Tribune de Genève du 23 mai 2012
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Tribune de Genève du 23 mai 2012
24Culture Tribune de Genève | Mercredi 23 mai 2012 Télévision Musique «Cannes, c’est un rêve de petite fille» PPDA lève le pied La der de Whitney DR Ariane Massenet Journaliste à Canal +, ravie d’arpenter la Croisette et d’interviewer les stars Sur son blog, Patrick Poivre d’Arvor annonce la fin de l’émission culturelle «La traversée du miroir» sur France 5, au terme de quatre saisons et de près de trois cents rencontres. Port Noir Cinélac se transforme en un festival open air Geneva Art Festival remplace Cinélac, qui aurait fêté ses 21 ans cet été. Le rachat d’Orange il y a cinq mois a été décisif Anna Vaucher Le cinéma d’été Cinélac aura duré vingt ans. Le Port Noir n’accueillera plus sous la forme qu’on lui connaît la manifestation, renommée Orange Cinéma il y a quelques années. Elle sera remplacée par Geneva Art Festival, qui se déploiera au même endroit et sur la même période, du 4 juillet au 26 août. La société Cinélac continue d’exister, gérant la programmation cinématographique de ce festival multidisciplinaire, piloté par une nouvelle équipe de direction. Méli-mélo d’événements La décision a été prise au mois de mars. Sur le tard, puisque hier encore un site Internet annonçait l’édition 2012 de Cinélac, celui de Geneva Art Festival n’existant tout simplement pas. La mutation a été précipitée par le rachat en décembre 2011 d’Orange, sponsor principal d’Orange Cinéma, ce qui a gelé les partenariats, du moins momentanément. «Et la météo a été instable ces dernières années, en particulier en 2011. La manifestation a souffert d’un succès moindre», note Ali El Alej, directeur de Geneva Art Festival. Il reprend donc la main, succédant à Palmolino Esposito, qui continue cependant de gérer Cinélac. Celui-ci précise: «Nous avons cherché à lui donner de nouvelles orientations. Outre les problèmes de météo, nous nous sommes rendu compte qu’avec notamment des DVDs qui sortent de plus en plus tôt, il n’y a pas assez de films qui valent la peine d’être mis sur écran durant une cinquantaine de jours. Les activités de Geneva Art Festival vont apporter un complément important au cinéma.» La manifestation a misé sur un élargissement des publics. La programmation n’est pas encore dévoilée, mais y figureront des ensembles classiques, des activités journaPUBLICITÉ En haut, une vue de Cinélac, qui a connu sa vingtième édition en 2011. La manifestation se transforme dès cette année en Geneva Art Festival, qui proposera d’autres événements, parallèlement au cinéma (photo du projet ci-contre). PIERRE ABENSUR/DR lières pour enfants, des afterworks electro, des concerts avec artistes de la région et des one man shows. La direction devrait même dès l’an prochain organiser des activités sportives. N’y a-t-il pas risque d’un festival fourre-tout? «Nous faisons en sorte d’établir un programme complémentaire à ce qui se fait déjà, de manière à ce que chaque public puisse s’y retrouver», explique Alexis Delmege, directeur de l’agence nouvellement inaugurée Revolution PRCo. Mise sur pied par Michel Chevrolet, décédé en avril, c’est elle qui gère la logistique. «Ali J.P.BALTEL / FTV FRANCE 5 Elle a dit El Alej hérite du lieu et du public, qui s’attend à ce qu’un événement subsiste au Port Noir. Cinélac fait partie du patrimoine culturel genevois en termes de scènes estivales. Les horaires ont été élargis pour profiter davantage du lieu. Comme pour Cinélac, les activités ne se poursuivront pas, sauf exception, au-delà de minuit.» Capacité d’accueil triplée Si l’infrastructure de Cinélac avait un potentiel de 1000 places, celui de Geneva Art Festival devrait tripler. Quant à l’allure extérieure, elle simulera une arène romaine reproduite sur bâches, risquant malheureusement d’alourdir le paysage. Les gradins, le parterre et la terrasse panoramique seront couverts, contrairement à la scène qui reste à l’air libre cette année encore, ce qui ne devrait donc pas régler dans l’immédiat les problèmes météorologiques. En ce qui concerne les soucis occasionnés par les nuisances sonores qu’avait connus Cinélac, Geneva Art Festival ayant eu recours à un cabinet d’architectes spécialisés dans l’acoustique, ils ne devraient plus se poser. Enregistrée quelques jours avant sa mort, Celebrate, la dernière chanson de Whitney Houston, figure sur la BO du film Sparkle. Au Poche, c’est toujours «la première fois» Scènes Le Théâtre de Poche annonce sept atouts pour sa programmation 2012-2013 Entourée de quelques-uns des auteurs et metteurs en scène qui signeront les spectacles de sa 10e saison à la tête du Poche, Françoise Courvoisier, lors de sa présentation de saison, hier, a réaffirmé avec force la mission fondatrice de son établissement: privilégier non pas l’énième «création» de pièces du répertoire, mais la création de textes eux-mêmes fraîchement créés. Ce qu’on célèbre ici, c’est pleinement – et depuis toujours – «la première fois». En 1948, la parole sartrienne était ainsi à l’honneur avec La putain respectueuse: en 2012, place aux inédits contemporains, qu’une jauge confidentielle de 130 spectateurs accueillera avec d’autant plus d’exaltation. «Tant que la pensée est en mouvement, le public suit.» Un credo chanté par la chaude voix de Françoise Courvoisier, qui servira de fil rouge à cette saison anniversaire. Le plaisir du verbe y primera sur la sophistication des scénographies – ce qui s’accorde au budget de l’institution. Les écritures s’y déploieront dans toutes leurs diverses majestés, et les dialogues y fuseront, clairs, cinglants, libres. Tantôt politiques, tantôt intimes, tour à tour écorchés ou comiques, ils capteront l’audience par leur virginale fécondité! La modeste prérogative que s’octroie la décennale directrice consiste à ouvrir la saison. Septembre se profilera donc sous la plume de l’Anglais Patrick Marber, avec un chassé-croisé amoureux sur le modèle de X aime Y qui couche avec Z lui-même trompé par X, intitulé Closer (et déjà adapté au cinéma par Mike Nichols en 2004). L’occasion pour la metteur en scène d’aborder les thèmes de la séduction et du désir avec franchise et concision. «Sans esquive», précise-t-elle. Mais sinueusement quand même. D’amour, il sera également question en clôture de saison, avec Aminata, du regretté Gilles Laubert récemment disparu. Ce projet, élaboré avec l’également regretté René Gonzalez (le Théâtre de Vidy reprendra ultérieurement le spectacle), dans une mise en scène du cinéaste genevois Jacob Berger, tentera, selon les dires de ce dernier, «de remettre le monde à l’endroit avec des phrases écrites à l’envers». Ou comment quatre personnages qui parlent «étrange» Françoise Courvoisier défend la création depuis 10 ans. A.REBETEZ voient l’altérité placée au centre de leur quête affective. Entre ces deux pôles amoureux – auxquels on pourrait ajouter l’affrontement père-fils qu’orchestre Philippe Lüscher avec La Force de tuer (de Lars Norén) –, s’égrènent quelques spectacles plus directement aux prises avec les réalités collectives. Accueillie de France, où elle a déjà connu un vif succès, Chute d’une nation se présente comme une série théâtrale en quatre épisodes sur les intrications d’une élection présidentielle. L’histoire s’écrit par des politiciens qu’elle a tôt fait de broyer. Contrairement à la fiction écrite ici par Yann Reuzeau, qui laisse son auteur tout à fait maître d’évocations historiques assumées. L’histoire politique se trouve encore au cœur du projet de Dominique Ziegler (avec Frédéric Polier dans le rôle-titre), Pourquoi ont-ils tué Jaurès?, qui aborde la figure aussi méconnue que contradictoire du grand tribun assassiné à l’aube de la Première Guerre mondiale. Dans les trois dernières pièces programmées, ce sont des phénomènes comportementaux actuels qui sont éclairés: Cochons d’Inde (de Sébastien Thiéry, mise en scène d’Antony Mettler) s’amuse de l’absurdité propre à l’économie mondialisée; In Love with Federer (de Denis Maillefer et Bastien Semenzato) explorent l’esthétique du jeu de notre tennisman national et la fascination qu’exerce le sport sur ses supporters; enfin, la relecture par José Lillo du Gorgias de Platon épingle les dangereux pouvoirs de la rhétorique. Mais pas du verbe dans son action théâtrale. Katia Berger Rens: 022.310.37.59, www.lepoche.ch Des Rencontres théâtrales pour «démocratiser la démocratie» 2011 | 2012 Politique culturelle Huit débats autour du théâtre seront programmés la saison prochaine Victoria Hall Dimanche 3 juin | 20 heures Murray Perahia Beethoven | Schumann Schubert | Chopin piano Location : Grütli ¬ 0800 418 418 Espace Municipal, Genève Tourisme, Cité Senior www.caecilia.ch Contrôle qualité Diderot et notre tricentenaire Rousseau s’écharpaient déjà sur le rôle du théâtre au sein de la cité. Aujourd’hui, c’est le plus souvent entre deux portes (de théâtre, de bâtiment administratif ou de bistrot) que les professionnels, les politiques et les citoyens continuent de s’échauffer sur la question. Pour coordonner ce vaste débat et lui promettre des retombées concrètes, le Département de la culture et du sport de la Ville de Genève, en partenariat avec la Haute Ecole de travail social et avec la collaboration de Jacques Magnol et Natacha Jaquerod, organisent une série de huit Rencontres théâtrales échelonnées tout au long de la saison 2012-2013. Un peu sur le modèle des forums proposés par le RAAC (Rassemblement des artistes et acteurs culturels), ces rencontres se focaliseront sur l’évolution de la politi- que dans le domaine du théâtre exclusivement, abordant des thématiques allant du plus philosophique («Théâtre et Cité») au plus sonnant et trébuchant («Soutiens aux compagnies et théâtres indépendants»). Seront conviés à prendre part à ces réflexions les institutions, les professionnels, les collectivités publiques, de même que tout spectateur intéressé. En tant qu’ex-directeur du Forum Meyrin, Mathieu Menghini, devenu professeur à la Haute Ecole de travail social, donne tout son sens à la notion d’initiative «socioculturelle». C’est pourquoi il s’est activement associé au lancement de ces premières Rencontres théâtrales par Sami Kanaan, soucieux qu’il est de réunir tous les acteurs de la politique culturelle en vue d’«affronter la complexité de la réalité théâtrale». A ses yeux, en effet, seul un vrai dialogue social sera capable, notamment sur la scène théâtrale, de «démocratiser la démocratie» et de répondre aux questions soulevées par les défis actuels – parmi lesquels l’inauguration de la Nouvelle Comédie. Si la série de débats annoncés ne démarrera qu’en septembre 2012, le site www.geneveactive.ch, fondé par le journaliste Jacques Magnol, est actif dès aujourd’hui. Il permet d’initier une phase de consultation des milieux culturels, lesquels sont invités à poster commentaires, attentes et autres contributions. Cette plate-forme participative permettra également par la suite de rebondir sur les débats passés. Katia Berger Pour tout renseignement et contribution, ww.geneveactive.ch