Télécharger le dossier thématique
Transcription
Télécharger le dossier thématique
Le projet métropolitain de Salé Par le DR NOUREDDINE LAZRAK, Député-Maire de Salé Les villes de Rabat l’orgueilleuse et Salé la populaire se sont regardées pendant des siècles de part et d’autres du fleuve Bouregreg. Le projet d’aménagement de ce dernier (pont, tramway, marina, parcs d’activité économique, etc.) lancé il y a 10 ans a-t-il réconcilié les deux villes ou renforcé l’opposition historique entre elles ? Quels bénéfices Salé a-t-elle tirés de ce grand projet d’aménagement ? Fondation EDF - Mercredi 23 octobre 2013 Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 1 2 Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 1 Présentation du dr Nourredine lazrak Docteur en médecine, spécialisé en hépato-gastroentérologie, M. Lazrek est né à Fès le 25 avril 1957. De 1994 à 2007, il a été Président du croissant rouge marocain à Salé, membre du conseil d’administration de l’association Bouregreg et Président de la commission de santé. Engagé dans la politique locale dès les années 1990, il devient d’abord conseiller municipal de Salé en 1993, puis membre du Conseil régional de Rabat-Salé en 1997, Vice-Président de la commune urbaine de Salé en 2002, et enfin Maire de Salé en 2009, date à laquelle il prend aussi la Vice-Présidence de l’association des présidents des communes du Maroc. Sur le plan national, il a été élu Député à la chambre des représentants de Salé sans discontinuer depuis 1997. Il est également membre de l’Union parlementaire internationale et du Parlement francophone. Très actif dans le domaine de la protection de l’environnement, il a participé à la création d’une unité de compostage à Salé, a été responsable de l’agenda 21 à Salé entre 2005 et 2007, et est depuis 2012 membre de la Convention des Maires pour l’économie d’énergie. Passionné de sport et de culture, il est membre de plusieurs clubs et a fondé divers festivals dans sa ville. Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 3 2 Quelques données introductives Données démographiques MAROCAGGLOMÉRATION RABAT-SALÉ Population Superficie en Km2 Densité 31 951 000 446 550 71,6 hab/km2 2 000 000 (2010) 812 2 463 hab/km2 Taux d’urbanisation du Maroc 56,70% PIB/hab 2795 $ IDH0,582 Taux de motorisation 53 véhicules pour 1 000 hab Accidentologie 1,23 accident mortel pour 10 000 hab et par an. Région Rabat-Salé-Zemmour-Zaer Population Superficie en Km2 Densité moyenne 2 366 494 habitants (2004 au dernier recensement) 9 600 km2 / 1,4% de la superficie nationale 247 hab km2 Taux d’urbanisation82% Niveau de pauvreté 8% / 14,2% au niveau national D’un point de vue administratif, la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer se compose d’une province (Khémisset avec 7783 km2) et de trois préfectures (Skhirat-Témara avec 1027 km2, Salé avec 672 km2 et Rabat avec 118 km2). Ces trois préfectures forment l’armature urbaine de la deuxième agglomération marocaine. Population agglomération de Rabat-Salé-Témara 1 623 000 éléments sur l’environnement naturel de Rabat-Salé Le réseau hydrographique de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaer est composé d’importants cours d’eau, les oueds Bouregreg et Beht, ainsi que leurs affluents. Deux grands barrages, Sidi Mohamed Ben Abdelah et El Kansera, ainsi que onze autres barrages de taille plus modestes permettent de réguler les eaux des différentes rivières et assurent un approvisionnement en eau à la région, tant pour la satisfaction des besoins en eau potable que pour l’agriculture et l’industrie. Le domaine forestier occupe une place d’importance dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer (305 500 ha). à noter que l’effort de reboisement a été significatif ces dernières années, d’autant plus qu’il s’inscrit dans un contexte de forte croissance économique (en comparaison avec l’Europe) et donc de forte demande en bois (bois de combustion, bois pour l’industrie de la construction, des meubles, etc). La région compte des Sites d’Intérêt Biologique et Ecologique (SIDE), notamment une partie de la vallée du Bouregreg, qui revêtent une grande importance tant pour la préservation de la biodiversité que pour la lutte contre l’aridification ou la désertification de certaines zones de la région, en préservant les sols de l’érosion. Par ailleurs, la « ceinture verte » de Rabat-Témara et les forêts de Dar Salam, de Korifla et Mkhinza tendent à jouer un rôle urbain de plus en plus intense avec le développement des loisirs verts auxquels les habitants de Rabat attachent une importance grandissante. Le fait naturel en milieu urbain et tout ce qui lui est associé (idée de liberté, de parenthèse dans une vie urbaine bousculée, etc) tend à devenir un élément central en terme de qualité de vie pour les habitants de la région capitale. 4 Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 Les activités économiques Outre la forte présence de fonctions administratives liée au statut de capitale de la ville de Rabat, les industries textiles et du cuir, à vocation exportatrice, représentent les deux tiers des exportations de l’ensemble du secteur industriel de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaer et emploient également les deux tiers des effectifs employés par l’industrie. L’artisanat occupe une place importante dans le paysage économique rabati, en particulier le travail des poteries, les tapis estampillés, la broderie, les vanneries, les bois peints, le cuir ou encore la ferronnerie. On estime à 94 000 le nombre d’artisans exerçant à Rabat, pour une valeur globale des exportations de produits artisanaux qui s’élève à plus de 62 millions de dirhams. Le secteur des tapis occupe la première place. Le tourisme occupe à l’évidence une place centrale dans les activités économiques de la région de Rabat et constitue à cet égard une importante rentrée de devises. On peine malheureusement à trouver des chiffres à l’échelle de la ville de Rabat et a fortiori de l’agglomération de Rabat-Salé-Témara. Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 5 3 Historique de la réflexion à l’échelle métropolitaine Alors que Rabat n’était qu’un petit fort militaire fondé par la dynastie Almohade au 12ème siècle, Salé, ville prospère de commerce et de course maritime, siège d’une ancienne République indépendante du pouvoir des sultans chérifiens et riche de ses élites intellectuelles fut longtemps la véritable implantation urbaine atlantique du Maroc. Il faudra attendre le début du 20ème siècle et la décision des autorités du Protectorat français d’établir la capitale du royaume à Rabat pour que l’histoire s’inverse. Salé s’appauvrira progressivement et deviendra ainsi une cité dortoir de la capitale administrative dont elle n’est séparée que par le fleuve Bou Regreg. Le vaste projet d’aménagement de ce fleuve apparaît alors comme une chance nouvelle pour Salé de rétablir son statut au sein d’un ensemble urbain coordonné de plus de 2 millions d’habitants. Toute la question et de savoir comment les élites politiques, économiques et sociales de la ville sauront saisir cette opportunité afin de réussir cette renaissance. Fin 2007, les municipalités de Rabat et de Salé, ont lancé un appel d’offre international pour l’élaboration d’un plan d’aménagement unifié (PAU) des villes de Rabat et Salé. Cette révision des plans d’aménagement et des grands documents d’urbanisme (équivalents des PLU ou des SCOT) s’inscrivait alors dans un contexte plus global concernant l’ensemble des communes urbaines de l’agglomération, dont Témara. L’enjeu pour la région capitale était d’une part de renforcer et affirmer son rôle à l’échelle nationale, les concurrences avec Casablanca, et dans une moindre mesure Marrakech, étant rudes, et internationale (Rabat peut prétendre faire partie des villes qui comptent sur le continent africain). D’autre part, cette élaboration des PAU aura été l’occasion de réfléchir à la redéfinition de l’identité métropolitaine de l’agglomération rabatie. Dès 2007, la nécessité de mener une réflexion globale sur l’agglomération de Rabat et Salé est une évidence. Ces deux villes sont partie intégrante d’une seule et même agglomération, ce qui signifie qu’un travail sur Rabat ne peut avoir de sens qu’en intégrant une réflexion approfondie sur sa sœur jumelle Salé. Témara trouve également toute sa place dans l’analyse, d’abord du fait de son poids démographiques (près de 600 000 habitants) et de ses potentialités de développement importantes, notamment en matière de foncier disponible. Les Plans d’aménagement unifiés (PAU) de ces deux espaces (Rabat-Salé d’une part et Témara d’autre part) doivent répondre à cette exigence de cohésion territoriale et permettre la complémentarité entre ces espaces métropolitains. Parmi les grands enjeux qui ont été identifiés en amont de l’appel d’offre visant à définir les PAU figurent l’amélioration de l’attractivité économique et du cadre de vie urbain, le renforcement de l’offre de logements et de services et équipements de proximité. Autre élément central, les autorités marocaines insistent sur la nécessité d’une plus grande mixité sociale ainsi qu’une répartition plus équilibrée des activités sur le territoire métropolitain. 6 Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 Conseil d’administration de l’Agence urbaine de Rabat-Salé. Dernières touches au plan d’aménagement unifié de la capitale Publié le : 8 Juillet 2013 - J.G., LE MATIN Le conseil d’administration de l’Agence urbaine de Rabat-Salé, tenu le 4 juillet, a examiné l’état d’avancement du plan d’aménagement unifié de Rabat. Très attendu pour l’amélioration du cadre urbain de la capitale, le document est en cours d’homologation. L’Agence urbaine de Rabat-Salé se penche actuellement sur les propositions des différents partenaires. Le plan d’aménagement unifié de Rabat est très attendu, tant par les responsables locaux que par les habitants de la capitale. Après plus de cinq ans d’étude et de concertations, il a été soumis à l’avis du comité technique local le 28 février 2013. Actuellement, l’agence urbaine de Rabat-Salé (AURS) se penche sur l’examen des remarques et des propositions des différents partenaires, dont la société civile. L’AURS est appelée à accélérer la cadence pour mettre en œuvre le nouveau plan d’aménagement. Le projet tarde, en effet, à voir le jour. C’est en 2007 que l’appel d’offres international a été lancé pour la présélection d’un bureau d’étude pour la réalisation de nouveaux plans d’aménagement pour la capitale et les deux villes voisines. Le directeur général de l’Agence urbaine de Rabat Salé, Khalid Ouaya, estime qu’il ne s’agit pas d’un retard. Pour lui, ce que l’on appelle communément «retard» devient nécessaire et justifié parce qu’il s’agit de décider de la dynamique du changement urbain prévu et, par conséquent, du développement humain, économique et social. «Il faut répondre aux attentes de la population concernée, remédier aux dysfonctionnements relevés, prévoir les équipements structurants, doter les villes de l’agglomération des moyens les aidant à répondre aux nouvelles exigences urbaines et spatiales et renforcer leurs fonctions ou leur en donner de nouvelles dans le cadre d’une vision d’aménagement global», dit-il. L’Agence urbaine s’assigne pour objectif de mettre à la disposition des décideurs un outil d’aide à la prise de décisions offrant les moyens d’atténuer les disparités sociospatiales et de remédier aux problèmes de mobilité et de transport et aux insuffisances en grands équipements. Pour atteindre les objectifs escomptés, le projet de plan d’aménagement unifié de Rabat vise à assurer un développement économique et social à la hauteur des ambitions de tous : autorités locales, collectivités locales, services extérieurs et population. Dans ce cadre, le document d’urbanisme en cours d’homologation a pris en considération plusieurs défis, notamment la nécessité d’amélioration du transport et de la circulation pour faciliter la mobilité et le déplacement. Ce principe passe par la création d’un pôle multimodal à l’entrée sud de Rabat, la mise en relation des quartiers (voie de contournement entre Hay Ryad et Akrach). Il faut aussi créer des aires de stationnement aux entrées de la ville, à proximité des gares ferroviaires, et aménager des entrées de la ville pour le renforcement de son identité. Il s’avère également nécessaire d’aménager les grandes artères de la ville et de sauvegarder et valoriser le patrimoine architectural de Rabat. Bilan des autorisations en 2012 En 2012, l’Agence urbaine de Rabat-Salé a examiné quelque 6 648 demandes relatives à des projets de construction, de lotissement, de morcellement ou d’autorisations pour la construction de groupements résidentiels. C’est la préfecture de Salé qui arrive en tête des demandes présentées (3 076), suivie de Temara (2 221), puis de Rabat (1 351). Le nombre des grands projets résidentiels approuvés en 2012 s’élève à 572. Il s’agit des immeubles (433), des groupements résidentiels (81) et des lotissements (58).S’agissant des activités commerciales, industrielles et de services, le nombre des projets approuvés est de 423, dont 27 unités industrielles, 246 unités commerciales et 12 unités touristiques. En ce qui concerne les demandes de dérogation, sur les 108 présentées, trente seulement ont été acceptées, dont 13 à Skhirat-Temara. Le volume d’investissement de ces demandes est estimé à un milliard de dirhams. En outre, le plan d’aménagement prend en considération la préservation des espaces verts et naturels avec le renforcement du caractère «Rabat, ville verte». Une étude a été lancée pour la définition globale et stratégique des espaces verts de la conurbation de Rabat-Salé-Temara permettant d’asseoir une véritable politique de protection, d’aménagement et de gestion de ces espaces verts. L’objectif étant d’arrêter une stratégie de protection et de mise en valeur des espaces verts, de ceintures vertes et des espaces naturels. Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 7 4 Le projet d’aménagement de la vallée du Bouregreg contexte Portant sur une zone globale de 6 000 ha, l’aménagement de la Vallée du Bouregreg vise à réhabiliter et promouvoir les rives du fleuve Bouregreg pour offrir un lieu de vie agréable aux habitants de Rabat et Salé. Ce projet structurant repose sur la création de nouveaux espaces urbanistiques en harmonie avec l’histoire et l’environnement du site, la construction d’ouvrages de transport public, ainsi que la mise en place de divers aménagements hydrauliques et portuaires. La Vallée du Bouregreg ne sera plus à terme un simple lieu de transit, mais une cité à part entière. Après quatre ans d’études, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné, en janvier 2006, le coup d’envoi officiel des travaux d’un plan d’aménagement digne de la capitale du Royaume. Un aménagement respectueux du caractère prestigieux de ce site chargé d’histoire, qui tout en prêtant attention à sa préservation, fasse preuve de créativité et d’audace. Le financement du projet met à contribution aussi bien le secteur privé que le secteur public: budget de l’Etat, prêts publics, investissements privés et dons. Quatre grands axes commandent la politique d’intervention sur cet espace exceptionnel : La protection de l’environnement de la vallée La démarche sociale et l’action citoyenne La préservation et la réhabilitation du patrimoine L’amélioration du cadre de vie des populations de l’agglomération Depuis le lancement officiel du projet, les travaux d’aménagement de la Vallée du Bouregreg ont principalement porté sur les deux premières séquences, dénommées Bab Al Bahr et Al Saha Al Kabira. Le Projet Bouregreg compte néanmoins quatre autres séquences appelées à connaître le même traitement dans le cadre d’une démarche globale et intégrée. DESCRIPTION Espace global d’aménagement Profondeur de la vallée Superficie constructible Hauteur du Pont Hassan II Longueur du réseau du Tramway de Rabat-Salé Longueur du Tunnel des Oudayas Surface plancher du projet Bab Al Bahr Capacité d’accueil de Bouregreg Marina Longueur des quais de Rabat Superficie du Grand Théâtre de Rabat 6 000 ha 15 km 15% 13 m 19,5 km 1 km 512 000 m² 240 anneaux 1,2 km 27 000 m² Source de la carte : http://www.bouregreg.com/tiki-index.php?page=Situation 8 Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 Les grandes dates du projet 12 mai 2004 Présentation du Projet Bouregreg à Sa Majesté 7 janvier 2006 Lancement officiel des travaux par Sa Majesté 23 novembre 2005 Création de l’Agence pour l’Aménagement de la Vallée du Bouregreg MARS 2008 Livraison de Bouregreg Marina Juin 2007 Livraison des quais et débarcadères de Rabat avril 2010 Démarrage des essais techniques du Tramway de Rabat-Salé 12 février 2010 Lancement de la commercialisation de Bab Al Bahr 5 novembre 2010 Signature de la convention du Grand Théâtre de Rabat 18 mai 2011 Inauguration Royale du Tramway de Rabat-Salé et du Pont Hassan II — Mise en service du Tunnel des Oudayas Les objectifs du projet Les objectifs de l’aménagement de la Vallée du Bouregreg s’articulent autour de quatre composantes essentielles: > Citoyenneté > Environnement « Le Projet Bouregreg est avant tout un projet citoyen. « Le Projet Bouregreg place l’environnement au cœur de à travers ses équipements publics et ses aménagements son plan d’action qui vise à protéger le milieu écologique créateurs de richesses, il se propose d’assurer un cadre de de la vallée et à mettre en valeur ses paysages de manière vie agréable pour les citoyens de l’agglomération de Ra- durable. La priorité est donnée à la dépollution du fleuve bat-Salé et un avenir meilleur aux générations futures ». et de la vallée, la réhabilitation et le reboisement des car- cet objectif d’amélioration du cadre de vie urbain des habitants de l’agglomération de Rabat-Salé couvre de multiples aspects de l’aménagement urbain, de la rières, et la sauvegarde du site naturel dans son ensemble par des mesures plurielles au niveau de l’environnement marin, la faune et la flore ». question de la proximité des différents services urbains, Cette exigence environnementale vient s’articuler avec au multifonctionnalisme des quartiers, en passant par le premier objectif de citoyenneté. En premier lieu, l’exigence de mixité sociale. dépolluer l’environnement est de plus en plus vu, dans les pays émergents comme le Maroc, comme une exigence en-soi. Mais en second lieu, c’est aussi faire en sorte de rendre aux habitants de l’agglomération les espaces naturels qui leur ont échappé par la force des choses. > Mémoire du lieu « La vallée du Bouregreg est un site à forte charge symbolique. Le respect de l’histoire impose l’adoption d’une démarche qui allie l’économique au culturel. Le Projet Bouregreg œuvre pour la préservation et la mise en valeur des nombreux monuments historiques qui ponctuent la vallée ». Cette exigence est à mettre en regard de l’importance du tourisme dans la région capitale mais également d’une prise de conscience assez récente relative à la nécessité de préserver le patrimoine culturel et historique. > Transports « Le Projet Bouregreg se propose d’assurer la fluidité et la facilité d’accès aux moyens de transport entre les villes de Rabat et Salé, afin de répondre aux besoins croissants de déplacement dans l’agglomération. La mise en place de divers ouvrages de transport est prévue à cet effet ». La question de la mobilité est en effet centrale dans la réflexion menée ces dernières années. Le projet de tramway ou encore le tunnel des Oulayas en sont une réalité palpable. Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 9 Le tramway de Rabat-Salé Voir le site de la municipalité de Rabat pour une vidéo de présentation du tramway et l’historique de sa construction. http://www.mairiederabat.com/projetsrabat.html Le tramway : quelques éléments quantitatifs et introductifs TRAMWAY DE RABAT-SALÉ Longueur des lignes 19,5 km (2011) Parts modales dans l’agglomération : - Véhicules particuliers (VP) 17,5% - Transports en commun 15,3% - MA 67,2% Inauguré par le Roi Mohammed VI le 18 mai 2011, le tramway relie les centres villes de Rabat et de Salé et dessert les principaux pôles d’activité : centres administratifs, universités, hôpitaux, gares ferroviaires et routières. Le réseau 2011 comporte deux lignes qui ont un tronc commun de 3 km au niveau du pont Hassan II : • Ligne 1 : de Tabriket à Salé à la Cité Universitaire de Rabat ; • Ligne 2 : de Bettana à Salé au quartier l’Océan à Rabat, en longeant la Médina. Le tramway transporte aujourd’hui près de 60 0000 voyageurs par jour. Des extensions du réseau actuel, ainsi que la réalisation de deux lignes supplémentaires reliant les centres villes de Rabat et Salé à Akreuch et Sala Al Jadida, sont prévues à moyen terme. Les travaux de réalisation du tramway avaient été lancés par l’Agence du Bouregreg au 1er trimestre 2007, en partenariat avec les Communes Urbaines de Rabat et de Salé, pour un budget d’investissement de 3,5 Milliards de dirhams. Pourquoi un tramway ? Les nouveaux pôles de développement de l’agglomération se concentrent autour de Rabat. La ville de Salé, assez éloignée de ces pôles, souffrait particulièrement, avant la construction du pont Hassan II et l’arrivée du tramway, de la difficulté du franchissement du Bouregreg. Le pont Moulay Al Hassan (maintenant remplacé par le pont Hassan II) était particulièrement engorgé aux heures de pointe, augmentant très significativement les temps de trajet entre les deux rives de la vallée du Bouregreg. Les études ont démontré qu’environ 650 000 personnes franchissent quotidiennement la vallée. « Dans les dix prochaines années, et dans un contexte de croissance économique soutenue, la population tendra tout naturellement à poursuivre son équipement automobile, motivée par le système de transport collectif actuel, encombré et peu attractif. Une politique volontariste en faveur de la fluidité et de la facilité d’accès aux moyens de transport entre les villes de Rabat et Salé s’avère donc nécessaire » Dans ce contexte, le tramway devrait permettre de répondre aux besoins croissants de mobilité dans l’agglomération et de résoudre – au moins partiellement – les problèmes de congestion. 10 Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 La mise en œuvre du projet de tramway Les travaux des lignes de tramway ont débuté en 2007 pour une mise en service en 2011. Les deux lignes ont une longueur de de 19,5 km et sont constituées de 31 stations. Elles relient désormais les principaux pôles de l’agglomération rabatie (gares, universités, hôpitaux, ministères et établissements publics, écoles, etc.) ainsi que des quartiers densément peuplés. Les autorités estiment à 110 le nombre de sites majeurs desservis par le tramway. Notons qu’un effort particulier a été fait sur les questions d’articulation entre les différents modes de transports et sur le report modal. Huit « hubs » d’échanges avec les lignes de bus ont été créés ; deux stations du tram sont à proximités des gares ferroviaires ; trois grands parkings-relais ont été construits afin de faciliter le report modal véhicule individuel / transport en commun. Notons également que, à la différence des métropoles européennes qui souhaitent pour l’immense majorité d’entre elles réduire la place de la voiture en centre-ville, l’agglomération de Rabat-Salé n’a pas souhaité imposer plus de contraintes aux automobilistes : les lignes de tram n’empiètent pas sur les chaussées – celles-ci ont souvent été élargies pour faciliter le passage du tram – comme en témoigne le pont Hassan II sur lequel on trouve à la fois les voies réservées au tram, des trottoirs larges ainsi que des pistes cyclables, et trois voies dans chaque sens réservées à la circulation automobile (2×3 voies). Plan du réseau de tramway de Rabat Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 11 Rabat-Salé, le tramway qui a chamboulé les habitudes de déplacement L’Economiste, Édition N° 3954 du 2013/01/23 La mise en marche du tramway a amplifié l’affluence des citoyens vers certaines zones de la ville, comme la marina, devenue un véritable espace d’animation. Le pont Moulay Hassan reliant les deux rives du Bouregreg est également considéré comme un joyau architectural, améliorant l’aspect esthétique de cet espace RABAT, lundi matin, dans un froid glacial, les nombreux usagers battent la semelle pour se réchauffer, en attendant l’arrivée de la première rame du tramway à son point de départ, Madinat Al Irfane. Une station au cœur du campus universitaire de la capitale. Mais il n’y a pas que les étudiants mal réveillés qui patientent. Ahmed Doulfaqar, en manteau noir, descend de sa voiture qu’il vient de garer à une centaine de mètres de là. Il a vite compris l’intérêt d’abandonner son véhicule à l’entrée de la ville et de se rendre à son travail sans subir les affres de la circulation. « Le tram m’évite les éternels embouteillages. Surtout que je viens tous les jours de Témara. Certains matins, je passe plus d’une heure sur la rocade. Pour moi c’est un véritable soulagement », confie ce fonctionnaire du ministère des Finances. Zineb Younsi est dans le même cas. Elle préfère garer sa voiture au parking et emprunter le tram pour se rendre à son stage ou faire ses courses dans la médina. « Non seulement c’est pratique, mais si on fait bien le calcul, entre le prix de l’essence et le paiement des horodateurs dans le centre-ville, le tram revient moins cher », précise cette jeune femme dynamique. Chaimae Moussaoui vit à Salé mais étudie à l’Ecole nationale d’architecture, à l’autre bout de l’agglomération Rabat-Salé. Autrefois habituée de l’autobus, aujourd’hui elle ne dis- 12 Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 Le pont Hassan II simule pas sa satisfaction des bienfaits que procure le transport par tramway. « Les rames passent toutes les 10 minutes. Et ponctuelles, en plus! Cela m’a éloignée de l’autobus où je ne me sentais pas en sécurité », lance cette architecte en herbe qui rêve d’ouvrir son propre cabinet.D’ailleurs, la société qui gère le tram est sensible à cette question. Ainsi, comme mesure de sécurité, elle a placé des systèmes d’alarme à proximité de chaque porte de sortie, avec des postes de communication permettant de contacter rapidement les agents de contrôle.Cet engouement pour ce mode de transport collectif explique pourquoi les indicateurs de la société sont au vert. Ainsi, le chiffre d’affaires de la Société du tramway Rabat-Salé est estimé à 115 millions de DH. Ce montant servira à couvrir les frais d’exploitation. Et pour cause, le tram enregistre pas moins de 90.000 usagers par jour contre 40.000 pour les six derniers mois de l’année écoulée. D’ailleurs, la direction cherche à optimiser la fréquentation du tram pour atteindre 180.000 voyageurs par jour. C’est la condition pour améliorer la situation financière de l’entreprise. Elle veut également accroître ses recettes via l’extension du réseau vers les quartiers de Yakoub Al Mansour, Hay Fath et Sala Al Jadida. La ville de Témara n’est pas exclue du projet. Dans ce sens, des études seront prochainement lancées. Les retombées économiques de ce mode de transport ne sont pas encore mesurées. Mais déjà, celui-ci fait le bonheur des commerçants de la marina de Bouregreg. « Le site est mieux desservi. Le tram a vraiment eu des effets sur les recettes. Avant, les clients venaient rarement, faute de moyen de transport », se frotte les mains ce gérant de café qui a vu son chiffre d’affaires grossir. Les commerçants de la zone louent également ses qualités esthétiques. « La nuit, avec ses lumières, le tram paraît beau, moderne! Visiblement, les clients trouvent du plaisir à le voir passer », rappelle le même tenancier. D’ailleurs, Fatema et sa fille de trois ans viennent souvent à la marina de Bouregreg via le tram qu’elles prennent à Bab Rouah. Le mauvais temps ne les empêche pas d’aller respirer l’air marin de la marina. « Le tram est le meilleur moyen pour s’y rendre. D’autant plus que cela revient moins cher que de prendre la voiture. Même chose le soir où la fréquence des rames ne change pas », précise la maman. …./… Ils confirment des impressions déjà formulées: depuis sa mise en service en juin 2011, ce moyen de transport a beaucoup changé le quotidien des citoyens. Pourtant, il avait suscité de la réticence dans les salons rabatis, et même chez les taxi-drivers de la capitale et ceux qui assurent la liaison entre les deux villes jumelles. Ils craignaient l’impact négatif sur leur chiffre d’affaires quotidien. Cela correspond, d’ailleurs, aux points sombres qui entachent ce tableau. Aujourd’hui, le chamboulement qui a accompagné les travaux du tramway fait jaser des commerçants. Certains avancent que leur activité a régressé depuis la mise en marche du tramway. Abdessamad, propriétaire d’une boutique de cosmétique à Moulay El Hassan, au centre-ville, estime qu’il est devenu trop compliqué de se garer dans le coin. « La ligne du tramway a grignoté des espaces sur plusieurs boulevards. C’est dur pour le client de venir faire ses courses ici et de rentrer ensuite avec tous ses cabas en tramway. D’autant plus que c’est interdit aux heures de pointe », désapprouvet-il. Hajar BENEZHA Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 13 Le tunnel des Oudayas La réalisation du tunnel sous les Oudayas s’inscrit dans le cadre de la mise à niveau des infrastructures de transport de la séquence de l’aménagement de la Vallée du Bouregreg. Ce tunnel routier de 2x2 voies s’étend du carrefour giratoire de Bab Al Bahr au Club de Surf des Oudayas (côté océan) sur une longueur totale de 1 km, en passant sous les bâtiments historiques de la Kasbah. Le tunnel des Oudayas permet de décongestionner la circulation sur la route d’Al Marça. En effet, le trafic des véhicules automobiles atteignait une moyenne supérieure à 30 000 véhicules par jour, dont 3 500 poids lourds et autocars. Par ailleurs, le tunnel permettra à terme de restituer la continuité historique entre la médina et les Oudayas, avec l’aménagement futur de la place Souk Lghzel en espace public. Entretien avec Lamghari Essakl, Directeur Général de l’Agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg Publié le : 3 Septembre 2013 - Farida Moha, LE MATIN « Le Pont Hassan II, récompensé par le prix Aga Khan de l’architecture » Cinq parmi 20 projets sélectionnés dans le monde, en Afghanistan, en Autriche, en Chine, en Inde, en Indonésie, en Iran, au Liban, au Maroc, en Palestine, au Rwanda, en Afrique du Sud, au Sri Lanka, au Soudan, en Syrie, en Thaïlande et au Yémen ont été choisi par le jury du Prix Aga Khan d’architecture pour se partager un fonds de prix de 1 million de dollars en reconnaissance pour l’impact qu’ils ont eu sur la qualité de vie de leurs utilisateurs La cérémonie aura lieu le 6 septembre à Lisbonne et le prix sera délivré par Son Altesse le Prince Aga Khan et le Président du Portugal. Parmi ces 5 projets sélectionnés, le projet du Pont Hassan II a été choisi, cet ouvrage d’art qui se distingue par son architecture et par son insertion dans le site est aussi un bien public qui fait l’admiration des citoyens des deux rives et des touristes. Ce pont, dont les travaux ont été lancés le 23 décembre 2007, a été inauguré par le 14 Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 Le pont Hassan-II, avec en aval Bouregreg Marina, vu depuis Rabat Souverain le 18 mai 2011 et mis en service le même jour. Le Prix Aga Khan d’architecture a pour « objectif d’identifier et d’aider les concepts de construction qui répondent avec succès aux besoins et aspirations des communautés dans lesquelles les musulmans ont une présence significative. Le prix récompense une architecture d’excellence qui permette en outre d’améliorer la qualité de vie en général. Il a lieu tous les 3 ans ». …/… Ce prix aura une résonance particulière sur l’ensemble des projets de l’Agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg qui entre dans une phase nouvelle. Les grands projets d’infrastructure que nous décrit Lemghari Essakl : tunnel, tramway, pont, marina... ont bénéficié d’un moment particulier : c’est la rencontre de besoins affirmés, de moyens d’exécution, d’un plan d’action et d’une volonté sans faille pour s’adapter à un monde qui change rapidement. Cet aménagement était devenu « une impérieuse nécessité », pour préserver du chaos un territoire hautement symbolique. Ce grand projet qui intègre plusieurs dimensions est un projet stratégique pour la région, c’est aussi un projet du temps long qui requiert des ressources financières importantes. Aujourd’hui, l’Agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg entame une nouvelle phase de son développement, une phase qu’il faudra maitriser. Maintenant, nous explique M. Essakl, le déclic, c’est le marché qui a besoin d’une vitalité économique. Il faut donc continuer, maintenir l’effort, car nous sommes dans des projets de temps longs, mais les projets sont là». À preuve le Pont Hassan II, un ouvrage d’art qui suscite beaucoup d’admiration. Le Matin : C’est en 2006 qu’il a été décidé, compte tenu de l’ampleur du projet de l’aménagement du Bouregreg et de sa charge symbolique et historique, de confier à un opérateur unique de sa conduite. Ainsi est née l’Agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg, un établissement public que vous dirigez. Un mot sur cette expérience ? Lamghari Essakl : C’est un modèle que nous avons « osé » mettre en œuvre sous forme d’expérience et qui a donné des résultats. Il est important aujourd’hui de faire un bilan d’étape. L’établissement public avait pour vocation première de protéger un territoire qui avait connu des évolutions et des agressions non contrôlées, comme le rejet d’eaux usées domestiques et industrielles qui ont impacté son devenir. La vallée du Bouregreg est connue comme étant un site écologique et historique, certains ont parlé à juste titre de l’histoire des dégradations qui n’ont pas eu lieu grâce au travail de préservation et d’assainissement qui a été fait sur ce territoire. Un territoire important qui fait près de 60% d’une ville comme Paris intra-muros, soit 105 km², qui part de l’embouchure jusqu’au barrage Sidi Mohammed Benabdellah, mais qui au cours du temps n’avait pas eu la chance d’être protégé. Le site, fortement menacé et altéré par de multiples agressions (décharges d’ordure, eaux usées, exploitations de carrières, quartiers clandestins), a été protégé contre les extensions de l’urbanisation accélérée et anarchique qui menace les villes du monde entier. Au Maroc, il y a eu un développement, une prolifération importante d’habitats sociaux et de « poches anarchiques » urbaines créées sans autorisation sur des terrains non lotis, c’est-à-dire non viabilisés. À Salé, la ville est passée de 250 000 à 850 000 habitants, une évolution marquée par beaucoup de nuisances, mais aussi par un déficit en équipements collectifs, en infrastructures et en services publics. « Nous sommes une agence d’aménagement » Vous avez parlé de modèle, sur quels principes repose ce modèle ? Notre ambition est portée par des fondamentaux : le premier c’est la sauvegarde écologique, une impérieuse nécessité en raison des dégradations que j’ai évoquées, le respect du patrimoine historique à haute portée symbolique, car la vallée est un site exceptionnel par ses monuments, ses paysages et les fonctions religieuses et intellectuelles de certains lieux et espaces. Tout acte d’aménagement doit chercher son inspiration dans ce legs architectural et historique. Autre principe : le lien et l’unification des deux villes de Rabat et de Salé pour créer une zone de prospérité qui profiterait à l’ensemble de l’agglomération. C’est au fleuve du Bouregreg que les deux villes de Rabat et de Salé doivent leur naissance et ces deux villes jumelles ont grandi dos à dos depuis des siècles. Il fallait les réunir. Notre projet d’aménagement, qui a autant de valeur pour Rabat que pour Salé, avait pour objectif de créer une symbiose de vie et de développement entre les deux rives du fleuve Bouregreg, tout en créant dans la vallée du Bouregreg un lieu de vie et de nouveaux espaces urbanistiques. Pour accompagner ce projet, l’Agence a axé ses efforts sur sa mission d’aménagement. Nous sommes une Agence d’aménagement et non de développement urbain qui peut être confié à des sociétés ou au privé. Et l’aménagement commence pour nous, par les solutions apportées pour assurer la mobilité des citoyens qui sont au cœur de nos préoccupations. L’urbanisme ne peut réussir que s’il a inscrit au cœur de ses préoccupations la problématique de la mobilité. Des études préalables nous ont montré que plus de 650 000 personnes, transportées par quelque 150 000 véhicules, transitaient chaque jour par la vallée du Bouregreg et que les itinéraires de franchissement portés par les ponts de Moulay Hassan, Moulay Youssef, Al Fida et Mohammed V étaient sollicités à saturation. Pour permettre aux citoyens de ce territoire de se déplacer d’un endroit à l’autre, il faut assurer un schéma, construire des ouvrages comme le pont Hassan II qui est un ouvrage exceptionnel et complexe, qui sera récompensé par le Prix Aga khan de l’architecture. La cérémonie aura lieu le 6 septembre à Lisbonne et le prix sera délivré par Son Altesse le Prince Aga Khan et le Président du Portugal. Nous avons, après des études importantes, restitué la mobilité et la navigabilité à travers le fleuve, car il ne faut pas oublier que Rabat abritait le premier port du Royaume avant la construction de celui de Casablanca. L’estuaire du Bouregreg est même devenu un poste de frontière avec police et douane. Les touristes peuvent entrer au Maroc par la voie maritime de Rabat Salé. Nous avons enfin anticipé l’avenir et réalisé un tunnel sous les Oudayas qui va desservir la Rocade atlantique, de la rive du Bouregreg jusqu’à Temara sur la voie côtière. Cela permettra aux citoyens d’accéder à la ville de Rabat par la porte de Bab el-Had, par la porte de Kamra, pour désengorger le site. Avec la réalisation du projet du tramway, Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 15 un transport écologique qui a amélioré l’offre de transport collectif, notre établissement a permis de lever un tabou, celui de la fatalité de l’échec. Le tramway qui circule actuellement a une capacité de 700 voyageurs, ce qui correspond à 120 taxis blancs ou 12 bus, fonctionne bien sans incident majeur. Il y a eu quelques incidents corporels, parfois dramatiques, dus sans doute à la nouveauté de ce transport collectif. L’agence a développé ses missions d’aménagement, dites-vous, qu’en est-il du plan d’aménagement ? Le plan d’aménagement du territoire de la Vallée a été promulgué en septembre 2009. Notre établissement, créé en janvier 2006, a tenu son premier conseil d’administration en juin 2006, notre budget a été approuvé en juillet 2006 et le plan d’aménagement promulgué en septembre 2009, ce qui est un exploit, car les plans d’aménagement prennent habituellement beaucoup plus de temps ! Il faut continuer et maintenir l’effort Quels sont aujourd’hui les projets de l’Agence ? Aujourd’hui que les fondamentaux que j’ai évoqués sont réalisés, à savoir protéger le site, assainir la situation complexe du foncier qui appartient à l’État, aux villes de Rabat et de Salé, au ministère des Habous et aux particuliers, promulguer le plan d’aménagement, réaliser les infrastructures, on peut se poser la question de la vocation future de ce site et de son développement. L’Agence a préparé l’environnement, il reste aujourd’hui la partie développement du site. Nous avons prévu dans nos textes et nos statuts la possibilité pour l’Agence de créer des structures détenues par des établissements ou des sociétés de droit privé pour amorcer ce développement en partenariat public-public ou public- 16 Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 privé. C’est ce que nous avons fait pour réaliser le projet de Bab Bahr sur la rive droite, où nous sommes en partenariat avec une société émiratie. Le projet prévoit la construction de deux hôtels, dont l’un devrait démarrer prochainement, la construction de 1 500 logements sous forme d’appartements, la construction de 70 000 m² de plancher de bureaux et 60 000 m² de commerce. Il faut savoir que nous avons démarré ce projet en 2006, une période de très forte inflation des matières premières, avec un baril qui avait atteint le niveau historique de 140 dollars et, pour couronner le tout, la crise mondiale financière et aujourd’hui un contexte de grand retournement dans le monde arabe. Malgré tout, nous avons tenu le coup pour réaliser nos projets d’infrastructures, car nous avions le financement nécessaire. Nous avons eu la chance d’être dotés jusque-là par le budget général de l’État, par le Fonds Hassan II pour le développement économique et social et par la Direction générale des collectivités locales pour réaliser nos projets. Aujourd’hui, les finances publiques sont en difficulté, on nous demande de mobiliser d’autres sources de financement, ce que nous faisons auprès de bailleurs de fonds comme l’Agence française de développement, la BEI... Nous avons un territoire, un bon patrimoine, car nous sommes assis sur une réserve foncière très importante, nous avons mis en place une vision d’urbanisme, des infrastructures, nous avons acquis au fil de ces dernières années, une crédibilité. Maintenant, le déclic, c’est le marché qui a besoin d’une vitalité économique. Il faut donc continuer, maintenir l’effort, car nous sommes dans des projets de temps longs, mais les projets sont là… Nous avons obtenu 4 450 milliards de DH pendant 7 ans. L’Agence a restitué à l’État 980 millions de DH sous forme d’impôts et de taxes, payé pour l’accompagnement social quelque 350 millions de DH, accompagné le concessionnaire REDAL pour renouveler tous les réseaux souterrains pour 300 millions de DH. L’Agence possède, comme je l’ai dit, un important patrimoine foncier, le tramway est une structure publique, la marina et le tunnel sont réalisés et le site est préservé, ce sont là autant d’atouts pour nos futurs investisseurs. Comment pourriez-vous qualifier vos relations avec les différents partenaires : élus, présidents de région ? Nous avons entretenu d’excellentes relations et nous avons été soutenus sur tous les plans. J’ai travaillé avec deux présidents du conseil de la ville de Salé et deux présidents du conseil de la ville de Rabat qui nous ont soutenus. J’ai également travaillé sans différence aucune, avec trois présidents du conseil d’administration de notre établissement public : Driss Jettou, Abbès El Fassi et Abdelilah Benkirane, qui nous ont tous accompagné avec détermination. Aujourd’hui, nous devons nous autofinancer, mobiliser des fonds et amorcer la phase du développement de la vallée du Bourereg. Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013 17 Retrouvez tout le contenu des CONCEPTION ET CRÉATION : TROISTEMPS sur www.edfvilledurable.fr 18 Dossier thématique conférence du 23 octobre 2013