Lepréfetdéclarelaguerreauchômage

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Lepréfetdéclarelaguerreauchômage
LE POPULAIRE DU CENTRE VENDREDI 20 JUIN 2014
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Limousin Actualité
ÉCONOMIE ■ Le pacte de responsabilité et de solidarité a été présenté par Michel Jau, hier matin, à Limoges
Le préfet déclare la guerre au chômage
L’emploi à tout prix. En dévoilant le pacte de responsabilité qui fait la part belle
à la politique de l’offre, le
préfet de région veut mener
la « guerre » au chômage.
■ EN CHIFFRES
9,8
En millions d’euros, le
montant qui a déjà été
remboursé, en Limousin,
au titre du CICE. 2.000
entreprises régionales en
ont déjà bénéficié.
Sébastien Dubois
[email protected]
C
e n’ e s t p l u s u n e
« boîte à outils », c’est
un arsenal. Après le
pacte de compétitivité,
l’an dernier, le pacte de
responsabilité et de soli­
darité était présenté, hier,
en Limousin, par tout ce
que la région compte de
préfets. Michel Jau (Hau­
te­Vienne), Christian
Chocquet, (Creuse) et
Bruno Delsol (Corrèze),
constituaient cet état­ma­
jor républicain « en guerre
tous azimuts contre le
chômage, cette gangrè­
ne », dixit Michel Jau. « Ou
ça réussit et on s’en sort,
prévient le préfet de ré­
gion. Ou je n’ose pas ima­
giner une autre solution ».
« Jamais vu un plan
aussi complet »
Ce quitte ou double éco­
nomique se joue sur un
catalogue dense d’armes
de relance massive. « Je
n’ai jamais vu un plan
aussi complet », reprend
Michel Jau. Il s’articule
14,5
En millions d’euros, le
montant du CICE imputé
cette année sur l’impôt
dû par les sociétés
limousines, ce qui porte à
plus de 24 millions la
somme reversée aux
entreprises par le CICE.
200 à 300
PRÉFETS. Encadré par Bruno Delsol (Corrèze) et Christian Chocquet (Creuse), Michel Jau, le préfet de Haute-Vienne, veut
« mener la guerre contre le chômage ». PHOTO BRIGITTE AZZOPARD
autour de deux piliers. Ce­
lui « destiné aux entrepri­
ses », qui comprend des
baisses de charge et des
réductions d’impôts et
« celui pour les ménages
les moins favorisés », qui
s’appuie essentiellement
sur des baisses de cotisa­
tions. « Ce n’est pas une
simple relance de la con­
sommation, qui est facile
et marche rarement. C’est
■ ÉCHOS RÉGION
FUSION DES RÉGIONS ■ La CGPME
fait part « de sa désapprobation »
La CGPME du Limousin fait part de sa « désapprobation
au regard du projet de rapprochement avec les régions
Poitou­Charentes et Centre. La CGPME de la Haute­
Vienne, celle de la Corrèze, ainsi que les dirigeants d’en­
treprises qu’elles représentent, qui avaient accueilli fa­
vorablement le projet de fusion de la région Limousin
avec la région Aquitaine, sont surpris, voire heurtés, par
ce nouveau projet et ne se reconnaissent pas dans de
nouveau découpage. Le développement économique de
notre région ne peut se faire que dans une région où il y
a une métropole dynamique, telle que l’Aquitaine ». ■
SNCF ■ La grève reconduite aujourd’hui
à Limoges et La Souterraine, pas à Brive
Au neuvième jour de grève, quatre­vingts cheminots
étaient rassemblés, hier soir, devant la préfecture de ré­
gion, pour manifester contre la réforme ferroviaire. Mal­
gré les amendements pris sur le « caractère indissocia­
ble et solidaire » des trois entités, les avancées sont
jugées insuffisantes par la CGT et FO, qui ont reconduit
le mouvement pour aujourd’hui, à Limoges et La Sou­
terraine, mais pas à Brive. Pour aujourd’hui, la SNCF
prévoit six Intercités sur dix et 69 % de TER. Un rassem­
blement de cheminots est prévu ce matin, à Limoges. ■
ALTIA ■ Les expéditions restent bloquées
au départ de La Souterraine
Les salariés travaillent, mais les expéditions au départ
de l’usine Altia de La Souterraine étaient toujours blo­
quées, hier. Dans un communiqué, la CGT a rappelé ses
conditions à la levée de l’embargo. « Réunion d’urgence
sur le Limousin avant la fin de la semaine avec les prin­
cipaux acteurs et décideurs », « mise en œuvre d’une re­
prise industrielle », « maintien de l’activité hors auto­
mobile » et « clarification de la position des
constructeurs sur la proposition du repreneur GMD et
sur les autres, tel que Cosmos ». Dans l’offre du groupe
GMD, l’usine creusoise risque de perdre 130 emplois. ■
JUSTICE ■ L’ex­président de la cour d’appel
président de la Cour de cassation
Bertrand Louvel, ancien premier président de la cour
d’appel de Limoges, a été choisi par le Conseil supérieur
de la magistrature pour occuper le poste de premier
président de la Cour de cassation. ■
un plan à long terme. Une
politique de l’offre struc­
turelle qui inclut des me­
sures pour la solidarité
nationale et sociale ».
Les chiffres ne manquent
pas pour étayer cette thè­
s e. D’ i c i 2 0 2 0 , l e t a u x
d’imposition des sociétés
diminuera jusqu’à 28 %,
ce qui placera la France
dans la moyenne euro­
péenne. Les ménages les
En nombre d’emplois
créés, l’impact estimé du
CICE sur la région pour
l’année 2013.
moins favorisés verront
leurs cotisations sociales
diminuer et un salar ié
payé au Smic pourra tou­
cher 520 € annuels en
plus. Quant à la baisse des
cotisations familiales de
1,8 %, elle concernera d’ici
2016 « 90 % des salariés »,
estime la directr ice de
l’Urssaf, Chr istiane Vi­
gnaud­De La Cruz.
Mais le gros morceau de
ce pacte de responsabilité
repose sur le crédit impôt
compétitivité emploi
(CICE). Le dispositif
préexistait dans le texte
actuel, mais constitue
aujourd’hui encore son
b r a s a r m é f i n a n c i e r.
Quand il atteindra son
rythme de croisière, le
CICE bénéficiera en Li­
mousin à près de 16.000
entreprises. Elles se ver­
ront distribuer 160 mil­
lions d’euros au total, sous
forme d’avance, de rem­
boursement ou de déduc­
tion de l’impôt sur les so­
ciétés.
« Restaurer
la confiance »
Actuellement, les chiffres
sont plus modestes. 2.000
entreprises sont concer­
nées en 2013 et 24,3 mil­
lions ont été redistribués.
Mais l’impact apparaît
marginal. « Entre 200 et
300 emplois créés », esti­
me Michel Recor, le direc­
teur des finances publi­
ques pour la région.
« Mais on est incapable de
dire le nombre d’emplois
préservés », nuance Jean­
Luc Holubeik, le commis­
saire régional au redresse­
ment productif.
Quels effets aura ce pac­
te sur le long terme ? Pour
le Medef, c’est la question
à un million d’emplois. Et
pour Michel Jau, il s’agit
« d’une question de con­
fiance ». « Il faut créer les
conditions pour la retrou­
ver, Sans ça, il n’y aura pas
de développement écono­
mique ».
4.700 emplois aidés
« Il y a un maître mot
dans ce pacte, c’est antici­
pation, abonde Br uno
Delsol. Les baisses d’im­
pôt et de charges pren­
dront pleinement effet à
partir de 2015. Le but,
c’est que les entreprises
n’attendent pas que ces
aides arrivent et qu’elles
en tiennent compte dès
aujourd’hui ». L’utilisation
du CICE devra également
faire l’objet d’une présen­
tation au comité d’entre­
prise des sociétés bénéfi­
ciaires. « Une garantie
sociale », souligne Michel
Jau.
En attendant, les 4.700
emplois aidés limousins
doivent faciliter les em­
bauches dans cette « pé­
riode de consolidation de
l’économie », comme l’a
appelée Jean­Luc Holu­
beik. « Mais les vrais em­
plois sont ceux créés par
les entreprises », conclut
Michel Jau. ■
LIMOGES ■ Une quinzaine de véhicules devant la préfecture de région
Les ambulanciers sonnent l’alarme
Tarifs inappropriés, augmentation des charges, dialogue compliqué avec l’assurance-maladie… Les
ambulanciers du Limousin
manifestaient, hier, devant
la préfecture de région, à
Limoges.
Le rassemblement a fait
du bruit, au propre com­
me au figuré. Une quin­
zaine d’ambulances toutes
sirènes hurlantes sous les
fenêtres de la préfecture,
où une délégation était re­
çue. « On arrive au bout
de ce qu’on peut faire,
alarme Jean Baptiste Ber­
trand, un des représen­
tants des manifestants.
Certaines entreprises sont
appelées à disparaître. En
Limousin, plusieurs sont
en redressement judiciai­
re ».
« Pas que des
requêtes financières »
Ce mouvement corres­
pond à une opération de
sensibilisation lancée mer­
credi, au niveau national,
par la chambre nationale
des services d’ambulance
(CNSA). « Le gouverne­
ment abandonne les am­
bulanciers », affirme le
communiqué de presse.
« Un exemple, reprend
Jean­Baptiste Bernard, le
tarif de garde préfectoral
MANIFESTATION. Les ambulanciers du Limousin réclament une meilleure prise en compte de leur
situation, mise en danger par l’augmentation des charges. PHOTO STÉPHANE LEFEVRE
n’ a p a s é v o l u é d e p u i s
2003. Au contraire des sa­
laires et des charges de
carburant par exemple ;
M a i s o n n’ e s t j a m a i s
aidé ». En Haute­Vienne,
la situation est plus ten­
due encore, puisqu’en cas
d’intervention d’urgence
sur un accident, qui fina­
lement ne donne pas lieu
à des transports de bles­
sés, les ambulanciers ne
sont pas payés. « Une con­
vention a été signée en
Corrèze et en Creuse, mais
p a s e n Ha u t e ­ V i e n n e,
s’étonne le représentant
des ambulanciers. On se
demande bien pourquoi ».
Les ambulanciers récla­
ment notamment une
baisse de la TVA de 10 à
2,1 %, « comme pour les
médicaments » ou « une
meilleure organisation des
transports ». « On ne for­
mule pas que des deman­
des financières, précise
Jean­Baptiste Bernard. Il
faudrait mieux gérer les
entrées et sorties, les re­
grouper pour faire des
économies et éviter les
voyages à vide ».
« Aujourd’hui, l’assurance­
maladie ne raisonne qu’en
postes budgétaires, elle ne
regarde pas les articula­
tions, termine le responsa­
ble. Mais à l’heure où on
veut développer l’hospita­
lisation à domicile et les
soins ambulatoires, les
ambulanciers sont un vec­
teur d’économies ». ■
S. D.