studies on voltaire and the eighteenth century

Transcription

studies on voltaire and the eighteenth century
S T U D IESON VOL T AIR EAN D
T H E EIGH T EEN T H C EN T U R Y
z6 r
F R AN C ISC O L AF AR GA
Generaleditor
PR O F E SS O RH .' I' . M AS ON
Dcpartmentof French
Universityof Bristol
BristolBS8 ITE
Voltaire en Espagne
Gts4-18:s)
T H E VOL T AIR E F OU N D AT ION
A T THE TAYLO R I NSTI TUTI O N,
r 989
O XFO RD
@ tgSg Uniaenityof Oxford
Table des matieres
rssxo435-2866
ISBNo 7294o38r 5
'\r'ant-propos
Introduction
I
r. La diffusion de I'ceuvrede Voltaire en Espagne
i. Les v6hiculesde la diffusion
ii. T6moignagesd'une Pr€sence
z. Voltaire et la censureespagrole
i. La censureeccldsiastique:I'Inquisition
ii. La censurecivile
.i. Les adversairesde Voltaire en Espagne
i. Auteurs frangais traduits
ii. Auteurs esPagnols
3
4. Traductions et adaPtations
i. Traductions d'ouvrages dramatiques
ii. Traductions d'ouvragespodtiques
iii. Traductions d'ouvrages en prose
iv. Les adaPtations
British Libran' cataloguingin publicationdata
Lafarga, Francisco
-
Voltaire en EsPagne1734-1835
(Studieson Voltaire and the eighteenthcentury,
I SSN o435- 2866;z 6t )
L Title II. Series
848'.5o9
I SBN o- 7294- o38r - 5
Oxford
Printedin Englandat TheAldcn Press,
vll
.5.Les traducteurs
Conclusion
Appendices
A. Cataloguedes traductionset adaptations
B. Epitaphe de Voltaire
C. 'Idea de las obras de Voltaire'
D. 'Crftica sobre el Tartufle'
E. Qualifications de Candide
F. Qualifications de Zadig
G. Qualification del'Eaangile du jour
deP. et de Th' Comeille
H. Qualification des CEupres
los parisienses'
a
Voltaire
M.
de
de
J.'Cartt
K. 'Al arribo de Volter a los infiernos'
L. Cdndido Maria Trigueros, Prdface de 'Don Amador'
M. Jos6 de Viera y Claviio, Pr6facede la 'Enriada'
llibliographie
Index
+
t2
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47
5o
52
6z
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r22
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221
222
224
227
243
v
I
I
A
lrvant-propos
| .'ont<;lNnde ce livre a 6t6 une thbse soutenuei l'universitd de Barceloneen
rq7j. Publidepar les dditionsde cette universit6,une premiEreversionde ce
tlirvail a vu le iour en 1982, en langue espagnole.Le temps 6could, des
rnodificationsdues i mes propres recherches- qui ont toujours continud sur
ccltc voie - ainsi qu'i la bienveillancede certainsde mes colldgues,m'ont fait
l)cnseri la convenanced'une nouvelle6dition plus complite. L'accueil favorable
tk:sStudieson l/oltaire a fait le reste.
-fc tiens i exprimer ma gratitude e MM. Gabriel Oliver et David Romano,
professeursi I'universit6de Barcelone,qui m'ont guid6 au moment de r6diger
nra thdse, ainsi qu'i i!1. Christopher Todd, dc I'universiti de Leeds, qui a
irpportdavec g6n€rositddes pr6cisions i mon travail et a bien voulu dcrire la
prcfacepour la premiEreddition, et i M. Jean-Daniel Candaux,de la Bibliothdrluc de Gcndve, qui m'a procurd plusieurs documents.Je dois remercier aussi
plusieurs colligues dix-huiti6mistes qui ont apport6 des compldments i la
premidre 6dition, notamment MM. FranciscoAguilar Piflal, Pedro Alvarezde
\tiranda, Jesfs Astigarragaet Ernest Lluch. Ma gratitude aussii ma colltgue
dc I'universitd de Barcelone, N{lle Lfdia Anoll, qui a bien voulu lire mon
rrranuscrit.Je tiens i remercier enfin les Studieson Voltaireet leur dditeur, le
professeurH. T. Mason, de I'intdr€t qu'ils ont port6 a mon travail.
Octobre r986
vll
Introduction
l)nNs le vaste domaine de la bibliographie voltairienne on remarquait, au
rnomentde la premidrer6dactionde ce travail,I'absenced'une 6tude d'ensemble
sur I'accueil fait i Voltaire en Espagne.IOn disposaitdes analysesdes rapports
clcVoltaire avecI'Angleterre,I'Italie, l'Allemagne,la Pologrre,voire la Sicile;2on
avaitaussibeaucoup avancddansle domaine de la bibliographie des traductions.3
En ce qui concerne I'Espagneil n'y avait i ce moment-li que des dtudes
partielles, en dehors d'un travail d'ensemble de Daniel-Henri Pageauxsur
'Voltaire en Espagne',m6moire prdsent€i I'Institut hispaniquede Paris dont
on n'avait publid qu'un trop bref risum6.n Avant 1973 on pouvait lire, par
cxemple, I'dtude de Jean Sarrailh sur une adaptation de Jeannot et Colin, les
mises au point de Gerhard Moldenhauer et Charles B. Qualia sur le th6itre,
I'articledeJ. A. van Praagsur une traductiondeBrutus,celuide Paul-J.Guinard,
cnfin, sur une version de Zadig. En fait, les 6tudes les plus importantes ont 6td
publides en t976, c'est-i-dire, trois ans aprbs la r€daction du noyau de mon
travail: la trds compltte bibliographie des traductionsdtablie par Christopher
Todd, parue dans les Stud.ieson Vohaire,et Das SpanienbildVoltairesde Manfred
Komorowski, analyse de I'image de I'Espagne chez Voltaire qui bdndficiait de
diff6rentes€tudespublidespr6c6demment.s
Les limites chronologiquesde mon travail ont dtd fixdesen ry34 et en 1835.
La premibre anndecorrespondi la date de publication de la plus anciennedes
traductions rep€rdes. La seconde limite ripond i plusieurs raisons. Tout
r. Les dditions des ouvrages de Voltaire sont rdunies dans le bien connu Georges Bengesco,
Itohaire: bibliogruphiefu sa eatsres(Paris r88z-r8go), qui exigerait sans doute une mise au point.
Quant ir la bibliographie critique, voir les ouvrages de Mary Margaret H. Btr, A cntury of Voltaire
stnlT (New York r9z9), et sa suite Qurante annia d'6tudcsvohairinnes (Paris r969).
z. Voir, parmi d'autres, Andrd-Michel Rotsseus, LAngletetre et Vohaire,Studies on Voltaire r 45r 47 (Oxford r 976); Eugdne Bouvy, Vohaireet I'Italie (Pais r 898); Jeroom Vercruysse, Vohaireet la
Hollandz, Studies on Voltaire 46 (Genive r966); G. Brunelli, Vohaireet la Sicile (Messina 1966).
3. La plupan de ces bibliographies ont paru dans les Sralier on Vohaire:traductions anglaisespar
H. B. Evans (8 (rSSS), p.g-rzr); italiennes par Theodore Besterman (r8 (196r), p.263-3ro);
scandinaveset finlandaisespar Besterman encore (47 (t966), p.53-92), qui a assurd aussi le
catalogue des versions portugaises(76 (rg7o), p.r5-35); hollandaiseset flamandes parJeroom
Vercruysse (r r 6 (r 973), p.z r -63). Pour les traductions allemandes,voir Hans Fromm, Bibliographie
d.cutscher
Ubenazunget aus demFranzijsischen(Baden Baden rgro-rgr3), vi.z6r-86.
4. La rifdrence compldte des ouvrages cit6s se trouve dans la bibliographie en fin de ce volume;
je me suis permis d'introduire dans la bibliogrephie certains travaux r€cents, parus aprds la r6daction
de ce livre.
5.Je me permets de renvoyeri mon article'Essai de bibliographie',oir je commente I'ensemble
des 6tudes sur ce suiet.
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
d'abord, i un motif purementlittdraire: le triomphe du romantismeen Espagne,
au th€itre surtout, et la liquidation de toute une littdrature encore li6e au dixhuitidme sidcle. Et aussi i une raison politique: la fin du rdgne de Ferdinand
VII (1833), qui a eu encore en plein dix-neuvidme sidcle un sotrt d'ancien
rdgime.
Je me suis attach6surtout, dans ce travail, i mettre en dvidencel'accueil fait
i voltaire en Espagne.A cet effet i'ai r6uni d'abord un ensembled'allusionsi
cet auteur dans des ouwagesde l'6poque;par la suite j'ai analys6I'attitude de
la censure et I'cuvre des adversairesde Voltaire. La plus grande partie du livre
est tout narurellement consacr6ei la description et analysedes traductions,
ainsi qu'i I'drude de la personnalitddes traducteurs.Des appendicesen fin de
volume reproduisent plusieurs documents in6dits, ainsi que le cataloguedes
traductions.
Ce livre se situe dansle cadre des travauxsur la fortune littiraire des auteurs
franqaisen Espagneet, d'une manidre gdn6rale,de I'influence franqaisedans
ce pays,dtudidepour le dix-huitidme sidclepar Paul Merim6e dans les anndes
r93o et inventoridei la m€me dpoquepar Loi's strong. Des grandesfigures du
dix-huitiEmesidclefranqaisuniquementJ.-J.Rousseaua fait I'obiet d'une 6tude
d'ensemble,grice iJefferson R. Spell.
Quant i I'expos6gdniral sur l'histoire littdraire et l'6tat des idies en Espagne
au dix-huitidme si€cle, je me permets de renvoyer le lecteur aux grandes
synthises de Juan Luis Alborg sur la littdrature, de Jean Sarrailh sur les
Lumi0res, deJos6Luis Abell6n sur la pens€e,de Luis SdnchezAgesta,Antonio
Domfnguez Ortiz et Richard Herr sur la politique et la socidti.
r . La diffusionde I'auvre de Voltaire
en Espagne
l.l.s conditions socialeset dconomiquesde I'Espagnedu dix-huitidme siBcle
itaient favorables,malgrd les difficultds des communications,aux dchanges
culturels et, par cons6quent, i la diffusion dans ce pays des civilisations
itrangbres- et, tout spdcialement,de la culture franqaise,appuydesur le prestige
politique et littdraireni i l'6poquede Louis XIV et favorisde,peut-Ctrebeaucoup
moins qu'il n'en parait, par une dynastied'origine franqaisemont€e sur le tr6ne
dc I'Espagne. Les plus jeunes voyageaienten France et dans d'autres pays
curopdenset les 6trangersvisitaientI'Espagne,leurs rdcits aidant i connaitrela
rialitd espagnole,une r6alit6 pass6e, cependant, au crible de leur propre
de la languefranqaise,notammentparmi la noblesse
mentalit6.t La connaissance
ct la haute bourgeoisie, s'est consolidde depuis le milieu du siBcle2et a
de la langue
cfonndlieu parfois i une v€ritable francisation (ou afrancesamiento)
plaisanteries
On
et
satires.3
ne doit pas
qui
cspagnole, a provoqudd'abondantes
la
franqaise
en
Espagne,
de
colonie
par
I'importance
ailleurs,
m6connaitre,
prdsence
aspect
assez
souvent
a
un
principales
villes.a
Cefte
citabliedans les
I'existence
de
culturel
on
signale
dans
le
domaine
iconomique; cependant,
plusieurslibrairiesexclusivementfranqaiseset g6r6espar des Franqaisi Cadix,s
ct d'une autre avecdes livres franqaisen maiorit€ i Salamanque,propridti d'un
lrspagnolet qui pourvoyait sans doute les 6tudiants de la premi€re universitd
r. Sur voyages et voyageurs en Espagne sont classiquesla bibliographie de Foulchd-Delbosc et
l'6tude de Farinelli. Sur les voyageurs frangais en Espagne, voir surtout les ouvrages de Bertrand
ct de Fernindez Herr. Parmi les anthologies, la plus accessibleest, sansdoute, les ,'iajesd1erllnnjelos
pur Espafial Portugal, dd.J. Garcfa Mercadal (Madrid 196z).
z. Voir Brunot, Histoire de la languefranEaise,vol.viii: Le FranEaishon dt France au XWIIe si?ele
(t'aris r 935); Ldzaro Carreter, Las ideaslingiihticas (Madrid r 949; n. €d. Barcelona r986); Gonzdlez
l)alencia, 'Nota sobre la ensefianza del franc6s a hnales del siglo XVIII y a principios del XIX',
z (rg4z), p.z6-34; Sudrez G6mez, 'Avec quels livres les Espagnols
Rrcistanacional dc ed.ueacidn
apprenaientle franqais (I5zo-r85o)', Rane fu littirature nmparie 35 (r96I)' p.r58-7r, 33o-46,
5 r 2-23.
3. Voir notamment i ce sujet, Rubio, la c'riticadel galicisnra(M6xico I937)'
4. Sur les Frangaisen Espagneau dix-huiti0me siEcle,r'oir, surtout, Desdevises,'La richesseet
la civilisationespagnolesau XVIIIe sidcle',Reuaehisparique73 (rgz8), p.r-488; Herr, Espaiay la
rnvrlucihn(Madrid ry61, p.66-67, 257-58.
5. Defourneaux, Inquisici1n.y censuradz libros n h Espafiadel sigloXVIII (Ma&id 1973)' p.t t517.
Vohaireen Espagner7j4-r8j5
r. La diffusion dt l'ewre de Vohaireen Espagne
espagnole.6Les traductions,nombreuseset vari6es,venaient en aide de ceux
qui ignoraient la langue ou avaient des difficult6s pour s€ procurer des liwes
dans l'original.
Toute cette situation favorisait inormdment une diffusion large et rapide des
ouwages franqais en Espagne. or, si cette diffusion ne rencontrait aucune
entrave quant aux ouwages non marqu6s, ou inoffensifs, il en dtait autrement
pour les livresconsidiris dangereux,notammentles ouvragesdes'philosophes'.
contre ceux-ci se dressait la muraille de l'Inquisition, haute mais avec de
nombreusesf€lures. Malgrd les prohibitions fulminantes et les peines trds dures
qui pesaientsur les lecteursde livres condamn€s,les procis de I'Inquisition et
les nombreuses rdfirences i des livres prohib€s que I'on trouve dans des
ouwages de l'dpoque montrent que les Espagnolsqui se hasardaienti les lire
dtaient nombreux.
Les ouvrages de Voltaire, le plus universel des 6crivains frangais du dixhuitidme sidcle,ne pouvaientrester en dehors de ce phinomdne socio-culturel
et nous allons voir dans les pages qui suivent que son nom et son cuvre
apparaissentdans beaucoup d'6crits du temps, objet parfois d'une simple
mention, comment6slargementdansd'autresoccasions.La diff6rencedes buts
et des moyens oblige i distinguer nettement, parmi les commentateurs de
voltaire, ceux qui se proposent une tiche de diffusion de la littdrature franqaise
en g6n6ral et ceux qui, parfois d'une manidre indirecte, offrent un t6moignage
de sa prdsenceen Espagne.
histoireslitt6rairesqui contiennentde nombreusesr€fdrencesaux ouvragesde
Voltaire. Deux - celles de Luzin et Andrds - sont originales et la troisidme cclle du duc d'Almod6var - est la traduction, ou plut6t I'adaptation, d'un ouvrage
lianqais. Leurs auteurs et les circonstances de leur composition sont bien
diff6rents et elles offrent, par consdquent,des visions particulidres et spdcifiques
dc la personnalitdet de I'cuvre de Voltaire.
Ignacio de Luzdn, qui avait d€buti en ry37 dans le monde littdraire par la
publication d'une 6rudite Poitica, a donnd en r75r sesMemoias literarias fu
Paris: actualested.o
qui 6taient le fruit de son sdiour dans
J mitodo de susestud.ios,
la capitale frangaise en qualitd de secrdtaire de I'ambassaded'Espagne et
dc son inorme int6r€t pour les leftres.T Luzin, comme la plupart de ses
contemporains, comprend la litt6rature dans son sens le plus large, et il fait
place dans ses Memorias non seulement i la litt€rarure de crdation, mais i
I'irudition, la science,l'enseignementet les bibliothdques- ce qui contribue i
apporter une vision assezcompldte de la situation culturelle de la capitale de la
Irrance. Dans une vue d'ensemble de la vie littdraire si riche et varide le nom
de I'un des premiers dcrivainsdu sidcle ne pouvait pas €tre absent.En r75o,
aux yeux de Luzdn et des Franqais, Voltaire 6tait un grand pobte, le premier
dcs poites vivants. Il n'avait pas encore publii les pamphlets antireligieux qui
ont d6tournd un grand nombre de sesadmirateurs.A causede cela,les allusions
de Luzdn font appel pour la plupart aux ouvragesde crdation.
La description que Luzin fait de Voltaire se signalepar sa courtoisie et m6me
par son enthousiasme(p.28):
. i. Les v6hiculesde la diffusion
Mr. de Voltairetendr6ahorapocom6sde cincuentaafros:escort6s,discretoy delicado
cn la conversaci6n;
de un ingeniomuy agudo,de una fantasfamuy vivay muy fecunda;
y iuntando a estasprendasnaturalesmucho estudioy asidualecci6n,una erudici6n
universaly el conocimientode muchaslenguas,formael todo de un gran poeta.
Au dix-huitidme sidcleles deux grandsv€hiculesde la diffusion de la littdrature
franqaiseen Espagnesont les histoireslittdraireset lesp6riodiques.Les histoires
de la littdrature, soit gdndrales,soit particulidres,foisonnenti une dpoque qui
a eu le gott de l'€rudition et du savoiruniversel.Ces histoireslittdraires,porranr
ce titre ou celui de relation, mdmoires ou tableau,ofhent des opinions sur les
phinomdnes littdraires, sinon impartialesau moins vivantes,un tableau .r6el'
de la vie lindraire d'une dpoque,encorenon 6purdpar la distanciationhistorique
et les changementsde gott. Grice au prestigepersonnelde leurs auteursou i
Ia nouveautdqu'elles reprisentaient,ces histoireslitt6rairesont jou6 le r6le de
v6hiculesformidablesde la diffusion de la culture dtrangdreet, plus particulidrement, franqaise.
Dans I'Espagne de la secondemoitii du dix-huitidme sidcle il existe trois
6. Il s'agit de la librairie de Jos6 Alegria, rue de la Rua; voir G. Demerson, Melnd.ez valdcs
(M adr i d r g T r ) , i . r o r .
4
Luz6n commente trds favorablement plusieurs productions de Voltaire. Il croit
que La Henria.dc'ha deiado muy atrds a los anteriores dpicos de su naci6n'
(p.Z:) et qu'elle est la plus excellentede sescompositions.Il juge de m€me trds
positivementZadig et Babouc,qui venaient de paraitre et qu'il attribue i Voltaire,
malgrd I'anonymat,i causede l"estilo y la ingeniosadiscreci6ncon que est6n
cscritas'.8 Il mentionne d'autres ouvrages de Voltaire, tels que les Lettres
7. Sur Luzin et sesMemorias, voir, notamment, G. Demerson, 'Un aspecto de las relaciones
fianco-espafiolas en tiempo de Fernando Yl'.las Memoias literarias dc Pais de Ignacio de Luzdn',
tlansLa epocade Femandn Z1 (Oviedo ry8r), p.z4r-73, ainsi que I'article de G. Carnero cit6 dans
la bibliographie.
8.p.1S-t6. Zadig a i.t6.publi6 pour la premidre fois sous le ttre Memnon I Londres (Amsterdam,
cn fait), en t7 47; l'alrrnfc suivante trois 6ditions ont vu le jo:ur, inttt:l1,es Zad.ig ou la dcstin4e.
Babouc,
plus connu comme Le Mondz commeil tsa, a €t€ imprim6 pour la premiEre fois en 1748 et r66dit6
cn r749 avec la date de r75o. Luzin filt sans doute rdfdrence ) la seconde 6dition.
Vohaireen Espagner7j4-r8j5
philosophiques,I'Epitrei. Uranie et Le Templedu Gofit. L,uzin examine avec un
peu plus de ddtail le thditre, en faisant allusion i la rivalit6 entre Voltaire et
Cribillon. Il se fait l'6cho en m6me temps du but moralisateurdes comddies,
notamment de Nanine, dont I'intention est celle de 'probar la igualdadde todos
los hombres y que s6lo se deben distinguir por sus virtudes y por su m€rito'
(p. r r r - r z); il semble aussiattird par l'6clat de la mise en scdnedont Voltaire a
par6 certainesde sescom6dies(p.26).Les controversessuscit6espar la personnalitd et par l'reuvre de Voltaire sont 6voqu6esde m€me par Luzin (p.Zz),
Al presenteMr. de Voltairepareceque ocupala primerafila entre los poetasactuales.
Su poemala Henriade,sus tragediasy comedias,susepistolasy otrasmuchasobrasen
versoy prosale han adquiridouna famaiguala la envidiay emulaci6nde los que le han
satirizadocruelmente.
Le j6suite espagnolJuanAndr6s a publi€ i Parme entre r78z et 1789, et en
italien, une histoire litt6raire (Dell'origine,progress0
estatoattualed'ogniletteratura)
qui a 6td trCs tdt traduite en espagaolpar son frdre Carlos et publide i Madrid
y estadoactual dc toda la literatura (1784-18o6).
sous le titre Oigen, progresos
Andrds, I'un des plus drudits parmi les historiensde la litt6rature de son temps,
essaiede se maintenir dans une position impartiale au moment de iuger les
ouwages liftdraires, tout en signalant les vertus et les d6fauts des auteurs et les
excellenceset les points faiblesde leurs productions.
La figure de Voltaire et la place de choix qu'il occupait dans la litt€rature de
I'dpoque ne pouvaientpas €tre absentesdans I'ceuvrede notre 6rudit. Il expose
ouvertement ses opinions, tantdt favorables, tantdt ndgatives.Il situe Voltaire
parmi 'los genios superiores,los maestrosdel buen gusto, los modelos de la
literatura' (iii.: l6) et, par consdquent,il I'examineavecrigueur. L'agrdment et
la vivacit6 du style de Voltaire est I'un des aspectsqui attire I'attention du pdre
Andrds et lui fait 6crire cesmots d'6loge (v.254):
y correcta,un ordende pensamiento
artificiosaUna dicci6nsencilla,clara,armoniosa
pero siemprenuevoy gracioso,
una manerade expresarse
mentenafuraly espontineo,
fdcil,varia,ingeniosay agradable,rasgosvivosy animados,salesfinasy picantes,y mil
y de ingenioformandelasobrasdeVoltaireel dulceentretenimiento
dotesde imaginaci6n
de todaclasede lectores.
Il convient, cependant, que les lecteurs s6vdresqui aiment I'instruction ne
peuvent pas souffrir un style si superficiel,ddpourvu de base et peu s6rieux.Il
dtablit i plusieurs reprisesun paralldleentre Voltaire et Rousseau,en mettant
en dvidenceleurs diffdrencesd'intention et de style,m€me si les r6sultatssont
identiques, puisque 'por dos caminos enteramentediversos han introducido
uno y otro la seducci6n y han arrastradoa los lectores tras cuanto les han
querido persuadir' (x.Zzg).Le pdre Andrds marque d'ailleurs, nettement, les
6
r. La dffision de I'auare de Voltaireen Espagne
limites entre Voltaire philosophe et Voltaire dcrivain, comme le font d'autres
iruteursi l'dpoque(ii.353-54):
I)croconsiderando
la religi6ny lasletrascomodoscosasdistintasen un todo,veoque
pucdeun fil6sofoestarabandonado
de Dios segrlnlos deseosde su coraz6ny tenersin
cmbargosutil ingenioy fino discernimientoy pensarjusta y verdaderamente
en las
nraterias
literarias.Si no puedenadquirirsetalesprendassin menoscabo
de la religi6n,
preferirdciertamente
unapfaignorancia
al mdsexquisitosaber;perosi la erudici6ny el
ingeniopuedensepararse
del libertinafee irreligi6ny unirsecon la piedad,como
cfectivamente
vemosque sucedeconfrecuencia,
no comprendopor qu6 no sepueday,
por mejordecir,no se debadesearel fino gustode Voltaire,la elocuencia
de Rousseau
v la erudici6nde Fr6ret antesque los talentosmedianosde granpartede suscontrarios.
Quant aux ouvrageslitt6rairesi proprementparler, Andr6s accepteI'accueil
clispensden France d La Henriade, mais il en mentionne toutefois certaines
irr6gularitds,comme les voyagessans motif, la descenteen enfer, la prdsence
dc personnagesalldgoriques;il lui reproche son peu de sentiment et le faible
pathdtiquedes rdactionsdes personnages.Malgrd tous ces d6fauts,il considdre
I .a Henriadc'el f nico poema6pico de la Franciay el meior de estesiglo' (iii.3o6r8). Tout en accordantune certainevaleur aux discourset aux dpitres en vers,
Andrds les considdre- contre I'opinion de Marmontel - trds inibrieurs i ceux
dc Boileau par leur monotonie et la n6gligencede leur dcriture (iii.4 r r - r 3).
A l'6gard des cuvres historiquesde Voltaire,Andris leur reprochele manque
de gravit6 dans le style, la faible rigueur critique et le peu de vdrit6. 'Si se
hubiese podido sujetar a la verdad y guardar en el estilo la gravedad que
correspondea un historiador y a un maestrode la vida humana, su ensayode
historia universal seria un modelo digno de que lo tuvieran presente los
historiadores'(ii.39z); mais le style burlesque et satirique,les maximesimpies
dparsesdans I'cuwe et les fausset6sfinissentpar fatiguer le lecteur prudent et
cultiv6, qui, i la fin (vi.r73),
rrroja de las manosel libro detestando
la temerariainsolenciadel escritor,que tan
descaradamente
seatrevea abusarde lasgraciasde su plumay de la indulgentefacilidad
de los lectores,y que en vez de una historiageneralquiere darnosleccionesde
incredulidad
y de irreligi6n.
Il regarde d'un ail plus favorable 'las dos historias de Carlos XII y del zar
I)cdro'- c'est-i-dire,l'Histoire de ChadesXII etl'Histoire dc la RussiesousPierre
le Grand, qui possddent'm6s aire hist6rico y presentanmds hechosy con meior
orden' (vi .t73).
Quant aux romans et contes,il les considdre'muy distantesdel gusto de las
novelas comunes' et il critique notamment Cand,ide,ne trouvant aucune grice
ct nul plaisir'en aquellasaventurasmal preparadas,en aquellospasajessatiricos
fuera de prop6sito, en aquellatediosarepeticidn de expresionesfilos6ficas,en
I/ohaireen Espagner7j4-r835
aquellasinsipidasreflexionesy poco delicadasbufonadas'(iv.5z5).
Andrds consacreun plus long commentaire au th6itre, grice auquel Voltaire
se sirue au premier rang des auteurs dramatiques de son temps et en une
position immddiatementinf€rieure i celle occup€epar Corneille et Racine,avec
qui il forme une espdcede triumvirat tragique. M€me s'il n'est pas touiours
original dans ses suiets,Voltaire lui apparait comme novateur dans le traitement
des thdmes,en apportant une simplicitd rare dans le thiAtre tragique de l'6poque:
'Voltaire ha sido el primero que ha presentado en el teatro francds algunas
tragedias sin enredos amorosos, y en otras ha tratado el amor con gravedad
trdgica, sin degradarlo con amores secundarios ni con romancescoso c6micos
enamoramientos'(iv.r96-97).Andrds sigaale,nonobstant,certainsdifauts dans
les tragddiesde Voltaire: la mise en scdnecompliqu€e,les coups de thdAtreet,
surtout,I'excis de philosophie,qui'disminuye no poco la bellezade sustragedias
y quita el m6rito de la ilusi6n' (iv.zoz).Il le considdre,cependant,le premier
dramaturge de son temps et le moddle de tous les auteurs tragiques de son
sidcle. Malgr6 I'infdrioritd des com6dies par rapport aux tragddies, il en trouve
d'agrdables i la lecture, notamment L'Enssaise,'por la facilidad del estilo, por
la delicadezade algunospasajesy por la eleganciay donaire que reina en las
obras de aquel cilebre escritor' (iv.zr7).
Au long des dix volumes de son ouwage, le p€re Andrds fait r€f€rence i
d'autres compositions de Voltaire, ori celui-ci fait mention de ses opinions sur
des sujetslittdraires;ces allusions,nombreuses,sont rapideset peu relevantes.
Cependant, par son ton d'6loge on peut citer I'allusion aux commentairesau
thditre de Corneille (vi.68z):
Los principalespoetasfranceseshan encontradomuchosexigetas,peroel m6sperfecto
modelode esteg6nerosonloscomentarios
de Voltairea lasobrasde Corneille,donde
en brevesy dtilesnotasse encuentranlas mdsfinasy justasobservaciones
de gram6tica
y poitica, de sanoiuicio y fino gusto.
Pedro Franciscode Luidn y Su6rezde G6ngora, duc d'Almod6var, a 6t6 un
membre distingud de la noblesse dclairde. Il a voyagd dans sa ieunesse dans
divers pays europdens et a 6td ambassadeuren Russie, au Portugal et en
Angleterre. Sous le nom d'Eduardo Malo de Luque (anagrammede son titre)
il a traduit du frangais l'Histoire desdeuxIndcs,attribude i I'abbd Raynal - et I'on
sait aujourd'hui la part que Diderot a eu danscet ouvrage.eMalgrd les coupures
g. Histoia politiea d.elos atablecimientosubramairos dz las naciona europeas(Madid r784-t79o);
publi6e sans le nom de I'auteur principal. Sur le duc d'Almod6var etl'Histoire dcsdzux Indes,voir,
notamment, Antonio Truyol, 'Nota sobre la versi6n castellana de la obre de Raynal', dansEstud.ios
dt cincia politicay sociologia(Madrid rgTz), p.869-78; A. Gil Novales, 'Ilustraci6n y liberalismo en
Espafra', Spicilegtomodrno to $978), p.z6-4t; et surtout Ovidio Garcia Regueiro, Ilustrad4n e
inteftses estamentala: la omi6n castelhna dz la Historia de Raynal (Mdnd rg8z).
8
r. La dffision de l'erare de VoltaireenEspagne
introduitesdansla traduction,les critiques adressdes
aux institutionsreligieuses
et politiques ont produit i I'auteur des ddm€ldsavecI'Inquisition.r0
Mais c'est i cause d'un autre de ses ouwages que le duc d'Almod6var est
citd ici: la Dicada epistolarsobreel estadade las letrasen Francia (Madrid r78l),
qu'il a publid sous le pseudonymede FranciscoMaria de Silva. Cet ensemble
de dix lettres icrites de Paris est une v€ritable histoire litt6raire de l'6poque.
La premidre deslettresconstitueune espdcede pr6face,la secondeestconsacrde
i Voltaire, la troisidmei Rousseauet le reste fait r6f6rencei d'autresdcrivains,
philosophes,apologisteset critiques. La plupart de cet ouvrageprocdde des
Trois siicles de la litthature frangaise, ou tableau dc l'aprit de nos 4criztainsdepuis
FranEois/er (Amsterdam, Paris r77z) de I'abbd Antoine Sabatier de Castres.
M€me si les rapports entre les Troissiiclesetla Ddcadasont encore i €tablir avec
exactitude, on peut avancer que la lettre u sur Voltaire est la traduction littdrale
de I'article sur l'€crivain paru dans I'ouvragede Sabatier.Cette lettre prdsente
deux partiesbien ddfinies:la premidre est consacrdei I'analysede la personnalit6, la philosophieet l'influence de Voltaire, et la secondese dirige au commentaire de ses ouwages. C'est ce second aspect que l'on va aborder ici, car le
premier peut Ctreinclus parmi les r6actionscontre Voltaire (voir ci-dessous,le
chapitre 3).
Pour €loignerles mdfiances,Sabatier- ennemibien connu des philosophesfait prdcdder i la critique des ouvrages de Voltaire I'avertissement que voici:
'Desafiamos a cualquiera que se atreva a imputarnos con fundamento la tacha
de que desconocemoslo que de bueno hay en este escritor,o de que cargamos
demasiado la censura sobre lo que hay de malo' (Silva, Dicada epistolar,p.g).
Le premier des ouwagesqu'il commente (p.9-r6) est celui qui a donn6 la plus
grande c€l6britd littEraire i son auteur, La Heniade, ou Enriqueida, d,ont les
aspectspositifs seraient 'la riqueza del colorido, la armonfa de la versificaci6n,
la noblezade los pensamientos,la vivezade las im6geneso ideas,la rapidezdel
estilo' (p.9). Il lui reproche la pauvretd de I'invention, I'absence d'int6r6t
dramatique,le peu de mouvement de l'action, la peinture effac6edes personnages, I'absence du merveilleux. De ce fait, la lecture du podme devient
ennuyeuse;et le traducteur d'aiouter au bas de la page:'en effet, il m'est arriv€
de ne pouvoir lire de suite qu'un ou deux chants'. Finalement, I'auteur le
compare d6favorablemente Homere, Virgile, le Tasse, Milton, Boileau et
Fdnelon.
Le duc d'Almod6var (ou Sabatier)consacreun long commentaireaux ouwagesdramatiquespar lesquelsVoltaire s'estsignal6dansle monde littdraire.Non
sansr€serves,il lui accordeun troisi€melieu parmi les tragiquesfranqais,aprds
ro. Llorente, Hitoia
etitica dc la Inquisiciin dt Espana(Barcelona r88o), i.556-57.
Voltaireen Espagner7j4-rBj5
Corneille et Racine,maisjamaisi leursc6tds.Il insistesur le caractdredclectique
de son thditre, qui estle rdsultatde la fusion de plusieurstendancesdramatiques
(p .r6 - r 7) :
Cornelioelevael alma,Racinela enternece,
Cr6billonla aterra.Voltaireha procurado
fundir a su modoel cardcterdominantede estostrespoetas,lo queha hechocreercon
bastanteraz6na muchoscrfticosque no es sino alternativamente
su copista,sin tener
gdneroquele seaverdaderamente
particular.
Il lui reproche ailleurs sa mince invention et le fait d'avoir pris dans d'autres
auteurs les id6es pour ses tragddies.Une des caractdristiquesde la trag6die
voltairienne est son aspect'philosophique', qui peut devenir, cependant,une
charge insupportable- ce qui arrive assezsouvent i cause de 'su mania de
verter sentenciasy mdximasa cadapasoy fuera de propdsito' (p.tZ).
Malgrd toutes les critiques prdcddentes,I'auteur convient du mdrite de
Voltaire dans la po€siel6gdre et de circonstance- les 'pidcesfugitives'- dans
lesquellesse manifestent son gdnie et sa ddlicatesse:'Nunca ha sabido nadie
dar mejor un tono ingenioso a las mds sutiles bagatelas,prodigar con tanta
gracia como facilidad la figura de los pensamientos,lo agradablede las figuras,
la delicadezade las frases,la eleganciay laligereza' (p.r:). Quant aux ouwages
en prose, il aborde en premier lieu ceux d'histoire, qu'il qualifie d'erronds,
infiddles et ddformateurs des faits rdels. Son Ensayosobrela historiageneral(ou
Essaisur lesmeurc) est, d'aprdsAlmod6var/Sabatier,'un lienzo nada fidedigno,
donde con el pretexto de pintar los progresosde la civilizaci6nde las naciones
cultas, se esfuerzael autor en arrastrar todos los sucesosal objeto que se ha
propuestode establecerel fatalismo'(p.zS).Il verse des observationsdu m€me
qpe i propos du Siicle de Louis XIV (p.27-28). La derniBre partie de la lettre
est consacrdeaux romans et contes de Voltaire, dont le suiet est tir6 parfois
d'autres auteursmais 'las reflexionesingeniosasy llenasde sentidocon que los
ha enriquecidoy los rasgosfinos y agradablescon que los ha sazonadole hacen
como creador de aquellosmismo asuntos'(p.So).
L,a critique de Sabatier est franchement n6gative et partiale, malgrd ses
ddclarations d'impartialitd, et I'image qu'il offre de Voltaire est peu flatteuse.
Cette critique a connu une double diffusion: dans la Dicadn Eistolar du duc
d'Almod6var et dans I'article de la traduction espagnolede l'histoire littdraire
de Sabatier, publi6e i Madrid entre ry75 et ry79. Cependant, ceux qui
possddaient une certaine culture littdraire et avaient lu les ouvrages critiquds
par Sabatierne se laissaientpas influencer par sesjugements.C'est le cas,par
exemple, du podte et moine Diego Tadeo Gonz{lez, lequel dcrit i son ami
Jovellanosen ry78:
He leidocon sumogustoel juiciode Vmd. sobrelaslucesy lastinieblasdel autorde la
IO
r. La dffision del'euprede VoltaireenEspagte
harto m6s iusto que el que he leido en el Diccionaiod.elostressrglos,cuyo
Henria.da,
autor,con muchapenasuya,reconoceun cortisimomdritoen aquelgrangenioy destroza
sl Henrial.a;lo que no pudo, en mi iuicio, hacersesin grandisima
lastimosamente
rI
injusticia.
Les p6riodiquesont jou6 un rOletrds important dansla diffusion en Espagne
des courants de pens€eet de la litt6rarure du reste de I'Europe, mQmesi leur
rayon d'action a 6t6 parfois resffeint. En fait, i l'exception prds du Diario dc los
literatos de Espafi.a,I'essor de la presse pdriodique en Espagne correspond
au dernier quart du dix-huitidme siBcle, avec des publications ouvertement
progressisteset d'un certain 'espiritu volteriano', d'aprbs Ceiador, notamment
El Censor,El Conesponsaldel Censor,El CorreodeMa.drid (ou Correod.elos ciegos)
et El Apollgista unioenal.t2Il y avait plusieurs p6riodiques destindssp6cialement
ir faire connaitre en Espagne les nouveaut6s litt6raires et scientifiques de
l'6tranger: le Correoliterario d.ela Europa,oi I'on offrait des notices 'de los libros
nuevos,de las invencionesy adelantamientoshechosen Francia y otros reinos
Londresyetfiracto
extranjeros',publi6enry8o-ry8zetenr786-r787,1'Estafetade
del correogmeral de Europa de Francisco Mariano Nipho (ou Nifo), qui n'a ioui
que d'une annde d'existence (r779), etl'Esp{ritu d.elos mejoresdiarios literaios
quesepublicanenEuropade Crist6bal Cladera,paru entre ry87 et rygr.
Les p6riodiquesexamin6scomportent,cependant,peu d'allusionsi Voltaire.
Il s'agit, en gdn6ral,d'annoncesou de comptes rendus des traductions de ses
ougages,qui Serontcit6sci-dessousdansle chapitre4, consacr€auxtraductions.
Le pdriodique ayant le plus grand nombre de r6f6rences i Voltaire (en dehors
des traductions) a 6t6 l'Esp{ritu d.elosmejoresdiarios literarios, dont le premier
volume a paru le z iuillet ry87; il a 6t6 interdit' colrunele restedes pdriodiques
non officiels, le z4 f|vrier r79I, pour emp€cher la publication des nouvelles
venant de France. Son dditeur 6tait Crist6bal Cladera,un pr€tre de Maiorque,
traducteur d'Addison, de Young et de Brisson. Le pfriodique se nourrissait
surtout d'articles tir6s de iournaux 6trangers et portant notamment sur le droit,
I'histoire et la littdrature; il a publi6 de m€me plusieurs articlesoriginaux. Les
allusions i Voltaire y sont nombreuseset trbs vari6es,car il y est tantdt loud
pour sa clartd et sa prdcision (no.r63 du rz ianvier 1789), tant6t signal6- i
c6td de Machiavel, Spinozaet Rousseau,d'ailleurs- comme un corrupteur de
r r. Lettre dat6e i Salamanquele 7 avril r778; cit6e par Cueto, 'Bosqueiohist6rico-criticode la
poesiacastellanaen el siglo XVIII', p.cci' n.z.
r z. Cejador, Historia d.ela lengua-yliteratura castellaro(Madrid t9t7),vi.2.23. Sur les p6riodiques,
voir, surtout, Enciso, Nrpy el periodismoespanoldel sigloXVIII Salladolid r956); Dupuis, 'Francia
v lo franc6s en la prensa peri6dica espafrola durante la Revoluci6n francesa', dtns La literatura
espaiiolatful sigloXVIII y susfuntes extranjeras(Oviedo r 968), p.95 - I z7; Guinard, La Prase apagnole
(Paris rg73); AguilarPifral, Laprensaespafillaen
di r77j n tTgr:formationetsigni/icationd'ungenre
el sigloXWII (Madrid 1978).
II
Vohaireen Espagner74-r8j5
Ia litt€rature (no.r 56 du z4 d€cembrer 788). On peut citer i ce sujetun dialogue
fictif entre Voltaire et le Tasse sur plusieurs questions et, notamment, sur la
podsie6pique, tird du MercuredeFranceet publi6 au no.rz6 (du z8 avril r788).
D'autres r6lirences portent sur le g6nie dramatique de Voltaire et la qualitd
morale de son thditre (nos.66 du rer ddcembre ry87 et 197 du 7 septembre
1789),et sur sa religion (nos.r5r et r;z du z7 et z9 octobre 1787).La plus
longue r6f6rence apparaitdans un article intituld'La intoleranciacivil', dati i
S6ville le 3 juin 1788 et dont I'auteur se cache sous les initiales L.D. P.L.B.]3
Il y affirme que Voltaire et d'autres 6crivains dtrangers ont discrdditd I'Espagne
et ses institutions et il regrette que 'imitando el estilo de los fil6sofos extranjeros
en combatir nuestraarraigadaadhesi6na la piedadalgunosespaflolesalucinados
empiezana esparcir papelesen que, copiando mal a Voltaire, nos pintan con
los mismosdefectosque aquellosnos atribuyen'.Il fait plus loin allusioni I'idde
de toldrance de Voltaire en lui reprochant que, en haine du christianisme, il
aille chercher l'6quit6 et la douceur'en la ciega gentilidad, en el monstruoso
Alcordn y en la Sinagoga'.
Il est assezsurprenantde ne trouver presquepasde rdfdrencesi Voltaire dans
la pressela plus dclair6e;ellessont trEsbrdveset moins nombreusesque cellesi
Rousseau.Le ConeodeMad.id,par exemple,a publid entre octobre r789 et avril
rTgo une galerie de portraits de philosophes modernes, tir6e de l'Histoire des
philosophesmodtrnesd'Alexandre Sav6rien, oi Rousseauet Voltaire ne figurent
pas.Le pdriodique a publi6 une'Noticia critica deJ.-J. Rousseau'poursupplder
i cette absence(g ddcembre r78g), mais m€me pas une ligne surVoltaire. La
seule rdfdrencei Voltaire dans cette s6rie est une note dansI'article consacrdi
Pierre Bayle, mais sansle nommer: 'El autor del Siglo de Luis XIV dice que
su estilo [celui de Bayle] es muchasvecesdifuso, flojo, descorregidoy de una
familiaridadque degeneraen baieza'(r 8 novembrer 789).
Une dernidre rdfdrence: le p6riodique Memorial literario du zo ianvier r8o8
publie une anecdoterelativeaux rappofts rumultueuxentre Voltaire et Frdddric
II, mais sansnommer le philosophe,qui esttouiours'Mr. de V...' (p.So).
ii. Tdmoignagesd'une pr€sence
Trouver et classerles tdmoignagesde la pr6senced'un auteur 6tranger dans
un pays ddtermind n'est pas une labeur facile, notamment lorsque I'auteur,
comme il en est bien le cas ici, a dtd interdit par la censure,ce qui fait que dans
la plupart des cas son nom ne soit pas mentionn6 et ses ouvrages soient
traduits assezsouventsous des titres diffdrents.Il faut €tre constammentalerte
r 3. Espiitu de los mejoresdiaios, nos.r7 5, t76, r77 , du 6, r 3 et 20 avril, respectivement.
r2
r. La dffision de l'etnre fu Voltaireen Espagte
puisqu'une petite ou grande riference peut se prdsenter au lieu le plus inoui.
Une investigation exhaustivedans ce sens obligerait de lire toute la production
icrite d'une grande partie du dix-huitidme sidcle et du premier tiers du dixneuvidme,et non seulementdes textesde litt€rature,mais des traitds d'histoire
ou de religion.
D'autre part, les t6moignagesde cette prisence sont d'un caractdretrds
divers:les fonds des bibliothdquesde l'€poque,les repr€sentationsdramatiques
en frangais,de petits textes,des feuilles parfois qui ont circul6 sous forme de
manuscrit,les allusionsdansles ouvragesdu temps,sont autantde petitespidces
qui forment une vaste mosarque.Il va sans dire que les traductions constituent
le t6moignagele plus 6loquentde cetteprdsenceet, par consdquent,ellesseront
I'objet d'une 6tude particulidre (voir ci-dessous,le chapitre 4).
La connaissanceet I'analyse des fonds des bibliothBques d'une 6poque
ddterminde sont de pr6cieux 6ldmentspour juger du degrd de diffusion d'un
auteur. La valeur testimoniale des lilres est, certes, plus grande lorsqu'ils
contiennent des notes marginales ou des commentaires. Il existe trds peu
d'inventairesou cataloguesde bibliothdquespriv6es du dix-huitidme sidcle en
Espagne; certains ont 6ti publi€s mais la plupart restent sous forme de
manuscrit.raIl est vrai aussi que tous ces inventairesne contiennent pas de
prdsenced'oulrages de Voltaire. Par exemple,le comte de Floridablanca,qui
a dt€ premier ministre sous Charles [V, poss6dait une vaste bibliothEque
composdesurtout de liwes d'histoire, de droit et de politique; or, on n'y trouve
aucune allusion i Voltaire.ts Les cataloguesmanuscritsconsultdsappartenant
i des communaut€sde j6suitesne contiennentnon plus de textesde Voltaire.16
Cependant,certainscataloguesoffrent des rdsultatspositifs.Par exemple,le
marquis de la Romana poss6daitdans sa bibliothdque,i c6t6 de liwes sur I'art
de la guerre, I'histoire ou la politique, plusieursouvragesde Voltaire: i remarquer une ddition des cuvres compldtes en trente-neuf volumes (1787), un
exemplairede l'Essaisur lesmaun (Amsterdam 1764),trois volumesde Romans
et czntes(Londres r78r), une 6dition de La Henriad.e(Paris ryg3) et de La
Pucelled'OilAans(Gendve rTgz) et un volume de Lettresimprim6 en r766.t7 Il
est intdressantde noter que toutes les 6ditions mentionni€s sont postdrieures
h, t762, date de la prohibition in totum des ouvragesde Voltaire. On connait
14. Voir J. Manfn Abad, Catdlogos, iwlices e inz:eataios de bibliotecasparticalares del siglo XWII
consenadosn la Biblioteca nacional (Mrdrid ry82).
r 5. Voir Alcdzar,'Espafra en I 782: Floridablanca; su derrumbamiento del gobierno y susprocesos
(r953),p.r3r-38.
deresponsabi l i dadp ol fti c a'
R,ni s tadc es tudi os pol i ti ns Tr
I 6. J'ai parcouru inutilement l"lnventario de libros y efectos del colegio de Alcal6' et le 'Catdlogo
de la librerfa de San Diego de Alcal6', r6pertori6s par Roca, Catdlogodehs manuscritos
queperteflecieroil
a D. Pacaal dt Gayangos,existeila hoy m la Bibliotecanadonal (Madrid r9o4), nos.6r4, 6r5.
t 7. CatdlogoCaroy Sureda (Madrid r 865), p. r 86.
r3
r. La dffision dc l'utnre fu VoltaireenEspagte
Voltairem Espagnet7j4-r8j5
aussi la composition de la bibliothdque du comte de la Uni6n, qui est rest€e
manuscrite et dans laquelle on trouve Candidc,les Contesde Guillaume Vadeet
cinq volumes d,esQtestionssur I'EnEclopidie:tsbref, une s6lectionmoins soignde
que celle du marquis de la Romana et qui aurait peut-€tre subi quelque
spoliationau moment d'en dresserI'inventaire.
Dans certainesdrudes sur des 6crivainsou des dclair€son insiste, lorsque
cela est possible,sur la constitution de leurs bibliothEquescomme itant une
donnde prdcieuse pour la connaissancedu personnage.C'est ce qu'ont hit
Marcelin Defourneaux et Georges Demerson dans leurs monographies sur
Olavide et Mel6ndez Vald6s, respectivement.La bibliothdque de Pablo de
Olavide 6tait assez riche en ouvrages de littdrature dtrangdre, et notamment
franqaise.D'aprds I'inventaire, Olavide possddaitune collection des ouvrages
de Voltaire en vingt-quatre volumes, quatre volumes d'CEwresdiaenes,l'Essai
sur les meurs, Candide, deux exemplaires de La Hnriade et l'Histoire de la
gterre fu rZ4r.te L'inventaire de la bibliothique que Meldndez Vald6s avait i
Salamanqueoffre un rdsultat bien diffdrent: on n'y fait mention d'aucun ouvrage
de Voltaire.20Ce fait est d'autantplus inattenduque nous savonsque Meldndez
avait lu plusieurs ouvragesde Voltaire, notarnmentdes poimes, des tragddies
et La Heniade.2r En dcartantla craintede l'Inquisition - car Meldndezpossddait
les ouvragesde Rousseau,interdit comme Voltaire - G. Demerson trouve une
explication bas6e sur le peu d'affinitd entre le caractdremordant et ironique de
Voltaire et le g6nie tendre et sensiblede Meldndez, plus voisin du caractdredu
Genevois. Cependant, cette explication me parait peu convaincante,car en tout
cas elle justifierait I'absencedes ouvragesnettement philosophiques,et non
celle des productions strictementlitt6raires,que Mel6ndez connaissait.
La ricente publication du contenu de la bibliothdque de Jovellanosmet en
dvidence le peu de place qui y itait accordde i Voltaire: trois tragddies (.tr46r0pe,
L'Orphelin de la Chine, Les Pilopides) et une ddition en anglais del'Histoire fu
CharlesXII.22
une secondesourced'information rdsidedansla compositiondes fonds anciens
des bibliothdquespubliques actuelles.Dans ce sens,i'ai examindpersonnellement les cataloguesdes plus grandesbibliothdquesespagnoles:la Biblioteca
nacionali Madrid et la Bibliotecade Catalufrai Barcelone.D'autres bibliothdr8.'Catdlogo conde de la Uni6n', Bibliotecanacional (ci-aprdsB.N.), ms.r7.899.
rg. Defourneaux, Pablo dz Olaaide,ou I'aJiancaado(r725-r8oj) (Paris rg5g), p.476-gr.
zo. G. Demerson, Mclndez Valdcs,i.rrg-39.
zr. G. Demerson,Meletdez Valdzs,i.t46.Meldndez fait allusion i La Hniade dans une lettre i
Jovellanosdu 3 novembre r778.
zz. Aguilar, B ibliotecafu .lovellanos(Madrid r 984), p. r zo- z r, r 74.
r4
(lucs ont it6 consultdesdans une seconde6tape,par le courrier.23
La Bibliotecanacionalest cellequi conservele plus grand nombre de volumes
rl'ouvragesde Voltaire (dansdesdditionsantirieures i r835): cinq cent soixante,
(lont un peu plus de la moitii correspondenti des €ditionsd'cuwes compldtes.
l.'idition la plus ancienneest celle de la tragddieCEdipe,
de rTrg.Il existeseize
crditionsd'ceuvrescompldtes, mais trds peu conservent la totalit€ de leurs
rolumes. Quant aux ouwagesisol6s, la plupart y snt repr6sentds,m€me ceux
dc caractdre philosophique. Il existe huit dditions de La Henriade.quatre de la
Pucelled'Orllaas et plusieurs volumes de podsie,ainsi que six €ditions collectives
d'ouvragesdramatiques,en plus de diffdrentesdditionsde pidcesisol6es.Parmi
lcs ouvrageshistoriques, on trouve quatre dditions del'Essai sur lesmuurc, sept
,Jc I'Histoire de ChailesX11, six de I'Histoire de I'empirede Russieet six du SDcle
le Louis XIV, pour ne citer que les plus connus. Dans le domaine de la prose
narrative, artx Contesdc Guillaume Vadcil faut ajouter trois dditions de Romans
d cznteset plusieurs contes isolds. Il existe, de m6me, plusieurs recueils de
lcttres. La prose philosophiqueest repr6sent6enotammentpar quatre dditions
,JuDiaionnaire philosophique,deux desLettresphilosophiques
et trois desQrestions
sur I'EnEcloptd.ie,en dehors d'autres ouvragessignificatifs mais moins connus,
comme Le Diner du comted"eBoulainaillim, La Raisonpar alphaba et L'Eaangile
lu jour.
La Biblioteca de Catalunya possdde un fonds plus r6duit d'ouvrages de
Voltaire: cent quinze volumes environ. Ce fonds prdsente un caractdreplus
littiraire, les ouvrages philosophiques y dtant plutdt rares: outre ceux qui
appartiennenti desvolumescollectifsou i des dditions d'euvres compldtes,on
n'y trouve qu'une 6dition, asseztardived'ailleurs,duDiaionnairephilosophique.ll
n'existedans cettebibliothdqueque deux dditionsd'cuwes complites: celle de
GenEve-Parisde 1768-1795, en quarante-cinq volumes, et celle de Paris de
1827,en six volumes. Le plus grand nombre d'iditions appartientaux pieces,
soit dans la Bibliothique des thtldtres,soit dans des ceuvreschoisies. Parmi les
autres ouvrages,on peut faire mention de huit 6ditions de La Hnriade, quatre
de l'Histoire de ChqrlesXII, deux de La Pucelleet quatre du SiicledeLouis XIV.
La reprdsentationdes pidces de Voltaire peut aider i mieux connaitre sa
diffusion en Espagne.Il est question ici notamment des pidces en franqais,
celles en traduction 6tant citdes dans le chapitre des traductions. On possdde
des rdfdrencesde reprdsentationsi Madrid et i Cadix, qui dtaient le si€gede
dcux importantes colonies franqaises.En 176o, i I'occasionde I'arrivde i la
cour du nouveau roi Charles III, la colonie franqaisede Madrid frt iouer Zai're
23. Cette investigation a 6td men6e i la demande de mon ami et collbgueJean-Daniel Candaux
cornme contribution i une nouvelle bibliographie de Voltaire en cours d'6laboration.
r5
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
dans sa langue originale, de m€me que la comddie Auendez-moisousl'onne de
Regnard et Dufresny. Aux trois reprdsentationsde la trag€die ont 6td prdsents
des personnalit6sde la cour, des membres de la noblesseet des dignit6s de la
municipaliti de Madrid. A I'occasion des m€mes f6tes a 6td iou6e aussiMirope
en franqais.2a
Cadix, une des villes les plus actives grAce i son port commercial, possddait
trois thditres: espagnol,frangaiset italien.2sLe soutiendu thditre franqais€tait
assuri par la colonie franqaise,trds nombreuse, et l'on y donnait plusieurs
reprisentationspar semaine.On a ioud sur ce th6affe' i ce qu'il parait,plusieurs
tragfdies de Voltaire, mais sansciter le nom de I'auteur et, parfois' sous de faux
titres. Malgrd ces pr6cautions, Tanridc a 6t6 d6noncd i I'Inquisition de Sdville
en 177036L'intervention du consul franqaisi Cadix, qui fit valoir que la m€me
trag€die 6tait jou6e i Madrid en espagnol,apportaune solution bien curieuse:
les reprdsentations itaient consentiespourvu que le texte frangais fOt rdgl6 sur
celui de la traduction espagnolepermise.2T
Un domaine intdressantet assezriche parmi les timoignagesqu'on examineici
est constitud par plusieurs documents manuscrits qui font rdfdrence au patriarche de Ferney. Il y en a qui ont empruntd la forme de lettres, assurdment
fictives, dont une est attribu6e i Voltaire lui-m€me: la 'Carta de Mr. Voltaire a
su corresponsalde Madrid', dont huit copiesont €td retrouvdesiusqu'i pr6sent
avec de petites variantes: deux se trouvent au British Library, cinq i la Biblioteca
nacional i Madrid et la huitidme ir la Biblioteca feiioniana de I'universitd
d'Oviedo. Paul-J. Guinard a publi6 en 196r le texte d'un des documents du
British Library, en indiquant les variantes relev6es dans les autres copies,
Cependant,ce que Guinard
exceptdcelle d'Oviedo, dont il ignorait I'existence.28
pr€sentait comme inddit avait 6t6 publid cent cinquante ans auparavant, dans
une version ldgdrement diffirente, dans un pamphlet intitul6 Z osfrailes uindicad,os
por Voltaire,paru en r 8 r 3. Cet opuscule6tait destin6i ddfendreles moines des
attaques des libdraux et des r6formateurs et partait iustement de certains mots
24. Qualia, 'Voltaire's tragic art in Spain in the XVIIIIh century', Hispania zz (t939), p.279; il
cite une Relation dzsjila frangaises thnnies i Madrid it I'occasionde l'heurett aoinemerrt au tr6ne et du
jour de la naissancede Sa Majati (Madid ry6o).
25. Dalrymple,'Viaje por Espafray Portugal en el affo de ry74', dans Garcia Mercadal (6d.)'
Viejesdc extranjnospor Espafiay Portugal, p.7r6; voir aussi Ozanam,'Le th6itre franqais de Cadix
Io (r 974), p.2o3-3r. ,
au XVIIIe sidcle',Milanga de la Casadz Veld,zquez
26. Defourneaux, Olaoifu, p.286. Olavide avait obtenu l'6tablissement de cette salle en r769.
27. Voir Archivo hist6rico nacional [ci-aprbs A.H.N.]' Inquisici6n, liasse 3o48; cit6e par Defourneaux, Olnidc, p.286.
28. British Library, Add. MSS 2o.7g3, ro.252; Biblioteca nacional,mss.375o' to.733, tz.g64g, rz.968-7 , r 9.33o; citds par Guinard, 'Une fausselettre espagnolede Voltaire', Reuuede littirature
comperie35 (196r), p.643-44 et note.
r6
t. La dffision dc I'utnre de Vohaireen Espape
versdsdans cette lettre:'no habiendo raz6nni ley para condenar los frailes al
torno y al telar, deiando las sillas poltronas al clero secular, a los grandes, a los
golillasy a otros arin mds holgazanesque aquellos' (p.9). La letrre €tait considdrde
authentique, ou on avait plutdt int6rdt i la pr6senter comme telle. Un des
personnagesde I'opuscule en donne des preuves concluantes:'la tengo por
verdaderaporque todos los papelesde estelegajoson selectosy recogidoscon
diligencia. Todav(a vive el que sac6 la copia y podria en caso necesario atestiguarlo, a mds de que ella misma estd diciendo que es producci6n de Voltaire'
(p.r5-r6). Cependant, la lettre doit €tre considdrde fausse: c'est I'avis de
Guinard dans I'article cit€ et celui de Theodore Besterman, qui ne I'a pas
insirde dans son ddition de la correspondancede Voltaire.
La lettre, rddigde assezcorrectement en espagnol,avec des gallicismes sans
importance, a 6t€. 1crite apparemment en ry76, puisqu'on y fait allusion i
I'expdditioni Alger qui eut lieu en ry7 5. La fausselettre contient des attaques
i Campomanes et i ses ouwages Discursosobreelfomentodel ane popular Q774)
popular dc los artesanos(tllil.
Les critiques visent
et Disatno sobrela ed.ucacifn
aussi le gouvernement de Charles III, le commerce, la politique, les privilbges,
les moines, dans le style moqueur et ironique de Voltaire.
On ignore I'identitd de I'auteur de la lettre, car une rdiErencequi se trouve
dans une des copies, d'aprds laquelle le correspondant de Voltaire serait
l'dcrivain Tom6s de lriarte, s'avdre sans fondement. En tout cas) il pourrait y
avoir une confusion avec son frdre Bernardo, qui a 6td identifi€, lui, comme
I'auteurd'une lettre !rVoltaire datdei Madrid en octobrery64.M. Defourneaux,
qui a publid en r96o cettelettre,2econserv6eau Fonds espagnoldu Ddpartement
des manuscrits de la Bibliothdque nationale, I'attribue sansrdticence i Bernardo
de Iriarte et fonde son argumentation sur la d6claration d'un tdmoin au procBs
de Bernardo de Iriarte i I'Inquisition, d'apris laquellecelui-ci se vantait d'avoir
6crit une lettre i Voltaire.30Le tdmoin semblait connaitre le contenu de la lettre.
ce qui devient trds peu croyable,car c'est assezimprobablequ'Iriarte conservit
un double d'un documentsi compromettant.Et la possibleexistencede plusieurs
copiesmet en questionI'authenticiti de la lettre. Quoi qu'il en soit, cette lettre,
fausse ou authentique, devient un document important pour l'6tude de la
diffusion de Voltaire en Espagne.
Sont conservdesi la Biblioteca nacional de Madrid deux lettres anonymes,
adressdesi Voltaire au suiet du Siicle deLouisXIV, au ton ironique. La premiEre
29. Voir Defourneaux, 'L'Espagne et I'opinion franqaiseau XVIIIe siBcle:une lettre in6dite d'un
Espagnol i Voltaire', Reauedz litteratule comparie34 (r96o), p.273-8r.
y losproblemasde la nhura.y la intolerancia(Madrid r g53), p.2383o. Pinta, La Inquisici|n espafiola
39.
r7
r. La dffision dc l'atnre de Voltaireen Espagne
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
porte la date de rTSg et consisteen une critique ilogieuse de cet ouvrage.3r
Des constructionsincorrectesen espagnol,de m€me que la mention'nuestra
patria'pour indiquer la France, font penser que cette lettre supposdeest une
traduction du frangais. Dans cette lettre, comme il a 6tE dit, I'auteur se r6pand
en dloges de Voltaire, vantant son drudition, sesvertus humaines et sesqualitds
litt6raires (f.z):
El universodebeestehomenaiea la superioridadde luestrostalentos,a la inmensidad
de vuestraerudici6n,y aun todaviam6sa la bondaddel coraz6nde Vm., a la delicadeza
y aunm6sadmirableaconseia
de suprobidad,a estahumanidadquetanadmirablemente
la primerade susvirtudes.
mentepractica,y a su gran desinter6s,
La seconde lettre consiste en une 'Observaci6n sobre el tit:uloEl siglode Luis
XIIt et appartient i une liasse dont une partie a 6t6 perdue.32Contrairement i
la lettre pr6c6dente,le ton de celle-ci est de critique et d'indignation: 'lEste
titulo no es demasiado oratorio, demasiado brillante y mds que demasiado
fastuoso?'est la premidre question que I'auteur dirige i Voltaire, et c'est dans
ce ton que la lettre continue. Comme la prdc6dente, elle parait 6ffe I'auvre
d'un Franqais,quoique dans ce cas-ci il s'agit d'un Frangaispeu attachdi la
gloire de sa patrie, car il rabaisseI'importance de Louis XIV.
Tous les documents conservds ne nous sont pas parvenus sous forme de
lettre: par exemple, le 'Cardcter hecho por el rey de Prusia', conserv6 i la
Biblioteca nacional, qui n'est qu'un portrait litt€raire de Voltaire.33Ce petit
texte, dont on connait des versions en franqais, en anglais et en italien, pose des
probldmes d'attribution qu'il est intdressantde reprendre ici.3aLa version la
plus ancienne (vers 1735) est en franqais et elle a 6t6 attribu6e i plusieurs
auteurs: le marquis de Charost, I'abb€ de La Mare, le chevalier Ramsay,le roi
de Prusse.3sC'est sous le nom de Frdddric II qu'a vu le iour une version
anglaise, parue dans diffirents p6riodiques, avec des variantes par rapport au
3 r . 'Carta ir6nica a Voltaire criticando encomidsticamentesu libro acerca del SiglodeLuis XIV ,
8.N., ms.r8.574-$.J'ai publi6 cette lettre, avecl"Observaci6n'cit6e tout de suite et une'Critica'
mentionn6e ci-dessous(p.26 et n.56), dans mon article 'Criticas espafrolas'.
32. Roca, Catdlogo,no.667, donne pour titre de la liasse 'Criticas de las obras de Voltaire: el Srg/o
dz Luis XIV, el Zadigy la Hniada'. Cependtnt, le ms.r8.579-5 de la B.N. contient rdellement cette
'Observaci6n sobre el 6t;uloEl siglodc Luis XIlr', un'Cardcter hecho por el rey de Prusia' (voir ciaprEs) et un 'Andlisis del Zadi! , qui n'est que le rdsum6 des premiers chapitres du conte.
33. Voir la note pr6cddente.
34. Voir, i cet 6gard, mon travail 'Acerca de las versiones espafrolasdel retrato de Voltaire',
Annali dtll'lstituto unioenitario oientale: sezioneromanzazz (I g8o), p.4r r - I 8, oir ie publie la version
espagnole in6dite.
35. L'historique de la question a 6t6 retracd par Ralph A. Leigh, 'An anonymous eighteenthcentury character-sketch of Voltaire', Studieson Vohaire z (t956), p.z4t-72, qui publie les textes
franqais et anglais. Pour les manuscrits cit6s ce travail a 6t6 compl6td par Franqoise Weil, 'A propos
du "portrait" anonyme de Voltaire', Studieson Vohairerz (196o), p.63-65.
texte franqais primitif. De la version anglaiseon a tird un texte franqais (qui est
diffdrent donc du premier), attribud au roi de Prusse et publid parmi ses
ceuvres.36
En dehors de la version anglaise,qui a lanc6 I'attribution i Frdddric
II, il existeune version italiennemanuscritequi procEdedu texte primitif.3TUn
dernier mot sur les versions espagnoles:il en existe deux i ma connaissance.
La premidre a 6t6 publide dans la traduction espagnolede I'Oracledesnoupeaux
philosophes
(tlSil de l'abb6 Guyon, parue i Madrid dix ans plus tard. Une
simple confrontation des textes montre des coihcidences entre le portrait
reproduit par Guyon et la version franqaise primitive, d'ot procdde aussi la
version italienne. Par conffe, le texte espagnol manuscrit, attribu€ i Frdddric
II, a 6t6 traduit de I'anglais:non seulementil en est fait mention dans le titre,
mais la confrontation des tefies le montre nettement. Le contenu de ce portrait
met surtout en 6vidence les contradictions de Voltaire, son esprit satirique et
moqueur, mais aussi sa facilit6 pour la littirature, sa verve, son gdnie. Le
bilan en est, cependant, assez ndgatif et il a 6td utilis6 par la critique antiphilosophique:par exemple,I'abb6 Guyon.
Un document intdressant,lui aussi,est une 6pitaphelatine au ton burlesque,
apparemment dcrite par un drudit anglais pour €tre gravdeau pied d'une statue
que les disciples de Voltaire devaient lui driger i Paris.J'ai trouvd trois versions,
ldgdrementdif{6rentes,de cette 6pitaphe:i la Bibliotecanacionalde Madrid,38
i la Biblioteca feijoniana d'Oviedo et i la bibliothdque du comte de Savalli i
Majorque (MisceldneaVillafranca,f .zQ).
Malgr6 la pr€sence du nom de Voltaire dans le titre, 'El lujo en su luz y
Voltaire refutado' (tlll) de I'abb€Miguel Antonio de la Gdndaran'est pas une
rdfutation en r€gle des iddes voltairiennes, mais une critique du luxe - avec des
rdfdrences i Voltaire. cela est wai - au nom de la vertu et de la morale
chrdtiennes.Ce texte s'inscrit dans la pol€mique du luxe qui, comme dans
d'autres pays,a eu lieu aussien Espagneau dix-huitidme siEcle.3e
De sa part, I'auteur inconnu d'une 'Idea sumaria de las obras y espfritu de
36. A partir de l'6dition des CEwra posthuma deFrldtrie le Grand.,roi dz Pnrssa(Bile r788). Cette
version peut se lire aussi (avec la version primitive) dansJ.-G. Prod'homme, Vohaireratonti par ccux
qui I'ontau (P ari sr9z9 ), p.7r-73,242-44.
37. Cette version a 6t6 publi6e parJohn Pappas,'Un portrait inconnu de Voltaire', Studifrancesi
rr (r967), p.449-5r; tout en croyant qu'il s'agissaitd'un texte original, l'auteur lance plusieurs
hypothdses sur les possibles auteurs italiens; il est revenu de son affirmation dans'Suppl€ment i
un portrait inconnu de Voltaire', Stildifrancesirz (r968), p.3oo-3o2.
38.'Epitaphio al sepulcro de Voltaire', B.N., ms.ro.g43, f.tg+-gs. Il est reproduit dans notre
appendiceB.
39. Le texte se trouve i I'Archivo Campomanes (Fundaci6n universitaria espaflola), ms.5r-r.
Hans-Joachim Lope a fait la synthdse sur la question du luxe dans 'lMal moral o necesidad
econ6mica? La pol€mica sobre el lujo en la llustraci6n espafrola', communication au colloque
Secalaizacirjnde la cuhura en la Espafiadel sigloXWII Nvolfenbiittel r985), sous presse.
r9
r8
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
t. La dffision de l'auare d.eVohaireen Espagne
FranciscoMar(a Aruet Voltaire', dat6een r759, passeen revue les productions
de Voltaire paruesjusqu'i cette date,en insistantsur les points oi le philosophe
ridiculise ou attaquela religion. Ce papier, 6crit'para servir de precauci6na la
noble juvenrudespaflolaque se da al esrudiode la lenguafrancesa',est conserv€
i la Bibliotecafeiionianad'Oviedo.a0
Et tout en restant dans le domaine des curiositdset des trouvailles,je citerai
un texte of il est accordd une paftie i Voltaire, en d€pit du titre: une anonyme
'Crftica sobre el Tartufle[srd', conservdei la Biblioteca del Instituto del Teatro
i Barcelone,qui d6bute par une critique de la com€diede Molidre et finit par
un commentaire assez amer de I'attitude ndgative de Voltaire vis-i-vis de
Shakespeareet du thditre et de la podsiedpique espagnols.ar
Les allusionsi voltaire dans des ouvragesespagrrolsde l'6poque sont aussi
trds nombreuses.on remarqueune prddominancedes allusionsfavorables,en
d6pit de la prohibition inquisitoriale qui frappait l'cuvre de voltaire. Mais ces
rdfbrences, il faut le dire, ont trait surtout au voltaire homme de lettres, tout
en dvitant soigneusementdes allusionsqui auraientpu comporter des louanges
de Voltaire philosophe.
La distinction entre les deux aspectsde sa personnalitdest trcs nette chez
beaucoupd'auteurs.M6me sesennemis,tout en manifestantleur incompatibilit6
dans le domaine id6ologique, ne peuvent pas s'emp€cher de le considdrer
comme une figure du premier ordre dans le monde litt€raire. Un de ses plus
illustres adversaires,I'abbd Nonnotte, s'exprimeavecces mots:
Si des manuscritson passeaux textesimprim6s, les ouwagesdans lesquelson
peut trouver des allusions et des rif€rences )r Voltaire sont nombreux et
vari6s. Les citations textuelles de Voltaire sont abondanteset tres souvent elles
apparaissent en franqais. Elles se trouvent pour la plupart dans des trait€s
d'apologdtique - dont l'6tude constitue le chapitre 3 de ce livre - et elles
sont all6gu6espour refuter un point concret ou pour renforcer la pens6e de
l'apologiste. Les trait€s de Nonnotte, la Falsaflosofia de Cevallos,les Pmsamientosteol1gicos
deJamin oule Catecismoflosdfico
de Feller en sont de bons exemples.
En dehors de ces traitds, l'ouvrage imprim6 qui contient assur6mentle plus
grand nombre de citations de Voltaire estla Vida deFedericoII, publi6e en 17881789 en espagnol par Bernardo Maria de Calzada.Le nombre de ces citations
a 6td si dlevd aux yeux des inquisiteurs que I'ouwage a 6tEcondamn6par €dit
du 6 septembre rygz, entre d'autres causes,'por insertarsea la letra varios
fragmentos de las obras de Voltaire'. En effet, ins6r6s dans le texte i la maniEre
de documents, I'ouvrage contient plusieurs fragments de Voltaire. On y trouve
une ode i Frdddric II i I'occasionde son avdnement,un poBme dddi6 i la
princesseUlrique, scur du roi, ainsique plusieurs6pitresde Voltaire i Frdddric,
en vers et en prose. Dans d'autres passagesde la Vida on fait allusion aux
relations littdraires entre Voltaire et le roi de Prusse, son sdjour i Potsdam, sa
dispute avec Maupertuis, les dim€lds avec Fr6ddric, son d6part de Berlin et sa
prison i Francfort.azPar contre, un manuscrit intitul6'Vida de Carlos Federico',
conservd i la Biblioteca nacional de Madrid, ne fait aucune allusion i Voltaire,
i I'exceptionprds d'une note finale qui dit: 'Lo demfs que pon€ el original son
cartas de Monsieur Voltaire cuando estaba en prisi6n por el rey de Prusia en
Francfort.'
Acasoseri dificil el encontraren un siglo hombreque iunte tantostalentosy tan gran
variedaddeconocimientos
comolosquererineVoltaireen si solo.Sele puedeionsidirar
comohombre,en algrinmodo,peregrinoy rinico.No haycasiespeciealgunade literarura
e.n-laque no se hayaejercitado;y si algunavez no consigui6la perfeici6n en ranrasy
diferentesmaterias,a lo menosmanifest6en su variedady multitud de noticiascierti
superioridadque alcanzanpocosescritores.a3
4o. Il occupe les feuilles 196 i zog d'un volume de m6langes non cot6: voir notre appendice C.
4r. Voir notre appendiceD.
42. Les allusions i Voltaire se trouvent, notamment, au volume iv.
20
on pourrait aiouter i ce tdmoignagecelui d'autresecclisiastiquesqui regrenent
qu'une intelligencesi claire et si apte pour la litt6rature n'ait pas ripondu aux
espdrancesi causede la philosophieet l'impidt6.
Des reprochesde cette espdcese retrouventm€me chez des hommes si peu
suspects de pruderie que Francisco Cabarnis, auteur d,es Carlas sobre los
obstdcalosquela Naturaleza, la opinifiny las lryesupznena lafelicidad piblica, tenues
i l'dpoque comme influencdespar I'encyclop6disme.Or, le comte de Cabarrris,
dans un discoursparu €n r785, fait allusion i'aquel hombre, cuyos errores en
materia de religi6n son tanto mds dignos de l6stima cuanto que 6l solo bastaba
para instruir a su siglo por la universalidad de su genio y sobre todo por aquel
exquisitoiuicio con que ilustray haceperceptibleslas materiasm6s abstractas',e
et il cite ensuite un court fragment du Siicle de Louis XIV pour illustrer son
exposdsur le papier-monnaie.La plus anciennedes rdf€rencesde ce genre se
trouve sous la plume de Benito Jer6nimo Feiioo, un des premiers savants
espagnolsdu dix-huitidme sidcle.asDans une de ses Cartaseruditasy auiosas,
parue en ry42 et intitul6e 'Paralelo de Carlos Duodicimo, rey de Suecia,con
Aleiandro Magno', il fait allusion au 'discreto autor de la Historia de carlos'.
43. Nonnotte, Los erroreshist|ricos y dagrnitieos dz Voltaire l. . .l tralucidts al espafiolpor el P. Pedro
Rodiguez M ono (Madrid ry 7 r - t 77 z), i.r.
44. Cabarrris, Elogio dzl Ercelnt*imo sefiorcondedt Gausa (Madrid r786), p.g5.
del ' H i s toi adeC arl os X II (r734),qui s ont,i
_ 45.Jene_consi dbrepas i c i l es 6l oges des c ens eurs
la rigueur, les premidres allusions i Voltaire publides en Espagne.
2T
Voltaireen Esltagner7j4-r8j5
ouwage que I'illustre b6n6dictin avait lu, d'aprds ce qui se d6gaged'une autre
lettre (carta xxx).
Un autre grand 6rudit, Agustin de Montiano y Luyando, dans le premier de
publid en 175o, cite un passagede la
sesDiscursossobrelas tragediasespafiolas,
Dissertationrur la tragidie ancienneet moderne,que Voltaire avait mise en tete de
Simiram*, sur I'amour dansla trag6die,que le philosopheconsiddraitimpropre
au genre tragique; et il le cite pour appuyerson propre discours,puisque,lu le
m6rite et la cdl6brit6 de Voltaire, il le tenait pour une autoritd. Encore une
r6f6rence i la tragddie sans amour se retrouve dans une lettre qu'Antonio
Fort€a, avocatau Conseil du roi, dirige i Tom6s Sebastidny Latre au suiet de
Filomenade Franciscode Roias et que
son arrangementde la comddieProgne.y
prdface
i,
son
Ensay sobreel teatro espafiolde ry72
Sebastirin publie dans la
b.[+Zl, non numdrot6e):
que notoen estapieza,no me parecela menorla de no hacerse
Entreoffashermosuras
del amor;pasi6nsobradoteatraly muy favorecida
asunto,principalni accesoriamente,
de todoso los m6strigicos modernos:por estaraz6npuedeaplic6rseleel epigrafeque
Voltairepusoa st Merope:Hoc legiteausteri,crimen amorisabest.
En insistantsur la m6me opinion, Cdndido Maria Trigueros, dans une lettre i
Jovellanosde ry78, s'indigggnecontrel'excEsd'amour et tendresseen podsie,en
arguant qu'il y a des sujets plus dignes d'un bon podte. A son avis, 'Homero,
Virgilio, Pope, Milton, Tompson, Voltaire, Klopstok son mayores poetas que
Anacreonte, Propercio, Garcilaso y Villegas, aunque no sean tan dulces ni tan
buenosversificadores.'*
L'abb6 Esteban de Arteaga, dans ses Imtestigaciones
flosdficassobrela belleza
fait rdf6rence !r Voltaire
sur
I'esth€tique,
ideal, l'un des rares traitds espagnols
par
lesquels il illustre ses
exemples
plusieurs
dans
les
nombreux
reprises
i
la
rdalitd
dans l'€pop6e et
expression
de
suiet
de
la
diff€rente
id6es. Ainsi, au
le thditre, on peut lire:
El segundolibro de La Heniadade Voltaire,quedescribela cruelcarniceriaque sehizo
en Franciaen la famosanochede San Bartolom6por ordende la reinaCatalinade
M6dicis,es sin duda algunael meior trozode aquelpoema;pero si Voltairehubiera
habria,
a losoiosen unatragedia,
queridoponeren acci6nlo querefiere,presentdndolo
hechomorir de sustoa losespectadores.a?
en vezde agradar,
Et dans une note au bas de lapage, pour ne laisseraucun doute sur sa position,
il aioute; 'Aqui alabo s6lo su mdrito po6tico,sin entrar en las m5ximasatrevidas
46.Lettre de C. M. Trigueros i Jovellanosdu 13 septembre 1778; cit6e par G. Demerson,
Melndez Vald&, ii.347.
4T. E s t e b a n d e A r t e a ga L
, a b e lle za ifu a l,p .4 6 .J' a ju tilis€ p o urceterl el '6di ti ondupi reB adl ori
(M ad r i d r 9 5 5 ) .
22
r. La dffision de l'eutre de Voltairem Espagne
y malsonantesde que estdsembradaaquellanarraci6n.'Plus tard, pour montrer
que non seulementla beautdet la bontd sont objet d'imitation, il donne comme
exemples, i c6t6 de Tartufe et de LAoare, i cdtd d'Othello, deux tragddies de
Voltaire, Mahomet et Catilina, qui sont 'el retrato sensible de la abominaci6n y
de lo mds execrable que se halla en la naturaleza' (p.+l-+8). Le reste des
allusionsporte de m€me sur des pitces. L'auteur parle de l'6chec relatif de
Semiramisi causedu spectre que Voltaire fait apparaitre sur la scdne, 'por mis
primor y gallardfa que se admire, asf en el estilo como en las situaciones de
aquella tragedia' (p.Zo); il fait aussi allusion aux caractdresde Brutus et de
CassiusdansLa Mort de Cisar (yt.rr7-r8) et au jeu de la c6lBbreClairon dans
le r6le de S€miramis, oi elle d6passeen vdriti une imp6ratrice authentique
(p.r3r).
De I'abondanteproduction de Voltaire, la partie la plus appr6ci€een Espagne
a 6tdle th6itre, commeen t6moignentnon seulementlesnombreusestraductions
mais aussiles frdquentesallusionsdans des ouwagesde l'6poque.ManuelJos6
Quintana, qui connaissaittrds bien le thditre de Voltaire, fait des 6logesde ses
tragddies i plusieurs reprises. Dans son Ensayosobrelas reglasdcl drama, 6crit
en r79r, il reiette I'opinion de ceux qui croient que la trag6die doit pr€senter
des personnageset des actions connus et apporte plusieurs exceptionsde
I'Antiquit6 et de I'dpoque contemporaine,en affirmant que 'entre las piezas
modernasno hay ninguna que se aventaieen este efecto a la Zaya, alaAlcira,
al Tancredo,
donde, si se exceptfan los nombresgeneralesde nacionesy paises,
todo es fingido'.s Quant aux dangerspour I'illusion po6tique survenuspar la
pr6senced'un but politique ou philosophiquedans une pidce, Quintana croit
qu'ils disparaissentlorsque I'action est conduite avecsagesse(Obras,p.8zb):
Si un granpoeta,Voltairepor eiemplo,seproponedestruiren losdnimosel fanafismo,
comolo haceen su Mahoma,o dar lecciones
de humanidad,
comoen st Alcira,no se
ve que en tal casosehayadestruidoel efectodramdticopor la intenci6nmoralo politica
del escritor,ni en qu6 ha dafradola instrucci6na la poesia.
Une rapide r€(irence dTancride,fruit de'los esfuerzosmayoresde la aplicaci6n
y el ingenio', se trouve dans un autre ouvragede Quintana, I'Introduccidnhistriica
(Obras,p.rz5b).
a una coleccidn
dt poesfascastellanas
Le thditre semble €tre aussi la partie de la production de Voltaire la plus
connue d'Alberto Lista, s'il faut en croire les diff6rentesallusionsqu'il y fait.
Dans sesLecciones
deliteratura espafiola,il propose la tragddieRamesauaiecomme
exemple dans une comparaisonentre les diversesfaqons d'aborder un m€me
sujet par un historien, un orateur et un dramaturge:il s'agit de la conjuration
(Madrid r86o-), t.xix (r867),
48. Quintana, Obras completas,dans Bibliotecad.eautzresespa.rioles
p.8za.
23
Vohaireen Espagter7j4-1835
de Catilina i travers Salluste, Cicdron et Voltaire. Dans le m€me ouvrage se
trouve une rapide allusion i Zai're, i propos de certains mots d'Orosmane sur
la nuit.aeDans un article de Lista publi€ ila GacetadeBayonade r8zg, intitul6
'Otelo, Orosm6n y el Tetrarca', il fait une 6tude de la jalousie dans ces
personnages,appartenantau drame de Shakespeare, d Zaiheet i la comddiede
Calder6n El maltor mlnstruo, loscelos,respectivement.s0On peut citer encore,
pour terminer, une allusionvoilie i Voltaire dansla pr6faceque Lista a donn6e
i sa traduction du pobme h6roi-comique d'AlexanderPope TheDunciad:'Estoy
muy lejos de suscribira la opini6n de un cdlebrefranc6s,que colocaaltDunciad
en un lugar superioril Lutrin,' mots aveclesquelsLista fait allusionau jugement
de Voltaire dans son Parallile d'Horace,deBoileauet dc Pope.sl
De son cdt6, Francisco Martfnez de la Rosa,lorsqu'il passeen revue, dans
la pr€face de son Edipr (Pans r8zg), les diversesversionslindraires du mythe,
s'arr€tetout spdcialementi la trag6diehomonymede Voltaire (p.r8-26).
Les dlogesdes ouvragesde Voltaire allaientsouventi I'encontredes productions espagnoles.S'€levant contre les apologies de l'Espagne et de sa culture
d'un article
surgiesir I'occasionde I'affaire del'EnEclopldiemdthodique,l'auteur
journal
Marchena,s2
se
demande:
avec
identifid
'qPara
El Obsercad.or,
du
Jos6
qud sirvenlas apologias?Los extranierosno creerdna los apologistas'por mucho
que alaben a nuestros sabios, mientras no les presenten obras dignas de
aprobaci6n.t...] iQud eslaAraucandrespecto dela Henriada?'s3
Beaucoupplus tard Marchena lui-m6me, dansun curieux'Discurso preliminar acerca de la historia literaria de Espafla y de la relaci6n de sus vicisitudes
con las vicisitudes politicas', mis en tete de ses Leccionesde flosofia moral 1
(r8zo), fait rdf6rence!r Voltaire i plusieursreprises:par exemple,en
eloarcncia
parlant du po€mephilosophique(p.cxix)ou lorsqu'il consid€reque les rdflexions
que Mel6ndez Valdds fait dans ses po6sies sont incomparablementmoins
compromettantesque celles de Voltaire (p.cuiii).
Cependant,toutes ces allusions,m€me dans le domaine de la littdrature, ne
sont pas favorables. Il faut revenir encor€ une fois au th6itre: I'id6e d'aprBs
laquelle la scdnepeut devenir l'6cole du vice apparait dans une lettre que le
carme Onofre Andrds de Asso dirige i Tomis Sebastidny Latre et que celuici reproduit dans la pr6.facede son Ensayosobreel teatroespafiol,ddii citd. Le
canne reprend son expos6dans cestermes (p.[:S-:6], non num6rot6es):
49. Cit6 parJuretschke, Vida, obral pnsamiento deAlbertoLista (M^drid s.d.), p.+lg.
5o. GaretadeBayona,no.ro3, du z5 septembreI8z9; cit6 parJuretschke,Lista,p.z53.
5 r. Cit€ par Juretschke,Lista, p.253.
52. Voir Lopez, 'Les premiers 6crits de Jos6 Marchena', dans Milanga d la mhnoire de Jean
Sarrailh, ii.55-67.
y. El Obsenatkr, discours sixiime, probablement de r79o1'cit6 par Pinta, Inquisicilin,p.zoS.
24
r. La dffision del'uuorede VohaireenEspagne
Si los hdroesdel teatro trdgico de Francia, Corneille, Racine,Crdbillon,Voltaire y
Marmontelllenaronel Templo de Apolo de palmasy laureles,hollaronimpunemente
en el de la religidny fidelidada los cetrosy coronas.Estosgrandeshombresse deiaron
arrastrardel furor podticohastaconsumirla libertaden el fuegode la imaginaci6n,y no
siendodelincuentesen suspersonasbrindan en copasde oro a los 6mulosde su gloria
el venenom6ssutil.
Santos Diez Gonzillez, professeur de po6tique aux Reales Estudios de San
Isidro et censeurdes thditres, qui passaiti son dpoque pour une des grandes
autoritds en litt€rature, se montre trds rigoureux i l'€gard de Voltaire dans
Institucionespoitica (1793). En faisant l'analyse du succdsobtenu en France par
le genre s6rieux, qu'il nomme 'tragddie urbaine', et des attaquesdont il avait
dt6 I'objet, notamment de la part de Voltaire, il dit (p.l ro):
Paraque Voltairehablasemal de cualquierdescubrimiento
literario,no era menester
m6sque el que no fuerasuyo.Tal erael gradode soberbia
a que le habianllevadolos
desmedidos
hombresligerosque sedejarondeslumbrar
elogiosde innumerables
de su
elocuenciaimpostora.Era Voltaireentoncesel que dominabaen los teatrosy no sufria
compaffero.
Il fait ailleursallusioniMirope, dont I'une des scdneslui semblepleine d'artifice
et, en tous cas, inf6rieure i une scdne semblablechez Metastasio, aveclaquelle
il la compare(p.rSS-S6).
Vicente Garcfa de la Huerta, un des plus grands pol€mistesdu temps et
d'esprit anti-frangais, est parti en d6fense du thditre classique espagnol'Theatro hespafrol', d'aprds son orthographe particulidre - contre ceux qui lui
prdf6raient les thdntres dtrangers. Pour les contredire avec I'autoritd d'un
Franqais,il cite dans un de ses textes un fragment de la prdface de Voltaire i
son ddition du th€itre de Corneille oir il se fait l'6cho de I'h€g6monieespagnole
au thditre au milieu du dix-septidme sidcle. Tout en acceptantle cr6dit de
Voltaire dans le genre dramatique,il reprend I'occasionpour l'attaquer:
La opini6nde esteh6roede la critica,cuandosusdemencias
en lasmaterias
mis lejanas
paratantasgentes,no puedeserlessospechosa
de su conocimiento
soncdnones
en un
asuntoen queacasosabiam6squeentodoslosdemisqueensuci6consuplumaatrevida
e insultante.s4
Dans La escenahespafioladefendida,vaste d6fense du th€itre espagnol mise
en t6te de sa collection de pidces Theatrohespafiol,Garcfa de la Huerta analyse
la traduction faite par Voltaire de la com6die de Calder6n En estaaida,toda es
aerdad1 todamentira.ssIl en donne des exempleset signale plusieurs fautes de
54. Garcia de lr Huerta, Lecciin eritiea a los lectlles del papel intilulado 'Cofltinuacitjn dt las memznas
criticasde CosmeDamidn'(Madrid r785), p.xix.
55.J. A. Rios, dans son ouvrage Carcia d.ela Huerta: aida 1 obra (Badajoz tg87), p.zzr-24,
commente largement cette pr6face en insistant sur sa fbnction de diatribe contre Voltaire.
25
Vohaireen Espagner7j4-r8j5
de Catilina ir travers Salluste, Cic6ron et Voltaire. Dans le m0me ouvragese
trouve une rapide allusion d Zaiie, i propos de certains mots d'Orosmane sur
la nuit.aeDans un article de Lista publid dla GacetadeBayonade r829, intitul6
'Otelo, Orosmdn y el Tetrarca', il fait une 6tude de la ialousie dans ces
et i la comddiede
personnages,appartenantau drame de Shakespeare,dZailre
Calder6n El mayr monstruo,loscelos,respectivement.soOn peut citer encore'
pour terminer, une allusionvoilie i Voltaire dansla pr6faceque Lista a donnde
i sa traduction du poEmehdroi-comiqued'AlexanderPope TheDunciad:'Estoy
muy lejos de suscribira la opini6n de un cdlebrefrancds,que colocaalaDunciad
en un lugar superioral Lutrin,'mots aveclesquelsLista fait allusionau jugement
de Voltaire dans son Parallile d'Horace,deBoileauet dc Pope.sl
De son cdt6, FranciscoMartfnez de la Rosa, lorsqu'il passeen relue, dans
la prdface de son Edipo (Pans r8zg), les diversesversionslindraires du mythe,
s'arr€tetout sp6cialementi la trag6diehomonymede Voltaire (p.18-26).
Les iloges des ouwagesde Voltaire allaientsouventi I'encontredes productions espagnoles.S'dlevantcontre les apologiesde l'Espagneet de sa culture
surgiesi I'occasionde I'affaire del'EnEclopidiemtthodique,l'auteurd'un article
identifid avecJos€ Marchena,s2se demande: 'lPara
du journal El Obsen:ador,
qud sirvenlas apologias?Los extanieros no creer6na los apologistas,por mucho
que alaben a nuestros sabios, mientras no les presenten obras dignas de
aprobaci6n.t...1 iQud eslaAraucandrespecto dela Henriada?'s3
Beaucoupplus tard Marchena lui-m6me, dansun curieux'Discurso preliminar acerca de la historia literaria de Espafla y de la relaci6n de sus vicisitudes
con las vicisitudes politicas', mis en t6te de ses Leccionesde flosofia moral 1
eloauncia(r8zo), fait r€fdrenceir Voltaire i plusieursreprises:par exemple,en
parlant du poime philosophique(p.cxix)ou lorsqu'il consid0reque les rdflexions
que Mel6ndez Vald€s fait dans ses podsies sont incomparablementmoins
compromettantes que celles de Voltaire (p.cro<iii).
Cependant,toutes ces allusions,m€me dans le domaine de la litt€rature, ne
sont pas favorables. Il faut revenir encore une fois au th6itre: I'idde d'aprBs
laquelle la scine peut devenir l'6cole du vice apparait dans une lettre que le
carme Onofre Andrds de Asso dirige i Tom6s Sebastidny Latre et que celuici reproduit dans la pr6face de son Ensayosobreel teatroespafiol,ddii citd. Le
carme reprend son exposi dans cestermes (p.bS-:6]' non num6rot6es):
49. Cit6 par Juretschke, Vida, obra1,pensamientodeAlberto Lkta (Madrid s.d.), p.+:1.
5o. Gacetadc Balona, no.ro3, du z5 septembrer8z9; cit6 par Juretschke,Lito, p.253.
5r. Cit6 par Juretschke,Lista, p.253.
5z.Voir Lopez, 'Les premiers dcrits de Jos6 Marchena', dtns Milanges d la minoire de Jean
Sanailh, ii.55-67.
y. El Obseruador,discours sixiBme, probablement de rygo; cit6 par Pinta, Inquisicitn, p.zo8.
24
r. La dffision del'utnre de VohaireenEspape
Si los hdroes del teatro tr6gico de Francia, Corneille, Racine, Crdbillon, Voltaire y
Marmontel llenaron el Templo de Apolo de palmas y laureles, hollaron impunemente
en el de la religi6n y fidelidad a los cetros y coronas. Estos grandes hombres se deiaron
arrastrar del furor podtico hasta consumir la libertad en el fuego de la imaginaci6n, y no
siendo delincuentes en sus personasbrindan en copas de oro a los €mulos de su gloria
el veneno mis sutil.
Santos Diez Gonzillez, professeur de podtique aux Reales Estudios de San
Isidro et censeur des thditres, qui passait i son 6poque pour une des grandes
autoritds en littdrature, se montre tr€s rigoureux i l'6gard de Voltaire dans
Instituciones poiticas Q7q). En faisant l'analyse du succds obtenu en France par
le genre sdrieux, qu'il nomme 'tragddie urbaine', et des attaques dont il avait
6t6 I'objet, notamment de la part de Voltaire, il dit (p.r ro):
Para que Voltaire hablasemal de cualquier descubrimientoliterario, no era menester
m6s que el que no fuera suyo. Tal era el grado de soberbiaa que le habian llevado los
desmedidoselogiosde innumerableshombres ligeros que se dejaron deslumbrar de su
elocuencia impostora. Era Voltaire entonces el que dominaba en los teatros y no sufria
compaffero.
Il fait ailleursallusioniMirope, dont I'une des scdneslui semblepleine d'artifice
et, en tous cas, infdrieure i une scdne semblablechez Metastasio, aveclaquelle
il la compare(p.rSS-S6).
Vicente Garcfa de la Huerta, un des plus grands poldmistesdu temps et
d'esprit anti-franqais, est parti en d6fense du thddtre classique espagnol'Theatro hespafrol', d'aprds son orthographe particulidre - contre ceux qui lui
prdf6raient les th6Atres 6trangers. Pour les contredire avec I'autorit6 d'un
Franqais, il cite dans un de ses textes un fragment de la prdface de Voltaire i
son idition du th6itre de Corneille oi il se fait l'6cho de l'h6g6monieespagnole
au thditre au milieu du dix-septibme sidcle. Tout en acceptantle crddit de
Voltaire dans le genre dramatique,il reprend I'occasionpour I'attaquer:
La opini6nde estehdroede la critica,cuandosusdemencias
en lasmaterias
mdslejanas
paratantasgentes,no puedeserlessospechosa
de su conocimiento
son cdnones
en un
asuntoen que acasosabiamis que en todoslosdemdsque ensuci6consu plumaatrer.ida
e insultante.54
Dans La escenehespafioladefendida,vaste d6fense du thditre espagnol mise
en t€te de sa collection de pidces Theatrohespafiol,Garcia de la Huerta analyse
la traduction faite par Voltaire de la com6die de Calder6n En estauida toda es
oerdad1 todamentira.ssIl en donne des exempleset signale plusieurs fautes de
54. Garcia de lt Huerta, Leccirino"itica a losleaoresd.elpapel intituladn 'Continuacitin de lasmemoias
c'riticas
de CosmeDamidn'(Madrid r785), p.xix.
55.J. A. Rios, dans son ouvrage Garcia d.ela Huerra: aida y obra (Badajoz tg87), p.zzr-24,
commente largement cette pr6face en insistant sur sa fonction de diatribe conre Voltaire.
25
Voltaireen Espagner 7j4- r8j5
r. La dffision dz I'euare de Vohaireen Espagne
traduction, en se demandant si elles sont le produit de I'ignorance ou de la
mauvaisefoi. Pour contrecarrerles ddfautsque Voltaire signaledansla comddie
espagrrole,Garcia de la Huerta trouve les m€mes dansZai\e, qu'il connaissait
trds bien comme traducteur lui-m€me de cette pidce. La critique de Garcia de
la Huerta est vasteet porte sur le titre, la dispositiondes acteset la traduction
elle-m6me. Il en arrive finalementa cette conclusion(p.cii-ciii):
.r\cc mention des chapitres, des erreurs relatives i dates et personnes,sur
I'l.spagneet d'autres pays,notamment de sujet historique; il signalede m€me
tlrs traditionset des r€citsqui lui paraissentinvraisemblables.
Mais malgrdcette
,rttitude,qui semble plut6t contraire, dans une des notes de la ,Relaci6n del
.rtrl, de fe de Logrofro', qui, d'aprds Mendndez pelayo, 'respiran finisimo
rrrltcrianismo' et semblent €tre des fragments du Diaionnairephilosophique,ss
\lrratfn a ins6r6 une citation tir6e de cet ouwage de voltaire sur le tourment
rkrnni i Michdle chaudron, accusdede sorcellerie,de m€me qu'une allusion
.t Voltaire dans une note sur le vampirisme.60
Voltaireno entendi6la comediade Calder6nni sepropusohacerlacomprensible
a los
de suponerse
franceses;
combinando
en estaconductala soberbia
capazde unaempresa
superiora susfuerzaspor la ignoranciaque descubrede nuestralengua,con la inicua
idea de desfigurarel mdrito que pudieratener estapieza,a fin de que apareciese
en
tdrminostan ridiculos,que quien la examinasepor su traducci6nse vieseobligadoa
formarel mdsbajoconceptode nuestroteatro.
En faveur du thditre espagnol a pris aussi la plume le iournaliste Francisco
Mariano Nipho, et dans La nacidnespafioladefendidade los insultosdel Pensador
j sussecu&ces
GZ6+) il a essaydde prouver, i I'aide de tdmoignagesfranqais,que
les com6dies espagnolesdtaient les meilleures d'Europe. Malgrd la position
traditionnelle de Nipho, il ne se montre pas contraire i Voltaire dans cet ouvrage
mais le cite en tant qu'autoritd dans sa d6fense de la langue castillane contre
I'italienne: 'M. de Voltaire, mucho meior que estosalucinadoscriticos, conoce
lafuerzay energiade los versoscastellanos,y sabemeior que el Pensadory sus
asociadosel m€rito de la lengua espafrola'(p.6+). Il fait rdfdrence ailleurs i
I'attitude de Voltaire i l'6gard des trois unitds (p.86) et i une dispute avec
Houdar de La Motte i propos des rdgles(p.roo).
En ce qui concerne les ouwages historiques, i la Biblioteca nacional de
Madrid est conservdeune brdve critique du Siide fu Louis X/2, constitude par
Cette critique
deux feuilles classdespar erreur sous deux cotes diffErentes.s6
fait appel surtout au plan de I'oulnage et son auteur signale avec beaucoup de
ddtail comment il aurait divisd I'histoire s'il en 3vait 6t€ I'auteur. Encore un
document sur Le Siicle dELouis XIV est constitu€ par les notes que Ie ministre
Melchor de Macanaz a rddig6es en 1759, lorsqu'il 6tait en prison. Il copie
plusieursfragmentset les commenteensuite,en opposantbeaucoupde remarques d'ordre historique et politique. Ces notes, avec d'autres manuscrits de
Macanaz. sont conservdesi la Biblioteca nacional.sT
On doit i Leandro Fern6ndez de Moratfn des notes sur l'.6ssaisur lesmeurs,
Moratin signale,
autographes,conservies de m6me i la Biblioteca nacional.sB
,tilr?Rct.l'eg1t dzsnationl,B.N., ms.r8.66^8-r;cit6 par cabaflas,'Moratin
anotador de Voltaire',
lia rra de.filologiaapafiola zB g9a4), p.73-82.
511Mendndez Pelryo, Histoia dc losheterodnxos
(Madrid r964), v.33r.
espafioles
(ro. lrerndndez de Moratin, 'Auto de fe celebrado
en la ciudad de Logro;o',?'a ns obras, Biblioteca
.
Jt ruturesespafinlcs
(Madrid r87r), ii.6r9, 628.
sobreel Siglo
r8.579de la obrade Mr Voltaire
dcLuisX1rl,8.N.,mss.r8.565-5,
56.'Critica
fu
5; publi€e dans Lafarga, 'Criticas espafrolasindditasdel Siglode Luis X./eYohaire',Anuaio
f lologiaz G gl 6), p.4zz- z +.
57.Macantz,'Siglo dz Luis )(It', B.N., ms.r0.745, et'Breve epitome', 8.N., ms.rr.ozo.
58. 'Apuntes sobre Letteredi Metastuio y errores y equivocacionesde Voltaire en su obra Sar /es
z6
27
z. Voltaire et la censureespagnole
z.Yoltaireet la censureespagnole
La diffusion progressive en Espagnedes cuvres de Voltaire ddclencha la mise
en mouvementdes mdcanismesde repression,c'est-i-dire, la censure.Au dixhuitidme sidcle il existait en Espagne deux types de censure: ecclisiastique et
gouvernementale,ou civile. Celle-li dtait dans les mains de l'Inquisition, tandis
que celle-ci 6tait notammentassurdepar le Conseil de Castille.Leur procddure
6tait essentiellementdiffdrente, puisque la censureeccldsiastique6tait exercde
a posteriori,aprds la publication du livre, brochure ou pdriodique, tandis que la
censuregouvernementale6tait prdalableet ndcessaire,aucun liwe ne pouvant
paraitre sanslicence du roi. Par cons6quent,le contrdle de I'Inquisition portait
presque exclusivementsur les livres imprimds i l'6tranger.
I'Inquisition
i. La censureeccldsiastique:
Tout au long du dix-huitidme siicle la censureeccldsiastiquea €t€,exerc6epar
I'Inquisition, qui I'administraiten raisonde son rdle de ddfenseurnon seulement
des dogmes de la religion catholique, mais aussi des lois de la nation et des
bonnes mceurs. On a accus6 l'Inquisition espagnolede constituer un obstacle
i la diffusion de la culture au dix-huitidme sidcle.Il est 6vident que, pour des
raisonshistoriques,la censureinquisitorialependantla secondemoitid du sidcle
et premier tiers du dix-neuvidme 6tait dirig€e surtout contre les livres ir contenu
philosophique et encyclop6dique.Depuis sa fondation jusqu'au ddbut du dixhuitidme sidcleI'obiet de sesrechercheset de sescondamnationsdtait les iuifs,
les morisqueset les h6rdtiques,tandis que pendant la premidre moitid du dixhuitidme sidcle elle s'est occup€esurtout du iansdnisme,au point que l'Indcx
de ry47 comporteun suppldmentconsacrdentiBrementi des livres jansdnistes.
Une fois coniurds ces dangers,apparaissaitau milieu du sidcleune nouvelle
menace,plus redoutablecar elle allait rencontrer un accueilfavorableparmi les
classesmoyenneset une partie de la noblessede la nation. Ce nouveaudanger
6tait le 'philosophisme',d'aprds le mot utilis6 par les apologistescatholiques,
accompagndde I'impi6t6. Cet avis,cependant,n'appartenaitpas exclusivement
i desapologistessusceptiblesde parti-pris, mais aussii certainsiclairds, comme
Jovellanos,lequel dans une 'Representaci6nal rey Carlos [V sobre lo que era
el tribunal de la Inquisici6n', dirigde au roi en 1798, affirme que 'la fe ya tiene
poco que temer de los hereiesy nada de los judios pero mucho y todo de los
z8
irrrpios'.iL'Inquisition espagnoles'est appr€t6ede toutes sesforces i conjurer
lc danger, mais des nofices et des documents de l'€poque, ainsi que des
rrtlirences i des liwes interdits et leur circulation, sont autant de preuves
irrifutables de son dchec.
On peut aller chercherla raison de cette inefficacit6dansla perte progressive
tlc pouvoir et de prestige.D'un c6t6, plusieursddsaccordsse sont produits entre
I'lnquisition et le pouvoir royal, dont le plus grave a 6t6 sans doute celui
lrrovoqud par la condamnation del'Exposition de la doaine chritiennede I'abb6
\tisenguy. L'ouwage avait 6,t€ condamnd par la Congr€gation romaine de
f'fndex en 1757, mais Charles III, qui itait i l'€poque roi de Naples, avait
irccordd les licences pour la publication d'une traduction italienne drlment
cxpurg6e.Peu aprds I'avdnementde Charles III au tr6ne d'Espagne,le grand
inquisiteurManuel Quintano Bonifaz fit reproduirele bref du pape qui condamrririt I'ouwage et refusa, malgrd la demande formelle du roi, de faire saisir
lcs cxemplairesqui en avaient 6t6 distribuds. Charles III, indignd, fit exiler
I'inquisiteur i quelques lieues de Madrid jusqu'i ce qu'il ne fit acte de
soumission.2
Mais l'affaire ne s'arr€tapas l!r.Par une cdduleroyaledu r8 janvier
r 762 Charles III ordonnait qu'aucun 6dit ou index de I'Inquisition espagnole
ct qu'aucune bulle pontifice sur prohibition de liwes ne pouvait €tre publi6 en
l',spagnesanslicence royale.
A la perte d'autoritd il faut ajouter une perte de prestige.Pendantla seconde
rrroitiddu dix-huitiEme sidcle la terreur produite par I'Inquisition a diminu6
rrotablement.Il est vrai, cependant, que les chitiments impos6s i l'6poque
titaicnt peu nombreux et moins forts qu'auparavant.3Il y avait des Espagnols
rlui allaient m€me iusqu'i tromper les commissairesou familiers du Saint( )fhce, notamment en ce qui concernait les liwes, en se pr6valant de leur
corruption ou de leur ignorance.E. F. Lantier, dans le r€cit de son voyageen
l'.spagnevers la fin du sidcle,raconte I'histoire d'un Espagnolqui suborne les
t ommissairesde I'Inquisition pour dviter de se faire inspecterla bibliothdque.a
( )n dissimulait souventles livres interdits avecla simple op6ration d'en remplacer
I'cttiquettepar une autre annonqantun ouvragehistorique ou de pidt€.
r . Jovellanos, Obras (Bibliotecadz autoresespafioles,
Madrid r 86o-, t.boorvii),p.333.
:. Voi r Llorente, I nquisicidn,i. z7 z ; D efoumeatx, I nquisicidn, p.Z9-88.
1. Llorente (Inquisici6n,ii.43r-48) fait le bilan des victimes.
4. l,antier, Vayge en Espagnedu chnalier Saint-Genais, fficierfrangais, a lesdiom nnemnts de
\,1t uryage(Paris r8o9), i.z7t:'Le lendemain ie pris le chocolat avec don Inigo et sa fille dans un
r.rhinet retir€, qu'il nommait sa librairie; je fus 6tonn6 d'y trouver les ouvrages de Voltaire et de
l(r,usseau.-Vous €tes li, lui dis-je, en compagnie peu orthodoxe, et qui pourrait vous envoyer
,l.rrrsles ge6les du Saint-Office. -J'ai prdvenu le danger. Il est des accommodementsavec les
..rrrrtsinquisiteurs;une somme d'argent vers6eadroitementet i propos endort la vigilancede ces
.rrgus; ainsi ne craigrez rien pour moi.'
29
t7j4-t8j5
voltaireenEspagne
L'6tat de I'Inquisitioni la fin du dix-huitidmesidcleest trEsbien exprimd
danscesmotsd'Andr€sMuriel, historiende CharlesfV et tdmoindesfaits:
habia
Su antiguopoderno existiaya:la autoridadhorriblequeesteTribunal sanguinario
limites,puesel SantoOficio
reducidaa muyestrechos
ejercidoen otrostiemposquedaba
habiavenidoa paruren ser una especiede comisi6nparala censurade libros no mds,y
necesidad
de sersufriday tolerante.s
estaexistenciaienia
aun paraconservar
La missionessentiellede I'Inquisition i l'ipoque dtaitdonc la censure deslivres.
L'inclusion d'un livre dansl'Indexespagnoldtait pr6c6d6ed'un long processus
qui occupait parfois dix ann6es.Normalement le livre €tait d6noncd par un
particulier, soit directementaux inquisiteurs,soit par I'intermddiairedu confesSeur. On essayaitensuite d'en trouver un exemplaire pour le faire arriver aux
qualificateurs,deux normalement et presque touiours des moines. La censure
nomine),passaitau
ou rapport du premier qualificateur, sans signatute (supresso
second, et s'ils coincidaient dans la ndcessit€de la condamnation le dossier 6tait
transf6r6 au Conseil supr6me, qui se prononEait en dernier ressort, car la
compdtence des qualificateurs n'6tait que consultative. S'il y avait ddsaccord
entre les censeurson envoyait le dossier i un troisidme. D'aprds ce qui se
d€gage des dossiers conserv€s, dans beaucoup de cas les livres d6nonc€s
n'dtaient pas condamn€s,faute d'exemplairepour la qualificationou d'accord
entre les qualificateurs,ou parce qu'en demiBre instancele Conseil ddcidait de
ne pas condamnerI'ouvrage.
La liste des livres condamnds 6tait diffusde de faqon p6riodique mais ir
intervalles assezirr6guliers, moyennant des 6dits. Ceux-ci €taient imprim6s i
Madrid et envoydsaux tribunaux de province et affichds aux portes des 6glises,
avec prohibition expressede les enlever,sous peine d'excommunication.6De
tempsen tempsdtaientpubli€sleslnfux,volumesqui contenaientlesprohibitions
€dictdesjusqu'i ce jour. Le dix-huitidme sidclen'en a connu que deux.7L'Inda
librorum prohibitorum de 1747, assez difficile i manier, prdsente les auteurs
ripartis en trois classes: dans la premidre s€ trouvent les auteurs damnatae
memoiae, dont tous les ouvrages, parus et i paraitre, sont prohib€s; dans la
seconde,les auteursdont certainsouwagesdtaientinterdits; et dansla troisidme
se groupaient les ouvragesanonymes.A I'int€rieur de chaque classeles auteurs
sont rdunis par langues et ordonn€s par les prdnoms. L'Indice illtimo de rygo,
p.2695. Muriel, Histoia dz CarlosIV, dansBibliotecadc autora apaiobs (Madrid I86o-), t.cxiv,
'
6. Pour les proc{dds de la censure et de la prohibition, voir, notamment, Llorente, Inquisiciiln,
i.273; Defourne u4 Inquisicilin,p.4g-74; Mirque z, Literatura c lnquisicitit ea Espaia (Madrid t98o),
passim.
7.Je ne considEre pas l'Indzx publid en r7o7 p rce qu'il ne contient aucun ouvrage du dixhuitibme sidcle.
3o
z. Voltaire et la censureespagnole
avec un ordre alphab6tique pour auteurs et ouvrages anonymes, en fait la
consultationbeaucoupplus commode.
Considdrdpar les autoritdsecclisiastiqueset par les apologistescatholiques
le plus impie des philosophesfranqaiset le 'coriph6e de I'impi6t6', Voltaire ne
pouvait pas €tre absent des index expurgatoires espagnols,comme il avait 6t6
condamni par la Congr€gation de I'Index i Rome et par le parlement et
I'assembliedu clerg€ en France.
Les notices relatives i la condamrtation des ouvrages de Voltaire procEdent
de deux sources principales: imprimies et manuscrites. Les sourcesimprimdes
consistent en l'Index de ry47 et l'Indice de r7go, avec ses suppl€ments et
appendices, ainsi que les 6dits. La plupart des 6dits conservds se trouvent er
l'Archivo hist6rico nacional (section d'Inquisici6n) et i la section des manuscrits
de la Biblioteca nacional, i Madrid.s Quant aux sources manuscrites,elles
consistent notamment dans des censureset qualifications conserv6esi l'Archivo
hist6rico nacional.eLes ouvragesde Voltaire condamn6spar l'Inquisition sont,
pour la plupart, des dditions en franqais, ce qui est tout i fait normal si I'on
connait la procddure inquisitoriale; cependant,plusieurs traductions ont dt6
aussiI'objet d'une prohibition.
Mais avant d'aborder la description et analysede ces condamnations il faut
s'arrOteri une dateclefdans I'histoire des rapportsentre I'Inquisition espagnole
et Voltaire: ry62. Un ddit de I'Inquisition de Cour (Madrid) du r8 ao0t
condamnait tous les ouvrages de Voltaire, parus et i paraitre, dans n'importe
quelle langue.Le texte de la prohibition est le suivant:
Las obras de Mr. de Voltaire, impresasen Ginebra en veintetomos en octavo,y en
Dresde, Leipzig, Amsterdam,Londres y otros lugaresen mds o menostomos. Por
contenerproposiciones
respective
her6ticas,err6neas,escandalosas
y temerarias,
que
inducenal de(smoy naturalismo,con notableperjuicio de la religi6ny experimentada
ruinade lasalmas.Y se previeneque la prohibici6nde estasobrasdebeentenderseaun
paraaquellosquetienenlicenciade leerlibrosprohibidos.r0
La rdfdrence i cette prohibition dansl'Ind.icede rTgo est trds succinte.Aprds
'Voltaire (M. Marie Frangois de)' on peut lire la qualification 'Frang. Phil.
impie', et un astdrisqueet un index qui indiquent qu'il s'agit, respectivement,
d'un auteur condamnd in totum et interdit m€me pour ceux qui ont licence de
lire les livres interdits. AprBs renvoi i l'€dit de condamnation on fait cet
lvertissement:'Varias obras de este autor hay prohibidaspor sus titulos y otras
8. A.H.N., section Inquisici6n, liasse u5r (idits imprimds de I'Inquisition de Toldde); B.N.,
nrs.r3.zr8 (ordressur l i v resetpapi ersde r668 i r76r).
9. A.H.N., Inquisici6n, liasses4465-5, 446516, 4474-42,4492-40, 4522-z9.
ro. A.H.N., Inquisici6n, liassez5r-6. L'6dit a 6t6 d6livr6 par I'Inquisition de TolEde et porte la
tfatedu z3 aofit 1762.
3r
Voltaireen Espagner7j4-r835
que se le atribuyen' (p.zlgd. Cette indication dtait ndcessairecar dans l'Indice
il n'y a aucun ouvragede Voltaire qui soit introduit par le nom ou le pseudonyme
de I'auteur, mais uniquementpar le titre ou par un des noms supposisou pr€t6s
qu'il a utilisds. M6me si parfois on signale que I'ouvrage condamnd est attribud
i Voltaire ou lui appartient en propre il ne se trouve aucune r6f6rence sous
Voltaire, et, par consdquent, une investigation compldte exige le parcours de
l'Indice dans sa totalitd. En ce qui concerne les liwes frangais - et ceux de
Voltaire, bien entendu - ce travail a 6td fait depuis quelques anndes par M.
Defourneaux dans un catalogue de livres condamn6s mis en appendice i sa
remarquable 6tude sur I'Inquisition espagnoleau dix-huitidme sidcle.rrMais
comme Defourneaux ne donne pas la r€firence exactei'ai €t6 obligd de parcourir
l'Indice, ce qui m'a permis de relever de petites fautes d'attribution.
Malgrd la prohibition in totum des ouwages de Voltaire et de certains livres
en particulier, ses productions ont abondamment circul6 en Espagne, mais
presque touiours dans la clandestinit6. A cette diffusion ont contribud sans
doute le manque de zdle et I'inculture des commissaires et qualificateurs du
Saint-Office, qui, d'aprdsJovellanos,'ignoranlas lenguasextrafras[...] y s6lo
sabenun poco de teologfaescoldsticay de moral casuista'.12Dans le m€me sens
s'erprime I'auteur anonyme de l'Etat politique, histoique et moral d'Espagne,qrui
s'6tonne de I'ignorancebibliographiquedes commissaires(p.47o-7 r):
On trompe touioursgrossidrement
cesaffreuxmoinespour la contrebandedes livres.
Un libraire de Lisbonne,oi ce Tribunal estle m€mequ'en Espagne,pendantle temps
que j'y ai 6t6,,afait passertrois €ditionsdeseuvres de Voltairefaisantplus de quatre
vingt volumes,sousle nom desGuvresde Voirure;il ne s'agissaitque de savoirlire les
titres.
La chronologie des prohibitions permet d'appr6cier I'itindraire suivi par les
ouvrages de Voltaire dans le monde de la censure inquisitoriale. Voici les
rdfdrencesparues dans les index et suppldments:
Uria y Urueta (Don Leonardo).Stt Historiadr CarlosXII, Rel de Suecia,traducidadel
idiomafranc6sal espafiol,impresaen Madrid en dostomosen octavo;el primero el
affode r74o y el segundoen el de ry4r, de los cualesse borrenlas proposiciones
siguientes
[...1 Ilnda, p.8lza,b]
La LigueouHenri le Grand,podmedpique.[Index,p. r roTa]
Lenresphilosophiques,parMr.
pidcesgalantes
deV*** avecplusieurs
nouvellesdedifl6rents
auteurs.
A Paris,r747.r tomo.Edictode r6 de enerode r756.llnd,ice,p.r58bl
Francheville(fosephDufresne de),Le Siide dcLouisXIV.2 tomos.A Leipzig.Edicto
de marzode r756. [Indice,p.rc6b-rc7a1
rr. Defoumeaux, Inquisicitfn,p.zt7-58:'Catilogo
r8o8) ' .
r z. Jovellanos,'Representaci6n',p434a.
32
de los libros francesescondenados(r747-
z. Vohaire et la censureespagnole
Voltaire (M. Marie Franqois de), Frang. Phil. impie. Edicto de 18 de agostode ry62.
Varias obras de este autor hay prohibidas por sus titulos y otras que se le atribuyen.
[ndice, p.z7ga]
Diaionnaire philosophiqueportalfl A Londres r764. Se atribuye a M. de Voltaire. Edicto
de diciembre de 1766. [Indice,p.76bl
Lssai sur l'histoiregenerale.Edicto de diciembre de ry66. Se atribuye a M. de Voltaire.
[ndice, p.g+al
La Philosophiedc I'hhtoire. Edicto de diciembre de ry66. Se atribuye a M. de Voltaire.
llndicep.zrnl
(ioodheart (Le Dr.), De la paix perpituelle. I tomo. Edicto de marzo de ry7r. flndice,
p.r r8al
philosophiques,par
Mr. de Voltaire. 2 tomos. Edicto de r7 de marzo de
Romanset contes
ry76. [Indice,p.41al
Argens (Jean Baptiste Boyer, marquis d'), Discoun de l'empereurJuliencontreleschritiens,
traduit par le marquis d'Argens. r tomo. Berlin r768. Edicto de zo de iunio de t779.
Indice, p.r4bl
()mmmtaire sur le Liz:red.csddlix et d.cs
peines,parun Avocat de province. Nouvelle edition
ry67. r tomo. Edicto de zo de iunio de ry79. llndice,p.5gbl
llistoire du Parlementde Paris. r tomo an6nimo. q69,5a edici6n. Edicto de zo de junio
de ry79. flndice,p.r3zb-r33a]
Ilornme aut quarantelans. r tomo an6nimo. 1768. Edicto de zo de junio de q7g. llndice,
p . r3 5 a l
Lu Rakonpar alphaba.2 tomos, an6nima.Obra de M. de Voltaire. Edicto de 3 de junio
de r 78r. flndice,p.zzzbl
Lc Huron ou I'Ingtnu, par Mr. de V*'t*. I tomo. A Lausanne. 1758. Edicto de zo de
diciembre de ry82. Se atribuye a Mr. de Voltaire. flndice,p.rygal
'l'raitisurlatolirancedl'occasionde
lamortdcJeanCalas,impresoaflode 1763. r tomo
en 8". Edicto de 7 de marzo de ry9o. flndice,p.295bl
.\Iuerte d.eCisar tragedia francesa de Mr. de Voltaire, traducida en verso castellano y
acompafradade un discurso del traductor. Impresa en Madrid afro de 179r. Y se
previene que todas las obras de este autor estdn prohibidas, aun para los que tienen
licencia,en cualquieridioma en que sehallen.Edicto de 9 de julio de t796. [Suplemnto
al Indice, p47bl
l,'Exangile d,ujour: obra an6nima impresa en Ginebra en 8o mayor aio de 1769. Edicto
de 6 de abril de r7gg. [Suplemento
al Indice,p.roal
(.orneille (les chef-d'euvres de Pierre et de Thomas): nouvelle ddition augmentdede
notes et commentaires par M. de Voltaire. Pero se advierte que la prohibici6n no
comprende las piezas contenidas en esta colecci6n y si sdlo las notas de Voltaire.
l.dicto de r r de febrero de r8o4. [Suplemntoal Indice,p.r3a,b]
lluhoma (elfako profeta),tragediaen cinco actospor el L.D.F.R. de L. y V., impresa en
Madrid en casade lbarra. Edicto de z5 de agostode r 8o5. [Suplemntoal Indice,p35a]
1,, I/ieillard d.unont Caucaseatu juifs portugais,allemandset polonais;attribu6 i un ami de
I'auteur de la Henriade, ornd d'un portrait de Mr. de V***; un tomo en 8' impreso
VoltaireenEspagne
r7j4-r8j5
en Rotterdam,afrode r777i por ser un conjuntode proposiciones
injuriosasa la
SagradaEscrituray contrariasa lospuntosm6ssagrados
de nuestrareligi6ny disciplina
eclesidstica.
Decretode zo de septiembrede r8o6. [Apendice
al Ind,ice,p.3oal
Zadigo el dcstino,historiaoriental,publicadaen franc€spor Mr. de Vad€y traducidaal
por D.; un tomo en rz" impresoen Salamanca
espafrol
por D. Franciscode T6iar,
afrode r8o4: por ser extraidade las obrasde Voltaire,generalmente
prohibidasaun
paralos que tienenlicencia,y porqueel objetode estaobraesatribuir la causade los
acontecimientos
humanosal acaso,fomentandoel perniciososistemadel fatalismo.
Decretode zo de septiembrede 18o6.L4pendice
al Inilice,p.3ra,b)
La premidre des productions de Voltaire qui a fait I'obfet de condamnation
est La Henriade, qui figure i l'Index de t747 sous le ntre La Ligue ou Heni le
Grand et anonyme (p.rro7a). Les qualificationsrelativesi cet ouvrage n'ont
pas dt6 conservdeset l'on ignore les raisons de la prohibition. Lantier, voyageur
frangais en Espagne, reste bien dtonn6 lorsque au passagede la frontiBre un
commissaire du Saint-Oflice lui riquisitionne un exemplaire de La Henriade:
'A coup sOr elle n'entrera pas. Vous voulez infecter notre pays du poison que
distille cet auteur venimeux.-Mais, monsieur, c'est un poEmeof la morale et
la religion sont trds respect€es.'13
Le voyageurne rdussit pas i convaincrele
commissaire, m€me pas en lui citant des vers sur la transubstantiation; les
derniers mots de celui-ci sont tranchants:'pas un seul feuillet de Voltaire ne
pass€ra G6rone. Messieurs les Frangais, vous critiquez notre sdvdritd et notre
inquisition, mais nous n'avons ni Saint-Bart6lemy ni guerres de religion' (i. l3 r ).
Les Lenresphilosophiques,
interdites par 6dit du r 6 ianvier r 75 6, sont attribudes
i 'Mr. de Vitit't' et leur condamnationse basesur des 'proposicionesherdticas,
abusivasde la SagradaEscritura, iniuriosas al Sumo Pontifice y execrablemente
torpes y deshonestas'.taLe Siicle de Louis XIV, condamn6 par 6dit du 7 mars
1756, est attribud a Joseph Dufresne de Francheville,nom pr€t6 sous lequel
Voltaire avaitpublid I'ouvrageen r 75 r . D'aprEsles censeurs,I'histoirecontenait
des 'proposicionestemerarias,err6neas,iniuriosas, irreverentesa la religi6n
cat6lica,sumos pontifices,cardenales,obispos,religionesy principes'.15
La premidre occasion dans laquelle le nom de Voltaire apparait dans un 6dit
de I'Inquisition est en ry6z, le 18 ao0t, lors de la condamnationdes cuyres
compldtes. Avec cette disposition Voltaire allait augmenterle groupe des auteurs
de la premidre classe (prirua classisauct\rum damneteememoriaequorum oper&
editaet edcndasuntprohibita), constitu6epresque exclusivementpar des h6risiarques; les dcrivains frangais qui lui tiennent compagnie sont Cldment Marot, Du
Plessis-Mornay, Rabelais, Pierre de L'Estoile et Antoinette Bourignon, une
r3. Lantier,Voyage,
i.r3o-3r.
r4.B.N.,ms.r3.zr8.
r5 .8. N.m
, s . r 3. z r 8.
34
z. Voltaire et la censureespagnole
obscure dcrivain du dix-septidme sidcle; parmi les contemporains, il n'y a
que Jean-JacquesRousseau.16D'autre part, la condamnationdes ouvragesde
Voltaire frappait m€me ceux qui avaient licence de lire les liwes interdits.
La condamnation in totum desouvragesde Voltaire n'a pas emp€chd le SaintOffice de censurer et interdire d'autres productions isol6es. Ainsi, un €dit de
d6cembre r 766 attribue i Voltaire, sansassurance,trois ouvrages:le Dictionnaire
philosophique
prrtatif, l'Essaisur les meun et La Philosophiede l'histoire. D'autre
part, plusieurs ouvrages sont attribuds i des pseudonymes ou i des auteurs
supposds,tels le Dr Goodheart pour La Paix perpituelleet le marquis d'Argens
pour le Discoursd.el'empereurJulien. Les seules productions qui se prdsentent
comme authentiques sont les romans et contes, La Raisonpar alphaba (ntre
donn6 dans plusieurs dditions au Diaionnaire philosophique)et le commentaire
au thditre de Corneille. Les romans et contes ont 6td interdits dans leur
ensemble par 6dit du 17 mars ry76, mais les qualifications n'ont pas 6t6
conserv6es.Toutefois, nous connaissonsles censures de Candideet de Zadig,
deux romans qui n'ont iamais 6td condamn€s par leurs titres en franqais, la
prohibition de Zadig portant, en fait, sur la traduction espagnole.A I'Archivo
hist6rico nacional est conserv6le dossier complet de qualification de Candide.t7
Le dossiers'ouvrepar une leftre (datdedu I5 septembrery79) d'envoi du texte
au censeur, frdre Manuel Denche, par un des secrdtairesde I'Inquisition de
Madrid. Le lendemain le qualificateur lui rend le livre en all€gant qu'il ne
comprend pas bien le franqais.Le r8 septembreun autre secr6taireenvoie le
livre au pdre PedroJosef Portillo et le 30 du m€me mois ce censeurle rend i
I'lnquisition avec sa qualification. Comme il dtait d'usage dans la procddure
inquisitoriale,le roman est envoy6au secondcenseuravecI'opinion du premier.
Le second censeur garde le livre du 9 octobre au z ddcembre, date de son
rcnvoi au Saint-Office. Le dossier se ferme avec un procds-verbal(dat€ du 8
janvier r 78o) d'une sdancedu Conseil de l'Inquisition de Cour oi il est accordd
que le livre soit condamni dans le premier 6dit. Mais cette prohibition ne s'est
jamais concrdtis6e et Candiden'apparait dans aucun 6dit ni n'a 6t6,inclus dans
I'lndicede r 79o.
I-a partie la plus int6ressantede tout le dossier est sans doute la double
qualificationdes deux censeurs.Le premier, PedroJosef Portillo, montre une
ccrtaine culture littdraire et philosophique. Il attribue sans hdsiter le liwe i
\ioltaire, le d6duisant non seulementdes initiales de la page de titre ('M. de
l'.'), mais aussi et surtout 'del estilo y de la ortografia propia del autor'; la
r 6. Voir Defournetux, Inquisicirin,passin.
r7. A.H.N., Inquisici6n, liasse 4474-42, reproduit dans notre appendice E. Cette qualification,
p.16r-63).
.rinsique les suivantes,est comment€ebriivement par Defoumeaux (Inquisici6n,
35
Voltaireen Espagner7j4-t8j5
paternitd du livre serait raison suffisante pour le condamner sans examen,
puisque tous les ouvragesde Voltaire dtaientinterdits depuis ry62 en Espagne,
mais le censeur, fiddle aux ordres regus, analysele roman en ddtail. Ce qu'il
remarque de prime abord c'est qu'il s'agit d'une satire de Leibniz et de son
systdmeoptimiste, mais plus tard il note que
bajo el velo de una sdtiracontraesasmiximasde Leibniz[...] ocultaesteimpfoautor
el designioformaly seguidode establecerel deismo,y no comoquiera,sino un deismo
epicfreo, que presentaun Dios sin Providencia,
y que dejandoal acasotodos los
acontecimientos
de estemundo, liberta a los hombresde la esperanza
y del temor de
los castigosy de los premios de la otra vida, arruinandopor consiguientetodos los
principiosde la religi6n,de la sociedady de la moralidadde lasaccioneshumanas.
Le censeur analysetout particulidrement les dpisodesde El Dorado sur la
religion et du derviche sur la Providence. L'ddition de Candideobjet de censure
comportait la suite aioutde par Thorel de Campigneullesen 176r, puisqu'il
continue son analyseen faisant rdfirence au voyage de Candide au Danemark
et en insistant sur la chronologie, avec rifutation de celles que l'on attribuait
aux Chinois et aux Babyloniens,pour conclure que la seule exacteest celle de
la Gendse.La satire de Voltaire contre I'Inquisitionrs ne pouvait pas dchapper
au censeur, lequel la qualifie de 'sangrienta,llena de imposturas,blasfemias,
falsedades,torpezas,calumniasy chocarrerias'.Son avissur ce liwe, 'sembrado
de obscenidadesmonstruosas',est qu'on doit le condamneravecla prohibition
la plus sdvdre.
Le secondcenseur,frdre Franciscode Guzm6n, est tout i fait d'accord avec
les qualificationsprdc6dentes,en aioutant aux 'herejfas,blasfemiasherdticas,
proposicionessapientesheresim,escandalosas,obscenas,denigrativasy demasiadamenteperniciosas'signal€espar le premier qualificateurbeaucoupd'autres,
avec mention de la page of elles se trouvent. Quant ir la paternitd du roman, il
coihcide avecson colldgue:'Nadie ignora que es obra del hereieVoltaire porque
demuestrael cardctery genio de esteabominableautor. Su invenci6n,susideas,
su colocaci6n, su crftica maldiciente y continuo libertinaje, todo dice que sali6
de aquella mano.' Le censeurest 6videmmentfavorablei la condamnationde
l'ouvrage, 'con toda la severidadde las leyes'. Mais malgrd ces qualifications
erremement virulentes et I'arr6t du Conseil, Candiden'a pas 6t6 interdit.
D'aprds la chronologie, la censure suivante correspond i, La Raisonpar
alphabet,ouvragecondamn6par l'6dit du 3 iuin r78r; en fait, il avait6td prohibd
plusieurs ann€es auparavant sous le ntre Diaionnaire philosophiqueportatif. Le
qualificateur, aprEs avoir fait mention des propositions qu'il relBve dans I'ou18. Cand,ide,chapitres 6 ('Comment on fit un bel auto-da-f6 pour empdcher les tremblements
de terre et comment Candide fut fess6'), 8 ('Histoire de Cun6gonde') et 9 ('Ce qui advint de
Cun6gonde, de Candide, du Grand Inquisiteur et d'un Juif).
36
z. Vohaireet la censureespagnole
vrage, s'en prend i I'auteur, qu'il ddfinit comme 'un libertino que ha juntado
por orden alfabdticotodos los errores de los que le han precedido,afradiendo
chistesy graciosidadesde aquellasque les son propias a estosmonstruosde la
iniquidad.'re
L'histoire des qualifications de Zadig estun peu plus complexe. Les censures
procddent du tribunal de Mdxico ef forment un long dossieravec
consery6es20
le rapport que le tribunal de cette ville dirige au Conseil suprOmede Madrid
en vue de la condamnationdu roman (juin 1784). Le premier des censeurs,
Josd Francisco de Vald6s, qui croit que le livre est m6prisable et son suiet
ridicule, en vient i l'dpisode oi Zadig fait voir i des membres de religions
diversesqu'ils adorent tous le m€me Dieu et il n'y trouve rien susceptiblede
censure thdologique. Il ne considBrenon plus riprouvables les allusionsi la
Providence, bien au contraire il y trouve un parall€le avec I'attitude de Job. La
seule chose qui lui semble digne de censure est le nom donnd aux angesqui
apparaissentdansle roman, parce qu'ils ne coihcidentpas avecMichel, Raphael
et Gabriel, seulsacceptdspar I'Eglise. Il termine son rapport en s'excusantdes
fautesdues i son ignorance.
Cette censureestsuiviedansle dossierpar une note de I'inquisiteurprocureur
oi il met en 6videnceI'excessiveindulgence du censeuret son opinion que le
livre doit €tre saisi 'como prohibido in odium autoris', en aioutant: 'Este no
consta quien sea expresamente,pero no faltan escritores que lo atribuyen al
infeliz hereie Francisco Maria Arouet de Wolter, cuyas obras todas estdn
cnteramenteprohibidas por la Inquisici6n de Espafra.'Il est de I'avis que le
roman doit passer i un second qualificateur qui ddcide de la paternitd de
Voltaire.Le nouveaucenseur,frdre Domingo de Gandarias,ne peutpas affirmer
que I'ouvragesoit de Voltaire, quoique le roman
tieneresabiosa su modode pensary escribir,difundiendola s6tiray el venenobajolas
personas
y profesi6nde los interlocutores
que introduce,como hizo en su epistola
Urania,en su tragediade Mahoma,etc., en las que vomit6los m6shorrendosdicterios
bajolospersonajes
supuestos
v blasfemias
de su f,ibula.
I condamneavecduretd plusieurspassagesdu roman, en les qualifiant d'inductifs au ddisme et au fatalisme,et meme d'dpicuriens,et il est de l'avis qu'il doit
0tre interdit. L'inquisiteur procureur insiste dans un dernier rapport sur les
dangereusespropositions r€parties dans I'ouwage, si bien qu'il sollicite du
tribunal la prohibition du roman. Le Conseil de Mdxico accordedanssa sdance
du r5 iuin r784 condamner totalementl'ouvragedans le premier 6dit, avecle
consentementdu Conseil supr€me.Voili le dossierarrivd de Mdxico i Madrid.
r9. Cit6 par Defbumeaux, Inquisicidn,p.r6o.
zo. A.H.N., Inquisici6n, liasse4465-5: voir notre appendiceF.
37
Voltaireen Espagner7j4-r835
On y a aioutd une note, dat6e deux ans plus tard, pour faire chercher le roman
dans les archivesdu Conseil ou pour I'acheter.
Tout comme Cand.ide,Zadig n'a pas 6td interdit dans I'original, mais la
traduction espagrplea 6td I'objet d'une condamnationen r8o6'por ser extraida
de las obras de Voltaire, generalmente prohibidas aun para los que tienen
licencia, y porque el obieto de estaobra esatribuir la causade los acontecimientos
humanos al acaso,fomentando el perniciososistemadel fatalismo',d'aprds ce
qu'on peut lire dans l'Apendiceal Indice d6ji cit6.
Les franciscainsJuan Ram6n Gonz|lez et Juan Ramos Aguilera ne sont pas
plus bdnignesau moment de qualifierZ'Eztangiledujour.2t Le livre a 6t6 ddnonci
i I'Inquisition de S6ville par son commissaire i Cadix Pedro Sdnchez Diaz
Sa d6nonciation
Bernal, fdroce persdcuteurde livres suspectsou condamn6s.22
porte la date du 3 octobre r7g8 et deux mois plus tard la qualification6tait d6ii
pr6te. Les censeursy analysentminutieusementles diffdrents opuscules qui
composent I'ouvrage, notant leurs opinions. Dans I'ensemble ils qualifient
I'ouvragede'encadenamientode proposicionesformalmenteherdticas,blasfemas, cism6ticas, sediciosas,piarum aurium ofensivas, simplicium seductivas,
impias, escandalosas'.
Se basant sur ce rapport le Conseil, dans sa r6solution
de f6wier rygg, d6,cidela prohibition du liwe m€me pour ceux qui ont une
licence, 'por estar esta obra llena de proposicionesformalmente herdticas,
blasfemas, cismdticas, luiuriosas y ofensivas, y porque niegan la autoridad y
verdad de las SagradasEscrituras'. Le liwe fut condamnd par un 6dit du 6 awil
rygg;le nom de Voltaire n'apparaitni dans les qualificationsni dans I'ddit.
Le dossier de qualification des ceuvresde Pierre et Thomas Corneille avec
les notes de Voltaire met au iour un curieux incident entre I'Inquisition et un
libraire de Madrid, qui peut €tre un indice de I'attitude des libraires face aux
exigencesdu Saint-Office.23LJne fois le livre d6nonc6, et ayant appris les
inquisiteurs que plusieurs exemplairesse trouvaient dans la librairie de Teodoro
Argueta, rue de la Montera, ils ordonnent au commissaireJosef Cayetano
Cach6nde serendre i la librairie pour lessaisir.Celui-ci r6pond aux inquisiteurs
que le libraire refuse de les rendre, parce que les inquisiteursavaientddji visitd
sa boutique et n'avaient rencontrd aucun livre interdit. Aprds deux s€vdres
notifications au libraire, celui-ci finit par rendre les livres, non aux inquisiteurs,
mais directement i l'inquisiteur g6ndral,Ram6n Jos6 de Arce, archev€quede
Burgos. Le dernier document conservd sur cette affaire est une notification de
I'inquisiteur gdndral aux inquisiteurs de Madrid leur ordonnant de rendre au
zr. A.H.N., Inquisici6n, liasse45zz-zg: voir notre appendiceG.
zz. Defourneaux (Inquisicifin,p.t r 8-24) rapporte une vdritable campagnecontre les livres franqais
mende I Cadix par ce commissaire.
23. A.H.N., Inquisici6n, liasse4492-4o: voir notre appendiceH.
38
z. Voltaire et la censureespagnole
libraire les livres qu'il a prdsentdss'ils n'y trouvent rien de condamnable.
L'ouvrage fut pass6 pour sa censure aux qualificateurs Hip6lito Lerdn et
Manuel Torres, des dcolespies de Madrid. Les censeursse mettent en garde
devantle nom de Voltaire:
Esbiennotoriala impiedadde Voltairey cualquierobrasuyadebeserbiensospechosa,
puesaun cuandotratade materiasde pura literaturay que no tienenconcernencia
con
nuestrasagradareligi6n y sus sagradosdogmaso respetables
ceremonias,no deja de
y esparcirlas semillasde su incredulidad.
manifestarsusimpiossentimientos
[-esprincipaux aspectsqu'ils reldventpour la censuresont lesnotes que Voltaire
mit d Polyeuaei propos du fanatisme du martyr et de la religion des Romains,
ainsique sesattaqueset plaisanteriesi l'6gard d'Esther,saintGr6goire le Grand
ct les orateurs sacr6s.AprBs un minutieux examendes propositionsrelevdesils
concluent que l'ouwage doit €tre condamn6 'a causa de las desvergiienzas,
escdndalos,blasfemias,erroresy herejfasque dejamosanotadas'.Cette qualification porte la date du r9 novembre r8or; I'ouvrage fut condamnd par le
Conseil le 8 mai r8oz seulementet ins6r6 dans l'6dit du rr f6vrier r8o4, avec
cette remarque que la prohibition ne frappait que les notes de Voltaire.
La derniEre des condamnationsest dat6e du 16 octobre r8z5 et elle 6mane
dc la censure dpiscopale:I'archev€que de Valence interdit les ouvragesde
Voltairedansleur ensemble.2a
Ces ouvragesrestaientautomatiquementinterdits
dansles diocdsesd'Avila, CartagEne-Murcie,Cordoue, Gdrone, Ibiza et Lugo,
car les dv€quesrespectifsadoptaientles prohibitions dictdespar n'importe quel
rutre 6v€que.
La plupart des ouvrages condamnis sont donc en langue frangaise.Les
traductionsinterdites sont rares,malgrd le nombre 6levdd'ouvragesde Voltaire
publids en espagnol.
La premidre traduction i paraitre dans un 6dit de I'Inquisition a 6t6 celle de
l'Histoire de ChailesX//, publi6e en ry34 par Leonardo de Urfa y Urueta, qui a
dti condamn6edans sa secondeddition de ry4o-t74r. En fait, elle n'a pas 6t€
interdite dans I'ensemble,mais expurgde,ce qui fait de cette traduction le seul
ouvrage de Voltaire i subir ce type de censure. Les expurgations de l'Histoia
lc CarlosXII ont 6td publides dans l'6dit du 14 iuillet 1743, accompagndesdes
raisonsde la censure:
'l'odaslascualesproposiciones
y palabras
mandamos
borrary tildardelunoy otrotomo,
porserrespectivamente
impfas,indignas,escandalosas,
injuriosasy denigrativas
a muchas
l)crsonascat6licasde distinguidaautoridad,irreverentese infamatoriasa los obisposy
{}trosministrosde Dios de quieneshabla;temerarias,
blasfemas,
hereticales,
falsas,
Iormalmenteerr6neas,y que arguyena su autor principalcomo vehementemente
prohibidns,p.669.
24.Ind.ice
fu loslibros
39
Voltaireen Espagner 7j4-r8j5
y profesordemuchoserrorescontranuestrasantafe cat6lica.2s
sospechoso
deprotestante
Cene critique sdvdreest d'autant plus curieuse que les censeursdu Conseil de
Castille chargds de lire I'ouwage neuf ans auparavant,lorsque le traducteur a
demandd les licencespour la publication, se sont rdpandusen compliments i
I'auteur principal et au traducteur et n'ont rien trouv6 dansl'histoire qui portait
atteinte aux lois, aux mcurs et aux dogmes de la religion.
Les expurgations,avec de ldgdresvariantes,ont dte reprisesdansl'Indm de
1747 et dans I'Indicede r79o, bien que rdfdrdesi des 6ditions diffdrentes. Il
faut signaler que l'Historia dc CailosXII a 6t6,r66dit6e aprds la prohibition de
tous les ouvragesde Voltaire, sans 6tre condamn6eavec eux mais seulement
expurgde.Cette incoh6rencea produit une certaineconfusionparmi les inquisiLe tg
teurs) comme ceux de Grenade, dont la qualificationa 6td conserv6e.26
septembre r78o I'Inquisition de Grenade renvoie i celle de Madrid le dossier
formd i l'occasion de la demande d'un des commissairesde Mdlaga sur la
possibilitd de comprendre l'Historia fu CarlosXII dans la prohibition gdn€rale
des cuvres de Voltaire. Un qualificateurde Grenade,Andr6s Herrera, dit dans
son rapport que, du fait qu'aprbs la date de ry62 on a condamnd plusieurs
ouvragesde Voltaire, on doit interprdter que cette prohibition-li ne concerne
pas tous les ouwageset qu'ils n6cessitentd'une condamnationparticulidre, et
il aioute:
todaslas obrasde Voltaireen 20 tomosy en los que imprimi6despu6ssusascensos
pero la Historiad.eCarlosXII ya
todosinducenal deismo,al naturalismoy materialismo;
porquees su asuntobatallas,
ardides,
sev€ que no puedeproducirefectosperniciosos,
arrojos,fiazasy temeridadesmilitaresde un jovenintrdpidoy guerrero.
Il dit aussi que cet ouvrage'por Nordberg' est expurgddans un 6dit de 1769,
si bien qu'on ne doit pas interpriter qu'il est interdit.2TMais le secrdtairedu
tribunal de Grenade, ainsi que d'autres qualificateurs,ne sont pas du m€me
avis,et ils votent pour la prohibition. L'un d'eux, Sebastirinde Espinosa,affirme
que I'histoire contient une leqon nuisible 'por el peligro de engendrarfantasias
[...] y por ser contraria al estadocat6lico'. L'affaire a 6t6 reglde par I'envoi i
Madrid du dossier rduni. Mais il n'a pas 6t6 pris en considdrationsi I'on tient
compte des nouvelles 6ditions de I'ouwage et des expurgationsqui ont continu6
2 5.B . N.m
, s . r 3. z r 8 .
liasse
26.A.H.N.,Inquisici6n,
4465-36.
27. Le qualificateur croit que Nordberg est un pseudonyme de Voltaire, lorsqu'en r€alit6 c'est
un historien suddois, auteur d'une Histoire du roi d.eSuifu CharlesXII, dont la traduction franqaise
est I'objet de l'€dit expurgatoire du 5 ao0t 1769 (Indice, p.I9zb). Defourneaux (Inquisici6,n,p.6z\
attribue erron6ment i l'ouvrage de Nordberg les expurgations d'une Historia de CarlosXllparues
dans un 6dit de r78r, qui coincident avec celles del'Indice (p.3o4a,b),of I'ouvrageest nettement
attribu6 i Leonardo de Uria, traducteur de Voltaire.
40
z. Voltaireet la censureespagnole
i paraitre dans un 6dit de r78r et dansl'Indicede r79o.
La traduction de La muertede Cisar condamn6epar I'Inquisition est due i
Mariano Luis de Urquiio, qui a eu Ia maladresseou I'audacede faire imprimer
le nom de Voltaire sur la page de titre. Cela confirmerait, en partie, le mot de
Mendndez Pelayo sur Voltaire, d'aprds lequel 'la Inquisici6n espafroladeiaba
traducir libremente sus tragediasy sus historiascon tal que en la portadano se
expresaseel nombre del autor, mal sonantesiempre a o(dospiadosos'.28Bien
que le nom de Voltaire suffisait, i lui seul, i faire interdire un ouvrage, dans ce
cas les ddlationssont arrivdesd'un autre c6t6 et par une causetrCsdiffdrente.
La tragddie 6tait prdcdd€edans l'6dition d'un 'Discurso del traductor sobre el
estadoactualde nuestroteatroy necesidadde su reforma'. Auteurs et comddiens
se sont sentisparticulidrementvex6spar le 'Discurso', oi on leur attribuait tous
les ddfauts du th6itre espagnol,et ils ont ddcidd d'entreprendre une action
contre Urquiio. En novembre r79r les com6diensont prdsentdi la mairie (de
qui d€pendait la gestion des th€itres de Madrid) une demande de saisie du
livre, comme offensif pour la nation, les magistratset les auteurs dramatiques.2e
Ces ddmarchesont cristallisden une d6nonciationformelle au Saint-Office qui
faillit produire un procds contre lJrquiio, arr€td par I'intervention du comte
d'Aranda. La trag6die,sansmention du nom de Voltaire, a €td condamn6epar
l'6dit du 9 juillet r796.
Quant i une autre trag6die interdite, El falso prlfeta Mahoma, traduite par
Francisco Rodriguez de Ledesma, il est impossibled'en connaitre les causes
puisque le dossier de qualification n'a pas 6td conserv6.Eu 6gard aux graves
erreursbibliographiquesdes 6dits de I'Inquisition, il est plus que probablequ'il
s'estproduit une assimilationincorrectede la part desinquisiteursavecd'autres
ouvragesportant sur Mahomet et condamn6s auparavant.En effet, un 6dit du
17 mars ry76 avait condamnd la com6die de Francisco de Rojas intitulde
justement El falso profetaMahoma,3ntandis que l'6dit du rz novembre 1796
interdit un Compendiohistdricode la aida delfalso profetaMahoma, publi6 par
Antonio de Capmany en r788.3r
La quatridme traduction de Voltaire objet de prohibition a 6tE la version
cspagnolede Za.dig,parue i Salamanqueen r8o4; la censurea €td ins6r6edans
un ddcretdu zo septembrer 8o6, mais les qualificationsn'ont pas6t6conservdes.
Quant aux condamnationsdpiscopalesdans le domaine des traductions la
28. Men6ndez Pela-vo,Heterodoxos,
v.295.
y museo
zg. Voir Lamarque, 'Nota sobre Mariano Luis de Urquilo', Rnista d,ela biblioteca,archhso
6 (1929),p.470-77.
3o. Ind.ice,p.r6p,b.
3r. Suplementoal Indice, p.35a. Cette prohibition pr6cdde immidiatement celle de la trag6die de
\ oltaire dans cette liste.
4r
Voltaireen Espagter7j4-r8j5
seule allusion se rapporte i La Heniad,a dans la version de Pedro Bazin de
Mendoza, condamn6epar le chapitre de Toldde le rz octobre r8z3 et par
l'6v€que d'Oviedo le z5 mars 1824.32
La censure inquisitoriale a frapp€ aussi plusieurs ouvragescomportant soit
des extraitsde Voltaire, soit des allusions.Il va de soi que cesr6f6rencesdevaient
€tre des 6loges.Par un ddit d'avril de ry64 on condamnait un livre intitul6
L'Espit fu M. de Voltaire,paru il y avait quatre ans:33c'6tait une petite anthologie
de passagesde Voltaire rdunie par Claude Villaret. L'Essai d'Aducationnationale
de La Chalotais fut expurg6par l'6dit du zo juin ry77,oi I'on ordonnait de
rayer les 'citas y elogio de la Filosofiadc la historia de M. de Voltaire'; on faisait
de m€me biffer d'autres r6l6rencesi Locke et i Rousseau(p.z98b).La Vidade
Federico//, traduite par Bernardo Marfa de Calzada, fut interdite par I'ddit du
6 septembrerygz, parmi d'autresmotifs, 'por insertarseen ella a la letra varios
fragmentosde las obras de Voltaire';3aces fragmentsdtaient des lettres et des
podmes€changdsentre Voltaire et Frdd6ric.
Une allusion directe au th6itre de Voltaire, notamment d sa trag1,dieAlzire
sur la tol€rancereligieuse,a 6t6 une des causesde la condamnationen 1797
du Noupeauao1ageen Espagne,ou tableaude l'6tat aauel de cettemonarchre.3s
On
a m€me condamn6 la rdfutation i I'ouvrage de I'abb6 Guyon contre Voltaire
philosophes',
pour sentir
intitulde Sentimentsd,'uninconnusur l"Oracle dcsnouaeaux
d'Aclaircissement
et d'errata d cet ouz;rage,didi6 d Mr. de Vohaire. L'ouwage a
dt6 interdit par l'6dit du zo septembre 18o6 'por contener proposiciones
respectivamenteher6ticas,blasfemas,escandalosas,
sediciosase iniuriosas'.36
L'action de l'Inquisition espagnole contre Voltaire ne se limitait pas i la
prohibition de sesouvrages:plusieurspersonnalit6sont 6t6 molesties et meme
accus€esd'avoir lu Voltaire ou de participer i sesid6es.Les premiers i qui on
a intent6 un procds ont 6t6 les frires Tom6s et Bernardo de lriarte, les deux
traducteurs de Voltaire. Juan Antonio Llorente, secrdtaire et historien de
I'Inquisition, donne une petite rdfdrencede I'affaire Tomds de Iriarte:
Fue procesado
en la Inquisici6nde Corte,en losriltimosaflosdel reinadode CarlosIII,
por sospechoso
de los erroresde los falsosfil6sofosmodernos:
sele asign6la Cortepor
en la salade audiencias
del tribunalcuandose le
cdrcel,con obligaci6nde presentarse
avisar-. Se prosigui6 su procesoen secreto;dio satisfacci6na los cargos,pero los
inquisidorescreyeronque no era completa,por lo que lo declararonsospechoso
con
sospecha
leve;abjur6y se le absolvi6en el tribunala puertacerrada,sin asistencia
de
32. Indice dc los librosprohibidos,pSzE.
y. Ind,ice,p.g5b.
34. Suplementoal Indice, p.gb.
35. Suplementoal Ind.ice,p.39b; A.H.N., Inquisici6n, liasse 445o-9, citi par Paz, Papela dt
y earaaos (Mrdid rg47), p.434, no.r332.
Inqukicidn: eatdlogo
36. Apmdice al Indiee,p.z7 a.
42
z. Voltaire et la censureespagnole
personas
de fuera,con penitencia
secretay suave,de maneraquepocossupieronen la
Cortesu proceso.3?
L'arr6t du tribunal, dat6 le r r aofft 1779, a;pportedes nuancesaux mots de
Llorente.3sIriarte y est accusdconcrdtementde prononcer'proposicionesy leer
libros prohibidossin licencia,como despu6sde tenerlavariosque con la general
no pueden ser retenidos ni leidos, y asimismo otros que absolutamenteno
pueden leerse,y por otros crimenes'. On lui a impos6 I'assiduitdi certaines
pratiques religieuses,ainsi que I'annulation de la licence de lire des livres
interdits. La cause du procds reste, donc, bien 6tablie i la lumiEre de cette
sentence.Semble 6cart6,par consdquent,ce que Mendndez Pelayocroyait 6tre
le corps du ddlit, i savoir, le podme intituld La barcade Simdn, satire de I'Eglise
qu'il qualifie de 'la poesia heterodoxam6s antigua que yo conozco en lengua
castellana'.3e
Le procds de son frdre Bernardo est plus intdressanti cause des allusions
directes i Voltaire. La proc€dure date d'avril t774.* Il a €t6 ddnonc6 par un
de sesfrdres,le dominicainJuan Tom6s, qui ddclareque Bernardoparlait d'un
ton goguenarddes actesdu culte et des eccldsiastiques.
La premidre allusion i
la
frdre
Diego
Voltaire se trouve dans ddclarationde
de Cisneros,bibliothdcaire
i El Escorial, qui a affirmd que l'ambassadeuri Rome, Jos6 Nicol6s de Azara,
avait envoyd i don Bernardo une lettre 'en que le persuadia a toda costa
comprase el Diccionaio f.losifico de Voltaire, libro abominable, afradidndoleesta
expresi6n: 6steserdtu felicidat . Le m€me tdmoin ajoute que don Bernardo
dicepriblicamente
haberescritounacartaa Volter,enqueaunquesuasuntoeradefender
a variosescritoresespafroles
de la crftica mordazde aquel autor,pero al principio de
publicdndose
por su admirador,
y dici6ndoleque asi
cllala hacfaun elogiodesmedido,
que sal(aa la luz una obra suyala recibiacon mil aplausos,llevdndolaa que la leyesen
sus amigos;que el mismo reo tradujo al espafloluna tragediade Volter, intituladael
'fanred.o,
aunqueocultandoel nombredeVolter,conun pr6logoo dedicatoriadel mismo
reo al pnio tutelard.eEspafia,composici6noriginal del reo, cuyaexpresi6npareceal
que nacede un principiodel atefsmo,comosi Espaffano tuvieraotradivinidad
declarante
de tutoradel Genio.ar
37. Llorente, Inquisiciiln,i.5r6.
38. Archivo generalde Simancas,livre d'Inquisici6n, no.877, f.r5r; citd par Cotarelo,'Proceso
y musels 4 (rgoo), et, en partie, par Pinta,
inquisitorial de Iriarte', Rnista dc archiaos,biblioteeas
lnquisici6n,p.233.
v.3o7.
39. Mendndez P ebyo, H eterodaxos,
4o. Sur ce procds, voir Pinta, Inquisicifn, p.235-4o, d'oi procddent les citations. L'auteur a
rcproduit ce texte dans 'El sentido de la cultura' et drns Aspeaoshistficos (p.r34ss). Les sources
sc trouvent i A.H.N., Inquisici6n, liasses3229,3776.
4r. Defourneaux ('L'Espagne et I'opinion') publie une lettre conservdeau Fonds espagnoldu
I)ipartement des manuscrits de la Bibliothique nationale i Paris, adressde,parait-il, i Voltaire et
qu'il attribue i Bernardo de Iriarte i cause de certaines coincidences avec la lettre mentionn6e au
cours du procds; la lettre porte la date d'octobre r764 (Best.Drzz8r).
+3
Voltaireen Espagnet7j4-r8j5
L'ensemble des propositions qui se ddgageaientdes d6clarationsfaites par
les t6moins ont dt6 qualifides par les inquisiteurs de 'blasfemas,temerarias,
escandalosas,sapimtesheresimy herdticas,considerando al reo como materialista
y ap6stata, votdndose nemine discrepanteque don Bernardo de Iriarte fuese
reducido a circeles secretas,con secuestrode bienes e incautaci6nde papeles
y libros'. Cependant, I'arr€t n'a pas 6t6 accompli, car I'accusd a continu6 i
occuper sespostesdans l'administration.
Le procds de Pablo de Olavide a 6t6 beaucoupplus retentissant,en Espagne
et i l'6tranger,non seulementpar la personnalit6de I'accus6,mais aussipar la
duretd de la peine impos6e.Il s'est agi d'un autillo, c'est-i-dire, d'un auto-dafe tenu huis clos dans le tribunal de I'Inquisition de Cour. L'autillo eut lieu le
z4 novembre t778, en prdsenced'une soixantainede personnesinvities i la
cirdmonie, que I'on voulait faire servir de legon.n2
Olavide avait 6t€ incarcdrd deux ans plus t6t 'por sospechosode muchos
erroresherdticos,principalmentelos de Rousseauy Voltaire,con quienesseguia
correspondenciaepistolarmuy confidencial',selon Llorente (i.562), et apr€sles
d€nonciationsde certainsmoinesau sujetde I'action d'Olavidei SierraMorena.
Le chdtiment qu'on lui a imposd a dtd vraiment exemplaire,puisque (i.563):
se le conden6a reclusi6nen un conventopor ochoaflos,sujetoal tenorde vidaque le
designar(a
un directorespiritualde la confianzadel inquisidordecano;destierroperpetuo
confiscaci6n
debienes
de Madrid,SitiosReales,Sevilla,C6rdobay nuevaspoblaciones;
e inhibici6n de empleosy oficioshonorfficos;de cabalgaren caballoy de llevar oro,
plata,perlas,diamantes,piedraspreciosas,seday lanafina, vistiendos6lo sayalo pafro
vulgar.
Il n'a pas cependantaccompli la totalitd de la peine, car en r78o, pour cause
de maladie, il a 6t6 trans{brdd'un couvent de Sahagrini Murcie, d'oir il est
pass6en Catalognepour se rifugier plus tard en France.
L'6cho de I'emprisonnementet du procCsd'Olavide a croisd la frontidre et
est arrivd iusqu') Ferney. Voltaire, i qui Olavide avait rendu visite en 1763 i
son retour d'Italie, n'a pas v€cu pour assisteri la condamnationde don Pablo,
mais il a eu connaissancede son emprisonnement:
Si M. Benavidesou Olavides,qui est un philosophetres instruit et trds aimable,reste
dans les cachotsde l'InquisitionavecI'agr6mentde Sa MajestdCatholique,il sera
Il a pass6il y a longtemps
huit joursauxD6lices;celam'attendrit
difficilede meconsoler.
pour lui.a3
Les inquisiteurs ont dtd plus mod6r6s avec Bernardo Maria de Calzada,
42. Llorente, Inquisirifn, i.562-64. Font aussi r€16renceil'autillo Mendndez Pelryo (Heterodaxos,
v. z 49 - 5o), Defoumeaux (Olaai dc, p.34 | - 64, et Herr (Espaiia y Ia rno luci6n, p. | 73 - 7d.
43. Leme i d'Alembert du 4 lanvier 1777 (Best.Dzo5or); cit6e par Defourneaux,Olnidt, p.54.
4+
z. Voltaire et la censureespagnole
6crivain qui s'6tait signal6 comme traducteur d'ouvrages des philosophes: la
Logiquede Condillac, Le Fils neturel de Diderot, Alzire de Voltaire. Le procds
de Calzadt s'est tenu sans doute entre rTgo et r7gr, date oirJuan Antonio
Llorente, qui a pris part i sa ddtention, a quitti Madrid.e Llorente lui-m€me
raconte I'affaire Calzada:
El infeliz Calzada,no bastdndolesu sueldode oficial de la secretar(a
del ministeriode
la guerraparamantenera su dilatadafamilia,sehabiadedicadoa traducirobrasfrancesas
y componerotra de cuentosy chistes,con la fatalidadde adquirirsepor enemigosciertas
personasfan6ticasy unos frailes,que aparentandocelo de moral rigida y severa,son
intolerantesde todo lo que no confrontacon susideas,y arruinaroncon susdelaciones
una familia,puesdespudsde alg{n tiempode prisi6nabjur6delai, queequivalecasia
ser absueltoen los puntos de fe; y sin embargose le desterr6de la corte, con cuya
providencia
perdi6su destinoy esperanza
de ascensos.as
Un grand dcrivain de l'6poque qui a souffert encore la persdcution du SaintOffice a itd le fabuliste F6lix Mar(a de Samaniego.On lui prdparait i I'Inquisition
de Logrofro, sa patrie, un procds'por sospechasde haber adoptadolos errores
de los seudofil6sofosmodernos y por lectura de libros prohibidos'.6 Pr6venu
de ce qui se fabriquait contre lui, Samaniego est parti pour Madrid, of il a
obtenu de son ami Eugenio de Llaguno, ministre de iustice, un arrangement
avecI'inquisiteur gdn6ral.
A un accommodement de la sorte est arriv6 aussi Mariano Luis de Urquiio.
A I'occasionde la ddlation de La muertede Cisar et du 'Discurso' qui prdcddait
la pidce, les inquisiteurs ont ddcid€ de mener une enqu€te sur les opinions
d'Urquijo en matidrede religion.Les ddpositionsde plusieurst6moinsont laiss6
croire qu'il 6tait enclin i suiwe les maximes des philosophes antichrdtiens.a?Le
destin a voulu que, lorsqu'on pr6parait le procEsen rTgz,le comte d'Aranda,
protecteurd'Urquiio, ftt nommd premier secrdtaired'Etat, ce qui a fait changer
radicalementla situation.En effet, I'auto a 6t6 remplac6par une 'audienciade
cargos',il abjura comme suspectde lni et il a accompli une pdnitencesecrete.
l,orsqu'en ryg6la tragddiea 6td interdite le nom du traducteurn'est mentionnd
nulle part.
Le dernier despersonnagesconnuscondamndspar I'Inquisition a 6t6 Ram6n
de Salas,professeur de jurisprudence i I'universitd de Salamanque.D'aprEs
l,lorente, 'fue preso en la Inquisici6n de Corte, afro de r786, por sospechade
haber adoptadolos errores de los fil6sofosmodernosanticat6licos,como Voltaire, Rousseauy sus semeiantes,cuyasobras habfa leido' (i.526). A wai dire,
44. Herr, Espafiay la ra:oluci6n,p.2r7, n.94.
45. Llorente, Inquisici6n, ii.z 54.
v.3o8-3o9.
46. Llorente, Inqu*ici6n, i.527; Men6ndez Pelayo,Hanodmcos,
47. Muriel, Ilistlria, p.z r 4; Llorente, Inquisicidn, ii.3 56-5 7.
+5
Voltaireen Espagner74-r8j5
I'ann6e de la ddtention et du procds de Salas fut ry96: il a 6td condamnd i
abjurer de lni, i rester une annde dans un couvent et trois 6loign6 de Madrid
et Salamanque.asDes brochures qui circulaient manuscritesparmi les €tudiants
de I'universitd et qu'on lui attribuait, notamment les Didlogos del A, B, C,
traduction d'un ouvrage que Voltaire avait publii anonyme, ont itd prdsentes
sansdoute lors de son procds.ae
Les ddlations et procds oi figure le nom de Voltaire sont trds nombreux, et
les accusdsappartiennent aux cat6goriessocialesles plus diverses. Les 6v6nements de la Rdvolution franqaise ont origind une recrudescence des mesures
de contr6le, si bien que le nombre de dossierset de procdsde cette 6poque est
6lev6.so
Aux deux premidres ddcenniesdu dix-neuvidme siOclecorrespondentplusieurs dossiers conserv6si I'Archivo hist6rico nacional, relatifs i des lecteurs
ou sympathisantsde Voltaire. Ainsi, en 18o6 le qualificateur de I'ile de Le6n,
prds de Cadix, d6posaune ddnonciationcontre un officier de marine, d'aprds
laquelle celui-ci s'intdressaiti Voltaire, possddaitses ouwages et m€me un
buste. On fit un contr6le chez lui et on y trouva deux volumes d'une 6dition
des (Euarespohiquesde Voltaire, mais aucune trace du buste.srUne autre affaire
conservde est celle du duc de Sotomayor qui a obtenu, lors de la suppression
de I'Inquisition par Napoldon en r8o8, la permission d'emporter chez lui des
livres interdits qui se trouvaient dans les archives. Au rdtablissement du saint
office en r8r4 on lui a saisi trente-quatre livres condamnds,dont plusieurs
ouwages de Voltaire. En 1816 on a fait un procds iJosd Asuero, m6decin de
Logrofro, pour avoir traduit Voltaire et pour des propositions, parmi lesquelles:
'Voltaire era un sabio que habia conocido que Cristo era un engafrador.' On a
intentd des procds aussi contre un certain Juan de Mandinaveitia, rdsident i
Ofrate, parce qu'il 'recitaba pdrrafos de Voltaire ante i6venes estudiantes y
muchachasen el paseo'.s2
v.z9r; Herr, Espafra.yla rnoluciin,p.z75.
48. Men6ndez Pelayo, Heterodoxos,
49. Herr, Espafiay la rnolucidn, p.263-77; Pinta, 'El sentido de la cultura espafrola en el siglo
politicos68 (r 953), p. r 02- r 05.
XVIII e intelectuales de la 6pocr' , Rnista de estudios
5o. Voir Domergue, Le Lh;re en Espagneau tempsdz la Rnolution franqaise(Lyon ry84)' passim.
5r. A.H.N., Inquisici6n, liassergo-z (qui procEdede I'Inquisition de Toldde); cit6 par Desdevises, 'Notes sur I'Inquisition au XVIIIe siEcle', Reuuehispanique4 ( r 899), p.497-98.
52. A.H.N., Inquisici6n, liasses4459-r, 4+gr-17,4495-8; cit6s par Paz, Papeksde Inquisicidn,
p. r86 , z 8 r , 2 8 5 - 8 6 ; n o s .5 z3 ,7 3 3 ,7 4 7 .
+6
z. Vohaire et la censureespagnole
ii. La censurecivile
La censure gouvernementales'exergaitau dix-huitidme sidcle sur deux aspects:
sur les liwes, brochures et pdriodiques pour lesquelson demandaitla licence
d'impression (censure pr€alable) et sur les livres qui procddaient de l'6tranger.
La censure des livres appartenait depuis longtemps au Conseil de Castille,
au sein duquel on a cr6d au milieu du dix-huitidme sidcle un Juzgado de
imprentas (l'6quivalent de la Librairie en France), chargd particulidrement de
la censure des brochures et des pdriodiques, qui commengaienti devenir
nombreux. En r8o5 Charles [V a institud unJuzgado de imprentasy librer(as,
compldtementinddpendant du Conseil de Castille, mais cet organismea dti
supprimdpar FerdinandVII en mars r 8o8.s3Le Conseilavaitplusieurscenseurs
chargdsd'examinerles ouvragespour lesquelson demandaitune licence d'impression.Parmi les censuresconserv6esse trouve celle queJovellanosa r6dig6e
sur la traductton d'Alzire par Bernardo Maria de Calzada:
por Mr. Voltaireen el afrode ry36, es todade su
Estatragedia,escritaoriginalmente
invenci6n,segrinconfiesasu mismoautor,y sin embargocorre con grandeaplausoen
Francia,tantopor el m6ritoesencialquetieneen calidadde drama,comoporquelisonjea
la opini6n que han formadolos extranjerosde los conquistadores
del Nuevo Mundo.
La Humanidadreprobardsiemprela conductade algunosde ellos,que deslucieroncon
pero estacrueldadse suponetan generalen la
su crueldadel esplendorde sushazaffas;
tragedia,se realzacon tantaafectaci6ny sepinta con colorestan negrosy terribles,que
y menosamantes
no puededejarde ofenderaun a los espafroles
mdsimparciales
de la
gloria de su pais. Si estereparoy los anatemasfulminadospor el SantoOficio contra
todaslas obrasdel mismoautor no sirvierande estorboa la publicaci6nde la presente
tragedia(lo que dejoal supremoarbitriodel Consejo),no halloen lo demdscosaque
puedaimpedirla.sa
Malgrd cette censurenigative deJovellanos,qui remarque que c'est un ouvrage
de Voltaire et donc interdit par l'6dit de t76z,la trag6diea obtenu les licences
ndcessaireset a 6t€ publi6e, et par l'Imprimerie royale, sous le nne El tiunfo
de la moral cristiana.
Quant i la censuredes livres non publiis en Espagne,elle 6tait r6gl6edepuis
longtemps.Cependant,les dispositionsli-dessus ont redoubldau long du sidcle.
La premidre prohibition rigoureuse de vendre des livres imprimds i l'dtranger
sans licence se trouve dans I'Ordonnance royale du zr iuin r784.ss Cette
53. Voir Serrano Sanz,'El Conseio de Castillay la censura en el siglo ){ltllll',Ratistath archiaos,
hihliotecas
y museosr5 (I9o6), p.z8-46; Rumeu, Histoia de la censuraliteraria gubematioaen Espafia
( ladrid rg4o),passim.
54. Citd par Serrano Sanz, 'El Conseio de Castilla',p.36, sansindication de la source.
55. Nouisima reeopilaciin,loi xxr, titre xvt, livre vru. Cette disposition, ainsi que les suivantes,est
sig'naldepar Rumeu (l*irana dz la eensura,p.65-88).
47
Voltairem Espagner7j4-r8j5
attitude serait une consdquencede I'indignation produite en Espagne,surtout
dans les milieux officiels, par le cdlEbrearticle de Masson de Morvilliers dans
l'Encydopidie mithodique. D'aprds cette disposition, les livres proc6dant de
l'6tranger itaient arr€tdsaux douanes;ceux qui se destinaienti des particuliers
ou i des libraires de Madrid pouvaient continuer leur chemin, car ils dtaient
examin6s i la cour. Pour le reste, on devait en envoyer une liste au Conseil de
Castille: les liwes anciens ou pourvus d'une licence prdcddente pouvaient
circuler librement, mais les liwes nouveauxdevaient €tre examindsen lue d'une
censure favorable.
Le nouveau 6tat des choses instaurd en France par la Rdvolution et la
profusion de liwes et brochures qui en traitaient ont origind un renforcement
de la censure. Le Conseil envoya des listes de liwes aux douanes pour en
emp€cher l'entr6e en Espagne.Les dispositionsofficiellesse sont multipliies:
par I'Ordonnance royaledu 5 janvier r79r Charles IV interdisaitl'introduction
dans sesroyaumes de toute sorte de papiers sdditieux et conffaires ir la tranquilliti publique;s6celle du r5 juillet rygz 6tait dirigde spdcialementcontre les
'brochuras o papeles impresos o manuscritos que traten de las revoluciones y
nueva constituci6n de la Francia', que I'on doit envoyer des frontiEres au
ministBred'Etat i Madrid.s7 Les mesuresde contrdle se sont poursuiviessous
Ferdinand VII et ont culmin6 dans I'Ordonnance royale du rr avril 1824,
d'aprds laquelle tous les lilres venant de I'itranger devaient €tre contrdlds aux
frontidres.ssLes ouwages condamndspar I'Inquisition devaient€tre rendus i
l'6v€que du diocdse oir se trouvait la douane, et ceux qui n'avaient point de
licence d'importation devaient €tre retenus. D'autre part, ceux qui importaient
des livres sanslicence dtaientmenac6sde peinestrds dures.
Eu 6gard i cette situation on peut trBs bien supposer que la plupart des
ouwages de Voltaire qui circulaient en Espagne ont dt6 introduits par la voie
non ofhcielle,sousla clandestinitd.Cela expliqueraitl'absenceassezgdn6ralis6e
du nom de Voltaire dans les dossiersde censure. Parmi ceux qu'a exhum6s
Angel Gonzdlez Palencia, pour la plupart appartenant au rEgne de Ferdinand
VII, il n'y en a qu'un qui se rdftre i Voltaire. Il s'agit d'une notification du
secr€taire du ministdre d'Etat portant notamment sur la pr6face de la traduction
de la Henriade:
z. Voltaire et la censure espagnole
un pr6logo que abunda en especies contrarias al sistema de gobierno establecido en
estosreinosl en cuya consecuenciale ha mandado S.M. informar de ellos a V.E., a fin
de que tome las medidas convenientespara impedir su circulaci6n en la Peninsula.se
Estudiohistdieosobrela cmsura
59. A.H.N., Conseios,liasse5569-57;cit6,par Gonz1lezPalencia,
gubematiaa
n Espafia,rSoo-t8jg (Madrid ry34-ry4r), ii.z58-59,no.5zr.
Por un emigradofranc6sresidenteen Burdeos se ha comunicadoque en la obra
publicadariltimamenteen Francia,baio el titulo de La Hmia^da,poema6picofrancis,
traducidoen versoespaiol por el doctordon Pedro Bazin de Mendoza,se ha puesto
56. Nnisima recopilacifn,loi x, titre xvttt, livre vIn.
57. Nnisima recopilacidn,loixt, titre xvttt, livre vut.
58. Coleccifn legislatiaa: denetos dz Femandn WI, viii.3o9; cit6 par Rumeu, Histoia dz la censura,
p.r83-85.
48
+9
j. Les adaenairesfu Voltaire en Espagte
de Voltaireen Espagne
3. Les adversaires
de los escritoressabiospudiesentenerlos atractivosque halagana los lectoresnisticos
y frivolos,y por estono eranleidasde ellos.Ve aquipor qud su esfuerzoha sido inftil.
Aquellospara cuyo desengafro
se habianescritono conocianla obra,o si llegabaa su
noticiael fastidiolo arrancabade su mano.56lo la leianaquellosqueno la necesitaban.3
SI la censure officielle supposait une barridre i la diffusion des ouvrages de
Voltaire et des philosophes,cet obstacle6tait plut6t passif et, en tout cas, il
agissait aprds coup et sans prdvisions. Dans la lutte contre les nouvelles iddes
il existait au dix-huitiEme siicle un 6l6ment beaucoup plus combattant et cr6atif,
qui se voulait plus prdventionque repression:c'est I'ensembled'auvres 6crites
pour rdfuter, d6mentir et m€me parfois ridiculiser les philosophes. Certains de
ces ouwagesdtaient animdsd'un 6lan apolog6tique6lev6et se basaientsur une
drudition remarquable, mais d'autres restaient de simples d6clamations contre
les philosophes, pauvres de contenu et d'expression, i la limite de vdritables
pamphlets. Ce type de productions reprdsentait, nonobstant, une opposition
beaucoup plus directe et conflictive aux id6es des philosophesque celle que
pouvaient exercerI'Inquisition et la censureofficielle.
Les livres de ce genre ont 6td trds nombreux en Espagne au dix-huitidme
sidcle et pendant le premier tiers du sidclesuivant,ret leur 6tude, demanddeil
y a longtemps par Mendndez Pelayo, a 6t6 men€e de nos jours par Javier
Herrero.2 Mais si le nombre et parfois la qualit6 de ce type d'ouvrages tdmoignent du zdle et de I'drudition d'une poignded'hommesqui, dans un sidclequi
affichait le libertinage et le progrds, ont essaydde contrecarrerles conqu€tes
iddologiqueset socialesdes philosophesen leur opposantles excellenceset les
bienfaits de la religion catholique, les rdsultats obtenus sont peu encourageants
et ne rdpondent point i I'effort apport6. La difficultd ne rdside pas tellement
dans la diffusion de ces ouvrages- car leur grande diffusion est bien attestdemais dans leur lecture r6elle. En fait, on peut supposerque les liwes otr I'on
r€futait les nouvelles idies, dcrits dans la plupart par des eccldsiastiques,6taient
lus surtout par des gens d'Eglise, autant dire par ceux qui dtaient cens6sen
avoir le moins besoin. On devrait en chercher la causedans le peu d'agr6ment
de ces ouvrages,s6rieux et trds €rudits parfois, qui ne r6pondaient pas aux goirts
du public lecteur de I'dpoque. Pablo de Olavide le constatedans son Eaangelio
en triunfo:
Mendndez Pelayoest du m6me avis lorsqu'il doit accepter,malgrd lui, que ces
productions 6taient 'inamenas, amazacotadas,escolfsticas, duras y pedestres'.4
Le cadre chronologique de la litt6rature apologdtique en Espagne est vaste,
puisqu'aux 6crivains 'antiphilosophiques', i proprement parler, se sont aiout6s
ceux qui plus tard ont r6agi contre la Rdvolution frangaise,suite et consdquence
naturelle, disait-on, des doctrines perversesdes philosophes,et ceux qui ont
attaqu€les Frangaisenvahisseurs,
porteurs de la mauvaisesemence,et plus tard
les libdraux,chez qui la semenceavait germ6.Les derniEresdtapessont les plus
nationales,i pr€dominance de production espagnole,car, en fait, les probldmes
en ieu dtaient non seulement religieux, mais politiques et sociaux; cependant,
la plus raisonn6e,drudite et bien fond6e a 6t6la premidre, c'est-i-dire, jusqu'i
la Rdvolution, qui prisente un nombre ilevd de traductions par rapport e h
production nationale espagnole. Du fait de m'en tenir dans cette 6tude aux
seulsouvragesqui font rdfdrence i Voltaire ou auxphilosophes,ie fais abstraction
de plusieurs traitds espagnolsi portde philosophique, tels la Theodiceade Luis
Joseph Pereira os El Filoteo d'Antonio Joseph Rodriguez.
Plusieursaspectsde la pensdede Voltaire ont 6t6 l'obiet des attaques.Si I'on
tient compte du nombre et de la qualitd des adversaires,le grand sujet semble
avoir 6ti la religion: Dieu, les dogmes, les croyances,les actes du culte, etc.
Les ouvrages d'apologitique catholique ont 6td donc nombreux et ont connu
une gtande diffusion en Espagne. Mais est-ce qu'une profusion de ce type
d'ouvrages 6tait r€ellement ndcessairedans ce pays?Sarrailh dans son Espagne
hlairie et Mendndez Pelayo dans sesHeterodnxos
nous parlent de l'6tat des iddes
et du progrds de I'incroyance en Espagne au long du dix-huitiEme si€cle. Les
apologistesespagaols,ainsi que les traducteurs d'ouvrages franqais, regrettent
le degr€ de perversion atteint par beaucoup de leurs compatriotes. Cependant,
s'il faut accorder du crddit i certains auteurs, ces avances de l'incroyance
semblent s'6tre produites i une 6poque relativement tardive. Ainsi, frdre Pedro
Rodrfguez Morzo, traducteur desEneun de Vohairede I'abb6 Nonnotte, s'exprime en r7'7r avecoptimisme dans la pr6face (sansmention de page):
para poner en su luz asuntosdelicadosy desenredarartificiosy sofismasastutoses
sabiasy serias,que no sufrenbufonadas
y chocarrer(as,
indispensable
usarde discusiones
y menossonpermitidascalumniasy maledicencias.
Erapuescasiimposiblequelasobras
Graciasa Dios que no son necesariosmuchospreservativos
parapoder contarcon el
tes6ny la constanciade nuestrosespafiolesen todo lo concernientea los dogmasy
religi6n;siendocasiherenciauniversalde todoslos individuosde nuestrapeninsulala
r. Herr, Espafiay la rasoluci6n, p.r 7 6 -8t, z 5 r - 56.
z. Herrero, Los oigena dcl pnsamieno reacionaio espaiol (Madrid rgTr), passim. Men6ndez
('t46r-417; vi.96-98, r5r-59).
Pelayoaborde les livres d'apologdtiquedansHeterodotcos
5o
3. Olavide, El Eoangelio m tiunfo, o histoia de un fl1sofo desnganada fu serlo (Madid
i v.3o3.
4. Men6ndez Pelayo, Heterodmos,v 36t.
rSoo),
5r
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
de no admitir impresi6n alguna que contradigael catolicismogloriosode nuestros
mayores.
Mais cette opinion n'est pas partagf,epar d'autres, tel le traducteur du Dtisme
rifuti par lui-mhne de I'abbi Bergier, frdre Nicol6s de Aquino, qui six ans plus
tard note dans sa prdface que 'de poco a esta parte abunda nuestra Espafra de
unos hombres iniciados en el deismo y materialismo.Ya no se oyen en las
conversacionesde algunos offos autores que los Bayle, Montesquieu, Volter,
Helvecio, Rouseau y otros catecismosde la impiedad.' Un peu plus tard la
situation semble avoir empir6, i en juger des mots que l'archev€quede Santiago,
FranciscoAleiandro Bocanegra,adressei sesouailles:'Una naci6n tan cat6lica
como la Espafra estd hoy, si no sumergida, a lo menos a pique de sumergirse
en un abismo.'s
Voili quelques-unsdes nombreux exemplesque I'on peut all€guer afin de
mettre en dvidence I'inquidtude que la situation religieuse du pays produisait
dans l'esprit du clergd espagnol.Mon but n'est pas de retracer ici I'histoire de
la situation religieuse en Espagne au dix-huitidme sidcle, mais prdsenter et
analyser les allusions !r Voltaire dans les ouwages des apologistes catholiques
publids en Espagne. Pour plus de clartd dans I'exposition et parce qu'il existe,
i wai dire, des diff6rences,i'aborderai en premier lieu les apologistesfranqais
traduits, plus drudits et critiques, pour passer ensuite aux auteurs espagnols,
plus fougueux et combatifs.
i. Auteursfranqaistraduits
Pour des raisons historiques, la littdrature apolog6tique a dt6 sp6cialement
abondante en France: on a recensd un peu plus de neuf cents ouvrages
pendant la pdriode ryr5-ry89,6 Bergier,Guyon, Nonnotte sont autantde noms
refrdsentatifs qui vont se retrouver en Espagne. Le contenu de ces ouwages,
par rapport i Voltaire, est inigal, allant des critiques spdcialement conques
contre lui i de simples mentions i c6t6 d'autres philosophes.
La premidre grande attaque dirigde contre Voltaire a 6tdL'Oracle desnotneau.tc
philosopha,publid en ry59 par I'abbd Claude-Marie Guyon.? La traduction
5. Bocanegra, Declamacifnoportunanntra el libertinajedzl tienpo (Madrid ry79), p.zz.
6. Sur I'apolog6tique en France, voir, notamment, Mornet, La Oigines intelleauella dz la
Ra:olutionfranpis4 r7r5-r787 (Paris tg67), p.zo5-r6; Monod, De Pascal d Chateaubriand:la
difanseun franqais du chistianisme (Paris t9r6), passim; Diaionnaire de thiologie catholique, s.tr.
'Apologdtique', i. r S+7- 53.
philosophapour sen:irdz suiteet d.'hclaircissematt
aux euares
7. Cf .-M. Guyon, L'Orade da noutseaux
de M. dc Voltaire(Beme 1759). Guyon (1689-177r) a 6td membre de I'Oratoire et auteur de
plusieurs traitds de religion.
52
j. Les adzsersaires
de Vohaireen Espagne
espagnole,intitul€e El ordailo de los nuasos
fl,lsofos, est de ry6g et a 4,t€I'ceuvre
du frire de la Merci Pedro Rodrf guez Morzo.s Dans sa pr€face le traducteur
signaleles raisonsde son travail (i.nl):
Con todo gustome dediqui al trabajode estatraducci6n,sin otra mira que la de ofrecer
este contravenenoy especificoadmirable,que contiene el mds veridico informe y
anatomiacompletadel cadavdricoespfritufilos6ficomodernode muchos.Aunqueataca
a todos los que militan baio las banderasdel deismo,de la religi6n natural,del
indiferentismo,etc.,principalmenteempleasusarmascontrael Goliatde nuestrosdias,
contrael famosocuantoexecrable
Voltaire,que desdeel cantdno casade campode
Lausana,retay desafiaa todoel ej€rcitocat6lico,no solamente
con insultos,sinotambi6n
pregonandovictoriasy trofeos.
L'ouvrage se composede dix-huit entretiens,dont douzese trouventau premier
volume et le reste au second,qui est compldtdpar une rdfutation del'Emile.
Le livre est rempli d'allusionscontinuellesi Voltaire, si bien que pr6tendre
en faire une 6num6ration serait fastidieux. L'auteur attaque tout d'abord la
religion naturelle, d'aprds le systdmedtabli dans les ouvragesde Voltaire, et il
critique plus loin la notion de toldrance.Il met aussien dvidenceles contradictions de Voltaire dans ses propres 6crits, I'un des points sur lesquels les
apologistesse basentpour montrer la faiblessede sa pens6e.L'auteur analyse
ensuite plusieurs ouvragesde Voltaire, notamment I'Essaisur lesmnurs,Le Siicle
dc Louis XIV et Candide.Les huit derniers enffetiens sont consacrdsi prouver
I'authenticitd et I'inspiration divine des livres de la Bible, mises en causepar
Voltaire. Les rdfutations de Guyon ont 6t6 reprisesdans un papier manuscrit
conserv6 i la Biblioteca nacional.eL'auteur de ce petit texte, qui avait lu
l'apologie de Guyon dans I'original, expose i un pr€tendu correspondant les
erreurs de Voltaire et ses incoh6rences dans I'Essai sur les meun et dans Le
Siick dc Louis XIV. Il s'agit d'aspectsconcrets,d'anecdoteset de commdrages
que Voltaire donne pour authentiquessansaucun fondement,d'aprdsI'auteur.
Le liwe de Guyon, dcrit avec 6rudition mais en m€me temps avec agr6ment, a
dt6 trEs lu par un certain secteur du public et a rendu populaire, entre les
dpithdtes appliqudes i Voltaire, celle d"oracle des nouveaux philosophes',
frappde par Guyon.
L'abbd Claude-FrangoisNonnotte est I'auteur d'un traiti bien connu oi il
rdfute les iddes de Voltaire: Les Eneun dc Vohaire.toIl a 6t6 publid en espagnol
par le traducteur de Guyon, frire Pedro RodriguezMorzo, en r77r-1772, sous
8. Publi6 sansle nom de I'auteur, I'ouvragea 6t6 r6imprim6 ir Madrid en r775-t776. Un compte
rendu de la seconde 6dition se trouve dans leMemoial literuno de mars r788 (p.a67-69).
9. 'El or{culo de los nuevos fil6sofos',B.N., ms.r8.574-28,6 ff.
ro. Cl.-F. Nonnotte, Ies Enears dc Vohaire(Pais, Avignon r 762). L'abb6 Nonnotte (r 7 r r - r793),
idsuite et membre de I'Acad6mie de Besanqon, a eu une certaine c6l6brit6 comme prdcheur, mais
il doit sa renomm€e i sa lonzue ouerelle avec Voltaire.
53
Vohaireen Espagner7j4-t8j5
le titre Los erroreshistdicosy dogmdticosde l/oltaire.rr On a traduit aussi en
espagnolun autre trait6 de Nonnotte, une apologiede la religion qui contient
trds peu d'allusionsi Voltaire.12Attribu6 i Nonnotte a circul6 en Espagneun
Diccionaio anti-flosdfco (Madrid r7g3), qui n'est point la traduction de son
Diaionnaire philosophiquede la religion, mais celle d'un trait€ du b6nddictin
Louis-Mayeul Chaudon, intitul6 plus prdcisdment Dictiznneire anti-philosophique, rdfutatton de I'ouvrage de Voltaire. Le traducteur de Chaudon, ou peut€tre l'6diteur, aurait voulu profiter du nom de Nonnotte, rendu cdlibre par Los
erroresfu Voltaire.ts
Le traducteur de Los erroresfait allusion dans sa pr6,faceaux raisons et aux
buts de sa traduction, et sesmots ont I'air d'un d6fi lanc6 contre Voltaire et ses
prosilltes:
No recelamos
lostriunfosni lasvictoriasde esteAlcidesdela impiedad,
comoni tenemos
miedo a los muchosque engrosanla lista de tan funestaconfederaci6n;
pero es muy
conveniente
recibirlesa pie firmey burlarnosde suvanaconfianzay existimadas
victorias.
Solamente
en favorde los quepuedanrendirsea los tirosde la encantadora
novedady
aparentepersuasi6n
es precisoinstruirlosen lo poco que bastapara que no se dejen
deslumbrar.
Aprds avoir affirmd le profond catholicismedes Espagnols,qui deviendraune
muraille in6branlable face aux assautsde I'impidt6, il met en dvidence les
difficultds de la traduction et le soin qu'il a porti i son travail, en 6vitant des
gallicismeset des constructionsincorrectes.
Dans ce vaste et 6rudit traitd Nonnotte passeen revue difl€rents points de
I'histoire eccldsiastique,depuis les ddbuts de I'Eglise jusqu'au dix-huitidme
sidcle.Il analyseLe Siide dcLouisXIV et d'autresouvragesnon philosophiques,
parceque (i.r):
j. Les adoenairesde Vohaireen Espagne
doctrine, tels que I'existencede Dieu, la nature et immortalit6 de l,ime. le
p6chd originel, etc.
Le Diccionario anti-flosdfco est une r6plique au Diaionnaire philosophiquede
voltaire. Malgr6 ce qui estdit sur la pagede titre, son auteurn'estpas Nonnotte,
mais dom Louis-Mayeul Chaudon, qui a publid son traitd en ry67.ta Le
traducteur, qui cache son nom sous des initiales, est Antonio ortiz de zirate.
L'auteur, dans sa pr6.face,explique les raisons qui I'ont pouss€ i dcrire la
rdfutation (i.xxx):
Dicho Diccionariono es una de aquellasbagatelasliterarias que del bufete de un
semidocto
pasana la especier(a;
lo leetodoel mundo,todoslo citan,militares,togados,
abates,muieres,etc.Es una copaen que laspersonas
de todoslos estados
y de todas
lasedadesbebenel venenode Ia impiedad.
Tout en oubliant Voltaire pour un instant, I'auteur s'en prend aux philosophes
et aux 'esprits forts', pour terminer par le souhait que Dieu illumine l,Ame de
Voltaire afin qu'il change d'attirude. L'ouvrage, comme il a 6t6.dit, est une
r6futation des diffdrents articles du Diaionnaire philosophique,mendcavec6rudition, oir les allusionsi Voltaire, il'Encycloptdieet aux philosophesapparaissent
i chaque instant. Le Memoial literaio de janvier r7g4 e\ a ins6r6 un long
compte rendu, trds 6logieux,oi Voltaire est prdsentdcomme ,el m6s h6bil para
confeccionarestegdnero de hechizospara los libertinos y de ponzofrapara los
incautost.rs
Casi no hay obra algunade Voltaireen la que no toque el punto de religi6n,y no hay
una solaen la queseatratadaconel respetoquele esdebido.Voltairehablacomopoeta,
comohistoriadory fil6sofo,masnuncacomocristiano.Muchasde suscomposiciones
podticasno presentanm6squeun libertinaieimpio,y su historiageneralvienea ser una
sdtiraen la quela calumniay la hiel ocupansiempreel puestode la verdad.
Le Diistne refuti par lui-mtms est un des nombreux ouvragespubli6s par I'abbi
Nicolas-sylvestreBergier; il est spdcialementdirigd contre Rousseauet c'est
un de ses traitds les plus combatifs.16L'ddition espagnole,El deismorefutadnpor
s{ mismo,a paru en ry77 dansla version du franciscainNicol6s de Aquino, du
couvent de Grenade. En fait, les allusions i Voltaire dans cet ouvrag€ sonr
plut6t rares et elles se trouvent surtout dans les notes du traducteur.rTIl faut
cependantmentionner par son intdrOtla prdfacedu traducteur lui-mdme, oi il
met en dvidence les progrds des id6es nouvelles en Espagne et dtablit une
curieusedistinction entre Voltaire et Rousseau:
Le secondvolume est presque totalement consacr6i examiner des points de
ComoVoltery Rousseau
sonen el dia los dosc6lebrescorifeosde los incrddulosv los
r r . Il y a eu une seconde6dition en r 777.
rz. Cl.-F. Nonnotte, Defmsa de hs puntos mds interaantesa la religidnanmetidts por losinctiduks
(Madrid r788).
r3. Dans la premibre 6dition de ce livre j'avais anribu6 le Diccionaio anti-flosdfco i Nonnotte;
le dois la rectification i I'aimable communication de mon colldgue Pedro Alvarez de Miranda, qui
le signale dans son travail'Algunos diccionarios burlescos de lr primera mitad del siglo XIX', dans
Romanticismoz: atti ful III Congrasosul Romanticismospagnoloe ispanoatnerieana
(Genova rg84),
p. r 55- 6 7 .
5+
r4. L.-M. Chaudon, Diaionnaire anti-philosophiquepour seruir d.econtmtttaire et de conectif au
'Dioionnaire philosophique'(Avignon ry67). Le b6nddictin l,ouis-Mayeul Chaudon
e77-r8ry)
s'est distingu6 comme historien; son chef-d'euvre est le Noutseaudiaionnaire historique 0765).
r 5. M emoia I lit eraio (iantier ry 9 4), iii. r r g - z 3.
t6. N.-S. Bergier, Le Deismerduti par lui-mime, ou emmendespincipes d'inniduliti rhandas dans
lesourmga dcM. Rousseau,
enforme de lettres(Paris r 765). L'abb€ Bergier ( r 7 r 8- r 77o) a ii6 chanoine
de Notre-Dame de Paris, confesseur des sceurs de Louis XV et I'un des €crivains catholioues les
plus respectdsde son temps.
r7. Bergier, El deismorefuta"do
por si mismo(Madrid, t77),i.283,353; ii.39.
55
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
j. Les a&tenaires dc Voltaire en Espagne
que m6s se leen, era raz6nque ya que tenemosen nuestroidiomala impugnaci6ndel
primerono carecidsemos
de la del segundo.
Acasoseri mdsritil, porquelosescritosde
dstese leencon m6speligro.Volterha pasadosiemprepor un hombrepervertido,no
s6loen el dogma,sinoen lascostumbres.
Rousseau,
al contrario,esreputadoentreellos
por un hombrede unasvirtudesmoralesquedanprecioa su personay susescritos;
por
lo mismola lecci6nde elloses un venenomis dulce,peromdsnocivo,puesva dorado
con la aparienciade lo honestoy el brillo de la virnrd.
el cilebre Voltaire.Ellos lasempleardnmejor en los festinesy en el lujo, cuyainocencia
prueba,como acostumbra,el mismoVoltaireen susPiaasfugithsas,
por la utilidad que
sesigueal Estado.
Pendantla premiEremoiti6 du dix-neuvidmesiicle ont 6td publi6esen Espagne
plusieurs traductions d'autres ouvragesde Bergier moins intdressantspour
I'obiet de cette recherche.rs
Le bdnddictin Nicolas Jamin est l'auteur de deux traitds parus en traduction
espagnole: les PensiesthAologiques
et le Traiti dc la leaure chrdtienne.teLes
publids en t778, sont un recueil de petits articles sur les
Psnsamiffitosteoldgicos,
plus divers aspectsdu dogme et de la morale. Voltaire y est prdsent i une
douzaine d'occasions,par son incr6dulit6, son style aimable, sa haine pour la
religion chr6tienne,des aspectsqui commencente devenir des lieux communs
de I'apolog€tique.Parti i la chassede contradictions,I'auteur en trouve, par
exemple, dans des mots du Traiti sur la tol4rancei propos de la nicessitd de la
religionpour I'Etat: 'donde quieraque hayasociedadfirme y estable,esnecesario
que haya religi6n. Las leyes velan sobre los delitos pfblicos y la religi6n sobre
los pecados secretos' (p.:8). Il insiste sur le faux r6le d'esprit fort iou6 par
Voltaire et les philosophes,rdle qu'ils ont 6chang€plus d'une fois par celui,
moins honorable, d"esprit faible': 'El sefrorVoltaire, que es su capitdn, se ha
retractado muchas veces,y los que le conocen bien estdn esperindo que se
desdiga a(n, a pesar del 6nimo y de la valentia que manifiesta en sus nuevos
escritos'(p.r+).
Le Verdaderoantid,otocontra los maloslibros de estostiempos,o tratadn dc la leaura
ristiana,le seconddes ouvragesde Jamin traduits en espagnol,a paru en r784
dans la version du bdnddictin Gabriel Quiiano. Dans sa longue prdface le
traducteur insiste sur la pr6tention des philosophesde se faire donner les
richessesde I'Eglise et il conclut (p.nocv):
Una obra excelentesepuedeescribiren un estilobajo,asi comosepuedenexplicarlos
mayoresabsurdoscon la dicci6n m6s pura. Esta verdad est6,por nuestradesgtacia,
demasiadamente
demostradapor mediode ciertoslibros de estetiempo.2Qu€autores,
por ejemplo,escribenmejor que Mr Voltairey JuanJacoboRousseau?
iPero qu6
escritoreshan adelantado,
al mismotiempo,paradojasmdsextravagantes?
Entrdguenseles
lasriquezas,que de nadasirvenen lasmanosde los eclesi6sticos,
para
que las empleenfructuosamenteen corteiarcomediantas,
operistasy balltinas, d.ignos
objaosdc nuestaatencifny fu losahares,comosin vergiienzaalgunadiio de una de ellas
t8. Palal: (lLanual dzl librerohispano-ameicano,Brrcelona r 948- r 9 77,ii.r78-7$ signaleDiccionaio dz la religidn c'ristiana, o teologiaportdtil (Londres r8z4); Teologiaportdtil, o d.iccionaio abrniada dz
lareligidnc'ristiana(Parfss.d.); Diecionaioncicloptdicodeteologia(Madrid r83r-r835); Diccionaio
fu teologia (Madrid r84); Tratadn h*tdico y dngmdticode la,terdadera religihn (Madrid 1847).
Ig. N. Jamin, Pnsix thiologiqua relatiaesaur elreurs du temps(Paris rZ6q) et Traili de la lecture
chrttienne(Paris r774). Le pdreJamin Q73z-ry82), b6n6dictin de la congrdgationde Saint-Maur,
a 6t6 prieur de I'abbaye de Saint-Germain-des-Pr6s.
56
Cet ouvrage est une attaque contre les livres impies ainsi qu'un 6loge des livres
de religion. L'auteur applique son plus grand soin i ddmasquerles livres qui,
sous des apparencesaimables,contiennentde faussesdoctrines(p.+S-+6)t
Le reste des allusions i Voltaire sont du m€me genre, se terminant par une liste
des ouvrages€crits pour r€futer sesiddes (p.zlS-16).
La production de l'abb€ Augustin Barruel est plus vaste.A causedu nombre
des allusions i Voltaire les plus int€ressantessontLesHelzsiennes
etles Mdmoires
pour seruir d l'histoired,ujacobinisme.20
D'autres ouwages ont paru en traduction
mais leur intdr€t est plus r6duit.2r
Le premier des liwes cit6s a paru en espagnolen 1788, sansnom d'auteur,
sous le titre Las Helaianas,o canasf losdf.cas,
traduites par Claudio Joseph Vidal.
La plus longue et plus intdressantedes r6f6rencesir Voltaire se ffouve dans des
observations i I'une des lettres. Un paysan voit pour la premidre fois Voltaire
et le ddcrit de cette maniere: 'Cref ver a un mismo tiempo a diez grandes
hombres. El 6mulo de Virgilio y de Homero, el eleganteTibulo, el admirable
Anacreonte, el afectuosoRacine, el terrible Cr6billon, el sublime Corneille'
(i.3o4-3o5). Mais son enthousiasmedisparait lorsqu'il connait le mal que la
philosophie a produit chez le meilleur 6crivain de son sidcle:'Voltaire deja de
ser el mismo, deja de ser grandeen el mismo instanteen que se ocupa de servir
a esafilosofia,cuyossectariosle tomaron por idolo' (i.:oS). Malgr€ tout, l'auteur
de la lettre semble avoir confianceen un redressementde Voltaire: 'cuando el
tiempo hubiere hecho olvidar al falso sabio, cuando los siglos hubieren expurgado los escritosde Voltaire, siempre quedar6 lo que baste para eternizar su
memoria y para asombraral universo' (i.3r r).
Des Mimoires pour sensiri, l'histoired,ujacobinismeont circuld en Espagnedeux
zo. A. Barruel, Les Helaiennes,ou lettra protsincialesphilosophiqua (Amsterdam, Paris r78r) et
Mimoires pour seruir i l'histoire du jacobinisme(Londres, Hambourg rTgz-t7gg). Le jdsuite Barruel
(r741-r8zo), 6migr6 sous la R6volution, a 6t6 nomm6 i son retour chanoine de Notre-Dame de
Paris. Sur I'cuvre de Barruel en Espagne,voir Herrero, Los oigetesdelpnsamiento,p.r8r-2r8.
z r. Ont 6t6 publi6es we Histlia d.elcleroen tiempode la Rnoluci6n francesa(MAlaga,r 7gg?), une
Histoia dt la penecucidn dcl clero en tiempo dc la Reuoluciin (Madrid r8r4) et un Compendiodc las
memoia para senir a la hktoia deljacobin*mo (Villafranca del Bierzo r8rz). Il y a eu des r66ditions
des trois ouvrages.
57
I/oltaireen Espagrer7j4-r8j5
traductionsdiffdrentes.La premidre,imprimde i Palmade Maiorque et intitulde
Memorias para sensira la historia dcl jacobinismo,a 6,t6,faite par le franciscain
Raimundo Strauch,plus tard dv€quede Vic en Catalogre.z2La secondeest de
I'annde suivante et porte le titre Conspiracidndt lossofstasde la impiedndcontra
la religidny el Estad.o.Elle ne prisente pas le nom du traducteur, qui serait,
d'aprdsPalau,frdreJos6de la Canal.23Aux traductionsirnprim6esil faut ajouter
un 'Extracto de las memorias sobre el jacobinismo',ouvragede frdre Antonio
Baylina, datd en r8r4 et conserv6en manuscrit.2a
Dans cet ouvrage I'auteur prdsentele jacobinisme,cause des mdfaits de la
Rdvolutionfrangaise,commela coalitiond'une triple secte:c€ll€desphilosophes
('sophistesde I'impi6t6'), qui ont conspir6 contre le christianisme;celle des
franc-maqons('sophistesde la rebellion'),qui ont conspir6contre la religion et
contre la monarchie; et celle des illuminds ('sophistesde I'anarchie'),qui ont
luff6 contre toute espdcede religion, de gouvernement et de propridtd. Tout le
premier volume est consacrd i prdsenter les auteurs, moyens, progrds et
coalitionsde la conspirationanti-ch16tienne,c'est-i-dire, celle des 'sophistesde
I'impi6t6'. Selon Barruel,lesresponsables
de cetteconspirationsont d'Alembert,
Diderot, Fr6diric II et Voltaire, qui en est le chef; et il trace ainsi sa description
(i.8):
es fluido, noble, fdcil, rico y elegantecuandoquiere serlo; [...] atrevidohastala
desvergiienza,
arrostra,niega,afirma,inventa,falsificala Escritura,lospadres,la historia;
usaigualmente
del si y del no;da golpespor igualen todo,sinimportarleen d6nde,con
tal quehayaherido.
L'auteur le compare i d'Alembert et analysesurtout sesrapportsavecle roi de
Prusse,son alli6 dans la conspiration,ainsi qu'avec d'autres rois et ministres.
Son active participation i la coniuration, sa lutte f€roce contre les j6suiteslui
ont gagndI'dpithdte que Barruel lui attribue: 'el conspiradormds encamizado
contra los altaresdel cristianismodesdelos Ap6stolesac6' (i.z7g).
L'abbd Antoine-Andri Lamourette est cdldbre surtout par ses Dilices fu la
religion.2sCe petit trait6, tris agrdablei la lecture, a €t6 traduit en espagnol en
1796 et a connu plusieursr€iditions.26M€me si Lamourette est un d6fenseur
zz. Il existe de cette traduction des dditions postdrieuresde Perpignan (r827) et de Vic (r87oI 823 ) .
23. P ala't, Manual d,eI li hreto, ii.g6.
24. 'Extractode las memoriassobreel jacobinismo',Bibliotecauniversitariade Barcelona,ms.zo8,
76f f .
25. A.-A. Lamourette, Les Dilica de la religion,ou le pouaoir de I'Eaangilepour nous rendreheurcux
(Paris r788). L'abb6 Lamourette (r742-r7g4) a prdt6 serment i la Constitution civile du clerg6 et
a 6td 6v6queet d6put6 de Rh6ne-et-Loire. A I'Assembl6el6gislativeil a prdch6 la concorde enre
les partis (le c6lbbre 'baiser Lamourette'); il a dt6 exdcutd sous la Terreur.
26. A la premidre 6dition de t796 ont suivi sept dditionsavant r835: r8oz (celleque j'ai utilis6e),
r8o5 , r 8 r 6 , r 8 r 7 , r 8 z o , r 8 z6 e t r 8 3 2 .
58
j. Les adoenairesdc Voltaireen Espagne
enthousiastede la religion catholique il ne se ldve pas contre les philosophes
d'un ton agressif.La descriptionqu'il donne de Voltaire est moins passionnie
que celles de sescollBgues(p.348-49):
Un hombredotadode todoslos talentos,
peroconsumido
por la pasi6nde la gloria,ha
abrazadola empresade familiarizara sus conciudadanoscon la sediciosaidea de
confundirel Evangelio
con la dcspreciable
masade laspreocupaciones
y supersticiones
populares,
a fin de ser €l solola causade la mdsmemorable
y destructiva
revoluci6n
queha podidosucederen el universo;estoes,de la extinci6nde todo sacerdocio
y de
todamonarqufa.
Esteabsurdoy ferozdeseoesel quehizodegenerar
en 6l la fecundidad
de una imaginaci6namenay la fuerzaprodigiosade su espiriru,que le habrianhechoel
m6sritil, el mis admirabley queridode todoslos hombres,en un poderuniversaly
parafascinary corrompera todaslas naciones.
desastroso
Ces mots, publi6s en 1788, sont prdmonitoiresde ce qui va arriver en France
ct prdsententVoltaire corruneI'un des inspirateursthdoriquesde la R6volution,
id6e qui sera utilisde abondammenti partir de r789. D'autre cdt6, la figure de
l-amourette est importante parce que, d'aprds Defourneaux,Pablo de Olavide
se serait inspird dans Zas deliciasde la religi1n pour rddiger son Eoangelioen
triunfo.2T
Los apologistasinooluntaios, o la religifn cristiana probada I defendidapor los
cscritosde losf lisofos est le long titre de la traduction espagnole d'un ouvrage
d'Athanase-RendM6rault de Bizy, faite par frdre Josi de la Canal et publide
cn r8r3 sansle nom de son auteur.28Dans sa prdface le traducteur se fdlicite
de I'existencede si bons livres d'apolog6tiquepour combattreles doctrinesdes
impies qui ont atteint finalement I'Espagne (p.vii-viii):
l.laceunosafrosquela impiedadextendi6susfunestas
alasaunsobrenuestrapeninsula.
Cuandola revoluci6n
ha quitadoel temorquecontenialaslenguas,
hemosoidodebocas
queirritarianauna losextranieros
deespafroles
talesblasfemias,
menosreligiosos.
Como
losque lasprofierenhacenpapelentreIa gentepocoinstruida,cundeel contagioy crece
cl atrevimientoen tdrminosque, si no se tomanmedidasy no ilustracon solidezal
pueblo,esdetemerquevayanen aumentolosdafrosqueresultena lapatriadeldesprecio
de la religi6n.
L'ouvragese proposede tirer des dcrits des philosophesles phrasesqui peuvent
Ctreinterpr6tdesi la faveur de la religion catholique.Le procdd€est ingdnieux
ct il donne parfois de trds bons rdsultats.Contrairement i ce que I'on pouvait
espdrer, les allusions i Voltaire y sont plutdt rares, malgr€ que I'auteur le
considBrele plus dangereuxdes encyclopddistes:'Se puede convenir en que
27.Defoumeaux,
Oladfu, p.4 Sz-56.
28. M€rault deBizy Q744-t835), membre de I'Oratoire, est I'auteur desApologistesiw.tolontaira,
,n la religion 4tentelleproutsle et difendue par les objeaions m4mesdzs innAdules (Paris 18o6); il a 6crit
,rrrssiun Voltaireapologistede la religion chritienne(Paris r8z6), non traduit en espagnol.
59
Vohaireen Espagner7j4-r8j5
nos ha hecho mds dafro que todos los demds enemigosiuntos. lQud habilidad
tan criminal la de Mr Voltaire, razona;rtan poco, chancearsecontinuamente y
hacer reir tan a menudo!' (p.g). Il existenotamment deux grandesrdldrencesi
Voltaire. Dans la premidre I'auteur fait allusion i I'acharnement de Voltaire
contre Rousseau, aux insultes qu'il lui a dirigdes et au m6pris qu'il lui portait.
Devant la cruautd de Voltaire I'apologistese demande:'iSe reconoceen esta
brutalidad feroz al meloso ap6stolde la beneficencia?'(p.tS).Dans la seconde
occasion,en sdlectionnantdes passagesde Voltaire et de Rousseau,'las dos
m6s firmes columnas de la impiedad', il essaiede montrer la n€cessitdd'accepter
les mystdresde la religion @.+o-++).
Les Memorias para sentir a la historia edesidsticadurante el sigloXWII ont 6td
traduites du frangais en r8r4. Plutdt qu'un ouvrage d'apologdtique, elles
constituent des annalesd'dvdnementseccldsiastiques,otr les indvitablesrdf6rences aux philosophesne sont point absentes.A I'occasionde la condamnation
par le parlement de Paris en r734, I'auteur trace une
des Lettresphilosophiques
petite biographie de Voltaire, le prdsentant comme un des plus grands ennemis
de la religion (ii.8z-85). On raconte ailleurs la mort terrible de Voltaire et les
probldmes de son enterrement (ii.r8r-83). Plus vaste est le commentairei la
biographiede Voltaire dcritepar Condorcet (iii.89-93), qui est,d'aprdsI'auteur,
beaucoup moins un dloge continuel de Voltaire que 'una declamaci6n no
interrumpida contra la religi6n y contra los sacerdotes'.
L'abb€ Antoine Gudnde a plaidd la causedu peuple iuif, violemment attaqud
par Voltaire. Ses Lettres de quelquesJuifs portugais et allemandsd,Mr. de Vohaire
ont 6td traduites tardivement en espagnoli deux reprises:2ela premidre par
judfosprrtugu.eses,
alemanes
Fernando Marfa Segoviasousle dtre Cartasfu algunos
(Madrid
polacos
a Voltaire
rSzz-r824), et la seconde par Francisco Pablo
1
Yizquez, imprim6e i Bruxelles en t8z7 comme Canasdealgunosjudios alemanes
Jt pnlecls a Mr de Vohaire;I'auteur n'est mentionn6 dans aucune ddition. Dans
ces lettres, i faible caractire apologdtique, sont r6futdes les attaquesde Voltaire
aux iuifs avec beaucoup d'drudition historique et biblique. Elles mettent en
dvidence la mauvaise foi et la rage sans fondement de Voltaire.
philosophiquadu j6suite belge Franqois-Xavier
Pour ce qui est du Catdchisme
de Feller, il a connu une traduction tardive sous le frtre Catecismo
flos6fn, o
sean obsentacionesen defensafu la religifin catdlica czntra sus enemigos(Madrid
r8z7).3oLe traducteur anonyme,dansune des nombreusesnotes qu'il a ajoutdes
et allemands
d,Mr fu Vohaire,
ouecdzsrfierions
29.A. Gudnde,Letta dequclqua
Jui$ ponugais
oitiqua, etc., et iln petit commeataireextrait d'un plus grand (Paris 1769). Le pdre Gudn6e (r7r7r 8o3), chanoine ir Amiens et professeur de rh6torique, a 6t6 membre de I'Acad6mie des inscriptions
et belles-lettres.
3o. F.-X. de Feller, Catichismephilosophique, ou reacil d'ohsetoationspropres d defadre la religion
6o
3. Les a&tenaires de Vohaire en Espagne
i I'ouwage, ddfinit par ces mots I'orgueil de Voltaire: '4Y c6mo Voltaire ha
tenido la osadfade pensarque tenia mds talentoqueJestis?4Yc6mo estefil6sofo
cfnico tuvo el arroio de poner en la fachada de la iglesia de Ferney en
letras mayrisculas su nombre y el de Dios en letras pequefras,en una misma
inscripci6n?'(ii.z6r). Les allusions i Voltaire au long des quatre volumes du
traitd sont nombreuses. A beaucoup de reprises I'auteur transcrit des passages
de Voltaire, notamment du Diaionnaire philosophiqueetdes Pensiesphilosophiques.
Il met I'accent sur les opinions de Voltaire contraires ) I'athdisme et, en g6ndral,
on peut dire que la plupart des r6I6rences portent sur des points de religion:
saintesdcritures, dogme, discipline eccldsiastique,etc. Il faut en tout cas relever
la longue note consacrdei commenter les conversionssuccessives
de Voltaire,
ainsi que sa mort, 'espectdculoen verdad horrorosoy que hubiera bastado[...]
a desengafrara todos sus discipulos'(i.3r-32).
Les apologistes cit6s jusqu'ici prdsentent dans leurs ouwages, i des degrds
diffbrents, des allusions i Voltaire. D'autres ouvrages frangais ont connu une
traduction en espagnol,mais ils ne contiennentpas des allusionspricises: par
cxemple, ceux de Louis-Antoine Caraccioli, traduits par le journaliste Francisco
Mariano Nipho, qui ont connu plusieursr66ditions.3r
On a traduit aussi plusieurs textes iman6s des autoritds eccl6siastiques,par
exemple I'Adaertenciaa losfeles dcl reino de Francia (Madrid ry77) de l'6v6que
_fcan-Georges Lefranc de Pompignan, frdre du litt€rateur ennemi des
philosophes.s2 On a publii beaucoup plus tard une instruction pastorale
d'Etienne-Antoine Boulogne, dvdquede Troyes, i I'occasiond'une 6dition des
cuvres compldtesde Voltaire en r8zr.33 M6me s'il ne s'agit pas d'un texte
lranqaison peut citer ici le discoursprononci par Pie VI i I'occasionde la mort
,hritienne clrrre sesnnemis (Lid.ge ry6). Le pire Feller (1735-r8oz) a diig€ le Joumal histoique
t littiraire; en dehors de divers trait€s de religion il a r6dig6 un remarquable Diaionnaire histoique
(l 'ari s r78r-r783).
iI. L.-A. Caraccioli, La religifin del hombre de bim contra los nuans sectaios dt h inoedulidad
(\ladrid 1775), Idioma fu la razdn, eoata hs falsosfhsofos modernos(Madrid 1775), Idioma fu la
rrligi6n, eontrahs nueuossectarios
dz h inaed.ulidad(Madrid 1776), parmi d'autres: voir Ptla;u,Matual
'lrl librero, iii. r 45-46.
12. C'est la traduction deJ.-G. Lefranc de Pompignan, Aaertissementth l'asemblie gnhab &t
lrryi dc France tetue d Pa* n 1775 auttfdila dc ce rolaume sur lesovailages de la religion chritimne
'
rr lr elfetspenitieut de l'inctiduliti (Paris r775).
ll E.-4. de Boulogne, Instrucciilnpastoral con mothsode habene detunciado m Paris ufla nua)a
rJui|n de las obraseompletas
dt Voltairey Rousseauen el aio fu r8z r (La Laguna r8z8); cit€ par Palau,
llmual del libreto, ii.365. L. Srong (Bibliograplry of Franeo-Spanih literaty relations (until the XIXth
,rz,!ry/, New York r93o, p.59, no.7oo) signale une 6dition mexicainede Puebla (r839) intitul6e
lurruccidn pastoral sobre la impraiiln dc malos libros y apeeialmente de las nuasas obras eompletasdz
I oltuirey dt Rousseau.
6r
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
j. Les aduersaires de Voltaire en Espagne
de Louis XVI, oir Voltaire est pr6sentdcomme le principal inspirateur de la
Rdvolution.3a
D'autre part, il existe en manuscrit une 'Carta de M. de Voltaire a los
parisienses',sansdate ni auteur, qui s'avdrela traduction deI'Epttrede monsieur
dr Voltaire aux Parisiens (Paris 1776), fausse lettre en vers oi Voltaire fait
confessionde sesfauteset se repent de ses erreurs.3s
ii. Auteursespagnols
L'apologdtique n'a pas eu en Espagnela force atteinte en France: le nombre
des apologistesa 6td peu 6levi et encoreplus restreintcelui de ceux qui se sont
consacrdsi rdfuter des aspectsconcrets des ouwagesdes philosophes.Il y a
eu, par contre, une surabondancede pastorales,sennons, opuscules,lettres,
avertissementsnon exempts de zBlereligieux et m€me d'esprit, mais d6poun'us,
en g6niral, d'6rudition.
La difficultd de localiser la totalit6 des allusions i Voltaire dans des liwes de
religion est dvidente compte tenu qu'elles surgissent dans des ouvragesparfois
inattendus: tel un pamphlet contre les j6suites intituld Delacidnde la doarina de
los intituladasjesuitas(r768), attribud i I'augustinien Enrique Fl6rez, oi ils sont
ddcrits comme des prdcurseursde Voltaire et des philosophes:
Liase con atenci6ny se verdno haberobrade los nuevossofistasque no estribeen el
mismofondoen quela doctrinade estadelaci6n;y quela Compafriaensefl6firmemente
antesque ellos la colecci6nenterade las impiedadesde Voltaire,la inutilidad de la
Revelaci6ncristianapredicadapor el fingidoBilisaire,laimposibilidadde la obligaci6n
la legitimidadde todoslos cultosdiferentesde
sostenidaen el Emiliode Rousseau,
religi6ny el manantialde los malesdel pirronismoy probabilismoque profesantodos
estosflacospensadores.36
Les rapports entre Voltaire et les jdsuitesse retrouventdans une note mise par
m€me si i cette occasion elle
I'archev€que F€lix Amat i. son Historia eclesidstica,
est de signe contraire:
a los jesuitas,
Por lo demis, no es de admirarque los ateistaso deistasaborreciesen
como a todoslos cat6licossabiosy celosos,ni que Voltaire,que a vecesalababaa los
y que tantohablabade humanidad
y tolerancia,
con
iesuitasy a vecesa los iansenistas,
manifestase
a un amigosusdeseosde que
todoya por aquellosafrosconfidencialmente
fuesenarrojadosal profundodel mar los iesuitasatadoscadauno de elloscon un
34. Disnno pronunciadopor N.S.P. el papa Pio Sextom el consistoiosenetodtl lunes r 7 dzjunio dc
r 7gj sobreel asainato dc S.M. Cistianisima Luis XVI, rey dt Fruncia (Cddiz s.d.).
35.'Cana de M. de Voltaire a los parisienses',Biblioteca feijoniana i Oviedo, manuscrit non
cot6: voir notre appendice J.
36. Migudlez, Jansmismo y regalkmo n Espafia (Valladolid r895), p.324. L'ouvrage est signd
'Fernando Huidobro y Velasco'.
6z
iansenista,y de que el riltimo de los jesuitasfuese sufocadocon los intestinosdel riltimo
jansenista.3T
QuoiqueVicenteFern6ndezValcarcefait allusiondanssesDesmgafros
flos6f cos(Madrid ry87-1797)auxprogrdsdela philosophiemodernedepuisDescartes (en passantpar Locke,Leibniz,Montesquieuet Helvdtius),il ne manque
pasdanssonouvragela rifdrencei Voltaire,par exemplesur la questionde la
tol6rance(iv.z85):
I'o no me admiro de que Volter llegasehastala temeridad e imprudencia de asegurar
que la intoleranciaera una m6xima de nuestra invenci6n,que se habia hecho en estos
ultimos tiempos. No me admiro que este impio hablaseasi, porque se sabeque Volter
era un hombre que no conoci6 la decencia,el respetoy la consecuencia.
On peut trouver aussi de rapides allusions i Voltaire, peu importantes, dans les
Cartasfamiliares (Madrid r8o5) de l'6v€que Miguel de Santander.3s
Au cours des querellesproduites par les changementspolitiques et religieux
mis en pratique par les CortEs de Cadix, on a entendu la voix de plusieurs
cccldsiastiques.Les plus cdlEbresont 6td Francisco Aragonds, qui s'appelait
lui-mdme le 'fil6sofo arrinconado',auteur d,eCartasor) il s'en prend i plusieurs
livresde l'6poquecontrairesi la religion et au trdne, et frdre FranciscoAlvarado,
lc 'fil6sofo rancio', dont les Canas criticas,d'un ton semblable, ont soulevd une
grandepoldmique.
J'ai fait mention de ces ouvragesparce qu'ils pr6sentent quelque int6r€t
par rapport au suiet, sans considdrer leurs possiblesvaleurs historiques ou
philosophiques.Les auteurs dtudi€s tout de suite ont eu une attitude plus
combativeet plus prdcisei l'6gard de Voltaire.
La premiBrefigure de I'apolog6tiqueespagnoleest sansdoute frbre Fernando
tlc Cevallos.3e
Nd i Espeia(Cadix) en 1732,il a €tudi6 i I'universitdde S6ville
ct il a eu i zz ans son doctorat en thdologieet furisprudence.En mars 1758 il
;r itd admis au monasterehi€ronymite de San Isidro del Campo i Santiponce,
pris de Sdville; il a 6t€ pour deux fois le prieur de son couvent et l'un des
rnoinesles plus drudits de son ordre. Il est mort en mars r8oz.4
l,'ceuwe de Cevallos,imprimde seulementen partie, est vaste et vari6e. En
o nandn de la lglesiadeJauristo (Madrid, Barcelona r7g3-r8o5);
17. F. Amat, /*itoia eelesidstica,
r rtti par Torres Amat, Vida d.elllmo. Sr. don FilfuAnal (Madrid 1835),p.rr5.
Dans un passageil I'appelle'impie' (p.3oo) et ailleurs'c6lBbrepodte' (p.83).
113.
19.J'ai adoptd la graphie 'Cevallos', quoique dans les ouvragesde l'€poque on trouve indiff6remrrrtnt'C eval l os','C eb al l os ' .' Zev al l os
' Zebal l os ' .
et'
.1o.Sur Cevallos et son euvre, voir Arana de Var{lora, Hijos dz Seaillo, ilustresen santida.d,letras
r rrrzas(Sevilla rygr\,p.28; Bueno, 'Apuntes biogrdfcosdel reverendopadremaestrofray Femando
,lr' ( levalfos', dans F. de Cevallos, La Sidonia bdtim (Sevilla r864); MendndezPelayo, Hetetod.oxos,
r 1(x;-83; Domergue,'Un defensor del trono y del altar: fray Fernando de C*allos', Bulletin
ht\l tdni que
8o (IqZ8).
63
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
dehors de sermons, rapports et discours, on reldve un 'Andlisis del libro
intitulado Delitosy penas',qui a jou6 un grand r6le lors de la condamnation du
traitd de Beccariapar I'Inquisition en t777,nI et plusieursouvragesd'apolog6tique, notamment 'Ascanio, o discurso de un fil6sofo luelto a su coraz6n',
'Discurso de un te6logo a los fil6sofos irreligiosos', 'El fil6sofo, o andlisis de la
et une'Impugrraci6no andlisisdel libro intitulado
Educaci1ndeJ.J. Rousseau'42
Afro de 2240', c'est-i-dire, le cdldbre roman de Mercier; tous ces oulrages
restent inidits. Ont dtd publi6s, parmi d'autres: Insania, o la demenciasde los
por la sabiduia de la Cruz,asla gigantesqueFalsaflosofia et
fl6sofos confund,idas
la satire antivoltairienne El juicio final de Voltaire.
Lafalsaflosofia est un long trait6, publid entre q74 et ry76 et interrompu
au sixiEmevolume lorsqu'il devait en avoir une douzaine.Pour des causesnon
pour la publication du
dtabliesCevallosn'a pas obtenu les licencesndcessaires
septidmevolume. D'aprds Juan Jos6 Bueno dans ses 'Apuntes biogrdficos',il
faudrait en chercher la cause dans I'intervention de Voltaire lui-m€me par
I'interm6diaire de ses amis espagnols(p.xiv):
Se suscit6contra6l una deshechaborrascapromovidapor Voltairey los fil6sofosde su
escuela,mal halladoscon que se sacudierangolpestan terriblescontralasdoctrinasque
y favorecedores
aunde elevada
y quetenianaquendelosPirineospros6litos
sustentaban
ierarqufa.
Dans Lafolsafilosofia le pdre Cevallosse propose de combattreles athies, les
ddistes, les mat€rialistes et les philosophes. Il fait €talage d'une €rudition
surprenante et d'une connaissanceapprofondie des ouvrages des philosophes,
notamment de Voltaire, qu'il cite abondamment. S'il faut en croire le biographe
de Cevallos,Juan Josi Bueno, Voltaire connaissaitI'cuvre de I'illustre hidronymite: 'Dfcese que Voltaire recibfa por la posta los libros que daba a luz el P.
Cevallos, de quien sin embargo nunca habl6 indecorosamenteen priblico,
respetdndolo como a su m6s erudito y formidable impugnador' (p.xrriii-xix).
Je ne m'attarderaipas i analyserce trait6, auquel Mendndez Pelayoconsacre
un long commentaire plein d'enthousiasme;e ie me bornerai i signaler les
4r. Men6ndez Pelayo,Heterodatos,v.37o. Cevallos critique violemment le traitd de Beccaria dans
sr Faka flosofia (v.353-88).
42. Men€ndez Pelayo Qletendnxos,v.37o) donne le titr€ 'Anilisis del Emilio, o tratalt d.ela
educacillnde J. J. Rousseau'.
n.z. La BibliothEque
43. Publi6e i Madrid en r878: voir Men6ndez Pebyo, Heterodnxos,v4Sz,
de Toldde conserveun manuscrit dat€ du r 6 ianvier r 766, intituld 'Demencias de este siglo ilustrado
confundidas con la sabiduria del Evangelio', que I'on doit sansdoute identifier i lzsazra: voir Esteve
Barbq Catdlogo de la coleeciilnde manusoitos Borbdn-Loranzana @ihliotecapilhlica dc Toleth) (Madrid
r94z) , p . r 5 o - 5 r , n o . r 8 o .
44. Mendndez Pelayo, Heterodaxos,v.37r-82; font aussi r6f6rence i cet ouvrage, mais avec
beaucoup moins d'enthousiasme, Herr (Espafiay la rasolucidn,p.r77-78) et Herrero (Los oigera
del pnsamiento, p.9 I - Io4).
6+
j. Les adaersairesde Vohaireen Espagne
principales allusions i Voltaire contenues dans les six volumes publi6s. Au
volume i on trouve plusieurs citations textuelles tirdes du Diaionnaire philosophique,notamment sur le d6isme,le besoin du culte €xteme, la Providence,etc.
Elles sont trEs brdves et en gdndral apparaissentau bas de page. Dans le
volume suivant Cevallosinsiste sur la chronologiedes Chinois, que plusieurs
philosophesont opposdei celle de Moise dans la Gendse(ii.r97-98):
y descubridores
de la cronologia
de loschinosy los
lPeroqui6nsonestosobservadores
que arguyencon ella a la de Mois6s?El autor delDiccionario
flosdfcoy de h Filoso/iadz
la histoia,el abatede Prades... iY estoscriticoshan estadoen la China?iHan visto
susmonumentos,susarchivos,susanalesy conferidocon susliteratos?Ningunode ellos
sesabehayasalidodeFranciasinohastadondeleshabastadohuir, cuandosusescdndalos
y alborotos
loshicieronen ellareos.
Cevallosinsiste i plus d'une reprise sur ce que Voltaire, par haine du christianisme, 6loge les pai'ens:'56lo mira su odio a los principes que se han mudado
de malos en buenos como Constantino, Recaredo, Clodoveo, etc. Pero los
prfncipes bfrbaros y verderamentesupersticiosos,como Mahoma, Bayaceto,
Juliano [...] todos estosson sus h6roes'(vi.l+).Pour la m€me raisonVoltaire
traite de 'tiranos supersticiososy feroces'- toujours d'apris Cevallos- des rois
lussi chr6tiens que Constantin, Charlemagne, Marie Stuard, saint Louis, Louis
XII et Henri fV, tandis que 'a la torpe y sucia Ana Bolena la pinta como una
paloma', et il €loge Cromwell, 'oprobio del nombre inglis' (vi.E:-:+). Par son
implication dans la vie de Voltaire et son ton ironique devient int6ressanteune
des allusionsi Henri IV (vi.33):
l,a conversi6n
de inter€s
de Enrique[V no es,a los oiosde Voltaire,sinoun negociado
o unahipocresiadictadapor la ambici6ny finalmenteun borr6n que obscureci6la vida
tlc esteprincipe:'porqueun hombrede valor(dice)no mudade religi6n'.Aqui muestra
Io pocoque€l mismovale,puesaunsinel motivode reinar,ni muchomenos,ha mudado
h santareligi6nen quele educaronsuspadres.
En ce qui concerne Voltaire, cependant, I'ouvrage le plus important du pire
( ,cvallos estle Juicio final de Voltaire,qui apparait comme le seul grand ouvrage
tonsacr6 totalement au patriarche de Ferney en Espagne.asL'histoire de ce
livre est complexe. Cevallos I'aurait rddig6, d'aprds son propre mot, dans les
cinq mois qui ont suivi la mort de Voltaire, c'est-i-dire, i partir de iuin 1778,*
45. F. de Cevallos,Juiciof.nal dz Vohaire,con su histoia cfuily litnariay el rauha"dade sufilosofa
(Scrilla 1856); deux volumes, mais le deuxidme contient des entretiens sur la R€volution franqaise.
l.r llibliothbque de Tolbde conserveun manuscrit dat6 en r778 sous le titre'Juicio de Voltaire y
,lc sus obras, hecho por los fil6sofos paganos a orillas del Leteo con vista de sus escritos': voir
l .\tcve Barba, Cadilogo,p.38 r -89, nos.49r -492.
46. Cevallos,Jaiciofnal, i.r r. Dans le manuscrit de la Bibliothbque de Toldde on signale comme
,l.rtcsdu d6but et fin de compositionle zo juin etle ro octobre r778.
65
Vohaireen Espagner7j4-t8j5
3. Les adaenairesfu Voltaireen Espagne
mais une intrigue en aurait emp€chd la publication immidiate; il faut rappeler
que deux ansplus t6t on lui avaitrefusdla licencepour Ie volume vii de Lafaka
fhsofia. L'auteur aurait essay6sansdoute de le publier un peu plus tard, puisque
la pr6face porte la date de r8oo. Nonobstant, les censuresles plus anciennes
sont de r8o9 et I'approbationfinale est datde de 1825. Mais le livre n'a pas vu
le iour e cette 6poque.Beaucoupplus tard le manuscritest passddans les mains
de Le6n Carbonero y Sol, qui I'a publid tout d'abord dans la rewe de S6ville
La Cruz, et peu aprds en volume. C'6tait en r856, soixante-dix-huitans aprds
avoir 6t€ dcrit.
Dans l'ddition de r856 plusieursdocumentspr6cddentle texte: les censures
et approbationsdu juge de I'imprimerie de S6ville,DiazBermudo, de r8o9,
ainsi que celle du censeur frdreJuan Ram6n Gonziiez; I'approbation du gdndral
des hi6ronymites,frdre Pedro de la Rambla, est post6rieure,de r825. D'aprds
le censeurJuanRam6n Gonziiez,l'ouvrage n'est pas simplementune satire de
Voltaire, mais il a une poftde plus vaste, puisque 'en la persona y obra de
Voltaire presenta de una vez al priblico el origen, progr€sos, estados, fines y
consecuenciasdel filosofismo,que s6lo se reduce y encaminaa acabarcon la
religi6n reveladay con los tronos' (i.3).
Dans une brdve prdfacele pdre Cevallossignaleles raisonsqui I'ont conduit
i entreprendreson travail (i.7):
prohibidala lecci6nde susobrasy muchosde los que se
Perocomoestdjustamente
tomanla licenciade leerlas,est6nprohibidosnaturalmente
de entenderlas
o por su falta
de talentoo por tenercorrompidoel juicioconla levadurade suspasiones;
llegael caso
el engaffode unosy seduzcan
a otros.Esto
de temerque susfalsoselogiossostengan
eslo primeroque me determin6al prolijo trabalode ordenarestahistoriacivil y literaria
de Voltaire,con el juiciomdsimparcialde suviday escritos.
Pour mener i bien sa tiche Cevallos a lu attentivementles cinquante-deux
volumes de l'6dition des ceuvresde Voltaire parue i Gendve en 1772-1774,
ainsi que les dcrits contre Voltaire de Sabatier,Cl6ment, Nonnotte et Guyon,
qu'il appelle des 'autores fidedignos'.47Dans ses grandes lignes, I'oul'rage
revient i un proc0s de Voltaire aux enfers. Le proc6ddn'6tait pas nouveau:on
avait publid en France plusieurs libelles sur la mort, voyageen enfer et procBs
de Voltaire, avant et aprdsson d6c0sr6el.a8un sonnetburlesque,dont il reste
i.rr. Il fait allusion aux Trois siides de Sabatier de Castres, auxErteun
4T.Cevllos,Juiciofnal,
phihsoples de Guyon (cit6s ci-dessus), ainsi qu'aux
de Voltairede Nonnotte et il'Oracle desnouzteawc
Cinq annia litthaires"(La Haye r759) de Pierre Cl€ment.
48. Sont antirieurs I sa mort, par exemple, N. J. Senlis, Relationfu la mala.die,dela confesionetdz la
fn d"eM. dt Voltaireet decequi s'nrsuit:it (Gendve I76 r); A. J. Chaumieux, Voltaireaw Champs-Elysta
(Tr6voux r773); Ch.-L. Richard, Vzltairepatmi lesombra (Paris r 776) et, du mdme, Vohairedz retour
dts omhra et sur lepoint d y retoumn pour n'm plus rnenir (Pais r 777); voir Vercruysse, 'Bibliographie
des 6 c r i t s f r a n q a i s r e l a tifsiVo lta ir er 7, r 9 - r 8 3 o ' ,Stzd ie so n l/o hai re6o(r968),p.7-7r.
deux copies manuscritesen italien et en espagxol,a pour sujet aussile procds
de Voltaire en enfer.4e
L'ouvrage est ridigi i la premidre personne et racont6 par un voyageur qui
s'embarquei Gibraltar sur un vaisseaufranqaisappeldjustementVoltaire,lequel
va 6choueri lrle d'Antiparos le 3o mai r778 (daterdelle de la mort de voltaire).
I-e seul survivant est le voyageur, qui se met i explorer I'ile et rencontre la
vdritd sous I'apparenced'une femme. celle-ci le conduit au Sryx, oi voltaire
cst sur le point d'€tre jugd par un tribunal compos6 par socrate, Epicure,
ciciron, virgile et Lucrdce, tandis que Lucien ioue le r6le du rapporteur.voili
I'argumentdu premier des dix livres (i vrai dire, des chapitres)qui composent
I'ouvrage.Avant de passerau contenu du reste,on peut s'arr€teri la description
que cevallos fait de voltaire par la bouche du voyageur,le pr6sentantcomme
un dragon rdpugnant; cette description grotesque s'oppose i I'impartialit€
rfflich6e par I'auteur dans sa prlface (i.37-38):
Un momentodespuds
vi llegarun espectroo fantasma
formidable.[...] La cabezaera
dc una_serpiente
con oreias,.yen ellas-respiraba
humocomopor lasraJgadas
naricesy
p.r la bocaque tenfaarmadade doshilerasde colmillos.t...] En la fiente tenfadoi
cucrnos_
de_colory texturade hierro,y entresusarrugasse entreveianimpresascon una
rnarcade fuegoestaspalabrasabreviadas:
Ecrasezl'lnfime. Destruidll Infame.De
buitre,lequedaronlascorvasgarrasllenasde sangrey carnerepodrida.Desdeel vientre
hrsta las rodillas se cubria de l6minaso escamasde lepra, entre las cualesherviaun
pruritoque le haciadespedazarse.
Desdela nucahastael fin de un largorabocon que
rhba vueltasa su cu_erpo,
estabaarmadocon una hilera de espinasco.6aso de agudas
rrias. De las espaldillas
le nacfanunas aletasde membranlo de costillasy cuero
nrugriento,
que le dabanun vuelotorpey trimulo, asicomoel del drag6n.
(.ctte description initiale ddfinit le ton g6n6ral de I'ouvrage, or)
r'on peut
:rppr6cier,nonobstant,un emploi intelligent des sourcesutilisds.
Les livres rr a x sont occupdspar le rapport que fait Lucien sur la vie et les
()uvragesde voltaire, que les membres du
iury critiquent. Dans le second on
l)rrsseen relrre les compositionsde Voltaire ant€rieuresi, Mahomet;Virgile le
lrlirme surtout pour son Henriale. Au livre troisidme on critique Mahomet et
(l'autres pidces, pr6sent6escomme autant d'armes pour propager ses id6es
rrrrpicset sdditieuses.L'dpisode de Prussefait I'objet du quatridme livre, tandis
,;trc lc cinquidme reprend son sijour i GenEve,sesd6m6l€savecles Genevois
t t sadisputeavecRousseau.Au sixidmelivre sont ddcritsles desseinsde Voltaire
rlc troubler I'ordre en France, en Espagneet au Portugal et sont commentds
Plrrsieurslibelles contre I'Eglise, ainsi que I'affaire calas. L'affaire sirven
')((upc le septidmelivre, tandis que le huitidme est consacrdau commentaire
4r1.'Al arribo de volter a los infiernos', Biblioteca de catalunya, ms.6z, f.rgz-r93; voir notre
.rpl rcndi ce
K.
66
67
Voltaireen EsPagner7j4-r8j5
des icrits satiriques que Voltaire a lancds contre ses principales 'victimes': le
podte
Jean-BaptisteRousseau,ses adversairesles abb6s Guyot-Desfontaines'
-sabatier
et Nonnotte, ainsi que son rivalJ.-J. Rousseau.Le commentairedes
{loges que Voltaire s'est dirigf i lui-m€me occupe le neuviEmelivre, tandis que
le dernier est consacr€ au voyagei Paris et i la mort du philosophe' Le verdict
du jury, on pouvait bien s'y attendre' est pleinement condamnatoire.
L'ouvrage, qui a des moments heureux, manque de profondeur dans son
ensemble.Mendndez Pelayo,qui avait rdservdun accueilchaleureuxi La faka
qu'un iugement
filosofia, ne peut donner sur ce nouvel ouvrage de Cevallos
assezdiscret:
La empresade itzgar a Voltaire,y de iuzgarleentreburlasy veras,requeriasobretodo
de que andabamdsayuno
las cualidades
tatentoliterarioy graciade estilo.Precisamente
o tienenalgo de
refectorio
de
chistes
chistes
son
Sus
p.ns"do-.
ilustre
el
ieronimiano.
soffolientoo forzado,Tampocoescogebien los puntos de ataquee insistemucho en
de plagio.iQuiin le inspirariala malignaideade lidiar ir6nicamente
puerilesacusaciones
ion el rey de la ironiay la sdtira?sO
A c6t6 de Cevallos, ceux qui ont 6crit i l'6poque contre I'incr{dulitd et
le philosophisme p|lissent; nonobstant, ils mdritent d'€tre cit6s parce qu'ils
reprdsententun 6tat d'opinion. Des pastoralesde I'archevpquede Santiago,
Francisco Aleiandro Bocanegra, il y en a deux qui sont particuliBrement
intiressantesparce qu'elles font allusion aux philosophes.La premidre est la
Declamacidtrnportunaclntre el libertinajedel tieupo (Santiago t777, rf€ditie ir
Madrid en q7g), oi le prdlat regrette les malheurs qui affligent I'Espagne i
cause de I'attention pretde par les Espagnols aux maximes arrivfes d'outrePyrdndes:'Pero 1oh!,siglo corrompidisimo, lcudnto has trocado la faz de esta
naci6n, introduciendo en ella las abominables mdximasy engaflososmodos de
pensar de Rousseauy Voltaire!' (p.zS).Cette pastoralede Bocanegra,vibrante
it exaltde,a mdritde les dlogesdu pBre Isla dans son exil de Bologne' oir il a
appris que 'la peste de la gran rnoda,[...] los libros de los fil6sofos ala demiire
y-espiritus fuertes por antifrasis, habia cundido hastala ciudad santa,depositaria
del catolicismoespaflol en la sagradaurna del grande ap6stoly patr6n de las
Espafras'.sr
La secondepastorale de Bocanegra,plus longue, s'intitule Saludablemedicina
contreles dolenciasful sigloet a paru i Madrid en 1778. Il y fait mention surtout
des mauvaislivres qui circulent parmi les Espagnolsdes couches socialesles
plus diverseset sont lus avecavidit6, ce qui fait que le mal apparait tris r6pandu
et difficile d'extirper (P.zS:-S+),
5o. Men6ndez Pelayo,Hetendoxos,v482.
Madrid r86o-, t.xv), p.6Ira (lettre dat6e
it.lsla, Obras aeogidas(Biblioteeafu autora apaioles,
du z5 ianvier r778).
68
j. Les adaenaires de Voltaire en Espa.gne
Como los flibros] mis estimados entre los libertinos y los que andan m6s en las manos
de todos son los de Ros6 y Volter [sic], 6stos son, por lo ordinario, con los que se hacen
las entraias; y como tienen un estilo tan dulce y un modo de insinuarse tan sutil, desde
luego tragan incautamente el veneno y quedan tan prendados de los que han escrito tan
a medida de su voluntad o (por meior decir) de su sensualidad,que enamoradosde tales
maestros juran despuds con tal tes6n en su texto, qui ni el de la Escritura, ni el de los
Concilios, ni el de los Padres ni aun el de sus mismos sentidos les hacen volver atris.
Buenaventura Antonio Anibaly est le nom avec lequel le frdre mineur Antonio
Baylina a signd des dialogues philosophiques intitul6s 'El C6ndido', conservds
en manuscrit i la bibliothdque de I'Universitd de Barcelone.s2C'est un recueil
de discussionssur religion et philosophie entre plusieurs personnages:I'abb6
Tudela, le chanoine Urbina, le philosophe Arouet, le citoyen Risuefro et ses
enfants C6ndido et Colorada. Le personnagequi attire le plus l'attention, par
son nom, est le philosophe,qui est une espBcede sosiede Voltaire par sesmots
et son attitude. Un des interlocuteurs, craignant qu'il ne soit un Franqais
rdvolutionnaire- I'ouvrage a €t6 dcrit entre r7g4 et rSor - lui demande de
s'identifier (ii.r):
No tienenquetemerustedes,
queyo confesard
llanamente
mi origen.Soy,pues,espafrol,
perono puedonegarque la leyendade los librosdel famosoVoltaireme ha nansformado
en francdsrevolucionarioen cuantoal afecto.Sobretodo, tengotantapasi6nal oriculo
de los fil6sofos,que he queridohonrarmecon su nombre.[...] <Habiade sufrir mi
corazin que se olvidaseun nombretan digno de la inmortalidad?
Le nom de Voltaire apparait i plusieurs reprisesdans les dialogues:I'abb6 le
qualifie de 'nuevo Nabucodonosor'et son seul nom fait trembler le chanoine
ct lui produit'un intenso frfo en todos [sus] miembros,tan intenso que casi los
deja sin movimiento' (ii.zo5). Le philosopheArouet le tient pour son maitre et
lc cite constamment.
Quoique les suietsabord€ssoient tres variis, c'est celui de l'6tat monastique
qui occupe le plus de place et attire surtout I'attention des interlocuteurs.
Crindido et Colorada, enfants du citoyen Risueflo, ddsirent entrer en religion
ct Arouet essaiede convaincrele pdre afin qu'il ne laissepas commettre i ses
cnfants une err€ur de la sorte. Il insiste sur le nul servicepr€t€ par les moines
ir la nation et parle du fanatisme des religieux, en suivant son maitre Voltaire.
l)'autre part, il met en €vidence les dangers d'entrer en religion dans les
circonstancespolitiques actuelles(i.85):
;\Ieter loshiiosde familiasa frailesen un tiempoquelosvemosdesterrados
de Francia,
no tcnerningrinlugaren Inglaterra,Holanday casidir6 en Europa,o a lo menosen
52. lAntonio Baylina,l 'El Cindido, o sean di6logosfilos6ficosque escribiaen Barcelona[...]',
lliblioteca universitariade Barcelona,mss.rqS-2o5.
6g
Voltaireen EsPagner7j4-r8j5
que en
pensamos
cuantoilustradose conocede ella?iY que,si echandoun pron6stico,
afros?
de
breves
mismo
dentro
lo
Espafrasuceder6
Le didactisme et la morale sont assurdspar la mort du philosophe, imp{nitent,
qui remplit de terreur les assistants.On fait alors mention d'un Retratohisttiico
dc la muertedeMr. Voltaireoil l'on peint sous de sombres couleurs les derniers
moments du philosophe(ii.87-99).
Le capucin frdre Rafael deY6lez,6v€quede Ceuta et archev|que de Santiago,
s'estdistingudpar sonhostilit6auxiddeslibdrales,personnifidesdanslesmembres
des CortBs de Cadix et ddriv€esde la philosophiedu dix-huitidme siicle' Son
contalairreligifin 6tait destin6i ddmasquerlesprojets desphilosophes,
Presentatitso
forgdsau siBcleprdcddent,contrela religion et I'Etat en France,dtendusplus tard
le poison
franqais;s3
en Europe et arriv6sen Espagrrede la main des envahisseurs
seraitentrd aux Cortds de Cadix et diffus6par la presselibdrale'Contrairementi
ce que I'on attendrait,les r6f6rencesi Voltaire danscet ouwagesont plut6t rares'
puisque V6lez traite pr6fdremment des dvdnementsde la Rdvolution franqaise,
desallusions
dudix-huitidme sidcle.Justement'une
ians s'arr€terauxphilosophes
les plus longues i Voltaire fait appel i un 6v6nementde l'dpoque rdvolutionnaire,
le transfertde sesddpouilles(p.38):
El coraz6ndel mayorde los fil6sofos,del principede los c6micos,del hombrem6s
del ateistapor principios... lDe Voltaire!,seextrae
corrompido,del impiopor sistema,
hastaParisy secolocaen el templode Dios
de su sipulcro,secbnduceconsolemnidad
vivo; alli se le quemaninciensos,se le adora,se le divinizacomo a la misma raz6ny
filosofia.
Beaucoup plus ambitieuse est sa clldbre Apologfadel altar 7 dcl trono (Madrid
r8r8), oil il ddnonce les machinationsdes lib6raux de Cadix contre la religion
et la monarchie.Cependant,dansune vision rdtrospective,il chercheles sources
de cesid6es,qu'il retrouvedans les Cartasde Cabarrfs, qu'il signalecomme le
des id€es de Voltaire, Diderot et Rousseau(i.68-Zr).
reprdsentanten EspagTre
Lis r6f6rencesi Voltaire, brbvesmais nombreuses,font allusion ir I'attitude du
philosophe face i I'Inquisition, I'Eglise et le clerg6, et face i l'Espagne et la
monarchie absolue.
Felipe Lesmes Zafrilla, chanoine i Sigiienza et Cuenca, a 6t6 un d6fenseur
acharnd de la religion catholique et il aurait sans doute beaucoup dcrit s'il avait
plus vdcu.Il a laiss6,nonobstant,un exemplede son aptitudepour I'apolog6tique
dans les quatre volumes du Centinelacontralls erroresdel siglo,publif en I829'
clntla la ineligiln, o losplanesde,laflosofia contra
53. Le long titre est trds 6loquent: Preseruathso
toitigia" y i n*oa", realizadnipor la Francia para subyugarla Europa7 dadnsa.luz_pn algunosde
nuaii, sabiot en perjuicio de nueitra patia (Madrid r8rz). Il existe des 6ditions de Palma (r8rz et
r8r3 - celle que i'ai utilis6e)et Madrid (r825).
7o
3. Les a&senairesd.eVohaireen Espagne
recueil de fausseslettres oir l'auteur fait mention, i plusieurs reprises, de
voltaire, soit dans ses rapportsavec Fr6d6ric II (notamment,i.g2 et iv.88), soit
en insistant sur les diffirences entre le philosophe et l'6crivain.s
euoiqu'il
accorde i Voltaire un certain talent, I'auteur trouve qu'il est 'enluelto en el
lienzo de la iniquidad' et 'escondido en el cieno de la luiuria y los demris
sentimientosterrenosy carnales'(i. r 58). Et il met plus loin en gardelespossibles
lecteursde voltaire i l'aide d'une comparaisontrds spirituelle,puisque, dit-il,
'aplaudir la impiedad y obscenidadde un Voltaire por las bellezasde la poesia
es tan contrario araz6n como dejarsemeter un pufral por el primor con que
esratrabaiado'(ii.z8r). Il insisteailleurssur leserreursde voltaire, lieu commun
de l'apologdtiquepostdrieurei Nonnotte (i.r59-6o):
Voltaire,fuerade susversos,1qu6tienesinoerroresfilos6ficos,erroreshist6ricos,errores
de polftica,erroresde cuantotoma por su cuenta estePetrusin eanctiset nihil in toto?
Nonothe.[srd se los puso delante,tha respondido?
[...] Gu6n6ele hizo patentesu
ignorancia
en s6loel AntiguoTestamento:
iha contestado?
Un certain nombre d'adversairesdes id6esdes philosophesse distinguentde
ceux qu'on vient de citer i causede I'absenced'une prdoccupationreligieuse
ct dogmatique.Tout en s'inscrivantdans une pens6eet une conception de la
vie i inspiration catholique,leur intention n'est pas religieuse.A vrai dire, leur
qualitdet leur but sont trds divers.Le duc d'Almod6varpense6crire,ou rd6crire,
une histoire littiraire; Cavanilles,Denina et Forner dcriventdes apologies,non
pasde la religion catholiqueou de la philosophiescolastique,mais de ltEspagne
ct de sa culture; d'autres dirigent leurs attaquescontre la Rdvolution franqalse
et ses suites.Aprds sa conversionsulprenante,c'est chez olavide que s'abrite
lc sentimentreligieux le plus profond.
F,tant donn6 que la lettre consacrdeir voltaire dans la D1cadaepistolardu duc
d'Almod6var prdsentedeux aspectsnettementdiffbrencids,i'ai cru convenable
tlc les examiners6par6ment.Par consdquent,I'aspectlittdraire a 6t6 dtudi€ dans
le chapitrede la diffusion de voltaire en Espagne(chapitrer), puisque I'ouvrage
tlu duc a contribud i faire connaitre voltaire dans ce pays. Sont ici objet
d'analyseles commentairessur sa personnalitd,sa philosophieet son influence.
I-a lettre sur voltaire est pr6c6d6ed'une autre oi le traducteur exposeses
l)ropres id6es. Cette especede prdface est intdressanteparce que, en dehors
tlc quelques notes au pied de page, c'est le seul lieu de I'ouvrage oil le duc
tl'Almod6var manifeste son opinion. Il faut bien reconnaitreque son attitude
t'rrversVoltaire est peu favorable(p.4):
l s dignode muchareflexidnel ver los elogios,lasestatuas
y la locuracon que aquise
F. l-esmes (r 792- r 824) s'est distingud comme pr6cheur et par son ardeur dans la lune contre
. ;-{..
l, s irlies lib6rales: voir Lesmes, centinela contra losenoresdel sigli (Madrid lgzg), i.xr-xxxrr.
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
inciensaa un Voltaire.Yo nuncahe podidoresolverme
a estimarle:
le he lefdo,me han
divertidovariascosassuyas,me han gustadootras,me han dado algunasmotivo para
formar conceptode su graningenio,pero muchasme han irritado.
La lenre sur Voltaire est un des plus longs commentaires qui lui ont dtd
consacrdsen EspagneDrl'6poque (elle occupeles pagesZ i So).L'abbd Sabatier
6tant I'un des principaux ennemis des philosophes,I'impression que l'on tire
de la lecture de ce passageest trds ndgative,malgr6certainsdlogesqui se glissent
gi et li. Voltaire est surtout prisentd comme un personnagecontradictoire(p.7):
Grandestalentosy abusode elloshastalos tiltimosexcesos;
rasgosdignosde admiraci6n
y unamonstruosa
libertad;lucescapaces
de honrarsusigloy erroresquesonlavergiienza
de 6l; sentimientos
que ennoblecen
la humanidady flaquezas
que la degradan;
la mds
brillante imaginaci6n,el lenguafemdscinico y repugnante;la filosofiay el absurdo;la
erudici6ny lasequivocaciones
de la ignorancia;
y
todoslos encantos
del entendimiento
todaslaspequefreces
de la pasi6n.
La descriptioncontinue sur ce ton. Aprds I'analyseminutieusedes principales
productions du philosophe, I'auteur se pose la question de I'immense succds
remport€ par Voltaire. Il en voit la cause dans le style varid et agile, qui rend la
lecture facile et agr6,able,aidd par une imagination brillante, et il augure les
plus grands ddsastrespour ceux qui le suivront (p.48-4g):
y seIe signa,iqui resultar6?
Los i6venesaprenderdn
en su escuelaa
Que sele escuche
sacudirel yugode susobligaciones,
a repetirblasfemias,
a gloriarsede susdes6rdenes;
los hombresde letrasa respetarpocolos modelos,a olvidarlos miramientos,a despedazarsesin consideraci6n;
lasnacionesa abandonar
susprincipios,susleyes,su cardcter
paraalimentarsede ideasfrfvolas,de mirasquim6ricas,de gustosfantdsticos
y pasajeros.
Au cours de la poldmique produite par la cdldbre quesrion de Masson de
Morvilliers dansl'Encyclopidie mithodiqlre:'Que doit-on i I'Espagne?',se sont
distingudsI'abb6 Antonio Josd Cavanilles,Juan Pablo Forner et l'abbd italien
Carlo Denina.ss
L'abbd Cavanilles,excellentbotanistequi se troi.-lvaitalors i Paris, a €t6 le
premier i rdpondre i l'insolente question dans des Ohsentations
publides tout
55. Voir EnEclopidie mithodique (Paris r78z), i.554-68. Pour I'historique de la poldmique, voir
Sorrento, Francia e Spagnanel Setteceilo:battagliee sorgentidi idee(Milano rgz8), p.89-r r r. Malgr6
son caractdre particulier, on peut citer dans le contexte de cette pol6mique une 'Defensa de
Barcelona contra la descripci6n poco exacta y veridica que de dicha ciudad hace Mr. Masson',
publi6e par un certain Mariano Berlon dans le Memoial literanb de juin ry87 $.r82-g$. Bien que
I'intention de I'auteur soit mettre en dvidence les m€rites de Barcelone, le texte contient une d€fense
parfois tris v6h6mente des valeurs nationales: voir, i cet 6gard, mon anicle 'Una r6plica a la
Enclelopidiemithodique;la DefensadeBaruhna' ,Analesdc literatura espanolaz (1983), oit j'ai reproduit
le texte du Menoial litnario.
72
j. Les aduenairesde Voltaire en Espagne
d'abord en franqaiset traduites peu aprds en espagnol.s6
Dans sa ddfensede
I'Espagne, €rudite et mesurde, Cavanilles dnumBre les apports de la nation
espagnolei la culture europ6enne dans tous les domaines, en insistant sur les
progrEs6conomiqueset sociauxdu rdgne de Charles III. La seule r€firence i
Voltaire que j'aie rencontrde dans cette apologie de I'Espagrre a 6td dans une
reconventioni Masson par son ignorancede I'architectureespagnoleb.z6):
M. Massona pu n'etrepasinstruitde ce qui regardait
I'architecture
puisque
espagnole,
Voltairene l'€taitpas;puisquecelui-cia dit: L'Escurialfut biti sur les desseins
d'un
Franqais.Voltaireignorait qu'il existeen Espagneune m6daillefrapp6epar ordre de
PhilippeII, qui repr6sented'un c6t6le bustedeJeanHerera de Toldde,consrructeur
de I'Escurial,et de I'autrela perspectivede ce magnifiqueddifice.
Un Italien, I'abb6 Carlos Denina, rdsidanti Berlin, a lu dans I'Acaddmiede
cette ville, dont il 6tait membre, un discours of il rdpondait i la question.Ce
discours, prononcd en frangais, a 6ti publid dans cette langue i Berlin et i
Madrid, et traduit aussit6ten espagaol.sT
Dans le but de louer les Espagnols
Denina met en 6videnceles ddfauts des Franqais,en les augmentantparfois.
Le m€me proc6dd a 6ti utilisd par cet auteur dans des Cartascriticasdcrites i
manidre de suppldmentde son discours,publides la m€me ann€e.s8Il attribue
aux Franqais des fautes, surtout en litt€rarure. Dans une des lettres, dirigde au
comte de Mirabeau, il fait mention de Voltaire et trace un paralldle entre
I'importance lin6raire de Voltaire et celle de la France (p.6g),
Pareceque no esVm. admiradorde Voltairey me alegrode ello.2No sepudieradecir
que es Voltaireacercade la Francialo que la Francialiterariaes acercade la Europa?
A la verdadquitarianmuchisimoa la literaturafrancesasi cortasende ella las obrasde
Voltaire;sin embargo,len el fondo qu€ perderia?
Et quant i I'orgueil des Frangais,qui se croient supdrieursaux autresnations
europdennes,il aioute avecindignation: 'La Francia nos da lindas cosasque no
sirven de utilidad alguna: ipor ventura si careci6semosde ellas habria alguna
notable mudanza en nuestro modo de vivir y en nuestro bienestar?lSeriamos
56. 4. J. Cavanilles, Obsentationsde M. I'abbi Catsaillles su I'anicle 'Espagne'de la 'Nowelle
nqdopidie'(Paris r784); la traduction espagnolea paru i Madrid Ia mdme ann6e. Voir Palau,
.14anual dtl librero, iii.8.
57. C. Denina, Reponsei h quation 'Qre dait-on d l'Espagne?':discourslu d lAcadlmie dc Berlin
,hns I'usanblie publique du z6 janaier dz l'an 1786 pour Iejour anaiuerairc du roi (Berlin q86 et
Madrid s.d.): voir Palau (,ilIanualdtl librero,iv.358), qui signale trois traductions espagnolespublides
cn r786: i Vafence,Cadix et Barcelone;Herr (Espafiayla rnolucifin,p.r84, n.68) ne signaleque
lcs dditions de Valence et Cadix, en leur attribuant la date de r788.
58. C. Denina, Cartas e'ritica para seruir dc suplemmtoal disatno sobrela pregunta';Qt se dcbea
lu Espaia?'(Madrid ry96).ll existedes 6ditions i Cadix en r786 et i Madrid en r788 (celle que
i'ai consult6e)- Le texte original franqais a 6t6 publid en 1786 i Berlin et i Madrid. Voir Palau,
\Ianual del librero, iv.358.
l5
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
unos escitaso sdrmatassi no hubiera habido franceses?'(p.6q). Le reste des
lettres sont d'un ton pareil, de rancune contre la France et d'exaltation des
valeurs de l'Espagneet de I'Italie, sa patrie.
Juan Pablo Forner, le plus redoutable des poldmistesde l'6poque, ennemi
implacabled'lriarte, de Trigueros, de Garcfa de la Huerta et d'autresdcrivains,
est I'auteur de la plus ardente apologie d'Espagne contre Masson de
Morvilliers.sqPubli6e, semble-t-il, sur commandeet aux ddpensdu gouvernement, son oracifn apologiticapor la Espafia1t su mirito literario a paru i la fin de
r 786, avecle discoursde Denina en franqais.La plus grandepartie de I'apologie,
dcrite avec enthousiasmeet fougue, 6tait destindea affaquer les philosophes,
diffuseurs d'id6es hostiles i I'Espagne.sa premidre plainte est portde contre
son €poque,frivole et l6gdre,ddsastreuse,
d'aprBslui, pour des dtudessirieuses
b.z-8). Forner considbrevoltaire un desprincipauxmaitresdu 'philosophisme',
imit6 malheureusementpar une multitude d'adeptes. Il essaie de mettre i
d6couvertles artificesdes philosophespour composerleurs ouvrages(p.rr):
cuatro donaires,seissentencias
pronunciadas
como en la tripode,una declamaci6n
salpicadade epigramasen prosa,cierto estilometafisicosembridode vocesalusivasa
la filosofiacon que quierenostentarse
fil6sofoslos que tal vezno sabende ella sino
aquellenguaieimpropioy afectado,
secreensuficientes
paraquepuedancompensar
la
ignorancia
y el ningrinestudio.Asi Io hizoVoltairey asflo debehacerla turbaimitatriz.
L'oracifln de Forner a fait du bruit et ffes t6t ont paru des discours et des
libelles oi il 6tait attaqud,auxquelsil a rdpondu i son tour assezvertement.
L'attitude de Forner, franchement contraire i l'encyclopddisme,s'est fait
sentir dans d'autres ouvrages,qui n'ont pas de caractdreapologdtique.Ainsi,
son Discursosobreel mododc esribir y mejorarla histoia deEspafia,de publication
posthume (r8r6), contient des rdfdrencesindvitablesi Voltaire comme I'auteur
del'Essaisur lesmaun. sa critique ne pouvait€tre plus ndgative:non seulement
le proc6dd lui parait incorrect, mais il trouve que le style est peu ad6quat.ses
mots sedirigent tout d'abordcontre ceuxqu'il appelle'les historiensphilosophes'
pour passerensuite) Voltaire (p.6a-65):
parcialidad,
perulancia,detracci6n,
lay_en ellos malignidad,hay.mirasparriculares,
desahogo,
muchoshechosadulterados
y torcidosinicuamente
a-lapoyode susmismas
opiniones-politicas
o filos6ficas.
[...]Voltairetorci6todosloshechoseniu superficialisimo
Ensayosobrela histoia uniamal.al ap!y!
{el fatalismo.Es tantolo que inculca,repitey
menudeala obsen'aci6nsobrela fatalidad,que estosoloharfafastidiosfsima
su lectura
si no arredrase
desdeluegopor lo pocoque instruye.
Plusieurs critiques i voltaire se trouvent de m6me dans les Discunos
flosfifcos
59. sur Forner, en plus de la_noticede sempere dans son Ensay (iii.84-g4), on peut lire les
grandes synthdsesdeJim6nez salT U/idat obra de d.onJuan pablo Fornerl sigiio,Madrid
r944)
et, surtout, de Lopez (luan Pablo Foner et la crisedc la conscience
espagnole,'Borleauxl976).
74
j. Les adoenairesde Voltaireen Espagne
sobreel hombre,publids en q87, dont I'idde a dtd tirde peut-€tre par Forner de
I'auteur qu'il m6prisait.60Quoi qu'il en soit, les critiques se trouvent surtout
dans la prdface et font appel aux id6es de Voltaire sur I'ime, la Providence,la
religion naturelle et I'existencedu ciel et de I'enfer. Les m€mes suiets sont
abord6spar Forner dans des notes autographes,probablementdes brouillons,
intituldes 'Fragmentosfilos6ficos',dont plusieursfont allusion concrdtement)r
Voltaire, sa critique de I'optimisme philosophique, son podme sur La Loi
naturelle,sesattaquesi la religion, etc.6r
On retrouve encore des mots sur Voltaire dans un ouvragede Forner qu'on
nommerait litt€raire, mais qui est au fond une satire de la famille lriarte: il
s'agit de Los gramdticos:historiachinesca,6criten r782, conservden plusieurs
manuscritset publi6 rdcemmenten deux dditionspresquesimultanies (Madrid
rgTo). Plusieurs allusions sont causdespar ce fait que Tomds de Iriarte
6tait traducteur de Voltaire. La plus intdressante,par l'dpithdte attribu6e au
philosophe,est celle qui porte sur la chronologiedes Chinois, un suiet d'ailleurs
bien placd dans le contexte:
La autoridadestomadade un c6lebrec6mputode M. de Voltaire;y es que all6cuando
no sabianescribir,escribieronlos chinosunasterriblescr6nicasque hacfansubir la
existencia
de su naci6nmuchom{s arribaque la existencia
del universo;y lo que es
mis, hal16dichosenorfilo-histori-criti-poeti-fisico-matemdtico
queen aquelpunrualy
crudotiempoeranya los chinosestupendos
y ac€rrimos
astr6nomos
impresores.62
Le m€me motif de moquerie se retrouve parmi les fragments d'un podme
satiriqueque Forner proietait d'6crire contre les philosophes:'Es de saber,ante
todascosas,que en aquel siglo,que cay6en tiemposmuy anterioresa la creaci6n
del mundo, segrinlos c6mputosdel exactfsimocron6grafoVoltaire, los animales
que se llamabanhombresno tenian todaviaconocimientoni uso del lenguaie.'63
L'attitude conservatriceet anti-encyclop6distede Forner s'est exprimde dans
d'autres ouvrages,tels la comddie 'El ateista', non iouie ni publi6e, et le
Preseraatitso
contrael ateismo,paru i Sdville en I795.
La Rdvolution frangaisea produit un bouleversementdans la vie espagnole
qui est devenu une vague d'attaques lors de la mort de Louis XVI et de la
6o. Ont signal6des ressemblancesentre les pobmesde Voltaire et de Forner Men6ndez Pelayo,
(lletetodoxos,v.393) et Linaro Crreter ('La poes(a lirica en Espafra durante el siglo XVIII', dans
(i. Diaz-Plaja (6d.), Histoia generaldr hs literaturas hispdnias, iv, p.8r).
6 r . 'Obras manuscritas aut6grafas de Forner: papeles de don Juan Grinda y Saavedra' $ropri6t6
l rri vi e), Ii asse4 bi s, notammentf.r5r-r52, I56, r58-r7r, z z t: v oi r J i m€nez S al as ,V i da.yobra,
p.593-6r 4.
(6.d.Pok),p.93.Jurad<rdonne la lecture'filo-histori-critico-matemdtico'
62. Forner,Losgramdticos
(p.68).
63. Y oir Poetasliicos, lxii.3 4t - 42.
75
Voltaireen Espaguer 7j4-r8j5
ddclaration de guerre contre la rdpublique frangaise.ft Une foule de lettres,
discours, harangues et oraisons ont lu le iour pour encourager le peuple dans
la lutte contre la France, qui a pris l'aspect d'une vdritable croisade religieuse.
Ces 6crits, qui dtaient pour la plupart l'euvre d'eccldsiastiques,voyaient dans
les philosophesla cause de tous les malheurs de la France et condamnaient
I'impidtd et I'athdisme. Les allusions i Voltaire y sont rapides et on ne lui
accorde pas de place particulidre. D'autres brochures parues en Espagne i
l'6poque dtaient des traductions du franEais, notamment des protestations de
plusieurs €v€ques contre les actes rdvolutionnaires, surtout contre la Constitution civile du clergd. Parmi ceux que i'ai consultds, le seul i offrir une allusion
d'une certaine €tendue sur Voltaire est une lettre d'un pdre, prisonnier en
France, i son fils, dmigrd en Espagne, oi Voltaire est pr€sent6 comme le
principal inspirateur de la Rdvolution:
El traz6el plan del bdrbarosistemaque nosaflige,concluidopor sussucesores,
baio los
auspiciosde un infameministro;con todo, susescritosse consultancomovenidosdel
cieloy han hechom6slibertinosque pdginasincluyensusvohimenes.llnfameadulador!
El mudabatantospareceres
cuantossujetosde poderquerfaseducir,[...] sinotroplacer
que el de esparcirpoesiasinfames,libelosiniuriosos,sdtirashorrendas,que s6loservian
para manifestarsu coraz6ndaiino, enemigode la sociedad
y del estado.[...] lFiera
horrible,que parecehabernacidos6loparadevastarel universo!6s
En Espagne,les seuls auteurs connus qui ont 6crit contre la R€volution, en
dehors de Forner, ont dtd le jdsuite Lorenzo Hervis y Panduro dans sesCausas
dela Rnolucidn d.eFrancia,de publication tardive (r 8o7), et le podte et dramaturge
Juan Gonzdlezdel Castillo. Le premier, en examinantles causesde la R6volution, fait mention de Voltaire et d'autres philosophes, mais sansinsister particulidrement sur notre auteur. Gonzilez del Castillo a composdun podme burlesque
sur la situation de la France intituld La Galiada, o Francia rasuelta.66Son
protagoniste est Mirabeau, prdsident de l'Assembl€e nationale, ir qui apparait
une des Furies pour lui apporter le rdconfort de Voltaire et I'encouragement
pour continuerla Rivolution (p.rz-r3):
No te asustes
- le dice-, yo aquivengo
a protegertus m6ximas,respira;
-,Hr;.'*f::iiHl,1T"*o"',u,"r".
64. On peut lire une excellente synthise des effets imm6diats de la R6volution frangaise en
Espagne dans Herr, Espafial la ra;oluciin (p.rg7-z6o).
65. El huen t:asallo,p.6-7. Cette lettre a 6t6 reprise dansle Diario deBarcelonadu z6 avril r7g3:
voir Herr, Espanay la rnoluci*n, p.252, n.33.
66. Publi6 en r7g3 i Milaga et au Puerto de Santa Maria, le podme figure dans les dditions des
Saineta (Cadix t846), ii.z67-82, et des Obraseompletas(Madrid rgr4), iii.4o9-25. On peut lire un
commentaire du pobme dans Men€ndez Pelayo,Heterodtxos(v.4r r - r z).
76
j. Les aduersaires dc Voltaire ut Espagne
Voltaire por mi te intima que, en obsequio
de sus egregios manes, establezcas
y esparzassu doctrina.
Voltaire
apparait aussi dans ce podme comme le principal
th6oricien
de la
Rdvolution (p.8); c'est une Furie qui parle:
Desdequeel granVoltaire... i&, qui€npudiera
hacerel justo elogiodel proteo
de la impiedad,del sumopatriarca
y el sacrilegio!
de la disoluci6n
Desdeque el gr"n Voli.i.e, comodecia,
empapadoen susmiximasy ejemplos
tom6 la plumaen Francia,me animaron
las esperanzas
de un feliz suceso.
Mirabeau est associi de m€me i Voltaire dans un podme satirique ins€rd i
la m€me dpoque dans le Diario de Barcelonadu zo avril r 793 sur la Rdvolution
franqaise:
Pelletiervio en el infierno
en dondehacepocoentr6
a Voltairey Mirab6
trazandoun nuevogobierno.6?
En dehors de La Galiada GonzSlezdel Castillo a dcrit d'autres ouvragessur
les dv€nementsde la France, tels une 6l6g1eA la injusta comodnlorosisimamuerte
de la constanteheroinaMariaAntonia deLorena, reina dc Francin, publi€e i Cadix,
sans date, et i Madrid en 1794, et une Oraci6n exortatoria(Mdlaga 1794) oi
I'on encourageles Espagnolsi prendre les armescontre la France.
L'un des cas les plus remarquables d'opposition )r Voltaire a 6t6 celui de
Pablo de Olavide. Apr0s sa fuite de I'Inquisition il a v6cu i Paris et a 6t6 mis
en prison sousla Rdvolution.Sa condamnationpar le Saint-Ofhce, les d6sastres
r6volutionnaires et la prison ont fait mffrir dans son esprit la conversion au
catholicisme, qui est devenu dvidente lors de la publication de El Eaangelioen
triunfo, qui porte comme sous-titre significatifllitoria de unfl,isofo desnganado.
Ce philosophe ddsabus66tait Olavide lui-m€me, dont la pensde et I'esprit
6taienttotalementchangds.
L'ouwage, beaucoup plus par la cdldbritd de I'auteur - connu malgr6
l'anonymat - que sesm€rites intrinsdques, a remport6 un succdsextraordinaire:
imprim6 pour la premidre fois en ry97,i| a connu en peu d'ann6esplusieurs
p.r85.
67. Cit6.parOliver,Losapafioles,
77
Voltaireen Espagner7j4-t8j5
dditions.68Olavide ne se distingue pas par son originalitd.Dans son ensemble
son texte n'est qu'une imitation desDilices de la religionde I'abb6 Lamourette6e
et plusieurs iddes sont tir6es d'autres livres d'apolog6tique.Olavide n'6tait ni
th6ologienni apologiste,et il devaitprendre chez les autresles argumentspour
combattre des id€es qu'il connaissaitfort bien par sa familiarit€ avecles ouvrages
En adoptantle style
de Voltaire, Rousseau,Diderot et d'autresencyclop6distes.
6pistolaire et simulant la conversiond'un philosophe par un pr€tre, Olavide
critique I'attitude des encyclopddistestout en chantant les excellencesde la
religion catholique.Si I'on s'en tient i ce qu'il dit de Voltaire on restevraiment
surpris de la rage d'Olavide contre qui, peu avant, avait 6t6 son maitre i penser
et son h6te aux Ddlices, contre celui qui avaitplaid6 sa causelorsqu'il itait dans
les cachotsde l'Inquisition. Olavide lui reproche i plusieurs reprisessa haine
de la religion et les artificesqu'il a utilisdspour la discr€diter,altdrantdes faits,
inventant des doctrines et faussant des tefies, si bien que 'los que sin ninguna
noticia del Evangelio lean a Voltaire y a otros muchos fil6sofos de nuestros dfas,
cuando vean el furor encarnizado con que tratan la doctrina del cristianismo,
se imaginarin que el Evangelioes el libro m6s perversoy perniciosoque iamds
se ha dado al priblico'(ii.r53-54). La plus longue des rdfdrencesse trouve au
volume iv, oir Olavide fface une courte biographie de Voltaire (p.z8g-3o5). Il
signale tout d'abord la perte de son gdnie pour les lettres i cause de sa
philosophie: 'La fecundidad de su imaginaci6n exaltaday la fierza prodigiosa
de su ingenio debieran haberle hecho uno de los hombres mis ritiles en las
artes;pero su empeflobirbaro y absurdole hizo degeneraren el m6s pernicioso
monstruo que han producido las edades.'S'il considire ses productions ingdnieuseset agrdables,il les trouve superficielleset il y voit 'el sello de alguna
doctrina impia, de alguna mdxima contraria a la moral o de algrin error propio
a pervertir las costumbres',desprincipespareilsi desserpentsvenimeuxcachds
parmi les fleurs du style. Il ddcrit avecun certain ddtail les dpisodesde Prusse
et de Gendve,en insistantsur le caractdremalin de Voltaire. Il regrettele grand
accueil dispensd i son ceuvreet les ravagesqu'il a produits dans toutes les
couches de la socidt€,et il commente sa mort sansles secoursde la religion,
juste chitiment et exemplemagnifiquepour tous. Il lui attribue les dpithEtesles
plus noirs: envieux, adulateur, orgueilleux, captieux, faussaire,emportd, etc.
Dans son ensemblece fragment d€passelargementen violencetout ce qu'on a
publi6 en Espagnecontre Voltaire.
68. Palau (,Manualdcl librero,xi.348) signale ces 6ditions: Valencia t7g7-ry98 (rdre), Madrid
r798 (ze), Valencia r798 Qe) et Madrid rTgg Qe), I799 Ge), r8oo (6e), I8oz (7e), r8o3-I8o8
(8e); i'ai utilis6 l'6dition de r 8oo. Voir, notamment, sur cet ouvra€te,Men6ndez Pelayo,Heterodnxos,
v. 4o7- 4og; Defourneaux, Olaoide,p.45 r -7o; Herr, Espana.y la rno lucidn, p.3o7 -3o9.
p.4S2-56).
69. C'est ce qu'affirme Defourneaux (Olac^idt,
78
j. Les aduenairesde Voltaire en Espagne
En revenanti ce qui a 6t€ dit ci-dessus,j'ajouteraique la mort desphilosophes
est une ressourceutilis6e pour ddtourner ceux qui s'intdressaientaux nouvelles
id6es en leur montrant la fin terrible des impies. Le plus heureux de ces essais
a €td El exito de la muerte correspondiente
a la aida de los tres supuestlshiroes ful
sigloXWII Vohaire,dAlembertjt Diderot (Madrid r79z), traduction du franqais,
publii plus tard en r€sum6, avecla seule partie de Voltaire, sous le ntre Retrato
qui n'est pas
histdricode la muertede aquelntlnstrul de la iniquidadMr. Vohaire,To
une r66dition de I'oulrage pr6c6dent, comme le dit R. Herr en citant G.
Moldenhauer,?rmais un opusculediffdrent. Dans les deux libelles sont ddcrits
en grand d6tail la mort de Voltaire, les machinationsde sesamispour empdcher
qu'il reqoiveles secoursde l'Eglise et les p6rip6tiesde son enterrement.
Josd Marfa Caglgal, marquis de Casa Cagigal, est I'auteur d'une Conecci6n
fratemal a losfalsoslilkofos (Barcelona r8z9) qui constitue le plus long texte
consacrdi Voltaire en EspagneaprEsleJuiciofnal dt pdre Cevallos.L'auteur
imagine une rencontre entre Pascalet Voltaire, vers la fin de la vie du philosophe.
Celui-ci veut se repentir de seserreurs, mais son orgueil le lui emp€che.Pour
le convaincre,Pascalfait semblant d'€tre un philosophe ddiste: il lui prdsente
la vie, mort et r€surrection du Christ comme une preuve de sa divinitd et la
continuit6 de sa doctrine comme une preuve de sa virit6. Mais Voltaire, malgrd
I'insistancede Pascal,avouequ'il n'a pasle couragede changerde vie. L'ouvrage
se termine par la mort de Voltaire, imp6nitent. Avant le d€but du dialogue entre
Pascal et Voltaire I'auteur fait une description de celui-ci, de ses hdsitations et
inquidtudes lorsqu'il voit approcher sa fin: 'Ya no puedo tardar en descender
al sepulcro y desciendo lleno de tristeza, crimenes y ligrimas, tal vez para verter
otras que no acabenjamris' (p.9). Et s'adressanti Pascallorsqu'il I'aperqoit:
'lAp6stol de Parfs... tri te dignas visitar la serpienteVoltaire sin huir de la
ponzofraque derrama sobre ti y sobre tus creyentes!!!'(p.r5). Les allusionsi
Voltaire se retrouvent au ddbut et ir la fin de I'ouwage, la partie centrale €tant
consacrdei I'examende plusieurssujetsde thdologieet de religion.
Le marquis de Casa Cagigal est l'auteur aussi d'une comddie contre les
philosophes intitul6e Fedcicoy Voltaireen la quinta dc Postdan,o lo que son los
sofistas(Zaragozt tSzg). Dans cette petite pidce, qui a m€me 6t6 jou6e devant
la cour de Ferdinand VII, interviennent Diderot et d'Alembert. mais le srand
7o. Palau (\4anual del librero,xvi.3 t4) signale des 6ditions de Baeza et de Cadix (s.d.); j'ai consulti
celle-ci. Dans la Nnisima recopilaciin,loi vIIr, titre xvIII, note g, il est fait mention d'un Ertracto dt
la muertede Mr dc Vohaire, en rappelant une prohibition du r7 juin 1793 de publier des ouvrages
cn rapport avec la France.
7r. Ilerr, Espafiay la raoluci1n,p.3o5 et n.7z; Moldenhauer, 'Voltaire und die spanischeBiihne
im 18.Jahrhunden', Berliner Beitriigezur romanischen
Philologiet (tgzg), p.r3o, n.3r, qui fait
r6firence ir I'idition de Cadix.
79
Voltaireen Espagner7j4-r$5
r6le appartient i Voltaire, ainsi qu'au roi de Prusse. La com6die est pleine de
moqueries contre les philosophes et I'auteur s'y montre non seulementcontraire
aux id6es des encyclopddistes,mais aussi ddfenseurde sa patrie, cible de leur
fureur (p.zr):
Federico.A prop6sito,lcudl te pareceel estadomdsflorecientede Europa?
Voltaire(apane).Es precisoadularle:la Prusia.
Federico.Torpe adulador,no mientas.
Voltaire.Pues,lcudl es?
Federico.Espafra:todo el mundo la saqueay ella cadavez mdspomposa;ite parece
poco milagro?
ruda,os6isaplaudir!... lEsanaci6nquedebieraborrarse
Voltaire.lEsanaci6nmezquina,
del continente!lQue pertenecea la Europapor un error geogr6fico!
Federico.Volter ... cesa.Si porqueen ellate conocenlo dices,te est6bien merecido:
son valientes,fielesa susreyes,sobrios,sufridos,lo mismo en el mar
los espaffoles
cuentola de no habernacidoespafiol.
que en la tierra. Sf, Volter,entremis desgracias
4. Traductionset adaptations
MarcnE les barridres de la censure, malgrd les avertissementset les rdconventions des adversairesdes philosophes, I'cuwe de Voltaire a connu une diffusion
en Espagne, non seulement dans la langue frangaise,mais aussi en traduction.
Le prdsent chapitre comprend les traductions et adaptations d'ouwages de
voltaire en espagnol,imprim6es et manuscritesiusqu'en r 835, qui sont arriv€es
i ma connaissance.IJn cataloguemis en appendice reprend ces versions et en
donne une vision d'ensemble (voir I'appendice A).
Pour l'6tude des traductions j'ai prdf6rd la description i I'analyse,et cela pour
deux raisons:parce que mon but n'est pas de faire une comparaison exhaustive
entre les textes originaux et leurs traductions respectives,et parce que le mdrite
littdraire de la plupart des versions est ffes faible. Je ne me suis donc pas
propos€ une analysestylistique des traductions, m6me si dans des occasionstrds
prdcises - notamment parmi les pidces - ie ferai rdlilrence i des difltrences ou
modifications introduites par le traducteur qui ont une valeur extra-litt6raire.
Par cons6quent, mon objectif sera essentiellement descriptif en encadrant la
traduction dans sa circonstance historique et humaine: autrement dit, en signalant le moment de son apparition ou de son dcriture, les iditions, censures,
comptes rendus, reprdsentationset, en g6n6ral, tout d6tail qui contribue i une
plus complEtecomprdhensionde I'ouvrage.
Lavai1tl de la production de voltaire exiged'imposer un ordre dansla disposition des textesi 6tudier. Le nombre et la qualitd des pidcessemblentconseiller
de leur consacrerune attention particulidre et de leur accorder la premidre place
dans cette 6tude. Suivront les compositions podtiques - notammentz a Henriade
- et les ouvragesen prose:philosophiques,historiqueset narratifs.
i. Traductions d'ouvragesdramatiques
Lespidcesde thdatre,qui ontprocurdi voltairelesplusgrandstriomphes
en
France, occupent un lieu de choix parmi les traductions de pi€ces franqaisesen
Espagne,en m€me temps qu'ellesconstituent,par leur nombre, le genrecultivd
par voltaire de plus grande diffusion dansce pays.Mendndez Pelayos'estaperqu
de I'importance du thditre voltairien: 'Por el teatro, m6s que por ningrin otro
camino, penetr6 voltaire en Espafra.[...] Nuestra escena,como todas las de
Europa, vivia en gran parte de los despojosde voltaire'; I mais il a calculd trop juste
r. Mendndez P elayo,H etemdaxos,
v.zgg.
8o
8r
4. Traduaionset adaptations
Voltaireen EsPagner7j4-r8j5
en donnant la liste destraductions,qui contient, d'ailleurs'plusieurserreurs.
En faisant abstractiondu sous-genreou de la chronologie, i'ai dispos6les
diffdrentes traductions group6es sous le titre de la pibce franqaise,qui s'inscrit
dans un ordre alphabdtique. Cela permet de commenter de suite les diff6rents
versionsd'une m€me pidce, lorsqu'ellesexistent.
Alzire
Cette tragddie prdsentait aux Espagnols une tranche de leur histoire, m€me si
l'dpisode des amours d'Alzire interrompus par le gouverneur espagnolappartient
i Voltaire. Au fond, ce qui est en jeu est I'oppositionentre l'Indien et I'homme
civilis(, caractdrisdsd'une manidre assezsimple: celui-li est bon, honn€te et
fiddle i sa religion; celui-ci est cru€l et ambitieux et n'hdsite pas i faire passer
sa soif de pouvoir et de richessesavant les enseignementsde sa foi. D'autre
part, cette iragddie lance une violente attaque contre I'action des conquistadores
en Am6riqu.. Ri.n d'€tonnant donc i ce que la pidce ait connu plusieurs
traductions en esPagnol.
La plus ancienne n'a pas 6td publide et le manuscrit est perdu. Elle 6tait
I'cuvre de Margarita Hickey y Pellizzoni, et la preuve de son existenceest un
rapport du censeurCasimiro Fl6rezCanseco,dat6du r6 octobre r787. L'auteur
avait soumis i la censure, en Yu€ d'obtenir les licences pour la publication, ses
etd'AlzireelZairedeVoltaire.2Lecenseur
traductionsd'AndromaquedeRacine
accordepeu de place dans son rapport dAlzire:
a nuestranaci6ny dosde sus
por ser asuntoperteneciente
LaAlcira nosdebeinteresar
admirablelos cuales,contodoslos demds,sostienen
espafroles,
principales
personajes
y discursosde Don Alvaro de Guzmin
mente el cari,cteiheroicl. Los razonamientos
tiernosy lle,nosdel respetoy veneraci6n
sonmuydoctrlnalesy brillanpor sussentimientos
debidoi a nuestrasantareligi6ny por su polfticadiscreta,afabley humana.
Le rapport du censeurmontre qu'il n'a rien trouvd de blimable dansune tragddie
jusqu'i
pleine i'innectives contre la religion catholique et contre les Espagnols:
etle textedel'original?
iuelpointlatraductrice aurait-elleddform6les6v6nements
Nous n'en savonsrien; quoi qu'il en soit, le censeur lui-m€me avait averti dans
son rapport que, eu 6gard aux propositions malsonnantes,'la traductora ha tenido
la discieta y piadosaadvertenciade omitir unas, rectificar otrasy dilatar algrin otro
pensamiento'.L'Alcira de Mme Hickey devait sansdoute faire partie du second
publifes en
nolume de sesPoes{aszsaiassagradas,moralesJt profana o am7r1s&s,
al
traducidas
francesas
r78g sansle nom de I'auteur, puisque les 'tres tragedias
celles
coincidentavec
surlapagede titre dupremiervolume
castellano'annoncdes
z. Voir Serrano Sanz,Apuntespara una bibliotecad.eescritorasespaioln dzsdeel afio t4or al rSjj
(Madrid r9o3-rgo5), i.5og-ro, oir il reproduit le commentairedu censeur'
8z
qu'on a soumisesi la censure.Je n'ai pas rencontrd ce secondvolume et sans
doute il n'a 6t6,iamais publi6, m€me si Qualia en parle comme s'il existait.3
En 1788 a pam la traduction de Bernardo Maria de Calzada sous le titre
trompeur El triunfo de la moral cistiana; ce titre aurait pu 6tre utilisd par le
traducteur pour d€pisterla censure,mais il faut signalerque les titres longs et
expressifs6taientdans le goOtdes Espagnolsdu dix-huitidme sidcle.La traduction de Calzada est en vers hend6casyllabesassonants.La disposition des actes
et des scdnes est identique i celle de I'original. Le traducteur a inffoduit,
cependant,des modificationsdans les noms des personnages:les gouverneurs
espagnols Alvarez et son fils Gusman portent dans la traduction les noms de
Juan et Pedro de Guzmdn;les autresnoms ont 6tdadaptdsi la langueespagnole.a
Cette version ne prdsente pas de prdface du traducteur, mais Calzadareproduit
un fragment du discours prdliminaire de Voltaire qui semble confirmer le but
moral exprimd dans le titre de la tragddie;
En estatragediaseprocurademostrarque la religi6nde un b6rbaroconsisteen ofrecer
a susdiosesla sangrede susenemigos,
y que la de un verdadero
cristianoconsisteen
mirar a todoslos hombrescomo a hermanossuyos,hacidndolesbien y perdoniindoles
el mal: tal esD. Pedrode Guzmdnen el instantede su muertev tal D. Tuande Guzm6n
en el cursode su vida.
Mais Calzada a oublid de traduire des mots de Voltaire sur les mauvais
chr6tiens.s Il semble y avoir chez Calzada une tendance i adoucir la dure
critique au christianisme - i certains chr6tiens, i wai dire. Il va m6me jusqu'i
ne pas traduire des vers qui font appel i la religion ou i la morale chrdtienne:
par exemple, le regret d'Alzire sur le triste sort des Am€ricains, que Dieu
sembleavoir oublids,6ou des mots de I'hdroine sur le suicide.T
3. Qualia, 'Voltaire's tragic art', p.283.
4. Pour une 6tude en profondeur de cette traduction, ainsi que de I'Elmira de Pis6n y Vargas
(cit6e ci-aprbs), voir Alvarez et Braun, 'Two eighteenth-century Spanish translations ofVoltaire's
Akire: the "connaturalizaci6n' of a text', Studies on Voltaire z4z (1986); les m€mes auteurs ont
6tudi6 aussi X/taira, o la ameicana, etAlziraparT. Bertr6n, dans '"Connaturalizaci6n" in two earlynineteenti-century versions ofYolttire's Alziry', Studieson Vohairez4z (tg86).
5.'Un chr6tien mal instruit n'est gubre plus iuste. Etre 6dble i quelques pratiques inutiles et
infiddle aux vrais devoirs de I'homme; faire certaines pridres et grder ses vices; le0ner mais haii;
cabaler, pers6cuter, voili sa religion' ff okaire, Alzire,'Discours pr6liminaire').
6.
Ne serais-tu le Dieu que d'un autre univers?
Les seuls Europ6ens sont-ils n€s pour te plaire?
Es-ru tyran d'un monde et de I'autre le pbre?
Les vainqueurs,les vaincus,tous ces faiLleshumains,
Sont tous 6galementI'ouvragede tes mains. l4lzire,w,5l
Quoi! du calice amer d'un malheur si durable
Faut-il boire i longs traits la lie insupportable?
Ce corps vil et mortel, est-il donc si sacr6,
Que I'esprit qui le meut ne le quitte i son 916l ftlzire,v,3l
83
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
Mais I'anitude du traducteur n'est pas la m€me i l'6gard de la conduite des
conquistadores. Calzada traduit fidblement, et encore avec des amplifications,
les passagesles plus caractdristiques.Un seul 6chantillon,les mots de I'Indien
Zamor:
lFallecersin la venganza
Y espirara las manosde estasfieras
Malvadasgentesque alimentaEuropa!
cruelesqueseceban
lAsesinos
En la inocentesangre,e insaciables
Del oro que producenuestratierra!
pdrfidose inglatos
lDesoladores
De esteusurpadomundoque conservan!8
Notez, par exemple, que I'expression 'brigands d'Europe' t 6t6 traduite par
'fieras matvadasgentes que alimenta Europa'. Ailleurs, l'dpithBte'peuple barbare' qu'Alzire applique aux Espagnols a donn6 'bdrbaro arrogante pueblo
injusto'.e Cet aspect de la tragddie n'est pas restd inaperqu i Jovellanos,qui
dans son rapport au Conseil de Castille (cit6 ci-dessus) la rejette cornme
offensive pour I'Espagne.
En dehors des passagesi contenu id6ologique,la traduction suit d'assezprds
I'original, bien qu'avec un style emphatique et grandiloquent, e profusion
d'dpithEteset d'exclamations.Nonobstant, ie n'irai pas iusqu'i partager I'opinion
de Men6ndezPelayo, pour qui cette tragddiea eu un plus mauvaislot que les
autrespidcesde Voltaire, 'cayendoen manosdel inhabilisimo D. Bernardo Maria
de la Calzada, que acab6 de estropear aquel supuesto cuadro de costumbres
americanas'.lo
La pidce a 6t6 imprim6e i la fin de mars ou au d6but d'avril 1788, puisque
l'annonce apparait dans le Memorial literario d'awil, avec un long rdsumd de
l'argument; un nouveau compte rendu, avec une dbauche de critique, a 6t€
publid en mars r794.rr Elle n'a pas 6td iou6e sur les th6itres publics.
Une nouvelle traduction de la tragddie, sous le titre de La Elmira, a paru i
M6xico la m€me annde 1788, due iJuan Pis6n y Vargas.Dans une dddicace
le traducteur trace un paralldle entre l'amour filial et le contenu de la pidce. En
P6rir sans se venger, expirer par les mains
De ces brigands d'Europe, et de ces assassins
Qui, de sang enivr6s, de nos trisors avides,
De ce monde usurpd ddsolateurs perfides 1...l Wlzire, tt, rl
9. B. M. de Calzrdr, Tiunfo dt h moral nktiana (Madrid 1788), rv, 4.
r o. Men6ndez P eltyo, Hetemfums,v.z96.
rt.Le Manoial literaio d'avril r788 (p.6oz-6o3) ne contient qu'un extrait de l'argument, sans
la critique est assez
des consid€rations sur la piEce. Dans le Manoial de mars ry9a $.46a'6i,
(Esta
es una pieza de bastante m6rito. [...] Se pueden admirar en toda ella excelentes
favorable:
rasgos po6ticos, dignos de las vimrdes e imitaci6n de los cristianos.'
4. Trad,uaionset ad"aptations
dehors de l'6dition cit6e la m€me traduction se trouve dans deux manuscrits: ir
la Bibliotecamunicipal de Madrid (ms.ro8-r6 bis) et i la BibliotecaMendndez
Pelayo de santander (ms.zr8). Les deux copiessont anonymesmais, comme
dans la version publide le nom du traducteur apparait sans aucun doute,
cette
Elmira n'est pas celle que Moratin attribue i Anionio Valladaresde sotomayor,
aftribution reprise par Qualia. t2
Des deux copiesmanuscritesla plus int6ressanteest celle de Madrid, puisqu'elle contient les censurespour la reprdsentation,datdesenffe le
3o octobre
.t le 8 novembre 1788. ces censures correspondentau vicaire d'e Madrid,
cayetano de la Pefra y Granda, au censeur eccl6siastique frdre Angel
de
Pablo Puerta et au censeurlittdraire santos Diez Gonzi],r. L., censures
des
eccldsiastiques n'ont rien de particulier; par son jugement sur la pidce
est
beaucoupplus int6ressantecelle de don Santos:
He vistoestatragediaz a Elmira cuyaacci6nnoble,verosimily bienurdida;la dicci6n,
las
costumbres
y caracteres
de lospersonajes,
y los dem6sadornlspodticos,su composici6n
original,imitaci6nde nuestrosusosnacionalesy otrascircunsiancias no se hallan
iu.
en las piezascuyosargumentosse toman de la mitologiao historiaa6"io*,
la hacen
dignadel teatroy merecedorade la licenciaque solicital
Pourvue des licences n€cessairesla trag6die a 6ti jouie le rz et r3 ddcembre
r788 sur le thditre de la cruz, et a une datenon connuesur celui duprincipe.13
Le Memorial literaio a insdr6 un bref compte rendu de la repr6sentation:
Sobresale
el contrastedela religi6ny el cardcternobley generosodeAlvarez;haysituaciones muy tiernasy lancesinesperados;
est6bien seguidala trama con mucho interdsy
propiedad,aunquela soluci6no cat6strofe
pareci6allo inverosimily viotenta,lorpresen_
tarsea Guzmin en el teatromuy habladoriuando sesuponequeest6espirandoy parecer
demasiadamente
estudiaday prevenidasu muertea loso|osa"r .rp..tra'*. il
La pidce avait €td joude auparavanti Mdxico, i I'occasion d'une reprdsentation
extraordinaire pour f€ter I'anniversaire du vice-roi Manuel Antonio Flores,
le
zz mai r788.rs
La tragidie ne pr€sente pas la division en scdnesi I'int6rieur des actes.
_
Quoiqu'elle rdponde i la disposition de I'original, la traduction est assezlibre.
Les vers sont henddcasyllabesnon rim6s. Les noms de plusieurs personnages
8. Comparez i:
8+
rz. Femindez de Moratin, 'catilogo de piezas dramiticas publicadas
en Espaia desde el
principio del siglo XVIII hasa la 6pocapresenti', daLns
Bihliotccadc o*-"
npiaiio-liilri;d
r86o- ),
p.33r 2; Qualia,'Voltaire's tragic art', p.z8 r -82.
!
pames au Diaio fu Madid et au Memorial litetanb: voir Coe, Catdlogo
,,.11._?"T.:rI:.1"Totl:*
htbl,qgrdfico
J ffitico dc las comediasanunciadas n losperiildius de Madid thdz 166r hata rgig
(Baltimore 1935), p.8e.
r4. Cit6 par Coe, Catdlogo,p.82.
r5.voir Enrique olavarria, Resefiahistr6ica dzr tearro en
(Mdxico 196r), p.67; citi par
!r6x!eo
Alvarez et Braun, 'Two eighteenth-century Spanish translanons.,
p.r43.
85
Voltaireen Es\egner7j4-r8j5
etZamore, Macoya'
ont 6td modifi6s: Alzire est Elmira, Montdze est Mozoco,
Alvarez et
municipal,
la
Biblioteca
de
la
copie
dans
et
Dans le texte imprim€
Mendndez
Gusman conserventleurs noms)tandi.sque danscellede la Biblioteca
prl;y; ils s,appellentGuzmin Padre et Guzmin Hiio. Encore une diff6rence
proc6d6 trbs utilis€ dans les
a"r,, ..n. .opi.' t" fin de la pidce pr€sente un
chorale oir
comddies espagnolesdu siicle d'or, sorte de captatiobennolentiae
particiPenttous les Personnages:
lastimosa
escena
Y acabeaquesta
gracias'
ddndoleal altoDios inmensas
traductions d'Alzire
Sous le m€me titre d'Elmira existent trois nouvelles
Elmira americana'
'La
identiques: un manuscrit de la Biblioteca municipal'
o la ameicana'|es
Elmira,
intituldes
de Valence
1-,.,o's-,0;, et deux dditions
Ia traduction
Probablement
irois dat6es de r8zo et sans indication d'auteur.
€ ta i t pr €t eenr 8r r , p u i s q u ' e l l e a € t€ j o u 6 e a u c o u rsdecetteann€e.l 6C ette
est sans doute celle
tr"duttion, non mentionn6. p", Moldenhauer ni Qualia'
consult6s
exemplaires
des
I'un
si
m€me
que Moratin attribue i Valladares,
en vers
est
La
traduction
Sabifi6n''
i la main, 'por D. Antonio
frort.,
une
avec
";o.rtd
scen€s,
et
en
actes
la
division
pr6sente
irendecasyllabesblancs. Elle
la
que
dans
nom
m€me
le
portent
personnages
scene aloutde au d6but. Les
par
celui
le
sien
qui
change
d'Alvarez,
traduction prdc6dente, i I'exception
Tello Guzm6n' La
d'Alvaro Guzmfn, et ie Gusman, qui s'appellemaintenant
introduire des
va
traducteur
du
libertd
iusqu'i
La
traduction est tras [bre.
le gouverremani6:
6t€
a
surtout
d6nouement
Le
modificationsde I'argument.
par
touch6
I'Indien'
mais
Elmira'
donne
lui
et
,.r..r, .rp"gnol pardoine Macoya
i Elmira, si bien
i" ge.6;"ite d. T.llo, se convertit au christianisme et renonce
1ed€nouement
Voili
P6ruvienne'
la
et
Tello
de
par
le
mariage
qu? l" pie.. finit
postdrieure'on
qui
est
manuscrite'
copie
la
dans
imprim6es;
d"n, 1., versions
a modifid la texte pour revenir i la fin de la tragddie de Voltaire' .
de la pidce de
La mise en sceneest fasnreuse,en opposition i la simplicit6
Dans la traduction
voltaire, dont I'action se ddrouledansle palaisdu gouverneur.
luxuriante avec des
la scene doit reprdsenterau premier acte une campagne
qu'au quatriBme,
.o.oti"rs, des palmiers et d'autres arbres exotiques' tandis
et un d6fil€
temple
lors de la c€rdmoniedu mariage,on doit voir Ie portique d'un
et
filles
espagnoles
de groupesde ieunes
de tous les personnag"r,
"..o-p"gn6s
indiennescouronndesde myrte et de iasmin'
C et t et r ag€diea d t6 j o u d e a p p a re m m e n te n r8 zo,carl acopi edel aB i bl i oteca
th6itre de la Cruz'
municipal p"orteIa liste de disiribution avecles com6diensdu
(}1la/Jid rgoz), p.327' note'
r6. Cotarelo, IsidoroMdiquez y el teato dc su tianpo
86
4. Trad,uaionset adaptations
Mais on n'a pas de renseignementsde cettepossiblereprdsentation.Par contre,
une Elmira, identifi€e par Cotarelo avecl"Elmira americana',a dt6 iou6e sur le
m€me thdAtrelez4 juillet r8r r et le r3 novembrer8r3.17
Manuel de Sumalde est I'auteur d'une traduction manuscrite,conservdei la
Bibliotecadel Instiruto del teatrode Barcelone(cote82.969)et intitulde 'Alzira'.
Le manuscritavaitappartenui Cotarelo,qui le d6crit, mais 6crivant'Sunsalde'
au lieu de'Sumalde'.tu Ce nom apparaiti la fin du manuscrit,avec la date de
r 79 r . Les personnagescorrespondenti ceux de la pibce originale,avecla petite
diffirence d'avoir leurs noms espagnolis6s;
la pidceprdsentela division en actes
et scines et la traduction est en vers henddcasyllabes
i rime assonantedans
les vers pairs. On n'a pas de renseignementssur une publication ou des
reprisentations de cette traduction. Moldenhauer en fait mention en citant
Cotarelo, mais sansen donner le titre; Qualia en parle un instant, sansdire sa
source,qui est sansdoute Cotarelo,car il rdpdteI'erreur'Sunsalde'pour le
nom du traducteur.re
Un certain T. Bertrdn, peut-€tre Tomis Bertrdn y Soler, est I'auteur d'une
nouvelletraductiond'Alzire,parueen tSzz i Barcelonesousle itreAlzira. Surla
pagede Utre on peut lire une citation de Voltaire: 'On peut traduire un podte en
exprimantseulementle fond de sespens6es.'On est tent6 de croire que I'auteur
a mis la citation pour iustifier d'embl6eleslibertdsqu'il auraitpu prendre dansla
traduction; cependant,sa versionn'est pas trds iloignde de I'original. La note la
plus caractdristiqueest une certaine tendancei I'amplification.La division en
acteset scdnessuit d'assezprds celle de I'original et les personnagessont identiques.La traduction est en vers hend6casyllabes
i rimes alternes.Une note mise
en tete de la pidce ('Esta y las dem6sque se irrin publicando sucesivamentedel
mismo autor son propiedadde Bertrdn') laissesupposerque le traducteur, tres
probablementle m0meque I'anndeprdcddenteavaitdonndune versionde,illahomet(voir ci-dessous),avaitle proiet de publier d'autresouvrages,sansdoute des
pidces,projet qui n'a jamais6t€ r6alis6,peut-€tre i causedu renforcementde la
censureapris la pdriodelib€ralede r 8z r - l8z3.
La derniEre des traductions datdes est I'intitulde Telasco,o el triunfo de la fe,
parue i Barcelone en 1833. Le traducteur signe avec les initiales A.G., qui
correspondenti l'dcrivain Antonio Gironella, une priface didide i son ami
WenceslaoAygualsde Izco oi il fait plusieursconsid6rationssur la pidce (p.i):
L,ntretodaslasproducciones
quehansabidollevarmdsleios
de loshombresportentosos
cn el coraz6nhumanolos efectosdel escozorpoitico, sin duda mereceun lugar
distinguido6staque he queridotrasladara nuestraescena,
no s6lopor lo lastimoso
y
t7 . Cotarelo,Mdiquez,p.732, 76o.
18. Cotarelo,Mdiquez,p336, n.5.
rg. Moldenhauer, 'Voltaire und die spanischeBiihne', p.rz8; Qualia,'Voltaire'stragic art', p.283.
87
r7j4-r8j5
Voltairem Espagne
aflictivo, que en otras quiz6s es mds cruento, pero bien por la extraordinaria brillantez
de las situaciones,por zu novedad inesperaday, sobre todo, porque ni en antiguos ni en
modernos se puede encontrar su modelo o su imitaci6n.
Aprdsun dlole i la littdraturefrangaise('la literaturade los Boileaus,Corneilles
y Racineses la primeradel mundo'),il insistesur les difficultdsde la version,
sur le mdtre utilis6,les licencesqu'il s'estpermises'etc. A signalerqu'il ne
nomme m€me pas une fois Voltaire; il termine sa pr6faceen indiquant les
raisonsde la traduction(p.xiv-xv):
es preciso confesar que los francesesson los que han sacadoel meior partido del estudio
deja fiteratura universal. Yo, criado en tales principios y embebido en tales ideas, me he
atrevido a este ensayo,a fin de dar meior a conocer el genio creador de la sabia Lutecia,
para que a fuerza de buenos modelos lleguemos quiz6s algrin dia al deseadonivel.
Le traducteur a introduit plusieurs modifications dans le texte; la plus
importante Se trouve au d€nouement. Sur le point de mourir, le gouverneur
espagnol dit i I'Indien: 'Telasco, sd cristiano,' i quoi il rdplique: 'Si, ya cristiano
soy ... tu voz me guia / y tu sublime eiemplo me convence' (acte v' scene
dernidre).Cette conversionn'est pas dvidentedansI'original et le traducteur en
avait averti dans sa prdface ('haciendo ostensiblela conversi6n del protagonista,
porque para nuestras costumbres es m6s satisfactorio' (p.tt)). Le traducteur a
ihangd les noms de tous les personnages,qui sont: Almagro (D. Alvarez), D.
Gonzalo (Gusman), Telasco (Zamore), Ataliba (Montdze) et Amasili (Alzire).
Et il fait glisser I'int6r€t dramatique de la protagoniste f€minine Amasili i son
amant Telasco, qui pr€te son nom e h tragddie. La traduction a 6t6 faite en
vers henddcasyllabesassonantsi rime alterne.
En plus des traductions imprimdes il existe une version manuscrite, incomplEte, d'Alzire, sous le titre 'Los americanos', qui se conserve i la Biblioteca
nacional.Il s'agit de la prosificationde la premiBre scenede I'acte l, qui rend
visiblementtoutes les id6es de I'original. Les personnagessont les m€mes que
dans la trag6die de Voltaire. On ignore le nom du traducteur de ce fragment,
qui est mentionn6 par Moldenhauer et Qualia, quoique celui-ci semble croire
que la traduction soit compldte.20
Brutus
Dans un cadre bien classique cette tragddie est notamment une critique de la
monarchie absolueet une glorification desvertus rdpublicainesdans la personne
de Brutus.
La plus ancienne des traductions a 6t6 publide en 1758 i Amsterdam, par
zo. Moldenhauer, 'Voltaire und die spanischeBiihne', p.rz8; Qualia,'Voltaire'stragic art', p.283.
88
4. Traduaions et adaptations
un certain Beniamin Garcia. C'6tait un juif d'origine portugaise, hatan bereschit,
ou lecteur de la Gendse, i la synagogued'Amsterdam.2rCette tragddie a 6t6
une des pidces iou6es sur le thditre de la communautdsdpharditede la ville;
malgr6 une composition i majoritd portugaise, une grande partie des piEces
mises en scdne appartenaient au th60tre classiqueespagnol.Voltaire a possdd€
un exemplaire de cette traduction, cas unique dans sa bibliothdque.22
Dans sa prdface le traducteur signale les raisons et les difficult€s de son
travail; il a essaydde rester fiddle i l'original mais, i certains moments, il a d0
supprimer ou modifier quelques phrases, du fait que
asiporqueen el idiomaespafrolno satisfacian
los derechosdel ordenregular,comopor
abrir caminoa otrasa que la mediday disposici6ndel versome obligarona aumentar
en otroslugares,porquesin estearbitrio me exponfaa que mi traducci6nocupasem6s
tiempo que el que el buen orden permite a un poemadram6tico;pero sin embargo
protestoque en nadame he apartadodel principalsentidodel original.23
Quoiqu'il estrestdfiddle au contenude la pidce,I'aspectexternede satraduction
est ffes 6loign6 de la tragddie de Voltaire. La traduction garde les cinq actes,
mais sans la division en scenes;les personnagesprincipaux conserventleurs
noms, mais le traducteur a changd ceux de certains personnagessecondaires,
'por ser que no se aiustabana mi gusto con la pronunciaci6nespaflola'.2a
Mais
la plus grande nouveautd de la traduction, ce qui surprend immddiatement le
lecteur moderne, est que le langage et le style appartiennent i la comedia
espagnole du dix-septidme sidcle. Au lieu des alexandrins franqais ou des
henddcasyllabesutilisis dans les tragddiesespagnoles,la piEce offre toute la
gamme m€trique de I'ancien th6dtre: silves, dizains, quatrains, romances.Il faut
chercherla raisonde l'dtrangesurvivancede cesformesddsudtesnon seulement
dans le gofft personnel du traducteur, mais dans ce fait que le public i qui B.
Garcia offrait sa pidce dtait habitud i ce type de th6itre. La seule diffdrence
avec la comidie espagnolese trouve dans le ddnouement, qui se termine sans
I'avertissementau public de la fin de la pidce et la demande de pardon. Le
traducteursedoit cependantde iustifier cettelicence:'no hallo que seanecesario
advertir al auditorio que alli dio fin la comedia, pues eso los lances lo dicen, el
mismo fin lo demuestra y los representantesdeiando desamparadoel teatro lo
dan a entender'.2sComme exempledu ton et du style de la tragddie,on peut
citer les mots que Tulia, d6pitie, dirige i Tito:
zr. Voir Praag, 'Une traduction espagnole inconnue du Brutus de Voltaire', Rasuede littirature
cornperler6 (r936), p.r75.
(Moscou, Leningrad r96r), no.34g7.
z.z.Yoir Bibliothique dc Voltaire:catahguedes lizsres
4.Cit€. par Praag,'Une traduction', p.r78.
24. Cit€ par Praag,'Une traduction', p.r 78.
25. Citi par Praag,'Une traduction',p.r79.
89
4. Traduaions et adaptations
VoltaireenEspagrer7j4-r8j5
Ya basta, fiero, tirano
que me cansa,vive el cielo,
ver tan frivolo recelo,
ver escrripulotan vano.
T6mate, ingrato, ru amor.
que al mfo ha dado escarmiento;
t6mate tus iuramentos
falsos como tu, traidor.
Y aunque mudable te encuentro,
esteaplausoa que te inclino
ir a gozar no imagino
de la Italia alld en el cenffo:
ni a llorar triste y ausente
en brazosde un duefro ajeno,
esteamor, o esteveneno,
que introdujiste en mi mente.26
Le polygraphe des Canaries Josd Viera y Claviio est I'auteur d'une nouvelle
traduction de la tragddie, sous le titre Junio Bruto', eui se conserve en
manuscriti la Bibliotecamunicipal de SantaCruz de Tenerife. Le manuscritest
autographe,soigneusement€crit et orn6 de petits dessins.Il est dati de r8oo.
La traduction est peu remarquable: dcrite en henddcasyllabesblancs, elle
s'adapteparfaitement i l'original aussibien dans le texte que dans la disposition
des acteset des scdnes.
Beaucoup plus tard, en r8zo, a paru la traduction de Brutus par Eugenio
Eulalio de Guzmdn Portocarrero; mais si l'on tient compte de la page de titre,
la traduction aurait 6t6 pr6te en r8o5. Dans l'6dition de r8zo la pidce est
attribude au comte de Teba et, dans une nouvelle 6dition de r8zz, au comte
du Montiio: il s'agit,en fait, de la m€me personne,onclede la future imp6ratrice
des Frangais.La seulediffdrenceentre les deux 6ditionsr€side dansla priface.
La premidreest due i B.F.C., qui auraitaid6le comtede Teba dansla traduction,
s'il faut en croire encoreune fois la pagede titre. Son contenu,cependant,partage
les m€mesid6eslib6raleset contrairesi la tyrannie que le traducteur lui-m€me
exposedansla pr€.facede la seconde6dition. La traduction est en vers henddcasyllabesi rime plate, car, d'aprdsle traducteur,ce type de rime 'es m6s fdcil de
imprimirse y conservaren la memoria'. La distribution en acteset scEnes,ainsi
z6.Comptez i:
9o
Ahl c'est trop essuyertes indignes murmures,
Tes vains engagements,tes plaintes, tes iniures;
Je te rends ton amour, dont le mien est confus,
Et tes trompeurs serments,pires que tes refus.
Je n'irai point chercher au fond de I'Italie
Ces fatales grandeurs que ie te sacrifie,
Et pleurer loin de Rome, entre les bras d'un roi,
Cet amour malheureuxque i'ai senti pour toi. [Brutus,w, zl
que les noms despersonnages,correspondenti ceux de l'original.
Eu 6gard aux caractBresde la tragddie, qui est une attaque violente contre le
despotismede la monarchie absolue et un chant i la libert6 de la r6publique, on
peut s'expliquerle retard dansla publication et la date oir elle a vu le iour, c'esti-dire, pendant le triennat libdral. L'intention du comte du Montijo apparait
explicitedansla d6dicacequi prdcddela tragddiedanssa seconde€dition:
Al puebloespafrol.
El deseode extenderen el puebloespaiolciertasverdades
de que
dependesu felicidad, me hizo emprenderesta traducci6n,sin arredrarmetamafra
persuadidode quesiemprequedariangrabados
empresa,
en el coraz6nde miscompatriotaslos dogmaspolfticosen que se flundasu bienestar.
[...] Seguro,pues,de que no ha
sido enteramenteinritil mi trabajo,me he animadoa hacer estasegundaimpresi6n.
Plegue al cielo contribuyaeficazmentea inspirar a mis compatriotasel horror al
despotismoen cualquierespeciede gobierno,puesno hay alguno,por libre que sea,
queborredel hombrela ideade sobreponerse
a losdemds,si le esposible.
Dans la trag6dieabondentles attaquesi I'absolutismeet mCmei la monarchie.
Ainsi, en se rdfdrant au lien €tabli entre le souverain et son peuple, Bruto
r6plique i I'envoyd du roi Tarquin:
No nosvengasa hablarde unosderechos,
quepor su mismaculpaestdndeshechos.
Los nrimenes
sagrados
ofendidos
deshicieronlos lazoscontraidos;
#ffil::'.':ffiTfi
o'",lT:tE-",
t..1
Desde el punto que faltan a las leyes
el pueblo es libre, infieles son los reyes.27
Irt plus tard, Bruto lui-m6me s'en prend i la monarchie hdr€ditaire et, en
g6ndral, i toute espdce de gouvernement oir la succession est assurde par
I'hd16diti:
El que 'Iito lo hubiera conseguido
de muy dafrosoeiemplo hubiera sido:
tal premio por herenciase daria,
y pronto un hilo indigno se creerfa
segurosin haberlo merecido.
El riltimo Tarquino prueba ha sido:
z7. Comparezi:
N'all6guezpoint cesnceudsque le crime a rompus,
Ces dieuxqu'il outragea,cesdroitsqu'il a perdus.
Nous avonsfait, Arons,en lui rendanthommage,
Sermentd'ob6issance,et
non point d'esclavage.
Et, dbsqu'auxtoi, a"tnol" il ose6treinfidile,
Romen'estplussuiette,et lui seulestrebelle.lBntus,t, z\
9r
r7j4-r8j5
VoltaireenEspagne
:f;::,""'
;Lr;xltrfi
:,';il.l'*lf
L'intentionnalitd politique de la traduction du comte du Montiio estbien ddfinie;
le suiet de la trag6die comporte d€ji cette intention, qui se voit nettement
confirmde par la d6dicacedu traducteur aux lecteurs.
dc Guiary
Charlot,ou lo Comtesse
Cette pidce,une des moins connuesde Voltaire, est placdei l'6poque de Henri
lV et retrace un petit drame de famille, avec un meurtre involontaire et une
reconnaissancesurprenante, le tout agr6ment€ de la prisence du roi.
Une traduction anonyme et rddig6e vers la fin du dix-huiti€me siicle se
conservesousforme de manuscriti la Bibliotecanacional:elle s'intitule'Carlos,
o la condesade Guiri'. Dans son catalogue(no.5oz), A. Paz ne I'attribue pas i
Voltaire. Le manuscrit, en tris mauvais itat, se lit difficilement. La pidce
conserve les trois actes de I'original, mais le vers a 6t6 remplac6 par la prose.
Quant aux personnages,leurs noms ont 6t€ adaptdsi I'espagnol,et celui de
Charlot perd son hlpocoristique pour devenir simplementCarlos'
Le Dipositaire
C'est une com€die qui offre I'int6r€t de la pr€sencede Ninon de Lenclos dans
le rdle inattendu de tutrice de deux ieunes gens: elle ddioue les artifices d'un
vieux bigot qui essaiede s'approprier de leur fortune.
La seule traduction de cette comddie se trouve manuscrite i la Biblioteca
nacional: 'El depositario'.Le texte n'est pas datd mais la pidce a comme page
de titre une feuille de papier timbr6 avec la date de r8zr. Le texte est sans
intdr€t. D'auteur inconnu, la traduction est en prose (la comddie de Voltaire
avait emprunt6 le vers), les personnagessont les m€meset elle suit de trDsprEs
I'original, mais dans un style peu soign6 et plein de gallicismes.
L'Ecossaise
C'est une comddie en prose, au cadre anglais,qui doit surtout son succdsen
France i la satire que Voltaire y fait de son grand adversaireElie Frdron.
28. Comparez i:
92
Croyez-moi, le succEsde son ambition
Serait le premier pas vers la comrption.
Le prix de la vertu serait h6r6ditaire;
Bient6t I'indigne fils du plus vertueux pere
Trop assuri d'un rang d'autant moins m€rit6,
L'attendrait dans le luxe et dans I'oisivet€.
Le dernier des Tarquins en est la preuve indigne.
Qui naquit dans Ia pourpre en est rarement digne. lBrutus,tt,4l
4. Tra"dudionset adaptations
Cette pidce au sujet assezbanal, mais trds bien faite, a attir6 I'attention de
deux grands dramaturgesespagnolsdu dix-huitidme sidcle:Tomds de Iriarte
ct Ram6n de la Cruz. Le podte et auteur dramatique Iriarte a publii en 1769
une traduction de cette comddie, mais sans faire mention ni de son nom ni de
celui de Voltaire. Elle dtait destinie, i ce qu'il parait, i la repr6sentationsur la
scdneroyale du Teatro de los RealesSitios.2eMalgr6 I'anonymat,la paternit6
de cette traduction n'6tait pas inconnue dans les milieux littdrairesde I'ipoque.
Ainsi,Juan Pablo Forner, ennemi d'Iriarte, dans sa satireLos gramdticos:histoia
chinesca
fait r€fdrence d La escocesa,'comedia
del piadoso e inocente Voltaire
trasladadaal castellanopor yo no sd quiin'.30 La traduction esten prose,comme
I'original, dans un style soutenu digne de la catdgorie littdraire du traducteur.
La dispositiondes acteset des scdnesrespectecelle de Voltaire et les personnages sont les m€mes,i l'exceptiondes noms, qui ont 6t6 adapt6si l'espagnol.
La seconde traduction a paru aussi doublement anonyme,mais elle est de
Ram6n de la Cruz. Elle a 6t6 ioude pour la premidre fois le zr iuin r77r sur le
th66tre du Principe i Madrid.3t On possddedeux dditions difliirentes, faites i
Barcelone,non dat6eset avecla mention qu'il s'agit d'une secondeddition. La
premidre ddition reste inconnue €t probablement elle n'a jamais exist6. La
comddie est publiie comme traduite de I'anglais,peut-etre parce qu€ Ram6n
de la Cruz a 6t6 h dupe de Voltaire, qui avait affirmd avoir pris son texte de
I'anglais.La traduction est en vers octosyllabes,lorsque la pidce de Voltaire est
cn prose: c'est un procddd assezcourant dans le thditre espagnol du dixhuitidme sidcle,qui prdfEre,et de beaucoup,le vers i la prose.Quoiqu'il existe
une Ecossaise
en vers, auvre de Nicolas Lagrange $76r),la com€die de Cruz
n'a aucun rapport avecelle. Dans la traduction I'on a respectdles cinq actesde
I'original, mais sansla division en scdnes(inusuelle,d'ailleurs,dans le th6Atre
traditionnel espagnol). Les personnagessont les m6mes, avec leurs noms
adaptis, et le texte, i quelquesexceptionsprds, rdpond ir celui de Voltaire.
La com6die a 6td joude pour la premidre fois i Madrid en ry74 elle a 6td
rcprise sans doute en ry75, d'aprds les copies avec la distribution pour cette
annde,conservdesi la Bibliotecamunicipal de Madrid. Une Escocesa
- assur6ment dans la version de Ram6n de la Cruz - a €t4,iou6e sur le th€itre de
llarcelone une dizaine de fois entre 1774 et r7gz.32La version de Cruz a dtd
29. Cotarelo, Iiarte y su epoca(Madrid r 897), p.69-7o.
(6d. Polt), p.r3 r.
3o. Forner, Los gramdticos
3r. Cotarelo, Don Ramrin dz h Cruz y susobras: ensayobiognifeoI bibliogrdfn (Madrid 1899),
p.r07.
12. Par ('Representaciones teatrales en Barcelona durante el siglo XVIII', Boktin dt la Real
.l,uiemia apaiola t6 (Igeg), parsrrr) signale les dates suivantes: t7'14, 1775, t777, t778, t77g
(toutessanspr6cision du iour); 4 mai ry83, zo octobre r786, 6 mai r789, 8 juin rygt, z7 jtnvier
t7q2.
93
Voltaireen Espagter7j4-rBj5
donn6e aussi,i plusieurs reprises,i Sdville: sept fois du mois d'awil r774 au
mois de fdvrier 1775.33Au ddbut du dix-neuvi0me sidcle la com6die a 6td
reprise i Madrid: le 3r aott rSor au thditre de la Cruz; le rer, 2,8 et ry
octobre et le rer d6cembre r8o3 sur celui des Cafrosdel Peral; et le r8 et 19
ddcembre r8r4 sur celui du Principe.3a
L'Indiscret
C'est une petite com6die i sujet amoureux, dans le style de Marivaux.
La seule traduction de cette pidce, sous le titre 'Don Amador', est I'Guwe
de C6ndido Marfa Trigueros. Elle n'a pasit6 publi6e,mais son existencen'6tait
pas inconnue i I'dpoque.3sIl en existe deux manuscrits:un, autographe,i la
Biblioteca nacional et I'autre i la Biblioteca colombina de S6ville. La source
n'en est pas signal6edans le cataloguedePaz ni dans la liste des ouvragesde
Trigueros dtablie par Aguilar Piflal.36La comddie €tait ddii traduite le zz mai
r768, date de la prdfacedans le manuscritde S6ville.3?Trigueros y a introduit
une modification importante en transformant I'acte unique de I'original - trds
long, avecvingt-et-un scEnes- en trois actes de dix, onze et huit scdnes,ce qui
a obligd le traducteur i ajouter plusieurs situations et ir compliquer un peu plus
l'argument, mais sans trop s'dloigner du texte de Voltaire. Cette traduction est
en vers octosyllabesi rime alterne assonante.Les principaux personnagesont
eu les noms modifidspour leur donner un air espagnol:Damis est devenuDon
Amador; sa mdre Euphimie, Dofra Maria; et sa fiancdeHortense, Dofla Rosa.
La prlface qui se trouve en tOte du manuscrit de Sdville reprend la forme
d'une lettre dirigde'a mi S.D.G.O.', initiales qu'Aguilar Pifral identifie i celles
de Gracia, ou Engracia, Olavide. Scur du c6ldbre Pablo, assistantde Sdville,
elle 6tait le centre du salon que celui-ci tenait chez lui.38 La lettre-prdface
contient des iddes trds int6ressantesdu traducteur i l'6gard de la comddie, i
laquelle il accordeun effet moral, d'€cole des vertus:
La Comediatiene por objeto principal reprehender,retratary hacer ridicula aquella
clasede viciosque s6lopuedenarrancarsede en mediode la sociedadhaciendocon sus
33.Le zg et 3o avril, le rer, z et zo mai et le z9 d6cembre 1774, ainsi que le 4 fdvrier 1775:
voir Aguilar, Seuillay el teatroen el sigloXWII (Oviedo r 974), p.285.
34. Cotarelo, Mdiquez, p.63o, 647-48, 769.
35. Sempere (Ensay dc una biblioteca apanola dc los mejora esctitoresd"el reinado dc Carhs III,
Madrid r785-r789; r6impression,Madrid I969, vi.ro4, s.v.'Trigueros') signaleparmi sesouvrages
un 'D. Amador, comedia imitada de h francest L'Indisoet' .
36.Paz, Catd.logo,no.3764; Aguilar, 'La obra "ilustrada" de don Crindido Maria Trigueros',
Rnista de literatura 34 Q968), p.33.
37. Voir le texte de la prdface dans notre appendice L.
38. Aguilar, 'La obra ilustrada',p.33; Defoumeatx, Olaoidt,p.2go-gr.
94
4. Tradudions et adaptations
pinturasy sdtiras,que muevenla risa,que los que tienenaqueldefectoseanmofadosy
por el restode los hombres.
escarnecidos
Comme il considdre que I'indiscrition est un des grands vices des Espagnols,
il s'en est propos6 la peinture, en insistant sur ce que le caractire de son
personnage est trds r6el. Mais il n'a pas la pritention de s'en attribuer la
paternitd et il ddclare ouvertement:
No puedodeiar de advertirque el autor de Zaiday deAlcira me dio la primeraideade
estacomedia.La suyaI'Indiscray mi D. Amalnr son una misma.Como estecdlebre
escritor es uno de los m6s libres de preocupaciones
nacionales,y de quien m6s
propiamentese puededecir que escribepara el gdnerohumano,tuve poquisimoque
hacerparaespafrolizar
estedrama.
Il va sansdire que dans le cercle d'Olavide la figure de Voltaire 6tait trop connue
pour qu'il ffit ndcessairede le nommer.
Le Fanatisme, ou Mahoma le prophite
Disposdesur I'dpisodede la prise de la Mecque par Mahomet, cette tragddie
cst une diatribe contre le fanatisme religieux, i I'occasion musulman mais
parfaitement transf6rable dans le monde chrdtien.
Il existe dans la Biblioteca nacional un fragment manuscrit d'une traduction,
cuvre de Tomds de Iriarte. Ce ne sont que les quinze premiersvers de la piEce
(acte I, scdne premiEre).La traduction est faite en henddcasyllabes
blancs et
suit de trds prds I'original. Le traducteur n'a pas termind son travail, i ce qu'il
parait, car il n'y a aucune r€fdrence de cette version dans les ouwages de
l'6poque. Il l'a commencdeprobablement au temps oi il menait i bien des
traductionspour le r€pertoire du Teatro de los RealesSitios, c'est-i-dire, vers
t77o. Le fragment a 6td publid par E. Cotarelo dans son 6tude sur lriarte.3e
FranciscoRodriguez de Ledesma est I'auteur de la premidreversion publide
,JuMahomet, parue en 1794 sous le titre Elfako profetaMahoma. Elle ne porte
pas le nom de Voltaire, et celui du traducteur se cache sous des initiales.
Moldenhauer ne signale pas cette traduction dans son 6tude. Une seconde
idition, parue ) Barcelone sans date, mais du d6but du dix-neuvidme sidcle,
cst sansdoute ant6rieurei la prohibition inquisitorialede r8o6.
La dispositiondes acteset des scdnesest identique i celle de I'original; les
pcrsonnagessont les m€mes, avec leurs noms espagnolisds.La traduction est
cn hend6casyllabesblancs. Dans des notes au bas de la page le traducteur
signaleles attitudesi emprunter par les acteursdans la reprdsentation,qui ne
se trouvent pas dans l'original: 'sorprendidoy enoiado','tfmido y consternado',
39. Cotarelo, Iiarte, p.5r 5- 16.
95
4. Traduaions et odaptations
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
'con maiestady cierto aire misterioso','reconociendosu maldady atormentado
de remordimientos',etc. En t€te de la pidce- seulementdansl'ddition de ry94se trouve une lettre dddicatoire du traducteur i Juan de Morales, conegidor
(magistrat supr6me) de Madrid et iuge protecteur des th6Atres, oir il met en
relief les difficultds que comporte la traduction de tout texte podtique et il
exprime son disir que sa traduction contribue i la rdforme du thdAtre. Il espdre
que sa traduction n'aura pas perdu 'los rasgosde hermosura y grandezaque
ponen al original en el distinguido nfmero de las obras maestrasde esta clase'.
La traduction suit de trbs prds I'original, m€me si I'auteur se permet ici et li de
petites variations qui n'arrivent pas ir modifier les pensdes de la tragddie
voltairienne.
La pidce a itd jouie sur le thiAtre de la Cruz de Madrid le z5 iuin rTgstno
une copie manuscrite avec la distribution pour cette reprdsentation se conserve
i la Bibliotecamunicipal de Madrid. Il faut identifier i une com€diede Francisco
de Rojas, et non i la tragddie de Voltaire, El folso Mahoma, ou El foko profeta
Mahoma,joud i Toldde en ry64, ry7r et r773,at de m6me que la pidce intitulde
El fonatismo,ofalso profetaMahoma1 conquistade la Meca que les spectateursde
Barceloneont pu voir en ry7 S et ry7g.n2
On doit attribuer DrTom6s Bertr6n y Soler la traduction en prose de cette
trag6die parue i Barcelone en r 8z r sousle ntre Elfanatismo. Cela se ddgagedes
initialesT.B. y S. de la pagede titre et du fait que le m€m€auteura publi6,I'ann6e
suivanteet dans la m6me imprimerie, sa traduction d'Alzire. Cette traduction suit
de trds prEsI'original, exceptdl'utilisation de la proseau lieu du vers.
La traduction de Mahometpar Dionisio Solis, que Menindez Pelayo qualifie
de 'nada lulgar',a3 n'a pas lu le iour et se conserveen manuscrit i la Biblioteca
nacional. Quoique dans la pidce le nom de Solis n'apparait pas, Paz la lui
attribue, mais sans signaler que c'est une traduction de Voltaire.e La piEce a
6t6 terminde au plus tard en avril r826, date des censures- ndgatives- aioutdes
dans le manuscrit. Il est fort probable que la causeprovienne des vers marquds
d'une croix sur la marge qui font r6f€rencei l'dgalitd parmi les hommes et i
l'attitude des gouverneurs:
Los hombressoniguales;no esla sangxe,
la virnrd es no mdsquienlos distingue;
y los queformaen su piedadel cielo,
4o. Cotarelo, ,44diquez,p.568.
4 r . Voir Montero, 'El teatro en Toledo en el siglo XVIII', Rarrstc dcflologia espaioloz6 Q94z),
p. 4r r - 6 8 .
p.338, 343.
42. Signal6epar Par, 'Representaciones',
v.z96.
43. Mendndez P elayo,H eterod.ottos,
44. Prz, Catdlogo, no.z | 7g.
96
todo Io son por si, nada por offos.
t..l
Consideraqui6n eramosy mira,
Zobeir,lo que somos.Ciegoel vulgo
:o lilil,.lf
;::.0.'.T,T:ff.:"i:;"
grande,quele engaffa
o quele oprime.as
La pidce suit la dispositionen actes et scdnesde I'original et les personnages
sont les m€mes. La traduction est en vers henddcasyllabes
blancs. et elle est
parfois assezlibre.
Mirope
Une des grandes trag6dies 'antiques' de Voltaire, sans amour et i cadre
historique prdcis.
La traduction manuscrite intitulde 'Tragedia de la Merope', conservdei la
Biblioteca municipal de Madrid, pose un problime d'attribution. L'origine de
la question rdside dans la confusion entre la tragddie de Voltaire et celle de
Maffei du m€me titre. Que Pablo de Olavide soit le traducteur d'une Mirope
est accept6par tous les critiques, mais les opinions se divisent au moment de
d6cider quelle a €t€ la Mtrope qui lui a servi de moddle. Cotarelo a affirm6
d'une maniire tranchante qu'Olavide est traducteur de Maffei, et d'autres
critiques I'ont suivi, tels Cook et Defourneaux, biographe d'Olavide.6 Moldenhauer fait mention d'une traduction de laMirope de Voltaire, mais sans en
indiquer le traducteur; Qualia attribue sans r€ticences i Olavide la traduction
de la trag€die de Voltaire.aTFinalement,un dditeur moderne d'Olavide, aprbs
avoir signald dans la prdface que celui-ci a traduit la Mirope de Voltaire, donne
le texte d'une tragddie intitul6e Meroe qui n'a rien i voir ni avecVoltaire ni avec
Olavide.4
La seule source de l'6poque oir il se trouve une allusion trds nette i la
45. Comparez l:
Les mortels sont 6gaux;ce n'est point la naissance,
C'est la seulevertu qui fait leur diff6rence.
Il est de ces esprits favoris6s des cieux
Qui sont tout par eux-mdmes et rien par leurs ayeux.
t..1
Vois ce que nous 6tions, et vois ce que nous sommes.
Le peuple, aveugle et faible, est n6 pour les grands hommes
Pour admirer, pour croire et pour nous obdir. l,ilIahomet,t, 4l
46. Cotarelo, Idarte, p.6g; Cook, Neo-classicdrama in Spain: theory atd proaice (Dallas rg59),
p.zz9; Defournetux, Olat:idz,p.78.
47. Moldenhauer, 'Voltaire und die spanischeBiihne', p. r z8; Qualia, 'Voltaire'stragicart', p.z8 r,
et, du m6me,'The campaign',p.zog.
48. Olavide, Obras,p.n<i,t, 237-3or.
97
Vohaireen Espagner7j4-r8j5
traduction d'Olavide est la notice biographique d'Olavide dcrite par Diderot
pour la Conespondance
littiraire, oir I'on peut lire: 'Il avait traduit en vers les
trag€diesde Voltaire, et c'est li que tout Madrid vit, pour la premidre fois,
repr6senter,Miropeet ZaiTepar des ieunesgens qu'il tenait i gageset qu'il avait
eu la patienceinconcevablede former i la bonne ddclamation.'ae
A mon avis,
Olavide n'a jamais traduit laMirope de Maffei et cette fausseattribution, lancde
par Cotarelo, reldve de la confusion existant au dix-huitidme sidcle entre les
deux trag€dieset de la croyanceque la piBcede Voltaire n'6tait qu'une traduction
pure et simple de la tragddie de I'Italien, tandis que celle-ci a dt6 une de ses
sources.so
Si I'on accepteque la traduction deMirope deVoltaire qui se conserve
i la Biblioteca municipal est I'cuvre d'Olavide - en fait, le cataloguela lui
attribue- il faudrait le dater avant r77o, probablementen ry65-ry66, puisque
sescompositionslittdrairessont antdrieuresi son entrdedansI'administration.sr
La division en actes et scdnesest identique i celle de I'original, de m€me
que les noms des personnages.La traduction est en vers henddcasyllabes
blancs
et suit d'assezprds l'original. Le teKe prdsentebeaucoupde correctionsd'une
6criture diffdrente i celle de la pitce. D'aprBs Cotarelo,celle-ci seraitlaMerope
reprdsentdesur le thditre du Prfncipele 5,6,8 et z8 d6cembrer8rr, avecle
c6ldbreacteur M6iquez dans le r6le de Polifonte.s2
Sous l'anagrammeAntonio Lecorp, JosdAntonio Porcel a publid en r 786 sa
traduction de Mirope; la pidce a paru certainementau ddbut de I'ann6e, car
I'annonce apparait dansle Memoial literario du mois de fdvrier b.zlz).Il existe
i la Bibliotecanacionalune version manuscritede cette traduction,assur6ment
antdrieurei cellepubli6e, avecde petitesvariantes.Qualia n'en fait pas mention
et Paz ne signalepas que c'est une traduction de Voltaire.s3A vrai dire, dans
le manuscrit elle apparait(et nous retrouvonsici la m€me question aborddecidessus)comme traduction de la tragddie de Maffei par l'intermddiaire du
frangais.La dispositionen acteset scdnesest identique i celle de I'original de
Voltaire et les personnagescoihcidenttous saufEgisthe,qui a 6chang6son nom
pour celui d'Alcestes.La traduction est en vers hend6casyllabes
i rime plate,
alternantavecdes hend6casyllabes
blancs.Porcel a rendu les id6esde I'original
dans une version au style solennel et emphatique: il ne faut pas oublier que
Porcel 6tait, en plus de pr€cheur, podte baroque.
49. Voir Carnbronero, Catdlogo,p.4o8.
5o. Sur Maffei et Voltaire, voir surtout Bou,ry, 'La Miropr de Maffei en France et la Mirope de
Voltaire en ltalie', Bulletin italin z (tgoz); Fournier, Essaisur la 'Mirope' du marquisScipioneMafei
et dz Maie Arouet dr Vohaire (Sassari r9o5); Gubler, 'Merope':Mafei, Vohaire,Lusing; zu einem
Literaturtreit dzs t8. Jahrhund.erts(Ziirich r955).
5 r. Cotarelo,Iiarte, p.69.
52. Cotarelo,Mdiquez,p.323, 728-zg.
53. Pu, Catdlogo,no.3982.
98
4. Tradudions et adaptations
La tragddie est pr6cid€e d'une lettre adressdei lui par un de ses amis,
Vicente Hurtado de Mendoza, dat6e du rer ddcembre 1785, oi il fait une
allusion voil6e i Voltaire i c6td de Maffei (p.3):
Amigo mfo: He leido con sumo gustola Mhope,cuyo argumentopuso en su idioma
aqueltr6gicofrancdstan conocidopor su musacomopor su irreligi6n.Ha dadoVd. a
la Mhope una bellezay maiestadque en vanose buscar6en la francesay no se echari
menosla del originalitalianodel marqu6sMaffei.
Le correspondant craint que Mirope ne remporte que peu de succds, puisque
les spectateurs sont habitu6s i un autre type d'ouvrage; mais, d'aprds lui, les
vrais coupables de l'6tat du th6Atre sont les auteurs dramatiques. D'apris cette
lettre se ddgage que Porcel se serait cachd sous I'anagramme parce qu'il
consid€rait peu correct pour un prOtre de se consacrer au th6itre, car son
correspondantlui dit (p.9-ro):
no mepareceiustosuprimirsunombre,porquehaymuchos
AunqueVd. me lo previene,
conocensu mdritoy sabenqueson,
verdaderamente
sabiosqueamanlasHumanidades,
comose explicaRollin, 'la flor mis fina y delicadadel entendimiento';si bien que me
hagocargoque es infinito el ntimerode los neciosque juzganser las LetrasHumanas
asuntode ignorantes,y las creenigualmenteincompatiblescon el juicio y profundidad
y demdsciencias.
de la Filosofia,Teologia,Jurisprudencia
Une nouvelleMirope,publideen r8r5 sousles initialesD. M. de 8,,r€t6,
traduite par Miguel de Burgos et dditde dans I'imprimerie de la famille.saLa
division en acteset scdnesest identique i celle de l'original et les personnages
blancset, en gdn6ral,
sont les mdmes.La traduction est en vers hend6casyllabes
clle suit de trds prds le texte de Voltaire. Cependant, on y remarque une
tcndance i dtaler une pensdeen plusieurs vers et i allonger les p6riodes.La
tragddieest pr6c6d6ed'une courte priface du traducteur, qui fait tout d'abord
allusion i la prolifdration des traductions du franqais (p.4):
Apenashabrf quiensedediqueal franc6squeno quieradarnosun modelodetraducci6n.
y asi todasnuestrascosas.
[...] Asi estdnuestralenguade corrompiday degradada,
losperiuiciosque senoshanseguidode estamercenaria
costumbre
Cuantoexcedan
en
comparaci6nde lasligerasventaiasque nosha proporcionadoes dificil de explicar.
La cause de s'€tre lui-m6me mis i traduire n'est d'ordre ni littdraire ni
iconomique: c'est par 'una especiede tedio y disgusto interior' (p.4) i une
ipoque de bouleversementspolitiques et sociaux.Il termine son petit discours,
icrit d'ailleurs d'un ton d6plaisant,en dddiantson travailau public, iuge dernier
dcs productions littdraires.
La traduction de Miguel de Burgos a paru plus tard dans une grande
p.323.
54.Cotrelo,Mdiquez,
99
Voltaireen Espegner64-r8j5
collection de pidces,attribude pourtant i Manuel Bret6n de los Herreros.ssIl
existe, en fait, un probl0me i I'igard de la Mirope de Bret6n. En 1835 a €ti
publiie i Madrid une trag€die sous ce titre, en trois actes, sign6e par cet
auteur;s6elle reprend le sujet de Voltaire - seul point en commun, d'ailleurs qui avait 6t6 cultivd par Maffei et Alfieri. La trag€die de Bret6n a dti iou€e i
Madrid la m6me annde.s?Or, dans un cataloguemanuscrit dat6 en r8zo on
attribue i Bretdn une traduction de la Meropede Voltaire,ss attribution reprise
par l'historien Valbuena Prat: 'La gallardiapomposa de su versi6n de la Mtrope
de Voltaire revelasu situaci6nintermediaentre lo cl6sicoy los nuevosderroteros,
entre la lfnea y el color'.sePeut-CtreValbuena a 6t6 trompd par I'attribution
erron6e du Teatroselecto;mais il reste le t€moigaage de r8zo, qui prouverait
que Bret6n a rdellementtraduit la pidce de Voltaire ou bien que vers r8zo toute
tragidie portant le titre de Mdropedtait identifide i celle de Voltaire.
La Mort deCtsar
Mise en scdnede l'dpisodebien connu de I'histoire romaine,cette tragddiemet
en gardecontre les dangersdu pouvoir despotiqueet absolu,incarndpar C€sar.
La manuscrit de 'La muerte de C6sar' conservd i la Biblioteca Men6ndez
Pelayode Santanderest de r785. La traduction a dtd faite par le idsuiteAntonio
Zacagnini (Qacanini dans le manuscrit) pour €tre joude sur le thditre privd du
duc d'Hfiar. Moldenhauer n'en fait pas mention et Qualia la cite de seconde
main.fl
La division en actes et scenes,ainsi que les personnages,coincide avec ceux
de la pidce de Voltaire. La traduction est en vers hend6casyllabesblancs,
alternant avec des vers i rime plate. On apprdcie en g6n6ral une certaine
amplification de I'original, appuydesur un ton emphatiqueet sonore.On peut
citer i titre d'exemple que les quatre premiers vers de Voltaire sont rendus en
seize vers dans cette traduction. Cependant,ce qu'il y a de plus remarquable
est I'addition d'une scbnevers la fin de la pidce.La trag6diede Voltaire s'achbve
par des mots oi Marc Antoine incite le peuple i donner la mort aux assassins
55. Dans TeatroselectoantiguoJtmodano, nacionaly extrarjero(Barcelona r866-r868), v.647-59.
56. Moldenhauer ('Voltaire und die spanischeBiihne', p.rzg, n.3) ne signalepas cette €dition,
mais une r66dition de r85o.
57.lly r eu trois reprisentations, le 27, z8 et z9 avril r835: voir Cartelerateatral malilefia: anos
rSjo- r S j g ( M a d r i d r 9 6 t) , p .3 9 .
58.J. de Aneaga,'Indice alfabdticode comedias,tragediasy demds piezas del teatro espafrol',
8. N. , m s .r 4 . 6 9 8 ,s . v . 'M i r Ee ' .
59. Vdbuena Prat, Histoia dtl teatroapanol (Brcelona r956), p.478.
6o. Qualia,'Voltaire's tragic art', p.284, n.3; il citeJ. de Entrambasaguas,'DonManuel Fermin
de Lariano y unas composiciones suyasin6ditas',Analesdt la Ltnixenidaddeilladid r (rg3z),p.3o5r9.
ro o
4. Traductionset adaptations
rlc Cisar et, s'adressantir Dolabella,exprimeson ddsir de s'emparerdu pouvoir.
l.'ipisode aiouti est d'une mise en scene spectaculaire,si I'on en iuge des
inclicationsde I'auteur: 'Ahora seven pasarpor el fondo los conjuradosfugitivos
tlc sus casasy siguidndoleslos contrarios.Se deian ver algunasllamaradasde
lircgo que se hacen para incendiarleslos palacios.'Et Marco Antonio, i la lrre
tlu spectacle,de dire (actetIr, scdne8):
Nuestrosdeseos
veoya cumplidos.
perseguidos
Mira los coniurados
de la furiosaplebe,
quecomoel mar airadoseconmueve.
Entre el tumultociego
veoya resolverseen humoy fuego
de suspalacioslosdoradostechos.
Ya los traidorespechos
con la sangrevertida
arroianlascentellas
de suvida.
Si, CayoCdsar:todostus amigos
destruirin con horror tus enemigos,
*"''
L".i'l*'n:ril*JH
;;i:
Mariano Luis de Urquiio a publid La muerted,eCisar en r7gr, sansdoute au
rnoisd'octobre, car l'annonce apparaitdans deux pdriodiquesde ce mois.6rLa
rlivision en acteset scenesest identique i celle de I'original, de m€me que les
blancs.La tragddieest
l)crsonnages.La traduction est en vers henddcasyllabes
pric€die d'un avertissementof Urquijo exposeses id6es sur Ia traduction en
gctndralet sur sa propre version. Apr€s avoir mis en 6vidence,cornme tant
tl'rutres, les difficultds de la traduction de textes podtiques, il proclame sa
hdilit6 i I'original (p.z):
I lc creidono deberhaceruna traducci6nservily material,ni tampocodemasiadamente
lihrc,qu. son los dos extremosen que regularmente
se incurre,y ambosdilicilesde
tritar; y asihe puestoel esmeroposibleen que salgalo m6sacomodado
que seadable
,rloriginal,y sobretodolo mis cercanoa su espfritu.
ll iustifie plus loin la non-utilisation de la rime parce qu'il considBreque le vers
hlrrncest plus voisin de I'expressionnarurelle de I'homme. Il chante aussi les
Itruirngesde la trag€die(p.7):
l ocantea lasbellezas
y propiedaddeldramatraducido,no senecesita
que
m4sapologia
t f rrombrede su autory su lectura,y cadauno lo realzarihastalo sumocuandoobserve
l,r lilosofia,naturalidady decorode los personajes
que le componen.Todo es en 6l
gr,rnde,todo heroico:;Qui sublimidaden lasideas!,lqud elevaci6n
de pensamientos!,
frr. f)ans la Ganta de Mad.id. et dans le Diaio fu Madid fu zz octobre r79r; cit6 par Coe,
r 'rrilogo,pt6o.
IOI
r7j4-r$5
VoltaireenEspagne
en laspinturas!,;qu€profundidadde politica!,iqu€verdad!,1qu€fuerza
lqu€excelencia
en los razonamientos!
Il termine son avertissementen soulignant I'intention de contribuer i la rdforme
des th6itres par sa traduction.Cependant,chez Urquijo lessouhaitsddpassaient
I'inspiration podtique, et, quoique sa traduction reprenne les iddes de I'original,
elle est trds loin par sa forme d'une piBcer6ussie.Ainsi I'a cruJosd Marchena,
qui a lanc6 contre Urquiio une cdldbredpigramme:
Ayer en una fondadisputaban
ff
#*Hffi:::,Hil':":','i'0"
unos'Moncin', 'Comella'otrosgritaban.
'El m6smalode todos,uno dijo,
esVoltairetraducidopor Urquiio'.62
Entre I'avertissementet la tragddie Urquiio a insdrd un 'Discurso sobre el
estadoactual de nuestrosteatrosy necesidadde su reforma' oir il dbaucheune
histoire du thditre espagnol et signale I'influence du thditre sur les mcurs.
Ce 'Discurso', qui contient de dures critiques contre auteurs, com6diens et
entrepreneurs,a dt6, d'aprds certainsindices, la causede la condamnationde
la piice par I'Inquisition en r796. Mais tout n'6tait pas critique ndgative:pour
remddier i la situation du th6itre, Urquijo proposait la crdation d'un tribunal
ayanttrois missions:censurerlespidcespour la scdne,former lescom6diensdans
une dcole dramatique,et veiller i la dignit6 et i la fiddlitd des repr6sentations.63
Les allusions n6gativesvers6espar Urquiio dans son discours sur I'opdra
italien ont produit I'apparition, en r7gz, d'une rdfutation en italien, anonyme;
cet ouvragecomprend, en dehors d'une ddfensepassionn6ede la musique et
du thdAtre italiens, une critique acharn6ede la traduction d'Urquiio.6a L'auteur
anonyme ddbute par un grand 6loge de la tragddie de Voltaire, 'il piir eroico e
sublime spettacolo che mai desiderar possano gli amatori del vero tragico'
(p.crxii); par la suite,il met en dvidencenon seulementl'absencedansla version
des innombrablesbeaut6sde I'original, mais les erreurs de la traduction, en
prdsentantc6t6 i cdtd des passagesen franqaiset en espagnol,et en adressant
des insultes au traducteur.
La prdface qu'Antonio Rezano Imperial a mise i sa tragddie La dcsgraciada
62. Marchena, Obrasliteraias (Sevilla r 892- r 8 96),i.6a; cit6 aussi par MenindezPebyo, Estudios
y discarsosd4 ffitiea histdieay literaria (Madnd I94z), iv.r68-69.
63. Les direcnices du plan de rygg (pr6sent6 par Santos DiezGonzilez) sont assezvoisines de
celles propos6es par Urquijo: voir Kany, 'Plan de reforma de los teatros de Madrid, aprobado en
qgg', Reukta fu la biblioteca,archboy museo6 (tgzg).
64. Dkmno confutatho a quello del signior Mariano Luis fu Urquijo sopra lo stato attuale dei teatri
spagnoli e necessitidi lon iforme (Madrid ry92); la Citica occupe les pages clo<ii i clii.
r02
4. Tradudionset adaptations
htrmosura,o Dofia Inds de Castro (Madrid ry92) est en rapport direct avec le
'l)iscurso' d'Urquijo. L'auteur y apporte une nouvelle cause de la ruine du
thiitre non signaldepar Urquiio: le gott et I'attitude du public.
Quant aux possiblesrepr6sentationsde la pidce,il faut dire tout d'abord que
I'on a ioud sur le th€itre madrildne des Caflos del Peral, en juin r79o, une
trag6die intitulde La muertedeJulio Cisar et, en juin et en octobre de la m€me
irrrnie, une autre sous le ltre Elfn deJulio Cisar, qui n'en font qu'une.6sMais
il ne s'agit pas de la traduction d'Urquiio, qui est quelque peu postdrieure;en
outre, le traducteur, dans l'avertissement,s'6tonne de ce que la tragddie de
Voltairen'ait iamaisdt6 traduite, surtout'cuando se ha visto tan maltratadoeste
rrsuntoen nuestrosteatrosnacionales'(p.Z-8).
La plus tardive des traductions,publide en r8z3 i Barcelone, est celle de
lrrancisco Alt1s (La muerted.eCisar). Les acteset les scdnescoincident avecceux
rlc I'original, ainsi que les personnages.La versificationest en henddcasyllabes
i
rimc assonantealterne.La tragidie a 6td repr6sent6epour la premiErefois sur
lc thditre de Barcelonele 3o mai r823, i I'occasionde la f€te du roi Ferdinand
VII, d'aprds le souhait du traducteur.6 Elle a 6td iouie trois iours de suite et a
obtcnu des recettestrds 61ev6es:35ooet zroo rdaux en deux repr€sentations,
krrsquela moyenne6tait de mille rdaux.6?
I-a pidce avait 6t6 imprimde avant la reprdsentation,car I'annoncedu Diaio
,lt Barcelonaprdvient le public sur la variation introduite dans le ddnouement.
( .ctte modification est I'aspectle plus significatifde la traduction d'Alt6s. Dans
la trag6diede Voltaire le peuple, encouragdpar Marc Antoine, s'indigne de la
rrrortde C6sar et poursuit les coniur6s.Alt6s a modifid de telle sorte la fin que
lc peuple, au lieu de poursuivre les assassinsde Cdsar, se met de leur c6t6 et
s'affirme dans son d6sir de vivre en libert6 et sansdespotes.Dans un manuscrit
tlc cette traduction, conserv6i la Biblioteca de Catalunya,i Barcelone, une
notc insiste sur le peu d'importance de ce changement.Pourtant, il est bien
significatif - ddformation du d6nouement i part - eu 6gard i I'orientation
politique du lib6ral Altds et au moment oir I'on a iou6 la trag€die.Une conscience
libirale n'aurait iamais pu concevoir que le dinouement d'une pidce oir I'on
combattait la tyrannie et le despotisme se ferait en frappant de mort les
tltil'cnseursde la ddmocratieet de la libert6.
65.LamuertedzJul ioC i s aradt6repr6s ent6el erz etr3 j ui nrTgoetE l fndz J ul i oC harl et5,
| 7, r g et zo iuin et le 5 et r 5 octobre de la m6me ann6e:voir Coe, Catdhgo,p.r6o.
66. 'Teatro, La tragedia en tres actos titulada la muertedc CAar. Segir| el baile de la sinfonia
,rricntal y se dar6 fin con el sainete itulado El ardid contralafuerza. A las siete y media, con motivo
,l scr los dias de nuestro Rey constitucional, el teatro estard iluminado y la entrada a tres reales':
, 'csr I'annonceinsir€e dans le Diaio dt Barcelonadu 3o mai r8z3 (p.r344).
(r7. D'aprbs les quantitis annonc€es dansle Diario dt Barcelonadu
3r mai et du rer et 3 juin
r621.
r03
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
La trag6die d'Alt€s, sans la variante finale, a dtd rdimprimde plus tard dans
une grande collection d'ouvrages dramatiques.*
On ignore quelle 6tait la Muerte de Cdsarque I'on avait le proiet de iouer chez
le comte d'Aranda et i laquelle devait prendre part le jeune Cadalso.On peut
lire dans sesnotes manuscrites:
Antoj6ndosele
declamar
unanagediaa influjoy adulaci6n
deMr Reinaud,meenganch6
a que hicieseun papelen ella,insinudndomelo
el mismoconde.Aceptd,creyendoque
la cosano se formalizarfa,y muchomenosque se tratasede representarla de la Muerte
dz Char por Voltaire,pues6stano es m6sque un puro sistemade regicidio,y parecia
imposiblequesevieseen casade un presidente
de Castilla,
promovido
a aquelladignidad
de resultade un motin.Por lasconsecuencias
que estopodriatener[...] resolvidejarlo
todo.6e
Il se peut trds bien que la piEce ffit en franqais, comme il arrivait parfois dans
des repr6sentationsprivdes i l'6poque.
Ofumpie
Trag€die d'amour et de mort, cette piece a connu une version en espagnol,
attribu€e i Pablo de Olavide,T0dont on possEdedeux manuscrits.Celui de la
Biblioteca municipal de Madrid est intituld 'Casandroy Olimpia'; les censures
favorablessont daties d'ao0t r78r, mais la pidce n'a pas 6t6 iou€e i Madrid,
m€me si quelques annies plus t6t elle avait 6t6 reprdsentdei Sdville.TtLa
secondecopie manuscrite,identique i la prdc6dente,se conservei la Biblioteca
nacionalsous le titre 'Tragedia de la Olimpia'. Elle est de ry82 et a 6,t6,
copi€e
par un certainJuan de Hita. Le manuscrit contient de nombreuseserreurs du
copiste, ainsi que plusieurs indications d'une 6criture diffdrente. Il a €tt publid
r6cemment par E. Nrifrez parmi les Obras dtamdtica dtsconocidas
d'Olavide
(p.3oz-69).Moldenhauer fait mention de deux manuscrits,maisil parait ignorer
qu'ils sont identiques; Qualia n'en parle pas et Paz ne signalepas qu'il s'agit
d'une traduction de la pidce de Voltaire.T2
Cette traduction ne prdsente pas de diffdrences avec l'original quant i la
division en actes et sceneset quant aux personnages.On a m€me traduit les
indications pour la mise en scdne. Le texte, en vers henddcasyllabesir rime
alterne, suit I'original, en ddveloppantparfois les iddes.
68. Teatroseleao,v.6 r g- 3 5.
69. Cit6 par Ferrari,'Las apuntacionesautobiogrdficasdeJosd de Cadalsoen un manuscritode
Yaios', Boletin fu la RealAcademiadt la histoia 16r (t967), p.r3z.
7o. Cotarelo, Iiarte, p.69.
7r.Le ry iuillet 1777, d'aprds Aguilar Pirtal, Sa:illa,p.z7z.
72. Moldenhauer, 'Voltaire und die spanischeBiihne', p.rz7; Paz, Catdhgo,no.2445.
r0 4
4. Traductionset adaptations
L'Orphelind.ela Chine
Tragddie dans le goOt de la chinoiserie,cette piece a eu en Tomds de Iriarte
un traducteur de prestige de la seule version connue. Iriarte a insdrd cette
traduction,contrairementi d'autresdont il estl'auteur, dansles dditionsde ses
ouvragesde ry87 et r8o5, du fait qu'elle 6tait en vers.E/ huirfanode la China
a 6t6 compos6,cependant,quelquesanndesauparavant,en ry68-ry7o, et iou6e
sur le Teatro de los RealesSitios.73La uagddie qu'ont pu voir les spectateurs
de S€ville en ry78 est sansdoute la version d'Iriarte.TaPeut-€tre le manuscrit
de la trag€die conservd i la Biblioteca nacional correspond-il i cette premiire
rddactionde la piEce.?5
Le manuscritest autographe(il porte la mention: 'Copia
original en limpio de la mano del traductor Don T. I.') et il est adress6i
Bernardo de lriarte, frBre de Tomds, i qui I'on doit sansdoute les corrections,
reprisesau moment d'imprimer la piBce.
Dans la traduction la distribution des actes et des scdnes, ainsi que le
traitement des personnages,est conforme i I'original. Elle est en vers hend6casyllabesblancs,trds correcte quant au style et'con pureza de lenguaiepero sin
nervio', d'aprds Men6ndez Pelayo.76On peut trouver un commentairepareil
dans la satire de Forner contre Iriarte Losgramdticos,dont le cadre chinois serait
en partie inspir€ du sufet de la tragddiede son ennemi et m€me des €logesde
Voltaire aux Chinois.TTForner, dans l'€num€ration des ouwagesd'Iriarte, fait
mention du Huidano de la China,'tragedia traducida de Voltaire con toda
la languidez y correcci6n necesariaspara que nadie se entristecieseen su
representaci6n'.78
Un Huirfano de la China, peut-€tre dans la traduction d'Iriarte, a 6t€ ioud en
r 8oo sur le th6itre priv6 du baron de Rocafort i Barcelone. De la repr€sentation,
reprise plusieurs jours et trds applaudie, est rest6e la notice qu'en donne le
baron de Maldi, chroniqueur de la vie de soci6t6de l'6poque:
z6 abril I8oo.Estanit ha estatla primeradela representaci6
dela tragddia
o tragicomddia
delHuffino dela China.[...] La tal tragicomddia
esti divididaen cinc acteso escenes,
quevegi en dita nit. Los actorsi actores,molt ben vestitsal us de la China,y lo bar6de
Rocafort,ambbonapanxeta[...] representava
molt b6 lo paperde Turc.?e
73. Cotarelo, Iiafte, p.7o.
74. Le z5 f6vrier, exacternent,d'apris Aguilar, Seuilla, p.278.
75. Paz (Catdlogo,no.r554) ne signalepas que c'est une traduction de Voltaire.
tt.zg5.
76. Mendndez P eltyo, H etcrodnxos,
77. Forner, Los gramdticos(6d. Polt), p.rg, prdhce de l'6diteur.
78. Forner, Los gramdtins (6d. Polt), p.r5z.
79. Cit6. par Curet, Teatrespartiealan a Barcelora n el segleXVIil (Barcelona r935), p.68.
r 05
Vohaireen Espagner7j4-1835
La Prude, ou lo gardeuse d.ecassette
C'est une petite com6die de ddguisements,6quivoqueset persdcutions,avec
une jeune fille habill6een Turc, une fausseprude et un ensemblede personnages
trds dix-huitiime sidcle.
Dionisio Solfs a fait en 1816 une traduction de cette com6die de Voltaire
sous le titre 'La sevillana',conservdeautographei la Biblioteca nacional,mais
sansmention de I'auteurprincipal.s0On accorderaitvolontiersi cettetraduction
I'appelatifde'libre', puisqu'ellene coincidepastoujoursavecle textede Voltaire.
Tout en conservantles cinq actes,le nombre desscbnesa 6t6l€gdrementmodifid
Aucun
comme rdsultatde I'introduction ou la suppressionde plusieurspassages.
personnage ne garde plus son nom: Dorfise, Ia prude, devient M6nica; son
amie Mme Burlet est Julie; Adine, la ieune fille habill6e en Turc, s'appelle
maintenantIn6s et elle est ddguisdeen lrlandais;le capitaineBlanford se nomme
Fdlix. D'ailleurs, le lieu de la scine a 6t6 transfdrd de Marseille i S€ville, ce
qui fait que le titre m€me de la pidce ait €td modifi€. La versificationa 6td
chang6e,elle aussi,du fait qu'on a passddu mdtre long (alexandrins)au mdtre
court (octosyllabes).
Si tout cela ne suffisait pas i voiler I'origine de la com6die, la confusion
devient encoreplus grande aprdsla lecture de la note mise par Solfs en t6te du
manuscrit:
4. Tradudions et a"daPtations
Tartufe. La fausse pruderie, caractdristique essentielle du personnage central,
est le seul trait commun i toutes ces comddies. Il faudrait connaitre, pour
compldter le cycle, le contenu de la pidce de Rem6n qui en serait la source. On
peut aiouter que Stoudemire ne fait pas mention de 'La sevillana' parmi les
refontes faites par Solis d'anciennes com6dies espagnoles'8r
Quoi qu'il en soit, il est dvident que Solfs connaissait la com6die de Voltaire,
car il le manifeste lui-m€me dans la note et il en est le principal d6biteur. En
tout cas, I'auteur a donn€ un vernis espagnol i la pibce, en la situant i S6ville,
en espagnolisant les noms des personnages, et en utilisant I'octosyllabe, vers
typique de la comddie ancienne. On ne doit pas oublier que Solis a refondu
plusieurs comddies du sidcle d'Or. Il en a d'ailleurs empruntd le langage et le
style dans cette comddie: exemple, cette tirade de M6nica, la prude, qui ne se
trouve pas dans le texte de Voltaire (acte rt, scdne premidre):
Porque, ;qui6n podri sufrir
Ia multitud licenciosa
que para el deleite ociosa
no piensaque ha de morir,
y sentadaen lenta mesa,
con los brindis y el placer
hace alarde de correr
al infierno a toda priesa?
Un anciano capit6n,
que perl6tico enamora
y como los niios llora
por lo que nunca le dan.
Una cincuentona vana
que por ocultar que es fea
entre cien botes emplea
las horas de la mafrana;
y en la alamedablasona
de su hermosuracomprada
como si mona aliffada
no fuera por eso mona.
que floreciaa finesdel siglor6', coetdneo
a Don
El doctorRem6n,poetavalenciano,
Guillin de Castroy a Ricardode Turia, es el autorde estacomedia.La bondadde su
y naturalidad
suscaracteres
c6micosy la abundancia
de suschisteshandado
argumento,
y franceses
la trasladen
conmdso menosfelicidada sus
causaa que lospoetasingleses
respectivos
teatros,los primeroscon el titulo delPlain Dealer,lossegundoscon el de Za
gardzuse
Los unos y los otros me han servidode gufaen la reformaque he
dc cassette.
procuradohaceren el originaldel doctor;aunquequizdcon pocoacierto.De cualquier
queen realidad
medisculpa,
maneraqueellosea,la intenci6nconquela he emprendido
no ha sido otra que la de restituiral teatroespafrolestacomediaque,a mi entender,
tesoros
puedereputarse
por unode losescondidos
de nuestrapoesfadramitica.Madrid,
r5 d e juliode r 8r 6.
Etant donnd que plusieurs com6diesde frdre Alonso Rem6n, ou Ram6n, ont
6td perdues,il est difficile de pr6ciser celle dont parle Solfs. De la Barrera ne
d'une com€die de Rem6n de ce titre. Mais
fait pas mention dans son Catd.logo
comment peut-on meffre en cause la vdracitd de Solis? D'autant plus que
Voltaire lui-m€me affirme s'€tre inspir6, pour dcrire sa pidce, dans la comddie
anglaise The Plain dcaler. Cette piEce, dont I'auteur est William Wycherley
(r 64o- r 7 r 6), est envisag€epar beaucoupde critiques comme une imitation du
8o. Paz, Catdlogo,no.3 IoI.
ro6
Shniramis
L'histoire de Sdmiramis, reine de Babylone, est un suiet i grande fortune
dans I'histoire de la litt€rature dramatique. Il 6tait d'ailleurs bien connu des
spectateursespagnolsdu dix-huitiBme sidcle,qui ont applaudi une com6die de
Calder6n souvent repr6sent6esur le meme suiet:.La hiia del aire.
La Biblioteca nacional conserve une traduction manuscrite intitul6e 'La
8r.Voir
( r q+o).
Stoudemire, 'Dionisio Solis's refundicioza of plays (r8oo-r834)',
Hispanic ra;ieo I
ro7
I/oltaireen Espagner7j4-r8j5
Semiramis',avecles censureset les approbationspour la repr€sentationdat€es
de juin r783. Moldenhauer ne cite pas cettetraduction,bien que dansune note
il signale I'existence d'une Semframis deJosd Clavijo y Faiardo; Qualia pense
qu'il s'agit peut-Ctre de la traduction attribu6e i Claviio.82Cet int6ressant
personnage,connu dansla France du tempspar sesd6m6l6savecBeaumarchais,
a 6td directeur du Teatro de los RealesSitios, pour lequel il a traduit plusieurs
piices frangaises,parmi lesquelles Cotarelo ne mentionne pas Semframisfs
Millares Carlo ne I'insdre pas non plus dans sa bibliographiede Clavijo.e un
autre manuscrit de la traduction, identique au pric€dent, se trouve i la Biblioteca
del Instituto del teatro (Barcelone).La traduction, en vers hend6casyllabesi
rime assonantealteme, suit la dispositionde I'original. Les personnagessont
aussi les m€mes. On ne possddepas de r6fdrencesd'aucune reprdsentation,
malgrd la distribution des rdles qui figure dans le premier des manuscrits citds.
Lorenzo Mar(a de Villarroel, marquis de Palacios,aurait publi6, d'aprds
Moratin, une Semiramrs.ss
Cependant,je n'ai pu localisercette €dition, que ni
Moldenhauer ni Qualia ne mentionnent nettement. Le premier prend i tort les
mots de Menindez Pelayo qui se rapportent i la traduction: 'El marquis de
Palacios, D. Lorenzo de Villavel [sld, p€simo dramaturgo, dio a las tablas la
Suniramis,llegandoa hacer proverbialla sombrafu Nino,que se tuvo en Francia
y Espafra por grande atrevimiento dramdtico',86et donne i cette traduction le
titre La sombrade Nino, sans signaler ni date ni lieu d'6dition. Qualia en parle
dans une note et dit qu'on en ignore la date d'impression.sTQuoique ie n'aie
pu trouver aucun exemplaire de cette mystdrieuseddition - si jamais elle a
exist€- i'ai consultdun manuscrit conserv6i la BibliotecaMendndez Pelayoet
que Moldenhauer et Qualia ne citent pas. Les personnageset la dispositionen
actes et scdnes sont identiques i ceux de I'original. La traduction est en
vers hend€casyllabesi rime assonantealterne et peut €tre qualifide de libre,
puisqu'elle rend les id€es de I'original sans trop s'assuiettir au texte. Elle
pr€sente,cependant,une modification dans le ddnouement.Ici Ninias (c'esti-dire, Arzace),aprds avoir tu6 par erreur sa mdre Sdmiramis, se dirige !r Assur
et lui donne la mort. La trag6diese termine par ces mots de Ninias, i manidre
82. Moldenhauer,'Voltaire und die spanischeBiihne', p.r39, n.6; Qualia,'Voltaire's tragic art',
p. z 8o, n . 2 3 .
83. Cotarefo (Iiarte, p.6g) ne signale que l'And.romaqzede Racine, le Ligataire unfumel de
Regnard etle Cloiew de Destouches.
84. Voir Millares, Ensayodz ura hio-bibliograJiadz esctitoresnaturula de la islasCanarias (Madrid
rg3z ), p . r 7 6 - 8 6 .
85. F e r n i n d e z d e M o r a tin ,' Ca tilo g o ' , p .r 3 r .
v.z96.
86. Men6ndez P elayo, H eterodoros,
87. Moldenhauer, 'Voltaire und die spanischeBiihne', p. r z9; Qualia, 'Voltaire's tragic art', p.z8o,
n. 23.
ro8
4. Traductions et ad.aptations
de moralit6, qui ne se trouvent pas chez Voltaire (acte v, scbne 8):
Ya los diosesest6nobedecidos,
para que sepantodos los malvados
que si son tan enormeslos delitos,
indurto
:iffiff,T"'iff i?f3i3;.i
Gaspar Zavalay Zamora est I'auteur d'une Semiraralsen un acte qui procdde,
elle aussi, de la tragddie de Voltaire. Elle a €td imprimde sans date, mais des
censureset des reprisentationsde r793 feraient supposerqu'elle a paru vers
la fin de cette annde. Moldenhauer n'en fait pas mention et Qualia signale
uniquement queZavalaI'a dcrite en r793.BB
Du fait de n'avoir qu'un acte,la pidce a souffert,par rapporti celle de Voltaire,
une condensationnotable d'il6ments et de situations.Zwt\a a supprimd un
personnage,le prince Assur, meurtrier de Ninus, ce qui produit une certaine
invraisemblance,car Ninias entre dans le mausoldesans que personne I'ait
avertide la prdsencede I'assassinde sonpdre dansce lieu et sansm€me connaitre
I'identitd du meurtrier. Cependant, ce n'est pas la seule invraisemblancede
la trag6die:les momentsculminantsn'ont pasde rapportsentre eux et beaucoup
de mots et de gestesn'ont pas de iustification.On dirait plutdt un ensemblede
tableaux.
Pour faire penchant i ces ddfauts,rdsultat de la condensationde situations,
la tragddie prdsente une surprenantegrandiositdet la mise en scdne d€passe
largementcelle de Voltaire, conqueelle aussicomme une tragddiei spectacle.
Dans la pidce de Zavala I'arrivde du vainqueur Arsace devant Semiramis devait
6tre ainsi pr6sent6e(scdne3):
Ot6n pone a Semiramisla coronay manto;Oroesle da la manoparasubir al trono,
quedando
de pie en la segundagradade il y Ot6nen la primera.Los sdtrapas
a un lado
v los magosa otro. Al son de una agradablemarchainstrumentalsalenpor la derecha
persasy escitascon cadenas
algunossoldados
y desarmados,
seguidos
de los soldados
y el riltimoArsaceen carro
asirios,que se presentan
cargados
de diferentesdespojos;
triunfalconducidopor algunosreyesde losdominiosdel oriente,quese distinguir6n
en
la variedadde sustraies.Al compisde la marchadan unawelta enteraal teatrohasta
quc,formandolosasiriosun semicirculo,
quedanocupando
la escena
conlosprisioneros
cn el centro:el carrollegaotra yez a la derechay luegoque desciende
de 6l Arsace
podr6nretirarlealgunosde los soldados.
/.avala - et en cela il corhcidait avec une grande partie du public - avait le go0t
tlu spectacle,m6me s'il allait au d6triment du texte dramatique.Plus tard il a
il8. Qualia, 'Voltaire's tragic art', p.z8o, n.23.
r 09
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
publid une traduction de Rhadamisteet Zinobie de Crdbillon avec de notables
modifications.se
La versification est en henddcasyllabesi rime assonantealterne. Le style,
conformdment i la mise en scdne, est emphatique et grandiloquent. Dans un
manuscrit de la pidce, de la Biblioteca municipal de Madrid, apparaissentdes
censures datdes du 20 et zz septembre I7g3, ainsi que la licence pour la
repr6sentation,qui a eu lieu le z3 septembresur le thditre de la Cruz par la
troupe d'Eusebio Ribera, avec la cdldbre comddienne Rita Luna dans le r6le
de Simiramis.eo Malgrd ses ddfauts, la pidce a 6t6 accueillie favorablement par
la critique. On peut lire dans le Memorial literario de d€cembre 1793:'Estdn
bien sostenidos los caracteres, la locuci6n es noble y grave, cual conviene a
personas trrigicas; la mutaci6n de fortuna y el reconocimiento de Ninias bien
manejadosy el terror y la compasi6nbien deducidosde las situaciones.'" La
pidce a 6ti joude plus tard,le ro iuillet r7g7,sltr le th6itre du Prfncipe.Cette
fois-ci la critique a 6t6 un peu plus dure, notamment au suiet de la construction
de la trag6dieet du style:
Estem6sbien puedellamarseactoo fin trigico que tragedia,porquelastragediasen un
magnitudparallamarsetales.[...] Tampocohaylugarparalos
actono tienensuficiente
que debemoverla tragedia.[...] El estilopor la
grandesefectosde terrory compasi6n
mayorparte es hinchadoy obscuro,a lo cual se agreganalgunosdefectosde expresi6n
y de lenguaje.e2
La Semiramisque I'on a reprdsentdesur le thditre des Caflos del Peral Ie 5 et
le zz janvier r7gge3est sansaucun doute la trag6diede Zavala.
Sophonisbe
La trag6diemanuscriteintitul6e 'Sofonisba',conserv6ei la Bibliotecanacional'
porte les initiales D. A. D. S. Cette traduction n'est pas mentionnd par
Moldenhauer ni Qualia, et Paz ne signale pas que I'auteur en est Voltaire et ne
donne aucune piste sur I'identitd du traducteur.eaMcClelland croit que les
initiales pourraient appartenir a Dionisio Solfs.esJehasarderaisune attribution
i Antonio de Sabifr6n - par la coincidence des initiales - mais ni les bibliographies ni les histoires litt€raires n'attribuent aucune pidce de Voltaire i cet
auteur, traducteur d'ailleurs de Legouvd et Alfieri.
89. Qualia, 'The vogue of decadent French tragedies in Spain, 176z-18oo', Publicationsof thc
ofAmeica S8 (rS+:)' p'I56-5?.
Mofun LanguageAssociation
go. Cottelo, Mdiquez, p.579.
9r. Cit6 par Coe, Catdlogo,p.zoz..
gz. Memorial literun'o (aofit r7g7), p.zo4.
93. Cotarelo, Mdiquez, p.6og.
94. Paz, Catdlogo,no.3 I43.
95. McClelfand , Spanish drama ofpathos, r 75o- r8o8 (Liverpool r97o), i.235.
4. Tradudions a adaptations
La division en actes et sc0nes correspond i celle de I'original, de m6me que
les personnages. La traduction, en vers henddcasyllabes i rime assonante
alterne, se conforme au texte de Voltaire, m€me si parfois le traducteur s'est
permis une grande libert6, avec des amplifications surprenantes. On peut, par
exemple, comparer les derniers vers de la pidce, oi Scipion rappelle le courage
dont ont fait preuve Sophonisbe et Massinisse (acte v, scdne 3):
[...] Ils sont morts en Romains.
Grands dieuxl Puissd-jeun iour, ayantdompt€ Carthage,
quitter Rome et la vie avec m6me courage!
mots qui deviennent dans la traduction un parlement long et sonore:
[...] lAtroz desgracia!
Pero por fin han muerto cual romanos.
Con gran magnificencia se les haga
un mausoleo,que honre su memoria
a la posteridad m6s dilatada
y su amor y sus nombres etemice.
Nosotros, deplorando tan infausta
suerte,a cumplir la nuestravamos
al punto, hacia donde Anibal se halla.
Que aunque ingrata sea Roma y a mis hechos
con iniusticia el premio satisfaga,
triunfaremos de Cartago, aunque no puedan
triunfar de Masinisa nuestras armas.
Ce n'est pas une ffaduction
ou une adaptation de la pidce de Voltaire une
publide en r784 parJosdJoaquinMazuelo. Men6ndezPelayola donne
Sofonisba
comme un arrangement de la tragddie de Voltaire, et Moldenhauer la signale
carrdment comme une traduction, sans doute sans avoir lu la pidce, bien
diffbrente de celle de Voltaire; elle n'a pas 6td rue non plus par McClelland, qui
la supposeI'impressionde la'Sofonisba'manuscrite.e6
Bien que les personnages
principaux - Sophonisbe,Massinisse,Scipion - soient les mdmes, Mazuelo a
introduit la figure de Caton, absente de la tragddie de Voltaire; d'autre part,
I'action se diroule dans le camp romain au lieu de la ville de Carthage et
Massinissene se suicide pas aprds la mort de Sophonisbe.Le seul rapport entre
la tragddie de Voltaire et celle de Mazuelo est leur source commune dans la
tradition et I'histoire romaine.
Tannide
Comme Zaihe, trag€die d'amour et de mort dans un cadre mddidval, Tanride a
connu deux traductions en Espagne.La plus ancienne, El Tancredn,est I'ceuvre
96. Mendndez Pelayo, Heterodtxos,v.296; Moldenhauer, 'Voltaire und die spanische Biihne',
p. r z7; McClelland, Spanishdrama,i.235, n.4r .
III
I IO
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
4. Traduaions et adaptations
de Bernardo de Iriarte.eTElle a paru, avecun opdra-comique,dans un volume
imprimd i l'occasiondu mariage du prince des Asturies - futur Charles [V avic Marie-Louise de Parme, en 1765. Sur la page de titre du volume la
mention i la repr6sentationn'est pas claire,mais Cotareloaffirme catdgoriquement qu'elle a dtd iou6e, et Moldenhauer' apres lui, fait de mQme; Qualia
signaleuniquement que la tragddiea 6tEtraduite, probablementpour les f€tes
donn{es par I'ambassadeurde France.nsCependant, un anonyme voyageur
frangais, tdmoin plus direct des faits, affirme le contraire:
de Franceavaitfait traduireen espagnolIa trag6diede Tanride pow
M. I'ambassadeur
desAsturies.Le deuil
du mariagede la princesse
les f€tesqu'on pr€paraiti I'occasion
voir pouriugerencore
la
ddsir6
la
re^pr€sentation:
emp6chi
i'eusse
de touteI Europeen a
plus s0rementle go0tde la nation.'u
lors du mariage princier, on n'a pas de renseigxem€ntssur d'autres possibles
repr6sentations.
C'est i la fin de la pdriode itudide que correspondla secondetraduction de
la tragddie, publi€e en r 83 z sous le titre Hermnegilda, o el errorfunestopx A. G.,
c'est-i-dire, Antonio Gironella, traducteur aussi d'Alzire sous le titre Telasco.
Comme dans cette occasion-le,h fiaducteur a modifid les noms de tous les
personnages- Am6naide est Hermenegilda, TancrBde est Armando, Orbassan
est Altamoro, etc. - et a accordd i la protagoniste fdminine I'honneur de donner
son nom i la piEce. Par ailleurs, la traduction, qui est en henddcasyllabesi rime
plate, suit d'assezprds I'original franqais.
Dans la dddicacei I'acteurJuanLombia, le traducteursignaleles raisonsqui
I'ont men6 i traduire la tragidie (p.z):
Le deuil a 6t€ causdpar la mort de l'empereur d'AllemagneFranqoisler, 6poux
de Marie-ThdrEse d'Autriche, survenuele I8 aott r765, c'est-ir-dire,peu de
temps avant le mariage du prince des Asturies, qui eut lieu le 4 septembre.
La tragddie aurait 6t6 imprimfe quelques mois plus tard, car l'annonce
n'apparaii que le z3 ddcembre dans la Gacetad.eMadid.roo Elle a paru sans le
no- du traducteur, qui sans doute n'€tait pas connu i l'6poque; en fait, le
voyageur citd plus haut I'attribue ir Ram6n de la Cruz, avec I'opdra-comique
nouias,qui lui appartient en propre et qui a formd volume a\ec El
Lit t*t*
Cependant,peu apris, i I'occasiondu procls de Bernardo de Iriarte
Tancredo.
ir I'Inquisition, un tdmoin I'accused'avoir traduit Voltaire et d'Ctre aussi I'auteur
d'un podme prdliminaire intitul€ El geniotutelar deEspafia-tol
Cette traduction a connu plusieurs rd€ditions:une en 1778 it Pampeluneet
deux i Barcelone,par Gibert y Tut6, sansdate, et par Pablo Nadal, en 1798.
Moldenhauer ne signale que celle de Gibert y Tut6, la croyant diff€rente de la
premiire €dition de r765;r0'Qualia n'en mentionne aucune. Les dditions de
iampelune et Barcelone(Gibert y Tut6) sontidentiqueset legCrementdiff6rentes de celles de Madrid et Barcelone (Pablo Nadal), mais les variantes sont tr}s
peu relevantes.La traduction suit la disposition de l'original frangais quant i la
et scdnes,de mOmeque quant aux personnages'La versification,
dilnition .tt
".tes
alternes de rime assonante,reflBte fid|lement les id6es de
en hend6casyllabes
la pidce de Voltaire. A I'exception de la notice contradictoire de la repr6s€ntation
La celebridadque de un sigloa estaparte tiene en Europaestaobracldsica,traducida
en todaslas lenguasy puestaen todaslas escenasdel mundo civilizado,me ahorranel
encomiarlaa la par de su merecimiento;y en estasu mismaperfecci6nextremadase
encuentrala disculpade haber emprendidosu trasladoy representaci6n
en nuestro
teatro,porqueme pareciamenguaque careciesede una joyatan preciosa.
oz. Cotarelo, Iriarte, g.65.
und die spanischeBiihne',
i6. Cot.t"to. Ramdn'fu la Cnz, p.63 et n.2; Moldenhauer, 'Voltaire
p.rr7; Qualia,'Voltaire's tragic art', p.z8o, n'zl.-.
'
gq.'nh poiitique, histoiqui et moral d'Espagne,l'an r765, Revue hispanique 3o (r9r4)' p'5oo'
roo. Voir Coe, Catdlogo,P.zt3.
r oI. Pinta, Inquisici6n,P.238-39.
roz. Moldenhauer,'Voltaire und die spanischeBiihne', p'rz6'
t 12
La piice a 6t6 foude le rz et r3 novembreet le 7 d6cembre r83z sur le thditre
de Barcelone et, i en juger des mots du traducteur lui-m€me, elle aurait
remportd un grand succes,d0 en partie i I'excellentieu des acteurs.
Alberto Lista, grand auteur et critique du d6but du dix-neuviime siicle, aurait
commencd une traduction de cette tragddie qui lui est devenue spdcialement
laborieuse, i en croire ses mots dans une lettre i son ami Fdlix Maria Reinoso
de r8r7: 'lSabes que en tres afrosni aun he traducido la mitad delTanoeda)'to3
Apparemmentil n'a pas termind la traduction, car elle n'a jamais6t€ publide et
son existenceest ignorde.
Zaire
La plus connue des tragddies de Voltaire a 6t6 aussi la plus traduite de ses
pidcesen Espagne.
La version la plus ancienne, 'Zayra', est I'euvre de Margarita Hickey.
Apparemment elle a fait deux traductions diffirentes, I'une en alexandrinset
I'autre en octosyllabes.roa
On ne conserveque lapremidre, dans un manuscrit
autographede la Bibliotecanacional.La traduction6tait d6ii pr6te en mai r 75g,
date i laquelle I'auteur l'a soumise, avec d'autres ouvrages,ir l'examen de
I'irudit Agustfn de Montiano,'para que su mucha instrucci6n, buen grsto e
ro3. Lettre du ro ddcembre r8r7, cit6e parJuretschke,Lista,p.544.
ro4. Rapport du censeur Casimiro Fldrez Canseco d'octobre ry87; cit€ par Serrano Sanz,
Lsc'ritoras,
i.5to,
II3
Voltairen Espape rp4-r8j5
inteligenciaen estasmateriasse siryiesedarme su parecery corregiry enmendar
la obra', d'aprds les mots de Mme Hickey dans la pr6face de sesPoesiasaarias.
Dans sa rdponse Montiano dit de la traduction de Zai're que 'no han perdido
en ella los pensamientosla mucha alma que tienen en el original. El estilo espuro,
La traductrice fait subir quelquesmodificationsi
correcto y sin galicismos.'ros
la tragddie de Voltaire. Si les personnagessont les m€mes, elle a changd la
structure de la piice, la divisant en trois journ6es, division habituelle de la
comddie espagnoleclassique:la premiire journde comprend les deux premiers
actesde I'original, et elle esttrop longue;la secondeiournde reprend tout l'acte
rrr et les deux premidres scdnesde I'acte rv, tandis que la troisidmeest occup6e
par le reste de la pidce. La traduction est en vers alexandrinsespagnols,de
quatorze syllabes,i rime plate, cas trds rare dans une trag{die du dix-huitiEme
siEcle.
D'une manidre gdnfrale, la version est assezcorrecteet traduit les iddes de
I'original avecune certaine grice, malgrd la servitude de la rime. Mais i ceftains
moments les €carts sont trds sensibles,surtout dans les passagesrelatifs ir la
religion. Dans une tragddie comme Zaire, oi se pose le conflit entre la foi et
I'amour, Margarita Hickey a cru devoir prendre la d€fense de la religion
mise en branle. Justement, le censeur Fl6rez Canseco loue les modifications
introduites:
se ha visto precisadala traductoraa apartarsealguna
Para evitar estosinconvenientes
vez del original y ha extendidoalgo a los razonamientosde Nerestdny rdplicasy
de F6tima aZayra,haciendover en ellasque sin el culto del verdadero
reconvenciones
virhrd,ni puedesertal cuandodstatienepor obietola
Dios no puedehaberverdadera
y lossuietos
y rdplicas,
gloriahumana,con lo quehacebrillarmuchosde estosdiscursos
al leerlosu oirlos.Es adem6sesta
ierdaderamentepiadososrecibir6ngrancomplacencia
y
son
tragediade las m6s pat6ticas,porque en ella todos los personaies_
-buenos,
del original,19 Puededelardeproducir
ahoraexentade losdefectos
represent4ndosenos
y provechosos
efectos.106
excelentes
sulecturay representaci6n
Ces mots coincident en partie avecceux de Mme Hickey dans la pr6facede ses
Poesiasoaias, oi elle affirme que 'una composici6n dram6tica no es otra cosa
que un poema moral y como tal debe ser bueno y doctrinal para que sea
provechoso'.
Malgrd son caractered'in6dit, cette pidce a 6ti connue )rl'6poque. Garcia de
la Huerta en parle d'un ton 6logieux dans la prdface de sa Xaya:'Algunos
traductoreshan desempefradosu empresacon aplauso,pero ninguno con tanta
felicidad, a mi parecer, como una dama de muy singularestalentos,que hizo
una de las primeras traduccionesque aparecieronen Espana'(p.3).
ro5. Cit6 dans le rapport de Fl6rez Canseco:voir Serrano Stnz, Escritoras,i.5ro.
i.5o9-to'
ro6. Cit6 par Serrano Sanz,Esctitoras,
4. Traduaionset adaptations
Une nouvelle ffaduction de ZaiTea 6t€ publi€e en 1765 sous le titre Combates
dc amor1 ley, a:ure du gaditainFernandoJugaccfsPilotos, anagramme,selon
Garcfade la Huerta, deJuan Franciscodel Postigo,ro7
auteur dont on ne connait
rien. R6cemment F. Aguilar a lanc€ I'hlpothdse d'une nouvelle paternit6 de la
traduction, que l'on devrait attribuer i l'dcrivain Jos€ Cadalso, nd i Cadix et
qui a pu se trouver i la ville i la fin de ry64, date suppos6ede la rddactionde
la piice. Aguilar proposecette solution de I'anagramme:JOSEF CADALSO I
V. CPTN RGITO, c'est-i-dire, Josef Cadalso i V[dzquez] C[a]p[i]t[6]n [de]
R[e]gi[mien]to.r08 Cette attribution, jointe i la tragddie Solaya,o loscircasianos,
trouv6e et publide par Aguilar, illustrerait une p€riode peu connue de I'activit6
littdraire de Cadalso. En suivant sans doute Garcfa de la Huerta, Moldenhauer
ne donne pas le titre de la tragddieni I'anagrammedu traducteur.roeLa pidce
a 6t6 annoncde dans la Gacaa deMadrid du r er octobre r 765. t to
La division en acteset scCnesest identique i celle de l'original frangais,mais
les noms de tous les personnagesont 6td changds.Zaiie s'appelleArlaia et sa
confidente Fatime, Celinda; le vieil Lusignan est Guido et son fils Ndrestan est
devenuClaverdn.Du c6t€ desmusulmans,Orosmanea pris le nom d'Otomdn et
son assistantCorasmin,celui de Mahomet. Etant donnd qu'il n'est indiqud nulle
part que la piEcesoit une traduction,on peut sedemandersi I'auteurn'a pasvoulu
en cacher les sources i un moment oir la condamnation de Voltaire 6tait toute
r6cente.La tragddieest en hend6casyllabes
i rime plate,'cuyadura ley hacedecir
a los no muy diestros lo que no quieren, y esto sucedeno pocasvecesa este
traductor', selon I'opinion de Garcia de la Huerta.rrr La ffaduction suit d'assez
prds I'original, bien qu'elle dlargisseparfoisI'expressionde certainesid€es.
Le traducteur a fait prdcdderla piEced'une prdfacetrEsint6ressante(p.3-9),
dddi6e i la 'muy noble y leal naci6n espafrola'.Ses premiers mots expriment la
conviction que sa pidce peut apporter quelque chose de nouyeau au th€itre
espagnol.Il ne parle famaisde traduction, en tout cas d'imitation de trag6dies
6trangdres, sans concr€tiser. Cette id€e se trouve dds la page de titre, of les
Combates
dcamory /q7sont pr6sent6scomme une 'tragedia segrinel m6s moderno
estilo de los mejoresteatrosde la Europa', et elle est d€velopp6edansla prdface
(p.8):
56lo advertirda Vmd. de pasoque el ofrecerla tragediaen cinco actosrepartiday en
todassus circunstanciastan distinta de nuesffo genio es s6lo con el fin de dar una
roT.Garcb de la Huerta, LaXaya,p.ro.
Io8. Aguilar, 'Solay en su contexto dramitico', dans Coloquio iflteanacionalsobreJosi Cadalso:
Bohnia r98z (Abano Terme 1985),p.I4.
ro9. Moldenhauer, 'Voltaire und die spanischeBiihne', p.rz6.
r ro. Voir Coe, Catdlogo,p.47.
r r r. Garcia de la Huerta, La Xoyra, p.to.
I I5
TI4
Voltaire en Espagne r7j4-r8j5
tragediaen nuestro idioma como se representanen muchos teatrosde Europa, para que
los que ignoran otras lenguas, vean y lean en la suya propia lo que tanto nos alaban, y
juzguen desapasionadamente
si se funda la estimaci6nque hacen de sus teatros, con
menospreciode los nuestros.
L'auteur affirme ailleurs que le thdatre doit €tre une 6cole et il s'en prend aux
ddfenseursde I'ancien thditre espagnol,qui ne cherchentque I'amusement.Il
pr6tend rdunir les deux tendanceset croit que dans sa pidce 'se podrS hallar la
diversi6n honesta sin que est6 refrida con la utilidad de la enseflanza'(p.5).
Son intention moralisatrice se manifeste dans la description qu'il fait des
protagonistesde la tragddie,en mettant I'accent sur I'aspectreligieux:il ddcrit
la lutte d'Arlaia €ntre son amour pour le musulman et les contraintesde sa
religion, et il prdsenteOtomdn commeun moddle,malgrdsacondition d'infiddle,
bien qu'il critique son suicide, oil I'on voit clairement'hasta d6nde pueden
llegar los sentimientosde un coraz6nhumano que no sevalepara sobrellevarlos,
por ignorarlas,de las verdadesevangdlicas,en que tantasreglasy ayisosse nos
dan para saberconducir nuestraconstanciasegurapor el embravecidogolfo de
nuestros infortunios' (p.6). Il termine sa prdface en exprimant son d6sir de
collaborer i la r6forme du thditre espagnolet en encourageantles autresauteurs
i contribuer avec leurs efforts i atteindre i la rdforme.
La prdface est suivie d'un'Pr6logo, o introducci6n a Ia tragedia Combates
dz
&morl lry', qui occupeles pagesr r i r8, oi dialoguentle Gracioso,la Graciosa
et le Vejete, des personnagesde I'ancien thditre espagnol,regrettant la mode
de la tragddie qui leur a enlevd le travail. Un des personnagesddcrit avec ces
mots la tragddie (p.r:)t
Alli el gal6nsu cariflo
le explicacon puflaladas:
la damaquierey no quiere,
y muerecuandola matan.
Y me alegro,porqueal fin
seve morir en lastablas
de amor a una presumida;
porqueyo nuncapensaba
queestosepudieraver
ni aun fingido.Tambidnsehalla
un hermanoa lo monsieur.
un vieio, que una vezhabla
y despu€s
semuereel pobre
de gusto:1qu6buenadanza!
Alli nuncasemerienda
ni secome,peroandan
lasescenas
a montones,
y cincosonlasiornadas,
lasunidadessontres.
rr6
4. Traduaions et ad,aptations
Les trois personnagessont sur le point de se donner la mort lorsqu'apparaitla
Dame de Ia tragddie,qui leur assurequ'ils ne resterontpas sanstravail i cause
du nouveau genre, parce que dans les repr6sentations,en plus de la trag6die,
il y aura, comme d'habitude, des sayndtes,des danseset destona^dilras
(p.iz)t
DAMA
Si, amigos, lo dicho dicho:
una diversidn es mala
si no se mezcla de todo;
pero con la circunstancia
de que cada cosavenga
a su lugar ajustada.
GRACIOSO
Pues si es asi luego al punto
lluevan tragediasde Francia,
que si las graciasno mueren
serdntragediascon gracia.
La pidce a 6td sans doute iou6e i cadix: dans le texte imprimd figure la
distribution des rdles, mais il n'existe aucune notice pour le confirmer.
La traduction de Zai're intitul6e La Zaltda, publi6 sansle nom du traducteur,
doit 6tre attribu6e i Pablo de olavide.t2 Il en existe quatre dditions: une i
Barcelone par Gibert y Tut6, sans date; une autre en t782, par le m€me
imprimeur, qui se dit seconde 6dition; la troisiEme i Barcelone par la veuve
Piferrer, non datde; et la quatridme, non dat6e,i Salamanque,par Francisco
de T6xar. cotarelo et Moldenhauer ne font pas mention de I'idition non dat6e
de Gibert y Tut6; de son c6t6, Qualia ne signalepas l'ddition de Salamanque..3
La Biblioteca nacional conserve une copie manuscrite de la traduction oi sont
mentionn6sVoltaire et Olavide.rra
Quant i la date de compositionde La zojdo, elle devrait €tre fixde en 17651766, i la m€me 6poque oi olavide a traduit M*rope'tts en tout cas, si cette
traduction est la Zaida joude par la troupe du Teatro de los Reales Sitios.
comme le croit Garcfa de la Huerta,tr6 elle serait ant6rieurei r77o.
euant i
la dispositionde la pibce, olavide a r6organisdles scdnesi I'int6rieur des actes.
en r6duisantleur nombre par fusion, mais celane modifie pas le ddveloppement
de la tragidie.rr? Les personnagesrestent les m€mes. Il existe de petites
r r z. Men€ndez Pelayo,Heterodoros,v.295; Cotarelo, Iriarre, p.6g-7o, n.4.
rr3. cotarelo,-Iierry, p.6.g-7o,n.4; Moldenhauer, 'voltaire un-ddie spanischeBiihne', p.rz6;
^
Qualia,'Volaire's tragic an', p.276-77.
r t 4. Paz, Catdlogo,no.2866.
t r5. Defourneaux, Olaoide,p.78.
r r6. Garcia de la Huerta, La Xayra, p.ro.
rr7.L'acteraquatres c enes ,qui c orres pondentaux s c bnes r,2,3et4+ s fus i onn6es del ,ori gi nal ;
_.
I'acte It en a quatre, comme l'original; le ru cinq, qui sont b t,273,4+i,
6 et 7 de I'orign-al; le
r 17
I
Vohaireen Espagrer7j4-r8j5
difiErences,sans importance, entre les diverses6ditions connues et la copie
blancs et rend les iddes de
manuscrite. La traduction est en hend€casyllabes
de la Huerta affirme avoir
parfois
gauche.
Garcia
l'original, mais dans un style
su puntualidad demasiada
Xayra,'pues
base
de
sa
pris cette traduction comme
Alcald
Galiano fait allusion i la
Antonio
puede reputarsepor equivalente'.rrB
floios,desmayados,
versos
sueltos
en
qualifiant
de
'traducci6n
pidce d'Olavide,la
pensamientos
del original,
los
un
6pice
de
ellos
discrepar
donde estabansin
po€tica,
cuando sea
aun
que
una
obra
en
de
estilo
la
belleza
faltando s6lo
la Zaltda
Malgrd
ces
ddfauts
punto
indispensable'.rre
todo
dramdtica, es de
cit€ de
D'aprds
le
tdmoignage
plusieurs
reprises.
i
reprdsentde
d'Olavide a dt€
Sitios.
los
Reales
le
Teatro
de
dans
6t6
elle
aurait
la
Huerta,
Garcia de
iou€e
En r77z elle a 6t6 donnde sur le theatre de S6ville, avecun texte modifi6 par
les censeurs,qui ont changf plusieurs expressionsrelativesi la religion;t2oelle
a 6t6 reprise dans les anndessuivanteset a atteint huit reprdsentationsen cinq
mois. En 1777, touiours i S€ville,on a ioud un Orlsmane,qui est i coup s0r la
mQme pidce; une Za1dn a 6t6 reprisent{e par les 6tudiants de Sdville dans la
cour de I'universitdi I'occasiond'une visite de l'6v€que.r2rC'est sansdoute le
texte d'Olavide que la Zayda ioude seize fois sur le thditre de Barcelone entre
jamais atteint par une autre piece
ry75 eI r78g,t22nombre de repr€sentations
dans la m€me pdriode. A Madrid la pidce a 6ti mise en scenedu rer au 6 iuin
r79o sur le thditre du Prfncipe, du r5 au 19 ianvier r79r sur celui de la Cruz,
et le r8 et le 20 mai t792, ainsi que le 4, 5 et 6 aott 1794' sur la scdne
du thdAtre du Principe: soit seize repr6sentations dans une p€riode de cinq
ann6es.r23
Aux premidres repr6sentationsde Madrid, en iuin r79o' font appel les
censures et approbations manuscrites d'un exemplaire imprim€ de La Zayda
(Bibliotecamunicipal de Madrid), dat€esde la fin de mai. Le compte rendu de
la trag€die a paru dans le Memoial literario du mois de iuin; aprds un r6sum6
minutieux de la pibce on peut y lire:
s: 3+ 4,5,6+ 7+ 8'9 et ro de
v a s i xs c En er,2+
rv ci nq,i s av oirr , z + 3 ,4 + 5 ,6e t 7 ; I' a c te
I'original.
r r8. Garcia de la Huerta, La Xaya, p.to.
r rg. Alcalf Galiano, Historia,p.z4z.
rzo. Defourneatx, Olnidz, p.284 et n.r.
rzr. La Zaldna dtd donnde le rg, zo, 2r et 25 septembreet le 8, rz et zr d€cembre t773, ainsi
a,6t6 jou6 le r6 et r9 iuin t777" voir Aguilar, Seoilla,p.z3r,288,
quele z7 janvier r774; Orosmane
293.
'izz.La
pidce a 6t6 jouie aux occasionsque voici: r775, t778 et r779 sansmention de date; zz
zz mai et 3o
iuin, r3 iuillet, 3o septembreet z3 d6cembre t784; zg aorit 1785; 20 et 2r f6vrier,
1786; ro et rr ianvier et zI iuin 1787,et z3 avril 1789: voir Par,'Representaciones
r.pt".bt.
teatrales',p.338, 3 42, 3 44, 4g8-5o t, 5o4, 5o6, 5o8- r o' 594.
r z 3. Coe, Catdlogo,p. z 37 ; Cotar elo, M diqun' p. 584.
r r8
4. Traductionset adaptations
Estatragediaes una de lasmdsbellasque se han escrito.Nerestdn[sic]esti muy tierno
en el reconocimiento
de sushijos.Zaydaamavehementemente
a Orosm6ny sehallaen
la precisi6nde olvidarlo,de lo queresultaun conrastede pasiones
muy patetico.Llega
Zayd,ano sabequ€ hacerse,
el punto del casamiento.
se ve oprimiday angustiada
en
extremo.Orosm6nquedaconfusode su petici6ny se ve combatidodel amor,de los
celosy de la ira. Todo est6en movimiento.El amor, la ternura,la sublimidady la
obediencia
resaltanen estapieza.Toda ellaestdsembrada
de mil bellezas.
No obstante
advertimosalgunainverosimilituden la cruz que conservaba
descubiertaZaydadesde
nifra:parecem6sregularque estandoentre enemigosde la religi6ncat6licano la usase
l2a
descubiertamente.
La traduction de Zailrepar Fulgencio Labrancha n'a 6t6 signaldepar aucun
6rudit et i'en dois la notice i la bienveillancede mon collBgueet ami Francisco
Aguilar. Cette version, publi6e i Murcie en 1768, est prdcddde d'une ipitre
dddicatoirei un seigneurde la rdgion, oir I'auteur fait l'6loge de la trag6diede
Voltaire - sans le nommer - et avertit qu'il a introduit plusieurs modifications
dans son texte. Notamment, l€ traducteur a rdduit i trois les cinq actes de
I'original et il a supprimd la dMsion en scdnes,'por no ser muy acomodado
para nuestro teatro'. L'acte l et la premidre scCnede I'acte u font le premier
acte de la traduction: le reste de l'acte II et tout I'acte III en constituent I'acte
II, tandis que les actesw et v r6unis forment I'acteIIr et dernier de la traduction.
Cette nouvelle distribution de la matiBre th€Atralea exig6 des changements:par
exemple, au ddbut de I'acte rr le traducteur a dt cr6er une introduction qui
prdpare I'enffde de Zaire, nullement n€cessairedans I'original parce qu'elle se
trouvait dans la scdnepr6c6dente,i I'int6rieur du m€me acte; d'autre part, la
rdunion en un seul des deux derniersactesa produit la suppressionde plusieurs
passagespour ne pas trop allonger l'acte Irr.
La traduction est, dans sa plupart, en vers octosyllabesi rime assonante,en
suivant la technique dl romance.
L'emploi de ce mdtre, ainsi que l'annonce de
la fin de la pidce par tous les acteurs ('Y ahora damos ,/ con este ejemplo de
/ fin a nuestrolance infausto' (p.6+)),destraits caract6ristiques
de I'ancien
^mor
thditre, donnent i cene version un air dix-septidme sidcle. Et cette fin est
agr6ment6een plus d'une consid6rationmorale absentechezVoltaire:
NnnnsrAN
Confusoestoyy pasmado:
No me conozcoa mi mismo;
iy queen mediode mi agravio
y de mi pena,seayo
quienle admire!lFuenecaso!
iY yo quiensecompadezca
de un lancetan desdichadol
rz4. Memoial literario (ittillet I79o), p.3go-g r ; I'auteur de I'article confond N6restan et Lusignan.
II9
VoltaireenEspagne
r7j4-r8j5
Que a pesar de su error, todos
los hombres somoshermanos;
y pues que tantas fortunas,
tan trdgico y desgraciado
fin han tenido, bien puede
cualquiera mirar que en vano
cosa
ilx,'3ff:ffii':€n
Comme pour d'autres textes, il faudrait parler plutdt ici d'adaptation, car la
nouvelle structure de la pidce, les nombreux passagesabrdgds,supprim€s ou
cr66s par Labrancha font de sa Zaira une tragddie fort 6loign6e de la piEce de
Voltaire.
Quoique la traduction de Vicente Garcia de la Huerta ait port6 le t:rte La fe
triunfantedel emorj cetro,elle a 6td toujours connue par le sous-titre des dditions
postdrieuresi la premidre; Xaya. La tragddie a 6td 6dit6e plusieurs fois. La
premidre 6dition est de 1784 et sur la page de titre I'annonce est faite qu'il
s'agit d'une pidce 'en que se ofrece a los aficionadosla justa idea de una
traducci6n podtica'. Elle a €t6 r66ditde peu aprds dans le volume xvi, ou
Suplemento,du Theatro hespafiol,avec ses deux tragddies originales Raquel et
Agamm6n. Quoiqu'il n'existe aucune 6dition appel6etroisidme, il en existe deux
qui portent la ddnomination de 'quatridme': l'une de S6govie et l'autre de
Madrid, les deux sans mention de date. La cinquidme et derni0re est de
Barcelone (r8zr). D'autre part, on conservedeux manuscritsde la pidce, i la
Biblioteca nacional et ir la Biblioteca municipal de Madrid; la premiBre des
bibliothdquescitdes conserveaussi un fragment. Il s'agit dans tous les cas de
copies du texte imprim6. Moldenhauer signale toutes les €ditions et manuscrits,
excepti le fragment; Qualia ne donne que la premiBre 6dition. 126
Garcia de la Huerta a respectd la disposition en cinq actes, mais il fait
abstractionde la division en scdnes.Il n'a modifid que le nom de I'hdroine, qui
devient Xa1'ra, 'de sonido gutural, 6spero y no por eso mis propio de mujer
musulmana',d'aprdsAlcal6 Galiano.t21La ffaduction est en vers henddcasyllabes i rime assonantealterne. Garcfa de la Huerta a donnd un traitement assez
libre i la pidce de Voltaire. En fait, dans I'avertissement ('Advertencia') qui
prdcddeI'ouwage,il exposesesid6essur la libertd du traducteuret se prononce
Guide-moi, Dieu puissant!je ne me connaispas.
Faut-il qu'i t'admirer ta fureur me contraigne,
Et que dans mon malheur ce soit moi qui te plaigne! lZai:re,v, rol
rz6. Moldenhauer,'Voltaire und die spanischeBiihne', p.rz6-27; Qualia,'Voltaire's tragic art',
p. 27 8 .
n7. Alcali Galiano, H*toia dc la literatura espafinla,francaa, inglaa e italiana ett el siglo XWII
(Madrid r845), p.243.
rz5. Comparez i:
t 20
4. Traduaions et adaptations
contre une traductionlittdrale,puisque'el efectomds frecuenteen lastraducciones de piezaspodticasconsisteen querer aquellosque las hacen conservarcon
una religiosidadpueril e impertinente la letra del original' (p.4), .t il croir que,
ainsi qu'un hdte doit f€ter son invit6, le traducteur doit mettre en relief les
pensdeset les beautdsde I'original. Il termine l"Advertencia' en signalantles
causesde sa traduction, qu'il qualifie dans la page de titre, non sanspddanterie,
de'iusta idea de una traducci6n podtica': 'yo no aspiro a otra satisfacci6nen
estetrabajo que a dar un nuevo testimonio del deseoque me anima de contribuir
en cuanto me es concedidoa la reforma del mal gusto que ha reinado en esta
parte entre nosoffoshastaahora' (p.tg-r+). Cependant,il ne faudrait pas croire
compldtementaux intentionsd€clar6espar Garcfade la Huerta.J. A. Rios, dans
sa thdsesur cet auteur,sigaalecomme le premier un but purement dconomique,
(Advertencia'
qui e4pliquerait la prdsence d'une
iustificative, ainsi que le fait, i
vrai dire surprenant,de traduire une piBced'un auteur qu'il ddtestait.r28D'autre
part, R. Andioc avait ddii signald plusieurs similitudes - I'hdroisme, I'esprit
chevaleresque - entre Xayra et Raquel, tragddie originale de Garcfa de la
Huerta. r2e
Le style de cette traduction est agile et brillant, et I'on y peut appr6cierune
certainecontaminationde I'anciennecomddie espagnole.L'auteur a coup6 les
parlements trop longs par I'intervention d'un des interlocuteurs; il a parfois
ddveloppd des passagesqui sans doute lui semblaient trop brefs. Quoique
I'auteur lui-m6me affirme que la traduction d'Olavide est i la base de son
ceuvre,j'ai mes r6servesi ce suiet. Pourquoi un homme, ayants6journdi Paris,
ayant traduit plusieurs fragments de podmes franqais parmi ses Obraspo'fticas
(publides i Madrid en ry78-ry7g), ayant une connaissancesuffisante de la
langue frangaise pour comprendre m6me Phidre, ne se serait-il pas servi du
texte frangais?r30
Le succdsremportd par LaXaltra a 6t6 remarquable mais tardif. Les premidres
reprdsentations connues ont eu lieu sur le thditre des Cafros del Peral en avril
r8o4; avantla fin de I'annie elle y a 6t6 foudeseptfois.r3rElle a 6t6 repr6sent6e
i quatre reprisesau longde r8o6.r32D'autres reprdsentationsont 6td donn6es
i Sdville en r8rz, tSzz et t8.z3, et i Madrid en r835.I33A ces derniires
r 28. Rfos, Garciadz la Huerta, p.t66-7 r.
rz9. Andioc, Sur la querelledu th66.teail ternpsde Leandro Femdndezde Moratin (Tarbes r97o),
p465, n.527.
r3o. P. Merim6e, L'Inf.ueneefrangaiseen Espagneau XVIIIe siicle (Ptis s.d.), p.3o.
r3r. Elle a 6t6 reprdsent6ele zz,23,24 et 29 avril, zo mai, z9 iuillet et 5 d6cembre r8o4; voir
Cotarelo, Mdiquez, p.654; Coe, Catdlogo,p.gg.
r3z. Cook, Neo-classicdrama, p.z8g.
I33. A S€ville, les reprdsentationsont eu lieu le z7 ianvier r8rz, le ro septembre r8zz et le 8
fivrier r8z3 (voir Aguilar, Cartebrapreromdntica seuillana:afios tSoo-r836, Madrid r968, p.46); i
t2 r
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
reprdsentationscorrespondent sans doute les exemplaires de la Biblioteca
municipal, avec des notes manuscrites, la licence pour la reprdsentation et la
distribution des r6les. Le succdsde La Xayra a ddpassdla scdne.A I'Acaddmie
des lettres humaines de Sdville, lors d'un renouvellementdu programme proposd
parJos6 Maria Blanco et Fdlix Maria Reinoso en 1796, la lecture des textes
classiquesa 6td remplacdepar celle des modernes,parmi lesquelsse trouvait
Zahe de Voltaire dans la traduction de Garcia de la Huerta. r34Des critiques de
l'6poque ont diversement apprdci6 la piice. Quintana, tout en condamnant la
libertd excessivede la traduction, 6loge la grice et la sonorit6 du style:
muy desigual,y el sentidooriginalen no pocas
La traducci6nestf comotodassuscosas,,,
partesestropeado.
Pero, 1c6mose luce a vecesel versificador
numeroso!lCon qud
valentiaresuenanen el teatroalgunasde las cliusulas,cuandose sabendecir! Arin no
seha olvidadoel efectoquehaciael cilebreM6iquezcuandoseentrabapor losbastidores
declamandoaquelbello final del acto30:
El sexoque amenaza
con su blanduraavasallaral mundo,
mandeen Europay obedezca
en Asia.l3s
Alcald Galiano se montre trds dur dans son analysede Xaya, en insistant sur
I'infiddlitd au texte original, ce qui produit des changementsde sens notables;
cependant,il met en 6videncele succdsobtenu par la pidce:
Sin embargode estosgravesdefectos,por muchosafroslaJairade Garciade la Huerta
ha sido oida con aplausoy gusto,tantoes el poderde una dicci6nrobustay lozanay de
y aunparalos entendimientos,
en los
un versofluido y sonoroparalos ofdosespafroles,
ciertasfaltasel regalode los sentidos.136
cualesllevaa desatender
po6tiques
ii. Traductionsd'ouvrages
Les ouvragespodtiques de Voltaire, d'une grande varidt6, ont dtd indgalement
traitis par les traducteursespagnols.Cependant,les podtesde l'6poque poss6daient une certaineconnaissancede la production en vers du philosopheet on
peut en trouver des r6miniscencesdans leurs poBmes.C'est, par exemple,le
casde Mel6ndez Vald6s.Quoique dansla bibliothEquedu podte de Salamanque
il n'existe aucune trace d'ouvrages de Voltaire, il est presque sfir qu'il les
connaissait. On possEdela preuve de sa lecture de La Henia"d.e,dont il parle
Madrid, elle a 6t6 iou6e le rer, z et 3 novembre et le 6 d6cembre r835 (voir Cartelerateatral,p.4z).
r34. Juretschke,Lkta, p.rg-zo.
p.r5o, n.z.
r35. M.J. Quintana, 'Sobre la poesiacastellanaen el siglo XWII', dans Obrars,
r36. AlcaLi Galiano, Histrria, p.245-46.
r2 2
4. TraduAions et adaptations
dans une lettre i Jovellanosde r778,t37et c'est encore plus probable qu'il
connaissaitles podmesplus coufts. On a signaldplusieurs ressemblances
entre
desiddesexprimdespar Voltaire et Meldndez danscertainspodmes.Les podsies
philosophiques de l'dcrivain espagnol seraient en rapport avec le Poime sur la
loi naturelle;d'autre part, le premier d,esDiscourcen aerssur l'homme,intitul1.'De
l'dgaliti des conditions', aurait fourni i Mel6ndez la matidre pour une dpitre en
vers qu'il n'a iamais compos6emais dont le plan en prose nous a 6t6 conservd.
Enfin, le podme de Mel6ndez intitul€ La presenciad,eDios se serait inspir6 d'un
chapitre du Traiti dc la tolirance.tss
On a m€me trouvd desinfluencesou desressemblances
de podmesde Voltaire
dans la po€siede Juan Pablo Forner, ennemi implacabledes philosophes:
Como Voltaire- a quien, con espiriruantienciclopedista,
odiaba- que escribeSzr /a
paixder 7j6, Fornerexpresaconceptos
parecidosen sucantoheroicoLa Paz,con motivo
delapaz ajustadacon Franciaen 1795.[...] Y tambi6ncomoVoltaire,q:uecantaLa
humana.tse
ftlicitl da tenps[. . .] Forner exaltaLa felicid.a.d
On pourrait cependantpenser i de simples coincidences,sansrapport direct,
mais, puisque Forner avait lu d'autres productions de Voltaire, il ne serait pas
impossiblequ'il connfit ces podmes.
En fait, les traductions d'ouvrages en vers sont peu nombreuses: une prosificanon de La Pucelle,troistraductions en vers de La Henriad4 des podmesinsdrds
dans la l/ida dc FedeicoII,le PanegiricodeLuis XV et la cdlEbreEptne d Uranie.
La traduction de la Pucelled'Orl'4ansa itd diffusde en plusieurs dditions, mais
i une dpoque tardive. La plus ancienneest celle de Cadix (r8zo), signaldepar
Mendndez Pelayo,qui pensequ'on ne doit pas I'attribuer i Marchena;raocette
6dition est trCs rare et n'apparait pas dans les r€pertoires. Une 6dition qui se
dit imprimde i Las Batuecas,sansdate, lui est postdrieure.C'est celle que j'ai
utilisde, antdrieure sans doute i une fausseddition de Londres (r824), qui se
dit'seconde 6dition'et qui a 6t6 imprim6e apparemmenti Bordeaux.r4rEn
r836 une nouvelle idition a paru i Cadix. Dans toutes les 6ditions on a ins6r6
la 'Corisandra', un dpisode du chant xrv de La Pucelle,supprimd des dditions
franqaisesi partir de celle de ry62. Dans les traductionsespagnoles,au lieu de
r37.'He leido esteverano las Lusia^das
de Camoensy sus demdsobras,y digan lo que quisieran
lns criticos, l* Lusiadasme han agradado mucho, aunque tambi6n, por otra parte, no halle en ellas
ni la fuerza de Ercilla, ni la alteza de Milton, ni la precisi6n y la filosofia de la Hniadl
Qetre
dat6e i Salamanquele 3 novembre r778).
I38. Men6ndez Pelayo,Heterodoxos,
v.3 r6; Demerson, Melmdez ValdA,ii.zr6-rg.
t39. LAzaro Carreter, 'La poesialirica', p.8 r .
r4o. Men6ndez Pelayo,Estudios,iv.r9o, note; Heterodnxos,v.454.
t4r. A.Prbu,Manual dcl librero,nrviii.47o.
r23
Voltaireen Espagner64-r8j5
se trouver i saplace,I'dpisodeest publi6 sdpar6ment,i la fin du podme,prdcddd
d'une note iustificative.ta2
La traduction en elle-m€me rev€t peu d'int€r€t, puisqu'elle a €t€ faite en
prose, d'une faqon assezfidile, en traduisant m6me les piquantes notes de
Voltaire. L'ouvrage estpr€c6d6d'une prdfacedu traducteur,dont on ne connait
pas I'identit6, sauf qu'il 6tait lib6ral et venait de France,d'aprdsce qu'il signale
lui-m6me (p.iii):
De la otra parte de los Pirineosvengo,trayendode la mano, intrdpidosespafroles
liberales,a la doncellade Orleans,a la que naci6comonuevaPalasde la cabezadel
grande Voltaire, del gran corifeo contra la superstici6ny el fanatismo,el que supo
las floresde la primeraedadentrelos hielosdelaveiez,y os la presentoen
conservar
traje espaflolen premio de vuesffosafanespor sostenerla independenciade vuestra
patria.
4. Traduaions et adaptations
l'6loge du podme, qu'il place au m€me niveau que l'Iliade, l'Entide,le Paradis
perdu et la Jirusalem diliorie, consid€re les raisons qui ont empEchd l'ouwage
de franchir les Pyr€ndes(f.43):
La genteespafroladebia encontraren 6l muchospensamientos
atrevidos,capacesde
ofendersu honory supiedad.El nombre,demasiado
famoso,de su autorno le eranada
grato;y temfaque,baiola dulzurade unosversospomposos,
sebebieseel sutilveneno
de algunassentenciasen6rgicas,pero duras,y por consiguientedisonantesa nuestros
ofdosdelicados.
Il fait plus loin mention du succdsremportd par La Henriadetraduite i presque
toutes les languescultiv6es, afin de iustifier sa propre traduction. Il diclare qu'il
a fait usage d'une certaine libertd pour supprimer les passagescontraires ir
I'honneur de I'Espagneet i la religion catholique,quoiqu'il ait essaydde s'en
tenir i la pens€ede l'auteur, sanspr€tendre i ce que sesvers 6galentceux de
'uno de los mds insignespoetasde este siglo'.raaLa traduction de Viera est en
vers henddcasyllabesi rime assonantealterne; elle conserveen g6ndral un style
dlevd,conformdmentau contenu du podme.
Bien qu'elle n'ait pas 6t6 publi6e, la traduction de Viera nous est parvenue.
Elle a dt6 plus fortunde que la traduction men6e aussi dans les iles Canaries
par le jurisconsulte basque Jos€ Marfa de Zuazn6tbary Francia, procureur de
I'Audience des Canaries entre rTgz et r8o6, dont le texte n'est pas repdr6. La
seule preuve de son existence sont les mots de Zuazndbar lui-mdme:
Plus tard, avec des phrases d'un go0t douteux, le traducteur fait des considdrations sur la virginit€ et les difficultds qu'elle rencontre i l'6poque contemporaine:
'lJna doncella, una virgen en estos tiempos es un hallazgo maravilloso' (p.iii).
Il affirme plus loin qu'il n'a pas 6crit sa traduction pour des lecteurs hypocrites,
qui vont crier au scandale,ni pour ceux qui seraient troublds par sa lecture:
'Pero si al leer los trabaiosde mi heroinate sientescompungidode sus deslices,
te irritas contra los que le son infieles, tomas parte en sus venganzasy en sus
glorias, para ti se ha escrito este poema. T6male, l6ele, dev6rale,pues ni eres
el alumno de la virtud' (p."). il apparait dans la pr6face du traducteur anonyme
une dbauchede morale, puisque, d'aprds ses propres mots, sous l'enveloppe
des aventures se trouve 'la invectiva del vicio, la sritira del libertinafe y la
circunspecci6ncon que se debe guardarla castidad'(p.x).
Le podme de La Henrialr, un des grands titres de la bibliographie voltairienne,
a donn6 i son auteur la renommde de premier podte 6pique du dix-huitiEme
siBcle.On a eu trds tdt des traductions en anglais,en italien et en hollandais,
mais les traductions espagnolessont un peu tardives. La plus ancienne date
seulement de r8oo et elle est I'ceuvrede Jos€ de Viera y Claviio, ffaducteur
aussi de Brutus. Son 'Enriada' se conserve en deux manuscrits i la Biblioteca
municipal de Santa Cruz de Tenerife - texte complet - et au Museo canario de
Las Palmas - texte incomplet. ra3Le poBme (dans le manuscrit de Santa Cruz
de Tenerife) est prdc€dd d'un avertissementof le traducteur, aprds avoir fait
El abateBazin, fiscil de la Academia[de derecho],que despudsemigr6de Espaffacon
JosdNapole6ny public6en Franciasu traducci6nal castellanode la Hniada o poema
heroicode VoltairesobreEnrique[V el Beamds,sin los miramientos,apostillasy notas
quepuseyo a la mia que di a luz en las Canariasy por consiguientede una maneraque
las
era f6cil de preveerno tendriaf6cil salidaen la Peninsula.
t4z. La doncellade Orbans (6ditron de Las Batuecas (s.d.)), p.277-87. Les r6f6rences qui suivent
sont faites i cette 6dition.
r43.Voir Millares, Ensayo,p.545; A. Cioranescu,'Viera y Claviio y la cultura francesa',dans
Estud.iosdz literatura espafiolal clmparada (La Laguna tg54\, p.zo7-48; ainsi que le mdmoire de
dela Eniala por D.Jos6 de Viera y Clavijo'
licence inddit de Carlos Ortiz de Zir*e,'Latrtdtcci6n
(Universidad de Barcelona r985).
r44. Voir le texte complet de la prdface dans notre appendice M.
r 45.J. M. de Z:uaznibar, Mr's oaos(Bayonne r 835), r66dit6 dans Euskalheda 54-57 (19o6- r 9o7);
la r6l6rence dans 55 (r9o6), p.r4o-4r.Je remercie M. Ernest Lluch de cette indication.
r46. Sur Ztundbar, voir, notamment, Alfonso de Otazu, Jos6 Maria deZurznlbar y Francia',
Boletindc atudios histirias sobreSan Sebastihn5 (r9Zr), p.z6z-83.Je remercie M.Jesris Astiganaga
des renseignementssur ce personnage.
r2 4
Faute de texte, il nous reste la notice d'une nouvelle traduction de La Henriade,
cuvre d'un homme de production vari6e,auteur de textesiuridiques et politiques et de descriptionsgdographiques.16
La traduction de la Hmriade par Pedro Bazin de Mendoza est parue en r 8 r 6
i Alais, ou Alds, dansle midi de la France. Le poBmea 6t6 rdimprim€ plus tard
i Barcelone,i deux reprises,en 1836 et en 1842, bien qu'en cachantle nom
du traducteur sous les initiales D. B. M. Ces r66ditions prdsententplusieurs
diff6rences)r l'6gard de la premidre 6dition, localisdessurtout dans les notes.
r25
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
Bazin aurait commenc6 la traduction de La Hmriade en r8r4, car il affirme
s'€tre consacri i cette besognependant plus de deux anndes(p.lxiv). La date
coinciderait avec celle de son ddpart de I'Espagnei la fin de la guerre, fait qui
semble confirm€ par les mots avec lesquels il qualifie sa traduction: 'produito
casual de una triste y extraordinaria avenrura' (p.lxviii).
La traduction de Pedro Bazdn devient surtout int6ressantepar la tris longue
introduction qui prdcddele podme. cette introduction, occupant r r 2 pages,esr
composde d'un 'Pr6logo y observaci6n del traductor sobre la Henria^d.a'
Qt.ixcii), qui est donc la waie prdface du traducteur, et la 'ldea de la Henriada'
(p.xciii-c) et le 'Pr6logo del rey de Prusia' (p.ci-cxii), deux pidces tir6es des
iditions frangaisesdu podme. L'ddition se complBtepar les notes de voltaire
(p.:o+-rg) et par celles du traducteur (p.3r4-r8), peu nombreusesmais
d'dnorme int€r6t.
Il convient de s'attarder sur la prdface du traducteur, 6tant un moy€n
d'expression de Bazin. Il commence par dddier un vibrant 6loge i voltaire en
tant que poBtedpique (p.ii):
A pesarde todo, el autord,ela Htnriadanuncaser6m6sni menosa los imparcialesoios
del iuicioso_hlmanista_que
el quintode los dpicosconocidos[...], estoei, el primiro
despu6sde Homero, virgilio, Ariosto y Tasso,cuyasbellezasde betallerivalizay aun
quizdvenceen algunaparte;el_rinicoque poseela Franciaen su g6neroy superiorsin
d_u{.,1 lo menosen la regularidad,a cuantospretendanen Espaffiel altoy privilegiado
titulo de dpicos,sin excepci6ndel mismoCamoens.
Aprds cet iloge il d€fend voltaire des critiques sur La Henriade exprimdes par
La Harpe dans son Lycie, relat,ves, par exemple, au plan de I'ouvrage, au
manque d'uniti, i la mince importance accordde dans les quatre premiers
chants au hdros principal (p.iii-xlvii). Bazdn r6fute un aprdsI'auffe les riproches
du critique en citant des passagesde La Hniade et en comparant ce podme i
l'Iliade, oi Achille, qui en est le h6ros principal, a un r6le presque secondaire
dans les dix-huit premiers chants.Plus tard Baz6n exposeles causesqui I'ont
poussd i traduire le podme de voltaire. La toute premidre est d'offrir aux
Espagnols un moddle de podme dpique dont ils seraienr ddpourvus (p.xlviii):
He_creidoque [...] hariageneralisimamente
conocidoen mi amadapatria,por medio
de Ia traducci6n,uno de los excelentes
ejemplares
que [...] debeioncurrir con los
cldsicossrlegoy latino siempreal frente,a formar y guiai nuertr" juventudestudiosa
hastala sublimecumbre de una verdaderaepopeya,de que carecemos,
y a que debe
aspirarnuestraliteraturapatriaparanivelarseo quizdavanzarse
en estealrtsimbg6nero
a lasdem6snaciones.
D'autre part, il veut par sa traduction manifester sa reconnaissancei la France.
'naci6n sensibley civilizada, donde asfyo como todos mis respetablescompafreros de desgraciahemos experimentado[...] las m6s sincerasdemostracionesde
4. Traduaions et adaptations
asilo y hospitalidad' (p.liv). Il veut rendre hommage aussi i Ferdinand vII et i
Louis xvl[, descendantsde Henri rv. Il souhaite que, comme ce roi cl6ment
et iusticier, le roi d'Espagneiette un 'espesovelo' sur le pass6et accueilledans
son sein tous les Espagnols(p.lv-lix). Sesdlogess'adressentaussii Louis XVIII.
qu'il appelle 'sabio, prudente y experimentado' @.hx). Bn6n veut faire voir i
sescompatriotes'los horrores, desastresy calamidadesa que conduce ciega y
b6rbaramente' por un lado, el espfriru de facci6n y partido, po. otto,
d.
"i
anTqufa, despotismo y goticismo, y por todos, el de fanatismo y superstici6n'
(p.lix-lx). La dernidre des causesest celle de I'int6r€t personnel et de I'amourpropre de I'dcrivain: il publie la traduction parce qu'il croit qu'elle est bien faite
et pourra lui acqu€rir 'algrin honor literario y aun quiz6 algrin corto provecho,
tan oportuno y precioso en mi actual situaci6n' (p.lx-lxii).
Bazdn parle plus tard de la technique employde dans la traduction, en
affirmant trds nettement: 'yo no soyun traductor esclavo,sino libre y fiel' (p.lxiv).
S'il garde le sens de I'original, il prend des libertds, que cautionne le prestige
des grands traducteurs en vers espagnols; c'est pourquoi 'en obsequio de la
indole de nuestra lengua y de la claridad y armonfa, multiplico el nrimero de
versos' amplfo, modifico y contraigo periodos, suprimo, afradoo cambio epftetos
y aun perifraseo en fin ideas y sentimientos' (p.lxv). Il se montre opposd i la
traduction d'un podme en prose car, i son avis, avec ce genre de traduction on
peut tr0s bien rendre les idies et la pens€e mais aucunement les valeurs
poitiques de I'original. La difhcultd rdside sur ce qu'une traduction po6tique,
outre exprimer despens€es,doit s'orner des beautdsspdcifiquesde la versification et du style de la langue i laquelle on traduit (p.*li*-l).
euant au vocabulaire
il utilise des voix exotiques, en se r€clamant de l'opinion d'Aristote (p.llg). Il
utilise aussi des archai'smes,non seulementparce qu'ils ont 6t6 autoris€spar
Horace et Quintilien, mais aussiparce qu'il les croit trds appropri6s i l'6pop6e,
plac6e usuellementdans des dpoquespass6es,et parce qu'il voit que c,est un
moyen employi par plusieurs auteurs modernes,notamment (por nuestro ilustre
e inimitable Anacreonte espafroly restaurador del buen gusto podtico en Espafra,
D. Juan Melindez, por nuestrosmenos maloso fnicos trdgicos,los Moratines,
Montianos, cadalsos, Ayalas y Huertas, y por nuestros tiltimos y m6s conocidos
liricos,los cienfuegos, Quintanas,Arriazas,Norofras,etc.'(p.lxi-lxii).Le traducteur termine sa pr6face en disant que, s'il a traduit des passagessusceptibles
d'€tre expurgis, il I'a fait pour conserver les beautdspo€tiques du texte, en
protestantde sa foi et soumissioni I'Eglise:'someto sin embargo,en todo caso,
este mi modo de pensar y toda la obra, por lo que me toca, al superior
iuicio
de la santa Madre Iglesiacat6lica Apost6licaRomana,a quien no puede
iam6s
deiar de protestarla mds filial y ciega obedienciaun buen espafrol,(p.xc).
La pensdedu traducteur, exposded6ji dans lapr6face, est compl€tdepar les
rz6
r27
Vohaireen Espagner7j4-r8j5
notes, oi il apparait en fervent catholique et d6fenseur de I'Espagne et de ses
institutions. Dans une de ces notes et ir I'occasion de certains vers contre la
papautd, Bazin fait allusion i la distinction qu'on doit touiours dtablir €ntre
Voltaire homme de lettres et Voltaire philosophe: 'Todo el mundo sabe que
Voltaire era sin duda tan insigne en lo indevoto como en lo podtico; por
consiguiente,todo literato cat6lico apreciandojustamentelas bellezasde sus
versos sabr6 pasar por alto y mirar con indignaci6n cuanto note en ellos
de profano y libertino'(p.:r+).Dans d'autres passagesil difend, en partie,
l'Inquisition, et il soulignele fait que les effusionsde sangenregistrdesau cours
de I'histoire pour des causesreligieusesne peuvent6tre imput6esseulementau
Saint-Office puisque la France elle-m€me a vu son pays ensanglantdpar les
g'uerresde religion. Et il termine sa ddfensede I'Inquisition par une diatribe
contre I'intol6rance(p.3r 6):
Desengdfrense
los fil6sofosy desengifrese
el mundoentero.Susdeclamaciones
directas
contraaquelTribunaly susjuecessonvagasy pocoiustas.El verdadero
y directamente
detestable
tribunalde Inquisici6ndondequieraque sea,es la est6lida,cruel,incivil,
impoliticay antievangilicaintolerancia;y los tres juecesque la componenson el error,
el despotismoy el fanatismo.
D'autre part, les mots de Voltaire au chant vn (vers+S8-+Sg):
Du puissantCharles-Quint
la raceestretranchde.
L'Espagne,
ir nosgenoux,vientdemanderdesrois,
que Bazin a traduit par (p.zo4):
Del fuertey poderosoCarlosQuinto
Extinguidala raza,ya la Iberia
Reyesvienea pedirnosde rodillas,
font r6agir vivementle traducteur,jaloux de la dignit6 de sa patrie, et I'ambnent
i r6diger cette note: 'Fanfarronada poco digna de la poesfa filos6fica y de la
crftica hist6rica de un Voltaire. La Espafranunca pidi6 reyes de rodillas, ni de
pie, ni sentadaa ninguna otra naci6n del mundo' (p.: rZ).
Les €ditions ultdrieures de 1836 et r84z ne pr6sententpas I'int6ressante
pr6face de Bazin mais la seule 'Idea de la Henriada'. Quant aux notes du
traducteur, on a supprim6 I'allusion i Voltaire cit6e ci-dessuset cellesrelatives
au Saint-Office parce que, d'aprds les dditeurs, le traducteur 'se limitaba a
defender el tribunal de la Inquisici6n'.
La traduction de Bazdn a 6,t6,faite en vers henddcasyllabesi rime assonante.
La version se conforme assez i I'original, mais on remarque une certaine
amplification, produite sansdoute par la diffdrente longueur du mdtre employ6.
Comme il I'avait d6ji annoncd dans la prdface,le traducteur a pris parfois des
rz8
4. Traduaions a adaptations
libert6s qui font de sa Hmriada une version d'une certaine dignit6 mais ir int6r€t
plus historique que lin6raire.
La deuxiime traduction imprim6e de La Heniade est due i Jos6Joaqufn de
Viruds y Espinola. On en connait deux 6ditions: la premidre est de Madrid
(r8zr), avec le nom du traducteur mais sansmention de Voltaire; la seconde
est de Perpignan(r 826), comportantI'indication d'€tre la traduction de I'cuvre
de Voltaire mais avec le nom du traducteur cach6 sous des initiales plac6esi
c6td de cellesd'une autre personnedont on ignore I'identit€. En dehors de ces
diflbrences,la premidre ddition pr6senteune introduction de vingt pages,qui
comprend un 'Pr6logo del traductor' (p.i-xvil), un 'Hecho hist6rico que sirve
de fundamento a este poema' (p.xviii) et des 'Indicaciones acerca de los
principalespersonajesy objetosnotablesque se nombran en estepoema' (p.xixrr). Sont absentsde cette 6dition les discours qui accompagnentsouvent le
podme dans les 6ditions frangaisesde l'6poque et les notes de Voltaire; le
traducteur en privient cependantle lecteur dans la prdface(p.xvii).
La deuxidmeddition offre un aspecttrbs diff6rent et plusieursd6tailsambnent
i croire qu'elle a 6tE faite i I'insu du traducteur. En effet, il n'est pas signald
qu'il s'agit d'une seconde€dition et le nom du traducteur a 6t€ rdduit i des
initiales.Viruds avaitexprim€ d'ailleurs dansla pr6facede l'ddition de r 8z r son
proiet de publier, dans une probable seconde6dition, les notes et discoursnon
inclus dans la premidre, 'uniendo a ellos el Ensayosobreel poemaEico del mismo
autor' (p.xvii). En plus, dans l'6dition de r826, faite i l'6tranger, la pr6face de
Viru6s a 6td supprim€e et on peut lire i sa place la 'Idea de la Eniada' (p.u-x)
et un 'Bosquejo hist6rico de los acontecimientosque sirven de basea la fibula
D'une ddition i I'autre le contenu du podme
del poema de la Enria"da'(p.xi->o<).
a subi plusieursremaniementsde trds faible importance.
Comme pour Bazdn, la pr6face de Viruds, bien que beaucoup plus brdve,
s'avdre6norm6ment intdressantepour connaitre le traducteur. En exposanttout
d'abordl'obiet de satraduction,Viruds signalequ'elle estde beaucoupantdrieure
i la rddaction de la pr6face- elle est datde du z6 octobre tSzt - et qu'elle a
6t€ faite 'en los intervalosde descansode las tareasde nuestraobligaci6n'(p.ii).
Etant donnd sa situation de militaire, ce temps de repos pourrait avoir eu lieu
soit en r8rr, lorsqu'il dtait prisonnier des Franqais,soit en r8r4, Iorsqu'il se
trouvait 6loign6de I'arm6e aprbsla guerre.
A vrai dire Viru6s n'exposepas franchementquel a 6td son but en traduisant
le po€me. Le seul obiet qu'il signale est celui de v€rifier s'il €tait capablede
surmonter les difficultds inh6rentes) I'entreprisede traduire en vers (p.ii), et
plus tard il r€vdle qu'il a os6 offrir sa traduction au public parce que plusieurs
icrivains distinguds l'avaient accueillie favorablement, et surtout parce que 'el
primero de nuestros poetas nos decfa que esta traducci6n es acasoel libro
r29
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
espafrol que contiene mayor nrimero de aquellos versos felices que se graban
en la memoria de todos,inevitablementeypara siempre'(p.ii-iii). Ce'primero de
nuestrospoetas'pourrait€tre Meldndez Valddsou Quintana,d'aprdsMen6ndez
Pelayo, qui constate que 'no se ha de negar que hay buenos versos en esta
traducci6n olvidada'.r47Aprds avoir d6plor6 que le nom de Voltaire soit'disonante entre las personas timoratas que no han podido leer sus mejores obras,
aunque inocentes y sobremanera instructivas' (p.iii), il iustifie ne pas avoir
soumis sa traduction i la censure parce que La Hmiadc est un ouvrage
universellement regard6 'no s6lo como un libro de oro en cuanto a doctrinas
morales, filos6ficas y polfticas, sino como absolutamente exento de toda tacha
en lo tocante a la pureza de los principios de nuestra sagradareligi6n, los cuales
brillan en il con asombrosay triunfante elocuencia' (p.iv). Viruis fait ensuite
l'6loge de La Hmriad.e et s'attarde i considdrer la mission diff6rente du vers et
de la prose dans les productions littdraires. Aprds avoir insist6 sur la difficultd
de traduire un t€xte po6tique, il pr6vient le lecteur des possibles dcarts qu'on
peut trouver dans sa traduction si elle est confront6e i I'original, en ddclarant
(p.xv) que
toda expresi6nque puede parecerexageradasobre la del texto debe atribuirsea la
para traducir en versoa un granpoeta,y no a otra causaalguna
libertadindispensable
independientedel geniopeculiardel autor,que es lo que se ha queridotrasladara una
lengrratan superiorcomolo esla nuestraen energia,ya queno en exactitud,a la francesa.
La traduction de Viru6s, comme celle de Bazin, a 6t6 faite en vers hend6casyllabes i rime assonante, car il croit que ce rype de versification est le plus
convenable i une euwe 'larga, grave, narrativa, escdnicay variada' (p.*vi). n
suit l'original de prds, autant que le lui permettent la diffdrente versification et
son d6sir de parveniri une versionpo6tique,c'est-i-dire, un podmeen espagnol
qui traduise les pens6esde I'original franqais.
Le choix de la versification n'a pas 6td appr6ci| par le critique Lista dans son
compte rendu de la traduction paru dans la relue El Censo4il propose I'emploi
d'autres solutionstechniques,plus approprides,i son avis,i l'6popde.En tout
cas, il faut signaler que c'est la seule remarque qu'il fassei la traduction de
Viruds, qu'il considBre un tour de force, eu 6gard i la difficultd du poOme de
Voltaire, plein de 'cualidadesde estilo, claridad, dulzura, excelenteinvenci6n,
graciosaexpresi6nde los sentimientos'.r48
D'autres poEmesplus brefs de Voltaire ont 6te traduits en espagnol.Le plus
ancien est le Panegiricode Luis XV, leq:uel avec les versions latine, italienne et
r47. Men6ndez Pelayo, Hetnodoxos,v.294, n.r.
r48. El Cnsor, no.8z (23 f€vrier r8zz), p.275-92.
r30
4. Traduaions et adaptations
anglaisea itd publid i Paris en ry49 par un traducteur anonyme.rae
La Vida deFedericoII, traduite du frangais en r788-r789 par Bernardo Maria
de Calzada, contient plusieurs allusions i Voltaire, ainsi que certains textes de
lui, si bien que I'ouvrage a 6t€ condamnd par l'Inquisition. Parmi les tefies en
traduction insdr€s dans la biographie du roi du Prusse se trouvent deux podmes:
le premier est didi6 i la princesseUlrique, sceurde Frdddric, plus tard reine
de Sudde, et I'autre est une ode adressdeau roi de Prussei I'occasionde son
avdnement.lso
La Biblioteca nacional conserveune traduction en vers de la c6l0bre Epitre d.
Uranie, sous le titre 'Carta de Voltaire a Urania'; I'auteur cache son identitd
sous les initiales G. A. L'6pitre, publi€e dans l'ddition de Kehl sous le ntre Le
Pour et le contre,a conserv€ cette ddnomination dans la plupart des 6ditions
post6rieures. La'Carta de Voltaire a Urania' refl€te avecdes indgalitds les iddes
du texte franqais, qui vont de I'attaque violente du christianisme i la ddfense
chaleureuse de la religion naturelle. Dans certains passagesle traducteur a
redoubld I'attaque en peignant sous des couleurs plus sombres encore les
6pisodes de l'histoire sacrde rapport6s par Voltaire. Du point de lue litt6raire
le podme, 6crit en henddcasyllabesi rime assonantealterne, pr6sente peu
d'intir€t. La Biblioteca nacional conserve de mdme en manuscrit une 'Lettera
ad Urania di Mr de Voltaire', avectexte en grec et en italien.rsr
iii. Traductionsd'ouvrages
en prose
Les ouvrages en prose de Voltaire prdsentent, comme les productions en vers,
une grandevaridt6.Pour une simple questiond'ordre serontaborddsen premier
lieu les ouvragesphilosophiques,pour passerensuite aux textes d'histoire et
terminer par la partie la plus connue, c'est-i-dire, les rdcits.
L'4, B, C, dialoguecarieu.xtraduit fu I'anglais de M. Huet a dt6 publii par
Voltaire en 1768 sans nom d'auteur. Ce sont dix-sept dialoguesentre trois
individus, nommds A, B et C, sur les diffdrentes formes du gouvernement, avec
de nombreusesattaquesir I'Inquisition et i I'Eglise catholique.Quoiqu'aucun
exemplaire ne nous soit pan'enu, on connait I'existence d'une traduction de cet
ouvrage,les 'Didlogos del A. B. C.', qui a circuld sous la forme de plusieurs
copies manuscrites i Salamanque. La traduction est attribu6e i Ram6n de
Salas,professeuri I'universit6,par les tdmoins de son procbs i I'Inquisition.
r49. Cit6 par Todd,'A provisional bibliography ofpublished Spanish translations ofVoltaire',
.\tudies 0n Vobaire t6t Qg76), no.zzo.
r5o. Ces podmesse trouvent au volume iv (p.rz5 et r95-98 respectivement).
r5r.8.N ., ms.r8.z 5z ; c i td par R oc a,C atdhgo,no.8o6.
I3 I
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
Selon un de ces tdmoins, les dialogues'se reduc(ana hacer burla y escarniode
los Santos Padres y un total desprecio de las Santas Escrituras y contra el
Estado'.rs2A ce qu'il parait, Salas portait le manuscrit dans ses poches et le
lisait i haute voix, avec d'autres textes subversifs,dans des rdunions qu'il tenait
chez lui i partir de r79r.ts3 Malgrd l'identificationentre ces'Didlogos'et
I'ouwage de Voltaire au cours du procds,I'Inquisition ne semblepasy avoir fait
attention, vu que le texte n'apparait pas dans les ddits de condamnation.
De portde philosophique et satirique estle Rescritde l'empereurde la Chine,
6crit par Voltaire contre Rousseau, et qu'un abonni du Correo de Ma"dnd a,
envoyd en traduction i l'€diteur du p€riodique. La traduction a 6t6 insdrde dans
le numdro du r er juillet r 789 et I'expdditeur,qui n'6tait sansdoute que I'auteur
lui-m€me, se cachait sous les initiales M. A. S. de T. Comparde au texte
original, la traduction - avec des gallicismes et dcs fautes: le fleuve Jauno
Qaune), transparente(6clair6)- pr€sentedes variantesqui ne manquent pas
d'intir€t: par exemple,Jean-Jacquesest touiours nomm6 J.J. R., I'allusion au
pape y est absente,les jdsuitesportugaissont r€duits aux initialesJ. P.
Le Commentairepubli9 par Voltaire en ry66 au traitd de Beccaria Dei delitti
e dellepene a itd traduit et publid en espagrrolen r8zr, avec l'ouwage de
Beccaria, parJuan Rivera. Le commentaire n'a pas le nom du traducteur, mais
on peut supposerque c'est le m€me qui a traduit le traiti de I'Italien. Tout en
faisantmention de cette 6dition, Palausignalel'ddition de Paris (r8::) comme
la premidre 6dition de I'ouvragede Beccariaavecle commentairede Voltaire.rsn
La premidre traduction espagnolede Beccaria a paru en ry7 4, par JuanAntonio
de las Casas,r66ditdei Paris entSzz et 1828, avecle Comentariode Voltaire,
qui a 6td conservddans plusieursr6dditionsiusqu'i nos jours.rss
La Philosophiede l'histoire,titre primitif de I'introductiondl'Essai sur la meun,
a 6td publidepour la premidre fois en 1765.La traduction espagnoleesttardive,
elle date seulementde r8z5 et a paru i Paris. Deux 6ditions ont \n le jour en
Espagne,mais en dehors de l'6poque 6tudi6e (r8:8): I'une i Sdville, sans le
nom de I'auteur ('por un fil6sofo del siglo XVIII), et I'autre i Madrid, attribu6e
i Voltaire. Le nom du traducteur nous reste inconnu.
Le volume intituld Filosofia dc Vohaireest un recueil de plusieurs ouvrages
d'ordre philosophique, notammentle Poime sur la loi naturelle etle Poime sur le
disastred.eLisbonne.t56Il en existe une ddition de Madrid, d,e t8zz. Plus tard
r 5z. Pinta, 'El sentido',p. ro4; le dossierdu procdsse trouve i I'A.H.N., Inquisici6n,liasse373o46.
r 53. Herr, Espaia1 la rnoluci1n,p.z7 5.
I54. Pelau,Manual drl librero,ii.rzg.
r55. Voir Todd,'A provisionalbibliography',no.r4r-45.
r56. Voici le contenu de cette idition:. Poemasobrela ley natural (p.r12); Poemasobreel dcsaste
dz Lisboa (p.3l-+S); Es necesaio toffiar un partid.o, o el principio dtl mnimiento @.5t-r36); Ifuas
r32
4. Traduoions et adaptations
I'ouwage a 6t6,r4,6ditd sans variations i La Corogne en 1837, et i Barcelone
en 1868 avec des modifications.rs?Quoique Salv6 signale dans un de ses
cataloguesune Filosofiade Voltaire, publiie i Paris en I827,rs8 il est trds
probable qu'il y ait eu une confusion avecI'ouvrageintiruld Filosofiadc la historia,
puisqu'il ne figure sur aucun rdpertoire.
De tous les grands ouvragesde Voltaire le premier qu'on a traduit estl'Histoire
fu CharlesXII, qui est, d'ailleurs, la traduction la plus ancienne de Voltaire en
espagnol. En effet, la premidre ddition de l'Histoia de CarlosXII est de ry34.
L'auteur de la traduction, oi le nom de Voltaire ne figure nulle part, est
Leonardo de Urfa y Urueta, ieune licencii en th6ologie.Six ansplus tard a paru
une nouvelle 6dition qui a 6td examindepar les qualificateurs de I'Inquisition et
expurg€epar 6dit du r4 iuillct 1743,non seulementi causedes propositions
qu'elle contenait,mais parce qu'on a considird 'el autor principal como vehementementesospechosode protestantismoy profesorde muchoserrorescontra
nuestra santa fe cat6lica'.rseCependant, les €diteurs ont fait peu de cas aux
e4purgations et les 6ditions successivesont donnd le texte int6gral, exceptd la
pr6,facedu secondvolume - partiellement expurgde- qui n'a pas6td riimprim€e.
C'€tait aux lecteurs d'appliquer les expurgations sur leurs volumes en rayant
les passagescondamnds.Bien que le nom de Voltaire soit absentde la page de
titre, la paternitd del'Histoire de ChailesXII 6taitconnue; cependant,cette ceuvre
n'a pas 6t6 comprise dans la prohibition gdndrale des ouvrages de Voltaire et
I'Inquisition s'est limitde i rappeler les expurgationsde 1743 dans les 6dits
postdrieurs.Les r66ditions, touiours en deux volumes, ont vu le iour tout au
long du si0cle,en ry63, t77r, ry8r, ry89 et ry94. Ces rd€ditionssuccessives
del'Historia dc CarlosXII,ph6nomdne peu commun au dix-huitidme si€cle,sont
la preuve de la faveur du public lecteur espagnol.Elle dtait touiours en vente
en r 8 r 6, d'aprdsles listesenvoydesi I'Inquisition par deslibrairesde Madrid. t60
La premidre ddition d,el'Historia,en 1734, contient deux prdfacesdu traducteur, puisque les deux volumes n'ont pas 6td publids en meme temps. Ces
pr6faces portent, notamment, sur les difficultds de la traduction et ont peu
d'intdr€t. On peut lire aussi les rapports des censeursdu Conseil de Castille,
por un ciudtda.nofu Ginebra (p.t lq-ZS); Los dzrechosfu los hombresy las usurpadonesdc
repilbliea.nos
Fragmeato de las
lospapas (yt.r77-zz,$; De la paa petpetua, por el daaor Goodheart (p.zz;-gi;
(p.:zI-+S).
paru el pincipe realde *** (p.t9S-3tg); El grito de las na.ciones
instruccilfles
r57. Voir Todd,'A provisionalbibliography',no.r-5.
lo mayr parte espafioles,
y algunosotros artiaios dz la
r58. Salv6, Cotdlogodr los libros mod.ernos,
lihreria apafiola fu Salad c hijo (Pris t836), p.29.
r59. E di t du r4 j ui l l et r743 @.N ., ms .r3.z r8).
16o. Elle se trouve dans les listes de la librairie de la veuve de Barco L6pez, rue de la Cruz, et
dans celle de Barco, rue Carretas(4.H.N., Inquisici6n, liasses45ro-3 et 45Io-9, respectivement).
r33
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
trEs favorablesnon seulement pour le traducteur, mais aussi pour I'auteur
principal. Un des censeurs,Joseph L6pez lbifiez, commence son rapport par
ces mots:
Es su argumentoprincipal la descripci6npunrual de la heroicavida y preclarisimos
esc6ndalo
del orbe,que en franc6s
hechosde CarlosXII, rey de Sueciay asombroso
Monsieur de Voltairey ahorala vierte al nuestrocastellanoel
escribi6admirablemente
licenciadoDon Leonardode Ur(a y Urueta,con tantapropiedady destreza,que ni en
un 6picedice discrepancia.
AprEs de nouvellesdlogesde I'ouvrageil croit que I'accueil obtenu en France
est la preuve suffisantede son m6rite, si bien qu'il conclut que I'histoire peut
€tre imprimie puisqu'elle ne contient rien qui s'opposeaux lois, aux mceursni
aux dogmesde la religion catholique.Le secondcenseur,frdreJuanTalamanco,
aprds avoir loud les exploits du biographd et les excellencesde la traduction,
accordeaussison approbation.
A partir de la seconde 6dition I'ouvrage contient une Carta dc M. de La
Motray a M. de Voltaire,publide i Londres en 1732, qui renferme plusieurs
rectifications i l'ouwage de Voltaire. Dans l'ddition de r74r la Carta a une
pagination particulidre, mais i partir de la troisidme 6dition elle est ins6rde dans
le secondvolume.
Les nouvelles se rapportant i la traduction de l'Essaisur lesmeurs sont peu
nombreuses:elle a 6td publide i Parisen t827, le nom du traducteur se cachant
sous les initiales D.J.J. Elles n'appartiennentpas i Jos6 Marchena qui, dans
une brochure qu'il a fait imprimer en r8r9, annongaitqu'il allait publier une
traduction de l'ourtage.16I
Les romans et contes sont e prdsent la partie de I'cuvre de Voltaire la plus
connue du grand public. Mais i I'dpoque de I'auteur ils devaientpartagerleur
cdl6britdavecd'autresproductionsdansle go0t du temps- la trag6die,I'histoire,
la podsie 6pique - qui sont moins appr6ci6esde nos iours. Ceci expliquerait,
en partie, la tardive apparition en Espagnedes rdcits voltairiens, dont le premier
n'a vu le iour qu'en r786. C'est Micromigas,roman traduit par Blas Corchos,
auteur trBs peu connu. Le roman a dt6 sans doute publi6 i la fin de 1786,
puisque I'annonceapparaitdans un journal du d6but de I'annie suivante:
El Micromegas.
Singularviaje que un habitantede la estrellaSirio, de alturanuncavista,
y otro de Saturno, mucho m6s pequefro,hicieron a nuestro globo, con muchasy
que en 6l les sucedieron.
Obra escritaen franc€spor
particularidades
extraordinarias
y erroresdelosmdscdlebresastr6nomos
Mr. Voltaire,encriticadealgunasextravagancias
y traducidaal castellano
por D. Blas Corchos,
y fil6sofosde su tiempo:expurgada
r 6 r . Men6ndez P elayo, H et erodoxos,v.,{54- 55.
r34
4. Traduaionset adaptations
profesordeJurisprudencia,quien le ha afradidoalgunasnotasparamayorclaridad.162
Dans l'annonce la paternit6 de I'ouwage est mise en dvidence,quoique le nom
de Voltaire ffft absentde la page de titre. Mais on y fait allusion i des erpurgations
introduites par le traducteur lui-m€me, ce qui a fait peut-€tre dloigner les
soupqons de I'Inquisition. Quoiqu'il en soit, I'ouvrage n'a pas 6t6 pris en
considdration par le Saint-Office, malgr€ I'attribution i Voltaire.
Les notes du traducteur n'apportentpas de grands€claircissements;
on peut
signaler,nonobstant,la note i des mots de Voltaire sur la petitessede I'homme,
qui font dire au traducteur: 'Maravillosa reflexi6n que nos hace conocer nuestra
pequefrezy miserias,en comparaci6ndel Ser Supremo, para humillar nuestra
vanidady altanerfa'(p.S+).
Quant aux e4purgationsdu traducteur,ellesne sont pas tris nombreuses,du
fait que le rdcit contient peu d'attaques concrdtes i la religion ou i l'autoritd
civile, qui sont touiours des points ddlicats.Ainsi, le traducteur enldve-t-il le
caractBresacerdotali un archev6que,car plus tard il devait nous parler de ses
enfants. A mon avis, la modification la plus importante, et qui reprdsente une
prise de position du traducteur, a 6td inrroduite vers la fin du rdcit, lorsque
Microm€gas demande i plusieurs philosophesce qu'ils entendent par 'ime'.
Dans le texte de Voltaire la question est r6pondue par un pdripat€ticien,un
cartdsien,un malebranchiste,un leibnizien,un partisande Locke, et un scolastique qui porte I'habit des docteurs en Sorbonne et qui est I'objet des rires de
Micromdgas.Dans la traduction,ce personnageest remplaci par un philosophe
moderne, qui est aussila risde des assistants(p.+S)'
Estabaallf por desdichaun pequeio animalitomuy petimetreque llevabael sombrero
apaisadoa la riltimamodaque habiasalidoen Parisy cort6 la palabraa todoslos dem6s
insectosfilos6ficosy diio quesecompadec(a
de los extraiosmodosde delirarquehabian
tomadotocanteal alma,siendoasiqueno habiatal alma,que nosotrosdramoslo mismo
que un reloj, que no obramospor nosotrosmismossino por influjo de la cuerdaque
ten(amosdada y finalmenteque el morir los hombresera, o que se descomponiala
mdquinao seacababa
la cuerda.
A I'exception des modifications signal6es,la traduction de Corchos est fiddle
au texte voltairien.
Une allusion i ce r6cit se trouve dans une critique du Viajepor misfaltriqueras,
traduction de Bernardo M'ana Calzada, insdr6e dans le pdriodique Efenhfus
de Espana de r8o5: 'Tenfamos los Viajes de Gullhter, imaginaci6n chistosa,
original y llena de filosofia; el Viaje al pais dc las monas,que no le va en zaga;
t6z. CorreodzManrid (rz janvier r787).
r35
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
otro u otros a la luna y a los pafsesimaginarios, y tambidn de un habitante de
la estrellaSirio, llamado Micromegas.'163
La traduction de Zadig a vu le iour en r 8o4, ceuvred'un traducteur anonJrme
qui a utilis6 sans doute le texte de l'ddition de Kehl de ry86 of se trouvent
deux chapitres ('Le bal' et 'Les yeux bleus') non insdr€s dans les dditions
pr€cddentes.Le roman, qui ne prdsentepas de diff6rencespar rapport au texte
original, a dtd condamnd par I'Inquisition le zo septembre 18o6. Dans un
cataloguede l'dditeur de Valence Cabrerizo,paru en 1827, figure unZadig, o
el destino,ddition qui n'apparait signal6enulle part ailleurs et que probablement
n'a iamaisvu le iour.r6t
La premidre traduction compldte des romans et contes est I'cuvre de Jos6
Marchena. Bien qu'il avait annonc6 dans une brochure de r8rg qu'il pensait
publier des traductions du Siicle de Louis XIV et de l'Essai sur les meun, ces
ouvragesn'ont jamais paru. Par cons6quent,les'engendros volterianos' avec
lesquels Marchena aurait inondd I'Espagne, selon Mendndez Pelayo,r6sse
rdduisent aux seuls romans et contes.
La premidre 6dition des Noaelasde Voltaire traduites par Marchena a €t6,
faite i Bordeaux en r8r9; une r66dition dans la m€me ville est datie de r1zz.
La premidre impression espagnole- celle dont ie me suis servi - est quelque
peu tardive: elle se fait en 1836. Les traductions de Marchena ont connu par
la suite de nombreusesiditions, soit dans leur ensemble,soit sdpardment.166
C'est trds probable que Marchena ait utilis6 pour sa traduction I'ddition de
Kehl de ry84-t7go, parce que deux rdcits portent dans leur ffaduction le titre
qu'on leur a donn6 dans cette €dition-li: Les Aoeuglesjuga dcs couleun (pour
Paite digrasion) et Bababecu lesfakin (pour Lette d'un Turc). Il manque,
cependant, parmi les traductions le Pot-poumi et Le Crocheteurborgne,qui se
trouvent dans l'ddition de Kehl, tandis que l'Eloge historiquede la raison a pt'rs
en traduction le titre Viajefu la raadn.D'autre part, Marchena a procddd i une
accommodation des romans au contexte espagnol, i commencer par les titres:
L'Homme eux querante 6cusest devenu El hombrede.los cincuentaducad,os,
en
utilisant une monnaie plus connue en Espagne; etJeannot et Colin sontJuanico
y Peico.
Je ne ferai point ici I'analyse des vingt-quatre r6cits qui composent la
traduction de Marchena; ie me bornerai i simaler la valeur lin€raire de la
4, Tral,uaions a ad,aptations
version avec laquelle Marchena a recr6,6,lesrdcits de Voltaire et of un langage
ch6tid s'allie i une grice particuliBre; d'aprbs Mendndez Pelayo, la traduction
'prueba lo que Marchena era capaz de hacer en prosa castellana cuando se
ponia a ello con algrin cuidado y no cafa en la tentaci6n de latinizar a todo
trapot.l6?
D'autre part, il la croit supirieure 'en graceio y blanda ironia' i la traduction
de Candidcpar Leandro Ferndndez de Moratin. Un manuscrit de cette version,
moins connue que celle de I'abbd Marchena, est conservd i la Biblioteca
nacional.r6sSur la feuille de garde on peut lire: 'Traducci6n del Candidede
Voltaire con pr6logo parala Mojigata: obrts mfas.' Cependant, le manuscrit ne
contient que la traduction du conte, qui n'est pas autographe de Moratin, mais
en tout cas dcrite sous ses yeux. Il existe deux dditions du conte en 1838, i
Cadix et i Valence.Men6ndez Pelayosoutientque l'ddition de Cadix est fausse
et qu'elle correspond aussi i Valence, se basant sur le format du liwe et les
caractbres;Palau et Hidalgo signalentles deux dditions.r6eJen'ai pu trouver
que l'ddition de Cadix. Contrairement i la traduction de Marchena, celle de
Morat(n n'a pas 6ti r€dditie au long du dix-neuvidme sidcle et elle a d0 attendre
iusqu'i nos jours pour paraitre.tToLz date de rddactiondu roman est inconnue;
les biographes et les critiques de Moratin, attentifs surtout i sa production
dramatique, n'en parlent que rarement. Une note manuscrite sur le faux titre
de I'exemplaire de Cdndida(idition de Cadix) que possddela Biblioteca nacional
pourrait nous fournir une piste: 'Variantes que con la copia del original que
Moratin hizo en Valencia el afro r8r4 y poseeen la actualidad,ha encontrado
respectode este impreso PascualA[... illisible].'En r8r4, donc, la traduction
6tait diji pr6te. En fait, cette date pourrait s'entendre aussi bien pour I'original
que pour la copie. Il est fort probable que pendant son sdiour i Valence Moratin
ait rendu son manuscrit i l'dditeur Cabrerizo. A proprement parler, les variantes
annoncdesne sont que des corrections de plusieurs errata.
Dans l'ddition de Cadix une petite note de l'6diteur fait l'6loge de la traduction
de Moratin (p.5):
La hermosatraducci6ndel optimismode Voltairequepresentamos
al priblicotienem6s
saly m6s graciaque el originalmismo.Es de nuestroinmortalMoratin, y con estoeste
hecho su mayor elogio. Una casualidadha puesto en nuestrasmanosesteprecioso
desahogoliterariode estosdoshombrestan eminentescomoc6lebres.
r 67.Mendndez
Pelayo,
Estudios,
iv.r83.
163. Efemerides(r8o5), i.278-79; cit6 par Montesinos, Introduccidna una histoia de la nnela en el
siglo XIX; seguidadzl ahozo de una bibliograJia espanolad.etrad.ucciones
de notselas(r8oo- r85o) (Madrid
r955) , p . r 6 .
r64. Llorens, Literatura, histoia, politiea (Madrid r967), p.zoo, n.r.
r65. Men€ndez Pelayo,Estudios,iv.r79-8r.
r 66. Voir Todd, 'A provisional bibliography' , passim.
r36
r68. B.N. ms.6g8z. Un autre manuscrit du conte est ddcrit dansle Catahguede la bibliothiquede
RieardoHercdia, comtedz Benahatsri(Paris r89z), ii.383.
169. Men6ndez Pelryo, Estudios, iv.r83, n.r; Palau, Maual dzl librero, nrviii.4Tr; Hidalgo,
Diecionaio genetaldz bibliografia*pafiok (Mtdid r86z-r88r), i.3zo-zr.
r7o. Il existe deux 6ditions modemes: Cdndido,o el optimismo(Madrid tg67) et Cdnd.ida(MadLrid
rgTz), dans le m€me volume que.C/ ingenuode Marchena.
r37
Voltaireen Espagner7j4-r$5
La traduction ne manque pas de l'esprit que Moratin communiquait a toutes
sesproductions;le styleest agrdableet fluide, et dansson ensemblela traduction
est 'muy digna de su talento', d'aprds l'opinion de Mendndez Pelayo.t?tG. C.
Rossi, de son c6t6, signaledes coincidencesentre Moratfn 6crivain et Voltaire
auteur de Candifu(conceptionpessimistede l'existence,problBmede I'education
de la jeunesse)et il croit qu'on devrait s'intdresserdavantagei cettetraduction,
r72
traditionnellementddlaissdepar la critique.
iv. Les adaptations
L'cuwe d'un grand auteur donnelieu, en plus destraductions,i desadaptations
de signe diffdrent. Pour la plupart, les adaptationsappartiennent i la production
dramatique,ce qui n'a rien d'ftonnant si I'on tient comptede l'6norme diffusion
du thditre de Voltaire en France et i l'6tranger.
Une preuve des possibilit6sde la mise en scdneet du succdsremportd par
une de sestragfdies,Alzire, est sa conversionen oallet. La pidce fournissaitun
cadre exotique oi I'on pouvait assezfacilement dbaucher une chordgraphie
d'Indiens sur un fond de palmiers. En 1796 on a reprdsent6sur le th6Atre
madrildne des Cafrosdel Peral le 'baile heroico pantomimo'LaAlzira, cr6'€par
Domingo Rossi, un Italien qui 6tait directeur et maitre des ballets du th6itre;
le ballet a 6td sansdoute imprimd la m€me ann6e.L'argument et lespersonnages
de ce ballet s'dcartentde ceux de la trag6die de Voltaire; les diffdrencessont
mises en dvidencedans le r6sumd qui prdcddeI'ouvrage:
Guzmdn,capitfn espafrol,habiendoobtenidoservirreydel Penl por voluntariadimisi6n
con tal rigor, que se
de su padreDon Alvaro,continu6la guerracontralos americanos
por losmismosabatidos
enemigos.
y generosidad
vio variasvecesvencidode humanidad
quisocasarse
con ellaa porfia
Habiendohechoprisioneraa Alzira,reinade loscharcas,
de los empefrosde matrimoniocontraidosanteriormentecon Dofra Elvira de Almagro,
a la fe de esposaiuradapor dichareinaa Zamoro,
damaespaiola,y sin consideraci6n
rey de otra parte del Perri, caido tambi€nprisioneroen su poder. Paraconseguirsu
intento,lo ocult6a Dofla Elvira,dispusola muertede Zamoto,hizo queAlziralo creyese
difunto y se vali6 hastade pretextosde religi6n, mas no consigui6sino una muerte
perdon6eiemplarmente
rival,a quiensinembargo
por manosde su desesperado
alevosa
amcricanos.
todosloscorazones
muriendo;y esteheroicoperd6nadquiri6a la Espafra
On a chant6 et publid en Espagneplusieurs op6rasinspirdsdes tragddiesde
Voltaire. Ils appartiennentaux ann6esI82o et r83o, car I'op6raintitulf Semframis, o laaenganza.de Nino, chantd en r8oo' ne procede pas de la trag6die de
Voltaire. En revanche, on a tird de Simiramis I'argument d'un opdra italien
r 7 r. Mendndez P elt.vo, Estudios,iv.r 83.
r7z . R o s s i ,M o r a t i n ,p . tzz.
r38
4. Tra"ductionset adaptations
avec musique de Gioacchino Rossini, dont deux versions diffdrentes ont dtd
imprimdes en Espagne: en t8z7 i Madrid (avec rdimpression en r8z9) en
italien et en espagnol,et en r8z8 i Barcelone,uniquement en espagnol.
En rapport direct avec Tancrifu de Voltaire, l'opdra de Rossini Il Tancredia
6ti jou6 et imprimd en italien seulementi Barceloneen r8r7. A I'occasionde
sa reprdsentationdans d'autres villes on en a fait de nouvelles dditions: i
Madrid, en r8zz, une ddition bilingue; i Valence(r826) seulementen espagnol;
probablementI'anndesuivanteon a eu une nouvelleddition i Cadix, en espagnol;
et en r8z9 i Madrid une ddition bilingue. Les quatre 6ditions prdsententun
tefie espagnol diffdrent mais qui provient de la m€me source italienne. Par
rapport i la tragddie de Voltaire le texte pr6sente une diff6rence dans le
d6nouement:Tancrdde ne meurt pas, dpouseAm6naide, convaincude I'innocencede la ieune fille, et il est 6lu gouverneurde Syracuse.
Aprds r835 ont paru plusieursrd6ditions de I'op6ra Sem{ramis,ainsi que de
nouveaux opdras imitds de Voltaire et traduits de I'italien: La Zaira (Barcelona
r837), musique de Saverio Mercadante, etAlzira (Barcelonar84g), musique
de GiuseppeVerdi.t73
Juan Eugenio l{artzenbusch,c6ldbreauteurdramatiquede l'6poque romantique, s'est initid au thdAtrenotammentpar la traduction de pidcesfrangaises.Le
fils de l'dcrivainlui attribuela traductionde cinq pidcesde Voltaire: lescomddies
L'Enfant prod.igre,Nanine et L'Ecossaise,et les trag6dies CEdipeet Ad,6lai:de
Du Guesclin.rTa
La dernidre est la seule pidce publi6e, avec cependant des
remaniementsnotables.'El hijo pr6digo' a dt6 jou6 sur le thditre priv6 de la
famille, rue Flor Baia i Madrid, sansatteindre,comme le restedes traductions,
les scbnespubliques. Quant i 'Edipo', ce n'6tait pas, d'aprds tous les indices,
une traduction pure et simple de Voltaire, mais une espEcede refonte, avecdes
fragmentstir6s ausside Sophocleet de Sdndque.
Hartzenbusch a fait une premidre version d'Adelai'd,e
Du Guesclinsous le titre
'Dofla Leonor de Cabrera', iouie en r8z7 sur la sc€nepriv6e de la maison de
ses parents. Trois ans plus tard il a remanid la tragddie, qui a pris le titre
Floresinda,publide en r844 mais qui, d'aprds le fils de I'auteur, n'a iamais dt6
joude.r?sDans une note mise i la fin de cetteidition de Floresind,a
Hartzenbusch
explique les raisonsdes changementsintroduits (p.52):
Estatraducci6nlibrc de laAdelaida
Dugueselin
fuehechaen r8z7 condistintospersonajes
y tituloy retocada
quesenotanen ellaconrespecto
en r 83o.Las alteraciones
al original
provienende que en lascitadas6pocasestabaprohibidono s6lotraducir,sinoaunleer
t 73. Voir, sur ces adaptations, mes 'Primeras adiciones a la bibliografia de traducciones espafrolas
de Y oltair e', Anuario def lologia 7 (r 98 r ), p. 43 S- 42.
t7 4. E. Haraenbusch, BibliograJiad.eHartzmbusch (Madrid r goo), p. r 3z-33.
175. E. Haraenbusch, Bibliografia, p.62.
r39
VohaireenEspaper7j4-r8j5
4. Traduaions et adaptations
a Voltaire, autor de Adclaida, y de que en Floraindn fue donde escribi6 sus primeros
versos dram6ticos el autor.
ainsi que le ferait Ndrestan, s'il itait libre, avecOrosmane. r80Cette interprdtation
me parait hasardeuse: le fait que Quintana ait connu et appr€ci€ Zai:re (ou,
avec plus de s0ret6, La Xaya de Garcia de la Huerta) ne doit pas produire
n6cessairementune influence et la ressemblancede certains vers n'implique
pas une imitation. Ddrozier lui-m€me affirme ailleurs que les Carta"sa Lord
(p.47,n. r r r). Quant i sa conception
Hollands'inspirent des lattres philosophiques
de I'histoire, que Quintana considbreun passagedu bien au mal et du mal au
bien dans lequel se forgent les esprits des grandshommes,on y a vu aussiune
influence de Voltaire. des 'resabiosvolterianos'.rBr
En dehors de ces renseignementsmodernes,il existeune nette allusion de
l'6poque, dans l'Apologt'adel altar I del trono de Rafael de V6lez, qui voit refldtds
dans l'ode A Pa"dillade Quintana 'las frases, la dicci6n, el estilo, el fuego y los
t6rminos' des tragddies La Mort de Cisar et Brutus. Le pBre Vdlez termine son
discours par une comparaison entre Voltaire et Quintana:
Si I'action d'Adilaide Du Guesclin se ddroule en France pendant les guerres de
religion, celle de 'Dofra Leonor de Cabrera' a pour cadre la Castille sous Pierre
le Cruel. En dehors du changement de nom des personnages,la modification
la plus remarquable est dans le d€nouement, oi l'hdroihe, croyant que son
amant a 6td tu6, se donne la mort. Ce changement,d'aprds Ferrer del Rio,
serait dt au gott du public: 'Habidndose estrenado un afro mtes el Abufar de
Ducis, produio generaldesagradosu desenlacecon dos bodasy ningunamuerte,
y la Adelaida adolecfa del propio defecto.'r76Dans la seconde version de la
tragddie - Floresinda- I'action a 6td transportde i Narbonne i l'6poque des
visigoths; les personnagesportent les noms de Vitimiro, Leandro, Recaredo,
etc. Comme dans 'Dofra Leonor de Cabrera', la pidce se termine par le suicide
de la protagoniste.
D'aprds Sarrailh, il y a des ressemblancesentre l'argument d'Adrlai'dz Du
Guesclinet celui du drame d'HartzenbuschAlftnsoel Casto(r841): comme dans
la tragddie de Voltaire, une ex6cution sera arr€tde, m€me aprds le son de la
trompette (le canon chez Voltaire) qui l'annonce: le drame aura une fin heureuse.
Et Sarrailh d'aiouter:
Au lieu de faire creverlesyeuxau comteet de faire enfermerJimenadansun couvent,
ainsi que chroniqueurs,poites du Romanceroet dramaturgesI'avaientrdpitd i I'envi,
Hartzenbuschproposela solutionbourgeoisedu mariage,suivanten cela Voltaire,et
aussisongofit profondpour le calmeet lapaix.t1T
Encore un point de contact entre Hartzenbusch et Voltaire a dt6 relevd dans
son drame La madredz Pelayo(1846), 'drama sombrio que revive con nombres
espaflolesalgo parecido a la historia de Mdrope, argumento de la que es acaso
la mejor entre las tragediasde Voltaire'. r78La connaissanceprofonde du thditre
de Voltaire a exerc6 sans doute une influence sur les drames d'Hartzenbusch.
On a relevd aussi des rdminiscencesd'ouvragesde Voltaire dans des productions de Manuel Josi Quintana, qui 'adoraba en Voltaire y en sus obras con un
respeto fandtico'.r7eAlbert D6rozier, par exemple, trouve des ressemblances
entre ZaiTeet El Pelay, en se basant sur le meurtre par erreur des protagonistes
f6minines, Zaire et Hormesinda, et sur ce que Pelayo,au lieu de punir sa scur
de maintenir des relations interdites, essaiede se veng€r du meurtrier Munuza,
r76. Ferrer del Rio, Galeia dz la literatura espafroh(Madrid r846), p.r6o.
r77. Sarrailh, 'L'histoire et le drame romantique (i propos d'Alfoao el Casto d'Httzenbusch)',
Bulletin hispanique38 Qy6), p.39-4o.
r78. Pifreyro, EI Romanticismoer Espafia (Paris s.d.), p.r36.
r79. Blanco Garcia, La liwatwa apaiola en el sigloXIX (Madrid rgog), p.57-58.
r+o
;Ah! Las plumasde Voltery de Q... no escribensino con sangre.Un venenoel m6s
mortfferoconfeccionasustintas:el que los lea se contagia.Odio implacablea todo rey
y un amor desenfrenado
a la libertad;he aqui lo que respiranlasdoscomposiciones.
Si
La muertedc Cisary la tragediade Brutono hubieranvenidoa Espafia,
acaso
Juan Pa^dilla
no hubieravistola luz.182
Au domaine thdAtral appartient une l6gdre imitation du Brutus dansLa piuda
dc Pad.illa de Francisco Martinez de la Rosa. Selon Alcal6 Galiano, ami du
dramaturge, il lui avait conseilld d'utiliser la m€me ressource de Voltaire dans
sa tragddie,lorsque Brutus, connaissantI'existenced'une conspiration,en parle
i son fils, sanssavoirqu'il est lui-m€me engagfdans le complot. D'aprds Alcal6
Galiano, Martfnez de la Rosa aurait utilis6 cette p€rip6tie avec plus d'habiletd
que Voltaire lui-m€me:
Aun es muy superioren estecasoel poetaespafrolal franc6s,porqueen el primero
queda,desdeluego,descubierta
la traici6ndel amigo,cuandoen el Bruto(no de las
mejorestragediasde Voltaire,que no es el meior autor dramitico) todavfase necesita
una nueva revelaci6npara que conozcael delito del hiio y ciudadanoel ofendido
y padre.r83
rnagistrado
I)'autre part, l'Gdipe de Voltaire n'a pas 6td absent,sans doute, de la pens6e
de Martinez de la Rosa au moment de la composition de son Edipo.
Plusieurscritiques ont consid6r6non pas une imitation, mais une parodie de
Voltaire, la sayndteZara de Ram6n de la Cruz. Je I'ai cru moi-m€me, influenc€
t8o. Dirozier, Manuel JosefQuintana et la naissanccdu libiralisme en Espagne(Paris r 968), p. r r oI I,
r8r. Vila Selma, Ideaio dz Manuel josi Quintana (Mrdrid r96r), p.go.
rBz.Y6lez,Apologiad.claltarl dcl trono(Madrid r8r8), ii.z9.
r83. A. Alcal6 Galiano,'Memorias de un anciano', dansObrasescogidas,p.4o3.
r4r
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
par la critique pr6cddenteet i ddfaut de preuvesdu contraire.rsaJ'aitrouv6 par
la suite que Zara n'dtait point une pidce originale de Ram6n de la Cruz, mais
la traduction d'un proverbe dramatique de Carmontelle intituld Alminora"de,
lequel avait finalement un rapport indirect avecZai'rede Voltaire.ts5Cependant,
le titre donn6 par l'auteur espagnol,si voisin de celui de la tragddie de Voltaire,
parait signaler une certaine intention parodique, beaucoup plus dvidente, en
tout cas,que dans la piEcede Carmontelle.
Les adaptationsd'ouwages non dramatiques se r6duisent i deux r1cits: Zadig
et Jeannot et Colin. Ces adaptations, sans le nom de I'auteur ni du traducteur,
ont 6t6 insdrdes dans deux pdriodiques. L'adaptation de Za^diga paru dans le
de Madrid, 6dit€
Diaio noticioso,cuioso-entditoy comercial,pilblicoy ecoruimico
par Manuel Ruiz de Uribe, en plusieurslivraisons,du zz iuin au r7 iuillet r759,
sous le titre 'Instrucci6n para un joven que deseaconducirsebien'. 186Il n'y a
aucune allusion i Voltaire et I'on ignore aussile nom du traducteur, qui pourrait
€tre, nonobstant, Juan Antonio Lozano, qui a occup6 la place de rddacteur
principal en 1259, aprds le ddpart de Francisco Mariano Nipho. On a supprimd
avec soin dans la traduction les diffdrentes allusions i la religion et au pouvoir,
ainsi que l'6pitre d6dicatoire; en dehors du titre du ricit, on a modifid celui de
Tel que le titre I'dnonce,
plusieurschapitreset les noms de certainsp€rsonnages.
le r6cit a, dans sa version espagnole,un but 6minemment moral:
4. Traduaions et adaptations
Mineraa, o el raisor gmeral de Madrid, dans le num€ro du z8 mars 18o6. sous
le titre 'Rafael y carlitos, o vanidad y modestia'.r88on ne fait nulle part mention
i son origine dtrangdre et le texte est sign6 par les initiales C. P. On a proc6d6
i une adaptation du conte voltairien i I'ambiance espagnole: Paris devient
Madrid, et le conseil que l'on donne i Jeannot d'6crire des romans se traduit
dans I'adaptation par 'mdtete a traductor, que es oficio socorrido'. Cependant,
les modifications les plus remarquables sont en rapport avec la fine satire du
conte, car I'adaptateur a omis soigneusementtoute r€firence aux eccldsiastiques
et aux puissants.
r88. Voir Sarrailh, 'Note sur une traduction espagnole de Jeannot et Colin de Voltaire, trouv6e
danslarerue deMadidLaMinensadt
z8mars 18o6',Ra:uedelitthatureumpar1ezegzzl.
Lector mio: si observascon cuidadolasinstruccionesquecontiene,la hallardsdignade
y novedades
que hacenver la
tus reflexiones,puesencierrauna seriede contingencias
inconstanciade este mundo, la fealdaddel vicio y la hermosurade la virtud, €sta
perseguida,aqu6lprotegido;pero s6lo dichosoel que perseverahastael fin, constante
en la virnrd.lsT
Dans ses grandeslignes, et i I'exceptiondes cas oi on a supprimd des mots,
voire des phrases enti€res, I'adaptation reprend I'argument du conte voltairien.
Cependant, et grice aux coupures et aux remaniements, le texte primitif a €td
d6pourvu de toute sa portde philosophique et critique, et il est devenu un petit
conte ir intention moralisatrice et didactique.
De son c6td, l'adaptation de Jeannot et Colin a lu le iour dans la retue La
r84. Zara a 6t6 publi6e au tome vi (p.35g-69) dt Teatro, o aleccidn dN lossainetes! dzmdsobra
dramdticas,de D. Ramdn dc la Cnn (Madrid 1786-179r). Voir sur cet ouvrage Cotarelo, Ramdn de
la Craz, p.r4r, 432; F. Palau, Ramdndz la Cnn, p.58-6r; McClelland, Spanishdratna'i.3t4-t6;
Alborg, Histoia dz la literatura espaiiola:siglo XWII (Madrid ry72),p.674; Lafarga, Traducciona
apafiolas ful teatrofranc& (r 7oo- r 8j j: bibliografiadz impraos (Barcelona r 984)' p.353-54.
r85. Pour plus de d€tails, voir mon article 'Sobre la fuente desconocida de Zara, sainete de
Ram6n de laCt',tz',Anuaio fuflologia Z Ogtl).
r86.Voir Guinard,'Une adaptation espagnole de Zadig au XVIIIe sidcle', Ra'ze dz linhaure
comparie3z (r958).
no.4o (r7 juillet rZ59), p.4o; cit6 par Guinard,'Une adaptation',p.494.
r87.Diaio noticioso,
r4 2
r43
5. Les traducteun
5. Les traducteurs
UN dliment non n6gligeabledans toute €tude de diffusion ou de rdception est
la personnalitddes intermddiaireset, plus concrdtement,des traducteurs.J'ai
r6uni dans ce chapitre les notices relatives aux traducteurs i partir' notamment'
de sourcesimprimdes,voire assezconnues.Nonobstant,la notice de plusieurs
traducteurs- Corchos, Pis6n y Vargas,lJria - se trouve r€duite au minimum'
faute d'information sur leur personneet leur activitd.Ils se trouvent i cdt6 de
grands noms de la littdrature, I'administration et la pens6e du dix-huitiBme
sidcle en Espagne.
Altis, Francisco
FranciscoAlt€s est nd probablementa Barcelonevers r78o.t Son secondnom
€tait Casals, mais il a sign6 couramment Alt6s y Gurena, d'oir I'anagramme
Selta Runega.ll a 6tE membre de I'Academia de buenas letras de Barcelone,
dont il estdevenusecrdtaireen r8zz, et il remplit le m€me postei la municipalitd
constitutionnellede Barcelonependantla p6riodelib6rale(r 8zo- r 823). Pendant
ce temps il a dirigd le thditre de la Santa Cruz et a collabord au Diario de
avec des poBmes i suiet politique. Sa prise
Barcelonaet au Diario cnnstituciona.l
quitter
I'Espagne en r8z4 pour s'exiler en
i
l'a
amend
lib€rale
de position
1838'
en
Marseille
i
mort
il
est
France;
Alt6s a laissd une production podtique varife et de valeur in6gale, d'oit
dmergent par leur dnergie les po0mes patriotiques. Il a traduit ou adapt6
plusieurs romans, notamment Valentinede George Sand, et Surtoutdes pidces,
parmi lesquelles Ze Diplomate de Scribe, Angile d'Alexandre Dumas, Le Trisor
d'Andrieux et La Mort fu Cisar de Voltaire. Il a donn6 de son cru plusieurs
pidces au th6itre, notamment El contlede Narbona, GonzaloBustos,Mudana eI
Edipo en Tebas.2
Bazdn dc Mendnza, Pedro
pedro Baz6n de Mendoza est n6 i cambados, en Galice, le zz ianiet I758.t
AprEs des {tudes i I'universitd de Santiago il a 6t6 requ docteur en droit en
tTtr.lta dt6 membre de la Sociedadecon6micade amigosdel pais de Santiago
r. Voir surtout Elias de Molins, Diccionaio biognifco 1ybibliogrdfco dc anitores 7 artistu catalancs
del sigloXIX (Barcelona I 889), i.37-47.
z."pour lesouv.ages d'AltCs, ioir A.Palau,Manual del librero,i.z5r-52; Fern6ndezde Moratin,
'Catrilogo',p.334.
(Santiago rg5 r), i'r35-36'
3. Voi, Cb,i."ito, Diccionorio bio-bibliogrdfcodt esctitores
r++
et de la Real Academia de derecho de Madrid. Le serment pr€ti en r8o8 e
Joseph Bonaparte lui a valu un grand nombre de charges et d'honneurs:
intendant gdndralde I'arm6e, chef de police de Santiago,chevalierde l'Ordre
royal d'Espagne,professeuret directeur de I'universitdde Santiago.Mais i la
fin de la domination franqaiseil a perdu tous s€spostesofficiels et a 6ti expulsd
de I'universit6 par ses propres collBgues.Il a suivi en France l'armde de
Napoldon, se fixant i Paris, oi il aurait gagn6 sa vie en traduisant des ouwages
frangais.Il est mort dans cette ville en 1835.
Avant m€me de quitter I'Espagne Bazdn avait commenc6 i traduire des
producti<lnsfranqaises.Ont 6t€ reprisentdes, mais pas imprimdes, 'Ester' et
'Brit6nico', traductions de Racine.a On a publid assez tard, en 1806, une
traduction anonyme de Hirza, ou leslllinois de Sauvigny, sous le tltre Religi1n,
patriay honor tiunfan dcl mdsciegoamor, qu'on avait iou6e quelques ann€esplus
tdt.s
Une anonyme Carta de un patiota espafiolet un 'Discurso sobre la toma de
Tarragonapor las tropas francesas',prononc6 i la cath€dralede Soria en r8r r,
appartiennenti I'dpoque de la domination franqaise.Enfin, les traductions de
LArt poitique de Boileau (Alais r8r7) et La llnriadc seraient le fruit de ses
embarrasp6cuniairesen France.
Bmrdn. Tomds
Il estplus que probableque le 'ciudadanoT. Bertrdn', traducteur d'Alzire, ainsi
que T. B. y S., traducteur de Mahomet,soient la m€me personne,c'est-i-dire,
Tomds Bertrdn y Soler, dont la chronologie, d'aprbs le biographe Elfas de
Molins, correspondi celle destextescit6s.6Tomds Bertr6n, d'id6ologielib6rale,
a 6tEle fondateur i Barcelone d'une soci6t6litt6raire des Amis de I'homme; i
causede sesactivitdspolitiques il a 6t6 ddporti aux Canariesvers r84o.
Sa production litt€raire est de signe politique et social;il a publi€ de r84o i
polftico arregladaa la Constituciilnespafiolade
1858, entre autres, un Catecismo
r 8j 7, une Monarquia constitucional,un ltinerario descriptiaode Catalufia. Elias de
Molins ne fait pas mention dans son Diccionariodes traductions de Voltaire.
Burgos,Miguel dc
La vie de Miguel de Burgos nous est inconnue. En tout cas, on peut dire de
lui que sa famille possddait une imprimerie i Madrid, laquelle a publid sa
4. L'auteur lui-m6me, dans la pr6face d,e La Henriada (p.lxviii et n.r) fait r6l6rence i ces
traductions, 'que se representaron con bastante aplauso en los teatros de Madrid'.
5. Cotarelo (il|aria del Rosaio Fendnd.n, 'la Tirana', Madrid r8g7, p.r45) ne signale pas de
traducteur. La Biblioteca municipal de Madrid conserve un manuscrit de la tragddie avec des
censures d'Ignacio L6pez de Ayala, dat6es de 1786. Cependant, Qualia ('The vogue', p.r6r)
attribue cette traduction i un certainJuan de Dios del Pech.
6. Elias de Molins, Diecionaio, i.2.83-84.
r45
fr
5. Les traducteun
Vohaireen Espagner7j4-r8j5
traduction de Mhope, et qu'il a 6crit justement une 6tude sur I'imprimerie, les
sobreel arte de la imprmta, publides i Madrid en r8r4.t
Obsentaciones
Calzada, Bemarda Maia de
Quoique sa bibliographie soit abondante, on connait trds peu l'existence de
Calzadt. Il est nd vers r75o. Entrd dans la carrilre militaire, il a obtenu des
emplois d'une certaine importance: d'aprds Menindez Pelayo' il a €t6 capitaine
d'un rdgiment de cavalerie;Juan Antonio Llorente, qui I'a connu personnellement, affirme qu'il 6tait colonel d'infanterie, tandis que sur la page de titre d'un
de ses ouvragesfigure qu'il €tait, du moins en r79o, lieutenant-colonelde
cavalerie.sIl a rempli aussi le poste d'officier au secr6tariat du ministdre de la
Guerre. Comme d'autres auteurs de son temps, Calzadaa eu des d6m0l6s avec
I'Inquisition: plusieursde sesouwagesont dt€ condamn€set il a m€me 6td jug6.
La production littdraire de Calzadaest abondante et s'6tale des ann€es r78o
iusqu'i la guerre d'Inddpendance.' LJne de ses grandes activitds a 6td la
Les ouvrages
traduction:Moratfn I'a appeld'eternotraductor de suspecados'.1o
voyages,
un traitd
piEces,
un
liwe
de
traduits par Calzada sont vari6s: des
Logique
de
Condillac,
de
la
une
traduction
philosophique.En r784 il apubli€
un de ses premiers travaux, qui a eu en 1789 une seconde €dition; la mdme
annde a lu le iour la trag6die originale Motauma, en cinq actes et vers
militar, traduit
henddcasyllabes.En 1785 il a donn6 le drame La subord,inacifin
podme
Louis
Racine la
de
une
version
du
suivante
l'annde
du franqais, et
ann6e
A
la
m€me
traductores.
de
malos
Desengafro
dans
son
ins6r6e
Religion,
respetar
Estadas
el
de
los
lafelicid.a"d
contribule
a
cudnto
sobre
un
Discuno
appartient
traduit du frangais, ainsi qu'un recueil de lettres sur l'€ducation
la costumbres,rr
in6lttil1AdetajtTeodnro.De ry87 est le drame El hijo natural, traduit de Diderot,
et la tragddie Cotdn en (Jtica, ir|.e de Joseph Addison, ainsi qu'un Arte fu ser
feliz, soi-disant traduit de I'allemand. La traduction des Fablesde La Fontaine
a vu le iour en 1788; la m6me annde Calzadaa publid sa version d'Alzire de
Voltaire etla Vida d.cFed'eico/d condamn6e par l'Inquisition en rygz.En rygo
dc chistes;i partir de cette date la production
a paru la Nunafloresta, o colecci1n
de Gil Blas dc
de Calzada diminue. On doit signaler, cependant, une Genealogfa
Santillana (r7gr), oi il insiste sur les origines espagnolesdu roman de Lesage;
7. VoirA. Pahr,Manuoldtl librero,ii.468.
6. Men6ndez Pelayo, Heterodaros,v.u 86; Llorente, Inqu*ici6n, ii.354; B. M. de Calzade' Nuan
foresta, o colecciinde chista (Madrid t79o).
g. Voir Sempere, Ensayo, vi.z3t-32, note; A. Palau, Manual dzl librero, iii.65; Fernindez de
Moratin,' Catllogo', p.3 32.
r o. D'aprds Men6ndez Pelayo' Heterodotos,v .286.
r r. Interdit par I'Inquisition par 6dit du 9 iuillet r796.
r46
les ViajesdcAntenorpor Greciay Asia (r 8oz), traduction de Lantier; et un roman
traduit de I'anglais,Don Qrijote confaldas,qui est de r8o8.r2
Corchos,Blas
De la biographie de Blas Corchos on sait seulementqu'il 6tait professeurde
jurisprudence, ce qui est signal6 sur la page de titre de sa traduction de
Microm4gas.Dans le Correodc Ma"drid on peut lire une 'Respuesta de D. Gil
Tap6n de Alcornoque a D. Blas Corchos sobre el uso de la voz "presidenta"',
oi le correspondant difend l'utilisation de ce mot, contrairement ir I'opinion de
Corchos.13
Cruz, Ramdn de la
Ram6n de la Cruz Cano y Olmedilla est n6 i Madrid en mars ry3r)a La mort
de son pBre I'a obligd i quitter le collBgeet chercher un emploi, qu'il a trouvd
au ministdre de la Justice, oi il a occup6,iusqu') la fin de sa vie, un modeste
poste d'officier. Il a dtd 6lu en 1765 membre pe I'Arcadia de Rome et, peu
aprds,de I'Academia de buenasletras de Siville. Il a joui de la protection du
duc d'Albe, puis de la comtesse-duchesse
de Benavente.Il est mort e Madrid
en mars I794.
Ram6n de la Cruz est un des grands auteurs dramatiques du dix-huitiBme
sidcleespagnol,bien que la plus grande partie de sa production soit compos6e
de petites pidces,les sayndtes,qui ont remporti, cependant,de grands succCs
i l'6poque et ont 6t6 par la suite abondamment6tudi€espar les chercheurs.rs
Il est donc inutile de s'attarder sur cette partie de sa production; par contre,
j'aimerais mettre I'accent sur un aspect moins abord€, celui de son activiti de
traducteur.r6
Entre ry67 et 1773 Ram6n de la Cruz a traduit plusieurs tragidies de
Metastasio,en leur attribuant, selon un procdd6trBs commun en Espagne,des
titres pompeux: ainsi, Ezio deient Aecio tiunfante nt Roma; Znobia disparait
sous le ntre Md; puedt el hombrequeamzr: querera dnsI serfrme; Talestredevient
Entre un hijo y el esposz,entes esplsa que ma"dre:Talestris, reina dc Egipto. La
premidre traduction espagnoled'une pidce de Shakespeareest I'cuwe de
Ram6n de la Cruz: c'est le Hamleto, traduit de la version franqaise de Ducis et
publid tardivement. 17Il a donn6 aussi un Bayaceto,qui n'est pas une traduction
rz. The FemaleQuirote, or the aloenturx ofArahella (r752) de Charlotte Lennox.
r g. Coneo deMannd, nos. r o8, i og (3, 7 novembre r 787).
I4. Voir, surtout, Cotarelo, Ramdn dz h Cruz; Hamilton, 'A study of Spanish manners (r75or8oo) from the plays of Ram6n de la Cruz', Uniamity of lllinois studia rr (19z6).
r5. Une bibliographie trEs compl€te se trouve dans Aguilar, BibliograJiade autora apaiola dcl
sigloXVIII (Madrid r98r-), ii.6o8-7o4.
r6. Sur ces traductions,voir Cotarelo,Ramdndz la Cruz,p.too-rr.
r7. Ces traductions sont r6penori6es dans mon otnrrgeTraduccionesespafiolas,passirn.
r47
lr
Voltaireen EsPagner7j4-r8j5
de Racine,comme I'affirme Cotarelo et, aprdslui, la plupart de la critique, mais
du Tamerlan,ou la mort dc Bajazet de Jacques Pradon. Il faut aussi signaler les
deYoltaire.Mais en dehors
versionsd'Euginie deBeaumarchaiset de Z'Ecossaise
en trois ou en cinq actes,
com6dies
de ces grandespilces, tragddies,drames,
de pidces frangaises,
cinquantaine
une
ou
adapt6
Ram6n de Ia Cruz a traduit
Favart, CarmonDancourt'
Marivaux,
de
Molilre,
pour la plupart en un acte,
en
salmetes.r8
qu'il
transformdes
a
telle, Legrand,
FemdndezdeMorat{n, Leandro
Leandro Ferndndezde Moratin est une des figures les plus caractdristiquesde
la littdrature espagnole de la fin du dix-huitiBme sidcle et' par cons6quent' sa
personnalitdet son cuvre ont 6t6 abondamment6tudi6s.te
Il est ni en 176o i Madrid et, malgr6 l'opposition de son pdre, le poete et
auteur dramatique Nicolds Fern6ndez de Moratin, il a embrass{ la carribre
littdraire; il a remportd son premier succesen I79o a\ec El aiejoy la nifia.
Pensionnd par le gouvernement, il a voyag6 i Paris, of il a 6t6 tdmoin des
moments les plus sanglantsde la R(volution, et a Londres, pour faire aprds un
long tour en Italie; il est rentrd en r7g7.Il a combin€ I'activitd littdraire avec
I'exercicede plusieurschargesdansI'administration:secr€taired'un office pour
la uaduction des textesofficiels et directeur delaJunto dzRdorma des th66ues'
Du fait d'avoir acceptd le poste de biblioth€caire i la Bibliothdque royale sous
Il vdcu un temps i
Joseph Bonaparte il a €td soumis i un procds d'6puration. a
en iuin 1828.
mort
Barielone et, plus tard, il est pass6en France, oir il est
de mceursde
meilleurs
comddi€s
Sa production dramatique,qui contient les
que les
m€me
de
connue'
bien
l'€poque (El hardn, Et si dc las nifias), est
et
appr€cide
diffus6e
moins
Beaucoup
traductionsde Moliire et de Shakespeare.
est sa version du Candidede Voltaire.
Garct'ade la Huerta, Vicente
L'ordre alphab6tique a voulu que trois des plus grands auteurs dramatiques du
dix-huitidme siBcle- et bien diffdrents, d'ailleurs - se ffouvent ici rassembl€s.
r8. Voir, surtout, Gani, 'Sobre las fuentes de los sainetes de Ram6n de la Cruz', da;nsStudia
hisponieain honoremR. Lapesa(Madrid r 972), compl6t6,par Lafarga.,'Ram6n de la Cruz, adaptador
de Carmontelle',Annali dcll'lstitutt uniaersiteil oientale: sezionetomanza z4 QgSz), et M. Coulon,
dans la pr6face i son 6dition des Saineta (Madrid I 985).
r9. Le r6pertoire bibliographique le plus complet est celui de Livia Brunori, dans Coloquio
inthacional- sobreLeand,ro-Fetndnfuzde Moratin: Bolonia 1978 (Abano Terme rgSo), p.z5r-96,
compl6td par I'article de b Bibliogra/ia d'Aguilar (iii.34I-4oz). On p1u1 nonobstant relever des
trauaux importants: Andioc, Sur la 4ucrelle;Papell,Moratin 7 su Eoca (Palmt 1958); RwiltarJltcro
ctitico fu don Leandro Femtindez dc Miratin eomoautor aimicoy comparaci1nde su miito con el ful c1bbre
Moliire (Seville 1833); Ruiz Morcuende, Vocabulaiode don Leand.roFemdnda, deMoratin (Madrid
rg45); vivanco, rlliiatfn 7 ta llustracihn mdgica(Madrid rgTz); ainsi que le num6ro monographique
de la Raista de la Uniaenidad dc Maind g $96o).
r48
5. Les traduaeun
Vicente Garcia de la Huerta est nd i Zafra (Estr6madure)le 9 mars 1734,
dans le sein d'une famille de petite noblessesansfortune.20Il a pu cependant
dtudier i Salamanque, se fixant plus tard i Madrid, of il est devenu archiviste
du duc d'Albe et premier officier de la Bibliothbque royale. Il a 6t6 membre de
I'Acad6mieespagxoleet des acaddmiesde l'histoire et des beaux-arts.En ry66
il a voyagi i Paris en qualiti d'instituteur du duc d'Hu€scar, fils du duc d'Albe.
A son retour, et i cause de certains couplets contre le comte d'Aranda qu'on
lui avait attribu6s, il fut condamnd au bagne: il a passi neuf ans en prison, au
Pefr6n deYllez de la Gomera et i Oran. Depuis son retour i Madrid, en 1777,
jusqu'aumoment de samort, survenueen mars r787, il s'estconsacrdactivement
i l'6criture et aux disputes avec ses ennemis littdraires, Forner, Tom6s de
Iriarte, Leandro Fernfndez de Moratin.
L'ceuwe de Garcfa de la Huerta peut se diviser en deux grands groupes:le
premier, fruit de l'6tude et de l'6rudition; et le second rempli par sa production
littdraire i proprement parler. Dans le premier groupe il faut citer notamment
la Bibliotecamilitar espafiola,publide i Madrid en 1760, cuwe de son ipoque
d'archiviste de la maison d'Albe; les RetratosdelosrqtesdeEspana,en six volumes
(Madrid ry82-ry97); et surtout son Theatro hespafiol(Madrid, Imprimerie
royale,1785-1786),collectionde dix-septvolumesotr il a recueilli descom6dies
de Calder6n et de son 6cole(Moreto, Solis,BancesCandamo,etc.),sanspublier
m€me pas une comidie de Lope de Vega. Dans le tome dix-septidme et dernier
il a rduni ses trois tragddies: Raquel,Agammdn ztengadoet Xaya, ainsi qu'un
catalogue de I'ancien th6itre espagnolqui comprend plus de six mille titres. La
publication de cet ouwage a provoqud I'apparition d'un grand nombre de
pamphlets contre Garcia de la Huerta, auxquels il a r€pondu avec autant
d'autres.2l
Les Obraspohicas de Huerta ont 6td imprimdes en deux volumes i Madrid,
en ry78-ry79, par Sancha; I'iditeur Pantale6n Aznar a assurd une seconde
ddition en r786, en deux volumes aussi. Quant au th6itre, Garcia de la Huerta
a publid la com6die Lisi desdefiosa,
o el bosquedelPardn et les tragddiesAgamendn
aengadn,Raquel,peut-Ctre la meilleure - la seule, a-t-on dit - trag€die originale
espagnole,jou6e en ry78 etpublide un peu plus tard, probablementen r780,22
zo.L'6tudela plusvastesurcetauteurestcelledeRios,Garcia
fu la Huma.On peutlire aussi:
Cotarelo,Iriarte,passim; An.dioc, Sur la quedle,p.z75-37o, et, du mdme, I'introduction i son ddition
de Ra4uel (Madrid I97o).
zr. Sur cette querelle,voir, notamment,Cotarelo,Iiane,p.334-43.
z.z.Yoir sur cette trag6die, en plus des ouvrages cit€s (n.zo), Asensio, 'La tragedia Rquel de
Huerta fue estrenada en Orin', Estudiosr 8 (r 962); Cazenave,'Premibre repr6sentation de Ra4uel,
Langua n4o-latinesrr8 (lg5r); Mancini,'Per una revisionecritica di Garcia de la Huerta', dans
Studi di letteralura spagnuola(Roma 1964); Segura, 'La Ra4uel de Garcia de la Huerta', Ralisu dc
atudios efiremefios6 (r95r).
r+g
It
5. Lestraducteurs
Voltaireen Espagner64-r8j5
y si agradarian
Hace algunosaios que deseando
ver c6moparecerfan
en Espafralas
tragedias
compuestas
enel gustoy mdtodofrancis(tancelebradas
enlasdem6snaciones),
emprenditraducirdos, de los dos mds estimados
autorestrdgicosde estetiempo:la
Andl6macade Raciney la Zaira de V. . ..
et La fe triunfantetlel amor.y cetro,o Xalra. traduction de Zai're,dont la premiEre
ddition est de r284.
Gironella,Antonio
Antonio Gironella est n€ i Barceloneen t789.23ll a 6td dans sa ieunesseun
des collaborateurs du p6riodique lib1ral El propagadorde la libertad.ll est mort
i Parisen r855.
Podte mddiocre, il est connu surtout par ses pidces,originalesou adaptfes
du frangais: Cistina, o el triunfo del talento,Los cuentos,o la bodadel difunto, La
Emilia, o lapirtud sola,parmi d'autres. Il a publid sous des
muda, o lospescad.ores,
les titres deux pidces de Voltaire: Hennenegilda,o el error
modifiant
initiales et en
o el tiunfo de lafe Q4lzire).
(Tancrid'e)
Telasco,
et
funesto
Le manuscrit de'Zaira' nous a 6t€ conservd.mais il n'existeaucunetrace de la
traduction d'Alzire.
La podsie de Margarita Hickey prisente une grande vari6td de mdtres:
romances,rondeaux, sonnets, quatrains, dizains, huitains, etc. Elle est fug6e
par Leopoldo Augusto de Cueto en ces mots: 'Sectaria de la nueva escuela
reformadora,estasefrorano escribe en estilo conceptuoso,lo cual no es ya de
suyo escasomdrito para la primera mitad del siglo XVIII. Su estilo es desigual
y no siempre correcto, pero no le faltan desembarazonilozania.'21
Hickq, Margaita
Iiane, Bernardo de
Margarita Hickey y Pellizzoni est nde probablementi Barcelone en t753.24
Son pdre, Domingo Hickey, d'origine irlandaise,6tait lieutenant-coloneldans
I'arm6e espagnole,et sa mCre, Ana Pellizzoni, 6tait italienne. Elle est pass{e
tr|s jeune i Madrid et y est rest6ejusqu'i sa mort. Elle a 6td maride i Antonio
Aguirre, un gentilhomme tris igd du service de I'infant Luis Antonio, fi|s de
Philippe V: elle 6tait d6ii veuve en ry7g. On ne connait pas la date exactede
sa mort, survenuesansdoute au ddbut du dix-neuvidmesiBcle.
Margarita Hickey a utilisi dans ses ouvrages le pseudonyme Antonia Hernanda de la Oliva ou les initiales M. H. Sa valeur comme 6crivain est indgale:
une 'Descripci6n geogf6ficae hist6rica de todo el orbe conocido hasta ahora',
compos€e en octosyllabes,n'a pas 6t6 publi6e, apr|s le rapport nettement
ddfavorabled'Antonio de Capmany,secr€tairede I'Acad6mie de I'histoire' En
r78g elle a donn6 une fdition de ses ouvrages sous le lrtte Poes{asaarias,
sagradas,moralesy profanas 0 &m7r7sas.L'ouvrage devait avoir deux volumes,
mais le second, qui n'est pas mentionnd dans les grandes bibliographies, n'a
jamais ru le jour.2s Le seul volume publid contient des pofsies lyriques, des
podmesdpiqueset une traductton d'Andromaque.Lesautrestragidies traduites
et qui auraientsansdoute occupdle secondvolume sontAlzire 26ilretd'aprds
"r
le rapport du censeurCasimiro Fl6rez Canseco,dat€ du r6 octobre ry87: 'De
orden de V.A. se han remitido a mi censuratres tragedias,laAndrdmacade M.
L'auteur
Racine, Zayra y Alcira, todas traducidas del francds al castellano.'26
Zaire:
priface
traduit
avoir
dans
la
elle-m€me affirme
Membre d'une famille trds illustre dans les lettres espagnoles,Bernardo de
Iriarte est n6 au Puerto de la Orotava (Canaries)le r8 fdvrier 1735.28Il s'est
translErdtrbs jeune i Madrid et en r758 il a eu son premier emploi au ministdre
des Affaires €trangdres(Secretariade Estado).A l'6ge de trente ans il a dt6 6lu
i I'Acaddmie espagnole.Il a exercd une grande influence i la cour et a 6td
membre du Conseil du roi et du Conseil des Indes. A cause de certaines
mdsententesavec Godoy il a dt6 exil6 en r8o4 en Andalousie et exon6r6 de
toutessescharges.RappeldparJosephBonaparte,Iriarte a 6td nomm6 conseiller
d'Etat, mais le retour de Ferdinand VII I'a obligd i quitter son pays.Il est mort
i Bordeauxle r3 ao0t r8r4.
En 1774 on lui a intent6 un procBs i I'Inquisition aprds ddnonciation de
son frdre, le dominicain Juan Tom6s de Iriarte: il a 6t6 accus6 d'avoir une
correspondanceavecVoltaire et d'avoir traduit sa trag6die Tancrid.e.Ils'en est
tir6 avecune peine relativementl6g€re.2e
En dehors de la traduction de Tancride, qui a connu plusieurs 6ditions,
Bernardo de Iriarte est l'auteur d'une Profeciapolftica, oeificad.aen lo que estd
plr su ciegaaficidna losingleses,
publide en 176z sans
suced.iend,o
a losportug,reses
nom d'auteur, qu'il avait traduite du franqaisen collaborationavecJosdNicol6s
de Azara;30des 'Noticias de la vida literaria de D. Juan de lriarte', mises en
t6te de la Gramdticalatina de son oncle (Madrid ry7t), et d'un Juicio de la
d.elpresbfteroCuuanillessobreel articulo "Espagne"dc la
obra titulada Obsertaciones
"Nua)a encicloped.ia"
y reparosque ofrece aquel escrito', qui n'a pas 6td publi6.
23. Y oir Elias de Molinq D i ccionaio, i.66 t - 6 z.
za. Voir Serrano Sanz,Esmtoru, i.5o3-zz'
25. A. Palau, Manual del librno, xjii.373-74. Le compte rendu paru dans le Mnnoial
(xviii.34r-42) ne fait allusion qu'au premier volume.
26. Cit6,par Serrano Stnz, Escritoras,i.5o9.
r5 0
27. Cueto,'Bosquejo', p.ccxr'c<ir'.
28. Voir Cotarelo, Iiarte , passim;Millares, Ensayo,p.z4g-5o.
zg. P i nta,'E l senti do' ,p.7g-rr4.
3o. Iriarte avoue €tre I'auteur du pamphlet dans une lettre de r8o8 d Francisco Angulo: voir
Cotarelo,Iiarte, p.418- r g.
literaio
Ii
I5I
5. Les traducteun
Voltairem Espagner7j4-r8j5
En t767 le comte d'Aranda a charg6.Bernardo de Iriarte de choisir de I'ancien
th6itre espagnol les pidces que I'on pourrait repr6senter dignement sur le
Teatro de los Reales Sitios. Iriarte a dress6une liste d'une soixantainede titres,
accompagnded'un rapport sur le thdAtre espagnoloir il trace une petite histoire
du genre dramatique en Espagne et d6crit la situation i l'6poque.3r Il insiste i
nouveau sur la ndcessitdd'une rdforme des thditres dans un 'Papel que D.
Bernardo de Iriarte extendi6 a instancias de D. Manuel de Ayala, comisariocorrector de dramaspara el teatro de la Corte'.32
Iriarte. Tomdsdc
Tom6s de Iriarte, frdre de Bernardo, est nd i Santa Cruz de Tenerife en
septembrer75o.tt Il avait quatorzeans lorsqu'il est all6 i Madrid dtudier sous
la direction de son oncle, I'humaniste Juan de lriarte. Il a €td traducteur i la
Secretarfa de Estado (Affaires dtrangdres)et archiviste du Conseil supr€me de
la guerre. Habitui du cafd de la Fonda de San Sebastidn,sidge d'une tertulia
('r€union') cdldbre, il a maintenu une vive polimique avecle fabuliste Samaniego
et av€cForner. Il est mort en r7gr,lorsqu'il 6tait i I'apogdede sa vie littdraire.
Comme autant d'intellectuelsde son temps, Iriarte a eu des ddm€lis avec
I'Inquisition, i causede certainesexpressionsdanssesouvrageset de la lecture
de livres interdits; il s'en est tir6 i peu de frais, cependant:une abjuration et
une courte p6nitence.
Tomfs de Iriarte est connu surtout comme poete. Grice aux 6tudes de latin
faites auprbs de son oncle, il a pu traduire l'Art poitique d'Horace. Son podme
didactique La musica,ainsi que sesFdbulas literarias efl aersocastellano(t782),
ont remportd un grand succds,m€me i l'dffanger. La publication des Fdbulas
a ddclenchdla poldmique avecForner, qui s'est sentivis€ dans certainspodmes.
Forner a lanc6 contre liarte El asnoerudito,qui a eu comme rdponse du fabuliste
le pamphlet Para casostalessuelentenerlosmacstrlsofciales.Une nouvelle attaque
de Forner, Los gramdticos,concernant tous les Iriarte, n'a pas vu le jour i
l'6poque. Mais en dehors de la podsie,Iriarte a 6t6 auteur dramatique.Entre
ry69 et ry72 il a traduit plusieurspidcesfranqaisespour le Teatro de los Reales
Sitios: Ie Malafu imaginairede MoliEre, Le Michant de Gresset, Le Philosophe
mait et Le Dissipatatr de Destouches, Le Marchand de Smynte de Chamfort,
ainsi que L'Ecossaiscet L'Orphelin de la Chine de Voltaire.3aPar sa production
originale, Iriarte est salud comme I'initiateur de la comidie de mcurs en
Espagne,bien avant Moratin le jeune: Hacerqueharcmos,La sefioritamal ctiada,
El sfroito nimadn et El dan degmta sont les titres de ses comidies. Il a donn6
aussi la petite pidce inntulie La libreria etGuzmdn el Bueno,monologue tragique
avec des intermddes en musique.
Marchena,Josi
Jos6 Marchena y Cueto, n6 i Utrera (S€ville) en 1768, est un des personnages
les plus curieux de son temps.3sIl a regu les ordres mineurs, d'oil I'appelatif
d'abatequ'on lui donne assezsouvent. Sous la R6volution il est all€ en France,
oi il a collabord avecles servicesde propagandedestinie ir I'Espagne.Il a publid
i cette dpoque plusieurs ouwages, originaux et traduits, ainsi que des faux, tel
un fragment du Satiricon de Pdtrone. Revenu en Espagne avec les armdes de
Napol6on, il a 6t6 nomm6 par le roi Joseph directeur de la Gaceta.Il a donn6
alors plusieurs traductions dramatiques,notamment Tanffi etL'Ecoledesfernma
de MoliBre. Rentrd en France en I8I4, il a continui i traduire pour gagnersa
vie: c'est l'ipoque desLettrespersanes,de l'Emile et de La Nowelle H€loise,des
romans et contes de Voltaire. Son plus grand ouvrage, cependant, ce sont les
Il est rentrd
trds sdrieuses et classiquesLeuionesdeflosofia moral 1 elocuencia.
ddfinitivement en Espagneen r8zo et il est mort i Madrid au ddbut de I'ann6e
suivante.
Montijo, comtedu
Le comte du Montiio traducteur de Voltaire, de son vrai nom Eugenio Eulalio
de Guzmdn Portocarrero PalafoxyZifiiga,a€t€,le fils d'une femme trds c€ldbre
dans I'Espagne du dix-huitiime sidcle, Francisca Portocarrero, comtesse du
Montijo, et l'oncle d'Eugenia de Guzm6n, future imp6ratrice des Frangais.36
Personnaged'esprit inquiet, le comte du Montiio, qui portait ir l'6poque le titre
de comte de Teba, a 6td un ennemi acharnd de Godoy et a pris part i I'imeute
d'Aranjuez de mars r8o8, d6guis6en homme du peuple et sousle nom de 'tfo
Iiarte,p.69.
34.VoirCotarelo,
3 r. 'lnforme al conde de Aranda sobre el teatro', B.N., ms.9327.
32. Publi€ par Cotarelo,Iriarte,p.4z.o-23.
33. En dehors de Cotarelo, Iriate, et de Millares, Ensayo,p.z4g-3r8, on peut lire Clarke,'On
Iriarte's versification', Puhlicationsofthe Moden LanguageAssociationofAmeica 68 (rg5z); Rossi,
'La teorica del teatro in Juan Pablo Forner', Filologia roman%,S (rgS8); Ruiz Alvarez, 'En tomo a
los Iriarte', Rnisto bibliogrd'fea1 donmcntal5 (r95 r); R. P. Sebold, 'lntroducci6n' i I'idition de E/
seioito mimado; La seioita mahtiala (Madrid r 978); Subird, 'Estudios sobre el teatro madrileflo:
los mel6logos de Rousseau, Iriarte y otros autores', Rnista dc la biblioteca,archiao.ymuseo5 $gz9)
et 'El filarm6nico D. Tomds de ll.iarte' , Anuoio dt estudiosatLintias S (r q6f ).
I\2
peut consulter
en Salamanca',
Jalamanca.,
nomenqJe
Alarcos, -Ll
abateMarchena
lvlarcnenaen
oans
dansHomnaje
SUrMarchena,
Marchena,on
on peut
consulter Alarcos,
'El abate
35. Sur
35.
ofiecidtaMmndez Pidal(Madnd ryl5);Lopez, 'Les premiers€cria'; Morel-Fatio,Jos6Marchena
r6volutionnaireen Espagneen ry92 et ry93', Roue historique
et la propagande
44 (t 89o);Schevill,
eishteenthcentury',
centurv'.Reoue
Reouedz
dzlitthaturecomparie
coftbalic
the eighteenth
'The abate Marchena and French thought offthe
r6 (r936); Mendndez Pelayo,introduction aux Obrasliterariasde Marchena (Sevilla r89z); F. DiazPlait, El abate Marchna (Le6n 1986).
36. Voir Corona, Reoolucifiny rcatciin n el reinadt fu Carhs 1Z (Madrid rgST), p.345-+7i P.
de Demerson, 'Un personaie prerromdntico: para la biografia del conde de Teba', Cuafumos
hispanoamericanos
z8 5 ( 97$.
r53
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
Pedro'. Il a luttd contre les Franqaispendant la guerre d'Inddpendance,mais
avec peu de succds.Sous Ferdinand VII il a organisdi Grenade une soci6td
secrdted'inspirationlibdrale.3TEntre r83o et r834, possibledate de son d6cds,
il a occup€un fauteuil i I'Acaddmieespaglole.
En dehors de sa traduction du Brutus de Voltaire, il a publid plusieurs
brochures de signe politique et historique.3s
Olaaide, Pablo de
Pablo de Olavide y J6uregui est une figure trds caract6ristiquede l'6clair6
espagnol du dix-huitidme sidcle, homme politique, rdformateur et dcrivain.3e
Don Pablo est nd i Lima en ry25. A vingt ans il 6tait dans I'administration.
Accusd de ddtournementde fonds, il a 6tE appeli en 1752 i Madrid; le procds
qu'on lui a intent6 ne lui a pas emp€chdd'dpouserune riche veuve et recevoir
I'ordre de Santiago.Le comte d'Aranda, son protecteur, I'a fait nommer en
de S6ville,intendantde I'Andalousieet, plus tard, surintendantdes
ry65 a,sistente
nouveauxdtablissementsde SierraMorena. L'cuvre d'Olavide en Andalousiea
6td remarquable: il a essaydla rdforme de I'enseignementsup6rieur, fondd
plusieursvillageset encouragdla faible dconomiede la rdgion.
Olavide est I'auteur de plusieurs romans, en partie des adaptations du
franqais,aomais il a portd particuliErementson attention au thditre. En r768,
et malgr6 I'oppositiondes autoritdslocales,il a obtenu d'organiseri Siville des
bals masquds- i I'instar de ce qu'Aranda avaitfait i Madrid - et de faire cesser
la prohibition des reprdsentationsdramatiques.Il a projet6 m€mela construction
d'un grand th6itre, qu'il n'a pu mener i bien. Par contre, il a eu beaucoupplus
de chancedansl'organisationd'une espEced'6coledramatiquepour la formation
des comddiens, dirigde par le Frangais Louis Reynaud. La cdl6brit6 de ces
acteursa 6t6 si grandequ'en 1769 le marquis de Grimaldi, directeur du Teatro
de los RealesSitios,les a appel6si Madrid. C'est aussipar I'entremised'Olavide
qu'un th6itre franqaisa pu €tre installd i Cadix en t769, oi il existaitd6ii une
sallepour la com6dieitalienne.
Son esprit renovateuret entrepreneura valu i Olavideune aurdoled'homme
6clair6 et philosophe,d'autant plus qu'il avait m€me rendu visite i Voltaire en
ry63,ir son retour d'un voyageen ltalie, ce qui n'6taitpas dans le go0t de tous,
37. A. Alcali Galiano,'Recuerdosde un anciano', drns Obrasacogidas,p.gz-93.
38. Voir A. Palau, Manual dcl lihrero, xiv.z4.
39. En dehors de Defourneaux, Olax,idr,voir Alcdzar Molina, Zos hombra dcl reinadode Carlos
III: D. Pablo dz Okoidc (el colonizadorde Siena Morena) (Madrid r9z7); Nriflez, introduction aux
Obrasdramdticasd'Olavide.
4o. MariaJos€ Alonso Seoane a consacr6 plusieurs travaux aux romans d'Olavide: voir, notamment,'La obra narrativa de Pablo de Olavide: nuevo planteamiento para sueswdio',Arcrquia rr
(r984),p.r r-49.
r54
5. Les traducteurs
ct notammentd'un moine de La Carolina, fr0re Romualdo de Friburgo, qui I'a
d6nonc6i I'Inquisition. Le procBsd'Olavide a eu un retentissementextraordinaire en Espagneet i l'6tranger.Ses ennemisont lancd au moment de sa chutc
une satire qui a circuld manuscrite en plusieurs copies sous le titre 'El sigkr
ilustrado,vida de D. Guindo Cerezo,nacido,educado,instruido y muerto scgrin
fas luces del presentesiglo, dado aluzpara modelo de las costumbrespor I).
Justo Vera de la Ventosa'.Ont circuli aussides coupletsanonymessur le procds
de I'Inquisition, oi il ne manque pas l'allusion i Voltaire:
El discipulomayor
no ha de serquesu maestro;
masmi Pablofue tan diestro
que a su maestroexcedi6.
Estefue, ilesris,qu6 horror!,
el pestiferoVoltaire;
de 6stecon graciay donaire
Pabloafirmaqueerahiio,
y por su dichocoliio
que no le ensefl6algrinfraile.ar
Avant de terminer la peine imposdepar I'Inquisition Olavide a pu passcren
France, se fixant i Paris sous le nom de comte de Pilo. Il a frdquenti lcs
encyclop€distes;Diderot, qui I'a connu, a 6crit une notice biographiqueir son
suiet;42plus tard, la Convention I'a nommi citoyen adoptif de la Ripubliquc.
Cependant,il a €t6 emprisonn6sousla Terreur comme contre-r€volutionnairc.
Ayant obtenu en 1798 la permissionde rentrer en Espagne,il a ricupdri tous
ses biens et une pension de go.ooo rdaux, mais a refusd les postes officicls
offerts par Godoy et Urquiio. Il s'estrdtird i sa chdre Andalousie,oi il cst mort
en r8o3, dBaeza.
L'cuwe d'Olavide prdsenteun double aspect:litt6raire et religieux.Du c6ti
de la littirature il s'estpench€ surtout sur le th6Atre.Il a ressentiles ndccssitcis
de la scdneespagnolede son temps et il exprime sa pensdedans une lettrc dc
1773 i\ Tom6s Sebastidny Latre:
quela conmuevan
Lo quela naci6nnecesita
sontragedias
y la instruyan,comedias
quc
la diviertany corrijan.Si se llegaa esteextremo,importapoco que nos prcscntcnil
griegosy romanos,mientrasestenacomodados
y es indif'crcntc
a nuestras
costumbres,
queseanobrade Calder6no Moreto.No esla gloriade estosautores,ni la de la naci<in,
que no est6ligadaa la suya,lo que debemos
buscar[...] Es necesario
buscarel bicn dc
4r. Cit6 par Castafreda,'Relaci6ndel auto de fe en el que se conden6 a don Pablo de Olavitlc,
y tnuseos35 ( r 9 r 6), p.93 - r r r .
caballero del hdbito de Santiago', Ranistafu arehizsos,
bibliotecas
littiraire de Grimm en l6vrier r78o, et reproduite par l)cftrur42. Diffus6e parla,Conespondanee
neaux, Olaz:ide
, p.472-7 S.
r.55
r7j4-rfu5
VoltaireenEspagne
5. Les traducteun
la naci6n, que quiere buenaspiezasen todos los g6neros,sea cual fuere su origen.a3
I'acaddmie litt€raire du Tripode, anim6e par son ami et protecteur le comte de
'lorrepalma. A la cour il a assistdaux rdunions de I'acaddmie du Buen Gusto,
chezla marquise de Sarria. En ianvier ry 5z il a €t€ 6lu i I'Acad6mie espagnole
ct son nom est inscrit dans le catalogue des Autoritds. Il est rentrd en ry6o it
Grenade,oi il est mort en 1794.
Par son euwe po€tique Porcel est consid€rd le dernier grand reprdsentant
du baroque. Dans ses fables, sonnets et chansons, et surtout dans son long
podme ElAdanis, on sent I'influence de G6ngora, que Porcel tenait pour son
maitre. Les podmes constituent la partie originale de l'ceuwe de Porcel, le reste
itant formd par des traductions. Il a traduit en vers la comddie dcrite en prose
par le jdsuite Guillaume-Hyacinthe Bougeant sous le titre La Dame dncteur,ou
la th4ologietombdem quenouille.La pidce, qui est une satire du ians6nisme,a 6tE
traduite en r7S3 sur commandedu pdre Rdvago,i6suite confesseurde Ferdinand VI; la com6die, qui n'a iamais 6t6 imprimie, est prdcddde d'une notice
sur le jans6nisme et sur ce qui est arrivd en France i l'occasion de la bulle
Unigenitus.En dehors de Mhope, traduction de Voltaire publide sous I'anagrarnme Lecorp, Porcel a 6crit 'El amante estatua', com6die adapt€e du
franqais;a le Facistol,traduction en vers dr Lutrin de Boileau, etun Tratadt dt
pilblico,tadrit du frangais de Guiton de Morveau et condamn€ par
la ed,ucaci6n
I'Inquisition en mars r776.
Comme tant d'autres icrivains de son temps, Porcel s'est senti attir6 par le
th6itre. Dans cette approche i I'art dramatique, E. Orozco voit encore un point
de contact entre Porcel et son maitre G6ngora: 'Y para que este paralelismo
sea m6s completo, tambidn nos deja el granadino algunas obras teatrales que
[...] quedan en mds modesto lugar. Asi, la adaptaci6n de la tragedia Miropc, El
am&nteestotuay la traducci6n de La dama doctor.'ae
A partir de r768 Olavide se met i traduire des tragddieset des comddies,pour
la plupart frangaises,destindes au Teatro de los Reales Sitios. Avant la fin de
t77o, d'aprEs Cotarelo, ont 6td reprdsent6es les traductions du Joueur de
Regnard, OlympieetMerope de Voltaire, Phidre de Racine, Lina de Lemierre et
Zelmire de De Belloy.e Peu avant, i I'occasion du mariage de I'infante MarieLouise, fille de Charles III, avecI'archiduc Ldopold d'Autriche (tZ6+), ont 6td
repr6sent€es la tragidie Hipermenestrqtraduction de Lemierre , et la zatzuela,
ou opira-comique, El celosobuilada, traduction de I'italien.as Outre les pi€ces
cit€es Olavide a traduit Mytridate de Racine, Zaire de Voltaire et le drame Ze
Dismeur de Mercier, ainsi que les opdras-comiques Le Capice &tnuureux,ztl
Ninate d la courde Favart et Le PeintreamzureuJc
deson modlle d'Anseaume.
La partie la plus originale de l'auwe d'Olavide rdpond i I'inspiration religieuse et elle est notamment le fruit de ses mdditations pendant le temps qu'il
est restd emprisonnd en France. Il faut surtout signaler El Eoangelioen tiunfo,
o historia fu unfihsofo desengafiada,
i sous-titre bien dloquent. L'ouvrage, publid
pour la premiere fois en U97, connu plusieursdditionsen peu d'anndes;il a
^
it6 traduit en franqais et en italien.
Olavide a donnd aussi en r8oo un Salterio
apafiol, o omi6n parafnhtica de los Salmos de Daztid, dc los Cdnticosde Moisis, de
otros cdnticos1t algtnas orationesde la lglesia. Etonnante fin, sans doute, pour un
philosophe persdcuti par I'Inquisition.
Pisdn y Vargas,Juan
On ne connait rien de la vie de Juan Pis6n y Vargas. Quant i ses productions
littdraires, en plus d'un pobme h6roi-comique, La Penomaquia,il a donn6 pour
le th€itre La Elnira, ffaduction de Voltaire, et El Rutz,tsanzcadt,
o Quijou trdgico,
qui se proposait de ridiculiser les mauvaisescompositions tragiques.6
Porcel,Jos€Antonio
Josd Antonio Porcel y Salablancaest nd i Grenade en rZr5.47 Il a embrassdla
carridre eccl6siastiqueet a 6tEchanoine i l'6glise colldgiale du Salvador et puis
i la cath6drale de saville. Trbs connu comme orateur sacr6,il a pr€ch6 plusieurs
fois au palais royal de Madrid. Avant d'aller i la capitaleil a frdquentd i Grenade
Ol.ct:ide,p.76-78.
43.Cit6parDefourneaux,
44.Coarelo,Iriarte,p.69.
Ramdn
fu h Cruz,p.55.
45.Cotarelo,
46.'El estilo de este drama es burlesco y su fin el de hacer ridiculas las malas composiciones
trdgicas' QVenorial lilenio de 1787, cit€ par Coe, Catdlogo,p.tgg).
47. Voir Arco, 'El meior ingenio granadino del siglo XVIII: donJosd Antonio Porcel y Salablanca',
Alhambra zr (r9r8); L. A. de Cueto, 'Noticia biogrrifica de Porcel', dalnsPoetasliias,lljt36171'
Orozco, Porcely el banoquismoliteraio dzl sisloXWil (O\iedo 1968).
r56
Postigo,Juan Frunciscod.el
On ne connait rien de ce personnage de Cadix qui a donn€ une traduction de
Zai\e sous le titre Combatesde amor1 lqt, avecl'anagramme Fernando Jugaccis
Pilotos; il est plus que probable qu'il n'ait jamais existi. Grice i une surprenante
interprdtation de l'anagramme, F. Aguilar y a vu le nom deJos6 Cadalso,soI'un
des grands auteurs espagnols du dix-huitidme sidcle. On aimerait pouvoir
souscrire i cette interpritation, qui ferait entrer dans le club des traducteurs
de Voltaire I'un des grands 6crivains de l'6poque.
48. Cene pitce, de m0me que'La dama doctor', n'a pas €t€ publi6e.
49. Orozco, Porcel,p.43.
5o. Aguilar,'Solaya',p. r 4.
r57
5. Les traducteurs
Vohaireen Espagner7j4-r8j5
Rodriguezde Ledesma,Francisco
On possddetrEs peu de renseignementssur la vie de FranciscoRodriguez de
Ledesma; il a 6t6 militaire et ddput6 de la province d'Estr6madure,d'aprds la
page de titre d'une pidce manuscriteconscrv6ei la Bibliotecanacional,5ret en
r8oo il a exerc6le r6le de secr6tairede laJunta de r6forme des th6itres.s2
Dans son catalogueMoratfn fait mention des pidces imprim6es: Mahoma,
traduction de Voltaire, El petardistaadulador,El aiciosocelibato,LucreciaPazzi,
La moda, Virginia rzmana, traduction d'Alfieri, Leonido,o el amor dugraciadoet
La clemencia
de Tito, traduite de Metastasio. On lui a attribu6 aussiune traduction
non localisdedu Pire defamille de Diderot.:'3La Biblioteca nacional conserve
les manuscritsde la trag6die'Asdrfbal' et de la comddie'El muerto aparecido,
o los aturdidos',traduction d'Andrieux. En dehors des pidcescit6es,Rodriguez
de Ledesma a publi6 en r8o5 un Disarso sobre el aoto de Santiago, o sea
demostracifndc lafalsedaden quesefunda,le podme Los animaleshablanda,traduit
de la
en r8r3 de I'italien, de Giovanni Casti, et la nr€me ann6e un Catecismo
moral ciail.
Solfs,Dionisio
Dionisio Villanueva y Ochoa, plus connu comme Dionisio Solis, est nd i
Cordoue en t774."^ En r7g9 il est parti pour Madrid, or) il a travailli comme
musicien et, plus tard, souffleur du th6itre de la Cruz; il est restdpresquetoute
sa vie dans le monde th66tral. Aprbs avoir combattu comme volontairedans la
guerre d'Indipendance, il a rdagi violemmenti I'cnvoi de I'expdditionfranqaise
de r8z3 qui a r€tabli le pouvoir absolude Ferdinand VII. Son iddologielibdrale
lui a valu la repressionde la censureabsolutiste,qui a emp€chdla repr6sentation
de ces pidces.Il est mort assezobscurementi Madrid en 1834.
L'ceuwe de Solis comprend deux grandsgenres:la po6sieet le thddtre. Son
auvre poitique, trBs vari6e, contient des sonnets,des fables, des romances,
etc., assezsouventd'inspiration patriotique.r';Mais Solfs est connu surtout de
nos iours comme auteur et traducteur dramatique.Le thdAtreoriginal, qui reste
encore inddit, se composedes tragddies'Tello de Neira' et'Blanca de Borb6n'
et descomddies'Lapupila','Lasliteratas'et'Lacomparsade repente'.Plusieurs
de ces pidcesont 6td cependantjou6es.
La plus grande partie de sa production dramatiqueest composdede traductions ou adaptations.Une des premibresversionsa €t€.Misantrop{a.yanepenti5 r.'Asdrrlbal': voir Paz, Catdlogo,no.z56.
52. Cotarelo,Mdiquez,p.78, n.r.
53. Ferndndezde Moratfn, 'Cat:ilogo',p.329, n.7.
54. VoirJ. E. Hartzenbusch,'Noticias de Solis', dansEnsayos,p.r71-2r4,et'Dionisio Solis'.
55. On peut lire les po6siesde Solis dansPoetasliricos,lxvii.4T-68.
rs8
miento,de Kozebue, par I'interm6diaired'une traduction franqaise,jou6e pour
la premidre fois en r8oo, avec un grand succis. Ce drame a €td imprim6,
ainsi que Virginia et Orestes,traductions d'Alfieri, Camila, inspir6e de l'Horace
corndlien,etJuan de Calas,traduction de Ch6nier. N'ont pasdt6publi6s 'Zeidar,
o la familia 6rabe',traduction d'Abufar de Ducis,'El enredador',c'est-i-dire,
lc Michant de Gresset,et'La sevillana'et'Mohammed', traductionsde Voltaire.
Solis s'est fait aussi une sp6cialit6dans I'adaptation(rdundici6n)de comddies
cspagnolesdu dix-septidmesidcleau gott de l'6poque: i signaler,notamment,
La oillana de Vallecas,El mejor alcalde,el rey, El pastelerode Madrigal, La dama
bobaet El alcaldedeZalamea.s6
Trigueros,CdndidoMarta
Crindido Maria 'frigueros est n6, i Orgaz (Toltsde) en ry36.37 Il s'est fait
ordonner pr€tre et a passdla plupart de sa vie en Andalousie. Il a joui d'un
bdndficeeccldsiastiquei Carmona et il a dtd membre de I'acad6miede Buenas
Letraset de la Soci6t66conomiquede Sdville.Son activitdlitt6raire et historique
ir 6t6 intense et varide.Il est mort en 1798.
Dans sespublicationsil a utilisd les pseudonymesSaturio lguren et Crispfn
Cararnillo. Ses po6sies,qu'il a intitul6es 'philosophiques',ont paru dans plusicurs brochures entre r774 et r778. Trigueros est connu de nos jours surtout
par son podme La riada, de ry84, composdsur commande de la municipalitd
de Sdvillepour comm6morerune crue du Guadalquivir,et qui a 6t6 violemment
attaqu6 et satirisd par plusieurs de ses contemporains,et par sa comddie
qui a obtenu le premier prix d'un
bourgeoiseet sentimentaleLos menestrales,
concoursde la mairie de Madrid, mais qui a 6chou6i la reprdsentation.
Trigueros a donnd pour le thditre les trag6dies
En dehors desMenestrales,
y mejor hija: la Nuepsis et Egilona, ct les com6dies Duenfus hay,
Buena esposa
sefiordon Gil et El precipitado,tolutesimprim6es.58D'autres piices sont rest6es
manuscrites,notamment 'Los bacanales,o Ciane de Siracusa', 'Los ilustres
salteadores'et'Don Amador, o el indiscreto',traduction de Voltaire. Il a adaptd
plusieurspidcesde I'ancien thiAtre espagnol:la meilleure rdussiteest la version
de La estrelladeSnilla de l-ope, qu'il a converti en tragddiesousle titre Sancho
)rtiz de la Roelas.
56. Voir Stoudemire,'Dionisio S<rlis'.
57. Sur -frigueros, voir Sempere,Ensuyr,vi.6r-ro8. Aprds avoir donn6 plusieursarticlessur cet
auteur, F. Aguilar Pinal a publi6 rdcemment Un escritoriluslrudo: Cdndidollaria Trigueras(Madrid
rgllT); voir, pour les articles,les rdf€rencesdonn6esdans la bibliographie.
,
58. Ferndndezde N {orati n,' C atdl ogo'p.33o.
r59
Vohairen Espague
r7j4-r8j5
Urtay Uruaa,Leonardo
On ne connaitde Leonardode Urfa que ce qui est dit sur la pagede titre de
sa traductiondel'Histoirede CharlesX//: qu'il dtait licenciden thdologieet se
portait candidati une chairei l'universiti de Valladolid.
Urquijo,Maiano Luis de
Mariano Luis de Urquiio est n6 i Bilbao en r768.seAprbs avoir termin€ ses
itudes de droit il a s6journ6en Angleterre.La publication,en r79r, de sa
traductionde La Mort fu Cisar de Voltaireavecun 'Discursosobreel estado
actual de nuestrosteaffosy necesidadde su reforma' a fait qu'Urquijo soit
soumisi un procis i l'Inquisition,maisil s'enestbien tir6, grice i la protection
du comte d'Aranda.A partir de ce momentson avancementdansla carri0re
politique a 6td fulgurant: en six ans,de rygz ir 1798,il a €t6 successivement
officier a la Secretarfade Estado(Affairesitrangbres),secr6taired'ambassade
prdsla R6publiquebataveet ministred'Etat.
i Londres,ambassadeur
Urquijo est l'exempledu politique €clairi et progressiste:il a prot6gdles
lettres,I'agricultureet I'industrie,il a lutt6 avecforcecontrelesprdrogatives
de
l'Inquisition et de la papaut€,nil a introduit le vaccinen Espagne,il a aboli
I'esclavage.
Mais il n'est resti au ministEreque deuxans:renvoy6en ddcembre
r8oo sousla pressionde Napolion, le papeet Godoy,il est rentrCi saville et,
accusdencoreune fois i I'Inquisition,il a passdun an et demi en prison.Sous
JosephBonaparteil a accept€le ministbred'Etat,cequi lui avalule bannissement
en r8r4. Pass6en France,il a adopt6la nationaliti frangaise.Il estmort i Paris
en mai t8ry. La municipalit6lui a 6rigdun mausolieavecune inscriptionen
frangaiset en espagnoldans lequel on peut lire: 'wai philosophechrdtien,
modestedans la prospdrit6,fort dans I'adversit6,politique €clairi, savant,
protecteurdesscienceset desarts'.6rMen6ndezPelayonepeut cacherI'antipathie qu'il ressentpour Urquijo, qu'il qualifiede 'Personaieligero,petulantee
insipido,de algunainstrucci6nperosomeray bebidapor lo generalen laspeores
fuentes;lleno de proyectosfilantr6picosy de utopiasde regeneraci6n
y mejoras;
perverso
y
galicista
escritor,
con
alardes
y
de
incridulo
aun de
[...]
republicano.'62
59. Voir, sur Urquiio, Corona, 'La cuesti6n entre el ministro Urquiio y el embaiador franc6s
Guillemardet', Iftspania 7 Qg47\; Lamarque, 'Nota'; Sierra, 'La caida del primer ministro Urquilo',
Hispania 4 $g@).
6o. A la demande d'Urquiio, Charles IV avait sign6 un ddcret qui, pendant la vacance du saintsiEge (Pie M venait de mourir et les conditions politiques de I'Europe semblaient aller diffdrer
l'dlection du nouveau pape), rendait aux 6v6ques la pl6niode de leurs facult6s et attribuait au
souverain le droit de consacrer des pr6lats. Le d6cret a 6td accept6 par la plupart de l'dpiscopat
espagnol. (Voir Defournea.ux, I nq uisici6n, p.gg- r oo.)
6r. Llorente, Inquisicidn,ii.359-6o.
62. Mendndez P elayo, Heterofums,v.2o4-2o S.
r6o
5. Lestraducteun
Valladares,
Antonio
AntonioValladaresde Sotomayorestnd au milieudu dix-huitidmesidcle.63
Son
existence
nous est mal connue.Entre 1787et rygr il a publidle p€riodique
Semanaiomtdito,qu'il a reprisen r8r6 sousle titre Nuasosemanario
mtdito.
Il estl'auteurd'ouvragesde signehistorique(VidainteriordzFelipeII, Historia
de la isla dePuertoRico)et de romans(La Leandra),mais il est connu surtout
comme auteur dramatique.Dans son 'Catilogo' Moratfn signalerr3 pidces
imprim6es6a
et i la Bibliotecanacionalsetrouventd'autrescomddiesmanuscrites.Sa productionest assezvari6e:s'il a donnddespiEcesi spectacle,
assez
traditionnellesd'ailleurs(El mdgico
deAstracdn),
sesplus grandssucctssont des
com6diessentimentales:El ainaterodc Ma"did, El carbonero
de Londres,Las
uiaanderas
ilustres.Il a traduit ou adapt6du franqaisLa Brouette
duainaigrierde
Mercier (El traperofu Madrifi, Abm ler de Leblancde Guillet (El enperadnr
AlbertoI, o laAdelina)etAlzire de Voltaire(La Elmira).
Vieray Clrcijo, Jost de
Jos€de Vieray Clavijoest n6 i RealeioAlto (T6ndrife)en r73r. Il a suivila
carriEreeccl6siastique
et est devenucildbre i La Lagunacommepr€cheur;i
la m€medpoqueil a fr6quentdle salondu marquisde Villanuevadel Prado,oir
se tenaientdes rdunionslittdraires.En ry7o il s'estrendu i Madrid, otr il est
rest€quatorzeansau servicedu marquisde SantaCruz, qu'il a accompagnd
dansplusieursvoyages.Rentrdaux Canaries,il a 6td nomm6chanoinede Las
Palmas.Il estmort danscettevilleen r8r3.6s
L'cuwe de Viera est assezvari€e.Il est connusurtoutpar desNoticiasdela
maisil a cultivdaussila littirature decrdation,
histoiageneral
delashlas Canarias;
notanrmentla podsiescientifiqueet didactique:Losairesfios, La eloarcncia.
Une
partiede saproductionest occupdepar les traductions:despoBmesde Delille
(La Jardins,L'Hommedeschamps),
de Roucher(LesMois), de Pope(TheRape
of thelock),de Voltaire (La Henriade);ainsi que plusieurspidcesde Chamfort
(,illustaphaet Ziangir), de La Harpe (Le Comted"ell/aroick, La Barnicides),ou
de Voltaire(Bnrtus).
63. Voir, sur Valladares,Alcayde, D. Antonio Valladara dz Sotomoyor(autor dramdtin del sigh
(Fuentes
XWII) y la nnedia 'El ainatto fu Madid'(Madrid r9r 5); Herrera,
manuscritas
e impresas
de la obra literaria de D. Antonio Valladaresde Sotomayor',Cuafurnospara h itnatigacidn dt la
literaturahispdnica6 (r98a); Del Monaco, Introduzionealla bibliografaeritiu di Antonio Valladara
dc Sotomalor@ari 1979),et, de la m€me,'Appunti su AntonioValladaresde Sotomryor',Annali
fulk Facoltddi lcttereeflosofia thll'Unioenit'i.di Napoli zz (rg7g-rg8o).
64. Fernindezde Moratin,'Catilogo',p.33r-92.
p.5r5-69; A. Cioranescu,'Vieray Claviio', drnsEstudiu,p.zo5-48.
65. Voir Millares,Ensoyo,
r6r
5. Les traducteurs
Voltaireen Espagner 7.14-r8j.S
Villanoel, LorenzoMaria de
La vie de Lorenz<sMarfa de Villarrocl nous est inconnue. Il a portd les titres
de marquis de Palacioset de vicomte de la Frontera et de Santarem.
ll a donn6 surtout des pidccs. Nloratin signale Ana Bolena,El duque d,e
Hentd,n Conls, El condede Sori, Ana de
.Alburquerque,El confu de Garcistinchez,
El duquedeSomercet,
Sunfrattis, parmi d'autres.ot'Ila traduit
Cliztes,Abdolomino,
en vers Le Pire tleJitmilk. Des poimes de circonstancesont €td publi6s dans le
Coneo de Madriel, et lc Semanario erudito a donn6 une 'Disertaci6n criticoriltimo
hist6ricasobrela causade la alcvosamuertedcl iovenD. Garci-Sdnchcz,
conde Castilla',qui est le sujetd'une de sestragedies.t':
Viruls,Josi,/oaquin de
Jos6Joaquinde Viruis y Espfnolaest nd iJerez de la Fronteraen r77o.68Il a
suivi la carridre militaire et s'estdistingudau momcnt de la guerrc du Portugal
en r8or. L,n r8o8 il a obtenule gradede mardchalde camp.Pendantla guerre
d'Ind6pendanceil est fombd prisonnierdes Frang'aiset a 6t6 transfdrdi N1adrid.
Les servicespr€t6s par la suite i Joseph Bonapartelui ont valu i la fin de la
giuerrela perte de seschargeset honneurs.Rdhabilit6plus tard, il a iou6 un
certainr6le public pendantla p6riodelibdralc,cn particulierle comlnandcment
militaire de la provincc de Sdville(r8zr). l,cs dernidresann6esde sa vie ont
i l'activitdlittdrairect musicale.Il est mort i Madrid en r84o.
itd consacr6es
ll a 6t6chevalierdes ordres de Calatravaet dc SanJuan, et membre de la Real
Academia de nobles artes de San Fernando et dc I'Accademiafilarmonica de
Bologne.
La production litt6raire de Viru6s comprend lcs poimes I'a composirin
08zz)
et El cercode Zamora (r832) et plusieurs traductions:La Henriadede Voltaire,
Nuna traducciin .1tltardfrasis genuina en rornanrcsespafittlesde kx Salmos de Dat,id
(1825) et Nuan traduccidn.ypanifrasis genttina de los ctinticosdel Antiguo y del
Nueuo Testamento
1 de los hitnnos de la satta lglnia (1837). Viru6s a itd un
plus
grands
musicologues
de son tempsi sa production dans ce domaine
des
(r825)
o el contrapuntoexplicadoen seislecciones
Cartilla
arminica,
une
comprend
tnitsica(I83I).o'
o generaciinde la biensonancia
et La geneuphonfa,
Zacagnini,Antonio
Jdsuiten6 i Cadix en rjz4 ct mortir G0nesen t8to, Antonio ZacagniniaEt€
professeur de physique au Sdminaire de nobles de Madrid et traducteur du
66. F e r n d n d e zd e M o r a t in ,' Ca tr ilo g o 'p, .3 r r .
67. Stmanaio erudito,vi.q8-t ro; dans cct article on peut lirc qu'il itait membre d'une Academia
historigeogr6fica ) Valladolid
68. Voir Encidopediauniz'ersalilustrada, s.r'. 'Vinr6s'.
69. Voir Cejador, Histoia, vi.q9o; A. Palau,trlanual del librern,tii.zr t .
r6z
Coursdephysiqueexpiimentalede I'abb6 Nollet, ainsi que de La Mort de Cisar
de Voltaire.To
Zaaala, Gaspar
[,es renseignementssur Gaspar T,avalav Zamora sont peu abondants; par
contre, ses nombreux ouvragesont 6td ripertorids et ils nous sont bien connus.
Zavala (ou Zabala) est nd )r Valence vers 176o.'' Il s'cst rendu trds jeune i
Madrid, oi il a occupdplusieurspostesdansI'administration.
En r8oz, lorsque
la-lunta de Reformades thdAtresa pris fin, Zavalaa proposdplusieursplans de
rdforme, notammentla crdationde trois salles,consacr6esi l'op6ra,i la tragddie
respectivemcnt.
et i la comddieclassiqueespagnole
Au ddbut de I'invasion franqaiseil a 6crit et fait reprdsenter des pidccs
d'exaltation patri<ltiquequi ont obtenu bcaucoup de succis: Los fatriotas dc
Aragin, La sombrude Pelayo, o el dfa feliz de Espafia. [,a consolidation de la
domination napol6onienneI'a l'ait changer d'attitude, et il a m€me dddi6 i
Joseph Bonaparte sa comddie La clemenciade Tito, o el templode la gloria; mais
aprds la prise de Madrid par lc duc dc Wellington,Zavala a donnd i la scdne
La alianzudelispana,oi il exaltaitI'amitii anglo-espagnole.
Il estmort e Madrid
cn r816 ou en r8r7.
En clehorsde la traduction des lr\m,elasnueaasdc Florian (N1adridr799) et
d'une Descripciondela.sfeslas conquecelebri,\Iadridel nacirnientode losSerenhimos
lnjhntesgemelosen ronranceheroico(Madrid 1784) la production de Zavala est
consacrdeau thditrc. I-'ccuvredramatiquede Zavalaest abondanteet vari6e.72
D'un cdt6, commc il cst habituel chez les dramaturgesespagnolsde l'6poque,
il existe des traductions ou adaptati<lnsdu lrangais:Semiramisde Voltaire, ,0/
imperiode las costumbrrs
de l-emierre, Cenohia.),Radamistode Cr6billon, qui a
cu un grand succis. Il a compos6 aussi des comddiesi sujet historique,
qu'on apprdciaitbeaucoupi I'dpoque,soit sur des personnages
de I'Antiquitd
(Belerofonte
en Liciu, El Adriano en Siria), soit sur des dpisodesde I'histoire
contemporaine,notamment le cycle consacri i Charles XII: Tiunfos dc amorI
ardid: CarlosXII, re'yde Suecia,El sitio de Puhopa por Cailos XII et El sitiador
sitiado.y conquistad,eStrakundo.iltZavala a dt6 tentd aussi par la comddie
sentimentalc i but moralisateur,et il a donnd dans ce genre des titres bien
connus i l'6poque:El anante honrado,Las t,ictimasdel amor,Ana.7,S;nr1ho*,B1
premio de la humunidad,El triuryfudel anor.1, la amistad:Jenwal .1tfasa51;na.Bon
7o. Je rernercie lrranciscoAguilar Pinal des rcnscignementssur ce pcrsonnage.
7r.!'oir l)iaz dc Escorar et lirancisco I-asso dc la Veqa, Ibtuiadel tcatro tsl)artll(Barcelona
r9z$, p.327-3o.
i z. F crnindez de l\{oratin,'Catdlogo', p.33 2-3 3.
73. Ces comddies hdrorquesont cuntribud sans doute ir fraireconnaitre en Espagnela 6gure de
ce roi, dont I'histoire par Voltaire a 6td inrprim6e en espagnol) plusieursreprisesau long du sidcle.
r63
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
connaisseur de I'ancien th€itre espagnol- il avait, comme il a dt€ dit, proposd
la cr6ation d'une salle consacr€eexclusivement i I'ancien rdpertoire - Zavala a
donni plusieurs pidces sous I'influence de ce thditre, notarnment El calderero
dc Son Cernd.n,qui est sans doute son chef-d'ceuwe.
Conclusion
Nous pouvonsddgagerplusieursconsid€rations
des pagesqui prdcddent.En
premierlieu, au suiet de la diffusionde Voltaireen Espagne,on peut affirmer
queVoltairen'6taitpasinconnuau lecteurmoyendu dix-huitidmesidcle;bien
au contlaire,il a 6tddiffus6avecune certaine6tendue,mdmesi ce rayonnement
a 6td assezsouventcouyert,souterrain.Sa personnalitdet son cuwe dtaient
connues,maison dvitaitdeprononcersonnomsi c'dtaitpourle louer.N'oublions
pasqu'il 6tait totalementddfendupar I'Inquisitiondepuisr762.
Les ouwagesde Voltaire avaientioui d'un bon accueilm€me parmi l'6tat
eccl6siastique,
et parfois d'une fagon assezvoyante:exemplele pErevisiteur
d'un diocdse'que daba dl mismo a leer las obras de Voltaire y Rousseaua
aquellosp6rrocosque habianadquiridoalgunatintura de la lenguafrancesa,
ponderdndoles
la importanciade talesescritos'.I Mais c'6taitpresquetouiours
en sourdine,commechezle ieune chartreuxqui a montri i BlancoWhite toutespr6cautionsprises- un exemplairedesPiha fugitiua de Voltaire,'del
que habl6 apasionadamente'.2
La secondeattitude €tait sans doute la plus
rdpandue- non seulementparmi le clergd- et celui qui possddaitun ouwage
de Voltairene le communiquaitqu'i sesamislesplus intimes.
Une fois admisle fait de la diffusionclandestine,
dontlesrdfdrencesrepdr€es
ne seraientqu'un pile reflet,il restei dvaluerleur nombreet leur qualit6.Une
premi€reremarquei faireestle petit nombred'allusionsnigativesrelevdesdans
lesouwagesde l'6poque,en dehorsdvidemment
desliwesdesapologistes
de la
religion,dontlesnombreuses
attaquesi Voltaireet i sonceul'reviennentcontrecarrerlesdlogesplusou moinsvoildsqueI'on rencontrechezleslaits. Dansune
analysequalitativeon apprdcieI'absencepresquetotale d'ouwagespurement
philosophiques.En effet, la plupart des allusions,favorablesou ddfavorables,
portentsur desouwagesstrictementlittdraires- s'il en existechezYoltaire:La
Heniade,lespoisies,le th6itre, Le Siide deLouisXIV. L'absencede critiquesi
pourraits'expliquer,commedansI'aspectquantitadesouwagesphilosophiques
tif, par les traitdsd'apologdtique,
dont le but dtaitjustementde rdfuterles id6es
contenuesdanscesouwages.Une constatationsemblablea 6tE€tabliepar LucienneDomergueaprdsI'analysedesdossiersde l'Inquisition:lesouwageslitt6raireset historiques
sontpluslusquelesproductions
purementphilosophiques.3
r. Muriel, Histoia, p.z7oa.
z. BlancoWhite, CartasdzEspafia(Madrid r97z), p.188-89.
(Toulouser98z), p.53.
dieciochaca
enla ceasura
3. f)omergue,Tra cala.s
r64
r65
Vohaireen Espape r7j4-r8j5
tion des podmes longs - La Hnriade, La Pucelle,traduits tardivement - on
connait tr€s peu de versions. Les ouwages historiques, qui ont beaucoup
contribud i la renomm€e de Voltaire, ont une faible pr6senceparmi les traductions. On n'a traduit en espagnol que l'Histoire de CharlesXII, qui est, i wai
dire, un ourage i mi-chemin entre le trait6 d'histoire et le rdcit romanesque,
etl'Essai sur lesmeun, asseztard d'ailleurs. Par contre, Le Siicle de Louis XIV,
que l'on connaissait assezbien, n'a jamais 6t6 traduit. Les romans et contes, i
quelques exceptionsprds, ont connu un 6veil tardifen langue espagnole.
Les diff€rences dvidentesentre le nombre et la nature des diversestraductions
relevdes nous conduisent i faire une remarque pareille i celle qu'on a faite au
sujet des allusions ir Voltaire dans des ouwages de l'6poque. D'une manidre
gdndrale on pourrait itablir une grande division entre ouvragesphilosophiques
et non philosophiques, et en raison de cette division on verrait nettement
l'6norme diffdrence existant entre les deux types d'ouwages. Cette diffdrence
peut Ctre motivde, i mon avis, par deux causes: la censure et le goOt des
traducteurs. En ce qui concerne la censure il faut avancer que les traductions
publi6es sous le nom de Voltaire sont plut6t rares et que celles-ci - i l'exception
du Bruto imprimd i Amsterdam et de La muertede Ctsar d'Urquiio - ont vu le
jour i l'6poque libdrale (r8zo-r823). Etant donn6 que la censureinquisitoriale
6tait postdrieure i I'impression, le rdle du Saint-Office est nul dans ce domaine,
la responsabilitd 6tant du ressort du Conseil de Castille. Le probldme ainsi
pos6, on doit consid€rer la question de I'information bibliographique des
censeurs du Conseil: pouvaient-ils waiment ignorer qui 6tait I'auteur de Mahotnet ou de Zaire? Jovellanossavaittrds bien qui avaiticitAlzire etil I'a consignd
dans son rapport, mais le Conseil a accord6 i Calzadt la licence pour faire
imprimer sa traduction. On pourrait parler, donc, de toldrance, surtout i l'6gard
d'ouwages peu compromettants, c'est-i-dire, faiblement philosophiques.
Mais i'aiouterai une seconde cause, non moins effective i mon avis: le rdle
des ffaducteurs. En ddfinitive, ce sont eux qui, en op6rant un choix parmi les
textes qu'ils voulaient ffaduire, ont produit la grande diffdrence entre les
ouwages philosophiques et non philosophiques. Et en abordant le suiet des
traducteurs, il faut signaler d'abord les diff€rences existant entre eux: nous y
rencontrons une dame avec des aspirations d'6crivain, Margarita Hickey; plusieurs membres du clerg6, Jos€ Antonio Porcel, C6ndido Maria Trigueros,
Antonio Zacagnini; des professionnelsde la litt€rature, tels Garcfa de la Huerta,
Moratin, Marchena, Ram6n de la Cruz, Tomds de Iriarte, Solis, Zavala,
Valladares; et finalement des amateurs qui exercent des activitds dans I'arm6e
ou I'administration, comme Olavide, Bernardo de Iriarte, le comte du Montijo,
Urquiio, Bazdn ou Viru€s.
Si I'on y regarde de prds, sous I'apparente h6t6rog6n6itd on trouve une
r68
Conclusion
donn€e commune i plusieurs traducteurs, non en raison de leur activitd ou €tat,
mais de leur mentalitd, leur but au moment de traduire et les consdquencesqui
s'en sont ddgagdes.En effet, plusieurs traducteurs sont des €clair6s ou des
progressistes- au dix-huitiBme sidcle - des afrancesadas,
comme consdquence
de la guerre d'Inddpendance, ou des lib6raux, dans le premier tiers du dixneuvidme sidcle; d'autre part, il y en a qui ont 6td iug6s et condamnds par
I'Inquisition, ce qui met assezen dvidence leur position. Pablo de Olavide et le
premier ministre Urquiio sont l'exemple du politique 6clair6, progressiste et
riformateur, et ils ont 6t6 jugds, les deux, par le Saint-Office. Marchena,
Moratin, Baz6n sont le moddle de I'intellectuel afrancesada
et les trois ont d0
quitter leur patrie. Le comte du Montijo, organisateurd'une socidtdsecrdtesous
Ferdinand VlI, Francisco Altds, membre de la municipalit6 constitutionnelle de
Barcelone, et Dionisio Solfs, auteur de po€mes contre I'intervention frangaise
de r8z3 et attachdau gouvernementconstitutionnel,sont I'exemple d'esprits
libdraux et anti-absolutistes, et les deux derniers ont 6td persicutds i cause de
cela.
Malheureusement, les traducteurs qui ont exprimd leur intention au moment
de traduire ne sont pas nombreux. Les uns, comme Garcfa de la Huerta - s'il
faut le croire - ouJuan Francisco del Postigo, affichent leur d€sir de contribuer
i la rdforme du gott thditral. Les auffes ont fait un choix iddologique. On n'est
point surpris de voir le comte du Montijo traduire Brutus et Alt6s donnerZa
Mort dc Cisar avecune intdressantemodification, deux tragddies qui sont, dans
le fond, une critique de la tyrannie et de I'absolutisme et une apologie de la
libertd et de la d6mocratie.
Comme il est annoncd dans le titre lui-m6me, ce travail est limiti dans le
temps. Il est certain que la p6riode 6tudi6e est la plus riche en allusions,
traductions, critiques et pers6cutions, et en tout cas la plus intdressante puisqu'elle corncide avecl'6poque de Voltaire - bien que notablement allong€evers
la fin. Mais il est wai aussi que les traductions ont continud i €tre publi6es par
la suite, comm€ Christopher Todd I'a si bien montr6, et que la pr6sencede
Voltaire - on a desbasespour le supposer- a 6td constante,avecdes fluctuations
sansdoute, dans la vie intellectuelle de I'Espagne du dix-neuvidrne sidcle et des
ddbuts du vingtidme.
Les diff6rents chemins pour I'estimation de la forhrne de Voltaire en Espagne,
que les lecteursde ce liwe ont pu parcourir jusqu'en r835, restentdonc ouverts.
Un sidcle et demi s'est dcoul6:il est permis de croire que pendant ces anndes
la renommde de Voltaire n'a pas faibli et que son influence sur les penseurs et
les dcrivains espagnolscontinue aussi agissantequ'elle l'6tait i son 6poque.
r69
Appendices
r 71
AppendiceA:
Cataloguedestraductionset adaptationsr
Adclai'deDu Guaclin
$
t
i
Floresind,a,
traged.ia
en cincoa.oos,imitadadelfrancds
por D. Juan EugenioHar-tzmbusch.Madid,Imprentade D.Jos6 Repullds,ocubre de 1844.5z pp. r8,5
cm,
Alzire
El triunfodela moralctistianao losamericanos.
Tragediafrancesa.
Por DonBernardo
Maria deCalzada.
Madrid,ImprentaReal,MDCCLXXXVil. r2opp.zo,s
cm.
La Elmira. Tragediaen cincoaaot PorJuan Pisdny Vargas.
M€xico 1788.n *
97 pp. 20 cm.
'Tragediaencincoactos.La Elmira'.Bibliotecamunicipal
[Pis6nyVargas,Juan,]
(Madrid),ms.ro8-r6bis.zo,5cm.
[Pis6ny Vargas,Juan,] 'Tragediaen cinco actos.La Elmira. De V.' Biblioteca
MendndezPelayo(Santander),
ms.zr8.57 ff. zl cm.
[Sumalde,Manuel de,] 'La Alcira'. Bibliotecadel Instituto del teatro (Barcelona),ms.8z.969ft7grl.5off. zo,5cm.
La Alzira. Baile hetoicopantomimo,para represcnt&ne
en el Teatrode losCafiosful
PeraldeMa"did enel afioder 796. Conpuesto
porDon DomingoRossi,impresario,
direaory m&estro
de baila dc dichoTeano.Madrid, Blas Rom6n,s.d. [1796?].
16pp. r4,5 cm.
[Valladares,Antonio?]Elmira o laArnericana.Tragediaen cincoartos.Yalencia,
Imprentade Domingoy Mompi6, r8zo.79 pp. r5 cm.
[Valladares,Antonio?]Elmira o laAmericana.Tragediaen cincoartos.Yalencir,
Imprentay Libreriade Mompi€, r8zo.7r pp. r4 cm.
[Valladares,Antonio?]'La Elmira americana'.Bibliotecamunicipal(Madrid),
ms.ro8-r6.20 cm.
[Bertrdn y Soler, Tomis?l Alz,ira,tragediaencincoectlsenoeno;acrita enfrancis
por Voltaire,traducidaen espafiolpor el ciudadanoT. Bertrdn Barcelona,Jos6
Torner, t8zz.83 pp. 15 cm.
'Los Americanos.Tragediatraducidadel franc€sal espafrol'.Bibliotecanacional
(Madrid),ms.r8.o79.6 ff. zo cm.
r. On trouvera une plus compltte description des traductions imprim6es mentionn6es dans ce
catalogue dans la bibliographie de Christopher Todd.
r73
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
Appendices
[Gironella, Antonio,l Tblascoo el tiunfo delafe. Tmgediaencincoactos.Barcelona,
Juan FranciscoPiferrer, r833. w * 6o pp. r4,5 cm.
Charlot, ou la Comtesse
fu Guiury
'Carlos o la condesa de Guiri. Comedia en prosa traducida al castellano'.
Bibliotecanacional(Madrid),ms.r5.9o3.z3 ff. zr,5 cm.
Brutus
i
Bruto. Tragedia de Mr de Voltaire. Traducida del francu en espafiolpor B. Garcfa.
Amsterdam,Oficina de G. yJ. de Broen,MDCCLUII. viii + 39 pp. I8 cm.
Viera y Claviio,Jos6, Junio Bruto. Tragedia, representadapor la primera vez
en Parisaflode r73I'. Bibliotecamunicipal(SantaCruz de Tenerife),ms.ro3 -3 4 [ r 8oo] . 58 f f .
Bruto. Tragedia en cincoaaos, traducida por el Excmo. Sr. Condede Teba,en el afio
dc r8o5, 1t corregidapor D.B.F.C. su amigo. Murcia, Imprenta de Mariano
Bellido, r8zo. ror pp. r9 cm.
Bruto. Tragediaen cincoa.ctls,traducidrrpnr el Exono. Sr. Condedel Montijo, el aiio
de r8o5. Segundaedici6n.Madrid, imprenta Calle de la Greda, r8zz. 95 pp.
r9 c m .
Cand,ide
d
Le DEositaire
'El Depositario'.Bibliotecanacional(Madrid),ms.r6.45o Ir8zr].4o ff. zr cm.
I
*
*
L'Ecossaise
Comediaen prosa;y en cincoaaos. Traducidade
[Iriarte, 'lomds de,] La escncesa.
Madrid, Imprenta Real de la Gaceta,MDCCLXIX. 94
francis en castellano.
pp. 19 cm.
[Cruz, Ram6n de la,] 'La escocesaen verso,traducidadel franc6sal castellano.
En cinco actos'.Biblioteca municipal (Madrid), ms.r r r - r 3 |tll Sl. 2o,5 cm.
en cincoaaos. Traducidadel inglis
[Cruz, Ram6n de la,] ComedianueuaLa escocesa,
al castellano.Conegida.y enmendadaen esta segundaimpresitin. [A la fin:]
Barcelona,Imprenta de Carlos Gibert y Tut6, s.d. 35 pp. 2r cm.
en cincoaaos.Trad,ucidadel ingbs
[Cruz, Ram6n de la,] ComedianueuaLa escocesa.
al castellano.Conegiday enmendadaen esta segundaimpresifn. [A la fin:]
Barcelona,Viuda Piferrer, s.d. 35 pp. 2r cm.
Fern6ndezde Moratin, Leandro, 'Cdndido o el optimismo'.Bibliotecanacional
(Madrid), ms.6982.
Ferndndez de Moratin, Leandro, Cdndidoy la baronesita,o el optintismode
Voltaire;traducci6ninidita deMorat{n.Yalencia, Cabrerizo, r838.
Fernfndez de Moratin, Leandro, Cdndidoo el optimismo,traducidopor Moratin.
Cddiz,Imprentade Santiponce,I838. 358 pp. I4 cm.
'Carta de Voltaire a Urania. Traducida por D. G. A.' Biblioteca nacional
(Madri d),ms.r 8 .r 35, f t z6- 44.
Commentairesur le liare desdilits et despeines
Essaisur lesmeurs
Comentariosobreel libro de los delitosy de las penas, dans Tratado de hs delitosy de
por
laspenas,escritoen italianopor el marquisdeBeccaiay traducidoal castellano
DonJuan Rioera.Madrid, Imprenta de D. Fermin Villalpando, I8zr. xvi *
2 8 8 pp. r 7 c m ( p. z3 r-8 6 ).
Comentariosabreel libro de losdcliux .y de las penas,por Voltaire, dans Tratado fu
los delitosy de laspenas,por Beccaria.Nuna traduccirinconel comentario.Madrid,
Imprenta de Albdn; hrillasetambi6n en casade Rosa en Parfs, t8zz. rxiv *
4 o 8 pp. I 7 c m ( p. z4 r-3 3 5 ).
Comentario sobreel libro de losdelitos.1,de las penas,por Vohaire, dans Tratado tJe
los dclitos1,dc laspenas,por Beccaria.l{una traduccifnconel comentaio.Segunda
edici6n,reuistayconegida.Paris,en casade Rosa, 1828.lxiv * 4o8 pp. I7 cm
Ensay sobrelas costumbres
I el espfritude las naciones
.y sobrelosprincipaleshechos
de la historia; por Voltaire, traducidaal castellanopor D. J. J. Paris, Libreria
Americana,t9z7. ro vols. r4 cm.
(p.z+r
-::s).
17+
Epltre d Uranie
La Henriade
Viera y Clavifo, Josd de, 'La Enriada'. Biblioteca municipal (Santa Cruz de
Tenerife),ms.ro-3-5o Ir8oo]. ro3 ff.
Viera y Claviio, Josd de, 'La Enriada', dans 'Poesfasde D. Jos6 de Viera y
Claviio'. Museo canario (Las Palmas),ms.I.F.3, vol.iii.
La Henriad,a,poemalpico francdstraducido en oersl espafiolpor el rdugia.doD. Pedro
Baadn deMendaza, antiguo sefiorde Tonecoresy Vigo, etc. Cated,rdticoperpetul de
Derecho.y Directnr d,ela Real Unioenidad de Santiago de Galicia; de su Real
175
Appmdices
r7j4-r8j5
VoltaireenEspagne
licenciada
m Sagra.da
Teologia.Conegida
histfiricas
I anal.idaconlasReflexiones
I
ctitica"s
deM. dcla Motralc m ata ihima impresirin.
Madrid, Imprentade Pedro
Marin, ry8r. z vols.r5 cm.
Historia dc CarlosXII, rqt dt Suecia,traducidndelidiomafrancisal espafiol
por Don
Leonardafu Uia y Uructa,opositora cdtedras
en la Uniamidad fu Valladolidy
licncialo m SagradaTeohgia.ConegidayanadidaconlasRfreriona histdicasI
niticas deM. dt la Motrayeen estailltima impraifin. Madid,Josd de Umrtia,
MDCCLXXXIX. z vols.15 cm.
Histoia dc CarlosXII, rey de Suecia,trad.ucidadelfrancts al espafiolpor Don
Leonardnde Uia y Utueta, lieenciadaen SagradaTeologia.Van afiadidaslas
Rfiuiones histdricas
1 criticasdeM. df la MntreJtaOaaoaimpraifin, en la que
yerrls quetenianlasa,nteiores.
aanconegidos
innumerables
Madrid, Imprenta de
Pl^znar,
ryg+.2 vols.r5 cm.
dz la RealAcadaniadeSantaBdrbaradeModrid'; dek Lis
Econtfmica:
Sociedad
de Francia; antes,caballerode la OrdcnReal de Espafra;Intadettte gneral de
ejircito7 dz la prnincia deSoia 1' nnsejerode Gobiemogmeral'Alais, irnprenta
de Martin,1816.cxii + 3r8 PP.22 cm.
[Baain de Mendoza, Pedro,] La Hniada. PoemaepicTp\r M. fu Vohaire.
porD. B.M. Barcelona,Librerfade IgnacioOliveres,
enl)efs7espafiol
Traducid.o
1836.x + 289pp. 19 cm.
u nir;ada efi aetsocatellano.Por D. JosiJoaquinde viru4s7 Espinola.Madrid,
Imprentade D. Miguel de Burgos,r8zr. ror* 44pp.19 cm'
fViru€s y Espinola,Jos6Joaqufn de,l La Enriodadc vohaire.Puestqm oeno
porD.J. dt v.l E.I D. A. L.7 J.Perpifiiln, Libreria de A. Lasserre,
castellano
18z6.w * r9r pp. 16,5cm.
Histoiredr CharlesXII
por
Historia fu CorlosXII, rey dr Suecio.Traducidaful idiomafrancis al espafrol
(Jiay
de
Valladalid
Uniaenidad
n
la
Unteta,opositora aitedra"s
Don Leonardadc
Dedieadaal snorAbad fu vioanco.Madrid, en
7 licnciadnn sagradaTeologia.
el Conventode la Merced,1734.z vols.r5 cm. (Le vol.iiportecettementionl
Madrid, Oficina de Manuel Martinez, ry34.)
por Don
Historia deCarlosXII, rqt deSuecia,tad,ucidadel idiomafrancisal espafrol
()rueta,
de
Valla'dolid
en
la
Unizsmifun
cdted.ras
a
opositor
I
Leonardafu Llia y
enSagradaTeologia.Corregida
licencio^da
7 anad.idaconla Rfiacionesh*tdicas 7
al Excelentisimo
impraidn.Ded.icada
critica deM. de la Motray, elt estasegunda
duquede
Bueno,
el
de
Guzmdn
P6ra
Claros
Gir6n
T1ttez
saior Don PedroZoilo
z vols'
r74o'
Moiados,
Francisco
de
Lorenzo
Osuna,etc.Madid,Imprenta
Libreria
en
la
hallard
I74I,
se
Madrid,
mention:
porte
cette
(Le
vol.ii
r5 cm.
de Juande Buitrago.)
porDon
Historia dc CarlosXII, rqt deSuecia,taducidadcl idiomafrancisal espafiol
de
Vallatolid
m
la
Uniamidad
cdtedras
a
y
opositor
1
IJrveta,
Itia
de
Leonardo
histdricas
la
Rfiexiones
con
anad.ida
Corregida
Teologia.
7
Sagrada
en
licnciada
I
critica dzM. de la Motrayeen estailtina impresidn.Mtdid,Joaquin lbarra,
t763. z vols.r5 cm.
Hisnia de carlos xII, rqt de suecia, traducidadelfranc^sal apafiol. Por Don
Leonardode Llio y (Irueta,opositora aitedrasn h Uniamidan de VallatolidI
licnciadnm SagradaTeologia.Corregida
7 anad'idaconlasRfiexioneshistdicas1
niticas (k M. df la Motrayeenestailtima impresion.Madrid, Imprenta de Jos6
Doblado,ry7r.2 vols.r5 cm.
Historia dt CarlosXII, rrlt d.cSuecia,tralucida delfrancts al espafiol'Por Don
Leonardade (Iia I (Jrueta,opositora cdtedrasen la unhsersidddc Valladolid1
ry6
L'Indisctu
'Don Amador o el indiscreto.Comediade Don Cdndido Mar(a Trigueros'.
Bibliotecanacional(Madrid),ms.r 8.o7z, f.86-9r .
'D. Amador.Comediade Don C6ndidoMarfa Trigueros.De la RealAcademia
de BuenasLetras de la ciudad de Sevilla'.Bibliotecacolombina(Sevilla),
ms.84-4-35,
f.go-r42.
Jeannotu Colin
'Rafaely Carlitos,o vanidady modestia',La Minensa,o el raisor generaldu zB
marsr 8o6,ii.l r3-23
I
I
(
Le FanatisnqouMahometleprophite
[Iriarte, Tomdsde,] 'Mahoma'.Bibliotecanacional(Madrid), ms.7gzz.(Publi6
(Madrid r 897),p.5r 5- r 6.)
par E. Cotarelo,Iiarte y su 6poca
de
Ledesma,
Francisco,]
El falsoprnfetaMahoma.Tragediaen cinco
[Rodrfguez
por elL. D. F. R. deL. y V. Madid,
aetos,trad.ucida
delfrancis enaerslcastellano
ViudadeJoaqufnIbarra,1794.viii * r55 pp. 19 cm.
[Rodrfguezde Ledesma,Francisco,]TragediaheroicaEl fako profetaMahoma.
En cincoartos,tra.ducid,a
delfrancis el oersocastellano.
Por el L. D. F. R. deL. y
Y. [Ala fin:] Barcelona,
JuanFranciscoPiferrer,s.d.3z pp. 20 cm.
[Rodriguezde Ledesma,Francisco,]'El falso profeta Mahoma'. Biblioteca
municipal(Madrid),ms.r-r r3-8 [1795].2o,5cm.
en cincoattos,acvitam francis
[Bertrdn y Soler, Tomds?]El Fanatismo.Traged.ia
por Vohaire,traducidaen castellano
por D. T. B. I S. [A la fin:] Barcelona,
r77
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
Imp r ent adeJ os 6T o rn e r, r8 z r.3 o p p . 2 I c m .
[Solis, Dionisio,] 'Mohanmed. Tragedia en cinco actos'. Biblioteca nacional
(Madr id) ,m s . r 6. I 8 6 [r8 2 6 ]. 5 z ff. z o ,5 c m.
MiroPe
[Olavide, Pablo de,] 'Tragedia de la Merope'. Biblioteca municipal (Madrid),
ms.r - 78- r [ t 765/ r y 6 6 ? ].7 t ff.2 0 c m .
'Merope castellanasobre la francesa de la italiana del marquds de Maffei.
'Iragedia. Al muy ilustre sefror marquds de Navahermosa.Por Don Jos6
Antonio Porcely Salablanca'.Bibliotecanacional(Madrid), ms.r8.33o. 94 ff.
20 cm.
por Don Antonio
[Porcel,Jos6 Antonio,] Merope.Tragediapuestaen oersocastellano
Lecorp.Madrid, Oficina de Don Blas Rom6n, 1786. xii * r r7 pp. r8 cm.
[Burgos, Miguel de,] Merope. Tragediafrancesapuesta,en espafiolpor D. M. de B.
Madrid, Imprentade Burgos,r8I5. roo pp. r9 cm.
Appendices
Olympie
[Olavide,Pablode,] 'Casandroy Olimpia'. Bibliotecamunicipal (Madrid), ms.r 99-r3 [r78r]. 2o, 5 cm .
[Olavide, Pablo de,] 'Tragedia de la Olimpia, en cinco actos por escenas'.
Bibliotecanacional (Madrid), ms.r5.9og l78zl. 5z ff. zr cm.
L'Orphelin d,ela Chine
'El hu6rfano de la China. Tragedia en cinco actos.Traducida de verso francds
en verso - libre - castellano.Por D. TomSs de Iriarte'. Biblioteca nacional
(Madrid), ms.r4.653.5r ff. 3r cm. (Manuscritautographe.)
El huirfano dc la China. Tmgedia en cincoactos,traducida d.eaersofrancis en 7)ers0
libre castellana,dans Colecci1ndc obras en aersl )t prlsa d.eD. Tomds de lriarte
(Madrid ry87), v.r g 5-298.
El huirfano dc la China. Tragediaen cincoactos,traducida dc aersofrancds en oerso
libre castellano,dans Coleccifn de obras en 7)ers0
J prosa de d.onTomdsde lriarte
(Madrid r 8o5),v.r 83-28o.
Micromigas
Panigrique de Louis XV
El Minomegas, Traducido delfrancis al castellanopor Don Blas Corchos,profesorde
Juisprudencia.Madrid, Imprenta deJos6 Herrera, I786. vi + 6o pp. r4 cm.
'Traduction espagnole dt Pantgrique dc Louis XV, dans Panigtrique fu Louis
XV. Sixiime idition. Aoec les traductions latine, italienne, espagnoleet anglaise.
[Paris]r749. 39 pp. r8 cm.
La Mort de Cdsar
[Zacagnini, Antonio,] 'La muerte de C6sar. Tragedia escrita en franc6s por
Monsieur Bolter; traducidaal castellanopor el PadreQacaniniy representada
en el teatro de casadel Excmo. Sr. duque de Hijar en las Carnestolendasdel
aflo de r785'. BibliotecaMendndezPelayo(Santander),ms.42. 67 ff. zo,5
cm.
La muertede Cisar. TragediafrancesadeMr. de Vohaire,traducida enoersocastellano
y acompafr.ad,a
de un Discuno drl traductorsobreel estadoactualde nuestrosteatros
y necesidaddc su reforma.Por Don Mariano Luis de Urquijo. N{adrid, Blas
R o m6n, r 7gr . r o + 8 7 + I5 o p p . I5 ,5 c m.
La muertede Cisar. Tragediad.eVohaireen tresactls, traducidapor el ciudadanoDon
FranciscoAhis, sociode la Acafumia de BuenasLetras de la ciudadde Barcelona.y
seffeteriod.esu Excmo.AyuntamientoconstitucionaLBarcelona, Imprenta de la
Viuda Roca, r84. 54 pp. I5 cm.
'La muerte de Cdsar. Tragedia en tres actos por Mr. de Voltaire. Traducida
del franc6s al espafrol por el ciudadano F-ranciscoAltds'. Biblioteca de
Catalunya(Barcelona),ms.84o. 7r ff. r9,5 cm.
r7 8
Philosophie
Filosofiade Voltaire.Traducidaal espafrol.Madrid, Imprenta del Censor, t9zz. iv
+ 345 pp. r4,5 cm .
Phi losophie de I' histoire
La Filosofiade la Historia. Por Voltaire,traducid,aal castellano.Paris, Imprenta de
David, r825. z vols.
La Prude
'La Sevillana. Comedia en cinco actos por Don Dionisio Solfs'. Biblioteca
nacional(Madrid), ms.r6.r4o [r8r6l. 63 ff. zo,5 cm.
La Pucelled'Orl4ans
La Doncelladc Orleans.Poemaen oeintey un ca,ntls,I la Coisandra. Con las notas.
Por Vohaire.En las Batuecas, Imprenta de la Libertad, en el afro presente. x
* 3oz pp. 18 cm.
r7g
Voltaireen EsPagner7j4-r8j5
La Doncellade Oileans.Poernaen oeinte7 un cantls,7 la Corisandra'Con las notas
por Vohaire.Segundaedici'6n,rnistalt corregida.Londres, Imprenta de Davidson,
1824.xii + 322 pp. 13 cm.
La Doncella de Orleans. Poema en xxi cantos'1t la Coisandra. Con las notas. Por
Vohaire.Cidiz,Imprenta Nacional, r836. xii + 341 pp.
Appmdices
Sophonisbe
'Sofonisba.Tragediaen cinco actos,traducidadel francdspor D. A. D. S.'
Bibliotecanacional(Madrid),ms.r7.448-r6.53 ff. 2r,5 cm.
Tanctidc
Rrr,ctitdc l'enPerar dela Chine
dela Chinacon motivo de la obtaPaaperyetuadela Europa
delemperudar
'Resctito
deJJ.R.', CoreodeMadrid,no.z7z(rer iuillet ry89),p.zrgo'92'
Romanset contes
Nnelas de Vohairetralucidaspor J. Marchena.Butdeos, Imprenta de Pedro
Beaume,r8rg. 3 vols.r8 cm.
por Don Josi Marchena.Segundaedici6n.Burdeos,
Nwelas de Vohairetraducidas
r8zz.3 vols' r8 cm.
Beaume,
Pedro
Imprentade
porJ.
Marchena.Sevilla,ImprentaNacional,1836.
tral,ucidas
Voltaire
Nweiasde
16
cm.
3 vols.
Stmiramis
'Tragediala Semframis.En cincoactos'.Bibliotecamunicipal(Madrid)' ms.tr46-5 [r783].2o,5cm.
'Tragedia la Semiramis.En cinco actos'.Bibliotecadel Instituto del teatro
ms.82.97r.5o ff. zr cm.
(Barcelona),
'semiramis. Tragedia traducidadel francis al castellano.Por Don Lorenzo
vizcondedela FronteraySantarem'.
Marfa deVillarroel,marqu6sde Palacios,
ms.rs' 50 ff. 2I cm'
BibliotecaMendndezPelayo(Santander),
(Madrid),ms'I46-6 [tZqf l'
municipal
Biblioteca
fZavala,Gaspar,l'semiramis''
2O,5 Cm.
Snniianis. Tragediaen un a{t\. Su autorDon GaspardeZapalaI Zamora.lLla
fin:l [Madrid,]Libreriadel Cerro,s.d.[r793?].r6 pp. rr cm'
enel TeatrodelPincipe
Semiram*.Operaseriaendnsactos,queseha derepresentar
pp. r4 cm'
t8z7.73
dcestaCorte.Madrid,Imprentade I. Sancha,
en
el TeatrodelPrincipe
de
represntar
Semframh.Operaseriam dts ados,queseha
pp.
r4 cm'
8r
r829.
dcata Cone.Madrid,Imprentade I. Sancha,
en
italiano
original
actito
del
1 puestl en
Semframis.Melodramatrdgin. Traducid,o
y
r 828. 5 r
cia.,
Mayol
de
Imprenta
Barcelona,
J.
misicapor el cilebrcRossini.
pp. 14cm.
r8o
[Iriarte, Bernardo de,l Tanctedn,tragedia tra^ducidadefrancis en costellano,dar;rs
Fiesta con que el Excmo. Sr. marquts dc Ossun, embajador extraordinario y
plnipotmciario d.el rey tistianisimo, celebrael feliz matrimonir del Serenisimo
Pincipe de Asturias don Carlosy la SerenisimaPincesa de Panna dofra Luisa
(Madri d r765),p.r - r r 8.
[Iriarte, Bemardo de,] Tragedia.El Tancredo.En cincoaaos. IA la fin:] Pamplona
ry78. z8 pp. 2r cm.
[Iriarte, Bemardo de,] Tragedia.El Tanctedn.En cincoaaos.lA la fin:l Barcelona,
Imprenta de Carlos Gibert y Tut6, s.d. z8 pp. 2r cm.
En cincoattos. IA la fin:] Barcelona,
[Iriarte, Bernardo de,] Tragedia.El Tancveda.
Oficina de Pablo Nadal, ry98. z4 pp. 2r cm.
El Tsncrefu. Opera seria en das arlos, que se ha dt representarpor lo Compafiia
Italiana en el Teatro dcl Pincipe dr esta Corte. Madrid, Imprenta de la Minerva
Espafrola,t8zz.79 pp. r3,5 cm.
El Tanctedn. Opera seria en das actos,traducida al espafiolpara representaneen el
6pera.Afio1826. [Valencia,]
teatrodelaM.L ciudaddcYalmciaporsucompafi{ade
Oficina de Benito Monfort, s.d. Ir826]. 45 pp. rZ,5 cm.
El Tancredo.Drama serio en dos actos,que ha de caflterseen el Teatro Pincipal de
Cddiz n 1826. Para benefciodz la SnoraJosefinaJulien. Traducidnpor D. J.
C. [Cildiz,] Imprenta de Ram6n Howe, s.d. [r827?]. 9I pp. I3,5 cm.
Il Tancred.i,dramma serio in due atti. El Tancredo,operaseria en das actos.Qrc se
ha de rEresmtar en los teetrls d.eesta Corte.Madrid, Imprenta de I. Sancha,
t8zg.67 pp. 16,5cm.
[Gironella, Antonio?] Hermnegilda o el ettor funestz, tragedie en cinco acros.Por
A.G. Bal'celona,Imprenta de A. Bergnesy Cia., 1832. rzo pp. r r cm.
Zad.ig
'Instrucci6n para un joven que deseaconducirse bien', Diario noticioso,cariosopilblicoy econfimin,nos.2o-4o (zz iuin-r7 juillet 1759).
erudito1t comercial,
Zad.ig o el destino, historia orintal publica"dam francts por M. de Va.dey traducida
al espafiolpor Don t6ti*. Salamanca,Francisco de T6xar, r8o4. xvi + 283 pp.
2O,5Cm.
r8r
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
ZaiTe
[Hickey, Margarita,] 'Zayra, tragedia de Mr. de Voltaire, traducida por Dofra
Margarita lchy'. Bibliotecanacional (Madrid), ms.r8.549-5. 5r ff. 3o cm'
deamory ley,tragediasegfinel mdsmoderno
[Postigo,Juan Francisco del,f Combates
dz
la
Europa.
estilo fu losmejoresteatros
Qut do a lw it dedicaa la entdita nacidn
ztecinode Cddiz.Ano de r 765. [Cddiz']
Pilotos,
Fernando
espafrolaDon
Jugaccis
Monteros,
s.d.
de
los
Espinosa
Manuel
[rZ6S]. ro6 pp. r9 cm.
Zafin.
En
cinco aaos. Traducida del francis al
La
Tragedia.
Pablo
de,]
[Olavide,
espanol.[A la fin:] Barcelona,Imprenta de Carlos Gibert y Tut6' s'd. z7 pp'
2r cm.
[Olavide, Pablo de,] Tmged.ia. La Za1da. Traducida del franca al castellano.
Conegiday enmendadaen estasegrnda.impresi6n.En el afro dc r 782. [A la fin:]
Barcelona,Imprenta de Carlos Gibert y Tut6, s.d. [r782]. 27 pp. 2r cm'
[Olavide, Pablo de,] Tragedia. La Zayda. En cinco aaos. Traducida dcl francis al
espafiol.[A la fin:] Barcelona,Viuda Piferrer, s.d,.z7 pp. 2 r cm.
[Olavide, Pablo de,] Tragedia. La Zayda. En cinco aaos. Tra^ducidadel francis al
espafiol,[A la fin:] Salamanca,Imprenta de Francisco de T6xar, s.d. z7 pp.
2 r cm .
[Olavide, Pablo de,] 'Zayda, Tragedia en cinco actos escrita en francds por
Monsieur de Voltaire y puesta en verso castellano'. Biblioteca nacional
(Madrid), ms. r7.448-r 7. 66 ff. 2o,5 cm.
[Olavide, Pablo de,] La Zayda. Biblioteca municipal (Madrid), ms.r5r-r3
IrZ go] . 2o, 5c m .
Zaira. Tragedia, traducida delfrancu I puesta.en peno castellanopor Don Fulgmcio
Labrancha;quien la dedicaal Sr. D. Antonio Lucas,Zeldrdn, Canillo deAlbomoz,
etc.Murcia, por Phelipe Teruel, I268. (8) + 6+ pp. 20 cm.
La fe triunfante dcl amor y cetro. Traged.iaen que se ofrecea los aficionadnsla justa
idta de una traduccifin poitica. Por Don VicenteGarcia de la Huma. Entre los
FuertesdeRomaAntioro, entre losArcad'a Aletophilo Deliale, arr. Madrid, Oficina
de Pantale6n Aznar, ry84. rrZ pp. r5 cm.
La fe tiunfante del amor y cetrl, 0 Xaya: tragediafrancesa, dans V. Garcia de la
Huerta, Theatro hespafiol,t.wi Traged,iasd.edan VicenteGarcia dc la Huerta:
suplemmtoal Theanohespafiol(Madrid r786), ro8 pp. r5,5 cm.
La fe triunfante del amory cetroo Xaya. Tragediafrancesa. Traducida al espanolpor
Don Vicente Garcia de la Huma, de la Academia Espafiola. Cuarta edici6n.
Segovia,Imprenta de Antonio Espinosa,s.d. zo * ro8 pp. r7 cm.
Lafe triunfante del amorl cetroo Xayra. Tragediafrancesa.Trad'ucidnal apafiol por
Don VicenteGarcia dela Huma, delaAcad.emiaEspafiola.Cuarta edici6n Madrid,
Imprentade Garcia,s.d. rrz pp. r5 cm.
t8z
Apputdices
La fe triunfantedelamory cetrooXayra. Tragedia
por
francesa.Traducidaal espafrol
Don VicenteGarciadela Huerta,de la Aca"dernia
Espafiola.Quinta edici6n.IA la
fin:] Barcelona,
ImprentadeJos6Torner, r8zt. z6 pp. 2r cm.
[Garcfade la Huerta,Vicente,]'La Xayra.Tragediaen cincoactos'.Biblioteca
nacional(Madrid),ms.r4.7og.6z ff.28,5 cm.
[Garcfade la Huerta,Vicenre,]'Xaira'.Bibliotecamunicipal(Madrid),ms.r78-6.6off. zo,5cm.
nacional(Madrid),ms.r4.509[Garcfadela Huerta,Vicente,]'Jaira'.Biblioteca
zt. z ff.2r,5 cm.
r83
r7j4'r8j5
VohaireenEspagne
AppendiceB: EPitaPhede Voltaire
Biblioteca nacional (Madrid), ms.r 0.943' f .t g +- I S
Habiendo muerto Voltaire en Paris a 3o de mayo de r77g trataron sus alumnos
de erigirle estatua. Sabido esto en Londres y que se eigia a costa de todos los
fil6sofos epicureanos(de que abunda tanto aquella capital de Francia), Londres,
capital y .ott. tan favorecida de Voltaire, que la preferia a todas las del mundo
la corte celestial, envi6 uno de los sabios de Inglaterra para que se
y
"utr
"
grabaseal pie de la estatuael siguiente
Epitafio
In tibi lapidedignum
Voltairum.
Qri
In Poesimagnus
In Philosophiapanus
In Historiaminimus
In Religionenullus.
Cuius
Ingeniumacre
Iudiciumpreceps
Improvitassuma.
Cui
Arrideremuliercula
scioli
Plausere
Favereprofani.
Quem
Dei Hominumquemirrisorem,
SenatusPhisico-Atheus,
Corrosoere.hac Estatua
Donavit.
r84
Appndices
AppendiceC: 'Idea de las obrasde Voltaire'
(Universidad
Biblioteca
feiioniana
deOviedo),
manuscrit
noncot6,f.ry6-zo9
Idea sumaria de la obras y espfritu de Francisco Maria Aruet Voltaire para
servir de precauci6n a la noble iuventud espaflola que se da al estudio de la
lengua francesa.Ano r759.
Acabo de leer, florida y noble iuventud espafrola,todaslas obrasde Mr. Voltaire,
y son las que se siguen.
l. Primeramentediez tomos en 8'de Miscel6neas.Lo segundo:sietetomos
tambidn en 8o con titulo de Ensayosobrela historia uniaercal;estos r7 tomos
andaniuntos en un iuego impresoen Ginebra por los hermanosCramer, el aflo
de ry 57, reconocidospor el dicho Voltaire y de su conscntimiento.
z. Lo tercero: dos tomos en 16ocon fitulo de Anales del imperiodc Occidente,
desdeCarlosMagno hasta nuestrostiempos,impresos tambi6n en Ginebra y por
los mismos hermanos Cramer; no tengo presentesi en el mismo aflo o poco
antes.Lo cuarto: el Siglo deLuis XIV, que se imprimi6 variasvecesen diferentes
lugaresy encuadernaciones.
3. Todas estas obras son originalmente francesasy las m6s traducidas en
ingl6s. La Vida de CarlosXII, re1 d,eSueciase traduio en nuestro castellano y
algin tiempo despu6sfue prohibida por edicto priblico del Santo Oficio. Un
poema del mismo autor que viene con la Vida de CarlosXII en esta nueva
colecci6n,con titulo de la Henriadaestdtambidniustamenteprohibido en estos
Reinos. Y yo no sd que el Santo Oficio haya prohibido mds de este escritor
verdaderamenteinfeliz.
4. Ll6molo infeliz porque habiendo nacido de prosapiadistinguiday padres
catdlicosen Francia,que lo pusierontempranoen el colegiode Luis el Grande,
seminario ilustrisimo de virrudes y letras en Paris, al cargo de los W. PP.
Jesuitas, descubri6 desde luego en aquella menor edad un genio, no s6lo
libertino, sino ap6stata;y con excesostan escandalosos
de impiedady libertinale,
que no pocasvecessacaronl6grimasamargasa los oios de suspadresy obligaron
a su profesor de Ret6rica,el Padre Leiai a cogerloun dia de la botonadurade
la casacaen plena clase,a vista de todos los dem6si6venes,y a decirle en voz
alta y terrible: lOh rapaz infeliz! Algin dia seruistil el alfirez de losincridulosy de
los impios.Este anuncio, mds que conminaci6n fue profec(a, cuyo cumplimiento
son los escritosdetestablesde este,no ya rapaz,sino viejo endurecido,buf6n,
impio, sacrilegoy blasfemo.
5. Perdonadnoble iuventud espaflolalo acre de esteestiloy lo terrible de los
epitetos, que aun no adecuan al dem6rito del presenteasunto, que a mf me
tiene llagado el coraz6ny vertiendo sangre;porque si encarnarael archidemonio
r85
Voltaireen EsPagner7j4-r8j5
de la malignidad mds refinada y astutano escribiera con m6s pernicioso artificio
parala seducci6ny ruina de las almasincautas.
6. Escritor copiosopor el gran nfmero de sus escritosen otras materias'cuya
pluma corre con tal denuedoy desembarazoque parecevolar. Su estilo es en
todo pintorescoy ameno,pero al mismo tiempo conciso,perspicuoy enfrgico;
la dicci6n pura y elegante,los perfodosadmirablementebien vueltos,pulidos y
armoniosoi, sus pinturas animadas,sus im6genesproporcionadas,medidas y
aun agtaciadasen su ginero, y sus descripcionesrisuefrasy amenashasta el
encanto.
que estevieio buf6n
7. Estosson los engastesy esmaltesde la doradacapaen
por
altos
sus
de
Dios
y
abandonado
conciencia
iuicios a rdprobo
cauterizada
de
horribles.
mds
las
blasfemias
indiferentemente
lectores
a
sus
brinda
sentido,
8. Abogadodecididoy ac6rrimodefensorde un tolerantismogeneralde todas
las religiones,habla algunasvecescomo buen cat6lico,pero le dura poco este
lucido intervalo, y asi lo regular es verlo Proteo, acomodarsea turnos todos los
traies del Protestantismo;de aquf pasa a sociniano' maniqueo' mahometano'
defsta, materialista,fatalista,y por consiguiente,ateista,porque todas estas
pestesno son otra cosa en el fondo que el ateismo en disfraz. Otras vecesse
turla abiertamente de todas las religiones, salvola que 61llama la de los fil6sofos,
o la religi6n natural, y que explicada por 6l y por los dem6s cerdos de la
inmundisima piara de Epicuro, no es otra cosa que un desenfrenototal de las
pasionesmds brutalesy torpes'
g. Notd algunas veces con horror y espanto mio que llora la memoria de las
torpezasy desfrdenes de su pasadavida, no con espfriru de penitencia,sino
con un g6nerode despecho,porque su presentecaduca,y cascadavejezle tiene
en una imposibilidad absolutade revolcarsede nuevo en las mismastorpezas.
Asi nos representanlos te6logosel despechoendurecidode las almascondenadas, que cada instante prueban y apetecenlos des6rdenesque les acarrearon
su eternacondenaci6ny de que no volverin a gustarm6s en toda la etemidad.
ro. Gran censurador y satfrico del pueblo hebreo en sus mejores y m6s
luminosos tiempos sin exceptuarsus iefes y reyesm6s insignesy heroicos,ni a
sus profetas, a quienes trata sin distinci6n de visionariosy fan6ticos)en una
palabra: un pueblo tosco, glosero, b6rbaro, sin conocimientoni gusto en las
cienciasy bellas artes. Al contrario, gran panegiristade los antiguosgriegosy
romanos.
r r. Estos sf que para Voltaire fueron los pueblos grandes e ilustrados,
fecundos en hdroes y maestros consumadosen todas las artes y ciencias'
imitadoresfielesy copiadoresde la bellanaturaleza,y sobretodo verdaderamente
humanos v rcligiosos, que nunca se persiguieron ni ensangrentaronunos
con orros en g'uerra de religi6n como los cristianos,y que adoraban todos
r8 6
Appndices
pacificamente al solo Dios vivo yverdadero aunque baio de los diversosnombres
y apelacionesde Uranos, Saturno,Jripiter, Plut6n, Cibeles,Vesta,Juno, Venus,
etc.
rz. Admira y celebra con afectos casi extdticoslas grandesvirnrdes de Marco
Aurelio, Diocleciano y Juliano el Ap6stata, censurando a los Santos Padres y
apologistas antiguos de la religi6n cristiana, que nos dan muy otras ideas de
€stosy demds perseguidoresde la Iglesia. Reprehendey censuraseveramente
a San Basilio Magno y a San Gregorio Niseno Nacianceno por los informes y
cardcter que nos da del infeliz ap6stataJuliano.
r3. Afirma sin m6s autoridad que la suya que ninguno de los emperadores
paganos levant6 persecuci6n alguna contra la Iglesia sin haber sido antes
provocadapor los alborotos amotinadosy sediciososde los fieles sus hiios, y
que el haber 6stos sin raz6n alguna pegado fuego al palacio imperial de
Diocleciano en Nicomedia fue la rinica causa de la persecuci6n que suscit6 el
mismo Diocleciano, quien por otra parte fue un pr(ncipe naturalmente piadoso,
manso,clementey humano.
r4. Que el ndmero de los mdrtires en todas estaspersecucionesse ponder6
por nuestros Padres antiguos con demasiado exceso, especialmente en la de
Diocleciano, la m6s general y sangrienta de todas y que si los que murieron por
la fe cat6lica en todas las persecucionesgeneralesy parciales se examinaran a
la luz de una crftica imparcial y juiciosa, hallariamos quizd que de diez mil, v.g",
que ponderamos nos faltartan nueve mil novecientosy noventa.
15. Superfluo me parece calificar estos anticristianos y blasfemos delirios,
porque a primera yista su calificaci6n salta a los oios del cat6lico lector menos
advertido. Voltaire, en estos desvarfos,no tuvo a otro a quien copiar que a
un fandtico ingl6s llamado Dodwell; el que fue severamente censurado y
reprehendido aun de los mismos protestantes,indignados de ver que un escritor
cristiano se arroiase con tanta temeridad y sin fundamento alguno a aminorar
y deprimir el nrimero de los testigos mds calificados y fieles del cristianismo,
pero Voltaire le gana.
16. Es tambi€n gran censurador y critico severo de Constantino Magno, a
quien retrata como hombre lleno de todos los vicios y vacfo de todas las virnrdes.
Yo creo firmemente que Voltaire despedazaal gran Constantino de un modo
tan indigao y calumnioso, porque fue el primer emperador cristiano, que
allanando los estorbos de la predicaci6n del Evangelio, puso a la Iglesia en
libertad.
r7. Del mismo indecorosomodo trata a Carlos Magno y a su padre Pipino
el Pequefro. A este trata de traidor infame y alevoso,que usurp6 el trono de su
natural seflor y rey Childerico III, callando mafrosamenteel que 6ste fue un
prfncipe inerte y vicioso, depuesto por San Zacartas papa, a las instancias
r 87
Vohaireen EsPape r7j4-r8j5
Appendica
un6nimes y sriplicasrepetidasde todos los tres estadosdel reino de Francia:
clero, noblezay plebe.
r8. A su hiio Carlos Magno trata de un prfncipe sanguinario,ambicioso,
inicuo, incontinente, que encubriendo sus ambiciosos desigrrios con capa de
celo por la religi6n, redujo a la esclavituda los inocentespueblos id6latras de
Frisia, Wesfalia, Sajonia, etc. Por abreviar, se nota una transc€ndental falta de
decoro en el modo con que Voltaire habla, aun de aquellos principes que la
Santa Iglesia canoniz6 y propone por sus heroicas virtudes y eminente santidad
como modelospara la imitaci6n de los principescat6licossus hiios.
de la Iglesiacat6lica,los conciliosnacionales,
I g. A las mis augustasasambleas
generalesy provinciales, trata de unas congregacionesde fan6ticos ignorantes,
que se iuntaban para maldecirse y anatematizarseunos a otros como herejes,
por unas cuestiones abstractasde una greguescaierigonza en que ni los unos
ni los otros entendianpalabra.
zo. Del mismo modo trata a los Padres de la Iglesia, sin perder ocasi6n
alguna, como a los principes y doctores de las escuelascat6licas,que segrin este
nuevo alfdrez de la incredulidad fueron unos fan6ticosignorantes,m6s aplicados
a explicar algunas paradojas absurdas de Arist6teles y de algunos delirantes
6rabes comentadores suyos, que el Evangelio, como si el Evangelio se hubiera
quedadohastaahora esperandolas ilustracionesy comentariosde Voltaire.
z r. A las sagradasreligiones, como a sus respectivosfundadores y alumnos
trata de gente ociosa,z6nganosde la Repriblica, campeonesde la Iglesia romana
y sat€litesde los Papas,que todos se aborrecenunos a otros como capitales
enemigos.Regalonesllenos de ambici6npor mandar,llenos tambifn de orgullo
y fasto, vanagloriososcharlatanesy pedantes.
zz.Elieio endurecidoy abandonadose burlaria de quien en defensade las
religionesle respondieraque todasy cadauna de ellasson alm{zigasde santidad
y doctrina por su vocaci6ny profesi6n, que sus alumnos son maestros,doctores,
predicadores,confesores,m6dicosespirituales(y aun corporalesalgunos)de los
fieles,que no cabenen guarismolos alumnos que cadauna destac6a las partes
mis remotas y bdrbaras del mundo para desmontar la maleza de la idolatrfa y
plantar la fe cat6lica a costa del sudor de sus frentes y sangre de sus venas. Este
eiercicio es muy diverso del de capitanear tropas irregulares de comediantesy
danzarines lascivos,de Amiens a Berlfn y de Berlfn a los abismos.
23. Afectaun cardcter de sabio universal en todo g6nero de literatura, ciencias
y artes, hastalas mds mecdnicas,y as(no hay dificultad alguna,divina ni humana,
en que no mete la hoz con tanta confianza como si la mies fuera toda suya.
Admiraci6n causa el ver que haga todo esto con un espiritu constante de
contradicci6n, que nunca se desmiente,y asf es regular verle afirmar en una
parte y neBar en otra cuanto habia afirmado sin mds raz6n que su capricho.
r88
24. Unas veceselevahasta las nubes, otras vecesdeprime hasta los abismos
la vastaenciclopediade las artesy cienciasuna por una. Del mismo modo elogia
y censura a turnos a los m6s eminentes maestrosde ellas, antiguos y modernos,
sagradosy profanos. Nihilfuit unqu&mtam disparsibr como Voltaire, que parece
un paradojaanimado,o un encarnadoparalogismo.
25. Pero si los respectivosprofesoresde las demdsartesy cienciaslo hallan
tan superficial, tan ignorante, tan temerario y tan affevido cada uno en la suya,
ac6mo lo hallar6n los profesores de la historia eclesidsticay sagradateologia en
estas dos facultades? Dirrin que Voltaire fue siempre un delirante charlatin,
como es al presenteun vieio loco, que m5s bien merece el m6s alto y soberano
desprecioque la atenci6nde hombres cuerdos.
26. No por eso se puede negar que ley6 muchisimo, pero es absolutamente
imposible que haya leido la mil€sima parte de lo que ostenta. Su arte, pues,
consisteen sabersuplir con una tenaz memoria de las especiesque ley6 dispersas
en los fndices de los libros que ley6, y con una imaginaci6n amena, fecunda y
brillante, que sabe formar montes de los 6tomos, la falta de una lectura mds
extensa,unida, s6lida y consiguiente. Por lo que mira a las cosas de la Iglesia,
es muy fdcil de conocer que ley6 m6s en autores protestantesy condenadosque
en los ortodoxos, porque hallaria a cadapaso en estos fltimos el contraveneno
de toda laponzofia infernal que bebi6 tan a boca llena en aquellos arquitectos
de mentiras y calumnias.
27. Las actasmfs depuradasy mds bien testificadasde las vidas de los santos,
los anales y cr6nicas m6s correctas de las sagradas religiones y la historia
eclesidstica toda, no es otra cosa para Voltaire que un cuerpo hinchado de
leyendas extravagantesy fabulosas, llenas de increibles quimeras y embustes.
Del mismo modo califica los milagros mfs autdnticos y m6s bien probados en
Roma para las beatificaciones y canonizaciones de los santos, con un estilo
irrisorio y de chanzoneta, y adn los mismos santos, el trato mis modesto que
les da es de visionariosy fandticosinritiles a la sociedadhumana.
28. Para hacer irrisible y, por consiguiente, despreciablea la religi6n Voltaire
es un art(fice tan insigne que el espiritu de la malignidad parece haber formado
en 6l oirun just& cor suum, para secretario y amanuensede toda su satisfacci6n
y confianza. Hace a su modo un Precisesto es un extracto del Eclesiastdsy otro
del poema divino de los Cantares: ambos extractos dignos s6lo de ser lefdos en
los conventfculos nocturnos de los antiguos maniqueos y gn6sticos modernos,
quiero decir los molinistas m6s abandonadoso los cofrades de la inmundisima
cofradfa del fuego infernal de Londres, cuyas nocturnas asambleasllenas de
abominacionesy escdndalosinsufribles persigui6 el gobierno politico de aquella
ciudad, hasta exterminar la dicha infernal cofradfa.
29. Tiene tambidn Voltaire otro infernal artificio, que transciende a todos sus
lt
r89
r7i4-t8i5
I/ohaireenEspagne
quieraque trata de religi6n'
escritospero que reluceprincipalmenteen donde
la mriquinadelicada
destreza
Este artificio consisteen iugar con singularfsima
especialmente
especies'
sus
todas
en
y de la ironia
y picantede lasinsinuacionJs
llamarla mris
puede
y
se
risa
la
el micterismo'que es el m6s eficazpxtmover
tropoludiero
un
por
naturaleza
que
es
ironia,
delicadaflor o quintaesenciade la
vt'ro".Talcualeiemploilustrar6elpens.amiento,advirtiendoqueelindole
prestatan f6cilmentea
maiestuoso,gravey serio de nuestrocastellanono se
estasridiculeces comoelgenioespirituosoyvol6tildelalenguafrancesa
en manostanh6bilescomolasde Voltaire'
especialmente
--':o.
a cantarse
come-nzg
s." el primer eiemplo.El simboloconstantinopolitano
ro96
Roma;
de
iglesias
las
que
y
Francia
en"lasiglesiasde Alemania
9n
?tiT:lo
por
"tut"gno
que
al Papade introducirlo all6 y Su Santidadrespondi6
en
mdslevesospecha la
cuantola [glesiaromananuncapadeci6menguani la
por entoncesintroducir
nile parecfaconveniente
fe, no necesitaba
purezade s.-r,
-"rio,
VIII a
de Bened-icto
ista novedad.Con efectono se introduiohastael tiempo
instanciasdelemperadorSanEnrique.oigaseahorac6movisteVoltairela
susromanos
a.t r"p" CarlosMagno:Respondi6el Papaqueni €l ni
;;;;;;;
"
q,riti.n admitir ni rezarel credo'
--;;. d" eiemplo.Hablandode la irltima cruzadadel gloriososan Luis rey
y de los seflores
de"Francia,i.fi.ie la oposici6nque algunosde susconseios
con este
concluye
del reino le hicieronpaia disuadirlode su piadosointento.
mict.rismoobufonadaentonodeepifonema:peroelsantoreyfue.nimiamente
modosutil.ydelicado
ti*oro paraescucharo atenderalatarz6n'Que es un
esposible,ni qui6n
de degradaral santorey de todaslasvirtudes,porquelc6mo
puedeentenderoconcebirqueunprincipe.tanirracionalytestarudo,queni
q.rier. oir ni atenderala rtz6n, seavirtuoso?
'
los principiosde-liansenismo'dice:
3r. Ooo eiemploy acabo.Historiando
proposiciocincofamosas
.qir...,-ao ileg3a Lovainalabulaquecondenabalas
la bula, se
Leida
doctores.
los
,rir, ,. iuntaroria toda priesaen claustrotodos
coma,_afirmando
o
virgula
una
dividieroninmediatameitee' dosbandossobre
y otro bando'al conffario'
;;;t q"" dichavirgulaestarfamejor en otraparte' el
A Romade nuevopor todo'
remedio?
tf ,,o ador,?. estaba'Pues,iqu€
q""
cartasde creenciay de
"i,
nuevas
agentes,
all6 nuevos
i,i-efecto, se despacharon
empeno,ynu€vos."ud"l.,deunoyotrobando.Losromanos'quenoquerian
les enviaronuna nueva
a.iot iuagoy que celebrabancon risadasestaslocuras'
de la cruza la fecha.'
ni
coma
punto
ni
no
traia
bulaqueapag6el inceiaio,p*qu.
son
dogmdticas
disputas
las
que
todas
Insinuandocon estasmalignasbufonadas
invencidn
propia
su
de
que
es
€sta
del mismoiaez,esto es,dJ lanocapinacomo
retaguardiade
y cerebro.Es muy ordinarioen voltaire el cerrarla anticristiana
ddndolesel aire brillante
sus impiedadescon estasinsi"""ciones bufonescas'
r90
APPendices
epifonemaparadefarmdsbien clavadoel aguij6n'
de un sentencioso
de lasobrasdel genio
33. Estaesunaideamuydiminutaperomuyverdadera
en los sabiosde su
no
s6lo
lugar
tanto
y iJ-l espiritu de Voltaire,que se hizo
uno y otro estado.
primer
en
orden,
prfncipes
del
i.-po, iitro tambi€ncon los
monarquia,no os
cat6lica
esta
florida
de
Perovos,iuventudilustre, esperanza
que
trata ni de la
materias
las
de
gran
variedad
la
dei€issorprehenderni de
porquetodo
de
su
estilo,
lisonieros
encantos
los
ni
de
brillantezde suspinturas,
veneno'
y
mortifero
belefro
de
estono esm6sque confecci6n
todav(acondenadasrz
34. Aunque las obras de estevieio infeliz no est6n
deben parecermenos
por
ni
eso
no
son
humano,
tribunal
glno pot algrin
-detestables
y prohibidasestdnpor
y vitandasa cualquiercat6lico:condenadas
derechonatural y divino, por las reglasdel Indice y por el consentimiento
uniformede todoslos doctorescat6licos,que afirmanpecarmoftalmenteel que
lee o retienelibro alguno,cuadernoo papelpor cuyalecturarecela
a sabiendas
que peligrarala fe o lasbuenascostumbres,aunqueno hayapragm6tica,edicto
o por susnombres'
humanaque los prohibaexpresamente
o t.y
"tgun"
que reemplazatilncon
francesa
lengua
en
hay
obras
muchas
otr"t
35.
intirinr"s ventaiasy sin riesgolasfaltasde lasobrasde Voltaire:en lo hist6rico,
la historiaantiguade Rollin, con su continuaci6nhastaConstantinoMagno'En
lo teol6gico, dogm6tico-hist6ricolas obras del inmortal Bossuet,Fenelon,
Laffitau-enIo predicable.Estosrnismos'comotambi6nel P. Bordalou,Massillon
y el Diccionario moral. Para formar el gustoen las bellasartes Batteuxy el
abateDe Bos. Tambifn serviri para conocermds a fondo,con mis extensi6n
y meior orden qui€n es Voltaire, leer el Ordculofu losnunosfilfisofosescrito
rinicamentecontraVoltairepor el abatede Guyon.Estaobramereci6el aprecio
y la aprobaci6nde Nuestro SantisimoPapareinantey solaestacircunstancia
elogio. Pudiera recomendarotros muchfsimosdignos de toda
., ,u-"yor no quieroser mdsmol€sto.
alabanza,pero
F.I.H.
I9 I
r7j4-r8j5
VoltaireenEspagne
Appmdices
AppendiceD: 'Crftica sobreel Tartufl.e'
Biblioteca del Instituto del teatro (Barcelona),ms.3r.54o, f.r4-zz
Cuanto he dicho no es mi dnimo extenderlo al Teatro Francds; sd que las
tragedias son piezas s6lidas, llenas de decoro y gravedadarregladasal arte y de
sana moral; quiero s6lo manifestar que hay tambidn defectos en estas piezas
dram6ticas hechas de la parte de all6 de los Pirineos, bien que en las m6s no
sean de lo mds grosero con todo suelen faltarles algunas cosas:en lo moral las
encuentro muy parecidas, pues el principal asunto suele ser amoroso' y ya que
hablo con imparcialidad, que confieso lo bueno de sus piezas, no quisiera que
s6lo publicasen de las nuestras los defectos e ignoren y callen sus perfecciones.
Yo ser6 el primero que confiesa que el teatro nuestro abunda de much(simas
piezas defectuosas,pero tenemos innumerables que si se dedicase un hombre
de numen y buen gusto a enmendarlas,con poco trabajo que tuviera podria dar
una colecci6n de comedias perfectas; Calder6n y Vega, tan despreciados de
Voltaire y otros criticos franceses, no tuvieron otro defecto que sobrarles el
numen po6tico y el entendimiento; esta abundancia les hizo caer en muchos
defectos, que ningin espafrol iuicioso podr6 negar, pero esto mismo los elev6
juicio debe
[a] algunas perfecciones tan admirables que cualquier francds de
y estilo,
frases
y
en
las
nobleza
la
elegancia
pureza
la
locuci6n,
de
confesar, la
junta
y
metro
la
fluidez,
en
el
la
naturalidad
la
ficci6n,
ingenio
en
e
la sutileza
con la nerviosidad y solidez forman el cardcter de Calder6n y Vega; las que
ellos pintan en los hdroes est6n llenas de maiestady decoro, las que figuran en
los particulares de naturalidad y verosimilitud, y estos son los poetas que con
tanto desprecio miran Voltaire y otros despu6s de haberlos disfrutado: buena
recompensa, pero efecto preciso de no conocerlo y no estar en estado de ser
sus jueces.
Me admira lo que leo en el Discunosobrela poesfaepicade Mr. Voltaire: dice
hablando del cdlebre poeta inglds Shakespeare,afirma que sus tragedias son
monstruosas y algunas duran tantos afros que el h€roe se bautiza en el primer
acto y muere vieio en el riltimo; hay bruias, hechiceros, que iuegan con cabezas
de muertos; en fin, dice Voltaire, imaginesecuanto se quiera de m6s monstruoso
y absurdo, y todo se encuentra en Shakespeare.Sin embargo, concede que
iustamente tiene el nombre de divino; dice que antes que tuviese un total
conocimiento de la lengua inglesa iuzgabaque iniustamente lo tenia; pero desde
que yo tuve mds conocimiento de la lengua vi que los ingleses tenian raz6n, y
que es imposible que una naci6n entera se engafle en sus sentimientos y modo
de pensar, ellos conocfan como yo los defectos de Shakespeare'pero conocian
mejor que yo sus singularesbellezas.
Hasta aqui Voltaire, y ahora yo, si 6l tuviera el conocimiento de nuestro
r92
I
I
{
idioma que tiene del ingl6s, confesaria que Calder6n no tiene los monstruosos
defectos de Shakespeare,y que le sobran mil bellezas, quizds superiores a las
que supone en el ingl6s, y ya que ignora nuestro idioma o lo entiende poco, por
qud al ver que toda nuestra naci6n alaba a Calder6n y Lope no se hace el cargo
que es imposible que una naci6n entera se engafreen el iuicio que hace de un
autor patricio, y Que nosotros hallaremos muchas bellezascuando a 6l le oculta
la falta de su conocimiento los autos de Calder6n; no hay hombre de buen gusto
entre nosoffos que no conozca sus defectos, pero esos mismos se deleitan aun
en los mismos pasajesdefectuosos,hallando unas bellezasque no s6lo deleitan
sino arrastran a leerlas una y muchas veces.
No quiero concluir estacarta sin pasar del teatro y poesia dramdtica a la 6pica
y lirica. Nuestro Mr. Voltaire en el discurso que cito sobre la poesia 6pica habla
de los principales y mayores poemas 6picos de cada naci6n, y al llegar a la
nuestra no encuentra otro que citar que la Araucana de D. Alonso de Ercilla;
naturalmente es el rinico que habfa leido, y qud s6 yo si lo ha entendido. Entre
nosotros ya sabeVmd. no se [e] tiene por el principal poeta 6pico; sin embargo
Mr. Voltaire, que no habrfa leido otro, se empefraen hacer una critica severisima
e increible a cualquiera que reflexione no ser posible que quien es superior a
Homero en un pasaje, como dice Voltaire, sea en lo dem6s mis salvajeque los
indios bdrbaros de que habla, como afrade despu6s. Qud diria Voltaire si un
escritor espafrol,hablando de los poetas dpicos de todas las naciones, no citase
por los francesesotro que Chapelain autor delaPuzellao Desmaret del Clodrnteo,
y que sin haber leido m6s que estos dos poetas francesesy no hablara hasta
despuds.Esto mismo digo yo a Voltaire; qud culpa tenemos nosotros que 6l no
tenga noticia de otro poeta que la Araucana. La Austriada de Juan Rufo, la
Ndpolesreaqerade del pr(ncipe de Esquilaze, el Pelayode Solis, y orros varios
son unos poetas no comparables a la llial.a, pero si superiores a la Araucana y
mucho mds arreglados al arte, ldalos Voltaire y no se precipite a hacer juicio de
todos los poetasde una naci6n por s6lo haber leido uno y no el mejor, si no se
acreditard de poco juicioso. Culpa la desigualdad de Ercilla y en esto es 6l
infinitamente mris culpable en su Enriada: si es malo en Ercilla despuds de
haber elevadoel estilo descendera otro muy distante,pcudntopeor ser6despu6s
de haber hablado como santo y religioso pasar a hablar como impfo y sin
religi6n? Qud cosamds extrafla que despudsde haber puesto en el primer canto
en boca de aquel viejo que encuentra Enrique [V en la isla a que arriba un
discurso lleno de edificaci6n, pone en la venerable boca de San Luis unas
expresiones que s6lo estarfan bien colocadas en la de un ateista; lea Vmd. el
canto siptimo y oird decir a San Luis que Dios no castigalos placeres pasajeros
y los delitos de nuestra flaqueza con tornentos eternos. Yo admiro el gran
talento de Voltaire, celebro su Eniada pero abomino muchos pasaiesde ella.
r93
Voltairem Espagne
r74-r8j5
Aun menosconocimientotiene de los poetasliricos,y en estegdnerocreo
a todos.Los francesespuedenpresentarnosa
hemosexcedidolos espafroles
Boileau,Rousseauy al mismoVoltaire:a todosestospuedeoponerseun solo
Garcilaso,un solo Fray Luis de Le6n, un Bosc6n,los Argensolas,un principe
de Esquilaze,un EstebanManuel de Villegas,quien particularmenteen su
Anacreonte
escomparablea los griegosy latinos.Garcilasoy Le6n soncomparables a Virgilio en sus6glogas.Vmd. lo sabemejor que yo. Vmd. no ignoraque
en el siglo XVI estuvieronlas musasde asientoentre nosotrosy siemprenos
han preferido,y que en el sigloXVII y XVIII hemostenido poetasgrandessi
no comparables
a los arribadichos,no inferioresa los que nos quierenoponer.
He molestadodemasiadoa Vmd. de quienquedoetc.
t94
Appmdices
AppendiceE: Qualificationsde Candide
Archivo hist6rico nacional (Madrid), section Inquisici6n, liasse 4474-42
Ilmo. Sefior
Sefror.
He visto el libro intitulado Candideou l'optimismeque V.I. se ha servido remitirme
por D. Mariano Blancas,secretariodel Santo Oficio en r8 del presentemes,
para que mir6ndolo con reflexi6n note los lugares que halle dignos de censura
teol6gica, expresandola que corresponde segrin la calidad de las proposiciones.
Y aunque siendo este libro de Voltaire, como se colige de las letras que est6n
en la portada, del estilo y de la ortografia propia del autor, no necesitabamds
censura,por ser bien conocidasu impiedad; con todo, cumpliendo con lo que
se me manda, digo.
Que esta obra se reduce a una sitira contra Leibniz. Queriendo este autor
probar la existenciade Dios entre otras cosashace en substancia
en su Theod,icea
este discurso: todo lo que existe tiene en sf o en otro la raz6n suficiente de su
existencia; el mundo es una colecci6n de cosas contingentes, luego no puede
ser aquel ente que tenga en si la raz6n suficiente de su existencia; el mundo es
contingente, luego son posibles otros infinitos mundos, luego el mundo no es
Dios; luego Dios, que tiene en si la raz6n suficiente de su existencia,ha creado
el mundo. Si Dios ha creadoel mundo, estandoiunta su sabidurfasupremacon
su infinita bondad, no pudo deiar de elegir lo meior, porque asi como el menor
mal es cierta especiede bien, asi el menor bien es cierta especiede mal, luego
entre todos los mundos posibles este es el 6ptimo.Este argumento de Leibniz y
su famoso sistema de la armoniapratabilita para explicar la uni6n del alma con
el cuerpo, es lo que parece querer ridiculizar Voltaire en la presente obra, a la
que por eso intitula el Optimismo.
Digo lo que parece, porque bajo el velo de una sdtira contra esasmdximas
de Leibniz, de cuya verdad o falsedad prescindo por ahora, oculta este impio
autor el designio formal y seguido de establecerel deismo, y no como quiera,
sino un defsmo epicfireo, que presenta un Dios sin Providencia, y que dejando
al acaso todos los acontecimientos de este mundo. liberta a los hombres de la
esperanzay del temor de los castigosy de los premios de la otra vida, arruinando
por consiguiente todos los principios de la religi6n, de la sociedad y de la
moralidad de las accioneshumanas.
Para conseguir este fin y pervertir a los incautos, foria una novela, a cuyo
hdroe o sea personaje principal C6ndido, le lleva viajando por las cuatro partes
del mundo, siempre infeliz, siempre experimentando ingratitudes, traiciones,
robos y falsedades de cuantos hombres trata, para tener motivo de exclamar
r95
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
continuamenteiY con todo dirdn que este mundo es el meior de los mundos!
iQue todo va bien! Y mezclando con habilidad algunas circunstanciasc6micas
en todos los desastresque acaecenlleva divertidos a los lectores, para que no
noten el veneno que insensiblementeles va insinuando, de que Dios no hace
caso ni atiende a lo que pasa sobre la tierra.
Todo el libro conspira a persuadir estas m6ximas; mas en algunos pasajes
muestra claramente su intento y su impiedad. En la regi6n de El Dorado, a
donde trasplanta a su h6roe huyendo de los Jesuitas del Paraguay, pone una
conversacidn que tuvo con un anciano, que fielmente traducida dice asi.
'En fin Cdndido, que siempre gustaba de metafisica, le hizo preguntar por
Cacambo (6ste era su criado) si en el pafs habfa alguna religi6n. El anciano se
sonroi6 un poco y diio: aC6mo es eso, acasopoddis dudarlo?gNos tendis por
algunos ingratos? Pregunt6 Cacambo con sumisi6n cu6l era la religi6n de El
Dorado; sonroi6sepor segundavez el ancianoy respondi6:lAcaso puede haber
dos religiones?Nosotrostenemos,a lo que yo creo, la religi6n de todo el mundo,
porque nosotros adoramos a Dios de la mafrana a la tarde. ;Y ador6is a un solo
Dios?, dijo Cacambo, que servfasiempre de intdrprete a las dudas de C6ndido.
Segun parece, dijo el anciano, no hay dos, ni tres, ni cuatro; yo os confieso que
las gentes de luestro mundo hacen unas preguntas bien singulares. No se
cansabaCdndido de preguntar a este buen viejo: 6l quiso saber c6mo se oraba
a Dios en El Dorado. Nosotros no oramos, dijo el bueno y respetable sabio,
nosotros no tenemos nada que pedirle, 6l nos ha dado todo lo que necesitamos,
nosotros le damos gracias sin cesar. C6ndido tuvo la curiosidad de ver los
sacerdotesy le hizo preguntar d6nde estaban. El buen vieio sonri6se: Amigos
mfos, les dijo, nosotros somos todos sacerdotes,el Rey y todos los padres de
familia cantan c6nticos de accionesde gracias solemnementetodas las mafranas
y les acompafrancinco o seis mil m(sicos. ;Qu6? iVosotros no tendis frailes que
ensefran,que disputan, que gobiernan, que enredan y que hacen quemar a las
gentes que no son de su parecer?Eso seria estar locos, dijo el anciano, aquf
todos somos de un mismo parecer y no entendemoslo que querdis decir con
l'uestros frailes. Cdndido a todos esos discursos se quedaba en €xtasisy decia
en si mismo: esto es bien diferente,etc.'
Este razonamiento es impio y lleno de proposiciones formalmente her6ticas,
establece claramente el deismo y hace consistir la religi6n puramente en la
acci6n de gracias,negando los m6s santos deberes de la ley de Dios.
Negar la necesidad de la oraci6n y afirmar que no necesita nada, ni tiene
nada que pedir a Dios es proposici6n formalmente herdtica e impia.
Que todos son sacerdoteses proposici6n formalmente herdtica.
Lo que dice de los frailes es una proposici6n escandalosa,calumniosa y que
sapit heresim.
r9 6
Appadica
Estando Cdndido en las inmediaciones de Constantinopla pone una conversaci6n de un derviche, que es cierta especiede monies musulmanes,con Pangloss,
que es el preceptor de Cdndido, y que le acompafraba,la que refiere de este
modo.
'Habia en las inmediaciones un derviche muy famoso, que pasaba por el
mejor fil6sofo de la Turqufa; fueron a consultarle, habl6le Panglossy dijole:
Maestro, venimos a suplicaros que nos digriis a qu6 fin ha sido formado un
animal tan extraflo como el hombre. ;Qui6n te mete a ti en eso?,diio el derviche,
ies esto negocio tuyo? Pero mi Reverendo Padre, horriblemente hay mal sobre
la tierra. ;Qu6 importa, diio el derviche, que haya mal o bien? Cuando Su Alteza
envia un navio a Egipto, lcuida il que los ratones del nav(o vayan bien o mal?
Pues, iqu6 debemos hacer?, diio Pangloss. Callarse, dijo el derviche. Yo me
lisonjeaba, diio Pangloss, de discurrir un poco contigo de los efectos y de las
causas,del meior de los mundos posibles, del origen del mal y de la armonia
prestabilita, como de la naturaleza del alma. El derviche a estas razones le dio
con la puerta en los ojos.'
La proposici6n que pone en boca del derviche es una blasfemia her6tica,
niega la Providencia de Dios sobre las criaturas y establece un Dios como
Epicuro, Lucrecio, etc.
La proposici6n con que concluye es una ironfa herdtica, por la que se burla
igualmente de la armonia y optimismo de Leibniz, que de los efectos y las
causas de las cosas, del origen del mal y de la naturaleza del alma, que son
dogmas cat6licos, y poniendo estasimpiedades y herejfas en este tono, son m6s
perniciosas y horribles que si formalmente las afirmase e intentase probarlas.
Prosiguiendo en los viajes de Cindido, lo lleva a Dinamarca y en una hosteria
le pone en conversaci6ncon unos fil6sofos, donde uno de ellos le dice asf. 'lHas
leido las verdades que el Dr. Clark ha respondido a los suefros de Leibniz?
lSabes lo que es la fuerza centrifuga y centripeta? lSabes que los colores
dependende la espesurade los cuerpos?pTienesalguna noci6n de la teoria de
laluzy de la gravitaci6n?iConoces el periodo de z5.gzo afrosque por desgracia
no concuerda con la cronologfa?No, sin duda, tu no tienes sino ideas falsasde
todas estas cosas, calla pues miserable m6nada y gudrdate de insultar a los
gigantes comparindolos con los Pigmeos.'
Para dar a entender el veneno y la malicia infernal que se encierra en estas
palabras, me ha de permitir V.I. que, aunque moleste algrin tanto su atenci6n,
manifieste este misterio de iniquidad, lo que procurard hacer lo m6s concisamente que pueda.
Hemos de suponer que, dirigi6ndosetodos los esfuerzosde esteinfeliz autor
y de los dem6s impios de nuestro siglo a destruir la religi6n, para quitar el freno
a sus pasiones,y conociendo que el mayor estorbo que tienen para salir con su
r97
Voltairem Espagner7j4-r8j5
proyecto son las Santas Escrituras, pues mientras subsista este libro divino no
pueden tener lugar sus sofismas,no hay medio de que no se hayan valido para
procurar enervar su autoridad.
LJnas veces han renovado los argumentos que contra los libros sagrados
pusieron los antiguos impugnadores de la religi6n, como Porfirio, Juliano,
Luciano, etc., mil veces destruidos por los antiguos Padres. Otras han afradido
calumnias a las calumnias de los judios y talmudistas. Otras falsificando pasaies
y por no saber las lenguas originales han querido hallar contradicciones donde
no las hay. Pero entre todos estos medios de que se han intentado valer, los
argumentos que sustentan con m6s dnfasis son los que combaten los libros de
Moisds, particularmente el G6nesis, en donde se refiere la Creaci6n del mundo
y por donde sabemosque tiene mds que como unos 6.ooo afros de antigiiedad
segrin la Vulgata.
Alegaron primero contra esta cronologfa los anales de la China, tomando
nuestros fil6sofos este argumento de un tal Isaac Peireris, autor del famoso
sistema de los Preadamitas,que public6 en un libro que imprimi6 en Holanda
a mediados del siglo pasado: plagio que callan con cuidado y que no se les ha
dado en rostro por ninguno de sus impugnadores, a lo menos de los que yo he
leido; pero este argumento ya estd desvanecido,pues est6 demostrado que la
historia de la China nada tiene de cierto antes del reinado de Fo-Hi y aun antes
de los reinos de Yao- y de Xun-, lo que desvanece su enorme antigi.iedad
descendiendoa lo m6s a los tiempos de Josu6.
Viendo destruido el argumento de las antigiiedades chinas, opusieron las
tablas presentadas por los astr6nomos de Babilonia a Aleiandro el Grande
cuando este conquistador entr6 en aquella ciudad, en las cuales se contaban
astron6micas'Estasobser43o.ooo afrosdespudsde susprimerasobservaciones
vaciones se han convencido tambi6n ap6crifas y se han mirado estastablas por
todos los sabios como un monumento de la vanidad de una naci6n vencida.
lnventaron despu€s el per(odo de cerca de dos millones de aflos. Quisieron
persuadirnos que en el dia era menos la oblicuidad de la ecliptica que en tiempo
de Piteas,esto es, que el 6ngulo formado por el eje del ecuadory por el eie de
la ecliptica era veinte minutos mds pequefro que en tiempo de las observaciones
de aquel astr6nomo, que vivi6 hace dos mil afros; si esto fuera cierto se seguirfa
que elevdndoseel eje de la tierra sobre el plano de la ecliptica, se acercarfa en
seis mil afros un grado entero, y procediendo por este c6lculo se encontraba
formado el tal periodo; pero se ha demostrado la falsedad de la disminuci6n de
la oblicuidad y ha caido el perfodo, quedando el mundo en la misma antigiiedad
que la de Mois6s.
Viendo inutilizados estos esfuerzos han inventado por fltimo su famoso
perfodo de z5.gzo afrosque es del que se hace menci6n en este pasajey del
r9 8
Appendices
que hablan con tanta arrogancia que se atreven a decir que es tan seguro como
la revoluci6n del dfa y de la noche como consecuenciaevidente de la atraccidn.
Si aqui se tratara de impugnar este desvarfo,me parece que no serfa dificil
hacer una demostraci6n de que era un error, no s6lo contra la religi6n, sino
contra las reglas mds comunes de la astronom(a,pues no habiendo variado ni
un minuto los puntos cardinales en mds de dos mil afros, como se evidencia de
las observacioneshechas sobre las pirdmides, y siendo un delirio la precesi6n
de los equinoccios es imposible el tal perfodo, y por consiguiente la pretendida
antigiiedad del mundo, a pesar de la atracci6n de Newton, que no tiene m6s
certidumbre que la que permiten los lfmites de su sistema,pues no es mds.
La alta comprensi6n de V.I. puede conocer en vista de estos antecedentes
que la tal proposici6n es una herejia formal, que tira a destruir la cronologia de
la Escritura, y no como quiera, sino una hereiia perniciosfsima, extremamente
seductivay capaz de pervertir a los incautos que no estdn radicados en la fe.
Quien piensa de este modo en materia de religi6n es muy regular que no
perdiese ocasi6n de blasfemar contra un tribunal santo que no entiende sino
en mantener su pureza. En efecto en el capftulo cinco lleva su hdroe a Lisboa,
le hace que se halle en el terremoto que asol6 esta ciudad y al cap. 6 le pone
este epigrafe; C6mo hicieron un hello auto dcfe para impedir los tenblores de tierra
y C6no Cdndidnfue a,zntada.Y es tanto su furor que gasta cinco capftulos en
hacer una sdtira sangrienta,llena de imposturas,blasfemias,falsedades,torpezas,
calumnias y chocarrerias contra el Santo Tribunal de Pornrgal, hasta poner al
Inquisidor general amancebadocon la querida de C6ndido y no como quiera,
sino a medias con un iudfo, con quien dice que habfa hecho una contrata,que
la mitad de la semanaentraria el Inquisidor y la otra mitad el iud(o.
En un episodio en que cuenta la historia de una vieia la hace hiia del Papa
Urbano X y de la princesa de Palestrina,y aunque entre los papas los Urbanos
no pasaron del octavo, no lo pone 6l porque no lo sepa, sino para burlarse
impiamente de los Sumos Pontifices.
De los religiososde todas las 6rdenesse burla sacrflegamentey en todos los
pafsescristianos iam6s encontr6 un solo hombre de bien, sino un solo anabaptista, de quien dice que era hombre de bien, aunque no estababautizado,
mof5ndosedel bautismo.
Todo el libro est6sembradode obscenidadesmonstruosas,las que no refiero
para no manchar las castasoreiasde V.L
Defiende el suicidio. Se rfe del libre albedrio. Y en fin es un libro tan
detestableque lo tengo por uno de los m6s malos, m6s impfos y mds seductivos
que han salido de la pluma de esteinfeliz autor: por lo que soy de parecerque
es digno de que V.I. lo mande condenar, anatematizary prohibir con la
r99
Voltaireen Espagner7g4-t8j5
prohibici6n mds severaque acostumbra el Santo Tribunal. Asi lo siento, salvo,
etc.
Real Oratorio del Salvadorde Madrid, a 3o de septiembrede q7g.
PedroJosef Portillo.
Ilmo. Sr.
He leido atentamente el libro franc6s que se intitula Cdndidao el Optimismoy
la censura que le acompafray devuelvo.Nadie ignora que es obra del hereje
Voltaire porque demuestra el cardcter y genio de este abominable autor. Su
invenci6n, sus ideas, su colocaci6n, su critica maldiciente y contfnuo libertinaie,
todo dice que sali6 de aquellamano. Yo me detendriagustosamenteen confutar
los errores de este libro si merecierantal empeflo,El muy docto y iusto censor
ha manifestado que es una sitira contra el c€lebre Leibniz en lo efierior y que
en el fondo es un pernicioso sistemade deismo, cuyaspruebas tiran a ridiculizar
nuestra santa religi6n. Las dos gravesreflexiones que el censor ofrece a la culta
comprensi6n de V.I. descubren la impiedad de Voltaire y la iniquidad de su
libro. Porque hace ver la extravaganciadel pretendido optimismo o de otro
mundo mejor que el que Dios ha criado, y la falsedad de los c6mputos
cronol6gicosatribuidos a los chinos e inventadospor los hereiespara destruir
las verdadesde la SagradaEscritura. Trabaio que excusael mfo y que no me
permite afladir a 6l la m6s leve reflexi6n.
Dir6 solamenteque ademdsde las herejias formales,blasfemiasherdticas,
obscenas,denigrativasy demaproposicionessapientesheresim, escandalosas,
siadamenteperniciosasque ha notado el censor en las pdginas6, 14, 17' 20'
37, 40, 42, 50,62,7O, 99, rrr, t37, r45, r75, r89, rgg y 2r+, he advertido
otras muchas proposicionesque contienen los mismos errores, impiedadesy
escdndalosarriba dichos.
Por eiemplo,en la pfg. 3 que es al principio de la obrarefiere que la naruraleza
habia dado a Cdndido las costumbresmis dulces. Proposici6n obscuray enfitica
de deistasque atribuyen a la naturalezala creaci6nde las almas.
En la 5 hace burla de la teolog(a,llamdndola metafisico-teologo-cosmolonigologia,que quiere decir cienciapueril y despreciable.
En la 7 hace alusi6n ir6nica a la salidade Addn del paraiso,y con estaidea
pinta la salidade C6ndido de una casade campo.
En la ro ridiculiza la idea que tenemosdel libre albedrfo.
En la r r se burla de la acci6n de graciasque se debe a Dios en las batallas.
En la r 3 pondera los excesosdel celo de la religi6n.
En la r4 alaba a un anabaptista,como repar6 bien el censor, y afrade la
200
Apperdices
descripci6ndel hombre a quien llama ente que tiene dos pies y no tiene plumas.
En la 16 encareceel amor humano demasiadamente.
En la r7 cuenta un sucesoabominable,que el censor tuvo la prudencia de
pasarloen silencio.
Enla zz introduce un marinero audaze inhumano que deciahaber navegado
cuatro vecesal Jap6n sobre un crucifiio, lo cual es una burla de los prodigios
de S. FranciscoJaviery de otros santosen aquel pafs.
Desde la z3 hastala 37 todo es una s6tirasangrientacontra el santo Tribunal
de la Inquisici6n con motivo de hablar del que reside en Portugal;y asimismo
ridiculiza a los Sumos Pontificesy toca puntos en que ofende gravementea la
religi6n.
En la pdg. 47 dice que una potencia cristiana hizo tratado de paz con el rey
de Marruecos ofrecidndole todo lo necesariopara destruir el comercio de otras
potencias cristianas. Esto zahiere a nuestro augusto monarca y asf se decia en
las gacetxsde Londres del afro de ry6g.
En la 53 refiere un caso supuesto para ridiculizar al patriarca Abraham
cuando ro96 a sara su muier en Egipto que diiesea Fara6n que era su hermana
y cuando 6l mismo lo diio a Abimelec, rey de Geraris, y abomina la conducta
de Abraham posponiindole a Cdndido, de quien dice que tenia un alma muy
pura para usar de las mentiras oficiosasaunque le fuese muy ritil.
En la 66 y 67 sostieneque los monos son parte de la especiehumana.
En la 86, aunque declaraiustament€contra el mal tratamientoque dan a los
miserables negros en Am6rica, satiriza a la religi6n que lo tolera.
Acerca de lo contenido en la pdg. r r r ya dijo el censor lo que juzgaba,pero
como es una historieta muy obscenay que se extiende hasta la p6g. tft afrado
que la tengo por escandalosay satfuica.
En la r 17 tra'tade torpezascometidaspor cdndido en venecia en casade su
hudsped.
En la tzz desprecialos libros de sermonesy de teologiay los posponea una
p6g1nade S6neca.
En la r4o se burla de la uni6n del alma y cuerpo en nombre de la armonia
de Leibniz.
Desde la pig. 156 hasta la r58 hay un razonamientode un fil6sofo que es
capazde seducir a entendimientospoco instruidosen la religi6n.
Desde la 16r hasta la 16z cuenra las torpezassodomiticasde un persa y
afladeque asfse eiecutano s6lo en oriente sino en muchos colegiosde Europa.
En la 163 introduce una cuesti6n entre doctores persianossobre el cordn
de Mahoma y toda es alusivaa nuestrospuntos de controversiay al modo de
disputar acercade ellos.
En la r 64 dice asfen boca de un persaque queria llevar a cdndido a la corte
201
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
de Ispahdn: teme atreer sobreti la omganza del Cielo y, lo que es mds, la de los
frailu.
Desde la 166 hastala 168 refiere lo que pas6 C6ndido con el sufi de Persia
para entrar en su gracia y amistad. Esta idea parece c6mica, pero en el fondo
es herdtica, porque en ella denota que nuestra religi6n engafla a los hombres
persuadidndoles a que crean que Dios oprime y castiga a los que ama y elige
para su gloria, y que se complace en ver padecer al inocente y que asi lo permite
para {nayor mdrito de la criatura. Esto lo encubre con el hecho del sufi, a quien
llama rey de reyes para que conozcamosque habla de la divinidad, y este modo
de decir es muy com(n en las obras de Voltaire, como se puede ver en cualquiera
de ellas cuando ridiculiza nuestras ideas que nos da la religi6n acerca de la
divina providencia.
En la r 7 r hace una pintura horrible del Santo Oficio y aunque le representa
en ministros de la religi6n de los persas usa de expresionesde nuestra teologia
can6nica para que no se dude de qui6n habla y a qui6n satiriza.
Enla ryz profiere doctrina her6tica ponderando el bien de la filosofia en
cuanto al amor de los pr6iimos, como si iste no procediese de la ley de Dios.
Y mds abaio habla de la misi6n evangdlicacon desprecio,llamando missidominici
a los gobernadoresque envia el sufi de la Persia a sus dominios.
En la r73 vuelve a hacer menci6n de muchos pasaiessatfricos,escandalosos
y obscenosque est6nesparcidosen la obra.
En la r74 se dibuia a sf mismo en la persona de C6ndido, y aunque en el
todo de la historia se conoce que fue a manifestar cuanto le aconteci6 en Paris,
en Inglaterra, Holanda y Prusia, sin embargo ahora pinta con vivos colores su
retiro a Ginebra, su vida privada, su casa de campo y dem6s diversiones que
convidan a deleitesimpuros, en que sostieneque se halla el mejor mundo.
La narraci6n de lo que a esto sigue ya la not6 el censor sobre la pilg. r7S,
pero en las 176 y ry7 adelantael autor obscenidadessin nrimero.
Desde lapdg. r79 hasta la r8z cuenta la fabulosahistoria deZirza, la cual
es una s6tira contra la vida religiosa y separada del siglo. Si no me engafio
parece que hace alusi6n a cierto caso que aconteci6 en Lisboa en el afro del
terremoto con una monja que huy6 a Ginebra, segrin se diio en aquel tiempo,
y las sefrasque da la historia son iddnticas con el sucesopara sospecharloasi.
En la r83 hace descripcioneshibricas de Zirza.
En la r84 dice que el fastidio del deleite carnal era en Cdndido efecto de
pensamientoscristianos, no porque suponga en 6ste religi6n ni virnrd, sino por
burlarse de lo que nosotros llamamos pensamientoscristianos que siendo tales
causan odio y fastidio de las culpas.
En la r85 propone a un iesuita expulso con muier e hijos a quienes cria y
educa en santo temor de Dios, y asi lo dice por burla, no porque fueseasf.
202
Appendica
En la r86 ridiculiza la devoci6n y verdadera piedad, y aflade que el gobierno
se detiene en averiguar locuras de gentes que dicen renegaron de Dios e
hicieron pacto con el demonio.
En la r93 suelta esta proposici6n escandalosay que respira irreligi6n: /as
fil1sofosno se embarazancon hs hombra con quienessusmujerestienenhijos, como
los tengan,y luego exclama a favor de la populaci6n sea del modo que fuere.
En la 196 cuentalo que aconteci6a C6ndido entre los laponesde la Noruega
y todo es alusivo a la proposici6n anterior.
En la zoo propone la funci6n de un entierro y dice claramente su sentir en
orden al materialismo. Desprecia las oraciones por los muertos y hace burla de
los sacerdotesy cldrigos que van cantando los salmos.
Desde la pig. zoz hasta la zo6 refiere el caso de Zenoida, el cual es una
ironfa contra la sacra escritura especialmenteacerca del pecado de Ad6n. Usa
de palabras del Evangelio en boca de birbaros gentiles, y todo cuanto dice es
herdtico, impfo y de sistema atefsta.
Ultimamente desde la zo7 hasta la 238, en que acaba el libro, se desata el
autor en obscenidades,en calumnias y proposiciones herdticas. Por lo cual soy
de sentir que estelibro mereceser prohibido con toda la severidadde las leyes.
Salvo siempre el juicio de V.I. a que me someto.
Madrid y diciembre zz de ry79.
Fr. Francisco de Guzmfn.
203
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
AppendiceF: Qualificationsde Zad.ig
Archivo hist6rico nacional(Madrid), section Inquisici6n, liasse4465-5
Ilmo. Sr. - He obedecido con el mds gustoso rendimiento el orden de V.I.
leyendo el libro francds delZadigo Destino,y despudsde su lecturay de una
atenta reflexi6n sobre ella, la hallo mris bien digna de la critica censura de la
RErtbhca dc Letras del Sr. SaavedraFaiardo que de la seria circunspecci6n de
este Santo Apost6lico tribunal. El libro, ciertamente, es tan despreciable, su
asunto tan rid(culo y los pasaiestodos de 6l tan insulsos y desabridos, que es
necesario abultar algunas de sus cl6usulasy darles cuerpo para que no quede
sin ejercicio la vara censoria. Una de las cldusulas que pudieran dar motivo a
la censuraes la que se lee al fol. ro5, donde queriendo Zadig (que es hdroe de
aquella historia o novela) apaciguarlas dnimas encolerizadasde ciertos hombres,
originarios de diversasprovincias y sectariosde diversasreligiones, que casualmente habian concurrido a un mismo mes6n y habfan empefrddoseen defender
respectivamentela antigiiedad, las costumbres y el idolo que adoraban en su
regi6n o provincia; queriendo (digo) Zadig apaciguar los dnimos encendidos,
no menos con la bebida que con la disputa, los interrumpi6 y diio: 'Vosotros,
amigos mios, estdis altercando sobre nada: porque todos sois de un mismo
dictamen. A esta proposicidn se regociiaron todos, y Zadig prosigui6 diciendo
al celta (uno de los concurrentes)4no es verdad que vosotros no adordis el
encino a su corteza,sino a aquel que cri6 el encino?Seguramente,respondi6
el celta. Y vos, Monsieur Egipcio, ano reverencidisen ese buey al que os ha
dado los bueyes?Si, dijo el egipcio. El pez Oanes, diio Zadig al caldeo, sno
debe ceder al que hizo el mar y los peces?Lo concedo,diio el caldeo.El indio
y el catayense(afradi6 Zadig) reconocen, como vosotros, un primer principio y
aunque no he comprendido lo que dice el gnego, estoy cierto de que admite
tambidn un Ser Supremo. Admirado el griego dijo que habia entendido muy
bien Zadig su modo de pensar. Pues ved aquf (concluy6 Zadig) como todos
estdisde acuerdo.'
Esta riltima cl6usula llamaria, puede ser, la atenci6n a algrin escrupulosoy lo
persuadiria a que en ella se aprobaba implicitamente la idolatria, porque no se
reprende el culto exterior dado por aquellos hombres a las criaturas, lo que es
realmente idolatria y digno de que se los advirtiesey reprendiese el que se finge
director o rirbitro de las disputas y contiendas de aquellos paganos.Pero a mi
no me parecehaber en dicha cldusulacosaque pida la censurateol6gica,porque
a m6s de que el Zadig se supone un hombre lego, sin letras y, por tanto, incapaz
de razonar con aquella delicadezaque pudiera un te6logo, se da a entender que
6l no estabaimpresionado de algrin error contra la fe. Lo que s€ hace patente,
lo primero porque confiesa un Ser Supremo, Criador de todo; lo segundo,
20+
Appendices
porque conocey quiere instruir a los dem6s,en que s6lo aquel Supremo Ser
es acreedor a las adoraciones y cultos de los hombres: confesi6n y dictamen
que hizo ver no s6lo en aquel lance, sino en otro anterior en que para redargiiir
a su amo y sacarlo del error en que estaba de tributar adoraci6n al sol, luna y
estrellas,'porque estos son (decia el amo aZadig, que era egipcio) porque estos
astrosson unos entes eternos,de quienes recibimos innumerablesbeneficios'.
Para sacarlo de este error le diio que muchas y mayores ventajas sacabandel
mar Roio, pues por 6l conducian sus efectos a las Indias y sin embargo no por
esto tributaban adoraci6n al mar Bermejo, ni la antigiiedad de los astros los
hacia dignos de aquella adoraci6n, pues tan antiguo era el mar Rojo como las
estrellas, y aun le dijo con toda claridad que no merecian m6s las estrellas el
homenajeque les daba que un 6rbol o un peflasco.
Que no fuese culpable la omisi6n de reprender y detestarla externa adoraci6n
que tributaban los concurrentes del mes6n, que se diio arriba, lo fundo yo en
que, suponiendo que Zadig no trataba sino de sosegarlos dnimos de aquellos
hombres y reducirlos a la concordia, seria inritil su trabajo y obrarfa imprudentemente si de un golpe quisiesearrancar de sus corazoneslas err6neascostumbres
en que estaban nutridos y educados;por eso, satislechocon hacerlos que
confesasenel principal articulo de nuestra fe, de ser s6lo uno el verdadero Dios,
Criador de todo y de ser s6lo 6ste a quien se deben todos nuestrosrespetosy
homenaies,se hizo desentendidoo se olvid6 de condenarlasla externa adoraci6n
y el culto material, que por costumbre envejecida (y, por tanto, dificultosisima
de borrarse) tributaban a aquellas diferentes criaturas que ya vimos.
Estilo es 6ste que se observapor los hombres m6s cristianos, mis cat6licos y
m6s cuerdos en nuestrostiempos,pues cuando6stosconcurren en los cantones
y provincias en que hay libertad de conciencia o donde, por raz6n del comercio,
es permitido el trato y comunicaci6n con los sectarios de diversas religiones,
jamds se iuzgan obligados a instruir en las verdades de nuestra religi6n a los
que no la profesan; antes callan prudentemente y cierran sus labios en llegando
algrin imprudente a suscitar puntos dogmriticos y de teolog(a. Ultimamente,
todo escrupulose debe sosegarcon las cldusulasque concluyenel pasaje,pues
dice que, advertido el amo de Zadig con sus sabias instrucciones, 'no prodiga
en adelante su incienso a las criaturas y adora al Ser Eterno que las hizo'.
Otra proposici6n se lee al fol. 69 que pudiera asustarlos ofdos delicados,la
cual se concibeen estost6rminos: 'lQud es esto,qu€ sucedeen la vida humana!
ivirtud, de qu6 me has servido?' Pero si no me engafro Ia misma proposici6n
se halla canonizada en el libro can6nico de Job, al cap. 9: 'Si lotus fuero quasi
aquis nivis, et fulserint velut mundissimae manus meae: tamen sordibus intinges
me et abominabuntur me vestimenta mea.' Lo que interpreta el doctisimo
Pineda y la perifraseade este modo: 'Scio, enim satis,quam vis omni cura et
205
voltaire en Espagner7j4-r8j5
studio vitae candorem et morum puritatem comparare studeam, fore, ut non
ideo poenarum,atque dolorum experssim ... recte,et rite ad peragendaspreces
et ornne pietatis officium perficiendum me nunquam non comparavi. Reputor
nihilominus pollutus, et sordidus peccatifacibus,etc.'Bien conozco(deciaJob
a Dios) que aunque yo me haya empefradocon todas las fuerzas de mi espiritu
a conservar el candor de mi alma yltpureza de mis costumbres, no por eso me
he de ver libre de las penas y castigos qu€ se hacen a los reos y delincuentes.
Palabras que equivalen a estas: Bien veo que las virtudes que he procurado
practicar de nada han de servirme para no experimentar las incomodidades y
revesesde la suerte adversa.O mds bien equivalen a estasotras: Ya s€ que el
plan de mi conducta, por m6s que lo haya regulado yo por el sabio nivel de las
virnrdes, no me ha de libertar de los rigores de una fornrna adversa en esta
vida. ;Y esto no es lo mismo que dice Zadig en la novela del librito? Virtud, lde
qu€ me has servido?No hay duda que es asi, porque no habla del premio eterno,
que corresponde en la otra vida a las virnrdes, ni del eterno galard6n que tiene
prometido y que ha de dar el Juez supremo a los que obraran bien, sino de la
correspondenciacon que el mundo parece que debia pagar al que obra bien.
Puntualmente, esta fue la disputa que tuvoJob con sus amigos, y a la que hace
alusi6n en las palabras ya citadas. Ni Job ni sus amigos dudan que la divina
Providencia obre con tal arreglo a la justicia que niegue el galard6n futuro de
la gloria a los que hicieron mdrito para 6l con sus virnrdes; 1oque s6lo altercaban
y lo que era de objeto s6lo de sus dudas o de su disputa,era si este cuidado y
providencia con que gobierna Dios el mundo se ajustabade suerte a los sucesos
de esta vida y a la conducta de los hombres, que a los que obrasen bien les
debia concederno s6lo el premio merecidode la gloria, sino tambi6n el premio
temporal de una fortuna pr6spera; o si en virnrd de su incomprehensible rectitud
e investigable justicia confundfa o mezclaba indiferentemente y repartia los
bienesy los malesa los justosy pecadores.Esto fltimo sentiaJob,esto defendia
y esto trataba persuadir a sus amigos,los cuales,engafladoscon el falso dictamen
de que no atormentaba ni afligfa la divina Providencia en este mundo sino a los
delincuentes,se empeflabanen aconseiarleque mudasede conductay reformase
su vida para que Dios cesasede afligirlo y meiorase su fortuna. Asi lo escribe
el gran Pineda: 'Videtur disputationis materia, an supposita divina Providentia,
sic Deus cum fustis agat, ut non solum futura proemia illis constituat, sed
etiam temporalia conferat; an, verso, quae temporalia sunt bona et mala, sine
discrimina, nunc probis, nunc improbis imitat? Sic censet Job et tuetur ... e
contra amici contendunt malis avenire mala, etc.'. Luego, no siendo otro el
sentido de la proposici6n del Zrdig, sino el de Job, no vi en ella cosa en qu€
t-ropezar.
Como tampoco le vi en otra cl6usula o proposici6n que se lee al fol. rz4:
zo6
Appendica
'1Oh fortuna, oh destino! 1Un ladr6n es feliz y yenturoso y lo que la naturaleza
ha hecho de m6s amable, una hembra hermosa, virtuosa, ha perecido!' No hay
(digo) cosa en estaproposici6n que seadigna de censura,porque tiene el mismo
sentido, y porque todo cuanto se cuenta en €sta fabulosa y ridicula narraci6n
se endereza precisamente a divertir y entretener el dnimo de los lectores por el
mismo camino que lo entretienen las demds novelasy comedias,poniendo casi
siempre al h€roe de ellas adornado por una parte de mil prendas y honrosas
cualidades, y por otra ultrajado y perseguido del destino o de la fortuna. Pero
que este destino o fortuna sea algin numen o alguna fuerza omnipotente,
superior a la Providencia divina, ni lo dice ni lo insinria ni lo da a entender el
libro denunciado,de que se habla; antes,cercadel fin y en el fol. r94, dice: La
reina y 6l adoraron la divina Providencia, etc. y por riltimo, las cl6usulas con
que se cierra el libro son de este tenor: 'El reino desde entonces 9oz6 de paz,
de gloria, de abundancia; 6ste fue el mis bello siglo de la tierra, porque ella fue
gobernada por la iusticia y el amo4 se le daban mil benediciones a Zadig y
Zadig se las daba al cielo.' Cldusulas, a la verdad, cristianas y piadosas,y que
purgan de toda sospecha el libro, cuando por otra parte hubiera algo que le
hiciera sospechoso.
Lo irnico que iuzgo digno de borrarse es la indecorosa o ridicula conferencia
que supone hubo entre no sd qu6 mujer y un 6ngel, a quien da el nombre de
Asrael, fol. r7; y en el fol. r93, en donde se hace menci6n de otro 6ngel y lo
llama con el nombre propio de Jesrad, uno y otro comenticios, ap6crifos y
opuestosexpresamenteal mandato de este Santo Tribunal, quien prohibi6, por
su edicto, que se diesennombrespropios a otros Sngelesque no fuesenlos tres
que constan en la Escritura, Miguel, Rafael y Gabriel. Mandato iustisimo que
renov6 la prohibici6n que de lo mismo se hizo en el concilio romano, celebrado
el afro de 745 en el pontificado de Zacarias,quien al oir la oraci6n deprecatoria
que habfa hecho Aldeberto a los santos 6ngeles,invocando a ocho de ellos, se
levant6 de su silla el Sumo Pontffice y dijo: Todos, todos esos nombres,
a excepcidn del de Miguel, todos son nombres de demonios. No sabemos
puntualmente de otros sino de los que la Escritura nos seflala:Miguel, Gabriel
y Rafael. 'Qua lecta oratione, in qua erant octo nomina angelorum, dixit
Zachaias: Haec nomina, praeter Michaelis, omnia sunt demoniorum. Non plus
quam trium angelorum nomina agnoscimus,id est: Michael, Gabriel, Raphael.'
Por indecorosa e indecente (digo) parece digna de borrarse esta colocaci6n del
6ngel con las personasde la novela,porque nada mds indecenteque mezclar a
aquellos espiritus celestialesy bienaventurados(que estdn siempre gozando de
la vista de la verdad eterna e incomprensible) en f6bulas y patraflas,y nada m6s
indecoroso a unos ministros del altisimo, que no se ocupan sino en negocios
graves de la honra de Dios y de la salud de los hombres, que fingidos o
207
Voltaireen Espagner7j4-r9j5
suponerlos ocupados en frfuolos asuntos de este mundo. Desdice, pues, semeiante conferencia, ridicula a la reverencia y respeto con que debemos mirar a
los santos6ngelesy a la veneraci6n que les debemos:'Simus, ergo, devoti, simus
grati tantos custodibus, redamemus eos, honremus eos quantum possumus'
quantum debemus', escribe San Bernardo en el serm6n rz. De todo lo cual
infiero que estassolas proposiciones que respectan al ringel son acreedorasde
miscmssacraprofanis; pero no de modo que pueda equivocarsecon la ofta nota
o censura de subsanatiztanlstr&e religionis,pues 6sta no puede verificarse sin
sacvaprofanh muchas vecesse encuentra (como
error conffa la fe, y lt de miscens
de
error en la fe, como se ha visto. Ni aun se
en nuestro libro) sin sospecha
a
este
Santo Tribunal, que manda, arreglado a
puede acusar de desobediencia
propios a los 6ngeles,porque siendo
que
con
nombres
no
se
llame
los concilios,
la
no
baio
francds,
estd
el autor
iurisdicci6n de este tribunal; a mds de que el
libro se imprimi6, si no me engafro, antes de publicarse este edicto, que digo
arriba, prohibitivo de estos nombres. Ni tampoco el concilio romano que he
citado es ecum€nico y general para que de su transglesi6n se arguya herejfa o
sospechade ella, y mds cuanto le falta aquella circunstancia que seflala el llmo.
Melchor Cano para que sus decretos se regulen como dogmas de fe: esto es'
que en los decretos del concilio se pongan estascl6usulas:Contrarium afferentes
pro hereticis judicentur. Pues, como dice el mismo Cano: 'Multa siquidem ad
sanam Eclesiae disciplinam pertinent, quae fidei decreta non sunt.'
Tengo eiecutado el orden de V.I. y no dudo haber cometido muchas y graves
faltas en la eiecuci6n, pero ellas serin originadas de mi ignorancia, no de mi
deseo de acertar ni de la eficacia y actividad en buscar el acierto; por lo que
suplico a V.I. me disculpe y me mande cuanto gustare para manifestar mi
rendida obedienciaa sus 6rdenes.
San Diego de Mdxico y diciembre 16 de 1783.
Ilmo. Sr., se pone a los pies de S.I. su mds atento capellin,
Fr. Jos6FranciscoVald6s.
Ilmo. Sr.
El Inquisidor que hace de fiscal ha visto el dictamen del Padre calificador Vald6s
sobre la obra francesa intitulada el Zad.ig y halla que no le aplica censura
teol6gica; pero aunque ella no contenga cosa que la haga digna de prohibici6n
y aunque no fuesen dignos de expurgaci6n los nombres extravagantesde 6ngeles
que nota el calificador en los folios 17 y r93, en que procede con demasiada
indulgencia, comprende el Inquisidor fiscal que dicha obra debe recogerse
como prohibida in odium autoris. Este no consta qui6n seaexpresamente)pero
no faltan escritores que la atribuyen al infeliz hereje Francisco Maria Arouet
de Wolter, cuyas obras todas est6n enteramente prohibidas por la Inquisici6n
zo8
Appmdices
de Espafra. La Pintura del apfritu de los esctitores
francesesdade FranciscoI hasta
el afro de 1774 indica ser parto de Volter la dicha obra, y aunque el comisario
de Xalapa en su carta de remisi6n la insinria con alguna duda.
Por tanto, para salir de la que queda acerca del autor de dicha obra y formar
el necesario concepto de su m6rito, evitando al mismo tiempo el trabajo inritil
o superfluo a los dem6s titiles y dignos calificadoresque tiene el tribunal, parece
conveniente que se remita a uno de ellos, cual es el Padre Gandarias, para que
informe solamente si dicha obra es la misma que con titulo igual de Za"dig
escribi6 Wolter; con orden de que en caso de tener dicho calificador la misma
duda, revea y califique los folios r7,69, ro1, rz4 y r93, en que parece haber
mayor tropiezo, extendiendo su censura a toda la obra en el caso de hallar en
dichos folios alguna cosa digna de expurgaci6n o prohibici6n. Y en vista de su
dictamen protesto pedir lo que a mi oficio fiscal convenga.
Secretode la Inquisici6n de Mdxico a r9 de abril de 1784.
Dr. Bergosa.
Ilmo. Sr.
Aunque no he podido certificarme si el Za^diges una de las piezas fugitivas de
Voltaire, pues ninguno de los irnpugnadores que he le(do la cita o reconviene
sobre dicha novela y yo no tengo tampoco la lista de todas sus obras; pero sea
o no producci6n suya,tiene resabiosa su modo de pensar y escribir, difundiendo
la s6tira y el veneno baio las personas y profesi6n de los interlocutores que
introduce, como hizo en su Epistolaa Urania, en su tragedia de Mahom&, etc,,
en las que vomit6 los mds horrendos dicterios y blasfemias bajo los personajes
supuestosde su fdbula. Asi en estanovela de Zadigproduce m6ximas contrarias
a la religi6n cat6lica y otras proposiciones peligrosas, haciendo hablar ya al
persa, ya al drabe, al chino, al celta, etc., preocupados de su falsa religi6n e
imbuidos en los errores de sus pafses,como consta de las p6ginas denunciadas,
en las que insinria ya la transmigraci6n de las almas de uno a otro mundo, ya
el fatalismo y encadenamientoinevitable de las causas,que destruye la libertad,
ya el deismo y otros horribles dogmas, aunque solapadosy disimulados con
arte, como en la pdgina r69, donde dice 'las ciencias,las buenascostumbresy
el valor no me han servido mfs que para mi desgracia;se desliz6 en fin (Zadig)
en munnurar contra la Providencia y le falt6 poco para creer que todo se
gobernaba en este mundo por un hado cruel, que oprimia a los buenos y hacfa
prosperar a los caballerosverdes'.
Ademris de los pasajesanotadosen la denuncia, el cap. r z intitulado Rmdezorus es inductivo atorpeza y estd escrito con una salacidad de un autor de la
Pucellede OilAans,a quien imita, si no es un mismo escritor. En la pr{g. r8g da
por cierto la creaci6n de millones de mundos, quita la contingencia de las
2o9
Appndica
Vohairen EsPagnet7j4-r8j5
AppendiceG: Qualificationde I'Euangiledujour
y parece querer
causas;aunque en este punto habla con afectada religiosidad
la c,ontingenquita
ni
providencia
cuya
primera,
ia
causa
a
ser entendido respecto
y
fin toda la
en
racionales;
criaturas
las
de
la
libertad
ni
,.gund",
cia de las
del
peroraci6n a-et rato 6ngel Jesrad, que es el €xito y desempeflo o salida
y
lances
pasaies
r.o*"n." o novela,y al que como centro se encaminan todos los
menciona
del zadig, est6 sembrada de cl6usulas sapientes el fatalismo, si bien
con que
voces'
6rdenes eternas' Providencia y otras bellas
el Ente iupr.-o,
nombre
el
en
solapar el blanco propuesto en la novela, que quiso significar hasta
de Zadig ou Destinte:suelte' hado, destino'
No p uedodeiar dee x p o n e ra l a re fl e x i 6 n d e V.I.o trorasgoconquese
libertinos, y
significa el autor del Zadig, estar tocado del tizne de los modernos
un presente
que
es
es el elogio que hace en la p6g. r rg del placer o delectaci6n,
'Deus
Ang6lico:
Dr.
del
divino, pues aunque .r n.id"d la celebrada sentencia
puede
sentido
y
este
en
apposuit rebus delectationes propter operationes',
autor estd
llamarse dddiva de Dios; pero justamente me temo que la mente del
que
epicfreos)
modernos
los
de
antes bien imbuida en la perversa sentencia
operaciones
humanas
las
de
m6viles
establecenel dolor y el plaier por los dos
Dr. Angdlico
aun en el orden moral, que en la sana doctrina arriba traida del
la
conservaci6n
a
necesarias
las
acciones
de que sazon6el Autor de la naturaleza
para
el fin de la
delectaci6n
de
la
a. t", .rp..ies e individuos con el aliciente
si misma
por
delectaci6n
que
la
se
deduce
operaci6n; de donde legitimamente
de los
doctrina
que
es
contradictoria
nt drb. ser ni buscada ni eiercitada,
y
el
deleite
en
felicidad
su
que
constifuyen
epicfreos antiguos y modernos,
por
divino
presente
de
califica
cuando
autor
el
cuyo lenguaj. p"r".. adoptar
y libre albedr(o,
ariono--"sia el placer, debiendo darla a lnraz6n, entendimiento
en no conocer
Helvetius'
de
y
discipulo
epicfreo
pero habla como materialista,
placer'
y
el
del
dolor
fisicas
m6s que las sensaciones
intitulado
En vista de lo expuesto soy de sentir se proscriba in totum el libro
Za.dig ou Destinie.
r784.
Ei el Convento de N. P. Santo Domingo de Mdxico a z5 de mayo de
Fr. Domingo de Gandarias' maestro calificador'
Archivo historico nacional (Madrid), section Inquisici6n, hasse45zz-zg
1
;
;
t
f,
l
I
rl
T
t
Ilmo. Sr.
Con nuestra posible atenci6n hemos lefdo el libro adiunto, que V.S. se ha
d.eldfa escito en idioma
dignado confiar a nuestra censura,cuyo t(tulo: Eztangelio
franc6s, impreso en Ginebra, afro de mil setecientossesentay nueve. El cual
nos parece estar enteramente comprendido en la regla diecisiis del Indice
expurgatorio de Espafra. No es esta obra m6s que un encadenamiento de
proposiciones formalmente herdticas, blasfemas,cismiticas, sediciosas,piarum
aurium ofensivas,simplicium seductivas,impfas, escandalosas.Niega la autoridad, legitimidad y veracidad de las Santas Escrituras del antiguo y nuevo
testamento, lo que bajo de anatema condena el santo Concilio de Trento en la
sesi6n cuarta de Canonicis Scripturis. Y tambi6n niega la autoridad de algunos
Concilios generaleslegftimos, como el Niceno, el Efesino, pues absolutamente
niega la divinidad de Nuestro SeflorJesucristo, diciendo ser solamentehombre,
sino tambi{n expresamenteniega la maternidad de Dios en Maria Santisima y
la precesi6n del Espiritu Santo a Patre et Filio. Y en particular en la primera
pieza, t(tulo: Professiondefoi desthiistes se contienen proposiciones contra el
Santisimo Sacramento de la Eucaristia, contra las cruzadas; es muy iniuriosa y
satirica al catolicismo y a sus leyes civiles.
z' titulo: Los dtrechosde los homhresI usurpacionade lo ageno'Vehemente
iniurioso a los Papas y a la religi6n cat6lica; irrisorio de las indulgencias,
purgatorio, misas, reliquias.
3" t(tulo: Ey'istolasa losrlmqn1s,iniurioso a San Pablo en su Epistolaad Roman1s;
iniurioso a San Lucas como autor delAaus Apostolorumy por consiguiente en
el articulo no r her(tico; en el z" cism6tico y sedicioso contra el gobierno
eclesidsticoy civil de los Papasl en el 3'her€tico denigrativo de muchos hechos
de la Sagrada Escritura y realmente irrisorio de toda ella, y nada menos de los
santosque celebranuestra SantaMadre lglesia,y especfficamentedel Sr. San
Antonio de Padua y de nuestro Padre San Francisco de Asis. En el 4o articulo
cismdtico,sedicioso.En el 5'herdtico, falso.En el 6oinsano,malicioso:equipara
el culto de Cristo, de sus santos,de sus milagros a la idolatrfa y supersticiones
de los gentiles y en cierto modo prefiere istos a aqu6l. 7" articulo: herdtico
contra los dogmas de la Sagrada Escritura sobre el infierno, gloria, fin de este
mundo. 8' artfculo: las nueve imposturas que cita el autor no ha sido m6s que
una fe humana y no divina, y aun a algunas de ellas ni fe humana' y por
consiguiente: muy iniuriosas a nuestra Santa Madre lglesia, impfas, falsas,
Articulo 9': cismdtico,sedicioso.
escandalosas.
4o art(culo: Homilias del PastorBourz. Herdtico contra la Sagrada Escritura y
2TT
Voltairem Espagnet7j4-r8j5
con sabor al teismo en las dudas que siembra sobre los misterios fundamentales
en los escfndalos que halla en la Sagrada Escritura, en odio a las riquezas de
la Iglesia y doctrinas de los te6logos cat6licos.
racionalesa MonsieurBergier.Her€lco contra la legitimidad
5; titulo: Consejos
de los libros de la SagradaEscritura, contra la verdad de muchos hechos,contra
las religiones franciscana,capuchina, etc. Contra algunos dogmas de la religi6n
cat6lica, contra leyes y hechos iustos de algunos reyes cat6licos. Equipara
ir6nicamente la divinidad y milagros de Nuestro SefrorJesucristo con la de los
idolos gentflicos y con los milagros supuestosde 6stos.
d,uCorps,etc.Persuasivodel teismo y tolerantismo con
6o titulo: Rantonstrances
desprecio de la religi6n cristiana. Al mismoJesucristo lo califica de tefsta' Niega
la legitimidad de los cuatro santos Evangelios y Concilios generales legitimos
de Nuestra Santa Romana lglesia.
y con blasfemia de
7o titulo: Fragmmt d'une lettre, atc.Persuasivodel defsmo
en
Bel6n.
nacido
Nuestro SeflorJesucristo
Cism4tico, her6tico, blasfemo.
8'titulo: Discounaux ConJiideris.
got(tulo: Les colimaqonsdcl Rawendo Padre, etc.En la carta primera es obsceno
en la materia y en el modo buf6n de que usa. En su cuerpo no es m6s que una
disertaci6n de materias fisicas, aunque en su principio tiene una expresi6n que
haciendo relaci6n a algunas propuestas de las piezas precedentes' parece algo
injuriosa y persuasivaa la extinci6n de las religiones regulares' como es decir
que si le cortaran la cabezaa todos los carmelitas y capuchinos no podrian
ricibir m6s novicios, €tc., como a las babosas cortada la ctbeza les vuelve a
nacer otra,
roo t(tulo: Dissenation du Physicien,etc. Ptece suponer en el principio la
existencia de muchos mundos, que es opini6n temeraria. En lo dem6s Parece
de santa doctrina.
Este es nuestro parecer acerca del adjunto libro, salvo meliori.
Sevilla, Convento de San Antonio, diciembre zo de ry98.
Fr. Juan Ram6n Gonzillez Fr. Juan Ramos Aguilera.
Appmdices
AppendiceH: QualificationdesCEuares
d.eP. etdeTh. Comeille
Archivo hist6rico nacional (Madrid), section Inquisici6n, liasse 4492-4o
De orden de los sefroresdel Tribunal de la Inquisici6n de Corte habemosleido
y examinado con todo reflexi6n una obra cuyo titulo traducido del francis dice:
Obros maestra dz PedroI Thomas Corneille: nuna edicitn aumentala con notasJ
mtnmtarios dc Voltaire, impresaen Parh afio 1788: caatro t0m0sal &. Es bien
notoria la impiedad de Voltaire y cualquiera obra suyadebe ser bien sospechosa,
pues cuando trata de materias de pura literatura y que no tienen concernencia
con nuestra sagradareligi6n y sus sagradosdogmas o respectablesceremonias
no deja de manifestar sus impios sentimientos y esparcir las semillas de su
incredulidad.
r' En el tomo I de dicha obra no habemos hallado cosa digna de censura
teol6gica. Pero en el segundo comienza a manifestarse su mala inclinaci6n y
costumbres. En la pdg. 74 de dicho tomo uno de los interlocutores del drama
intitulado Pofueuctomdrtir (que es el 6nico de asunto sagrado que hay en los
cuatro tomos) dice esta proposici6n impia, blasfemay escandalosa:Yo apruebo
que cada uno t€nga sus dioses y que los sirva a su modo y sin miedo. Es cierto
que el interlocutor que la dice es un pagano,Ilamado Severo,y no es de extrafrar
que hable conforme y consiguiente a las tinieblas de su gentilidad; y no hay
culpa ninguna en el poeta Corneille en hacerle hablar asf. Mas un autor que
fuera buen cat6lico y que quisiera anotar y comentar tales piezas, debiera hacer
esta misma prevenci6n a fin de que semeiantesexpresionesno escandalizasen
a los oyenteso lectores menos cautos,y m6s en unos tiempos en que los fil6sofos
libertinos estdn empefrados en propagar por fas y por nefas estas m6ximas
infernales. Por el contrario Voltaire, leios de hacer ninguna prevenci6n, s6lo
puso la nota que esti en la pig. ro3 de dicho tomo II, advirtiendo que la
expresi6n de que cada uno t€nga sus dioses y los sirva a su modo es baia y
c6mica, y que estaria meior dicho a su elecci6n, como que parece quiere dar
todavia mayor eficacia y energia a la impia proposici6n de Severo.
zo Todavia Voltaire da mayor fundamento para sospechar de su poca o
ninguna fe, con la nota que pone en la pdg. rog de dicho II tomo, sefraladacon
el nfmero 9. Recae esta nota sobre lo que en lap6.g.64 alegaun tal Albino al
gobernador gentil F6lix para persuadirle a que no quite la vida a Polyeucto,
dicidndole que el pueblo va a alborotarse en su defensa. Voltaire encuentra en
estaraz6n no s€ qu€ inconsecuenciapodtica, que a nosotros nada importa. Pero
lo que no podemos deiar de censurar y reprobar es el nombre que da Voltaire
a la constanciadel santo m6rtir. Es dificil (dice) que el pueblo que habfamostrado
tanto horror al criminal fanatismo de Polyeuctose alborotaserepentinamente en
213
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
su favor. Fanatismo es en boca de Voltaire y sus semejantes la sobrenatural
fortaleza de los mr{rtires deJesucristo.
3o Los mismos resabioso, por meior decir, clarasmuestrasde impiedad se
ven en la nota que pone en la pdg. ror del mismo tomo II. Recae sobre una
expresi6n que Corneille (prg. 4z) pone en boca de S. Polyeucto, cuando el
tirano querfa a fuerza de tormentos obligarle a ofrecer incienso a los falsos
dioses. ;Qud (dice el santo mdrtir) adordis vosotros dioses de piedra o de
madera?Y pone Voltaire en otra p6g. una nota sefraladacon el ndm. 8z diciendo:
Yo no responderd a esta falsa opini6n en que se estd de que los romanos
adorabanleflosy piedras.Pues,preguntemosaVoltaire, 2qudes lo que adoraban
los romanos?aQui cosaera aquelJfpiter, por mds que los paganoslo llamaron
Deum Opt. Max., sino madera, mdrmol o metal? ;Dir6 Voltaire que en aquellas
estatuashabia algrin espiritu que las animara o vivificara?Es cierto que, segrin
historias fidedignas, alguna vez hablaron aquellos idolos o estatuas.Pero se ha
de entender que para casfigo de la voluntaria ceguedady abominablestorpezas
de los id6latras permiti6 en aquellas ocasionesDios que los espiritus infernales
articulasen palabras por medio de aquellos simulacros; y tambi6n fue muchas
vecesficci6n y artificio de los infames sacerdotesde los idolos. 2Querrd Voltaire
que aquel Deus Opt. Max. deum sator atque hominum Rex fuera el solo
verdadero Dios que adoramos los cristianosi Lo m6s que se podr6 conceder es
que algunos pocos sabiosfil6sofos con solaslas luces delaraz6nnatural llegaran
a conocer y aun demonstrar la necesariaexistenciay unidad de Dios, pero como
no tuvieron las luces sobrenaturales de la fe, non sit Deum glorificaverunt,
como dice S. Pablo. En cuanto a la innumerable multitud de los paganos, sus
innumerables Dioses nunca tuvieron otro ser mds que el que les habia dado su
loca fantasfa;y aunque ellos los figuraban de varios modos y los adoraban bafo
de varias formas, nunca fueron m6s que barro, piedra, mdrmol, bronce, plata u
oro. Y as( no hizo muy mal S. Polyeucto (como sacrflegamentedice Voltaire)
sino muy bien como decimos los cristianos cat6licos en echar en cara a los
paganos esta necedad; ni lo que dice el santo m6rtir es un error u opini6n
comunes (como dice el impio anotador), sino una verdad de fe, que nos ensefra
nuestra sagradaescritura, llamando a los Dioses de los gentiles Deos lapideos,
aureos, argenteos.Y si no diganos Voltaire con toda su filosofia y erudici6n, lel
cocodrilo y las cebollas que adoraban los egipcios, qud otra cosa eran m6s que
cebollas y cocodrilos?
4o En el tomo III p6S.8: manifiesta del mismo modo su impiedad e irreligi6n,
haciendo burla del libro de Ester, que la Iglesia cat6lica en el Concilio de
Trento tiene declarado solemnemente por aut€ntico y can6nico contra otros
herejes tan desvergonzadoscomo 61.Este impio y devergonzadofil6sofo, que
en sus obras quiere hacer creer sobre sola su palabra mil cuentos absurdos y
214
Appendices
mentiras ridfculas, se burla de lo que el autor sagrado cuenta en otro libro.
;Qud rey (dice con sacrflegabufonada),qui rey Asuero deia pasar seis meses
despuds de su casamientosin saber de qud pais era su muier!, que manda
degollar a toda una naci6n, porque uno de ella no ha hecho cortesia a su visir,
que despu6s manda a este mismo visir que lleve de la brida el caballo en que
iba montado aquel otro. Y nosotros afradiremos: lQud descaro y atrevimiento
heretical el de este vano filosofastro!
5' La misma desvergiienzamuestra en la p6g. 89 del mismo tomo en una
nota que sefralacon el ndm. 34. Recae sobre el tono altivo con que la emperatriz
Pulqueria habia hablado al emperador Focas, y dice el atrevido anotador: No
ser6 inritil advertir aquf que S. Gregorio Magno escribi6 a este mismo Focas:
Benignitatem pietatis tua ad imperiale fastigium pervenissegaudemus; y luego
afrade:No pretendemos que Pulqueria hubiera debido imitar esta vil adulaci6n
de este Papa.Asi habla de uno de los m4s sabiosy santospontffices de la Iglesia
cat6lica un fil6sofo que dicen habia sido bautizado y que alguna vez quiso dar
a entenderque era cristiano.
6'En el tomo fV, ponderandoen la p6g. r35 un razonamientoque Geronte
hace a su hiio Dorante en la p6g. tz5 y n6 sobre las obligacionesde un
caballero, pone Voltaire una nota sefialadacon el ntimero z, y dice: Si se dijese
a los feroces enemigos del teatro, a los perseguidores de lo mis bello de las
artes: ios atreverfais a negar que esta escenabien representadahacer mayor y
mds dichosa impresi6n en el 6nimo de un joven que todos los sermones que
sobre esta materia se estdn cacareando todos los dias? Yo querrfa saber qui
tendrian que responder. Se deia bien entender a qui6nes llama ferocesenemigos
de los teatros y perseguidoresde las bellezasde las artes. Asi trata a los oradores
sagradosy predicadores del Evangelio, los cuales no persiguen ciertamente las
bellezas de las artes, ni reprueban las diversiones honestasaun en los teatros,
sino que encargan y deben encargar que s€ guarde aun €n los teatros la
moderaci6n, el decoro y la decencia que Voltaire no guard6 no s6lo en sus
dramas y obras podticas, sino ni en su conducta.
Por todo lo cual somosde sentir que, ademdsde que todas las obras de este
hereie o heresiarcase deben entender prohibidas en iusta detestaci6nde su
autor, la que censuramosdebe en particular entendersepor prohibida y condenada a causa de las desvergiienzas,esc6ndalos,blasfemias, errores y hereifas
que deiamosanotadas.
Madrid y Real Colegio de EscuelasPfas de San Antonio Abad a rg de
noviembre de r8or.
Hip6lito Ler6n de la Purificaci6n.
Manuel Torres deJesrisy Marfa.
215
r7j4-r8j5
VohaireenEspegne
AppendiceJ:'Carta de M. de Voltairea losparisienses'
Biblioteca feiioniana (Universidadde Oviedo), manuscritnon cot6, f.ztr-rg
Amables habitantes de las orillas del Sena, dignaos de leer estosversos, riltimo
fruto de mi numen. lOiali volaran ellos desde la morada de nuestros bellos
espiritus a otros lugares por mis escritos encantados! Yo acabar6 en paz mi
carrera demasiadolarga.
1Qu6 mudanza siente el hombre en su riltima hora! iQu6 aislado se halla!
Placeres, tesoros, gtandezas, todo huye de su vista menos los locos errores.
Ellos han huido leios de la mia. Esto es hecho: el velo cae; los oios levantados
a los cielos y el pie en la losa, yo veo en este momento Ia augustaverdad
derramar su mds viva claridad a el rededor de mi; ella esti acompafladade la
raz6n severa; esta raz6n por mi despreciada tan largo tiempo, m6s poderosa
hoy, ffuena en el fondo de mi coraz6n, el remordimiento y la eternidad lo hielan
de terror.
Pueblosa quienesyo he engafradocon amablesquimeras,apresuraosa entrar
en la ley de nuestros Padres.Llevado violentamente por el delirio y embriagado
de orgullo yo me atrevf a despreciar el Dios que es adorado en la tierra. Se me
vio producir monstruosos sistemasy contra su culto santo vomitar blasfemias
asombrosas.Demasiado h6bil en el arte de los cobardes impostores, me atrevi
foriando cuentos
a calumniar sus celososdefensores,y sobre nadasespeciosas,
insulsos, ridiculizarlos por bufonadas.
Honor, talento, virtud, nada me fue sagrado.Yo queria mudarlo todo y que
a mi voluntad la verdad en los espiritus se hiciera problem6tica y la Religi6n un
ser quimdrico. Yo querfa, forztndo al gdnero humano a pensar como yo,
agobiarlo bajo el yugo de mi ley. Yo pintd los horrores del cruel fanatismo y mis
mds vivos esfuerzos iban al despotismo. Fingiendo iluminarlo yo engafr€ al
universo, y gritando libertad presenti las cadenas, pero cubri de flores estos
lazos funestos con que supe oprimir algunos ddbiles esclavosen un cerco de
errores; y yo era menos libre que ellos y seguia a tiento una senda tenebrosa.
Mortal, ves aquf tu suerte cuando tu orgullo extremo desdefrapor antorcha la
verdad suprema.
Yo lo he dicho (1ah,qui6n puede a(n dudar de ello!): si Dios no existeera
preciso inventarlo. Este Dios cuya voz produce los milagros, aqui6n revel6 sus
ordculos entre los reldmpagos?,;qui6n conduciendo el pincel de los santos
Profetas con su fuego criador anim6 sus pinturas? Su hiio, la viva imagen y el
esplendordel Padre,bajo los velosobscurosde la humanamiseriavino 6l mismo
a encadenarel Demonio del error y el hombre en su Dios vio a su Libertador.
lQud pura es su moral y qui sublimes sus dogmas! El quiso expirar victima de
z1 6
Appendices
nuesffoscrimenes,y remiti6 a Cephassusleyesy su poder. Adoremosy creamos.
Veis ahi vuestro deber.
De un absurdo sistemaapologistasatrevidos,moralistas perversosy puntillosos sofistas,gqui bienes han procurado luestros dogmasinsensatos?iVuestros
ardientes celadores se han empefradomds en huir la fatigosaembriaguez de los
vanos placeres para vivir baio las leyes de la austera prudencia?Este Midas
hecho sensibley temeroso, icesa €l de engordar tantos pompososlacayos,de
mantener a grandes gastos su ociosa existenciay da algrin pan a la indigencia
triste? Lee, lee en tus negaciones, coraz6n de mdrmol, tu decreto que te
entristece sobre tu calavera.gPoneel esposoun freno a su capricho infame para
amar los dulces nudos de una honestallamal iSe ve acasoun menor eniambre
de deshonestasLais infestar con malignos vapores a todo Parfs y en coches
ligeros, brillantes con oro y cristales, baio el peso de los rubfes manifestar su
audacia?ll-a sutil trampa de infernal voz no brama ella mds en el templo de las
leyes?gNuestrosHdroes, despertando,hacen por su brio revivir la dichosa edad
de Crillon y de Bayard? ;Ah! Yo veo en estos guerreros perdidos por su
glotonerfa, beberse a grandes tragos el veneno de Venus. sHemos embotado
nosotros la espada de la guerra? iNo es ya el idolo de la tierra el interds? En
una palabra: pe la luz a los mortaleshonrar sus altarescon inciensomds puro?
Todo resuena con el nombre de Filosofia. El vulgar y el grande por todas partes
nos deifican, y en todas partes un vano luio y el vicio sin vergiienza extienden
sus destrozos imprudentemente. El mal gusto domina en nuestros brillantes
escritos y ellos apresuran la ruina de las artes, que vacilan. ;Ay! Todo se
corrompe. lBellos d(as del Universo, oh dicha general prometida con vuestros
versos tanto, edad de oro tan elevada,s6lo s6is un suefro producido por el
delirio y seguido por la mentira!
lAmados amigos! Que la confesi6n de todos mis errores ilumine tuestros
espiritus y corrifa westros errores.
Demasiado se sabe: mi musa fren6tica sobre el Pindo afect6 el imperio
desp6tico. Vosotros la visteis siempre sobre ddbiles gradetes distribuir los
puestos en el templo del gusto. Ella se atrevi6 a penetrar hasta el santuario y a
profanar con mano temerariadel pintor de Burrhus los laurelesinmortales.Del
padre del teatro balancearlos altares.Contestarel genio al maestro de la lira.
Al Esopo franc€s el arte de inventar y de escribir. Rehusar, en una palabra, al
autor del Lutrin el titulo glorioso de poeta divino.
lDesgraciado coraz6n roido de las serpientes de la envidia! 2Pudo dl iam6s
abrirse a las dulzuras de la vida? Todos sus dias se han sefraladopor tonnentos
nueyos.El esplendorde los talentos,el sucesode los rivalesera un peso que lo
oprimia y un hierro que lo despedazaba;llhacia su alimento de la hiel de la
sritira.iAy! Este monstruo 6tico, con la tez p6lida,los ojos hundidos, cuya boca
2r 7
Voltaireen Espagner7j4-r8j5
vomita un fuego ponzofroso, arroi6 sus tiros por mi mano extraviada sobre el
autor de Dido, sobre el padre de Atreo, aqu€l que por resortes de un oscuro
terror, ayudado de un pincel varonil y vigoroso, tuvo la gloria de abrir una ruta
enteramente nueva. Pompignan, que escogi6 por modelo a Racine, se mostr6
entre nosotros su mds digno rival; y acaso hubiera sido su igual un dfa si su
Musa hubiera seguido la carrera tdgtrca, pero 6l dirigi6 su vuelo al Pamaso
lfrico: sentado cerca de los altares de la noble Erato 6l punte6 su Lira algunas
veces con Rousseau.Yo queria usurpar el cetro de la escenay desfigur6los
rasgos de Melpomene. La traza, el interds, la verdad y el sentimiento, todo fue
eclipsado baio de un fasto que preocupa de marchas, combates, reldmpagos
espantosos,hogueras, cadalsosy sombras lamentables. En fin, los coloridos
engafraron a los oios; desapareci6 el buen gusto y yo obtuve los sufragios; se
me embriag6 de incienso.A ti Le Kain debo estoslaurelesy estoshomenaies,
es preciso confesarlo; mis hijos sin vigor van a morir contigo. Si: yo siento
redoblarsemi viva inquietud... Pero 1qu6, se me aplaude afn?... Este es un
mal habitual. Priblico indulgente, vos sanardisde 6l; el encanto va a cesar, y el
Juez me espera. ll-a posteridad, a quien yo temo y a quien imploro querrd ella
perdonar al amante de Zamora?;Y tu, caro Mahomet, en estacomrin desgracia
puedes alimentar la esperanzade sobrevivir a tu hermanai iAh! Que a lo menos
un hijo del cantor de Enrique [V en los fastos del teatro eterniza mi nombre.
gl-a relaci6n alabadade los hechos de este gran Rey est6 seflaladacon el sello
de la inmortalidad? No; el mis dulce pincel y la mris tierna armonia no pueden
suplir a los repentes del genio. Es forzoso estar animado de transportes m6s
nobles y del campo de las ficciones manifestar los tesoros, variar los colores,
echar ardientes llamas, encantar, enternecer y dominar las almas;y yo por vanas
expresiones,leios de herir el coraz6n, fatigu6 los oidos y adormecf al lector.
Cansado de correr inritilmente en la carrera 6pica marchd a tu templo,
agradable Ffsica. Tri no recibiste jam6s un espiritu fogoso, enemigo declarado
del iuicio. Yo queria en ella, esforzdndomea llevar la luz en el seno tenebroso
de la naturaleza,tomar algunasflores del tfmulo de Newton. Corri sin antorcha
lejos de estasregionescual un caballo sin freno arroidndoseen el llano sigue
rutas inciertas con saltosy rebotes.
Musa, cuyo l6piz graba en el fasto de los aflos las apreciables virtudes, las
accionesbrillantes y las pomposasmaravillas de los hiios de Apolo, yo me atrevi
a consagrartemis trabaios y vigilias pero te veo pisar (ardiendo de furor los oios)
aquellos escritos en que mostrando con un estilo encantador el frivolo talento
de agradar y de engafrar fui traidor a mi deber de ilustrar y de instruir, o en
que a una luz obscura se ofrece la verdad, o en que con m6s frecuencia la
mentira desvergonzada,cortejada de muchos, parece sin temor, o en que mi
pincel poco serio se agradabasiempre de pintar [con] pdlidos colores la virnrd
zt8
Appndices
aprisionada y el vicio triunfante a vista del universo. En fin, aquellos gruesos
compendiosllenos de obietosfant6sticosen que celosode balanceartus monumentos antiguos, quise levantar cerca de la ficci6n el trono del error y de la
ilusi6n.
1Ay,qu6 dichosofuera yo si mi musa ligera no hubiera jam6sdesmentidosu
aire y su caricter! Ella borr6 con eclipsesla Musa de Chaulieux, pero su tez
est6 m6s roja y su frente mds graciosa;ella es libre, dulce, ingenua, viva y
brillante; alguna vez desalifladay siempre seduciente; se le ve volteiar sobre las
flores de su albedrio y siembra en todo los mds frescoscolores;la naturalezay
el espiritu se anuncian por su boca y su mano hermosealos obietos que toca.
2Qu6no ha expresadoella siempreen susinocentesojos los acentosdel honesto
pudor?La gloria, que sobre mi luci6 desdemi aurora,ahorareposarf sobremis
cabellosencanecidoslpero a pesar del gusto, de las costumbresy de la raz6n,
esta Musa form6 sus lfneascon veneno;hizo jugar sus resortesen la espesura
de la sombra,y del fondo pestilentede la cavernasombria,sin respetarlas leyes
de la tierra y el Cielo, vomit6 sobre la virtud grandestorrentes de hiel; se atrevi6
a preconizaren su loca arroganciael amor solo del placery de la independencia,
y para poner el colmo a todos sus borrones, ultrai6 el m6rito y desluci6 los
autores.Perecedpara siempre, frutos de un mal genio; pereced en el oprobio
y en la ignominia. lNuestros sobrinosenemigosde los verdaderamentebello y
del buen sentido podrdn admirar aquellaspinturas indecentesy leer aquella
colecci6n de inventivasespantosas,archivostenebrososde la malicia humana?
No: el insecto arrastrando en las llanuras del aire sufocar6 antes al ave de
Jripiter. Juzguemos meior de la raz6n futura. La imagen siempre pura de lo
honestoy de lo verdaderopodrd solamenteencantarlos ojos de la posteridad.
Musa, tus monumentosvan todos a aniquilarse;aquellosapoyosgroseros,aquel
lenguajede las lonjas,aquelloslibelosdictadospor odios rivales,aquellosversos
licenciososantes que acabeel dfa van a abismarsepara siempreen la noche de
los tiempos.
1Oh, manes preciosos de los hdroes del Parnaso!Vosotros, a quienes no
perdon6 mi criminal audacia, sufrid que en estos momentos para reparar la
afrentallevando el remordimiento en el coraz6ny la vergiienzaen el rostro, yo
penetre temblando esas b6vedas luminosas, y que cubra de flores vuestras
gloriosastumbas. Rousseau,a quien la impostura llen6 de veneno; sublime
Maupertuis, inmortal Crdbillon, tu a quien se vio hasta el tdrmino de tu noble
carreraponer a Cottin una barrera fuerte, intr6pido vengadorde las leyesde la
raz6n, Frdron, crftico h6bil y terrible censor; vos todos a quienes yo ultraj6,
sabiosverdaderosy verdaderosprudentes,recibid mis pesaresy mis homenaies.
Y vos, que les ofrecisteisun legitimo incienso,observadoresconstantesde
las reglasdel buen gusto,que sobrelas orillas floridas,cultivadaspor las gracias
2r 9
voltaire en Espagner7j4-t8j5
os atrev6isa seguir los vestigiosde estosilustres muertos y rechazdissin cesar
un gupo affevido de escritores embozadosen una ieigonza preciosa;vos todos,
que combatfsese desgraciadosistemaque desesperaal hombre y que es digno
de Dios, proseguid, acabaduna obra tan bella y de las artes casi extinguidas
volved a encenderla llama,vos me hab6isquitado la mdscara,lo habdisdebido
hacer; y yo debo sin duda aplaudirlo y callar. Pero 1qu6!;Perdonardyo a vista
del mundo entero al rigoroso Cl€ment y al atrevido Sabatier,aquellosque sin
algrin respeto han marchitado mi coraz6n?lTemerd yo imprimir una mancha
en mi nombre por haber escuchadola voz de la raz6n?Ellos no han dicho sino
la verdad. gCu6l ser6 pues su crimen? Amor propio, calla tri, yo les debo mi
estimaci6n.
Firme apoyode los altares,venerablePastor,iustamentellamado el azotedel
error, gay!,aleidndomede lasverdadessagradashe seguidodemasiadoextraviadas sendas.En este dfa abro los oios a los rayosde la fe, yo me sometoal fuego
de la ley divina y baflado en ldgrimas de un arrepentimientosincero quiero
morir en el seno de nuestraaugustaMadre.
Adi6s, pueblo admirable,1qu6dichososer€yo si os dignriisde colmar el m6s
amado de mis votos! Desgarradla venda,recogedvuestrossufragios,derribad
mi estatuay quemad mis obras.
Appendices
AppendiceK: 'Al arribode Voltera los infiernos'
ms.6z,f.rgz-gg
Bibliotecade Catalunya(Barcelona),
Sonetoltaliono
Giunto Volter alla maggion del pianto,
Col serto in fronte di ferar cipresso,
A Tispite volea sedersi appresso
O starne almeno al gran Soffocle accanto.
No, gridaron Minosso e Radamanto,
A te cotal onor non d concesso:
Va fra la ciurma, ed al decreto intanto
Arise tufto I'infernal congresso.
Il torto futre (disse elli) non andri impunito,
Scrivirb con stile acutto
Satiri, dove pii d'un resti ferito.
Che satiri, cuglion, rispose Plutto,
Il tempo delle satire d ormai finito.
Va, taci, e pena cosi baron fututto.
Se da la misma traducida al espafrol
Puesto Volter en la casa del llanto,
de ciprds coronado, el inhumano,
sentarsequiere, mas lo intenta en vano,
entre Tdspite y S6focles por su canto.
No, gritaron Minos y el gran Radamanto:
no quieras tal honor, hombre profano,
ves con la chusma, y al decreto en tanto
laJunta infernal rfe de plano.
lAh! futre, un tal decreto no quedari sin pena,
diio, yo escribird mordaz, y disoluto,
aunque me vea acd puesto en cadena.
lQud s6tira, coll6n, respondi6 Pluto,
tu s6tira de embustes esti llena!
Calla y paga tu mal, hombre el mds puto.
221
r7j4-r8j5
VoltaireenEspagne
AppendiceL: CdndidoMarfaTrigueros,Pr6facede 'Don Amador'
Biblioteca colombina (Sevilla),ms.84-4-35, f .gor-gzr
Carta del a.utor a mi S.D.G.O. (que sirzsede Prdlogo)
Muy Sra. mia: Si la Comedia tiene por objeto principal reprehender,retratar y
hacer ridfcula aquella clase de vicios que s6lo pueden arrancarse de en medio
de la Sociedad, haciendo con sus pintura y sdtiras, que muevan la risa, que los
que tienen aquel defecto sean mofados y escarnecidospor el resto de los
hombres, el cual por medio de aquellas aprende a conocerlos y mostrarlos con
el dedo; no habr6 sin duda vicio alguno mds digno de ser asunto de una Comedia
que aquel que fuere acreedor a que su ridiculez sea expuestaa la vista de todos
para ser dignamente burlada y satirizada.
2Y cudl vicio mds digno de este castigo que aquel que no teniendo otro
fundamento que el amor propio, la vanidad y falta de talento y reflexi6n, no
merece ni puede ser disculpado por camino alguno?Tal es la indiscreci6n que
se representay ridiculiza en estaComedia en la personade D. Amador.
El Cardcter de este vano y presuntuoso indiscreto, tan pagadode sus mdritos,
que suefra felicidades y esperanzasquimiricas, que cuenta a todos cuanto le
sucede y no le sucede, especialmentecon personas de otro sexo, que no
reflexiona cosa alguna, y de cuya lengua ninguno puede escapar;es un cardcter
real y certisimo.
Serfa feliz la sociedad si no hubiese en nuestra Naci6n tan gran n(mero de
estos ridiculos pemiciosos. Entre ellos pudiera sefralar muchos con el dedo,
verdaderosoriginales de D. Amador, que leios de haber ponderado en 61,le
excedeny llevan muchasventaias.
Yo mismo he oido muchas veces a m6s de un indiscreto muchas de las mds
ridiculas e4presionesdel mio y con ellas otras que, por propasarsea ser indignas
y abominables, aunque tan propias al caricter que pintaba, no me ha parecido
decentecopiarlas.
No puedo deiar de advertir que el Autor de Zaida y de Alcira me dio la
primera idea de esta Comedia. La suya L'Indiscret y mi D. Amadar son una
misma. Como estecdlebre escritor es uno de los mds libres de preocupaciones
nacionalesy de quien m6s propiamente se puede decir que escribe para el
gdnero humano, tuve poqufsimo qu6 hacer para espafrolizareste Drama. Su
comedia era en un acto solo; para disponerla yo en tres y que su representaci6n
tuviese mds tiempo era preciso o complicar mis la f6bula o entreteierla algo
m6s y alargarla. Lo primero no convenia a mi genio, porque soy naturalmente
Amigo de la sencillezy no m€ gustanmds los Dramas mfs complicados:escogi
pues lo segundo.
222
Append,ices
Afradi escenas,aunque pocas,alargu6algunosrazonamientos,y entreteif lo
que me pareci6 conveniente,para que deiase de ser tan corta, sin llegar por
esto a ser larga. No soy capaz de alabar ni gustar la mejor comedia, si no cs
sencilla,clara, Ficil y corta: lo mismo creo qu€ pedir6n los demdsa las mfas y
procuro satisfacerde antemano.
Pero una Comedia en la cual se ponen estascircunstancias;una comediaquc
en parte es imitaci6n, en parte par6frasis del Autor de Zaida; una comedia cn
que se ridiculiza la indiscreci6n,len qud manos estardmeior puestapara quc
la corriian, coteien y enmienden que en las de V.S., que no s6lo detestatalcs
indiscretos, mas que con su trato, modo y discreciones pudiera corregirlos a
todos?
Asi es que la iusticia me est6 mandando que suplique a V.S. que la cotcjc
con sus originales y que la corriia como pudiera enmendarlos a ellos.
Vea V.S. si el cardcter de D" Rosa y el de D. Feliz son verdaderosy bicn
espafrolizadosy si el de D" Maria estd bien proseguido, y si Martfn y I)'
Franciscadesdicende los demds.
Despuds de suplicar esto a V.S. y rogarla que se sirva mandarme como al
mayor admirador de sus gracias,s6lo me resta pedir a Nuestro Sefror, ctc.
Sevilla,a zz de mayo de r768.
223
r7j4-r8j5
VoltaireenEsPagne
AppendiceM: Jos6de Vieray Clavijo,Prdfacede la 'Enriada'
Bibliotecamunicipal(SantaCruz de Tenerife),ms'ro3-5o'f.43r'44r
Appndica
historia de Francia a fltimos del siglo decimosexto,a fin de adquirir el preciso
conocimiento de los personaiesque llaman y ocupan la acci6n.
Adaertertcia
Este poema €pico, el rinico de que los franceses se glor(an, que ha hecho un
eco tan ruidoso en las demds naciones, que los humanistas prendados de sus
bellezas filos6ficas han celebrado tanto, que por su argumento y por su hiroe
ha merecido la comrin atenci6n, y que siempre ha de andar junto conla lliadn,
la Eneida,el Paraho perdiday laJenualen libertada,ha tenido hasta ahora cortado
el paso de los Pirineos, no sin iusta raz6n. La gente espafroladebia encontrar
en 6l muchospensamientosatrevidos,capacesde ofender su honor y su piedad.
El nombre demasiado famoso del autor no le era nada grato' y temia que, baio
la dulzura de unos versos pomposos, se bebiese el sutil veneno de algunas
sentenciasendrgicas,pero duras y por consiguiente disonantesa nuestros oidos
delicados.
Mas cuando, despudsde todo, se considera que en esta composici6n podtica
exceden los rasgos de religiosidad y catolicismo a algunasproposiciones menos
ortodoxas y exactas, dimanadas de un extremado horror a aquel fanatismo y
falso celo, que en el desgfaciadoreino de Francia causarontan crueles desastres
con pretexto de religi6n, se apodera de un dnimo amante de las producciones
originales y que dan lecciones de escarmiento a todos los hombres un Yivo
desconsuelode que por unos cuantos indiscretos pasaiesse carezcaen Espafra
del conocimiento de una obra de la cual ninguna otra nacidn culta ha estado
absolutamenteprivada. Casi todas la han traducido en sus idiomas, y aun en la
misma Roma un sabio benedictino, cual fue el c€lebre cardenal Quirini, obispo
de Brescia, emprendi6 en versos latinos su ffaducci6n.
Yo tambifn he tenido la osadia de emprenderla en los castellanos, pero
usando de la necesarialibertad en dos maneras.La una, modificando y haciendo
dignos de la lectura espaflolalos pasaiesque pudieran vulnerar el cr(dito de su
gobierno y de sus annas, no menos que el respeto debido a Roma, a la religi6n
y a sus ministros; y la otra, suprimiendo la redundancia de muchos versos y
conceptos a que la versificaci6n francesanaturalmente obliga'
por lo dem6s,he procurado conservardel modo posible la debida fidelidad
o su equivalenteen los pensamientosdel autor, sin pretenderpor esodesentenderme de la suma inferioridad de mi d6bil copia, comparada al original de uno
de los mis insignes poetas de este siglo.
Pero para la mejor inteligencia del argumento parece indispensable que el
lector procure enterarse, si no lo estd, de los memorables sucesos d€ la
224
225
fl
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1 literaria y el resuhalo de su flosolia;
arita por el uiajero dc Lannos kl R. p.
Fr. Fernanfu Caallos) segfinla oy6y copir6
de losfhsofos infernala n losabiimoi dt
Antiparos; la rh a luz don Le6n Carbonero
,La
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por Voltairem urrocarta
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enMadrid;y dnnostaci6n
a uncoftesponsal
dz ln utilidad politica de la uistncia dt
losregulares,
en ufla com)macidnsobrela
porJuafl
mismacartadz Volter,dispuesta
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en su luz y Voltaire refutado',fuchivo
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nueuos
rena, reina dz Francia, piaima inmolala
1
fl1sofosM. Vohaire,impugnada
descabierto
de suserrora prr susmesmas
en la.saras dz la impiedad, dzl fanatismo I
obras;en dnstomos,estitos enfrancdspor
d.ela anarquia. C6diz s.d.
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concluido iste y el otro no acabadnpor las
raz,oflesque en su pnilogo se upresan; mn
tres tragediasfrancesastraducidasal catellano,una deellasla Andrdmaca'dcRacine,
y oaias piezas en prosa de ltlos autlres,
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Voltaire su consejero y de su Academia
en r75r, y las reflexionesque al leerlo
calamo currente por no ser mio, si de un
Bibliographie
oficialde infanterfa,seme ha ofrecidoa
disnnos dc eitica hhtdicay literaia.Mami en este encierro y prisi6n de La
drid ry42
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drid r964
Dresde,y realmentees Mr de Voltaire, [Mdrault d,e Bizy, Athanase-Rend,l Los
francdsque sepas6a la cortedel rey de
apologistasittuoluntarios, o la religirin crisPrusia; con los reparos que al leerla
tiana probadaX dcfndida por losactitos dz
deprisa,por serde un oficialde tropas,
losfhisofos; obra trailuciila delfranct por
me han ocurrido', 8.N., ms.ro.745, Josi de la Canal, n la que se refutaa
f.rr5-58
zsictoriosamente
losargumentosmdsnmunes
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de losimpios,l seponea la jnntudy gnte
di Garcfa de la Huerta'. dansStudi di
menosinstruida n dkposicidn dc comtetletteratura
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tntico-biognifco del Dr. D. MarcelinoMenndm Pelayo.Sevilla r89z-r896
- Leccionesdz flonfia moral y elocuettcia,o
colecci4ndz los trozosmis selectosdcpoaia,
elocuencia,historia, religifin1 f losofia moral
y politica dz los mejoresautorescastellanos;
antecedeun disnno preliminor acercade la
historia literaria fu Espafiay dz la relatidn
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queafign la
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de sus
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e
23
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Anuaio dz atudiosatldnticos9 (rg6l),
sabios
n perjuiciodenuatrapatia. Palma
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Suplemmtoal Indiceapurgotoriodzr 7go que Vercruysse,Jeroom,'Bibliographiedes
conticneloslibrosprohibidosy manfudas
dcritsfranqaisrelatifsi Voltaire, r7r9*pwgar m todoslos reinos1 seioios del
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II, rq dzPrusia;enriquecida
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y dar algunaidcadela antiguay
catalanes
conuflgrannimemdenotas,
pia,asjtstifmoderna
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cathtw1t mtmoias secretas,illa mayol
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Parisr877-r882
24r
Index
Abell6n,Jos6Luis, z, zz7
Abraham,zor
Addison,Joseph,r r, r46
Aguilar Pifral,Francisco,vii, t r, 14, 94,
r05, Ir5, tI8, tt9, r zt , r 47, r 48, r 57,
t 59,163,zz7
Alarcos,Llorach,Emilio, r53,227
Albe,duc d', r47, t4g
Luis,z, r42,227
Alborg,Juan
Alcal4Galiano,Antonio, rr8, r2o, !22,
r4r, t54,227
Alcaydey Villar,Antonio,r6t, zz7
13' r54,227
Alc'zarMolina,Cayetano,
Alegria,Jos6,4
Le Rond,d', 58, 79
Alembert,Jean
Alexandrele Grand,r98
Alfieri,Vittorio,r ro, r 58, r 59
Almod6var,duc d', 8, g, ro,7r, zz7; t;oir
azssiSilva
AlonsoSeoane,MarfaJosd,r54
Altis, Francisco,Io3' ro4; r44t t6g, q8
63, zz7
Alvarado,Francisco,
Alvarez,Romdn,83,85, zz7
Nicasio,r z7
AlvarezCienfuegos,
Alvarezde Miranda,Pedro,vii, 54
Amat,Filix, 62, 63
Anacrdon,57
Andioc,Ren€,rzt, r48, r4g,zz7
Andris,Juan, 5-8,zz7
Andrieux,Franqois,r44' t58
Angulo,Francisco,r5r
Anne Boleyn,reined'Angleterre,65
Anoll. Lidia, vii
Louis, 156
Anseaume,
Antoinede Padoue,saint,2rr
Aquino,Nicol4sde,52, 55
Francisco,63, zz8
Aragon6s,
Aranade Varflora,Fermin, 63, zz8
Aranda,comted', 4r,45, ro4, r52,154,
r6o
de, 38
Arce,Ram6nJos€
Arco,Angeldel, r56, zz8
Argens,marquisd', 33, 35
Leonardoet Luperciode, I94
Argensola,
Argueta,Teodoro,38
Arioste,rz6
Aristote,tz7, t88
Arriaza,Juan Bautista,t z7
Arteaga,Estebande,zz, zz8
de, roo, zz8
Arteaga,Joaquin
Artigas,Miguel, zz8
Artola,Miguel, zz8
Asensio,
J., r49, zz8
Asso,OnofreAndr6sde, z4
Astigarraga,
Jesfs,vii, I z5
Asuero,Jos6,46
Ayguals,de lzco,Wenceslao,87
Nicol6sde,43, t5r
Azara,Jos6
r49
Aznar,Pantele6n,
Baiazet,sultan,65
BancesCandamo,FranciscoAntonio de,
r49
Barco,libraire,r33
BarcoL6pez,Veuvede, r33
Barr,Mary MargaretH., t,228
Barrera,CayetanoAlberto de la, zz8
Barruel,Augrrstin,57,58,167,zz8
Basilele Grand, saint,187
Badlori,Miguel,az8
Batteux,Charles,rgr, 228
Bayard,Pierre,zt7
Bayle,Pierre,tz
Baylina,Antonio, 58,69, zz9
Bazin de Mendoza,Pedro,42, r25-3o,
r 44, I 45, 168,r 69, q5, q6
r48
Beaumarchais,
Cesare,64, r3z, t74,zz8
Beccaria,
Buirettede, r56
Belloy,Pierre-Laurent
de, r47
comtesse-duchesse
Benavente,
Georges,r
Bengesco,
BenoitVIII,pape,r90
Bergier,Nicolas-Sylvestre'
52' 55, 167,
229
Bergosa,docteur,zo9
243
I
Index
Capmany,
Antoniode,4r, r5o, zz9
Louis-Antoine,
6r
Caraccioli,
y Sol,Le6n,66
Carbonero
Carmontelle,
t4z, t48
Carnero,Guillermo,5, z3o
Antoniode las,r3z
Casas,Juan
Castaneda,
Vicente,I55, 23o
Casti,Giovanni,r58
Cavanilles,
AntonioJos6,7r-73, z3o
Cazenave,
Jean,r49, 23o
Cejador,
Julio,rr, 16z,z3o
Cervino,M., z3o
Cevallos,Fernandode, 63-68, 79, 167,
230
Chamfort,Nicolas,r53, 16r
r93
Chapelain,Jean,
Charlemagre,65,
r87, r88, r9o
I5, 17,29,73,
CharlesIII, roi d'Espagne,
r5 6
13, 30,47,48,
Charles[V, roi d'Espagn€,
ttz, t6o
CharlesXI, roi de Sudde,r34, 163
Charles-Quint,rz8
Charost,marquisde, I8
Chaudon,Louis-Mayeul,54, 55, 23o
Chaulieu,abb6de,zr9
A.J.,66
Chaumieux,
r59
Ch6nier,Marie-Joseph,
r87
ChilddricIII, roi m6rovingien,
Cicdron,24,67
Pablo,27,zzg
NicasioA)varez,tz7
Cabafias,
Cienfuegos,
Cabarrfs,Francisco,zr, 7o, 229
Cioranescu,
Aleiandro,rz4, 16r, z3o
Cisneros,
Diegode,43
Cabrerizo,Mariano, 136,ry7
Cach6n,JosefCayetano,
Cladera,Crist6bal,rr, 23o
38
C a d a l s o, J osI o4,
6, I r 5, r2 7 ,rS7
Clairon,Mademoiselle,z3
Clarke,DorothyC., r5z, z3o
Cagigal,JosdMarla, 79, zzg
Calder6nde la Barca,24,25, ro7, r4g, Claviloy Falardo,Jos6,ro8
r92, r93
Climent,Piene,66, zzo
Calzada,BernardoMaria de, 2c, 42, 44, Clovis,roi desFrancs,65
r 3r , r 3 5 , r4 6 ,r6 8 , t7 3 , C o e A
, d aM ., 85,ror, ro3,I I2, t t5, l I8,
4 5 ,47, 83, 84,
229
156,z3o
Carlos,98,zzg
Condillac,45, 146
Cambronero,
Luis de, tz3, tz6
Condorcet,6o
Camoens,
comtede, t7
Campomanes,
Constantin,
empereur,r87, r9r
zz9
4.,97, rzt, z3o
Cook,John
Campos,Jorge,
de la, 58, 59
Corchos,
Blas,r34, I35, I44, r47, r78
Canal,Jos6
Corneille,Pierre(et Thomas),8, ro, 25,
vii, r 5
Candaux,
Jean-Daniel,
Cano,Melchor,zo8
3 3 ,3 5 ,3 8 ,57,88, r59, zr3,214
Bernard.saint.zo8
Betr6n,T., 83,87,96, r45, r73, r77
Bertrand,J. J. 4., 3, zzg
Theodore,r, r7
Besterman,
Mariano,r95
Blancas,
Blanco,JosdMaria (BlancoWhite, Josd),
tzz, t 65,z z g
BlancoGarcfa,Francisco,r4ot 229
FranciscoAleiandro,52, 68,
Bocanegra,
229
Boileau,7, 9, 88, r4S,r57, rg4
r94
Boscin,Juan,
r9r
Bossuet,
Bougeant,Guillaume-Hyacinthe,r 57
Boulogne,Etienne-Antoine,6 r
Bourdaloue,r9r
Bourgoing,baronde, zz9
Bourignon,Antoinette,34
Boury,EugEne,t, rg8, zzg
Braun,Theodore,83, 85
Bret6nde los Herreros,Manuel,roo
Brisson,Mathurin, r t
Brown,ReginaldF., zzg
Brunelli,G., t
Brunetibre,Ferdinand,zz9
Brunori,Silvia,I48
Brunot,Ferdinand,3, zz9
Bueno,JuanJos6,63, 64,zz9
Burgos,Miguel de, 99, r45, I78
2++
Index
Corona,Carlos,r53, r6o, z3o
Cotareloy Mori, Emilio, 43,86,82, 93gg, ro4, Io5, Io8 , r r o, r 12, r r 7, lt 8,
r2r, r42, r45, 147- 49,r 5r - 53, 156,
r58,23r
Cotin,Charles,u r9
Couceiro,Antonio,r44, 23r
Coulon,Mireille, r48
Cramer,Gabriel,r85
Crdbillonpire, Io, 25, 57,rto, 163,zrg
Crillon,Louis,z17
Cromwell,Oliver, 65
Cruz, Ram6nde la, 93, rr2, r4l, r42,
r47, t68, ry5
Cueto,LeopoldoAugustode, II, r5l,
r56,z3r
Curet,Francesc,ro5, 23r
Dalrymple,Whiteford, 16, z3r
Dancourt,r48
Danvila,Manuel, z3r
Defourneaux,
Marcelin,3, 14, r6, t7, 3o,
32,35, 37,38, 40 , 43, 44, 59, 78, 94,
97,r17, rr8, r54- 56,16o,z3t
Del Monaco,Gabriella,16r, z3r
Delille,Jacques,16r
Demerson,Georges,
4, 5, 14,22r231
Demerson,Paulade, I53, 23I
Denche,Manuel,35
Denina,Carlo,7 r -73, z3t
Ddrozier,A.lbert,r4o, r4r,23r
Descartes,
63
Desdevises
Du D€zert, Georges,3, 46,
23r
Desmarets
de Saint-Sorlin,r93
Desnoiresterres,
Gustave,z3z
Destouches,
Philippe-N€ricault,
ro8, r53
DfazBermudo,N., 66
Narciso,t63, z3z
Diazde Escovar,
Diaz-Plaia,Fernando,r 53, 232
Diaz-Plaia,Guillermo,75, 232
Diderot,Denis,8, 58,7o,78,79,98,r46,
r55, r58
Diez Gonzilez,Santos,25,85, roz, 232
Diocl€tien,empereur,r87
Dodwell,Henry, I87
Domerque,Lucienne,46,63, 165,z3z
Dom(nguezOrtiz, Antonio,2, 232
Du Bos,Jean-Baptiste,
r9r
Du Plessis-Mornay,
Philippe,34
Ducis,Jean-Frangois,
r4o, r 47,| 59
Dufresny,Charles-Rividre,r 6
Dumas,Alexandre,r44
Dupuis,Lucien,rr,232
EgufaRuiz, Constancio,z3z
Elfasde Molins,Antonio,r44, rSo,232
Elorza,Antonio,z3z
EncisoRuiz,Luis,rr, z3z
Entrambasaguas,
Joaquinde, roo
Epicure,67, 186,ry7
Ercilla,Alonsode, r23, rg3
Espinosa,Sebasti6n,4o
princed', r93, r94
Esquiiache,
Estala,Pedro,z3z
EsteveBarba,Francisco,
64,65, z3z
Evans,H. B., r
Farinelli,Arturo, 3, 233
Favart,Charles-Simon,
r48, I56
Feiioo,BenitoJer6nimo,2r, 233
Feller,Franqois-Xavier
de,zo, 6o,6r, 233
F6nelon,
rgr
FerdinandVI, roi d'Espagne,
I57
FerdinandVII, roi d'Espagne,
2,47, 48,
79,r aJt r 27, r 5r , r 54, r 58, r 69
Ferndndezde Moratin,Leandro,26,27,
85, 86, ro8, tz7, r37, r38, t44, 146,
r 48, r 49, r 53, r 58, r 59, r 6r - 63, r 68,
169,t74,233
Fern6ndezde Moratin, Nicol{s, r48
Fern6ndez-Guerra,
Aureliano,233
FernindezHerr, Elena,3, 233
FerndndezValcarce,Vicente,63, 233
Ferrari,Angel,ro4, 233
Ferrer del Rio, Angel, r4o, z33
Flecniakoska,
Jean-Louis,z33
Fleuriot,Joseph-Marie,
233
Flores,Manuel Antonio,85
Fl6rez,Enrique,62, 233
Fl6rezCanseco,Casimiro,82, rr3, rt4,
r 50
Florian,Jean-Pierre
Clarisde, r63
Floridablanca,
comtede, r3
Forner,Juan Pablo,7r, 72, 74, 75, 93,
r 05,123,r 4g, r 52, t 67, 233
Foulchi-Delbosc,
Raymond,3, 233
245
Infut
Index
Fournier,Pierre,98, 233
Francheville,
JosephDufresnede, 32,34
Frangoisler, empereurd'Allemagne,
r rz
Franqois-Xavier,
saint,2or
Fr€ddricII, roi de Prusse,t2, t8-2o,42,
5 8 , 7r , 79, 8o,r z 6, r3 r
Fr6ret,Nicolas,7
Fr€ron,Elie,9z, zrg
Friburgo,Romualdode, r55
Fromm, Hans, r
Gindara,MiguelAntoniode la, r9, 233
Gandarias,
Domingode,37, zog, zro
Garcia,Benjamin,89, ry+
Garcfade la Huerta,Vicente,25, 26,74,
I 1 4 , I 15, t t 7, t 18, r? o -2 2 ,r2 7 , r4 r,
r49, 168,t6g, r8z, t83,233
GarciaMercadal,J., 3, 16, 234
GarciaRegueiro,Ovidio, 8, 234
Garcilasode la Vega,r94
Gatti,JosdFrancisco,t48, 234
Giberty Tut6, Carlos,r12, rr7
Gil Novales,Alberto,8, 234
Gironella,
Antonio,87,r r3, r5o, r74, r8r
Godoy,Manuel,r5r, r53, r55, r6o
G6ngora,Luis de, r57
Gonzillez,Diego Tadeo, ro
Gonz6lez,JurnRam6n,38,66, zrz
Gonzllez del Castillo,Juan,76, 77, 234
Palencia,
Angel,3, 48-49,234
Gonzfilez
Goodheart,le Docteur,33, 35
Grannis,ValleriaBelt, 234
Grdgoirede Nysse,saint,r87
Grdgoirele Grand,saint,2r5
r 52,r 59
Gresset,
Jean-Baptiste,
Grimaldi, marquisde, r54
Grimm,Melchior,r55
Gubler,Maximilian, 98, 234
Gudnde,Antoine,6o, 234
r, r I, 16,r42,234
Guinard,Paul-Jacques,
Guitonde Morveau,Louis-Bemard,r57
Guyon,Claude-Marie,rg, 42, 52, 53,66,
t6 7 , r gt , 234
Pierre-Franqois,
68
Guyot-Desfontaines,
Guzmin, Eugeniade, r53
Guzm6n,Franciscode,36, zo3
EugenioEulalio,
Guzm6n,Portocarrero,
oorrMontiio
246
Hamilton,Arthur, | 47, 234
Hartzenbusch,
Eugenio,r39, 234
Harzenbusch,Juan Eugenio,r39, r4o,
r5 8 , q 3 ,2 34
Hazard,Paul,234
Helman,Edith F., 234
Helvdtius,63, zro
Henri II, empereurd'Allemagne,
r9o
Henri N, roi de France,65,gz, r2S, r27,
r9 3 , z r8
Herr, Richard
, 2, 3, 45, 46,5o,64,73,76,
7 8 ,7 9 ,t3 z, 166,45
Herrera,Andr6s,4o
r6r, 235
Herrera,
Jer6nimo,
Herrero,Javier,
50, 57, 64,z3S
Hervdsy Panduro,Lorenzo,76,45
Hickey,Margarita,
82, r13,r r4, r50, r5r,
r6 8 , r8 z ,235
Hidalgo,Dionisio,r37, 235
Hfiar,duc d', roo
Hita,Juande, ro4
HomEre,g, 57, rz6
Horace,t27, t52
Houdarde La Motte,Antoine,z6
Hudscar,duc d', r49
Hurtado de Mendoza,Vicente,99
Iriarte,Bernardode, r7, 42-44, ro1, rrz,
rSr, rS z ,r68, r8r, 235
Iriarte,Juan
de, r5z
Iriarte,Juan
Tom6sde,43,r5r
Iriarte,Tom6sde,t7, 42, 43,74,75,93,
9 5 , ro 5 , r4g, rS 2,r53, 168,175,r77,
1 7 9 ,2 3 5
Isla,Jos€Franciscode, 68, 235
Jamin,Nicolas,zo, 56, 235
Jim6nezSalas,Maria, 74,235
Job,zo5,zo6
JosephBonaparte,roi d'Espagne,rz5,
r4 8 , r5 r, r53, 160,t6z, t63
GasparMelchor
de,ro, r4, 29,
Jovellanos,
3 2 ,4 7 ,8 4 ,r23,235
Juli6,Eduardo,235
JulienI'Apostat,65, r87, r98
Hans,24, r13, r22,235
Juretschke,
Kany,CharlesE,, roz,235
Komorowski,
Manfred,r, 235
Kotzebue,Augustvon, r59
L6pezde Ayala,Ignacio,r z7
L6pez lb6frez,Joseph,r 34
Labrancha,
Fulgencio,r19, rzo, r8z
Lorenz,CharlotteM., 236
La Chalotais,
Louis de,4z
Louis,saint,roi de France,65, r9o, r93
Lafarga,Francisco,18,26,72, r3g, r42, LouisXII, roi de France,65
r47, r48,235
Louis XlV, roi de France,18
Lafitau,Pierre-Franqois,
rgr
LouisXVI, roi de France,75
La Fontaine,Jean
de, 146
LouisXVIII, roi de France,rz7
Lagrange,Nicolas,93
Lozano,JuanAntonio,r4z
La Harpe,Jean-Franqois
de,t 26, r 6r, 236 Luc, saint,zr r
La Mare, abb€de, r8
Luciende Samosate,
67
Lamarque,Maria del Pilar,4r, 16o,236 Lucrdce,67, rg7, tg9
Lamourette,Antoine-Andrd,58, 59, 78, Luis Antonio,infantd'Espagne,
r5o
Luis de Le6n, r94
46
Lanson,Gustave,236
Luna, Rita, r ro
Lantier,E. F., zg, 34,r 47,236
Luz6n,Ignaciode,5,6, 236
La Romana,marquisde, r3, r4
Luzfn,Juanlgnaciode,236
La Uni6n,comtede, r4
Linaro Ctreter, Fernando,3, 75, r23, Macanaz,Melchor de, 26, 236
McClelland,Ivy,L., r ro, r r r, r42, 237
46
Leblancde Guillet,r6r
Machiavel,r r
Lefrancde Pompignan,
6r Maffei,Scipione,97-roo
Jean-Georges,
Lefrancde Pompignan,
z r 8 Mahomet,65
Jean-Jacques,
Legouv6,Gabriel-Marie,r ro
M6iquez,Isidoro,98
Legrand,Marc-Antoine,r48
Maldi, baronde, ro5
Leibniz,Gottfried,Wilhelm, 36,63, tg5, Mancini,Guido, r49, 237
r97
Mandinaveitia,
Juan de, 46
Leigh,Ralph,A., r8
Marc Aurdle,r87
Lejay,le pEre,r85
Marchena,Jos6,24, roz, r23, r34, 136,
Lekain,zr8
r 37,r 53, r 68, r 69, r 8o, 237
Lemierre,Antoine-Marin,r56, 163
Marie-Louise,infanted'Espagne,
r56
Lennox,Charlotte,r47
Marie-Louisede Parme,reined'Espagne,
L€opold,archiducd'Autriche,r56
t12
Ler6n,Hip6lito, 39,zr 5
Marie Stuard,reined'Ecosse,
65
Lesage,Alain-Ren6,r46
Marie-Th6rEse, impdratrice d'Autriche,
LesmesZafilla, Felipe,7o, 7r,236
L'Estoile,Pierrede,34
Marivaux,r48
Lion, Henri, 236
Marmontel,Jean-Frangois,
7, z5
Lista,Alberto,23,24,r13,236
Marot,Cl6ment,34
Llaguno,Eugeniode, 45
M6rquez,Antonio,237
Llorens,Vicente,r 36,46
Martinezde la Rosa,Francisco,24, r4r,
Llorente,JuanAntonio,g, 29, 3c.,42-45,
237
146,t6o,236
Mason,H. T., vii
Lluch,Ernest,vii, rz5
Massillon,Jean-Baptiste,r 9 r
Locke,John,42, 63
Massonde Morvilliers,48,72-74
Lope,Hans-Joachim,
rg
Maupertuis,Pierre-LouisMoreaude, zo,
Lopede Yega,r49, rSg, rg2, rg3
2r 9
Lopez,Franqois,24,74, t 53,236
Mazuelo,
Jos6Joaqu(n,r r r
247
Indzx
Mel€ndez
Vald6s,
Juan,r4, 24,rz2, rz3,
r2 7
MendndezPelayo,Marcelino,27, 4r, 43,
44, 46,50, 5I, 64, 68, 75, 76,78, 8r,
8 4 , 9 6 , I oz , t o5, I o8, I Ir, rr7 , r2 3 ,
r3 o , 1 36- 38,146,153,1 6 o ,1 6 6 ,2 3 7
Mirault de Bizy,Athanase-Renl,Sg,237
Mercadante,
Saverio,r39
Mercier,Louis-S€bastien,
64, 156,16r
Merim6e,Henri, 237
Merimde,Paul,z, r2r,237
z9
Mdsenguy,Frangois-Philippe,
Metastasio,
Pietro,2J, r47, r58
Migudlez,Manuel,F., 62, 237
Millares Carlo, Agustin, ro8, r24, r1r,
t5 z, t6t , 237
Milton,John,g, rz3
237
Miquel Rossell,Francisco,
Mirabeau,comtede,73, 76
Moi'se,r98
Moldenhauer,Gerhard,r, 79, 86-88,95,
9 7 , ro Q ,r o4, r o8- r 2, r r5 , rr7 , r2 o ,
237
MoliBre,zo, r48, t53
Monod, Nbert, 52,237
Monterode la Puente,Llzaro,96,237
F., r36, 237
Montesinos,Jos6
Montesquieu,63
Montiano,Agustinde,22, r13, rr4, r27,
237
Montijo,comtedu, go-92,r53, 168,r69,
174
Morales,Juande, 96
Morat(n,aoir Moradn, Fern6ndezde
Morel-Fatio,Alfred, r53, 238
Moreto,Agustinde, r49
Mornet,Daniel,52, 238
Muratori, LudovicoAntonio, 238
Muriel, Andr6s,3o, 45, 165,238
Nadal,Pablo,r rz
Napol6on,46, r45, r53, r6o
Naves,Raymond,238
Nerg6n,JuanCosmede, 238
Newton,Isaac,r9g, zr8
Npho, FranciscoMariano, rr, 26, 6r,
r4 z,2 38
r63
Nollet,Jean-Antoine,
248
Nonnotte,Claude-Frangois,
20, 2r, 5r5 4 ,6 6 ,6 8 , 7 r , 167,238
Nordberg,chapelainde CharlesXII, 4o
Norona,comtede, rz7
Nriflez,Estuardo,r04, r54
Olavarria,Enrique,85
Olavide,Engracia,94
Olavide,Pablo,r4, 16, 44, 5o, 5r, 59,77,
ro4,rr7, rr8, r2rtr547 8 ,9 5 ,9 7 ,9 8,
56,ft7-69, t78, ry9, r8z, 238
Oliver,Gabriel,vii
Oliver,Miguel de losSantos,77,238
Orozco,Emilio, r56, t57,238
Ortiz de Z6rate,Antonio,55
Ortiz de ZLrate,Carlos,rz4
Otazu,Alfonsode, rz5
Ozanam,Didier, t6,238
Pageaux,
Daniel-Henri,r, 238
PalacioAtard,Vicente,238
Palacios,
marquisde, r6z
PalauCasamitjana,
Francisca,r 42,,238
PalauDulcet,Antonio,56, 58,73, 78,79,
r23, r32, r37, r44, t46, t5o, r54, 238
Papell,Antonio,r48, 238
Pappas,John,
19
Par,Alfonso,93, 96, I r 8, 238
Blaise,79
Pascal,
Paul,saint,ztt,214
Pazy M6lia, Antonio,42, 46, 92, 94,96,
9 8 , ro 4 , ro 5 ,rro, rr7, r58,238
Pech,Juande Dios del, r45
Peireris,Isaac,r98
Pellissier,
Robert8., 238
Peffay Granda,Cayetanode la, 85
Pdpinle Bref, r87
Pereira,LuisJoseph,5 r
P6trone,r53
PhilippeV, roi d'Espagne,
r5o
Phokas,empereurbyzantin,z r 5
PieVI, pape,6r
Piferrer,Veuve,r r7
Pineda,Juan
d,e,zo6
PintaLlorente,Miguel de la, 17, 24, 43,
4 6 ,ttz , r3 z , r5r, 238
Pifieyro,Enrique,r4c.,z3g
Pis6ny Vargas,Juan,
84, r44, r56, r73
Pitoller,Camille,239
Indcx
Polyeucte,
saint,2r3, zI4
Pomeau,Ren6,239
Pope,Alexander,24, t6t
Porcel,Josd Antonio,98, 99, t56, t57,
t68, ry8, z3g
Porfire,r98
Portillo,PedroJosef,35, zoo
Portocarrero,
Francisca,
r53
Postigo,Juan
Francisco
del, r I5, r57, r69,
t8z
Praag,J.
A. van,r,89,239
Pradon,Nicolas,r48
Prod'homme,
J.-G., rg, z3g
Puerta,Angelde Pablo,85
Puiol,Carlos,z3g
zI5
Pulchirie,imp6ratrice
de Byzance,
Rocamora,Pedro, z3g
Rodriguez,Antonio Joseph,5 r
RodrfguezCasado,Vicente, 239
Rodr(quezde Ledesma,Francisco,4 r , 95,
t58, ry7
Morzo,Pedro,5 r, 53
Rodrfguez
de,4r, 96
Roias,Francisco
Rollin,Charles,99, I9I
Romano,David,vii
Rossi,Domingo,t38, t73
Rossi,GiuseppeCarlo,t38, r5z, z3g
Rossini,Gioacchino,I39, r8o
r6r
Roucher,
Jean-Antoine,
Rousseau,
Andr6-Michel,r
68, z r8, z r9
Rousseau,
Jean-Baptiste,
2, 6, 7, g, tt, 12,
Rousseau,Jean-Jacques,
14, 29, 35, 42, 44,55-57,60, 62, 67,
Qualia,CharlesB., r, 16,83, 85-88,97,
7o, 78,r 3z, f t 5, r g4
98, roo, ro4, ro8- t o, ! r 2, r r 7, r 2o,
Rubio,Antonio,3,239
r45,239
Rufo,Juan,r93
Quijano,Gabriel,56
RuizAlvarez,4., r5z, z3g
r27,
r4c,
r22,
ManuelJosi,
23,
Quintana,
Ruizde Uribe,Manuel,r4z
r4r,239
RuizMorcuende,Federico,t48, z3g
z9
Bonifaz,
Manuel,
Quintano
Rumeau,Aristide,239
Quintilien,rz7
Rumeude Armas,Antonio,47, 48,239
cardinal,
zz4
Quirini,
Rabelais,
Franqois,34
Fajardo,Diegode, zo4
Saavedra
Racine,
Jean,8, ro, zS,27,88, ro8, r45, Sabatierde Castres,Antoine, ro, 66,
9,
t46, t48, r50, r5r, r 56, 2I 8
68,72,zzo, z4o
Rambla,Pedrode la, 66
Antoniode,86, rro
Sabifr6n,
RamosAguilera,Juan,
38, zrz
Salas,
Ramdnde,45, r3r
Ramsay,chevalierr 8
Salluste,
z4
Franciscode, r57
Ravago,
Vicente,r33, 24o
Salv6,
Raynal,Guillaume,8
Sahio,Alfonso de, z4o
R6au,Louis,z3g
F6lix Maria de, 45
Samaniego,
Reccared,roi desWisigoths,65
Antonio,r49
Sancha,
I56,
ro8
r6,
Regrrard,
Jean-Irranqois,
Agesta,Luis, z, z4o
S6nchez
Reinoso,FdlixMaria, rr3, r22
SinchezDiaz Bernal,Pedro,38
Rem6n,Alonso, to6, ro7
Sand,George,r44
de la, r48, 239
Revilla,Jos6
SantaCruz,marquisde, r6r
Reynaud,Louis, r54
Miguel de,63, z4o
Santander,
RezanoImperial,Antonio,roz
Sarrailh,
Jean,r, 2, r4o, r43, 24o
Ribera,Eusebio,r to '
Sarria,marquisede, I57
Richard,Ch.-L., 66
Sav€rien,
Alexandre,rz
Antonio,25,!zr, r49,239
Rfos,Juan
Schack,Adolf Friedrich,z4o
Rivera,Juan,r3z, t74
Schevill,Rudolph,r 53,24o
Roca,Pedro,r3, 18,r3r, z3g
Scribe,EugBne,I44
Rocafort,baronde, ro5
249
Indzx
Index
y Latre,Tomis, 22,2+, r55,
Sebasti6n
24o
Sebold,RussellP., t5z, z4o
Maria,6o
Fernando
Segovia,
SeguraCovarsi,Enriqle, r4g, 24o
Sernperey Guarinos,Juan, 79, 94, 146,
r59'24o
r39
s€nEque,
Senlis,N.-J.,66
Serfs,Homero,u4o
SerranoSanz,Manuel, 47,82, I 13, r 14,
r5o,24o
24, r47, r48, tgz,' rg3
Sha-keipeare,
Sierraborelia,Luii,' t6o, z4o
Silva,FranciscoMaria a., l+o; aoir aussi
Almod6var
Sim6nD(az,Josi_,z4o
Socrate,67
Solfs,Alonsode, rg3
Solis,Antoniode, r49
Trigueros,C6ndidoMaria,22,74,94,
r59, 168,177,222
Truyol,Antonio,8'24I
Ulrique,reinede Subde,zo, r3r
Uria y Urueta,Leonardo,3r, {g,4o, ,33,
4i, t44, 16o,176,q'i
Urquiio,MarianoLuis de, 4I, 45, Iorro3' r55' 16o,168'169,r78
Vadi, Guillaume,34
Valbuena
Prat,Angel,roo
de^,,37,-zo8
Francisc-o
Valdis,Jos€
r6r' I68' r73
Antonio'-85'-86',
Valladares'
FranciscoPablo'6o
!.6zquez'
Vilez' Rafaelde' 7o' r4t' t67'z4r
r' 66,24r
Vercruysse,Jeroom'
I39
Verdi' GiusepPe'
v€zinet'Frangois'z4r
Vidal'ClaudioJoseph'
57
Viera y Claviio'Josd'9o' rz4' tz5' t6r'
Dionisio,
Solis,
96,'io6,ro7,Iro, I58, U,i7$;,lrlj,'lii!,,
rnr,r,o,
r59, 168,169,I78, r7g,24o
Sophocle'r39
Sorrento,Lui$,7,2, z4o
Sotgmayol,ducde,46
R., z, z4o
Spell,Jefferson
spinoza'r r
Steiger,Arnald,z4o
ro7, r5g,24o
Stoudemire,SterlingA.,
Strauch,Raimundo,58
Strong,l-o-is,z, 6^r,z4o
SudrezG6mez,G., 3, z4o
r52,.24r
Subir6,Jos6,
Manuel,87, t73
Sumalde,
r34
raramanco,Juan,
Tasse,9, 12, 126
Teba,comtede,oairMontiio
Thomasd'Aquin,saint,zro ,
Thorel de Campigneulles,
36
Tibulle, 57
vii, I, t3t-33, t36,
Todd, Christopher,
169,ry3, z4r
Torrepalma,comtede, r57
Torres,Manuel,39,215
TorresAmat,FClu.,63,z4r
de, r r7
Toxar,Francisco
2qo
viillr.n. delprado,marquisde, 16r
villanuevay o.t o", ooirsolis,Dionisio
Villaret,Claude,4z
LorenzoMaria de, ro8, 16z,
villarroel,
';il
villegas,
EstebanManuelde, r94
'9,
Virgile, 57,67, rz6, t94
Vi;6s, joJe -Jo"qui" d,e','r29,r3o, 16z,
ft8, i76
Vivanco,Luis Felipe,t48, z4r
Voltaire:,4.8.C.
, iz;,qiiaiai Du Guesclin,
r39, r4o, r73;Akire,23,45,47,82-88,
t38, ti5, ,46, t5o, r5i, r'6r,168,r73,
65, 167; Le Diner du comteile Boulainaillien, r5; Discoundel'empereurJulien,33,
35; Discoun en iJe6 sul I'homme, rz3|,
Discounsur la poisie epique,r9z; L'Ecossaise,8, 92-94, r39, r53, t75; Eloge
histoique dz la raison, r361'L'Enfonteprodigue, r3g; Epitred IJranie,6, r23, r3r,
rjS,2og; Essaisur lesmeurs,Io, r3-r5'
2 6 , 3 3 , 3 5 , 5 3 ,7 4 , r 3 2 , r 3 4 , r 3 6 , r 6 8 ,
r75, r85; L'Euangiledujour, I5, 33, 38,
2 r r , 2 r 2 ; L a H ni a d .e ,5 - 7 , 9 , r r , 1 3 r 5, 18, 22, 24, 32, 34, 48,67, 8r, rzz3 0 , r 4 5 , t 6 t , t 6 z, r 6 5 , 1 6 8 , 1 7 5 , 1 7 6 ,
r85, I93; Histoirede ChailesXII,7, 14,
r 5 , r 3 3 , r 3 4 , r 6 o , 1 6 8 ,1 7 6 , r 7 7 , r 8 5 ;
Histoire de la guerrede r74r, 14; Hisloire
d.ela Russic,7, 15; Histoire du Parlement
dePa*,33; L'Homme aux quaranteicus,
94, 95, r77' 222;
33, 136; L'Ind.iscret,
L'Inginu, 33; Jeannot et Colin, r, 136,
r42, r43, r77; Lettres,t3; Leuresphilos o p h i q u e s , 51, 5, 3 2 , 3 4 ,6 0 , r 4 t, 1 6 7 ;
Mahomet, 23, 67, 95-97, r 45, 168, r77,
r78, zog;Memnon,5; MiroPe, r4,22, 25,
92-Ioo, 146, I56, r57, q8;Micromigas,
13416, t78; Le Mond'ecommeil aa, 5;
La Mort de Cisar, 23, Ioo, Io4' r4I,
r44, r6o, r63, r69, t78;Nanine,6, r3g:'
Gdipe, 15, r3g, r4r; (EuaresPoitiques,
46; Ofumpie,ro4, r56, qg; L'OrPhelin
de la Chine,I4, r05, r53, 179iPanig'iquedeLouis XV, r3r, r7g; Parellile d'Horace,deBoileauet dz Pope,z4; Les PilopiPhilofus, r4 Pnsiesphilosophiques,6r;
so |th ifu
e l 'h r stu r r ,.l .t,l {, I l l , I l l , | /'r .
le
Piices Julgitit'ts,.57, t65; l\tnt
'n
loi naturelle,75, t I.l, t .11,lt,,tmt wt h
dt Lishn,n(, t3t,l\t-1num, t th,
dcsastre
Le Pour et lc contrc,r7r; I'u l'nt,k, r<t{r,
ro7, r7g; La Pucib d'Orliunt, t.1 t5,
rz3, r24, I68, r79, tllo, rorl; Qunn,,n,
sur l'EnEelopldie, 14, 15; I.u Rtk'lla Put
dt I'mty'
alphabet,I 5, 33, 35, 36; Rescrit
reur dz la Chine, r3z, rtlo; Ronrunsil
contes,13,33, I36, r8o; Semiruni, zz,
23, ro7-ro, r38, r63, r8o; Le Siillc lt
LouisXIV, Io, 15, t7, 18, zr, 26, 32.,
34, 53, 54, r36, r65, 168, r85; SoPhonisbe,rlo, IIr, r8t; Tancride,16, 23,
r r r - I3 , I3 9 , I5 0 , r 8 r ; L e Te m Pl ed u
goit, 6; Traiti sur la tol,irance,33, 56,
tz3 Le Vieillard du mont Caucase,33;
Za d i g , r ,5 , r 8 , 3 5 , 3 7 , 3 8 , 1 3 6 , r 4 z,
r 8 r , zo 4 - r o ; Za i \e , r 5 , 2 3 , 2 4 , 2 6 ,8 2 ,
9 8 , r r 3 - zz, r 4 c- 4 2 , r 5 o , I5 r , r 5 6 , r 5 7 ,
r 6 8 , r 8 z- 8 3
Weil, Franqoise,r8
Wellington, duc de, r63
Wycherley, William, ro6
Young, Edward, r r
Zacagnini,Antonio, Ioo, t62, r68, I78
Zacharie, saint et pape, r87, zo7
Zaualay Zamora, Gaspar, ro9, I ro, I63,
r68, r8o
Zuaznirbar,Jos6Maria de, tz5
'l,i;f,?l"#rliii::':rt:';:l:,tr'r:tk
t67; Bnttus,4,88Biblenfin expliqute,
gz, , 4i, t 5i, t6t, 169,'174; Candide
, 7,
14,35,36,38, 53, r37, r38, r48, 166,
ry4, igi, zo3;Catilina,z3; Charlot,gz,
dilits et
sur leLiured'es
r7 5; Commentaire
despeines,33,r3z, r74; Conmmtaires
au thidtrede Corneille,33,
38, 2r3-r5;
dt G. Vodi,t4, t5; Le Crocheteur
Contes
borgne,136; De la paix perpituelle,
33,
gz, t75; Diaionnaire
35;Le DEttsitaire,
philosophique,
15,27,33,35,36,55' 6r,
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