leur ensemble
tels arrangements négociés au
pour réaliser des progrès rapides
n’ont pas développé d’instru-
coup par coup sont chers. Nous
et globaux, une action concertée
ments appropriés pour les prêts
devons développer des modèles
sur différents fronts est nécessaire,
agricoles et elles ajoutent des
qui permettent aux financiers de
ce qui exige à son tour une
primes de risque excessivement
recourir systématiquement aux
volonté authentique de travailler
élevées, ce qui, avec les frais ad-
systèmes de récépissé d’entrepôt,
dans des partenariats public-
ministratifs élevés, engendre des
et ce à un coût beaucoup moins
privé. Cela s’est avéré difficile
taux d’intérêt prohibitifs.
élevé.
que
mais
comme
des
uniquement,
en
dans la pratique, et en matière de
La concurrence des marchés
Les donateurs et les gouverne-
financement de l’agriculture, la
des capitaux peut être utile sur
ments peuvent contribuer à ré-
meilleure approche pourrait être
tous les fronts. Les CPR sont un in-
duire les frais (et les risques)
de concentrer les efforts sur des
strument possible. Ils requièrent
juridiques
couloirs commerciaux spécifiques
des conditions qui seront difficiles
l’adoption
à fort potentiel, et destinés à des
à mettre en place à court et à
récépissés électroniques sera utile
matières premières spécifiques.
moyen terme aux niveaux na-
; et de nouveaux modèles d’af-
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
et
réglementaires
de
systèmes
;
de
Interview de Lamon Rutten
faires (comme l’approche indi-
diversifier les risques. La manière la
par les CPR et les prises en pension
enne de la gestion des col-
plus aisée d’atteindre cet objectif,
de titres.
latéraux) devraient faire baisser les
à mon sens, consiste à ce qu’un
En Afrique, les obstacles aux
frais de gestion des collatéraux.
certain nombre de financiers
bourses sont désormais largement
désireux d’étendre leur présence
liés aux politiques et aux pratiques
dans le secteur agricole investis-
publiques et beaucoup moins aux
sûre et de qualité constitue un élé-
sent conjointement dans une so-
difficultés technologiques ou à un
ment essentiel de l’amélioration
ciété de gestion des collatéraux
manque d’opportunités d’affaires.
de la chaîne de valeur au sein du
qui opérerait d’abord sur mandats
Il y a tant d’initiatives en cours que
financement
l’agriculture.
de ces investisseurs avant de
les obstacles publics sont voués à
Quelle est votre opinion concer-
commencer à proposer ses serv-
être surmontés au cours des an-
nant le développement potentiel
ices à d’autres financiers.
nées à venir.
TXF: Une gestion des collatéraux
de
d’une société panafricaine de
Les marges potentielles sur les
gestion des collatéraux? Est-ce
prêts agricoles sont très élevées et
TXF: Quelle est votre vision du futur
faisable? Est-ce nécessaire?
vu
démo-
du financement de l’agriculture
LR: Par le passé, et même actuelle-
graphiques, les opportunités vont
en Afrique et dans la région ACP
ment
dans
certaines
les
tendances
régions
se multiplier. Ainsi, il peut être très
en général? Pensez-vous que
comme l’Amérique latine et la
rentable de développer des mé-
Fin4Ag 2015 inclura de nouveaux
Turquie, les banques ont pris l’habi-
canismes solides d’octrois de prêts
aspects et de nouveaux acteurs?
tude de mettre sur pied des filiales
agricoles et la gestion des col-
LR: Un nombre croissant de finan-
de gestion des collatéraux afin
latéraux/le support aux crédits est,
ciers à tous les niveaux (instituts de
d’étendre leur système déposi-
à mon sens, l’une des opportunités
microfinancement, banques com-
taire, ce qui leur permet d’ac-
les plus aisées à exploiter.
merciales, investisseurs) vont pren-
cepter une large gamme de
dre conscience des opportunités
matières premières à plusieurs en-
TXF: Les bourses de matières pre-
et rechercheront des instruments
droits comme collatéraux d’em-
mières s’avèrent très utiles pour
de crédit et des modèles d’octroi
prunts. Pourquoi ce système ne
fournir aux producteurs agricoles un
fiables. Les échanges d’expéri-
fonctionne-t-il pas en Afrique, alors
prix équitable et cohérent pour leurs
ences, comme Fin4Ag à Nairobi,
qu’il pourrait être une bonne
produits. Quelle est l’importance du
entraîneront
stratégie
de
du
développement et de la diffusion
flèche de la courbe d’apprentis-
marché
par
banques
des bourses de matières premières
sage.
pénétration
les
africaines?
dans le contexte africain?
une
montée
en
J’espère que les gouverne-
En tout cas, une nouvelle ap-
LR: Elle est très grande. Dans les
ments et les banques centrales
proche de la gestion des col-
marchés émergents (et cela inclut
sont désormais plus conscients de
latéraux
les
les États-Unis au XIXe siècle), les
leurs responsabilités dans la mise
sociétés internationales de ges-
est
nécessaire:
bourses de matières premières ont
en place d’un environnement
tion des collatéraux actives en
toujours revêtu une importance
adéquat pour le financement de
Afrique sont de moins en moins
cruciale, non seulement en ap-
l’agriculture et que les débats sur
nombreuses et les sociétés locales
portant une transparence des
la meilleure manière de procéder
ne sont pas suffisamment solides
prix, mais aussi par leur capacité à
vont se multiplier. J’espère égale-
pour rassurer les banques. Pour
réduire les obstacles aux transac-
ment que nous verrons une partic-
une société de gestion des col-
tions sur de longues distances, à
ipation plus large des intégrateurs
latéraux, il est crucial d’atteindre
améliorer les normes et pratiques
de
rapidement une masse critique
commerciales et à améliorer les
prestataires de services et de lo-
afin de pouvoir répartir les frais
normes d’entreposage. Et ce sans
gistique – qui aideront les finan-
fixes sur un grand nombre de
parler de leur rôle d’intermédiaire
ciers à concevoir et à mettre en
transactions et – encore plus im-
entre les investisseurs et les acteurs
œuvre des systèmes de finance-
portant – d’être à même de bien
du secteur agricole, par exemple
ment de l’agriculture. ■
la
chaîne
de
valeur
–
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
11
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
Parvenir à l’échelle
adéquate pour le
financement par
récépissé d’entrepôt
Réaliser des
économies
d’échelle grâce au
financement par
récépissé d’entrepôt:
un message dit et
répété à la
conférence Fin4Ag
de Nairobi.
12
Un des principaux défis du finance-
téger les financiers”, c’est ce qu’ont af-
ment par récépissé d’entrepôt est qu’il
firmé les orateurs et les représentants lors
doit atteindre une certaine échelle avant
de la conférence Fin4Ag.
que les avantages perçus par les agricul-
Les services d’un gestionnaire de col-
teurs et négociants justifient le coût élevé
latéraux peuvent coûter entre $1,000 et
associé à l’entreposage et à la gestion
$10,000 par mois, remarque Richard
des collatéraux.
Wangwe, directeur pour l’Afrique de l’Est
“Pour réduire les coûts et atteindre une
de l’Africa Enterprise Challenge Fund. Un
masse critique, les banques doivent s’im-
tel coût est souvent prohibitif – en partic-
pliquer davantage avec les gestionnaires
ulier pour les agriculteurs qui stockent des
de collatéraux, jouer un rôle plus proactif
céréales pour de longues périodes afin
dans l’évaluation des risques sur le terrain
d’obtenir un prix plus élevé plus tard – et
et accroître leurs investissements dans des
cela ralentit la croissance du secteur.
outils de gestion des risques et des solu-
“Un agriculteur qui garde ses céréales
tions comme le paiement mobile. Les
pendant trois mois alors que les coûts
agriculteurs doivent se regrouper pour dé-
d’entreposage sont plus élevés que ce
gager des économies d’échelle et les
qu’il obtiendra à la vente ne renouvellera
banques centrales doivent contrôler les
pas l’expérience la saison suivante”, ex-
taux d’intérêt élevés qui prévalent en
plique-t-il.
Afrique et reconnaître les récépissés d’en-
De plus, le financement par récépissé
trepôt afin que les régulateurs puissent
d’entrepôt n’est pas toujours utilisé de la
développer un cadre légal afin de pro-
manière la plus efficace qui soit. Contraire-
Il est plus aisé de couvrir le coût d’un
système d’entreposage si les produits
entrent et sortent régulièrement que s’ils
sont stockés sur une longue période dans
l’attente d’une hausse des prix.
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Session consacrée au financement par récépissé d’entrepôt
ment à ce que l’on croit souvent, le sys-
“Nous devons innover et développer
tème est plus approprié pour des céréales
des outils de gestion des risques pour que
commercialisées sur un marché liquide et
cela fonctionne”, explique-t-il.
qui peuvent être vendues rapidement que
En Tanzanie, la CRDB Bank a réussi à
pour des céréales pour lesquelles il n’y a
faire baisser les taux d’intérêt sur ces fi-
pas toujours d’acheteur immédiat, ex-
nancements par récépissé d’entrepôt à
plique Richard Wangwe. Il est plus facile
4% à peine, a expliqué Bohay Nicomed, re-
de couvrir le coût d’un système d’entre-
sponsable senior, agribusiness & syndica-
posage si les produits entrent et sortent
tions.
régulièrement que s’ils sont stockés sur une
Elle y est parvenue en les emballant
longue période dans l’attente d’une
dans des solutions de financement de la
hausse des prix, affirme-t-il.
chaîne
de
valeur
plus
larges
dans
Le coût d’un gestionnaire de col-
lesquelles elle utilise des lettres de crédit
latéraux peut être dissuasif pour les agricul-
pour financer l’achat des intrants par les
teurs et réduire à néant les gains réalisés
agriculteurs auprès de fournisseurs en Eu-
sur l’utilisation des services, reconnaît
rope. Ces fournisseurs offrent six mois de
Abdou Matieyedou Konlambique, respon-
crédit à des taux très bas, ce qui permet à
sable du programme d’accès au marché
la CRDB d’”importer” l’environnement eu-
à l’AGRA.
ropéen de taux bas en Afrique, a-t-il pour-
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
13
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
million dans le cadre de son projet pilote,
finançant jusqu’à 65% de la valeur des
produits stockés. Jusqu’à présent, tous les
prêts octroyés ont été remboursés et la
banque évaluera le projet en août en vue
d’une possible extension.
Selon Gideon E Onumah, une relation
plus étroite entre les banques et les gestionnaires de collatéraux pourrait également contribuer à réduire les risques – et
donc les coûts – du financement par
récépissé d’entrepôt.
En dépit de son fort potentiel, l’industrie
africaine de la gestion des collatéraux a
plutôt tendance à se contracter, expliquet-il. Les sociétés d’inspection sortent du
secteur ou limitent leur activité à un comptage basique des stocks et à des contrôles
qualité au lieu de fournir un service à 360°
qui préserve activement les produits
suivi. L’arrivée de solutions de paiement
stockés contre les éléments, le vol et la
électronique pour les agriculteurs a égale-
fraude, déplore-t-il.
ment contribué à réduire les frais bancaires.
Les agriculteurs ont aussi un rôle à
cultés à obtenir des assurances profession-
jouer. Pour être techniquement viable, l’en-
nelles, et lorsqu’ils y parviennent, les coûts
treposage se fonde sur les volumes et les
sont prohibitifs.
organisations agricoles doivent par con-
Le manque de rigueur des banques
séquent renforcer la capacité de re-
lorsqu’il s’agit de contrôler si les gestion-
groupement et de commercialisation
naires de collatéraux font correctement
collective, explique Gideon E Onumah,
leur travail est cependant un problème
économiste agricole et spécialiste de la fi-
plus important. Alors que la plupart des
nance rurale à l’Université de Greenwich,
banques appliquent la devise “Connaissez
Royaume-Uni.
votre client”, nous disons: “Ne vous con-
Les gouvernements et les banques
tentez pas d’analyser l’emprunteur. Après
centrales ont la responsabilité de gérer la
avoir étudié votre client, voyez le déposi-
politique fiscale afin de réduire le coût du
taire”, explique Gideon E Onumah.
financement pour les institutions finan-
Enfin, il est indispensable de mettre au
Il
point des systèmes réglementaires qui per-
représente la Chase Bank du Kenya, qui a
mettent une supervision appropriée des
récemment lancé un projet pilote de fi-
gestionnaires de collatéraux. Toutefois, en
nancement par récépissé d’entrepôt. Ils
attendant, les banques doivent elles-
doivent également restreindre leurs inter-
mêmes assumer une plus grande part de
ventions – comme fixer artificiellement le
responsabilité pour cela, poursuit-il. “Le
prix de certaines céréales – qui rendent in-
manque de législation spécifique sur les
efficace ce système de financement.
entrepôts ne devrait pas retarder le
cières,
14
Une partie du problème tient au fait
que les nouveaux arrivants ont des diffi-
affirme
Samuel
Ndonga.
La Chase Bank a déjà prêté environ $1
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
développement de ce système.” ■
Accent sur le rapport sur le financement par récépissé d’entrepôt
Évaluation du financement
par récépissé d’entrepôt
dans neuf pays:
perspectives d’avenir
Une nouvelle étude sur les récépissés d’en-
Deux institutions de microfinancement
trepôt et la gestion des garanties a été
(IMF) phares, refinancées par les banques,
dévoilée lors de la conférence Fin4Ag à
se sont “développées autour du produit
Nairobi.
dès le départ”, ce qui a permis leur adop-
Le rapport de 200 pages détaille les ex-
tion “totale”, a affirmé Jonathan Coulter,
périences de neuf pays en examinant les
directeur de J. Coulter Consulting, à l’oc-
apprentissages et en mettant en avant les
casion de la table ronde de lancement
perspectives d’avenir potentielles dans
médiatique organisée pendant la con-
l’un des domaines les plus prometteurs du
férence Fin4Ag. Le système a eu des réper-
financement de l’agriculture.
cussions positives sur les moyens de
Le
rapport
intermédiaire,
intitulé:
“Étude sur des systèmes adaptés d’entreposage et de gestion des garanties afin
subsistance des agriculteurs et a également aidé à stabiliser les prix.
Madagascar a aussi démontré com-
de promouvoir l’accès au financement à
ment l’entreposage communautaire pou-
travers le financement par récépissé d’en-
vait
trepôt (et d’autres formes de financement
l’entreposage privé, les IMF passant déjà à
basé sur les actifs) en faveur des petits
l’entreposage collectif afin de faire baisser
agriculteurs en Afrique subsaharienne et à
les coûts de suivi, a-t-il ajouté.
constituer
un
tremplin
pour
Madagascar”, a été commandité par le
Ceci suppose cependant des diffi-
Centre technique de coopération agri-
cultés. Citons notamment des comporte-
cole et rurale (CTA), basé aux Pays-Bas, et
ments risqués, tels que le financement des
l’Association africaine de crédit rural et
cultures à un ratio prêt-valeur de 100%.
agricole (AFRACA). Il s‘agit d’une collabo-
Selon lui, le régulateur national doit non
ration avec le cabinet d’avocats Sullivan
seulement se focaliser sur la réglementation
& Worcester et J Coulter Consulting.
des IMF, mais le produit et l’assistance tech-
Le rapport se concentre sur le Burkina
nique doivent également être renforcés.
Faso, le Cameroun, le Ghana, le Niger, le
En général, un autre obstacle se
Sénégal, l’Ouganda, le Mozambique, la
présente au sein des entrepôts publics: les
Côte d’Ivoire et Madagascar.
sites dont les capacités sont inférieures à
Le système d’entreposage de la communauté de Madagascar, dans le cadre
Un nouveau
rapport sur le
développement du
financement par
récépissé d’entrepôt
a été lancé lors de
la conférence
Fin4Ag. Il examine le
mécanisme de
financement dans
neuf marchés
africains.
1,500 tonnes peuvent ne pas être viables
d’un point de vue économique.
duquel les agriculteurs entreposent des
Le rapport se penche également sur
produits sous leur propre nom dans des in-
les structures juridiques encourageant ou
frastructures d’entreposage détenues par
entravant le financement des entrepôts
des donateurs ou des communautés, est
dans les neuf pays et propose des
l’un des succès soulignés dans le rapport.
solutions.
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
15
Compte rendu post-conférence Fin4Ag
“Dans toute juridiction, le cadre légal,
ou son absence, aura un impact profond
aux prêteurs, a-t-il ajouté.
sur le financement par récépissé d’entre-
La question est toutefois de savoir à
pôt”, qu’il s’agisse des petits exploitants,
quel moment la législation sur le finance-
des gestionnaires de garanties, des IMF ou
ment par récépissé d’entrepôt, qui devait
des banques, a souligné M. Fowler-Holmes,
à l’origine être votée par le parlement en
associé chez Sullivan & Worcester.
avril 2014, sera adoptée.
Cinq pays du rapport font partie de ce
Le rapport formule également des
que l’on appelle le groupe OHADA, qui
recommandations pouvant encourager le
dispose d’un cadre juridique commun. “Il
financement par récépissé d’entrepôt
est incroyablement difficile de développer
dans de nombreux pays concernés.
une législation sur les entrepôts pouvant
Selon Geoffrey Wynne, directeur chez
s’appliquer à l’ensemble de ces pays” et
Sullivan & Worcester, cela implique l’octroi
cela implique que “les réglementations en
de licences aux entrepôts, aux opérateurs
place sont très limitées pour certains des
d’entrepôts et aux gestionnaires de
principaux participants de la chaîne d’en-
garanties afin de renforcer la confiance
treposage”, a expliqué M. Fowler-Holmes.
dans le système. Les pays sont également
Parmi ceux-ci, c’est peut-être la Côte
16
aux produits apportant un certain confort
encouragés à créer des récépissés d’en-
d’Ivoire qui a fait le plus de progrès dans
trepôt négociables, une évolution qui per-
la création d’un quasi-système soutenant
mettrait d’assurer la sécurité des biens et
le financement de l’entreposage. Il existe
le transfert des titres.
par exemple une loi imposant aux gestion-
Les pays devraient abolir les droits de
naires de garanties d’être habilités par le
timbre et limiter ou supprimer les frais d’in-
gouvernement et assurés contre le vol, les
scription afin d’encourager cette dernière,
incendies et les dégâts. Il existe également
a-t-il ajouté. Ils devraient également intro-
des réglementations spéciales pour les
duire le droit légal d’assurer la sécurité par
gestionnaires
les
vente privée et de créer des registres élec-
secteurs du café, du cacao, du coton et
troniques de garanties accessibles au pub-
du cajou, ainsi que des normes spécifiques
lic, affirme le rapport. ■
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
de
garanties
dans
Comment relancer
l’agriculture
familiale ?
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Compte rendu post-conférence Fin4Ag
Développer les places
d’échange de produits
en toute intégrité
Lors d’une séance
palpitante et
animée, quatre
spécialistes éminents
ont débattu des
progrès des places
africaines
d’échange de
produits.
qu’une place d’échange de matières
Participants
premières pouvait prospérer même dans
Lamon Rutten, responsable des
un pays doté d’infrastructures médiocres
politiques, des marchés et des TIC au
et d’un secteur des matières premières
Centre technique de coopération
sous-développé. Au même moment, l’Agri-
agricole et rurale (CTA), aux Pays-Bas.
cultural Commodity exchange (ACE) du
Adam Gross, conseiller en
même si le soutien n’était pas aussi massif.
Malawi atteignait des volumes soutenus
investissements et en marchés
Si l’on recense les initiatives de places
financiers, Conseil d’affaires du NEPAD,
d’échange africaines, 28 pays sont ou ont
Afrique du Sud
été concernés, notamment à travers de
nombreuses
initiatives
nationales
et
Kristian Schach-Møller, président-
quelques projets sous-régionaux et ré-
directeur général, Bourse des produits
gionaux bien financés.
de base agricoles pour l’Afrique (ACE),
Malawi
Beaucoup pensent que les places
d’échange ont le potentiel de faire
évoluer le paysage du financement des
Rod Gravelet-Blondin, conseiller senior,
produits en Afrique. Toutefois, le dévelop-
East Africa Exchange (EAX), Rwanda
pement de telles places d’échange
dépend largement de l’introduction et de
Les premières places d’échange de
l’utilisation étendue d’un système viable
matières premières “modernes” en Afrique
de récépissés d’entrepôt.
ont été créées en Zambie et au Zim-
Et comme l’a déclaré Lamon Rutten, re-
babwe en 1994, puis en Afrique du Sud en
sponsable des politiques, des marchés et
1995. Alors que les deux premières ont dis-
des TIC au Centre technique de coopéra-
paru, la South African Futures Exchange
tion agricole et rurale (CTA) en début de
(SAFEX), une réponse au retrait du gou-
séance, le lien entre les récépissés d’entre-
vernement du commerce agricole, est de-
pôt et les places d’échange de produits est
venue l’une des plus grandes places
clair et il s’agit d’un processus permettant
d’échange africaines.
aux agriculteurs d’obtenir des taux plus in-
Un peu plus d’une décennie plus tard,
18
téressants au sein d’un système plus sûr.
l’Ethiopian Commodity Exchange (ECX),
Adam Gross, conseiller en investisse-
aujourd’hui deuxième place d’échange
ments et en marchés financiers de la
de produits d’Afrique, était créée en 2008.
NEPAD Business Foundation, en Afrique du
Contrairement aux initiatives précédentes,
Sud, a souligné les aspects fondamentaux
l’ECX est un projet gouvernemental large-
des places d’échange de produits. Il a af-
ment soutenu par les pouvoirs publics et
firmé: “Un système de récépissés d’entre-
les bailleurs de fonds. Elle a démontré
pôt fructueux tire profit d’une place
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Accent sur les places d’échange de produits
d’échange de produits.
Tout d’abord, la place d’échange est
nécessaire à l’évaluation des cultures. Une
place d’échange de produits permet à
une banque d’identifier clairement la
valeur de la garantie grâce à laquelle elles
financent leurs récépissés d’entrepôt. Cela
limite ainsi les risques négatifs en termes de
ratios prêt/valeur.
Ensuite, en cas de défaut de paiement,
la banque peut saisir et liquider la
garantie. Une place d’échange de produits liquide améliore l’efficacité de ce
processus et encourage donc les banques
à prêter dès le départ.
Troisièmement, une place d’échange de
produits à terme permet d’atténuer le risque
de prix en couvrant la position. En Afrique du
Sud, parce que de nombreux agriculteurs
fixent un prix à l’avance, les ratios prêt/valeur
peuvent atteindre jusqu’à 100%.
d’entrepôt”, a-t-il expliqué.
“Nous voulons vraiment atteindre les
petits agriculteurs et promouvoir les con-
Quatrièmement, la compensation et la
trats à terme sans qu’ils y perdent à cause
résolution sont très importantes et tout
de spéculations sur les prix. Nous voulons
aussi essentielles au processus. Un cycle de
également nous assurer que les agricul-
résolution bien organisé assure une exécu-
teurs obtiennent leurs récépissés d’entre-
tion en temps et en heure des transactions
pôt plus tôt dans la saison, ce qui les
sans s’encombrer des conflits relatifs à la
aiderait à améliorer leur trésorerie.
qualité et à la quantité ni des retards de
paiement.
L’an dernier, nous avons échangé
60,000 tonnes et notre entreposage certi-
Tous ces éléments sont importants pour
fié est actuellement de 155,000 tonnes. À
les banques, car ils permettent la résolu-
ce jour, nous avons financé cette année
tion de l’aspect physique en temps oppor-
$12 millions de cultures.”
tun et selon le montant convenu. Ce
Et au Malawi, a-t-il précisé: “La de-
système fonctionne en Amérique latine, en
mande de récépissés d’entrepôt émane
Asie, en Europe de l’Est et en Afrique du
en grande partie du Programme alimen-
Sud, mais le processus n’est pas encore
taire mondial (PAM), qui achète bon nom-
convenablement mis en place en Afrique
bre de récépissés.”
subsaharienne. C’est un point essentiel
pour faire avancer l’Afrique.”
Rod Gravelet-Blondin, conseiller senior
de l’East Africa Exchange (EAX), au
Kristian Schach-Møller, président-di-
Rwanda, a également joué un rôle central
recteur général de la Bourse des produits
dans la création de la place d’échange
de base agricoles pour l’Afrique (ACE), au
sud-africaine de produits agricoles SAFEX.
Malawi, a présenté aux délégués le
Il a expliqué son action et celle d’autres
développement de l’ACE au Malawi.
personnes dans le cadre des opérations
“La place d’échange de produits ACE
de l’EAX.
au Malawi s’appuie sur trois piliers: l’infor-
“Nous nous efforçons d’instaurer des
mation sur les marchés, la facilitation du
places d’échange de produits durables.
commerce et le système de récépissés
En effet, nous assurons totalement la ges-
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19
Compte rendu post-conférence Fin4Ag
tion des garanties au sein de cette place
crée une place d’échange devrait immé-
d’échange de produits. Nous intégrons
diatement opter pour un système de
des technologies de pointe et garantissons
récépissés électroniques. La traçabilité est
la résolution pour les utilisateurs de la
totale pour les audits et les fraudes sont
place d’échange”, ajoute-t-il.
ainsi limitées. Avec SAFEX par exemple, ce
“Un seul mot d’ordre pour le succès
système est hébergé par Pricewaterhouse-
d’une place d’échange de produits: l’in-
Coopers, (PwC). Cela renforce également
tégrité. À défaut, la place d’échange n’a
la sécurité.”
aucun résultat.
Par ailleurs, la gestion des garanties est
Le concept des échanges multiples
un élément essentiel. En faisant le lien entre
Relayant la discussion aux délégués, le
un service et un système de gestion des
modérateur de la séance, M. Rutten, a
garanties sûr et reconnu et une place
souligné: “Cette séance était consacrée
d’échange, le vendeur sait ce qu’il vend.
au commerce en toute confiance. Il faut
Une place d’échange n’est en effet ja-
développer l’intégrité afin que les gens
mais qu’un paiement sûr pour des produits
puissent échanger des produits en toute
sûrs. Et je suis persuadé que les places
confiance. Nous souhaitons voir la création
d’échange de produits peuvent apporter
“d’îles d’excellence”.”
énormément à notre continent.
Dans le public, Elenwor Ihua, directrice
Nous commençons par le commerce
générale de Nerfund à Abuja, au Nigéria,
au comptant, mais nous ne sommes pas
a demandé: “Peut-on avoir des places
confrontés aux risques de prix. Les produits
d’échange multiples dans n’importe quel
dérivés permettent largement de gérer
pays ?”
ces risques de prix. Nous devons donc
développer les places d’échange avec
répondu: “Je pense que si les réglementa-
intégrité.”
tions sont adaptées, les places d’échange
Rod Gravelet-Blondin a ajouté: “Par le
passé, les récépissés d’entrepôt n’étaient
multiples sont saines. Cela devrait être gratuit
pour
tous.
La
dynamique
des
que des mécanismes de livraison. Aujour-
échanges doit être la même. L’ACE est un
d’hui, soutenus par une gestion solide des
programme financé par les donateurs.
garanties, ils donnent accès au finance-
Cela nous donne donc un avantage pour
ment. Le document de récépissé d’entre-
la mise à disposition de ces services dans
pôt est précieux et doit être conservé dans
les
un coffre. L’entrepôt conserve un exem-
d’échange ne pourront pas avoir une telle
plaire, tout comme le déposant. L’original
portée. Mais au Malawi, où je travaille, un
est échangé. Nous devons dépasser cela.
groupe d’agriculteurs disposant d’un ou
C’est pourquoi nous avons mis au point le
deux acres ont obtenu des bénéfices de
processus de récépissés électroniques.
$30,000 grâce aux récépissés d’entrepôt.”
À l’heure actuelle, toute personne qui
20
Kristian Schach-Møller, de l’ACE, a
zones
rurales. Toutes
les
places
Rod Gravelet-Blondin a également fait
En Afrique, il est ridicule que le
gouvernement veuille gérer une place
d’échange. Elle doit être compétitive. Cela
bénéficie à toutes les parties en présence.
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Accent sur les places d’échange de produits
profiter le public de ses nombreuses an-
en Afrique du Sud, avant de créer une
nées d’expérience: “Oui, des places
place d’échange.
d’échange multiples dans n’importe quel
Les contrats au comptant peuvent
pays, bien sûr. On peut les subdiviser en
fonctionner avec n’importe quel produit.
zones géographiques ou en zones de pro-
Pour les produits dérivés, au contraire, les
duction, comme c’est le cas en Chine par
possibilités sont beaucoup plus limitées.
exemple. Le facteur de survie essentiel est:
Plus la confiance est présente dans l’en-
la place d’échange ajoute-t-elle de la
treprise de gestion des garanties, mieux
valeur ? Est-elle intègre ?
c’est.
Le seul réel écueil dont il faut se méfier
est
que
la
propagation
de
La banque court-elle un risque ? En cas
places
de chute des prix, nous permettons à la
d’échange multiples dans n’importe quel
banque de liquider le produit. À l’avenir,
pays n’a pas d’impact sur la liquidité. Dans
nous
le modèle que nous avons mis au point, les
africaine de développement s’inscrive
places d’échange loueront les entrepôts.
dans un fonds de garantie pouvant être
Au Nigéria, de nombreux entrepôts sont
mis en place afin de permettre à une
souhaiterions
que
la
Banque
disponibles. Mais ce qu’il faut réellement,
banque commerciale de prêter un mon-
c’est une gestion des places d’échange.
tant plus important au producteur de
En Afrique du Sud, la SAFEX n’est prob-
manière plus sûre.”
ablement pas parvenue à atteindre les
Lamon Rutten, qui jouit d’une expéri-
petits agriculteurs. Comment y remédier ?
ence de longue date en matière d’étab-
Une solution pourrait être de collaborer
lissement de place d’échange de produits
avec les coopératives et les agrégateurs.
grâce à ses réalisations en Inde, a fait re-
Nous (l’EAX) collaborons actuellement
marquer: “En Inde, nous avons créé une
avec un gestionnaire de garanties de Col-
place d’échange qui a facilité plus de
lateral Management International (CMI),
$8.6 milliards ces dernières années. Dans
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
21
Compte rendu post-conférence Fin4Ag
ce contexte, le gestionnaire de garanties
l’ensemble des parties impliquées.
travaille pour la banque. En Afrique, il est
Soulignant quelques activités dans
ridicule que le gouvernement veuille gérer
lesquelles l’ACE est impliquée, Kristian
une place d’échange. Elle doit être com-
Schach-Møller a précisé: “L’ACE s’est ef-
pétitive. Cela bénéficie à toutes les parties
forcée de tâter le terrain pour faire affaire
en présence.
en Zambie, mais la réticence à s’impliquer
Aux États-Unis par exemple, lorsque les
places d’échange de produits ont été
y est généralisée. L’EAX explore le même
terrain.
mises en place, elles se sont multipliées
L’ACE essaie de développer des
jusqu’à atteindre le nombre de 40. Il n’y en
couloirs commerciaux régionaux, notam-
a plus que quatre. La consolidation a lieu
ment avec Harare au Zimbabwe pour la
naturellement.”
farine de soja. Pour l’instant, il existe un
Adam Gross envisage également les
problème majeur de liquidité au Zim-
avantages d’un système de places
babwe. Mais l’achat de la farine de soja
d’échange
potentiellement
via un système de récépissés d’entrepôt
élargi au niveau régional. Il a affirmé:
multiples,
peut permettre de contourner certains de
“Cette évolution peut en effet être en-
ces problèmes de liquidité. Et une place
couragée, car elle débouche sur une ex-
d’échange de produits peut encourager
périmentation bénéfique en donnant au
la formation de ces couloirs commerciaux
marché des choix intéressants sur les
régionaux. Le tout est de les faciliter.
meilleures options. La concurrence a
Nous cherchons à créer des couloirs ré-
également tendance à rendre les places
gionaux. Nous attendons que ces couloirs
d’échange plus sensibles à leurs utilisa-
se forment naturellement en Zambie, au
teurs. Il faut également comparer les
Mozambique et en Tanzanie. Les places
places d’échange nationales et ré-
d’échange régionales sont la voie à suivre.
gionales. Au final, si les entrepreneurs veu-
Les places d’échange électroniques peu-
lent
d’échange
vent vraiment faciliter les choses. De plus,
régionale, je pense en effet qu’ils doivent
établir
une
place
elles contribueront à la sécurité alimen-
avoir la liberté de se lancer, à condition de
taire globale. Les places d’échange sont
se plier aux réglementations en vigueur.”
vraiment des solutions pertinentes.”
La Zambie sous les projecteurs
avoir l’impression que le gouvernement
Une déléguée du public a déclaré
L’un des délégués a posé une question sur
zambien n’était pas favorable aux places
la création d’une place d’échange de
d’échange de produits parce qu’il estime
produits en Zambie. Cette question est
qu’elles bénéficient aux agriculteurs com-
particulièrement pertinente. En effet, il y a
merciaux au détriment des intérêts des pe-
quelques années, une place d’échange a
tits agriculteurs.
été mise en place avant de s’effondrer
Face à cet argument, Adam Gross, du
parce qu’elle ne fonctionnait pas pour
NEPAD a expliqué: “En Zambie, dans l’un
Un seul mot est essentiel au succès d’une
place d’échange de produits: l’intégrité.
À défaut, la place d’échange ne donne
aucun résultat.
22
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Accent sur les places d’échange de produits
des
premiers
modèles
de
place
d’échange de produits, il semblait que les
négociants étaient aux commandes. Mais
la valeur provient en effet en grande partie des agriculteurs commerciaux et des
grands négociants. Ils sont essentiels à la
liquidité, à l’efficacité et à la durabilité
commerciale de la place d’échange.
Cependant, une place d’échange doit
avoir pour objectif d’ajouter de la valeur
et, au final, de bénéficier à l’ensemble des
parties prenantes aux deux extrémités de
la transaction. Et en Zambie, il s’agit des
petits agriculteurs. Les places d’échange
doivent donc également avoir une vocation d’inclusion et de transparence.”
Lamon Rutten, du CTA, a ajouté: “Les
places d’échange ne peuvent pas profiter
uniquement aux vendeurs. Elles doivent
également
avantager
les
acheteurs.
L’Éthiopie, le Malawi et l’EAX en sont des
exemples fructueux.”
Dans une ultime question sur l’utilisation
de l’assurance, Rod Gravelet-Blondin a
réaffirmé l’importance de l’utilisation d’un
gestionnaire de garanties expérimenté et
instruit. Il a affirmé: “L’agriculture suppose
ment d’infrastructures d’entrepôts ruraux
des risques. L’assurance n’est qu’une op-
pour le secteur privé et d’élargir ainsi sig-
tion ou un outil pouvant être utilisé. L’EAX
nificativement le système de récépissés
utilise un gestionnaire de garanties très
d’entrepôt. Je me réjouis que l’ACE ne
bien organisé pour ses activités.”
dépende plus du financement des parte-
Kristian Schach-Møller a en outre
naires de développement.”
révélé un détail intéressant: l’ACE est en
Et Adam Gross d’ajouter: “À mes yeux,
pourparlers avec l’ATI (African Trade Insur-
les gouvernements doivent mettre en
ance) pour le développement d’une obli-
place un cadre de licence et de régle-
gation d’entreposage pour le Malawi.
mentation et doivent laisser tout entrepreneur qui se conforme aux exigences de
Message final
licence mettre en place des places
En guise de clôture de la séance, le mod-
d’échange de produits sans entraves, au
érateur, Lamon Rutten, a demandé aux
lieu de s’appuyer sur une espèce d’ap-
trois participants de s’exprimer brièvement
proche de présélection des sélectionnés.
sur l’avenir du développement des places
Le
d’échange de produits en Afrique.
préférences en matière de modèle entre-
Kristian Schach-Møller, de l’ACE, a affirmé: “Je voudrais que des gestionnaires
marché
doit
décider
de
ses
preneurial.”
Quand à Rod Gravelet-Blondin, de l’EAX,
de fonds mettent en place le concept de
il a conclu: “Je suis entièrement d’accord
fonds d’investissement dans l’entreposage
avec cette optique. Comme l’a déclaré
agricole (ASIF) afin de faciliter l’établisse-
Mandela: ‘Libérez mon peuple!’” ■
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
23
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
En image –
Fin4Ag de Nairobi
Quelques photos de la conférence Fin4Ag de Nairobi. Pour d’autres photos, surfez sur:
https://www.flickr.com/photos/126512539@N03/
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www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Photos Fin4Ag 2014 Nairobi
25
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Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
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Photos Fin4Ag 2014 Nairobi
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Compte rendu post-conférence Fin4Ag
Évaluation d’une
proposition
panafricaine
La gestion des
garanties est un
élément essentiel du
processus de
financement des
récépissés
d’entrepôt et de
l’extension des
places d’échange
de produits.
Étroitement associé
à cette approche, le
concept d’une
entreprise
panafricaine de
gestion des
garanties a de
nombreux partisans.
La séance sur le thème “les tenants et les
d’investisseurs multiples et variés afin de
aboutissants d’un système de finance-
garantir une présence et une autorité à
ment
d’entreposage
travers le continent. On estime qu’une telle
fructueux”, organisée à l’issue du deux-
présence pourrait fournir des services de
ième jour du programme principal de la
gestion des garanties à des producteurs
conférence Fin4Ag de Nairobi, se présen-
agricoles beaucoup plus divers que ceux
tait sous la forme d’une présentation et
qui utilisent de tels services à l’heure
d’une discussion en panel. L’attention de
actuelle.
par
récépissés
celui-ci était principalement focalisée sur
S’exprimant sur le potentiel d’une en-
le rôle important joué par les gestionnaires
treprise panafricaine, Alex Kwayu, di-
de garanties au sein du processus de
recteur
récépissés d’entrepôt pour les produits
Company, une entreprise basée à Dar es-
agricoles et le développement d’entre-
Salaam, en Tanzanie, a affirmé que les in-
prises de gestion des garanties à travers
vestisseurs d’une telle entreprise pourraient
l’Afrique.
provenir d’une série d’institutions, telles
CGS
Collateral
Control
Depuis quelque temps on voit se pré-
que les banques commerciales – en tant
ciser l’idée d’une entreprise panafricaine
qu’utilisateurs naturels du service –, des or-
de gestion des garanties, fruit de l’alliance
ganisations de développement, des ban-
La gestion des
garanties en bref
fonds de roulement. Le bailleur de fonds
engage alors une partie tierce, appelée
gestionnaire de garantie, pour prendre le
accordent
contrôle physique des stocks dans les
généralement des crédits contre la mise
locaux de l’emprunteur. Le gestionnaire
en garantie d’immobilisations, la majorité
de garantie enlève le contrôle effectif des
des acteurs de la chaîne de valeur des
stocks à l’emprunteur. Il garantit la
matières premières, comme la plupart des
présence permanente de marchandises
petites entreprises, manquent de fonds de
et est responsable envers la banque si, en
Alors
28
de
que
les
banques
roulement. La gestion des garanties peut
cas de défaut de remboursement, celle-
débloquer
des
actifs
ci découvre que les matières premières
particulier
des
stocks
circulants, en
matières
ne sont plus présentes. La gestion des
premières, comme garantie valable pour
garanties s’est avérée être un outil
les
efficace en matière de financement dans
financiers,
ce
de
qui
améliorera
grandement l’accès au financement du
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
le monde entier. ■
Accent sur la gestion des garanties
Alex Kwayu, directeur de CGS Collateral Control Company
ques d’investissement, des banques de mi-
garanties les plus importants en Amérique
crofinancement, des organisations de
latine et en Turquie sont détenus par des
sécurité sociale et même des négociants
banques. Faisons de même !”
et des investisseurs en capital-risque.
Lors de la discussion qui a suivi, Abdou
Alex Kwayu a expliqué que la mise en
Konlambigue, responsable du programme
place d’une telle entreprise nécessitait la
d’accès au marché de l’Alliance pour une
création d’un comité directeur afin de
révolution verte en Afrique (AGRA), basée
mener à bien le plan. Il a suggéré que le
à Accra, au Ghana, a fait remarquer que
comité: conçoive la structure de l’organi-
dans la plupart des pays, il n’existe aucune
sation ; négocie avec des investisseurs po-
réglementation pour les gestionnaires de
tentiels
garanties et que toute mise en place né-
;
enregistre
l’entreprise
;
recommande les membres du conseil ;
cessiterait
recommande une équipe de direction au
chargé de superviser les opérations. Il a
conseil ; et supervise l’exécution des pre-
également commenté que ce n’est qu’à
mières transactions afin de garantir une
travers la mise en place d’un système de
transition fluide vers l’équipe de gestion.
gestionnaires de garanties correctement
un
organe
réglementaire
Approfondissant le sujet des investis-
réglementé que la qualité des produits
seurs, il a souligné: “Le concept de ban-
s’améliorerait de manière efficace et
ques investissant dans une entreprise de
soutenue.
gestion des garanties n’est pas neuf. En
Répondant à une question du public,
Tanzanie, je connais une banque qui in-
un délégué a commenté qu’une associa-
vestit dans la gestion des garanties.”
tion panafricaine de gestion des garanties
En conclusion de sa présentation sur les
perspectives
d’une
entreprise
serait une institution mieux adaptée
qu’une entreprise.
panafricaine de gestion des garanties,
Également en réponse aux questions
Alex Kwayu a affirmé: “La gestion des
du public, Jonathan Coulter, de J Coulter
garanties est une plateforme de fourniture
Consulting, a affirmé: “Concernant la mise
fiable pour une place d’échange de pro-
en place d’une entreprise panafricaine, la
duits. Aujourd’hui, les gestionnaires de
concurrence d’entreprises sud-africaines
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
29
Compte rendu post-conférence Fin4Ag
Rod Gravelet-Blondin, conseiller senior, East Africa Exchange
30
fait déjà rage.” Et de poursuivre: “En
ternationale (SFI), a cité l’exemple de la
général, les gestionnaires de garanties ne
Chine. Selon lui, dans ce pays: “Le gou-
garantissent pas la qualité et ont ten-
vernement chinois est en train de créer
dance à se focaliser sur la quantité. Et au
une entreprise de gestion des garanties
sein des systèmes publics d’entreposage,
dans le secteur de l’acier.” Il a également
l’expertise est déjà importante.”
mentionné que la SFI soutenait ce projet.
Le modérateur de la session, Rod Grav-
Poursuivant sur sa lancée, il a cité deux
elet-Blondin, conseiller senior de l’East
exemples de banques ayant tenté de
Africa exchange (EAX), a mentionné qu’il
mettre elles-mêmes en place des entre-
connaissait au moins une entreprise
prises de gestion de garanties. Dans le pre-
africaine de gestion des garanties qui as-
mier cas, il a expliqué que l’ABSA avait
surerait un niveau de 100 % de qualité, à
cherché à mettre en place un système
savoir un niveau égal de qualité des pro-
d’entrepôts de terrain pour les pays
duits à la suite de l’entreposage. Par con-
d’Afrique australe, avant de faire machine
tre, il est impossible d’améliorer la qualité
arrière à cause de divers problèmes. De
des produits entreposés.
plus, a-t-il déclaré, Citi a également mis en
Également au sein du panel, Nicholas
place une entreprise fiduciaire de gestion
Budd, ancien partenaire de White & Case
des garanties. Mais ce projet, quoique bien
à Paris et à présent consultant à temps
défini, a également échoué dans la pra-
partiel au sein de la Société financière in-
tique. Nicholas Budd a affirmé: “Dans les
Les opportunités commerciales entre les
pays africains sont nombreuses. Nous
devons donc soutenir une véritable initiative
panafricaine de gestion des garanties.
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Accent sur la gestion des garanties
Jonathan Coulter, consultant, J Coulter Consulting (gauche)
faits, aucune des autres banques ne
nement commercial sain. Nous devons
voulait faire affaire avec cette entreprise
donc encourager les participants à com-
à cause du secret bancaire.”
mercer. Plus les échanges sont nombreux,
Nicholas Budd a également insisté sur la
plus
le
système
devient
viable. En
nécessité d’instaurer des réglementations
Ouganda par exemple, les coopératives
gouvernementales, soulignant que si l’effet
qui ont entreposé leurs cultures et ont at-
de levier excédait un certain point par rap-
tendu que les prix augmentent sont tout
port à la mise en place et aux activités de
simplement tombées en faillite. Le système
gestion des garanties, cela contreviendrait
fonctionne lorsque le commerce est
à la législation sur la concurrence.
régulier. Mais il est nécessaire que tous ad-
Abdou Konlambigue a fait remarquer
hèrent aux normes.”
que la question majeure de la confiance
Et faisant directement référence au
se posait dans tous les systèmes mis en
concept d’entreprise panafricaine, il a re-
place. Concernant
de
marqué: “C’est une opportunité. Les op-
récépissés d’entrepôt, il a affirmé: “Il faut
portunités commerciales entre les pays
savoir que le négociant acceptera le
africains sont nombreuses. Nous devons
récépissé (d’entrepôt). Il faut avoir confi-
donc soutenir une véritable initiative
ance dans le système.”
panafricaine de gestion des garanties.”
les
systèmes
Dans le cas de la mise en place d’une
Clôturant la séance, Rod Gravelet-
véritable gestion des garanties, la plupart
Blondin a conclu: “Il s’agit d’un sujet de
des observateurs du commerce agricole
discussion fascinant et la gestion des
africain s’accordent sur le fait que le
garanties est dans l’ensemble une ques-
niveau
global
des
échanges
aug-
menterait de manière significative. Richard
tion hautement importante. Aujourd’hui,
nous n’avons fait qu’effleurer le sujet.
Wangwe, directeur pour l’Afrique de l’Est
Le CTA doit organiser une conférence
de l’Africa Enterprise Challenge Fund
exclusivement consacrée au financement
(AECF), basé à Nairobi, a commenté: “Le
des entrepôts et à la gestion des
concept de système de récépissés d’en-
garanties. Mais le facteur sous-jacent de-
trepôt fonctionne mieux dans un environ-
vrait être la transparence.” ■
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
31
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
Explorer les nouvelles
frontières du
financement agricole
L’agriculture puise
dans des sources de
financement
alternatives, du
financement
participatif à
l’affacturage.
Face aux défis récurrents qu’elle rencontre
fonds par des groupes de la commu-
pour obtenir des financements auprès des
nauté. Des responsables locaux se portent
banques, l’agriculture s’aventure hors des
garants pour les prêts tandis que les
sentiers battus. Tandis que les agriculteurs
agriculteurs reçoivent une aide technique
puisent à de nouvelles sources de finance-
d’autres agriculteurs de leur voisinage
ment telles que le financement partici-
pour assurer l’aboutissement du projet lié
patif, les fonds spécialisés se proposent
au prêt.
d’investir dans le secteur, et des outils
Lors
de
cette
même
session, le
comme l’affacturage sont repensés pour
représentant
les besoins de l’agriculture.
l’Afrique anglophone, David Kitusa, a ex-
régional
de
Kiva
pour
pliqué que la plateforme de financement
Le financement participatif renforce
participatif de son organisation avait déjà
l’attrait des agriculteurs aux yeux des
permis d’accorder 700,000 prêts d’une
banques
valeur totale de $590 millions dans plus de
On a pu apprendre au cours d’une session
77 pays.
du 3e jour de la conférence Fin4Ag à
Selon lui, le financement participatif
Nairobi que le financement participatif
“autonomise ceux qui se trouvent à la
(crowdfunding), mode de financement à
base de la pyramide” en aidant les parti-
la diffusion grandissante, permettait aux
culiers et les organisations à accorder des
agriculteurs d’investir dans des machines
prêts sans intérêts aux agriculteurs.
ou des intrants indispensables à leur activ-
32
ité, mais pouvait aussi les aider à prouver
Les agriculteurs des Caraïbes ouvrent
leur solvabilité pour, au final, accéder au fi-
la voie à l’affacturage
nancement bancaire.
Les Caraïbes sont à la pointe d’une initia-
En février de cette année, le CTA a
tive destinée à stimuler les rentrées des
lancé un projet de financement partici-
agriculteurs en appliquant au domaine de
patif qui, jusqu’à présent, a permis à 60
l'agriculture des produits traditionnels de fi-
agriculteurs de se financer grâce à des
nancement du commerce, tels que l'af-
liens avec le leader du marché, Kiva.
facturage.
Ken Lohento, coordonnateur du pro-
Par cette technique de financement,
gramme ICT4D du CTA, a expliqué aux
les producteurs de biens et prestataires de
délégués présents à la conférence que “le
services vendent leurs ‘créances’ (fac-
financement est un des facteurs clés dont
tures) à des entreprises d'affacturage con-
les agriculteurs ont besoin pour passer de
tre de l'argent en espèce, à un prix
la subsistance au commerce”.
légèrement inférieur à leur valeur nomi-
Le programme compense le risque de
nale. Pour les agriculteurs, l’avantage est
non-remboursement en faisant passer les
qu’ils peuvent directement réinvestir l’ar-
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Gros plan sur le financement alternatif
gent en intrants pour de nouvelles cultures
La crise financière engendre des fonds
sans devoir attendre un paiement, tout en
d’investissement agricoles d’un genre
se protégeant du risque qu’un acheteur
nouveau
ne veuille ou ne puisse pas payer.
Lors d’une autre session, les délégués ont
Lors d’une session de la conférence
appris que l’Afrique était concernée au
Fin4Ag, Jethro Greene, coordinateur en
premier chef par le boom des nouveaux
chef du Caribbean Farmers Network
fonds d’investissement agricoles de ces dix
(CaFAN), a expliqué que sans affacturage,
dernières années.
les agriculteurs attendent parfois entre six
Selon Calvin Miller, responsable senior
et huit semaines pour être payés pour leur
et chef du groupe Agro-industrie et fi-
production.
nancement de l’Organisation des Nations
Le CaFAN travaille en faveur d’une
unies pour l’alimentation et l’agriculture
meilleure intégration des différents sys-
(FAO), 40% de ces nouveaux fonds se con-
tèmes financiers des îles caribéennes afin
centrent sur l’Afrique.
de soutenir une plus grande adoption de
l'affacturage.
Cette croissance démontre que des
rendements intéressants, des mécanismes
Selon Greene, les agriculteurs des
plus développés pour le partage des risques
Caraïbes pourraient déjà adopter l’affac-
et le soutien des gouvernements et des
turage puisqu’ils génèrent 100 millions de
agences de développement peuvent con-
dollars en vendant leurs produits à des
tribuer à vaincre l’impression que l'agricul-
acheteurs organisés.
ture africaine est un secteur à haut risque.
FactorPlus, entreprise d’affacturage, re-
En contraignant les investisseurs à aller
marque également que l’environnement
chercher la rentabilité ailleurs, la crise fi-
caribéen devient plus propice à l'affac-
nancière
turage à présent que davantage d'a-
développement de nouveaux fonds d'in-
griculteurs connaissent le produit.
vestissement agricoles.
mondiale
a
contribué
au
Niko Kluyver, directeur général de Fac-
En même temps, des fonds spécialisés
torPlus, déclare que les défis sont encore
tels qu’Incofin Investment Management et
bien présents mais que son organisation a
Root Capital s’intéressent de plus près à
l’ambition de les relever :
l’‘investissement à impact’, qui vise à pro-
“Nous devons proposer un produit d'af-
mouvoir l’inclusion financière et à soutenir
facturage pan-caribéen, disponibles sur
les agriculteurs par le biais de l’assistance
toutes les îles afin de réaliser des volumes
technique et de formations en compé-
et de diversifier les acheteurs”.
tences de gestion. ■
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
33
Compte rendu post-conférence Fin4Ag
Rôle essentiel
d’Afreximbank dans
les projets agricoles
d’ajout de valeur
Le président de
l’Afreximbank, JeanLouis Ekra, explique
la nécessité de
renforcer la
transformation des
produits agricoles en
Afrique.
“Ces dix prochaines années, l’Afrique aura
capacités de production et de transfor-
besoin de $21 milliards afin de combler les
mation du cacao de ces pays d’ici 2020.
lacunes du financement agricole”, a fait
Pour ce faire, nous avons commencé à
remarquer Jean-Louis Ekra, président de
financer des producteurs et des exporta-
l’African Export-Import Bank (Afreximbank)
teurs autochtones afin qu’ils ajoutent de la
lors d’une séance consacrée aux bonnes
valeur au cacao – à travers la production
pratiques du financement des chaînes de
de beurre et de gâteau de cacao.
valeur agricoles, organisée le premier jour
Jusqu’à présent, nous avons pu financer
de la conférence Fin4Ag de Nairobi.
S’adressant à un public de près de 400
délégués, le président d’Afreximbank a fait
Le président de l’Afreximbank a égale-
référence à la nécessité de renforcer le fi-
ment mentionné que le KfW allemand
nancement des infrastructures, des sys-
avait engagé 100 millions USD pour
tèmes
d’autres
soutenir la création d’AFRICOIN, et ce à
infrastructures. Parallèlement, il a insisté sur
travers un instrument de financement à
l’importance d’une plus grande transfor-
multiples facettes.
d’irrigation
et
mation des produits agricoles en Afrique
Jean-Louis Ekra a ajouté: “Notre objec-
au profit du développement économique
tif n’est pas simplement de nous limiter au
à travers l’Afrique subsaharienne.
cacao, mais de développer et de repro-
Il a affirmé: “Il y a 21 ans, nous avons
duire cet objectif dans d’autres projets, en
commencé le financement de l’entre-
particulier le caoutchouc et l’huile de
posage de produits agricoles, principale-
palme. Nous avons commencé avec
ment le cacao, le café et le coton.
Olam au Gabon, où nous avons investi plus
Cependant, nous avons compris que les
de $100 millions dans un projet d’huile de
pays ne généreraient pas suffisamment de
palme, qui appliquera le cycle de produc-
valeur ajoutée. C’est pourquoi nous avons
tion de l’huile de palme au beurre et à
lancé l’Africa Cocoa Initiative (AFRICOIN)*
d’autres produits.”
afin d’aider les pays producteurs à transformer davantage le produit.”
34
les producteurs en Côte d’Ivoire, au
Nigéria et au Ghana.”
En ce qui concerne AFRICOIN, en 2013
la banque a fourni une structure de fi-
Il a ajouté: “La Côte d’Ivoire, le Ghana,
nancement par crédit sur créances à dou-
le Nigéria et le Cameroun représentent
ble tranche de $17.5 millions en faveur de
presque 80% de la production mondiale
FTN Cocoa Processing Nigeria (FTNCP). Les
de cacao. L’idée consiste à transformer les
bénéfices de la première tranche sont util-
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
L’Afreximbank à l’honneur
isés pour refinancer les obligations de
créances existantes de FTNCP dues à
United Bank of Africa ($6.875 millions) et
Union Bank of Nigeria ($1.2 million). Les
bénéfices de $9.425 millions du deuxième
mécanisme seront utilisés pour financer
l’achat de fèves de cacao et d’autres intrants pour la transformation des fèves de
cacao en beurre et en gâteau de cacao
pour l’exportation.
Bien que FTNCP ait à l’origine sollicité un
financement du fonds de roulement tel
que spécifié dans la deuxième tranche, la
banque, après avoir évalué les besoins de
l’entreprise, a réalisé que celle-ci avait besoin de plus qu’un fonds de roulement pour
pouvoir pleinement utiliser ses capacités
actuelles. La banque a donc proposé la facilité à terme afin de mettre en lumière sa
Jean-Louis Ekra, Président, African Export-Import Bank
détermination à soutenir les entités sur la
crédit sur créances de préexportation à la
chaîne de valeur agricole qui promeuvent
Société Amer et Frères Cacao; un prêt à
la diversification des exportations.
terme de financement de crédit sur
Le soutien apporté par la banque a
créances d’exportation de $13 millions en
permis à l’entreprise de pleinement utiliser
faveur de la Société d’usinage et de con-
ses capacités infrastructurelles, de ren-
ditionnement du Sud-Ouest; et une facilité
forcer sa productivité et la quantité de
de crédit sur créances de préexportation
produits finis et de garantir des partenari-
de $13 millions en faveur de Choco Ivoire.
ats plus profitables avec des acheteurs
Les divers programmes d’assistance
majeurs de produits transformés issus du
proposés par la banque aux entreprises
cacao. De plus, le soutien de la banque a
de transformation des exportations de-
permis à l’entreprise de créer environ 380
vraient créer davantage d’emplois directs
emplois (130 directs et 250 indirects).
et indirects et contribuer à l’amélioration
La contribution de l’entreprise aux capacités de bénéfices issus d’échanges
étrangers du Nigéria a également été ren-
des bénéfices sur les échanges étrangers
en Côte d’Ivoire.
*Afreximbank a lancé AFRICOIN en
forcée pour atteindre environ $40 millions
2012 et la banque a considérablement
par an. Ceci vient s’ajouter à d’autres con-
élargi ses activités en 2013. AFRICOIN a vo-
tributions se présentant sous la forme d’un
cation: (i) à faciliter la croissance de la pro-
développement socioéconomique dans le
ductivité sur les exploitations africaines de
cadre de la responsabilité sociale de l’en-
cacao; (ii) à promouvoir et à financer le
treprise envers sa communauté locale et
renforcement de la transformation des
d’un programme de formation pour les cul-
fèves de cacao en matières premières in-
tivateurs locaux de cacao, notamment.
dustrielles (liqueur de cacao, poudre de
De plus, en 2013, la banque a soutenu
cacao et beurre de cacao) afin d’ali-
d’autres entreprises sur la chaîne de valeur
menter les manufactures africaines, eu-
du cacao en Côte d’Ivoire dans le cadre
ropéennes, nord-américaines et asiatiques;
d’AFRICOIN. Le soutien comprenait une fa-
et (iii) à promouvoir la consommation de
cilité de financement de $45.5 millions de
cacao dans les pays d’origine. ■
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
35
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
Utiliser les outils des
marchés des capitaux
pour le financement
de l’agriculture
TXF analyse les
enseignements que
le secteur agricole
africain peut tirer de
l’engagement des
marchés des
capitaux au Brésil.
Vu le montant qu’exige le financement de
fournisseur d’intrants qui accepte de ven-
l’agriculture en Afrique, le financement
dre à crédit.
bancaire seul – du moins dans le climat
Les CPR électroniques se sont égale-
actuel – ne suffit pas. Il n’en allait pas
ment développés ces dernières années,
autrement au Brésil au début des années
ce qui a rationalisé le processus.
1990, un constat qui a favorisé le recours
Les CPR ont permis à des agriculteurs
aux marchés des capitaux dans la sphère
jusqu’à présent exclus du système finan-
des matières premières agricoles dans ce
cier de contracter des crédits, puisqu’ils
pays.
peuvent obtenir des financements en
Le secteur a fait appel aux marchés
échange de ces titres. Les CPR ne sont pas
des capitaux par le biais de “titres de pro-
conçus pour l’agriculture de subsistance,
duits agricoles” (“Cedula de Produto
à plus petite échelle.
Rural” ou CPR), des obligations qui ne peu-
“Les CPR sont émis par des agriculteurs
vent être émises que par des agriculteurs,
de taille moyenne, c’est-à-dire qui possè-
des coopératives et des associations ru-
dent au moins 100 têtes de bétail ou pro-
rales qui s’engagent à fournir une quantité
duisent au moins 50 tonnes de céréales.
donnée de céréales ou de bétail en
Ces instruments sont destinés aux marchés
échange d’un financement. Les CPR sont
émergents”, a commenté Lamon Rutten,
garantis soit par la future production de
Chef du programme Politiques, marchés et
céréales, soit par le cheptel de l’éleveur.
communication (TIC) au Centre technique
1) Les CPR physiques, par lesquels un
de coopération agricole et rurale (CTA)
agriculteur s’engage à livrer une quantité
lors de la conférence Fin4Ag à Nairobi.
donnée de sa production à un endroit
La porte n’est cependant pas totale-
convenu et à un moment convenu en
ment fermée aux petits producteurs. Ils
échange d’un financement. Ce finance-
peuvent toujours utiliser les marchés des
ment
pour
capitaux pour financer des transactions
acheter de l’équipement ou recruter de
en regroupant leur production par le biais
la main-d’œuvre supplémentaire afin de
de coopératives.
est
généralement
utilisé
maximiser le rendement des cultures.
36
technologies de l’information et de la
Il existe deux types de CPR:
Selon Lamon Rutten, les agriculteurs qui
2) Les CPR financiers qui peuvent être
souhaitent profiter des avantages d’un
émis par des banques à d’autres four-
CPR devraient être encouragés à attein-
nisseurs de crédit qui ont déjà convenu de
dre la taille requise plutôt qu’espérer
financer l’agriculteur – par exemple un
qu’une solution soit développée sur
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Zoom sur les outils des marchés des capitaux
mesure pour eux.
Les CPR exigent également une inté-
“Il est nécessaire d’avoir une certaine
gration étroite des agriculteurs dans la
taille et les agriculteurs doivent l’atteindre
chaîne de valeur agricole, ce qui néces-
pour accéder aux CPR. Tenter de con-
site un effort de la part de toutes les parties
cevoir un tel programme pour de plus pe-
prenantes. Dans le cadre de cet effort, il
tites exploitations n’a guère de sens: il
est également nécessaire de mettre au
serait trop cher pour les agriculteurs de
point des registres électroniques de CPR et
subsistance et il ne fonctionnerait pas de
de renforcer l’engagement des agences
la même manière”, a-t-il ajouté.
afin d’aider à superviser le système.
Il a également remarqué qu’il était
Les titres brésiliens ont été affinés et in-
possible pour un groupe d’agriculteurs de
cluent désormais de nouvelles possibilités
créer une entité à vocation spéciale
pour les agriculteurs et les financiers,
(“special purpose vehicle” ou SPV) et
comme le CDCA, un titre plus sophistiqué
d’ainsi regrouper leurs activités pour ven-
qui garantit un paiement en espèces et
dre des certificats sur les marchés des cap-
est garanti par certaines créances.
itaux. Bien entendu, les certificats sont
Comme au Brésil, les fonds d’investisse-
également négociables sur les bourses de
ment, les fonds de pension, les compag-
matières premières.
nies d’assurances et d’autres acteurs sur le
Les CPR ont remporté un énorme suc-
marché des capitaux peuvent assurément
cès au Brésil, avec plus de 600 000 titres en-
jouer un rôle important sur les marchés
registrés l’an dernier. Cette réussite se
agricoles africains. Pour que ce soit possi-
fonde sur quelques principes clés.
ble, il est indispensable d’adopter les
Tout d’abord, les CPR possèdent un
principes sur lesquels repose le succès des
statut légal solide et leurs modalités sont
CPR au Brésil: un cadre légal solide, des
applicables par arbitrage hors tribunaux.
agriculteurs orientés vers le marché et un
C’est un aspect crucial pour obtenir la
registre centralisé.
confiance des bailleurs de fonds, car les tri-
Le succès du programme au Brésil et la
bunaux judiciaires ne sont pas toujours ef-
manière dont il a dopé l’agro-industrie
ficaces et sont parfois sujets à des
brésilienne, y compris pour des matières
influences externes, en particulier dans
premières de base comme le café, le
certaines économies émergentes.
coton et le cacao, ont incité l’IFC à
Selon les dispositions fixées pour les CPR
Lamon Rutten, Chef du
programme Politiques,
marchés et technologies
de l’information et de la
communication (TIC) au
Centre technique de
coopération agricole et
rurale (CTA)
étudier la possibilité de mettre en œuvre
brésiliens, un vendeur ne peut pas recourir
un système similaire dans d’autres pays où
à la force majeure pour justifier un défaut
elle opère.
de paiement. De plus, l’acheteur a la pri-
Si l’Afrique suit ce chemin, elle dis-
orité sur les autres créanciers en cas de
posera d’un modèle solide qui durera de
défaut.
nombreuses années. ■
37
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
Les agriculteurs
cherchent à améliorer
leurs relations avec
les banques
Les organisations
d’agriculteurs
s’engagent à
renforcer leur
gouvernance et à
développer de
meilleures
compétences en
gestion.
Un des débats les plus vifs qui ont été
menés lors de la conférence Fin4Ag à
continental africain, juste avant l’ouverture
Nairobi était centré sur les responsabilités
de la conférence Fin4Ag.
des agriculteurs dans l’amélioration du fi-
En agissant de manière collective, les
nancement de l’agriculture. Bien que les
petits producteurs pourront négocier de
banques aient fait l’objet de nombreuses
meilleures conditions avec des acheteurs
critiques pour leur manque de com-
et des financiers privés, a reconnu David
préhension du secteur, les groupes d’a-
Ruchiu, directeur pour l’Afrique de Farm
griculteurs se sont également engagés à
Concern International.
contribuer à combler cette lacune en
Une relation solide avec le secteur
améliorant leur comptabilité et leurs com-
privé est cruciale pour l’avenir des agricul-
pétences en gestion.
teurs, qui doivent apprendre à se passer
Financiers et agriculteurs s’accordent
des aides publiques et des prêts subven-
à dire qu’il est plus facile de financer les
tionnés, affirme Lamon Rutten, Chef du
agriculteurs lorsqu’ils sont organisés dans
programme Politiques, marchés et tech-
des collectifs et des associations de
nologies de l’information et de la commu-
grande taille.
nication (TIC) au Centre technique de
Les petits producteurs doivent re-
38
tural Unions (SACAU), lors du 2e Briefing
coopération agricole et rurale (CTA).
grouper leurs ressources afin d’être “suff-
Pour obtenir les meilleures conditions
isamment grands pour être bancables”,
possible des banques commerciales, les
avait lancé Theo de Jager, président de la
agriculteurs doivent réfléchir en termes
Southern African Confederation of Agricul-
économiques et analyser la manière dont
Si les banques ont la responsabilité de
comprendre les besoins des agriculteurs,
ces derniers doivent également établir des
plans d’affaires et prendre des mesures
pour identifier et réduire les risques avant
de s’adresser à elles pour des
financements.
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
Zoom sur les agriculteurs et les banques
les autres secteurs se financent, a expliqué
Esther Muiruri, directrice générale de l’agro-industrie à Equity Bank (Kenya), aux
représentants le deuxième jour de la conférence Fin4Ag.
Si les banques ont la responsabilité de
comprendre les besoins des agriculteurs –
Equity Bank, par exemple, emploie des
diplômés en agronomie –, les agriculteurs
doivent également préparer des plans
d’affaires et prendre des mesures afin d’identifier et de réduire les risques avant de
s’adresser à elles pour des financements.
Pour ce faire, les agriculteurs doivent
avant tout améliorer leur comptabilité.
Garder des enregistrements détaillés des
entrées et des sorties de fonds, ainsi que
de l’usage des intrants et de la production
permet aux agriculteurs de créer une
image de risque de crédit face à laquelle
les banques seront plus enclines à accorder des prêts, a expliqué Fred Kiteng’e,
responsable crédit pour l’Afrique de l’Est
et du Sud chez Root Capital, lors de la session finale le troisième jour. La pratique
aide les agriculteurs à mieux maîtriser leurs
activités et à améliorer leurs profits.
Le troisième jour, les agriculteurs se sont
ainsi engagés à améliorer la gouvernance
des organisations agricoles – qui demeure
un obstacle majeur pour certains agriculteurs qui tentent d’obtenir un financement. Un représentant de la Centenery
Bank (Ouganda) a appelé à une grande
sévérité contre les dirigeants d’organisations agricoles suspectés de corruption ou
la plupart des banques, des représentants
de mauvaise gestion. Ses commentaires
des organismes publics et des agences de
ont recueilli une large approbation chez
développement ont admis avoir la respon-
les agriculteurs et les financiers.
sabilité de fournir davantage d’assistance
Remarquant qu’il avait touché un
technique, pas uniquement en termes de
point névralgique, Theo de Jager a re-
gouvernance et de compétence en ges-
connu le problème, mais déclaré que les
tion, mais également en matière de tech-
organisations agricoles avaient besoin
nologie et d’agronomie – cela constitue
d’avoir accès à de meilleures formations
leur partie du marché.
et que cela constituait un aspect dans
Comme l’a résumé Theo de Jager, se
lequel les agences de développement
réappropriant une citation de Confucius:
pourraient investir.
“Ne leur donnez pas du poisson – ap-
À l’occasion de la conférence Fin4Ag,
prenez-leur à pêcher.” ■
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
39
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Le cas du café Kyanzavi
Les producteurs de
café kenyans
cherchent à élargir
leurs horizons
La coopérative agricole Kyanzavi au
ducteurs individuels. Elle prévoit de pro-
Kenya est un exemple de la manière dont
duire 350 à 400 tonnes de café l’an
le regroupement d’activités dans une so-
prochain, et ce à partir de 450,000 plants
ciété commerciale peut aider les produc-
d’arabica qui s’élèvent en belles rangées
teurs
sur 800 acres de terres.
individuels
à
améliorer
leur
rendement, à attirer des financements et
à les rembourser.
C’est également une des plantations
les mieux organisées du pays. Durant une
Elle est aussi emblématique des défis et
visite de Kyanzavi dans le cadre de la con-
des opportunités auxquelles fait face l’agri-
férence Fin4Ag, TXF s’est entretenue avec
culture africaine. Une pompe électrique,
James Murrithi Kieu, directeur général de
par exemple, permettrait à la plantation
Sasini (pour le café), au sujet des étapes
de Kyanzavi d’installer un nouveau sys-
de la production de café.
tème d’irrigation qui pourrait doubler sa
Après la récolte, les grains de café sont
production – mais elle a besoin d’investisse-
introduits dans une dépulpeuse. Celle-ci
ments supplémentaires pour en acquérir
sépare les grains de leur peau, qui est re-
une, affirme son président James Muema.
cyclée sous forme de fertilisant. Les grains
Kyanzavi: a model of
how organisation
and scale help
coffee producers
attract – and repay –
finance.
sont alors plongés dans des cuves de ferUn modèle d’organisation
mentation pendant six à douze heures afin
Déjà la plus grande plantation de café du
de réduire leur teneur en sucre, puis net-
Kenya en termes de production, Kyanzavi
toyés dans des canaux de lavage. Une
est le fruit de l’union d’environ 1,800 pro-
nuit de trempage élimine les impuretés. Les
Le gouvernement se prépare à présent à
retirer son aide financière au CoDF, afin
d’uniformiser les règles du jeu pour les
banques commerciales intéressées par
l’agriculture.
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
41
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
grains sont ensuite répartis sur des tables
velopment Fund (CoDF) kenyan a com-
de séchage afin de réduire le taux de moi-
mencé à financer Kyanzavi en 2011 avec
sissures de 60-65% à environ 10% et de
un prêt de Ksh20 millions ($228,000). Ce
diminuer considérablement les niveaux de
prêt a été entièrement remboursé, de
toxines. Ils sont ensuite moulus et préparés
même que tous les financements suivants.
pour la vente à la criée à la bourse du
Les prêts du CoDF à Kyanzavi sont ver-
café de Nairobi ou – de préférence –
sés en plusieurs tranches, conformément
vendu directement à des acheteurs privés
au calendrier du café. Afin de réduire les
à un prix plus élevé.
risques et dans les cas où cela est possible,
La plantation est gérée par un conseil
les fonds sont directement versés aux four-
d’administration et verse à ses travailleurs
nisseurs de la plantation. Généralement,
un salaire supérieur au salaire minimum
une première tranche est déboursée en
établi par le gouvernement kenyan.
octobre ou en novembre pour couvrir le
coût de la préparation des terres, les in-
42
Emprunteurs de première qualité
trants initiaux et les salaires des travailleurs
Kyanzavi démontre également comment
temporaires. Une seconde tranche permet
l’agriculture peut être un investissement à
d’acheter les pesticides. Une troisième
relativement faible risque pour les ban-
tranche est versée au moment de la ré-
ques, à condition d’être organisée et pra-
colte, lorsque le prêt est remboursé par un
tiquée
agent de commercialisation autorisé par
à
une
échelle
suffisamment
importante.
Selon le responsable de la mobilisation
des ressources, John Amimo, le Coffee De-
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
le gouvernement qui achète le café à
Kyanzavi et les revend à une salle de
ventes locale ou à l’exportation.
Le cas du café Kyanzavi
Le financement de Kyanzavi est facilité
ques commerciales intéressées par l’agri-
par le fait que les 19 parcelles de la plan-
culture. Cependant, étant donné que le
tation sont assorties de titres de propriété.
CoDF a constitué une base de données in-
Généralement, le fonds prend deux ou
égalée sur les profils de risque des produc-
trois de ces titres en garantie. Il serait beau-
teurs de café et les historiques de
coup plus difficile de financer une
remboursement, il devrait être en mesure
coopérative de café si les producteurs im-
de garder des taux bas pour les emprun-
pliqués n’avaient pas de titre de propriété
teurs de qualité.
sur la terre qu’ils cultivent, reconnaît John
Amimo.
Le financement du gouvernement
provient de prêteurs commerciaux.
Baisse des prêts improductifs
Le fonds n’a pas toujours eu la vie facile,
20% de son portefeuille total étant
Parrainé par l’État, le CoDF a été créé
actuellement improductif. Une grande
en 2006 avec pour mission d’aider les pro-
partie de ces créances douteuses a
ducteurs de café à accéder à des crédits
cependant été créée au cours des deux
abordables et durables afin d’améliorer la
premières années d’existence du fonds,
qualité et le volume de leur production et
précise John Amimo. Le taux de défaut sur
de stabiliser leurs revenus.
les nouveaux crédits a baissé significative-
À sa création, le gouvernement lui a al-
ment à mesure que son expérience de
loué un capital de lancement pour lui per-
secteur et sa capacité à évaluer le risque
mettre de prêter à des taux d’intérêt
des emprunteurs potentiels progressaient,
subventionnés de 5% à 10%. Si l’intention
poursuit-il.
était “honorable” et que le fonds a aidé
Le fonds prévoit également d’être ca-
un grand nombre d’emprunteurs, cette
pable de recouvrer environ 15% à 20% de
option a aussi signifié que le CoDF a
ces créances douteuses sur les deux
évincé des prêteurs privés incapables de
prochaines années étant donné que le re-
proposer des taux concurrentiels, recon-
trait du secteur décidé par la Cooperative
naît John Amimo.
Bank of Kenya signifie que les emprunteurs
Le gouvernement se prépare à présent
devront revenir vers le CoDF et rembourser
à retirer son aide financière au CoDF, afin
les emprunts improductifs avant d’obtenir
d’uniformiser les règles du jeu pour les ban-
de nouveaux crédits. ■
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
43
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
Le service mobile M-Kahawa augmente
le volume de la production de café
44
L’utilisation accrue des téléphones
mobiles et la confiance croissante dans
les plateformes de transactions mobiles
ont fourni de nouvelles opportunités aux
producteurs. Afin de mieux exploiter les
opportunités offertes par l’argent
mobile, le Coffee Development Fund
(CoDF), en partenariat avec la société
de télécommunications Safaricom, a
lancé un service de transactions mobiles
baptisé M-Kahawa (“M” pour mobile et
le mot “Kahawa”, qui désigne le café en
swahili) et visant l’industrie du café.
Le service, destiné à améliorer
significativement les délais d’octrois de
crédits, a été expérimenté dans plusieurs
sociétés productrices de café et les
premiers résultats sont encourageants.
Un paiement d’avance sur des
cerises à un producteur individuel, par
exemple, peut être réalisé dans les 48
heures qui suivent la demande.
Le service est particulièrement utile
pour les petits producteurs qui ont des
problèmes de trésorerie après la récolte
de leurs céréales. Une des solutions à
cela étant de vendre le café à des
intermédiaires à des prix bradés –
pratique connue sous le nom de “cherry
hawking” (vente à la sauvette de
cerises).
“Cette pratique entraînait de lourdes
pertes pour ces producteurs, les
intermédiaires étant les principaux
bénéficiaires de leurs efforts”, explique
Richard Belio Kipsang, administrateur et
PDG du CoDF. “C’est pourquoi le fonds a
proposé un mécanisme basé sur les TIC
qui prend la forme du service MKahawa.”
“M-Kahawa représente un important
moyen de soulager nos producteurs. Les
paiements sont rapides, nos agriculteurs
ont maintenant le sentiment de
contrôler leurs finances et leur
production”, explique Joseph Koskei,
président de Kamiwa, une des sociétés
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
impliquées dans le projet pilote MKahawa.
M-Kahawa a été conçu pour
fonctionner avec la plateforme M-Pesa,
ce qui signifie que les agriculteurs n’ont
pas besoin d’utiliser différents codes
secrets pour accéder à leurs fonds. Le
faible coût du service constitue un de
ses principaux avantages.
Les producteurs du café peuvent à
présent héberger leur application de
prêts dans leurs sociétés respectives et
accéder à leurs fonds à partir de leur
téléphone. Cela réduit
considérablement les frais de voyage
jusqu’aux anciens points de paiement.
“Malgré le succès rapide de l’argent
mobile dans différents secteurs
économiques, l’agriculture doit toujours
maximiser le potentiel de cette option.
Je suis convaincu que M-Kahawa
améliorera les connaissances en matière
de financement agricole”, affirme Mburu
Gatukui, M-Pesa directeur du
développement commercial chez
Safaricom.
Durant la phase expérimentale,
quelque 1,000 abonnés se sont
enregistrés et un total de 4 millions Ksh a
été déboursé sous la forme de
microcrédits.
“Notre but est de faire de M-Kahawa
un service mobile d’information et
d’opérations bancaires à part entière
pour les producteurs de café. L’argent
mobile peut être un énorme incitant
pour la production de café par sa
capacité à améliorer la trésorerie des
producteurs”, souligne John Amimo,
responsable de la mobilisation des
ressources au CoDF.
Le CoDF fournit ses services à 400
coopératives caféières et plus de 700
plantations de café. Le fonds affirme
que son entrée en service en 2006 a
changé la vie de plus de 67,000
producteurs.
Étude de cas: Apiculture en Éthiopie
Encourager le
développement du
commerce agricole
en Éthiopie
Bert-Jan Ottens, consultant en chef de ProFound aux Pays-Bas, explore le
financement de l’apiculture en Éthiopie.
En 2012, ProFound, en collaboration avec
éthiopien étaient la Norvège, le Royaume-
le Conseil éthiopien de l’apiculture, SNV
Uni et l’Allemagne. Le Moyen-Orient et le
Éthiopie et Enclude (anciennement Trio-
marché intérieur sont particulièrement in-
dos-Facet), a lancé le programme de
téressants pour le miel éthiopien.
développement de l’apiculture ASPIRE.
Cependant, en dépit de sa pratique
ASPIRE a pour vocation d’accroître les
ancestrale, l’apiculture éthiopienne n’a
revenus des activités apicoles dans les
pas encore pleinement réalisé son poten-
zones rurales d’Éthiopie et d’augmenter
tiel. Les connaissances et compétences
les volumes d’exportation des produits de
des agriculteurs du pays dans la produc-
l’apiculture, notamment le miel et d’autres
tion de miel et l’extraction de la cire
produits à valeur ajoutée tels que la cire
d’abeille demeurent relativement tradi-
d’abeille, le propolis, le pollen, la gelée
tionnelles et inefficaces. Le pays produit
royale et le venin d’abeille.
40,000 tonnes de miel et 400 tonnes de
L’apiculture est une activité extra-agri-
cire d’abeille par an mais pourrait en pro-
cole traditionnelle pratiquée par environ
duire jusqu’à 500,000 et 50,000 tonnes re-
1,4 million de ménages ruraux en Éthiopie,
spectivement
qui en retirent un tiers de leurs revenus to-
Cependant, afin de parvenir à de telles
sur
la
même
durée.
taux. Le pays est le 10e producteur de miel
quantités, il convient de renforcer et de
au monde et le 4e producteur de cire
développer les chaînes de valeur exis-
d’abeille.
tantes.
Pour atteindre de tels objectifs, ASPIRE
Le secteur apicole en Éthiopie
utilise l’approche de chaîne de valeur.
À l’heure actuelle, l’UE n’importe que 0.1%
Celle-ci envisage l’ensemble de la chaîne
de son miel d’Éthiopie. Cependant, la de-
des acteurs qui ajoutent de la valeur à un
mande de miel éthiopien est en crois-
produit, du fournisseur de matières pre-
sance constante à la faveur de l’intérêt
mières à l’utilisateur final, compte tenu de
grandissant pour les sources alternatives
leur interdépendance. Le principal objectif
de miel de bonne qualité. En 2012, les prin-
du modèle de chaîne de valeur est
cipaux importateurs européens de miel
d’obtenir une valeur maximale à un coût
www.txfnews.com/special/Fin4Ag
45
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
Schéma 1: Approche de chaîne de valeur d’ASPIRE
de valeur, une étude du marché doit être
réalisée afin d’en évaluer les besoins et les
exigences et de déterminer les interventions nécessaires sur la chaîne de valeur. À
l’origine, ProFound a effectué une analyse
du marché européen du miel, disséminée
à l’ensemble des parties prenantes concernées du programme, notamment les
entreprises, les organisations du secteur et
les partenaires du programme. Cette
analyse a confirmé le potentiel du marché
européen pour le miel éthiopien, mais a
également démontré que la conformité
aux exigences de ce marché nécessite un
renforcement considérable des capacités
humaines, technologiques et financières
minimal. Le schéma 1 à la page suivante
renseigne sur l’approche de chaîne de
des entreprises.
De plus, ProFound a mené à bien une
valeur ASPIRE afin:
analyse du marché éthiopien pour ces
●
Que les apiculteurs s’organisent mieux
produits. Cette recherche a montré que le
●
De faciliter l’accès aux services de
marché local propose également de
développement d’entreprises
nombreuses opportunités et que les exi-
●
De garantir l’accès au capital
gences y sont moins strictes qu’en Europe,
●
De garantir l’accès aux marchés
ce qui le rend accessible à des transfor-
●
De développer les capacités des or-
mateurs disposant de capacités entrepre-
ganisations du secteur
neuriales moyennes.
●
De développer les connaissances sur
la chaîne de valeur du miel
Audits d’entreprise
Les activités et les interventions de Pro-
Afin de déterminer les capacités des trans-
Found se focalisent sur les transformateurs,
formateurs éthiopiens, ces entreprises
car ce sont eux qui peuvent davantage
doivent être auditées. Ces audits concer-
influencer les autres acteurs sur le maillon
nent leurs chaînes d’approvisionnement,
éthiopien de la chaîne de valeur. Comme
leur fonctionnement, les caractéristiques
l’illustre le schéma ci-dessus, les transforma-
des produits, la promotion des ventes et la
teurs sont au centre de la chaîne de
structure et les exigences de financement.
valeur. Ils sont en effet essentiels aux apicul-
Depuis son lancement, ASPIRE a audité 17
teurs, aux fournisseurs d’intrants et aux
transformateurs.
consommateurs sur le marché local ou à
l’étranger.
Étape 2: Analyse des lacunes
L’approche de ProFound vise à faciliter
ProFound a analysé les informations dé-
l’accès au marché de ces transforma-
coulant des audits afin de déterminer les
teurs/exportateurs en suivant les quatre
lacunes entre les capacités à la disposition
étapes ci-dessous:
des entreprises concernées et celles
nécessaires afin d’accéder effectivement
46
Étape 1: Analyse du marché et audits
aux marchés cibles identifiés. Ces informa-
d’entreprise
tions, confidentielles, révèlent de manière
Analyse du marché
générale des lacunes liées aux aspects
En vertu de notre approche de la chaîne
suivants:
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Étude de cas: Apiculture en Éthiopie
●
Internes:
Schéma 2: Approche en 4 étapes de ProFound pour faciliter l’accès
–
Connaissance du marché
au marché
–
Mission et stratégie de l’entreprise
–
Contrôle de la qualité
–
Conditionnement pour l’exportation
–
Supports/documentation de promotion incomplets
●
–
Communication écrite
–
Fonds de roulement
Externes:
–
Falsification
–
Prix élevés pour le miel brut
Étape 3: Stratégies de marketing
Les stratégies de marketing permettent
prises de conclure des accords de fourni-
aux transformateurs d’avoir un accès plus
ture de produits avec des acheteurs. L’ex-
efficient et efficace aux marchés cibles
périence a permis aux deux autres de
identifiés pour leurs produits. De plus, les
développer leur entreprise et d’identifier
transformateurs doivent développer un
leurs lacunes en matière de capacités.
plan d’action afin de combler leurs la-
L’un des problèmes majeurs des trans-
cunes en matière de capacités et de met-
formateurs éthiopiens concerne les prix
tre en œuvre leur stratégie de marketing.
pratiqués. Les prix du miel éthiopien sont
ProFound soutient les entreprises dans la
élevés par rapport à ceux du marché
formulation de cette stratégie. Une fois
mondial, en partie à cause du niveau des
celle-ci finalisée, les entreprises peuvent
prix sur le marché intérieur. Les transforma-
passer à la quatrième étape: la participa-
teurs éthiopiens doivent absolument ren-
tion à des foires commerciales et le rap-
forcer la disponibilité de produits apicoles
prochement d’entreprises
de qualité à des prix plus bas. Pour ce faire,
les apiculteurs doivent non seulement être
Étape 4: Rapprochement et promotion
formés, mais également avoir un meilleur
Le rapprochement poursuit un double ob-
accès aux intrants à des prix abordables.
jectif:
L’achat de ces matières premières dépen-
●
dant largement de l’accès au finance-
●
Familiariser les participants avec les
acheteurs de produits apicoles et leur
ment, ASPIRE met également l’accent sur
éthique professionnelle.
le financement des chaînes de valeur.
Explorer les opportunités de rap-
L’économie éthiopienne est grandement entravée par la question du crédit.
prochement
Les transformateurs, les intermédiaires sur
En février 2014, la première activité de foire
la chaîne de valeur (négociants, récol-
commerciale
une
teurs, etc.) et en particulier les petits ex-
tournée de rapprochement de quatre
ploitants/apiculteurs, n'ont qu'un accès
jours en Allemagne. ProFound a organisé
limité aux services financiers, notamment
des entretiens avec neuf acheteurs poten-
au crédit. Les banques favorisent l’in-
tiels et a établi une liste d’acheteurs po-
vestissement dans d’autres industries con-
tentiels auxquels rendre visite. Cette
sidérées comme moins risquées et les IMF
tournée a permis à deux des quatre entre-
ne financent pas les groupes d’apicul-
a
été
organisée:
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47
Compte-rendu post-conférence Fin4Ag
teurs, selon elles trop risqués. ASPIRE fournit
pas les connaissances et les liens avec le
donc un financement à travers la chaîne
marché. Allier transformateurs et apicul-
de valeur, de petits crédits aux apiculteurs
teurs permet de résoudre ces deux ques-
à un système de garantie afin d’obtenir
tions. Les transformateurs prennent en effet
des financements auprès des banques.
en charge la formation et créent un lien di-
Divers modèles de financement per-
rect avec les marchés pour les apiculteurs.
mettent aux apiculteurs d’obtenir des
De plus, les transformateurs sont bien infor-
crédits: via les transformateurs de miel, via
més des compétences de leurs sous-trai-
des coopératives ou des syndicats de
tants et fourniront donc des technologies
coopératives et via les IMF. Le financement
adaptées.
de départ d’un apiculteur peut atteindre
Cependant, notons que le rôle des
5,000 ETB ($253) et comprend les ruches,
transformateurs dans la fourniture de
les vêtements de protection et les outils.
crédit aux apiculteurs les expose bien
ASPIRE a choisi de principalement fi-
évidemment à un risque de défaut de ces
nancer les apiculteurs par le truchement
derniers, par exemple en cas de défail-
des transformateurs. En vertu de ce mod-
lance technique ou de vente parallèle.
èle, les transformateurs obtiennent des
C’est pourquoi seuls les apiculteurs dis-
prêts auprès des banques pour l'achat des
posant de produits intéressants et d’inci-
intrants nécessaires aux apiculteurs. Les
tants
transformateurs de miel mettent en place
transformateurs. Afin que ce modèle soit
des groupes de sous-traitants apicoles ou
efficace, le capital social doit être élevé
des accords d'approvisionnement à long
au sein de l’entreprise, notamment en ce
terme de même type afin d'apporter un
qui concerne la confiance entre les
soutien aux apiculteurs, notamment au
apiculteurs et les transformateurs.
sont
associés
aux
niveau de la formation. Les transformateurs
Le manque de fonds de roulement est
fournissent des kits de démarrage à leurs
une autre lacune profonde identifiée par
sous-traitants, dont le coût est remboursé
ProFound dans le chef des transforma-
via la fourniture future de miel. Une fois le
teurs. Ceux-ci ont besoin de fonds de
prêt remboursé, les apiculteurs et les trans-
roulement entre le moment du paiement
formateurs poursuivent leur collaboration.
des matières premières aux apiculteurs et
Cependant, les transformateurs sont
celui de leurs acheteurs respectifs. Un con-
limités en termes d’accès au financement
teneur exporté peut coûter jusqu’à 40,000
car les banques considèrent cette procé-
€ ($53,800) pour quelques mois. Les entre-
dure comme trop risquée. ASPIRE a donc
prises qui peuvent solliciter un prêt pour
créé un fonds de garantie afin d’obtenir
des fonds de roulement doivent se doter
ce
fonds
d’un plan d’activités solide incluant une
type
de
financement. Le
représente €800,000 ($1.07 million) et as-
stratégie de marketing. Cela permet aux
sure une couverture de 50%. Ainsi, si les
banques d’évaluer les risques liés aux prêts
transformateurs sont incapables de rem-
aux entreprises et incite ces dernières à
bourser, le fonds de garantie paiera 50%
élaborer une bonne stratégie.
de la valeur perdue à la banque. Cepen-
À mesure que le secteur gagnera en
dant, on prévoit qu’avec le temps et la
organisation et en rentabilité, les opportu-
maturation du secteur, la nécessité d’une
nités
telle assistance ira en diminuant.
également. Les banques et les IMF peu-
ASPIRE estime que le financement des
48
importants
apiculteurs via les transformateurs peut
de
financement
augmenteront
vent être activement informées de ce financement
agricole
novateur
en
rendre la chaîne de valeur durable et
impliquant les institutions financières dans
solide. Bien souvent, les apiculteurs n’ont
ce modèle de développement. ■
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